josé manuel durão barroso le pire ou le meilleur pour...

49
HAUTE ECOLE GALILEE – INSTITUT DES HAUTES ETUDES DES COMMUNICATIONS SOCIALES José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europe ? Analyse de la presse européenne et internationale Travail présenté dans le cadre du Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Journalisme Européen Roxane MICHEL Bruxelles – Septembre 2007 DESS Journalisme Européen Année Académique 2006-2007 IHECS Formation 27, rue des Grands Carmes 1000 – Bruxelles 1

Upload: others

Post on 17-Mar-2021

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

HAUTE ECOLE GALILEE – INSTITUT DES HAUTES ETUDES DES COMMUNICATIONS SOCIALES

José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europe ?Analyse de la presse européenne et internationale

Travail présenté dans le cadre du Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées en Journalisme Européen

Roxane MICHELBruxelles – Septembre 2007

DESS Journalisme Européen Année Académique 2006-2007

IHECS Formation27, rue des Grands Carmes

1000 – Bruxelles

1

Page 2: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Remerciements

Je tiens à remercier en premier lieu Monsieur Jean Lemaître, mon promoteur, qui m’a

aiguillée dans mes recherches et donnée de multiples pistes de travail. Je souhaite lui exprimer toute

ma gratitude pour sa rapidité, son écoute, ses apports pertinents et pour sa disponibilité à toute

épreuve.

Je souhaite par ailleurs remercier le service Media Monitoring de la DG Communication de

la Commission européenne et plus particulièrement M. Luis Simoes sans qui ce travail n’aurait pas

pu voir le jour. Grâce à lui, j’ai eu accès à une multitude d’articles, d’interviews, d’éditos du monde

entier ayant trait à José Manuel Barroso. Cet apport a été un gain de temps incroyable. Son aide a

facilité mes recherches et largement amoindri les coûts financiers que pouvait engendrer une telle

étude.

J'exprime enfin toute ma reconnaissance à toute l’équipe de l’IHECS : Pierre de Greef,

Stéphane Wanufel, Sophie Henrard, Pierre de Villers… pour leur sympathie communicative et

leurs réponses à mes questions multiples et variées tout au long de cette année.

Un grand merci à toute l’équipe!

2

Page 3: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Avant-propos

Mon travail de fin d’études propose de percevoir qui se cache derrière le Président de la

Commission européenne, José Manuel Durão Barroso. En d’autres termes, découvrir qui est

l’homme politique et comment il a géré ses trois premières années de mandat (2004-2007). Cette

analyse a été effectuée au moyen de la presse européenne et internationale et dans une moindre

mesure via d’autres sources telles que les discours politiques, les blogs et les sites Internet

(Europa).

Dès le début de mes recherches, je me suis rendue compte qu’il était très difficile de trouver

des informations sur le « personnage » Barroso, notamment sur la manière dont il était perçu dans la

presse européenne et internationale. J’ai cependant eu la chance d’avoir accès à une multitude

d’archives et de sources lors de mon stage au sein du service Media Monitoring de la DG

Communication de la Commission européenne.

Je tiens à signaler que je ne connais pas toutes les langues issues de mes sources. Je parle

couramment l'anglais et le français est ma langue maternelle. Je possède en outre de bonnes bases

en espagnol et suis capable de comprendre les textes rédigés en portugais. De ce fait, les traductions

des articles issus de la presse anglo-saxonne et hispanophone ont été opérées par mes soins. Quant

aux autres articles (Polonais, Hongrois, Italien…), j’ai eu la chance de me les procurer au service de

presse de la CE, où ils étaient d’ores et déjà traduits en anglais. Il m’a donc suffi de les traduire

ensuite en français.

3

Page 4: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Sigles et Abrévations

AFP Agence France Presse

ALDE Alliance des Libéraux et des Démocrates pour l’Europe

CE Commission européenne

FIG Figaro (Le)

FT Financial Times

IHT International Herald Tribune

M Monde (Le)

PAC Politique Agricole Commune

PE Parlement européen

PSD Parti social-démocrate

TCE Traité Constitutionnel européen

UE Union européenne

4

Page 5: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Introduction

« José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement son jardin secret, a ce petit côté Janus qui le

rend difficile à cerner, lui qui a le chic pour apparaître là où on ne l'attend pas forcément: militant

maoïste puis dirigeant d'un Parti social-démocrate en réalité de droite, européiste convaincu élevé

à la lumière du fédéraliste Dusan Sidjanski tout en s'affichant atlantiste fervent, propulsé à la tête

du gouvernement portugais à la faveur d'une débâcle socialiste plus que de sa propre victoire, allié

à un petit parti de droite populiste opposé en son temps à l'euro »

VERHEST Sabine

(La Libre Belgique,

19.11.04, Belgique)

Pour comprendre l’œuvre politique de José Manuel Durão Barroso, il est primordial de

connaître son parcours. Né à Lisbonne le 23 mars 1956, M. Barroso est diplômé en droit

(Lisbonne), en études européennes et en sciences politiques (Genève). Il a par ailleurs suivi des

cours à Columbia (New York) ainsi qu’à Georgetown (Washington) (http://ec.europa.eu). Membre

du Parti social-démocrate (PSD) depuis 1980, il a été député président de la commission des affaires

étrangères du Parlement portugais de 1995 à 1996, puis Secrétaire d'État aux affaires intérieures,

étrangères et à la coopération ainsi que Ministre des affaires étrangères.

Vice-président du Parti populaire européen (PPE) de 1999 à 2002, il est ensuite élu Premier

ministre du Portugal (avril 2002). La première défaire notable dans sa carrière politique a lieu aux

élections européennes de juin 2004, lorsque le Parti socialiste obtient un total de douze députés sur

vingt-cinq. Derrière un itinéraire apparemment sans faille, où M. Barroso semble avoir gravi les

échelons un à un, se cache en fait un parcours atypique et bien souvent versatile.

L’itinéraire politique du Portugais se caractérise par des virements à cent quatre-vingt

degrés, des retournements de veste aisément comparables à de l’opportunisme. Dans sa jeunesse, il

se positionne du côté de l'extrême-gauche radicale de l'échiquier politique. Lors de la Révolution

des Oeillets (1974), il a tout juste dix-huit ans, mais occupe déjà un poste à responsabilités, celui de

5

Page 6: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

président des étudiants maoïstes (MRPP). Politiquement engagé, il apparaît à cette époque comme

«le leader maoïste le plus dogmatique que j'ai connu en ce temps» (La Libre Belgique, 19.11.04,

Belgique), se rappelle Paulo Casaca, alors étudiant en économie, maoïste passé ensuite au Parti

socialiste. Ses convictions de jeunesse ont bien évolué. Quelques années plus tard, M. Barroso

n'hésite pas à soutenir le socialiste Mario Soares avant de basculer vers le Parti social-démocrate de

centre droit! Durant son mandat de Premier ministre du Portugal, il mène une politique très libérale

et atlantiste. Nommé deux ans plus tard à la tête de la Commission européenne (2004), il est

vilipendé pour son ultra-libéralisme. Le bilan de ses trois années de mandat est mitigé. Victime de

nombreuses crises, il a essuyé de multiples échecs.

Ce travail de fin d’études propose de découvrir qui est le Président de la CE ainsi que de

percevoir comment il a réagi aux crises successives de ces trois dernières années. Pour ce faire, j’ai

épluché la presse européenne et internationale, de manière à produire un portrait le plus exhaustif

possible. Etre à la tête de l'exécutif a rendu M. Barroso grandement médiatique. La presse s'en est

donnée à cœur joie. Les médias ont dressé une multitude de portraits et de caricatures pouvant être

tour à tour impitoyables ou positifs. Les qualificatifs sont nombreux: « caméléon, opiniâtre,

ponctuel, habile, polyglotte, autoritaire, américanolâtre, néolibéral » (Expresso, 17.03.05,

Portugal). Néolibéral, voilà l'adjectif qui insupporte le Président au plus haut point. Réaction

étrange, si l'on considère le fait que le consensus autour de sa nomination se soit fait « sur sa

détermination à tenir fermement le cap du libéralisme à l’échelle européenne » (L’Humanité,

30.06.04, France).

Le nom du Président peut être la réponse au mystère qui l'entoure. En portugais, Durão

Barroso signifie littéralement: « très dur (Durão) et argileux (Barroso). José Manuel Très Dur

Argileux. Une contradiction ontologique qui vous forge un homme. De quelle matière est donc fait

le président de la Commission européenne ? » ( Les coulisses de Bruxelles, 04/07/2007, Barroso, le

portrait qui a déplu). C'est à cette question que je vais tenter de répondre tout au long de cette

étude.

A peine nommé à la tête de la CE, M. Barroso affirme son souhait d'être proche des citoyens

européens. Il désire que l'on se souvienne de lui. Pour construire cette relation de 'proximité', il est

« prêt à faire le sacrifice de son second patronyme (Durao) pour que son nom puisse être plus

aisément mémorisé par les quelque 400 millions d'Européens » (La Nouvelle République du

Centre-Ouest, 01.07.04, France). Tel John Lennon, affirmant au milieu des années 1960 que les

6

Page 7: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Beatles étaient « plus populaires que le Christ », M. Barroso n'hésite pas lors de sa nomination à

comparer sa popularité à celle du Pape... «Quand vous êtes élu pape, vous avez un nouveau nom»

(La Nouvelle République du Centre-Ouest, 01.07.04, France) déclare-t-il. La comparaison a le

mérite d’être audacieuse.

A son arrivée à Bruxelles, la plupart des journalistes sont sous le charme, véritablement

conquis. Le Portugais réussit le pari de séduire « le millier de journalistes accrédités auprès de la

Commission par son habileté, sa décontraction et son aisance dans différentes langues (des atouts

par rapport à ses prédécesseurs) » (Expresso, 17.03.05, Portugal). Malheureusement, toutes les

bonnes choses ont une fin. Les journalistes déchantent rapidement. Cette période « faste » est

actuellement belle et bien révolue. Les apparitions de son porte-parole Johannes Laitenberger,

l’«interface visible du président avec la presse, sont régulièrement critiqués par les journalistes

pour l'inconsistance de leurs réponses, leur propension à éviter tous les sujets sensibles ainsi que

par le favoritisme dont bénéficieraient certains médias » (Expresso, 17.03.05, Portugal). Le

Président a semble-t-il perdu toute crédibilité médiatique.

Contrairement à ce qui a pu être colporté, M. Barroso n’est pas arrivé à la tête de la CE par

hasard. En dépit des erreurs qu'il a pu commettre, son talent politique n'est plus à démontrer. Il a

extrêmement bien assimilé les règles de la rhétorique et de la communication politique. Outre son

éloquence et son humour naturels, il voltige avec aisance du français au portugais en passant par

l’anglais. Il «déboule avec l'assurance d'un fonceur et jongle avec un auditoire pas forcément

acquis à sa cause» (La Libre Belgique, 19.11.04, Belgique). Eloquent, il est capable de séduire un

public qui est bien souvent sceptique, opposé à sa politique, ses méthodes, ses idéaux et ses projets.

L'éloquence ne fait pas tout. M. Barroso est confronté à un problème récurrent depuis le

début de son mandat. A savoir, « l'absence d'échéances de grande envergure » (Expresso, 17.03.05,

Portugal). Comment succéder dignement à ses prédécesseurs qui avaient pu brillé par leurs

chantiers politiques de grandes ampleurs ? Romano Prodi venait tout juste de lancer l’euro (2002) et

avait engendré l’élargissement à dix nouveaux Etats membres (2004). Jacques Delors avait quant à

lui mis en place le Marché Unique. Quelles grandes actions politiques M. Barroso a-t-il

concrètement mené à terme durant ces trois dernières années?

Depuis ses débuts houleux de 2004 jusqu’en 2007, les crises n’ont pas cessé de se succéder.

Le Portugais a bien eu du mal à s'en dépêtrer ainsi qu'à y réagir en temps et en heure. Ce thème sera

7

Page 8: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

la problématique et le fil conducteur de mon étude. Je propose ainsi d’étudier le personnage Barroso

au travers des difficultés qui l’ont ébranlé depuis 2004. A savoir : son « faux départ » ; la non

ratification du TCE, l’élargissement et la directive Bolkestein ; la Stratégie de Lisbonne, la question

du budget 2007-2013 ainsi que la guerre en Irak et les défis environnementaux. José Manuel Durão

Barroso est-il le pire ou le meilleur pour l'Europe?

I/ La Nomination de José Manuel Durão Barroso

«Il est très résistant, il n'abandonne jamais malgré les attaques dont il est l'objet »,

Carlos Coelho, eurodéputé, coreligionnaire du PSD,

(La Libre Belgique, 19.11.04, Belgique)

A) de Premier Ministre du Portugal à Président de la Commission européenne

« J'ai eu la grande chance de prendre les rênes de la Commission européenne au moment où

l'Union doit répondre à ces défis, et en premier lieu aux attentes des citoyens européens »

M. José Manuel Durão Barroso,

(Les Echos, 17.05.05, France)

1) M. Barroso un « morceau » de dernier choix ?

La nomination de José Manuel Durão Barroso à la tête de la CE a créé la surprise. Pour la

grande majorité des médias européens et internationaux, c'est un choix de dernier recours.

Fortement critiquée, cette ascension ne se déroulera pas sous des astres favorables.

Le Portugais devait normalement entamer son mandat le 1er novembre 2004, mais c'était

sans compter les querelles occasionnées directement et indirectement par sa présidence. Il est en

effet amusant, voir pathétique de se rappeler, que quelques jours avant sa désignation, les vingt-cinq

États membres n'avaient pas réussi à se mettre d'accord sur un candidat. Les noms qui circulaient

étaient nombreux. Les rumeurs enflaient. Les favoris étaient au nombre de deux : le Premier

8

Page 9: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

ministre Belge Guy Verhofstadt et le Commissaire européen Britannique sortant Chris Patten.

