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Jean-François Brianchon RECONNAISSANCE DE LA SÉPULTURE DE GUILLAUME MALET Fondateur du Prieuré de Graville et notes sur la famille Malet de Graville

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Jean-François Brianchon

RECONNAISSANCE DE

LA SÉPULTURE DEGUILLAUME MALETFondateur du Prieuré de Graville

et notes sur la famille Malet de Graville

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I

Vers la fin du XIIe siècle, ou tout au commencement duXIIIe, un pieux seigneur normand, dont le nom devaitrayonner longuement à travers les âges, fondait, à quelquespas de son manoir, en l’honneur de la sainte martyreHonorine et sous la falaise même où elle avait été inhumée, leprieuré de Graville (1). C’était Guillaume Malet. L’histoire estmuette sur ce personnage. Nous ne le connaissons que pardeux actes. Il est vrai que ces deux actes, l’un religieux, l’autrepolitique, ont une haute importance, et doivent suffire àprotéger contre l’oubli la mémoire de leur auteur. Ainsi, versl’an 1200, comme nous venons de le dire, Guillaume Maletfonde le prieuré de Graville (2), et, en 1215, parmi les vingt-cinq noms, restés si chers à l’Angleterre, des barons signatairesde la Magna Charta, on trouve celui de Guillaume Malet (3).Guillaume Malet eut la fortune de survivre plusieurs annéesau triste Jean-Sans-Terre (4), et de voir le naissant édifice deslibertés anglaises s’élever solidement sur la base qu’il avaitposée. Il mourut, selon Borel d’Hauterive, vers 1224 ou 1225,et fut « enterré à Graville », je cite les paroles mêmes deDuplessis, « au milieu du chœur de l’église (5) ».

Personne n’ignore la destinée, à peu près générale, aucommencement du siècle, de nos églises âgées de six centsans. Elles ont vécu, pour ainsi dire, de la vie normale desindividus. À la brillante jeunesse a succédé l’âge mûr, un peuplus froid ; puis la vieillesse, avec ses inévitables infirmités.Mais, entre les individus et nos monuments, l’assimilation

1) Neustria pia.2) D’après M. l’abbé Caresme, guide si expérimenté au milieu des ténèbres du Moyen Âge, l’origine de Graville même (Gerardi villa) remonterait à Guerard ou Gérard Fleitel, père de Guillaume, évêque d’Évreux, et de la femme de Gautier Giffard. Ce Guerard était sénéchal ou dapifer des ducs de Normandie. On trouve son nom au bas des chartes de Guillaume-le-Conquérant pour Marmoutier, pour le Bec, pour Boscherville. Les Malet auraient succédé aux Guerard presque immédiatement. Lettre de M. l’abbé Caresme, du 14 mai 1868.3) The history of England, by David Hume.4) « Ce prince, dit le P. Daniel, est extrêmement décrié dans l’histoire par une infinité de mauvaises qualités, parmi lesquelles à peine en pouvoit-on reconnoître quelque bonne ». Hist. de France, règne de Philippe-Auguste, 1216.5) Description de la Haute Normandie, par dom Toussaint Duplessis, tome 1, page 169.

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s’arrête là. Pour les individus malades, il y a des médecins, quiguérissent quelquefois et qui consolent toujours. Tandis quenos églises romanes ne connurent guère de médecins.Malades, et malades de vieillesse, pour la plupart, au jour etmême au lendemain de la Révolution, nul ne songeait àsoulager leurs souffrances. Leurs membres se détachaient un àun : là, sous forme de clocher ; ici, sous forme de fenêtre oude toit. Je laisse de côté les aberrations sans nom, telles que ladestruction accomplie du jubé de Fécamp(1), ou la destructionprojetée du portail d’Harfleur(2), qui m’entraîneraient troploin. Mais je constate seulement que, dans cette périodeencore si rapprochée de nous, qui comprend le premier tiersdu siècle, nos églises vieillies, mutilées, victimes du temps etde l’abandon, attendaient la mort.

À la règle que je cite, on ne saurait opposer l’église deGraville comme une exception. En 1840, l’antiqueconstruction de Guillaume Malet menaçait ruine. Des plantesvierges, presque des arbres, défiant la serpe du bûcheron,s’élançaient sur la tour démantelée. Le lierre enfonçait sagriffe entre les pierres disjointes, et, quand venait le soir,l’effraie, poussant son cri sinistre, s’échappait lugubrement dela crevasse des contreforts où elle avait élu domicile, sicutnycticorax in domicilio. Au dedans, le tableau n’était pas moinssombre. Sur les murs dénudés, et près des fenêtres mal closes,l’œil attristé remarquait çà et là de larges taches verdâtres,dues à l’humidité qui suintait de toutes parts. Les poètesétaient ravis, mais les hommes pratiques, amis de nos vieuxmonuments, appelaient le remède de tous leurs vœux. Disonsde suite qu’ils ont été exaucés, et plus qu’exaucés. Est modus inrebus est un proverbe latin qui, je crois, ne sera jamais traduiten français. Sous prétexte qu’on ne restaurait pas assez, l’on semit de suite à restaurer trop.

Et c’est ce qui est arrivé à l’église du prieuré de Graville,hors de laquelle je demande pardon de m’être laissé entraînerun instant, et dans laquelle je rentre pour n’en plus sortir.

À l’époque où l’on restaura l’église de Graville, le nonsavoir et le mauvais goût n’étant pas encore passés de mode,les anciennes dalles du chœur, tant de fois séculaires, durentse retirer pour faire place à un joli pavage échiqueté de pierresblanches octogones et de petits dés noirs aboutés en losange.

1) Les Églises de l’arrondissement du Havre, par M. l’abbé Cochet, T. II. p. 12.2) Id. id., T. I. p. 155.

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Vous voyez cela d’ici. C’est dans cette phase de remaniementinspiré par une pensée juste, mais exécuté en dehors des loisarchitectoniques, qu’une vaste pierre tombale, majestueu-sement étendue au milieu du chœur, presque depuis l’époquede sa fondation, ne put trouver grâce devant le zèle desembellisseurs, et fut transportée dans la chapelle de Sainte-Honorine, où on la voit encore aujourd’hui (1).

Heureusement que les jours se suivent et ne seressemblent pas. 1866 est venu, et, avec lui, un nouveau modede restauration qui, selon moi, est le bon, et dont j’ai hâte decommuniquer l’un des plus intéressants effets.

Donc, en 1866, un digne ecclésiastique, M. l’abbéJeuffrain, récemment nommé curé de Sainte-Honorine deGraville, étudiant aussitôt l’histoire de sa paroisse, conçut leprojet de rendre à Guillaume Malet un hommage digne d’unsi grand nom. Or, pour cela, que faire ? Tout simplement deuxchoses : ériger une verrière, restaurer le tombeau ; placer unSaint-Guillaume dans l’une des lancettes du chevet de l’église,retirer la dalle tumulaire de notre sire de Graville de lachapelle de Sainte-Honorine, où elle ne couvre rien, pour laremettre au milieu du chœur, à son emplacement primitif, oùelle couvrirait tout.

