tchakhotine serge - le viol des foules par la propagande politique

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« Le viol des foules par la propagande politique » est l’ouvrage le plus complet jamais publié à ce jour sur les techniques de manipulation des masses par la propagande.Méthodique, dense, abondamment documenté, cet ouvrage donne toutes les clés permettant de comprendre comment le pouvoir politique, en démocratie comme en dictature, peut guider l’opinion publique aussi imparablement qu’un caniche au bout d’une laisse. Il énumère avec un grand luxe de détails les nombreux ressorts dont dispose la propagande politique : l’intimidation par les symboles, les saluts et les gestes symboliques, la musique, les rassemblements immenses, les mots d’ordre et les slogans, l’efficacité de leur répétition à l’infini.Pour aboutir à ses conclusions, son auteur, Serge Tchakhotine, s’est appuyé sur les travaux de Gustave Le Bon, de son maître Pavlov, des behavioristes, mais aussi sur sa connaissance et son expérience personnelle de la propagande.Tchakhotine n’est en effet pas seulement un théoricien, c’est également un militant engagé qui a tenté de contrer la propagande hitlérienne en Allemagne pendant la montée du nazisme. C’était le chef de la propagande au « Front d’Airain » (Eiserne Front). Contre l’opinion de la direction de son parti, il a mis en œuvre des techniques de contre-propagande d’une grande efficacité : contre slogans (freiheit!), épigrammes, contre symboles (les 3 flèches), manifestations savamment organisées et mises en scène. Les zones où ces techniques ont été mises en œuvre sont celles ou le parti nazi a enregistré ses scores les plus faibles. Qui sait si soutenues, multipliées, et étendues à l’ensemble du pays, elles n’auraient pas changé le cours de l’histoire ?L’histoire de la parution de ce livre n’est pas banale non plus. Lorsqu’il reçoit les premières épreuves de l’édition française de son livre, qui paraît deux mois avant le déclenchement de la guerre, il a la surprise de se rendre compte que tous les passages désagréables à Mussolini et à Hitler y ont été supprimés ! La dédicace dont il l’avait accompagnée : « Je dédie ce livre au génie de la France à l’occasion du 50ème anniversaire de sa Grande Révolution. » a également disparu. Il découvre ensuite que cette censure vient du ministère des affaires étrangères, dirigé alors par George Bonnet. Pour la dédicace à la Révolution Française, on lui explique que c’est « démodé », en plein 150ème anniversaire ! En Allemagne le livre est interdit en 1940.Réédité et augmenté en 1952, le livre de Serge Tchakhotine, 61 ans plus tard, n’a pas pris une ride, et l’on peut d’autant plus regretter qu’il ne soit pas plus lu, connu, et débattu, qu’à l’inverse il constitue une référence majeure, quasiment un manuel, pour les ingénieurs sociaux, spin doctors, et propagandistes aujourd’hui. Destiné à prévenir les foules du viol dont elles sont victimes par la propagande politique, il a plutôt servi jusqu’à maintenant à rendre encore plus efficaces les systèmes de manipulation et de mensonge organisés, en particulier dans les démocraties occidentales.

TRANSCRIPT

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    LE VIOL DES FOULES PAR

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    SERGE TCHAKHOTINE

    PAR LA PROPAGANDE POLITIQUE nouvelle 'dition revue et augmente

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    GALLIMARD

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  • Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction rservs pOUl' tous les pays, y compris l'U.R.S.S.

    Editions Gallimard, 1952.

    Je ddie cette uvre la mmoire de deux hommes qui m'ont inspir dans son accomplissement : mon grand matre

    1. P. PAVLOV, le gnial chercheur des mcanismes sublimes de la pense,

    et mon grand ami H. G. WELLS,

    le gnial penseur de l'avenir.

  • L'alliance entre la Science et les travailleurs, ces deux p6les extrmes de la Socit, qui par leur union peuvent librer. de toute entrave la civilisation - voil le but auquel j'ai dcid de vouer ma vie fu,squ' mon dernier souf fiel

    Discours sur La Science et le Travait de Ferdinand Lassalle.

    Ce doit tre ncessairement l'1-tvre, en premier lieu, d'wn Ordre d'hommes et de femmes, anims d'esprit combatif, religieu-sement dvo~ts, qui s'efforceront d'tablir et d'imposer une nouvelle forme de vie la race humaine.

    Phrase finale du livre de H. G. Wells The shape of things to come, the ultimate revol1ttion. (Le modle des choses venir, l'ultime rvolution.)

