la cantine, le mag' - février 2015

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01 FÉVRIER 2 0 1 5 Édito Une cantine c’est quoi ? C’est d’abord une malle, un bagage, un meuble de voyage, par es- sence nomade. C’est aussi ce lieu de restauration collec- tive, où l’on prend ses repas en commun quelque soit son âge, quelque soit son horizon. Et bien « La Cantine », c’est un peu tout ça… « Qui se nourrit d’attente, risque de mourir de faim » C’est partant d’un simple constat que ce projet est venu. Le constat qu’aujourd’hui, les partis de gauche semblent plus occupés à préparer les pro- chaines échéances électorales qu’à rechercher des alterna- tives. Les déroutes et décep- tions successives ne semblent pas servir de leçon et, avant d’élaborer les projets, les éner- gies sont dirigées vers la dési- gnation de candidats. Alors …. Se nourrir d’attente ? Plutôt que de risquer de mou- rir de faim en attendant sage- ment qu’une alternative soit proposée, le mieux est encore d’agir soi-même, en nombre et ensemble. Faire, plutôt que dire. Répondre aux causes de la crise, et non seulement à ses effets. Fédérer les bonnes volontés dans un mouvement collectif de gauche, ancré loca- lement, et au delà du carcan des partis politiques. Vous avez sous les yeux le pre- mier numéro de la revue « La Cantine », la première réalisa- tion cantinière. Cette revue se veut participative et collective, où chacun est invité à être tout autant acteur que lecteur. La revue se veut également poly- morphe, support de diverses formes d’approche : témoi- gnages, photos, recettes, des- sins, films, poésies… La liste est non exhaustive et n’attend que vos contributions pour s’allon- ger... Alors…… À vos crayons ! La Cantine, c’est quoi ? Un collectif qui met la main à la pâte afin de promouvoir un écolo-socia- lisme gourmand. Pour proposer un nouveau menu poli- tique à la table de la démocratie deux-sé- vrienne Une revue mag’ Pour réveiller nos pa- pilles, titiller nos sens et étoffer nos goûts… Une cantine collec- tive itinérante Parce que la cantine va à la rencontre de tous, au-delà des frontières sociales, culturelles, ou géo- graphiques. Une organisation non présidentiali- sée et animée par un collectif Parce qu’y en a marre des tambouilles bu- reaucratiques Liberté, égalité, imaginez ! Par Gaelle Mangin Le mieux est encore d’agir soi- même, collective- ment. Faire plutot que dire...

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Le magazine de la Cantine, un collectif qui met la main à la pâte pour un écolo-socialisme gourmand !

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Page 1: La Cantine, le mag' - Février 2015

01 FÉVRIER2 0 1 5

Édito

Une cantine c’est quoi ? C’est d’abord une malle, un bagage, un meuble de voyage, par es-sence nomade. C’est aussi ce lieu de restauration collec-tive, où l’on prend ses repas en commun quelque soit son âge, quelque soit son horizon. Et bien « La Cantine », c’est un peu tout ça…

« Qui se nourrit d’attente, risque de mourir de faim »

C’est partant d’un simple constat que ce projet est venu. Le constat qu’aujourd’hui, les partis de gauche semblent plus occupés à préparer les pro-chaines échéances électorales qu’à rechercher des alterna-tives. Les déroutes et décep-tions successives ne semblent pas servir de leçon et, avant d’élaborer les projets, les éner-gies sont dirigées vers la dési-gnation de candidats.

Alors …. Se nourrir d’attente ? Plutôt que de risquer de mou-rir de faim en attendant sage-ment qu’une alternative soit proposée, le mieux est encore d’agir soi-même, en nombre et ensemble. Faire, plutôt que dire. Répondre aux causes de la crise, et non seulement à ses effets. Fédérer les bonnes volontés dans un mouvement collectif de gauche, ancré loca-lement, et au delà du carcan des partis politiques.

Vous avez sous les yeux le pre-mier numéro de la revue « La Cantine », la première réalisa-tion cantinière. Cette revue se veut participative et collective, où chacun est invité à être tout autant acteur que lecteur. La revue se veut également poly-morphe, support de diverses formes d’approche : témoi-gnages, photos, recettes, des-sins, films, poésies… La liste est non exhaustive et n’attend que vos contributions pour s’allon-ger... Alors…… À vos crayons !