Mais, quand je dis tout, c’est-à-dire les restes dufondateur du prieuré, est-ce bien certain ? Où donc reposaientexactement ces restes ? Qui le savait, qui pouvait l’affirmerd’une manière précise ? personne. C’est là ce qui porta M. lecuré de Sainte-Honorine, d’accord avec l’honorable maire deGraville, M. Vidal, à recourir au seul témoignage qu’on ne putmettre en doute, je veux dire la fouille sépulcrale.

Cette fouille eut lieu le 27 juillet 1867.

Dirigée par M. le curé, et confiée aux soins de M. HenriCertain, entrepreneur au Havre ; en présence de M. l’abbéAllais, vicaire de la paroisse, et du membre de la Commissiondes antiquités qui a l’honneur de tracer ces lignes, cette fouille,exécutée avec toutes les précautions voulues et le pieux respectdû aux morts, a donné lieu aux constatations suivantes.

Ici, qu’on me permette, pour plus de fidélité, de recourirau texte du procès-verbal rédigé le jour même (2).

1) Les Églises de l’arrondissement du Havre, par M. l’abbé Cochet, T. I. p. 8.2) Archives du presbytère de Sainte-Honorine de Graville.

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« Presque à fleur du sol et immédiatement au-dessous dupavage en marbre blanc, lozangé de noir, œuvre de 1835, et un peuplus bas que l’endroit indiqué par la tradition pour l’emplacement dela pierre tombale de Guillaume Malet, on a recueilli d’abord unecertaine quantité d’ossements, d’une date relativement récente, à enjuger par leur état de conservation, et mélangés aux terres de remblai.Parmi ces ossements, dont le principal était un crâne troué commepar l’entrée d’une balle et entaillé comme d’un coup de sabre, setrouvaient quelques moyens pavés de terre rouge vernissée et deuxmorceaux de pierre, sur l’un desquels on lit, en petites capitalesgravées et teintées de noir  :

USLESIÆ

BIIT ANNOXI 37

et sur l’autre  :

HICLACET PE

» Parvenu à 1 mètre 10 centimètres de profondeur, M. Certaina rencontré un crâne. Ce crâne, incliné sur le côté, regardait l’autel. Ilavait toutes ses dents, mais était malheureusement fracturé, sansdoute par suite du tassement naturel des terres. En prolongeantsouterrainement la fouille vers le chevet de l’église, les différentesparties du squelette ont pu être successivement dévoilées et observéesen place.

» Ce squelette reposait sur un sol vierge. Aucun objet nel’accompagnait. M. le docteur Beauregard, appelé pour reconnaîtreles ossements, les a inventoriés, au bord de la fosse, avec le plus grandsoin, et a bien voulu consigner le résultat de ses observations dans unprocès-verbal distinct, dressé le même jour (1). D’après le savantdocteur, les ossements du squelette soumis à son examenappartenaient à un adulte, du sexe masculin, d’environ cinquanteans. Or, c’est précisément l’âge auquel les présomptions historiques lesplus accréditées font mourir le second fils d’Ernest Malet et d’Adèle deGlocester (2).

1) Procès-verbal de reconnaissance des restes de Guillaume Malet, fondateur du prieuré de Graville, et de son épouse, enterrés au milieu du chœur de l’église de Sainte-Honorine, par M. le Dr Beauregard. Voir Appendice.2) Notice généalogique sur la famille Malet de Graville, par M. Borel d’Hauterive.

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» Guillaume Malet, car c’est bien lui, comme nous ledémontrerons plus amplement tout à l’heure, avait été inhumé dansun cercueil de chêne. À défaut du bois lui-même, dont on n’a retrouvéque les traces brunâtres, encore adhérentes à divers corps étrangers, uncertain nombre de clous, soigneusement mis à part, sont là pourl’attester. Le cercueil, confié simplement à la terre et non déposé dansun caveau, occupait l’espace de 2 mètres de longueur, sur une largeurde 48 centimètres. La taille du squelette, mesuré en place, étaitd’environ 1 mètre 95 centimètres.

» Mais, pour s’assurer que ce squelette, qui sortait ainsi de satombe au bout de six cents ans, était réellement celui du fondateur duprieuré, il restait un complément d’instruction à tenter, une dernièrerecherche à faire. Or, sur la dalle tumulaire dont nous avons parlé,figurent deux personnages, le mari et la femme, l’un à droite, l’autre àgauche. Si donc, en continuant d’interroger le sol, on arrivait àdécouvrir, tout près et à gauche du squelette présumé de GuillaumeMalet, celui d’une femme, alors plus de doute possible. On serait enface de la dépouille vénérable du fier baron normand, signataire de laGrande Charte, et de son épouse  ; on aurait une suprême etirrécusable confirmation du dire de Duplessis, à savoir, queGuillaume Malet est «  enterré au milieu du chœur de l’église deGraville  ». C’est ce qui a eu lieu. Une seconde fouille, dirigée dans lesens des indications précédentes, a promptement permis dereconnaître, à 30 centimètres environ du lit sépulcral de Guillaume, etau même niveau, les restes avérés de la noble dame de Graville, car,est-il possible de qualifier autrement des ossements humains gisantdans ces conditions et qu’un spécialiste distingué, M. le docteurBeauregard, affirme, au nom de la science, être ceux d’une femme ?Cette seconde partie de la fouille, commencée sous d’aussi heureuxauspices, a été suspendue par des motifs de haute convenance, etajournée jusqu’à la visite du baronnet anglais, sir Alexander Malet,chef de la branche anglaise des sires de Graville, qui a exprimé ledésir d’accomplir un prochain pèlerinage au berceau de sa famille, etde présider lui-même à la restauration du tombeau de l’un de ses plusglorieux ancêtres.

» Tous les ossements de Guillaume Malet, moins les tibiasrestés en place, et ceux de sa femme, religieusement enveloppés etétiquetés, ont été provisoirement déposés, par M. le curé de Sainte-Honorine, dans une boîte fermée et scellée de son sceau, où ils

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demeureront jusqu’à l’arrivée de sir Alexander Malet, qui déciderades mesures à prendre pour leur conservation ultérieure (1) ».

Ici, s’arrête naturellement ma communication. Peut-êtrene serait-il pas superflu cependant d’ajouter quelquesconsidérations en forme de notes, d’abord sur GuillaumeMalet lui-même, puis sur la famille de Graville, sianciennement et si honorablement inscrite dans les fastes del’histoire anglo-normande-française. Je serai bref.Commençons par Guillaume Malet.

