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14 | Printemps 2014 Les femmes prennent la plume JEAN-NUMA  DUCANGE R é s u m é s  Franç ais Engli sh L'articl e présente The rese Schlesinger, figure de la so cial-démocr atie autrichienne, notamment ses contributions parues dans les principales revues de la social-démocratie allemande. Il montr e comment nombre de ses publi cat ions, notamment de nombr eux compt es-rend us d'ouvrages, ont contribué à en faire une des personnalités féministes majeures de l'époque, à la charnière de l'Autriche et de l'Allemagne. Une de ses contributions sur l'histoire des femmes est publi ée au moment de la cri se « révis ionnis te », qui met en cause les fondements du marx isme. C ette publ icat ion montre l'hab ilité de Schles inger , cap able de mobil iser des courants différents au service de sa principale cause : la bataille pour la reconnaissance de la légitimit é des luttes féministes au sein du mouve ment ouvrier. The article presents Therese Schlesinger, a major figure of Austrian social democracy, in par tic ular her art icles publi shed in the lead ing journals of the Germa n Soci al Democra cy. It shows how a lots of its publi cat ions, includ ing many reviews of books, helped make a major feminist figures of the time, at the crossroads of two contries, Austria and Germany. One of his contributions on the history of women is published at the time of "revisionist" crisis, which put s into ques ti on the found ations of ma rx ism. Thi s pub lica ti on shows the ab il it y to Schlesinger, capable of mobilizing different currents service its main cause: the battle for recognition of the legitimacy of feminist struggles in the labor movemen t. En t r é es d ’i ndex  Mots-clés : Socialisme , Social-démocratie , Réformisme, Révolution, Féminisme, Autriche,  Allemagne, XIXe siècle, XXe siècle Prendre la plum e pour sim poser dans le parti ? Le cas de Therese Schl... http://genrehistoire.revues.org/1895#text 1 di 11 28/07/2015 8.51

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7/23/2019 JEAN-NUMA DUCANGE, Prendre la plume pour s'imposer dans le parti? Le Cas de Therese Schlesinger, militante du…

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14 | Printemps 2014Les femmes prennent la plume

JEAN-NUMA  DUCANGE

Résum és 

Français EnglishL'article présente Therese Schlesinger, figure de la social-démocratie autrichienne, notammentses contributions parues dans les principales revues de la social-démocratie allemande. Ilmontre comment nombre de ses publications, notamment de nombreux comptes-rendusd'ouvrages, ont contribué à en faire une des personnalités féministes majeures de l'époque, àla charnière de l'Autriche et de l'Allemagne. Une de ses contributions sur l'histoire des femmesest publiée au moment de la crise « révisionniste », qui met en cause les fondements du

marxisme. Cette publication montre l'habilité de Schlesinger, capable de mobiliser descourants différents au service de sa principale cause : la bataille pour la reconnaissance de lalégitimité des luttes féministes au sein du mouvement ouvrier.

The article presents Therese Schlesinger, a major figure of Austrian social democracy, inparticular her articles published in the leading journals of the German Social Democracy. Itshows how a lots of its publications, including many reviews of books, helped make a majorfeminist figures of the time, at the crossroads of two contries, Austria and Germany. One of hiscontributions on the history of women is published at the time of "revisionist" crisis, whichputs into question the foundations of marxism. This publication shows the ability toSchlesinger, capable of mobilizing different currents service its main cause: the battle forrecognition of the legitimacy of feminist struggles in the labor movement.

En t rées d ’i n d ex 

Mots-clés : Socialisme, Social-démocratie , Réformisme, Révolution, Féminisme, Autriche, Allemagne, XIXe siècle, XXe siècle

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Keywords : Socialism, Social democracy , Reformism, Revolution, Feminism, Austria,Germany , XIXth century , XXth century 

Text e i n tég r a l 

Si Therese Schlesinger est une des militantes sociales-démocrates les pluscélèbres du mouvement ouvrier autrichien1, notamment pour son action après la

Première Guerre mondiale, elle demeure peu connue en France par rapport àd’autres figures comme par exemple la sociale-démocrate allemande devenuecommuniste à partir de 1919, Clara Zetkin. Surinvestie par l’historiographieest-allemande, cette dernière a fait l’objet de plusieurs biographies, même après laréunification allemande2. Zetkin est toujours la figure la plus citée dans lessynthèses évoquant l’histoire des femmes et leurs rapports aux partis dumouvement ouvrier. C’est le cas par exemple dans l’ouvrage de Karen Offen, qui necite pas Schlesinger mais mentionne en revanche plusieurs dirigeantes de la social-démocratie allemande3.

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Le rôle de Therese Schlesinger n’en a pourtant pas moins été important. Auniveau du socialisme international, elle est parfois mentionnée pour avoir été unedes rares pacifistes pendant la première guerre, investie dans le cercle « Karl Marx »avec Friedrich Adler. L’une des premières femmes élues députés en 1919 en Autriche et une des seules, à côté d’Adelheid Popp, à avoir été membre du comitédirecteur du Parti social-démocrate autrichien de 1926 à 1932, elle a ainsi occupé desmandats politiques importants et est considérée « avec Käthe Leichter [comme] laseule militante sociale-démocrate de cette époque à défendre des positions de classemais aussi à utiliser une méthode dialectique, une des rares véritables marxistes4 ».Ouverte aux courants de pensée de son époque, elle a fréquenté le milieu despsychanalystes viennois dans l’entre-deux-guerres.