La Cantine, c’est quoi ?

Un collectif qui met la main à la pâte afin de promouvoir un écolo-socia-lisme gourmand.Pour proposer un nouveau menu poli-tique à la table de la démocratie deux-sé-vrienne

Une revue mag’Pour réveiller nos pa-pilles, titiller nos sens et étoffer nos goûts…

Une cantine collec-tive itinéranteParce que la cantine va à la rencontre de tous, au-delà des frontières sociales, culturelles, ou géo-graphiques.

Une organisation non présidentiali-sée et animée par un collectifParce qu’y en a marre des tambouilles bu-reaucratiques

Liberté, égalité,

imaginez !

“”

Par Gaelle Mangin

Le mieux est encore d’agir soi-

même, collective-ment. Faire plutot

que dire...

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01 • FÉVRIER 2015..................................................................................................................PAGE 2

La croissance ne crée pas d’emploisPar Claude Demange

Depuis 1950, la richesse monétaire de la France a augmenté chaque année de 2 à 5 % (c’est « LA croissance »). A ce rythme, si la crois-sance créait des emplois, il y a longtemps que plus personne ne devrait être sans emploi. Et pourtant, le nombre de chômeurs se compte en millions depuis la fin des années 70 : le nombre d’emplois a aug-menté moins vite que la po-pulation à la recherche d’un revenu salarié.

L’explication de ce décalage entre emplois et richesse est l’augmentation de l’ef-ficacité de chaque heure travaillée. Les travailleurs français sont aujourd’hui parmi les plus efficaces au monde. Depuis les années 1950, la croissance repose d’abord sur l’accroisse-ment de l’efficacité des travailleurs ; c’est ce qu’on appelle « faire des gains de productivité ». Pour cela, les

entreprises utilisent deux méthodes :• augmenter l’intensité et la durée quotidienne du temps de travail : réduire les pauses, accélérer les cadences, etc.• adjoindre aux travailleurs davantage d’esclaves « mé-caniques » : machines et produits utilisant beaucoup d’énergie.

Résultat : en France, une heure de travail produit au-jourd’hui 7 à 8 fois plus de richesse monétaire qu’en 1950, notamment grâce à une énergie à très bas prix (de 1970 à 2010, la consom-mation d’énergie a été mul-tipliée par 1,8 en France).

Pourquoi l’efficacité des travailleurs augmente-t-elle constamment ?Lorsqu’elles investissent pour produire davantage, les entreprises cherchent à améliorer l’efficacité des travailleurs, plutôt que

de cloner chaque bureau, chaque atelier : il est moins risqué de modifier l’organi-sation existante pour pro-duire un peu plus, tout en en dépensant moins, plutôt que de multiplier le nombre d’ateliers identiques.

Pour augmenter davantage le nombre d’emplois sala-riés, il aurait fallu réduire le temps de travail annuel en-core plus. Or, les entreprises s’opposent farouchement à la réduction du temps de tra-vail individuel.

Aux yeux de chaque entre-prise, l’investissement dans les gains de productivité garantit donc mieux le pro-fit que n’importe quel autre investissement.

Résultat : l’investissement des entreprises favorise toujours la réduction du nombre d’heures de travail (le nombre d’heures tra-vaillées en France a baissé

de 7 % entre 1950 et 2012).Depuis 1950, le nombre de personnes qui cherchent un emploi salarié a augmenté de plus de 8 millions, mais, malgré une réduction ré-gulière du temps de travail annuel, le nombre d’em-plois offerts n’a augmenté que d’environ 6 millions. Pour augmenter davantage le nombre d’emplois sala-riés (et supprimer le chô-mage), il aurait fallu réduire le temps de travail annuel encore plus. Or, les entre-prises s’opposent farou-chement à la réduction du temps de travail individuel.Résultat : le nombre de chô-meurs augmente.

Conclusion , contre le dis-cours mensonger dont la plupart des « experts » nous saoulent, il faut le dire et le répéter : « non, la crois-sance des entreprises capi-talistes n’est pas et ne sera jamais une solution au chô-mage ; elle en est la cause».

