il est temps de dÉfinir la frontiÈre en matiÈre de culture du viol, de sextage et de politique...

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IL EST TEMPS DE DÉFINIR LA FRONTIÈRE EN MATIÈRE DE CULTURE DU VIOL, DE SEXTAGE ET DE POLITIQUE PUBLIQUE Présentation dans le cadre de l’atelier webinaire du projet PraTIC : « Une action pour contrer la cyberviolence est-elle nécessaire ? » Traduit par : Katherine Macnaughton-Osler et Rachel Dupuis Shaheen Shariff, Ph.D. Professeure agrégée Faculté des sciences de l’éducation, Université McGill © Shaheen Shariff, Definetheline.ca - Projects on Cyber-bullying and Digital Citizenship, McGill University

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IL EST TEMPS DE DÉFINIR LA FRONTIÈRE EN MATIÈRE DE CULTURE DU VIOL,DE SEXTAGE ET DE POLITIQUE PUBLIQUE

Présentation dans le cadre de l’atelier webinaire du projet PraTIC :« Une action pour contrer la cyberviolence est-elle nécessaire ? »

Traduit par : Katherine Macnaughton-Osler et Rachel DupuisShaheen Shariff, Ph.D.Professeure agrégée

Faculté des sciences de l’éducation, Université McGill© Shaheen Shariff, Definetheline.ca - Projects on Cyber-bullying and Digital Citizenship, McGill University

Page 2: IL EST TEMPS DE DÉFINIR LA FRONTIÈRE EN MATIÈRE DE CULTURE DU VIOL, DE SEXTAGE ET DE POLITIQUE PUBLIQUE

Sois Sage (Van Praagh, 2007)

Le concept d’être « sage » – bon, avisé, prudent, conforme aux règles et aux attentes – se reflète dans le portrait de la personne dite raisonnable, en matière de droit privé et d’injustices civiles.

Le « plaisir » a comme limite la « sagesse » : l’épanouissement est limité par l’obligation de ne pas nuire à autrui. À mesure que les enfants apprennent à explorer leurs vies et leurs environs, ils prennent conscience graduellement des autres dans leur vie, et commencent à transiter du mode insouciant au mode soucieux des autres. L’obligation de se préoccuper des autres s’ajoute à la perception de soi, tout au long de l’enfance (Van Praagh, 2007:63).

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Dans quelle mesure sommes-nous « sages » lorsque nous composonsavec la violence sexuelle (violence physique, verbale, en ligne)?

La notion de la « personne raisonnable » ne semble pas s’être appliquée au problèmede la violence sexuelle envers les filles et les femmes, jusqu’à présent. Il reste bien desquestions :

• Pourquoi a-t-on permis que cela se poursuive?

• Pourquoi est-ce que les femmes sont/étaient réticentes à faire une plainte?

• Comment se fait-il qu’on reconnaît le problème et qu’on en parle maintenant?

• À quel point la « culture du viol » est-elle systémique et qu’en fait-on?

• Comment pouvons-nous nous mobiliser en faveur de la réduction et de l’éliminationde la violence sexuelle – en ligne et hors ligne?

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Des questions sur le rôle du droit et des médias

• Quel est le rôle des médias (médias actuels et possibles) dans le fait ou non d’éduqueret de braquer les projecteurs sur la problématique de la violence sexuelle?

• Quel est le rôle (actuel et possible) des médias sociaux dans l’intervention en matièrede violence sexuelle?

• Pourquoi les lois et les recours légaux ont-ils été si peu efficaces dans la protection desfemmes et des filles?

• De quelle façon définissons-nous la frontière afin de se frayer un chemin équitable àtravers la libre expression, la confidentialité, la protection, la reddition de comptes, laculpabilité, les procès en bonne et due forme, la sécurité et la transparence?

• Il est important de définir la frontière entre le procès par le public et le procès autribunal.

• Les frontières sont floues en matière des paramètres du consentement.

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Des éléments communs : intimidation / cyberintimidation et violence sexuelle

• L’intimidation est enracinée dans la discrimination – présence très fréquente de misogynie et desexisme;

• De quelle façon la « culture populaire » et la « culture du viol » influencent-elles les normessociales de communication en ligne entre enfants et adolescentEs de 9-12 ans et de 13-17 ans?

• De quelle façon les jeunes définissent-ils/elles la frontière entre la cyberintimidation sexualiséeintentionnelle et les farces ou les comportements non intentionnels qui sont considérés commeétant consensuels?