II

Dans son étude sur l’abbaye de Graville, l’une des plusbrillantes tombées d’une plume qui sème les diamantsarchéologiques, voici, à propos de notre haut et puissantseigneur normand, comment s’exprime l’historien de presquetoutes, je voudrais dire de toutes nos églises diocésaines, sansexception, M. l’abbé Cochet : « …La partie de l’église oùl’architecture ogivale primitive se montre avec toutes ses marquesdistinctives, c’est le sanctuaire. Ici, tout l’annonce  : fenêtres, voûtes,

1) Voici, selon nous, et sauf meilleur avis, ce qu’il conviendrait de faire, à l’heure où nous écrivons ces lignes :1° Terminer, le plus tôt possible, la fouille sépulcrale de Guillaume Malet et de sonépouse ; – rechercher soigneusement s’il n’existe pas, aux pieds des squelettes, de vasesfunéraires.2° Construire un caveau en briques sur l’emplacement exact de la double sépulture deGuillaume Malet et de son épouse ; – déposer dans ce caveau, réunis en un cercueil deplomb à deux compartiments, avec deux inscriptions distinctes, les restes reconnus parles témoins oculaires de la fouille, et authentiqués par M. le Dr Beauregard, deGuillaume Malet et de sa femme ; recouvrir le caveau d’une dalle, de dimensionpareille à la pierre primitive, sur laquelle serait gravée l’inscription suivante : Dans cecaveau ont été déposés, le…, 18…, les restes mortels de Guillaume Malet, fondateur duprieuré de Graville et de son épouse, inhumés en cet endroit au XIIIe siècle  ; ouencore : Le…, 18…, ont été pieusement déposés dans ce caveau, construit au milieu duchœur de l’église de Sainte-Honorine de Graville, d’après le vœu et par la libéralité deSir Àlexander-Charles-Saint-Loo Malet, baronnet, N…, N…, et N…, tous descendantsde l’illustre famille des Malet, sires de Graville, les restes mortels, exhumés et reconnuspar M. l’abbé Jeuffrain, curé de cette paroisse, le 29 juillet 1867, de Guillaume Malet,fondateur du prieuré de Graville, en l’an 1200 ; et de N…, son épouse, inhumés en cetendroit même, l’un vers 1225, et l’autre, en…3° Relever la pierre tombale de Guillaume Malet du parvis de la chapelle de Sainte-Honorine, où elle se trouve en ce moment, et la déposer, avec plusieurs autres reliques de la vieille église, dans la chapelle absidale de la tour en ruines.

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archivoltes, modillons, appareil. Le sanctuaire est petit, mais il estinondé de lumière par quatre fenêtres, à double lancette, dont lesvoussures sont richement décorées de tores.

» Une pensée dominante pour nous, c’est que cettepartie de l’édifice, postérieure à l’autre, a été construite, vers lafin du XIIe siècle, pour recevoir les chanoines réguliers. Nouslisons, en effet, dans les annales du monastère, que GuillaumeMalet, vaillant capitaine, seigneur de Graville, Gonneville,Fontaine, et autres lieux qui portent son nom, fit venir deSainte-Barbe-en-Auge quelques religieux pour fonder leprieuré de Sainte-Honorine. Ce gentilhomme était fort riche etpossédait de grands biens, tant en Angleterre qu’enNormandie. Il se montra très généreux envers les chanoines,car dans deux chartes délivrées, l’une vers 1200, l’autre en1203, il leur céda, avec leurs dîmes, le patronage des églises deSaint-Valery-de-Fontaine, de Saint-Michel-de-Grandcamp, deSaint-Sulpice-d'Onvéville, de Saint-Nicolas-de-Tennemare, deSaint-Martin-du-Coudray, de Saint-Pierre-d'Hermeville, deSaint-Martin-de-Claville, de Saint-Pierre-deGonneville et deSaint-Sauveur-la-Campagne. Nul doute, après cela, qu’il n’aitfait embellir avec une certaine magnificence le sanctuaire quidevait les posséder. Le style de l’édifice révèle d’ailleurs cesecret que son humble piété aurait voulu nous cacher. Et puisla voix de la reconnaissance est venue elle-même donner à nosconjectures toutes les couleurs de la vérité, en nous montrant,au milieu du chœur, le tombeau du preux chevalier. Honneurinsigne qui n’était réservé qu’au fondateur de l’église (1) ».

Une charte de W.(Willelmus) Malet de Girardvillas’exprime ainsi : Notum sit vobis quod cum in ecclesia sancteHonorine de Girardvilla canonicos regulares aggregassem misertuspaupertatis illorum omnes ecclesias terrarum mearum tarn inNormania quam in Anglia, que ad donacionem meam pertinent illisdonavi in perpetuarn eleemasynam. in Anglia ecclesiam S. Petri deLintea, ecclesiam omnium sanctorum de Welia. Sans date (2).

Une autre charte confirme la donation précédente, etaccorde en outre aux chanoines réguliers des droits d’usage enla forêt des Halates (3).

1) Les Églises de l’Arrondissement du Havre, par M. l’abbé Cochet, T : 1. p. 75 à 76.2) Archives départementales de la Seine-Inférieure. Communiqué par M. de Beaurepaire.3) Archives départementales de la Seine-Inférieure. Communiqué par M. de Beaurepaire.

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Enfin, par deux autres chartes, sans date également,Guillaume Malet donne à Graville : 1° Dix acres de terre à laMare-Bonde, et 2° un moulin à Rouelles (1).

Guillaume Malet figure encore sur un document citépar du Moulin, et intitulé : Catalogue des seigneurs reconnuz enNormandie, depuis Guillaume-le-Conquérant iusques en l’an milledouze (c’est-à-dire mil deux, sous entendu cents) sous Philippe-Auguste, qui conquesta le duché de Normandie.

« Dans le dénombrement des fiefs, en date des années 1204,1210, 1220, 1221, 1224, il se vérifie que Guillaume Malet avoit desfiefs à Breteuil (2) ».

« Un ancien registre de la chambre des Comptes, compilé sousle règne de Philippe-Auguste, l’an 1204, nous fait voir que GuillaumeMalet estoit obligé de rendre seruice au duc de Normandie de deuxcheualiers et demy, à cause des fiefs qu’il possédoit dans le ressort duPont-eau-de-mer, et qu’il tenoit demy fief à Grauille et dans Auffay(3) ».

« Guillaume de Nangis remarque Henry Malet auoir esté éleu,l'an 1205, abbé de Sainct Denys en France, pour ses mérites (4) ».

« La charte expédiée en Angleterre, l’an 1215, nous décritl’assemblée des princes et des nobles du pais, entre lesquels estoient encet ordre Richard, comte de Clere, Saer, comte de Winchester,Geoffroy de Mandeuille, comte d’Essex, Eustache de Vassi, Richardde Percy, Robert de Roos, Pierre Bruce, Nicollas d’Estouteuille,Guillaume de Montbray, Henry de Clere, Roger de Crescy, Robert deVere, Guillaume Malet, Guillaume de Montagu, Guillaume deBeauchamp, Guillaume le Mareschal, Guillaume de Mandeuille,Guy de Laual, Olivier de Vaux, Richard de Brakesbey, Guillaume deMontfiquet, Guillaume de Magneuille et plusieurs autres (5) ».