Début janvier, La Ville de Niort publie un communi-qué de presse où il invite le CNAR à faire ses valises dès 2016 parce que « la ca-

pacité contributive de la Ville ne permet pas d’accompa-gner toutes les structures »… Après avoir fait un chèque aux écoles privées de près de 800 000 €, à la veille d’acquitter des factures de plus de 350 000 € pour la vidéosurveillance, les arts de la rue se voient priver de leurs locaux et leurs finan-cements (150 000 €).

Moins d’artistes, moins d’emplois, moins d’ex-pressions créatives, moins d’action culturelle émanci-patrice. C’est donc cela la première réponse politique de la Ville aux évènements tragiques de la semaine passée ?Ainsi, non seulement la Ville de Niort « seule ville de taille moyenne à financer

quatre structures dont les rôles répondent aux missions d’un label national » (je cite ici le communiqué !) fait le choix du déclin mais elle sa-borde en conscience la plus importante de ses missions de service public.

Quand les responsables sont à ce point irrespon-sables, un seul mot : résis-tance !

Responsables irresponsablesPar Nicolas Marjault

Etaient-ils factices les trémolos dans la voix pour chanter la force des engagements répu-blicains ? Etaient-ils opportunistes les appels unitaires à la culture comme contrefeu d’une cohésion sociale et nationale minée par l’horreur économique ? Etaient-ils tout bonnement cyniques les effets de manche sur l’importance du lien social et du « vivre ensemble » ?

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01 • FÉVRIER 2015...................................................................................................................PAGE 3

La réforme territoriale, c’est quoi ?Par Gaelle Mangin

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En vaillante trentenaire, la décentralisation passe un nouveau tournant avec son acte III en cours d’élabora-tion.

Après avoir modifié les modes de scrutin, puis l’or-ganisation territoriale (la loi doit encore être promul-guée, mais le texte a été adopté le 17 décembre par l’Assemblée) les discus-sions reprennent au Par-lement en janvier sur: la « loi relative à la Nouvelle or-ganisation territoriale de la République (NOTRe) ».

Un nouveau mode de scru-tin est mis en place (...) dans chaque canton, seront élus un homme et une femme. Les assemblées dépar-tementales ne comptant jusqu’alors que 13,5% de femmes, c’est une véritable féminisation qui va se pro-duire.

C’est cette dernière qui va organiser la refonte des compétences des collecti-vités. La loi NOTRe devrait donc être adoptée l’année des élections des deux col-lectivités les plus concer-nées, le scrutin pour les départementales ayant lieu en mars, celui pour les ré-gionales en décembre.

En ce qui concerne les dé-partements, trois grands principes ont guidé la pre-mière partie de la réforme, Tout d’abord le principe de

parité. Un nouveau mode de scrutin est mis en place, le scrutin binominal paritaire : dans chaque canton, seront donc élus un homme et une femme, alors que jusque là seul-e un-e conseiller-e était élu-e.

Les assemblées dépar-tementales ne comptant jusqu’alors que 13,5% de femmes, c’est une véritable féminisation qui va se pro-

duire. La commission per-manente sera également paritaire.

Le doublement de conseillers par canton n’impliquera pas le double-ment des conseillers dans l’assemblée. En effet, les cantons sont redécoupés pour effectuer un rééquili-brage démographique. En France, nous passerons de 4055 cantons à 2074. (4055 conseillers généraux à 4108 conseillers départemen-taux). Pour les Deux Sèvres, ce sera de 33 à 17.

Enfin, c’est un renou-vellement intégral des conseillers qui se fera tous les 6 ans. C’était jusqu’alors un renouvellement par moi-tié tous les 3 ans.

La dernière étape de la ré-forme territoriale, la Loi NOTRe, est en cours de dis-cussion au Sénat. Pas moins de 1036 amendements ont été déposés, annonçant de longs débats. « Aux Régions,

l’économie, aux Départe-ments, la solidarité, au bloc communal, les services pu-blics de proximité » résume André Vallini (secrétaire d’état chargé de la réforme territoriale).

