introduction à la sociologie politique

21
Introduction à la sociologie politique La politique, aujourd’hui, grâce ou à cause d’un certain nombre d’évolutions est en relation avec la planète entière. La politique est notre condition. « L’Homme est par nature un animal politique » Aristote. Aristote replace l’Homme dans la catégorie des animaux sociaux. L’Homme est en permanence rattaché à la politique. Qui est le peuple, comment gouverne-t-il ? La démocratie représentative propose une résolution de ce problème. Qu’est-ce qu’un animal politique ? La politique est le champ d’exercice du pouvoir. L’Homme est caractérisé par le pouvoir essentiellement sous la forme de la volonté de puissance et sur le déploiement de cette puissance dans le champ social. Aristote (philosophe grec, précepteur d’Alexandre le Grand) a écrit des dizaines de traités sur divers sujets et notamment sur l’organisation politique. Il a toujours été présenté comme un « ancien moderne ». L’Homme est un être destiné à vivre dans une cité. La Nature lui a donné, à lui seul, le « Logos » c'est-à-dire le langage, la science ou encore la raison en philosophie. C’est un être doué de raison. La politique est ainsi le propre de l’Homme. « La politique différencie l’Homme de l’animal. » Gicquel Aristote expose l’existence naturelle de la cité et ainsi de la politique. L’Etat « politeia » est instauré pour que l’Homme vive bien. L’Homme ne vit pas de manière instinctive, il doit faire des choix. Ce sont ces choix qui distinguent l’Homme des autres êtres vivants. Ces choix créent la politique. Les Hommes ne s’entendent pas sur l’organisation de la société. Les Hommes ne sont pas d’accord sur la façon dont ils doivent résoudre ces désaccords. La société doit elle fonctionner sur la coopération ou sur le conflit ? « Il est évident que la cité est une réalité naturelle et que l’Homme est par nature un être destiné à vivre en société ; celui qui sans cité est par nature et non par hasard est un être soit dégradé soit supérieur à l’Homme : il est comme celui à qui Homère reproche de n’avoir ni clan, ni loi, ni foyer. La raison est évidente pour laquelle l’Homme est un être civique plus que tous autres, abeilles ou animaux grégaires.» Aristote Aristote soutient qu’il y a des animaux grégaires mais aussi politiques : abeille, fourmis, grue et l’Homme sont des animaux sociaux-politiques. Dauphins, singes sont des animaux qui vivent en horde. Il est naturel pour eux de s’organiser d’une manière particulière en fonction d’une hiérarchie (exemple des chimpanzés). « Il est naturel qu’ils aient des relations de pouvoir » Aristote. Aristote nous dit que former un système politique, commander, avoir des relations de hiérarchie est naturel pour l’Homme. Exercer ou subir le pouvoir serait dans nos gènes. La politique et donc le domaine des relations du pouvoir. L’Homme peut être un animal plus politique que les autres animaux sociaux selon Aristote. L’éthologie c’est l’étude biologique du comportement animal. Ce domaine comporte plusieurs branches, notamment la branche qui s’intéresse aux grands singes, aux primates (réf. Frans De Waal La politique du chimpanzé ). Ces animaux ont ainsi des relations de pouvoir. Selon l’éthologie, la politique nous renvoi à notre nature animal et sociale. Les relations sont teintées par des relations de pouvoir, une volonté de puissance. La sociologie politique permet d’accéder au débat, aller au delà de la configuration initiale du débat et participer. La demande d’allégeance est l’expression même du pouvoir politique. La demande d’allégeance est une manifestation de l’appartenance à tel ou tel groupe. L’humanité est en effet formée de groupes. Le politologue ne juge pas, ne condamne pas, il observe pour tenter d’expliquer.

Upload: yves-molina

Post on 19-Dec-2015

27 views

Category:

Documents


7 download

DESCRIPTION

hhh

TRANSCRIPT

Page 1: Introduction à La Sociologie Politique

Introduction à la sociologie politique

La politique, aujourd’hui, grâce ou à cause d’un certain nombre d’évolutions est en relation avec la planète entière. La politique est notre condition. « L’Homme est par nature un animal politique » Aristote. Aristote replace l’Homme dans la catégorie des animaux sociaux. L’Homme est en permanence rattaché à la politique.Qui est le peuple, comment gouverne-t-il ? La démocratie représentative propose une résolution de ceproblème. Qu’est-ce qu’un animal politique ?La politique est le champ d’exercice du pouvoir. L’Homme est caractérisé par le pouvoir essentiellement sous la forme de la volonté de puissance et sur le déploiement de cette puissance dans le champ social.Aristote (philosophe grec, précepteur d’Alexandre le Grand) a écrit des dizaines de traités sur divers sujets et notamment sur l’organisation politique. Il a toujours été présenté comme un « ancien moderne ». L’Homme est un être destiné à vivre dans une cité. La Nature lui a donné, à lui seul, le « Logos » c'est-à-dire le langage, la science ou encore la raison en philosophie. C’est un être doué de raison. La politique est ainsi le propre de l’Homme.

« La politique différencie l’Homme de l’animal. » Gicquel

Aristote expose l’existence naturelle de la cité et ainsi de la politique. L’Etat « politeia » est instauré pour que l’Homme vive bien. L’Homme ne vit pas de manière instinctive, il doit faire des choix. Ce sontces choix qui distinguent l’Homme des autres êtres vivants. Ces choix créent la politique. Les Hommes ne s’entendent pas sur l’organisation de la société. Les Hommes ne sont pas d’accord sur la façon dont ils doivent résoudre ces désaccords. La société doit elle fonctionner sur la coopération ou sur le conflit ?

« Il est évident que la cité est une réalité naturelle et que l’Homme est par nature un être destiné à vivre en société ; celui qui sans cité est par nature et non par hasard est un être soit dégradé soit supérieur à l’Homme : il est comme celui à qui Homère reproche de n’avoir ni clan, ni loi, ni foyer. Laraison est évidente pour laquelle l’Homme est un être civique plus que tous autres, abeilles ou animaux grégaires.» Aristote

Aristote soutient qu’il y a des animaux grégaires mais aussi politiques : abeille, fourmis, grue et l’Homme sont des animaux sociaux-politiques. Dauphins, singes sont des animaux qui vivent en horde. Il est naturel pour eux de s’organiser d’une manière particulière en fonction d’une hiérarchie (exemple des chimpanzés). « Il est naturel qu’ils aient des relations de pouvoir » Aristote. Aristote nous dit que former un système politique, commander, avoir des relations de hiérarchie est naturel pour l’Homme. Exercer ou subir le pouvoir serait dans nos gènes. La politique et donc le domaine des relations du pouvoir. L’Homme peut être un animal plus politique que les autres animaux sociaux selon Aristote.

L’éthologie c’est l’étude biologique du comportement animal. Ce domaine comporte plusieurs branches, notamment la branche qui s’intéresse aux grands singes, aux primates (réf. Frans De Waal La politique du chimpanzé). Ces animaux ont ainsi des relations de pouvoir. Selon l’éthologie, la politique nous renvoi à notre nature animal et sociale. Les relations sont teintées par des relations de pouvoir, une volonté de puissance. La sociologie politique permet d’accéder au débat, aller au delà de la configuration initiale du débat et participer.

La demande d’allégeance est l’expression même du pouvoir politique. La demande d’allégeance est une manifestation de l’appartenance à tel ou tel groupe. L’humanité est en effet formée de groupes. Le politologue ne juge pas, ne condamne pas, il observe pour tenter d’expliquer.

Page 2: Introduction à La Sociologie Politique

La définition du champ politique

Politics : la Politique en général en français.Policy : politique du gouvernement, stratégie.Polity : désigne le politique dans le sens d’un espace politique.

La police vient de la même racine « Polis », elle est l’administration publique. Policing est l’action de faire la police. Cette fonction est remplie, en France par deux corps importants, la Police (corps civil) etla Gendarmerie (corps militaire).

« Qu’est-ce que la politique ? » (Question de Jean Marie Denquin) : En fonction du point de vue que l’on prend c’est une question insolvable. Il se pose cette question car la politique est notre univers quotidien. La politique n’est pas une chose, c’est une pratique qui est multiforme et mouvante donc difficile à appréhender. C’est aussi une qualité que l’on peut dire de certaines choses. Il n’y a pas de réponses simples aux deux questions suivantes : Il y a-t-il une essence du comportement politique ? S’il y en a une, en quoi consiste cette essence ? Il prend le fait d’écrire un poème, un acte de création privé qui semble sans rapport avec un acte politique. Cependant si l’on replace cet acte de création dans un certain type de contexte notamment à l’intérieur d’un certain système de gouvernement. Ce régime politique est un régime dans lequel toute forme de création qui n’est pas passé par la censure est susceptible de constituer un acte dangereux du fait de la défiance exercée. Cela devient ainsi un acte politique par défaut. Ces considérations environnementales des sujets étudiés sont importants puisqu’ils limitent ou étendent le champ qui est susceptible d’être étudié. Le contexte est donc une donnée importante. Denquin s’intéresse de ce fait aux emplois du mot « politique ».

Section 1 - Les emplois du mot « politique »

On observe une distinction entre les emplois non spécifiques pour lesquels on pourra remplacer le mot politique par un autre assez facilement et les emplois spécifiques où cela ne sera pas possible.

Dans les emplois non spécifiques, on parle de politique de défense, politique de santé, politique de l’environnement. Ici on peut alors remplacer le mot politique par « gestion ». La politique évoque la gestion collective d’une réalité sociale. Le mot est neutre. Cependant, la politique est nécessaire pour régler des problèmes, elle est dirigée pour faire avancer les choses. Si, par exemple, les transports donnent satisfaction à tout le monde aucune politique ne doit être requise. La politique est signe de problèmes, de déséquilibres, de désaccords d’un manque d’unité sur la question, c’est ce pourquoi elle existe.

