jour j - f2.quomodo.comf2.quomodo.com/8e6936bc/uploads/2342/im vichy ben.pdf · j'enchaîne...

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« Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre » P. de COUBERTIN (oui, il en a dit des trucs !) Un second ? Comme si le premier n'avait pas déjà été assez ? Pourquoi recommencer alors que c'était fait ? Ces questions m'ont été posées maintes et maintes fois. Je me les suis moi-même posées. Pourquoi prendre le risque d'échouer ? Tout avait été si parfait la première fois ? Oui mais, oui mais... Nous y voilà je suis de nouveau inscrit à un Ironman. Nous sommes le 9 septembre 2015 et je viens de recevoir le mail d'inscription. Tout est à refaire. Même si je sais qu'au niveau émotionnel rien ne sera plus jamais comparable, il va falloir accepter de peut-être rater pour essayer de revivre ces sensations, tout du moins s'en rapprocher. Bref retour sur les mois qui précèdent . Début février je commence par un trail de 41 km. Ça passe sans encombre, bon départ. Fin avril c'est le marathon de Madrid objectif 3 h 15- 3 h 20. Je le réussi à moitié en réalisant 3h23 malgré le dénivelé. J'enchaîne avec deux half en guise de prépa pour Vichy. 15 jours après Madrid, Choisy- au-Bac sera une cata (pire nat, vélo et cap sur la distance). Dur retour sur terre, enchaîner de tels courses aussi rapprochées, ce n'est pas évident. Je me mettrai en confiance et me rattraperai 1 mois plus tard à Beauvais où j'y réalise mon record. Ma prépa est lancée. En 3 mois je parcours 76 km de natation, près de 2 200 km de vélo et 300 de CAP. C'est bien plus que l'an passé. D'ailleurs tous les entraînements se sont mieux déroulés. Au max je ferai 23 h 20 de sport dans une semaine, avec une sortie vélo de 7 h (200 km). J-7 Dernier véritable enchaînement et prise de conseils chez Christophe en Charentes. Rien de tel pour se mettre en confiance. J-2 Retrait des dossards, je suis bien moins impressionné qu'à Nice pourtant je ressens presque plus de pression. J-1 Après avoir profité de la course faite sur l'Irongirl par ma mère et Gwendo et avoir retrouvé Titi (fils de mes amis) auréolé de sa médaille d'Ironkids, il est temps de se mettre dans sa bulle.

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« Le sport va chercher la peur pour la dominer,

la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre »P. de COUBERTIN (oui, il en a dit des trucs !)

Un second ? Comme si le premier n'avait pas déjà été assez ? Pourquoi recommencer alors quec'était fait ? Ces questions m'ont été posées maintes et maintes fois. Je me les suis moi-mêmeposées. Pourquoi prendre le risque d'échouer ? Tout avait été si parfait la première fois ? Oui mais,oui mais...

Nous y voilà je suis de nouveau inscrit à un Ironman. Nous sommes le 9 septembre 2015 et je viensde recevoir le mail d'inscription. Tout est à refaire. Même si je sais qu'au niveau émotionnel rien nesera plus jamais comparable, il va falloir accepter de peut-être rater pour essayer de revivre cessensations, tout du moins s'en rapprocher.

Bref retour sur les mois qui précèdent .Début février je commence par un trail de 41 km. Ça passe sans encombre, bon départ. Fin avrilc'est le marathon de Madrid objectif 3 h 15- 3 h 20. Je le réussi à moitié en réalisant 3h23 malgréle dénivelé. J'enchaîne avec deux half en guise de prépa pour Vichy. 15 jours après Madrid, Choisy-au-Bac sera une cata (pire nat, vélo et cap sur la distance). Dur retour sur terre, enchaîner de telscourses aussi rapprochées, ce n'est pas évident. Je me mettrai en confiance et me rattraperai 1mois plus tard à Beauvais où j'y réalise mon record. Ma prépa est lancée.

En 3 mois je parcours 76 km de natation, près de 2 200 km de vélo et 300 de CAP. C'est bien plusque l'an passé. D'ailleurs tous les entraînements se sont mieux déroulés. Au max je ferai 23 h 20 desport dans une semaine, avec une sortie vélo de 7 h (200 km).

J-7Dernier véritable enchaînement et prise de conseils chezChristophe en Charentes. Rien de tel pour se mettre enconfiance.

J-2Retrait des dossards, je suis bien moins impressionné qu'àNice pourtant je ressens presque plus de pression.

J-1Après avoir profité de la course faite sur l'Irongirl par mamère et Gwendo et avoir retrouvé Titi (fils de mes amis) auréolé de sa médaille d'Ironkids, il esttemps de se mettre dans sa bulle.

