kiblind #19

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février/mars 2008

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ÉDITO #07

ÉVÉNEMENTS #08  L’oie 000

VUPAR...      #11 SophieBroyer/L’ÉpicerieModerne      #01

LEDOSSIER      #12 Jeuxvidéo:pressstart      #07

ANACHRONIQUE      #19 LecultedeCybèle      #07

LYONDANSLAPRESSE      #21 Rétroperspective      #07

PAGESBLANCHES      #25 GR      #07

JohannBouché-Pillon      #07BenjaminHochart      #07

LeBaronOurs      #07FrédéricAdrait      #07

Plot      #07

DÉCOUVERTELITTÉRAIRE      #43 Inédit/CarineFernandez      #07

BAZART/MUSIQUE      #47 TheknightswhosayNil      #07

BAZART/MUSIQUE      #49 DynamiquePop      #07

BAZART/ASSOCIATION      #51 Commec’estBizarre      #07

BAZART/FESTIVAL      #53 Musiquesenscène      #07

BAZART/ASSOCIATION      #55 DanslePeriscope      #07

BAZART/ASSOCIATION      #57 Ducinémaàl’envers      #07

ÉVÉNEMENTSPARTENAIRES      #58 ByPass      #07

AUTRECOUTURE      #60

PAUSE      #65 Perspicacité      #07

LEKI      #66 Tempsquipasse      #07

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Dans le cadre du dispositif «Emploi Tremplin», l’Association Kiblind est soutenue par la Région Rhône-Alpes et le FSE.

SOMMAIREfév/mar 08

encouverture...

Lyonno-starsbourgeois, Baron Ours 

oeuvre  aux  Arts  Décoratifs,  sur 

son  blog  (laboratoire  graphique 

et  narratif),  et  dans  des  fanzines 

à  plusieurs  comme  Numo  ou 

Ecarquillettes, quand sa soeur ne lui 

demande  pas  de  peindre  d’autres 

fresques de par le monde.

http://baronours.canalblog.com/

BaronsOurs

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ÉDITO#07

G. V.

http://gegemarcello.blogspot.com

C ’est Ki Ki a fait ça ?Une image et puis juste un message : « On t’a rajouté deux grains de beauté… »

Mon « cindy crawford », parfait, et puis…J’avais compris : ils attendaient la copie, le premier édito de l’année. De bonnes résolutions ?Elles avaient déjà été faites, à la rentrée. Pas  manger.  Pas  toucher.  Pas  traverser,  sans regarder. Ne pas fumer…L’année  serait  belle,  le  jour  le  plus  long  arrivait, sans attendre l’été, un 29 février. On était…heureux qui comme un… S’arrêter, à temps : les Lao Tseu, ça sentait trop les dernières cartes de vœux…On était juste heureux. Comment dire ?de tourner la page,d’oublier hiver,de fumer, en terrasse,d’écrire son journal,de pas être en kiosque, de ne pas faire l’écran total,ni le bruni-sateurheureux de croire que, passé le 1er,d’autres saisons approchaient…-  Hey  Mister  Cocktail,  tu  nous  fais  un  « culture blender » ?Je  regardais,  au  fond  du  verre :  le  Baron  Ours, une  presse  pressée,  une  rondelle  de  Cybèle,  un morceau  de  Ki-wi  et  de  quoi  siroter…  mode, jeux  (vidéos),  pages  blanches,  souvenirs  de vacances…Kiblind, en 2008 comme en 2007, ça se boit à  la paille, et c’est déjà pas mal…

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Du 1er au 9 février, Le Croiseur (Lyon 7) : 3e « Frako festival » du théâtre burlesque et clownesque. www.lecroiseur.org

Jusqu’au 5 février, Cinéma Le Zola : festival « Ciné O’Clock » du cinéma anglais.www.lezola.com

Les 5 et 6 février, Théâtre des Marronniers (Lyon 2) : Les Chroniques, performances théâtrales et musicales autour de l’actualité.www.theatre-des-marronniers.com

Du 5 au 8 février, Bibliothèque de la Part-Dieu: Premier colloque international consacré à l’écrivain Patrick Modiano. www.bm-lyon.fr

Du 8 au 10 février, Hippodrome de Parilly (Bron) : la 22e « Fête du livre de Bron » accueille une cinquantaine d’écrivains. www.fetedulivredebron.com

Jusqu’au 9 février, Galerie Le Bleu du ciel (Lyon 4) : Middle of nowhere, projet pluridisciplinaire de Laurent Mulot.www.lebleuduciel.net.

Jusqu’au 15 février, Théâtre de l’Astrée (Lyon 1) : Chaos Danse, festival chorégraphique. www.univ-lyon1.fr (rubrique « Vie des campus »)

1er mars, Villa Gillet (Lyon 4) : « Prix Rhône-Alpes du Livre » proposé par l’ARALD.www.arald.org

Du 4 au 15 mars, Lyon + agglomération : Biennale « Musiques en scène ». www.grame.fr

Du 4 au 15 mars, Théâtre Les Ateliers + autres lieux : « La Poésie / nuit », festival pluridisciplinaire autour de la poésie contemporaine (lectures, expos, vidéos…).www.lapoesienuit.com

15 et 16 mars, salle des Fêtes de Vaugneray: grande Foire aux livres organisée au profit d’Amnesty International. www.vaugneray.com

Du 16 au 18 mars, dans tous les cinémas : 9e Printemps du cinéma, 3,50 euro la place.www.printempsducinema.com

18 mars, Espace Albert Camus (Bron) : La Framboise Frivole, spectacle musical « furioso ». www.mallemolen.be

22 mars, Le Fil toute nouvelle scène de Musiques Actuelles à Saint-Etienne accueille le Peuple de l’Herbe. www.le-fil.com

Du 3 au 6 avril, Les Subsistances organisent un week-end de créations «ça tchatche».www.les-subs.com

FESTIVAL Au LOnG COu Du 6 au 15 mars, la 21e édition d’A Vaulx Jazz célébrera pêle-mêle le voyage, la voix et les femmes. Des artistes venu(e)s de partout, et une scène où les découvertes locales côtoieront de grands noms du genre, comme Archie Shepp ou Michel Portal. Un bel exemple de métissage culturel qui dure.www.avaulxjazz.com

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DéPARTNul n’est censé ignorer l’oie

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CAnARD DAnS CAFé nOIR (2)… après la 4e Nuit du Polar, organisée avec les Quais, du 28 au 30 mars, au Palais Bondy (Lyon 5e). Cette manifestation annuelle est consacrée au cinéma et à la littérature policière contemporaine. Une enquête sera ouverte, dès le mois de février, sur le site Internet… Indice : dans la Cuisine, on a déjà croisé Colonel Moutarde assaisonner ses aiguillettes…+ d’infos : www.quaisdupolar.com

PATTE APRèS PATTELe « Pas-Sage-Et » raconte le parcours de Khlan, émigré(e) en transit. L’aventure est interprétée par le Dumka Clarinet Ensemble, un trio de clarinettistes, jazzy et métis. Le 14 mars, au Polaris (Corbas).  + d’infos : www.lepolaris.org

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L’OIE DE LA RuEFigure emblématique des années quatre-vingt et du melting pot new-yorkais, Keith Haring s’expose au musée d’art contemporain de Lyon. Confluences entre le street art, les cartoons, l’art pictural africain et sud-américain. A partir du 22 février. + d’infos : www.moca-lyon.org

pOesIELe Printemps de poète est organisé, du 3 au 16 mars, dans plus de 50 pays. Sur le thème de « l’éloge de l’autre », la 10e édition est déclinée localement par l’Espace Pandora qui organise plusieurs activités (lectures, conférences, spectacles, expositions, vidéo, slam…) en hommage à Cesare Pavese et aux auteurs québecquois. Et dès le 14 mars, l’Espace enchaîne en célébrant la 13e Semaine de la langue française.+ d’infos : http://espacepandora.free.fr

CHAnT Du CyGnEPas tout blanc, parfois très noir : après plusieurs albums « festifs », Mano Solo revient à une formation intime où son verbe et sa voix écorchée transpirent de violence et de tendresse. Au Transbordeur, le 19 mars.+ d’infos : www. transbordeur.fr

CAnARD DAnS CAFé nOIR (1)Le 29 février, en plus de l’année bissextile, l’auditorium de Lyon propose un nouveau « concert expresso » (six dans l’année), une « pause » musicale d’une heure pendant laquelle des solistes de l’Orchestre national de Lyon font découvrir leur instruments. What’else ? c’est 8 euro, l’expresso…+ d’infos : www.auditorium-lyon.com

ÉVÉNEMENTS#09

AnnIVERSAIRESortie de Kiblind n°20

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VUPAR...#11

sophie/l’épicerie moderne

Parler de nos découvertes ou de nos coups de cœur est un exercice un peu difficile parce qu’il nous arrive très souvent d’être attirés, séduits, conquis par de jeunes groupes… et tant mieux ! L’émergence se porte plutôt bien, 

on  ne  peut  pas  en  dire  autant  des  lieux  de  répétitions  ni  même  des  lieux  de diffusion dans lesquels cette émergence aurait tout le loisir de grandir, mais là n’est pas le débat. Pas tout de suite en tout cas…

Alors, faisant écho à l’actualité, j’ai choisi de vous parler de Cosmos 70. Actualité parce qu’ils étaient en concert le 19 janvier au Sonic, cette péniche chaleureuse avec  une  programmation  pointue  et  importante.  (N’oublions  pas  d’ailleurs  le soutien à ce lieu important, «Murs blancs, Peuple Muet» à bon entendeur !)Donc, revenons à Cosmos 70… Les musiques électroniques sont vraiment très vastes, et étant moi même plutôt de culture rock, j’ai bien souvent l’impression de m’y perdre. Cosmos 70 fait partie de ces groupes qui peuvent réconcilier un public  de  culture  pop/rock  et  un  public  de  musiques  électroniques.  Ce  jeune groupe est composé de deux musiciens (Michel et Pilou) et un vidéaste (Adrien from  Berlin).  Le  concert  est  un  vrai  live  de  machines  et  d’instruments,  des ambiances mixées et créées en direct. C’est un peu comme une  invitation aux voyages. Du rêve, de la poésie, de l’action, de la nostalgie, de la puissance… le voyage dans le Cosmos est varié, prenant et très visuel. Une bonne découverte scénique donc et un bon album, Voices, signé chez Bee records, en vente dans toutes les bonnes boutiques ou sur le site www.beerecords.com. N’hésitez pas à aller faire un tour sur leur page, ils ont une quinzaine d’artistes : Paral-lel, Slush, Praktisch, Noone, Phasme... 