1) Archives départementales de la Seine-Inférieure. Communiqué par M. de Beaurepaire.2) Histoire de la maison d’Harcourt, par Gilles-André de la Roque, T. I. p. 829.3) Histoire de la maison d’Harcourt, par Gilles-André de la Roque, T. I. p. 829.4) Histoire de la maison d’Harcourt, par Gilles-André de la Roque, T. I. p. 829.5) Histoire de la maison d’Harcourt, par Gilles-André de la Roque, T. I. p. 829.Hume, dans son History of England (1789, T. II. p. 329), donne une liste de noms quioffre quelques variantes, mais où se trouve toujours celui de Guillaume Mallet : « Thenames of these conservators were the earls of Clare, Albemarle, Glocester, Winchester, Hereford,Roger Bigod, earl of Norfolk, Robert de Yere, earl of Oxford, William Mareschal the Younger,Robert Fitz-Walter, Gilbert de Clare, Eustace deVescey, Gilbert Délavai, William de Monbray,Geoffrey de Say, Roger de Monbezon, William de Húntingfield, Robert de Ros, the constable ofChester, William de Aubenie, Richard de Perci, William Malet, John Fitz-Robert, William deLanvalay, Hugh de Bigod and Roger de Monfichet ». En présence des noms propres plus oumoins défigurés, tantôt par l’historien anglais, tantôt par l’historien français, il serait àdésirer que cette curieuse liste fût collationnée sur la charte originale, précieusement

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Nous avons déjà dit que M. Borel d’Hauterive, nous nesavons sur quelle autorité, faisait mourir Guillaume Malet,fondateur du prieuré de Graville, en 1224 ou 1225.

Reprenons maintenant la maison de Graville en général,et signalons, rapidement quelques noms, parmi les principaux,de son grand arbre généalogique.

XIe SIÈCLE. – « Il faut dire d’abord qu’aux XIe, XIIeet XIIIe siècles, il y avait un grand nombre de familles Malet,différentes les unes des autres. On en trouve à Évreux, à Pont-Audemer, dans le Roumois (1) ».

1067. Parmi les compagnons d’armes du Conquérant,se trouve un Guillaume Malet. Guillaume Malet est qualifié,par Pierre Louvet, seigneur de Montfort et capitaine d’Yorken 1067 (2).

« Le Conquérant donne à Robert, puis à Guillaume Malet, lemanoir de Tudeham (3) ».

1068. « Simon Dunelmensis raconte en son histoire queGuillaume Malet, vicomte d’York, et sa femme, ses deux enfants ettoute sa famille furent tuez en Angleterre, l’an 1068, entre deux millenormands (4) ».

1096-1100. Dans le Catalogue des Seigneurs de Normandieet autres provinces de France, qui furent en la conqueste deHiérusalem, sous Robert Courte-Heuze, duc de Normandie, etGodefroy de Buillon, duc de Lorraine, auec la curieuse remarque detoutes leurs armes ou armoiries, est inscrit le neuvième entrequatre cent cinquante-et-un bannerois ou porte-guidonsnormands, et le quatrième sur quarante-sept gentilshommesdécorés du nom de sire, le sire de Grauille, qui porte de gueullesà trois fremans d'or. Trois autres Malet, peut-être même cinq,tous reconnaissables à leurs armes pour appartenir à la famillede Graville, faisaient partie de la première croisade (1096 –1110) (5).

conservée à la tour de Londres. (Voir Appendice).

1) Lettre de M. l’abbé Anatole Caresme, curé de Pinterville, au diocèse d’Évreux. Nos devons des remerciements particuliers à ce savant ecclésiastique pour ses obligeantes communications.2) Histoire de la maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 826.3) Lettres de M. l’abbé Anatole Caresme.4) Histoire de la maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 828.5° Histoire de Normandie, par Gabriel du Moulin, curé de Maneval, in fine, p. 1-17.

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XIIe SIÈCLE. – En 1117, Guillaume II Malet, plus tardmoine de l’abbaye du Bec, donna au Bec l’église du Mesnil-Gosselin, diocèse d’Évreux, n’étant pas encore moine.Guillaume, frère de ce Guillaume, dit l’historien du Bec,confirme cette donation. C’est en 1121, et non en 1112 que,étant devenu moine du Bec, il donne l’église de Conteville àson monastère. Ce Conteville est dans le diocèse deLisieux (1).

XIIIe SIÈCLE. – 1229. – En 1229, B. Malet faitdonation de 20 1. de rente, ad pauperes seculares reliendos (2).

1236. « Entre les personnes de qualité qui furent admonestéesde se trouuer à Sainct Germain en Laye, trois semaines après laPentecoste, l’an 1236, pour le seruice du roy Sainct Louys, contreHugues de Lusignan, comte de la Marche, et les autres barons dePoitou assistés de Henri troisième, roy d’Angleterre, estoit RobertMalet, chevalier porte-bannière, seigneur de Montagu (3) ».

1256. En 1256, Jean Malet donne à Graville une moitiédu moulin de Rouelles (4).

1260. En 1260, Jean Malet fait une nouvelle donationen présence de Geoffroi Malet (5).

1264. Par une autre charte, en date de 1264, Jean Malet,miles, dominus de Girardivilla. Pro salute anime mee et Johanneuxoris mee et antecessorum meorum, donne aux chanoines dixacres à la Lande Aalart (6).

« Iean, sire de Ioinville, nous représente en son Histoire, leanMalet s'estant croisé pour le maintien de la chrestienté (7) ».

1287-1288. À la fin du XIIIe siècle, « Robert Malet, selonles chartes du chapitre de Rouen et le cartulaire de l’abbaye deCorneuille, des années 1287 et 1288, estoit archidiacre du Vexinnormand (8) ».

1) Lettre de M. l’abbé Caresme, curé de Pinterville. Voir fac-simile de la charte de donation de 1121 dans le Paléographie de Chassant, – pl. VI. p. 98.2) Arch. dép. Communiqué par M. de Beaurepaire.3) Histoire de la maison d’Harcourt, etc. T. 1. p. 830, et T. III. p. 185.4) Arch. dép. Communiqué par M. de Beaurepaire.5) Arch. dép. Communiqué par M. de Beaurepaire.6) Arch. dép. Communiqué par M. de Beaurepaire.7) Histoire de la maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 829.8) Histoire de la maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 830.

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XIVe SIÈCLE. – 1302. – « Il se remarque, dans les registresde la chancellerie de France, vne lettre du roy Philippes IV dit le Bel,donnée à Sainct Germain en Laye, le 8 d'aoust 1302, adressée àIean Malet, par laquelle il luy represente que les ennemis et lesrebelles de Flandre s’efforçant de plus en plus d’entreprendre sur sonroyaume, et la ville de l’Isle estant assiégée, il auoit résolu d’assemblerson armée quinze jours après la feste de la my-aoust dans Arras, pours’opposer à leur entreprise, et ayant fait faire vne semonce genéralle àtout le royaume par ban et arrière ban, il le prioit affectueusement etrequeroit de luy, sur la féauté et sur l’amour qu’il auoit si estroitespour sa personne et pour le royaume (ce sont les termes), qu’aujour dessus dit, il fust sans deffaut prest, et accompagné de gensd’armes et cheuaux, de telle sorte qu’il peust estre satisfait et luy ensçauoir bon gré. Pareille lettre fut aussi escrite lors à Robert Mallet,frère du sire de Grauille (1) ».

« En 1307, les statuts de la Maladerie de la Madeleine, àBernay, furent rédigés au nom de Jean Malet et de Guillaume, abbéde Bernay (2) ».

1313. « Le roy Philippes le Bel faisant des chevaliers à laPentecoste, l'an 1313, Iean Mallet et Guillaume Mallet sont dunombre (3) ».

