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La Lettre de la Miniature N° 38. Novembre-décembre 2016. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés. ISSN 2114-8341 Sommaire p. 2 Anecdotes - une tabatière pour provoquer l’étonnement - M. de Maisonpierre, peintre en miniature, inventeur d’un pantographe universel - Joubert jeune annonce un procédé nouveau… qui réduit le prix p. 3 Du nouveau sur l’identité de : « Larquelay, peintre en miniature » qui hébergea à Paris le jeune artiste Louis-Lié Périn. p. 4-5 Gros plan sur : Henri Alois Lorichon : de la miniature à la photographie. par N. Lemoine-Bouchard avec la participation de M. Canival. p. 6 Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France : Ancelet (1841) ; Mme Durand (1834) ; Delannoy (1804) ; Eugène Julienne (1800-1874) ; Jourdan (1820) ; Larme (1801-1802). p. 7 Peintres en miniature, du nouveau sur : M. Amédée ; Duval ; M. Lesage ; M. Suisse. p. 8-9 Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts : - Galerie : deux vues en miniature de Bagatelle d’Abbeville, une folie à la campagne en 1787, par Louis Bélanger. Rare Bouquet de Fleurs par Antoine Berjon ; Mme Dufetel tenant une fleur dans un paysage, par Pierre Charles Cior. p. 1 Actualité de la Recherche Parution : Les miniatures de l’époque baroque de la collection Tansey. AGENDA Printemps 2017 Expertises de miniatures De belles ventes en préparation, nous contacter. 18 mars- 19 juin 2017 Colmar, musée Unterlinden Grande exposition rétrospective consacrée à Jean-Jacques Karpff, dit Casimir (1770-1829), élève de David, peintre en miniature et dessinateur, premier conservateur du musée de Colmar. A ne pas manquer ! Vient de paraître : Miniaturen des Barockzeit aus der Samlung Tansey Avec des contributions de Juliane Schmieglitz-Otten, Bernd Pappe, Hans Boeckh; Nathalie Lemoine- Bouchard, Gerrit Walczak. Texte en allemand et en anglais, env. 400 pages et 210 ill. 24 x 30 cm, relié. ISBN: 978-3-7774-2638-9 2016 Hirmer Verlag GmbH, Munich. Pierre-Charles CIOR (1769 1840). Mme Dufetel dans un paysage Miniature signée, vers 1815 ovale H. 7,8 cm, L. 6,3 cm (Lemoine-Bouchard Fine Arts) Dans cette édition, 6 peintres en miniature nouvellement répertoriés, et 2 autres identifiés : Henri Alouis Lorichon, devenu l’un des premiers photographes espagnols, et Larquelay, logeur du jeune Louis-Lié Périn. Ont participé à ce numéro : M. Canival ; M. Meslans ; M. Renard La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées. N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours. Bonne lecture!

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Fine A

La Lettre de la Miniature

N° 38. Novembre-décembre 2016. Rédaction : ©Nathalie Lemoine-Bouchard. Tous droits réservés. ISSN 2114-8341

Sommaire p. 2 – Anecdotes

- une tabatière pour provoquer l’étonnement

- M. de Maisonpierre, peintre en miniature, inventeur d’un pantographe

universel

- Joubert jeune annonce un procédé nouveau… qui réduit le prix

p. 3 Du nouveau sur l’identité de : « Larquelay, peintre en miniature » qui

hébergea à Paris le jeune artiste Louis-Lié Périn.

p. 4-5 – Gros plan sur :

Henri Alois Lorichon : de la miniature à la photographie.

par N. Lemoine-Bouchard avec la participation de M. Canival.

p. 6 Peintres en miniature nouvellement répertoriés en France :

Ancelet (1841) ; Mme Durand (1834) ; Delannoy (1804) ; Eugène Julienne

(1800-1874) ; Jourdan (1820) ; Larme (1801-1802).

p. 7 Peintres en miniature, du nouveau sur :

M. Amédée ; Duval ; M. Lesage ; M. Suisse.

p. 8-9 – Actualités de Lemoine-Bouchard Fine Arts :

- Galerie : deux vues en miniature de Bagatelle d’Abbeville, une folie à la

campagne en 1787, par Louis Bélanger. Rare Bouquet de Fleurs par Antoine

Berjon ; Mme Dufetel tenant une fleur dans un paysage, par Pierre Charles Cior.

p. 1 Actualité de la Recherche

Parution : Les miniatures de l’époque baroque de la collection Tansey.