On parle ensuite de politique économique de la France. Ici, on parle de stratégie, un élément de subjectivité est présent. La politique n’est plus celle d’une chose mais d’un homme ou d’un groupe d’hommes comme un Etat ou d’un parti. C’est la volonté subjective qui va faire que l’on va engager des choix en fonction d’objectifs déterminés. Cette utilisation du mot politique peut se faire dans des sens non politiques comme dans le cadre d’une politique d’entreprises.

Les expressions « Tout ça c’est de la politique », « La politique politicienne » peuvent être amenées à changer le terme « politique » par « intrigue » qui peut être affilié au sens d’affaires pas très propres, secrètes. C’est un jugement de valeur. On s’est alors aperçu que le mot politique pouvait être utilisé dans des sujets non politiques.

Qu’est-ce qu’un sens politique ? L’adjectif politique ne peut se rattacher à n’importe quoi (table politique) sauf cas particuliers. Le mot politique selon Denquin montre l’appartenance à une espèce : les faits politiques.

Page 3: Introduction à La Sociologie Politique

Section 2 - La politique est liée à la notion de choix

Denquin se penche sur ce qui n’est pas politique à savoir la technocratie. Les technocrates croient en un modèle rationnel. Qu’est-ce que la politique pour les technocrates. Le domaine de la politique c’estcelui de choix qui ne peuvent être effectués sans une part d’arbitraire. « L’arbitraire est ce qui dépend de la seule volonté, ce qui n’est pas lié par l’observation de règles ». Pour Denquin, sont arbitraires desdécisions qui portent sur des questions indécidables.

Qu’est-ce qu’une décision indécidable ? C’est une question pour laquelle il n’y a pas de système qui permette de démontrer objectivement le bien fondé d’une décision ou sur des questions qui reposentsur le principe de la préférence. C'est-à-dire que l’on se repose sur l’opinion générale pour choisir.Quelle est la durée optimale du mandat présidentiel ? Le constat est que l’on choisit souvent au hasard. Ce sont des années rondes. La rationalité peut être une raison. Cette question peut être classée comme indécidable. L’indécidable repose sur l’échec de l’objectivité ou son impossibilité. Au contraire, la préférence met en avant la valeur de la subjectivité, c'est-à-dire qu’en reconnaissant l’importance de la préférence on reconnaît le droit des opinions et de les faire valoir. La démocratie permet ainsi aux individus de participer aux questions qui les concernent, d’exprimer leurs préférences.

Les notions d’indécidables et de préférences peuvent s’appliquer à de nombreux domaines. Selon Denquin, les grands choix qui guident la société : libéralisme ou intervention de l’Etat ; modèle industriel ou écologique ; individualisme ou collectivisme ne peuvent pas être fait sur la base de l’objectivité car on ne peut mesurer à l’avance les avantages et les coûts en présence. De plus chacun àson idée personnelle sur la question.

Selon Denquin, il n’y a pas de procédure objective pour désigner le meilleur candidat à la présidence de la République ; il existe un paradoxe dans le fait que l’emploi municipal le moins qualifié il y ait des concours mais aucune qualification particulière pour être Président de la République. De plus, la démocratie donne aux citoyens le droit de choisir leur Président et d’effectuer leur préférence subjective, les grands choix et la désignation des gouvernants. Tout le reste est alors purement technique, c'est-à-dire susceptible d’être résolu par l’application de techniques subjectives. C’est le caspour l’économie, les moyens de transport, l’éducation nationale et tout ce qui concerne la vie courante des individus qui forment pour les technocrates les buts à atteindre et les moyens. Ce que propose le technocrate est la solution technique. L’ordre financier a aussi son importance. Les décisions découlent de la nature des choses.

La notion de politique est liée à la notion de choix, pour réduire sa sphère d’extension il est nécessaire de démontrer que les choix sont impossibles, illusoires ou déjà fait. Inversement, pour réintroduire la politique il suffit de restaurer l’idée qu’un choix est possible (réf. Florian Henquel « La vie des autres »). Rares sont les situations où l’on peut réintroduire la possibilité de choisir. Il propose l’idée selon laquelle l’administration veut construire une autoroute. Cette annonce provoque des réactions sur le problème de la dévastation d’un site naturel. C’est pourtant la seule solution en terme d’équilibre. Face à ce type de discours on peut admettre la justesse du discours si et seulement si, selon Denquin, on admet le postulat de départ, c'est-à-dire l’objectif de départ. Dans ce cas il s’agit ici de l’accès plus facile avec de nouvelles routes. On peut toutefois répondre que ce n’est pas le principalobjectif à atteindre. Ces débats se sont développés par exemple pour les O.G.M.

Le spectre du débat, de la politique peut ressurgir à tout moment du débat technique. Denquin termine en disant « La politique c’est le problématique, ce qui ne va pas de soi et qui ne peut être résolu par une procédure entraînant la conviction de tous ». Cela ne peut aboutir à un consensus et cela impose donc de prendre une décision.Il semble que, selon les époques, selon les lieux, les systèmes politiques, la sphère du problématique donc du politique fluctue, elle est variable. Toutes les sociétés ne définissent pas de la même manière le problématique car elles n’ont pas toutes la même conception de ce qui ne fait pas problème.

Page 4: Introduction à La Sociologie Politique

Ce qui ne fait pas de problème dans une société est ce qui est inéluctable, ce qui ne peut être évité et ce qui est contre-nature, ce qui ne doit pas être transgressé. Chaque société se fait une idée de ce qui est contre-nature et c’est une notion culturelle. Les frontières entre ces deux notions peuvent bouger, le progrès technique peut faire bouger la ligne entre possible et impossible. La pensée collective peut évoluer et rendre naturel ce qui ne l’était pas auparavant.

Les manipulations génétiques n’étaient possibles il y a quelques années donc impossibilité et aucun problèmes. Aujourd’hui, cela est possible et cela pose un certain nombre de problèmes à la politique. L’opposition entre libéralisme et interventionnisme. L’opposition entre la sphère privée et la sphère publique. Il y a des domaines qui échappent à la politique, distinction entre la politique et la morale. Avant l’avortement n’était pas un problème puis dans les années 1960, il est « brutalement mis à l’agenda politique » par un manifeste des 343. Les solutions à ce problème étaient élaborées dans d’autres lieux que la sphère politique : famille, église.

La famille est devenue dans les années 1980 un champ politique. L’intervention de la police dans les affaires familiales qui est en constante augmentation. Quel est le taux d’acceptabilité de la violence sociale ? Un historien anglais cite des cas de parents français qui demandaient à des agents de police de garder leurs enfants. Un certain nombre acceptait pour conserver le tissu familial. Un autre cas où un policier voulait aider une femme battue mais où le droit l’en empêchait. Selon les sociétés, ce qui constitue le désordre peut varier. On parle de politisation des phénomènes sociaux.

Section 3 - La politisation des phénomènes sociaux et le rôle clé du pouvoir politique

Un fait non politique se caractérise en ce que les décisions dont il peut faire l’objet ne constituent pas des faits. La nature des choses ou l’idée que s’en fait une société donnée impose la solution aux problèmes posés. A l’inverse, « Un fait est politique lorsqu’il existe dans la manière de réagir à son envoi, une marge de manœuvre ; dans ce cas, les opinions contraires, les intérêts divergents, sont susceptibles de se manifester et d’engendrer un débat ou un conflit politique. » Denquin. Politiser un fait c’est imposer l’idée que ce fait n’est pas résolu et qu’il existe des solutions qui sont différentes de laisser le fait en l’état.

Sont exclus du domaine de la politique les faits où l’on ne peut faire de choix mais aussi là où les autorités politiques n’ont pas de compétences. Ces individus sont les titulaires du pouvoir politique. C’est l’intervention du pouvoir politique qui va faire passer le choix potentiel au choix réel.

Comment arrive-t-on à politiser un champ auparavant non politique ?L’intervention des gouvernants, politisation du social et de l’économie, à la demande du citoyen.

Y a t’il des limites à l’extension politique, aux variations ?Trois domaines analysés comme toujours politiques :

Désignation des gouvernants Régime politique Exercice du pouvoir

Les faits de la nature ne sont pas politiques en soi par contre toutes les mesures prises avant (préventions) ou après (secours) sont politiques. La politique ne peut être définie par son contenu car c’est une problématique c'est-à-dire un champ plus ou moins vaste où un certain sens peut être donnéaux événements, aux actes ou aux abstentions. L’inaction en matière de catastrophe naturelle devient politique.

Page 5: Introduction à La Sociologie Politique

Le Pouvoir

Le pouvoir est partout, c’est qui est en premier lieu visible dans les manifestations sociales. La réflexion sur le pouvoir se trouve partout, de tout temps.

« Le Meilleur des Mondes » est la devise de l’Etat Mondial : Communauté, Identité, Stabilité.

La nature de la contrainte exercée par celui qui commande, ici de la manipulation avec l’hypnose. Le pouvoir politique se manifeste de différentes manières.

L’idée que pour exister, la société doit être ordonnée c'est-à-dire organisée mais pas seulement, le positionnement, la stratification (Alpha, Beta, Gamma dans le livre d’Huxley). La dimension politique crée un ordre, qui crée cet ordre ; comment l’ordre est transmis ou imposé ?

Définition du pouvoir de Robert Dahl : « La capacité d’obtenir des autres qu’ils fassent ce que vous voulez dans la mesure où ils ne l’auraient pas fait spontanément avec l’usage ou la menace de sanction si nécessaire. ». Le pouvoir est un fait politique reconnaissable dans tous les processus politiques. Les gouvernements sont appuyés sur le pouvoir, ce sont des manifestations du pouvoir. Le pouvoir peut être un élément de toute relation social. Le pouvoir est un élément potentiel de toute relation social comme entre les Hommes et les Femmes, entre enfants, entre élèves et professeurs ou patient et médecin. Le pouvoir est un concept très large. Le caractère ambivalent puis valorisé du pouvoir et notamment du pouvoir politique.