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Sa trajectoire dans les années 1920-1930 étant relativement étudiée et connue,

c’est aux premières étapes de l’itinéraire de Therese Schlesinger que l’ons’intéressera ici, au moment où elle publie ses premiers écrits à la toute fin du XIXe

siècle puis dans les années suivantes. À une époque où la social-démocratieallemande domine largement le socialisme européen, Schlesinger fait partie desmilitants autrichiens qui disposent de rapports parfois étroits avec des dirigeants dela social-démocratie allemande, montrant un réseau de relations étendues au seindu parti, dont peu disposent alors à l’époque. La plus célèbre militante de la social-démocratie autrichienne – du moins en France grâce à une traduction de son journal –, Adelheid Popp5, n’a quasiment rien publié dans les revues allemandes.Therese Schlesinger s’inscrit à la charnière des univers allemand et autrichien : surces échanges et publications au sein des pays germanophones, en particulier la

façon dont des militants investis à l’origine en Autriche deviennent d’importantesfigures dans le SPD, une histoire croisée resterait à écrire6, en intégrant ledéplacement durable de quelques-uns des meilleurs militants de la social-démocratie autrichienne venant par exemple enseigner à l’école du parti allemand,la plus prestigieuse d’Europe7. Le cas de Karl Kautsky (1854-1938) est le pluscélèbre, né à Prague et militant à l’origine de la social-démocratie autrichienne, ouencore Gustav Eckstein qui devient enseignant à l’école du parti en Allemagne aprèsavoir été longtemps militant en Autriche. Gustav Eckstein était par ailleurs le frère...de Therese Schlesinger. S’il existe bien un espace autrichien spécifique, que montrepar exemple de façon très nette la spécificité « austro-marxiste » sur la question du

traitement des nationalités dans l’empire austro-hongrois, n’oublions pas que, dansla continuité des révolutions de 1848, les sociaux-démocrates souhaitaientl’établissement d’une grande République allemande réunissant tous lesgermanophones.

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En étudiant ici une série de publications de Therese Schlesinger, nous entendons4

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ainsi apporter une première pierre à un travail plus vaste sur ces rapports complexesà l’échelle des militant-e-s du monde germanophone. Sans jamais quitter ledomaine autrichien, Schlesinger fait partie des figures connues dans le mondesocial-démocrate avant 1914, fait d’autant plus exceptionnel qu’il s’agit d’unefemme. Un examen attentif de ses publications, notamment dans les deux grandesrevues de la social-démocratie allemande,  Die Neue Zeit   et  Die Sozialistische Monatshefte, permet de mieux comprendre comment Schlesinger a cherché às’imposer dans des lieux où l’écrasante majorité des contributeurs étaient, à l’imagede la direction du parti, des hommes.

Therese Schlesinger n’était pas à l’origine une « fille du peuple ». Née en 1863,issue d’une famille d’industriels cultivés et donc d’origine bourgeoise, elle a, pourreprendre les termes de l’époque, choisi de « rejoindre le camp de la classe

ouvrière » après un premier engagement dans des structures féministes bourgeoises, constituant en cela un cas singulier. En effet, dans les années 1890,elle publie déjà des contributions dans un journal,  Die Volksstimme. Elle lit lapresse sociale-démocrate, mais c’est à l’occasion d’une grande enquête sur lasituation des femmes ouvrières qu’elle rencontre des militants du Parti social-démocrate, notamment Victor Adler, son principal dirigeant. Elle s’en rapprocheprogressivement puis adhère au parti en 1897 à l’occasion d’une campagneélectorale, peu avant que la social-démocratie décide de créer un « Comité desfemmes d’Empire » ( Frauenreichskomitee) pour coordonner le travail du secteurféminin du parti. Elle va devenir alors une des représentantes les plus en vue dumouvement des femmes sociales-démocrates, mouvement dont on sait les

difficultés auxquelles il a dû faire face en Autriche. Significativement, au congrès defondation de la social-démocratie autrichienne de Hainfeld en 1888-1889, on nerepère qu’une seule femme déléguée... qui en fut expulsée, car jugée indésirable !Passons sur les difficultés et les différentes étapes de structuration desorganisations de femmes en marge puis au sein du parti, sur lesquels Paul Pasteuret quelques autres historien-ne-s nous ont livré des études précieuses8   ;l’appartenance n’est pas aisée à saisir et de ce point de vue le rôle de la presse estdécisif, l’ Arbeiterinnenzeitung   (fondé en 1892),  journal des ouvrières sociales-démocrates, constituant un moyen utile pour repérer à la fois le contenu doctrinalmais aussi le nombre de femmes structurées par la mouvance sociale-démocrate.

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Si l’on établit la bibliographie de toutes ses publications, outre ses articles dans lapresse spécifique féminine, il est possible de relever également une forte présencedans la revue théorique de la social-démocratie allemande connue dans toutel’Europe,  Die Neue Zeit  fondée en 1883 par Karl Kautsky, puis dans  Der Kampf ,revue du parti autrichien publiée à partir de 1907. Une correspondance avec KarlKautsky est conservée dans les archives de ce dernier, où l’on peut lire notammentdes propositions de correction de ses articles, montrant des échanges réguliers aveccelui que l’on surnommait alors « le pape du marxisme9 ».