AGENDA

Printemps 2017

Expertises de miniatures

De belles ventes en

préparation, nous contacter.

18 mars- 19 juin 2017

Colmar, musée

Unterlinden

Grande exposition

rétrospective consacrée à

Jean-Jacques Karpff, dit

Casimir (1770-1829), élève

de David, peintre en

miniature et dessinateur,

premier conservateur du

musée de Colmar. A ne pas

manquer !

Vient de paraître :

Miniaturen des Barockzeit

aus der Samlung Tansey

Avec des contributions de

Juliane Schmieglitz-Otten,

Bernd Pappe, Hans Boeckh;

Nathalie Lemoine-

Bouchard, Gerrit Walczak.

Texte en allemand et en

anglais, env. 400 pages et

210 ill.

24 x 30 cm, relié. ISBN: 978-3-7774-2638-9

2016 Hirmer Verlag GmbH,

Munich.

Pierre-Charles CIOR (1769 – 1840).

Mme Dufetel dans un paysage

Miniature signée, vers 1815

ovale H. 7,8 cm, L. 6,3 cm

(Lemoine-Bouchard Fine Arts)

Dans cette édition, 6 peintres en

miniature nouvellement répertoriés, et

2 autres identifiés : Henri Alouis

Lorichon, devenu l’un des premiers

photographes espagnols, et Larquelay,

logeur du jeune Louis-Lié Périn.

Ont participé à ce numéro :

M. Canival ; M. Meslans ; M. Renard

La Lettre de la Miniature propose à chaque numéro un gros plan sur quelques

artistes, une miniature ou une collection ; l’actualité de Lemoine-Bouchard

Fine Arts (Galerie et Expertise) ; l’actualité de la Recherche et des musées.

N’hésitez pas à nous communiquer informations ou recherches en cours.

Bonne lecture!

Anecdote :

…/…

Anecdotes :

Une tabatière pour provoquer l’étonnement

En 1758-1760, le fameux comte de Saint-Germain vint à la cour de France et s'y fit remarquer par son faste

et sa conversation étrange. Ses bijoux, ses tabatières, les boucles de ses souliers scintillaient de diamants

du plus grand prix. Son érudition était vaste, notamment en matière alchimique. Il prétendait, selon les

bruits que fit courir le ministre Choiseul, avoir vécu dans l'intimité de personnages disparus depuis des

siècles et s'être entretenu avec Jésus-Christ. « Provoquer l'étonnement », semblait être l'objet de ses

recherches.

Un soir, chez Mme de Pompadour, le comte tira de sa poche une tabatière qui fit l'admiration générale; elle

présentait une agate sur le couvercle. M. de Saint-Germain pria la marquise de l'approcher du feu; un

instant après, à la grande surprise des assistants, l'agate était remplacée par une jeune bergère gardant ses

moutons. En chauffant de nouveau, la bergère disparut à son tour pour faire place à l'agate ». Il obtient la

protection de Marigny qui lui prête le château de Chambord, alors déserté, pour installer des ateliers et

faire des recherches alchimiques. Il s’attire la sympathie du roi Louis XV et est reçu partout à la Cour. Seul

Choiseul ne tombe pas sous le charme de cet extravagant personnage, tente en vain de le discréditer et finit

par lui faire quitter la France en le faisant accuser d’espionnage.

Dans les années suivantes, on le signale en Angleterre, en Italie, en Russie, en Saxe, en Prusse : partout, il

cherche à monter des laboratoires pour poursuivre des recherches sur… les pigments et les couleurs.

Bibl. : Chroniques de L’OEil-de-Bœuf, VI, 318.

M. de Maisonpierre, peintre en miniature, inventeur d’un pantographe universel

En 1789, un artiste et ancien officier* « Monsieur de Maisonpierre » prit l’initiative de publier aussi bien

dans le Journal de Versailles que dans celui de Marseille, l’annonce de son invention d’un pantographe

universel : « Pour copier les tableaux, soit en figures, paysages, fleurs, fortifications, architectures et même

cartes géographiques, qui diminue & agrandit les objets depuis l’égalité jusqu’à 54 degrés. Il sert aux

artistes pour copier à la hâte & de la dernière perfection ; il sert pour amusement aux personnes qui ne

savent point le dessein (sic) ; elles peuvent copier & même travailler d’après nature, & cela tout de suite. /

L’inventeur de cet instrument apprend les ouvrages en camée en douze leçons et d’autres ouvrages des son

invention en relief en carton. / Il fait des portraits en camée d’après nature. / Le prix du Pantographe & les

leçons y comprises pour pouvoir se servir de l’instrument, 24 livres./ Un portrait à la Silhouet (sic), 6 liv. /

En face, 12 liv. /En découpures pour l’expérience physique, 18 liv. / En miniature ou à l’huile, 48 liv. /

S’adresser chez M. de Maisonpierre, rue des Bons-Enfans, N°32,vis-à-vis la garde-du-robe du roi, au

troisième, à Versailles ».