Pourquoi avoir désigné un homme inconnu du grand public et des politiques européennes ? Le

Premier ministre Portugais avait certes été vu au coté de MM. Blair, Bush et Aznar lors de

pourparlers en faveur de la guerre en Irak. Mais cet élément jouait-il réellement en sa faveur ?

Sa 'bonne fortune' a pour origine les discussions opposant le couple franco-allemand aux

Britanniques durant le Sommet de juin 2004. D'un côté, les Britanniques posèrent leur véto vis-à-vis

du candidat franco-allemand, le Belge Guy Verhofstadt et de l'autre, l'Allemagne et la France

s'opposèrent fermement au candidat britannique Chris Patten. Les chefs d'Etat choisirent de camper

sur leurs positions respectives. Résultat, les deux candidats pressentis sont évincés. M. Barroso

apparaît alors comme une alternative possible à l'impasse. Une bonne fée se serait-elle penchée sur

son berceau? Pourquoi les chefs d'Etat et de gouvernement ont-ils fait ce choix? Pour faire face à

cette difficulté, les dirigeants européens proposèrent une alternative 'capable' de contenter le plus

grand nombre. Le Premier ministre Britannique Tony Blair « a alors soufflé le nom de son ami José

Manuel à ses partenaires » (Les coulisses de Bruxelles, 04.07.2007, Barroso, le portrait qui a

déplu). Etrangement, G. Schröder et J. Chirac ont laissé faire. Seule la gauche du PE a refusé toute

confiance, ce qui n'a pas vraiment eu de poids puisque la grande majorité du Parlement était à

droite.

L a désignation du Portugais suscite de multiples reproches. M. Barroso apparaît dans les

médias comme un « dernier choix ». La presse internationale se déchaîne. En France, on assure que

cette préférence « ressemble fort à un compromis par défaut après les successives évictions des

candidats soutenus par les "grands" européens » (L’Humanité, 30.06.04, France). Pour les

Portugais, il est de notoriété publique que « Durao Barroso est apparu à la dernière minute comme

un candidat de second choix, comme le plus petit dénominateur commun entre les nombreux chefs

d'Etat et de gouvernement de l'Union. Une fois écartées les candidatures les plus brillantes, par le

jeu de veto croisés du groupe aligné sur le Royaume-Uni et de celui affidé au couple franco-

allemand, il ne restait plus personne de valable sur les décombres du champ de bataille

communautaire» (Publico, 08.07.04, Portugal). Les critiques vont bon train. Pour beaucoup de

Portugais, Barroso n'a « aucune raison de se féliciter d'avoir accepté sa nomination au poste de

président de la Commission européenne. Il a réussi l'exploit d'apparaître comme un pis-aller, alors

que les meilleurs candidats au remplacement de Romano Prodi avaient été écartés ou avaient

décliné l'offre» (Público, 08.07.04, Portugal). A peine nommé, M. Barroso est déjà dans une

position délicate et bancale. Il le sait. Pour être respecté, il devra faire ses preuves.

9

Page 10: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Une telle aubaine n'arrive pas deux fois. Le Portugais saisit sa chance. Il échappe ainsi à sa

propre défaite, à la véritable 'raclée' qu'il vient de subir aux élections européennes. Son parti vient

tout juste de perdre un nombre notable de sièges au PE. Cet échec symbolise largement le

mécontentement populaire vis-à-vis de son gouvernement. Heureusement pour lui, sa bonne étoile

joue en sa faveur. Le PE accepte sa désignation, grâce notamment au soutien que lui a apporté le

PPE (principal groupe du Parlement).

A peine l'aval du PE obtenu, le personnage Barroso est controversé. Ses détracteurs le

décrivent comme manquant fortement de personnalité. La plupart d'entre eux le perçoivent comme

une marionnette dont les plus grands pourraient jouer à leurs guises. Ces trois dernières années ont

prouvé le contraire. J’ai eu la chance de voir et d’écouter M. Barroso à deux reprises à la salle de

presse du Berlaymont. Charismatique, il est à la fois éloquent, polyglotte et dispose largement

d'autorité. Il sait manier les mots et jouer avec. Etre pour on contre ses idéaux, sa politique et sa

façon d’arriver à ses fins est une chose, n'empêche que le Portugais est un grand communicateur

politique, qui connait les complexes rouages de la rhétorique.

A l’époque de sa désignation, l’UE a réellement besoin d’un personnage politique de grande

envergure à la tête de l'exécutif européen. Le Portugais sait se faire entendre. Dans son pays, le

peuple le qualifie même d'autoritaire. Réussira-t-il à se faire entendre à l’échelle européenne? Pas

sûr, car en dépit de ses capacités certaines, nombreux sont les pays qui le considèrent comme un

symbole de médiocrité, de faiblesse et de complaisance. Il semble que choisir M. Barroso comme

président de la CE n'est pas une option anodine. A travers ce choix, les chefs d'Etat et de

gouvernement ont voulu renforcer leur autorité. Ils se sont dit qu'ils pourraient profiter du Portugais

pour asseoir leur pouvoir et imposer leurs règles. Paradoxalement, il était aussi important de

renforcer le rôle de l'organe exécutif Européen pour arriver à rapprocher les citoyens de l'Europe.

A ce moment-là, les portraits façonnés par la presse sont extrêmement contradictoires. D'un

côté, les Français le présentent comme un « atlantiste convaincu mais accommodant et peu enclin à

provoquer des conflits » (FIG., 30.06.04, France). Plus positifs, les Suisses (bien que hors UE)

décèlent en lui « un candidat de compromis, (...) européen et atlantiste » (Le Temps, 28.06.04,

Suisse). Pourquoi formule-t-on autant de critiques alors qu’en 2004 M. Barroso n’a pas encore eu

l’occasion de faire ses preuves au niveau européen ? Sûrement parce qu’il a eu à un moment donné

une « faiblesse », un esprit anti-européen, totalement non conforme aux idéologies européennes.

10

Page 11: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Oui, il fait parti de ceux qui ont soutenu les Etats-Unis pour la guerre en Irak. Pire, son soutien n’a

pas respecté la logique européenne d’un compromis entre les quinze. M. Barroso a préféré snober

l'UE en soutenant les USA, sans passer par la concertation européenne préalable. Parallèlement, ce

choix lui a tout de même valu le soutien du Royaume-Uni, de l'Espagne... Le désaccord des Etats

membres vis-à-vis du conflit a quelque peu compromis la bonne marche de la construction

européenne.

Les débuts de M. Barroso ont été rudes. Les erreurs se sont enchainées. Les prémisses de

son mandat sont en quelque sorte le reflet de sa politique : une succession de mésaventures et

d’échecs. Le Président n'est toutefois pas entièrement coupable de tout ce dont on l’accuse. Le

facteur 'pas de chance' y est aussi pour beaucoup. A son arrivée à la tête de l’exécutif, l’UE était

dans une période critique. Les défis à relever n'avaient jamais été aussi nombreux. La période était

sombre suite aux débats suscités par l'élargissement, le TCE, la directive Bolkestein… Réussir

autant de paris relevait du miracle. A ces difficultés s'ajoutèrent les critiques portugaises à son

encontre. Les blâmes de la majorité de ses compatriotes fusèrent, notamment par rapport au fait

qu'il aurait « abandonné » son pays.

2) Désertion de sa patrie dans un moment critique

« Être Européen ne veut pas dire que l’on abandonne son pays natal ou sa patrie. Au contraire,

les deux vont de pair et c’est pourquoi il est important que ceux qui aspirent à des postes à

responsabilité déclarent également leur allégeance à leur pays d’origine. Si celui-ci est au cœur de

l’Europe, au centre de l’Union européenne, c’est également une forme d’allégeance au travail

commun d’unification de l’Europe, dont nous voulons tous qu’il aboutisse au succès ».

M. Hans-Gert Pöttering,

Alors président du groupe du PPE-DE au PE et actuellement président du PE,

(21.07.04)

M. Barroso est Premier ministre du Portugal depuis deux ans lorsqu'il est nommé chef de

l'exécutif européen. C'est par un beau jour ensoleillé (17 novembre 2004), qu'il quitte son Portugal

natal pour se rendre à Bruxelles. Ce départ indigne la majorité des Portugais, qui l’apparentent à un

abandon, une désertion, une preuve de lâcheté. Le souci est qu'il quitte un pays en proie à de

multiples crises. L'édito de Público est cinglant et démonstratif du désarroi d'une nation : « Durao

11

Page 12: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Barroso devrait avoir honte! » (Público, 08.07.04, Portugal). La presse portugaise se déchaîne,

l'accuse de trahison. Elle compare son départ à une « débandade ». La migration de M. Barroso

dans la capitale européenne n'est cependant pas une option anodine. Quelques semaines auparavant

(13 juin 2004), il avait subi une lourde défaite aux élections européennes. Cet échec illustrait

largement le mécontentement populaire vis-à-vis du gouvernement en place. Fuir est une issue

accommodante. Calculateur, M. Barroso voit sa fraîche nomination comme une opportunité inouïe

de se dérober de ses prérogatives. Ambitieux, il se voit déjà 'en haut de l’affiche', haut représentant

de l’UE sur la scène internationale. Il est temps pour lui d'accéder à la plus haute fonction

européenne. Il a d'ores et déjà gravi patiemment tous les échelons. Il aime le pouvoir, «ses idées

sont desséchées par les manœuvres politiciennes, les stratégies de conquête du pouvoir et les

ambitions personnelles». C'est «un personnage constamment disposé au compromis et prêt à

négocier tout et le reste y compris l'essentiel, poursuit l’éditorialiste Tavares: « rien n'est sacré,

rien n'est définitif, tout est négociable (...) Quand il parle aux socialistes, il est socialiste. Quand il

parle aux libéraux, il est libéral. Il dit aux gens ce qu'ils veulent entendre» (Les coulisses de

Bruxelles, 04.07.2007, Barroso, le portrait qui a déplu) explique Martin Schultz du groupe

socialiste du PE. Le Portugais serait-il un caméléon pragmatique?

Infatigable, il se défend. Il dispose pour se faire d'une éloquence naturelle et d’un discours

convaincant. Il gère parfaitement les outils de la rhétorique antique ou l’art de persuader. Comme

Quintilien, il distingue les cinq éléments majeurs de la rhétorique : inventio, dispositio, elocutio,

actio, memoria. L’inventio représente l’art de trouver des arguments. Il suffit d'analyser son

discours de départ adressé aux Portugais pour constater sa force. M. Barroso déploie une multitude

d'arguments visant à toucher le pathos de son peuple. Il a décidé de partir « dans l’intérêt des

Portugais » (José Manuel Durão Barroso,Speech to the nation on accepting the invitation to serve as

President of the European Commission, Lisbonne, 29.06.04) pour leur intérêt général, pour les aider

au niveau européen… Le Portugais use largement de la dispositio. Son discours suit un

enchaînement logique. Les idées qu'il développe sont claires, précises, concises et très bien

organisées. L'élocutio touche au style, aux sons et aux rythmes. Dans ce domaine M. Barroso est un

champion, il joue avec les mots grâce à une aisance naturelle. Le quatrième élment est l'actio qui

s’apparente au métier d’acteur. Le Portugais étudie tout ses mouvements, sa gestuelle, sa

prononciation, sa posture… Lors de ses discours, M. Barroso joue en permanence avec son regard,

ses mains et son corps. Tel un mannequin, il n'hésite pas à prendre des poses et à jouer avec les

objectifs. En véritable professionnel de l’art oratoire, il dispose enfin du cinquième élément issu de

la rhétorique antique: la memoria qui représente la mémoire. M. Barroso lit très peu ses notes. Il

12

Page 13: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

feint en permanence d'improviser ce qu'il dit.

Persuasif, le Portugais connaît les rouages complexes de la communication politique. Il en

use et en abuse. Il utilise en abondance les symboles. A Lisbonne, pour son départ, il explique aux

Portugais la prééminence qu’ils ont pour lui dans son cœur (pathos). « Je voudrais annoncer en

premier ma décision à vous, Portugais, ici à Lisbonne » (Discours de M. Barroso, 29.06.04). Tel

Moïse libérant les Israéliens d’Egypte, il se présente comme le sauveur de l'Europe toute entière.

« Je prends cette décision à un moment crucial de l'Union européenne, avec l'élargissement à 25

Etats membres et la Constitution européenne »(Discours de M. Barroso, 29.06.04) annonce-t-il.

Pour légitimer son choix, il se montre comme le protecteur des Portugais face à la 'méchante'

Europe. Cette position est contradictoire au poste qu’il est prêt à occuper à Bruxelles? Il n'en à que

faire, il n'a peur de rien. « Cette décision n'a pas été facile, en la considérant, j'ai pensé à vous, les

Portugais, et comment je pourrais vous protéger dans le futur » commente M. Barroso. « Quand un

politique prend des responsabilités dans son pays, il les prend aussi au niveau de l'UE [et que]

travailler pour le projet européen signifie aussi travailler pour le Portugal » ajoute-t-il (Discours de

M. Barroso, 29.06.04). Ses belles paroles ont l'avantage d'être convaincantes. Elles n'empêcheront

toutefois pas au Portugal de sombrer dans des crises de succession et économique.

Dès cette désignation, le Président socialiste Jorge Sampaio est contraint de trouver au plus

vite un remplaçant au Premier ministre. Deux solutions s'offrent à lui: la dissolution ou la

nomination. Ces possibilités divisent. La polémique s'envenime et entraîne « des spéculations quant

au futur remplaçant » (L’Humanité, 30.06.04, France). Le maire de Lisbonne et vice-président du

PSD, Pedro Santana Lopes apparaît comme le successeur probable, mais cette alternative suscite

une crise gouvernementale. La ministre des finances Manuela Ferreira Leite « la "Thatcher"

portugaise, qualifie de "coup d’État au sein du parti" la nomination sans l’aval des militants d’un

successeur éventuel à M. Durao Barroso. Selon elle, "en l’absence d’un congrès, personne n’a de

légitimité pour nommer un nouveau président du PSD et par conséquent un premier ministre"»

(Público, 08.07.04, Portugal). Outre cette crise gouvernementale, le départ du Premier ministre a

aussi provoqué un malaise au sein de son propre parti le Parti social-démocrate (centre-droit).