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Sur la Neue Zeit , plusieurs remarques s’imposent. En premier lieu, en publiant detels articles, au-delà des seuls organes propres dédiés aux femmes comme  DieGleichheit   de Zetkin10, Schlesinger fait ainsi partie des militantes qui inscrivent

dans les « grandes » revues sociale-démocrates les thématiques féministes ou qui,du moins, tentent de le faire. Entre 1898 et 1914, Schlesinger publie notamment uncompte-rendu de la première conférence des femmes sociales-démocrates en Autriche11   et un commentaire d’une adresse au Congrès de l’Internationalesocialiste demandant la prise en compte du droit de vote des femmes 12, thème repris

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trois ans plus tard dans un article exigeant de nouveau ce droit à l’heure où lesuffrage universel masculin a été obtenu en Autriche13. Plusieurs contributions surla règlementation de la prostitution et la sexualité sont également à relever14  et l’ontrouve enfin deux articles sur la condition des ouvrières dans différents secteurs,fondés sur des publications récentes relatives à leur situation15.

Ces articles, pour significatifs qu’ils soient, constituent davantage de longscomptes-rendus de réunions politiques ou sur une série d’ouvrages relatifs à unthème déterminé, que d’un article d’analyse à proprement parler, même si certainscontiennent des développements non négligeables. Par rapport aux grands ténors duparti, le nombre d’articles de Schlesinger reste donc malgré tout limité. Et à part sesécrits, toujours relatifs à la situation du mouvement des femmes en Autriche, elle asurtout publié majoritairement des comptes-rendus d’ouvrages. On dénombre pasmoins de soixante-dix recensions, sans compter le fait qu’il s’agit parfois d’un texterendant compte de deux ou trois ouvrages, donc une sorte de « mini-article » soit entout près de quatre-vingts ouvrages lus et présentés. Ces comptes-rendusconstituent un ensemble cohérent de textes, souvent brefs mais informés, quirenseignent sur l’histoire des femmes à l’époque : ils évoquent des ouvrages sur lasituation sociale des femmes ouvrières16, des contributions historiques sur les

suffragettes17

, plus généralement sur les revendications de droit de vote pour lesfemmes, sur l’état du mouvement féministe dans toute l’Europe sans oublier lapsychologie, la sexualité18  et la prostitution. La liste même des ouvrages recenséspermet d’établir une riche bibliographie des publications sur ce sujet en allemand(et aussi dans une moindre mesure en anglais et français) entre 1900-1914, d’autantque la revue devient pendant cette période hebdomadaire. Ils sont parfaitementcomplémentaires des articles présentés ci-dessus. Therese Schlesinger évoque enfinplusieurs ouvrages sur la question de l’éducation des enfants. Évoquer les questionséducatives permettait de se donner une légitimité importante : la  Bildung(éducation, formation, culture) était en effet un concept fondamental pour la social-démocratie autrichienne, renvoyant à ses origines mêmes ; l’ancêtre direct du parti

était en effet une association éducative destinée aux ouvriers fondée en 1867.

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Therese Schlesinger demeure largement cantonnée aux questions spécifiquesliées à l’organisation des femmes dans le mouvement ouvrier et, pour la majeurepartie des textes, à un genre relativement mineur, le compte-rendu d’ouvrage, quiplus est parfois très bref et peu analytique. En ne tenant compte que des articles,Schlesinger peut être tenue pour une figure secondaire ; mais en considérant lescomptes-rendus et les centaines de pages qu’ils recouvrent sur plus d’une décennie,on peut nuancer cette affirmation. Leur publication ne paraît absolument pasanecdotique, surtout lorsqu’il s’agit d’un thème comme celui des femmes : il y avaitune stratégie de légitimation dans la revue qui passait par l’écriture de comptes-

rendus, quel que soit le type d’ouvrage concerné.

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Comment finalement classer cette figure quelque peu atypique de la social-démocratie au regard de ses écrits dans la  Neue Zeit  ? Therese Schlesinger reste auxmarges puisqu’elle ne publie pas de « grands » articles sur la question des femmesdans l’organe de la social-démocratie allemande qui reste principalement ledomaine « réservé » des grands dirigeants politiques. Ces publications témoignentmalgré cela d’un réseau étendu de relations, puisqu’il n’est pas donné à tout lemonde de publier dans la Neue Zeit , alors lue par l’élite du parti en Allemagne et en Autriche mais aussi également par les socialistes européens maîtrisant l’allemanddepuis la France (Paul Lafargue et Jean Jaurès) jusqu’à la Russie (les diversestendances sociales-démocrates dont certaines figures célèbres comme Plekhanov et

Riazanov), qui devaient donc au moins connaître le nom de Therese Schlesinger. Ainsi, au même titre qu’il est possible d’établir une typologie de « cadresintermédiaires19   » au niveau de la structures des partis sociaux-démocratesgermanophones, on peut avancer l’idée d’un groupe d’intellectuel-le-s

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« Die Konferenz spricht zugleich die Erwartung aus, dass diesozialdemokratischen Männer in höherem Maße als bisher die Frauen in dieser