Et puis n’oubliez pas non plus de venir découvrir Fink, l’artiste folk de Ninja Tune, qui nous fait l’honneur de jouer à l’épicerie le 5 février ! Comment ça on n’a pas le  droit  de  faire  de  la  pub ?  Même  pour  un  songwriter  à  la  voix  douce  et  des chansons magnifiques ? Bon ok… on n’en dira pas plus…  www.epiceriemoderne.com… bon surf !

www.epiceriemoderne.comwww.myspace.com/epiceriemoderneblogwww.myspace.com/cosmos70www.beerecords.comwww.myspace.com/soniclyon

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À Lyon, une des capitales mondiales du jeu, et dans un magazine culturel, il est logique de s’intéresser au formidable essor du jeu vidéo. Le secteur affiche une forme exponentielle, a toujours su rester jeune et s’arracher les dernières nouveautés, qu’il s’agisse de publics, de marchés ou de façons de jouer. Pour le constater, on vous donne deux vies et quatre niveaux à passer…

jeux vidéo : press start

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LEDOSSIER#13

Level 1 le nouveau monde

Venu de France, un événement récent a révélé l’importance acquise  par  le  jeu  vidéo  dans  la  stratégie  mondiale des « marchands » de loisirs. Au mois de décembre dernier, le  groupe  français  Vivendi  Games  a  annoncé  sa  fusion avec l’américain Activision (Call of Duty, Guitar Hero, etc.) pour  constituer  le  leader  mondial  du  jeu  vidéo,  devant Electronic  Arts  (NBA Live,  Les Sims,  Fifa football,  etc.). L’important  n’est  pas  de  savoir,  pour  l’instant,  comment EA  reprendra  les manettes dans  le « burn out » bien  réel de  la  concentration  du  secteur.  Il  s’agit  simplement  de constater qu’il y a peu, Vivendi Universal était en passe de vendre sa division « jeux » pour se recentrer sur ses autres activités  « culturelles » (cinéma,  musique,  etc.)  Entre temps, l’entreprise s’est rassasiée sur le succès des jeux en ligne, dont le célèbre World of Warcraft édité par sa filiale Blizzard. 

Tous les spécialistes en conviennent : 2007 fut une année exceptionnelle  pour  le  jeu  vidéo.  Le  succès  mondial  de certains  produits  (les  consoles  Nintendo,  Wii  et  DS,  le développement  de  nouveaux  types  de  jeux,  comme  le karaoké Singstar ou le Programme d’entraînement cérébral du Dr Kawashima)  ont  permis  d’atteindre  de  nouveaux publics,  de  nouveaux  marchés  et  de  nouveaux  records. Avec 30 milliards d’euro de chiffre d’affaires (20 milliards pour  les  jeux ; 10 milliards pour  les supports),  le marché mondial  du  jeu  vidéo  a  dépassé,  après  le  cinéma,  celui de  l’industrie  musicale.  Et  la  série  promet  d’être  longue puisque d’ici trois ans, il devrait générer un CA global de 50 milliards de dollars. Dans ce contexte, la French touch est joueuse, et jouette. Même s’ils sont largement délocalisés à l’étranger, trois de ses fleurons (Vivendi games, Ubisoft et le lyonnais Atari) figurent parmi les 10 premiers éditeurs mondiaux de jeux vidéos. Quant aux français, qu’ils soient « hard core » ou « casual gamers » ils ont consommé pour plus  de  2,7  milliards  d’euro  de « loisirs  numériques »,  ce qui  représente  une  augmentation  de  50  %  environ  par rapport  à  l’année  2006.  En  tête  de  gondole :  la  Wii  (1 million de foyers équipés),  la DS (3 millions) et quelques jeux  bestsellers  (Pro Evolution Soccer,  Call of Duty,  Zelda, etc.) qui, depuis 2005 et  le coup de Gran Turismo 4 nous supplantant un DVD de Shrek 2 et un album des Enfoirés ( !),  se  retrouvent  systématiquement  parmi  les  produits culturels ayant rapporté le plus d’argent.

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Level 2 «Here comes a new challenger»

La surconsommation du jeu vidéo tient notamment au  fait  que  la  cible  s’est  considérablement  élargie. Selon le Syndicat des Editeurs de Loisirs  (SELL),  il y aurait aujourd’hui 400 millions de joueurs réguliers. En  outre,  l’évolution  incessante  des  capacités  du hardware  a  contribué  à  plonger  le  « gamer »  au sein même de la matrice. Finies les barres blanches se renvoyant un carré sur une TV 15 cm. Destinées à  une  génération  de  joueurs  âgés  de  20  à  40  ans, les  consoles  « next gen »  sont  la  pierre  angulaire de  cette  course  à  l’immersion  totale.  Ainsi,  des jeux comme Assassin’s Creed ou Call of Duty ont été pensés et réalisés comme des films. Avec un budget moyen de 5 millions d’euros (et plus de 25 millions pour les grosses productions), les jeux des consoles next gen  présentent  un  environnement  toujours plus beau et plus proche du réel. Des villes entières sont modélisées à l’identique. Le son est de qualité 5.1. Et pour jouer, on peut brancher toutes sortes de périphériques : volant, pédalier, arme, etc.

Mais  cette  dynamique  laisse  en  chemin  nombre de  studios  et  de  joueurs.  On  a  ainsi  vu  arriver  de nouveaux supports de salon contrevenants à cette logique de « power user ». Certains groupes comme Nintendo  ont  justement  pris  le  contre-pied  en faisant  le  pari  de  la  lucidité.  Pas  d’immersion  par l’image dans la Wii ou la DS, mais une nouvelle façon d’interagir :  on  souffle,  on  parle,  on  agite  les  bras, les pieds. Et contrairement aux combos héritiers de Street Fighter  (1/4 de  tour arrière, X, X, O, O)  - d’un autre monde pour les moins de vingt ans - ici, tout le monde participe.

Faire participer  les  joueurs : c’est  l’une des grandes évolutions du secteur. Essentiellement tournés vers les jeux de tir, de simulation et de sports (Pro Evolution Soccer…), les tournois et les compétitions fleurissent. Il existe, par exemple, une coupe du monde de jeux vidéo  à  Bercy  et  des  championnats  de  France  qui regroupent 15 000 joueurs. Le phénomène progresse mais  reste  marginal  par  rapport  à  certains  pays comme le Japon ou la Corée où il existe des équipes composées de joueurs rémunérés et sponsorisés par des grandes marques. L’analogie avec le sport est de plus  en  plus  parfaite.  Bientôt  peut  être,  les  idéaux de  représentation  nationale,  très  sensibles  dans  le 

sport et en particulier dans le foot, surgiront dans le jeu vidéo. Hooligans coréens, interdits de Bercy ! 

Depuis  l’arrivée  de  Meridian 59  en  1996,  les communautés  de  jeux  Massivement  Multijoueurs Online  (MMO)  ont  également  explosé.  Largement développées  en  Corée  et  en  Chine,  il  en  existe près  de  200  à  travers  le  monde.  Elles  génèrent  un chiffre  d’affaires  annuel  supérieur  à  un  milliard  de dollars.  Utilisé  d’abord  par  un  public  archétypal, le-jeune-adulte-célibataire-citadin-issu-des-classes-moyennes,  les  MMO  se  sont  ouvertes  à  de nouvelles  catégories  de  joueurs.  Il  n’y  a  pas  d’âge (ni de sociologie) pour manger du World of Warcraft aujourd’hui. Et 9 millions de boulimiques en ont fait leur dîner. Le jeu en ligne permet de créer un univers ludique permanent. Il offre ainsi une aventure quasi continue  puisque  le  joueur  se  duplique  par  son avatar qu’il fait évoluer techniquement, socialement ou économiquement. Second Life en est l’emblème. La communauté fonctionne d’ailleurs si bien qu’on a vu y apparaître des partis politiques, des grandes enseignes et même des corps de métier. La vie réelle se  confond  avec  l’espace  virtuel,  et  de  nouvelles façons de faire de l’argent apparaissent. Sur Second Life,  on  achète  et  on  vend  des  objets ;  on  change ses euro en monnaie virtuelle (l’est elle vraiment ?) ; on dit même que le plus vieux métier du monde se pratique, en ligne...

Le jeu vidéo voit se développer, enfin, un avatar moins ludique :  le  « serious game ».  En  quelques  années, grâce à ses salons spécialisés, Lyon en est devenue une  capitale  mondiale.  Le  principe est  simple : apprendre en s’amusant. Les jeux se sont multipliés et couvrent un panel de plus en plus large, du Code de  la  route  version  Nintendo aux  simulations  très abouties pour apprendre un métier. Ainsi,  tout  le  monde  joue :  les  enfants,  les  adultes, les  seniors,  les  femmes,  les  hommes.  Et  surtout,  le jeu vidéo s’immisce partout : dans nos programmes scolaires,  lors  de  nos  voyages,  au  travail,  sur  les écrans de cinéma, etc.

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LEDOSSIER#15

Level 3«Just 1 credit»

Malgré  la  conquête  de  nouveaux  territoires,  le  jeu vidéo peine toujours à gagner ses lettres de noblesse « culturelle ».  Longtemps  considéré  comme  un gadget destiné aux enfants et aux ados, l’âge moyen du gamer est passé, en quelques années, de 17 à 35 ans,  d’où  un « léger »  changement  de  registre. En outre, à travers le graphisme, le design, la musique, mais aussi l’architecture ou l’intelligence artificielle, le jeu vidéo entretient des rapports étroits avec les autres modes d’expression artistique. Les passerelles se multiplient. Avec le cinéma : des réalisateurs sont sollicités  pour  collaborer  à  des  jeux  (Jan  Kounen, Christophe Ganz, Mathieu Kassowitz…) et, à l’inverse, certains  jeux  (Resident Evil,  Hitman)  sont  portés  à l’écran. Avec la littérature (Starcraft, Warcraft, Diablo sont en librairie) ou la BD (XIII, Astérix, Trolls de Troy sont  des  jeux  vidéos).  De  même,  les  musiques  de jeu sont souvent empruntées à des artistes connus. Plusieurs  grands  rappeurs  (Snoop,  Rohff,  Public Enemy…) se sont déjà prêtés au  jeu, allant  jusqu’à créer des titres exclusifs. Quant au DJ Amon Tobin, il a composé un album entier pour la bande originale du jeu Splinter Cell.

