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Jason et les argonautes Don Chaffey Grande Bretagne 1963 Des mots « clés » : Mythe populaire, aventure, effets spéciaux, péplum, dieux, Grèce antique Genre : Fantaisie mythologique, film fantastique, péplum, aventures Quand le cinéma prend en charge une représentation d’un mythe, c’est d’une part l’adapter au spectacle singulier qu’est le cinéma mais c’est surtout savoir utiliser toutes les possibilités de ce langage. L’occasion aussi de parler des métiers du cinéma. Le merveilleux C’est la forme nécessaire pour adapter un mythe. Le merveilleux autorise le rêve collectif. Il n’est pas un genre à proprement parler mais un domaine artistique où la fiction se développe librement, sans référence au réel, sans aucun souci de crédibilité ; il privilégie la poésie, l’imaginaire, l’irrationnel, le rêve et l’inexplicable. Le cinéma comme le conte demande au spectateur, au lecteur, d’accepter les conventions du merveilleux, une fois admises ces conventions, il n’y a rien d’invraisemblable. Générique école et cinéma 2007/2008 1

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Page 1: Jason et les argonautes - bab-art.fr · Bernard Herrmann (29 juin 1911 New York, États-Unis – 24 décembre 1975 Los Angeles) compositeur et chef d’orchestre, essentiellement

Jason et les argonautes Don Chaffey

Grande Bretagne 1963

Des mots « clés » : Mythe populaire, aventure, effets spéciaux, péplum, dieux, Grèce antique Genre : Fantaisie mythologique, film fantastique, péplum, aventures Quand le cinéma prend en charge une représentation d’un mythe, c’est d’une part l’adapter au spectacle singulier qu’est le cinéma mais c’est surtout savoir utiliser toutes les possibilités de ce langage. L’occasion aussi de parler des métiers du cinéma. Le merveilleux C’est la forme nécessaire pour adapter un mythe. Le merveilleux autorise le rêve collectif. Il n’est pas un genre à proprement parler mais un domaine artistique où la fiction se développe librement, sans référence au réel, sans aucun souci de crédibilité ; il privilégie la poésie, l’imaginaire, l’irrationnel, le rêve et l’inexplicable. Le cinéma comme le conte demande au spectateur, au lecteur, d’accepter les conventions du merveilleux, une fois admises ces conventions, il n’y a rien d’invraisemblable. Générique

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Dès le générique, la référence au mythe, à la Grèce, aux personnages merveilleux et mythiques est donnée. Soyez attentifs aussi aux choix de la police de caractère, l’occasion de travailler l’image fixe. Dialogue, la langue du récit Les dialogues sont aussi essentiels et spécifiques à ce type de film. Adaptés de nombreuses sources littéraires, les dialogues sont très proches d’une langue du récit. Une manière de rencontrer l’écrit aussi, ces personnages ne parlent pas comme dans le réel, leurs paroles sont plus proches du récit. Utilisation d’un certain lexique de mots qui génère un imaginaire propre à cette époque, à ces récits : - les noms des personnages : Zeus, Héra, Jason, Médée, etc. - « aux confins du monde… », - les sites : la Colchide, Royaume de Thessalie - La toison d’or

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« Zeus, roi de tous les dieux de la Grèce, écris dans les cendres afin que je puisse lire l’avenir… » Musique Elément structurant de la bande sonore, la musique est très présente dans ce film. Elle ne quitte pas la narration et ponctue le film. Mais il se peut que totalement intégrée, les enfants ne la remarquent plus. Elle est composée par un des grands maîtres de la musique de film moderne. Bernard Herrmann (29 juin 1911 New York, États-Unis – 24 décembre 1975 Los Angeles) compositeur et chef d’orchestre, essentiellement connu pour ses musiques de films, particulièrement celles issues de sa collaboration fructueuse avec Alfred Hitchcock. Introduit à Hollywood par Orson Welles avec lequel il débuta (Citizen Kane), il fut redécouvert à la fin de sa vie par la génération du nouvel Hollywood pour laquelle il écrivit et dirigea ses dernières partitions (Taxi driver de Martin Scorsese). Il s’illustra aussi par ses compositions et directions pour la radio et la télévision. Il est aujourd’hui considéré comme Costume Le costume fait aussi partie des paramètres langagiers du cinéma, il permet de dater une époque, de marquer une typologie, de donner une identité aux personnages.

Découpage / Point de vue Hors champ

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Cette manière de présenter cette séquence au spectateur permet de raconter ce crime sans le montrer réellement, il a lieu hors champ. Le découpage le suggère très clairement et le spectateur le comprend sans le voir. Plan en plongée

Ce plan de Jason très en plongée et l’axe de son regard permet de suggérer la taille de Talos. Plan subjectif

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Ce plan en contre plongée directe suggère un plan subjectif de Talos, il permet au spectateur de ressentir l’écrasement et le danger imminent.