 Aufgabe unterstützen und bei jeder Gelegenheit für die rechtliche undpolitische Gleichstellung der Geschlechter eintreten werden, wie das Programmder sozialdemokratischen Partei in Österreich es von ihnen verlangt und wie siees wiederholt auf unseren Parteitagen beschlossen haben21. »

« Wir müssen bei jeder Gelegenheit erklären, dass wir für das Frauenwahlrechtsind, dass wir auch den ersten Schritt auf diesem Gebiete machen wollen, aberdass der letzte Schritt erst gemacht werden kann, wenn der erste Schritt

gemacht ist, und der ist : die Erkämpfung des Wahlrechtes für die Männer22

. »

« intermédiaires » lié-e-s à la revue, écrivant régulièrement, mais sans occuper deposition dominante.

 Afin de mieux la situer au sein de la mouvance intellectuelle de la social-démocratie, intéressons nous à la publication de la première brochure de ThereseSchlesinger, écrite en collaboration avec son frère Gustav Eckstein, régulièrementmentionnée dans les bibliographies et biographies la concernant. Il s’agit de  Die Frau im Neunzehnten Jahrhundert ( La femme au dix-neuvième siècle). La brochureest publiée en 1902 en Allemagne à Berlin, et non à Vienne20. Or, c’est précisémentau moment où elle publie cette brochure qu’elle fonde avec d’autres, contre lesrésistances du parti, l’Association des femmes et des jeunes sociales-démocrates(Verein sozialdemokratischer Frauen und Mädchen) pour affirmer l’autonomie des

femmes face à un parti plus que réservé sur cette question. Un an plus tard, en 1903,elle rejoint l’exécutif du Comité d’empire des femmes sociales-démocrates. Au coursde ces mêmes années, Schlesinger se bat pour que son parti inclue concrètementdans sa propagande le droit de vote pour les femmes (formellement inscrit depuis1892 dans les revendications programmatiques) dans les divers congrès sociaux-démocrates comme au cours de conférences dédiées à des questions plusspécifiques. Elle en appelle par exemple en 1903 à la solidarité de ses camaradeshommes au cours de la deuxième conférence des femmes sociales-démocrates :

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Mais Victor Adler lui répond au cours de la même conférence qu’il s’agit certesd’un objectif à long terme, mais que la priorité reste le suffrage universel...masculin :

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C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la publication de cette brochure surle XIXe   siècle qui, bien que modeste (une centaine de pages), constitue donc lepremier ouvrage –hors des articles publiés – de Therese Schlesinger. Le contenu n’aen soi rien d’original : il s’agit d’une histoire générale des femmes développantnotamment quelques rappels sur l’histoire du XVIIIe  siècle, inspirée par la lecturemarxiste. Elle connaît bien l’histoire de l’ Aufklärung et de la Révolution française,sa formation bourgeoise ayant joué sur ce point incontestablement un rôleimportant. Dans un récit autobiographique publié en 1912, elle évoque dès les toutespremières lignes sa passion pour l’histoire et le premier événement cité est la

Révolution française23.

 À cela il faut ajouter une autre dimension : les femmesinvesties dans le cadre des organisations du mouvement ouvrier ont eu une netteconscience de la nécessité de légitimer leur place dans l’histoire, à l’image du partilui-même, qui se pensait le continuateur prestigieux d’une longue histoire derésistance des opprimés à travers les siècles24. Dans la presse, les femmes ont

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régulièrement consacré des articles aux femmes militantes qui les avaient précédées: 1848 bien sûr, mais aussi pour la période de la Révolution française Mary  Wollstonecraft ou encore Olympe de Gouges, dont les sociales-démocratesautrichiennes reprennent le slogan : « si on a donné aux femmes le droit de monterà l’échafaud, elles doivent aussi avoir le droit de monter à la tribune ».

C’est dans le cadre de cette double dimension – culture bourgeoise et volontéd’ancrer les combats actuels des femmes dans l’histoire – qu’il faut comprendre lesquelques développements sur la Révolution française dans la brochure deSchlesinger (marche des femmes sur Versailles d’octobre 1789, figures d’Olympe deGouges et Luise [sic] Lacombe) dont une présentation assez attendue de quelquesprécurseurs comme Condorcet et Mary Wollstonecraft. Son propos est plussingulier lorsqu’elle se montre critique à l’égard d’une révolution qui a laissé peu deplace aux femmes. Elle souligne la répression des clubs féminins par la Conventionnationale, soit une vision critique d’une œuvre révolutionnaire masculine etrépressive. La « Grande Révolution » a vu émerger des courants féminins dont lasocial-démocratie hérite, mais la tradition révolutionnaire n’aurait laissé au bout ducompte que très peu de place à leur libre expression. On peut légitimementsupposer qu’une telle critique présentant les limites des réalisations

révolutionnaires cadrait peu avec l’orthodoxie du parti, surtout qu’il s’agit de mettreau premier plan les femmes au cœur de la lutte. Faut-il y voir une critique à peine voilée, à travers un détour historique, de l’orientation du parti qui a accepté avecpeine l’inscription du droit de vote pour les femmes dans son programme ?