De  même,  l’appareil  politique  et  institutionnel favorise  la  liaison  entre  la  culture  et  le  jeu  vidéo. L’UNESCO  le  promeut,  par  exemple,  au  titre  de la  diversité  culturelle.  En  France,  le  jeu  relève également de l’exception culturelle. On se souvient notamment du cri du cœur de l’ancien ministre de la  Culture,  Renaud  Donnedieu  de  Vabres,  devant les  représentants  de  l’Union  européenne,  plus rétifs face à cette nouvelle dimension : « Les talents inventifs font appel à des savoirs technologiques et artistiques où se mêlent intelligence, innovation, créativité. Raconter des histoires, imaginer des univers, créer des émotions… À l’instar du cinéma, il est crucial d’obtenir une reconnaissance culturelle.» Autre signe fort :  plusieurs  développeurs  réputés,  comme Shigeru Miyamoto (Mario), Michel Ancel (Rayman) et Frédérick Raynal (Alone in the dark) ont été nommés, en France, Chevalier des Arts et des Lettres. En  revanche,  au  niveau  juridique,  la  classification « culturelle »  du  jeu  vidéo  n’est  pas  clairement définie.  La  Cour  de  Cassation  a  d’abord  considéré que c’était le moteur du jeu qui prévalait, l’assimilant à  un  simple  logiciel.  Mais  alors  que  l’ensemble  de 

la  profession  continuait  à  le  considérer  comme une  oeuvre  culturelle,  la  Cour  d’appel  de  Paris  l’a récemment  qualifié  d’ « oeuvre  audiovisuelle  de collaboration » : un revirement de jurisprudence qui aura sans doute des conséquences sur la définition du produit. 

La reconnaissance du jeu comme « produit culturel » fait l’objet d’une polémique ancienne.S’il  y  a  bien  des  passionnés  cristallisés  devant  la beauté  numérique,  nombre  de  professionnels rêvent surtout de délivrer la princesse, qui n’est autre qu’une belle TVA à 5,5%. 

Multi-joueursArtefacts  a  été  créé  en  2003  par  cinq  jeunes associés,  dont  la  plupart  étaient  d’anciens collaborateurs  d’Infogrames.  Bruno  Chabanel, scénariste-concepteur,  est  le  gérant  de  ce  studio lyonnais,  installé dans 7e arrondissement. « Nous avons deux types d’activité : une activité de sous-traitance, pour d’autres studios, et une activité de développement qui consiste à concevoir un jeu de A à Z, pour un éditeur donné ». Le studio a ainsi participé, comme sous-traitant, à  l’élaboration de quelques mastodontes lyonnais (Test drive unlimited, Astérix XXL 2…)  ou  à  la  création  d’une  quinzaine de « niveaux » pour une version de Rayman ou les lapins crétins.  Accrédité  «  développeur  Nintendo DS » depuis août 2006, Artefacts a créé le Code de la route et travaille actuellement sur un gros projet de  développement  pour  la  console  portable  du géant  japonais. En 2007,  l’entreprise a également conçu un jeu de pétanque pour PC. « Nous avons plein d’autres projets. L’enjeu maintenant, c’est de devenir développeur Wii et de structurer la société sur le long terme dans un secteur qui nécessite d’être ultra-réactifs ». En moins de cinq ans, Artefacts est passé  d’une  seule  personne  à  une  quarantaine d’employés !

Site Internet (en construction) : www.artefacts-studio.com

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LEDOSSIER#16

G. V. & G. J.

Level 4«Lyon:le boss de fin…»

Dans l’univers du jeu, Lyon est un monstre. Pas que les  lyonnais  soient  meilleurs  joueurs  qu’ailleurs. Mais parce que certains de leurs jeux préférés sont développés  sur  les  terrains  d’à  côté :  Arx fatalis (Arkane studios), Dead to rights II (studio Widescreen Games pour Electronic Arts et Namco hometek), V-Rally ou Alone in the Dark (Eden games). Au-delà des jeux,  c’est  toute  une  industrie  du  loisir  numérique qui  s’est  constituée  dans  la  région.  Pas  besoin  du Docteur Kawashina, ni de Nicole Kidman, pour nous apprendre  à  chiffrer.  La  région  Rhône-Alpes  est la  6e  région  mondiale  du  jeu  vidéo.  Elle  regroupe plus  de  30  %  des  développeurs  français ;  5  des  13 plus  gros  studios  nationaux  ;  1  école  spécialisée (Gamagora,  ouverte  à  l’Université  Lumière  Lyon  2 depuis  septembre  2007),  unique  en  son  genre  ; des  leaders  mondiaux  (siège  mondial  d’Atari,  ex-infogrammes,  siège  européen  d’Electronic  Arts) ; une  constellation  de  sous-traitants  et  de  petites entreprises  spécialisées  (infographie,  audio,  3  D, web  agency…)  qui  symbolisent,  à  l’échelle  locale, les  évolutions  du  marché,  entre  concentration  des leaders  et  sectorisation  des  fonctions  (conception, promotion, marketing, etc). Avec d’autres, le studio Artefacts  (voir  encadré)  est  un  maillon  de  cette constellation, et même une étoile montante.

La prédilection de Lyon pour les loisirs numériques a  plusieurs  origines.  Elle  est  notamment  liée  à l’histoire  d’Infogrames,  créée  à  Lyon  en  1983. Avant  de  se  recentrer  sur  des  activités  d’édition et  de  distribution  (Civilisation III,  Astérix,  etc.), l’entreprise  a  conçu  de  nombreux  jeux  et  formé toute  une  génération  de  jeunes  développeurs  qui ont  créé  leurs  propres  studios,  comme  Arkane, Dream  On,  Étranges  Libellules,  ou  encore  Eden Games.  Ce  dernier  est  l’un  des  plus  gros  studios français.  À  l’origine,  il  s’agissait  d’une  structure  de développement  interne  au  groupe  Infogrames. Devenu indépendant en 1998, le studio développe des  jeux  pour  son  ancienne  maison-mère  (V-Rally) et pour d’autres, dont Electronic Arts (Need for speed Porsche, etc.). En 2002, racheté par Infogrames, Eden revient finalement dans le giron familial.Le  jeu  vidéo  made in Lyon bénéficie  également  du volontarisme des pouvoirs publics pour soutenir un 

secteur  (un millier d’emplois directs), aussi porteur que  menacé.  L’explosion  des  coûts  de  production (plus de 20 millions d’euro pour un jeu « important ») explique,  en  effet,  la  concentration  du  secteur  et la  compression  des  dépenses.  Un  jeu,  en  France, coûterait  50  %  plus  cher  à  produire,  en  moyenne, qu’ailleurs.  En  quelques  années,  de  nombreux studios  ont  disparu  (Kalisto,  Delphine  Software, Titus…) et le nombre d’emplois dans le secteur a été divisé par deux, entre 2002 et 2006. 

Si  les lyonnais résistent et continuent de s’exporter (80  %  du  chiffre  d’affaires  des  productions  locales est  réalisé  à  l’étranger),  ils  peuvent  s’appuyer sur  un  marché  local  qui  ne  leur  veut  que  du bien :    création  d’un  pôle  de  compétivité  régional (Imaginove),  pouvoirs  publics  armés  de  joysticks, associations  de  professionnels,  etc.  Lyon  Game, par  exemple,  est  le  premier  groupement  français consacré aux professionnels du jeu. Son but est de mettre en  relation  les acteurs  (porteurs de projets, développeurs,  éditeurs…)  et  de  participer  à  la promotion des entreprises lyonnaises (salons Game connection, Serious games sessions europe, etc.).

Game Over! Tout en defense,

le monstre lyonnais n’est pas encore battu. On dirait meme qu’il crache du feu. Il vous

reste une vie dans une partie qui

vient seulement de commencer !

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ANACHRONIQUE#19

Le sous-sol de Fourvière conserve la trace des premières manifestations sociétales de Lyon. C’est aussi sur cette colline que se tenait le culte d’une divinité païenne, célébrée notamment au printemps : celui de la déesse Cybèle.

le culte de cybèle

J. T.

E n  1704,  un  bloc  de  pierre  antique  fut découvert  dans  la  vigne  d’un  certain Bourgeat,  sur  la  colline  de  Fourvière.  Haut 

de  1,40  m,  parallélépipédique,  sa  face  principale fut  frappée  d’un  relief  en  tête  de  taureau  ceinte de grosses perles,  retombant sur  les côtés comme deux pendentifs. Sur  la gauche, une tête de bélier arborant  les  mêmes  attributs ;  sur  la  droite,  une épée  de  sacrificateur,  munie  d’un  croc  latéral.  En somme : une manifestation de rites païens.Il  s’agissait  d’un  autel  taurobolique  dédié  au  culte de  Cybèle.  Quelques  mots  latins,  taillés  de  part  et d’autre de la tête de l’animal, permirent d’en dater la construction au 9 décembre 160 après J.-C., faisant du  monolithe  le  plus  ancien  témoignage  du  culte de Cybèle en Gaule.Cette  déesse  venue  de  Phrygie  était  adorée  par les  Romains  sous  le  vocable  de  « Grande  Mère ». Associée  à  la  Terre  et  à  la  Fécondité,  proche  des Gaïa, Rhéa ou Déméter grecques, elle incarnait à la fois l’abondance et la nature sauvage.Son récit mythologique raconte qu’elle s’était éprise d’un jeune berger nommé Attis. Mais comme celui-ci ne lui rendit pas son amour et s’apprêta à épouser une  fille  de  Pessinonte,  elle  le  frappa  de  folie.  En proie  à  une  torpeur  extrême,  Attis  s’émascula  et succomba à sa blessure.La déesse fut alors emplie de douleur et demanda à  Zeus  que  son  corps  soit  transformé  en  pin  et continue  à  vivre  sans  connaître  la  corruption  des saisons.  Et  autour  de  l’arbre  auraient  éclos  des violettes, nées du sang du jeune homme.