Jour jCette année, je me lève à nouveau avant mon réveil, la nuit n'a pas été trop mauvaise. Ce sera sanscombi, cette dernière ayant été interdite en raison de la température de l'eau (canicule sur larégion). Je serai donc moins rapide et consommerai plus d'énergie qu'aux entraînements en eaulibre. Peu importe, tu es prêt et ça va le faire. En route. Après 42 kilomètres de voiture (unprésage ?), de bons classiques de rock aux oreilles et un gâteau sport avalé, nous y voici. Papito estavec moi visiblement pas trop stressé de la course qui l'attend, accompagné d'Alain (son père).Charles toujours au rendez-vous est encore une fois présent à mes côtés. On retrouve sur leparking Julian et Laura (2 copains du club) accompagnés de leur amie Charlotte.Pneus gonflés, bidons posés, sac streetwear prêt il est temps de rejoindre le départ. C'est lemoment où l'on retrouve d'ailleurs Guillaume le 5ème larron du club venu défier la distance.

SWIMSas 1h10-1h14 nous attendons avec Papit' et Laura notre tour pour le départ en rolling start (3 par3 et non plus tous en même temps). Un dernier coucou à Alain, une petite bise à mes parents, mevoilà déjà devant le ponton. Allez c'est LE moment de se jeter à l'eau. A dans quelques heures toutle monde. Je m'élance...Ouf, l'eau est vraiment bonne (pas loin de 26°C), mais vraiment trouble. On n'y voit pas plus loinque le coude. Allez on y va ! L’entraîneur de la natation vient de se traverser la manche, tu vas pascommencer à te plaindre. Je suis bien content d'avoir Laura dans mes pieds, je dois être au bonrythme. Pourtant impossible de me calmer et de poser ma nage. Pour tout dire je suiscomplètement en force. Laura me double autour du kilomètre je crois et sort 15 - 20 secondesdevant moi à la moitié (sortie dite à l'Australienne). Quelques mètres à trottiner et je plonge pourmon 2nd tour, long, très long. Je bois à nouveau la tasse (une à chaque tour), me ramasse descoups, prend de mauvais choix. Bref je me crispe sur mon épreuve préférée et n'attend qu'unechose : sortir de l'eau. Il me faudra plus de 4 km pour retrouver la terre ferme. Allez 1h27 contre1h11 à Nice c'est rien à l 'échelle de la journée, tout reste à faire.

T1Je n'arrive plus a retrouver la rangée où est mon sac (c'est pourtant classé par numéros...) malgréça je ne tarde pas trop à la transition. En direction de mon vélo je croise ma mère et Christelle. Etça recommence, me voilà dans la bonne rangée mais je n'arrive plus à trouver mon vélo. Ah levoilà. Je cavale jusqu'à la ligne de montée. « Tu as 10 minutes de retard sur Papit' » m'informeCharles. Punaise il n'a pas traîné le bougre.

BIKEAllez, tu as fait de gros progrès cette année, c'est le moment de faire le taf. Rapidement je retrouveLaura, double pas mal de concurrents. La vitesse, la cadence et la fréquence cardiaque sontbonnes, en avant ! A l'échelle de ma course j'en suis en gros au moment de l'apéro. Ce momentqui fait plaisir avant d'attaquer le repas. Je m'en tiens au plan, 1 gel tous les 30 km et un bidon

toutes les heures. Mince me voilà déjà en train de penser à la CAP. A peine 50 km au compteur etje suis déjà sur autre chose. De voir mes parents vers le km 70 me fait un grand bien. Quelques« toboggans » et les premiers 90 km vont être finis. Dernière descente, whaou ! ils sont tous là (machérie, mon fils, Charles, Gwendo, Titi, Alain). Hein, 2h48 ? Whouhou je suis plus que dans mestemps au premier tour. C'est encore mieux qu'un gel au niveau de l'énergie que ça procure. Allez,encore un p'tit tour. Il sera cependant plus lent, venteux et pluvieux. Je ne peux m’empêcher depenser à ce marathon. Je veux le passer en moins de 4h. Quelques coups de pédales plus loinj'arrive à la transition après 5h42 de vélo soit 31 km/h de moyenne.

T2Yes, j'ai des jambes cette année (impossible de courir à la transition à Nice ; bon j'avais mis 1h17en plus...). Visiblement un gars a mis son vélo à ma place, pas grave je décale un peu le sien et ypose le miens (je me rendrai compte le soir que je me suis trompé d'emplacement ; décidément).Je pose mon casque, change de chaussettes, mets un coup d'écran total sur l'arrière des aissellesqui me brûle à cet instant et me voilà en route pour 42 (enfin 41 km).