Bibl. : Journal de Versailles ou affiches, annonces et avis divers, mercredi 17 juin 1789. Annonces, pour la

ville de Marseille, n° 20, mercredi 12 août 1789. *Millin L., Dictionnaire des beaux-arts, t. III, 1806, p.

47.

Joubert jeune : un procédé nouveau qui réduit le prix

Voici un artiste itinérant qui annonçait des prix réduits de plus des deux tiers grâce à un nouveau procédé,

dont il ne livre pas le secret. Ce procédé lui permettait certainement d’aller plus vite en besogne.

« Joubert jeune, peintre en miniature, résidant ordinairement à Paris, Palais Royal, galerie de pierre n°9,

connu depuis vingt ans pour saisir la parfaite ressemblance, ne peignant que sur ivoire et avec les couleurs

les plus fines, ayant toujours fait payer les portraits 48 et 72 francs, prévient le public que par un procédé

nouveau, il les a réduits aux prix de 15 à 24 fr. Sa demeure est place Royale, n° 19, au premier [à

Toulouse]. »

Ce Joubert jeune, actif en 1806-1826 à Paris et Toulouse, est probablement le cadet des deux frères Joubert

qui furent actifs à Paris et à Lyon (en 1830-1836), et peut-être ailleurs en province.

Bibl. : Journal politique et littéraire de Toulouse et de la Haute-Garonne, jeudi 30 novembre 1826, p. 4.

2

3

Du nouveau sur l’identité de : « Larquelay, peintre en miniature »

L’existence du peintre en miniature « Larquelay » est connue par une mention au registre des élèves de

l’Ecole de l’Académie royale de peinture et de sculpture, comme hébergeant le jeune Louis-Lié Perin

(Reims, 1753- 1817) qui devint par la suite le brillant peintre en miniature que l’on sait. Dès l’âge de 19 ans

L.-L. Perin avait obtenu de ses parents, manufacturiers du textile à Reims, de poursuivre ses études à Paris,

avec une modique pension de 36 francs par mois. On ne sait où il logeait en 1772 à son arrivée mais en 1773,

il habitait « rue Grenier St Lazare, chez Leprince Traiteur » puis en juin 1774, « rue du Doyenné St Louis du

Louvre, chez Larquelay peintre en miniature » (1). Qui était ce Larquelay dont on ne connaît aujourd’hui

aucune œuvre signée ?

Grâce à l’un de ses descendants, M. Renard, qui a vérifié la concordance des adresses et que nous remercions

pour cette précieuse information, il est établi qu’il s’agit de Georges-François-Monique Michault de

Larquelay (Chervey, 1722- Paris, 1801). Il habitait bien à Paris, rue du Doyenné Saint-Louis du Louvre, n°

288, depuis son mariage en 1768, jusque vers les premières années de la Révolution. Sa profession première

était avocat au Parlement de Paris (sa descendance conserve son serment au Parlement, daté du 17 août

1747). Il était né le 8 septembre 1722 à Chervey, dans l’Aube et avait donc 52 ans lorsqu’il hébergea le jeune

Périn. On suppose qu’il avait à l’époque décidé de faire une seconde carrière comme peintre en miniature. La

chose était possible sans être reçu membre du corps des peintres depuis l’édit de Turgot de 1773 qui

abrogeait les maîtrises, et le juriste qu’il était ne l’ignorait pas. Nous n’avons pas à ce jour trouvé d’autre

mention de Larquelay comme « peintre en miniature ». Il est vrai qu’il n’avait pas besoin de vivre de ses

pinceaux. Georges Michault de Larquelay possédait une propriété dans son département d’origine : le fief de

La Mothe au Petit-Mallet sur la commune de Noé-les-Mallets dans l’Aube, dépendant de l’évêché de

Langres, qu’il avait acquis en 1772. En 1788, parrain à un baptême, il se faisait désigner comme « ancien

avocat au Parlement de Paris, seigneur des Grand et Petit Mallet ».

