1No45

Automne- Hiver2015 / 2016

Le vrai mystre du monde est le visible, et non linvisible.

Qui dautre quOscar Wilde pour crire cela? Et quoi dautre que la mode pour lui donner raison?

Le mystre dun manteau qui transforme une dmarche en allure. Le mystre dune robe qui fait se

relever une nuque, qui donne envie de danser ou de tout envoyer valser! Le mystre dun costume

parfaitement taill qui confre de lautorit sans mousser lempathie. Le mystre dun pschitt qui

rveille des temps oublis.

Ce numro dIN THE MOOD est donc ddi la mode faiseuse de mystres. Voyez, partir de la page

12, la srie de photos sauvages intitule Une hrone en hiver, qui voque, dans les Grisons et dans

un dcor de grandes capes, de neige ou de rochers noirs, le pouvoir fictionnel des habits. Ou voyez,

quand vous aurez tourn cette page, la troupe de sacs, de gants et de chaussures mis en scne comme

un thtre dapparitions. Ou les illustrateurs formidables, qui en page 11 et 39, tirent le dlicat du

banal, lternel du transitoire. Ou les interviews et portraits de crateurs inspirants - Albert Kriemler,

Stphane Lambiel, Anna Zegna, Stefano Pilati, Franois Nars. Sans oublier lcrivain Laurence

Benam racontant, en page 38, tout ce qui se dclenche de potique ds que lon franchit le seuil

dun grand magasin

Collections automne-hiver 2015. Oscar Wilde, horizons renchants. Adieu tristesse. Bonjour la

beaut du mystre. Llgance porteuse de visions. A vous de voir.

Le got du mystrePAR STPHANE BONVIN

E d i t o r i a l

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Impressum septembre 2015. Ce magazine In the Mood est publi par les magasins Bongnie Grieder. Tirage: 145000 exemplaires. Prochain numro:

printemps 2016. Rdacteurs en chef: Stphane Bonvin et Valrie Fromont RP et coordination: Claudia Torrequadra Photographes BG Studio: Thanos

Verveniotis, Nicolas Haeni, Guillaume Collignon Transphre SA - www.transphere-com.ch Traduction: Barbara Matas-Zeltner et Stphane Bonvin

Photolitho: Bombie Impression IRL plus SA - Sur la couverture, Jennifer Messelier porte un manteau en alpaga (Fr. 4250.-)

et un chemisier (Fr. 880.-) Brunello Cucinelli. Elle est photographie par Stian Foss.

Bongnie Grieder

D s i r s

Sac main avec bandoulire Lili Radu Fr. 490.- / Gants Agnelle Fr. 215.- / Lunettes de soleil Valentino Fr. 495.- Bottines Triver Flight Fr. 220.-

CONCEPTION ET PHOTOGRAPHIE / SANDRA POINTET

Tableaux de saison

Les plus beaux accessoires du Bongnie ftent la rentre et dfient la pesanteur

Bottines Repetto Fr. 490.- / Parapluie tte de bouledogue Pasotti Fr. 250.- / Sac main Lanvin Fr. 2380.- Lunettes de soleil Valentino Fr. 470.-

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Bottines (grises) Sam Edelman Fr. 270.- / Bottines (brunes brodes) Ralph Lauren Fr. 1060.- / Bottines (laces) Chlo Fr. 795.-Sac Ralph Lauren Mini Ricky Fr. 1690.- / Gants Agnelle Fr. 145.-

Escarpins Bongnie Grieder Fr. 260.- / Col en marmotte Yves Salomon Fr. 190.-Sac Tods Shark Small Fr. 1680.- / Baskets Ash Fr. 210.-

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ASSISTANTE PHOTOGRAPHIE ET STYLISME / MAGALI DOUGADOS

RALISATION / STPHANE BONVIN

Chaussures Brunello Cucinelli Fr. 1360.- / Sac bandoulire Lili Radu Fr. 415.- / Chaussures (boucles) Anne Thomas Fr. 290.- Bottes Stuart Weitzman Fr. 680.- / Chausse-pied tte de mort Pasotti Fr. 135.- / Chausse-pied tte de lvrier Pasotti Fr. 135.-

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ISAIApe2015IntheMoodMag210x285.indd 1 03/06/15 09:34

Te n d a n c e

TExTE / JEROEN VAN ROOIJEN *

ILLUSTRATION ORIGINALE / AURORE DE LA MORINERIE

Le vrai luxe parle la mainLa mode, llgance, la beaut, ce nest plus seulement

ce qui se voit. Cest dsormais ce qui parle la peau et qui suspend le temps.

Silhouette automne-hiver 2015 du designer Brunello Cucinelli, rinterprte par lillus-tratrice Aurore de La Morinerie. Une mode qui parle au toucher, porteuse de sens.

Touchez, touchez, je vous en prie Je suis Milan.

Lhomme qui me murmure ce conseil est comme souvent

revtu dune veste double boutonnage, il flne pas

tranquilles dans le showroom o il prsente ses dernires

collections aux journalistes du monde entier. Touchez,

allez-y! Maintenant, il minvite fermer les yeux, voir

les matires avec mes mains. Je mexcute parce que je

sais que ses cachemires sont extraordinaires. Leurs fibres

ultrafines ont le pouvoir de dbrancher, pour un temps,

ma raison et mon entendement.

Brunello Cucinelli (lhomme au ves-

ton double boutonnage, cest donc

lui) a lev la douceur, le moelleux

et la suavit du plaisir tactile au rang

dADN de sa marque ponyme. Chez

lui, toucher et ressentir sont aussi

importants que voir, que le design

optique, que la palette subtile de ses

couleurs. Et son entreprise vole de succs en succs parce

quil a donn, mieux que quiconque, une forme palpable

au mot luxe.

Je le vois partout, ces dix dernires annes, le luxe a chan-

g de sens. Lenvie de possder des symboles de russite

a laiss place, chez le consommateur clair, une qute

de sens, dexprience, de calme et mme de contenu.

Le luxe, ce nest plus une voiture qui fonce plus vite que

les autres, une montre exclusive ou une villa patante,

plus seulement. Cest du temps, la famille, de lespace.

Nous possdons dj tellement! Ce qui nous attire, dsor-

mais, cest moins le statut de ce qui brille, que ce qui nous

procure un indit plaisir des sens (et du sens).

Comme en tmoigne Brunello Cucinelli, comme le

montrent les designers et les grands magasins qui vo-

luent dans cette direction, le luxe devient plus silencieux,

plus personnel. Introverti. Une qute

du singulier plutt que la chasse au

produit rare. Il nest pas ncessaire

que cela se voie. Mais que cela se res-

sente, oui, absolument!