TauromachieLe  culte  de  Cybèle  connut  une  ferveur  très  vive dans la capitale des Gaules. Il était marqué par une grande  fête annuelle en  l’honneur de  la déesse et de son amant Attis, qui venait couronner l’équinoxe de  printemps.  Le  22  mars,  un  pin  fraîchement coupé,  recouvert  de  bandelettes  et  de  violettes, était  apporté  au  sanctuaire  en  présence  des fidèles. Le lendemain avait lieu la « Fête du Sang », durant  laquelle  le  grand-prêtre  se  saignait  les veines et présentait son sang en offrande ; certains s’émasculaient en mémoire d’Attis. Les jours suivants avaient  lieu  des  cérémonies  festives,  jusqu’au moment  précis  de  l’équinoxe,  qui  consacrait  la renaissance d’Attis et le renouveau de la nature.Un autre aspect du culte résidait dans la cérémonie du  baptême  par  le  sang.  Un  taureau  était  sacrifié devant  l’autel,  et  le  précieux  liquide  était  utilisé pour purifier l’initié.

Pour  certains  archéologues,  la  découverte  de cet  autel  sur  la  colline  de  Fourvière  attesterait  la présence  antérieure  d’un  sanctuaire  de  Cybèle, édifié entre –43 et 160. Et si l’artefact est aujourd’hui conservé  au  musée  gallo-romain,  une  fontaine taurobolique  peut  encore  être  admirée  dans  un recoin  de  la  rue  des  Macchabées,  près  de  Sainte-Irénée.  Mais,  ce  témoignage  d’antiquité  n’a d’authentique que le symbole, car sa réalisation est le  fait  de  l’architecte  lyonnais  Louis  Flachéron, en 1827.

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rétroperspectiveAprès le sapin, on secoue le marronnier : tous les journaux ont déjà sorti leur rétrospective de l’année. Les marrons sont tièdes. Mais si on est en retard, c’est qu’à Lyon, il y a aussi de l’avenir…

C ’est déjà loin. Les élections 2007, la fronde de la X-Rousse, le premier partenariat entre Microsoft et une université française (Lyon 

1), la Biennale de l’art contemporain, les Vélov’s qui ont essaimé sur tous les terrains, etc. Se contenter du fin de la fin. À l’automne dernier, l’incontournable « Monopoly » lançait un grand scrutin en ligne pour sélectionner  les  22  communes  françaises  qui  se caseraient  dans  l’édition  « Villes  de  France »  (mars 2008).  Plus  de  700  000  votes  ont  été  enregistrés. Lyon, arrivée en 16e position, remplacera l’ « avenue de Neuilly » et pourra aussi compter sur la Part-Dieu, une  des  quatre  gares  du  jeu.  Pas  de  complexe,  ni de  corne  flakes :  c’est  Dunkerque,  la  fastueuse, qui  prendra  la  place  de  la  rue  de  la  Paix.  Selon  Le Figaro, c’est le village de Montcuq (Lot) qui aurait en réalité remporté la majorité des suffrages, suite au lobbying  sans  relâche  du  bloggeur  Laurent  Bazet. Mais l’éditeur, Hasbro,  a préféré renoncé « pour des raisons de maman »  et  annoncé  la  création    d’un autre  jeu :  « 100% Montcuq ».  On  aurait  pu  trouver meilleur  compromis :  passer  3  tours ;  nommer Montluc pour la prison ; ne pas choquer les enfants, sauf  ceux  qui  parlent  ce  verlan.  Papa,  de  toute façon, était absent. Il a laissé le plateau pour les jeux 

vidéos qui, à Lyon, ont pris un vieux coup de sérieux. La presse s’est largement intéressée aux 3e « Serious games  sessions  Europe » organisées,  au  Palais  des Congrès, en décembre dernier. Le marché du « jeu sérieux »  est  en  plein  essor,  selon  Le Nouvel Obs, grâce à ses applications en matière de simulation et de formation professionnelle. Donc Papa, il s’éclate, après avoir lu Les Échos, en jouant au docteur dans « Pulse »,  à  l’intérimaire  dans  « Interim Mission 3D », au  conducteur  d’ « engins lourds »  (Audace),  ou  au grand  reporter.  Dans  le  logiciel  danois  «  Global conflict Palestine », le joueur, plongé dans le conflit israélo-palestinien,  doit  « interviewer différentes sources » pour « faire la Une » d’un grand quotidien.

MillésimeLes grands événements lyonnais, c’est une histoire de  cuvée.  La  Fête  des  Lumières  fut  un  « mauvais cru »  selon  Le Monde,  qui  laissera  « quelques aigreurs » à  l’équipe municipale, « à (deux) mois des élections ».  Avec  des  « réalisations peu ambitieuses et parfois déficientes »,  la manifestation, qui a réuni 4  millions  de  personnes,  « n’a pas ébloui Lyon ». Heureusement  que  le  vin  a  permis  à  « quelques tableaux »  d’échapper  « au fiasco ».  La  « vigne

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G. V.

lumineuse poussée sous le cloître de l’hôtel-Dieu »  a été appréciée, tout comme la « cabine téléphonique transformée en aquarium à poissons », sur le quai de la Pêcherie. Dans 20 minutes, une jeune spectatrice s’enivre :  « C’est trop fort ! Je veux passer un coup de fil sous-marin, glou glou ! » Était-on  bien  sorti  du beaujolais nouveau, autre incontournable lyonnais, célébré quelques semaines plus tôt ? Le site Internet www.beaujolaisnouveautime.com avait annoncé la couleur  (« ne pas se prendre la tête »),  mais  c’est  lui qui finit  toujours par nous  la prendre. Le beaujo a toujours  le dernier mot,  tout comme  le viticulteur Dominique  Piron,  ayant  beau  jeu  de  nous  vanter son  dernier  camaïeu :  « Le rosé (nouveauté  2007), c’est un compromis entre le rouge et le blanc ». Merci Monsieur.  La  gueule  de  bois,  ce  fut  le  lendemain et  l’économie  d’un  vin  qui  n’a  pas,  contrairement aux apparences, la « vie en rose ». Malgré un succès mondial  (110  pays  qui  participent  à  la  fête,  de  la Russie aux Etats-Unis, où 19 festivals de beaujolais nouveau ont été organisés cette année), les ventes tendent à s’essouffler, selon La Tribune, et « les cours continuent de s’effriter ». La fin d’un monde ? Parlons-en, justement…

It’s TimeDe revenir, à  la croisée des années, sur  la fameuse « une »  du  Time magazine  du  3  décembre  2007 : « La mort de la culture française ».  L’ « exception culturelle »,  ce  sont  plusieurs  lyonnais  qui  se sont  illustrés  récemment  à  l’étranger.  Vu  dans  les journaux. Lors de l’incontournable « Art basel Miami Beach  »  par  exemple,  l’actrice  lyonnaise  Christine Rebet  a  fait  « un tabac »  avec  ses  « dessins à l’encre de couleur et au surréalisme inquiétant ».  C’est  la 

preuve,  pour  The Art Newspaper  (« la Bible »  selon Le Fig), que la « Nouvelle vague » française (C. Rebet +  17  autres  artistes  contemporains)  a  bel  et  bien « atteint Miami Beach ». Toujours côte est, plutôt que côté  sud,  la  soprano  Nathalie  Dessay  revient  d’un énorme triomphe new-yorkais où elle a enflammé le « Metropolitan opera », le « premier établissement lyrique du monde ».  Érigée  en  véritable  icône dans  tout  Big  Apple,  elle  s’est  retrouvée  « affichée partout »,  des  abribus  aux  cabines  téléphoniques, sur  les écrans géants de Time Square puis, un peu moins  « Time  magazine »,  dans  les  colonnes  de L’Express.  Portrait  chinois.  Si  c’était  un  animal ?  Ce serait  un  « bernard-l’ermite » : « J’aime le concept du squatteur, mais, surtout, j’adore l’idée qu’un animal s’appelle « Bernard ! ».  Et  si  c’était  une  porte,  le Bernard-Laporte ? 

Sources :

Jérôme Bouin, « Jouerez-vous au Monopoly Montcuq ? », Le Figaro.fr, 9/11 ; Marie-Annick Depagneux, « Le beaujolais nouveau résiste malgré un  léger tassement », La Tribune, 14/11 ; « Arrivée du beaujolais nouveau et rosé », Associated Press / Le Nouvel Observateur, 14/11 ; Sylvain Ouchikh, « Le beaujolais nouveau voit la vie en rose », Le Figaro, 15/11 ; Catherine Robin, « Question de styles : Nathalie Dessay, si vous étiez… », Express.fr, 27/11 ; « Lyon accueille  le salon européen des jeux vidéos « sérieux », Nouvelobs.com, 3/12 ; Prune Perromat, « Fête des Lumières à Lyon: du kitsch au flamboyant », 20 minutes/AFP, 6/12 ; Capucine Cousin, « Les entreprises se convertissent aux jeux vidéo « sérieux », Les Échos, 10/12 ; Valérie Duponchelle, « Miami : l’heure de la jeune garde française », Le Figaro, 10/12 ; Sophie Landrin, « Pour  sa  neuvième  édition,  la  Fête  des  lumières  n’a  pas ébloui Lyon », Le Monde, 10/12

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ZONEWi Fi

7, rue de la Martinière, 69001 Lyon www.soda-bar.fr - myspace.com/sodasoulnspirits

‘HAPPY HOURS & Tapas’Du Lundi au Vendredi de 18h à 20h

Du Lundi au Mercredi de 18h à 1hDu Jeudi au Samedi de 18h à 3h

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ouverture /....