En 1797, il ne faisait pas nom plus état de sa qualité

d’artiste comme l’indique sa signature (repr. ci-contre)

au bas d’une lettre datée du 2 germinal an V

(22 mars 1797), mais de celle d’ « ancien homme de

loi » (Archives nationales - F/17/1027).

De son activité comme peintre en miniature, on ne sait rien du tout. Sa descendance conserve quelques

miniatures non signées du XVIIIe siècle dont l’origine s’est aujourd’hui perdue. Celle que nous publions ci-

dessus, petite et ronde montée en broche, de la taille d’un gros bouton, est très expressive et montre du

métier ; mais est-elle de Larquelay ? on l’ignore. Elle ne montre aucune parenté avec la manière de Louis Lié

Perin et évoque plutôt celle de Charles-Paul-Jérôme de Bréa (Rouen, 1740 - Paris, 1820) avec cette façon de

laisser le contour des paupières et de la bouche en réserve avec l’ivoire apparent.

Est-ce le hasard qui fit arriver Périn chez Larquelay ? Sans doute pas. Un membre de la famille, Hyppolite

Michault de Larquelay, était agent de change à Reims en 1789 et avait pu être en contact d’affaires avec les

parents de Louis-Lié Périn, manufacturiers dans la même ville. Perin reprit l’entreprise familiale

Georges Michault de Larquelay mourut à Paris le 26 frimaire an X (17 décembre 1801).

Nathalie Lemoine-Bouchard (1) Archives l’Ecole nationale des Beaux-arts, Ms 95, f° 133.

Miniature anonyme, conservée dans la

descendance de M. de Larquelay

©Coll. part ; repr. interdite

3

Gros plan : Henri Aloïs Lorichon (Belâbre, 1798-Santander ? vers 1861) , de la miniature à la photographie

L’identité du peintre en miniature français Lorichon était restée obscure. Nous remercions MM. Canival et

Eloy Martínez Lanzas d’avoir attiré notre attention sur cet artiste bien mieux connu en Espagne où il y fut

non seulement peintre en miniature mais aussi l’un des premiers photographes sous le nom d’Enrique

Lorichon. Il nous a été possible de retrouver son acte de naissance en France, inédit, et de reconstituer un

peu mieux son parcours.

Il naquit à Belâbre dans l’Indre, le 10 septembre 1798, fils de Joseph Lorichon et d’Emerance Fabrit : Aujourd’hui vingt-quatre fructidor an Six de la République Française une et indivisible, devant moi Georges

Berthon, adjoint municipal de la Commune de Belâbre élu le dix Germinal dte ( ?) pour en l’absence de l’agent

rédiger les actes destinés à constater l’état civil des citoyens, sont comparus le Citoyen Henri Lorichon,

propr[iétair]e âgé de trente ans demeurant en la commune de st Martin d’Ardentes canton de St Vincent en ce

département et Henriette David âgée de vingt et un ans demeurante en cette dite commune, lesquels m’ont dit que la

citoyenne Emerance Fabrit épouse en légitime mariage du citoyen Joseph Lorichon, receveur du droit de

l’enregistrement en cette commune, est accouchée aujourd’hui d’un enfant mâle auquel ils ont donné les prénoms

d’Henri Alouise, d’après la représentation qui m’a été faite dudit enfant, j’ai en vertu des pouvoirs qui me sont

délégués rédigé le présent acte que les témoins ont signé avec moi, led[it] jour, mois et an que dessus. (1)

Le milieu familial semble avoir été relativement aisé, avec un père receveur de taxes et un parent (un

oncle ?) propriétaire terrien dans une commune voisine. On ignore quelle fut sa propre formation, et les

raisons de son départ : on ne le retrouve qu’en 1825 à Bruxelles, à l’occasion de son mariage à l’âge de 27

ans avec Jeannette-Joséphine Morelle née à Forest en Belgique (2). Leur fils Eugénio naquit à Bruxelles en

1826. (3) Henri Aloïs et sa famille vécurent à Bruxelles au moins jusqu’en 1830. L’artiste y connut

quelques succès auprès de la Cour : « M. Lorichon peintre en miniature à Bruxelles, vient de recevoir une

gratification du Roi pour l’exécution du buste de S.M. » annonçait Le Propagateur, le 1er

décembre 1827 (

p. 3). Il exposa au Salon de cette ville en 1830 deux miniatures (n° 72 un portrait de femme, n° 73 un

portrait d’homme). La révolution belge de 1830, qui aboutit à la proclamation de l’indépendance de la

Belgique, eut-elle une influence sur la décision prise de rentrer en France ? Toujours est-il que l’artiste dont

la carrière démarrait à Bruxelles rentra avec sa famille à Paris et que sa situation matérielle devint très

difficile. Au point que sur sa demande, « Lorichon peintre en miniature » reçut des secours de la Direction des

musées royaux en 1833 (4).