Les habits comme ceux-ci fonc-

tionnent comme ces massages tendres

qui balancent notre raison par-dessus

bord. Ils allgent et pas seulement notre carte de crdit.

Ils sont modernes parce quils nous remplissent du senti-

ment de possder non pas un vtement dot dun prix.

Mais un objet dot de valeurs.

Le luxe est devenu plus silencieux, plus personnel. Introverti.

* Journaliste et chroniqueur parmi les plus rputs de Suisse, Jeroen van Rooijen a commenc par tudier le design de mode. On peut le lire notamment dans le quotidien NZZ ou sur www.vanrooijen.ch

10

Il suffit parfois dun flocon pour suspendre le cours des

jours ordinaires. La neige feutre la rumeur du monde, et

sous sa lumire de lune ple, le monde se couvre dun man-

teau romanesque. Les magasins, les voisins, les arbres, les

voitures, les runions: un souffle pique emporte la trame

du quotidien sous son aile. Soudain, jouvre mon placard et

je ny vois plus des vtements, mais toutes les hrones cin-

matographiques, littraires ou relles qui ont dpli mon

imaginaire, model mon allure.

Ces figures dhrones planent secrtement sur les vitrines

de la rentre et inspirent la squence de photos qui dbute

ici. Ce sont elles qui ont enrichi mes reprsentations de les-

thtique fminine, faufil mon esprit dimages de courage,

dhumanit et de beaut. Dans mon placard, les toffes ont

laiss place un parfum daventure. Il palpite dans ce man-

teau militaire, dans cette jupe longue et ces silhouettes avec

lesquelles je me verrais bien traverser les steppes, gotant

la volupt rugueuse des paysages. Il vit dans le souvenir des

pages jaunies et parfumes par le temps de cette dition de

poche dAnna Karnine qui mavait tenue en haleine, ado-

lescente, jusquaux petites heures du matin.

Les hrones, par essence, sont dternelles passagres. Mais

leur souvenir et leur esprit nont jamais cess de maccompa-

gner. Des ftes les plus gaies aux heures les plus grises, lh-

rone na peur de rien et encore moins du quotidien, dont

elle est jamais souveraine. Elle est une dompteuse dennui,

elle seule un empire tout en relief. Elle est le signe dune

conqute de la libert par lesprit, un bastion labri du rel,

la preuve de ce droit inalinable au rve dont la mode est

le messager si singulier. Sinventer autre, et renatre hrone.

Dans les magasins ou dans nos placards dorment parfois des

vtements soyeux, divinement tisss, protecteurs, qui enve-

loppent la silhouette dun nuage de douceur. Mais que la

mode ait aussi de lesprit et soudain, cest un monde qui se

dploie! Cette rencontre entre la matire et limagination,

lorsquelle a lieu, tient du prodige. Cest le rendez-vous mira-

culeux entre la densit dun tissu, le savoir-faire dune mai-

son, lesprit dun designer, la qualit dtre dun vtement et

les projections de celle qui le porte ou limagine.

Les pages qui suivent capturent des silhouettes comme au-

tant de contes dployer au cur de lhiver. Aimer la mode,

cest dj se rver hrone.

Manteau Pablo Fr. 485.-Pull merinos

Bongnie Grieder Fr. 150.-

PHOTOGRAPHE / STIAN FOSS

RALISATION / VALRIE FROMONT

STYLISME / PHILIPP JUNKER

TExTE / VALRIE FROMONT

P a s s a g r e

Une hrone en HIVER

Cette saison, les crateurs exaltent lesprit romanesque du vestiaire fminin. Que serait la mode sans ses hrones

porteuses de rves et dhorizons?

12 13

Cape Max & Moi Fr. 640.-Poncho Masscob Fr. 440.-

Pull BA&SH Fr. 275.-Pantalon Seductive Fr. 210.-

Bottes Stuart Weitzman Fr. 750.-

14 15

Cape en agneau merinillo Ventcouvert Fr. 1900.-Pull cachemire Bongnie Grieder Fr. 240.-

Pantalon cuir J Brand Fr. 1300.- Chapeau Grevi Fr. 190.-

Pull Masscob Fr. 340.-Pantalon REDValentino Fr. 295.-

Bottines Bongnie Grieder Fr. 350.-

16 17

Manteau Akris Punto Fr. 1480.-

Jupe Victoria Beckham Fr. 780.- Cardigan Caren Pfleger Fr. 1250.-

Pull (autour de la taille) Masscob Fr. 340.-

18 19

Manteau en mouton Toscane Yves Salomon Fr. 2700.-

Pull merinos Bongnie Grieder Fr. 150.-Chapeau Grevi Fr. 220.-

Pull Fabiana Filippi Fr. 880.-Pull cachemire Bongnie Grieder Fr. 240.-

20 21

PRODUCTION / BMR FOTOGRAFEN

MANNEQUIN / MONIKA SAWICKA @ MODELWERK

MAQUILLAGE ET COIFFURE / RACHEL BREDY

ASSISTANTE STYLISME / JENNIFER TSCHUGMELL

Jupe Fr. 880.- et pull Fr. 850.- Fabiana FilippiGilet en fourrure Yves Salomon Fr. 375.-

Un bon magicienUn nouvel espace coiffure et beaut sest install

au cur de limmeuble Grieder de Zurich. Visite.

PHOTOS / BG STUDIO

TExTE / STPHANE BONVIN

A main gauche, de grands fauteuils blancs surlevs, mu-

nis de dossiers immenses qui les font ressembler au mo-

bilier dune station spatiale seventies. A main droite, les

grands miroirs classiques, qui se dtachent sur llgant

papier peint fleuri en noir et blanc. Au centre, dans la lu-

mire qui tombe flot des grandes vitres claires, lquipe

experte des coiffeurs, emmens ce jour-l par Pablo

Alvarez son coup de ciseau et surtout son instinct du

balayage sont connus loin la ronde et priss des ttes

clbres. Bienvenue au Grieder Beaut qui a pris ses quar-

tiers lumineux et chic au sein de limmeuble Grieder, sur

la Bahnhofstrasse zurichoise.

Un salon de coiffure mais pas que. Dans la cabine de soins

saffairent tour tour les spcialistes es extensions de cils,

es cire chaude et es maquillage permanent. Et les grands fauteuils baroco-futuristes? Rservs aux pdicures pr-

cieuses. Celles-ci fleurent bon les parfums frais de saison

(agrumes, sel, citron; ou Ice Cream aux armes Cassata)

alors que la posie de leurs noms clignote comme les

nons du rve amricain. Ainsi, au printemps dernier, la

cliente avait-elle le choix, outre dautres options plus clas-

siques, entre les pdicure VIP Miami, VIP Los Angeles

et VIP Big Apple.

