in vivo #4 fra

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Edité par le CHUV www.invivomagazine.com Penser la santé N° 4 – DÉCEMBRE 2014 CÉLINE LAFONTAINE «Le corps humain se vend en pièces détachées» CERVEAU La science de l'optimisme CHIRURGIE Le Botox au secours des migraineux 10 PAGES DE CONSEILS NUTRITIONNELS MANGER POUR GARDER LA FORME IN EXTENSO LES MICROBES EN NOUS

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Au sommaire: dossier 10 pages "Manger pour garder la forme", Interview de Céline Lafontaine, La science de l'optimisme, La fin des nids de coucou, Le boom de la géomédecine, Des médicaments télécommandés, Le botox au secours des migraineux, Sportifs amateurs: attention dopage!, Les défis du grand âge, Protons contre cancer, L'ADN n'explique pas tout...

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Page 1: In Vivo #4 FRA

Edité par le CHUVwww.invivomagazine.com

Penser la santéN° 4 – déCEmbrE 2014

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IN EXTENSO Les microbes

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céline lafontaine «le corps humain se vend en pièces détachées»

cerveau la science de l'optimisme

chirurgie le Botox au secours des migraineux

10 pages de conseIls nutrItIonnels

maNgEr PoUr gardErla formE

in eXtenSo leS microBeS en nouS

Page 2: In Vivo #4 FRA

ESPRIT CHUVDonner le meilleur de soi-mêmeToutes nos offres d'emploi sur www.chuv.ch

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sUiVEz-NoUs sUr twittEr: iNViVo_CHUV

Page 3: In Vivo #4 FRA

IN VIVO / N° 4 / décembre 2014

SOMMAIREFOCUS

19 / pRévEntIOn

Manger pour garder la forme10 pages de conseils nutritionnelspar Camille andres, erik FreudenreiCh et William türler

MEnS SAnA

30 / IntERvIEw

Céline Lafontaine dénonce les dérives de la bioéconomiepar Julie Zaugg

34 / DéCRyptAgE

La science de l’optimismepar Bertrand tappy

38 / InnOvAtIOn

La fin des nids de coucoupar sara Bandelier

40 / tEnDAnCE

Le boom de la géomédecinepar Clément Bürge

44 / InnOvAtIOn

Des médicaments télécommandéspar margaux FritsChy

Page 4: In Vivo #4 FRA

CONTENTS

57

CORpORE SAnO

48 / pROSpECtIOn

Le Botox au secours des migraineux par Jean-Christophe piot

52 / tEnDAnCE

Sportifs amateurs: attention dopage!par margaux FritsChy

54 / DéCRyptAgE

Les défis du grand âgepar Jean-Christophe piot

57 / En IMAgES

Protons contre cancerpar erik FreudenreiCh

64 / pROSpECtIOn

L’ADN n’explique pas toutpar paule goumaZ

In SItU

08 / HEAltH vAllEy

Les hôpitaux s’inspirent de l’industrie aéronautique

14 / AUtOUR DU glObE

Le docteur de poche

CURSUS

68 / CHROnIqUE

La physiothérapie, une spécialité trop peu connue

70 / pORtRAIt

Claudia Mazzocato, à l’écoute des patients en fin de vie

72 / tAnDEM

La spécialiste en immunothérapie Lana Kandalaft et sa maître d’œuvre Kim Ellefsen

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suivez-nous sur twitter: invivo_chuv

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Page 5: In Vivo #4 FRA

3

il faudrait donc croire qu’il s’agit d’un progrès: un cocktail qui com-prend très exactement tous les éléments nécessaires à une nutrition parfaite. la garantie d’avaler le nombre exact d’oméga-3, d’hydrate de carbone ou de protéines que le corps, ce temple moderne, demande (p. 21). relégués donc au rang d’inutilité la belle côte de bœuf du simmental ou la longue courgette achetée au marché du coin, tout est contenu dans ce seul breuvage. le slogan de l’entreprise qui l’a mis au point? «imaginez un monde où vous n’auriez plus à vous préoccuper de nourriture». l’illustration? un homme jeune, en débardeur dans une cuisine high-tech qui ne connaîtra jamais le bonheur d’être grais-sée par des éclaboussures de beurre.

comme en témoigne notre dossier (p. 19 à 29) la science dans le domaine nutritionnel progresse à grands pas. reste à savoir quel est le monde qu’elle nous mitonne. et s’il reste alléchant. car ce type de découverte élimine, d’un coup d’un seul, bien d’autres bienfaits liés aux plaisirs de la table: quid du bonheur de sentir en bouche des goûts et des matières divers se succéder, quid aussi des conversations qui permettent de se régaler de ce que l’on mange également par des mots choisis, quid enfin et assez simplement du plaisir de partager la jouissance d’être à table. les relations qui se nourrissent d’un repas de goulus comptent sans doute aussi leur lot de bénéfices sanitaires que la science a ou pourrait encore quantifier. et ceci, même si l’imperfec-tion est aussi conviée à cette table, qu’on y hausse parfois le ton ou que quelques oméga-3 font défaut.

cette tendance à chercher à manger parfaitement porte un nom: l’orthorexie. Qualifié pour la première fois par un médecin en 1997, ce trouble alimentaire caractérise les individus obsédés par l’idée de manger sain. il amène peut-être quelques bienfaits au corps mais il affaiblit l’âme puisque le premier symptôme observé est une forme d’isolement social du sujet.

c’est bien là toute la difficulté que pose le progrès scientifique dans le domaine de l’alimentation: faire la distinction entre manger bien ou en être obsédé jusqu’à la maladie. résister à cette tentation sera d’autant plus complexe que se profile, comme dans d’autres domaines médicaux, la possibilité d’une cuisine personnalisée. or, l’assiette n’est-elle justement pas un terrain qui doit échapper à l’ap-proche individuelle, centrée sur soi?

tentez de humer un breuvage idéal, comparez-le au fumet qui s’évade d’une cocotte, la conclusion s’impose d’elle-même: résister au cocktail tout-en-un, à un commerce qui revêt les habits de la science, c’est continuer de désirer un monde où le plaisir est un art qui se cuisine. ⁄

editorial

Le pLaisir se cuisine

Patr

ick

du

toit

béAtRICE SCHAADresponsable éditoriale

Page 6: In Vivo #4 FRA

4

code-barres

vers la fin des erreurs de médicaments

le massachusetts institute of technology a mis au point un scanner pour éviter qu’un patient ne reçoive par erreur un médicament qui ne

lui est pas destiné. la machine, dotée d’un réceptacle, est connectée avec le bracelet électronique du malade et se place sur sa table de nuit. le

personnel soignant y dépose les pilules. en quelques secondes, le scanner peut lire la forme, la couleur, la taille et les inscriptions des médicaments

et déterminer s’ils coïncident bien avec le dossier du patient. /

Post-scriPtuM

il est Possible de s’abonnerou d’acQuérir les anciens

nuMéros sur le site www.invivoMaGazine.coM

la suite des articles de «in vivo»

iKnife

technologie rachetéela société Waters Corporation,

un leader dans la fabrication d’instruments analytiques, a

acheté la technologie de l’iknife mise au point par l’imperial

College de londres. Ce scalpel intelligent fait appel à un procédé

complexe de spectrométrie de masse pour déterminer si le tissu découpé est sain ou cancéreux. Waters compte poursuivre le

développement de cette technologie afin de fournir aux chirurgiens des informations en

temps réel sur les tissus qu’ils sont en train d’inciser. /

euthanasie

Flot de demandes en belgiqueQuinze détenus belges ont

demandé à être euthanasiés plutôt que de devoir souffrir en

prison. Ce nombre important de requêtes tombe peu après que la justice du pays a autorisé un délinquant sexuel de 52 ans, en

prison depuis trente ans, à recou-rir au suicide assisté. Ce surcroît de candidats à une mort préma-turée crée le débat même parmi

les partisans de l’euthanasie. en parallèle, des voix réclament une révision des conditions de vie dans les prisons belges. /

Iv n° 1 p. 12

Iv n° 1 p. 26

Iv n° 1 p. 34

bern

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Page 7: In Vivo #4 FRA

5

pOst-scrIptum

Quantified-seLf

Une plateforme pour les accrosles fanatiques de l’«auto-me-

sure» devraient bientôt disposer d’un site où visualiser en temps

réel toutes leurs données recueillies via différentes

applications, comme leur pouls, les kilomètres parcourus ou le nombre de burritos ingérés. Baptisée gyrosco.pe, cette

plateforme est développée par anand sharma, un designer

américain lui-même adepte de la tendance. /

ceLLuLes souches

première mondialedes cellules souches artificielles ont été implantées en première mondiale chez une Japonaise de

70 ans atteinte de dégénérescence maculaire liée à l’âge. Ces cellules

souches reprogrammées (ou pluripotentes induites, ips) sont des cellules adultes prélevées sur la patiente, qui ont été réduites à l’état quasi embryonnaire pour qu’elles se respécialisent ensuite en cellules de la rétine. But de

l’opération: vérifier que la technique ne provoque pas

d’effets secondaires tels que des cancers, et améliorer l’état de

la patiente. /

Méditation

Des Marines plus zen

la méditation pourrait devenir une composante intégrale de

l’entraînement des marines amé-ricains. une expérience menée

par des chercheurs de l’université de Californie en collaboration avec l’us navy indique que les soldats formés à la méditation

de pleine conscience maîtrisent mieux leurs émotions lors d’une simulation de combat, que leurs homologues qui y sont étrangers.

la technique pourrait donc se révéler prometteuse dans la

prévention du syndrome de stress post-traumatique. /

cerveau

Combiner les sens pour améliorer la mémoire

une équipe de scientifiques du ChuV et de l’unil dirigée par le prof. micah murray ont démontré

que la combinaison d’éléments visuels et auditifs permet de se

créer un souvenir plus précis d’un événement donné. le degré

d’amélioration de la mémoire dépend toutefois de la capacité

à intégrer des informations multisensorielles, qui diffère

d’un individu à l’autre. /

Médecine personnaLisée

le carnet de santé numériquela nouvelle application health d’apple permet aux utilisateurs de se créer un véritable carnet

de santé en ligne. health centra-lise en effet toutes les données

relatives à la santé (taux de cholestérol, imC, qualité du

sommeil, etc.) qu’on peut recueillir via différentes appli-cations de l’iphone. si health pourrait sauver des vies avec sa fonction «alerte» destinée

à avertir l’hôpital par exemple lors d’anomalies du rythme car-diaque, des questions se posent toutefois quant à la protection

des données. /

Iv n° 1 p. 66

Iv n° 3 p. 30

Iv n° 3 p. 19 Iv n° 2 p. 53

Iv n° 2 p. 64 loG

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Page 8: In Vivo #4 FRA

Medtech – 436 entités

Biotech – 83 entités

Pharma – 90 entités

Universités / Hôpitaux 16 entités

Genève P. 08Pour prévenir les accidents,

les HUG font appel à l’expérience de la compagnie

aérienne Swiss.

LeS acteUrS de L’innovation MédicaLe en SUiSSe occidentaLe:

in SitU

HeaLtH vaLLeyHuit pages sur l’actualité romande de la recherche

dans le domaine de la santé.

Grâce à ses hôpitaux universitaires, ses centres de recherche et ses nombreuses start-up qui se spécialisent dans le domaine de la santé, la Suisse romande excelle en matière d’innovation médicale. ce savoir-faire unique lui vaut aujourd’hui le surnom de «Health valley».

dans chaque numéro de «in vivo», cette rubrique s’ouvre par une représentation de la région. cette carte a été créée par Sébastien Fasel de l’agence de communication visuelle lausannoise emphase.

Page 9: In Vivo #4 FRA

Berne P. 09La société calcisco vient d’être primée pour son test détectant

la calcification du sang.

FriBoUrG P. 11L’entreprise emedSwiss développe un dossier médical numérique.

LaUSanne P. 09détecter les glaucomes à

l’aide d’une lentille de contact «intelligente», voilà l’ambition de la start-up tissot Medical

research.

Page 10: In Vivo #4 FRA

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in SiTU HEALTH VALLEY

Les hôpitaux s’inspirent de l’industrie aéronautique Le personnel médical suit les méthodes des compagnies aériennes, qui misent sur l’amélioration de la communication pour prévenir les accidents.

textecaMiLLe andreS

sécurité Secouée par une série de catas-trophes dans les années 1990, l’industrie aérienne a dû se remettre en question, en se penchant notamment sur les mécanismes de communication de son personnel. «Le facteur humain est à l’origine de 75% des problèmes en vol, explique Frédéric Mache-ret, commandant de bord sur Airbus A320 et formateur pour la compagnie Swiss. A l’époque, on s’est aperçu que bien des inci-dents étaient liés à un manque de coordina-tion et de leadership au sein des équipages.» Paradoxalement, la période était marquée par une amélioration des moyens techniques à la disposition de l’industrie aérienne. «Mais plus les technologies sont complexes à utili-ser, plus l’aspect humain doit être amélioré. Personne ne peut travailler dans son coin, l’échange d’informations est vital.»

Pour Frédéric Macheret, le milieu hos-pitalier, soumis à un stress croissant et des innovations technologiques permanentes, connaît aujourd’hui les mêmes défis que l’aviation vingt ans plus tôt. Les erreurs existent, qu’il s’agisse d’opérations par inad-vertance ou d’incidents mal gérés. Afin de mieux les prévenir, Pierre Hoffmeyer, méde-cin chef du Service de chirurgie orthopé-dique des Hôpitaux universitaires de Genève, a sollicité il y a quatre ans l’expé-rience de Swiss. Des formations réunissant médecins, anesthésistes, instrumentistes, infirmiers et pilotes de ligne permettent de réfléchir aux dynamiques de groupe en cas d’incidents et de stress.

En une journée, les participants abordent des techniques issues du monde aérien comme la check-list. Ce briefing pré-décollage permet de s’assurer que tous les participants connaissent la durée et le déroulement du vol. Il permet de fédérer l’équipe autour d’un but commun. Et de s’assurer que chacun est à son poste, en cas de situation d’urgence.

Autre temps fort, l’échange en toute confidentialité autour de situations problé-matiques. «C’est une opportunité unique de discuter de gestion du stress, du travail

en équipe, ou de l’impact du manque de communication hors du contexte purement professionnel. Ce temps de débriefing n’existe pas dans une journée de travail», reconnaît le formateur Domizio Suva, médecin adjoint agrégé, responsable de l’Unité d’orthopédie septique des HUG.

A Lausanne, le CHUV suit la même évo-lution. Sans entrer dans un partenariat for-malisé avec des compagnies aériennes, l’hôpital vaudois intègre depuis deux ans certaines approches issues du milieu de l ’aviation dans ses formations. «Cela concerne surtout les techniques de crew ressource management, telles que prati-quées à Genève en partenariat avec Swiss, explique Serge Gallant, responsable du Centre de formation du CHUV. Ces procé-dures ont pour but de travailler les questions de leadership et relationnelles, qui ont été analysées comme étant fréquemment à l’origine des accidents.»

Le modèle aérien n’est évidemment pas transposable à 100% au milieu médical mais ces formations, améliorées au fil du temps, ont connu un réel succès chez les soignants. Aux HUG, s’il est impossible de quantifier la baisse des incidents, plusieurs études ont montré que tous les participants ont acquis de nouveaux savoirs, différents selon leur profession. Une culture de sécurité s’est développée, basée sur l’anticipation. Les compétences sociales des chirurgiens, autre-fois habitués à travailler seuls comme les pilotes, sont valorisées.

L’expérience n’est pas limitée à la Suisse romande: depuis 2010, l’Hôpital universi-taire de Zurich et ses cliniques de chirurgie cardiaque et neurochirurgie ont également mis sur pied de telles formations. Autre expé-rience, celle de l’hôpital privé GZO dans l’Oberland zurichois, qui fait également appel à Swiss pour former son personnel soignant. Avec un autre axe de réflexion cependant: le parallèle entre patients et passagers. Une manière d’appréhender la notion de client, parallèlement à celle de patient. ⁄

ci-deSSUS: SeLon SerGe GaLLant,

L’UtiLiSation de tecHniqUeS iSSUeS dU MiLieU de L’aviation a

PerMiS d’aMéLiorer Le travaiL en éqUiPe aU Sein dU cHUv. dePUiS

2012, L’HôPitaL vaUdoiS eMPLoie Une cHeck-

LiSt de SécUrité viSant à MieUx Prendre en cHarGe LeS PatientS

avant et Pendant LeUr oPération. Un oUtiL

qUi a PerMiS Une aMé-Lioration deS ProceS-

SUS danS L’enSeMBLe deS ServiceS où eLLe

eSt UtiLiSée.

Page 11: In Vivo #4 FRA

9

in situ HEALtH VALLEY

start-up

ValVe cardiaqueL’entreprise vaudoise symetis vient d’obtenir une seconde

accréditation de conformité en europe (label ce) pour sa valve cardiaque «acurate neo». cette certification permet à la start-up d’espérer prendre la troisième place du podium mondial de

ce marché.

calcificationBasée à Berne, la société calcisco

a été primée par la fondation W.a. de vigier. La start-up a

développé un test qui mesure la propension du sang à se calcifier.

Une avancée qui devrait permettre de sauver des vies, les affections déclenchées par

la calcification étant la première cause de mortalité des patients atteints d’affections chroniques

des reins.

MouVeMentanalyser la démarche d’un patient diminué pour évaluer l’efficacité

d’un traitement, c’est l’idée derrière le capteur de mouvement produit par la start-up lausannoise Gait up. complété par un logiciel

propriétaire, le système est destiné tant aux services

gériatriques, aux cliniques de réhabilitations qu’aux laboratoires

d’analyse de marche.

lentille high-tech

La start-up lausannoise tissot Medical research a mis au point une lentille de contact intelligente

qui permet de détecter les glaucomes. conçue en collabora-

tion avec des chercheurs de l’ePFL et de la Haute ecole arc

(neuchâtel), la lentille mesure la pression intra-oculaire en continu, une première! Sa commercialisa-

tion est prévue pour fin 2015.

78en millions de francs, la somme récol-

tée par la spin-off de l’ePFL Biocartis lors d’un nouveau round de finance-ment. employant désormais près de 200 personnes, dont une trentaine à Lausanne, l’entreprise biotech vient par ailleurs de commencer la com-

mercialisation en europe d’idylla, son système de diagnostics molécu-

laires automatisé.

en pourcentage, la croissance que devrait connaître l’industrie des technologies médicales helvétique en 2014, d’après une récente étude publiée par le «Swiss Medical technology industry report» (SMti). Le chiffre d’affaires total du secteur medtech atteint désormais 14 milliards de francs, soit 2,3% du PiB suisse, un record! autre performance notable, les PMe actives dans ce domaine ont exporté pour 12,8 milliards de francs durant la période analysée, représentant 5,2% des exportations suisses.

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«Nous sommes persuadés

qu’une révolution se prépare»

Marc tHUrnerL’iMPreSSion 3d conStitUe Un toUrnant

danS Le doMaine deS tecHniqUeS MédicaLeS, eStiMe Marc tHUrner, directeUr de

L’entrePriSe FriBoUrGeoiSe reGenHU, danS Une intervieW accordée à «PMe MaGazine».

L’objet

Arkimedarkimed est un système

qui permet au chirurgien de commander par des gestes les images dont il peut avoir besoin durant une opération imaginé par

le neurochirurgien lausannois duccio Boscherini et l’ingénieur informaticien Sasha r. droz.

Une vingtaine d’interventions neurochirurgicales ont déjà été réalisées par duccio Boscherini à l’aide de cet outillage tout droit sorti du film

de science-fiction «Minority report».

Page 12: In Vivo #4 FRA

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protection de L’enfant 11 décembre 2014, LausannePour fêter son 20e anniversaire, le Can-Team (Child Abuse and Neglect Team) du CHUV organise une conférence pour exposer son travail de recherche en matière de protection de l’enfant. L’événement aura lieu au sein de l’audi-toire César-Roux du CHUV.

proMotion de La santé 29 janvier 2015, Lucerne La fondation Promotion Santé Suisse annonce la tenue le 29 janvier pro-chain à Lucerne de la 16e Conférence nationale sur la promotion de la santé. Elle aura pour thème les parcours de vie et leurs implications en matière de promotion de la santé.WWW.ProMotionSante.cH

Lab/LifeJusqu’au 22 février 2015, LausanneLe Musée de la main UNIL-CHUV accueille une double exposi-tion pour valoriser les enjeux de la recherche contemporaine en biologie et en médecine et mettre un coup de projecteur particulier sur le domaine des cellules souches. En collaboration avec la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL, l’Interface sciences-société UNIL, et le PNR63.WWW.MUSeedeLaMain.cH

oncoLoGie puLMonaire Du 15 au 18 avril 2015, GenèveAu printemps prochain, la Cité de Calvin accueillera une conférence consacrée au cancer du poumon. Organisé par la société européenne de médecine oncologique, l’événement vise à développer les collaborations entre les spécialistes du sujet et à renforcer la recherche, la formation et la lutte contre cette pathologie au niveau européen.WWW.eSMo.orG

AgendA

in SiTU HEALTH VALLEY

parcs technoLoGiques

bioark  Monthey Bioark s’est spécialisé dans le soutien de start-up actives dans les domaines du diagnostic et des biotechnologies. Parmi les entreprises installées sur le site, augurix, cordsavings ou encore la PMe Biokaizen, qui développe un système visant à détecter de manière précoce certains types de cancer grâce à une simple analyse de sang.