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Gardons-nous de faire de cette critique féministe une prise de position

« révolutionnaire » (à l’image des clubs féminins « plus à gauche » que laConvention en 1793-179425) contre la modération du parti. Les lignes de clivages nesont en effet pas aussi simples. La maison d’édition qui publie la brochure deTherese Schlesinger, Verlag Aufklärung de Berlin, a également diffusé unequinzaine d’ouvrages abordant un thème général du dix-neuvième siècle lié àl’histoire du socialisme (par exemple « État et commune », « Le mouvementouvrier », « Le socialisme », « La Révolution » mais aussi « Théâtre et musique »).L’examen du catalogue de cette maison d’édition mérite attention : les auteurs deces différents ouvrages (Eduard Bernstein, Max Schippel, Eduard David, ConradSchmidt, entre autres) et les publicités que ces brochures contiennent pour la revue Sozialistische Monatshefte ( Les cahiers mensuels socialistes) indiquent clairementqu’il s’agit d’un ensemble éditorial à l’initiative de ceux que l’on appelle les« révisionnistes », c’est-à-dire ceux qui ont lancé une vaste entreprise de révision dumarxisme, retenus par l’histoire comme les premiers théoriciens conséquents duréformisme s’opposant au “révolutionnarisme” du parti. Ces cahiers socialistesfondés par Josef Bloch sont en effet publiés par ceux qui critiquent la ligne du particomme Eduard Bernstein, dénonçant la phraséologie révolutionnaire en décalageselon eux avec la réalité effective du parti. L’objectif avoué de ces Cahiers était defaire concurrence à l’orthodoxie de la  Neue Zeit.   À noter que si le débat« révisionniste » est avant tout allemand, il a des échos dans la plupart des grandspays européens, surtout dans l’Autriche voisine à travers le principal contradicteur

de Bernstein, Karl Kautsky. Le congrès de Vienne de 1901 du Parti social-démocratea débouché sur une révision du programme montrant l’influence du révisionnisme, bien que Karl Kautsky s’en défende lui-même.

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Or, en parallèle de cette brochure, Schlesinger écrit jusqu’en 1904 quelquesarticles politiques dans ces Sozialitische Monatshefte26. Elle y a publié neuf articles

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dont sept avant 1900, c’est-à-dire avant la crise « révisionniste », traitant pour laplupart de questions relatives à la condition des femmes ouvrières. Elle a certescommencé en parallèle, on l’a vu, une collaboration à la  Neue Zeit, mais limitéeprincipalement à des comptes-rendus d’ouvrages. À regarder de près, elle est mêmeune des premières collaboratrices des  Sozialistische Monatshefte27   et livre desarticles sur la situation des femmes à Vienne dès 1898 : c’est ainsi, du moins dansun premier temps, une correspondante privilégiée de la revue. Son essaiautobiographique confirme ses liens précoces puisqu’elle affirme qu’en 1896 elleétait déléguée à un congrès international des femmes « bourgeoises » à l’occasionduquel elle avait pris des contacts avec des sociaux-démocrates qui cherchaient déjàà établir des ponts avec certains libéraux, donc ceux bientôt proches des« révisionnistes »28. Il est intéressant de relever qu’elle souligne dans ce mêmetexte avant tout ses rapports avec Karl Kautsky et la Neue Zeit , et ne mentionne querapidement ses contacts avec les  Sozialistische Monatshefte. Elle sous-estime,consciemment ou pas, ses propres écrits des premières années, probablement enraison de son positionnement au sein de la social-démocratie au moment où ellerédige son autobiographie (en 1912 elle est à la gauche du parti), publiée qui plus estdans un ouvrage collectif où il s’agit de célébrer avant tout les grandes avancées du

mouvement ouvrier féminin.Plutôt que de vouloir rétrospectivement repérer des sensibilités politiques encore

mal définies, il faut souligner la dynamique de ces différents réseaux éditoriaux« révisionnistes ». C’est ce que soulignait jadis l’historien Roger Fletcher29 au sujetdes  Sozialistische Monatshefte qui, selon lui, n’eurent guère de difficulté à attirerdes signatures prestigieuses du socialisme international, notamment de tous ceuxqu’exaspérait la doxa répétitive du centre et d’une partie de la gauche du parti, y compris des collaborateurs de la Neue Zeit . Le débat sur la révision du marxisme, dumoins dans sa phase initiale de ces années 1898-1902, est loin d’être unaffrontement limpide entre réformistes et révolutionnaires30 ; la confrontation doitaussi être saisie comme une ouverture pour tous ceux qui, exaspérés par un certain

marxisme, souhaitent faire avancer des idées hétérodoxes. Comme Rosa Luxemburgsur la question nationale (qui avait publié un texte dans les  Sozialistische Monatshefte   sur ce point) Therese Schlesinger, avant que le débat ne fige lespositions politiques définitivement, se sert de « l’appel d’air » qu’un temps larévision du marxisme a semblé offrir, face à une doctrine du parti fermée à desréalités dont ne voulait guère entendre parler la majorité des militants.