Et la rentre de septembre, quels seront vos soins de

saison? demande-t-on Shanty, la matresse des lieux qui

pilote aussi lespace Nail Couture, deux tages plus bas.

Sourire. Et rponse suspense: A good magician never

reveals his secrets. Abracadabra!

S h o p p i n g

22 23

Les plus grands couturiers ont un

chien leur ct. Azzedine Alaa?

Patapouf, le Yorkshire, quil four-

rait dans les poches de son ta-

blier noir. Tom Ford? John, le Jack

Russel. Yves Saint Laurent? Moujik,

le Bouledogue, immortalis par

Andy Warhol. Lhomme qui nous

intresse aujourdhui est de cette

race-l. Cest un (faux) ppre

son chien-chien. Ct atelier, cest

un forcen du bel ouvrage, un mu-

tique, un ascte de la coupe, de la

rigueur et des matires nobles. Son

Boxer blanc (quelle classe!) sappelle

Bepi, en souvenir dun grand-oncle

milanais. Lui se nomme Stefano Pilati. Il a 50 ans cette

anne, signe depuis deux ans les collections Agnona, un

prt--porter femme haut de gamme, proprit du groupe Ermenegildo Zegna, pour lequel il dirige galement la ligne

luxe masculin. Des pices de sa collection Quattro pour

Agnona sont en boutique ds cet automne au Bongnie

Genve et Grieder Zurich. Elles appellent la caresse.

Stefano Pilati uvre sans fracas. Son moment de lumire,

il la connu chez Yves Saint Laurent, o il fut directeur ar-

tistique de 2004 2012. Ce sont ses annes pied--terre

Paris. Il sy achte un duplex dempereur, racontant quil

rvait des toits de Paris, quand enfant, il regardait Les

Aristochats. Cest pourtant bien un chien qui eut le der-

nier mot. Pilati, fru darchitecture

aux gots clectiques, craqua pour le

petit jardin au rez-de-chausse, idal

pour Bepi.

Ce moine roux, au regard fivreux et

christique, a dmarr 17 ans chez

Nino Cerruti. Il est engag ensuite

chez Armani puis chez Prada. A 30

ans, il sattaque au problme de sa vie:

il part au Canada pour une cure de

dsintoxication extrmement dure,

autrefois rserve aux vtrans du

Vietnam. Pilati dit avoir t beau-

coup seul, enfant, priv de son pre

et de ses surs, sennuyant.

Stefano Pilati a quelque chose dYves Saint Laurent:

quand il dit que les cratifs ont lmotionnel instable,

on comprend mieux son style. Il a pos nu en 2006, pour

Vogue, la manire du matre, Yves Mathieu le bino-

cleux. LItalien nest pas sage. On a vu ses tatouages faon

footballeur de lAC Milan. Pour marquer le renouveau

dAgnona, maison de noblesse laineuse (alpaga, cache-

mire, vigogne), il a dvoil une intellectuelle des podiums,

la jeune Dree Hemingway, arrire petite-fille du prix No-

bel de littrature, qui a pos nue, un agneau dans les

bras. Le sacrifice, la puret. Pour les vtements, allez les

caresser en magasin. Ils disent tout de lhumble, et du trs

grand, Stefano Pilati.

S h o p p i n g

Stefano Pilati, la caresse du modeste

La marque Agnona signe son retour au Bongnie.

Portrait du designer maison, en moine roux

et en artiste de lombre

TExTE / AURORE JACKSON

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Allgood CoatSundance Jacket

Paolo Ventura for WoolrichArt

shop online woolrich.eu

InThe Mood_CH_Woolrich_FW15-16_Caffee.indd 1 25/06/15 17:26

1 2

4

3

5

Transparence. Besoin de savoir do proviennent les

nourritures que lon consomme, les informations que lon

dvore. Aujourdhui, dans un monde o tout schange

et change trs vite, le dsir de traabilit est partout. Jus-

tement. Au Bongnie, deux marques offrent au client la

limpidit de leur traabilit.

La premire, cest Yves Salomon. Ce fourreur franais

dont le Bongnie vend des pices renversantes et des ac-

cessoires charmeurs, dcline, sur chaque tiquette, lhis-

toire des peaux utilises sur le vtement en question. En

cela, Yves Salomon se conforme lordonnance fdrale

de mars 2013. Cette dernire exige que chaque pice

avec fourrure indique le nom courant et scientifique de

lanimal; sa provenance; son origine. Comme si chaque

vtement comportant de la fourrure tait dot dun p-

digree. Ou comme sil se prsentait au client enrichi de

son arbre gnalogique.

La deuxime de ces initiatives est tout fait pionnire. Elle

a t mise au point par une trs belle marque italienne

exclusive, de celles qui suscitent les allures modernes et

lgantes: Lorena Antoniazzi. Chaque vtement est muni

dune tiquette avec code QR et chiffre didentification.

En scannant le code avec son smartphone ou en entrant

le chiffre sur le site Internet de la marque, le client peut

se renseigner sur la provenance des matires, la fabrica-

tion, les contrles, etc. Ce systme prouve, celle ou

celui qui lachte, que le vtement a t ralis en Italie,

dans des ateliers identifiables, dans le respect de la loi et

du plus bel artisanat transalpin. Il fait entrer le shopping

de luxe dans une nouvelle re: traable et responsable.

Quand le luxe informe ses clients de la traabilit

de ses (beaux) produits

TExTE / STPHANE BONVIN

La trace du futur

Photos: gauche, tour de cou Yves Salomon (dtail); centre: chaque vtement Lorena Antoniazzi est vendu avec un livret donnant accs son historique; droite: robe cuir, manteau frang mrinos et cuir, Yves Salomon.

3. Callens

Rabattre le col. Ecouter le bruis-

sement des coudes qui frlent la

taille. Goter aux raffinements de

la maille marie aux matires tech-

niques sophistiques Callens, son

nom est Callens. Et retenez-le bien

car cette nouvelle marque transal-

pine va faire parler delle. Touchers

soyeux, textures respirantes, poids

plume, lignes et palettes lgantes.

Le glam naturel, au carrefour du

sport et de la fminit.

1. Joseph

Conte dhiver. Capes qui f lottent

dans un vent dpices. Cuirs et

lainages qui caressent les corps.

Fort des songes. Pas de loup...