La suppression de la clause de compétence générale confirme cette volonté de séparer nettement les do-maines de compétence : dé-sormais ceux ci devront être attribués par la Loi. Cette suppression s’accompagne d’une montée en puissance de l’échelon régional, qui

bénéficie d’un transfert massif de compétences (routes, collèges, trans-ports..). Cela s’expliquait notamment par la volonté affichée par le chef de l’Etat et le chef du Gouvernement de supprimer les conseils départementaux. Il n’en est aujourd’hui plus question.

il est impossible de savoir quel sera le champ d’action exact d’une collectivité dont nous devrons pourtant choi-sir les représentants dans deux mois.

La réforme s’est accompa-gnée de nombreux chan-gements de cap et renon-cements, de la date des élections, au maintien ou non de la clause de compé-tence générale en passant par la remise en question de l’existence même de l’éche-lon départemental.

Le texte est aujourd’hui toujours en discussion, et plusieurs amendements proposent des modifica-tions de compétences. Nous sommes donc dans une situation où il est impos-sible de savoir quel sera le champ d’action exact d’une collectivité dont nous de-vrons pourtant choisir les représentants dans deux mois.

© photo : La Cantine à images

En mars prochain auront lieu les prochaines élections départementales. Alors qu’une ré-forme territoriale importante vient de modifier considérablement le fonctionnement, le mode d’élection et les objectifs du Département, tentative d’explication.

Page 4: La Cantine, le mag' - Février 2015

Ceci est une mauvaise herbe

01 • FÉVRIER 2015..................................................................................................................PAGE 4

Vieille recetteLa vie se résume parfois à une bonne vieille recette de grand-mère... Par « Vieux faitout »

«Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ? »

Roland Gori

Edition ‘Liens qui libèrent’

Mots clés : Pensée libérale

Libertés publiques et individuelles

Nouvelles technologies

Secteur psychiatrique

La bibliothèque de la cantineLivre, albums, films...

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« Sortir du capi-talisme. Le scé-

nario Gorz » dir. de A. Caillé & C. Fourel.

Edition ‘Le Bord de l’eau’

Mots clés : Travail autonome

Écologie

Revenu minimum inconditionnel

Critique de la Valeur

Convivialité

« Ici, c’est chez nous »

S. Servant & C.ChaixEdition ‘Rue du Monde’

« C e r -tains ont bâti des m u r s p l u s

hauts que les arbres, ont barbouillé le ciel et la mer du gris des fumées. D’autres se sont perdus et n’ont jamais retrouvé leur chemin. Il faudra leur dire de faire attention. Depuis le temps, ils ont peut-être oublié qu’ici, c’est fragile.»

« Pourquoi l’éga-lité est meilleure

pour tous »

R. Wil-kinson & K. Pickett

Edition ‘Les petits matins’

Mots clés : Inégalités-CroissanceDéveloppement économiqueDéveloppement durableBonheur

Album jeunesseLivreLivre

Livre

Par Fabienne Marsault

Prenez un centre-ville rénové, rajoutez un éco-quartier et un BHNS juste avant d’éclore, rassemblez quelques herbes folles éra-diquées d’un trottoir, re-cherchez quelques graines de vigilance d’un commun voisinage. Ouvrez le premier aux voi-tures et aux caméras, divi-sez les finances en quatre pour laisser s’attendrir les deuxièmes, broyez les troi-sièmes afin d’en éliminer les mauvaises humeurs, parsemez les dernières pour sécuriser le tout. Complétez par un bouquet de nostalgies à l’ancienne,glané au fil des vestiges du patrimoine visité, convo-

quez les douceurs retrou-vées d’une geste médiévale,et quelques saveurs mul-tiples d’un Téciverdi contemporain. Votre ville à l’ancienne est prête à consommer, servez vite, par petites rations, afin que tous vos invités y trou-vent leur compte, prenez garde aux indigestions

Réduisez l’éco-quartier et le BHNS à l’étouffe crédit, faites revenir les graines de vigilance à la peur du jour, saupoudrez de tranquillité et d’intérêts particuliers, n’oubliez pas un zeste de foire de mai et renflouez si-

nécessaire (ou annulez !).Faites bouillir à feux doux,

lent et régulier, protégez la cuisson pour assurer la cohésion, attendez jusqu’à évaporation du Téciverdi et précipitation de la geste.