1317. « Les registres de la chancellerie nous représententcomme, par lettres données à Sainct Germain en Laye, l’an 1317, aumois de may, Philippes cinquième dit le Long, roy de France et deNauarre, bailla la forest de Fontaines, au pays de Caux, en eschangede six cens livres de rente que lean Mallet, cheualier, auoit à prendresur le trésor royal, à cause d’Anne de Sainct Venant, sa femme, fillede Robert, sire de Sainct Venant, qualifié ailleurs mareschal deFrance (4) ».

1317. « Entre ceux qui furent mandés trois semaines après lafeste Sainct Iean, en l’année 1317, pour secourir le roy contre lesFlamans, au rolle de Normandie, estoit le sire de Grauille, IeanMallet, avec dix hommes d’armes (5) ».

1318. « Suiuant la liste des grands du royaume pour assister,à Paris, aux octaues de la Chandeleur, et afin d’aller contre lesFlamans, ainsi que portent les lettres du 12 nouembre 1318, par1) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T.1. p. 830.2) Notes de M. Auguste Le Prévost. Lettre de M. le curé de Pinterville.3) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T.1. p. 831.4) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T.1. p. 824.5) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T.1. p. 831.

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lesquelles les barons ou autres nobles de Normandie furent mandez dese trouver à Lisieux au mois des Brandons, qui est le temps deKaresme, par deuant l’euesque d’Amiens et Robert d’Artois, comte deBeaumont le Roger, enuoyez de la part du roy, se trouuerent IeanMallet et Robert Mallet, chacun d’eux appellé Monseigneur (1) ».

1337 – 1339. « Le roy Philippes sixième ayant résolu dedresser vne puissante armée pour la conqueste du royaumed’Angleterre, il s’asseura des grands du duché de Normandie, lesquelsassemblez à Rouen, l’an 1337 ou 1339, car cette date se trouve escritediuersement, lui promirent de l’assister en vne si glorieuse entreprise,et, entre ceux qui sont souscrits au bas de la promesse, estoient IeanMallet, sire de Grauille, Guillaume Mallet, sire de Montagu, aueclean, comte de Harcourt et autres (2) ».

1338, 1339, 1340, 1346 et 1367. « Entre les actionsmilitaires de ceux de cette maison de Grauille, il est fait mention,dans les registres de la chambre des comptes, de celles de GuillaumeMallet, en 1338  ; de Iean Mallet, seigneur de Grauille, en 1339, l’unet l’autre estant en la compagnie d’Amaury de Meullent, Iean comtede Harcourt et Godefroy de Harcourt. Iean Mallet estoit, l’an 1340,entre les gens d’armes que commandoit Louis d’Espagne. GuillaumeMallet estoit suiuy, en 1346, de sept escuyers seruant l’Estat, enqualité de cheualier bachelier, coniointement auec Robert de Waurin,sire de Sainct Venant, mareschal de France, Raoul d’Estouteuille etGeoffroy Mallet, escuyer, lequel seruoit aussy en 1367 (3) ».

1342. « La Chronique du Bec nous apprend que la troisièmededicace de son église fut faite, l’an 1342, le 15 septembre, sous lepontificat de Clément VI, pape  ; regnant en France le roy Philippes,et Iean, son fils, estant duc de Normandie  ; Iean de la Grange lorsabbé du Bec  ; par Iean, euesque d’Auranches, en l’honneur et sousl’inuocation de la bien heureuse Vierge Marie et de tous les saincts.Présents  : les euesques de Lisieux et de Pauie  ; les abbez de Fescamp,de Sainct Ouen de Rouen, de Caen, de Sainct Eurould, de Iumiéges,de Sainct Wandrille, de Sainct Georges de Boscherville, de Bernay, deCormeilles, de Préaux, de Grostain, de Saincte Calherine de Rouen,de Sainct Victor, de Corneuille  ; des prieurés de Saincte Barbe, deNotre Dame du Parc de Harcourt, de Friardel, et nobles hommesIean Mallet, Iean de Favieres, Robert de Neufbourg, Guillaume deFriardel et Robert de Tournebu, cheualiers, avec plusieurs autresseigneurs, personnes ecclésiastiques et séculières, et grand nombre de

1) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 8312) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 8313) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 832

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peuple, qui tesmoignerent tous grande resiouyssance de voir uneaction si célèbre (1) ».

1344. « Estoit présent, à l’eschiquier de l’an 1344, tenudeuant l’euesque de Bayeux, Guillaume Mallet (2) ».

1345. « Le sieur de Grauille ayant donné une buffe à MartinDandasne, tenant de lui par aisné, les héritages dudit furent déclarésà jamais quittes des rentes (Commentaire sur la coutume deNormandie, T. I, p. 372) (3) ».

1346. « Jean Malet, miles, dominus de Girardvilla…, parune charte en date de 1346  : Pro salute anime mee et anne uxorismee. donne aux chanoines de Graville une pièce de terre à la LandeAalart (4).

1553, 1555, Jean III, sire de Graville, eut une fintragique. Qu’on nous permette une digression exceptionnelleà ce sujet. « Messire lean de Grauille, dit Alain Chartier, etmessire Geoffroy le Maingre, dit Boucicaut, eurent querelle, et le ditBoucicaut donna vne buffe audit de Grauille par ialousie deCharlotte la Cochette, demoiselle de l’hostel de la reine. Le dit deGrauille luy promit qu’il s’en vengeroit auant qu’il fut vn an (5) ».

Or, ceci se passait dans la maison du roi, qui était pourlors Jean le Bon.

Telle fut, selon toute apparence, la petite cause quientraîna Jean Malet dans la complicité d’un grand crime. Leroi de Navarre, ayant résolu la perte de Charles d’Espagnedont il était jaloux, et qui comptait Boucicaut parmi sespartisans, donna l’ordre à plusieurs gentilshommes, tant deNormandie que de Navarre, au nombre desquels se trouvaientPhilippe, son frère, Louis et Geoffroi d’Harcourt, et leseigneur de Graville, d’investir, au milieu de la nuit,l’hôtellerie de Laigle où dormait sans défense le malheureuxconnétable, et le fit massacrer lâchement dans son lit. Unecirconstance atténuante, nous n’osons dire la justification de laprésence de Jean de Graville parmi les meurtriers, noussemble cependant résulter des termes mêmes des lettres derémission octroyées à Jean Mallet, au mois de mars 1553, etainsi conçues : « et afin que ces lettres de rémission fussent entières,observe de la Roque, il est escrit en marge que le dit seigneur auoit1) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. 1, p. 276.2) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. III, p. 257 et 258.3) Lettre de M. l’abbé Caresme.4) Arch. dép. Communiqué par M. de Beaurepaire.5) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. 1, p. 826.