  • AVANT-PROPOS

    Ce livre a dj une histoire quelque peu mmwemente. Di la parution de sa premire dition en France en I939, deux mois avant la guerre, ne s'est pas faite sans incidents. Aprs toutes les corrections, l'auteur reut les dernires preuves -pour signer le bon tirer- q~ti n'taient pas accompagnes des preuves corriges prcdemment; sa grande st~tPeur, il constata que le livre avait t, entre temps, censur (en France/ o la censu,re n'existe pas) : tous les passages dsagrables MM. Hitler et Mussolini y taient sttpprims (et ceci de~f.X mois avant la guerre!), de mme que la ddicace, ainsi libelle : >! Et ceci en anne o le monde entier ftait cet anniversaire!

    Sur sommation de l'auteur, qu,i, fort de la loi franaise, a ragi, les phrases et les ides supprimes furent remises en place et le livre parut so~ts sa forme d'origine. Mais deux mois aprs sa parution, alors que la guerre tait d7. dclare, la police de Paris faisait une rafle du livre dans les librctiries. Enfin, en rg4o, les Allemands, ayant occup Paris, le confis-qurent et le dtruisire1~t.

    Entre temps des ditions anglaises (entre autres une popu-laire, faite par les ditions du, Labmtr Party), amricaines et canadie1mes, ont rt!pandu les ides nonces, et aprs la guerre une nouvelle dition franaise s'imposa. Elle parat donc tota-lement rev~te et amplifie, vu que depuis , la science de la psy-chologie obt"ective, base de ce livre, avait accumul une foule de nouveaux faits de premire importance et que les vnements politiques avaient chang notablement la face dtt monde. L'au-teur a cm utile de munir cette nouvelle dition d'-tme vaste biblio-graphie, d'illustrations qui facilitent la comprhension des faits et des lois scientifiques noncs, d'tm copie~tx index per-mettant ttn meilleur reprage des noms d'aute14r. et de pro-blmes.

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    I2 AVANT-PROPOS

    On pourrait peut-tre reprocher l'auteur de ne pas s'tre limit exposer les ides et les dmonstrations scientifiques essentielles du principe du viol psychique des masses ll, mais de s'tre hasard de faire appel l'actualit politique du mo-ment historique que nous vivons et mme de prendre posi tion (un critique, d'ailleurs bienveillant, lui a reproch d'tre sys-tmatique ) . Pour sa 1'usti fiCation, l'auteur voudrait dire que, de son avis , la meilleure dmonstration de la justesse des ides nonces, qui transforme l' 11 hypothse )) en c1 thorie , est pr-cisment la possibilit d'apporter des pre~wes tires du pass (dans ce cas, par exemple, l'histoire de la lutte de 1932 en Alle-magne) et des bauches de l'avenir corroborant ces ides; suivant logiquement l'application des lois nonces, da1~s les ralisa-tions prsumes, on peut vrifier la valeur des premires.

    D'autre part, l'analyse du vcu actuellement, au moyen de normes nouvelles en question, donne l'impression du INTRODUCTION

    La dfaite des dmocraties. - Buts de la culture humaine. - Le danger de sa destruction. - Le salut. - La thse rvolutionnaire. - La thse scimtijique rMliste.

    ..

    Pour lgitimer leurs conqutes, les dictateurs faisaient souvent valoir qu'elles se sont effectues pour la plupart pacifiquement, ou, tout au moins, sans emploi de violence physique. Ce n'est vrai qu'en apparence ; l'absence de guerre n'empche pas l'emploi d'une violence non moins relle qu'est la violence psychique.

    La menace - les discours de Hitler - associe la vue de l'arme meurtrire - la mobilisation de l 'arme allemande - voil la formule exacte, selon laquelle les dictateurs modernes exercent la violence psychique : c'est prcisment ce qui s'est pass, par exemple, en Europe en septembre 1938, ce qui a amen la capitulation des vieilles dmocraties euro-pennes Muni ch.

    Nous avons ralis un armement tel que le monde n'en a jamais vu - je peux l 'avouer ouvertement maintenant .

    J'ai, en ces cinq annes, arm effectivement. J'ai dpens des milliards et quip les troupes avec les armes les plus modernes. Il

    (( Nous avons les meilleurs avions, les meilleurs tanks ... Ce sont des phrases du discours du chancelier Hitler,

    au Palais des Sports Berlin, le 27 septembre 1938, discours adress au monde entier l'coute.

    J'ai donn l'ordre d'riger des forteresses gantes en face de la ligne Maginot franaise JJ, dclarait-il au milieu des hurlements approbateurs de la foule nazie Nuremberg.

    ct Le poignard ~ voil notre meilleur ami >J, dclarait cyni-quement Mussolini ; une carabine au-dessus d'un livre -

  • I4 INTRODUCTION

    tel tait le symbole qu'il donna la jeunesse universitaire italienne.