Le ViVier  ViLLaz-st-pierre Situé dans le district de la Glâne, le parc technologique du vivier s’étend sur près de 20’000 mètres carrés. Une vingtaine d’entreprises s’y sont installées à l’heure actuelle. Le vivier abrite aussi «l’accélérateur de start-up» venturi, qui compte deux entreprises spécialisées dans le domaine médical au sein de son portefeuille: Myotest et osmotex.

neode  neuchâteL La structure accueille près d’une trentaine de sociétés sur ses sites de La chaux-de-Fonds et de neuchâtel. Médecine personnalisée, diagnostic (one drop diagnostics) ou encore technologie laser font partie des projets medtech en cours de réalisation au sein du parc scientifique.

biopôLe  épaLinGes Le parc technologique d’epalinges a ouvert ses portes en 2009. il compte 22 entreprises sur son site, dont l’américaine ariad, spécialisée dans la recherche contre le cancer et nouvellement établie dans la structure vaudoise. Le Biopôle souhaite développer un incubateur de start-up en 2015.

Page 13: In Vivo #4 FRA

aVec L’utiLisation systéMatique du GeL hydro-aLcooLique que Vous aVez in-

Venté, pensez-Vous que Le teMps des infections en MiLieu hospitaLier est bientôt réVoLu?Nous avons franchi un cap. Selon les moyens mis en œuvre, les infections diminuent de 20 à 80%. Notre programme est présent dans 173 des 194 Etats membres de l’Organisation des Nations unies. L’hy-giène des mains s’améliore dans tous les lieux collectifs: hôpitaux, homes, entreprises, écoles. De plus, la for-mule de notre produit permet de fabriquer le gel avec peu de moyens, comme en Ouganda ou au Mali, où il est produit à partir d’alcool de canne à sucre locale.

Le GeL peut-iL être utiLe dans La Lutte contre Les pandéMies coMMe éboLa?

Ebola impose des précautions particulières pour éviter les contacts avec les liquides biologiques por-teurs du virus. Or en Afrique, le personnel de santé est souvent en manque de matériel et de formation. Pour améliorer la situation à long terme, il est vital de développer une culture de sécurité institution-nelle. Il faut que l’hygiène des mains soit adoptée à tous les niveaux, du directeur d’hôpital au technicien de surface.

coMMent déVeLopper cette cuLture de sécurité?

L’OMS dispose de stratégies multimodales avec des relais sur le terrain, des hôpitaux devenus centres de référence. On apprend aussi beaucoup des hôpitaux du Sud. Le Kenya a, par exemple, développé un système de surveillance par téléphone portable pour suivre la guérison des plaies chirurgicales des patients jusqu’à trente jours après leur sortie de l’hôpital. /

1

2

3

didier PiTTeTBeaUcoUP reSte à Faire en terMeS de Prévention

deS éPidéMieS SeLon Le reSPonSaBLe dU ProGraMMe «Save LiveS: cLean yoUr HandS» de L’oMS.

3 qUeStionS à

Didier Pittet est professeur de médecine à l’Hôpital universitaire de Genève, et l’inventeur, avec le pharmacien anglais William

Griffith, de la solution hydro-alcoolique de désinfection des mains.

11

in SiTU HEALTH VALLEY

en millions de francs, la somme levée par la start-up emedSwiss pour développer un dossier

médical informatisé utilisant les technologies internet.

Fondée par le dr. Lubos tkatch, l’entreprise fribourgeoise vient de commencer la commercia-lisation de sa solution logicielle mise au point ces huit dernières années.

 néonatoLoGie 

L’ePO POur Aider Les PrémATuréselle est connue pour doper les sportifs…

L’erythropoïetine (ePo) permettrait aussi de réduire les lésions cérébrales des grands prématurés. ce sont des

chercheurs de l’Université de Genève (Unige) et des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) qui l’ont montré.

Les résultats de leur étude ont été publiés en août dans le brillant «Journal of american Medical association»

(JaMa). a noter que par année, 40’000 enfants en europe, dont 80 aux HUG naissent avant la 32e semaine de

grossesse et peuvent présenter des lésions cérébrales aux conséquences graves à l’âge adulte.

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Page 14: In Vivo #4 FRA

Près d’un million de nouvelles prothèses de hanche et de genou sont implantées chaque année aux Etats- Unis et en Europe. Parmi les acteurs clés de ce secteur, la compagnie Symbios Orthopédie SA. Basée à Yverdon- les-Bains, elle réalise des hanches et genoux artificiels à la pointe de la technologie. «Nos clients sont les chirurgiens orthopédistes du Vieux Continent, explique Jean Plé, directeur de Symbios. Se concentrer sur le marché européen est un choix stratégique: c’est le plus important en termes d’unités à l’heure actuelle.»

Employant 120 personnes, dont 80 à Yverdon, la PME profite des synergies offertes par la Health Valley. «Une entreprise ne travaille jamais seule, elle baigne dans un bain de compétences et d’expériences. Le fait que la région concentre aujourd’hui de nombreux sous-traitants dans le domaine médical et horloger est un vrai avantage pour trouver du personnel qualifié.»

Les implants de hanche et de genou

ont connu plusieurs grandes évolutions depuis la création de Symbios en 1989: l’entreprise développe désormais aussi les logiciels 3D propriétaires permettant de proposer une planification préopéra-toire personnalisée. Mais une marge de progression persiste. «Le principal défi dans notre métier consiste à obtenir la satisfaction complète du patient, remarque Jean Plé. Douleurs post- opératoires, et profils changeants des patients représentent autant d’obstacles pour atteindre cet objectif. «Les personnes bénéficiant de prothèses sont toujours plus jeunes. Elles sou-haitent vivre comme avant, sans douleurs. A nous de trouver des solu-tions pour répondre à cette demande.»

Parmi les pistes étudiées, le projet SImOS. Lancé en collaboration avec l’EPFL, le CHUV et le programme scientifique suisse Nano-Tera, il vise à mettre au point une prothèse «intelli-gente» équipée de capteurs de force, de température et d’un accéléromètre. /

Des implants sur mesure

La PME vaudoise Symbios exporte son savoir-faire en matière de prothèses artificielles aux quatre coins de l’Europe.

étaPe n° 4YverdOn-Les-BAins

SyMBioSsur LA rOuTedans chaque

numéro, «in vivo» part à la rencontre

des acteurs de la Health valley. rendez-vous à

yverdon-les-Bains pour cette

quatrième étape.

texte: caMiLLe andreS

in SiTU HEALTH VALLEY

12

Page 15: In Vivo #4 FRA

La décision de Shire de déménager à Zoug et tout récemment celle

d’Alexion de se tourner vers Zurich doit nous rappeler l’importance des racines et de l’écosystème pour une

entreprise. On aurait pu se demander si ces notions avaient encore un sens à

l’heure de la mondialisation et du capitalisme sans frontières.

Entreprises sans racines? Implantation de multinationales, de

sièges de sociétés, de centres de recherche et développement et autres grands

projets… Nous célébrons à raison ces succès qui renforcent notre positionnement sur la carte mondiale des Sciences de la vie. Mais

l’enthousiasme ne saurait nous faire oublier combien nous devons rester vigilants, car ces

nouveaux venus n’ont à ce stade pas encore pris racine. Or, comme le rappelait justement

J. Gautrand, les activités hors-sol sont des illusions tout juste utiles aux statisticiens en

mal de ranking et des fantasmes pour des managers-technocrates qui rêvent de n’avoir à gérer que des actifs fluides et mobiles... plutôt que des hommes et des femmes attachés à un

environnement parce qu’ils y ont tissé des liens et enraciné leur vie; parce qu’ils y puisent leur énergie, leur force vitale et leur imaginaire...

Communauté d’hommes et de projets Lorsque nous assistons à une délocalisation,

nous prenons conscience que certains dirigeants ont une notion virtuelle de leur entreprise, qu’ils réduisent a une entité malléable à merci, et donc

délocalisable d’un clic de souris vers n’importe quel territoire offrant le meilleur rendement du

capital investi.

Comment changer cet état d’esprit, qui résume l’entreprise à un actif financier que l’on gère selon le principe de l’allocation

optimale de ressources? En enrichissant le terreau fertile qui irriguera ces entreprises.

Racines régionales Ainsi, les managers habitues à gérer leur

entreprise comme des briques Lego de facteurs de production intègreront les composantes

issues de notre région, les valoriseront et y puiseront durablement une part de leurs

performances pour éloigner le spectre de la délocalisation. Ces entreprises rejoindront alors les entreprises patrimoniales régionales qui, telles

les vignes qui se nourrissent d’un terroir singulier pour donner des vins de qualité, tirent avantage

d’une histoire, d’une culture, de compétences, de soutiens, de réseaux propres au territoire qui les

ont vus naitre et grandir.

Nous sommes conscients de tout ce que notre tissu industriel apporte: emplois, création de richesse, ressources fiscales, notoriété, contribution à la

dynamique académique et entrepreneuriale... Mais les entreprises doivent, elles aussi, avoir conscience des richesses que leur offre leur région: des conditions-

cadre et une stabilité politique remarquables, un cadre de travail et de vie, l’expérience de générations de

femmes et d’hommes qui apportent leur force de travail, leurs talents, leur créativité et leur confiance, contribuant

ainsi à leur développement, à leur prospérité, à leur image, et, en partie aussi à leur pérennité.

Ce sont ces atouts que nous mettons en lumière et c’est dans cet esprit que nous consolidons les liens entre acteurs régionaux, qu’ils soient académiques, industriels, gouverne-mentaux ou acteurs de la dynamique de l’innovation. ⁄

en saVoir pLuswww.bioalps.org la plateforme des sciences de la vie de Suisse occidentale

à Lirenumber one: tome 3 - next, Les clefs du savoir, 2014

in SiTU HEALTH VALLEY

dr

13

BenOîT duBuisIngénieur, entrepreneur, président de BioAlps et directeur du site Campus Biotech

Cultiver l’écosystème… enraciner nos entreprises

Page 16: In Vivo #4 FRA

1414

in SiTU gLobE

in SitU

aUtoUr dU GLoBeParce que la recherche ne s’arrête pas aux frontières, In Vivo présente les dernières innovations médicales

à travers le monde.

 recherche 

esPOir POur Les PATienTs Anémiques

deux équipes dirigées par le professeur olivier Hermine de l’hôpital necker à Paris ont récemment mis en lumière

les mécanismes impliqués dans la bêta-thalassémie. affectant 100’000 nouveau-nés par an à travers le monde, cette maladie génétique du sang provoque une anémie sévère; leurs recherches, parues dans les deux revues

prestigieuses «nature» et «nature Medicine» proposent aussi une nouvelle piste thérapeutique, en phase d’essai clinique et implicant une molécule nommée sotatercept.

c’est le nombre de personnes qui se suicident chaque année dans le monde, soit une toutes les 40 secondes. L’organisation mondiale de la santé vient de réitérer un appel pour offrir une meilleure prévention face à une problématique qui demeure taboue dans de nombreux pays.

Le docteur de poche  tecHnoLoGie  Le «qualcomm tricorder X prize» promet 10 millions de dollars au meilleur outil de diagnostic portable tel que celui utilisé par Monsieur spock dans la série «star trek». Les candidats proposent quantité d’excellentes idées: l’analyse d’une goutte de sang sur un microlaboratoire de la taille d’une carte de crédit, une anamnèse effectuée par un algorithme d’intelligence artificielle, ou encore des diagnostics effectués par analyse vidéo de la gorge. dix finalistes viennent d’être sélectionnés par la fondation chargée de la compéti-tion. ils devront présenter un outil fonctionnant sur les humains d’ici à 2015.

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The Body keeps the score

BeSSeL van der koLk, vikinG adULt, 2014

Au travers du récit des différents cas de trauma rencontrés dans sa pra-tique professionnelle, le psychiatre américain Bessel van der Kolk présente un ouvrage qui peut également servir de guide de survie aux personnes victimes du symptôme de stress post-traumatique. Il propose un panorama des effets d’un trauma et dégage des pistes thérapeutiques de guérison en privilégiant des activités telles que yoga, théâtre et sport pour retrouver l’équilibre.

Le test génétique qui détruit les familles«GeorGe doe», vox.coM

Dans un article publié par le magazine Vox, un bio-logiste américain raconte sous anonymat comment son utilisation de 23andme, un service d’analyse ADN grand public, a fini par provoquer le divorce de ses parents. La raison? La découverte d’un demi-frère et la décision d’en parler à sa famille, qui ne se remet-tra pas du choc. A l’heure où le Conseil national veut réglementer les tests commerciaux en Suisse, voilà une histoire fascinante qui illustre les pièges des nouvelles technologies médicales.

La séLe

ction

in ViVo

Pierre-Marie LLedoLe neUroBioLoGiSte FrançaiS Pierre-Marie LLedo Fait Partie deS PreMierS cHercHeUrS eUroPéenS

à UtiLiSer L’oPtoGénétiqUe, Une tecHniqUe PerMettant de contrôLer L’activité d’Un neUrone en ParticULier

en coMBinant oPtiqUe et GénétiqUe.

«Il est possible de former et d’effacer

des souvenirs»

LeS LienS verS LeS cHroniqUeS et LeS vidéoS SUr

WWW.invivoMaGazine.coM

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BSiP

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étude cLinique Transfuser du sang jeune chez des personnes âgées atteintes d’Alzheimer, c’est l’objet d’un premier essai clinique qui va débuter en octobre à l’Université de Stanford, en Califor-nie. Des expériences sur des souris ont montré que du sang frais pouvait rajeunir certains organes et améliorer les performances cognitives des rongeurs – probablement grâce à l’apport en GDF11, des protéines «facteurs de croissance» .

Les médecins inspirés par les vampires

Ces médicaments qui ont changé nos vies

JacqUeS BeaULieU, MULtiMondeS, 2014

Retraçant l’histoire de l’évolution de 40 médicaments marquants et l’importance de leur déve-loppement sur notre santé Jacques Beaulieu constate son usage grandissant. Le physicien québécois, auteur de près de 20 livres de vulgarisation de la médecine en collaboration avec différents médecins et spécialistes de la santé, met aussi en garde contre la recherche médicale toujours plus efficiente qui nous fait vivre toujours plus longtemps…

Briser le mur des maladies

cardiovasculairesconFérence FaLLinG WaLLS

Par katerina SPranGer

La fondation Falling Walls propose chaque année aux jeunes chercheurs de pro-mouvoir leurs découvertes. Organisées partout dans le monde, ces conférences laissent trois minutes aux candidats pour convaincre un jury d’experts de la qualité de leurs travaux. La chercheuse germano-ukrai-nienne Katerina Spranger y a ainsi présenté VIVA, un outil permettant de mieux planifier l’installation d’un stent chez un patient.

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in SiTU gLobE

eboLa et transport aérienL’épidémie du virus ebola qui fait rage en afrique de l’ouest depuis plusieurs mois pose d’énormes défis sur le terrain. elle soulève aussi bien des questions concernant les voyages aériens. si les responsables de l’organisation Mondiale de la santé se veulent rassurants quant au risque de contracter ebola lors d’un vol aéronautique, de nombreux pays ont pris des mesures pour filtrer les personnes en provenance de zones à risque. La période d’incubation d’ebola étant comprise entre deux et vingt-et-un jours, une personne infectée peut en effet prendre l’avion sans montrer de symptômes de la maladie.

ainsi, des infirmiers marocains prennent la température des passagers arrivant à l’aéroport Mohammed V de casablanca depuis les principaux pays touchés (Guinée, Liberia, sierra Leone). Les etats-unis ont eux aussi annoncé avoir instauré des contrôles de température au sein des principaux aéroports du pays.

aBdeLJaLiL BoUnHar / aP tHe canadian PreSS

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in SiTU gLobE

Page 20: In Vivo #4 FRA

L’INFORMATION EN CONTINU

Tout savoir sur les Sciences de la vie et l’innovation. Des rubriques pour vous: Agenda, Innovation, People, Science, etc. L’actualité de nos entreprises, de nos hautes-écoles, de nos organismes de soutien à l’innovation sur un seul site.

D republic-of-innovation.ch

REPUBLIC OFINNOVATION

“The joys of discovery are made all the richer when shared. Learn about innovation and experience that goes beyond everyday lives.”BENOIT DUBUIs Founder BioAlps, Eclosion, Inartis

“Republic of Innovation, un site instructif, intelligent, ouvert et très facile à lire. C’est un vrai plaisir, en plus d’être une véritable aide.”ThIERRy MAUvERNAy Delegate of the Board Debiopharm Group

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nutritionfocus

prévention Manger pour

garder la forMe

Par Camille andres,

erik FreudenreiCh et William türler

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une alimentation variée renforce le système immunitaire. en se posant quelques questions

simples, chacun peut réguler son appétit, éviter le surpoids et rester en bonne santé.

Visite de l’assiette du XXIe siècle, entre nutrition personnalisée et poudre futuriste.

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focus

de leurs cycles menstruels, les femmes doivent rece-voir plus de fer que les hommes et à la ménopause, elles auront besoin de davantage de calcium pour contrecarrer le risque accru d’ostéoporose.

Cela étant dit, il reste bien sûr de grandes lignes directrices valables pour tout le monde. La pyramide alimentaire (par ordre d’importance: boissons, fruits et légumes, produits céréaliers, produits laitiers, viande, poisson, matières grasses et enfin sucreries, snacks et alcool) garde tout son sens. Il faut savoir qu’une alimentation riche en lipide, de type fast-food, retarde le sentiment de satiété, ce qui implique une tendance à manger davantage.

nutrition

U ne alimentation quotidienne sur mesure, ser-vie sous forme de capsules: c’est le projet futuriste dans lequel se sont lancés il y a

quelques mois une quinzaine de chercheurs du Nestlé Institute of Health Sciences (NIHS) à Lausanne. Nom de code: Iron Man.

Leur idée? Mettre au point un appareil capable d’analyser les carences nutritionnelles d’une per-sonne avant de lui fournir un assemblage personna-lisé de vitamines ou de minéraux essentiels. Inspiré du synthétiseur de nourriture de la série Star Trek, ce futur Nespresso à nutriments est un exemple par-mi d’autres des recherches visant à développer une nutrition personnalisée. A chacun son régime sur mesure. Nous ne sommes pas tous égaux face aux

aliments. Certains produits peuvent être recomman-dés selon le profil de l’individu (en bonne santé, obèse, diabétique, etc.), mais aussi selon son âge ou son sexe.

«Notre patrimoine génétique fait que l’on va méta-boliser différemment tel ou tel aliment», explique François Pralong, chef du Service d’endocrinologie du CHUV et professeur à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne. Certains in-dividus sont, par exemple, plus sensibles que d’autres à une quantité donnée de sel. Et cela peut se décliner pour tous les types de micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments, etc.), voire les macronutriments (protéines, glucides, lipides).

Différences selon l’âge et le sexe

Les enfants auront besoin de plus de vitamines, de sels minéraux et

de calcium. Les personnes âgées doivent, en prin-cipe, modérer leur apport en sel et consommer plus de vitamine D, de calcium et suffisamment de pro-téines. D’autant que ces dernières ont tendance à perdre l’appétit et la sensation du goût, et donc à moins manger et à perdre du poids et du muscle (cachexie). Les adultes en bonne santé auront besoin de moins de sels minéraux, de vitamines et de cal-cium, car leurs stocks sont déjà constitués. En raison

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les enfants comme les personnes âgées

font partie des individus ayant les

plus grands besoins en compléments

minéraux ou vitaminés.