• De quelle façon les enfants définissent-ils/elles la frontière entre les espaces publics et les espacesprivés?

• Pourquoi les enfants hésitent-ils/elles à signaler la victimisation – et comment leurs raisonsressemblent-elles à celles des femmes qui sont réticentes à signaler des abus sexuels?

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L’exemple des adultes et l’effet sur les enfants

Des éléments systémiques d’influence qui peuvent répondre à quelques-unes des questions ci-dessus :

1. Des exemples récents de vedettes et de leaders adultes qui sont des modèlesnégatifs;

2. Jeunes adultes – la culture du viol dans les universités;

3. Des exemples de cas d’intimidation sexualisée qui impliquent des adolescentEs et des jeunes adultes

– Notre recherche auprès

• D’adolescentEs (13 – 17 ans);

• D’enfants (9 – 12 ans)

• La législation émergente – projet de loi C-13 et l’usage impropre des lois sur la pornographie juvénile.

• Des recommandations en matière de politiques et de pratiques pour un véritablechangement.

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La violence sexualisée : des adultes en position de leadership

• Le viol est utilisé en tant qu’arme de guerre (conflits actuels au Moyen-Orient et en Ukraine);

• Le harcèlement sexuel au Parlement canadien (récent);

• Le sexisme et le viol de Sheila Copps, première députée à le signaler.

• La culture du viol au sein des :

– Universités (Special Report, CBC, émission The National, octobre 2014);

– Institutions : p. ex., l’hôte vedette de l’émission « Q », Jian Gomeshi – violence sexualisée;

– La culture populaire : p. ex., l’humoriste Bill Cosby – des allégations d’avoir droguéet violé sept femmes connues par son milieu de travail ou son réseau social;

– Des farces misogynes formulées par des humoristes – pratique courante;

– « Slut-shaming » (faire honte aux femmes) – déshumanise les victimes et les revictimise à travers le partage de photos du viol.

IMPACT

– Suicides, perte d’emploi ou de carrière, faible estime de soi, problèmes de santé mentale – les femmes et les filles continuent à en faire les frais.

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La violence sexualisée : adultes en position de leadership

• La plupart des femmes/filles victimes sont réticentes à dénoncer, à prime abord :

– S’attendent à ce que personne ne croit leur parole face à une vedette;

– « Victim blaming » (la victime est blâmée) « elle l’a cherché »

– Crainte du « slut-shaming » en cour et par le public (l’exemple de Steubenville aux É-U., et le cas de Maple Ridge en Colombie-Britannique);

– Manque de confiance en le système de justice criminelle – rien ne sera fait (voirhttps://twitter.com/search?q=%23AgressionNonDenoncee&src=tyah; https://twitter.com/search?src=typd&q=%23BeenRapedNeverReported;http://16dayscwgl.rutgers.edu/ );

– Peur des représailles si les accusés sont relâchés de prison ou ne sont pas reconnuscoupables (un faible pourcentage de condamnations – la plupart des violeurs passent trèspeu de temps en prison) – voir : http://www.theglobeandmail.com/news/national/why-women-who-are-sexually-assaulted-remain-silent/article21414605/?page=all)

• Celles ayant le courage de s’identifier en ont mobilisé d’autres.

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Équilibre entre l’opinion publique et la justice

Réponses : jongler entre la sécurité, la vie privée, les procès en bonne et due forme et la culpabilité :La cour de l’opinion publique :• Réponses institutionnelles : « Board of Internal Economy » - Parlement; administration

universitaire;• Préoccupations d’ordre privées, réponse en réaction• Pas de politique claire ni de procédures définies, pas de code de conduite.Le tribunal :• Procès en bonne et due forme pour les victimes et les auteurs des crimes;• Techniques de contre-interrogatoire de victimes de viol doivent être revues;• Droit à la vie privée et à la réputation de toute personne impliquée;• Hypothèses judiciaires concernant les séquelles du tort sexuel et psychologique souvent

peu en contact avec la réalité;• La police blâme souvent la victime – présomption que la femme/fille a cherché son

agression;• Peu de balises claires en matière de politiques ou de lois quant aux abus sexuels en ligne,

le harcèlement et la diffusion non autorisée d’images intimes ou de vidéos de viol;• Projet de loi C-13 controversé, car donne trop de pouvoir de surveillance à la police.