PAGESBLANCHES#25

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Moi et Nausicaa on se promène dans la villeLes rues sont mouillées de pluieTandis qu’on passe son chemin pourvu queLa ville se promène au revers vivant de sa main dans la miennePourvu que s’exaucent les jours tisseurs éphémèresPar la fenêtre de ses yeux d’enfant

Nausicaa et moi c’est dimancheNous nous Laissons dépasserPar les événements

Nous nous Sommes invisibles

A l’envers indivis de ma main dans la sienneLes lignes les épidermes comparaissent de guerres lassesEn noces de papierVraisemblables et tronquéesCantiques au dépourvu enfants des surfacesElégies verticales qui ovulent et saignent et s’inoculentDans le gras du cielLa lente insomnie de la nuit du dedans

Visages serviles véhicules Vers l’abattoir des destinéesOn passe notre cheminComme on passe son tourPlus souvent qu’à son tourOn s’en va loin bien loin seulementDire aux imagesLa chanson du vent A part nous(tout le monde est prêt)

Ballade de la petite fée

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FillerLa petite monnaie des jours mendiantsLes tours de passe-passe à tours de rôleLa gent abrégée des jeux du cirqueLes petits mondes de lettres et de lignes

En mon espèce D’aimable contrefaçonA l’usage de ma façonCarapace corrigée par contumace Avec la paresse versatileD’un cadavre plus petit seulementSi semblable à moi-même Qu’il nous sied bien peuDe départager nos vertus et nos heurts Et de clairsemer nos rangs -Je ne connais rien de plus satisfaisant Que de croître en étendue et en industrieHors l’embarras des manières matériellesQui font le tour du monde

Je ne crois pas que j’irai

Bonzai

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Animal savantDe calibre moyenSain de corps et d’espritCherche avatar de sériePour manger aux heures des repasEt expirer un certain nombre de fois

Tu as ri quand les autres ont riEt tu as tremblé Quand la terre a trembléTu t’es occupé de tout ce qui s’occupait de toiTu as dit bonjour je suis content d’être là(tu étais content d’être là)Tu as fait exprès et tu as préféréTu as cherché le bonheur comme on cherche ses clefsTu as trouvé ça drôle et normal et pratiqueDe te retrouver bien à ta place

Animal ventriloqueD’obédience mécaniqueIntermédiaire sous tous rapportsCherche particulier congénèrePour compter jusqu’à troisS’en laver les mains et croiser les bras

On dit que la mobilisation est généraleOn dit aussi que la vie qui nous attend est terrestreIls m’ont donné un nom et des coordonnéesAu cas où il y aurait quelque chose pour moiIls m’ont dit d’attendre et de me tenir prêtAu cas où il y aurait quelque chose pour moiAlors j’attends et je me tiens prêtJe retiens ma respiration je ne suis pas inquietAu cas où il y aurait quelque chose pour moiJ’ai vraiment envie de réussir ma vie

Animal savant De calibre moyen Sain de corps et d’espritCherche avatar de sériePour manger aux heures des repasEt expirer un certain nombre de fois

Chlorophylle

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Pinocchio‘I thought of the easiest thing to do, which is to die,but I did nothing.’

Leurs rêves morts m’ont volé mon âme

Malgré que j’en ai et qu’on obtienne de moiQue je m’accoutre et me lave la figureQue l’on me considèreQue l’on compte sur moiQu’on m’appelle monsieurJe suis le sans visageJe parle et partage la langue de l’obéissanceOnomatopées défaites binairesD’une même énième saison sur terreDessous le ciel anonyme et sans défaut de la providenceParmi eux au milieu mon chant d’amour du milieuC’est un cheval de troieAttelé à un terrain vagueAvec sa gueule de bois échue Aux services usagersSes titres de transport en règleEt les faveurs des pronostics

Leurs rêves m’ont volé mon âmeNous sommes quittesPour cette fois

PlacentaJe t’avais dit de ne pas me toucherMais tu étais si prèsTu étais tout autourDe mon corps nu et mouAu bout de mon souffleLà où s’avance la lumièreQui ne sait pas parlerQui ne sait pas rêverQui ne sait rien des corpsQui ne sait que naîtreEt continuer

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... / envoyez vos oeuvreswww.kiblind.com

[email protected]

Johann Bouché-Pillon Metalrhymes

www.myspace.com/metalrhymes

Benjamin Hochart(P+R) / Poisson-Mondrian

Exposée dans le cadredes Galeries Nomades

www.i-art-c.org

Le Baron Ours(Couverture + pages centrales)

http://baronours.canalblog.com/

Frédéric Adraitwww.adrait.com

Exposition AS IT IS (3 rue des 4 chapeaux/Lyon)

jusqu’à fin février.

Plot(Couverture + pages centrales)

www.plot-online.com

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Ballade de la petite fée

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Ballade de la petite fée

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Livre & Lire DAnS KibLind : un InéDIT…En collaboration avec Kiblind, Livre & Lire vous propose  de  découvrir,  à  travers  un  inédit, un  écrivain  qui  vit  en  Rhône-Alpes.  Le  texte de  Carine  Fernandez  est  extrait  d’un  travail d’écriture en  cours  intitulé  Chicago Loop. Elle  raconte  l’histoire de Kay,  la  lunatique,  la saturnienne…  un  personnage  inadapté  qui traîne  sa  vie  solitaire  et  ses  désirs  macabres dans  les  rues  de  Chicago.  Livre & Lire  est  le mensuel  du  livre  en  Rhône-Alpes  publié par  l’Agence  Rhône-Alpes  pour  le  livre  et  la documentation (Arald).  Il propose un regard sur la vie du livre et de la lecture dans notre région,  présentée  à  travers  la  diversité  de ses  écrivains,  de  ses  traducteurs,  de  ses éditeurs, mais aussi de ses librairies et de ses bibliothèques.Disponible sur abonnement et consultable en ligne sur www.arald.org

DÉCOUVERTELITTÉRAIRE#43inédit

C’est du lac que montera ma parole. Je l’entends qui bat mes tempes, cadencée, tandis que je marche le long d’Evanston Shore. La plage est propre, ratissée, le sable blanc, aussi vierge qu’à l’époque, pas si lointaine, où les grands lacs étaient encore la bienheureuse mer sans tempêtes des Iroquois. Comme s’il ne s’était jamais rien passé. Le lac s’en fout en vérité, l’eau avale l’ordure jusqu’à plus soif, toutes les déjections du monde, qui vont s’accroissant maintenant de décade en décade et plus vite d’année en année, l’accélération du temps depuis deux siècles, inscrite dans les montagnes de déchets envasés sous le Lac Michigan. Tout ce qu’a pu chier l’homme blanc. Ni vu ni connu, l’eau se referme à la surface. L’indifférence des eaux m’éblouit comme la justice du sabre. Le monde est dur et bouleversant. Pas un seul poisson échoué, la mort n’envoie aucun signe, rien qui morde sur le blanc et le bleu marial de ce mois de Mai. Pourtant c’est avec les poissons morts, le ventre à l’air, échoués en un friselis métallique que je m’étais promis de commencer mon histoire. Je me les étais mis de côté, myriades de lames

scintillantes, cotte de mailles déposée par un chevalier qui se serait payé un plongeon à poil dans le lac, ou les écailles du vieux dragon agonisant aux rives du nouveau monde. Camelot ! Camelot ! Pas pour nous ! On nous a spoliés de Moyen-âge. Tant pis, j’y reviendrai autrement à mes poissons, j’en ai l’image imprimée sur la rétine, indélébile. Image initiale, fondatrice. L’image de ces poissons reste associée pour moi à l’année de mon installation à Chicago et par conséquent à Chicago et à ma nouvelle vie. Un relent de vase, de poisson avarié et de terreur flotte sur mon entrée dans l’âge adulte. Ces poissons morts, poissons motifs imprimés à l’infini, deviendraient poissons parlants, aussi oraculaires que ceux des Mille et Une Nuits. Une bonne vingtaine d’années a passé depuis la fin du monde des petits poissons de Chicago. Le pâle enchantement de leurs mauves et leurs verts, pareils aux arcs-en-ciel de fuel épanché sur l’asphalte, combattu par la puanteur toute fraîche. Deux gars avançaient à ma rencontre. De loin j’avais déjà remarqué leur dégaine, cheveux longs, battle dress, big shoulders chicagoéenes, un rien de

CHICAGO LOOPIncipit d’un roman en cours

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zigzag dans la démarche. Ils avançaient, flanquant de rudes coups de bottes dans les guirlandes de poissons. Les hommes, moi, les poissons et la mort. Je n’éviterais la rencontre qu’en rebroussant chemin et en prenant la fuite. Impossible, il me fallait continuer. On distinguait déjà le panneau d’accès à la plage, cent mètres plus loin. Passer sans leur jeter un regard, indifférente, l’oeil fixé sur la sky line de Chicago Loop, découpée franche dans du bleu dur. Surtout ne pas les regarder, comme avec les chiens quand on a peur d’être mordu. Un regard les aurait fait exister, leur aurait rappelé que j’étais une fille seule, livrée et qu’il n’y avait qu’une chose à faire. La tête droite, le cou tendu et l’oeil fixé sur l’autre au bout de l’horizon, la mégapole, la fière qui jouait les duchesses avec sa tiare de gratte-ciels, et moi, la peur au ventre, le pas raidi. J’emportais au passage un bout de plage émaillé de tessons de bouteilles, les canisses des barrières, une cage de handball, un quart de visage entaillé de pattes d’oies, une bouffée de tabac brun, ma peur au ventre, les poches de jambes de leurs pantalons kaki toutes gonflées. De quels recels ? Le lac et son ressac de cyanure, Chicago l’empoisonneuse. Décor de polar, la capitale du crime avec ses poissons assassinés par milliers. J’aurais dû être violée, là sur le sable froid, jambes écartées, découvrant la blessure violette comme une tanche que l’on fend. J’aurais dû, mais ce n’était pas mon heure, il faut croire. Il est temps que j’abandonne là mes deux bonshommes balayés avec les détritus, la poiscaille et les tonnes de varech par la pelleteuse municipale.

Je ne me souvenais plus qu’avec une certaine stupeur de la petite bourgeoise de Waukegan à qui les hommes faisaient peur. J’avais désormais quarante ans, même si je me considérais encore très jeune. J’arrachais bien ici et là quelques cheveux blancs quand je les voyais filer dans ma chevelure, noire, d’un noir d’Orient, de tiers monde, de latino, d’indiennerie, qu’on n’aurait pu attribuer à une famille WASP, mes ancêtres, pourtant irréprochables de toute mixture. J’arpentais les allées d’Evanston comme chaque matin avant d’ouvrir la boutique. On me repérait facilement : Kay, la géante aux triples rangées d’écharpes étranglant son cou de femme girafe, aux fines robes, basses d’ourlets des années vingt, tout cela swingant son chemin dans du brouillard de cigarette. Il aurait mieux valu que j’eusse un chien, n’importe quel cabot mignardé aurait fait l’affaire, un alibi. On promène son chien, on ne promène pas sa mélancolie. J’ai les yeux plombés et le teint blême des enfants de Saturne. La Saturnienne. Le soleil a toujours été mon ennemi, c’est pourquoi je le guettais, je l’attendais au tournant de chaque jour. L’attraper au débotté avant qu’il ne donne le jour au hommes, les assurances, la normalité. A 5h l’été, 8h l’hiver, j’étais sur le pavé pour le miracle : il se dégageait lentement d’une muqueuse rose dans la viscosité des filaments saignants, j’attendais pour saisir le gros oeuf pondu sur le lac Michigan, entre ciel et eau. Nous ne nous sommes jamais fait défaut. D’un seul coup qu’il irradie les cimes des arbres; et les branches des cèdres commençaient à dégouliner d’un bleu épais, tels des turbans hindous mis à sécher au vent du lac.