Section 1 - L’ambivalence du pouvoirLe pouvoir en tant que concept manifeste selon les époques, les cultures, manifeste une ambivalence. Dans certains lieux le pouvoir est idéalisé et ses réalisations sont marquées par le sceau de la valeur la plus haute. A l’inverse, le pouvoir peut être considéré comme le mal, et être mauvais dans son essence.

Le livre des Juges p 307 : problème de succession politique :« Les arbres s’étaient mis en route pour aller oindre celui qui serait leur roi. Ils dirent à l’olivier : règne sur nous, l’olivier leur dit : vais-je renoncer à mon huile que les Dieux et les Hommes apprécient en moi pour aller m’agiter au dessus des arbres ? Alors les arbres dirent au figuier : viens donc toi régner sur nous ; le figuier leur dit : vais-je renoncerà ma douceur et à mon bon fruit pour m’agiter au dessus des arbres ? Les arbres dirent alors à la vigne : viens donc toi régner sur nous ; la vigne leur répondit : vais-je donc renoncer à mon vin qui réjouit les Dieux et les Hommes pour aller m’agiter au dessus des arbres ? Alors tous les arbres dirent au buisson d’épines : viens donc toi régner sur nous ; mais le buisson d’épines dit aux arbres : si c’est loyalement que vous me donner l’onction pour que je sois votre roi, alors oui venez vous abriter sous mon ombre mais s’il en est pas ainsi alors un feu sortira du buissonet dévorera tous les cèdres du Liban ».

On doit renoncer à l’intérêt de l’existence, les plaisirs, l’épanouissement de soi pour exercer le pouvoir.Une deuxième idée qui est que seul les êtres qui ne sont pas capables de produire des choses utiles pour eux ou la société, les êtres stériles sont tentés ou susceptibles d’exercer le pouvoir (le buisson d’épines). La façon dont le buisson s’exprime montre son orgueil. Quand on a sollicité le pouvoir, on nepeut revenir en arrière. Le pouvoir a un caractère mortifère. L’anneau dans Le Seigneur des Anneaux représente cette forme mortifère du pouvoir.

La magnification du pouvoir avec Antigone, mythe de la résistance au pouvoir. Créon décrète que le frère d’Antigone serait laissé sans sépulture pour avoir violé les lois. Antigone désobéit et déterre son frère, elle se met en opposition « Les lois de la cité ne peuvent enfreindre les lois divines ». Face à la pureté, l’intransigeance d’Antigone qui obéit à la loi de Dieu, la nécessité des Hommes de pouvoir est démontrée. Le bateau dans la tempête assimilé à la communauté, il faut les sauver avec le pouvoir quiest le seul rempart contre le désordre, l’anarchie et la mort. Le commandement militaire est justifié

Page 6: Introduction à La Sociologie Politique

dans cet épisode d’Antigone. Ici le pouvoir est un mal mais qui en empêche un plus grand, il est nécessaire.

Le pouvoir comme substance, il peut être un attribut que possèdent certaines personnes. Ici on dépasse la science, on lui attribue une nature. Exemple de la Trilogie de Dune, le pouvoir est un attribut, la « voix de commandement », qui est héréditaire.

Section 2 - Le pouvoir comme interaction

La science politique considère le pouvoir comme une relation, une interaction. C’est un certain type d’action exercé par une personne. Max Weber, Economie et Société : « Le pouvoir est la capacité de faire triompher au sein d’une relation sociale sa propre volonté ». Le pouvoir consiste du fait qu’un individu A peut obtenir d’un individu B une action ou une abstention que B n’aurait pas spontanémentadoptée. Ces comportements doivent être conformes à ce que veut A. pour qu’il y ait une relation de pouvoir il faut que B réagisse conformément à la volonté de B.

On peut s’interroger sur le point de savoir si cette définition nous permet de reconnaître tous les phénomènes de pouvoir. Si la volonté de A reste tacite, il peut y avoir une situation dans laquelle B accepte et obéisse tout de même à la volonté de A ou du moins que B fasse ce qu’il pense être la volonté de A. Si B fait toujours ce qu’il veut et les deux volontés peuvent alors coïncider ; finalement lepouvoir est l’illusion de puissance, de pouvoir, de toute puissance de A qui pense que B agit en fonction de sa volonté.

Dans la pratique nous adoptons une autre interprétation, nous croyons en la réalité du pouvoir. Comment connaissons nous cette réalité ?

Il y a trois façons de connaître le pouvoir :

Par introspection, avoir le sentiment de disposer d’un pouvoir sur autrui et sur soi même. Ce sentiment peut être une illusion mais cette illusion car habituelle configure la façon de voir les choses, la vision du monde et le comportement.

Quand la volonté va heurter celle d’autrui qui n’est pas forcement conforme à la mienne. La volonté d’autrui se confronte à notre volonté.

L’observation de la relation d’au moins deux personnes. On postule à l’aide de connaissances personnelles que l’une exerce un pouvoir sur l’autre.

Formation de groupes de pensées, en microsociologie, pour voir s’il émerge des formes d’autorités et comment celles-ci s’imposent. Selon les expériences, les groupes sont les lieux d’apparition d’un phénomène constant : les leaders. Ils vont bénéficier d’un prestige supérieur aux autres membres du groupe. Il y a des types de personnes très variés qui vont émerger dans cette position de leader : les leader conformistes ou marginaux. Les leaders conformistes reflètent l’identité dominante du groupe, les leaders marginaux qui ont une différence qui leur confèrent du prestige et de l’autorité.Des capacités pour traiter l’action, peuvent élever les personnes au rang de leader ; encore des leadersqui parviennent à poser le problème ou encore les capacités de séduction.

La répartition des résultats ne varie pas avec la nature du problème posé au groupe. Qu’il s’agisse d’unproblème technique qui peut amener à faire penser qu’un savoir technique est requis ou dans le cas d’un problème moins technique le leader qui va émerger est similaire dans les deux cas. Ces observations se mettent en parallèle avec les chefs de la technocratie politique. La technique n’est pasune catégorie première, le politique semble antérieur aux techniques.

Le pouvoir n’est pas conditionné de manière simple par la nature des problèmes qui, dans un groupe suscite son apparition. Deuxièmement, au sein des groupes humains produisent spontanément des différenciations qui ont un caractère endogène ; on en déduit que les relations de pouvoir sont naturelles aux groupes humains. Le pouvoir ne peut être contesté ou dénoncé comme une violation.

Page 7: Introduction à La Sociologie Politique

Section 3 - La spécificité du pouvoir politique

« La définition du pouvoir politique que nous admettons n’implique pas plus de préjugés anthropocentriques que de préjugés ethnocentriques. Elle ne postule à priori aucune coupure métaphysique entre l’animal et l’Homme. Le système politique d’une société globale est l’ensemble des processus de décisions régulatrices relatifs à la coordination et à la coopération entre les membres qui composent cette société, ainsi qu’à la direction de ces entreprises ou actions collectives. Le pouvoir politique est la combinaison variable de relations de commandement-obéissance (autorité) et des relations de domination-soumission (puissance) par lesquelles s’effectue cette régulation. Les relations d’autorité impliquent un accord entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent donc une exécution consentie des décisions. Les relations de domination impliquent un recours à la coercition donc une exécution forcée des décisions. » Jean William Lapierre

L’Etat est une communauté organisée en vue de la survie et du bien de celle-ci. L’Etat est un ensemble de relations sociales nécessaires à la vie de cette organisation, certains vont l’appeler l’ordre social. Le pouvoir politique a pour principale fonction la création de l’ordre social, ce qui n’est pas l’anarchie. Peut il y avoir des conceptions différentes de l’ordre ? Comment le pouvoir est imposé ?Trois points : I- Les couples ordre-liberté ; II- coercition-légitimité ; III- pouvoir-légitimité

Problème du maintien de l’ordre : comment maintenir l’ordre dans une société tout en maintenant un certain degrés de liberté ? La coexistence nécessite, pour trancher les inévitables conflits, une autoritéde régulation c'est-à-dire quelqu’un ou un ensemble de gens qui ait le pouvoir de trancher et d’imposer en vertu de son autorité tel ou tel choix. Ce qui est politique : pourquoi tel ou tel choix ? Pourquoi obéissons nous à un tel, comment celui-ci est parvenu à cette position.

Le pouvoir se détache à travers plusieurs manifestations :

On distingue plusieurs manifestations canoniques : le pouvoir c’est dire ce qu’on peut ou ne peut faire : énoncer la règle sociale, dire le droit. On ne peut réduire le pouvoir politique de dire à dire la règle de droit. Qualifier l’ennemi, le comportement punissable, identifier les auteurs de ces comportements. L’identification des terroristes est un acte politique.

Faire les choix publics : les politiques menées par et pour la communauté. La sanction est aussi le propre du politique, sanctionner la violation, un manquement aux règles, de ce qui n’est pas permis. La sanction définit ce qui est interdit.

Contraindre l’autre partie à agir selon les injonctions, les règles de ceux qui commandent dans le cadre des politiques décidées par le pouvoir pour la communauté.

C’est la question de la force, de la violence, de la coercition. Il est plus confortable de nier sa nécessité.Certains pensent que c’est le système qui crée les violences. Le pouvoir est naturel, il s’impose partout. Dans tout groupe existent des conflits.

« Il n’y a pas de sociétés humaines sans tensions ni conflits [...] une société ne peut exister sans des procédés de résolution des tensions, de règlement des conflits, que ces procédés soient ou non violents et coercitifs. » Lapierre

L’ambivalence dans la définition du pouvoir comme relation vient du constat qu’il existe aussi des abus. Le pouvoir, dans son exercice, crée des abus de pouvoir (réf. expérience de Milgram : tendance de l’Homme à obéir).

Ce constat est lié à une autre grande règle formulée par Montesquieu, De l’Esprit des Lois, Livre XI : « C’est une expérience éternelle que tout Homme qui a du pouvoir est porté a en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites […] pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.