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focus nutrition

soylent, la potion magique Du xxie siècleremplacer ses repas par une seule et unique boisson nutritionnelle. Voilà la drôle de création d’un entrepreneur américain qui fait fureur sur le net.

echanger côtes de bœuf, frites et légumes croquants contre un cocktail inodore composé d’une trentaine d’éléments

vitaux (protéines, fibres, vitamines, hydrates de carbone, etc.). C’est la curieuse idée de l’américain rob rhinehart, fondateur de la

start-up Soylent. lancé il y a une année sous la forme d’un projet Kickstarter, ce mélange miracle enthousiasme désormais des milliers d’internautes, qui échangent leurs recettes personnalisées sur des forums. outre son aspect «pratique», cette solution permet de se nourrir de façon bon marché: une ration

hebdomadaire de Soylent coûte environ 65 francs, soit 3 francs par repas. les utilisateurs se disent majoritairement satisfaits par le produit et en bonne santé, après des semaines voire des mois d’utilisation. rob rhinehart a même annoncé vouloir désormais se nourrir exclusivement à l’aide de son breuvage miracle…

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focus nutrition

tant étant de garder un poids aussi proche que pos-sible de son poids de santé et de bouger.» La problématique est donc différente pour les personnes souffrant d’une pathologie, comme l’obésité. «Au-jourd’hui, on ne mise plus du tout sur les régimes, relève François Pralong. On a pu observer que les res-trictions stimulent une frustration, qui va immanqua-blement mener à des rechutes.» Ce phénomène de yo-yo pondéral, extrêmement mauvais pour la santé puisqu’il implique une perte de masse maigre (muscle) et des prises successives de graisse, peut mener, après trois ou quatre allers-retours sur dix ans, à un profil métaboliquement très défavorable et ouvrir la porte à la résistance à l’insuline, au diabète ou à l’hypercholestérolémie.

éviter la frustration

Une bonne alimentation permet en outre de renforcer le système

immunitaire. «Pour un sujet en bonne santé, la meil-leure immunité passe par une alimentation équili-brée, variée et privilégiant les fruits et légumes, les graisses d’origine végétale, le poisson, les volailles et viandes blanches, résume Pauline Coti Bertrand, responsable en nutrition clinique au CHUV. Cepen-dant, les autres aliments ne sont pas à exclure. On parle de fréquence relative. Pour les sujets malades, des supplémentations peuvent être envisagées en fonction des besoins de la maladie de base. L’impor-

2

la pyramide alimentaire: plus les aliments sont placés vers le bas, plus ils peuvent être pris souvent et en grande quantité.

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focus nutrition

oui ou non?Les épinards sont-iLs riches en fer? non Comme beaucoup de légumes verts, les épinards contiennent du

fer. Mais ils nécessitent d’être absorbés en grande quantité pour atteindre la ration journalière de 14 mg de fer recomman-dée par les diététiciens.

Le fer joue en effet un rôle essentiel dans notre organisme, contribuant au transport de l’oxygène par l’hémoglobine et intervenant dans les mécanismes liés aux neuro-transmetteurs. 100 g de feuilles d’épinards fraîches n’apportent ainsi que 2,7 mg du précieux élément, soit nettement moins que les lentilles, les œufs, les fruits de mer et surtout la viande.

Les aduLtes assimiLent-iLs Le Lait? oui et non Le lait contient du lactose, un glucide qui nécessite une

enzyme spécifique (la lactase) pour être assimilé correctement. Or, le corps humain n’était à l’origine pas fait pour digérer le lac-tose au-delà de la période d’allaitement.

Mais depuis le néolithique, les personnes d’ascendance européenne ont développé cette capacité d’assimilation, du fait de leur sédentarisation. A l’inverse, la plupart des peuples originaires d’Asie ou d’Afrique ne possèdent pas l’enzyme lactase, et digèrent souvent mal les produits laitiers.

Le poisson est-iL bon pour Les neurones? oui L’iode et les oméga-3 contenus dans le poisson contribuent effec-

tivement à maintenir certaines fonctions neuro-logiques en bon état. A privilégier: les poissons dits «gras» comme les saumons, maquereaux ou sardines, (qui ne contiennent en réalité pas plus de graisses qu’une

viande mi-grasse) mais recèlent de précieux acides gras essentiels.

luc pellerin s’intéresse depuis longtemps au métabolisme énergétique du cerveau. dans le cadre de ses travaux, ce professeur associé au département de physiologie de l’unIl s’est concentré sur des transporteurs de nutriments situés dans le cerveau, ainsi que dans divers tissus et organes comme le foie ou le cœur. C’est ainsi qu’il découvre, en l’invalidant chez la souris, que le gène MCT1 joue un rôle important dans la régulation du poids corporel. Soumis à un régime riche en graisse et en sucres, les rongeurs «modifiés» ont subi une obésité limitée et n’ont pas connu d’hypoglycémie ou d’augmenta-tion du tissu adipeux.

Qu’en est-il d’une éventuelle invalidation de ce gène chez l’homme? «Il y a deux difficultés majeures, note luc pellerin. d’abord, c’est techniquement difficile. Ce gène se trouve dans différents tissus et organes, il faudrait donc les cibler les uns après les autres. ensuite, il a des fonctions utiles. en tant que transporteur, il contribue à l’échange de substrats énergétiques. Certains tissus s’alimentent grâce à lui.»

l’une des pistes pourrait consister à se focaliser sur une approche pharmaceutique, en recherchant un médicament ayant des effets inhibiteurs partiels sur ce gène. en résumé, il faudrait en réduire l’activité tout en la conservant en partie. «Bien sûr, le message n’est pas de dire que l’on peut manger n’importe quoi, note le scienti-fique. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons pu ainsi démontrer que le développe-ment de l’obésité n’est pas lié à une accumulation de mutations génétiques, mais à un change-ment de l’environnement, aujourd’hui saturé de nourriture très riche.»

en effet, MCT1 est un gène «normal». Il est là pour favoriser l’accumulation de graisses, cela depuis l’époque où les humains ne disposent pas de nourriture en abondance et devaient davantage se bouger plus pour s’en procurer… Conclusion: plutôt que d’attendre un médicament providentiel, il est préférable de faire attention à ce que l’on ingurgite et de pratiquer une activité physique.

un gène Du poiDs

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focus nutrition

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désœuvrement ou par stress. Le but consiste ensuite à modifier légèrement ses habitudes d’alimentation en gardant à l’esprit certains conseils diététiques sur la composition d’une assiette saine (pyramide alimen-taire), mais aussi sur la quantité: ne pas se resservir, mâcher et manger lentement pour ne pas aller plus vite que le sentiment de satiété (lire interview en p. 26).

L’objectif est ainsi, sur six à dix mois, de stabiliser dans un premier temps le poids, avant d’espérer perdre environ 10% de la masse sur un an ou deux. Ce qui peut parfois se révéler décevant, notamment pour les personnes souffrant d’une importante sur-charge pondérale. Et bien sûr, l’activité physique est tout aussi, voire plus importante. «L’idéal consiste à faire entre vingt et trente minutes d’activité physique, suffisante pour faire transpirer tous les jours, cela quels que que soient l’effort ou l’heure de la journée, note François Pralong. Même dix minutes permettent de limiter les risques cardiovasculaires.» ⁄

réguler son appétit

Depuis quelques années, la science a découvert une kyrielle d’hor-

mones régulatrices de l’appétit. On reste cependant encore très loin de traitements permettant de modu-ler la faim. D’où l’intérêt des approches psycholo-giques. Pour Marion Linda, psychologue assistante à la Consultation de prévention et traitement de l’obé-sité du CHUV, une alimentation saine implique, d’un point de vue psychologique, «une identification claire des sensations corporelles» et, d’une manière géné-rale, une bonne gestion émotionnelle.

«Il s’agit de faire un travail sur la réalisation des mé-canismes de la prise alimentaire», relève François Pralong. En d’autres termes, répondre à la question: pourquoi mange-t-on? On peut en effet manger par faim, par envie, par compensation, par dépit, par

3

pourquoi mange-t-on? par faim, par envie, par désœuvrement, par stress? etre à l’écoute

de ses sensations permet de contrôler son alimentation et d’éviter le surpoids.

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focus nutrition

«confooDeratio Helvetica»

la thématique de la nutrition sera à l’honneur de l’exposition universelle expo 2015, qui se tiendra du 1er mai au 31 octobre 2015 à

Milan. la participation de la Suisse comprendra un pavillon suisse intitulé «Confooderatio helvetica» qui sera visible de loin grâce à ses quatre tours garnies de spécialités alimentaires suisses, dont les visiteurs pourront se servir. le concept? a mesure que les tours se videront, les plateformes sur lesquelles elles reposent commenceront à s’abaisser, modifiant ainsi la structure du pavillon. une expérience, relayée en temps réel sur les médias sociaux, visant à susciter chez le visiteur une réflexion sur son comportement de consommateur et sur les interdépendances dans le secteur alimentaire. après leur démon-tage, les tours seront réutilisées en serres de jardinage urbain.

Ce pavillon développé par présence Suisse permettra d’exposer le positionnement du pays en matière de développe-ment durable, notamment au travers des prestations de son agriculture. l’exposition thématique abordera l’impor-tance d’une nutrition saine à travers des témoignages de

chercheurs, de consommateurs et d’entreprises privées. l’une des tours du pavillon sera par ailleurs remplie d’échantillons de sel, dans le but de sensibiliser les visiteurs à la stratégie de réduction de la consommation de ce nutriment soutenue par l’office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires.

Selon une recherche parue récemment dans le «new england Journal of Medicine», l’excès de sel tue, en effet, chaque année plus de 1,6 million de personnes dans le monde. l’étude confirme que la consommation de niveaux élevés de chlorure de sodium augmente fortement la tension artérielle, risque majeur de maladies cardiovasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux. Selon les chercheurs, la consommation quotidienne dans le monde s’élevait en 2010 à 3,95 g en moyenne par personne, soit près du double des 2 g recommandés par l’organisation mondiale de la santé (oMS). le fait de diminuer la consommation de sel serait bénéfique à de nombreux adultes, avec les effets les plus conséquents chez les ainés, les personnes d’origine africaine et les sujets présentant des prédispositions à l’hypertension.

L’aiL est-iL bon pour La circuLation du sang? oui Cette plante aromatique riche en antioxydants permet de diminuer

l’absorption du choles-térol et des graisses. Elle prévient ainsi l’arthéro-sclérose, c’est-à-dire les dépôts graisseux sur les artères. L’ail constitue donc un sérieux atout

pour prévenir les maladies cardio- vasculaires.

Le pain compLet est-iL pLus nourrissant que Le pain bLanc? oui Comme son nom l’indique, le pain complet est fabriqué à partir du

grain de blé entier, ce qui signifie qu’il contient plus de fibres, de sels miné-raux et de vitamines. Sa consommation augmente par ailleurs l’effet de satiété.

Le vin est-iL un bon antioxydant? oui et non Certaines études montrent qu’une consommation d’al-

cool modérée peut contri-buer à retarder l’apparition de l’arthérosclérose. Les tanins contenus dans le vin jouent par ailleurs un rôle préventif dans les maladies cardiovascu-laires, au même titre que

ceux renfermés dans le thé ou le cacao.

Il faut cependant préciser que les personnes au sujet desquelles certaines études ont montré les effets bénéfiques d’un verre de vin quotidien appartenaient à une population méditerranéenne, au régime alimentaire particulièrement sain.

Le chocoLat est-iL un antidépresseur? oui et non Le chocolat contient de la théobromine, une substance qui

augmente la présence dans le corps de la séroto-nine, un neurotransmet-teur «qui rend joyeux», et peut donc avoir un effet positif sur l’humeur. A condition qu’il soit noir. Mais c’est surtout

sa consistance et l’association sucres/graisses, un mélange déjà présent dans le lait maternel, qui fait du chocolat un aliment «rassurant».

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focus nutrition

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pour bien apprécier un repas, il faut se concentrer sur le moment présent et bannir les activités annexes. c’est l’un des conseils de véronique Di vetta, diététicienne à la consulta-tion de prévention et traitement de l’obésité du cHuv. interview.

IV quelles recommandations donneriez-vous à une personne souhaitant réguler son appétit? VdV elle doit se poser quatre questions principales. ai-je faim lorsque je mange? ai-je conscience que je suis en train de manger? est-ce que je sais reconnaître quand je suis rassasié? Suis-je satisfait de mon repas? l’un des points essentiels consiste à distinguer la faim de l’envie. la faim est une sensation physiolo-gique qui intervient en principe toutes les 4 heures. Il s’agit d’une petite baisse de la glycémie que l’on peut ressentir par un creux à l’estomac, une faiblesse, voire de l’irritabilité. l’envie de nourriture renvoie davantage à la

gourmandise, mais elle peut aussi apparaître pour compenser des émotions comme la tristesse ou l’énervement, par exemple.

IV comment peut-on savoir que l’on est rassasié?VdV Il faut être à l’écoute de ses sensations. le sentiment de satiété arrive après une vingtaine de minutes, c’est pourquoi il est essentiel de manger plus lentement et de bien mâcher. retarder le moment de manger rendra plus difficile la perception de ses sensations. la faim sera plus forte, avec le risque de se nourrir plus vite et donc en trop grande quantité.

IV la stevia est actuellement dans toutes les bouches. mais qu’en est-il des propriétés diététiques de ce produit?VdV préparé à partir d’extraits de la plante «Stevia rebaudiana», cet édulcorant non calorique est à la mode

en raison de ses caractéristiques «naturelles». néanmoins, ce type de produit entretient l’attrait pour le goût sucré, ce qui n’est pas souhaitable. Je conseillerais plutôt de consommer du sucre traditionnel, mais en plus petite quantité. Cela dit, la Stevia peut représenter une aide ponctuelle pour diminuer l’apport de calories. et elle a un autre avantage: elle ne provoque pas de caries.

IV en résumé, comment peut-on maximiser la satisfaction lors d’un repas?VdV Il est important de vivre le moment du repas, de se concentrer sur le goût, sur la texture de la nourriture et ses odeurs, en ne faisant aucune activité en même temps (ordinateur, TV, lecture). Manger doit être un moment de pause et de plaisir. pour ce faire, il est préférable d’être assis à une table, au calme, pour savourer son repas.

«il faut être à l’écoute De ses sensations»ProPos recueillis Par William türler

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«J’étais désespérée»

o.* est aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années. ancienne patiente du Centre de l’obésité du ChuV, elle a accepté de raconter à «In Vivo» le parcours qui l’a amenée à se stabiliser à un poids d’environ 90 kg, après en avoir pesé 120.

«depuis la fin de mes études, je n’ai plus du tout fait de sport. J’ai pris régulièrement du poids jusqu’à atteindre 120 kg pour une taille de 1,68 m. Je savais que j’évoluais dans la mauvaise direction. en 2009, je me suis rendu compte que j’avais de la peine à supporter tout ce qui était sucré. Je ressentais des sueurs, des maux de tête et de gros coups de fatigue. J’ai donc décidé de modifier mon alimentation, en mangeant moins et en évitant de consommer des aliments sucrés. Je ressentais cependant une sensation aiguë de faim.»

«en plus, je ne perdais pas de poids. deux ans plus tard, je suis tombée très malade en raison d’un gros rhume. pendant sept jours, je n’ai avalé que des smoothies et bu de l’eau minérale. durant le reste du mois, j’ai peut-être mangé le cinquième de ce que je mangeais habituelle-ment. là aussi, je n’ai quasiment pas perdu de poids, à peine 2 kg. Ce n’était pas normal. J’étais désespérée.»

«J’avais de la peine à marcher, je souffrais de tachycardie et j’avais très mal aux hanches. J’ai donc décidé de prendre rendez-vous au Centre de l’obésité du ChuV, car je voulais absolument que cela change. nous avons envisagé un pontage gastrique, c’est-à-dire une opération visant à réduire le volume de l’estomac et à modifier le circuit alimentaire. Cependant, une telle intervention implique de suivre à vie des mesures extrêmement contraignantes. en plus, il faut privilégier les féculents et les protéines plutôt que les légumes, alors que j’adore ça.»

«pour moi, ce n’était pas naturel. nous avons finalement opté pour une autre solution. on m’a prescrit de la metformine, un médicament permettant de diminuer l’intolérance aux glucides et de régulariser le métabo-lisme. Cela s’est révélé très efficace pour moi. Très vite, j’ai moins ressenti la faim et perdu une vingtaine de kilos en quelques mois. fin 2012, mon poids s’est stabilisé aux environs de 90 kg. aujourd’hui, je continue à prendre ce médicament à raison de 2 g par jour, matin et soir. J’essaie de manger le plus possible de légumes et de crudités et d’éviter de trop manger en fin de journée. J’évite aussi les sodas et bois de préférence des jus de fruits. Je ne ressens aucun effet secondaire et mon poids est resté stable.»

*Nom connu de la rédaction

ProPos recueillis Par wIllIaM TürlerL’ananas a-t-iL des vertus amaigrissantes? non La réputation de l’ananas comme «brûleur de graisses» vient de

sa teneur en broméline, enzyme capable de scinder les protéines en petites particules. Mais qui n’a en réalité aucun effet sur les réserves de graisses, qui ne fondent que si la dépense énergétique est supérieure aux apports.

faut-iL préférer Les sucres Lents aux sucres rapides? oui Aujourd’hui, on parle plutôt de glucides complexes ou simples. Les

premiers se retrouvent dans les céréales et leurs dérivés (pain, biscottes, riz, pâtes, pommes de terre, etc.) et dans les légumes secs. Ils induisent une plus faible élévation de la glycémie, augmen-

tent l’effet de satiété et apportent no-tamment des fibres, dans les aliments non raffinés. Raison pour laquelle les diététiciens recommandent une part de 50% de sucres complexes dans un régime quotidien normal, à condition qu’ils ne soient pas associés au beurre ou à l’huile lors de leur cuisson. Les sucres simples comme la saccharose (extraite de la betterave), le glucose ou le fructose (que l’on trouve dans les fruits) ne doivent, eux, pas excéder 10 à 15% de la ration énergétique totale quotidienne. Mais tout est affaire de contexte: consommer du pain à jeun induira un index glycémique presque aussi élevé qu’un dessert pris en fin de repas.

Ces informations ont été compilées avec l’aide de Marie-Pascale Oppliger, diététicienne dipl. ES du Centre de nutrition de Bienne, membre de l’Association suisse des diététicien-ne-s diplômé-e-s ES /HES (ASDD).

focus nutrition

Page 30: In Vivo #4 FRA

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intervieW «les compléments alimentaires s’aDressent à Des sous-populations»Vitamines, oméga-3, caféine… Comment utiliser judicieusement ces substances réputées bénéfiques?

in vivo qu’est-ce qui différencie un complément alimentaire d’un médicament?luc cynober les différences varient d’un pays à l’autre. fondamentalement, les compléments alimentaires sont des substances destinées à palier une carence réelle ou supposée. Trois critères les définissent. en europe, ils doivent être présents sur une liste positive. en d’autres termes, tout ce qui n’est pas autorisé est interdit. aux etats-unis, c’est le contraire: tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, ce qui n’est évidemment pas du tout la même chose. ensuite, il y a la dose, qui ne peut être supérieure à l’apport recommandé, c’est-à-dire au besoin normal. par exemple, pour la vitamine C, cet apport est de 120 mg par jour. enfin, il y a les allégations nutritionnelles, fonctionnelles et de santé. la réflexion est, par exemple, la suivante: tel produit est riche en calcium, le calcium favorise la densité osseuse et un apport de calcium peut prévenir l’ostéoporose.

iv les compléments alimen-taires sont-ils recommandés pour rester en bonne santé?lc par essence, les compléments s’adressent à des sous-populations données. Typiquement, les acides foliques sont recomman-dés chez la femme enceinte et celle qui souhaite avoir un bébé, car une carence entraîne une non-fermeture du tube neural chez le fœtus. les acides gras oméga-3 sont utiles pour la maturation du cerveau et du système nerveux chez l’enfant. a l’autre bout de l’échelle, la vitamine d sert à la prévention des chutes et des fractures du col du fémur chez les personnes âgées.

iv existe-t-il des substances favorisant le sommeil, la mémoire ou permettant de booster ses capacités intellectuelles?lc Tout ce qui est stimulant au niveau cérébral,

ProPos recueillis Par

wIllIaM Türler

focus nutrition

comme la caféine et surtout les vitamines B, contenues dans certaines céréales ou viandes, est positif pour le cerveau. Certains compléments peuvent favoriser le sommeil ou aider à lutter contre la dépression, mais ils peuvent interagir avec d’autres médicaments, en augmentant ou en annulant leurs effets.

iv quelles formes prennent ces compléments? lc la liste des formes autorisées est longue. Cela peut être des gélules, des poudres, des pastilles, des barres ou des gouttes. Ce qui participe à alimenter la confusion entre médicament et complément chez la plupart des gens, d’autant qu’il existe souvent une zone grise en la matière.

iv Des aliments naturels peuvent-ils avoir les mêmes effets que les compléments?lc Bien sûr, on parle alors d’aliment fonctionnel. par exemple, la tomate contient du lycopène et d’autres sortes d’actifs, dont certains ne sont pas encore identifiés. autre exemple: le saumon ou les sardines sont riches en acides gras.

iv n’est-il pas, dès lors, préférable d’utiliser directement ces aliments?lc en effet. Il faut toutefois rappeler que dans les aliments les concentrations sont moindres. en outre, la question du mûrissement d’un fruit et de sa préparation entre en ligne de compte. par exemple, la meilleure disponibilité du lycopène ne se trouve pas dans la tomate, mais dans le ketchup. de là à dire que ce dernier est un aliment sain et équilibré, c’est une autre affaire… Il y a aussi la question du goût et du prix. Tout le monde n’aime pas le poisson par exemple, et c’est un produit relativement cher.

un spécialiste de la nutrition pharmacien-biologiste de formation, luc Cynober est professeur de nutrition à la faculté de pharmacie de l’université paris descartes. Il est par ailleurs le coordinateur du livre de référence sur les acides aminés et le coauteur de «la vérité sur les compléments alimentaires» publié chez odile Jacob en 2010.