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DÉCOUVERTELITTÉRAIRE#45

Invisible, un merle lançait son sifflement de voyou. Le monde revenait, qui avait disparu, mais encore englué d’étrangeté, du rêve aux pattes, comme le moinillon collé à la verticale sur la façade lisse de la bibliothèque d’Evanston qu’on eût pris pour un ornement en stuc. Je continuais de fréquenter la bibliothèque municipale les samedi après-midi quand j’avais fermé ma boutique d’« Antiques & vintage ». J’aimais ses cheminées sculptées, ses fenêtres à plein cintre aux carreaux minuscules, qui quadrillaient les feuillages des marronniers, baignant les salles de lecture d’un jour gothique. Je m’attardais surtout dans la salle des usuels, où de vieux messieurs consultaient honteusement les dictionnaires médicaux sur les maladies de la prostate et les troubles de l’érection. Moi, la maladie ne m’intéressait pas plus que ça, ce qui m’excitait furieusement c’était la mort. Tous les états du corps, cette histoire d’après l’histoire, la décomposition jusqu’aux ossements lyophilisés, cette longueur de temps, nouveau comput, nouvelle ère. Je piochais aussi sur le rayon religion. Les fables de tous les peuples, au fond tellement semblables. Toutes à remplir le vide, à nier le néant. Était-ce assez comique, cette universelle fabrique d’images, pour s’empêcher justement d’imaginer le rien. Cessation d’activité. Mais non, on n’avait pas le droit de disparaître, on ne s’absentait qu’en laissant le panneau « reviens de suite » sur la porte.

Carine Fernandez

+

Carine Fernandez est  née  à  Givors  en  1955.  À seize  ans,  elle  épouse  un  étudiant  saoudien  et s’enfuit  avec  lui  au  Moyen-Orient,  où  elle  passe une  vingtaine  d’année  avant  de  séjourner  trois ans aux États-Unis. Aujourd’hui elle vit et enseigne dans le Rhône. Bibliographie : La Comédie du Caire (Actes Sud, 2006), La Servante Abyssine (Actes Sud, 2003)  et  « Les  idiomes  de  l’Ouest »  in  anthologie Triages (Éditions Tarabuste, 2000). 

Libraire et partenaire...Vous  trouverez  le  dernier  livre  de Carine Fernandez, La Saison Rouge, à  la librairie Au bonheur des ogres (9 grande rue de Vaise - Lyon 9) Contacts : 04 78 83 38 71

La Saison rouge Qatan,  un  pays  arabe  fictif.  Dans l’univers  carcéral  de  sa  maison promise  à  la  démolition,  Élisa,  une jeune européenne délaissée par son mari – Hatem,  l’époux  insaisissable –,  isolée  avec  son  fils,  devient  folle de  solitude.  Fiction  dans  un  pays fictif,  la Saison rouge  est  pourtant 

un roman implacable où le désespoir, la solitude et l’effroi qui gonflent les pages ont la puissance que seul a pu insuffler le réel. Une femme emmurée dans sa maison et dans ses souvenirs jusqu’à la folie.

Marie-Hélène Boulanger

(Carine Fernandez, La Saison rouge, Actes Sud- à paraître en février)

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BAZART/MUSIQUE#47

the knights who say nilImpossible de passer à côté, la France de partout bruisse d’une nouvelle garde lyonnaise générant enthousiasme musical et danse échevelée. Nil est l’un de ces futurs local heroes, et il sort un EP nommé Comme un (presque) printemps.

G. J.

+ Actu EP Comme un (presque) printemps > courant mars 08www.myspace.com/mynameisnil+ Crédits illustrationJüül

E ssais peu concluants à la basse en guise de premiers pas dans la musique, Nil se tourne vers le Hiphop game et tente sa chance au

mic. Can I kick it, no you can’t. Délaissant le rap pour s’intéresser aux prods sous Fruity loops, il crée de premiers tracks que l’un de ses amis comparera à une forme de Jungle ralentie. Terme inconnu, Nil fait des recherches sur Internet et plonge alors dans ses premières amours : electronica, µ Ziq ou Aphex Twin.Nourri de nouvelles influences, sa musique évolue et s’envole vers l’IDM [Intelligent Dance Music]. En geek respectable, le jeune compositeur blanchit ses nuits à l’IRC (ancêtre de MSN), discutant musique jusqu’à ce qu’un petit net label canadien, séduit, décide de sortir son 1er EP > le mini mini EP.Nous sommes en 2004 et ledit objet est downloadé plus de 2000 fois. Ceci donne de bonnes idées à Nil et 2 de ses homies, et le net label Edfönz voit le jour. Une belle compile plus tard, les divergences d’opinions sur l’avenir de la structure séparent ses cofondateurs et la mettent en stand-by. Qu’importe, il poursuit expérimentation et apprentissage, découvrant l’ambient et la house. Ces nouvelles sonorités et l’expérience du live modifient sa conception de la musique. Le télescopage des genres lui évite ainsi la querelle de clochers des classifications, laisse sa musique parler d’elle-même, et permet de faire groover de façon éhontée ses nouvelles moutures.

Un long fleuve tranquilleLe public suit, et plusieurs labels lyonnais se penchent sur son cas mais c’est avec le family gang des Gourmets que les liens vont se tisser naturellement. Au fil de dates destructrices avec ces derniers ou dDamage, Nil collabore jusqu’à la concrétisation : sa 1ère date sous l’étendard Gourmets Recordingz au MAC.Et comme souvent, les choses s’accélèrent. Repéré après une prestation réussie aux Echos sonores, il gagne le giron de la célèbre structure lyonnaise. Deux légendes courent enfin... Playlistés par le blog des fluokids, le titre Comme un printemps attire l’oreille experte de deux rulerz, Gaspard de Justice, et / ou Busy P aka Pedro Winter aka Mr Découverte.Résultat un 1er EP qui va naître sous les meilleurs auspices, avec les forces conjointes de Gourmets Recordingz, Discograph, Edbanger, Because et Phunk ! Une excellente occasion de découvrir une musique actuelle pourtant hors des canons, une musique où percent les influences IDM et early house, ou le groove se mélange aux résurgences trance. Must be a king.

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BAZART/MUSIQUE#49

dynamique pop½ décennie de défrichage, pas mal de concerts et quelques révélations, Dandelyon a encore des cartes en manche.

G. J.

+ ActuFinale des sélections le 26 mars au Ninkasiwww.myspace.com/dandelyon2006

H istoriquement, Lyon avait pris du galon sur la scène musicale française grâce aux efforts combinés  de  Jarring  Effect  et  de  groupes 

tels que le Peuple, High Tone ou Meï Teï Sho. Si la vague du dub retombe, la dynamique instiguée par  ces  acteurs  a  gagné  de  nouveaux  territoires. Des Nuits sonores et du cortège de jeunes fleurons locaux (Danger, Nil ou Spitzer) au Festival l’Original et  des  crews  comme  celui  des  Gourmets  ou  de Cassus Belli, la ville s’étoffe enfin.Des  festivals  certes,  mais  aussi  des  tourneurs,  des labels et associations qui s’activent pour faire vivre electro ou Hiphop et fédérer ses acteurs. Ne manquait qu’un vaisseau pop à la croisade. 

C’est  chose  faite  depuis  2003,  grâce  aux  soldats de  Dandelyon.  Contraction  des  assos  Popswirl  et Disques Puzzle, le but de la structure est d’impulser. De  la difficulté à définir ce qu’est  la pop  l’asso  fait une force : le terme peut paraître flou, il en deviendra un  spectre  large,  représentatif  de  la  variété  des genres  subsumés.  C’est  de  l’univers  pop  dont  on parle, au même titre que les cousins Hiphoperz ou electro, qui présentent un panel  artistique ouvert. Mais  n’allez  pas  assimiler  éclectisme  et  confusion. Bien au contraire, Dandelyon s’astreint à offrir aux groupes  de  musique  les  cadres  et  outils  pour  se professionnaliser :  concerts,  résidences,  sorties 

de  compilation,  tout  est  fait  pour  que  l’on  passe du  garage  band  entre  copains  à  des  formations structurées.  Et  la  formule  fonctionne.  Fake  Oddity sort  un  2e  album  après  avoir  squatté  les  ondes Ferarock  ;  Scalde  transgresse  les  genres  en s’acoquinant avec Agoria ou Simian ; et Vale Poher ou A Song sont désormais des noms reconnus du paysage musical régional.

What elseL’édition  2008  n’échappera  a priori  pas  à  la  règle d’une bonne révélation émergente. Outre le nombre d’inscrits au tremplin, le jury chargé de la sélection s’est  affiné  entre  programmateurs  et  journalistes. Dandelyon a ainsi su séduire les autres acteurs des musiques  actuelles,  et  étirer  son  champ  d’action : présence  dans  le  parcours  des  Nuits  Sonores,  et surtout un tremplin qui va prendre une dimension régionale. De nouveaux groupes à découvrir donc, et la possibilité d’exporter nos poulains locaux dans les Smacs [Scènes de musiques actuelles] voisines.La popstar de demain viendra peut-être des parages… Espérons qu’il n’y ait qu’un seul Benjamin Biolay.