Ici, les cadres sont maladroits, la caméra bouge beaucoup, les gros plans s’alternent avec une vue d’ensemble fixe, ce découpage rend compte du chahut du bateau provoqué par Talos. Couleur

Les ressentis du spectateur, le voyage dans un film dépend aussi beaucoup de l’univers esthétique avec lequel le spectateur va dialoguer durant le temps de la projection. Ici, par exemple le choix d’un procédé technique va permettre au réalisateur de faire avec une certaine palette de couleurs, comme un peintre. L’Eastmancolor est un procédé, lancé par Kodak, de reproduction de la couleur, utilisé dans de nombreux films des années 1950. La mythique Eastman Color, sort en 1950, accompagnée de sa pellicule de tirage EASTMAN Color Print. Cette pellicule lumière du jour d'une sensibilité de 16 ASA est le premier négatif à coupleurs couleur intégrés de Kodak. Elle reçoit un Oscar !

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Le rendu des couleurs de ce film est lié à l’utilisation de ce procédé. C’est lui qui donne ces tonalités très colorées et contrastées. Beaucoup de films à cette époque ont été filmés comme tel, ce qui permet parfois aussi de situer ces films dans le temps, ils correspondent à une période précise de l’Histoire du cinéma. Le décor Une ambiance, une époque, un univers souvent exprimés grâce aux décors.

Scènes de bataille

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Ce film est aussi un film d’aventure, les batailles font parties de la narration. Trois présents ! Evidemment le cinématographe n’existait pas à l’époque de la Grèce antique… mais il permet de la « représenter ». L’occasion de faire un peu d’Histoire. Lexique de l’Olympe : http://hellada.free.fr/dieux.html#lexiqueLes dieux de l’Olympe : http://hellada.free.fr/dieux.html N’oubliez pas aussi de préciser aux enfants que l’on peut parler de trois temps :

- le temps de la narration, l’histoire du film - le temps du tournage, 1963 - le temps du spectateur, celui de la projection : 2008 !

Effets spéciaux Beaucoup de scènes ont nécessité des effets spéciaux. Un métier spécifique correspond à cet aspect du film. Ici, un procédé spécial a été utilisé, inventé par Ray Harryhausen. Ray Harryhausen (29 juin 1920, Los Angeles, États-Unis) est généralement considéré comme le grand maître, voir le père, de l'animation en volume. Ce, de part sa contribution sans égale dans le domaine du trucage au cinéma, de ses premiers pas dans l'ombre de Willis O'Brien sur Monsieur Joe (Mighty Joe Young) à la fin des années 1940 jusqu'à l'ultime et ambitieux Choc des Titans au début des années 1980. Le procédé dynamation In http://fr.wikipedia.org/wiki/Ray_Harryhausen

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L'apport le plus significatif de Ray au domaine du trucage cinéma restera l'élaboration d'une nouvelle technique de combinaison des prises de vue réelles et de miniatures, technique dont il aura un usage presque exclusif au cinéma et qu'il ne cessera d'affiner. Le principe est de renforcer l'effet d'intégration en distribuant des éléments de la prise de vue réelle en avant et en arrière-plan de celui de l'objet animé. Soit en plus clair, donner la possibilité à l'animateur de faire passer l'élément animé devant ou derrière des éléments choisis de la prise de vue réelle. La technique traditionnelle utilisée jusqu'alors se "résumait à" filmer la miniature devant une rétro-projection de la prise de vue réelle (la marionnette est photographiée devant un écran semi opaque sur lequel est projetée en synchro (image par image), par l'arrière, la prise de vue réelle). Cette technique poussait naturellement la miniature en premier plan. Pour atténuer cet effet, les techniques employées étaient alors soit l'ajout de miniatures complétant ou reproduisant l'arrière plan (ex: des arbres miniatures devant un arrière plan de forêt derrière lequel le personnage animé peut alors passer), soit l'emploi d'un cache sous la forme d'une peinture sur verre en premier plan (matte painting). Ce sont les techniques employées dans le premier King Kong. L'idée de Ray fut de simplifier la prise de vue et de minimiser le coût en exploitant en substitution à ces deux techniques précédentes l'ancestrale technique de la double exposition avec cache (déjà utilisée par Méliès!). Le film est exposé deux fois, les portions de l'image déjà exposées étant masquées par un cache noir placé entre le sujet et l'objectif. Ce qui donne dans la pratique pour la dynamation, l'exécution de l'animation devant la rétro-projection avec un cache masquant toutes les portions de la prise de vue réelle que l'on désire ramener en premier plan. Puis, une seconde exposition du film obtenu devant la rétro-projection seule avec cette fois-ci pour cache le complémentaire du cache précédent afin d'imprimer sur la pellicule le premier plan sur les portions encore non exposées de celle-ci. Dans la pratique Ray avait régulièrement recours a des expositions complémentaire de la pellicule pour l'ajout d'effets de lumière ou effets atmosphériques (feu, fumée ....). Les héritiers À l'aube des années 90, l'avenir de l'animation image par image intégrée à des prises de vue réelles fut définitivement scellé devant la démonstration définitivement convaincante du potentiel de l'animation calculée. Jurassic Park (sur lequel Ray fut à titre honorifique consultant) sonna comme une oraison funèbre. L'animation image par image pure connut en revanche un regain d'intérêt considérable porté par le travail de fond des studios Will Winton au États-Unis et Aardman Animation en Angleterre au travers de courts, clips ou films publicitaires. Ce fut cependant le retour au format long qui concrétisa cet élan avec L'Étrange Noël de Monsieur Jack de Tim Burton et Henry Selick, accompagné durant la même période par une première exploitation commerciale en salle d'une sélection des films Aardman, incluant les travaux multi-oscarisés de l'incontournable Nick Park.