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tué Boucicaut. (1) » . Cependant la suite des évènements faitvoir que l’amnistie du roi n’avait été prononcée que pour laforme. On sait, en effet, que, deux ans plus tard, le 5 avril1355, le roi de France surprit à son tour le roi de Navarre auchâteau de Rouen, avec plusieurs de ses complices. Tousfurent mis en prison, et quatre, entre lesquels le seigneur deGraville, eurent un plus lamentable sort. « Et tantost, disent lesGrandes Chroniques, alla disner le roi de France, et quand il eustdisné, luy, ses enfans, son frère, ses dits cousins d’Artois et plusieursdes autres qui estoient venus avec luy, montèrent à cheual, et allèrentpar derriere en vn champ, c’est à sçauoir par derriere le chastel, lequelchamp on appelle Champ du Pardon, et là furent menés en charrettes,par le commandement du roy, les dits comte de Harcourt, le seigneurde Grauille, Monsieur Maubué et Colinet Doublet. Et là (sur vneschaffaut dressé sur des pippes) leur furent le dit iour, les testescouppées, et puis furent tous quatre traisnés au gibet de Rouen, et làfurent pendus et leurs testes mises dessus le gibet, (alias, plantées aumesme lieu sur des lances), et fu le dit roy de France présent, et aussises dits enfants et son frère, à coupper les dites testes, et non pas aupendre (2) ».

1357. Mais, comme si le noble nom de Malet, mêmemomentanément, ne pouvait demeurer flétri, la sentence deréhabilitation, cette fois encore, ne se fit pas attendre. En effet,dès le 10 janvier 1357, c’est-à-dire moins de deux ans après lesupplice du sire de Graville, le roi de Navarre, qui était enprison au château d’Arleux, en Cambresis, ayant été délivrépar un chevalier nommé Jean de Picquigny, et ayant fait lapaix avec le duc de Normandie, « s’en vint aussitost à Rouen,auquel lieu, pour complaire aux habitans de la ville et du pays, et lesatraire à luy, il fit dépendre du gibet de Rouen, en grande solemnité,les seigneurs que le roy lean auoit fait pendre au dit lieu, le comte deHarcourt, le sire de Grauille, Colinet Doublet, de Mainemare etautres, lesquels il fit inhumer honorablement en l’eglise Notre Damede Rouen, en la chapelle des Innocens, à présent de Saint Romain, oùleurs heaumes furent mis pour vne remarque, lesquels y ont estéiusques au temps des troubles, que les protestants les pillerent, l’anmille cinq cens soixante deux (3) ».

Ce drame normand a tant d’intérêt pour nous qu’onnous pardonnera peut-être de consigner encore ici, en

1) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. 1, p. 826.2) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. III, p. 981.3) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. III, p. 297 et 298.

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violation de notre engagement d’être court, le récitpittoresquement circonstancié de la cérémonie expiatoire,emprunté à un vieux chroniqueur, récit digne d’inspirer unpinceau normand.

« Le mercredy, dixiesme iour du dit mois de lanvier mil troiscens cinquante sept, le dit roy de Nauarre enuoya au matin au gibetde Rouen pour despendre et enseuelir les corps des quatre dessusnommez, que le roy de France auoit fait décapiter en sa présence, lorsque le roy de Nauarre fut prins. Auquel gibet ne fut rien trouué ducomte de Harcourt, car long temps auoit qu’il auoit esté osté, mais onne sçauoit pas par qui, combien que on supposoit que ce eussent faitses parents. Et là furent enseuelis, par trois Rendus de la Magdelainede Rouen (alias, trois Beguines), les corps du seigneur de Grauille, demessire Maubué de de Mainemares et de Colinet Doublet, qui encoresauoient esté mis au gibet sans leurs testes, et furent mis en trois coffrestels que on a accoustumé à faire pour morts, et il y eut vn autre coffremis en représentation du comte de Harcourt, lesquels furent mis entrois chars à dames, qui là auoient esté amenés pour cette cause, et futmis le dit coffre, qui representoit le dit comte de Harcourt, en vnd’iceux chars  ; le seigneur de Grauille en l’autre, et les deux autrescorps en l'autre char. Et le dit iour, enuiron l’heure de tierce, le dit royde Nauarre à cheual et grand foison de peuple à cheual et à pied,partirent de Rouen et allèrent au dit gibet.

» Et là furent cent grands varlets qui portoient cent grandestorches, et auoit chacun varlet vn escusson à la poictrine des armes duroy de Nauarre, et lit le dit roy acharrier les dits coffres iusques à vnlieu, près de la dite ville de Rouen, appelé le Champ du Pardon,auquel les dits corps auoient esté décapités, en la place ou au plus prèsque on pust de là où ils auoient esté décapités. Là s'arresterent etfurent chantées moult solemnellement vigiles des morts pour cettecause. Et, ce fait, les dits chars furent mis en chemin, c’est à sçauoircelui où estoient les deux coffres  : deuant et après le dit char, auoitdeux escuyers armez des armes des dits Maubué et Colinet, sur deuxcheuaux. Et après estoit le char du dit seigneur de Grauille  : et aprèsauoit deux hommes à cheual qui portoient deux bannières de sesarmes, et deux autres sur deux cheuaux armés, l’vn pour guerre,l’autre pour tournoy. Et après estoient les amis du dit seigneur. Et, enaprès, estoit le char auquel la représentation du dit comte estoit, c’està sçauoir du comte de Harcourt, et deux varlets et deux chevauxarmez, le roi de Nauarre et les amis du dit comte. Et ainsi furentcharriez iusques à la porte de derrière le chastel de Rouen, c’est àsçauoir iusques au lieu où ils auoient esté mis dans les charrettes

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quand on les mena executer. Et là furent arrestés, et furent mis horsles dits coffres des dits chars, et les prinrent cheualiers et escuyers, sicomme on a accoustumé de porter corps, et les portèrent de là iusquesen Notre Dame de Rouen, en l’eglise cathedrale. Et le dit roy deNauarre et merveilleusement grand peuple alloient après à pied. Etfut bien tard quand ils furent, à la grande eglise, mis en vne chapellecouuerte de serges qui auoient bien trente six pieds de long. Et, en vnchacun des pilliers de la dite eglise, auoit vne grande pièce de cendalattachié, dedans laquelle auoit quatre escus peints des armes desdessus nommez.

» Lendemain, iour de leudy, 11e iour du dit mois de Ianuier, ledit roy de Nauarre fut au matin à vne fenestre sur la porte SaintOuen de Rouen, et là parla à grand foison de gens quiestoient allezsur la place qui est deuant pour ouir le dit roy, qui leur auoit faitsçauoir qu’il vouloit parler à eux, et leur dit en substance, au telcomme il auoit dit à Paris, et plusieurs fois nomma les quatre corpsdessus dits martyrs, et après alla à la dite eglise Notre Dame, où futdite la grande messe des morts solemnellement par l’euesqued’Avrenches, et puis furent mis les dits coffres au depost au charnierde la dite église de Notre Dame. Cetuy iour fit, au disner, le roy deNauarre seoir à sa table vn marchand de vin de petit estât, pour letemps maire de la ville de Rouen (1) ».

1356. Parmi les preux qui succombèrent à la bataille deMaupertuis, en 1356, un an avant la cérémonie funèbre quenous venons de raconter, le P. Daniel cite, au nombre desprisonniers ou blessés, le comte de Graville.

« En 1370, d’après l’armorial publiée par le curé deManeval, le sire de Graville et le sire de Plasnes,représentaient deux branches de Malet différentes. Plasnesajoutait un lambel d’azur (2) ».

« Robert Mallet, chevalier, baille sa pescherie sur la rivière deSeine, depuis les mottes de S. Jore jusques a Dücler pour 42 livres paran, le 20 mars 1370 (3) ».