    Que prfrez-vous, du beurre ou des canons? deman-dait-il une foule lectrise, en dlire, qui rpondait, hbte, des canons! .

    La paix , de la paix ,

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    I6 INTRODUCTION

    de la deuxime guerre mondiale. On n'a pas eu le courage d'aller de l'avant, on regardait en arrire - et ceci vaut pour tous les pays. Le sursaut de la rsistance a t gch partout. Une nouvelle et vritable rvolution se prpare, elle gronde dans les entrailles de tous les peuples; un malaise se manifeste, et c'est prcisment l un rflexe collectif contre la tentative d'imposer la marche de l'humanit une direction oppose son volution naturelle, qui est caractrise par la rencontre dans le temps des progrs mat-riels et de la soif de libert.

    Mais cette rvolution imminente, comment doit-elle se faire? L rside toute la question. Doit-elle tre une explosion lmentaire, balayant tous les obstacles sur sa route, empor-tant dans un tourbillon les conqutes que le progrs humain a accumules sur un rythme toujours plus acclr en ces derniers temps? Ou bien, doit-on et peut-on canaliser le flot imptueux, le mener bon port sans trop de sursauts, sans la destruction de nerfs vitaux , sans effusion d'un sang prcieux, sans une guerre moderne - cauchemar affreux de. notre temps, consquence des progrs techniques rcents.

    Eh bien, oui, cette possibilit de rvolution

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    LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    Les sciences .de l'Homme. - Le systme des scienccs. - La place de la psychologie. -Le behaviorisme. - Pavlov et la psychologie objective. - La th.ol'ie des 1'fiexes conditionns. - - La signali-sation psychique. - L'inhibition. - L'irradiation et la concen-tration. - Les analyseurs. - Les Localisations crbrales. -Les rflexes du ze degr (greffs). - Acteurs >> et Spectateurs>>. - Le sommeil. - La suggestion. -- Le rflexe de but. - Le rflexe de libert. - Les caractres. - La parole.-L'ordre imp-ratif. - La physiologie volzttive. - Les phnotnnes subjectifs. - Les factettrs humoraux. - La psychophysiologie compare. - Les ractions conditionnes chez les Protozoaires. - La micro-puncture ultraviolette. - La mmoire cellulaire. - Le systme des ractions de compo1tement. - Les instincts et les pulsions. - Les rflexes base de la pulsion combative. - Les quatre pul-sions et la sociologie.

    Le dcalage que nous observons aujourd'hui la source des dsquilibres contemporains est occasionn par un inqui-tant retard des sciences de l'Homme, qui lui donneraient le pouvoir sur lui-mme, par rapport aux sciences de la Na-ture, qui, en trois sicles, lui ont donn le pouvoir sur les choses. Puisque l'Homme, aprs avoir transform son milieu, commence pouvoir agir sur lui-mme, et en fait agit, la question se pose : comment rendre cette action inoffensive, et si possible fconde1 >>. Et puisque, ajouterons-nous, l'ac-tion humaine n'est autre chose qu'une consquence des pro-cessus biologiques, voire nerveux, qui se droulent dans chaque individu, il est clair que la question des activits humaines, de leurs formes et de leurs mobiles est du domaine de la science, connue sous le nom de psychologie.

    Entendons-nous : on peut considrer ce mot sous deux aspects. D'un ct, la psychologie introspective, qui parle du Moi >>, des

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    LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    branche de la pense humaine ait, sans doute, accumul, pendant des sicles, une foule d'observations et de rflexions de trs grande valeur, elle ne peut plus tre envisage comme une science ,, quivalente nos sciences exactes d'aujour-d'hui : la physique, la chimie et mme la physiologie. L'ana-lyse et la synthse scientifiques ne peuvent rien faire sans la notion de l'enchanement, de la causalit, et il est clair que dans le cas des tudes psychologiques classiques ou intros-pectives, la causalit ne peut tre mise en jeu avec la rigueur exige ncessairement par les sciences exactes.

    Il faut faire une distinction nette entre les types de penser qui s'imposent dans le discernement des aspects diffrents comme dans le cas prsent : il y a la pense anthropomorphe, qui assigne aux phnomnes naturels des . lments inten-tionnels (des buts), en partant de l'exprience que l'activit humaine, surtout sociale, est toujours accompagne de buts atteindre, et il y a la pense objective dans les sciences exactes, qui ne connat pas de finalit dans les phnomnes de la nature.