Page 8: Introduction à La Sociologie Politique

Une Constitution peut être telle que, personne ne sera contraint de faire les choses auxquelles la loi ne l‘oblige pas, et à ne point faire celles que la loi lui permet ».

C’est un point de vue libéral au niveau politique inspiré de l’organisation anglaise. Le pouvoir se développe jusqu’à ce qu’un autre pouvoir le stoppe et érige des limites. Les libéraux Américains et les Français seront d’ailleurs à l’origine des premières révolutions : 1776 aux U.S.A et 1789 en France. L’aménagement institutionnel du pouvoir, notamment en le séparant (séparation des pouvoirs Montesquieu). L’équilibre est la problématique de l’époque.Les Américains, en 1787, ont déjà effectué des expériences variées. La Convention de Philadelphie en 1787 va choisir le principe de la séparation des pouvoirs et lier le principe du fédéralisme. Les fédéralistes écrivent le « Federalist Paper » Madison, Hamilton, Jay. Il s’agit d’assurer l’ordre, l’équilibreentre les différents détenteurs du pouvoir au sein de la République (Res Publica).

Section 4 - L’Alliance complexe de la contrainte et du consentement

La contrainte exercée par le pouvoir : Police, Gendarmerie. Ces pouvoirs ne sont pas appréciés, sont craints mais protègent pourtant l’Ordre Public. A l’inverse le pouvoir peut faire l’objet d’un consentement (exemples du feu rouge sur la route, paiement des impôts).

On constate qu’il y a deux explications : la contrainte et le consentement. L’individu obéit car il y est contraint mais il obéit aussi car il est d’accord. La frontière entre les deux n’est pourtant pas toujours très claire et tranchée dans la réalité. Il est possible dans l’abstrait de décrire tous les faits comme relation au pouvoir. Les individus préfèrent croire qu’ils consentent au pouvoir plutôt d’admettre qu’ilssont contraints ou forcés.

La ruse du pouvoir est de développer en eux, par des techniques de manipulations (propagande, idéologie) qu’ils sont maîtres de leurs décisions, qu’ils sont autonomes avec une marge de manœuvre.A l’inverse, il est aussi possible de décrire le réel en terme de consentement (habitants de l’U.R.S.S).

Max Weber distingue trois termes : pouvoir, autorité et légitimité (Chris Brown a traduit ces termes) :

La puissance : c’est la force, la coercition, la répression c’est le fusil, le poing, l’amende ; la main du policier sur votre bras ou la balle dans votre tête.

L’autorité : elle existe quand le pouvoir utilisé par le gouvernement avec l’accord des gouvernés ou encore par la hiérarchie avec l’accord des subordonnés. Dans cette situation la force n’est pas nécessaire

La légitimité : c’est ce qui fait lien entre les deux. C’est le processus par lequel la puissance, le pouvoir devient autorité.

Il y a un terme qu’utilise Weber pour exprimer le pouvoir : Herrschaft. La traduction doit elle être autorité ou puissance ? Parsons, sociologue et chef de l’école fonctionnaliste a traduit Herrschaft par autorité, il a ainsi appuyé sur l’utilisation consensuelle de la politique. L’idée de gouvernant/gouvernésest évacuée. Le pouvoir, c’est ce qui se passe dans la société.

Pour l’autre école, les spécialistes du conflit, la société est conflictuelle. Ainsi, selon Lukes la traductionde Herrschaft est domination. Une des faces de la relation du pouvoir : la face sombre, la manipulation. L’exercice du pouvoir politique ne se limite pas à la mesure du consentement. Il faut envisager que le pouvoir politique puisse se passer du consentement des gouvernés. En dehors du faitque même dans les régimes démocratiques la force, un système de force est toujours présent et fréquemment utilisé. Il existe aussi des sociétés dans lequel le pouvoir repose sur la force même si la force a toujours tendance à se parer des atouts du consentement.

Page 9: Introduction à La Sociologie Politique

La Légitimité

« En effet les phénomènes de pouvoir politique associent intimement le contrôle de la coercition (dont l’usage de la menace reste néanmoins virtuelle en général) et la mobilisation d’un minimum quasi-incompressible de légitimité. Au niveau de la société globale, des dictatures purement techniques, fondées exclusivement sur la violence, sont certainement aussi éphémères et exceptionnelles que l’exercice direct de la violence physique ou psychique pure dans les relations interindividuelles. L’observation historique montre que les usurpations de légitimité dynastiques où les putschistes qui abolissent les institutions démocratiques, s’empressent néanmoins de donner des pseudos justifications à leurs actes fondées sur un intérêt supérieur (celui de la patrie, de la révolution, celui des masses). Par ailleurs, il tend toujours d’instaurer une nouvelle légalité c'est-à-dire un nouvel ordonnancement juridique. En d’autres termes, les détenteurs de la coercition visent à mobiliser des représentations sociales de leurs dominations. En vue d’assurer des injonctions si l’usage de la force qui les garantit en dernière instance peut passer pour légitime aux yeux d’une fraction de la population. » Braud

Le pouvoir ordonne car il utilise la force. Selon Hume, le pouvoir même le plus dictatorial doit s’appuyer sur une fraction de la population. Il n’y a pas besoin d’un consensus populaire, les gens détiennent le pouvoir. On utilise l’expression de « cercle magique » (réf. Berger cité dans le livre noir du communisme).

Une élite qui s’appuie sur le plan de la légitimation sur ce système de valeur et qui croit en la légitimitéde la force brut pour réaliser ses projets. Ne pas confondre régime démocratique et consentement desgouvernés. La monarchie n’était pas un régime démocratique mais étant accepté et il était donc considéré comme légitime.

La violence pure ne peut pas durer. Par exemple, la période de la Terreur a créé un sentiment d’insécurité. La loi des suspects était une loi qui permettait d’être arrêté sans aucun motif seulement par suspicion. Le fait de violenter quelqu’un, de faire souffrir des gens peut relever d’un autre registre,psycho-pathologique de l’exercice du pouvoir. Se pose la question de la jouissance c'est-à-dire que cet exercice de la domination peut relever de la jouissance.

Misrahi, philosophe, article du Figaro définition du terrorisme : « Le terrorisme est l’ensemble des attentats meurtriers concertés et masqués, dirigés contre des civils exposés sans armes ni protection, ces agressions étant destinées à produire une souffrance et une angoisse telle qu’elle conduirait les responsables politiques, sous l’effet du chantage, à se soumettre aux « exigences » des agresseurs. » On voit bien que le fait de commettre des actes terroristes propulse les perpétrateurs au rang d’acteurs politiques potentiels. Le caractère politique du terrorisme ne réside pas que dans la violence, il peut être l’expression de volontés politiques. Cela constitue en soi de l’exercice du pouvoir politique au sens de la domination.

La dimension de la langue. L’abandon ou l’oubli de la langue au profit de la langue dominante, c’est considéré comme une des manifestations les plus fondamentales de la soumission d’un peuple. Interdiction des expressions ou langues inférieures et folklorique marque cette domination de la langue dominante (exemple : Irlande).

A) Les trois figures de la légitimité

Première situation : émeutiers envahissent les rues d’un pays du Tiers monde. Ces derniers chantent des slogans contre le pouvoir en place exprimant le refus de la configuration du pouvoir actuel. Les patrons participent aussi à ces manifestations. Le président ordonne alors de tirer sur la foule par peurde perdre sa position. Au bout d’un temps l’armée se joint aux émeutiers et le président ne peut que s’enfuir. Malgré le sacre initial du président lors de ce moment critique bien peu se sont trouvés derrière lui pour le soutenir.

Page 10: Introduction à La Sociologie Politique

Deuxième situation : les membres d’un petit groupe extrémiste se rencontrent dans un appartement pour planifier un attentat à la bombe. Ceux-ci se sentent frustrés par une situation qu’ils considèrent inacceptables car elle les prive de leurs droits nationaux. Chaque peuple a un pays ils se demandent pourquoi pas eux car leur gouvernement refuse de leur admettre une reconnaissance nationale. Ils sont considérés comme ennemis de l’Etat et réprimés, arrêtés souvent par les forces de l’ordre. Ces militants se sentent à faire passer leur message en force. Ils décident de remplir une voiture remplie d’explosifs et placée devant une institution étatique ; l’explosion tue alors des personnes. Les terroristes estiment qu’ils ont réussis à faire passer leur message.

Troisième situation : un président américain est en train de s’engager dans un processus de rétropédalage sur une question politique. C’est un président élu sur un programme simple. Une fois au pouvoir celui-ci réalise à quel point le problème en question est compliqué, plus qu’il n’e l’était dans l’opposition. Il réalise à quel point il est difficile de faire accepter ses points de vue au Congrès et aux Lobbies. Le président dilue sa politique, il exprime son désir d’arriver à des solutions, des compromis avec l’opposition et il essaie d’apparaître comme un modéré. Les critiques l’accusent de tergiversions. Il réalise que c’est la critique qu’il portait lui même au président sortant, il réalise la difficulté du pouvoir dans une république démocratique.

Section 1 - Quel est le point commun entre ces situations ?

Ces trois évènements sont de la politique c'est-à-dire que ces évènements mettent en jeu des gens aux intérêts en conflit, en compétition pour le pouvoir politique gouvernemental. Les trois exemples sont confrontés aux problèmes de la relation du pouvoir de manières différentes. Ils constituent des concepts différents de légitimité.

Les émeutiers n’obéissent plus au régime corrompu. Il n’y a plus obéissance, le régime a perdu sa légitimité. La conception de la légitimité peut cependant varier. Même si nous n’aimons pas trop notregouvernement on accepte ses directives. Les problèmes commencent quand ce sentiment de légitimité commence à s’effriter. Les individus ne respectent plus l’autorité ni les lois et ces actes illégaux ne sont plus considérés comme inacceptables puisque le gouvernement est lui même illégitime. Une fois la légitimité d’un gouvernement disparue aucune coercition n’est plus efficace. La légitimité s’appuie donc sur le consentement « sans consentement coercition » selon la formule de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis.