1373, 1374. Le compte de Jacques Renard, « thrésorierdes guerres du roy nostre seigneur », mentionne « Monsieur IeanMallet, sire de Grauille, cheualier banneret », du 7 décembre 1373au 1er Janvier 1374 (4) ».

1) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. III p. 290 – 29l.2) Lettre de M. l’abbé Anatole Caresme.3) Lettre de M. l’abbé Anatole Caresme.4) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc T. III p. 316.

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1375. « lean Mallet, sire de Grauille, cheualier banneret,assiste au siège de Coignac, l’an 1375, auec cinq cheualiers et traizeescuyers, pour le seruice du roy Charles cinquième, et à l’entreprise deSaint Sauveur le Vicomte (1) ».

1382, 1383. « Monseigneur Guy Mallet, cheualier, seigneurde Grauille et banneret, assiste le roi Charles VI aux guerres deFlandres, en l’armée de Bourbourg, l'an 1382, et est reçu à Estraing,en Flandres, le 18 août 1383, ayant en sa compagnie deux autrescheualiers et sept écuyers (2) ».

XVe SIÈCLE. – 1415, 1416, 1421, 1422, 1426, 1436.« Jean IV, sire de Grauille, seigneur de Marcoussy etMontcontour (3), épouse, en premières noces, Jeanne de Bellengues,et, en secondes noces, Jacqueline de Montagu (4) ; était du nombredes seigneurs normands qui firent lever au roi d’Angleterre, en 1415,le siège d’Harfleur (5) ; est qualifié, en 1416, « grand pannetier etgrand maistre des arbalestriers de France (6) » ; défend Pont-de-l’Arche contre le roi d’Angleterre, en 1416 (7) ; s’intitule, en 1421,« conseiller et chambellan du Roy » (8) ; est caution de la sainteampoule, en 1422, au sacre de Charles VII (9) ; repousse les Anglaisqui assiégeaient Montargis, en 1426 (10) ; assiste, « de la part duRoy », au mariage d’Yolande de France avec Amédée de Savoye, le16 août 1436 (11), et meurt en son château de Montcontour, la mêmeannée (12) ».

Jean de Graville possédait, à Rouen, « l'hostel deGrauille », et « rendoit hommage, tous les ans, d’vn faucon auchasteau de Rouen, le iour de la Natiuité de Sainct Iean Baptiste(13) ».

1412. De la Roque, au t. 4. de son Histoire de la Maisond'Harcourt, et dans sa dernière pièce justificative, cite laquittance de « Guy Malet, seigneur de Grauille, lequel confesse

1) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc T. I. p. 832.2) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc T. I. p. 832.3) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc T. I. p. 832.4) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. 1. 821-822.5) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 821.6) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 821.7) Histoire de France, par le P. Daniel.8) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 833.9) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 833.10) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 821.11) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 833.12) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 820-826.13) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. 1. p. 833.

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auoir eu et receu de Renaut de Longueil, trésorier du roy nostreseigneur, la somme de 210 liures sols en prest sur les gaiges de luycheualier banneret, et 2 autres cheualiers bacheliers et 43 escuyers desa compagnie, sous le gouvernement de M. de Longny, mareschal deFrance sous son séel, le 9° iour de luillet, l’an 1412, scellé des armesde Grauille qui sont de gueulles à 3 fermaillets d’or, pour cimier vnfermaillet d’or, et pour supports deux griffons de gueulles ».

1449. « Martial de Paris dit d’Auuergne, en ses Vigiles du royCharles septieme, parlant du siège de Rouen (octobre 1449), auquel leduc de Somerset et le seigneur de Talbot se rendirent à composition,employe, entre les plus considérables, le sire de Grauille (1) ».

1453. « lean de Grauille, appelé le Jeune, seigneur deMarcoussis, escuyer, conseiller et chambellan du roy et de monsieur ledauphin, fit hommage, en 1449, de sa terre de Tournefaye, et l’an1453, des terres de Grauille, de Montagu, d'Ambouuille et de laBressarte (2) ».

1461. « lean, seigneur de Grauille, fit hommage de sabaronnie de Grauille, tenue et mouuante de la vicomté deMonstivillier, du chateau de Marcoussy, des fiefs de Chastres sousMont-l’Hery, de Sainct Yon, de Chatanuille tenu de Mont-l’Hery, deHangest et autres, assis en la preuosté de Paris, et aux bailliagesd’Eureux et de Mortain, par lettres données à Paris, le vingt-septièmeseptembre 1461 (3) ».

1467. « Monsieur de Grauille, prisonnier en Angleterre, eutsouffrance dé bailler foy et hommage au roy, et son adueu de laseigneurie de Grauille, tenue de la duché de Normandie, iusques àson retour de prison, par lettres données à Rouen, le 12 luin1467 (4) ».

1473. « Dans la charte d’érection de la haute justice deGrauille, faite en l’an 1473, par le roy Louis XI et registrée en la ditecour l’an 1484, il est exposé que Sa Majesté considérait les bons,grands, louables, vertueux et recommandables services que Iean deGrauille, Louis, son fils, et leurs prédécesseurs auoient depuis longtemps rendus au roy, à l’état et à la couronne (5) ».

1) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 643-6442) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 833-834.3) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 834.4) Histoire de la Maison d'Harcourt, etc. T. I. p. 834.5) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 828

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1475, 1476. En 1475 et 1476, « Charles de Grauille,personnage d’vn rare sçauoir, étoit curé de Montfort et de Beaufou, etrecteur de l'vniuersité de Caen (1) ».

1483. « lean, sire de Graville, estoit au sacre du roy CharlesVIII, l’an 1483 (2) ».

XVIe SIÈCLE. 1500, 1502. Hyacinthe Langlois, dansson Essai historique sur l’abbaye de Saint-Wandrille, nous apprendque Jean VI, Mallet, soixante-deuxième abbé, fut nommé en1500. Des contestations le contraignirent de résigner, en 1502,son abbatiat à Philippe de Clèves. Il revint ensuite à Saint-Wandrille, et fut enterré dans la chapelle de la Vierge.

1503. « Dans la déclaration des fiefs du bailliage de Caux del'an 1503, il se void que Louis, seigneur de Grauille, admiral deFrance, tenoit en la sergeanterie de Monstiuillier la seigneurie deGrauille qui s’estend, tant en la paroisse de Grauille qu’en celles deHarfleur, Haruiq (Sanvic ?), Sainct Denis du Chef de Caux,Ingreuille (Ingouville ?), Fontaines, Roueruille (Rogerville ?),Colleuille, Carnetot, (Garnetôt ?), Monstiuillier, Sainct Supplix,Octeuille, Rambetot (Raimbertot ?), Gonneuille, Coudray (leCoudray ?), Sainct Sauueur de la Campagne, Tainemare(Duplessis écrit Teinemare – Tenemare, communed’Écrainville ?), Bourquebusc (Bornambusc ?), Escrainuille,Vitetot, (Vattetot ?) Innonuille (Ingouville ?), Breauté, Quezeuille(Ganzeville ? Gainneville ?), de laquelle baronnie sont tenusplusieurs arrière-fiefs  ; que le dit sire de Grauille tenoit le plein fief dehaubert de Manehouuille, et celui de Grandcamp auec la baronnie duBesle en la vicomté de Neufchastel, et que le fief de Malleuille,appartenant à Iean de Quenonuille ou Canouuille, cheualier, estoittenu de luy (3) ».