    Nous venons donc cette autre psychologie, qui a pris le nom de psycholo.gie oby'ective et qui est en liaison troite avec la physiologie, cette science du dynamisme mme des ph-nomnes vitaux qui ralise, de plus en plus, l'union de ceux-ci avec les phnomnes gnraux de la nature, objets des sciences exactes : la physique et la chimie.

    Ces sciences exactes ont pris de nos jours l'essor formidable que nous voyons chaque pas, grce deux lments essen-tiels qui les caractrisent : d'un ct, ce fut l'appel au dyna-misme de la raison, q ui cherche ramener l'unit les plura-lits que constate l'exprience de chaque jour, et de l'autre, la vrificat ion de la justesse de cette manire de penser pa~ une exprimentation ad hoc.

    Or, si nous voulons traiter de cette nouvelle psychologie objective ou physiologique, la premire question qui s'impose est celle de sa place exacte dans le systme des sciences biolo-

    g1ques. Freud (56) fait une distinction entre la psychologie et les

    sciences de la nature : pour lui, il n'y a que ces deux grands embranchements des connaissances humaines; dans la psy-chologie mme il distingue la psychologie individuelle et la psychologie sociale (ou psychologie des masses). Mais, la psychologie ne s'occupe que rarement de l'individu isol; dans le bagage psychique de chaque homme- tre social-les lments sociaux sont toujours prsents et dterminent son comportement tout moment. C'est pourquoi, selon

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    SYSTME DES SCIENCES 21

    notre avis, pour situer exactement la place de la psychologie comme science exacte, il faut partir d'un point de vue diff-rent, qui est celui de l'analyse logique qui puise ses bases dans la biologie mme.

    Les critres analytiques modernes qui permettent de diff-rencier les disciplines, rpondent aux deux questions pri-mordiales suivantes : comment ont volu les formes de la vie sur notre plante? et cc pourquoi ont-elles volu? . Dans le premier cas, c'est un intrt historique ou pisodique qui nous guide; on pourrait aussi dire que c'est notre besoin narratif qui cherche tre satisfait. Dans le deuxime cas c'est un intrt de fonction ou de causalit - besoin expli-catif. En correspondance avec ce raisonnement nous consta-tons que la science de la vie se diffrencie en Biohistoire et en Bionomie, cette dernire sCience recherchant les lois (nomos) qui gouvernent les phnomnes vitaux (bios). Le critre pour la diffrenciation suivante de la Bionomie, qui nous intresse ici, est bas sur la question : comment peut-on rechercher ces lois? C'est par la rflexion ou par l' expri-mentation qu'on les trouve. Dans le premier cas, nous avons affaire avec la Biophilosophie, dans le deuxime avec la Bio-logie exprimentale, qui est la Biologie moderne par excellence.

    L'exprimentation peut procder par mthode analytique ou par mthode synthtique. Voil alors les deux branches de la Biologie exprimentale qui en rsultent : c'est la Bio-logie synthtique, qui n'est encore qu' ses dbuts, et la Bio-logie analytique, qui est l'ordre du jour. Nous diffrencions cette dernire, son tour, en Bioautonomie et Biomachinisme. La premire traite des questions biologiques sans se soucier de savoir si les phnomnes observs peuvent, ou non, tre expliqus aujourd'hui en fonction de nos connaissances des l~is physiques et chimiques; on considre ces phnomnes VItaux, pour le moment du moins, comme des phnomnes c< sui generis '' qui nanmoins permettent l'application des mthodes exprimentales. Le Biomachinisme, par contre, est une science qui peut dj rduire nombre de phnomnes biologiques au jeu de facteurs physiques et chimiques connus .

    Il est vident que les problmes qui nous intressent dans cet ouvrage, se rapportent la premire discipline, celle de la Biologie exprimentale autonome. En effet, cette der.nire peut tre subdivise en trois branches capitales : celle des lois traitant de la forme biologique ou M orphonomie, celle des changes matriels ou Mtabolonomie, et celle des formes de l'nergie dans les tres vivants ou Cintonomie. Les acti-vits motrices, musculaires, nerveuses, sensorielles, entrent dans le domaine de cette dernire science.