Un nouveau Premier ministre est nommé: Pedro Santana Lopes. Rapidement déchu, il subit

son un échec cuisant en février 2005. Il annonce alors « la démission du gouvernement, décidée

après une réunion d'urgence » (La Presse Canadienne, 11.12.04, Canada). La crise politique

s’installe et s’accentue. Jorge Sampaio est contraint de dissoudre le Parlement, de convoquer des

13

Page 14: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

élections anticipées pour remplacer... le remplaçant de M. Barroso. Cette décision est prise suite aux

« querelles intestines », aux « gaffes publiques » et aux « problèmes d'organisation » (La Presse

Canadienne, 11.12.04, Canada) qui ont porté un coup fatal à l'image déjà titubante du

gouvernement.

Comme si toutes ces conséquences dues au départ de Barroso n'étaient pas suffisantes, la

crise au Portugal est multiple. Le taux de chômage est en hausse et le taux de croissance en baisse.

Le pays est rappelé à l'ordre par la Commission pour non-respect des critères du Pacte de stabilité et

de croissance. Que importe. M. Barroso a préféré profiter « sans vergogne de la première

opportunité pour fuir ses responsabilités » (Público, 08.07.04, Portugal). Son choix relève-t-il de

l'inconséquence politique? Sa carrière doit-elle passer avant l’intérêt général de ses citoyens?

B) Un incipit difficile : le choix des commissaires

« Mal née, mal formée, la Commission Barroso n'a pas survécu

Au premier coup de froid. »

Jean Quatremer,

(Libération, 28.10.2004, France)

1) Barroso et ses commissaires: un choix discutable

« Les Thatchériens prennent le pouvoir en Europe »

(Daily Telegraph, Royaume-Uni

cité dans Ouest France, 12.11.2005, France)

Comme si la crise engendrée au Portugal n’était pas suffisante, des controverses éclatent à

Bruxelles. Le sort s’acharne sur le déveinard M. Barroso. Quelques jours après que le PE ait donné

son aval à sa nomination (22 juillet 2004) avec 413 voix sur les 711 eurodéputés ayant participé au

vote (251 contre et 44 abstentions), il est contraint de renoncer à présenter son collège de

commissaires. La cause ? Plusieurs commissaires pressentis ont été épinglés lors des auditions par

les commissions parlementaires. C'est le cas de l’Italien Buttiglione, dont les déclarations

controversées sur la famille et l'homosexualité ont provoqué un tollé. C'est aussi celui de la

Néerlandaise Neelie Kroes qui a siégé dans plusieurs conseils d'administration de grandes

14

Page 15: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

entreprises. Pas très fair-play lorsqu'on envisage de la mettre à la Concurrence. La Danoise Mariann

Fischer Boel (Agriculture), la Lettone Ingrida Udre (Fiscalité) et le Hongrois Lazslo Kovacs

(Energie) sont eux aussi dans la ligne de mire. M. Barroso tente de passer en force. Erreur. «Pourvu

que le début de cette présidence ne soit pas le reflet de ce qui nous attend pendant cinq ans »,

ironise Jean Quatremer. Rien n’est moins sûr.

M. Barroso a une qualité (ou un défaut ?) : il est extrêment têtu. Il s’accroche, tente de

passer en force en sous-estimant l’opposition parlementaire. Le plus contrariant est son irrespect du

PE en tant que Parlement, c’est-à-dire comme symbole de la représentation du peuple européen et

par définition comme allégorie de la démocratie. Le Portugais manque terriblement de sens

démocratique. Sa devise semble être : 'ça passe ou ça casse'. Une fois désigné, il essaie en effet de

faire accepter coûte que coûte ses commissaires. Rapidement, il annonce « sa » couleur. Sa

sélection discutable s'avère peu judicieuse et politiquement incorrecte. Les postes clés sont confiés à

des libéraux affirmés. Bien que marquée à droite, la CE est néanmoins relativement bien pondérée

(dix conservateurs, sept libéraux, six sociaux-démocrates et deux indépendants). L'acceptation de

son collège de commissaires est un défi de taille qui n'est pas gagné.

L’investiture du collège se présente comme il suit. Une fois le nouveau Président de la

Commission approuvée par le PE et le Conseil, il est chargé de constituer le collège des

commissaires. Ce dernier fait l’objet d’un vote d’approbation en session plénière. Tous les

commissaires (excepté le Président) font l'objet d'auditions individuelles devant les commissions

parlementaires compétentes. Chacun est invité à faire une déclaration et à répondre aux questions.

Le PE peut élire ou rejeter la Commission (dans sa totalité), à la majorité des suffrages

exprimés. Une fois approuvé par le PE, les commissaires sont nommés par le Conseil européen à la

majorité qualifiée.

Le premier blâme vis-à-vis de la sélection effectuée par le nouveau Président de la CE

provient à nouveau du côté franco-allemand. M. Barroso a en effet attribué le portefeuille des

Transports au Français Jacques Barrot et celui de l'Industrie à l'Allemand Gunther Verheugen. Le

couple franco-allemand n’est pas ravi de se voir ainsi reléguer au second plan en n'obtenant pas des

postes clés. Cette « annonce (...) a créé un malaise en France et, dans une moindre mesure, en

Allemagne, le couple moteur de la construction communautaire ne se retrouvant guère dans cette

distribution » (Libération, 28.10.04, France). Etrangement, M. Barroso a choisi d'avantager les trois

commissaires Baltes qui accumulent le Budget, la Fiscalité, la lutte Antifraude et l'Administration,

15

Page 16: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

« alors que leurs populations cumulées sans parler de leurs PIB n'atteignent même pas celle des

Pays-Bas » (Libération, 28.10.04, France). Dans un article intitulé, « Les libéraux en force à

Bruxelles », le Monde s'insurge. Pour le journaliste, cette nouvelle Commission « présente deux

caractéristiques principales: elle est de sensibilité nettement libérale et les postes les plus convoités

échappent aux « grands » pays » (Monde, 14.08.04, France). La CE n’est « pas encore en poste, et

déjà sous le feu des critiques! » (Euractiv, 27.09.04, Are the economics of the new Commission too

Liberal?). M. Barroso a commis des impairs en selectionnant ses commissaires. A-t-il été

complètement libre de ces choix? N'ont-ils pas été dictés par les chefs d'Etat?

A première vue, il semble que le Président ait tenté de mettre tous les Etats membres sur le

même pied d’égalité. Il a essayé d’assimiler les populations des nouveaux Etats membres et de

reculer la prédominance des plus forts dans le but de parvenir à une certaine homogénéité. Utopie ?

En tous les cas, ce choix est perçu comme une véritable aberration. Diplomatiquement risqué, cette

option est grossière puisqu'elle crée le mécontentement des deux grands (France et Allemagne).

Cette sélection lui fait perdre sa crédibilité déjà ébranlée. Il a par ailleurs risqué de gâter sa

légitimité dans le cas où le PE rejetterait sa sélection. Mais le Portugais n’en a que faire. Il ignore

trivialement le couple franco-allemand et rend ouvertement hommage à la politique libérale anglo-

saxonne. Le contrecoup est cinglant. Les députés allemands et français des groupes socialistes,

démocrates et libéraux posent leur veto au premier collège proposé par le Président. Bien que seul

M. Buttiglione fasse l’objet d’un vote négatif, de nombreuses réserves sont émises à l’encontre

d’autres commissaires.

2) Une femme d’affaires en charge de la Concurrence : le cas Nellie Kroes

Les critiques émises portent sur la nomination de commissaires pour des motifs bien précis.

Le cas Nellie Kroes, la Néerlandaise pressentie au portefeuille de la Concurrence est éloquent. Ses

antécédents professionnels parlent pour elle. Ancienne femme d'affaires, elle pourrait être en proie à

de nombreux conflits d'intérêts. Elle a en effet détenu un mandat d'administratrice dans pas moins

de quarante-trois grandes entreprises, dont Volvo, Thales, Corio... « Certains membres du

Parlement ont des réserves sur le passé de Nellie Kroes dans le monde des affaires, la candidate

hollandaise pour le portefeuilrle le plus puissant de la Commission : la concurrence, et ils ont

suggéré mercredi qu’elle pourrait être transférée vers un autre portefeuille » (International Herald

Tribune, 28.10.04, Etats-Unis). Aux Echos d'ajouter qu'un tel choix « suscite des interrogations »,

16

Page 17: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

du fait qu'elle est appartenue « au conseil de surveillance d'une dizaine de grandes entreprises »

(Les Echos, 17.09.04, France). Ce choix met un peu plus dans l'embarras le Président.

Un scandale n'arrivant jamais seul, le passé de la Néerlandaise remonte à la surface. La

presse internationale annonce rapidement qu’elle a été mise en cause aux Pays-Bas pour la gestion

douteuse de son patrimoine immobilier ainsi que pour les relations d'affaires qu'elle entretenait avec

le promoteur Jan-Dirk Paarlberg, qui serait selon la justice proche d'une organisation criminelle

locale ! En dépit de toutes ces critiques, M. Barroso maintient le cap. Sa fermeté paie, puisque le PE

accepte la femme d’affaires au poste de la Concurrence, à l'unique condition qu'elle délègue « les

dossiers qui port[ent] sur des entreprises dans lesquelles elle a exercé des responsabilités, voire

leurs concurrents directs » (Les Echos, 17.09.04, France). En ne cédant pas en dépit des critiques,

le Président a fait preuve de puissance et de force. Il a eu raison de ses détracteurs. Cette victoire

symbolise son autorité et sa fermeté. Pour le cas Kroes, il a gagné, mais pour M. Buttiglione il a dû

abdiquer.

3) Un réactionnaire, homophobe et conservateur en charge de la Justice, des Libertés et de la Sécurité : le cas Rocco Buttiglione

Homme politique italien de sensibilité démocrate-chrétienne, Rocco Buttiglione est de prime

abord pressenti par MM. Barroso et Berlusconi pour le poste de commissaire de la Justice, des

Libertés et de la Sécurité. Il est légitime de se demander si Barroso a pesé le pour et le contre d’une

telle décision. Peu judicieux, ce choix entraîne de vives polémiques à travers le monde entier. Les

prises de position publiques de l'Italien sont bien souvent virulentes. Hostile à l'homosexualité, il la

considère comme « un péché en tant que chrétien ». Réactionnaire et ultra-conservateur, il assure

que la famille existe « pour permettre aux femmes d'avoir des enfants et d'être protégées par un

homme qui prenne soin d'elles »! Bien entendu, de tels idéaux ne font qu'accentuer la polémique et

décliner l'image déjà bien bancale du Président de la CE. A nouveau, il campe sur ses positions et

décide de ne « pas sacrifier M. Buttiglione, estimant qu'il est victime du «politiquement correct»

(M., 21.10.04, France). Sous les multiples pressions, R. Buttiglione est contraint de présenter sa

démission. Il est remplacé par Franco Frattini.

Autre argument funeste, M. Buttiglione est à cette époque Ministre du gouvernement de M.

Berlusconi. Ce dernier est alors impliqué dans de multiples affaires juridiques. Comble du comble,

17

Page 18: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

M. Barroso choisit R. Buttiglione à la tête du portefeuille Justice et Affaires Intérieures. Le symbole

est malheureux, aberrant. L'Italien est de plus un catholique convaincu et un ami proche du Pape

Jean-Paul II. Les faits parlent pour lui. Comment pourrait-il être apte à combattre les

discriminations? Le résultat est couru d'avance, le 11 octobre 2004, la Commission des Libertés

civiques, de la Justice et des Affaires intérieures du PE vote par 27 voix contre 26 une motion de

défiance à l'égard de l'Italien. Pour la première fois depuis la création de la procédure des auditions

préalables, la Commission des Libertés du PE émet un avis défavorable. La décision finale

appartient cependant au PE dans son ensemble qui a le droit d’entériner la Commission dans sa

globalité ou de la rejeter en bloc. Pour éviter un tel rejet, R. Buttiglione présente sa démission.

Incriminer totalement le Président de la CE est une erreur. Ce sont les chefs d'Etat et de

gouvernement qui désignent leurs candidats au poste de commissaire. M. Barroso n’a pas eu une

marge de manœuvre importante au départ. Pour M. Buttiglione, c’est Berlusconi alors au pouvoir en

Italie, qui a proposé cet homme, proche des ses idées politiques et largement apparenté à son

gouvernement. Il pensait ainsi pouvoir agir en connivence avec M. Buttiglione qu’il connaissait et

dont il partageait les idées. Parallèlement, M. Barroso ne s'y est pas opposé. Il a même défendu

l'Italien jusqu'au bout. La faute est partagée.

Pour le cas Buttiglione, la persévérance de M. Barroso n’a pas payé. En le soutenant, il a

uniquement réussi à se mettre à dos les travaillistes ainsi que tous les partisans des libertés

fondamentales. Coriace et têtu, le Président a affirmé qu’il était prêt à faire « tout ce qui est

nécessaire et efficace pour le remporter sur les députés » (IHT, 28.10.04, Etats-Unis). Il a tout

tenté. Il a même « essayé de persuader le PE de voter en faveur de ses commissaires » (FT,

22.10.04, Royaume-Uni). En vain. M. Barroso espère retomber sur ses pattes. Même après la

démission de l’Italien, il s’entête. Il refuse “toutes excuses ou regrets sur sa conduite du cas

Buttiglione » (IHT, 23.11.04, Etats-Unis). Il assure qu'il a « toujours fait les bons choix ». Il

s'enfonce en ajoutant pour sa défense « que le fait d'avoir retiré sa Commission avant que le

Parlement ait voté n'était pas une crise en elle-même, mais une manière d'échapper à ce qui aurait

pu être une crise sérieuse avec un tel vote » (IHT, 23.11.04, Etats-Unis). Epaulé par son éloquence

naturelle, il se défend comme il peut. S’il n’a pas retiré son collège, c’est simplement parce qu’il

voulait « prendre en compte la puissance des voix des parlementaires qui supportaient Buttiglione,

et celle du PPE ou des députés hongrois et polonais qui étaient en faveur du Commissaire aux

fortes idées catholiques » (IHT, 23.11.04, Etats-Unis).