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Les normes et la perception du mal se sont transformées avec l’avènement d’Internet :

- Tolérance plus élevée pour les insultes d’ordre sexuel, les insultes, les farces, les mauvais coups, et l’objectification des femmes par les humoristes, les émissions de TV, dont la télé-réalité, les films, ainsi que par les jeux en ligne, souvent violents et propulsés par les hommes;

- Moins d’empathie quant à l’impact physique ou psychologique à long-terme;

- Moins de reconnaissance des frontières entre les espaces publics et privés en ligne;

- Moins de prise de conscience des risques juridiques (surtout chez les adolescentEs);

- Cautionnement implicite du sexisme dans toutes les spères de la société.

– Les filles reçoivent des messages confus à propos de l’affirmation de leursexualité (p. ex., par les vedettes - Lady Gaga, Miley Cirus)

– « Culture du viol sur le campus » ou « culture du viol normalisée »– Des femmes/féministes leaders qui réussissent à nommer les abus sexuels (p. ex.

Sheila Copps, Emma Watson).

Les médias sociaux et numériques permettent une analyse approfondie, une réponse rapideet la collaboration en vue de contrer ces tendances sociales, de faire de la défense des droits et l’action sociale.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

Le sexisme normalisé

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Le leadership étudiant à l’Univ. d’Ottawa

• Des témoignages choc de la culture du viol ont fait surface au sein du leadershipétudiant à l’Université d’Ottawa, dans la capitale du Canada, plaque tournante dudroit et de la politique.

• Extrait de l’échange en ligne au sujet de la présidente du conseil étudiant à l’Univ.d’Ottawa, AMR. Citations du blogue The Belle Jar (Source: http://bellejar.ca/2014/02/28/rape-culture-at-the-

university-of-ottawa/retrieved April, 26, 2014) Consulté le 26 avril 2014):

BT[étudiantE non-éluE] : Laisse-moi te dire quelque chose maintenant : la présidente tri-fluvienne va me s…r dans sa chaise de bureau et après, je vais la f…..r dans le c.l sur lebureau de P[M].

AL [vice-président social pour l’association étudiante en criminologie]: Quelqu’un, punissez-la avec votre verge.

AG [conseil d’administration de la fédération étudiante de l’U. d’Ottawa]: Ben Christ, sivous f…..z AM je vais vous acheter une bière.

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Contexte : culture populaire, « culture du viol »

D’autres exemples de la culture du viol sur les campus :

La chanson des initiations à l’Université St. Mary’s : http://www.youtube.com/watch?v=3IUQsrmWkrU

« Date rape » (le viol de rendez-vous) – les filles droguées et filmées, diffusion des films.

• La législation « Yes Means Yes » (un « oui » c’est un « oui ») en Californie, à la suite de viols sur des campus (CBC, émission The Current, 2014)

• La notion du consentement : le défi de définir les frontières entre un oui et un non.

• Confusion en matière des normes de conduite lorsque des points de vue et des farces misogynes sont normalisés et acceptés en tant qu’éléments d’uneconversation normale de la vie quotidienne.

• La résistance est perçue comme étant trop « politiquement correcte ».

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Des cas bien connus d’harcèlement sexuel d’adolescentes en ligne

Décision impulsive? : jeune femme de 16 ans de Maple Ridge, C.-B., victime d’un viol collectif et filmé. Jeune garçon de 16 ans a partagé la vidéo avec un ami plus âgé afinque ce dernier la diffuse sur Facebook.

Condamnation : Rédiger un texte sur le mal qu’est Internet.

Suicide:

• Amanda Todd, jeune fille de 14 ans. Un adulte pédophile, un « capper » qui faisaitde l’extorsion sur Internet, a diffusé des photos semi-nues de Todd. Intimidée par ses camarades de classe.

• RP, une jeune de 17 ans en Nouvelle-Écosse, a été la 7e dans la province à se suicider suite à s’être faite droguer et violer, avec la vidéo du viol diffusée en ligne.

• Le cas Steubenville (aux É-U.) lui ressemblait car la victime était intoxiquée par l’alcool.

Québec – Accusations de production, possession et diffusion de pornographie juvénile

• Dix garçons de Laval (11 à 13 ans) – encouragaient leurs camarades de classe filles àfaire du sextage sur Snapchat et diffusaient des images. En attente d’un procès.

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Amanda Todd

• Un adulte « capper » qui faisait de l’extorsion sur Internet, a diffusé en ligne des photos d’Amanda semi-nue.

• Photographie distribuée parmi ses camarades de classe sur les médias sociauxlorsqu’elle a refusé de se soumettre à l’extorsion – résultat : intimidation.

• A diffusé une vidéo avec des messages au sujet de sa situation pénible, avant de se suicider.