On connaît actuellement moins d’une dizaine de miniatures

signées de sa main. Encore certaines ont-elles été attribuées à

d’autres artistes, notamment au graveur Constant Lorichon (Paris,

1800 - ?) (nous n’avons pas pu établir à ce jour s’il existe un lien

familial entre ces deux artistes), ou à Donata Loridon qui serait

une miniaturiste française établie à Bilbao en 1800.

La première miniature signalée sous sa signature représente un

Double portrait de Suchet, duc d’Albufera et de son fils en

costume du lycée Napoléon, et serait signée et datée Lorichon

1812 (vente Bernard Franck, Drouot, 6-7 juin 1935, n° 75

repr.). Or en 1812, Henri Alois Lorichon n’avait que 14 ans, ce

qui nous paraît particulièrement précoce. Il se peut que la date

ait été mal lue. Les autres portraits en miniature répertoriés à ce

jour datent des années 1827 à 1839.

Un portrait d’homme en miniature sur papier, signé et daté E.

Lorichon 1856 dans la coll. Eloy Martinez Lanzas, nous paraît

en revanche revenir à son fils Eugénio par le style et la graphie

différente de la signature (5). A notre connaissance, Henri Alois

Lorichon signa ses miniatures « Lorichon » sans initiale de

prénom.

Fig. 1 Henri Alois LORICHON

Jeune homme au manteau de fourrure,

daté 1827, H. 7,5 cm, L. 6 cm, réalisée en

Belgique. (Lemoine-Bouchard Fine Arts)

4

Gros plan : Henri Aloïs Lorichon (suite)

L’année suivant sa demande de soutien financier à Paris, en 1834, sa présence en tant que miniaturiste est

attestée à Barcelone. Enrique Lorichon, miniaturiste, passa ensuite une annonce le 19 décembre 1836 dans

El Guardia Nacional, puis revint exercer à Barcelone en 1841 et 1842 (El Constitucional, 25 avril 1841

et 1842). Il apprit la technique du daguerréotype à Séville, revint à Barcelone en 1848 comme

« portraitiste en miniature et photographe » et s’installa sur les Ramblas.

Lorichon gagna une honorable notoriété dans le domaine de la photographie. De Barcelone, il voyagea

vers différentes villes d’Espagne, s’associant à d’autres photographes : Martinez à Madrid (1850) (6), et

Marquetti et Planchar à Santander (1857). Il passa à Séville et Cadix, (annonces entre l’automne 1851 et le

printemps 1852) et ouvrit un atelier durable à Malaga dont s’occupa ensuite son fils Eugénio. Certaines

des photographies sont rehaussées de couleurs à la gouache et aquarelle. Une annonce parut dans un

périodique local à Malaga le 9 mars 1853, « Retratos fotográficos a 20 rs. y más según sus tamaños, por

Mr. E. Lorichon, calle S. Juan de Dios, nº 14. » (portraits photographiques à 20 reals et plus selon la taille

par M. E. Lorichon, rue S. Juan de Dios, n° 14). Son fils Eugénio Lorichon, alors âgé de 29 ans, « artiste »

(il semble avoir peint en miniature comme l'indique le portrait daté de 1856 conservé dans la coll. Eloy

Martinez Lanzas) (5), épousa le 23 septembre 1855 à Malaga Joaquina Mayor Baro ; celle-ci devenue

veuve poursuivit l’activité de photographe de son mari à Malaga. Henri Alois Lorichon resta en Espagne

ou l’on perd sa trace vers 1861 (probable date de décès) à Santander. N. Lemoine-Bouchard

avec la participation de M. Canival.

Notes

(1) Archives Départementales Indre, Belâbre, naissances 3 E 016/011-12

(2) Migranet, mariage n° 50189, relevé par Michel Vanwelkenhuyzen.