18

Page 19: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

N’empêche que le Président de la CE a capitulé face aux eurodéputés hostiles à son équipe.

Il lui devient urgent de trouver rapidement une issue à cette crise inédite dans l'histoire de l'UE. Ce

coup de théâtre pose en effet des problèmes pour la signature à Rome de la Constitution

européenne. Il prolonge en outre de plusieurs semaines le mandat de la Commission de Romano

Prodi. Pour la Croix, «voilà une entrée en matière ratée, sauf à considérer que l'épisode - un

Parlement censurant un exécutif - traduit, au fond, l'émergence d'un fonctionnement démocratique

dans les structures européennes. Victoire «démocratique» donc pour les opposants à la

Commission proposée par José Manuel Barroso» (La Croix, 28.10.04, France). Le 18 novembre, le

PE approuve le collège des commissaires. Sans Buttiglione. Mais Barroso a à moitié réussi son pari.

Explications.

4) La validation du collège des commissaires : un pari à moitié réussi

Après quelques petits remaniements, la Commission Barroso est enfin acceptée. La menace

de censure du PE n'a pas joué en sa faveur. Dans une position difficile, le Portugais perd de sa

crédibilité. Pour se relever de cet échec il tente tout ce qui est en son pouvoir. En vain. Désorienté,

il se défend devant le PE « j'ai besoin de plus de temps pour trouver une solution » (IHT, 28.10.04,

Etats-Unis). Désespéré, il en appelle « à la raison les parlementaires prêts à faire tomber tout son

exécutif, en énumérant les «difficiles tâches » à affronter par l'Union européenne» (FIG., 22.10.04,

France). Il tente également d'effrayer les parlementaires en invoquant que les « les conséquences

d'un vote négatif seraient plus néfaste que n'importe quelle autre solution » (FIG., 22.10.04,

France). Pour sa défense, M. Barroso rappelle qu’un « Président de Commission, à la différence

d’un Premier ministre national, n’a pas, au début, de majorité au Parlement ; il doit partager la

responsabilité du choix des 24 membres de son exécutif, avec autant de gouvernements » (Ouest

France, 20.11.04, France).

Parallèlement, pour faire bonne figure, il se dit « très confiant » face à l'obtention du

« soutien d'une majorité claire » (FIG., 22.10.04, France). Pour faire oublier l’affaire Buttiglione, il

clame que « la nouvelle Commission sera absolument opposée à toute forme de discrimination

fondée sur l'orientation sexuelle, le sexe ou les convictions religieuses » (FIG., 22.10.04, France).

Le Portugais propose enfin une nouvelle liste de vingt-quatre commissaires. Cette fois-ci, la pilule

sera sans aucun doute plus facile à avaler. La distribution des postes est pondérée. La gauche obtient

deux vice-présidences sur cinq avec G. Verheugen (Entreprise et Industrie) et M. Wallström

19

Page 20: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

(Communication). Cette dernière est chargée de remplacer le Président en cas d'absence. Elle

représente en outre la Commission au Conseil Affaires générales (au Conseil des Ministres).

5) L’affaire de financement des partis politiques : le cas Jacques Barrot

Jamais deux sans trois. M. Barroso est à nouveau éclaboussé par un scandale en provenance

directe de l'un de ses commissaires: le français Jacques Barrot (Transports). Summum

cauchemardesque, le scandale éclate le jour même de l'investiture du collège de commissaires.

L'origine de ce qui sera appelée 'l'affaire Barrot' est le député Nigel Farrage. Le Britannique fait une

allusion à la peine de prison (huit mois avec sursis) infligée à Jacques Barrot pour son implication

dans une affaire de financement des partis politiques (2000). Cette « controverse autour de Jacques

Barrot est délicate à gérer pour la Commission, dont les eurodéputés n'ont voté l'investiture

qu'après trois semaines de crise sur sa composition » (FIG., 23.11.04, Monde). Jacques Barrot

envoie une lettre d'explication au PE. Il y « assure qu'il n'avait aucune raison de faire état d'une

peine qui, suite à l'amnistie dont il avait bénéficié, avait été entièrement effacée par la justice

française » (Euractiv, 23.11.04, L'affaire Barrot prend une tournure juridique). A nouveau, le

Président se range du côté de son commissaire. Pour ne pas perdre la face, il lui renouvelle sa

confiance. Il est cependant bien moins catégorique qu'il put l'être pour M Buttiglione.

Le groupe libéral (ALDE) du PE demande la démission du Français. M. Barroso dépassé par

les évènements n’arrive pas à gérer la crise. Il se dit prêt à envoyer Jacques Barrot s'expliquer seul

devant le Parlement. En somme, prêt à le jeter seul dans la 'fosse aux lions'. En période de crise, les

'vieux dossiers' ressurgissent. Les Britanniques s'en donnent à cœur joie: « l'autorité et la crédibilité

de Barroso se sont affaiblies après qu'il fut forcé de retirer son groupe initial lorsque les

parlementaires s'indignèrent contre l'homophobe Rocco Buttiglione au poste de commissaire de la

justice. Cette fois-ci il a effectivement renvoyé la balle à la Cour du Parlement, le défi est de

recréer la paralysie institutionnelle qu'avait causé l'affaire Buttiglione » (The Guardian, 23.11.04,

Royaume-Uni). A l'International Herald Tribune d'ajouter que cette « controverse n'aide pas dans

un moment où les européens deviennent de plus en plus sceptique à propos de l'accroissement du

pouvoir à Bruxelles » (IHT, 23..11.04, Etats-Unis). Englouti par le scandale, beaucoup se

demandent comment le Président va réussir à refaire surface. C’est sans compter sur les sept vies du

Portugais.

20

Page 21: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

C) Les commissaires durant leurs mandats

1) Des commissaires intenables!

Même une fois acceptée, la Commission Barroso fait des siennes. Les 'frasques' se

poursuivent. La cacophonie prend place dans le collège. Elle y règne en maître. Apparemment, le

Président manque d'autorité. Les commissaires s'apparentent à une classe d’élèves agités dont le

professeur démissionnaire (alias Barroso) n’essaierait même plus de les tenir. Certains d'entre eux

s'expriment sur des sujets sans rapport avec leur domaine. Meglena Kuneva (Protection des

Consommateurs) dénonce par exemple en 2007 -à la place de Nellie Kroes (Concurrence)-, les liens

exclusifs existant entre le baladeur numérique d'Apple, l'iPod et le site de musique en ligne iTunes.

D'autres commissaires n'hésitent pas à émettre des opinions sensiblement divergentes de la ligne

officielle. Dans son blog officiel, Margot Wallström, se dit en faveur de Ségolène Royal, candidate

socialiste aux présidentielles françaises. Elle n'hésite pa non plus à diffuser (avec l'accord de M.

Barroso) son 'EU tube', un clip porno-soft visant à promouvoir... l’Europe! Les 'scandales' dont M.

Barroso a fait les frais depuis 2004 n'ont eu cesse de l'affaiblir. Ce phénomène est expliqué par

Expresso: « beaucoup de médias européens estiment que Barroso est en train de perdre une de ses

batailles les plus chères : la conquête de la presse européenne » (Expresso, 17.03.05, Portugal).

2) 2006 le retour à la case 2004 : le cas Varujan Vosganian

Les vieux démons de M. Barroso le poursuivent. En 2006, il vit un véritable retour à la case

départ avec Varujan Vosganian pressenti au poste de commissaire en charge du Multilinguisme.

Cette nomination du sénateur libéral roumain est contestée à cause de son 'profil européen'

incertain, son passé trouble (il aurait été informateur de la Securitate) et ses liens supposés avec un

groupuscule d'extrême droite ultra orthodoxe. Le 28 octobre, sa candidature est retirée. Il est

remplacé par Leonard Orban. L'affaire a eu des retombées néfastes sur M. Barroso, alors qu'il n'était

pas impliqué dans cette nomination. Peu importe, les médias le critiquent à nouveau.

21

Page 22: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

II – L’échec de la Constitution européenne

A) Avant le 'NON'

Les crises successives de ces trois dernières années rabaissent inexorablement la crédibilité

du Président. Le débat engendré par la non ratification du TCE ne fait qu’accroître cette assertion.

L'homme est tout de même prévoyant. Sentant la non ratification approcher, il tente le tout pour le

tout. Douze jours avant le référendum français (29 mai 2005), il écrit un article virulent dans les

Echos. Il y tente de persuader les citoyens européens que le TCE leur apportera une bouffée d’air

frais, de nombreux bienfaits. Il en appelle à l’union des Européens, « dans cette Europe « unie dans

sa diversité » selon le préambule de notre futur Constitution commune, chaque citoyen européen

doit pouvoir se sentir porteur d'une « identité multiple », aux niveaux local, régional, national et

européen » (Les Echos, 17.05.05, France).

Les Français et les Néerlandais rejettent le TCE en bloc. Alors que l'issue française est

attendue, beaucoup prévoient déjà la non ratification. Le Monde annonce au Président de la CE que

la « Constitution risque d'être rejetée en France, une partie de la gauche lui reprochant la faiblesse

de son volet social » (M., 22.09.04, France). Le quotidien demande au principal intéressé quelles

sont ses réactions. « Je ne veux pas rentrer dans les débats nationaux. J'espère seulement qu'ils

porteront sur les mérites de la Constitution et ne se limiteront pas à des débats de politique

politicienne nationale. Ce ne serait pas sérieux. (...) Une Constitution ne définit pas un programme

politique, mais un ensemble de règles » (M., 22.09.04, France) réplique-t-il. Cette confiance est

feinte. M. Barroso est en réalité soucieux des conséquences désastreuses que pourraient avoir le

'non' sur l’Union européenne, les institutions et sur sa politique. Telle une vision prophétique, le

Devoir affirme que «le non s'incruste» (Le Devoir, 16.04.05, Canada) dès avril. Les Français sont

peu enclins au « oui ». L’Europe tremble. Elle a de quoi. Le Président de la République française

Jacques Chirac s'emploie à dramatiser les conséquences que pourraient avoir un tel choix. Quant à

M. Barroso, il fait bonne figure. Il affirme que « l'issue du référendum en France pour la

Constitution sera positif » (Lietuvos Rytas, 6.05.05, Lituanie). Discutable. Il sait que certains

problèmes nationaux pourraient empêcher la ratification. En janvier 2005, il explique qu’«il existe

un risque que le débat sur la Constitution ne réponde pas aux véritables questions posées par le

texte et fasse l’objet d’autres polémiques. Or celles-ci ne doivent pas contaminer la discussion »

(FIG., 12.01.05, France).

22

Page 23: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

B) Les conséquences du « NON »

« Pour ma part, je partage cette formule du poète Lautréamont: "le doute est un hommage rendu à

l'espoir". Le temps est venu de renouer avec la confiance »

José Manuel Barroso,

Discours: « Etat de l'Union et avenir de l'Europe », Université Catholique de Louvain (UCL),

8.11.2006.

Le 'non' éclate en France et aux Pays-Bas. La crise institutionnelle jaillit. Elle se répand

comme une traînée de poudre. On débat. On propose. On s’insurge. On réfléchit. On reconstruit.

Les doutes s’installent. L’UE est dans un cul-de-sac. Pour le Président de la CE il ne sert à rien de le

nier, « l'échec du traité constitutionnel en France et aux Pays-Bas a plongé l'Europe dans le

doute » (Discours: « Etat de l'Union et avenir de l'Europe », UCL, 8.11.2006). Pour rassurer les

euro-citoyens, M. Barroso tente à nouveau de paraître confiant. « Je voudrais vous adresser

aujourd'hui un double message: l'évolution des derniers mois prouve sans ambiguïté que l'Europe

continue à avancer résolument et les chantiers ambitieux qui s'ouvrent devant nous appellent une

mobilisation et une réaction de grande ampleur » (Discours: « Etat de l'Union et avenir de

l'Europe », UCL, 8.11.2006) explique-t-il. Justement, sa Commission a-t-elle généré cette

« mobilisation »? A-t-elle eu une « réaction de grande ampleur »? La CE n'a pas réussi à contrer les

échecs successifs dus au 'non'. Abattu, M. Barroso finit par avouer que la rupture sur le TCE « a

remis en question la crédibilité de l'UE » (IHT, 13.04.07, Etats-Unis). L'image et le pouvoir des

institutions se sont affaiblis. Le Président n’a rien proposé de convaincant. En dépit du refus du

TCE, il désire qu'«une grande partie du traité [soit] gardée » (IHT, 13.04.07, Etats-Unis).

C) Des tentatives de solution loupées

«La Constitution doit être abandonnée. Tous les débats sur sa relance sont une grande perte

d'énergie, de temps et d'argent. (…) Il est temps de donner à la constitution un enterrement décent

et de passer à un véritable programme de réformes en Europe».

Député européen conservateur Timothy Kirkhope

(Cité dans Euractiv, “Le Plan B d'Andrew Duff pour sauver la Constitution”,

20.10.2006).

23

Page 24: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

1) La Pause de « réflexion »

Comment réagir à la crise dans laquelle le TCE a plongé l'UE? Question difficile. En tous

les cas, proposer une pause de « réflexion » n’a pas été une bonne solution. Cette pause a largement

été considérée comme un choix attentiste, un signe de faiblesse. A la suite de la non ratification, M.

Barroso a subi de nombreuses pressions. En accord avec le Conseil européen, la 'pause' a été

déclarée. Cette option a largement été vilipendée par la presse internationale et les milieux

politiques. Faiblesse? Attentisme? Anémie européenne? Dans un article pertinemment intitulé « à la

recherche d'un plan B », le Devoir explique que « deux semaines après le choc référendaire (...), la

vérité est enfin sortie de la bouche du Président de la Commission européenne. José Manuel Durao

Barroso a appelé à «une pause» dans le processus de ratification de la Constitution européenne,

que d'aucuns considèrent aujourd'hui presque morte » (Le Devoir, 16.06.05, Canada). Cette

solution n'a pas été politiquement fiable. Les détracteurs du Président ont vu dans cette 'pause' un

désir de sa part de s'assurer une fin de mandat tranquille. Il n'en est rien puisque 2007 semble être

une année placée sous le signe de l'action.