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    22 LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    La Cintonomie biologique s'intresse galement aux lois qui commandent l~s phnomnes du comporte~ent des tres vivants. Deux legants exemples du caractere purement psychique que prennent les ractions de compo:tement, tout en se matrialisant en mme temps dans des faits nettement physiologiques, sont ceux que nous emprunt'?ns Clyde ~il~ ler (ro5)1: un patient souffrant d'tats all_er.gtq~es, est habitu se faire soulager ces attaques. par des. mJect~o~s s_ous-c?ta-nes d 'adrnaline. Si on lm falt une stmple mJechon d eau strile sans aucune trace d'adrnaline, mais son insu, et en ob~ervant tous les dtails de l'intervention, qui lui sont coutumiers le rsultat en sera le mme : il prouvera un sou-lagement d~ son malaise. Un autre fait : l'attaque d~ rhume des foins d'un patient dont, les muqueuses ~ont ~ensibles, au pollen de rose, est dclenchee par la percept10n vtsuelle d un symbole : des roses artificielles en papier2;

    Nous voil donc en prsence des questions qm nous occu-pent dans ce livre, c'est-~dire des problmes de la psy~hologie objective qui ne fait pas autre chos~ que d'exam~ner les ractions des tres, animaux ou humams. Ces ract10~s se manifestent sous forme d'activits de toutes sortes, sott spontanes, soit ractives, gnralemel?-t de nature m?trice,

    c'est~~dire, o les mcanismes musculaires et nerveux JOUent le premier rle. L'tude des formes que prennent ces rac-tions des tres vivants, dans tout l'enchanement des lments qui les caractrisent, l'analyse des mobiles et _de leur forma~ tion - voil le but que se propose cette ~ctence nouvelle, qui est la base de tout le complexe de nohons, connu sous le nom de comportement, conduite ou behavior 11 en Am-rique, o cette tendance est ne ; elle est connue encore sous le nom de psychologie objective, rsultant des travaux de l'cole du grand physiologiste russe I. Pavlov.

    Le behaviorisme amricain, issu des recherches de Thorn-dike , de J ennings , Yerkes et de leurs collab?rateur:s, .~ppli qua les mthodes biologiques exprimentales, d abord a 1_ etude des manifestations vitales, dites psychiques n, des anunaux et puis aussi aux humains. Et cela aussi bie~ l'gard de leur comportement individuel, dans une am~tance donne, c'est--elire, sous des influences frappant les suJets du d~hors, qu' l'gard des ractions cau.s~s par des fa.cteurs qu1 leur sont inhrents, d'ordre hrditatre, ou acquts au cours de leur vie et de leur volution individuelle, et devenus latents.

    I. (10.'5) p. 88. 2. lbid., p. 87.

    BEHAVIORISME 23 Cette tude a trait aussi bien leur comportement envers les facteurs vitaux de l'ambiance qui les entoure, c'est--dire, envers ce qu'on est habitu dnommer l'ambiance sociale et le comportement social des individus et des mul-titudes d'individus. Car, comme le dit Clyde Miller (ros). en tudiant les habitudes, on dcle les activits, qui sont leur base et derrire celles-l on dcouvre les conditions de vie, qui ;endent ces activits biologiquement nce_ssaires .

    L'cole behavioriste a exerc une trs grande rnfluence aux Etats-Unis sur tout l'ensemble des thories scientifiques et leurs applications, et mme sur l'orienta~ion des. indivi~us dans la vie, en gnral, surtout gr.ce au fatt que _1 ~ducahon en a tir des conclusions valables pour son actlvtt. Dans la tendance d'application pragmatique la vie courante, le behaviorisme aux Etats-Unis a des traits communs avec le puritanisme anglo-saxon : com~e ce dernier ~ ~ntr dans les murs par les voies religieuses, le behavwnsme le fait par la voie de la science1

    L'cole amricaine a pris pour base, dans ses recherches, les faits observs dans le monde humain, et a cherch surtout trouver des analogies avec le comportement humain, en se gardant bien videmment de tomber dans de l'anthro~omorphisme. C'est ainsi que Jenninp (82) p~rle. de tnal and error >1 (essai et erreur) comme dun des pnnc1pes fonda-mentaux du comportement des tres vivants.

    Entre le behaviorisme amricain et les noncs des tho-ries pavloviennes il y a eu des influences rciproques : tous les deux cherchent tablir, dans le comportement des tres, les facteurs de l'excitation et de la raction correspondante1 Ce qui caractrise l'ide behavioriste, c'est qu'elle ne fait pas grand cas de l'instinct chez l'homme, et met, ~ans .l'acti-vit sociale de ce dernier, l'accent surtout sur l'mtelhgence et les rflexes conditionns de Pavlov (rn).