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Quelques images avec effets spéciaux

Incrustation de deux espaces dans le même plan.

Echelle des personnages différente dans le même plan.

Apparition/disparition Echelle Les effets spéciaux permettent de jouer sur les échelles des personnages. Soyez attentifs, nos héros sont présents dans ce photogramme !

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Les personnages Le Héros Ces histoire nécessite toujours UN héros. Jason Fils de Aristos, Jason est encore bébé à la mort de son père, assassiné par Pélias qui lui a ravit son trône. Rescapé du massacre de Thessalie, Jason devenu homme est désireux de ramener l’espoir à son peuple en ramenant le Toison d’Or de l’autre bout du monde. Une dépouille sacrée de bélier, réputée pour garantir paix et prospérité. La sincérité de Jason lui vaut le soutien des dieux dans son aventure semée d’embûches.

Les argonautes : Hercule, Hylas, Acaste Les amis : Phinée et Médée

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Les ennemis : Aétès et Pélias

Les Dieux : Zeus et Héra

Le dieu Triton

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Les Monstres In http://www.ac-caen.fr/orne/ress/culture/cinema/ecole_et_cinema/2006_2007/jason.pdf Talos

Dans la mythologie grecque, Talos, construit par un forgeron pour veiller sur l’île de Bronze, était un homme de fer. En en faisant un géant métallique haut de plusieurs dizaines de mètres, Harryhausen montre combien il fut inspiré par le Colosse de Rhodes, à quoi Sergio Leone venait de consacrer un film. Le Colosse représentait le dieu Hélios. Il aurait été construit sur le port de Rhodes. De nombreuses reproductions montrent une statue de plus de trente mètres, jambes écartées sur les deux bras d’une digue, bien que d’autre sources le situent plus vraisemblablement dans l’arrière-pays. Elle aurait été détruite vers 225 avant JC par un tremblement de terre, un demi-siècle après sa construction, à cause d’un défaut de conception au niveau des genoux. Position et défaut d’articulation ont été repris par Harryhausen. Alors que les Argonautes tentent de fuir, le géant posté à l’extrémité de la baie, les jambes appuyées sur deux bras de mer, s’empare du navire. Puis, plus tard, il s’écroule après que Jason a trouvé son point faible : un rivet au niveau de son talon par lequel s’écoule de la lave. Ainsi, Talos n’est pas un homme, fût-ce géant : c’est une statue et une machine. Tantôt Harryhausen insiste sur sa dimension architecturale et fixe, tantôt sur sa dimension mécanique et ses réflexes machinaux. Harryhausen n’a donc cherché ni mouvements fluides, ni allure humaine, mais plutôt à confondre la matière de Talos avec celle de l’île et de ses objets. Bien que de bronze, ses membres ont la même couleur que la roche, et son corps craque comme un rocher se fend. Reflets, patine, grincements métalliques, démarche saccadée, lave, renvoient à sa nature mécanique. La façon dont il surgit derrière une falaise rappelle d’autres géants et monstres aux dimensions colossales. Notamment Godzilla (Inoshiro Honda, 1954), qui est un produit, comme Talos, de son environnement.