Joseph, oui, Joseph, la fameuse

marque britannique lance

Londres, en 1972, signe son re-

tour au Bongnie. Avec une invi-

tation sortir des sentiers bali-

ss, par la grce dune collection

mi-sauvage, mi-cocooneuse. Swin-

ging London? Swinging fall 2015!

2. Santoni

De la hauteur, une dmarche. Une

inspiration gypset cavalire qui in-

vite aux grandes enjambes et aux

dhanchs voluptueux. Llan don-

n cet automne par la marque ita-

lienne de luxe est lumineux: chaus-

ser la femme dcomplexe, celle qui

a tourn les talons aux conventions.

Garonne le matin, amazone le jour,

glamour le soir, douce ou ferme,

dun battement de cils, elle assume sa

libert. A chacun de ses pas.

5. Pablo

Le chic ct allure. Et le chic ct prix aussi, avec cette

marque franaise qui joue la carte des seventies abor-

dables. Soie, fourrure, lainages moelleux, imprims

bohme, peaux laines et jeans flares empreints de liber-

t, de romance et de rvrence naturelle: Pablo revisite la

tendance la plus forte de lautomne. Mais avec une fougue

purement parisienne.

4. REDValentino

Encore une nouveaut qui fait son entre au Bongnie.

Anticonventionnelle, singulire dans sa faon contempo-

raine de rejouer llgance, invitant mlanger les styles

et les rfrences. Partout o REDValentino dbarque,

cette ligne suscite les mmes coups de foudre que sa

grande sur, Valentino, maison star de ces dernires sai-

sons. Le romantisme lectrique.

S h o p p i n gS h o p p i n g

TExTE / EMILIE VEILLON

2726

Robe Paul & Joe Sister Fr. 380.-

24h de la vie dune femme

PHOTOGRAPHE / STIAN FOSS

RALISATION / VALRIE FROMONT

STYLISME / PHILIPP JUNKER

Manteau Balenciaga Fr. 1980.-

2928

Manteau Yves Salomon Fr. 6800.-Bottines Alaa Fr. 1020.-

Veste Fr. 3315.- et pantalon Fr. 850.- Akris

30 31

Blouse Chlo Fr. 1950.-

Combinaison Stella McCartney Fr. 1200.-

Chaussures Triver Flight Fr. 240.-32

Robe Alaa Fr. 2080.-Chaussures Alaa Fr. 1280.-

Robe Victoria Victoria Beckham Fr. 950.-

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Manteau Fr. 3740.- et chemise Fr. 865.- Ralph LaurenPantalon Barbara Bui Fr. 380.-

Manteau Max Mara Fr. 1640.-Pull Twin-Set Fr. 159.-Jeans J Brand Fr. 360.-

Bottines Stuart Weitzman Fr. 650.-

PRODUCTION

BMR FOTOGRAFEN

MANNEQUIN

JENNIFER MESSELIER

@ WOMEN MANAGEMENT

MAQUILLAGE ET COIFFURE

RACHEL BREDY

ASSISTANTE STYLISME

JENNIFER TSCHUGMELL

3736

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illus

trat

ion.

com

I n s p i r a t i o n

Le magasin Grieder de Ble, entre Fischmarkt; scne dhiver dessine par lartiste japonais Tadahiro Uezugi.

* Plume ultra-sensible de la mode, dcrivant comme personne le vtement et ses songes, Laurence Benam est journaliste et crivain. Vivant Paris, elle est lauteur de la biographie de Marie Laure de Noailles et de celle, incontournable, dYves Saint Laurent (Grasset). Elle est la directrice de Stiletto Editions quelle a cres, ditant notamment Stiletto Daily. (St.Bo.)

TExTE / LAURENCE BENAM*

ILLUSTRATION ORIGINALE / TADAHIRO UESUGI

Le bonheur ddale A chaque fois que je maventure

dans un grand magasin, le jeu de piste commence

Rdactrice en chef du magazine Stiletto et auteur de livres de mode bouleversants,

Laurence Benam raconte ici les grands magasins comme elle les traverse: de puissants

chasse-spleen ou dlgantes caravelles o les heures seffacent.

38

Au registre des phobies parentales, celle-ci simpose en

bonne place: perdre son enfant dans un grand magasin.

Cauchemar, humiliation, sanglots touffs derrire la

cabine: La petite Laurence est attendue laccueil.....

Un enfant est un petit roi sans divertissement. Se le faire

voler dans un march, passe encore. La rue est pleine de

policiers, de mamans forcment affables, de crmires

attentives et de marchandes aux yeux gros comme des

bonbons. Labyrinthe urbain, le grand magasin serait aus-

si vaste quanonyme avec son ddale descalators que les

bambins adorent emprunter contre-courant, ces ascen-

seurs souvent bonds o lon imagine une petite victime

se faire pitiner par une horde fonant vers les soldes de

ltage maison.

Which floor please? Cest l et nulle part ailleurs que se frlent incidemment touristes et locaux carte privilge,

chacun se sentant, dans le grand ma-

gasin, quelque part chez lui. A chaque

fois que je maventure dans un grand

magasin, le jeu de piste commence.

Je savoure dun cur nostalgique ces

chappes belles associes ce mille-

feuilles maison, un Rubiks Cube gant o jai toujours envie de planter une

brochette que jextirperais sur une

terrasse plein ciel, fumante de maca-

rons et de crayons, de cahiers et de

couettes, de livres et de rubans Jaime les grands ma-

gasins, parce que les lits y sont tout petits et tellement

dodus, parce que les dames qui officient dans les stands

de maquillage ont des lvres roses et des yeux souvent

frangs de bleu outremer. L, on ne sassoit jamais dans

un canap, on lessaie juste... Les heures sy effacent,

comme par miracle, les dambulations ayant eu raison

des aiguilles, les envies des urgences, les mensonges cel-

lulaires des obligations: Je suis occupe, je te rappelle

aprs mon rendez-vous. Parce qu midi, il est forcment

minuit. On y voit toujours des femmes presses, en talons,

qui iront grignoter un gteau sans gluten. Les grands

magasins sont les plus puissants chasse-spleen des mtro-

poles, et le solitaire sy dmultiplie au point de rendre

toute prsence ses cts intolrable. Aprs la pause th

blanc, lamie qui insiste y est condamne tre perdue.

Jaime my promener comme dans un rve o je retrouve

tous mes voyages. Jaime surprendre les responsables de

rayon en crise de pr-inventaire, comme jaime observer

le front pliss des scnographes de lespace Rentre des

classes, croiser le regard amical dune vendeuse qui me

dit Prenez plutt celle-l. Se dlecter dun sourire

aussi phmre que sincre, donn avec autant de gen-

tillesse que si ctait un chantillon de crme anti-ge.