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Certaines positions critiques ont pu un temps avoir un meilleur accueil chez ceuxayant suscité le débat dans le parti, avant que d’autres réalités politiques ne viennent recomposer et fixer les courants au sein des partis sociaux-démocrates. Lachronologie est à ce sujet éclairante puisqu’après avoir publié plusieurs années dans

ces Sozialistische Monatshefte, Therese Schlesinger écrit ensuite systématiquementdans la Neue Zeit  jusqu’en 1914. Sauf erreur de notre part, Schlesinger publie dansles Sozialistische Monatshefte son dernier article en 1904 sur la question du droit de vote des femmes, question posée au congrès international d’Amsterdam31. Cedernier article mérite attention car il proteste contre la décision du comité del’Internationale socialiste de ne pas mettre à l’ordre du jour du congrèsd’Amsterdam la revendication de droit de vote pour tous. On mesure avec cettepublication combien Therese Schlesinger sait jouer de ses réseaux pour publier chezles « orthodoxes » ou les « révisionnistes » : un an plus tôt c’est dans la  Neue Zeit 32

qu’elle avait publié son article sur le droit de vote en prévision du congrès... cequ’elle ne manque d’ailleurs pas de mentionner dans les  Sozialistische

 Monatshefte !

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Néanmoins le choix majeur du congrès d’Amsterdam condamnant fermementtout révisionnisme, comme l’avait fait au niveau allemand le congrès de Dresde duSPD un an plus tôt, a probablement été un signe important pour la militante sociale-

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démocrate. Therese Schlesinger, après sa critique acerbe du choix del’Internationale en 1904, ne publie plus ensuite dans la revue de Josef Bloch,probablement parce que désormais condamnée officiellement, la dissidence deBernstein apparaît trop en marge de la social-démocratie et trop réformiste.Schlesinger se démarque de la modération politique des partisans de Bernstein et lecontexte d’agitation des années suivantes va accentuer ce choix. Ainsi, alors qu’en1898 elle publiait dans les  Sozialistische Monatshefte   un article sur les femmessalariées à partir de données récentes, elle reprend et étend sa réflexion sur le mêmesujet plus de dix ans plus tard, mais cette fois-ci dans la  Neue Zeit .

Surtout, peu après 1904, un événement radicalise ses positions sur la question du vote des femmes. En Autriche, la Révolution russe de 1905 a pour conséquence deranimer la campagne en faveur du droit de vote, dans la perspective des élections denovembre. En février 1906 est promulguée la loi sur le suffrage universel...masculin. À la gauche du parti, Therese Schlesinger réaffirme la nécessité du droitde vote des femmes pour lequel elle bataille : elle rappelle, dans un article paru le 28novembre 1905 que « le devoir de tous les membres du parti sans distinction est delutter de toutes leurs forces pour l’application d’un vrai suffrage universel33 ». Dansla même contribution elle met en garde la social-démocratie « car des partis

 bourgeois pourraient s’emparer de cette revendication, la faire avancer et l’utiliser àleur profit34  ». Malgré ses protestations, il faudra attendre les lendemains de laguerre pour que les femmes autrichiennes obtiennent le droit de vote, acquis doncdans un contexte ultérieur et très spécifique35. Entretemps, l’acharnement desfemmes sociales-démocrates aura permis de créer de nouvelles structures sanslesquelles on ne peut comprendre la « victoire » de 1919 : à l’occasion du congrès deStuttgart de 1907 est fondée une internationale des femmes, témoignant des progrèsaccomplis36. Si traditionnellement on associe cette création à la figure de ClaraZetkin, à lire les débats de près, il faut rappeler le rôle non négligeable d’autresmilitantes, notamment Schlesinger, qui déposa une motion signée de « Schlesingeret ses camarades », jouant ainsi également un rôle dans ce processus d’affirmation

de revendications des femmes37.

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Une manière de s’imposer dans le parti pour Therese Schlesinger a bien été des’insérer dans des réseaux éditoriaux variés, lui permettant de présenter la situationdes femmes ouvrières et de défendre la revendication de droit de vote, tandis queses centres d’intérêts et ses nombreuses lectures ont permis de faire connaître,notamment via la  Neue Zeit, des réalités probablement alors fort méconnues de la

plupart des cadres du socialisme européen. Ses origines bourgeoises, cet habitus  sil’on emprunte un terme à la sociologie, ne sont certainement pas pour rien danscette capacité à entrer en contact avec des réseaux militants concurrents, qui luipermirent de rayonner bien plus que d’autres militantes de la même époque.

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Comprendre comment des femmes ont pu prendre la plume dans des contextesaussi difficiles implique dans tous les cas une prise en compte non des seuls textesles plus attendus et/ou les plus théoriques, mais également des contributions enapparence plus secondaires comme les comptes-rendus, très rarement cités maisqui indiquent une présence spécifique d’un-e auteur-e ; la même remarques’applique à des brochures parfois peu retenues par la postérité en raison de leurcontenu sommaire mais souvent lues assez largement, bien plus que de nombreux

ouvrages théoriques. Et au-delà de la singularité de la trajectoire de Schlesinger etde ce qu’elle révèle, il est enfin essentiel de souligner que la prise en compte desrevendications politiques des femmes sociales-démocrates ne saurait être résuméeau jeu des tendances dans la social-démocratie. Dans un contexte de méfiance

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No t es 

1 Sur Therese Schlesinger, outre la notice biographique parue dans Georges Haupt et JeanMaitron (dir.),  Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international. Autriche,Paris, Éditions ouvrières, 1971, voir notamment l’article de Marina Tichy, « “Ich hatte immer

 Angst, unwissend zu sterben”. Therese Schlesinger : Bürgerin und Sozialistin », in Edith Prost(dir.), « “Die Partei hat mich nie enttäuscht...” : österreichische Sozialdemokratinnen », Wien,

 Verlag für Gesellschaftskritik, 1989, p. 135-184.