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iv ce qui incite les gens à consommer toujours plus de compléments alimentaires…lc fondamentalement, beaucoup de gens en absorbent aussi pour se donner bonne conscience de ne pas prendre des repas structurés et équilibrés. C’est particulièrement vrai aux etats-unis où plus de la moitié de la population prend des compléments alimentaires, dont 10 à 20% plus d’une dizaine, voire une vingtaine par jour. en europe, cela varie entre 20 à 30% de la population.

iv qu’en est-il pour les personnes malades?lc a partir du moment où l’on parle de maladie, on passe dans le domaine clinique. en ce qui concerne la prévention de l’obésité par exemple, les effets sont quasiment nuls. les traits génétiques et environnementaux de l’obésité font que cette pathologie nécessite un traitement médical. dans le cas d’une personne malade, il ne faut pas croire qu’en prenant un complément on obtiendra la même efficacité qu’avec un traitement approprié. Beaucoup de gens veulent l’efficacité sans les effets secondaires. en cancéro-logie, cela peut être dangereux, notamment en raison des interactions entre des compléments antioxydants et la chimiothérapie. Beaucoup de médicaments de chimiothérapie ont besoin d’un environnement pro-oxydant pour être efficaces.

iv quels effets secondaires peuvent survenir en cas de surdosage d’un complément?lc Selon le sujet, on peut observer des problèmes neurologiques ou des saignements. Il faut également souligner les nombreux cas de produits trafiqués. aux etats-unis, 30% des compléments le sont. C’est pourquoi il ne faut surtout pas les acheter sur internet auprès de sociétés non identifiées.

iv on s’intéresse depuis peu aux différences en termes de réactions entre les hommes et les femmes dans la prise de médicaments. qu’en

est-il pour les compléments alimentaires?lc Il existe sans doute des différences similaires. la régulation de la masse musculaire varie entre les deux sexes, ne serait-ce qu’à cause des différences concernant les hormones anaboli-santes. Il n’existe en revanche pas beaucoup de données sur ce sujet. le problème est que la possibilité de breveter des résultats reste très limitée. les industriels n’ont donc pas envie de financer des études pour un concept qui pourrait être immédiatement copié par d’autres.

iv avez-vous d’autres exemples d’aliments ayant des effets positifs sur la santé? lc en france, des études ont démontré que la canneberge est recommandée pour la prévention des infections urinaires chez la femme. on sait aussi qu’un intestin agressé a des effets sur la peau ou sur les cheveux. or, des études intéressantes montrent que certains probiotiques ont des effets positifs dans ce domaine. ⁄

le professeur luc Cynober s’intéresse de près aux effets des compléments alimentaires.

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focus nutrition

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«L’idéologie du don d’organes masque la

logique d’appropriation capitaliste qui se cache

derrière cet acte.»CÉLINE LAFONTAINE

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MENS SANA INTERVIEW

INTErvIEw: JuLIE ZAugg

L’essor des biotechnologies et des capacités de conservation in vitro a favorisé depuis quelques décennies la mise en place d’un bazar mondialisé d’éléments du corps humain, désor-mais vendus au plus offrant. Avec son livre coup de poing «Le Corps-Marché», Céline Lafontaine, professeure de sociologie à l’université de Montréal, dénonce les agisse-ments de certains acteurs peu scrupuleux de l’industrie biomédicale, décryptant les enjeux tant éthiques que politiques liés au développement de la bioéconomie.

IN VIVO La bioéconomie est un concept neuf. De quoi s’agit-il? CélINe lafONtaINe Le corps a de tout temps été l’enjeu de logiques économiques, qu’on songe à la prostitution, à l’esclavage ou aux ouvriers de la révolution industrielle. Mais il était à l’époque vendu en tant que force de travail. A l’inverse, la bioéconomie peut être définie comme le morcelle-ment du corps en éléments biologiques – cellules, molécules, os, etc. – et leur exploitation comme source de productivité économique. Lorsque les crises pétrolières des années 1970 ont fait prendre conscience de la finitude des res-sources naturelles, la bioéconomie est alors apparue comme une réponse à cette problé-

matique. Le gouvernement américain s’est, par exemple, mis à investir massivement dans les biotechnologies et les OgM, dans

l’espoir de faire du vivant une nouvelle source de productivité.

IV Vous citez les greffes d’organes comme un exemple de cette marchandisation des corps.

Comment ce mécanisme s’est-il mis en place? Cl Cela revient à vendre le corps en pièces déta-chées. La généralisation des greffes dès les années

1970 a en effet donné lieu à une pénurie d’organes, ce qui a débouché sur la création d’un marché noir. Ce trafic concerne essentiellement les reins,

puisqu’on peut survivre avec un seul de ces organes. En Inde et au Bangladesh, les populations pauvres qui n’ont rien d’autre à vendre que leurs corps vont

commercialiser leurs reins. Cela les affaiblit souvent à tel point qu’ils ne peuvent plus travailler et deviennent encore plus démunis. En Chine, des organes sont préle-

vés sur les condamnés à mort. un test de compatibilité avec le receveur est parfois même effectué en amont de

l’exécution pour choisir le bon détenu. En Afrique du Sud, on a vu se développer un tourisme médical de la greffe: on

«Les ovules d’une Européenne aux yeux bleus valent plus chers

que ceux d’une Asiatique»

CéLine Lafontaine Le corps est devenu une marchandise comme une autre, qui se vend en pièces détachées au plus offrant. Spécialiste mondiale de la bioéconomie, Céline Lafontaine livre son analyse du corps-marché.

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MENS SANA INTERVIEW

reçoit un nouveau rein et on participe à un safari au cours du même séjour.

IV Les essais cliniques sont eux aussi rémunérés. faut-il pour autant parler d’exploitation? Cl Les tests cliniques sont essentiels à l’industrie pharmaceutique pour développer de nouveaux médicaments. Mais dès les années 1990, on a assisté à un phénomène d’outsourcing, semblable à celui qui s’est déroulé dans l’industrie manufacturière. A l’instar de Novartis, de plus en plus de compagnies pharmaceutiques se sont tournées vers l’Inde et la Chine pour y effectuer leurs essais cliniques. Mais le principal problème, c’est que les effets des médicaments testés sont souvent inconnus. Et les corps sur lesquels on expérimente, dont on tire des données qui seront par la suite commercialisées, ne sont souvent pas ceux qui vont en profiter en premier lieu.

IV et nos cellules, ont-elles également une va-leur financière? Cl La possibilité de conserver des cellules en vie hors du corps humain et de les multiplier in vitro a permis de leur assigner une valeur productive. Le cas de Henrietta Lacks (une jeune femme noire décédée d’une tumeur en 1951 dont les cellules cancéreuses ont été multipliées en laboratoire et utilisée pour tester des vaccins et d’autres expériences scientifiques, ndlr) en témoigne. Avec le dé-veloppement de la recherche sur les cellules souches, ce matériel vivant est même devenu un élément central du traitement. Les cel-lules ne sont plus utilisées seulement pour la recherche: elles servent à guérir d’autres corps. Plus globalement, la plupart des

produits issus du corps (sang menstruel, cordons ombilicaux, prépuces, fœtus avor-tés, sperme) ont désormais une valeur. Ces déchets humains peuvent être recyclés et commercialisés. Par exemple dans le cadre d’une banque de sang de cordon ombilical, un concept qui repose sur l’idée – controver-sée scientifiquement – que ces cellules conge-lées pourront un jour être utilisées pour guérir l’enfant s’il développe une leucémie.

IV La procréation médicalement assistée a donné lieu à l’émergence d’une véritable industrie. Comment ce marché est-il né? Cl

Il s’agit de l’idéal-type de la bioéconomie. On a transposé aux femmes le modèle de productivité industrielle développé pour l’industrie bovine. La procréation médicalement assistée amène les femmes à produire des dizaines d’ovules au lieu d’un seul, tout en minimisant les effets sur leurs corps, les dangers et même le risque de mort liés à une telle stimulation ovarienne. La congélation des ovules a en outre permis le développement d’un marché pour ce matériel vivant. Des femmes, surtout en Inde, prennent désormais des risques énormes pour vendre leurs ovules. Ce marché est devenu plus important encore, dès le début des an-nées 2000, lorsqu’on a découvert qu’il était possible de générer des cellules souches à partir d’embryons. New York est d’ailleurs devenu récemment le premier endroit au monde qui autorise le prélèvement d’ovules uniquement à des fins de recherche sur les cellules souches. Les mères porteuses représentent une autre facette de cette industrie. Leur rôle est proche de celui d’une esclave ou d’une prostituée, qui vendrait son corps 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, durant neuf mois.

IV Le corps comporte-t-il encore d’autres parties qui pourraient à l’avenir être commercialisées? Cl On a vu apparaître récemment des biobanques qui recensent le patrimoine génétique d’une personne. La médecine per-sonnalisée nécessite en effet de grandes bases de données pour identifier les biomarqueurs à l’origine de certaines mala-dies. Il s’agit d’une perversion de la notion de consentement éclairé. Normalement, on autorise l’usage de son matériel bio-logique dans un but bien particulier. Mais ici, on ne sait pas

«Le marché du vivant génère une médecine à deux vitesses.»

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MENS SANA INTERVIEW

à quoi on consent. On ignore quelles mala-dies il servira à étudier. Au lieu de donner un morceau de son corps à un autre individu, on le donne à la recherche en général.

IV Qui fixe les prix sur ce marché du bio-logique? Cl Dans le cas du trafic d’organes, par exemple, on a affaire à un marché régulé par l’offre et la demande, similaire à celui de la drogue. On retrouve aussi les traditionnels intermédiaires, qui se prennent une commis-sion au passage. Mais même réduits à l’état de simples objets, les éléments issus du corps conservent un lien symbolique avec la personne dont ils proviennent. Sur le marché des ovules et du sperme, les prix sont fixés en fonction de la va-leur sociale qu’on attribue aux caractéristiques du donateur. Les ovules d’une Européenne aux yeux bleus valent plus chers que ceux d’une Asiatique. une banque de sperme californienne s’est même spécialisée dans les donateurs à haute valeur ajou-tée, qui ressemblent à des champions de basket ou à des stars de cinéma.

IV et lorsqu’il n’y a pas de transaction finan-cière, qui profite des retombées générées par ce matériel vivant? Cl L’apparition des banques de sang, après la Seconde guerre mondiale, a donné naissance à la logique du don. On lègue son cadavre, on donne son sang ou on prend une carte de donneur d’organes, comme un acte citoyen, pour faire avancer la science ou aider les autres. Mais cette idéo-logie du don masque la logique d’appropria-tion capitaliste qui se cache derrière cet acte. Ce matériel vivant va servir à effectuer de la recherche dont les retombées financières iront, non pas au donateur, mais au scienti-fique. Cette logique a été formalisée en 1980 avec l’adoption du Bayh-Dole Act aux Etats-unis, qui autorise le brevetage du vivant. Plus récemment, les biobanques et le matériel génétique qu’elles contiennent permettent à des acteurs privés de développer et de com-mercialiser des médicaments dont ils seront les seuls à profiter financièrement.

IV Dans le fond, pourquoi s’inquiéter du développe-ment de ce marché du vivant, dans lequel chacun est a priori libre de participer ou non? Cl Il génère une médecine à deux vitesses, amplifiant les inégalités sociales qui existent déjà. On a d’un côté les citoyens des pays du Sud, qui vendent leur corps, et les femmes, plus vulnérables à l’exploitation commerciale car leur corps, de par sa biologie même, génère de nombreuses cellules souches potentielles (ovules, sang menstruel, cordon ombilical, embryons). De l’autre, on a les populations des pays riches, qui perçoivent la santé

comme un droit. Cela les pousse dans une quête consumériste de la santé parfaite. Celle-ci est définie non plus seulement par l’absence de maladie, mais aussi par le contrôle du corps, dont on cherche à repousser les limites et à stopper le vieil-lissement, notamment en faisant appel à la médecine régénérative. On a affaire à une forme de néo-colonialisme.

IV Ces inégalités sont-elles uniquement un phénomène nord-Sud? Cl Non, la bioéconomie favorise les disparités même au sein des sociétés aisées: les banques privées de sang de cordon ombilical ne sont ouvertes qu’à ceux qui peuvent se les payer. Et les cellules qui y sont entreposées échappent aux banques publiques. Elles ne sont donc plus disponibles pour les autres enfants malades qui pourraient en avoir besoin. A l’ère de la bioéconomie, les corps ne sont pas égaux entre eux. Certains sont exploités au profit d’autres. /

BIOGRAPHIECéline Lafontaine est professeure de sociologie de l’université de Montréal et cher-cheuse au sein de l’unité «Médi-cament comme objet social». Après L’Empire cybernétique (2004) et La Société postmor-telle (2008), elle vient de publier Le Corps-marché, la marchandi-sation de la vie humaine à l’ère de la bioéconomie. Céline Lafontaine s’intéresse en outre aux enjeux sociaux de la médecine régé-nératrice et des nanotechnologies. Elle est également membre du Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques de l’université Paris 1.

«on a transposé aux femmes Le modèLe de productivité indus-trieLLe déveLoppé pour L’industrie bovine.»

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MENS SANA DéCRYPTAGE

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Selon de récentes recherches utilisant l’imagerie par résonance magnétique, notre cerveau est naturellement

conçu pour voir le verre à moitié plein.

rise économique, tensions politiques, mauvaises performances de notre équipe nationale de foot-ball... L’actualité mondiale nous inonde régulièrement de nouvelles peu réjouis-santes. Pourtant, à en croire Tali Sharot, directrice de

l’Affective Brain Lab à l’University College à Londres, notre cerveau est programmé pour voir la vie en rose, quoi qu’il arrive.

La chercheuse britannique se penche en effet depuis plusieurs années sur la manie qu’a notre encéphale de bien mieux se souvenir des bonnes nouvelles plutôt que des mauvaises. Ce «biais d’optimisme», nous serions environ 8 sur 10 à en souffrir. Il y a donc de grandes chances pour que vous soyez un optimiste pathologique qui s’ignore. Vous n’y croyez pas? Pour le prouver, Tali Sharot a souvent recours à un exercice tout simple: tentez de vous projeter une année en avant, puis cinq ans, puis dix. Imaginez-vous un moment dans cet avenir hypothétique. Vous y êtes? A moins que vous ne trichiez (parce que vous êtes des lecteurs très malins et

que vous avez compris où nous voulons en venir), vous devriez être en train de penser à un moment agréable: des vacances, une journée avec vos enfants qui ont grandi, un diplôme, une promotion... Comme 8 personnes sur 10, vous venez de surévaluer les événements heureux sur les mauvais (maladie, guerre, divorce, etc.).

La science de L’optimisme

cTexTe:BerTrand Tappy

Los AngeLes LAkersau moment de remporter le titre de champion nBa en 1987, le coach des Lakers pat riley annonça que son équipe allait sûrement remporter le championnat l’année suivante. Ce pronostic fut perçu par beaucoup comme une provocation, car aucune équipe n’avait réussi à enchaîner deux titres d’affilée jusqu’alors. pourtant, il s’est avéré ensuite exact. Bien sûr, le simple fait de le souhaiter n’a pas suffi. Mais le fait de croire à un avenir radieux fait augmenter les probabilités que cette issue se réalise, comme l’avait écrit le sociologue robert Merton, le père de la «prophétie autoréalisatrice», car il conditionne les personnes concernées à suivre cette distorsion de la réalité.

La réalité subjective a donc plus de chances de devenir une réalité objective. en se disant qu’ils allaient à nouveau être champions, les joueurs de pat riley se sont probablement entraînés avec plus d’ardeur que s’ils avaient jugé l’objectif impossible.

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«L’optimisme a une grande influence sur nos vies, notamment en ce qui concerne notre capacité à faire des choix, explique Tali Sharot. Que ce soit pour choisir une profession, se marier ou décider ce que l’on va manger à midi. Quand un couple se marie par exemple, les deux jeunes époux n’imaginent pas qu’ils puissent divorcer un jour. Pourtant, les statistiques prouvent que 40% d’entre eux finiront par le faire.» En clair: bien sûr qu’il arrive des choses

MENS SANA DéCRYPTAGE

optimisme et espérAnce de viedans son ouvrage, Tali Sharot relaie le cas d’une étude de 1996 menée par l’Université de pittsburgh. Le prof. richard Schulz et son équipe ont suivi durant 8 mois plus de 200 patients recevant un traitement palliatif par rayons. Les résultats montraient que les patients les plus pessimistes quant à leurs chances de survie avaient davan-tage de probabilité de mourir dans les sept mois que leurs homologues plus optimistes. dans ce cas, la tendance à peindre l’avenir en plus rose qu’il ne l’est réellement a des effets bénéfiques.

La chercheuse Tali Sharot a eu recours à l’imagerie par résonnance magnétique pour éclaircir

le mystère du «biais optimiste» de notre cerveau. rendez-vous sur www.invivomagazine.com pour

découvrir sa conférence Ted sur le sujet.

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dramatiques, mais elles arrivent surtout aux autres. Une attitude qui peut parado-xalement nous coûter la vie, ou la sauver.

La vie en rose se cache dans notre amygdaLeDans le domaine de la santé, on peut ainsi citer deux exemples qui mobilisent notre biais d’optimisme avec des conséquences fort différentes: le premier concerne les messages de prévention agressifs, que l’on trouve par exemple sur les paquets de cigarettes. Si l’on tient compte du «biais d’optimisme», tout cela est vain: le cerveau enregistre l’information et la peur qu’il suscite, certes. Mais le message qu’il retiendra c’est que si la cigarette tue, elle risque surtout de tuer le voisin. Un raisonnement illogique qui peut mener à une issue malheureusement dramatique.

Au-delà du simple jugement reste encore la question centrale: d’où provient cette mécanique de distorsion de la réalité? Pour enquêter, Tali Sharot a eu recours à l’imagerie par résonance magnétique. Avec son équipe, elle a demandé à des volontaires placés sous IRM d’imaginer une série d’expériences positives (promo-tion, rencontre amoureuse, etc.) et d’autres négatives (rupture, perte de son portefeuille).

Les résultats étaient très clairs: quand le cerveau imaginait quelque chose de positif, l’amygdale (située au cœur du cerveau et responsable des émotions) et

le cortex cingulaire antérieur rostral (qui module l’activité des zones du cerveau liées à la motivation) étaient activement mis à contribution. Des résultats qui vont dans le sens d’autres travaux plus anciens qui avaient démontré que ces mêmes

zones étaient dysfonction-nelles chez les dépressifs.

Une autre étude, menée également avec l’aide de l’imagerie, tentait de confronter les volontaires à des bonnes ou des mauvaises nouvelles: à la question «quel est selon vous le pourcentage de risque que vous encourez de développer un cancer?» les réponses pouvaient varier de manière assez importante. Mais lorsqu’on communiquait aux partici-pants le chiffre statistique – soit 30% de risque moyen

de développer une telle maladie – il s’avérait que les personnes ayant sures-timé le risque rabaissaient très facilement leur première estimation, alors que ceux qui avaient imaginé un pourcentage beaucoup moins élevé avaient beaucoup plus de peine à monter jusqu’au chiffre objectif.