On dit souvent que pour connatre un pays, il suffit de

rester dans sa chambre dhtel et de regarder la tl.

Ma premire expdition commence par une visite dans

lantre magique, histoire dadmirer les gourous vendeurs

des ladies de lupper Manhattan, plus chic que des

matres dhtel et, Tokyo, de contempler pendant des

minutes interminables, des cratures graciles aux sour-

cils peints, emballant des botes, selon

le rituel nippon des cadeaux...

Face lhyper, difforme dans ses grands survtements XL, le grand magasin

est toujours sur son trente et un. Mal-

gr son ge souvent avanc, il garde

sa tenue, son maintien. Ses sries li-

mites et ses offres premium. Il a le

charme des caravelles et des berlines,

spanche, un peu snob, au-dessus

de lavenue principale. Ses passerelles sont des instants

suspendus entre deux vies. Deux rendez-vous. Je me de-

mande si la vie, sans grand magasin, serait encore digne

dtre vcue. La voici allge, par ce travelling avec code

confidentiel pour tout bagage.

A qui puis-je expliquer que jai envie, le mme jour, dune

baby cocotte en fonte, dun peignoir en triple ponge

bleu baltique, dun coussin de lecture en lin ficelle et

dune lotion de finition en exclusivit? Et de tant dautres

choses que seules les choses elles-mmes comprennent,

tant leur promiscuit de papier de soie les rallient ma

cause dpensire? A qui, sinon celui qui me dira, la

place de lautre (Va voir un psy): Tu trouveras tout

dans un grand magasin

I n s p i r a t i o n

Les grands magasins,je my promne

comme dans un rve o je retrouve

tous mes voyages

40 41

Une longueur davance.

Le magazine conomique suisse

ww

w.b

ilan

z.ch

BIL_Image_rotes_Kleid_210x285_f_Mood.indd 1 01.06.15 12:33

I n s p i r a t i o nI n s p i r a t i o n

Trois lieux que vous aimez photographier? Paris, New

York, Appenzell.

Trois photos qui vous racontent? Il y a des images qui ont

nourri mes crations. Comme ces vues ariennes des che-

mins dans les jardins dessins sur les toits par Roberto

Burle Marx. Leurs formes et leurs lignes ont inspir les

coupes de toute une collection. Il y a aussi eu cette sai-

son o tout le monde faisait des imprims animaliers, et

o je voulais amener quelque chose de singulier. Je cher-

chais, je cherchais... Et puis un jour, dans un journal, je

dcouvre une photo de montagnes se refltant dans un

lac. En faisant pivoter limage 90, on voyait apparatre

la structure dun imprim animalier. Et cela a t ma

contribution ce trend. En travaillant les imprims pho-

tographiques, on va plus loin que lorsque lon reproduit

des photos. On cre une forme de rvlation. Cest ce qui

nous a valu le premier article important sur cette tech-

nique, dans le New York Times.

Quy a-t-il dinspirant sous vos yeux, dans votre bureau?

La vue, trs belle, sur Saint-Gall et les montagnes. Beau-

coup de livres, de tissus. Mais le plus important, cest mon

quipe.

Un rituel avant de dessiner? Quand je touche une ma-

tire, mon oeil intrieur visualise ce qui peut en dcou-

ler. Mais linspiration est constante. Partout o lon va, il

y a toujours des ides dvelopper.

Ces ides, o les consignez-vous? Je voyage beaucoup et

jai toujours avec moi une serviette avec des toffes en

couleurs et mon petit cahier de croquis.

Quest-ce quil vous reste de votre grand-mre? Tant!

Elle a fond Akris. Dans nos archives, il y a ses broderies,

ses dentelles, ses matires. Et bien sr, lesprit de toute

cette maison fonde par une femme indpendante, en-

treprenante et trs chic!

Souvent, la veste vous sert de thme de dpart. Si une

femme ne devait en possder quune Quelle choi-

sisse celle qui sied parfaitement ses paules. Pour le

reste, pas besoin quelle soit complique. Si la femme

Larchitecture minimaliste et le minral vous inspirent

souvent. Est-ce cela que ressemble votre maison? Lar-

chitecture qui minspire est celle dont Adolf Loos a pos

les bases: une esthtique mais aussi une thique. Lart

minspire tout autant. Si vous le voulez, ma maison est

au carrefour de ces deux influences. Deux cubes blancs,

conus par Christoph Sattler, o je vis entour de lart et

de la nature que jaime.

Et puis, il y a la photo. Pourquoi est-elle si importante?

Nous sommes renomms pour limpression de photos

voyage beaucoup, quelle en choisisse une rversible.

Ou un blazer que ses zips permettent de transformer

en veste biker. Aujourdhui, veste et manteau doivent

dgager une allure relax. Mais lapparence des ma-

tires, le tomb, les couleurs, la coupe, tout cela peut

faire dune simple veste quelque chose dextraordinaire.

Les femmes de pouvoir plbiscitent vos collections.

Quest-ce qui dfinit leur allure, aujourdhui? Toujours

plus de femmes occupent aujourdhui de tels postes, cest

rjouissant. Mais elles sont juges plus durement que

les hommes sur leurs apparences. Hillary Clinton le ra-

conte trs bien dans Hard Choices. Ce que les femmes

portent fait partie de leur communication non verbale. Il

sagit pour elles de trouver un moyen fminin dexprimer

leur autorit, de se sentir bien et de pouvoir faire bonne

figure aprs de longues sances ou de longs vols. De

pouvoir transformer une tenue daffaires en une allure

lgante pour un dner chic ou lopra. Et tout cela, sou-

vent, doit tenir dans un bagage main! Mais ces femmes

peuvent sexprimer avec leur tenue, ce que les hommes

de pouvoir, eux, ne peuvent pas. Regardez les grandes

sries TV amricaines, elles donnent de bonnes leons

de style. Scandal, House of Cards, Damages. Leurs

protagonistes sont trs lgantes mais sans effort appa-

rent. Beaucoup portent du Akris, discrtement mais avec

normment de prsence!

numriques sur tissus. Je cherchais crer des imprims

floraux qui soient modernes et cool. En 2007, je visite lar-

tiste Ian Hamilton Finlay, en Ecosse, je photographie la

lumire de la fort et un nnufar de son tang. Lentre-

prise saint-galloise Jakob Schlaepfer imprime ensuite ces

images retravailles sur de la georgette et des paillettes

mates. Le jour du dfil, Paris, ces pices ont soudain

rvl une lumire qui a compltement surpris le public.