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BAZART/ASSOCIATION#51

comme c’est bizarreBizarre ! est un collectif d’associations situé à Vénissieux dont l’objectif est d’être un vrai lieu d’accompagnement artistique pour les cultures urbaines. « Oui, vous regardez votre couteau et vous dites bizarre, bizarre. Alors je croyais que ... »

M oi, j’ai dit bizarre, bizarre, comme c’est étrange ! Pourquoi aurais-je dit bizarre, bizarre ?- Je vous assure mon cher cousin, que

vous avez dit bizarre, bizarre.- Moi, j’ai dit bizarre, comme c’est bizarre !Fin de cette citation-digression issue d’un dialogue célèbre entre Michel Simon et Louis Jouvet dans Drôle de Dame (1937) et qui est à l’origine du nom de l’association créée en décembre 2005.Au fondement du collectif Bizarre !, il y a une volonté manifeste de combler un manque en matière d’accompagnement des cultures urbaines sur l’agglomération lyonnaise. Il s’agit d’encourager des projets artistiques qui sont ignorés des circuits de résidence « classiques » car jugés comme étant inclassables ou difficiles à porter. . L’idée centrale est donc de recréer pour ces projets un processus de production artistique complet qui s’appuie sur un réseau de partenaires fort, éclectique et complémentaire. On trouve ainsi comme partenaires, Arty Farty, Caravelle Production, le Centre des musiques traditionnelles en Rhône-alpes, Infrasons, l’Institut de recherches pédagogiques audiovisuelles, Médiatone, l’Original, la MJC le Cadran, Scènes’ arts de rue, La tribu Hérisson et la Ville de Vénissieux. Cette dernière finance le projet Bizarre ! et met à la disposition des résidents, uniquement pendant les vacances scolaires, la salle municipale Erik Satie.

How bizarre, how bizarre !Au total, une dizaine de projets, sélectionnés par l’ensemble des partenaires, se partagent 15 semaines de résidence réparties sur l’année. Les différents membres du collectif réunis en conseil d’administration toutes les deux à trois semaines choisissent les heureux élus. Les préférences se tournent souvent vers des projets pluridisciplinaires comme ActivArts, en résidence pendant les vacances de noël, ou proche du Hip-Hop, comme Carimouche, qui sera présente en février. Pour eux comme pour les autres, l’association Bizarre ! est une aide complète à la création. Elle diagnostique les besoins des artistes, apporte un soutien technique et tente de répondre aux besoins spécifiques à chacun. Le travail post-résidence est lui aussi privilégié et consiste à tenter d’insérer les groupes dans les réseaux de diffusion.En définitive, et aussi bizarre que cela puisse paraître, il ne leur manque plus qu’un vrai lieu de travail qu’ils pourront occuper à temps complet. Et comme c’est encore la période des vœux…

J. M.

+ Contacts > www.projetbizarre.fr+ Résidences> Activart (voir sur RECMag.com)> Carimouche www.myspace.com/carimaamarouche

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BAZART/fesTivAl#53

musiques en scèneDu 4 au 20 mars, GRAME organise sa 4e Biennale Musiques En Scène. Un événement centré sur les musiques contemporaines et électroacoustiques, qui accueille pour cette édition le chef et compositeur hongrois Peter Eötvös comme commissaire associé.

J.T.

B MES 08 réunit une trentaine de concerts, spectacles et installations destinés à décliner le musical dans ses dimensions multiples.

Du soliste à l’ensemble instrumental, de l’orchestre symphonique à la grande forme opératique, avec une large place accordée à la danse et à l’image. Un croisement de musiques contemporaines, expérimentales et électroniques, basé sur la création sonore et l’expérimentation acoustique.A l’origine de l’événement, le Groupe de réalisation et de recherche appliquée en musique et électroacoustique [GRAME] de Lyon. Depuis 1982, ce centre national de création musicale s’est donné comme mission de favoriser la conception et la réalisation d’œuvres nouvelles, d’en assurer la diffusion, de contribuer au développement de la recherche scientifique et musicale et de construire les passerelles nécessaires entre la création et son public. Ainsi Musiques en Scène vit le jour en 1992 sous la forme d’un festival annuel, qui devint biennal en 2002 suite à l’ampleur que prenait l’événement.La nouveauté de l’édition 08 est d’accueillir un grand chef comme commissaire associé. Invité à la fois comme chef d’orchestre et compositeur, Peter Eötvös dirigera notamment avec l’orchestre de l’Opéra de Lyon la première mondiale de son nouvel opéra : Lady Sarashina.

Requiem StockhausenCette biennale sera aussi l’occasion pour le chef hongrois de rendre hommage à un maître et ami, pionnier de la création électroacoustique. Disparu le 5 décembre dernier, Karlheinz Stockhausen sera célébré par une série de trois concerts-installations, réunissant l’ensemble de ses œuvres électroniques et la création Freude pour deux harpes.Parmi les autres événements à ne pas manquer, on retiendra Descrizione del diluvio, création multimédia pour vidéo à huit écrans, voix, percussions et électronique, inspirée du Déluge de Léonard de Vinci ; Typhon, qui plongera le spectateur au cœur d’une tempête scénographiée sur le texte de Joseph Conrad ; et le Forum international de la jeune création, rencontres autour des travaux de six jeunes compositeurs.

+ Infos> www.grame.fr> BMES 08 : 47 compositeurs, 6 chorégraphes, 7 vidéastes et réalisateurs, 17 pays représentés, 76 œuvres musicales, 17 créations mondiales, 2 créations françaises, 18 concerts, 5 spectacles, 3 opéras, 6 programmes « Jeune public », 3 installations, 5 projections de films, 1 colloque, 15 lieux partenaires.

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BAZART/ASSOCIATION#55

dans le periscopeDans un contexte plutôt difficile pour les « petits » lieux de concert, le Périscope, récemment ouvert dans le quartier de Perrache, propose une programmation de qualité aux accents jazz, musiques actuelles et musiques improvisées. Immersion.

J. M.

+ ContactsPeriscope13 rue Delandine 69002 Lyon04 78 26 63 59www.periscope-lyon.com

* Infos sur le Sonicwww.myspace.com/soniclyon

* Infos sur le Citronwww.myspace.com/lecitron

A u moment où  la péniche  le Sonic* connaît des déboires juridiques liés au durcissement de  la  législation  concernant  l’affichage  sur 

l’espace  public,  où  la  salle  de  concert  pop-rock  le Citron*  décide  d’interrompre  sa  programmation pour manifester contre les difficultés quotidiennes qu’elle rencontre, une petite lueur d’espoir a fait son apparition à Lyon : le Périscope.

OuverturePrès  de  Perrache  et  de  la  Brasserie  Georges,  ce nouvel espace de 120 m2, situé au rez-de-chaussée d’une ancienne graineterie, permet d’accueillir une centaine de spectateurs par concert et trois soirées par  semaine.  À  l’initiative  du  projet,  l’association RESEAU créée en avril 2007. Elle émane elle-même de  trois  associations  dont  deux  étaient  déjà  bien connues  des  musiques  jazz  et  improvisées :  le Grolektif,  collectif  de  musiciens  qui  a  organisé  de nombreuses  soirées  à  De  l’autre  côté  du  pont  ;  le collectif Polycarpe, qui oeuvrait à l’Étoile Royale ; et enfin,  dans  un  autre  genre,  l’Université  populaire. L’idée de départ est simple : créer un nouveau lieu qui puisse à la fois devenir un espace de rencontres entre  les  différents  acteurs  du  projet  et  le  public,  et  permettre  aux  artistes  d’être  diffusés  dans  de bonnes conditions.

Après 6 mois de travaux exclusivement financés par des membres de RESEAU, la salle a ouvert ses portes le  6  décembre.  L’équipe  fonctionne  en  différents comités  et  tend  à  ouvrir  la  programmation  à d’autres  groupes  que  les  seuls  membres  des associations.  Toutefois  l’esthétique  générale  de  la programmation restera la même. Entre  la  prison  et  la  voie  de  chemin  de  fer,  cette nouvelle salle ne  risque pas,  a priori, de  fermeture pour des problèmes d’ordre « administratif ». Reste à  souhaiter  qu’il  en  sera  de  même  pour  les  autres petites scènes de proximité.

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BAZART/AssociATion#57

du cinéma à l’enversFaire du cinéma à l’envers, c’est partir de l’affiche pour faire le film. Processus de création en sens inverse, cet événement transdisciplinaire réunit arts plastiques et arts vivants dans une dynamique cinématographique, et valorise le 7e art comme héritage des six premiers.

J.T.

+ Infos> www.cinemalenvers.com

+ Visuel> Meno Hystera par Thomas Naggabbo(Une des cinq affiches lauréate de l’édition 07/08)

L e pinceau avant la pellicule. Expérience de création inversée, Du Cinéma à l’Envers contraint les réalisateurs de courts-métrages

à imaginer la mise en mouvement d’une image statique imposée. Dans cet exercice, la primeur est donnée aux artistes plasticiens : créer l’affiche d’un film qui n’existe pas. Aux cinéastes ensuite de composer le scénario correspondant à l’affiche. L’illustrateur illustré, en quelques sortes.L’idée, qui a germé dans le cerveau bouillant de François Beaune, est liée à la rénovation du Comœdia. A l’époque où la façade du vieux cinéma de l’avenue Berthelot était désertée, il eut l’idée de combler le vide en invitant des artistes à créer des affiches de films imaginaires. Le simulacre fonctionna tellement bien que les passants s’intriguaient de ne pas connaître ce nouveau box office. Un appel à courts-métrages d’après les affiches fut donc lancé en partenariat avec la nouvelle équipe du Comœdia, suivi en janvier 2006 d’une soirée de projection récompensant les lauréats.

7e artPour cette seconde édition, de nouvelles affiches ont été dévoilées et le principe reste le même : partir de l’affiche pour faire le film. La nouveauté est d’introduire une étape intermédiaire, qui mette à l’honneur un art vivant constitutif du cinéma.

Ainsi, c’est le théâtre qui sera mis en avant cette année. Et selon les règles du même processus de création inversée, de courtes pièces seront mises en scène d’après des affiches. Les pièces lauréates seront jouées le 20 avril sous le dôme de l’Opéra-Théâtre, en partenariat avec le Nouveau Théâtre du 8e, et serviront ensuite de matériau à la réalisation de films courts, qui seront projetés au Comœdia fin septembre.La volonté du Cinéma à l’Envers est de présenter la création cinématographique dans sa dimension transdisciplinaire historique. Dès les premiers films des frères Lumière, ce 7e art s’est inventé en s’inspirant des autres formes artistiques : des arts plastiques (Jean Renoir), du Music-Hall (Charlie Chaplin, Buster Keaton), du théâtre (Marcel Carmé, Sacha Guitry), du roman, etc.Cette aventure permet ainsi aux réalisateurs de renouer avec les arts dont ils sont les héritiers directs, et de recréer la dimension festive et populaire des premières années du grand écran.