• Les médias ont diffusé cette vidéo à répétition, ce qui donnait une license aux « cappers » et aux « trolls » pour poursuivre leur diffusion offensante après sa mort.

• Les camarades de classe devraient-ils/elles être déclaréEs coupables sous la loi au même titre que les « cappers »?

• Les jeunes diffusaient la vidéo en tant que farce, et ils faisaient du « slut-shaming », mais les « cappers » avaient pour motif la pornographie juvénile.

• Les parents et les médias de masse ont attiré l’attention pancanadienne et ont fait des appels pour une stratégie pour s’occuper de la cyberintimidation. Défaite au Parlement canadien.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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R.P.

• En Nouvelle-Écosse une adolescente droguée, violée et filmée. La vidéo a été diffusée sur les médias sociaux.

• La cyberintimidation s’en est suivie. R.P. s’est suicidée en 2013.• Ses parents mènent des actions pour modifier le Code criminel du Canada, le projet

de loi C-13• Son père s’implique dans un lobby concernant la Loi sur la cybersécurité de la

Nouvelle-Écosse.– Les victimes et les familles peuvent entreprendre des poursuites en ayant

recours à la responsabilité délictuelle, en vertu du droit.– Les parents sont tenus responsables des gestes commis par leurs enfants.

• Une vidéo de viol peut être stockée, récupérée et rendue disponible à des milliers de personnes, puis sa diffusion crée une « double victimisation ».

• Pendant l’affaire, une interdiction de publication de l’identité a été ordonnée par la cour. Son père voulait qu’on permette la publication de l’identité.

• L’adolescent qui a filmé le viol (aujourd’hui un adulte) a reçu une année de sursis. Le juge a expliqué que ce jeune est maintenant plus mature.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Maple Ridge : une blague ou enfreindre la loi?

Une fille de 15 ans a été droguée et violée. Un garçon de 16 ans a filmé la scène et l’a donné à un ami pour qu’il la publie sur Facebook.

• Accusé de distribution de pornographie juvénile

• Intention criminelle ou l'intention d'embarrasser?

• Le juge l'a condamné à écrire un essai sur le mal que représente Internet

• L’intention concernant la pornographie juvénile hard core (cappers) est très différente -il s’agit de l'abus sexuel et l'exploitation des enfants pour le plaisir des adultes et l'extorsion.

• Équilibre - intention de « divertir les autres » et « intention de nuire » par des jeunes immatures.

• Bien qu'il ne l’ait pas violé physiquement, il était complice en ne s’étant pas déclaré à la police.

• Il la « revictimise » en ligne.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Définir la frontière : Les natifs du numérique, que disent-ils ?

Depuis 5 ans, la présente recherche qualitative a été menée à l’aide de sondages et de groupes de discussion :• 1088 enfants (8-12 ans) et adolescents (13 à 18 ans);• En connaitre plus sur l'utilisation des médias sociaux dans les universités;• Sensibiliser les forces du maintien de l’ordre et les procureurs; et• Réviser les décisions rendues par les tribunaux pour comprendre les réflexions que

portent les juges sur les comportements en ligne des enfants et comment ils pourraient appliquer de nouvelles lois.

Juxtaposition des différences et des déconnexions entre :• Comment les enfants et les jeunes adultes perçoivent leurs responsabilités sociales

dans la communication en ligne;• Comment la communauté juridique perçoit leurs responsabilités légales pendant la

communication en ligne.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Raisons pour lesquelles les jeunes (13 – 18 ans)font de la cybertintimidation sexualisée :

61%

4%

7%

17%

10%

1%For fun

Jealousy

Othering or todiscriminateRetaliation

Status

To compete

To vent

• 61% - pour plaisanter (amusant, inoffensif)

• Confirme que le seuil normatif des communications en ligne a changé

Les groupes de discussion ont permis d’examiner comment des indices et des relations symboliques peuvent aider à définir la frontière :

Les gens aiment ajouter des abréviations, comme « lol » ou « jk »... De cette manière, l’intention est présentée comme une blague, un commentaire à ne pas prendre au sérieux.

Page 19: IL EST TEMPS DE DÉFINIR LA FRONTIÈRE EN MATIÈRE DE CULTURE DU VIOL, DE SEXTAGE ET DE POLITIQUE PUBLIQUE

Conscience des conséquences juridiques potentielles :8 – 12 ans

58%

3%3%

2%

18%

5% 11%

Yes

But internet hides identityand makes us feel safe to saywhat we want But they don't know all theconsequences

But think it will remainprivate

Don't care

Meant to be a joke and orharmless

Only after the fact

Question : Pensez-vous que les jeunes d'aujourd'hui réfléchissent à leurs actions quand ils envoient un texto ou courriel qui pourrait blesser quelqu'un d'autre?