2 Tânia Puschnerat, Clara Zetkin : Bürgerlichkeit und Marxismus : eine Biographie , Essen,Klartext, 2003. En français : Gilbert Badia, Clara Zetkin, féministe sans frontières, Paris,Éditions ouvrières, 1993

3 Karen Offen, Les féminismes en Europe 1700-1950, Rennes, PUR, 2012.

4 Paul Pasteur,  Femmes dans le mouvement ouvrier autrichien 1918-1934, Thèse d’étudesgermaniques, Rouen, 1987, p. 423.

5  Adelheid Popp,  Jugend einer Arbeiterin, Berlin, Dietz, 1991 (1909). En français : Journal d’une ouvrière, Paris, Maspero, 1979.

6 Michael Werner et Bénédicte Zimmermann, « Penser l’histoire croisée : entre empirie etréflexivité », Annales. Histoire, sciences sociales, 1/2003, p. 7-34.

7   Pour un exemple à travers des revues libérales allemandes accueillant des plumesautrichiennes voir Philippe Alexandre, « La “question autrichienne” : points de vue libéraux en

 Allemagne et en Autriche (1900-1918) » in  Thierry Carpent (dir.), Nation, nationalisme(s),identité(s). Les rapports des Allemands d’Autriche-Hongrie avec les autres nationalités del’Empire (1867-1918), Nancy, CEGIL, 2012, p. 41-59.

8 Outre la thèse citée, voir du même auteur  Pratiques politiques et militantes de la social-démocratie autrichienne 1888-1934, Paris, Belin, 2003. Sur les femmes en Autriche voirégalement Harriet Anderson, Utopian feminism – women’s movements in “fin-de-siècle” Vienna, Yale, Yale University Press, 1992 ; Irmtraut Karlsson (dir.), Frauen in Bewegung –

 Frauen in der SPÖ, Wien, Löcker, 1998 ; Gabriella Hauch, Frauen bewegen Politik. Österreich1848-1938, Innsbruck-Wien-Bozen Studien zur Frauen und Geschlechterforschung 10, 2009,

308 p.9 IISG, Archives Karl Kautsky, D XX 243-267, 1897-1937 (25 lettres).

10 À noter que l’ Arbeiterinnenzeitung reprend souvent des articles de portée générale parusdans Die Gleichheit, la revue de Clara Zetkin.

11  « Die erste Konferenz deutscher Sozialdemokratinnen in Oesterreich »,  Die Neue Zeit,1897-98, p. 310-312.

12 « Der internationale Sozialistenkongreß zu Amsterdam und das Frauenwahlrecht »,  Die Neue Zeit , 1902-1903, p. 739-742.

13 « Die österreichische Wahlrechtsbewegung und das Frauenstimmrecht »,  Die Neue Zeit ,1906-1907, p. 147-154.

14 « Zu dem Kampfe gegen die Reglementierung der Prostitution »,  Die Neue Zeit , 1898-99, p.

365-374 ; « Prostitution und Frauenfrage », Die Neue Zeit , 1904-1905, p. 820-826 ; « SexuelleEthik » Die Neue Zeit , 1909-1910, p. 278-282.

15 « Frauenarbeit und Lohnpolitik », Die Neue Zeit , 1911-1912, p. 53-60 ; « Herr Dr. LudwigPohle und die Fabrikarbeit verheiratheter Frauen », Die Neue Zeit , 1900-1901, p. 337-343.

16  Therese Schlesinger, « Dr. André de Màday,  Le Droit des Femmes au Travail. Etude

générale, ce ne sont pas des tendances politiques clairement identifiées qui peuventêtre caractérisées comme plus ou moins sensibles à ces revendications.

La postérité historiographique de Schlesinger mériterait certainement unerecherche plus spécifique. Pour ne prendre que l’exemple de sa première brochurepubliée, on peut repérer que, dans la plupart des bibliographies où son titre estmentionnée, il est très rare de trouver la mention du lieu d’édition, à savoir Berlin,témoignant de la volonté de faire de Schlesinger une « pure » figure autrichienne,minorant ses rapports avec la social-démocratie allemande. Une démarche à inscriredans celle du SPÖ d’après 1945 et son rapport à l’identité autrichienne : il y auraitmatière à approfondir sur la façon dont, par exemple, l’Institut Karl Renner(Fondation du SPÖ actuel) écrit l’histoire de la social-démocratie, y compris del’action des femmes en son sein38.

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sociologique, V. Giard & E. Brière, Paris », Die Neue Zeit , 1906-1907, p. 246.

17  « E. Sylvia Pankhurst, The Suffragette. The historie of the women’s militant suffragemovement 1905-1910. London, Gay & Hancock Limited ; M. G. Fawcett,  L. L. D. President of the National Union of Women’s Suffrage Societies, Women’s Suffrage. A short history of agreat movement . London, T.C & E. C. Jack. Käthe Schirmacher, Die Suffragetts. Weimar, A.Dunker. », Die Neue Zeit , 1912-1913, p. 667-669.