Comment discerner la légitimité ? Roskins propose quatre réponses :

Il y a la longévité du régime, signe du respect exprimé par les citoyens. Les nouveaux régimes sont donc fragiles selon lui.

Un gouvernement peut aussi être légitime en gouvernant bien. La structure même du gouvernement peut contribuer à ce qu’il soit légitime, la

représentation des gouvernés est visée. Si les gens ont le sentiment qu’ils sont honnêtement représentés et si ils ont leur mot à dire dans le choix de ceux qu’ils vont représenter, il est probable qu’il respecte ce gouvernent. La légitimité de ces parlements ne vient pas du fait qu’ils produiraient un bon travail mais l’important est que les citoyens aient l’impression d’être représentés.

La tendance des décideurs à construire ou renforcer en manipulant un certain nombre de leviers fondamentaux pour déclencher le sentiment de légitimité. C’est le sentiment d’appartenance identitaire.

B) La souveraineté

L’exemple des terroristes contestant la légitimité du régime mais aussi du pays lui même. Ils s’attaquent à la souveraineté du pays, ils veulent un nouvel Etat. La souveraineté donne le droit à un Etat de gouverner et d’agir comme un Etat. La souveraineté signifiait auparavant le pouvoir supérieur d’un monarque de régner sur son royaume. C’est le droit d’exister, d’agir pour un Etat actuellement. Ainsi les Etats protègent cette souveraineté par une certaine force d’ordre. L’Europe a une inspiration

Page 11: Introduction à La Sociologie Politique

à devenir un Etat mais il n’y a pas de forme armée. Les conflits de souveraineté sont les plus difficiles et violents. La souveraineté est-elle une question de droit ? C’est une affaire de capacité de dire le droit mais surtout l’ordre, comment les choses doivent se passer et de faire appliquer les règles.

C) L’autorité

Dans le troisième exemple, le leader n’est pas automatiquement capable de faire sentir son autorité. C’est la capacité d’un acteur à obtenir l’obéissance. Seule l’autorité s’appuie sur l’obligation des gouvernés d’obéir à leur chef en vertu du pouvoir légitime attaché à sa fonction. Un soldat obéit à son chef, un automobiliste obéit au gendarme, un élève obéit au professeur. L’autorité est rattachée à la fonction exercée. Cependant, tout le monde n’obéit pas à l’autorité : le soldat qui se rebelle, les automobilistes qui font des excès de vitesse et des élèves n’écoutent pas leur professeur. Une partie de l’autorité vient avec la fonction exercée, elle est légitimée par la fonction cependant ce n’est pas suffisant, il faut cultiver l’autorité. Comme la légitimité, l’autorité est une relation psychologique.

Max Weber, la légitimité dans « Le savant et le politique ». Trois types de relations du pouvoir :

Légitimité traditionnelle Légitimité charismatique Légitimité légale-rationnelle

C’est un ensemble de valeurs et de représentations qui confèrent à telle ou telle personne une légitimité, ils fondent une autorité politique. L’analyse wébérienne de la légitimité s’appuie sur la description et l’analyse d’un facteur qui crée une obéissance.

« Tout véritable rapport d’autorité comporte un minimum de volonté d’obéir » ; « Ni la contrainte, ni la coutume, ni des motifs purement affectifs, ni des intérêts matériels, ni des mobiles idéaux ne peuvent suffire en eux eux-mêmes à inspirer durablement cette volonté d’obéir et donc à établir les fondements sûrs de l’autorité. » Weber

Toutes les autorités s’efforcent d’éveiller et d’entretenir la croyance dans la légitimité de leur pouvoir car à la différence de la puissance, qui extorque la soumission par la violence, l’autorité elle s’efforce de créer un système stable et durable ; on vise à obtenir le consentement des gouvernés de manière globale et fiable. Le signe du consentement qu’est la docilité provient de cette croyance générale ou à peu près générale revendiquée par le pouvoir. Cette croyance renvoi à son tour à une représentation c'est-à-dire dans l’esprit des individus à une conception donnée du pouvoir et de l’ordre des choses justes.

Le recours à la force se justifie dans certains cas lorsque le pouvoir est détenu par une certaine autorité qui l’hérite d’une force indiscutable (Dieu) et qui l’exerce d’une façon acceptée. Weber : Selonl’ordre politique, association du contrôle de la coercition ou monopole de la coercition à des systèmes de légitimation déterminés. Le pouvoir est légitime car cela a toujours été ainsi, le pouvoir est légitimecar le sujet est d’accord avec lui enfin le pouvoir est légitime car la loi lui donne cette compétence.

« J’obéirai car je m’incline devant la tradition, par la personnalité du chef ou par la majesté du droit. » Denquin

Section 2 - La légitimité traditionnelle

L’hérédité est la conception anglaise (voir Bill of Rights, Le Discours d’un Roi). La légitimité ici n’est pas investie dans la personne mais parce qu’il est fils ou fille d’une personne qui avait elle même héritée de cette légitimité traditionnelle. Cette vision s’oppose à celle de la raison qui est l’abstraction du politique par rapport aux principes naturels. Elle apparaît en net recul dans le monde moderne. Les britanniques eux-mêmes ont manifesté une évolution (Tony Blair : le parti travailliste devient le nouveau parti travailliste). Il y a une refonte de la Chambres des Lords.

Page 12: Introduction à La Sociologie Politique

Section 3 - La légitimité charismatique

Charismatique : la grâce, la beauté. C’est un mot d’origine religieuse : l’ascendant exceptionnel qu’exercent certains individus comme le prophète. L’autorité du prophète est grande et peut conduire les Hommes à des actes qu’ils n’auraient pas fait eux mêmes. Cette autorité n’est tirée d’aucune situation préexistante, ni de la volonté d’autres Hommes. L’autorité vient donc ici d’une qualité propre à l’individu.

Weber fait une distinction ; il dit que l’on doit désigner par charisme deux choses différentes :

Le charisme est la conséquence du pouvoir. Les monarchies, le Roi parce qu’il est le Roi est entouré d’une aura, d’un respect particulier, les sujets aiment le Roi : il y a divinisation. C’est la fonction qui appelle cette autorité charismatique.

Les chefs politiques qui parviennent au pouvoir grâce à leur charisme. Le sauveur de la patrie,celui qui s’impose par son courage, son mérite, ses prouesses.

Dans les structures stables, cette relation est difficile sinon la relation est directe. Cela peut être une relation qui va introduire du désordre dans la relation quotidienne du pouvoir. Il n’y a pas de règles juridiques qui puissent résister au chef charismatique puisque les sujets sont prêts à un abandon né de l’enthousiasme ou de la nécessité et de l’espoir.

Il faut prendre en compte que l’autorité qui se fonde de cette manière n’est légitime que dans la mesure où dure cette légitimité charismatique. Ce charisme personnel va faire que la direction du leader s’effectue en fonction des qualités charismatiques. Il ne va pas y avoir de relais mais des hommes de confiance qui s’assimilent à des disciples, des partisans. Ces gens sont proches, appelés et mandatés par le chef pour faire exécuter les injonctions du chef.

Ce type de pouvoir ne peut que très rarement se pérenniser puisqu’elle est liée à la personne. Deux solutions : quand le chef disparaît, le pouvoir et son gouvernement disparaissent ou le gouvernement s’institutionnalise et évolue vers une forme plus classique.

Angelo Panebianco, politologue, sur la succession du chef charismatique :

La succession du chef Adaptation des règlements administratifs au quotidien

Le premier problème de la succession peut être réglé en dissociant la personne du chef et la légitimitédu chef du gouvernement. Soit on nomine un successeur par le chef lui même ou par sa clientèle soit on institue une hérédité qui permet une légitimité héréditaire (exemple des Kennedy aux Etats-Unis).

Section 4 - La légitimité rationnelle-légale

C’est l’idée de lois. C'est-à-dire une norme élaborée de manière rationnelle et en fonction d’objectifs conscients et de moyens déterminés. Ce qui va opposer ce type de légitimité aux précédentes ce n’est pas tant la loi en tant que technique juridique (les tribus ont aussi des lois) mais c’est plus l’esprit, l’idée de l’ordre normatif qui structure l’organisation sociale. Le pouvoir c’est le résultat d’une délégation qui est prévue et organisée par les réalités.

Weber explique que dans les cas précédents les normes sont transcendantes, indiscutables. Dans la légitimité rationnelle-légale on adhère à des règles dont les finalités sont explicites dont on peut discuter ou réviser le contenu. Elle est emblématique des sociétés modernes, On la retrouve au sein de l’entreprise politique institutionnalisée en la personne de l’Etat ou dans la grande entreprise créée par le capitalisme et plus largement dans tous les groupements de masse complexe. Ces derniers ont rendu inévitables le modèle bureaucratique de la division du travail qui est le principe organisateur.

Page 13: Introduction à La Sociologie Politique

« La validité de la légitimité qui fonde la domination légale correspond en effet au caractère « rationnel » qui distingue l’exercice du pouvoir par la bureaucratie de toute autre forme historique d’administration sociale : elle repose sur la croyance en la légalité des règlements et du droit de donner des directives qu’ont ceux qui sont appelés à exercer la domination par ces moyens ; n’importe quel droit forme ainsi un cosmos de règles abstraites qui impose des règlements impersonnels à toutes les relations entre dominants et dominés, et en fixant à l’exercice du pouvoir les normes et les limites d’une compétence objective rationnellement délimitée. » Weber

Selon Weber, quel que soit le principe de légitimité, l’exercice du pouvoir rationnel-légal présente un certain nombre de critères qui constituent les catégories fondamentales de cette domination. Ces catégories sont au nombre de sept :

Une activité des fonctions publiques continue et liée à des règles Cette activité se déploie au sein d’un ressort de compétence délimitant objectivement les

pouvoirs de commandement et des devoirs d’exécution ainsi que les moyens de coercition et les hypothèses de leurs applications

Selon le principe dit de « hiérarchie administrative », toute autorité ou pouvoir est contrôlé par une autorité supérieure et tout subordonné a le droit de créer une requête pour critiquerl’exercice du pouvoir (le recours gracieux)

Cette autorité s’exerce selon des règles techniques ou des normes dont l’application requiert une formation professionnelle (fonctionnaires)

Il y a séparation entre les agents de la direction administrative et les moyens pratiques d’administration

Le principe exclue en particulier toute appropriation du pouvoir par le titulaire, personne n’est propriétaire de son poste et ne peut donc le transmettre

Le principe de conformité de toute l’action administrative aux dispositions des règlements fixés par écrit

Conception rationnelle de la Constitution : s’appuie sur la science et la raison.Texte : Préambule de la Constitution de 1791 : Acte de décès de l’Ancien régime. Abolition de l’ordre social politique (ordre : la place de chacun dans la société).