(3) Son acte de mariage à Malaga (en ligne) le 23 septembre 1855 indique qu’il a 29 ans et est né à Bruxelles

(4) Archives des Musées Nationaux, index série AS.

(5) Voir E. Martinez Lanzas, http://colecciondeminiaturas.blogspot.fr/2011/03/miniaturistas-y-fotografos.html

(6) Le Musée de Science et de technologie de Catalogne conserve un daguerréotype de Lorichon et Martinez de 1850.

Fig.2 Henri Alois LORICHON (1798-1861 ?)

- Jeune Homme en costume bleu et gilet noir

S.D.g. le long du cadre Lorichon 1828,

ovale, H. 7,5 cm, L. 6 cm; miniature réalisée en Belgique

(anc. coll. Maxime Hébert ; ©Museum Briner und Kern,

Winterthur, Suisse).

Fig.3 Henri Alois LORICHON (1798-1861 ?)

- Homme brun en costume noir et gilet blanc, sur fond de

ciel, S.D.g. le long du cadre Lorichon 1834, ovale, H. 7

cm, L. 6 cm (vente Alcala Subastas, 1er

octobre 2014, n°

111 repr. sous une attribution erronée à Donata Loridon.

5

Peintres en miniature, nouvellement répertoriés en France Le dictionnaire Les peintres en miniature actifs en France, éd. de l’Amateur, 2008, fait l’objet de travaux

d’amélioration constants. Voici quelques noms que nous y ajoutons.

ANCELET (actif en 1841)

Artiste signalé par deux miniatures : Couple en pendant, elle à mi-corps de ¾ à gauche, en robe bleue, lui

brun, costume noir, les deux sur fond de ciel, ovales, 10 x 7,5 cm (Ariège Enchères, 7 juin 2015, n° 213

repr.).

DELANNOY M. (actif en 1804)

Artiste et restaurateur de tableaux, signalé à Rouen en 1804.

« M. Delannoy, peintre en miniature, dont les portraits sont avantageusement connus dans cette ville, par

leur vérité et leur exécution, enseigne le dessin et la peinture, soit en ville ou chez lui; il possède sur-tout

les genres les plus agréables pour la Société, tels que le pastel , le camée , la gouache , l'aquarelle le lavis,

les crayons de toutes couleurs, etc. II donne aux personnes qui ont des jeunes gens ou des demoiselles a

faire enseigner l’assurance de progrès d'autant plus rapides qu’on peut compter sur son exactitude et ses

soins soutenus. II prévient aussi les amateurs qui pourraient avoir d'anciens tableaux de maîtres à conserver

qu’il entreprend toute espèce de restauration, remet sur toile et nettoie ceux mêmes qui ont le plus souffert

du temps ou du défaut de conservation, sans altérer les fonds ni les glacis, reprend la touche originale dans

ceux qui nécessitent des repeints avec toutes les précautions les plus scrupuleuses pour en assurer la durée.

Sa demeure est place Cauchoise, n° 54 ».

Nous avions déjà répertorié un Adolphe de Lannoy, actif en 1818, peut-être identique.

Bibl. : Journal de Rouen, 15 mars 1804, p. 4.

DURAND Mme (active en 1834)

Artiste signalée par une miniature :

- Femme vue aux trois-quarts, de ¾ à gauche en robe bleue dans un intérieur, sur fond de rideau gris-vert,

S.D. Mme Durand 1834, ovale, H. 9 cm (Nantes, Enchères Talma, 28 janvier 2016, n° 358 repr.).

JULIENNE Eugène (Paris, 1800-1874)

Lithographe et dessinateur ornemaniste, peintre sur porcelaine de la manufacture de Sèvres, également

peintre à la gouache, très accessoirement en miniature et sur éventail. On lui doit des lithographies, dont

une couverture pour le Traité du Coloris des lithographies, gravures etc. de Meilhac (Paris, 1836). Il a

publié un Recueil complet de tous les styles d’ornements employés et ajustés dans la décoration, avec les

notes descriptives de chaque style, Paris, vers 1840. A Sèvres, il fut notamment chargé de peindre deux

vases offerts par Napoléon III au roi du Portugal en 1856, et probablement vers 1839-1840 les saucières

livrées au château de Fontainebleau pour le service du roi Louis-Philippe. On connaît de lui un beau

bouquet de roses et lilas à la gouache avec pêches et raisins (Christie’s, Paris, 23 mars 2006, n° 364 repr.).