1516. Louis Malet, seigneur de Graville, conseiller etchambellan des rois Charles VIII et Louis XII, amiral deFrance, gouverneur et lieutenant général de Normandie,mourut au château de Marcoussis, le 30 octobre 1516, à l’âgede 78 ans. « C’étoit, dit Iean de Saint-Gelais, historien deCharles VIII, le plus fort des conseils du Roi  ». C’est ce mêmeLouis de Graville qui a donné à la cathédrale de Rouen une

1) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 820.2) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 835.3) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. T. I. p. 835.

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cloche appelée de son nom Louise de Graville (1). L’amiral deGraville, dont le corps fut inhumé à Marcoussis, dans l’églisedes Célestins ou des Cordeliers de Malesherbes, légua soncœur à l’église du prieuré de Graville, où il doit reposer encoreaujourd’hui.

De la Roque rapporte, dans son Histoire de la Maisond’Harcourt, une clause du testament de Louis de Graville,inspirée par des sentiments trop nobles et trop rares, pour êtrepassée ici sous silence.

« Louis, sire de Grauille, admiral de France, suiuant les titresdomestiques de cette maison, fit vn second codicille donné àMarcoussis, le 22 may 1513. Considérant les dons et pensionsimmenses qu’il auoit receus de nos rois dès son ieune âge, légua aucommun peuple des bailliages du royaume les plus chargés de taille,pour leur procurer du soulagement et de la diminution, la somme dequatre-vingt mille liures qu’il auoit fournies et prestées au roy LouisXII, pour subuenir à sa défense contre les Anglois et aux guerres qu’ilauoit entreprises contre eux l’an 1512 et 1513, pour laquelle somme iltenoit Melun, Corbeil, Dourdan, et autres terres et domaines enpropre, qu’il ordonna estre rendus sans remboursement à Sa Majesté  ;qu’il consentoit renoncer aux droits qu’il auoit sur les dites villes, saufses anciennes prétentions sur Dourdan, à cause de ses prédécesseurs  ;ne vouloit que ses héritiers demandassent aucune chose à Sa diteMajesté, disant, pour sa raison, qu’il auoit reçu des rois qu’il auoitseruis pendant plusieurs années de grands bien-faits, dont le peuples’estoit opprimé, déchargeant sa conscience, en conséquence, duscrupule qu’il en auoit (2) ».

Ce seigneur de Graville eut, de son mariage avec Mariede Balzac, deux fils, qui moururent jeunes, et trois filles, dontl’aînée, nommée Louise, porta en mariage la terre de Gravilleà Jacques de Vendôme, vidame de Chartres. Une autre, quis’appelait Anne, épousa Pierre de Balzac, son cousin, barond’Entragues. C’est au sujet de celle-ci que le grave P. Anselme,peu anecdotier cependant de sa nature, raconte l’historiettesuivante :

« Pierre de Balzac enleva sa cousine, Anne Malet de Graville,et l’épousa malgré l’amiral. Celui-ci pensait à déshériter sa fille,lorsque le prieur des Célestins de Marcousis la lui présenta avec son

1) Les Églises de l’arrondissement du Havre, par M. l’abbé Cochet, T. I. p. 82.2) Histoire de la Maison d’Harcourt, etc. p. 836.

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gendre le Vendredy Saint, comme il était sur le point d’adorer laCroix, et obtint leur pardon en mémoire du mystère du jour (1) ».

Cette union fut-elle heureuse ? il est permis d’en douter.C’est, du moins, ce que nous osons inférer, peut-être à tort, duchoix de la devise de la baronne d’Entragues, « un instrumenthydraulique, dit le P. Anselme, qu’on nomme chantepleure, avecces mots  : Musas natura, lacrymas fortuna ». C’est-à-dire, Née pourrire, je vis pour pleurer. Ou bien : La nature m’avait faite flûte, lesort me change en robinet.

XVIIe SIÈCLE. – 1631. Nous apprenons en outre, parle P. Anselme, que « Louis Malet, écuyer, seigneur et patron deCramesnil, d’Oudale et d’Estretat, fut député de la noblesse dubaillage de Caux, en 1631, pour les États de Normandie ».

III.

Ces citations nous ont entraîné de siècle en siècle plusloin que nous n’aurions voulu, mais qui donc, à notre place, età mesure qu’ils accouraient au-devant de notre plume, auraitrésisté au désir de suspendre, un peu pêle-mêle, mais non sansintérêt ni sans gloire, tous ces insignes épars au trophée deGuillaume Malet ?

On peut consulter Borel d’Hauterive, pour la suite de lagénéalogie des Malet jusqu’à nos jours.

Disons seulement que le chef actuel des Malet, enFrance, est Louis Charles Marie Gaston, marquis Malet deGraville, né le 23 août 1805, dont la sœur, Mme la douairièreLe Vaillant du Douët, habite encore, près de Saint-Romain-de-Colbosc, le château de Cramesnil.

Sir Alexander-Charles-Saint-Loo Malet, baronnet, né le23 juillet 1800, ancien secrétaire d’ambassade à la Haye, est lechef de la branche anglaise (2).

1) P. Anselme. T. II. p. 438.2) « M. Louis Malet, autre descendant d’un sieur Malet qui émigrait en Angleterre après l’édit de Nantes, réside actuellement à Vienne, où il est commissaire du

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De plusieurs lettres adressées par le gentilhomme anglo-normand à M. l’abbé Jeuffrain, lettres aussi remarquables parl’exquise courtoisie du style que par le culte intelligent dessouvenirs, il résulte que le duc de Somerset et les comtes deWarwick et d’Egmont descendent également, non en lignedirecte, comme l’auteur, mais par les femmes, de notreGuillaume Malet.

Aussi déjà, à la prière et à l’exemple de Sir AlexanderMalet, sa seigneurie le comte de Warwick s’est-elle empresséede souscrire pour la restauration du tombeau de Guillaume,fondateur du prieuré de Graville.

A également souscrit M. le marquis Gaston de Graville.

gouvernement anglais dans les négociations du traité de commerce avec le gouvernement d’Autriche » (Lettre de Sir Alexander Malet à M. l’abbé Jeuffrain, du 20août 1867).

Page 24: Jean-François Brianchon

Le texte qui vient de vous être présenté ci-dessus est extrait dela monographie imprimée Reconnaissance de la sépulture deGuillaume Malet, fondateur du Prieuré de Graville et notes sur lafamille Malet de Graville de Jean-François Brianchon éditée en1868 par l’imprimeur havrais Lepelletier.

Vous pouvez, si vous le souhaitez, retrouver et téléchargerl’intégralité de ce document sur :

Bibliothèque nationale de France, département Philosophie,histoire, sciences de l'homme, 8-LN27-24686.

Source   :

Bibliothèque nationale de Francehttp://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb301603389

Illustration première page   :

L’abbaye de GravilleAlbum « Vues du Havre », éditeur F. Sinnett

(Collection personnelle G.H.)