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GENRE> MUSIQUELIEU> PALAIS DE BONDY+SALLE MOLIÈRE DATES> DU 28/02 AU 01/03

HOTCLUBDELYONJAZZFESTIVAL

GENRE> EXPOSITIONLIEU>  IACDATES> DU 08/02 AU 13/04Collection(s) 08 articule une sélection d’œuvres récemment acquises par l’Institut, des œuvres déjà présentes dans la Collection Rhône-Alpes et des pièces en provenance d’autres collections. Artistes présents: François Curlet, Jimmie Durham, Jef Geys, Dan Graham, Rodney Graham, Laurent Grasso, Ann Veronica Janssens, Anthony McCall, Melik Ohanian, Allen Ruppersberg.

COLLECTION(S)08

GENRE> MUSIQUELIEU>NINKASIDATE> 05/03

KERYJAMES

GENRE> THÉÂTRELIEU> LE POINT DU JOURDATES> DU 05/03 AU 09/03« Je fais du théâtre pour être jugé. Et je plaide coupable cette fois sous les traits de Lorenzaccio. Venez voir comment la plus haineuse des ordures éclate de courage, détermination et de loyauté. Venez au massacre du dernier des plus éblouissants héros. Venez voir, juger, et condamner. […] Oui je plaide coupable, c’est du théâtre. Alors pour «Laurent-le-merdique» ou «Laurent-cette-merde» ou «cette-merde-de-Laurent» allez-y, venez, et condamnez, avec le poing : «Lorenzaccio ! Lorenzaccio ! Lorenzaccio !» ». Gwenaël Morin, metteur en scène.

LORENZACCIOD’APRÈSLORENZACCIODEMUSSET

GENRE> CINÉMALIEU> INSTITUT LUMIÈREDATES>12/02 + 23/02 + 29/03 + 01/03 + 02/03

SOIRÉESSPÉCIALEJOHNFORD

GENRE> AVANT-PREMIÈRELIEU> LE COMOEDIADATE> 01/02 À 20H30

ELLES’APPELLESABINE»

GENRE> THÉÂTRELIEU> LES ATELIERSDATES> DU 06/02 AU 10/02A la fois ancré dans le folklore russe et profondément moderne, Le Gars pose la question de la transgression, de la fascination de l’interdit, à travers le mythe fantasmatique et érotique du vampire. C’est la dépendance amoureuse qui devient le sujet principal de l’œuvre, l’endroit où l’amour peut impliquer la non-liberté.

LEGARS

GENRE> THÉÂTRELIEU> NTH8DATES> DU 01/02 AU 15/02

NOTRECERISAIE

GENRE> THÉÂTRELIEU> L’IRISDATES> DU 07/03 AU 22/03

MYSTÈRE!OUUNSECRETBIENGARDÉ

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GENRE> MUSIQUELIEU> LA MARQUISEDATE> 07/03

DAEDELUS

GENRE> MUSIQUELIEU> LE MARCHÉ GAREDATE> 14/03La Californie, le jazz, les 60’s, le cinéma, le rock, Paris, l’univers de Brisa Roché est un kaléidoscope. Elle parcourt les Etats-Unis avec papa ou son boy friend, reprend des standards jazz dans les cabarets parisiens, et finit par signer chez Blue Note. Visage de poupée eskimo, voix douce parfois à peine éraillée et mélodies jazz, pop ou rock, La Brisa Day Roché ; outre son nom, a tout d’une agréable surprise.

BRISAROCHÉ

bypass

pass kiblind 2007/200815 places dans 15 lieux pour 50 europrofitez de la saison culturelle sans vous ruiner. www.kiblind.com

ÉVÉNEMENTSPARTENAIRES#59

GENRE> OPÉRALIEU> LA RENAISSANCEDATES> 18/03 ET 19/03Une chambre d’enfant transformée en monde imaginaire à la fois féerique et ambiguë, où les paradis des jeux d’enfants se situent tout près des fusions de l’enfer. Cet espace mouvant des âmes, cette déraison mélancolique que savait si bien saisir Cocteau, le compositeur Philip Glass les intériorise le temps d’un opéra. Le tout est servi par la mise en scène subtile de Paul Desveaux.

LESENFANTSTERRIBLES

GENRE> DANSELIEU> MAISON DE LA DANSE DATES> 11/13/14/15 MARS

YUVALPICKTHEGUESTSCOMPANY

GENRE> MUSIQUELIEU> ÉPICERIE MODERNEDATE> 29/03

GONZALES+GUESTS

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BOLA : Sneakers > Adidas (Rod Laver Vin Originals) // Sweat > Kanabeach Circus (Hitit-bo) // Jeans > Kanabeach Biologik (Jarvis) // Polo > Kanabeach Elegant (Sanderdoo) //// JuLIEn : Sneakers > Vans (Loreak Mendian Authentic LX) // Chemise > Surface to air (Body Check) // T-Shirt > Partikule Grafik (Same Kids) // Gilet > Boxfresh LTD (Gome)

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AUTRECOUTURE#61

SOPHIE : Sarouel > Kanabeach Biologik (Barrymore) // Tee > Surface to air (Tee short Sleeves print Cat) // Pochette > Escampette24 //// AnnE : Robe > Surface to air (Papillon) // Manchon > Escampette24

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AUTRECOUTURE#62

+ ESCAMPETTE24 Symbole d’un éphémère  joyeux, cette  jeune créatrice  bouscule  formes  et  stéréotypes  en reprenant des tissus et modèles old school au moins, qu’elle transforme au gré de ses lubies. Les tissus brochés ou les toiles 50’s côtoient le fluo actuel, les manchons et pochettes le sac besace  contemporain.  De  Marie  Antoinette à  Marylin  Monroe,  Escampette24  marie l’insouciance légère et un brin amusée à une certaine idée du chic. > Dispo : Tube à Essai / Passage Thiaffait - 19, rue  René  Leynaud,  1er  /  www.myspace.com/tubeaessai

+ PARTIKuLE GRAFIKVrai  groupe  d’amis  et  collectif  d’artistes Partikule  Grafik  fait  de  chacune  de  ses pièces  un  objet  unique.  Tees  sérigraphiés à  la  main  dans  leurs  ateliers,  leur  collection est  imprégnée  de  différentes  influences notamment musicales. A l’affût de l’évolution des  techniques  et  matériaux,  et  de  tous  les moyens  d’expressions  des  arts  visuels  et graphiques,  les  4  artistes  n’ont  qu’un  but, créer esthétisme et plaisir.> Dispo :  La  loge  de  mr  B  /  62  rue  Sala,  2e  /        04 78 37 68 54http://lalogedemrb.com

+ KAnABEACH> Dispo : Kanabeach / 9 rue de la fromagerie, 2ème / 04 72 00 03 31www.kanabeach.com

+SuRFACE TO AIR, BOxFRESH, PARTIKuLE GRAFIK, VAnS, ADIDAS> Dispo : La  loge de mr B / 62 rue Sala, 2e    /       04 78 37 68 54http://lalogedemrb.com

+ CRéDITS Direction  artistique  et  photographie  > Julien Daviron  ([email protected]) // maquillage  >  Marie Boisseau-Martinez //  Stylisme    >  Estelle Jallut-Marquet  // Modèles  >  Sophie,  Anne, Bola  et  Julien  // Lieu  >  Musée  des  moulages  -  3  rue  Rachais 69003 Lyon // website : www.univ-lyon2.fr // Remerciements > Nadine Grivel + Patrice Charavel

* Créateurs lyonnais

culture blender

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émulie (www.myspace.com/matibouille)

PAUSE# 65

perspicacité

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LEKI#66

temps qui passe

M. S.

A na-chronique  de  l’anathème,  verbe  incarné  ou  à  demi-mots,  antithèse  marine…  amour  d’une dauphine. Roulant sur la vague, surfant le bitume, la vie s’étiole avec une douceur infinie. Une jeune fleur éclot et meurt aussitôt, cueillie pour faire naître et s’ouvrir à nouveau… le cœur d’une fille.

Pendu à l’hameçon tel le pistil verdoyant, Elliot voguait entre conscience et réalité, entre rêve et immaturité.La dure vie de père.La fabuleuse vie de père.Et la mère.Et la mer.

Enfant  choyée,  fille  des  lumières,  Näelle  s’ouvrait  au  monde  qui  l’entourait,  absorbant,  ça  et  là,  toutes  bribes d’informations  que  ses  sens  captaient.  Tempête  de  sensations,  épanouissement  total…  au  diable  la  méthode globale.

La métaphore filée comme on les aime où la petite araignée tisse, tisse ce joli poème. Il vous est dédié car on ne se fait plus de cadeau.

Bien sur Noël viens de passer, et en bon païens, les cadeaux naissent de l’amitié et parfois même de l’amour si le jour est faste. 

La trame se tisse, inaliénable, inébranlable… *soupir*…fable. Nuit d’été et matin d’hiver, tous ces moments qui nous paraissent chimères et que l’on chérit comme un enfant. Soupçon de beauté laissé au commun des mortels par nos aînés éveillés. Non contents de tout prendre ils nous cèdent, parfois, un peu de leur grâce volatile.

Comme quoi, à travers la réalité de vos yeux, un charabia peut facilement être conte. Un méli-mélo devient chant. Une confusion devient essence.

Léa n’a plus de repère. Apres avoir partagé tant de vie en un seul corps, ce fut la séparation la plus douloureuse jamais ressentie. Désormais, il lui faudra partager. Partager ce petit être jalousement gardé au chaud, en son sein. Maintenant, il est temps de faire place à l’épanouissement et à la volonté, car le chemin ne se fait pas seul. Jamais.

Ecorce et voluptéCandeur d’un thé glacé.

Il ne faut pas voir plus loin que les mots, et il faut lire à haute voix, dans se tête, chacun pour soi. Et la lumière viendra, alors que s’en va le mystère.

Un peu de proésie.Du riz et des salsifis !

A ciao. On se voit dimanche.

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