Le coupable? Le gyrus frontal inférieur droit, responsable de traiter les mauvaises nouvelles, ne faisait pas son travail, spécialement chez les optimistes. «Bien sûr, ce n’est pas quelque chose de révolutionnaire, commente Tali Sharot. Mais maintenant nous sommes sûrs que nous avons isolé précisément la partie du cerveau incriminée. Et le champ d’étude est encore si vaste, il nous reste énormé-ment à découvrir!» Bel optimisme, n’est-ce pas? ⁄

MENS SANA DéCRYPTAGE

vivement vendredi!de manière générale, nous préférons le week-end à la semaine de travail. Mais si vous demandez à quelqu’un s’il préfère le vendredi ou le dimanche, vous aurez probablement une surprise: c’est le vendredi qui sera favorisé. pourquoi? d’après Tali Sharot, l’être humain préfère très largement quelque chose dont il peut se réjouir, plutôt qu’une récompense qu’il pourrait avoir tout de suite, mais qui s’achèvera aussi plus rapidement.

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MENS SANA DéCRYPTAGE

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iv avez-vous constaté une «localisation» de l’optimisme?sc effectivement, si l’on considère les faits de manière très simplifiée, nous avons remarqué que les cas de patients ayant fait un arrêt vasculaire cérébral (avC) latéralisé sur la gauche du cerveau perdaient plus facilement espoir et retenaient beaucoup plus facilement les informations négatives sur les consé-quences de leur accident, tandis que les personnes atteintes d’un avC localisé sur la droite gardaient mieux le moral, étant donné que leur «optimisme» n’était pas touché.

iv vous prenez en charge des patients qui peuvent mettre extrêmement longtemps à se remettre. est-ce que leur manière plus ou moins positive de considérer leur situation peut avoir un impact sur l’issue de leur traitement?sc en neuroréhabilitation, nous accordons énormément d’importance à l’environne-ment du patient. Bien sûr, cela ne va pas tout influencer, mais la présence de la famille et des objectifs positifs comme de pouvoir rentrer à la maison ne peuvent avoir que des effets positifs. On constate d’ailleurs souvent que chez certaines per-sonnes, la vie après la

maladie est perçue comme meilleure qu’avant!

iv comment cela?sc de plus en plus d’études prouvent que si le patient et son entourage trouvent le bon équilibre entre leurs attentes et ce qu’ils sont effectivement capables de faire, tout devient source de bonheur, même une simple conversation. Il faut faire attention à ne pas promettre des choses impossibles. notre rôle, c’est finalement de permettre au patient et à ses proches d’avoir toutes les informations en main afin de leur instiller le meilleur dosage d’optimisme possible.⁄

InTervIew stéphanie clarke dirige le service de neuropsychologie et neuroréhabilitation du chUv.

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«iL faUt faire attention à ne pas promettre des choses impossibLes.»

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MENS SANA INNOVATION

e vent joue avec les feuilles mortes tombées sur le sol d’une longue allée. Dans le parc, un homme en camisole de force est entouré de médecins. Au fond, sombre et menaçant, se tient l’asile où des malades reçoivent des traitements chocs. Ce cliché de l’hôpital psychiatrique appar-tient bel et bien au passé: méde-cins et architectes se réunissent aujourd’hui pour imaginer des

établissements accueillants et ouverts sur l’extérieur.

Ces transformations visent à améliorer la prise en charge. «Dès le XIXe siècle a émergé l’idée que l’architecture pouvait guérir le patient, l’apaiser, l’ac-cueillir et l’entourer», explique Jean-Michel Kaision, directeur des soins au département de psychiatrie du CHUV. Mais, dans certains pays, le principe a tardé à être mis en application. «Le lieu est encore souvent pensé comme une prison, un espace punitif, détaille son confrère Jacques Gasser. Nous voulons en faire un espace de soins à la fois esthétique et organique, avec des couleurs et des formes non cubiques.» En tant que chef du département de psychiatrie,

La fin des nids de coucou

Jacques Gasser pilote le projet de transformation de l’Hôpital de Cery à Lausanne, qui sera entiè-rement reconstruit d’ici à 2019.

Chambres individuelles, struc-tures arrondies, unités plus petites, pièces communes, jardins privatifs libres d’accès, atriums ou encore espaces personnalisés font désormais partie intégrante des nouveaux lieux de la psychiatrie.

L’Hôpital d’Östra, en Suède, a déjà mis en place un tel programme. Son architecture évoque le design des maisons scandinaves avec leurs peintures représentant la nature, leur mobilier en bois et leurs rideaux colorés. Roger Ulrich, professeur en architecture à l’Université Chalmers, à Göteborg, en Suède, a constaté dans le cadre d’une étude les bienfaits d’un tel réaménagement: «L’environ-nement physique tient un rôle important dans la réduction du stress et de l’agressivité chez le patient. Nos recherches montrent un pic d’utilisation de mesures de contraintes physiques et chimiques dans les hôpitaux psychiatriques classiques suédois alors qu’Östra enregistre une nette baisse des comportements agressifs.»

Roger Ulrich a identifié plu-sieurs facteurs censés réduire le stress et l’agressivité: l’intimité et la dignité du patient garanties par l’aménagement de chambres et sanitaires individuels, la pos-sibilité de moduler son espace afin d’adapter son besoin d’isole-ment, des sorties libres dans le jardin qui apportent un sens

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Murs arrondis, espaces ouverTs, jardins privaTifs: Les éTaBLisseMenTs

psychiaTriques repensenT Leurs sTrucTures eT Leurs aMénageMenTs.

oBjecTif: MéTaMorphoser un Lieu sans âMe en un environneMenT apaisanT.

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MENS SANA INNOVATION

de contrôle et d’apaisement, le silence, mais aussi des unités de taille plus petite pour dimi-nuer l’effet du stress lié à la foule et au bruit.

A Lausanne, le projet Alcôves, lancé par Pieter Versteegh et Ca-therine Versteegh-Cellier, a pour but de transformer les chambres de soins intensifs de l’Hôpital de Prangins (VD). «Il s’agit de l’espace le plus problématique, où les infirmiers travaillent sur un isolement thérapeutique de patients en difficulté», explique Pieter Versteegh, architecte. Pour Catherine Versteegh- Cellier, l’objectif consiste à «réduire, tout en garantissant sa sécurité, les situations qui

de psychiatrie du CHUV. Nous allons essayer de recréer des environnements dans lesquels ils sentent bien.»

Les changements entrepris par les hôpitaux psychiatriques vont dans le bon sens, estime l’archi-tecte suédois Roger Ulrich: «Les établissements modernes ont désormais des chambres individuelles, davantage de lumière naturelle et peut-être des améliorations au niveau du design. Mais la plupart d’entre eux conservent de longs corri-dors et des desks centralisés où les soignants peuvent facilement observer les patients, parfois de manière intrusive. Des progrès pourraient encore être faits.» ⁄

aggravent l’état du patient lors de la mise en chambre de soins intensifs et pendant son séjour dans cette pièce. Le patient doit pouvoir, par le jeu architectural qui mobilise son corps et ses sens, renouer avec les stimuli du monde extérieur et se remettre progressivement en contact avec les autres.»

A Cery également, les lieux de soins intensifs sont réinventés. L’hôpital accueillera deux à trois chambres autour d’un espace communautaire. «Il existe des univers auxquels les patients déments sont plus sensibles, comme un décor de leur jeunesse, relève Jean-Michel Kaision, du département

Les formes architecturales douces prévues pour l’hôpital de cery ont pour but de de créer un environnement serein.

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conçu par le bureau jds, l’hôpital de helsingør au danemark fait partie des modèles en matière d’architecture psychiatrique.

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MENS SANA tENdANcE

orsque Bill Davenhall a eu 55 ans, il a commencé à souffrir de problèmes de cœur. Même s’il savait qu’il avait une prédisposi-tion génétique à développer ce type d’affection, il voulait

savoir ce qui avait déclenché l’avènement de la maladie.

«J’ai décidé d’analyser les endroits où j’avais vécu», explique-t-il. Les dix-neuf premières années de sa jeunesse, il habi-tait dans une zone rurale de Pennsylva-nie, où l’extraction de gaz naturel était fréquente. «J’y ai respiré du dioxyde de carbone et du méthane en grande quan-tité.» Puis, il s’est déplacé en Louisiane, pour s’installer dans une ville adjacente à une fabrique de plastique. «J’y ai passé vingt-cinq ans à respirer du chlorure et du benzène.» Quelques années plus tard, il a déménagé à Los Angeles. «C’est une région bourrée d’ozone et de dioxyde de carbone, dit-il. Lorsque l’on observe la répartition géographique des personnes souffrant de problèmes cardiaques, je me

trouvais à chaque étape de ma vie dans les zones les plus à risque pour contrac-ter ce genre de maladie.»

Cette découverte a chamboulé sa vie: «Au-rais-je choisi d’habiter dans ces endroits si j’avais su à l’avance que j’augmentais mes chances d’avoir des problèmes de cœur? Certainement pas.»

Aujourd’hui, Bill Davenhall se consacre à la promotion de l’utilisation de données géographiques en médecine, ce que l’on nomme la géomédecine. «Ces informa-tions sont toutes aussi importantes que mes prédispositions génétiques ou mon mode de vie, raconte-t-il. Pourtant, aucun médecin ne m’a jamais posé de questions sur mon lieu de vie.» Son idée: intégrer des données géographiques aux dossiers médicaux des patients. «Le médecin pourrait alors savoir si une personne a été exposée à des produits chimiques ou des gaz toxiques. Les diagnostics seraient par conséquent plus précis», dit-il.

L’obésité à GenèveEn 2014, de plus en plus de personnes se consacrent à la géomédecine. Cela même

Le boom de La GéomédecineLes données géographiques peuvent en dire beaucoup sur l’état de santé d’un patient.Te

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My Place History

Présentée lors d’une conférence TEDMED en 2009, l’applica-tion mobile My Place History permet aux uti-lisateurs améri-cains d’inscrire les différents lieux où ils ont séjourné au cours de leur vie. Ils peuvent ensuite confronter leur «itinéraire» aux données des organisations gouvernemen-tales telles que le «Toxics Release Inventory», un inventaire réper-toriant les subs-tances toxiques présentes dans ces régions et auxquelles ils ont pu ou peuvent alors être en contact.

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MENS SANA tENdANcE

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idris guessous a étudié le lien

entre lieu d’habitation et

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genève.

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MENS SANA tENdANcE

si la discipline existe depuis longtemps. En 1853 déjà, l’épidémiologiste John Snow avait utilisé une carte des points d’eau à Londres pour retracer l’origine d’une épidémie de choléra.

Idris Guessous, un épidémiologue qui travaille pour le CHUV et les HUG, suit la même méthode. Il vient de publier, en mars 2014, une étude sur l’obésité dans le canton de Genève.

«Nous avons observé où se trouvaient les personnes en surpoids dans le canton pour vérifier si ces gens étaient regroupés spatialement», explique le médecin. Ses conclusions se sont avérées intéressantes. Le chercheur a découvert une accumu-lation de personnes avec le même poids sur la rive gauche. Les gens y étaient plus maigres que sur la rive droite.

Idris Guessous avance trois explications à ce regroupement: premièrement, la res-tauration rapide s’est davantage implan-tée sur la rive droite du canton, facilitant l’accès à de la nourriture grasse. Les infrastructures sportives, en revanche, sont mieux développées sur la rive gauche. Il est donc plus facile d’y faire de l’exercice. «La troisième raison est d’ordre sociologique: nous avons découvert un effet de groupe, dit le chercheur. Lorsque les gens vivent ensemble, ils ont tendance à adopter des comportements similaires, ce qui les pousse à avoir le même poids.» Il est en train d’étudier les raisons exactes de ce phénomène.

Ses découvertes sont précieuses: elles pourraient servir à développer de nouvelles stratégies pour lutter contre l’obésité. «Les cartes que nous avons dressées permettent à l’Etat de savoir où construire des infrastructures sportives et où lancer des campagnes de préven-

tion», explique l’expert. A terme, une fois établi le mécanisme qui amène les habitants de certaines zones à rester plus minces, il s’agira «de transposer les habitudes saines de ces quartiers aux autres», conclut-il.

boom technoLoGiqueLe récent développement de la géoméde-cine s’explique notamment par l’arrivée des nouvelles technologies. «Il est bien plus facile qu’auparavant de collecter des données, nous en avons davantage et avons les logiciels qui nous permettent de les traiter de façon rapide, explique Idris Guessous. Nous pouvons envoyer un héli-coptère au-dessus du territoire genevois pour récolter des centaines de milliers de données. Nous pouvons aussi calculer les taux de pollution à la minute près, ce qui était inimaginable auparavant.»

La miniaturisation des appareils élec-troniques (GPS, drones, etc.) et l’arrivée des smartphones ont aussi transformé le domaine. Marcel Salathé, un chercheur suisse à l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis, a développé crowdbreaks.org, une plate-forme qui traque les mala-dies. «Nous puisons des informations sur Twitter pour détecter en temps réel où se développent certaines affections, explique-t-il. Le système nous permet de les géolocaliser.» Google a aussi développé Google Flu, qui se base sur les recherches en ligne pour savoir quelles régions sont touchées par la grippe. Lorsque les mots «maux de tête» ou «rhume» sont introduits fréquem-ment dans le moteur de recherche, cela signale l’existence d’un foyer de maladie.

Ces nouvelles technologies ont aussi donné naissance à une série de gadgets qui permettent d’améliorer les traitements, en se fondant sur la

John SnowLe médecin britannique John Snow (1813-1858) est reconnu comme le fondateur de l’épidémiologie. Il a observé l’épi-démie de choléra qui a sévi en 1854 à Londres. En analysant le taux de mortalité des différents quar-tiers de la ville, l’épidémiologiste a découvert que la maladie se transmettait par une eau impure pompée à proxi-mité des égouts de Soho.

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MENS SANA tENdANcE

interview«des miLLions de substances toxiques nous entourent»Un récent rapport d’une équipe de chercheurs de l’Université d’Harvard identifie et met en garde contre de nouvelles substances chimiques pouvant affecter notre système nerveux. Décryptage avec nathalie Chèvre, écotoxicologue à l’Université de Lausanne (UniL). ProPos reCUeiLLis Par CéLine BiLarDo

iV qu’apporte cette étude dans la recherche sur les produits neurotoxiques? nathalie Chèvre L’intérêt porté aux produits polluants date des années 1920, et des études en discutent déjà dans les années 1950. La nouveauté de ce rapport est que les substances identifiées sont avérées et reconnues comme pouvant affecter le système nerveux. on estime toutefois qu’il existe près de 100’000 substances chimiques sur le marché qui peuvent se retrouver dans notre environnement. et chacune d’elles peut donner naissance à d’autres composants qui, dans l’environnement, se dégradent et créent d’autres molécules potentiellement toxiques.

iV a quel degré sommes-nous exposés à ces produits?nC L’étude répertorie des substances comme le manganèse, le fluorure, le pesticide chlorpyrifos-éthyl, le plomb ou encore les polybromodiphé-nyléthers (dits PBDe, un ensemble de produits ignifuges, ndlr). elles se trouvent toutes un peu partout! Dans les poussières, les sédiments, dans les aliments ou sur les textiles… et pourraient avoir un effet sur la santé à la suite d’une longue exposition à de faibles doses.

iV qu’en est-il de leur impact sur les enfants?nC Parmi ces substances, le mode d’action du chlorpyrifos-éthyl est vraiment bien connu. Cette molécule entraîne une sur-stimulation du système nerveux et perturbe le comportement chez les adultes comme chez les enfants. Ces derniers y sont plus sensibles du fait de la fragilité de leur système nerveux encore en formation. ils peuvent alors développer des troubles neurologiques importants tels que l’hyperactivité. il n’y a pas de solution miracle pour se protéger des substances chimiques, mais laver ses vêtements avant de les porter ou manger bio ou local constitue déjà un premier pas. en comparaison, nous sommes plutôt chanceux en suisse, les normes et régle-mentations en la matière sont déjà nombreuses.

géomédecine. Bill Davenhall a développé une application pour smartphone nommée My Place History, permettant d’introduire l’emplacement de son domicile et d’évaluer les risques pour sa santé associés à ce lieu. David Van Sickle, anthropologue médical et fondateur de la start-up Propeller Health, a pour sa part développé un inhalateur pour personnes asthmatiques équipé d’une puce GPS qui permet de savoir où ses patients utilisent l’engin. «Cela nous montre quels environnements les poussent à avoir des crises d’asthme, explique David van Sickle.

Nous pouvons ainsi dire à nos patients d’éviter d’aller dans des zones où ils savent que l’atmosphère leur causera des problèmes.» Ou simplement de mieux comprendre les mécanismes de la mala-die. «Nous avons découvert lors d’une étude dans le Wisconsin que les gens à la campagne utilisaient plus souvent leurs inhalateurs que les personnes en ville, ce qui va à l’encontre des études actuelles», qui partent du postulat que l’asthme est causé par la pollution.

Mais ces renseignements géographiques posent aussi de sérieuses questions de protection des données: que se passera-t-il si des entreprises mettent la main sur notre dossier géomédical? Une assurance pourrait-elle augmenter les primes d’un client sur la base de son historique géographique? «Nous devons faire très attention à l’utilisation de ces données, explique David van Sickle. Les patients doivent pouvoir contrôler les informations qu’ils divulguent. C’est crucial.» Bill Davenhall se veut plus optimiste: «La géomédécine va considérablement améliorer nos traitements: la prise de risque en vaut bien le coup.» ⁄

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MENS SANA INNOVATION

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Des meDicamentstelecommanDes

Placées sous la peau, ces puces électroniques libèrent sur commande hormones ou

substances pharmacologiques. Révolution technique ou simple gadget?

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ne puce contraceptive placée sous la peau que l’on peut activer ou éteindre par connexion wifi: ce type de traitement pourrait bien être disponible sur le marché d’ici peu. La start-up américaine MicroCHIPS, à l’origine du projet, vient en effet de conclure avec succès une série de tests de son implant.

«Si on peut l’adapter à diffé-rents traitements, cela repré-sentera une aide réelle lors des prises régulières de médica-ments souvent pénibles, notamment pour les malades chroniques, constate Pierre Voirol, pharmacien responsable de l’unité d’assistance pharma-ceutique et de pharmacie clinique du CHUV.

Une première version de cette puce est ainsi utilisée actuelle-ment pour traiter sept femmes danoises souffrant d’ostéopo-rose. Elle délivre des doses quotidiennes de teriparatide, une molécule permettant de stimuler la croissance osseuse. «C’est un véritable succès», selon Robert Farra, CEO de MicroCHIPS.

Créée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), l’entreprise est soutenue financièrement par la fondation Bill & Melinda Gates à hauteur de 4,6 millions de dollars. Le fondateur de Microsoft cherche à offrir un moyen de contraception aux femmes des pays les plus pauvres qui durerait plus

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MENS SANA INNOVATION

Le capteur de Proteus s’active dès l’ingestion, afin d’enregistrer la bonne prise de médicaments du patient.

Capteur ingérable: Comment ça marChe?Le système de feedback numérique ingérable

développé par la compagnie Proteus permet de sur-veiller précisément l’état de santé de son utilisateur.

explications.

L’appareil fonctionne en réaction aux sucs gastriques. il transmet ensuite les données collectées vers un patch collé à même la peau.

via une connexion Bluetooth, le patient peut vérifier et analyser les données grâce à une application fournie avec le capteur.

longtemps que les implants déjà existants et qui serait déasacti-vable lorsque son utilisatrice souhaite tomber enceinte.

tendanCe teChnologiqueSi la puce contraceptive n’est pas encore disponible en rayons, ce type de composants high-tech est déjà utilisé dans des capteurs internes ou externes capables de surveiller l’état des patients. Exemple avec le capteur Helius, conçu par l’entreprise américaine Proteus Digital Health. Installé dans le médicament ingéré, Helius communique ensuite avec un patch collé sur la peau, lequel transfère les données collectées vers un smartphone, une tablette ou un ordinateur. Le capteur interne fonctionne en réaction aux fluides gastriques. Ce mécanisme permet de vérifier si le patient prend réellement son médicament et de déterminer l’effet ou non du traitement. Un système plus précis et efficace que les visites médicales, les données étant collectées en permanence.

De son côté, Novartis vient de signer un partenariat avec Google afin de développer une lentille de contact intelligente. Cette dernière aiderait les personnes souffrant de diabète en lisant directement sur le globe de l’œil le niveau de glycémie dans le sang. Un moyen simple et non invasif de contrôler plus finement sa maladie.