Cette prudence, M. Barroso va néanmoins la payer chère. Sur le plateau de France 3, il

explique que « la meilleure solution - mais je ne veux pas entrer dans la compétence des États

nationaux - peut être la prudence. Je conseillerai au moins une pause, une réflexion, de se donner

du temps» (Le Devoir, 16.06.05, Canada). Cette inaction ne jouera aucunement en sa faveur. Il fait

comme il peut, il s'écrie que « l'Europe ne doit pas s'arrêter! L'UE doit surmonter la

mondialisation sur les bases des traités existants, étant donné que la Constitution ne sera pas dans

un futur proche » (Le Devoir, 16.06.05, Canada). Oui mais comment?

Dans Libération Jean Quatremer s’indigne. Il dénonce le fait que M. Barroso se repose sur

ses lauriers. Il critique son comportement et sa «pause de réflexion». A son avis, «Barroso, s’est

empressé d’enterrer une Constitution dont il n’a jamais été un grand fan car elle réduisait

l’influence du Portugal et se montrait un peu trop fédéraliste (…). Le Président de la Commission,

incapable de dessiner une voie de sortie à la crise sans précédent que connaît l’Union, a vu là un

moyen de ne pas rouvrir de grande bataille théologique et de s’assurer une fin de mandat

tranquille» (Libération, 19.08.06, France). Même ressentiment chez Anthony Browne du Times.

Selon le journaliste, le Président de la Commission porte peu dans son cœur cette Constitution. Il

faut dire que le Portugais est allé jusqu’à admettre que l’Union européenne fonctionnait très bien,

malgré la non ratification. «No way back for European constitution » (The Times, 02.09.05,

24

Page 25: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Royaume-Uni) s’est-il écrié. Il a ajouté que plutôt que d’avoir des débats sans fin sur les

institutions, mieux valait travailler avec ce que l’on avait.

Le journaliste Guy Valence analyse la politique de l'autruche du Portugais. « Depuis six

mois, l'Europe se tait. On pourrait croire qu'elle s'est cloîtrée pour réfléchir, pour méditer sur une

nouvelle mécanique institutionnelle. Rien de tel. Elle se tait parce qu'elle n'a rien à dire, rien à

proposer, rien à réformer. Les partisans du oui avaient raison : il n'y avait pas de plan B. Mais,

comme tout le monde s'en moque, les « nonistes » triomphent doublement. Si encore la Commission

de Bruxelles occupait le terrain par la qualité de ses propositions ou le prestige de ses dirigeants !

Mais Barroso, après avoir méthodiquement rogné l'influence de la France, se contente de gérer les

affaires courantes à la tête d'une équipe sans relief » (L’Expansion, 01.06, France). Le Président

n’a pas assuré ses arrières avec un plan B. Il n’a rien à proposer. Il va lui être difficile de s'en sortir.

Le problème majeur est qu'il ne propose rien de convaincant. Il tente quelques réformes

institutionnelles en passant outre le 'non'. Il obtient en effet « le feu vert, en coulisses, de plusieurs

Etats membres, notamment de la France, qui fait circuler son propre «plan B» dans les capitales.

Sur un plan technique, il s'agit de faire passer dans le domaine communautaire certaines matières

jusqu'ici soumises au droit de veto, comme la justice pénale » (L’Expansion, 01.06, France). Sans la

ratification de la Constitution de nombreux projets ont été avortés. Le président réussira-t-il à passer

outre ?

2) A quand la période d’action ?

Désespéré, critiqué, M. Barroso presse les chefs de l'UE « d'adopter une feuille de route

pour le prochain sommet, afin de trouver un accord sur la Constitution non ratifiée » (IHT,

13.04.07, Etats-Unis). Idée honorable, mais le Président manque cruellement de diplomatie.

Dernièrement (mai 2007), il a organisé un mini sommet à huit clos. Il y a convié quelques dirigeants

européens pour discuter de

l'issue du TCE. Erreur

grossière, certains chefs

d'Etat se retrouvent sur le

banc de touche. Le manque

de jugeote de M. Barroso

entraîne une crise

25

Page 26: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

diplomatique. Le Portugais est obligé de faire machine arrière. Il revient sur sa position. « Des

responsables de l'UE et des diplomates ont reconnu que M. Barroso a dû renoncer à cette

rencontre prévue les 12 et 13 mai, à Sintra, au Portugal, les pays non invités ayant protesté contre

ce "brainstorming" en petit comité » (Nouvel Observateur, 26.04.07, France). Pas très sérieux

comme histoire.

Selon une de ces porte-parole, le Président souhaitait simplement "une réunion en petit

comité afin de mener une réflexion efficace" sur la relance institutionnelle, les politiques

européennes ainsi que le climat. Rapidement, le projet sème la confusion. Le choix de la date est

peu propice puisque le nouvel élu français n'est pas encore entré en fonction. Est-ce finalement un

choix stratégique de M. Barroso? Nul ne le sait, mais il est légitime de se poser la question. Surtout

qu'« au QG des deux candidats à la présidentielle, à Paris, on affirmait n'être pas au courant » (M.,

26.04.07, France). Autre erreur, le Premier ministre Guy Verhofstadt déclare ne pas avoir reçu

d'invitation... Interrogée par l'AFP, Leonor Ribeiro da Silva porte-parole du Président explique que

ce dernier n'est « "pas content des réactions" suscitées par l'annonce mercredi de son intention

d'organiser un mini sommet » (La Croix, 25.04.07, France). A lui de se demander pourquoi.

Néolibéral, M. Barroso a accordé la priorité aux réformes économiques durant son mandat.

Il semble cependant qu’il est enfin pris conscience « qu'il est temps d'agir sur le plan politique et

institutionnel » (FIG., 09.05.06, France). Sa période 'attentiste' semble révolue. «Nous sortons de la

période de réflexion. Et nous entrons dans une phase d'action politique» (FIG., 09.05.06, France)

déclare-t-il. Son « objectif est d'avoir un nouveau traité en 2009 » (M., 13.04.07, France). Il a pour

ce faire « engagé les dirigeants européens à suivre une feuille de route ambitieuse [en] les mettant

en garde contre la rediscussion de points déjà convenus » (Euractiv, 16.04.07, Barroso réclame un

nouveau traité européen pour 2009). Espérons que la présidence Portugaise pour le second semestre

2007 lui soit favorable. Probable.

III – Elargissement : 15 + 10 + 2 = 27 !

« Nous prendrons en compte la capacité d’intégration de l’Europe avant d’accepter de

nouveaux pays. Tout ce qui concerne les frontières est une véritable décision politique qui relève de

l’Europe. Mais il est de notre devoir de montrer qu’on gagne avec l’élargissement. Aujourd’hui, les

26

Page 27: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Américains, les Russes et même les Chinois nous regardent avec respect parce que nous sommes

les plus forts. » »

José Manuel Barroso,

(Paris Match,

25.07.06, France)

A) Le « NON ! » lié à l'élargissement

Les réformes institutionnelles sont le deuxième grand enjeu de taille que devait surmonter

M. Barroso. Si le TCE avait été ratifié, l’UE aurait subi des réformes. Pour que l’Europe des 27

fonctionne au mieux, une nouvelle Constitution s’avère dorénavant plus que nécessaire. L’UE-27

est difficilement gouvernable avec les institutions et les processus décisionnels actuels. La tâche est

cependant complexe. La double claque franco-néerlandaise a paralysé le débat. Les élargissements

de 2004 et de 2007 ont fait comprendre le besoin urgent de réforme. L’approfondissement doit

désormais passer avant l’élargissement. Cela les politiques l’ont bien compris et M. Barroso le

premier. Réaliste, il assure qu’il est dorénavant indispensable de « faire la réforme institutionnelle,

bloquée par les « non » français et néerlandais, avant tout élargissement » (Le Point, 05.10.06,

France). « Certains veulent l'élargissement sans approfondissement. Je ne suis pas d'accord. J'ai le

devoir d'attirer l'attention des dirigeants et des citoyens européens pour leur dire qu'on ne peut pas

continuer sur la voie de l'élargissement sans consolider nos institutions » (Le Point, 05.10.06,

France) explique-t-il.

Les conséquences du 'non' ont été dramatiques. Ce refus a jeté un voile sombre et pour

certains funeste sur l’UE. Le débat engendré a été houleux, animé et sans précédent. Selon le

Temps, « l'Europe, telle qu'elle s'est développée ces derniers mois, fait peur à certains - à l'Ouest

du moins, à tort ou à raison » (Le Temps, 14.04.05, Suisse). Les citoyens des Etats de l’Ouest sont

effrayés par les élargissements successifs à l’Est de 2004 et 2007. En seulement trois années, douze

Etats ont adhéré. Les citoyens de l’Ouest n’ont pas eu le temps de s’habituer, de s’intégrer, de se

sentir proche des nouveaux arrivants. La CE a mené de multiples campagnes de communication. En

vain. Le déficit communicationnel suivant la non ratification prouve les difficultés que M. Barroso a

pour communiquer avec 492 millions de citoyens. La seule issue pour le Président est de négocier

un nouveau traité, une « Constitution renégociée, après le Traité de Nice, pour mieux s'adapter à

l'élargissement, s'avère nécessaire. L'Europe en a besoin, essentiellement pour éviter une paralysie

27

Page 28: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

du système de prise de décisions entre Etats » (Le Temps, 14.04.05, Suisse). Chose faite, après des

négociations difficiles au Sommet de juin 2007.

B) De 15 à 27 : le début de la fin ?

Le quotidien Neue Zürcher Zeitung, considère qu’en matière d’élargissement, le Président

de la Commission s’est laissé porter (ou emporter) par les évènements. Sans approfondissement, les

adhésions roumano-bulgares seront les dernières possibles. Le journaliste Allemand, Reinhold

Gemperle, affirme que «José Manuel Barroso s'est révélé incapable d'élaborer une stratégie

d'élargissement convaincante et mûrement réfléchie» ( Neue Zürcher Zeitung). Même son de cloche

pour Michael Moravec, du quotidien Der Standard qui écrit: «l’attitude de la Commission Barroso

sur l’élargissement est à la fois confuse et contradictoire. Elle ne dévoile aucune stratégie» (Der

Standard, 9.11.06, Autriche). Voilà le mettre mot de la politique du Portugais : la non-stratégie.

La nuance reste néanmoins de rigueur, puisque l'élargissement de 2004 n’est pas une

conséquence immédiate de la Commission Barroso. C'était cependant à lui d’engendrer

l’assimilation de ses citoyens, de faire 'passer la pilule'. Plutôt que de s’occuper de la croissance, de

l’économie et de la compétitivité, le Président n’aurait-il pas mieux fait de travailler sur

l’intégration et de répondre aux nombreuses craintes de ses citoyens ? « Si alimenter la croissance

européenne est important, en faire la priorité absolue comme l'a fait le Président portugais de la

Commission sans se demander d'abord comment réaliser vraiment l'élargissement et répondre aux

craintes qui l'accompagnent, c'est saper les bases mêmes de ce qui peut aider l'Europe à se tourner

vers la croissance » (Le Temps, 14.04.05, Suisse). M. Barroso doit travailler à rapprocher l'Ouest et

l'Est. Il ne paraît pas en avoir conscience. Dans un article qu’il a écrit pour les Echos, il affirme que

« la réconciliation politique entre Européens a eu lieu. La réconciliation du continent européen

avec son histoire et sa géographie est en cours: après l'élargissement de mai dernier à dix

nouveaux membres, nous serons vingt-sept en 2007 avec l'adhésion de la Roumanie et de la

Bulgarie » (Les Echos, 17.05.05, France). Cette attitude positive, quelque peu simpliste ne reflète

en rien le sentiment des citoyens européens.

Pour prouver qu’il a raison, M. Barroso est prêt à tout. La Commission va jusqu’à

« omettre » dans son rapport d’évaluation les éléments prouvant que la Roumanie et la Bulgarie

n’étaient pas prêtes à adhérer. Elle « a donné l'impression de vouloir se débarrasser d'un paquet

28

Page 29: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

devenu encombrant. De chercher à prendre de vitesse une opinion publique de plus en plus rétive à

l'élargissement » (FIG., 29.09.06, Monde). Selon la CE, le « diagnostic de l'état de préparation des

deux capitales serait neutre et objectif »(FIG., 29.09.06, France). La perplexité est de rigueur à la

lecture des documents, notamment en ce qui concerne le dossier sensible de la corruption. « Les

experts qui suivent jour après jour les vicissitudes des réformes judiciaires bulgares écrivaient

initialement que les « progrès réalisés » à Sofia étaient « limités ». Une fois que le texte fut relu,

jusqu'aux plus hautes hiérarchies de la Commission, ce constat fut ainsi reformulé : dans la lutte

contre la corruption, « des progrès ont été réalisés »... Les exemples de ce type fourmillent. Comme

l'explique un proche de l'exécutif : « On écrit d'abord une chose, puis son contraire» (FIG.,

29.09.06, France). Ce camouflage provient de M. Barroso ainsi que des vingt-cinq Etats membres

qui ont donné leur accord tacite en coulisse.

Le Président de la CE use et abuse de la non ratification du TCE. Le 'non' a bon dos. M.

Barroso le sait. Il s’en sert de paravent pour expliquer tous les maux qui sévissent en Europe. Il se

cache derrière les 'problèmes institutionnels' qui deviennent le bouc émissaire, la cause de tout et

n’importe quoi. En dépit des problèmes liés à l’élargissement de 2007 et du refus du TCE, le

Portugais affirme « qu'il est un grand succès ». Il ajoute « qu'agrandir l'Union -si cela est bien

organisé- produit une situation où tout le monde est vainqueur, à la fois pour les Etats membres

existants et ceux le devenant. L'élargissement stimule la croissance économique, la cohésion

sociale et renforce le rôle et l'influence de l'UE dans le monde » (Discours de M. Barroso,

« Presentation of Bulgaria and Romania accession report », 26.09.06, PE, Strasbourg).