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Harpies

Les Harpies (du grec harpazô, enlever) apparaissent dans le film plus ou moins telles qu’elles sont décrites dans la mythologie : des monstres ailés qui persécutent l’aveugle Phinéas, souillent sa nourriture et répandent une odeur pestilentielle. Ce sont des divinités persécutrices, proches des Erynnies qui sanctionnaient le remords d’Oreste après le meurtre de son beau-père et de sa mère. Le mouvement de telles créatures insatiables se devait d’être aussi constant que parasitaire : rapides, insaisissables, jacassantes, personnifiant la tempête et la mort. La difficulté résidait dès lors dans leur mobilité et dans la proximité de leur rapport aux acteurs. Harryhausen a utilisé des figurines de pâte à modeler de petite échelle : mais cette technique, autorisant peu de précision dans le dessin des expressions, contraint le créateur d’effets spéciaux à limiter les plans rapprochés afin qu’elles n’aient pas l’air trop artificielles. Ainsi, tant qu’elles sont libres, les Harpies sont pareilles à des insectes, raides, rapides, acharnées : c’est de ce côté qu’il faut trouver leurs cousines au cinéma. Dans les années 50, des films innombrables mettent en scènes araignées ou mouches. Plus récemment, voir les insectes tueurs de Starship Troopers (1998) de Paul Verhoeven, La Mouche (1988) de David Cronenberg, ou les insectes comiques de Men In Black (Barry Sonnenfeld, 1998). Hydre à sept têtes

Selon les sources mythologiques, Aétès demanda à sa fille Médée, d’utiliser ses dons de magie afin d’appeler des profondeurs de la terre un gardien pour la Toison d’Or qui lui avait été offerte. Ses incantations furent récompensées par l’apparition d’un énorme dragon qui s’enroula autour de l’arbre où était accroché la Toison. Son dos était orné d’une crête, et de sa gueule sortaient trois langues empoisonnées. Harryhausen ne l’entendait pas ainsi. « On a vu des tas de dragons à l’écran, mais combien d’hydres ? ». Il s’inspira donc plutôt de l’Hydre de Lerne, dont le meurtre constituait l’un des douze travaux d’Hercule, et dont Gustave Moreau fit un tableau

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célèbre en 1876, « Hercule et l’Hydre de Lerne ». Ce serpent à corps de chien possédait une multiplicité de têtes, de 5 à 10, voire 10000 selon les auteurs, dont une immortelle. De plus, ces têtes pouvaient se regénérer si elles venaient à être coupées. Ainsi très éloignée de la mythologie, l’Hydre d’Harryhausen tient autant du dragon que du serpent. Sa principale force tient à sa plasticité, à la multiplicité et à la force de ses tentacules, de sa langue sanglante et de sa queue s’enroulant autour d’Acastus puis de Jason. Chaque membre paraît susceptible de se ramifier, une langue sortant d’une tête comme plusieurs visages monstrueux sortaient de la gueule de l’Alien (1979) de Ridley Scott, plus fameux parent de cette Hydre. Les squelettes

Les squelettes posèrent surtout à Harryhausen des soucis d’articulations. Articulation des parties au tout de leur corps, articulation simultanée des sept squelettes que comprend la scène, articulation des créatures aux corps des acteurs qu’ils affrontent. Lors des répétitions, des figurants sont engagés pour prendre la place des squelettes. Chacun porte un numéro dans le dos et doit exécuter une sorte d’étrange danse. « Ils n’étaient plus là lors de la prise finale, mais après une dizaine de répétitions, les acteurs avaient mémorisé comment se déplacer, et où lancer des coups d’épées ». Il est intéressant de noter que les squelettes ont été pensé par Harryhausen comme le clou de son bestiaire, l’apothéose de la série de monstres crés pour le film. Intéressant et paradoxal car au vrai, ils sont infiniment moins impressionnants que Talos ou Triton, nettement moins grandioses que les Harpies ou l’Hydre. S’ils peuvent être néanmoins considérés comme étant la forme la plus achevée du travail d’Harryhausen sur Jason et les Argonautes, ce n’est pas seulement en raison d’une difficulté technique, mais parce qu’ils présentent le travail sous sa forme la plus nue, comme une série d’articulations, de mouvements microscopiques, un pur assemblage d’allumettes. Comme pour toutes les autres bêtes, la psychologie des squelettes est sommaire, affichée sous la forme d’un rictus figé qui dit bien l’obstination des créatures d’Harryhausen. Les squelettes sont d’emblée désarticulés et vacillants. Si tout est os, un crâne séparé de son tronc ne rendra pas pour autant le corps inefficace. Et si la capacité de mouvement subsiste sans le cerveau, c’est que le mouvement demeure comme une pure fonction vitale indépendamment contenue dans chaque membre. Bien que d’intelligence primaire, les créatures ont, comme l’adversaire de Schwarzenneger dans Terminator 2 (1992), une capacité de regénération infinie à laquelle rien ne met fin sinon la fuite. Autre La toison d’or Objet central de la narration, quête de Jason

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La fin

« Quant à lui, il aura bien d’autres aventures car je n’en ai pas fini avec Jason. Nous reprendrons la partie un autre jour. » Zeus Le film est fini mais ses aventures ne sont pas terminées, l’occasion d’en raconter d’autres…

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