Que ce soit sur des médicaments, des patchs collés à la peau, incorporés aux vêtements ou aux

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MENS SANA INNOVATION

iv pensez-vous que ce type de traitements pucés puisse être utile?tb honnêtement, j’ai surtout peur du prix. ce genre de technologies coûte cher. a moins que le système de santé ne veuille participer, je ne pense pas que ces micro-puces contracep-tives soient à la portée de toutes les bourses. hormis le coût, il faut voir aussi si ces puces peuvent se décliner pour d’autres traitements. ce n’est pas vraiment le cas. en effet, il faut que la dose de médicaments soit minuscule pour que la puce puisse la contenir. Je ne vois que les traitements hormonaux comme la contraception, la gestion de la tyroïde, l’ostéoporose ou encore des traitements délicats

avec les hormones de croissance qui puissent répondre à cette condition.

iv une tierce personne pourrait utiliser ces micro-puces puisqu’elles sont télécommandables. C’est dangereux non? tb Les pompes qu’utilisent les personnes souffrant de diabète fonctionnent avec Bluetooth. Les pacemakers cardiaques sont commandés aussi à travers la peau. donc il y aurait là aussi un danger potentiel. a vrai dire, ce genre de technologies réveille toujours des fantasmes autour des risques de hacking. Je ne sais pas s’ils sont réels.

iv les gouvernements des pays à fort taux de natalité ne pourraient-ils pas avoir une raison de maîtriser ces micro-puces pour contrôler les naissances? tb Les gouvernements n’ont pas besoin de cette technologie pour maîtriser la natalité de leurs citoyens. en afrique du sud par exemple, le gouvernement offre des récompenses pécuniaires ou des compléments alimentaires aux femmes des couches de populations défavorisées qui choisissent d’utiliser l’implant ou l’injection contraceptive renouve-lable tous les trois mois. ethiquement, ce n’est pas blanc ou noir. il faut savoir conseiller le mode de contraception efficace.

«J’ai PeuR du PRix»

chaussures (les tissus intelli-gents), ces puces visent à surveiller l’évolution de la personne, comprendre sa réaction pour finalement mieux la soigner. L’entreprise d’études de marché IDTechEx prévoit que ce type de technologie devrait représenter un marché de 70 milliards de dollars d’ici à 2024, contre 14 milliards de dollars à l’heure actuelle. Elle estime que les entreprises spécialisées dans ces technologies deviendront, dans le futur, aussi importantes que les firmes pharmaceutiques. Des compa-gnies comme Google joueront par ailleurs un rôle clé dans la récolte de données médicales. Le géant américain vient ainsi de mettre sur pied un ambitieux projet expérimental destiné à brosser le portrait-type d’un être humain en bonne santé. Il sera réalisé à partir de l’analyse du matériau génétique et molécu-laire fourni anonymement par des participants volontaires ces prochaines années.

La société MicroCHIPS a, quant à elle, prévu de commercialiser sa pilule numérique d’ici à 2018. Implantée à l’aide d’une anesthé-sie locale, la micro-puce n’a pour l’heure provoqué aucun rejet du système immunitaire. Micro-CHIPS espère ainsi obtenir rapidement l’accord de la Food and Drug Administration (l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, ndlr) pour lancer les tests cliniques de son médicament dans les mois qui viennent. ⁄

inTeRview progrès spectaculaire ou dérive scientifique? l’avis de thierry buclin, médecin chef de la division de pharmacologie clinique du ChuV.

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MENS SANA INNOVATIONMENS SANA chrONIquE

Andrew Bastawrous a commencé à exercer le métier de chirurgien ophtal-

mologiste en 2005. Il s’est lancé dans la médecine pour travailler dans des

milieux pauvres, où il pensait pouvoir faire une différence. Sa formation au

Royaume-Uni a été ponctuée de voyages fréquents en Afrique et en Amérique du

Sud. «Les principales causes de cécité dans ces régions sont la cataracte, lorsque la len-

tille naturelle de l’œil se voile, et l’absence d’accès à des lunettes, explique-t-il. Les

maladies sont les mêmes que celles dont on souffre dans les pays développés. La seule

différence est que nous pouvons y remédier facilement.»

En 2007, Andrew Bastawrous a réalisé la toute première étude de cohorte portant sur les

maladies oculaires en Afrique. La population concernée regroupait 5’000 personnes vivant

le long de la vallée du Grand Rift au Kenya. Il y a ensuite mis en place une centaine de cliniques équipées de matériel coûteux, dans des endroits

sans électricité à l’accès difficile. «J’ai pensé qu’il devait exister un moyen plus simple

d’examiner ces populations. C’est alors que j’ai eu l’idée de transformer cet équipement en

un smartphone.»

Peek se compose d’un adaptateur qui se fixe sur un smartphone et d’une appli-cation mobile. Ce système permet au personnel de santé disposant d’une for-mation minimale, d’un vélo et d’un sac à dos solaire, de réaliser un examen rapide des yeux, qui sera aussi précis que celui pratiqué grâce à du matériel hospitalier standard. «Le téléphone ne permettra pas de traiter les patients, mais identifiera ceux qui ont besoin d’un traitement, explique Andrew Bastawrous.

Peek a vu le jour dans un environnement contraint par la nécessité et la frugalité. Confronté à une tâche impossible, celle d’utiliser un matériel coûteux dans un milieu rudimentaire, Andrew Bastawrous s’est simplement posé une question: et s’il était possible de faire la même chose avec moins? Désormais épaulé par Zooniverse, un projet de crowdsourcing qui utilise une foule de volon-taires pour analyser des images scientifiques, il est en mesure de traiter rapidement les données rassemblées sur les maladies oculaires et de potentiellement sauver des vies.

L’histoire du docteur Bastawrous est une leçon sur le secret de l’innovation. Lorsque l’idée du projet Peek lui est venue, ses collègues ont tenté de l’en dissuader. «On me disait: «ça semble être une bonne idée, mais tu as trop de travail, concentre-toi sur ton doctorat», se souvient-il. Mais l’idée a conti-nué de prendre de l’ampleur, alors je me suis dit: «je vais essayer de le faire moi-même».» ⁄

proFilJoão Medeiros est res-

ponsable de la rubrique «sciences» de l’édition anglaise du magazine

«Wired». Il traite régulièrement de sujets

ayant trait à la santé, et organise par ailleurs la conférence annuelle

«Wired Health».en saVoir plushttp://www.wired.co.uk/

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João MedeiRos Rédacteur scientifique du magazine «Wired» UK

Peek, une innovation surprenante. Ou comment un scientifique anglais a transformé

un smartphone en outil de diagnostic ophtalmique.

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lusieurs fois par mois, j’avais le crâne pris dans un étau

pendant trois, parfois quatre jours», témoigne Alain Beutler, le deuxième des quelque 50 patients soignés au CHUV. «Ma vie privée et ma vie professionnelle en souffraient considérablement», se sou-vient ce garagiste atteint de migraines depuis son enfance. Un désarroi dont témoigne également Florence Lavanchy: à 38 ans, cette assistante médicale souffrait de maux de tête depuis une vingtaine d’années: «Soit les antalgiques ne me soulageaient plus, soit ils m’assommaient. Mes douleurs se situaient à 7 ou 8 sur une échelle de 10.»

Infiniment handicapantes, migraines et céphalées peuvent mener à des situations de détresse. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans le domaine de la gestion de la douleur, une partie des patients résiste aux traitements

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Le Botox au secours des migraineux

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Corpore SAno

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CORPORE SANO PROSPECtiON

classiques dont beaucoup se limitent à gérer l’intensité des crises, sans apporter de solution curative et au prix d’effets secondaires non négligeables. C’est à ces patients réfractaires que s’adressent les interventions proposées par Wassim raffoul, chef du Service de chirurgie plastique et reconstructive du CHUV, et les chefs de clinique giorgio piatramaggiori et Sandra Scherer.

La technique déployée au CHUV depuis 2013 doit beau-coup au hasard: mise au point à Cleveland par le dr Bahman guyuron, elle découle d’un constat dressé par des chirur-giens esthétiques. Leurs patients souffrant de migraines témoignaient d’une réduction significative de la fréquence et de l’intensité de leurs douleurs suite à des injections de toxine botulique au niveau du front. Les études cliniques ont permis de confirmer que la paralysie des muscles de la zone avait un effet collatéral: la décom-pression de certains nerfs périphériques, responsables du déclenchement des crises.

des Patients triés sur Le voLet«Ce type d’interventions ne concerne pas tous les patients», tempère giorgio pietramaggiori. «qu’il s’agisse de migraines ou plus largement de céphalées, nous nous assurons auprès des neurologues que toutes les causes identifiables ont été éliminées: variation hormo-

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Ces thermogrammes de la tête d’un patient vue de face montrent les différentes phases d’une crise migraineuse. Les points chauds (zones rouges, jaunes et blanches) prennent forme au niveau du cou, des épaules ( 1 ) avant de monter vers la tête ( 2 ). Au plus fort de la crise ( 3 ), la douleur se concentre au niveau des yeux et du cerveau.

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nale, mauvaise vascularisation, hernies cervicales… Si aucun traitement classique ne peut soulager ou prévenir ces souf-frances, nous poussons plus loin la sélection avant d’envisager une approche chirurgicale.»

L’équipe utilise deux techniques complémentaires. quand les

patients potentiels souffrent de maux de tête lors de la consul-tation, elle procède à des anes-thésies locales de courte durée dans les zones douloureuses: front, tempes, zygomatiques, nuque ou nez pour identifier les terminaisons nerveuses. Lorsque le patient ne se trouve pas en crise, les médecins

procèdent à une injection de toxine botulique et demandent à leurs patients d’évaluer leurs douleurs durant un mois. Cette étape permet d’observer l’effet de la décompression d’un ou plusieurs nerfs: si l’intensité des douleurs diminue d’au moins 50%, l’intervention chirurgicale peut être engagée.

CORPORE SANO PROSPECtiON

Florence Lavanchy et Alain Beutler font partie des premiers patients du CHUV à avoir bénéficié d’une intervention chirurgicale pour

mettre fin à leurs crises de migraine.

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une maLadie handicaPante des maux de tête violents, chroniques et pulsatiles? des nausées? Une forte sensibilité à la lumière ou au son? Comme Hippocrate ou Lewis Carroll, vous faites probablement partie des 20% de femmes et des 8% d’hommes atteints de migraines. Ce désordre neurologique chronique qui résulte d’une perturbation des vaisseaux de la méninge a des causes variables et en partie héréditaires, puisque 60 à 70% des patients ont des antécédents familiaux. Un rien peut déclencher ces crises qui peuvent aller de quelques heures à plusieurs jours: stress, fatigue, efforts physiques, odeurs…

CORPORE SANO PROSPECtiON

Au cours de cette dernière, les chirurgiens du CHUV libèrent les nerfs comprimés par les structures anatomiques environnantes, tel le petit muscle situé entre les sourcils et responsable de la célèbre «ride du lion». en libérant le point de compression, l’opération supprime ainsi le déclencheur susceptible de provoquer une crise. L’inter-vention, relativement courte et réalisée en ambulatoire, peut parfois s’étendre: «Je devais rester 3h40 au bloc: j’y suis resté près de 8 heures», sourit Alain Beutler. «Ce patient est hors norme: les points de compression se situaient tout autour de son crâne et dans la nuque précise Wassim raffoul. Ce cas nous a permis d’affiner nos protocoles.» L’opération dépasse à présent rarement deux heures.

des résuLtats significatifsComme aux etats-Unis, le taux de réussite est élevé: 85% des patients se disent soulagés dans des proportions considérables. «non seulement mes maux de tête sont plus rares, mais ils sont deux ou trois fois moins intenses», explique Florence Lavanchy. Même son de cloche du côté d’Alain Beutler: «Le soulagement a été immédiat et spectaculaire. Je peux à nouveau travailler sans redouter une crise; je peux enfin passer mon temps libre autrement qu’allongé dans le noir.» Suivi par le CHUV et accompagné par un ergothérapeute, Alain

Beutler profite chaque jour d’un progrès qui semble définitif: une quinzaine d’années après les premières interventions pratiquées aux etats-Unis, aucun cas de récidive n’a été signalé.

«Les nerfs sensitifs concernés ne sont ni éliminés ni lésés», explique Sandra Scherer: «Il n’y a pas d’effets secondaires visibles sur le visage et les patients gardent toute leur sensibilité.» détail non négli-geable, après une période de convalescence réduite, l’opéra-tion ne laisse que des cicatrices pratiquement indécelables, d’autant que la plupart se situent sous le cuir chevelu. A l’avenir, Wassim raffoul et son équipe estiment que ce type d’interven-tions devrait se généraliser. /

Chef du Service de chirurgie plastique et reconstructive du CHUV, Wassim raffoul estime que la décompression chirurgicale des nerfs périphériques est une opération qui est amenée à se généraliser.

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CORPORE SANO TENDANCE

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rès de 15% des sportifs amateurs ont recours à des produits dopants. c’est ce qu’annonçaient l’an dernier les méde-cins stéphane Borloz et gérald gremion dans la revue de la société

suisse de médecine du sport (ssMs). Trois raisons principales expliquent ce phéno-mène: la méconnaissance des produits, à savoir s’ils sont dopants ou non, la recherche de la performance et le culte de son apparence. «sur internet, des sites spécialisés vendent toutes sortes de compléments alimentaires dont il est souvent impossible de vérifier la compo-sition, indique stéphane Borloz spécialiste en médecine physique et réadaptative à Lausanne. certains de ces produits peuvent contenir des substances interdites, d’autres sont carrément frelatés.»

Les organisateurs d’événements sportifs n’ont le plus souvent pas les moyens de mettre en place une réelle infrastructure de contrôle, sachant que chaque test coûte entre 500 et 1’000 francs. «Nous disposons déjà de peu de moyens pour la lutte anti-dopage chez les professionnels, remarque stéphane Borloz. La situation dans le sport amateur est encore plus compliquée.»

Les compléments alimentaires peuvent contenir des substances dopantes et mettre en danger la santé.

Les rares contrôles organisés lors de compétitions populaires sont avant tout destinés aux volontaires. L’occasion pour les principaux concernés de s’y soustraire. en 2006, l’ancien cycliste professionnel christian charrière, arrivé cinquième à sierre-Zinal, avait ainsi refusé de se prêter au jeu du contrôle. Quelques jours avant lui, lors d’une autre compétition, un spécia-liste de VTT, Daniel Paradis, avait égale-ment dit non. une attitude qui avait suscité la perplexité des organisateurs et jeté le soupçon sur les deux coureurs.

«une grande partie de la population sportive est de bonne composition, elle cherche des conseils alimentaires et veut bien agir. et puis il y a l’autre partie qui part à la dérive, constate Olivier Baldac-chino, coach sportif spécialisé dans la course à pied à genève. si en quinze ans de métier, personne ne l’a jamais ap-proché directement pour parler dopage, il se rappelle le cas d’un ancien client arrêté par la police après avoir acheté des produits dopants sur internet.

Culte de l’apparenCeLa problématique touche aussi le milieu du fitness. aux compléments alimentaires, les amateurs de salles de gym ajoutent parfois des stimulants, dont les amphéta-

SportifS amateurS: attention dopage!

PCompléments alimentairesune source concentrée de nutriments ou d’autres subs-tances ayant un effet nutritionnel ou physiologique. il arrive que certaines subs-tances comme des stimulants se retrouvent dans ces compléments sans que cela soit mentionné sur l’emballage.

Les stimulantsLes amphéta-mines, la cocaïne, la caféine, l’éphédrine et les produits dérivés sont les plus utilisés. Les stimu-lants augmentent la concentration et l’attention, réduisent la sen-sation de fatigue. ils augmentent l’agressivité et font perdre du poids.

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CORPORE SANO TENDANCE

mines, ou des stéroïdes anabolisants tels que la nandrolone ou les hormones de croissance. Des produits qui peuvent pro-voquer de sérieux problèmes de santé: troubles cardiaques, atteinte au foie ou aux reins, ou encore baisse de la fertilité. La combinaison de plusieurs de ces stimu-lants peut en outre entraîner d’importants effets secondaires, sans compter les risques d’infections lors des injections.

L’abus de substance se retrouve enfin chez les amateurs de sensations fortes. gérald gremion, responsable du swiss Olympic Medical center et médecin adjoint au Département de l’appareil locomoteur du chuV, cite notamment les milieux du snowboard et du BMx comme étant susceptibles de pratiquer le dopage «Les adeptes de ces disciplines cherchent avant tout à se désinhiber. ils consom-ment de la cocaïne, du cannabis ou d’autres stimulants du même acabit dans le but d’oser prendre des risques.»

si le dopage ne semble concerner qu’une minorité de sportifs amateurs, les méde-cins spécialisés estiment qu’il est crucial d’agir en amont, en maximisant la préven-tion. «De nos jours, les gens ont tendance à se sur-médicamenter, constate gérald gremion. Or, le sport doit s’exercer dans l’état le plus sain possible.» sans oublier que les médicaments comportent des effets secondaires, d’autant plus s’ils sont accompagnés d’efforts sportifs.

«La performance est devenue prioritaire dans tous les domaines de notre société, remarque Martial saugy, directeur du Laboratoire suisse d’analyse du dopage (LaD). Mais à trop viser cet objectif, il arrive un moment où l’on se rend compte que l’on ne sera jamais parfait et aussi fort qu’on le souhaite. et là, le risque, c’est de sombrer dans la dépression.» /

Brûleurs de graisseLes sportifs apprécient la caféine, substance énergisante et anti-oxydante qui aide l’organisme à mieux consom-mer ou brûler ses graisses. a haute dose, peut avoir des effets dopants.

Stéroïdes anabolisants (nandrolone, hormones de croissance)une classe d’hormones sté-roïdiennes liée à une hormone na-turelle humaine: la testostérone. Permettent de développer une masse musculaire plus importante.

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n pleine semaine, cette matinée est plutôt calme aux urgences du CHUV lorsqu’une ambulance se présente

avec à son bord une patiente âgée, victime d’une chute. Rapidement prise en charge par le gériatre de garde, la vieille dame subit une première série d’examens destinés à évaluer son état: entretien, prise de sang, radios.

«Cette évaluation initiale est impérative pour mesurer l’état de santé général de cette patiente et lui apporter une réponse médicale immédiate si nécessaire, explique Andreina d’Onofrio, infirmière clinicienne spécialisée au sein du Service de gériatrie du CHUV. L’objectif suivant consiste à comprendre dans quel état se trouvait cette dame avant son accident.» A 81 ans, seule depuis la mort de son mari, Annie vit toujours à son domicile. En grimpant sur un tabouret, elle a perdu l’équilibre et a chuté lourdement sur le côté. Elle s’est rendue à l’hôpital sur les conseils de sa femme de ménage. Cette dernière complète les réponses d’Annie auprès du personnel soignant; l’équipe

cherche à déterminer si cette chute est la première, si Annie a pu se relever seule, si elle a ou non connu des problèmes d’équilibre ces derniers temps.

Son état ne nécessitant pas de réponse médicale immédiate, Annie est orientée vers le Service de gériatrie et de réadap-tation gériatrique. Se met alors en place un dispositif bien rodé, composé d’étapes successives destinées à objectiver la

les defis du

grand ageToujours plus nombreuses, les personnes âgées de 80 ans et plus nécessitent une prise en charge médicale tenant compte de leur fragilité.

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qui sont les grands vieillards?Le grand âge est marqué par une forme d’inégalité face à la santé et à la mort. En vieillissant, la population se féminise: au-delà de 80 ans, on compte presque deux fois plus de femmes (64 %) que d’hommes (36 %). Si ces derniers jouissent d’une santé légè-rement meilleure que celle des femmes, ils déclinent et meurent plus vite.

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situation d’Annie sur la base d’une série d’indicateurs spécifiquement conçus pour les patients accueillis au sein du service. «nous cherchons à retracer les circons-tances exactes de la chute et à évaluer l’état physique et psychique d’Annie pour fournir aux gériatres une série d’éléments objectifs qui leur permettront de dres-ser leur diagnostic, précise Andreina d’Onofrio. Avant de proposer la prise en charge la mieux adaptée.»

Au cours des quelques jours qui suivront, Andreina d’Onofrio et ses collègues vont progressivement évaluer l’état d’Annie sur la base de huit échelles destinées à mesurer une multitude de critères: hype-ractivité ou atonie, problème nutritionnel, déshydratation, signes d’un état dépres-sif… Un travail méthodique qui permet de déterminer la stratégie la plus adaptée et d’évaluer la future orientation d’Annie, entre retour au domicile ou placement dans une structure de long séjour. bien remise, elle pourra alors rentrer chez elle, équipée de la canne conseillée par les médecins.

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La centenaire genevoise Jeanne matti a conservé toute sa passion pour la brocante.

aidants et soignants en premiere lignePour le personnel soignant comme pour les médecins, l’épuisement guette face au grand âge. Les patients peuvent se montrer désorientés, angoissés et parfois agités, sinon agressifs: perfusions arrachées, pincements, morsures… Un quotidien qui demande des qualités d’écoute et de persévé-rance hors du commun.