Il a aussi peint à l’occasion des fleurs en miniature mais les exemples sont très rares. Il a aussi signé très

exceptionnellement des éventails : Rigoletto, vers 1860 (Rossini, 3 juin 2003, n° 91 repr.).

- Vase fleuri, pêches et raisins, signé E. Julienne, ovale, H. 8,3 cm (vente Luzarche d’Azay et divers,

Paris, palais Galliera, Me Ader, 6-7 décembre 1962, n° 57, repr. pl. X, 900 F).

JOURDAN (actif en 1820)

Peintre en miniature rue Grenier St Lazare, n° 4 à Paris en 1820.

Bibl.: Almanach du Commerce de Paris…, 1820.

LARME Constantin-Nicolas (actif 1801 – probablement mort fin 1802)

Peintre en miniature à Paris. A la suite d’un vol avec violences et tentative d’assassinat, il fut condamné à la

peine de mort par jugement du n° 1026 du 18 Thermidor an X (6 août 1802) d’un tribunal criminel du

Rhône. Son pourvoi en cassation fut rejeté le 8 vendémiaire an-XI (30 septembre 1802).

Bibl. : Archives Départementales du Rhône, 2U22 ; cité dans le dépouillement numérique effectué par

André Brocher, Les tribunaux criminels du Rhône sous le Consulat et l’Empire, 2002, p. 73.

6

Peintres en miniature, du nouveau sur :

AMÉDÉE (actif en 1819-1839)

Nous avions signalé Amédée comme peintre « amateur » pour une miniature de Jeune fille datée de 1819

et de très petit talent. En réalité, il s’installa semble-t-il dans ce métier car Amédé (sic) est mentionné

comme « peintre en miniature, quai Bourbon, n° 29 », à Paris en 1839.

- Jeune fille en buste à la chevelure bouclée et aux yeux bleus, dans une robe à manches courtes et ceinture

bleue, S.D.g. Amédée fecit 1819, ovale, H. 5,5 - L. 4,5 cm (Drouot, Me Kahn-Dumousset, 29 mars 2013, n°

100 bis non repr.).

Bibl. : Lettre de la miniature n° 18, mai 2013, p. 6 ; Almanach général de la France et de l’étranger, 1839,

p. 795.

DUVAL (actif 1784-vers 1792).

Peintre en miniature, influencé par l’école anglaise, connu par une miniature datée de 1784 conservée au

Allport Library and Museum of Fine Arts, Tasmanie (repr. ci-dessous à droite), déjà signalée. Il était

encore actif vers 1792 comme le prouve une miniature vendue à Toulouse en 2012 :

- Femme à mi-corps légèrement de ¾ à gauche, coiffée d’une charlotte sur ses cheveux longs, robe gris-

vert fermée en porte-feuille, guimpe blanche, S. Duval, vers 1792, diam. 8,7 cm, sur une boîte en écaille

(Toulouse, Primartdeco, 28 mars 2012, n° 62 repr. ci-dessous à gauche).

LESAGE Monsieur (actif à Rouen en 1834).

Lesage, répertorié sans information par Schidlof pour une œuvre de 1834, fut actif à Rouen. Il présenta

quatre miniatures à l’exposition municipale du musée de Rouen en 1834, n° 120, et habitait alors cette ville,

rue Grand-Pont, n° 34.

Notons qu’un « M. Lesage, peintre » (était-ce le même ?) louait une maison sise à Ponlieue, rue de la

Réunion, non loin du Mans, mise en vente en 1839 (Affiches, annonces judiciaires,…Le Mans, 1839, p.

455).

On ne connaît pour le moment de lui qu’une miniature où les chairs, finement traitées en pointillé, sont

ombrées de gris : - Jeune homme brun de ¾ à droite, en costume noir et cravate noire, sur fond de

buissons et de ciel bleu, S.D.d. Lesage. / 1834, ovale, H.9,6 cm (coll. Maxime Hébert. Schidlof, fig. 728.

Bonhams, Londres, 27 février 2007, n° 271 repr.).

Bibl. : Schidlof, La miniature en Europe, 1964, fig. 728. Morganti Marine, Miniatures du XVIIIe siècle

dans les collections du Musée des beaux-arts de Rouen, sous la direction d'Antoine Schnapper, Paris IV,

1995, dact., p. 217. Lemoine-Bouchard, 2008.

SUISSE Monsieur (actif à Paris en 1813-1840).