Les faiblesses roumano-bulgares sont toujours notables. Les deux pays sont en outre les plus

pauvres de l'UE-27. Il est légitime de se demander pourquoi leur adhésion n’a pas été retardée d’un

an comme le permettent les dispositions d’adhésion. M. Barroso nie « l'idée selon laquelle l'UE

allait maintenant marquer «pause» dans le processus d'élargissement tout en reconnaissant, ce qui

ressemble à un aveu, qu'il ne saurait être question de nouvelles adhésions avant que n'ait été

trouvée une solution à l'impasse constitutionnelle dans laquelle se trouve l'Europe » (Le Devoir,

28.09.06, Canada). Le ras le bol de l’élargissement n'est pas prêt de s’apaiser. Les candidats à

l’adhésion sont mal partis. Les Européens ne sont pas encore disposés à accueillir la Turquie,

l’Albanie et les anciens pays de l’ex-Yougoslavie dans l’UE.

29

Page 30: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

C) La directive Bolkestein et ses conséquences sur l’élargissement

La controverse suscitée par l’ouverture du marché des services en Europe (directive

Bolkestein) est intimement liée à l’élargissement. Lorsque le Néerlandais Frits Bolkestein, (alors

commissaire européen en charge au Marché intérieur, à la Fiscalité et à l'Union douanière) présente

en janvier 2004 son texte, l'Europe ne compte encore que quinze membres. Les négociations

d’adhésion avec les dix sont néanmoins terminées. C'est pourquoi, les Européens se montrent

véritablement effrayés par la probable vague déferlante de « plombiers polonais » vers l’Ouest.

Néanmoins, « contrairement à ce que prédisaient les pessimistes, les foules de travailleurs de l'Est

n'ont pas déferlé sur les pays qui avaient laissé l'accès ouvert à leur marché de l'emploi. Au

contraire, les études démontrent plutôt qu'il est difficile de faire bouger les Européens qu'ils soient

de l'Est ou de l'Ouest » (Le Temps, 14.04.05, Suisse). Etrangement, M. Barroso ne s’est pas servi de

cet argument pour contrer ses détracteurs.

Les manifestations publiques se sont succédées contre ce que certains appelaient la directive

« Frankenstein ». Cette agitation a « contraint José Manuel Barroso à déployer tous ses talents

d'illusionniste » (FIG., 18.03.05, France). Selon le Figaro, sa méthode politique est identifiable :

« dans un premier temps, il délivre des mots choisis, adaptés à un auditoire sélectionné (…). Dans

un second temps, le président de la Commission feint de s'étonner des réactions hostiles et minimise

la portée de ses propos. Dans un troisième temps, il profite de la présence d'un nouvel auditoire

pour amender son discours, alternant cette fois demi-concessions, admonestations, flatteries et

prêches en faveur du modèle social européen. Au final, chacun s'y retrouve » (FIG., 18.03.05,

France). Le Portugais serait-il opportuniste ou fidèle à ses idées politiques ? Les faits sont parlants:

le même homme a été maoïste, socialiste, chrétien et (ultra)libéral! « Autre reculade manifeste:

Bruxelles s'est résolue à réduire le champs d'application de la directive. Outre la kyrielle de

services qui étaient déjà exclus de la directive (transports, réseaux d'eau ou d'électricité...), les

services de santé, les remboursements de soins transfrontières, les logements sociaux, les agences

d'intérim... » (Le Parisien, 04.04.06, France). Contenter le plus grand nombre reste LE choix le plus

judicieux à effectuer.

D) Les candidats à l'adhésion: la Croatie et la Turquie

« Dans le meilleur des scénarios, la Croatie devrait adhérer vers 2009-2010. Je pense donc

30

Page 31: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

qu'on peut avoir réformé les institutions sans altération fondamentale de ce calendrier» (Le Point,

05.10.06, France). L'approfondissement et l'élargissement semblent impossible dans un laps de

temps si restreint. Laissons néanmoins au Président le bénéfice du doute. Il est légitime de douter

puisque la crise entraînée par les élargissements de 2004 et de 2007 est très prégnante. A cela

s'ajoute les gaffes publiques de M. Barroso. « Nous avons besoin de prendre en compte l'opinion

public, ce qui ne signifie pas que nous ayons à le suivre » (Gazeta Wyborcza, 17.06.06, Pologne)

dit-il. S’il agit pour le bien commun et l’intérêt général, M. Barroso ne doit-il pas prendre en

compte l’opinion des principaux intéressés, à savoir les citoyens européens ? Pour les rassurer M.

Barroso affirme haut et fort que les « peurs liées à l’élargissement sont infondées »

(Népszabadasag, 30.08.05, Hongrie). Même si c’est le cas, rassurer les citoyens européens reste la

meilleure solution.

La candidature d'adhésion de la Turquie est quant à elle largement vectrice de polémiques.

Le Président de la CE s'avoue très préoccupé, « j'ai le regret de le dire, mais les choses vont mal

avec la Turquie. Nous sommes dans un moment très critique. Je ne vois pas en ce moment les

progrès que j’attends. J'espère que la présidence finlandaise réussira à éviter un arrêt traumatique

des négociations. Je suis sincèrement préoccupé » (Corierre della Sera, 26.10.06, Italie). Pour le

pays, rien n'est gagné. Après l'ouverture à l'Est, les Européens ne sont pas prêts à ouvrir leurs

frontières à un pays composé majoritairement de musulmans. L'opinion publique prend le dessus

sur les dirigeants européens favorables à cette adhésion.

IV – Les trois chevaux de l’apocalypse : la Stratégie de Lisbonne, le néo-

libéralisme et le Budget 2007-2013

Parmi les chantiers les plus difficiles à mettre en œuvre, l'agenda économique et social

remporte de loin la palme. Stratégie de Lisbonne, problème d’ultralibéralisme et négociations du

budget 2007-2013 sont les trois défis que M. Barroso a bien eu du mal à affronter. L'ultra libéral M.

Barroso a partiellement réussi le pari. Si l’on considère la difficile négociation du budget de l’Union

pour la période 2007-2013, elle « montre que Barroso n'est pas le facilitateur que l'on imaginait».

Quant à la Stratégie de Lisbonne, elle ne sera pas accomplie à la période prévue.

31

Page 32: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

A) Les négociations tendues du Budget 2007-2013

La question du budget 2007-2013 a été difficile et les négociations engendrées très tendues.

« Si nous voulons une Europe ambitieuse, il faut en avoir les moyens » (Ouest France, 20.11.04,

France) argumente M. Barroso. Certes, mais ses détracteurs voulaient 'simplement' un nouveau

remaniement du budget, ou plus précisément le destiner à d’autres politiques et mieux l’équilibrer.

A elle seule, la PAC absorbe 40% du budget, répartis en fonction des besoins propres à chaque

Etats membres, d’où les querelles suscitées. Pour sa défense, le Président explique que « si nous

sommes convaincus que l’action européenne est une valeur ajoutée, il faut y mettre le prix » (Ouest

France, 20.11.04, France). L'évaluation du prix est une tâche extrêmement ardu et le consensus

difficile à obtenir.

Lors des négociations budgétaires, le Président explique que « le sommet commence et nous

devons décider du budget de l'UE à long terme. L'impasse actuelle est néfaste, et quelques projets

doivent être annulés, sinon un accord ne pourra être obtenu » (Svenska Dagbladet, 02.12.05,

Suède). Le budget proposé par M. Barroso est difficile à défendre. Il désire en effet l'augmenter à

1.14 % du PIB, alors que 40% est dépensé dans la PAC. Cette option ne convient pas aux

Britanniques qui en bénéficient guère, en dépit de leur large contribution. Ce ne sont pas les seuls à

critiquer. Les vingt-cinq n'arrivent pas à se mettre d'accord. Selon la Tribune, « si cette négociation

devait à nouveau capoter en ce mois de décembre, l’Europe s’enfoncera dans la crise » (La

Tribune, 08.12.05, France). Peu subtile, le Président de la CE affirme qu’« aucune institution n’a le

statut de vache sacrée » (La Tribune, 08.12.05, France). Pourtant il a raison, «un budget de 1% est

insuffisant. Il n’est pas réaliste d’avoir plus d’ambition pour l’Europe à 25, bientôt 27, avec moins

de moyens. On ne peut pas sans effort supplémentaire répondre aux attentes de nos concitoyens»

(M., 22.09.04, France). M. Barroso a réussi son pari, les Etats membres y ont mis (partiellement) le

prix.

La question de l’orientation du budget se pose également au niveau des aides régionales qui

représentent une forte portion des dépenses. La Roumanie et la Bulgarie étant les Etats les plus

pauvres de l'UE, ils en sont les principaux bénéficiaires. Pour contenter les Hongrois, Barroso leur

affirme que « les nouveaux Etats membres ont apporté plus de dynamisme dans la vie de l’Europe,

ce qui doit être récompensé grâce au support de leur développement » (Magyar Nemzet, 07.12.05,

Hongrie). « L’Europe a besoin d’un budget ambitieux et juste. Pour cela un accord doit être atteint

32

Page 33: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

au Sommet » (Magyar Nemzet, 07.12.05, France), explique-t-il. Qu’en est-il dans les faits ?

Explications.

M. Barroso a partiellement gagné. Bien que le budget voté (2007-2013) ne représente pas

1.14 du PIB de chaque Etats, le budget de 2007 correspond déjà à 1,08 % du revenu national brut

(RNB) de l'UE. Il consacre plus de « fonds à la compétitivité et la cohésion dans l'UE-27 ». Il

s’élève donc « à 126,5 milliards d'euros en crédits d'engagement, ce qui représente une hausse de

5,0 % par rapport à 2006 » (http://ec.europa.eu/budget/budget_detail/current_year_fr.htm). Au

travers du budget 2007, on peut constater que M. Barroso a réussi son pari, puisque les dépenses

octroyées à la compétitivité et la cohésion ont largement accru (43%). Le Portugais se donne les

moyens pour atteindre les objectifs de la Stratégie de Lisbonne. Les chiffres annoncés pour le

budget 2007 sont cependant peu clairs. L'opacité semble voulue. Prenons simplement l'exemple de

la 'case' croissance durable, qui représente 43% du budget. Elle comporte à la fois les termes :

« investir dans la compétitivité » et « favoriser la cohésion entre les régions ». Les 40% des

dépenses sont-elles octroyées à la compétitivité et 3% dans les politiques de cohésion régionale ou

l'inverse?

Pour la première fois, dans le budget 2008, les dépenses engagées pour les politiques en

faveur de la croissance et de l'emploi représenteront la part la plus élevée du budget, devant celles

consacrées à l'agriculture et aux ressources naturelles. Tel est le principal message qu'adresse la

Commission dans ses propositions budgétaires pour 2008. S'établissant à 129,2 milliards d'euros en

crédits d'engagement, le budget augmente de 2 % par rapport à 2007. Les crédits de paiement sont

fixés à 121,6 milliards d'euros, ce qui représente une hausse de 5,3 %. M. Barroso se donne les

moyens de ses ambitions.

B) La Stratégie de Lisbonne : une utopie irréalisable pour 2010 ?

Le Président de la Commission a relancé la Stratégie de Lisbonne, pour une « économie de

la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 ». Pour lui et son

commissaire M. Frattini, « cette stratégie libérera le potentiel de dynamisme économique que

recèle l’Europe. Elle renforcera son attractivité comme pôle d’investissement et marché du travail,

en faisant de la connaissance et de l’innovation les moteurs d’une croissance et d’une création

33

Page 34: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

d’emplois durables » (FIG., 31.05.05, France). Concrètement, sur le terrain, la stratégie est-elle en

proie d’atteindre ses objectifs pour 2010 ? Il faudrait un miracle. M. Barroso est trop optimiste voir

utopiste. La Stratégie est en outre « un vaste programme, durement critiqué par la gauche, qui la

juge trop favorable aux marchés » (Expresso, 17.03.05, Portugal). Rapidement, le Président prend

conscience de l’étroitesse de son échéance. Il renvoie la faute aux autres et « concède que les chefs

de l’UE ont été « trop ambitieux » en prenant comme date cible 2010 » (FT, 20.08.04, Royaume-

Uni). Il ajoute que « le but de devenir l’économie la plus compétitive dans le monde est une des

choses que nous pouvons achever, et nous ne devons pas être découragés » (FT, 20.08.04,

Royaume-Uni). Il est important de signaler que la Stratégie de Lisbonne a été adoptée en 2000, sous

la charge de Romano Prodi. L'Italien a sans aucun doute une part de responsabilité dans la faiblesse

des résultats.

C) Barroso l’ultralibéral?

A peine nommé, le nouveau Président de la CE annonce 'sa' couleur. Il promet que « les

réformes économiques seront au cœur des cinq années de mandats» (FT, 20.08.04, Royaume-Uni).

Ses « intentions ne pourraient pas être plus claire ou d’un point de vue business plus amical » (FT,

20.08.04, Royaume-Uni). Selon le journaliste Thomas Fuller (IHT, 03.02.05, Etats-Unis), la volonté

de déréglementation lancée par M. Barroso n'est destinée qu’à créer un cadre favorable aux

entreprises. Le crédo se précise. Le couple franco-allemand est mécontent. Il a perdu du terrain.

L’Europe évolue lentement mais surement vers une économie de marché. L’UE est en pente raide

vers un libéralisme pur et dur. Dans ce domaine, M. Barroso possède des arguments de défense

extrêmement réaliste. « La mondialisation va se produire qu’on le veuille ou non. Cette évolution

est largement déterminée par des mouvements qu’on ne contrôle pas politiquemuent : les progrès

technologiques » (La Croix, 14.12.05, France) explique-t-il. Face aux défis que suscite la

mondialisation, il faut désormais apporter des réponses. Le Président y est prêt. Il légitime ses choix

de façon judicieuse, « c’est pour le consommateur que l’Europe se bat, et nous sommes tous des

consommateurs. La Commission est le numéro un au monde comme régulateur de prix » (Paris

Match, 25.07.06, France).