Caractères bureaucratiques. Plan politique : Weber dessine un modèle sans équivalent historique et dans le monde. Il traduit le développement de la rationalisation de l’action sociale. Il ne se réduit pas au monde de l’organisation politique : « Le grand instrument de supériorité de l’administration bureaucratique est le savoir spécialisé dont le besoin absolu est déterminé par l’économie de la politique des bien qu’a organisé le communisme. C’est donc parce qu’elle a prouvé son efficacité comme forme de pratique de la domination rationnelle dans l’ensemble de la vie sociale (Etat, Eglise, armée, partis, économie, group d’intérêt, associations, fondations). Le développement de formes modernes de groupement s’identifie tout simplement au développement et à la progressionconstante de l’administration bureaucratique ». La complexification est le besoin d’une rationalisation d’où une autorité appuyée sur le statut et la compétence. La bureaucratisation est l’idéal-type wébérien.

Il faut comparer les processus d’étatisation des pays (Allemagne, France, Royaume-Uni) pour montrer les écarts de ce phénomène. En Grande-Bretagne, l’héritage historique, le self-governement, l’Etat s’est construit mais faiblement ; l’administration s’appuie sur le local (pas au centre). Exemple : pas de police d’Etat (contrairement à la France). Self-governement : administration locale qui a retardé l’apparition d’un droit administratif. Le développement de la bureaucratie est faible. En Allemagne de V. Bismarck : persistance de l’influence aristocratique sur la structure étatique qui constitue un frein. L’autonomisation de l’Etat est lente. L’administration a toujours été politisée (en France avec le préfet). La politisation n’est pas favorable à une bureaucratie.En France, Michel Crozier consacre une réflexion sur l’administration, avec des études sur les effets pervers de la bureaucratie dans l’administration : « le phénomène bureaucratique » qui crée une sclérose de l’organisation et une prolifération des contraintes règlementaire. Tout ceci aboutit à une

Page 14: Introduction à La Sociologie Politique

inertie de la machine administrative devenue trop complexe (exemple du système éducatif). La managérialisation est une technique qui combat les effets pervers et la balkanisation du pouvoir crée un émiettement des centres de pouvoir sous l’effet de la multiplication de réseaux informels de domination personnalisés plus multiplication de fiefs de puissance (sorte de clientélisme). Ces effets pervers sont dus à une tentative de détourner ce développement tentaculaire.

Pourquoi désobéir en démocratie ? Albert Ogien, Sandra Laugier. Problème actuel dans la France des années 2000 : multiplication des appels à la désobéissance civile. Il s’agit d’un refus d’admettre que l’on doit obéir aux injonctions du pouvoir dans des secteurs variés. La désobéissance croit dans les systèmes contemporains.

Les raisons qui poussent à contrevenir à une loi en faisant de leur refus d’obtempérer, qu’est-ce qui poussent les individus à accepter les sanctions et déclencher ce mouvement afin de défendre ce qu’il ressent comme une atteinte grave à la liberté, à la démocratie, à la justice. Le fait, dans un régime où l’organisation de la société civile est vivante même si cela ne débouche pas toujours sur le changement, qu’une partie de la population refuse d’appliquer une loi ou un texte règlementaire porte atteinte aux principes même de la démocratie. Il est difficile de justifier un droit à la désobéissance civile.

Actuellement, les motifs de contestation sont moins lisibles qu’il y a quelques années où l’opposition communisme/capitalisme était claire et avait un sens. Or, bien que le monde ait changé, on a toujours des groupes d’individus qui continuent à se mettre volontairement dans l’illégalité que de se conduire d’une façon qu’ils trouvent inacceptable voire humiliante. Se mettre en confrontation avec la loi est pour eux la seule solution. Le refus de ce qu’on considère comme inacceptable reprend une thèse de Thoreau : « La désobéissance civile est inhérente à la démocratie ». Quand on a épuisé les types de recours, la seule option est d’affronter la loi (le boycott).

L’ouvrage considère la désobéissance civile comme un symptôme de l’état de la démocratie en France.Quatre concepts : désaccord, désobéissance, dissentiment et démocratie. La résistance est-elle contraire à la démocratie ? Celle-ci apparaît comme un caprice, un luxe voire un danger. Cependant, des formes de dictature peuvent exister au sein des démocraties (marchés, médias), dans ce cas la résistance est légitime. La résistance est liée à la définition même de la démocratie. La démocratie est la question de la voix, l’harmonie des voix est la façon de créer la règle. Si la société est démocratique, on peut s’y exprimer et la résistance n’a pas lieu d’être ; le dissentiment n’a pas à s’exprimer sous la forme de la résistance. La résistance fait partie du régime démocratique. Dans cette conception, il y a une sorte de réexamen permanent de cette question de l’obéissance.

Introduction de techniques de managériales de l’administration : légitimité légale-rationnelle. Union du privé et du public, l’intérêt de la fonction doit être géré comme une entreprise : tableaux analytiques, coûts et recettes ; moyens de la gestion de l’entreprise. Objectif : l’administration la plus efficace possible. Elle est basée sur le résultat, la productivité. Il y a une prolifération d’agences, de contrôleurs de gestion qui sont autant d’indicateurs de performance. Expérience de la dépossession.

Nécessité du pouvoir politique

Power Politics : les décisions prises dans les cercles du pouvoir et de la domination. Ce sont les cadres obscurs du pouvoir réel. On rêve d’une situation dans laquelle l’exercice du pouvoir ne serait pas politique. Le rêve d’un gouvernement d’amour.

Cette expression est curieuse car différente à la relation des pouvoirs. Ici c’est une autre vision de la politique dans laquelle le pouvoir n’est pas seul. On rêve d’un gouvernement sans pouvoir : une gestion. Vision rêvée importante. C’est le refus de la nécessité du pouvoir politique. Vision qui participe sur le plan social de l’idéalisme, l’angélisme, l’utopisme. More, Fourrier, Morris sont des auteurs qui ont traité du thème de l’utopie.

Le pouvoir en soi pose problème. En ce sens, le mot utopia est un mot qui n’existe pas. C’est une tendance anarchisante. La façon d’organiser le pouvoir pose problème. En ce sens, eutopia, les

Page 15: Introduction à La Sociologie Politique

sociétés que l’on doit pouvoir atteindre. Quant à l’utopisme, l’utopie en pratique, détache deux tendances : soit l’ordre dominant, celui dont le pouvoir en place pose des problèmes est tellement contesté qu’il faut donc refonder un nouvel ordre ; soit le pouvoir lui même en tant qu’ordre n’est pluslégitime. Ces deux tendances peuvent se confondre : situations d’anarchie. Il n’y a plus de notion d’ordre et de repères.

Des poches d’anarchie existent, des lieux de non-droit. L’anarchisation n’est pas forcement territoriale elle peut constituer en développement de contestation quotidienne de l’ordre établi. Face à ce type de mouvements, il est très difficile d’agir. C’est un mouvement instable, qui ne tient pas ses promessesinitiales.Les anti-utopies, les dystopies : « Le meilleur des mondes », « 1984 », « Fahrenheit 451 » « La Planète des Singes », « Hunger Games ». L’idée d’après Guerre-Froide est celle d’une organisation internationale.

L’échec de la démarche utopique, de parler de gouvernement international. Cela conforte l’idée que lepouvoir est naturel, il est inhérent à la nature humaine.Deux questions : Pourquoi certaines personnes en commandent-elles d’autres ? Pourquoi certaines personnes obéissent elles à d’autres ?

Section 1 - Explication de type biologique

Aristote l’a expliqué en premier. Il remarquait que les Hommes vivent en horde comme certains animaux. Il est ainsi naturel que les Hommes et les animaux s’organisent de manière hiérarchique. Ceséléments seraient dans nos gènes. Comment expliquer que le fait que certaines sociétés se disloquent, que les individus se révoltent si les Hommes sont naturellement amenés à s’organiser de façon hiérarchique. Certains avancent l’idée que les Hommes sont à part et se réunissent naturellement mais peuvent rompre la hiérarchie sous certaines circonstances.

Section 2 - Explication de type psychosociologique

Elle est liée à l’explication de type biologique. Il y a des besoins innés pour la formation de groupes.

Recherches empiriques pour théoriser : les expériences de Milgram.

Ces expériences sont basées sur la soumission. Elles ont été faite sein de l’université de Yale dans les années 1960. Une expérience « Obediance to Authority ». Il voulait expérimenter le mécanisme de l’autorité, pourquoi et comment obéissons nous ? Les manifestations montrent le conflit entre le désir d’obéissance et la conscience de l’individu.

Cette position du problème est politique. Il utilise une expérience et un raisonnement psychosociologique pour replacer le phénomène qu’il étudie dans une situation sociale. Les phénomènes de l’obéissance ne se produisent pas dans le vide, ils ne se révèlent qu’à la lumière d’une mise en situation, un système social. C’est une micro manifestation du comportement social. Ces résultats peuvent être généralisés. Cette expérience va être reproduite dans de nombreux cadres et pays.