Peintre en miniature qui fut actif bien plus longtemps qu’on ne le pensait. Répertorié dans les années 1836-

1840, il était installé à Paris, rue des Prouvaires, n° 34 dès 1813. Il vécut ensuite quai des Orfèvres, n° 4,

« près le pont St Michel » en 1820 et au moins jusqu’en 1840. En dépit de cette longévité artistique, on ne

connaît encore aucune miniature signée de lui.

Bibl. : Almanach du Commerce de Paris…, 1820. Almanach de 25.000 adresses parisiennes,…1836-1840.

Lemoine-Bouchard, 2008.

7

Duval, v. 1792

Duval, 1784

© Allport

Library and

Museum of

Fine Arts,

Tasmanie.

8

LEMOINE-BOUCHARD FINE ARTS

Galerie. Sur rendez-vous ou sur le site www.lemoinebouchard.com. Prix sur demande.

Prix et photos sur demande.

Louis BELANGER

(Paris, 25 août 1756 – Stockholm, 16 mars 1816).

Elève de Louis Moreau, Bélanger se spécialisa dans les paysages animés de petits personnages,

exécutés à la gouache en différents formats, y compris pour tabatières ; cependant les exemples

de ses œuvres en miniatures sont extrêmement rares (une Scène de chasse dans une coll. part.).

Des sujets de fleurs et de fruits de sa main entrèrent dans la collection Blondel d’Azincourt et

furent vendus en 1783 ; ils révélent déjà un goût de l’artiste pour l’art floral. Il émigra en

Angleterre pendant la Révolution et se présentait comme « peintre du duc d’Orléans » lorsqu’il

exposa à Londres à la Royal Academy entre 1790 et 1797. Par la suite, il illustra le Voyage en

Scandinavie du comte de Saint Morys, se fixa à Stockholm où il fut nommé peintre de la cour en

1798 et où il finit ses jours. Au cours de sa carrière, qui mériterait une étude approfondie, il a

laissé de nombreuses vues de jardins et de parcs d’agrément, dans la veine de la production de

Carmontelle en la matière, qui sont de précieux documents sur l’art des jardins lié aux

commandes d’architecture à la campagne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Vues de Bagatelle d’Abbeville, 1787

Deux miniatures sur vélin, signées et datées en bas au centre

diam. 7,9 cm

Historique : probablement famille van Robais, propriétaire du château.

Ces deux très rares vues nous restituent les abords de cette « maison de campagne » bâtie au

XVIIIe siècle hors les murs d’Abbeville.

Un article sera consacré à cette folie, véritable jalon dans l’histoire de l’architecture du XVIIIe

siècle, dans le prochain numéro de La Lettre de la miniature.

9

Antoine BERJON (Vaize, près de Lyon, 1754 - Lyon, 1843).

Bouquet de fleurs, roses, tulipe, pensées, dans un vase, sur un entablement de marbre.

Miniature sur carton, diam. 10 cm

Signée en bas à droite : Berjon

Cadre en bronze doré surmonté d’un nœud enrubanné, diam. 14 cm.

Fameux peintre de fleurs, Antoine Berjon dut quitter Lyon pour Paris pendant la Révolution et étudia la

miniature chez Jean-Baptiste Jacques Augustin. Il exposa aux Salons de 1791, 1796, 1798, 1799, 1804,

1810, 1817, 1819, 1842. Berjon obtint à celui de 1819 une médaille de seconde classe. Après 16 ans de

séjour parisien, il revint à Lyon vers 1810. Il travailla chez un fabricant de broderie et fut nommé le 7

juillet 1810 professeur à la classe de fleurs de l’école des Beaux-Arts de Lyon, poste qu’il occupa

jusqu’en 1823.

On connaît un peu plus d’une vingtaine de ses portraits en miniature ; ses miniatures de fleurs sont

encore plus rares et conservées pour la plupart à Cambridge, au Fitzwilliam Museum. De belle taille pour

une miniature (10 cm), ce bouquet est caractérisé par des couleurs fraîches et contrastées, un graphisme

très ciselé et très moderne, qui rompt avec la peinture de fleurs du XVIIIe siècle sous influence flamande.

Ce graphisme très stylisé se retrouve dans quelques uns de ses tableaux du XIXe siècle, notamment le

Bouquet de lis et de roses posé sur une chiffonnière, daté de 1814, du musée du Louvre (RF 1974-10).