Votre ville à l’ancienne est

prête à consommer, servez vite, par petites rations, afin que tous vos invités y trou-vent leur compte, prenez garde aux indigestions, à soigner au cas par cas, se-lon les remèdes de saisons.

Page 5: La Cantine, le mag' - Février 2015

01 • FÉVRIER 2015..................................................................................................................PAGE 5

La cantine est un sport de combat Par Nicolas Marjault

« Le sel de la Terre voyage avec

Sebastiào Salgado »

Réal.Wim Wenders et J. Ribeiro Salgado

Mots clés :

Portrait photographe

Parcours de vie

Conflits internationaux,

Famille, exode, génocide

Photographies : faune et flore sauvages

Beauté de la planète

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- Prendre uniquement les décisions éco-nomiques et politiques qui luttent contre le réchauffement climatique (étendre le tout sur table de travail, éplucher et trier avec un tamis petites mailles, indispensable pour écarter les fausses décisions)

- Y ajouter un accord mondial sur le climat sérieux et équitable (vérifier bien avant de verser que tous les participants soient réellement présents)

- Éliminer sans hésitations avec une grosse louche les subventions aux énergies fos-siles (périmées et nuisibles). Attention ne pas les jeter dans le compost !

- Rajouter la taxation des émissions de CO2 (petites et grosses cuillères selon)

-Multiplier en raison de l’urgence (à ver-ser donc rapidement sans modération) les dépenses en recherche et développements dans les technologies propres

- Faire revenir l’intelligence et la responsa-bilité... à tous les niveaux

- Y rajouter des ingrédients artistiques de votre choix (comestiblement recyclables)

- Malaxer le tout... et respirer !

Ecomittons : DécarbonisonsPar Fabienne Marsault

Film

Igor

Oui, l’arrivée de la droite aux affaires municipales consti-tue un véritable séisme. Un séisme dont nous n’avons même pas fini de mesurer l’ampleur tant les répliques politiques vont croissantes et achèvent d’étourdir un peuple de gauche que ses responsables politiques n’ont pas su défendre.

Sur le papier, l’équation budgétaire de la droite lo-cale est simplissime… Il faut déshabiller Pierre pour ha-biller Paul… Dit autrement, la droite étant de droite, elle va taper dans le cultu-rel, le socioculturel et l’ac-tion sociale pour financer la voiture en centre-ville, le sécuritaire, le patrimoine et les pouvoirs économiques

privés… Et oui, c’est dé-cevant mais c’est comme cela, la droite n’est pas de gauche. Notre problème aujourd’hui, ce serait plutôt que la gauche le soit. La cantine va se mettre en route, prendre le chemin de tous les porteurs de projets

Bien sûr, on va nous re-procher de voir le mal par-tout… On va nous dire que le maire est très gentil et qu’il serre plein de mains… Que le changement, c’est main-tenant et que les méchants, c’était avant…

Mais la cantine ne saurait se satisfaire d’un tel état des lieux. Voilà pourquoi elle va se mettre en route, prendre

le chemin de tous les por-teurs de projets locaux, de tous les acteurs sociaux, sportifs et culturels…

À partir d’aujourd’hui et pendant de longues se-maines, tous les membres de la Cantine vont rencon-trer, échanger et collecter des informations précises sur l’étendue des coupes budgétaires en cours afin de produire une documenta-

tion fiable, complète et à la portée de tous.

Et si les reculs s’avèrent aussi violents que nous le pressentons, nous en ap-pellerons à l’organisation d’Etats généraux du terri-toire afin que les porteurs de projets locaux puissent faire entendre collective-ment leurs voix. La Cantine est aussi un sport de com-bat.

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Le redressement décomplexéPar Alain Piveteau

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A défaut de s’être avancée sous étiquette, la droite niortaise a au moins le mérite d’être là où on l’at-tendait. Les deux premiers budgets soutenus par la coalition « Baloge-Baudin » à la ville et « Baloge-Bau-din-Roulleau » à la CAN donnent le « la » pour les prochaines années. Et à y regarder de près, on est plus proche d’un requiem pour l’action publique que d’une joyeuse symphonie solidaire. L’intitulé de la pièce est maintenant connu de tous : le redressement.