18 « A. Forel,  Sexuelle Ehtik. Ein Vortrag mit Anhang : “Beispiele ethisch-sexueller Konflikteaus dem Leben.” München, 1906, Ernst Reinhardt », Die Neue Zeit , 1905-1906, p. 679-680.

19 Paul Pasteur, Pratiques politiques et militantes..., p. 229.

20 Therese Schlesinger,  Die Frau im Neunzehnten Jahrhundert , Berlin, Verlag AufklärungBerlin, 1902.

21 « La conférence exprime une attente, à savoir que les hommes sociaux-démocrates dansleur grande majorité soutiennent les femmes à chaque occasion qui se présentera pour l’égalitépolitique et juridique des sexes, comme l’exige le programme du Parti social-démocrate en

 Autriche et comme cela a été décidé dans nos congrès du parti » (« Was fordern die Arbeiterinnen Österreichs ?  »,  Bericht über die zweite Konferenz der sozialdemokratischen Frauen Österreichs, Wien, am 8. November 1903).

22 « Nous devons expliquer à chaque occasion, que nous sommes pour le droit de vote desfemmes, que nous voulons aussi faire le premier pas dans ce domaine mais aussi que ladernière étape peut être atteinte si la première l’est préalablement, à savoir : le combat pour ledroit de vote des hommes », Ibid .

23  Therese Schlesinger, « Mein Weg zur Sozialdemokratie » in Adelheid Popp (Hrsg.),Gedenkbuch : 20 Jahre Österreichische Arbeiterinnenbewegung, Wien, Kommissionsverlagder Wiener Volksbuchhandlung, 1912, p. 125.

24 Voir notre article « Révolutionnaires d’hier et d’aujourd’hui : l’ambiguïté des références à laRévolution française chez les féministes germanophones (1889-1914) »http://ciera.hypotheses.org/309.

25 Sur ce thème voir les travaux de Daniel Guérin et, pour une approche plus scientifique, ceuxde Dominique Godineau, Citoyennes tricoteuses : les femmes du peuple à Paris pendant la

 Révolution française, Paris, Perrin, 2004. Voir également les travaux en anglais dans le sillagede Lynn Hunt ainsi que Jean-Clément Martin, La révolte brisée. Femmes dans la Révolution

 française, Paris, Armand Colin, 2008.

26 Voir notamment Therese Schlesinger, « Bürgerliche und proletarische Frauen Bewegung »,

 Sozialistische Monatshefte, 1898, p. 459-466.

27   Elle publie des articles dans le  Sozialistichen Akademiker (1896-1897), ancêtre des Sozialistische Monatshefte (1897-1933).

28 Therese Schlesinger, « Mein Weg... », p. 132.

29 Roger Fletcher,  Revisionism and Empire. Socialist Imperialism in Germany 1897-1914,London, G. Allen and Unwin, 1984.

30 Jean-Numa Ducange, « Le révisionnisme n’est-il qu’un réformisme ? : sur quelques aspectsde la première révision du marxisme »,  Mil-neuf-cent, revue d’histoire intellectuelle, n° 30,2012, p. 133-147.

31   Therese Schlesinger, « Das Frauenwahlrecht auf socialdemokratischen Congressen », Sozialistische Monatshefte, 3/1904, p. 224-230.

32   Therese Schlesinger, « Der internationale Sozialistenkongreß zu Amsterdam und dasFrauenwahlrecht », Die Neue Zeit , 1902-1903, p. 739-742.

33 Cité par Paul Pasteur, Femmes dans le mouvement ..., p. 51. L’article a paru dans l’édition du28 novembre 1905 de l’ Arbeiterinnenzeitung.

34 Ibid .

35  Birgitta Bader-Zaar: « Teilhabe an der Macht ? Das Frauenwahlrecht und die politischeRepräsentation von Frauen » in Marianne Walle, Paul Pasteur :  Femmes en Autriche au XXesiècle, Austriaca, n°42, juin 1996, p.63-80

36 Nicole Gabriel, « L’Internationale des femmes socialistes »,  Matériaux pour l’histoire denotre temps, n°16, juillet-septembre 1989, p. 32-41.

37 Frau Schlesinger und Genossen, « Resolution » in  International Conference of Socialist 

Women, 1, 1907. Les documents de cette conférence ont été numérisés par la Friedrich EbertStiftung (Bonn, Fondation du Parti social-démocrate allemand), http://library.fes.de/si-online/frauen-intro-fr.html.

38   Voir par exemple : http://www.rennerinstitut.at/frauenmachengeschichte/wahlrecht/wahlrecht.htm.

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Pou r ci t er cet a r t i c l e  

 Référence élec troniqueJean-Numa Ducange, « Prendre la plume pour s’imposer dans le parti ? Le cas de ThereseSchlesinger, militante du Parti social-démocrate autrichien », Genre & Histoire [En ligne],14 | Printemps 2014, mis en ligne le 16 octobre 2014, consulté le 28 juillet 2015. URL :http://genrehistoire.revues.org/1895

Au t eu r  

Jean-Numa Ducange

Normandie Université, GRHIS

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