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Le défi de La perte d’autonomieLe cas d’Annie n’a rien de rare à l’entrée dans le quatrième âge – une notion complexe, à en croire Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul-brousse de Villejuif et auteur de l’ouvrage «Vieux et malade: la double peine!» (L’Harmat-tan, 2010). «La définition de la grande vieillesse ne se réduit pas à un chiffre, d’autant que le déclin biologique appa-raît plus tardivement qu’avant, jusqu’à ce qu’une dégradation souvent brutale ne vienne les priver de leur autonomie».

Ce que nous désignons comme le quatrième âge correspond au moment où les restrictions physiques limitent très fortement les activités normales du quotidien: se lever, manger, se coucher, aller aux toilettes, faire ses courses, se préparer à manger. La vie quotidienne devient toujours plus difficile à affron-ter, souvent au détriment de la qualité de la vie sociale. Le tournant se situe aux alentours de 83 ans, âge moyen à partir duquel une majorité des Suisses deviennent vulnérables. Tout l’enjeu du séjour d’Annie au CHUV consiste préci-sément à estimer son degré de fragilité et à évaluer sa capacité à retrouver la même vie quotidienne.

Un enjeu social et médical d’autant plus essentiel que la collectivité doit faire face au défi économique que repré-sente l’explosion de la population des patients de plus de 85 ans: en Suisse, 20% des coûts de santé sont consacrés aux malades de 80 ans et plus, alors que cette classe d’âge ne représente que 5% de la population helvétique. Et si ces derniers figurent, derrière les Américains et les norvégiens, dans les trois populations les plus protégées du monde à en croire l’OCdE, l’augmen-tation de leur nombre posera des pro-

blèmes de plus en plus aigus. Si «vieillir n’est pas une maladie», comme le rappelle Christophe Trivalle, le grand âge est lié à un phénomène de poly-pathologie: «Les personnes âgées se caractérisent par l’addition de plusieurs maladies dont la fréquence augmente avec l’âge.» Au diabète ou à l’hyperten-sion viennent s’ajouter des affections neurodégénératives dont la fréquence ne fait que monter avec l’âge: 30% des personnes de plus de 90 ans sont touchées par la maladie d’Alzheimer.

Patients et soignants s’accordent sur un point: le départ du domicile doit intervenir le plus tard possible. «Eviter ou réduire le temps de dépendance est essentiel sur le plan humain, sans même parler de l’aspect économique», insiste Christophe Trivalle. «il faut permettre à ces personnes âgées de retrouver un sentiment de bien-être malgré le déclin physique, quitte à adapter leurs modes de vie et à réinventer un équilibre avec leur environnement.» Une question étroitement liée à la place des per-sonnes âgées dans nos sociétés et au regard que nous portons sur eux. ⁄

un defi psychiatriqueSi l’âge du départ à la retraite est une première période propice aux dépressions, la psychiatrie du grand âge fait face de son côté à d’autres difficultés. Les praticiens sont souvent contraints de réduire les traitements médicamen-teux, les effets secondaires de certaines molécules pou-vant aggraver l’état physique des patients très âgés.

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Protons contre cancer

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texte: erik FreudenreichrePortage Photo: PhiliPPe gétaz

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Protonthérapiedétruire les tumeurs en les ciblant avec un faisceau de protons, voilà le principe de la protonthérapie. une technique de pointe qui permet de traiter avec succès certains cancers de l’œil ou du cerveau.reportage à Villigen, à l’institut Paul scherrer.

considérée par de nombreux spécialistes comme la technologie du futur dans la lutte contre le cancer, la protonthérapie est une forme de radiothérapie qui permet de s’attaquer aux tumeurs de manière très précise à l’aide de protons, des particules élémentaires chargées positivement. le faisceau de particules utilisé atteint une exactitude sans commune mesure avec les traitements de radiothérapie conventionnelle, les protons se dispersant peu le long de la trajectoire du rayon.

de plus, les protons traversent la matière pour déposer leur énergie à une profondeur donnée avant de s’arrêter net. il s’agit là du «pic de Bragg», référence au physicien anglais William Bragg (1862-1942) qui fut le premier à décrire cet effet. résultat: les protons détruisent la tumeur tout en préservant au mieux les tissus environnants.

cette technique est ainsi particulièrement adaptée pour traiter des cancers situés à proximité d’organes sensibles comme le cerveau ou l’œil. la protonthérapie offre également d’excellents résultats pour soigner enfants et jeunes adultes, du fait de la moindre toxicité du traitement.

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1/ le centre de ProtonthéraPie de l’institut Paul scherrer

Plus grand centre de recherche de suisse dans les domaines des sciences naturelles et de l’ingénierie, l’institut Paul scherrer (Psi), à Villigen (ag), traite des patients par protonthérapie depuis 1984. si la moitié des personnes soignées au Psi viennent de suisse, son centre de protonthérapie accueille aussi des patients en provenance des pays européens voisins, de russie ou des etats-unis. «les cas qui nous sont transmis par les différents hôpitaux sont dans une première étape analysés au sein de notre «tumor board» sur la base d’un dossier médical complet, explique damien Weber, directeur du centre de protonthérapie et membre de la direction du Psi. a l’occasion de cette réunion, nous étudions chaque cas en détail avec les physiciens, radiooncologues et techniciens, de manière à s’assurer des avantages à traiter le cas présenté.»

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2/ l’éValuation

une fois qu’un cas est accepté, le patient est invité pour une première consultation au centre de protonthérapie. «nous lui présentons alors le traitement, les résultats et risques qui y sont associés, précise damien Weber. l’équipe du centre élabore ensuite un plan d’attaque contre la tumeur, qui est simulé sur ordinateur. un des points qui nous distingue est le meeting hebdomadaire que nous consacrons à la délinéation (traçage du contour des tumeurs, ndlr). il est important de disposer d’un faisceau très précis, mais il est aussi essentiel d’analyser précisément le volume tumoral à traiter, pour être certain de ne pas manquer la cible.»

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3/ le gantry

Quelques semaines après sa première visite, le patient revient au centre pour commencer son traitement. a l’instar de la radiothérapie conventionnelle, la protonthérapie est délivrée durant plusieurs sessions réparties dans le temps. a cet effet, le centre du Psi dispose de trois équipements: oPtis2 (pour les mélanomes de l’œil) ainsi que les gantry 1 et 2 (ci-contre), qui permettent de traiter les cancers du cerveau et de la sphère orl, mais aussi certains chondrosarcomes (tumeurs malignes du cartilage).

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après avoir été installé dans le gantry, le patient peut communiquer

par micro interposé avec les techniciens situés au sein de la salle

de contrôle. ces derniers lancent alors le traitement. le faisceau de

protons est délivré par le cyclotron coMet. Mis en service en 2007, il

s’agit d’un accélérateur de particules circulaire spécialement dédié au centre de protonthérapie du Psi.

la salle de contrôle/4

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la fin de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs provinces des Pays-Bas ont été affamées par un blocus décidé par l’Allemagne nazie. Les femmes enceintes durant cet «hiver de la faim» ont accouché de nouveau-nés plus petits que la normale et en mauvaise santé. Plus surprenant, leurs filles et petites-filles ont également donné naissance à des bébés chétifs et risquant de déve-lopper un diabète de type 2. Des chercheurs américains ont mis en évidence en 2005 un changement épigénétique, dû à la méthylation de l’ADN, chez les personnes ex-posées à cette famine lorsqu’elles étaient dans le ventre de leur mère, modification transmise à la génération suivante.

Le séquençage du premier gé-nome humain en 2001 a permis des progrès sans précédent, mais a soulevé de nombreuses ques-tions. Qui peuvent être résumées par cette formule du généticien Thomas Hunt Morgan, prononcée (déjà) en 1935: «Si les caractères de l’individu sont déterminés par les gènes, pourquoi toutes les cellules d’un organisme ne sont-elles pas identiques?» Même si nos cellules portent les mêmes gènes, elles ne se ressemblent en rien selon qu’elles constituent des cellules des muscles, du foie ou d’un neurone.

La notion d’épigénétique ne s’est développée de façon importante que récemment auprès des chercheurs. «Cette discipline se penche sur l’expression des gènes dans l’organisme, relève Winship Herr, qui enseigne l’épigénétique au Centre intégratif de génomique de l’Université de Lausanne. Elle

répond à l’idée que tout n’est pas inscrit dans l’ADN.»

Les cellules de notre organisme contiennent au sein de leur noyau la totalité de nos gènes. Toutefois, chacune ne lit que ceux dont elle a besoin pour produire les protéines, essentielles à son fonc-tionnement. En d’autres termes, certains gènes sont activés et «s’expriment», alors que d’autres sont éteints. Ils sont activés ou non par différentes modifications chimiques, qui ne changent pas la séquence de l’ADN.

L’épigénétique s’intéresse d’abord au développement embryonnaire et à la différenciation des cellules: «Un exemple connu est celui de l’inactivation du chromosome X chez les femelles des mammi-fères, poursuit Winship Herr. Ce processus, qui s’effectue de fa-çon aléatoire dans chaque cellule, est normal dans le déroulement de leur développement.»

L’ADN N’expLique pAs tout

NoTrE ENvIroNNEMENT INfLUENCE L’HérITAGE BIoLoGIQUE QUE NoUS TrANSMETToNS à NoS ENfANTS ET PETITS-ENfANTS.

CETTE APProCHE, NoMMéE éPIGéNéTIQUE, oUvrE DE NoUvELLES PErSPECTIvES DANS LE TrAITEMENT DES MALADIES.

TEXTE: PAULE GoUMAz

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Mais plusieurs maladies lui sont associées, notamment les troubles du métabolisme comme le diabète ou l’obésité, les maladies auto-immunes ou les cancers. «Des mutations génétiques, mais également des dérèglements de l’expression des gènes sont à l’œuvre dans tous les cancers, précise Winship Herr. on espère beaucoup des thérapies qui per-mettront de cibler ces altérations pour reprogrammer les cellules cancéreuses, c’est-à- dire initier leur différenciation et arrêter leur croissance incontrôlée.»

Les chercheurs pensent que de nombreux facteurs environne-

termes cLés 1. Epigénétique Désignant à l’origine les pro-cessus par lesquels les gènes conduisent aux caractères observables d’un individu (phénotype), l’épigénétique est aujourd’hui l’étude des changements modifiant l’expression de gènes, sans apporter des mutations à la séquence de l’ADN.

2. Phénotype L’ensemble des caracté-ristiques observables d’un organisme vivant (anato-miques, morphologiques, moléculaires ou physiolo-giques), déterminé par les gènes et l’environnement. Des hortensias de la même variété génétique peuvent présenter une couleur (un phénotype) variant du rose au bleu selon l’acidité du sol.

3. Méthylation Une des modifications chimiques les plus connues dans l’expression des gènes. Lors de ce processus, de minuscules particules (des groupes méthyles formés d’atomes) se fixent sur l’ADN et activent ou répri-ment le fonctionnement de certains gènes.

4. ChromatineStructure, comparée à un collier de perles, dont on a longtemps pensé qu’elle servait principalement à compacter l’ADN – de 2 mètres de long! – dans le noyau de la cellule. Elle joue cependant un rôle essentiel car elle permet aux gènes, selon son état «ouvert» ou «fermé», d’être accessibles et exprimés.

mentaux sont en cause dans les modifications épigénétiques, par-mi lesquels la nutrition, comme le montre l’étude sur la famine aux Pays-Bas, les comportements de la mère, le stress ou encore l’exposition aux polluants. «De plus en plus de maladies sont influencées par ces variations, ter-mine Winship Herr. Mais la ques-tion de leur transmission se pose. Pour certains, elles devraient se manifester sur plusieurs généra-tions pour être avérées. Même les scientifiques ne sont pas encore au clair sur la définition même de l’épigénétique.» ⁄Visitez www.invivomagazine.com pour en apprendre plus sur l’épigénétique.

Prise de vue d’Amsterdam durant «l’hiver de la faim» (1944-1945).

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L’histoire de la vitamine C commence sur un bateau: James Lind, médecin de la marine royale britannique, cherche un remède efficace contre le scorbut, véritable malédiction des marins qui provoque durant les traversées océaniques abat-tement, déchaussement des dents, hémorragies et mort.

Il décide de mener un essai clinique (le premier de l’histoire semble-t-il) en comparant systémati-quement chez les marins affectés toute une série de remèdes empiriques alors employés contre ce mal. Le meilleur traitement se révèle être un mélange de jus d’agrumes, dont il publie les bienfaits dans un ouvrage en 1753... La marine mettra de nombreuses années avant de se ranger à ses recommandations, et la médecine aura besoin d’encore plus de temps

pour comprendre le mécanisme biologique qui se cache derrière la découverte de Lind. Mais la vitamine C venait d’apparaître aux yeux de la communauté scientifique.

Aujourd’hui, même si on en trouve des quantités appréciables dans nombre de fruits et de légumes, elle est vendue comme un médicament. La liste de ses vertus supposées n’a cessé de s’allonger depuis James Lind: on lui prête la plus grande efficacité contre le rhume et la grippe, elle soutiendrait les capacités mentales, contrerait les effets du tabac chez les fumeurs ou préviendrait le cancer.

Cette dernière affirmation, défendue ardemment par le double Prix Nobel Linus Pauling dans les années 1970, avait provoqué quelques remous dans la communauté scientifique. Elle n’a jamais pu être confirmée. «Cet exemple illustre parfaitement le glissement qu’a progres-sivement connu la vitamine C, développe Thierry Buclin, chef du Service de pharmacologie clinique du CHUV. Entre le statut d’aliment auquel on prête des vertus miraculeuses et celui de médicament aux effets démontrés, la vitamine C semble concentrer tous les espoirs que les individus placent dans les bienfaits de Dame Nature.»

Il est instructif de consta-ter que l’être humain fait partie des rares espèces incapables de synthétiser la vitamine C – comme le font la plupart des mammifères. Peut-être est-ce là ce qui incite nombre de parents à soumettre leurs enfants à de véritables cures de vitamine C!

Il n’est pas prouvé non plus qu’elle prévienne vraiment le rhume ou la grippe. «On sait que le manque de vitamine C fragilise les muqueuses envers l’infec-tion, explique Thierry Buclin, et qu’en prendre peut alors corriger ce problème. Mais on ne peut pas en déduire qu’une dose régulière nous empêchera de tomber malade si on en reçoit assez via ce que nous mangeons!» Qu’on l’appelle aliment ou médicament, la vitamine C semble bien décidée à sur-fer sur la vague du succès. /

Elle est censée tout prévenir et l’on se précipite dessus quand vient l’hiver. Mais d’où vient la vitamine C?

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CORPORE SANO

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CORPORE SANO CHRONiquE

L’histoire du placebo remonte à l’an 382 avec la Vulgate, traduction du Nouveau Testament en latin dont

sont issues les vêpres des morts: Placebo Domino ( je plairai au

Seigneur). Au XIIIe siècle, les familles en deuil psalmodiaient ce verset afin

de tromper leur attente durant les veillées funèbres et le peuple se mit

à les surnommer placebos pour les ridiculiser. La société se laïcisant, le

seigneur perdit sa majuscule et Placebo revêtit l’habit de courtisan et désigna les flatteurs et ceux qui cherchaient à

plaire. Au XVIe siècle, un placebo original fut utilisé par l’Inquisition: pour éviter

des exorcismes abusifs, si un suspect avait des signes discutables de possession, on

lui présentait de fausses reliques, dites reliques placebo. S’il réagissait comme avec

des authentiques, on en déduisait que ses convulsions venaient de son imagination et non du Malin. L’idée était née d’un contrôle

d’une manifestation clinique douteuse par l’administration d’un produit inactif. Le

placebo apparaît enfin en médecine dans le Motherby’s New Medical Dictionary (1785)

comme méthode banale (anodine) ou médi-cament. En 1958, le mot est cité en français dans la 17e édition du dictionnaire médical Garnier et Delamarre et plus tard dans les

dictionnaires grand public.

Le placebo pur est la poudre de Perlimpinpin; le placebo impur est un médicament commercialisé, n’ayant clairement pas démontré d’efficacité. L’effet placebo désigne l’écart positif entre l’effet thérapeutique attendu d’un médicament et l’effet observé. Si l’écart est négatif, on parle d’effet nocebo (je nuirai). L’effet placebo couvrirait en moyenne un tiers des effets des traitements. Pour les problèmes d’angine de poitrine, il peut atteindre 85% d’efficacité. Le placebo concerne aussi les maladies psychosoma-tiques, les infections, l’hypertension ou l’insomnie. Un exemple: des rats sont opérés en leur incisant la peau du crâne avec un bistouri sale, avant d’installer un pansement visible sur la plaie. Quelques jours plus tard, les leucocytes se multiplient afin de lutter contre l’infection. L’opération est répétée 2 fois, mais la 4e fois, pas d’incision, alors que le pansement est mis comme d’habitude. Le nombre de globules blancs augmente comme si l’opération septique avait été pratiquée. Conclusion: un stimulus externe erroné peut faire réagir même des globules blancs.

In fine, le placebo agirait en incitant l’organisme à fabriquer lui-même des médicaments endogènes comme les endorphines, la dopamine, la sérotonine dans la dépression, probablement des antibio-tiques naturels dans l’infection et en réalité, tous les médicaments du monde puisque mieux encore que l’industrie pharmaceutique, notre corps est capable de tout synthétiser pour se protéger et survivre. ⁄

en savoir plUsLe Mystère du nocebo, Odile Jacob, 2011

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PATrICk LEMOINEPatrick Lemoine, MD, PhD,

Directeur médical international du groupe Orpéa Clinéa, division psychiatrique.

Magie ou escroquerie, l’effet placebo intrigue depuis des siècles médecins et patients.

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cursus chronique

La physiothérapie propose aux enfants, aux adolescents, aux adultes et personnes âgées des solutions pour contourner les limitations et les obs-tacles au mouvement ou à la fonction, de manière à rendre possible l’activité

qui pose problème. Dans ce travail, la physiothérapie se base sur la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui définit la santé comme un sentiment global de bien-être physique, psychique et social et pas seu-lement comme l’absence de maladies ou d’infirmités.

A titre d’exemples, un patient qui a fait une attaque cérébrale pourra s’exercer à la marche grâce à un physiothérapeute. La victime d’un infarctus pourra être entraîné pour réaliser à nouveau des efforts d’endu-rance. Celui qui présente une insuffisance respiratoire sera poussé à améliorer sa fonction pulmonaire par des exercices dosés et répétés. La personne âgée qui chute de manière régulière sera stimulée à se relever seule et à entrainer la force de ses jambes et son équilibre.

Il est important pour leur santé que les Suisses connaissent mieux tous les aspects de cette discipline pour pouvoir en parler avec leur médecin lorsqu’ils ont le sentiment que les physiothérapeutes pourraient améliorer leur bien-être. ⁄

Roland PaillexPhysiothérapeute-chef du CHUV

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«La physiothérapie, une spécialité trop peu connue»

orsque l’on ques-tionne notre entou-rage en lui deman-dant en quoi consiste la physiothérapie, la première réponse qui survient est le mas-sage. En insistant un peu plus, nous enten-

drons que le physiothérapeute remet sur pied des personnes ayant eu des accidents, comme des entorses ou des fractures. Ces réponses ne correspondent pourtant que très partiellement aux champs d’activité des physiothérapeutes.

La physiothérapie constitue l’un des trois piliers de la médecine traditionnelle, avec les médecins et les soignants. Pour les patients pris en charge, la physiothérapie offre de nouvelles perspectives, améliore leur qualité de vie et augmente leur bien-être à tout âge. Elle identifie et maximise leur potentiel de mobilité. Le cas échéant, elle traite aussi leurs douleurs. Elle intervient pour les problèmes aigus ou chroniques, dans les dimensions de la prévention et de la promotion de la santé, du traitement, de la réhabilitation ou des soins palliatifs.