34

Page 35: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

V – Guerre en Irak et Problèmes environnementaux : les soucis de Barroso

A) Les relations américo-européennes et la guerre en Irak

M. Barroso entretient de très bonnes relations avec le Président des Etats-Unis. Vu la côte de

popularité de Georges W. Bush en Europe, cela ne joue guère en sa faveur. Enthousiaste à l’idée de

l’accueillir à Bruxelles, le Portugais a affirmé « très sincèrement, George Bush est beaucoup mieux

en privé qu’il n’apparait à la télévision ». « C’est une homme chaleureux, sympathique, spontané »

(FIG., 18.02.05, France), a-t-il ajouté. Les deux hommes s’appelleraient même par leurs prénoms.

Faut dire que M. Bush le lui doit bien. Il l’a d’ailleurs « remercié pour les 200 millions d’euros que

la Commission a débloqués pour l’Irak » (FIG., 18.02.05, France). Son soutien aux Etats-Unis dans

le conflit irakien, voilà le souci majeur du Portugais ainsi qu'une des causes de sa non popularité.

Ce point sensible est à considérer. Atlantiste convaincu, Barroso a « adopté une position

nettement proaméricaine au moment de l’intervention en Irak » (Euractiv, 27.09.04, Are the

economics of the new Commission too Liberal?). De ce fait, dès son arrivée à la tête de l’exécutif

européen, le monde entier s'inquiètait de la coloration idéologique de la nouvelle Commission.

Alors qu’il était Premier Ministre du Portugal (mars 2003), Barroso a réuni aux Açores George W.

Bush, Tony Blair et José Maria Aznar. Aux eurodéputés qui essaient de lui faire dire qu'il a eu tort,

il assure: «je ne suis pas un va-t-en guerre», mais «s'il y a une guerre entre un allié du Portugal et

un Etat comme celui de Saddam Hussein, je ne peux pas rester neutre» (La Libre Belgique,

19.11.04, Belgique).

M. Barroso défend sa position: « il n'y a aucune contradiction entre partisans de

l'intégration européenne et l'atlantisme » (L’Humanité, 23.08.04, France). Il se veut proche des

Etats-Unis. « Vous pouvez construire l’Europe soit comme un complément, soit comme un

contrepoids par rapport aux Etats-Unis. C’est stupide de la voir comme un contrepoids. Dans

certains pays européens, il existe l’idée que nous serons indépendants si nous faisons contrepoids.

C’est stupide » (IHT, 03.07.04, Etats-Unis) affirme le Président. Entretenir de bonnes relations

diplomatiques avec les Etats-Unis est primordiale. Il est important d'être leur allié pour mener à

bien une politique libérale, pour atténuer le sentiment anti-américain qui sévit dans le monde

entier… Le Président de la CE l’a bien compris.

35

Page 36: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

B) Défis environnementaux

Ces dernières années, personne n’a pu y échapper. Dans le monde entier, mais aussi aux

quatre coins de l’Europe, le thème politique 'fashion' du moment c’est l’environnement. Dans ce

domaine là, M. Barroso est à la pointe de la mode. Il a bien compris que les enjeux

environnementaux marchaient bien avec les euro-citoyens. Il se voue ainsi une nouvelle passion

pour ce thème, car la question environnementale est peu sujette à débat et opposition. Tout le

monde s’accorde sur les nombreux défis environnementaux. La gauche comme la droite en usent et

en abusent. Peu de personnes aujourd’hui vous affirmeront que le changement climatique n’est pas

un problème majeur.

1) M. Barroso glisse doucement vers la cause environnementale

M. Barroso a bien compris le filon 'écolo'. C’est pourquoi, il a glissé sur la vague en temps

voulu. L'ironie de l'histoire est que durant la controverse suscitée par le projet REACH, M. Barroso

a contribué à plomber la première proposition, qui était plus favorable aux environnementalistes.

Peu importe. En 2007, il est un autre homme. La Stratégie de Lisbonne priorité suprême de la

Commission en 2004 est difficilement applicable? Il suffit de trouver un nouveau cheval de bataille.

La solution gagnante? Un thème quasi-consensuel: les problèmes énergétiques, le changement

climatique et le développement durable ! Pour prouver sa bonne foi, le Président de la CE en

appelle à « une réaction à l'échelle européenne. La dimension européenne est essentielle, car les

actions individuelles des Etats membres, chacun de leur côté, seront inefficaces »

(http://ec.europa.eu/news/around/061204_fra_fr.htm, 14.12.06, « Environnement: le Président

rencontre Nicolas Hulot »). M. Barroso deviendrait-il un écolo ?

Prêt à tout, le Portugais n'hésite pas à se faire photographier au côté du Premier ministre

Danois Fogh Rasmussen (24 au 26 juin 2007) sur un traineau au Groenland. L'objectif de la visite

est d’observer les conséquences dues au changement climatique. Le Président explique que « le

Groenland est en première ligne de la bataille contre le changement climatique. Il en éprouve déjà

certains effets profonds. Nous risquons littéralement une fonte des glaces, si nous n'agissons pas

tout de suite, non seulement pour le Groenland mais aussi pour l'Europe et le reste du monde. Rien

ne remplace l'observation directe » (Actu environnement, 21.06.07, J. M. Barroso et Fogh

36

Page 37: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Rasmussen se rendront au Groenland). M. Barroso serait-il un nouveau Nicolas Hulot? Il l’a en

tous les cas rencontré (2007) pour discuter des défis environnementaux…

2) Paradoxe quand tu nous tiens…

M. Barroso est dorénavant engagé dans la cause environnementale. Paradoxalement, il ne

l’est pas personnellement dans la vie de tous les jours. A Jean Quatremer de nous rappeler que le

Président roule « en 4X4 Volkswagen, un engin qui consomme 13,2 litres au cent en ville et rejette

265 grammes de CO2, le principal gaz à effet de serre, soit presque deux plus que l’objectif de 140

grammes fixé, en 1998, par…l’exécutif européen» (Les coulisses de Bruxelles, 06.06.06, Mon

beauf). Pour 'féliciter' cette action, le 26 mai 2006, Agir pour l'Environnement, le Réseau Action

Climat France et Transport and Environment (T&E) a remi officiellement la palme d'Or du Prix

Tuvalu du dérèglement climatique au Président. Ce prix est décerné à l'acteur politique ou

économique de l'année ayant démontré son incapacité à agir en faveur de la lutte contre le

dérèglement climatique. Comment peut-on sensibiliser les euro-citoyens aux enjeux climatiques

tout en conduisant un 4x4 gourmand en carburant ? Mystère. Il semblerait que le mot d’ordre du

Président soit: 'faites ce que je dis mais pas ce que je fais'...

3) Sommet de mars 2007

Au sommet de Bruxelles, les vingt-sept ont adopté une stratégie ambitieuse de lutte contre le

réchauffement climatique. « L'Union a établi une série d'objectifs contraignants en matière de

politique énergétique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et inciter les plus gros

pollueurs de la planète, Etats-Unis et Chine en tête, à suivre son exemple » (L’Express, 09.03.07,

France). Les dirigeants européens se sont (pour une fois) mis d’accord sur l’importance d’un accord

visant à inciter les plus gros pollueurs - Etats-Unis, Chine, Russie et Inde - à prendre au sérieux le

menace du réchauffement de la planète. « Nous pouvons une fois de plus dire au reste du monde:

'l'Europe prend les devants, vous devriez nous rejoindre' » (L’Express, 09.03.07, France), a déclaré

M. Barroso. Cette nouvelle initiative joue en faveur du Portugais. Elle démontre des désirs de réels

progrès en matière d'environnement.

37

Page 38: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Conclusion

A la vue des malencontreuses aventures du Portugais, il est facile de vilipender, de crier à

l’erreur de nomination. Il est aisé de penser que plutôt que de proposer un plan B à la Constitution,

il aurait mieux fallu proposer un plan C à la désignation du Portugais.

L'étude du 'phénomène' politique Barroso est complexe. Après documentation et réflexion,

on se rend compte que dresser un portrait du Portugais est extrêmement difficile. Il s'avère

extrêmement difficile d'avoir une opinion tranchée. J'ai décidé de laisser au lecteur le choix de

répondre à la problématique de départ: 'M. Barroso est-il le pire ou le meilleur pour l'Europe'. Mon

étude m'a démontrée que rien n'est catégorique. M. Barroso n'est ni pire, ni meilleur. Seulement un

politique en proie à de multiples conflits d'intérêts. Rien est noir ou blanc! La politique est un

domaine difficile où le parcours est souvent semé d'embûche.

M. Barroso est actif, réactif et pro-actif. Il a souvent des difficultés à faire rapidement face

aux crises. Normal, si l'on considère le fait qu'il doit gérer les conflits d'intérêts de vingt sept pays!

Le Portugais est un politique extrêmement compétent, doué d'expérience et connaissant bien les

difficiles rouages de son métier.

Le portrait de M. Barroso est plein de contrastes. Mais quel personnage politique a suivi un

parcours carré? Difficilement cernable, le Portugais semble tel un caméléon s'adapter aux situations

qui se présentent à lui. En dépit des critiques, des crises, des scandales, M. Barroso est toujours

retombé sur ses pattes. Il est toujours à la tête de la CE. D'après les rumeurs de couloirs de la CE, il

pourrait d'ailleurs effectuer un second mandat dès 2009.

Rien n'est plus aisé que de critiquer. Il est néanmoins important d'observer les faits. M.

Barroso n'a pas choisi le contenu du TCE. Il l'a hérité de la Commission R. Prodi. Il en va de même

pour l'élargissement. On peut critiquer ses choix en fonction d’où l’on se positionne sur l’échiquier

politique, ses erreurs quelquefois grossières, mais il a les épaules pour porter l’Europe. C’est vrai, il

n’a pas encore mené des politiques de grandes envergures. Mais à l’heure où je rédige ce mémoire,

les principes d'un nouveau traité ont été accepté au Conseil européen (bien que rien n'est été

officiellement signé), des progrès dans le domaine des défis liés à l’environnement menés, la

communication sur l’Europe se fait de plus en plus entendre…

38

Page 39: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

L'optimisme est de rigueur. M. Barroso a encore deux années pour faire ses preuves. La

prochaine présidence du Conseil de l’UE du second semestre 2007 (le Portugal) devrait en tous les

jouer en sa faveur. Le programme du Portugal ne manque pas d’ambition : « un nouveau traité, la

préparation de la prochaine étape de la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi, la

justice, la liberté et la sécurité dans un espace Schengen sans frontières élargi, ainsi que les

relations de l'Union avec le reste du monde, et en particulier avec l'Afrique »

(http://ec.europa.eu/commission_barroso/president/focus/eu2007pt/index_fr.htm, 29.06.07, Une

Union plus forte pour un monde meilleur). Voilà de quoi redorer son blason… Sa politique reste à

suivre à la loupe.

39

Page 40: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Epilogue

J’ai dû faire des choix, pour des questions de pertinence et de respect des critères

d’évaluation (notamment par rapport à la limitation du nombre de pages). J’ai par exemple décidé

de ne pas m'étendre sur la controverse suscitée par Reach, mais de traiter plus en détails des crises

majeures s’étant succédées sous le mandat de M. Barroso. Un mandat de trois ans à la tête de la CE

est en réalité très long. Il m’aurait fallu de ce fait un Travail de Fin d’Etudes d’environ 150 à 200

pages pour être la plus complète possible.

Cette étude a été longue à mener, puisque les sources pertinentes étaient difficiles à trouver

et plutôt rares. En effet, à mon grand étonnement, la presse européenne et internationale parle peu

de M. Barroso en tant qu’homme politique à proprement parler.

Je tiens à souligner que je me suis réellement passionnée pour ce travail de fin d’études. Il

est devenu à mes yeux un passe-temps pour lequel j’ai éprouvé beaucoup de plaisir. Ma passion

pour la politique européenne et internationale, ainsi que le plaisir que j'ai pu avoir à effectuer cette

étude ont remis en question mes ambitions. L'année prochaine, je pense d'ailleurs effectuer un

Master II en politique internationale à l'Université Libre de Bruxelles pour me réorienter dans le

futur dans la communication politique. Une de mes ambitions serait d'écrire les discours des

politiques et pourquoi pas leurs biographies. Quoi de plus passionant que de suivre un homme

politique durant son mandat, à travers ses échecs, ses peurs, ses doutes?

40

Page 41: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Sources

Presse

Belgique

Libre Belgique (La), 19/11/2004, VERHEST Sabine, l’énigme Barroso.

Canada

Devoir (Le), 16/04/2005, TRUFFAUT Serge, Le mouton noir, p. 4.

Devoir (Le), 16/06/2005, RIOUX Christian, A la recherche du « plan B »: l'Europe en crise se

dirige vers une « pause » du processus référendaire, p.1.

Devoir (Le), 28/09/2006, TAILLEFER Guy, Indigestion européenne, p. 6.

Presse Canadienne (La), 11/12/2004, le Premier ministre portugais annonce la démission de son

gouvernement.

Tribune (La), 5/11/2004, Europe: un remaniement de Barroso, p. 2.

Etats-Unis

International Herald Tribune, 3/07/2004, VICONUR John, Barroso's ways of building Europe, p.1.

International Herald Tribune, 28/10/2004, BOWLEY Graham, Barroso backs down on EU team, p.

1.

International Herald Tribune, 23/11/2004, BOWLEY Graham, EU chief vows to champion reforms,

p. 1.

International Herald Tribune, 13/04/2007, EU chief Barroso wants June summit to agree on a

« road map toward a European Constitution ».

41

Page 42: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

France

Croix (La), 28/10/2004, QUINIO Dominique, Commission européenne. La fête amère, p. 1.

Croix (La), 14/12/2005, Interview de Barroso, Barroso confiant dans la « force de l’Europe ».

Croix (La), 25/04/2007, Mini sommet sur la Constitution au Portugal: Barroso fait marche arrière.