Jai compris comment nous approprier une reproduction

photographique raliste pour en faire quelque chose qui

se distingue.

BIO EXPRESS

Albert Kriemler est n Saint-Gall. Il fait ses dbuts chez Akris en 1980. Cest sa grand-mre qui a fond, en 1922, lentreprise spcialise, ses dbuts, dans la dentelle et le haut de gamme. Sous son impulsion, Akris devient une rfrence de la mode fminine de trs grand luxe. Elle habille des clbrits chic et surtout des femmes actives raffines. Devise: Spectacularly unspectacular.2004, premier dfil Akris la fashion week de Paris. 2008, Grand Prix suisse du design. Deux ans plus tard, distingu par le New Yorks Fashion Group International.La maison Akris comprend les lignes Akris, Akris Punto et Akris Accessoires, soit 10 collections par an. Elle compte une quinzaine de boutiques sur les artres les plus lgantes du monde. En vente au Bongnie.

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Paris, New York, AppenzellAlbert Kriemler est la tte de la maison suisse Akris.

Il compte parmi les designers de mode les plus renomms du monde. Voici ses nourritures artistiques, ses conseils sophistiqus et ses sries TV.

INTERVIEW / EMILIE VEILLON & STPHANE BONVIN

Photos: Albert Kriemler et des dtails de sa marque Akris, automne 2015.

42 43

I n s p i r a t i o n

Si vous naviez pas t galeriste? Jaurais t psychiatre. Parce que les personnalits me fascinent. Cest aussi ce qui

me passionne dans mon mtier de galeriste: les relations humaines. Une galeriste lgante, cest Une attitude. Etre

intgre. Pas de compromis, ni avec lart, ni avec les artistes. La mode? Sa vitesse est diffrente de celle de lart. Mais

il y a, entre les deux, des changes dinspiration vidents. Votre pice de mode ftiche? Mon sac Louis Vuitton X Rei

Kawakubo. Talons ou plat? Chaussures plates, toujours. Votre style? Jessaie de faire le moins de diffrence possible

entre travail et loisirs. Parce que cela forme un tout. Et parce que je dois mhabiller tout aussi bien pour la construction

dune exposition que pour un cocktail lgant.

Marina OlsenGaleriste pionnire

PROFESSION HISTORIENNE DE LART, GALERISTE. GALERIE KARMA INTERNATIONAL, ZURICH, FONDE AVEC KAROLINA DANKOW

TALENT REPRSENTER DES ARTISTES SUISSES OU INTERNATIONAUx. FAITS IMPORTANTS POUR LA RENTRE, UNE ExPOSITION

DU JEUNE PEINTRE ZURICHOIS URBAN ZELLWEGER; EN OCTOBRE, SERGEI TCHEREPNIN, ARTISTE NEW-YORKAIS

TRAVAILLANT DES INSTALLATIONS SONORES.

Dans la galerie Karma International quelle a cofonde Zurich, Marina Olsen porte une veste Ralph Lauren, un pantalon J Brand et des chaussures Valentino, le tout Bongnie.

TExTE ET RALISATION / STPHANE BONVIN

PHOTO / SANDRA POINTET & MAGALI DOUGADOS

TExTE ET RALISATION / ANNE NIEDEROEST - PHOTO / SBASTIEN AGNETTI

I n s p i r a t i o n

Si vous naviez pas t patineur? Jaurais t danseur. Jaime mexprimer sur de la musique. Lambivalence entre la fra-

gilit dune performance et la prcision que cela rclame. Un patineur lgant, cest Quelquun qui sait doser. Ll-

gance, cest faire assez pour impressionner et raconter une histoire, mais pas trop pour viter de lasser. La mode? Elle a

influenc ma carrire. Les costumes font partie de mes programmes, de mes personnages, de ce que je raconte. Votre

vtement ftiche? Les charpes. Pour cet automne? Un cardigan qui rconforte. Votre style la ville? Je suis un assidu

de mode, tout me plat, mais en mme temps, jai besoin de simplicit. Sur la glace? Pantalon et t-shirt techniques. Une

rgle sportive bannir? Croire quil faut se sacrifier: vivre sa passion, ce nest jamais un sacrifice.

Stphane LambielPatineur extraordinaire

PALMARS DEUx FOIS CHAMPION DU MONDE, MDAILL DARGENT OLYMPIQUE. PROFESSIONS PATINEUR PROFESSIONNEL

DANS LE MONDE ENTIER. PRODUCTEUR, COACH, CHORGRAPHE. ACTUALIT PRPARE SON NOUVEAU SPECTACLE PERSONNEL

POUR AVRIL 2016. RENTRE DE LCOLE DE PATINAGE QUIL A OUVERTE CHAMPRY.

Stphane Lambiel porte une parka et un t-shirt Woolrich, un sac de voyage Paul Smith. Chaussures et pantalon personnels.

Ils sont cratifs, inspirants et en vue. Ils shabillent au Bongnie (mais pas que). Ils ont du style, leur style.

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Laus

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44 45

Gilet Eleventy Fr. 235.-Chemise Barba Napoli Fr. 260.-

Cravate Tom Ford Fr. 198.-

Costume Isaia Fr. 2580.-Chemise Brunello Cucinelli Fr. 370.-

Cravate Tom Ford Fr. 198.-Pochette Altea 45.-

Chaussures Santoni Fr. 720.-

PHOTOGRAPHE / STIAN FOSS

RALISATION / VALRIE FROMONT

STYLISME / PHILIPP JUNKER

A TRUEMAN

4746

Veste Tom Ford Fr. 2880.-Pull Bongnie Grieder Fr. 290.-Pantalon Paul Smith Fr. 420.-Chaussures Santoni Fr. 720.-

Veste Brunello Cucinelli Fr. 2950.-

Pochette Altea Fr. 79.-Pull Malo Fr. 640.-

Pantalon PT01 Fr. 270.-

4948

Manteau Paul SmithFr. 2800.-

Pull Altea Fr. 250.-Echarpe Andreas Fr. 420.-Pantalon Dondup Fr. 255.-

Chaussures Santoni Fr. 720.-Pull Malo Fr. 895.-

Pantalon Etro Fr. 295.-

50 51

Cardigan Malo Fr. 1150.-Chemise Woolrich Fr. 180.-

Echarpe Fedeli Fr. 385.-Pantalon Incotex Fr. 320.-

Chaussures Santoni Fr. 680.-

52 53

Costume Tom Ford Fr. 2850.-Chemise Artigiano Fr. 195.-

Cravate Kiton Fr. 240.-

Manteau en cachemire doubl Brunello Cucinelli Fr. 5700.-

Pull Bongnie Grieder Fr. 290.-Pantalon PT01 Fr. 260.-

Chaussures Santoni Fr. 710.- Sac Orciani Fr. 650.-

54 55

De lair! De lhorizon!