• 18% des participants pensaient que malgré le fait que de nombreux jeunes étaient conscients des conséquences de leurs actes, qu’ils ne s’en préoccupent pas et qu’ils vont publier ce qu’ils veulent de toute façon.

• Cette statistique inquiétante pourrait être rectifiée grâce à des programmes de littératie juridique renforcés.

• 11% des participants croient que les enfants comprennent les conséquences, mais que parfois ils les reconnaissent après coup, quand il est trop tard.

Page 20: IL EST TEMPS DE DÉFINIR LA FRONTIÈRE EN MATIÈRE DE CULTURE DU VIOL, DE SEXTAGE ET DE POLITIQUE PUBLIQUE

Conscience des conséquences juridiques potentielles:13 – 18 ans

50%

2%

1%

1%9%

37%

Yes

But internet hides identity andmakes us feel safe to say whatwe wantBut they don't know all theconsequences

But think it will remain private

Don't care

Meant to be a joke and orharmless

Only after the fact

Question : Pensez-vous que les jeunes d'aujourd'hui réfléchissent à leurs actions, quand ils envoient un texte ou un courriel qui pourrait blesser quelqu'un d'autre?

• 37 % des participants ne s’en soucient pas et enverront le message indépendamment.

• Cette statistique précitée indique qu’il faut trouver des moyens ciblés pour les amener à se soucier de ce qu’ils affichent en ligne.

• Près de 10 % comprennent les conséquences, mais ont des problèmes pour reconnaitre le contexte. Par exemple : faire une blague qui finalement sera prise au pied de la lettre.

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Aperçu de l'empathie : histoire de Dana

99%

1% Dana does havethe right toobject to Louiseposting her photoonline withouther permission

Dana does nothave the right toobject to Louiseposting her photoonline withouther permission

Mise en scène : À la fête de Louise, Dana a bu jusqu’à ce qu’elle soit inconsciente. Louise a été incitée à prendre une photo d'elle et à la partager avec les autres en ligne.

Question : Est-ce que Dana a le droit de s’opposer à ce que Louise publie sa photo en ligne sans sa permission?

99 % des participants ont répondu que Dana a le droit de s’opposer

Préoccupation pour la vulnérabilité affiche de l’empathie

Lorsqu'on leur a demandé de commenter la première histoire, les élèves ont écrit :

"Je ne pense pas que ce soit juste ou équitable, parce que la personnedont la vie privée a été violée n’avait pas le choix."

"On ne devrait pas profiter des gens quand ils sont ivres."

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Aperçu de l'empathie : histoire de Angee

52%46%

2%Angee does have theright to object toBrian sharing herphoto without herpermission

Angee does not havethe right to object toBrian sharing herphoto without herpermission

Unanswered

Mise en scène : Angee a envoyé à Brian une photo sexuellement explicite, qu'il a plus tard envoyée à d'autres.

Question: Est-ce que Angee a le droit de s’opposer à ce que Brian partage sa photo avec les autres sans sa permission?

GRANDE DIVERGENCE : SEULEMENT 52 % PENSENT QU’ELLE A LE DROIT DE S’OPPOSER

Ici, nous devons examiner les questions de pouvoir personnel et de normativité

D'une certaine manière, l'action physique d'envoyer une image de soi détruit son droit à la vie privée,indépendamment des intentions de chacun dans l’échange de l'image ou du texte entre l'expéditeur etle destinataire.

Les participants ont commenté :Elle [Angee] ne mérite pas le respect, son comportement est honteux et nécessite une punition.

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Améliorer la littératie juridique pour adultes et enfants

L’ancien juge en chef de la Cour suprême du Canada, Bora Laskin (1977):

I’m very much concerned about the lack of education in the legal process in our schools, up to and including university. It’s very important to have a citizenry which is socially literate and social literacy to me involves some appreciation of the legal system. There isn’t a single act that any government can do that does not have to find its course in the legal system. It’s just as important that our people have some appreciation of the law as they should of English or French literature or economics. I hope that our educational authorities will pay attention to this.

(cité dans Shariff, 2003, thèse de Ph.D).

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Recommandations politiques : Que peut-on faire?