Echos (Les), 17/09/2004, Concurrence: Barroso prend la défense de sa commissaire, p. 1.

Echos (Les), 17/5/2005, BARROSO José Manuel, L'Europe, le rêve et la nécessité, pp 13-14.

Figaro (Le), 30/06/2004, José Manuel Durao Barroso, un atlantiste à Bruxelles, p. 1, 5.

Figaro (Le), 13/08/2004, Le nouveau visage de la Commission européenne, p. 1, 5.

Figaro (Le), 22/10/2004, La future équipe Barroso sous le coup d'une censure des députés,

Commission européenne. La fête amère, p. 1, 7.

Figaro (Le), 23/11/2004, Les déboires de Jacques Barrot, commissaire européen, p. 1, 5.

Figaro (Le), 12/01/2005, AVRIL Pierre, José Manuel Barroso emboîte le pas à Jacques Chirac sur

la Constitution, p. 5.

Figaro (Le), 18/02/2005, BOUILHET Alexandrine, Barroso: “Bush est plus sympa qu’à la télé!”,

p. 7.

Figaro (Le), 18/03/2005, AVRIL Pierre, Directive Bolkenstein: Barroso persiste et signe, p. 5.

Figaro (Le), 31/05/2005, BARROSO José Manuel et FRATTINI Franco, Quel partenariat pour le

renouveau européen?, p. 15.

Figaro (Le), 28/11/2005, BARROSO José Manuel, le partenariat euro-méditerranéen, pour le

dialogue et l’action, p. 22.

Figaro (Le), 9/05/2006, BOUILHET Alexandrine, Constitution: José Manuel Barroso active le

« plan B ».

Figaro (Le), 29/09/2006, AVRIL Pierre, L'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie met en

lumière le grippage de l'Union, p. 15.

Humanité (L’), 30/06/2004, CEIBE Cathy, l’Europe précipite une crise politique au Portugal.

Humanité (L’), 23/08/2004, OKBA Lamrani, La Commission européenne veut s'affranchir du

social, p. 13.

Libération, 28/10/2004, QUATREMER Jean, Une crise qui muscle le Parlement, p. 2.

Monde (Le), 2/03/2004, BARROSO José Manuel, Approfondissons l'Union européenne bien sûr,

42

Page 43: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

mais comment?, p. 1.

Monde (Le), 14/08/2004, Les Libéraux en force à Bruxelles, p. 1.

Monde (Le), 22/09/2004, FERENCZI Thomas, LEPARMENTIER et RICARD Philippe, Turquie,

France: les critiques et le plaidoyer de M. Barroso, Interview de Barroso.

Monde (Le), 21/10/2004, Europe: controverse autour des valeurs chrétiennes, p. 1.

Monde (Le), 23/10/2004, Epreuve de force entre Barroso et les eurodéputés, p. 1.

Monde (Le), 7/02/2007, RICARD Philippe, L'Allemagne freine sur la réduction des émissions de

CO2 des automobiles.

Monde (Le), 13/04/2007, UE Barroso souhaite un nouveau traité constitutionnel dès 2009.

Monde (Le), 26/04/2007, RICARD Philippe, José Manuel Barroso annule une initiative de mini

sommet.

Nouvelle République du Centre-Ouest (La), 1/07/2004, Laisser un nom, p. 1.

Parisien (Le), 4/04/2006, GARACH Christophe, Bruxelles ne veut plus de la directive Bolkenstein,

p. 6.

Ouest France, 20/11/2004, Barroso pour une Europe ambitieuse, Interview de Barroso.

Ouest France, 12/11/2005, Union: Bourlanges tire à vue sur Barroso, p. 2.

Tribune (La), 8/12/2005, Il faut plus d’esprit européen, Interview de Barroso.

Hongrie

Magyar Nemzet, 7/12/2005, BARROSO José Manuel, Az EU-nak igazsagos koltségvetésre van

szuksége, (The EU needs a just budget).

Italie

Corriere della Sera, 12/01/2005, Patto di stabilità ? Adeguarlo, non ucciderlo, p1, 5.

Corriere della Sera, 26/10/2006, SARCINA Giuseppe, Europa e Turchia? Rischi di un trauma,

(Interview de Barroso, Europe et Turquie? Risque de traumatisme), p. 1, 7.

43

Page 44: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Lituanie

Lietuvos Rytas, 6/05/2005, Bruselis nespleia optimizmo del ateities, Interview de Barroso, p. 8.

Pologne

Gazeta Wyborcza,, 17/06/2006, NIKLEWICZ Konrad, Rozszerzenia UE trzeba konsultowac,

(Interview de Barroso, EU enlargements need to be consulted), p. 7.

Wycinki Prasowe, 2/12/2007, EC president: Poland can rely on Brussels.

Portugal

Expresso, 17/03/2005, DE ROSARIO Daniel, Les cents jours de Durao Barroso: le président qui

ne voulait pas être néolibéral, p. 20.

Royaume-Uni

Financial Times, 20/08/2004, BUCK Tobias, The Barroso agenda: Europe’s people want us to help

solve their problems.

Financial Times, 22/10/2004, O'DOHERTY John and PARKER George, Barroso struggling for

votes after bid to sway MEPs over Buttiglione fails, p. 1.

Financial Times, 22/10/2004, O'DOHERTY John and PARKER George, Incoming Brussels chief

scrambling for supporton controversial team selection, p. 1.

Financial Times, 2/02/2005, Barroso to focus on jobs and growth, p.11, 12, 16.

Guardian (The), 23/11/2004, GOW David, EU transport chief clings on to his job.

Independent (The), 18/02/2005, CASTLE Stephen, Barroso sings the praises of Bush to sceptical

Europeans, p. 26.

Times (The), 19/11/2004, WATSON Rory, MEPs give new team approval.

44

Page 45: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Suède

Svenska Dagbladet, 2/12/2005, BARROSO José Manuel, EU:s trovaedighet i fara, (The EU's

credibility is at risk), p. 5.

Suisse

Temps (Le), 28/06/2004, Avec le Portugais Barroso, la Commission européenne tient enfin son

président, p. 1.

Temps (Le), 14/04/2005, SULSER Eléonore, Le « non » français, symptôme d'un élargissement mal

digéré?.

Temps (Le), 7/06/2007, WERLY Richard, La porte du G8 reste ouverte pour un accord a minima

sur le climat.

Hebdomadaire - Mensuel

Courrier International, 8/07/2004, MOREIRA Vital, Durão Barroso devrait avoir honte!, extrait de

Público (Lisbonne), p. 24.

Expansion (L’), 01/2006, VALANCE Georges, L'Europe en manque de France, p. 3., n° 0704.

Express (L’), 9/03/2007, L’Union européenne en pointe sur le changement climatique.

Nouvel Observateur (Le), 26/04/2007, Barroso contraint de modifier la forme du sommet à huit

clos sur la Constitution européenne.

Paris Match, 25/07/2006, Interview de Barroso, l’Europe a visage humain, pp 50-53.

Point (Le), 5/10/2006, BEYLEAU Pierre et FRANCO Alain, Les quatre vérités de Barroso,

(Interview), pp68-70.

45

Page 46: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Agence de Presse

AFP Infos Economiques, 16/11/2004, UE: le commissaire hongrois Kovacs défend son passé

politique devant le PE.

Discours

Speech to the nation on accepting the invitation to serve as President of the European Commission,

(Comunicação ao País sobre a aceitação do convite para a presidência da Commissão Europeia) by

José Manuel Durão Barroso, Lisbonne, 29 juin 2004.

Discours de M. Hans-Gert Poettering Président du Groupe du PPE-DE au Parlement européen, 21

juillet 2004.

Speech: « Presentation of Bulgaria and Romania accession report », by José Manuel Barroso,

European Parliament, Strasbourg, 26/09/2006.

Discours « Etat de l'Union et avenir de l'Europe », par José Manuel Barosso, Université Catholique

de Louvain, 8/11/2006.

Autres Sources

Euractiv, 27/09/2004, MORSELLI Lorenzo, Are the economics of the new Commission too

Liberal?, (translated by Matthams Kate).

Euractiv, 23/11/2004, L'affaire Barrot prend une tournure juridique.

Euractiv, 16/04/2007, Barroso réclame un nouveau traité européen pour 2009.

46

Page 47: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

Blog- http://bruxelles.blogs.liberation.fr / Les coulisses de Bruxelles, QUATREMER Jean,

04/07/2007, Barroso, le portrait qui a déplu.

http://www.actu-

environnement.com/ae/news/climat_barroso_ramusen_reunion_groenland_2899.php4, Article

intitulé : Climat : J. M. Barroso et Fogh Rasmussen se rendront au Groenland, 21/06/2007. Actu-

Environnement

EUROPA

http://ec.europa.eu/commission_barroso/president/focus/eu2007pt/index_fr.htm - Article intitulé:

Une Union plus forte pour un monde meilleur, 29/06/2007.

http://ec.europa.eu/commission_barroso/president/personal/profile/index_fr.htm

http://ec.europa.eu/budget/budget_detail/current_year_fr.htm

http://ec.europa.eu/budget/budget.fr

47

Page 48: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS .............................................................................................................................. 3

SIGLES ET ABRÉVATIONS ........................................................................................................... 4

INTRODUCTION .............................................................................................................................. 5

I/ LA NOMINATION DE JOSÉ MANUEL DURÃO BARROSO ................................................ 8

A) DE PREMIER MINISTRE DU PORTUGAL À PRÉSIDENT DE LA COMMISSION EUROPÉENNE..............................81) M. BARROSO UN « MORCEAU » DE DERNIER CHOIX ?.................................................................................82) DÉSERTION DE SA PATRIE DANS UN MOMENT CRITIQUE.............................................................................. 11B) UN INCIPIT DIFFICILE : LE CHOIX DES COMMISSAIRES............................................................................141) BARROSO ET SES COMMISSAIRES: UN CHOIX DISCUTABLE........................................................................... 142) UNE FEMME D’AFFAIRES EN CHARGE DE LA CONCURRENCE : LE CAS NELLIE KROES..................................... 163) UN RÉACTIONNAIRE, HOMOPHOBE ET CONSERVATEUR EN CHARGE DE LA JUSTICE, DES LIBERTÉS ET DE LA SÉCURITÉ : LE CAS ROCCO BUTTIGLIONE....................................................................................................174) LA VALIDATION DU COLLÈGE DES COMMISSAIRES : UN PARI À MOITIÉ RÉUSSI................................................ 195) L’AFFAIRE DE FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES : LE CAS JACQUES BARROT.......................................... 20C) LES COMMISSAIRES DURANT LEURS MANDATS.......................................................................................211) DES COMMISSAIRES INTENABLES!...........................................................................................................212) 2006 LE RETOUR À LA CASE 2004 : LE CAS VARUJAN VOSGANIAN............................................................21

II – L’ÉCHEC DE LA CONSTITUTION EUROPÉENNE ......................................................... 22

A) AVANT LE 'NON'............................................................................................................................22B) LES CONSÉQUENCES DU « NON »......................................................................................................23C) DES TENTATIVES DE SOLUTION LOUPÉES.............................................................................................. 231) LA PAUSE DE « RÉFLEXION »............................................................................................................... 242) A QUAND LA PÉRIODE D’ACTION ?.........................................................................................................25

III – ELARGISSEMENT : 15 + 10 + 2 = 27 ! ................................................................................ 26

A) LE « NON ! » LIÉ À L'ÉLARGISSEMENT............................................................................................. 27B) DE 15 À 27 : LE DÉBUT DE LA FIN ?...................................................................................................28C) LA DIRECTIVE BOLKESTEIN ET SES CONSÉQUENCES SUR L’ÉLARGISSEMENT.............................................30D) LES CANDIDATS À L'ADHÉSION: LA CROATIE ET LA TURQUIE................................................................30

IV – LES TROIS CHEVAUX DE L’APOCALYPSE : LA STRATÉGIE DE LISBONNE, LE

48

Page 49: José Manuel Durão Barroso le pire ou le meilleur pour l’Europeddata.over-blog.com/xxxyyy/0/51/88/71/tfe_1_roxane.pdfIntroduction « José Manuel Durão Barroso, qui garde jalousement

NÉO-LIBÉRALISME ET LE BUDGET 2007-2013 ..................................................................... 31

A) LES NÉGOCIATIONS TENDUES DU BUDGET 2007-2013..........................................................................32B) LA STRATÉGIE DE LISBONNE : UNE UTOPIE IRRÉALISABLE POUR 2010 ?................................................33C) BARROSO L’ULTRALIBÉRAL?..............................................................................................................34

V – GUERRE EN IRAK ET PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX : LES SOUCIS DE BARROSO ........................................................................................................................................ 34

A) LES RELATIONS AMÉRICO-EUROPÉENNES ET LA GUERRE EN IRAK...........................................................35B) DÉFIS ENVIRONNEMENTAUX................................................................................................................361) M. BARROSO GLISSE DOUCEMENT VERS LA CAUSE ENVIRONNEMENTALE.......................................................362) PARADOXE QUAND TU NOUS TIENS…..................................................................................................... 373) SOMMET DE MARS 2007......................................................................................................................37 ........................................................................................................................................................... 37

CONCLUSION ................................................................................................................................ 38

EPILOGUE ....................................................................................................................................... 40

SOURCES ......................................................................................................................................... 41

PRESSE................................................................................................................................................. 41Belgique..............................................................................................................................................41Canada................................................................................................................................................ 41Etats-Unis........................................................................................................................................... 41France................................................................................................................................................. 42Hongrie............................................................................................................................................... 43Italie....................................................................................................................................................43Lituanie...............................................................................................................................................44Pologne............................................................................................................................................... 44Portugal ..............................................................................................................................................44Royaume-Uni..................................................................................................................................... 44Suède.................................................................................................................................................. 45Suisse..................................................................................................................................................45HEBDOMADAIRE - MENSUEL................................................................................................................... 45AGENCE DE PRESSE............................................................................................................................... 46DISCOURS..............................................................................................................................................46AUTRES SOURCES.................................................................................................................................. 46

49