Le magasin de Lausanne a transform son espace ddi

au shopping masculin. A dcouvrir.

TExTE / STPHANE BONVIN

PHOTO / ALINE KNDIG

Rasez les Alpes, quon voie la mer! Ctait le slogan

de la jeunesse lausannoise rvolutionnaire, dans les an-

nes 1980. Et cest comme si les architectes chargs de

transformer radicalement le rez masculin du Bongnie

de Lausanne lavaient appliqu la lettre. Quelle mue.

Quelle vue. Waow.

Limpression est celle dun horizon largi. Les spara-

tions de lancien magasin ont laiss place une fluidit

tous azimuts. Sur 400 mtres carrs, les matriaux rap-

pellent la vue quon a sur les montagnes den face et sur

les feux bleus du lac. Sol voquant le granit. Chne fum

et viril. Miroirs et verre pour le ct urbain. Tout au fond,

un pais tapis soyeux aux tons de cuivre luisant dessine

un espace comme une place o dguster un caf. Et sur-

tout une touche dun formidable bleu vert, changeant tel

le Lman au fil des saisons, appliqu la laque et destin

tre la signature du lieu.

Aussi vrai que lhomme, aujourdhui, a dcloisonn son

allure, tous les rayons communiquent sauf deux salons

privatifs amnags pour les rendez-vous destins aux

costumes vos mesures. Friday wear color, vestons

tailleur aux codes matriss, look de bobo cratif ou de

sportif chic, matires techniques portes la ville. Sacs,

chaussures, baskets, cravates, cadeaux. Jour relax, soir

black tie. Moncler, Hackett, Tods, Paul Smith, et on en

passe: les marques aussi ont redfini et largi leur alpha-

bet. DArtigiano Zegna. De lalpha du mle la zni-

tude du hipster.

Le Bongnie de Lausanne, ct Hommes, a t redessin par le bureau darchitectes VersionB.

V e s t i a i r e

Manteau en cachemire Isaia Fr. 3480.-

Gilet Eleventy Fr. 235.-Chemise Barba Napoli Fr. 260.-

Cravate Tom Ford Fr. 198.-Echarpe Fedeli Fr. 395.-

Chaussures Santoni Fr. 780.- Chapeau Borsalino Fr. 240.-

PRODUCTION

BMR FOTOGRAFEN

MANNEQUIN

TOM WARREN @ NEW MADISON

MAQUILLAGE ET COIFFURE

RACHEL BREDY

ASSISTANTE STYLISME

JENNIFER TSCHUGMELL

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Il ny a pas que les hipsters barbus. Il y a aussi ceux qui

portent une parka Woolrich Arborer, la ville, une

veste rappelant la campagne, ou une chemise carreaux

ou une pilosit faciale dermite vivant

sans eau courante, est devenu un must.

Ok. Mais Woolrich, pourquoi la

marque Woolrich merge-t-elle de

cette tendance retour dun stage de

bcheronnage? Parce que ce label

ne fait pas semblant. Parce quil a t

fond en 1830, quil tire son nom dun

petit village situ au bout dun chemin

de Pennsylvanie. 185 ans dge au-

jourdhui. Voil qui fait de Woolrich

la plus ancienne marque US de vte-

ments doutdoor encore en activit.

Respect.

Lhistoire de Woolrich raconte celle de lhomme occi-

dental et de son rapport la nature. Quand John Rich

tablit sa fabrique, il vise la clientle des immigrs qui

construisent les chemins de fer. Il vend lui-mme ses cou-

vertures, ses toffes, ses chaussettes, passant de chantier

en campement avec sa mule. Ces pionniers ne plaisantent

pas avec la qualit. Justement, John dveloppe des vestes

robustes et protectrices, munies de poches solides. Len-

treprise familiale crot, les lignes se diversifient, les ma-

tires samliorent, le monde change, mais le souci de

rsistance, lui, reste. Bientt, Woolrich inspire les aven-

turiers de la conqute des ples ou lUS

Navy. Entre-temps, le pionnier barbu

sest fait citadin cravat, parfum et

ras de prs.

Depuis une dizaine dannes, Woolrich,

qui fabrique toujours des habits de

travail, est devenue une marque la

pointe de la mode, implantant en Italie

des lieux de production, visant une g-

nration de businessmen ou de cratifs.

Tflon, ergonomie, lgret, coupes

tailleur, mtissages qui sduisent une

clientle hype. Ralise en laine Loro

Piana Storm System, avec son imper-

mabilit, son col en coyote, ses quali-

ts respirantes et son intrieur tudi, la Polar Parka de

Woolrich est emblmatique de cette faon, trs 2015, de

ventiler les hritages.

Rsumons. La parka nest pas quune veste. Cest une

qute de racines. Une recherche en paternit. Quant

lhomme woolrichophile, reste lui trouver un nom:

Robin des villes ou dandy des bois?

En photo: lemblmatique Polar Parka. Signe Woolrich John Rich & Bros. Version 2015, au Bongnie.

COMMENT LA PORTER?

- Nhsitez pas la porter avec un costume trs classique, une tenue de ville lgante. La parka virilisera alors votre allure. Et vous la laisserez de toutes faons au vestiaire avant les runions plus formelles.

- Evitez de surjouer. Parka + chemise de bcheron + boots + bonnet = dguisement de trappeur en goguette.

V e s t i a i r e V e s t i a i r e

Robin des villes

Au sommet du classement des habits qui font lhomme,

il y a la parka Woolrich. Voici pourquoi.

TExTE / STPHANE BONVIN

Lobjet culteTricot comme un cardigan, paul comme une veste,

dessin comme une saharienne, cest le vtement multitasking de cet automne. Voire de toute une vie.

Moiti pour fumeur de havane, moiti pour crivain dans sa garonnire, moiti pour patron baroudeur.

Cela fait trois moitis, me direz-vous. Justement. Nous, les hommes, ne devons-nous pas tre

de bons maris, de bons pres, de bons amants? Des individus raisonnables et des mles rebelles?

Ceci nest pas un vtement. Ceci est notre miroir. Chiche.