La contrainte de finance-ment est convoquée pour justifier de premières coupes franches dans le budget des collectivi-tés. Pourquoi s’en priver d’ailleurs ? C’est une réalité sans précédent. Pour Niort, l’austérité façon Valls se tra-duit par une diminution des dotations de l’Etat d’environ 1 million d’euros, soit 1,2 % des recettes totales de la ville. Les collectivités terri-toriales, après les ménages, sont enjointes de participer à la restauration des sacro-saints grands équilibres fi-nanciers de la Nation tout en aidant les entreprises à développer leur non moins sacro-sainte compétitivité-coût.

Mais ce catéchisme libéral, si parfaitement traduit à l’échelon local, n’explique pas tout. En fait, il n’ex-plique rien des arbitrages qui donne sens au « redres-sement » joué par Jérôme, Alain et Claude dans la to-nalité à la mode : l’attracti-

vité fiscale majeure.

A la ville, le redressement c’est d’abord, moins de di-versité, les arts par exemple sont sommés de quitter les rues (TECIVERDI, CNAR), puis moins de budget pour la culture (-45 000€), moins d’agents du service public (entre 20 et 30 fermetures de postes dans l’année), moins de moyens pour l’ac-

tion sociale (-130 000€), moins de budgets accordés aux quartiers, moins de subventions aux associa-tions (-213 000€), etc.

Mais ce catéchisme libéral, si parfaitement traduit à l’échelon local, n’explique pas tout. En fait, il n’ex-plique rien des arbitrages qui donne sens au « redres-sement » joué par Jérôme Baloge (...)

Consolons nous. C’est aussi plus de propreté, plus d’en-tretien des espaces verts, une politique répressive

enfin mise au service de la gestion de la crotte de chien, des voieries mieux entretenues et vidéo-sur-veillées, des moyens ac-crus pour une mise sous cloche « patrimoniale » de la ville, des animations au-dacieuses – l’illumination walt-dysnéenne du Donjon, la visite féérique de l’hôtel de ville ou la renaissance des bals d’antan –, un ac-

cord historique entre la ville de Niort et l’enseignement privé catholique pour 800 000€, le prix probable de l’entente scolaire.

La CAN, de son côté, em-boîte le pas à la ville. Mais, dans un tout autre contexte budgétaire, le redresse-ment prend le visage d’une « pause ». Une pause… en fait… une baisse dès 2015 de 47% des dépenses d’in-vestissements quand, jus-tement, les finances de l’agglomération, reflet de la richesse économique du territoire, sont au beau fixe ! Stopper tout projet de dé-

veloppement des transports collectifs pour satisfaire les intérêts de court terme des entreprises les plus me-naçantes s’est avéré insuf-fisant. La même doctrine invariable de recul budgé-taire trouve donc un pro-longement à la CAN. Cette fois-ci, c’est la prudence qui est convoquée. Peu importe que des besoins importants existent : en matière d’as-sainissement, de transition énergétique, d’urbanisme, de logements, de transports collectifs, d’équipements, de culture, de politique so-cial territorial, etc.

à vouloir préserver l’avenir avec des recettes du passé, il pourrait bien nous passer sous le nez !

L’heure est à la gestion res-ponsable et comptable des moyens communs et à la conservation des marges de manœuvre… « la situation pourrait être pire », « on ne sait pas de quoi demain sera fait »…

Seuls des irresponsables ou quelques écolo-socialistes gourmands pourraient contester ce bon sens po-pulaire en osant soutenir en pleine crise l’urgence culturelle, l’urgence sociale et l’urgence écologique, bref le financement volontaire de politiques de long terme, de très long terme, au nom d’une idée simple : à vouloir préserver l’avenir avec des recettes du passé, il pour-rait bien nous passer sous le nez !