RUNComme me l'a crié Charles, « c'est l'heure de passer a table ! ». C'est donc le moment de l'entrée.Je ne pars pas trop vite et me cale directement à l'allure 5'35'' au kilo. J'ai 13' de retard sur Papit'.Les 10 premiers kilos sont interminables, le parcours me semble très long. Mais bizarrement lessensations sont bonnes et le public présent en masse. Aucun ravito de raté. Je me fais arrosergrâce aux gets et m'hydrate bien (boisson iso + eau). Je prends 1 gel tous les 5 km. Tout fonctionneà merveille. Fin du 1er tour, coucou aux supporters, plus que 10' de retard. Peu importe je veuxsurtout faire ma course à pied. L'addition se règle à la fin du repas. Le second tour se passe nickel.Je croise enfin Papit' au 15ème kilo. Juste le temps de se serrer dans les bras et de lui dire quelquechose du style « tu déchires, t'es trop fort mon pote ! ». J'en profite pour regarder mon chrono. Jen'ai plus que 6' de retard. Retour dans le parc et cette très belle aire d'arrivée. Visiblement plusque 2' ou 3' de retard. Christelle me dit que j'ai l'air en forme. J'ai suivi aussi ses conseils de la veille(« garde-en sous le pied jusqu'au semi, c'est là que la course commence »). Justement, je glisse àCharles que « c'est le moment de commander le plat ! ». Ce 3ème tour avait été si dure à Nice. Celuique j’appréhende depuis des mois, des jours, des heures, des minutes. Nous y voici l'un en face del'autre. On y va. J'en suis à 5'45'' d'allure, mais avec les ravitos et pauses pipi je suis plus autour des6' - 6'20''. Kilomètre 22 je rattrape et double mon pote. Un petit mot d'échangé, je suis assez gênéde ne pas courir avec lui un peu mais j'ai trop envie de me battre contre moi à ce moment là. Leskilomètres défilent. Au 26ème j'ai 6' d'avance sur Papito et la confiance est au beau fixe. Le sub 4hest toujours jouable. Au 30ème j'en suis à 3 h 00'56'' de course. Direction le dernier tour. Je refais leplein d’encouragements et part pour le dessert. Ces 10 derniers kilomètres qui peuvent toutchanger. A Nice j'avais retrouvé mes jambes, à Vichy je vais les perdre. Décidément les desserts ce

n'est pas mon truc. Entre le 33 et le 38 je vais devoir aller puiser loin pour ne pas m'arrêter. Mavitesse s'effondre, mes jambes titubent aux ravitos. Les bénévoles ne s'adressent plus à moi de lamême façon. Je comprends que je ne dois pas être au top à leurs regards. Allez 3 kilomètres. Unedame me regarde et me dit simplement « allez Benoît ». Je manque de fondre en larmes, je suisépuisé. Ça commence à être dure. Les 4h viennent de passer. Tu sais ce qui t'attends alors va lechercher. Tu sais pourquoi tu es là alors cours. Je fais tout pour retrouver de l'énergie et memotiver. Je continue tant bien que mal à lever mon pouce aux bénévoles et aux passants quim'encouragent pour les remercier. 500 mètres, allez prépare toi à rentrer dans l'arène pour le tourd'honneur. Dernier virage, non tu ne pleureras pas aujourd'hui, retiens toi. Je n'arrive pas tourné latête vers les tribunes, je ne vois que la finish line. Voila, c'est fait... En guise de cerise sur le gâteauc'est mon fils Léo qui me remettra ma médaille (merci mes parents et leur accès VIP). L'émotionest différente, la douleur n'est pas la même.Il faudra 14 minutes pour que je puisse enfin serrer mon pote dans mes bras et le féliciter comme ille mérite, « Yes mon pote tu l'as fait, tu es un Ironman ! ».

Au final je bouclerai le marathon en 4h15 soit 20' de mieux qu'à Nice. Je suis cette année finisheren 11h37 pour 11h45 d'objectif soit 1h23 de mieux que sur la promenade des Anglais. Mais toutétait différent. Je me classe 743 sur 1837. Les 5 membres du club seront tous finisher, Juliandécrochant même sa qualif pour les championnats du monde !

Avant de me tourner vers mon dernier objectif de la saison, le festival des Templiers et ses 75kilomètres de trail, je tiens bien évidement à remercier quelques personnes : Papit' pour avoirdécidé de t'inscrire à cette course et avoir partagé tes entraînements avec moi. Charles, parce quetu es toujours là. Gwendo, Titi, Alain, Charlotte et tous les gens qui m'ont permis de tenir ce jour.Mes parents pour leur implication et les superbes vidéos à venir ;) Christophe car sans toi je n'enserai pas là. Tout le club de Creil parce que vous déchirez. Mention spéciale à Seb M, Dom, Pat,Lolo, Julian, Laura, Christelle, Marc, Michel, Matt, Seb V, Philippe et vraiment tous les autres que jene peux citer faute d'être lourd ! pour vos conseils et votre aide. Ma famille en général et monfrère en particulier. Mes amis et amies pour vos messages, mails, appels, etc. Et bien sûr à machérie d'Amour et mon fils qui n'ont cesser de croire en moi et de m'encourager. Je n'aurai pu êtredans de meilleures conditions sans vous. On ne réussit que si l'on partage, alors MERCI.

« Le miracle n'est pas que j'ai terminé, le miracle est que j'ai eu le courage de commencer »J. BINGHAM