    Le point de dpart de l'cole ru~se d~ J!avlov a t ne!tement physiologique. P avlov (n o} etudiait I7s p~nomenes . de nutrition et spcialement le rflexe de la sahvat10n ,en fonction des excitations gustatives. Pavlov sc heurta, des le dbut de ses recherches au fait d'une salivation dite couramment psychique 1>. L~ fait est bien ~onn~ -depuis toujours : I_a salive s'accumule dans la bouche a la Simple vue de la noum-ture sans que cette dernire soit introduite dans la bouche. Il c~nstate aussitt que cet effet n 'est autre chose qu'un rflexe, c'est--dire une adaptation de l'organisme une

    I. REIW.HD (130).

  • l.i\ I'S \'CIIOLOGIE, SCIEXCE EXACTE

    lliluation donne, une raction, o le systme nerveux, trans-metteur et coordinateur des excitations ct des effets, joue un rle dcisif. Mais en analysant le phnomne, il est amen bien vite constater que la raction observe diffre quand mme trs distinctement des rflexes automatiques, absolus ou inns : par exemple, la salivation apparat toujours, si on introduit dans la gueule d'un chien (animal qui sert Pavlov dans ses expriences classiques), de la nourriture ou un liquide acide. Mais la salivation psychique l>, ou distance, vue, est en quelque sorte conditionne : elle peut se produire, mais elle peut aussi avorter. En tudiant les modalits de l'apparition de cette raction, Pavlov arrive tablir sa fameuse thorie des rflexes conditionns, qui est en train de devenir peu peu la base scientifique de tout comporte-ment animal et humain. Car nos mcanismes psychiques n'enregistrent et ne fixent que ce quoi ils ont t exposs1 >> et cc les vnements vcus sont des facteurs conditionnants puissants et par cela mme ils dterminent la conduite des hommes : ils peuvent mme faire cder la nature humaine, en changeant ses expriences2 >>.

    On pourrait se demander, premire vue, pourquoi Pavlov a choisi l'activit des glandes salivaires comme indice des processus nerveux ayant lieu dans le cerveau et non les ractions motrices, le mouvement mme, ce qui pourrait paratre plus logique. Il l'a choisi parce que dans notre vie quotidienne nous sommes habitus mesurer le compor-tement humain par son activit motrice, qui est tellement associe l'explication psychologique introspective qu'il est bien difficile d'en faire abstraction. P av lov a rejet toute la terminologie de la psychologie courant e parce qu'en l'em-ployant, il aurait couru le risque de contribuer la confusion coutumire. C'tait prcisment cela dont il voulait se dbar-rasser cote que cote. En s'adressant au mcanisme de la fonction des glandes salivaires, peu connu, il tait plus sr de pouvoir rester sur le terrain de l'objectivit. D'autre part, l'activit d.es glandes salivaires est assez simple pour permettre de dceler les lois fondamentales qui la gouvernent, plus faci-lement que les modalits compliques des fonctions motrices. Dans le premier cas l'enchanement des facteurs apparat plus transparent. Cet organe peut servir de modle, dans '-. la premire tape de recherche, avec plus de chances de succs.

    Toute la technique de recherche employe et le raisonne-ment de Pavlov permettent d'affirmer que la possibilit de

    I. CLYDE MILLER (IOS) p. 56. 2 . 1 bid., p. So.

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    Fi!J . / . 1. l'. l'avlov (iXI!l-HJ:.IO).

    ( Pholo Je l'aut.eu r prise lon; tl u Congrs ln lernatmral de I'Jr p ;iolngic ~ Home en 1!):12.)

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    PSYCHOLOGIE OBJECTIVE DE PAVLOV 25 sauvegarder le principe de l'objectivit dans l'tude des phnomnes dits psychiques, est ralise par ses recherches. Pour mesurer toute l'norme distance parcourue par l 'esprit humain, pendant les deux derniers sicles, sur la voie de l'objectivation des phnomnes de la nature, nous ne pouvons nous abstenir de citer deux faits savoureux qui illustrent le progrs ralis. Nous les empruntons au livre de Stuart Chase

  • LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    n'atteint pas un degr a~ez fort, _on con_state un tat inter-mdiaire entre le somme1l et la vetlle, qm rappelle fortement l'tat d'h}'pnose. Gnralement , dans Tes cas ~h~nose, _on a affaire des tats d'inhibition plutt de fatble mtenslt. C'est pourquoi pour Pa v 1 o v , les deux tats sont e~ principe identiques et cela d'autant plus que dans le sommeil, comme dans l'hypnose, on constate _une disj

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    LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    physiologiques prsentent pour l'tude du comportement humain dans des cas o, surtout dans les foules, des facteurs de suggestion jouent un grand rle.

    Au cours de ses travaux, Pavlov est arriv attirerl'atten-tion sur deux phnomnes de l'activit psychique, qu'il a nomms le rflexe d~ but et le

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    LA PAROLE 43 politique. Ainsi, cette division des caractres humains reoit une base biologique.