PHOTO / SANDRA POINTET - ASSISTANTE / MAGALI DOUGADOS

Cardigan long 100% pure laine Maurizio Baldassari Fr. 680.-

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J a r d i n s e c r e t J a r d i n s e c r e t

Mon studio, cest mon le

Star du maquillage, crateur de sa marque culte,

Franois Nars est aussi un photographe adul.

Il rpond nos questions depuis la plage

de son le prive prs de Bora Bora

Sur votre le de Motu Tan, quelle est la premire chose

que vous voyez le matin? Je me lve et je vais souvent

masseoir ou me coucher pour regarder le ciel, leau, la

nature. Mes amis ne comprennent pas toujours cette en-

vie que jai parfois de misoler loin de tout. Mais je ne

mennuie jamais ici. Les jours passent tellement vite. Je

perds le sens du temps.

Y avez-vous install un bureau? Non, mais jai ici un

grand studio o je photographie les campagnes photo et

ditoriales.

Votre pice prfre Motu Tan Mais je les aime

toutes! Jai eu la chance de travailler avec le designer

Tenez-vous des carnets ou travaillez-vous sur cran?

Jcris toutes mes ides et le nom de mes couleurs dans

mon cahier Herms. Je le garde toujours avec moi.

Loin de votre le, o tes-vous le plus heureux? Au Japon.

Mais cest dur de choisir parce que les voyages sont une

autre de mes sources dinspiration. Au Japon, la culture

dborde de traditions et dhritages si authentiquement

vcus que je ne peux pas me perdre, o que jaille. Je suis

aussi attach ses paysages, son architecture unique,

la faon dont sy mlent lancien et le nouveau, aux jardins

magiques, aux profondes forts de bambous. Chaque fois

que jy retourne, je dcouvre quelque chose de stimulant,

un pigment bleu profond indigo, une rue la mode dans

le quartier tokyote dHarajuku

Vous avez photographi Charlotte Rampling et Tilda

Swinton. Quest-ce qui vous touche en elles? Charlotte

est une actrice fantastique. Ce nest pas que son formi-

dable regard vert, cest son travail de comdienne qui se

reflte sur ses traits. Je respecte ce quelle fait de sa vie,

cest ce qui la rend toujours plus belle. Tilda est capti-

vante, elle est confiante, trs Nars. Jadmire son travail

mais aussi laudace de son style. Elle prolonge, dans sa vie

de femme, son art de la transformation.

Vous, le photographe, lequel de vos pairs admirez-vous?

Il y en a tellement dincroyables, aujourdhui. Jadore

Mario Sorrenti. La photographie, ce nest pas seulement

faire des photos. Mario se donne cur et me la pho-

tographie. Il faut se consacrer son art, entirement.

Cest la seule chose qui compte.

franais Christian Liaigre. Nous avons cr le design du

resort principal qui stend sur 2500 m2 avec ses deux

vastes suites, ainsi que celui des autres logis - bunga-

lows, gesthouse, etc. Le dcor marie design franais et

influences locales. Le mobilier, le plafond et les sols ont

t confectionns dans du bois fonc pour complter les

toits de chaume et contrebalancer les couleurs vibrantes

de la mer, des feuillages et des fleurs.

Vos sources dinspiration? La nature, depuis toujours,

pour mes couleurs de maquillage. A Motu Tan, ce sont

les fleurs, le bleu et le turquoise de locan, les couchers

de soleil qui deviennent trs rose et orange. Mais mon

inspiration nest pas littrale, cest plutt un tat desprit.

INTERVIEW / SARAH JOLLIEN-FARDEL

BIO EXPRESS

1959 Nat dans le Sud de la France.1994 Make-up artist reconnu (dfils, magazines). Lance sa premire collection: 12 rouges lvres.1996 Premire campagne. Passe derrire lobjectif. 2009 Publie 15x15, livre de portraits de personnalits et danonymes quil maquille. Certains clichs (comme celui de Marc Jacobs) deviennent clbres.2000 Vend son entreprise Shiseido. Reste directeur artistique de Nars Cosmetic. Soffre son le en Polyn-sie franaise, qui peut tre loue ds 30000 dollars la nuit.2014 Les rouges lvres Audacious Lipstick (photo) ftent les 20 ans de la maison Nars. Succs retentissant. 40 teintes. Tenue exceptionnelle. Packaging noir, l-gant. So Nars!

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Anna Zegna

La mode change. Les modes

passent. Anna Zegna* raconte

ce quoi elle reste fidle et les

grandes figures qui linspirent.

Indfectiblement.

INTERVIEW / STPHANE BONVIN

M e s f i d l i t s p a r

* Anna Zegna est Image Director de Zegna. Elle fait partie de la 3e gnration qui pilote la marque fonde par son aeul en 1910. Elle a tudi les sciences politiques Lausanne. Zegna est une des marques iconiques de Bongnie Grieder.

Mon artiste prfr, celui qui mclaire? Alberto Giacometti. Jai toujours t fascine par sa faon

surraliste de rinterprter le corps humain. Derrire

ses uvres qui semblent si simples et primitives au pre-

mier regard, il y a toute une vision de lme humaine qui

ne cesse de mintriguer et qui stimule mes penses.

Mon lieu de ressourcement, cest lOasi Zegna, la montagne qui surplombe Trivero, au Nord-Ouest de

Milan, l o se trouvent nos fabriques et l o notre his-

toire a commenc. LOasi, cest ma vraie maison. L o

jai engrang mes souvenirs denfance. La vue de cette

nature florissante me rgnre le corps et lme. Pn-

trer dans ce paradis fait de milliers de pins, de rhododen-

drons et dhortensias mapporte une immense nergie

vitale et une srnit profonde. Puisquon parle de se res-

sourcer, je ne peux pas mempcher de parler de lHtel

Bucaneve, Bielmonte et de sa vue couper le souffle sur

lOasi et les valles du Pimont.

Mon rituel cest une promenade lintrieur du Bosco del Sorriso en franais, la fort du sourire.

Cette zone de nature pure, cette partie tonnante et en-

chante de lOasi Zegna est peuple de htres, de par-

fums et de sons. Sy promener est devenu une exprience

rgnrante depuis que 18 arbres y sont soigns selon

la mthode Bioenergetic Landscape. Base sur des tra-

ditions populaires aujourdhui confirmes par la science,

cette mthode postule que les champs lectromagn-

tiques mis par chaque espce darbre influencent lner-

gie de chaque organe du corps. Je souhaite que ce voyage

au cur du Bosco del Sorriso ne soit pas seulement une

habitude personnelle, mais quil devienne le rituel de

nombreux visiteurs.

Ma phrase pour la vie est dEleanor Roosevelt: Le futur appartient ceux qui croient la beaut de

leur rves.

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