Cette définition de l’obéissance, qu’il considère comme le mécanisme psychologique qui intègre l’action individuelle au dessein politiques le ciment qui lie les Hommes aux autorités, place d’emblée l’expérience sur un terrain qui n’est pas celui de jugement moral. Ce problème moral que pose l’obéissance qui survient quand il y a conflit entre l’ordre donné et la conscience de l’individu.

Pour certains, la désobéissance est un danger pour l’ordre social donc cela est mauvais pour l’ordre social. Pour d’autres, les humanistes, la conscience individuelle, l’éthique personnelle doit primer s’il y a conflit entre l’ordre et l’éthique. Cette position du problème a pour objectif de fixer et de savoir qui est responsable de l’acte commis.

Page 16: Introduction à La Sociologie Politique

Milgram était juif originaire de l’Europe de l’Est. Il fut toujours préoccupé par l’Holocauste, la Shoa. Les études ont montré deux choses :

L’étude de la justification des actes de génocide. En 1974, Milgram : « Ce pourrait il qu’Eichmann et ses millions de complice dans l’Holocauste ne faisaient qu’obéir aux ordres ? Pouvons nous les traiter de complices ? »

Les expériences menés avec Solomon Ash et Gordon Allport. Ces expériences qu’il a mené avec ces collègues étaient des expériences sur le conformisme, le paradigme du conformismebasé sur l’exploration des mécanismes de la pression du groupe sur l’individu. Ash, le conformisme: « Un changement de comportement ou de croyance résultant de la pression du groupe que cette pression soit réelle ou imaginée. »

Les effets du groupe, il va procéder à une première distinction entre conformisme et obéissance

Milgram pensait que la première réaction du lecteur, de celui qui visionne l’expérience sera peut être de s’étonner qu’un individu consente à administrer un choc électrique. Aucun participant n’a refusé decommencer l’expérience. En effet, ils acceptent tous, malgré les explications initiales, de coopérer à l’expérience. Les résultats sont inattendus et inquiétants selon Milgram, 60 % des individus vont jusqu’au bout de l’expérience, les pronostics de départs de Milgram et ses étudiants ne dépassaient pourtant pas 10 %. C’est cette soumission quasi inconditionnelle des adultes aux ordres de l’autorité qui constitue la découverte majeure de l’étude.

Milgram a varié son expérience pour vérifier si le chiffre restait stable. D’autres cadres, d’autres situations, d’autres acteurs ont été expérimentés.

En 1970, Hofling & Co, dans un hôpital un médecin demandait d’administrer un médicament nommé « Astrotem ». Cette administration était interdite, les médecins ne sont pas censés donner des médicaments par téléphone, l’utilisation n’était pas validé, le nom du médecin n’était pas connu des infirmières et enfin le médicament indiquait que la dose demandée par le médecin était mortelle. Uneinfirmière sur 20 a obéit.

L’expérience de Steven Hartwell, un professeur de droit de l’université de San Diego. Il a demandé à ses étudiants de conseiller des parties. Les clients étaient une seule personne qui était chargé de demander à chaque étudiant la même question. Cette « cliente » avait un problème avec le propriétaire. Le professeur avait demandé préalablement de faire mentir les clients, de faire un parjure. Ici un comportement honnête et un acte obéissant s’opposent. Plusieurs étudiants sont venusprotester, cependant 23 ont conseillé de mentir. « Nous n’avions pas besoin de Milgram pour nous dire que nous avons une tendance naturelle à obéir, par contre ce que nous ne savions pas c’était à quel point elle était lourde ».

Contestation de l’expérience : contestation de la validité des résultats des sujets. Critique des universitaires sur les acteurs, les conditions. Il n’y a pas de respect pour la personne des sujets.

La nécessité organisationnelle de l’obéissance. Pour qu’une société existe, il faut qu’elle soit organisée avec une relation de pouvoir. Le sujet est replacé dans un système, un ensemble d’éléments en interaction avec leur environnement. L’individu doit avoir un comportement adéquat au système. Ce n’est pas la sanction, c’est l’auto-exclusion du système, si l’on agit contre le système l’individu s’exclue lui même du système. La peur diffuse de la sanction, l’individu ne sait pas très bien de quoi il a peur, lasanction n’est pas identifiée. La peur est celle de désobéir au système, à l’autorité.

L’état agentique : l’individu se met à la place d’un autre, d’agent d’exécution.

Lettre de Milgram en 1973 : « Ce n’est pas pour des raisons culturelles historiques ou transitoires que nous obéissons à l’autorité, mais bien parce qu’il s’agit d’une nécessité logique de l’organisationsociale. Si nous voulons une vie sociale organisée – c'est-à-dire en fait si nous voulons une société – alors les membres de cette société doivent être adaptables aux impératifs organisationnels »

Page 17: Introduction à La Sociologie Politique

« Le dilemme résultant du conflit entre la conscience de l’individu et l’autorité est inhérent à la nature de la société et se poserait à nous même si le nazisme n’avait pas existé ». La primauté de la situation, la perspective situationniste : « Le degré d’obéissance variait considérablement selon les conditions particulières dans lesquelles l’expérience se déroulait ». La probabilité de la soumission dépend de la situation exacte dans laquelle le sujet est placé.

Certains commentaires n’ont pris en compte que le comportement et non les diverses situations. Cette optique particulière révèle le désir d’aboutir à des résultats simples. Tendances culturelles à voir dans les actes de l’individu la conséquence d’un trait permanent de l’individu. Ce n’est pas tant la qualité de l‘être qui désigne le comportement mais plutôt la situation dans laquelle il se trouve. « Sa manifestation est indissolublement liée à la situation spécifique dans laquelle l’individu est placé, et ses chances de se concrétiser varient systématiquement selon les changements apportés à la situation. »

Milgram fait un parallèle avec le mode cybernétique. Le mode indépendant, il fonctionne seul pour la satisfaction de ses besoins et le mode systématique au sein d’une société organisationnelle. Son comportement va varier en fonction du mode dans lequel il se trouve.

« Typiquement l‘individu qui entre dans un système d’autorité ne se voit plus comme l’auteur de sesactes mais plutôt comme l’agent exécutif des volontés d’autrui. A partir de ce stade, son comportement et son équilibre interne subissent des altérations si profondes, que l’attitude nouvelle qui en résulte met l’individu dans un état différent de celui qui précédait son intégration dans la hiérarchie. C’est ce que j’appellerais « l’état agentique », par quoi je désigne la condition de l’individu qui se considère comme l’agent exécutif d’une volonté étrangère, par opposition à l’état autonome dans lequel il estime être l’auteur de ses actes. »

« Du point de vue de l’analyse cybernétique (automatique), l’état agentique survient quand une entité autonome subit une modification interne lui permettant de fonctionner efficacement à l’intérieur d’un système de contrôle hiérarchique. Du point de vue phénoménologique, un individu est en état agentique, quand, dans une situation sociale donnée, il se définit de façon telle qu’il accepte le contrôle total d’une personne possédant un statut plus élevé. Dans ce cas, il ne s’estime plus responsable de ses actes, il voit en lui même un simple instrument destiné à exécuter les volontés d’autrui. »

Les conditions préalables de l’obéissance, qui sont nécessaires pour l’individu entre dans un système d’autorité. Ce sont les forces qui ont modelé l’individu pour le faire obéir.

Le sujet a été soumis depuis enfant à l’autorité de ses parents. Les injonctions familiales sont à la source des impératifs éthique, cependant quand un père indique une prescription morale à suivre il joue sur deux tableaux : il lui expose la nature d’un ordre à exécuter ; il lui indique qu’il doit lui obéir de façon implicite car il représente l’autorité. La genèse d’un impératif moral est inséparable de la façon dont ils nous ont été inculqués. L’exigence de la soumission demeure la seule constante de touteune variété d’ordres spécifiques. De ce fait, l’obéissance tente à devenir une force prédominante qui l’emporte sur le comportement moral.

Le cadre institutionnel, on apprend à l’individu à agir au sein d’une organisation, d’un mode de vie organisé. Les actions sont règlementés par les instituteurs, les maitres qui eux mêmes sont soumis à des règles. Certains comportements vont amener des récompenses ou des punitions. Les 20 premières années de l’individu se passent ainsi dans ce système hiérarchisé.

La hiérarchie, facteur de survie (voire texte).

Nous sommes programmés pour obéir cependant un paradoxe de l’obéissance existe : Premier constat, cette propension à l’obéissance est nécessaire à la suppression des

comportements « antisociaux ». Cependant, cette propension à l’obéissance peut se retourner contre la société.

Page 18: Introduction à La Sociologie Politique

A l’inverse, l’obéissance aux ordres, dans certains cas comme celui de la guerre, est la seule possibilité d’éviter une montée de la violence aux extrêmes.

Trois critères semblent nécessaires pour obtenir des soldats l’obéissance : la clarté des ordres, la présence et l’efficacité dans la sanction.Site de Blass : StanleyMilgram.com

Philip Zimbardo a mis en place une expérience dans laquelle des volontaires reconstituaient une prison. La moitié jouait les prisonniers, l’autre, les gardiens. La plupart des gardiens ont abusé de leur autorité et sont devenus des tortionnaires.

Le film « Die Welle » reprend le problème du fonctionnement du groupe s’intéresse au point de vue socio-politique et individuel. L’individualisme, l’égoïsme est la clé de la résistance à l’injonction du pouvoir. Le sentiment d’appartenance collective est nécessaire et se matérialise par divers éléments : un nom, un code vestimentaire, un signe, une hiérarchie pour attendre un but. Les autres qui n’ont pas ces codes exclusifs au groupe en sont rejetés, parfois violement. La classe est un modèle de société.