    Dans cet ordre d'ides qui consiste rapprocher tous ces rsultats de recherches de laboratoire, rigoureusement scien-tifiques, des ractions du comportement humain, il nous reste encore indiquer que Pavlov attribuait la forme minemment humaine d'excitations qu'est la parole, une impor-tance trs grande. Il est clair, aprs tout ce que nous avons vu, que la parole, parle ou crite, peut aussi bien devenir un excitant conditionnant, formant un rflexe, que n'im-porte quel autre excitant.

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    44 LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    beaucoup de donnes. sur l'importance de ce facteur condi-tionnant les ractions humaines.

    Co~ment pe~!-on comprendre la possibilit d'exprimer certams tats dame par la parole, du point de vue de la formation de rflexes conditionns? Premirement nous avons. un rflexe qui se forme en partant de l'impression sensor;.elle d'un objet .. ~omme signal conditionnant et exploi-tant 1 mtrt de le satstr mentalement; cet intrt joue alors le rle du facteur absolu de base, en se rfrant prcisment la. pulsi?~1 9ui dtermine ~et intr~t : par exemple, la pulswn des1gnee comme pulsiOn numero 2 ou matrielle. Ensuite, sur ce rflexe se greffe un nouveau rflexe dans la f~rmatio;n duquel le rle de. base est jy:u par le rflexe pr-cedent (tmage) et comme stgnal condxhonnant fonctionne la

    pa~ole -. prononce (e~ci~ations auditives) ou crite (exci-tatiOns vxsuelles) - ; ams1 cette parole devient dornavant un ~~citant dc!en~hant le rflexe. d'origine (reprsentation de 1 ~mage de 1 obJet). On pourrait, par exemple, illustrer ce fait par le schma de la page pcdente (fig. 3).

    Ainsi, des liaisons stables s'tablissent en tre les excitations complexes optiques ou acoustiques, qu'on produit graphi-quement ou vocalement, et des objets et phnomnes dter-min.s du mond~ extrieur. Comme rsultat, les premiers deVIennent des s1gnaux pour les derniers et peuvent les rem-placer dans la ralisation des ractions conditionnes.

    La guestion de la suggestion, surtout par la parole, ou par n'tmporte gue] symbole, joue ici un grand rle. Nous avons dj vu que par certaines pratiques, on peut affaiblir la facult~ de rsi~t~nce des _mcanismes nerveux suprieurs,

    cor;nm~ 1 corcc,yer.e~r~le :. tl suffit de provoquer une gn-rahsatwn de l mhtbltwn mterne, ce qui est identique au

    som~~il, ou d'avoir recours la fatigue; enfin, cette force de resistance peut tre faible pour des raisons de structure congnitale ou encore, affaiblie. pa~ un branlement du systme nerveux au moyen d une excttatwn trop forte, une motion profonde~ .ou par ur: empoisonnement (alcool, etc.). Si dans ces condthons le SUJet est frapp par une parole imprative, par un ordre, cet ordre devient irrsistible, grce l'irradia-tion, da~s ~oute l'corce, de l'inhibition cause par cet ordre.

    Nous mststons sur ces faits, parce qu'ils sont intimement lis aux faits du comportement des masses humaines, lors des actes con~u~ sous le nom de propagande politique, qui

    engendre~t prectsment des e,ffets . dot;t nous aurons parler par la smte. Nous avons vu 1 exphcatwn que Pavlov donne

    1. Voir page 51.

    PSYCHOLOGIE VOLUTIVE 45 a? phnomne du sommeil, qu'il met en relation physiolo-

    gtqu~ ave~ l'hypnose et la suggestionnabilit. La suggestion survte.nt Sl la. parole, l'ordre, vient frapper un mcanisme

    ~sych~que qm se trouve dans un tat d'affaiblissement phy-swlogtque. Si on analyse les possibilits de rsistance la suggestion - une question de la plus haute importance, comme nous le verrons plus loin - on arrive donc tablir que, part les cas pathologiques, d'une insuffisance cong-

    nita~e, de maladie ou d'empoisonnement, elles sont, en grande ~art1e, une fonction du degr de culture, c'est--dire, de la n chesse en chanes de rflexes conditionns, greffs les uns

    ~ur _l~s autres, do~t se ~?mpose le mcanisme psychique des mdtvtdus en questwn. L tgnorance est donc le meilleur milieu pour, form~r des masse~ se prtant facilement la suggestion. On 1 a tOUJOUrs su, mais gr.ce Pavlov, on est en tat au-

    jo~lfd'h~ de comprendre les raisons physiologiques de ce fatt capttal dans le domaine social et politique.