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Mots Croisés Par Cosinus 66

Horizontala) Commissaire européenb) Infinitif – Pronomc) Les politiques d’aujourd’hui le sontd) Préposition – Il se fêtee) Un Tsarf) Parti conservateur Allemand – Au golfg) Président normalh) Lac Pyrénéeni) Celles de la France sont à la baisse

Vertical1) Homme politique né à l’étranger2) Le même3) C’est Loeb - Grande audace4) Profession de foi - Se pratique pour l’achat d’une voiture de société5) Rattacha6) Par - Compromis7) Rivière d’Alsace - Le plus vieux parti d’Allemagne8) Etre conjugué – C’est l’Europe9) Un fonctionnaire sous-évalué - Il bat le roi

Charade• On prend mon

1er à 16H00.• Mon 2ème est

sauteuse ou por-tative.

• Mon 3ème est un compositeur romantique.

Mon tout à disparu de Niort

(en 9 lettres)

Traversée du désert, je m’affronteCombat solitaire à l’orée de mes viscèresTraces hurlantes de pas de loup dans la neigeLa lune resplendissante nous emplit de ses mystères...Déjà l’étoile d’or s’effilocheVoile imperceptible dans l’immensité de mon âme

Petit chat écorché, recroquevillé en boule...Joie et larmes, pluie et soleil entremêlésAu loin j’entrevoie l’arc en ciel.A l’horizon, j’aperçois les lignes de fuiteJe prends le large, vent de liberté retrouvé...Petit papillon l’éternité devant moi...

Poésies

Haïku

Mes ailes d’oiseau déployées je survole l’immensitéFemme libre au regard limpide.

L’espace d’un instantJuste une étincelle suspendue au dessus du vide...

Par Luce

Traversée du désert...

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Renouer avec la pensée critique, retrouver la part d’autonomie nécessaire à la transformation du réel, remettre l’imaginaire au cœur de la gauche. Deux courts essais parus au prin-temps dernier franchissent le pas (1).

Leurs points communs ? S’inscrire ouvertement dans une sociologie en-gagée. Considérer les dé-routes électorales récentes comme le reflet d’une si-tuation politique aussi ex-ceptionnelle qu‘inquiétante. Déconstruire la défaite idéologique de la gauche et son corolaire, l’extension

des domaines de la droite aux esprits et à toutes les formations politiques… ou presque ! S’interroger sur une reconstruction possible en sortant des prêts-à-pen-ser usuels de la gauche classique.

Comment reprendre la main ?

En innovant, en risquant un nouveau langage, en renonçant à « l’esprit du temps », en s’opposant à la rhétorique de l’évidence, en refusant l’illusion de « réa-lisme », ou le retour de la politesse comme morale droitière, en « publicisant »

le privé, en déplaçant nos regards vers de nouveaux antagonismes entre une classe montante dite « pa-trimoniale » et un « proléta-riat » sans industrie chargé d’en entretenir la ressource première…

Bref, en renouant avec le travail poli-tique concret, avec l’action, autrement dit en changeant le peuple et en chan-geant de peuple. Sans « prétendre donner à voir l’âme du peuple ».Bizarre ? Faut voir…

(1)• Eric Fassin. Gauche :

l’avenir d’une désillusion. Textuel.

• Luc Boltanski, Arnaud Esquerre. Vers l’ex-trême. Extension des domaines de la droite. Editions Dehors.

P(a)nser la gauchePar Alain Piveteau

lacantine79.wordpress.com www.facebook.com/lacantine79 @LaCantine79

Pour toute question, ou pour nous rejoindre:

[email protected]

Poésie

La Cantine en avant !

Et la ville endormie rêve de barricades,Les notables compromis paradent à l’estrade,Le passé fait office et draine ses mirages,Ressuscite les légendes, brinquebale les tombeaux,Et enterre les arts et flatte les sots,Dans une valse fatigante qui n’est plus de mon âge.

Permettez-moi monsieur que je m’éclipse un temps,Il est d’autres merveilles, d’autres joies, d’autres rêves,Des foules qui s’enhardissent et se relèvent sans trêve,Au concret, à l’action, c’est à quoi ils se lient,Au sensible, au réel, pour mieux rêver la ville,À la table des idées, nous dînons goulûment,La gourmandise aux lèvres, la cantine en avant!

Retrouvez la Cantine sur le web:

Par Rainer

Rainer