L’ambivalence du pouvoir est dans l’existence du risque, la classe va permettre l’intégration où chacun trouve sa place. La classe va pouvoir, grâce à cette intégration, remplir ses objectifs, ici le développement du groupe. Le risque peut être que la volonté de puissance et l’exercice du pouvoir finissent par éclipser le principe de base de cohésion. Le pouvoir devient pervers et risque de se développer de façon autonome, les élèves exercent l’autorité en dehors de la classe. Le développement de la puissance peut déraper au détriment d’un certain nombre de parties, le groupe devient agressif, il se développe en écrasant les autres.Le groupe de « la vague » met en danger les règles sociales de la société en général (vandalisme, violence).

Il y a une opposition entre la discipline imposée par le prof et l’éducation libérale de certains parents. L’éducation libérale se caractérise par l’absence d’éducation, de règles, que l’enfant est sensé trouver de lui même.

Le sentiment d’appartenance amène une réflexion sur la place de l’individu au sein du groupe, d’où vient le groupe, qu’est-ce qui le constitue et le différencie et enfin ou se dirige ce groupe. Les élèves sesentent appartenir au même groupe car il se crée en marge des autres, l’identification se fait par le rejet des autres. Au sein du groupe, les différences sociales ne doivent pas être trop marquées, l’uniforme à travers la chemise blanche, permet de mettre au même niveau les élèves. Le pouvoir en tant que volonté de puissance est présent partout au sein des relations professionnelles, amoureuses, sociales.

Des Hommes ordinaires de Christopher Browning. Au sein de son œuvre, Browning met en exergue le fait que n’importe qui peut être confronté au pouvoir. Samuel Friedlander, auteur de L’Allemagne nazie et les juifs, à propose de l’œuvre de Browning : « Dans ce livre remarquable, Christopher Browning décrit en détail l’enchainement des évènements et des réactions individuelles qui ont pu transformer des « hommes ordinaires » en meurtriers. Il s’agit d’une importante contribution à la compréhension de l’un des aspects les plus incompréhensible de la solution finale : l’adaptation psychologique des acteurs. »

Browning tente d’une part de décrire et reconstruire mais aussi d’analyser, d’expliquer et de comprendre le comportement d’un groupe de moins de 500 Hommes, qui va, entre la fin 1941 et le début de 1943, assassiner 38 000 juifs et en déporter 45 000 et ceci alors que rien ne les prédisposaient à cette tâche avant que l’ordre ne leur en soit donné.

« A la mi-Mars 1942, quelques 75 à 80 % des victimes de la Shoah était en vie ; moins d’un an plus tard à la mi-Février 1943, la proportion s’inversait. Au point fort du génocide, il y a eut une campagne brève et intense d’extermination. Son centre de gravité fut la Pologne où, en Mars 1942, malgré 2 ans et demi d’épreuves terribles, de privations et de persécutions, les principales

Page 19: Introduction à La Sociologie Politique

communautés juives étaient encore toutes intactes. 11 mois plus tard, seuls des lambeaux du judaïsme polonais survivaient dans quelques ghettos et camps de travail. Bref, l’assaut allemand contre les juifs de Pologne ne relevait d’un plan de longue haleine, procédant par étape graduelle, étalé sur des années. C’était un véritable Blitzkrieg, une offensive massive exigeant la mobilisation de forces de combats considérables. » Voir texte de Browning.

Au niveau plus élémentaire des êtres humains mirent à mort d’autres êtres humains, et se sont mués en tueurs professionnels. Comment des policiers réservistes d’âge moyen ont ils été amener à tuer 1500 juifs ? Browning. Etude du cadre : institution de la police du maintien de l’ordre.Chapitre 1 : Trapp a une légitimité mais un problème de légitimité envers lui même Chapitre 2 : Comment les réservistes ont ils été amenés à tuer des juifsChapitre 3 : Circonstances où ces policiers ont été initiés à leur formation de tueur (Décret Barberousse)Chapitre 4 : Ordres au sujet de la déportationChapitre 5 : Etude organique bataillonChapitre 6 : Envoi du bataillonChapitre 7 : Initiation au massacre de masseChapitre 8 : Approfondissement des méthodes

Division du travail : étude de la bureaucratie lors de la Shoah pour rendre le travail d’exécution plus anodin. Les exécutions sont des numéros qui empêchent de véritablement créer des problèmes d’éthiques. La bureaucratie devient machinale.

Chapitre « Des Hommes Ordinaires » : analyse et interprétation scientifique de la transformation de ces hommes ordinaires en tueurs professionnels.

Il détache 9 types d’explications :

La brutalité inhérente à la guerre Le racisme La segmentation, la bureaucratisation La sélection des tueurs Le carriérisme L’obéissance aux ordres La déférence à l’égard de l’autorité L’endoctrinement idéologique Le conformisme

Les guerres sont des périodes qui amènent nécessairement de la violence. De plus, les guerres sont des évènements propices à l’instauration d’une politique d’atrocité. Les ennemis sont déshumanisés, ce qui permet de se détacher des crimes effectués, de les rendre moins pénibles. La distanciation vis à vis de l’autre en tant qu’être humain. La bureaucratie use ainsi de cette distanciation, les exécutants ne voient pas leurs victimes. Une certaine sélection des tueurs correspond à certains adhérents du parti nazi, qui selon certains aurait une prédisposition à la violence, ce qui les aurait amené à s’inscrireau sein du parti nazi et réaliser leurs tendances violentes. Cependant des hommes ordinaires possèdent des tendances violentes sont enfouies dans le caractère des individus et se réveillent lors des périodes de propagande ou de politique violentes. Ainsi les nazis étaient cruels car les personnes qui étaient nazis étaient, par nature, cruels.

Ervin Staub : certains individus s’auto-sélectionnent dans des processus et organisations qui vont développer leur potentiel de tueur. « The Experiment » Zimbardo : expérience d’une prison factice où chacun avait un rôle de geôlier et de prisonniers. Mêmes les individus qui ne relevaient pas d’un type sadique ont développé un comportement violent envers les prisonniers. Seulement deux ont agi en « bons gardiens ». Les ordres ont constitué une explication qui reprend l’expérience de Milgram. Malgré le fait qu’aucune punition pour désobéissance n’ait été constatée, les individus se sentaient

Page 20: Introduction à La Sociologie Politique

obligés d’exécuter les ordres. Les individus rentrent en effet dans un système hiérarchique, organisé par des règles ; s’il désobéit l’individu s’exclut de ce système de lui même. Le commandement Trapp avait précisé que si un policier ne voulait pas participer aux exécutions, il pouvait s’en dispenser. De ce fait, le refus n’entrainait aucune sanction, les policiers étaient libres de leurs actes.

Documentaire de Rihty Panh : camp de Tuol Sleng, nom de code : S.21. Le massacre des khmères rouges (14000 prisonniers, camp de la mort), justification idéologique, fondement du système de domination totalitaire. Sont évoqués les justifications de cette autorité ; on peut analyser aussi le refusde la responsabilité et les rapports d’autorité. Angkar : le parti, l’organisation.Objectif : lier les meurtres de masse et le processus révolutionnaire. Le meurtre de masse est aussi le meurtre d’individus, à l’aide de l’idéologie les ennemis du parti deviennent plus facilement exécutables, ils ne sont qu’un obstacle à une meilleure situation.

Texte de Browning : système d’autorité complexe, forme d’autorité faible (le commandant Trapp pleure) cependant il représente un système beaucoup plus puissant. Il se réfère à ce système en invoquant les ordres donnés.

A quoi obéissaient les policiers ? Conformisme aux autres pour ne pas s’exclure, s’isoler du groupe. En refusant de tirer ils laissaient le travail d’exécution aux autres, passaient pour faible ou « trop bon » pour exécuter les ordres. On rompant les rangs, un jugement moral est porté indirectement à l’encontre des autres.

Quels sont les éléments qui donnent un sens au système ? Endoctrinement : « La justification idéologique est capitale pour obtenir une obéissance consentante car elle permet aux gens de considérer leur comportement comme servant un objectif souhaitable. »Il est difficile de prendre en compte l’ensemble des soldats de façon individuelle et de tenter une explication générale.

Explication par la rationalité : on approche la politique comme un champ gouverné par la rationalité, la raison (science économique : homo economicus). Acteurs et joueurs.

Le XIXème siècle voit le développement d’une tendance irrationaliste qui se manifeste comme une réaction au rationalisme des Lumières. Enraciné dans la métaphysique et dans le caractère unique de l’expérience humaine : intérêts, sentiments, volonté en rejetant la raison.Nietzsche : « La naissance de la tragédie » il exalte l’esprit dionysiaque, il oppose la tragédie grecque à l’esprit rationaliste. C’est un esprit que Socrate appelait le délire. La raison est opposée à l’instinct. Dans son introduction, il s’inspire de Cornélius Heim. Un tableau qui oppose la pensée dionysiaque : pessimiste, artistique, basée sur l’instinct, la plénitude et la fécondité et la pensée socratique : optimiste, scientifique, basée sur la rationalité, la décadence et la stérilité.

On peut se placer à trois niveaux d’analyses :

L’ontologie : c’est la dimension de l’existence ; l’irrationalisme à ce niveau implique que l’on pense que le monde est dépourvu de structures rationnelles, de sens et de buts.

L’épistémologie : c’est la dimension de la connaissance ; l’Univers n’est pas accessible par la raison ou la science. La science post-moderne a expliqué que notre connaissance de l’Universest celle d’un certain point de vue. Le reste nous ait inaccessible car il n’est accessible qu’à l’aide d’autres points de vue.

La morale : c’est la dimension des valeurs ; la vision irrationaliste implique que dans la nature humaine les relations humaines sont irrationnelles.

Irvin Yalom : « Et Nietzsche a pleuré » roman qui met en scène la rencontre de Nietzsche et de son professeur afin de réfléchir comment ces deux personnages auraient pu se rencontrer.

Sur le plan des applications politiques, le postulat de base est que les Hommes sont fondamentalement irrationnels, dominés par l’instinct, des peurs primitives. La meilleure façon de

Page 21: Introduction à La Sociologie Politique

gouverner est de s’appuyer sur ces caractéristiques et qui fait ressortir chez la foule ces éléments. Voire texte Maffesoli.