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Bien entraîner son cerveau

Des chercheurs de l’Université de

Montréal et le Prof. Demonet, directeur du Centre Leenaards de la mémoire (CLM) au CHUV ont publié une étude visant à analyser les effets réels que pouvaient avoir les différents programmes d’entraînement du cerveau disponibles sur le marché, notamment sur inter-net. Leurs résultats, obtenus en mêlant tests cliniques et imagerie par IRM, sont parus dans la revue Plosone. BT

Testostérone et capitalisme

Une étude menée conjointement par la

Faculté d’économie de l’Univer-sité de Lausanne et le Service d’endocrinologie et diabétologie du CHUV a révélé que le taux de testostérone des dirigeants pouvait avoir une influence sur leur comportement et les inciter à prendre des décisions dans le seul but d’augmenter leurs profits. BT

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Développée par un médecin anesthésiste

du CHUV avec le soutien de Swisstransplant, cette carte s’affiche automatiquement sur le smartphone de l’utilisateur lorsqu’il arrive à l’hôpital. Elle est disponible via l’application Echo112, déjà utilisée par plus de 350’000 personnes en Suisse. Une initiative qui pourrait permettre d’augmenter significativement le nombre de donneurs potentiels. Quelques jours après sa mise en ligne, 25’000 personnes avaient déjà rempli leur carte virtuelle.

e-HealTHMédecin anesthésiste au CHUV et à la REGA, le Dr Jocelyn Corniche est aussi le concepteur de l’application Echo112 qui permet de contacter les urgences locales tout en leur transmettant la position exacte de l’utilisateur, en Suisse ou à l’étranger: «En voyant ces dizaines de patients qui arrivent chaque jour aux urgences, je me suis dit que l’écran du smartphone pouvait également être le meilleur moyen de communiquer si l’on est un donneur d’organes potentiel.» BT

La Suisse est le premier pays à créer une carte de donneur d’organes électronique

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«Certains médecins disent qu’il ne

faut pas avoir peur de la mort pour faire ce travail. Je pense qu’ils se trompent.» C’est avec sérénité et une certaine émotion que Claudia Mazzocato parle de son métier. Médecin cheffe au sein du Service des soins palliatifs du CHUV dirigé par le professeur Gian Domenico Borasio, elle est confrontée à la mort quotidiennement. Un choix fait tôt durant son parcours professionnel.

Pendant son année post-grade, Claudia Mazzocato a pu remar-quer que les patients en fin de vie dont elle s’occupait souffraient et étaient souvent isolés. Dès lors, elle a su quelle allait être sa spécialisation. elle part trois ans aux Hôpitaux universitaires de Genève, seul endroit à l’époque où se trouve un service de soins palliatifs en Suisse. «Je ne savais

pas du tout comment j’allais réagir face à la mort. Après un mois à Genève, j’ai adoré mon travail. On peut dire que je suis tombée dedans.»

ensuite, direction Paris pour parfaire ses études. Claudia Mazzocato y effectue deux séjours de six mois chacun. «C’est à ce moment-là que la direction du CHUV m’a deman-dé de diriger un groupe de réflexion pour la création d’un service de soins palliatifs. J’ai proposé de créer une équipe mobile, se déplaçant tant dans les différents services de l’hôpital qu’au domicile des malades.» Une année plus tard, sa proposition est acceptée.

le téléphone sonne. C’est l’un de ses patients. «ils peuvent m’appeler à toute heure. Un médecin disponible est un élément essentiel pour des personnes confrontées à une

maladie grave. la douleur n’attend pas.» en ce moment, Claudia Mazzocato est occupée la plupart du temps par des consultations au Service d’oncologie ambulatoire.

la doctoresse élabore égale-ment des directives anticipées. «Dans ces documents, les personnes en fin de vie décident des soins à ne pas recevoir s’ils n’ont plus les capacités mentales pour prendre une telle décision le moment venu. ils parlent d’eux, de leur vie, mais aussi de leurs valeurs, tant sur le plan phy-sique que spirituel. Des liens forts s’établissent entre eux et moi, c’est très enrichissant. Pendant un entretien, j’ai une fois dit à un monsieur que je devrais payer cette consultation, pas lui. les patients et leurs proches m’apportent tant.»

Cette relation particulière additionnée à la réflexion médicale façonne le métier de Claudia Mazzocato. n’a-t-elle pas peur d’être un jour à la place du malade? «Bien sûr, j’y pense tous les jours. il me reste des craintes quant à la mort. et c’est aussi pour cela que je fais ce travail.» ⁄

Claudia Mazzocato travaille au Service des soins palliatifs du CHUV depuis sa création. elle y est maintenant médecin cheffe. TexTe: JUlien CAlliGARO

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cursus une carrière au chuv

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ecoute et disponibilité sont les maîtres mots pour répondre au mieux aux demandes des patients gravement malades. ainsi, Claudia Mazzocato se déplace souvent avec ses collègues au sein des différents services de l’hôpital pour suivre les patients plus précocement.

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cursus

Regrouper au cœur de la Cité hospitalière

chercheurs, médecins et patients pour élaborer des traite-ments personnalisés de lutte contre le cancer, c’est l’idée derrière le Swiss Cancer Center, lausanne (SCCl). le Centre de thérapies expérimentales (CTe), service du département d’oncologie du CHUV et tributaire clé du SCCl, deviendra lors de sa mise en opération complète en 2016 l’un des plus grands centres européens d’immunothérapie. «Chaque patient est différent. Parfois la solution utilisée pour A n’obtient pas du tout les mêmes résultats pour B», explique lana Kandalaft, directrice du CTe. Une situation qui laisse les médecins démunis face aux nombreux traitements disponibles sur le marché. Comment choisir la thérapeutique la mieux adaptée ou offrir des prises en charge au-delà des traitements stan-dards actuels? C’est la problématique sur laquelle se sont penchés les professeurs Georges Coukos, chef du département d’oncologie et lana Kanda-laft, arrivés au CHUV en 2012 en provenance de l’Université de Pennsylvanie.

Dans le souhait de fournir une thérapie personna-lisée, différentes approches d’immunothérapie seront donc développées au sein du CTe. Toutes se basent sur l’analyse de la tumeur, maintenue viable et en champ stérile, après avoir été extraite du corps du patient. Un axe consiste à créer des vaccins thérapeutiques à partir de cellules

prélevées. Une fois réinjecté, le vaccin apprend au système immunitaire à se défendre contre le cancer. il est parfois aussi possible de modifier génétique-ment les cellules du

patient, afin de les rendre plus efficaces face à la maladie. «Une technique qui a donné de très bons résultats aux etats-Unis», selon lana Kandalaft. D’autres analyses, développées en collaboration avec eric Raymond, Chef du service d’oncologie médicale du CHUV (voir «in Vivo» n°1) peuvent indiquer quels médicaments seraient les plus adaptés au type de cancer et au patient en question.

et pour la mise en œuvre? «la technologie existe, l’implanter ici est un énorme défi», confie Kim ellefsen, responsable opérationnelle du CTe et bras droit de lana Kandalaft. Si cette dernière prend les décisions stratégiques et veille à la communication autour du projet, Kim ellefsen gère le quotidien entre les parties impliquées. les fondements qu’apporte lana Kandalaft avec ses connaissances dans le domaine du cancer et de l’immunothérapie proviennent de son vécu à l’Université de Pennsylvanie; ceux de Kim ellefsen d’une expérience opérationnelle du CHUV et de sa ténacité face au challenge; elles forment à les entendre un «duo efficace». Qui sera d’autant plus crucial que le centre ne cessera de croitre: pour préparer entre 200 et 400 thérapies cellulaires pour tous types de cancers d’ici 2017, l’équipe passera de 45 à 80 personnes. ⁄

la spécialiste en immunothérapie lana Kandalaft et sa maître d’œuvre Kim ellefsen collaborent pour mettre en place le nouveau Centre de théra-pies expérimentales contre le cancer.TexTe: CAMille AnDReS, PHOTOS: eRiC DéROZe

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cursus une carrière au chuv

Page 76: In Vivo #4 FRA

cursus nominations

nOM MAZZOlAi PRénOM lUCiA fOnCTiOn Cheffe du Service d’angiologie

la Prof. lucia Mazzolai a été élue membre du groupe de travail «Peripheral Circulation» de la Société européenne de cardiologie. la Société européenne de cardiologie (european Society of Cardiology – eSC) compte 18 groupes de travail qui ont tous pour but de stimuler et de transmettre les connaissances dans un domaine cardiovasculaire spécifique. les collaborations entre les groupes de travail et avec les différentes associations de la eSC y sont vivement encouragées.

nOM CHABAne PRénOM nADiA fOnCTiOn Responsable du Centre cantonal de l’autisme

le Conseil de Direction Unil-CHUV a nommé la Dresse nadia Chabane au titre de professeure ordinaire, responsable de la Chaire d’excellence Hoffmann dans le domaine des troubles du spectre de l’autisme et du Centre cantonal de l’autisme. il s’agit du premier centre de ce genre en Suisse, fruit du partenariat de l’Unil et du CHUV avec le soutien de la fondation Hoffmann.

nOM leHn PRénOM iSABelle fOnCTiOn Directrice des soins

Madame isabelle lehn, actuelle directrice des soins du département de médecine, succédera à Madame Hélène Brioschi levi au poste de directrice des soins du CHUV, dès le 1er décembre 2014.

Mme lehn a, dit-elle, «grandi professionnellement au CHUV» et les faits en attestent: arrivée dans l’hôpital universitaire lausannois en 1989, isabelle lehn n’a, en tout et pour tout, quitté le CHUV que cinq petites années.

NoMiNaTioNs

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La nouvelle édition de ce minisympo-

sium qui aura lieu le 22 janvier 2015 à l’auditoire Alexandre Yersin réunira plusieurs experts internationaux et nationaux de grande qualité, parmi lesquels le Prof. Geoffrey M. Dusheiko de l’University College London et le Dr Harry R. Dalton de l’Université d’Exeter. Les inter-ventions se concentreront cette année sur les hépatites C et E. Informations et renseignements: [email protected] BT

7th Challenges in Viral HepatitisevéNeMeNT

Remarcher après une paralysie

Des chercheurs de l’EPFL sont parvenus

à faire remarcher un rat com-plètement paralysé en stimu-lant électriquement la partie sectionnée de la moelle épinière. Un nouveau laboratoire créé au CHUV va tester cette technologie sur des patients humains dès l’été prochain en utilisant une toute nouvelle plateforme d’analyse de la marche. Plus d’infos sur invivomagazine.com. BT

reCHerCHe

Page 77: In Vivo #4 FRA

Quel est votre parcours?Après avoir suivi une première formation d’inter-niste, je me suis très vite intéressée au métabo-lisme, cet immense et complexe ensemble des transformations chimiques qui se produisent dans le corps. et au fil de mes rencontres, notamment le Prof. M. Roulet à l’Unité de nutrition Clinique et la Prof. luisa Bonafé de la Division de pédia-trie moléculaire, je me suis décidée à étudier les erreurs innées du métabolisme.

De quoi s’agit-il?il s’agit de maladies génétiques qui provoquent le dysfonctionnement d’une ou plusieurs enzymes durant le processus de métabolisme. Ce sont des maladies rares, dans une majorité des cas il faut que les deux parents portent le «mauvais» gène pour qu’elles se déclarent. Chaque cas est différent, mais on peut les résumer en trois grandes familles: celles qui touchent le métabolisme énergétique, le métabolisme des petites molécules comme les protéines retrouvées dans l’alimentation, ou encore les macro-molécules.

et où vous a menée cette formation?A Genève, où j’ai suivi le cursus de spécialisation en endocrino-diabétologie auprès de Jacques Philippe, puis à Toronto au Hospital for Sick Children. Ce séjour est vite devenu un challenge professionnel

Christel Tran se consacre à l’étude et au traitement des maladies génétiques qui perturbent le métabolisme du corps humain.

MigraTioN

nOM TranPRénOM Christel AU CHUV DePUiS 2005TiTRe responsable consultation adulte avec erreurs innées du métabolismeaffiliation: Centre des maladies moléculaires (CMM) et le service d’endocrinologie diabétologie et métabolisme (eDM) depuis 2013

75

cursus une carrière au chuv

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WeB

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et personnel pour moi qui n’avais pas examiné d’enfants depuis l’école de médecine, sans compter la barrière linguistique et le changement culturel. Mais aujourd’hui je retire tous les bénéfices de ce que j’y ai appris.

pourquoi la consultation adulte n’a-t-elle ouvert que l’an passé?Jusqu’à récemment, l’issue était souvent fatale pour les enfants atteints par ces maladies. Mais grâce aux progrès effectués dans le domaine, la prise en charge auparavant purement pédiatrique de ces pa-tients s’inscrit dorénavant dans un vrai Centre enfant/adulte pour les maladies moléculaires (CMM). Ainsi nous nous occupons aujourd’hui d’environ 50 patients adultes qui mènent pour la plupart une vie tout à fait normale, en ayant un métier ou une famille. ⁄ BT

Page 78: In Vivo #4 FRA

contributeurs

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les

web

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Erik FrEudEnrEicherik Freudenreich a dirigé la réalisation de ce numéro de in Vivo au sein de l’agence largeNetwork. Journaliste, il écrit par ailleurs régulièrement des articles traitant de santé ou de sciences pour des magazines tels que «l’Hebdo», «Technologist», ou «Hémisphères». Pour ce numéro, il a rédigé le reportage sur la protonthérapie (p. 57).

PhiliPPE GétazPhilippe gétaz est photographe

au Cemcav, le Centre d’enseignement médical et de communication

audiovisuelle du CHUV. il s’est rendu à l’institut Paul scherrer à Villigen,

en Argovie, pour mettre en images le reportage consacré à la

protonthérapie (p. 57) et a réalisé le portrait de la diététicienne

Véronique Di Vetta (p. 26).

le supplément infographique «in extenso» consacré à «la science du jogging» a été primé à l’occasion du Prix suva des Médias décerné par la Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents. Notre collègue benjamin bollmann a remporté «le Prix Coup de cœur», créé spécialement cette année pour fêter le 20e anniversaire du Prix suva des Médias. la distinction récompense un travail particulièrement innovant et/ou surprenant par le thème, la forme et/ou le support médiatique.

in ExtEnso rEmPortE lE «Prix couP dE cœur» dE la suVa

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76

Page 79: In Vivo #4 FRA

in ViVoUne publication éditée par le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV)

et l’agence de presse largeNetwork

www.invivomagazine.com

sUiVez-NoUs sUr TwiTTer: iNViVo_CHUV

éditionCHUV, rue du bugnon 46

1011 lausanne, suisse T. + 41 21 314 11 11, www.chuv.ch

[email protected]

éditeurs responsablesbéatrice schaad et Pierre-François leyvraz

direction de projet et édition onlinebertrand Tappy

remerciementsAlexandre Armand, Aline Hiroz, Anne-renee leyvraz, Anne-Marie barres, Anne-Marie Vuillaume, bertrand

Hirschi, brigitte Morel, Cannelle Keller, Celine Vicario, Christian sinobas, Christine geldhof, Deborah

gonzales, Dagmar baroke, Damien weber, Denis orsat, Diane de saab, elise Mean, emilie Jendly,

enrico Ferrari, Fernando Mendes, Fiona Amitrano, gilles bovay, idris guessous, Jeanne-Pascale simon, Jocelyne bouton, Katarzyna gornik-

Verselle, laure espie, laurent Meier, lauriane bridel, lydia lederer, Manuela Palma, Marie-

Cecile Monin, Marite sauser, Massimo sandri, Muriel Cuendet-Teurbane, Muriel Faienza,

Nathalie Jacquemont, Nicolas Jayet, odile Pelletier, Pauline Horquin, Philippe Coste,

Philippe Dosne, serge gallant, sonia ratel, stephan studer, stephane

Coendoz, stephanie Dartevelle, Thuy oettli, Ulrike Kliebsch, Virginie bovet,

Valerie blanc, Veronique sechet et le service de communication

du CHUV.

partenaire de distributionbioAlps

réalisation éditoriale et graphiquelargeNetwork, rue Abraham-gevray 6

1201 genève, suisse T. + 41 22 919 19 19, www.largeNetwork.com

responsables de la publicationgabriel sigrist et Pierre grosjean

direction de projetMelinda Marchese

erik Freudenreich (ad interim)

direction graphiqueDiana bogsch et sandro bacco

rédactionlargeNetwork (Camille Andres, sara bandelier, Céline bilardo, benjamin bollmann,

Martine brocard, Clément bürge, Julien Calligaro, erik Freudenreich, Margaux Fritschy, olivier gschwend, Jean-Christophe Piot, Daniel saraga, Julie zaugg), Paule goumaz,

bertrand Tappy

recherche iconographiquesabrine elias Ducret et Joëlle Kercan

imagesCeMCAV (eric Déroze, Heidi Diaz, Philippe gétaz, gilles weber, Margaux zeender),

Martin Colombet, Christophe Delory, sébastien Fasel

mise en pageilina Catana, sébastien Fourtouill, romain guerini et Yan rubin

traductionTechnicis

impression PCl Presses Centrales sA

tirage17’000 exemplaires en français

3’000 exemplaires en anglais

les propos tenus par les intervenants dans «in Vivo» et «in extenso» n’engagent que les intéressés et en aucune manière l’éditeur.

Page 80: In Vivo #4 FRA

78

l’innovation pétillante

TEDxCHUV 2014Jeudi 13 novembre 2014de 14h00 à 18h00au Swiss Tech Convention Center Campus de l’EPFL - Lausanne

«l’intérêt est pour

la vie»

«une odyssée

sanguine»

«le cœurau centre

de tout»

prof. rené prêtreChef du Service de chirurgie

cardiaque, CHUVLes scientifiques considèrent le cœur

comme une pompe assurant la circulation du sang dans l’organisme.

Cardiologues et chirurgiens cherchent à préserver et à optimiser

cette incroyable source d’énergie. Pour les poètes, le cœur symbolise

ce que nous avons de plus précieux: l’amour et la vie. Un aperçu de la place centrale qu’occupe le cœur

dans notre corps... et dans notre vie.

prof. gian-domenico Borasio

Chef du Service des soins palliatifs, CHUV

Les soins palliatifs ne sont pas tournés vers la mort, mais vers la vie. Une

seule certitude: nous mourrons tous un jour. Dans une analyse

rétrospective, les patients en fin de vie partagent leurs impressions et nous donnent des leçons de vie.

prof. Jean-daniel tissotChef du Service régional vaudois de

transfusion sanguine Ma vie, ton sang. Le sang est porteur de mystères et de valeurs multiples,

au carrefour des mythes et des symboles. L’explorer est un voyage hors du commun, qui traverse les horizons biologiques, porté par le globule rouge, étrange poussière

d’étoile qui nous permet de respirer et de vivre.

Ces pages présentent une sélection des personnes qui s’exprimeront à l’occasion du TEDxCHUV 2014. Retrouvez la liste complète des intervenants et le programme détaillé sur www.chuv.ch/tedx et #tedxchuv (Twitter).

Page 81: In Vivo #4 FRA

79

dresse Jocelyne BlochMédecin associée au Service

de neurochirurgie, CHUVPouvez-vous imaginer que

nos cellules cérébrales, après un séjour en laboratoire, soient

réimplantées avec une mission précise? Favoriser la rémission de notre cerveau après un AVC.

dresse valérie d’acremontMédecin adjoint, PMU Lausanne

De quoi peut souffrir cet enfant? En Afrique, le personnel soignant est quotidiennement confronté à cette

question. Un dispositif muni de capteurs révolutionnerait leur travail, confortant leurs diagnostics, établis avec peu de ressources à l’appui.

dr Jocelyn cornicheChef de clinique au Service

d’anesthésiologie, CHUVChaque jour, des gens meurent, car il n’y a pas assez de dons d’organes. Votre smartphone peut contribuer

à résoudre ce problème.

18MinUTES MAxiMUM PAR oRATEURS PoUR PRéSEnTER LEUR SUjET

«les cellules

céréBrales autologues»

«nous ne sommes

pas des machines à

diagnostics»

«l’appli-cation

qui sauve des vies»

c’est quoi un ted?

Les conférences TED rassemblent les talents pour partager et discuter des idées

qui façonnent l’avenir. Les orateurs doivent relever un défi de taille: présenter leur

sujet en 18 MinUTES MAxiMUM.

TEDxCHUV donne la parole cette année à des chercheurs et cliniciens qui innovent

dans le domaine médical. Les discussions seront en français et en anglais.

Page 82: In Vivo #4 FRA
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ESPRIT CHUVDonner le meilleur de soi-mêmeToutes nos offres d'emploi sur www.chuv.ch

PROFIL-CHUV-PRINT-FR.pdf 1 27.05.14 15:46

aboNNEz-VoUs à

iN ViVo

le magazine est gratuit. seule une participation aux frais d’envoi est demandée.

recevez les 6 prochains numéros à votre domicile en vous inscrivant

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Page 84: In Vivo #4 FRA

Edité par le CHUVwww.invivomagazine.com

Penser la santéN° 4 – déCEmbrE 2014

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IN EXTENSO Les microbes

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céline lafontaine «le corps humain se vend en pièces détachées»

cerveau la science de l'optimisme

chirurgie le Botox au secours des migraineux

10 pages de conseIls nutrItIonnels

maNgEr PoUr gardErla formE

in eXtenSo leS microBeS en nouS