• Intégrer la littératie juridique et l'éducation aux médias à tous les aspects de la formation des enseignantEs et le développement professionnel, l'université et les programmes scolaires;

• Sensibiliser et éduquer la communauté législative aux hypothèses concernant les questions juridiques - en particulier la police, les procureurs, les avocatEs, les étudiantEs ainsi que les juges;

• Dénoncer et plaider contre le pouvoir et l’inégalité des genres dans toutes les institutions gouvernementales;

• Dénoncer le langage androcentrique, la comédie misogyne, les jeux, les médias de cinéma, la publicité, la célébrité, la modélisation;

• Le mouvement « Yes means Yes »- parce que « No means no » est mal compris;

• Renforcer le droit à retirer son consentement, même après avoir dit oui.

• Enseigner l'histoire des luttes féministes et de la violence sexuelle comme un instrument de pouvoir pour maintenir les femmes à leur place.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Améliorer la littératie pour adultes et enfants

Durabilité numérique, juridique et littératie médiatique :

Il est essentiel d'engager toutes les générations de jeunes ayant des habiletés numériques (DE générations) auprès des adultes dans une meilleure compréhension des enjeux.

Engager des ingénieurs en logiciel, des développeurs de jeux; des sociétés de médias sociaux, des médias, des journalistes, des cinéastes, des humoristes, des écrivainEs, des universitaires, des acteurs et actrices et la communauté juridique - dans la définition de nouvelles normes :

• Continuer à braquer les projecteurs sur ces questions - faire des films sur la culture du viol, documentaires, pièces de théâtre, de dialogue et débats;

• Réduire l’objectification sexuelle des femmes - réduire la culture du viol;

• Identifier la ligne entre plaisanteries inoffensives et le harcèlement sexuel offensant;

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Lobbying dans la communauté juridique etl’engagement des médias sociaux

Ministère de la Justice, les écoles de droit, les systèmes judiciaires :

• Évaluation du slut-shaming, y compris les techniques de contre-interrogatoire au tribunal devraient être révisées;

• Revoir les normes juridiques imposées aux enfants et tolérées chez les adultes.

Les médias sociaux et les nouveaux médias peuvent être des mobilisateurs puissants pour le changement - encourager plus « d’espaces sécuritaires » sur les pages de médias sociaux, les sites Web, blogues - contre la misogynie.

Répondre au slut-shaming, au langage misogyne et aux actions sur les médias sociaux et y formuler des réponses courtes, mais efficaces;

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Mobiliser les connaissances – Attention soutenue

• Rendre la violence sexuelle en ligne socialement inacceptable pour les enfants – cen’est pas « cool » d’en distribuer, ou d’en regarder, d’en filmer, de la soutenir;

• Expliquez aux filles les conséquences du sextage, même si elles ne font qu’essayerde promouvoir leur identité sexuelle;

• Développer des vidéoclips d’information publique et des publicités comme cellesdes MADD (Mothers Against Drunk Drivers) sur la conduite en état d’ébriété – lechoc est une plus-value – pour comprendre que la violence sexuelle n’est pas drôle.

• Travailler et apprendre auprès des enfants forts dans le numérique (DE Kids) – lesimpliquer dans le développement des applications, des vidéos, des scénarios, desprojets d'écriture autour de ces questions; et qui luttent contre la misogynie - peut-être qu'ils peuvent créer un nouveau lexique.

• Engager les enfants dans une réflexion sur la sexualité, le sextage, la violencesexuelle et les rapports - offrir des espaces sûrs pour le dialogue.

© Shaheen Shariff, Ph.D.

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Des approches de politiques durables

© Shaheen Shariff, Ph.D.

Définir les frontières de la violence sexuelle

Sensibiliser la communauté légale

et faire face aux obstacles

systémiques

Politiques informées,éducation publique Responsabilité systémique,

sociale et individuelle

Yes means yesNo means no

Protéger la vie privéedes victimes Mettre au défi le statu quo

Questionner les pratiques juridiquesQuestionner les idées acquises

Se lancer dans les médias sociauxSe lancer dans les médias de masse

Défier les enfants de contrer

Lois peu efficacesMauvaise application

des lois

Le biais de la police, des avocats etdes instances judiciaires

Slut-shamingLe blâme aux victimes

Manque de politiqueset de procédures claires

Les normes soutiennentles farces dénigrantes,

les rumeurs, les insultes,l’abus est soutenu

Manque de cohérenceManque d’action

Cautionnement implicite

Acceptation de la misogynie comme quelque

chose de drôle