    Un nouveau chapitre de la physiologie du systme nerveux et de la physiologie gnrale est inaugur par les recherches sur les rflexes conditionns : c'est la physiologie volutive dont les problmes sont l'tude dans les laboratoires, en U.R.S.S., dirigs par les disciples de Pavlov aprs sa mort. Son but est la recherche des processus qui ont t la base de l'acquisition, dans la srie animale, au cours de l'histoire phylogntique des espces, des mcanismes des rflexes conditionns, et leur comparaison avec les changements qu'on observe aujourd'hui dans l'ontogense. On s'efforce de crer, volont, au moyen de slection artificielle et de croisements, des diffrents types du systme nerveux. Les

    mu~ations provoques exprimentalement, y sont aussi enVIsages. Les recherches sur les rflexes conditionns chez des individus de divers .ges, prennent aussi une grande im-

    portan~e : c'est surtout Krasnogorsky 1 et ses lves qui poursmvent ces recherches .

    . on a par~ ois reproch Pa v 1 o v que sa thorie rej et te le fatt, ressenti par chacun, de l'existence de phnomnes sub-

    je~tijs. C'est f~ux : en ralit, les recherches entreprises par lm sur des chtens et menes avec toute la rigueur des exp-riences physiologiques classiques d'un Claude Bernard ou d'un, Paste~r. ~'tai~n.t qu'un.e p;emire approche aux ph-nox:nenes subJ~cttfs; d ailleurs, tl s est prononc maintes fois cla1rement lm-mme, en disant qu'il serait inadmissible de sparer les deux types de phnomnes. Il considrait les phnomnes subjectifs comme une des manifestations de

    I. RBELI {109}.

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    LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    l'tat. actif de la matire, hautement organise. Il esprait ?btemr _un canevas physiologique, sur lequel il serait un JOur posstble de broder toute la multiformit du monde sub-jectif de l'homme .

    Une des nouvelles branches de cette physiologie volutive, vers laquelle nous a men la thorie des rflexes conditionns de Pavlov, et que dveloppent actuellement ses disciples, et;l U. R. S. S., est celle d'actions des facteurs internes de l'orga-msme, d'ordre humoral, sur les rflexes conditionns, tels que le systt;n~ nerv~u~ sympathiq_ue et les lments du sys-tme end~cnmen. ~ns1 on a pu demontrer que l'extirpation des ganglions cervtcaux renforce les tendances d 'inhibition; de mme, l'excitation de l'hypophyse provoque le sommeil. En gnral, le systme sympathique s'avre comme un fac-teur qui contrle et rgle l'tat de l'corce crbrale et exerce ainsi une influence sur les processus qui s'y droulent. Les glandes endocrines, comme celles des testicules, et la thy-

    ~od~. on~ aussi une influence correspondante, de mme que 1 extirpation du cervelet et des surrnales. Par contre, l'tude de c~rtait;tes substances chimiques, du groupe des sympa-thomimtiques, comme l'phdrine et la benzidrine, montre qu'elles renforcent les activits fonctionnelles de l'corce, en redres.sant un systme nerveux affaibli, en augmentant l'antagorusme entre l'excitation et l'inhibition, et en rendant les processus de la diffrenciation plus nets.

    . Dans les ~ages qui prcdent, nous avons dcrit les exp-nences classiques de Pavlov et les lois fondamentales qui dcoulent de sa thorie des rflexes conditionns . Cette thorie

    apparai~ la base de toute activit, jusqu'alors dnomme

  • LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    isoles peut tre modifie et s'adapter temporairement un ensemble de facteurs, agissant sur leurs facults rceptiv~s. Personnellement j'ai pu moi-mme (rsz)l exprimenter sur des cellules, avec toute la rigueur d'une technique moderne

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    Fig. 4 Formation d'une " raction conditionne n chez la Paramcie.

    i, infusoire; tr, trajectoire de son mouvement; bu, micro-barrire de lumire ultra-violeltc; p, place o sc trouvait, dans la phase prc-dente, l'obstacle ultra-violet.

    a-b : rre phase : la cellule nage la priphrie de la goutte; c : ze phase : elle se heurte la barrire invisible ultra-violette; d : 3 phase: elle es:mye le choc de lumire ultra-violette et s'carte

    de sa trajectoire; e : 4e phase: elle a " appris >> , s'carter du danger (la raction

    conditionne est forme}; f : 58 phase : la banire est enleve, mais la cellule continue

    s'carter (la " mmoire >> persiste); g : 6 phase : elle revient peu peu dans la zone auparavant dan-

    gereuse (elle a

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    50 LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE

    carmin, indigestes, sont englobes comme les microbes ou autres lments nutritifs, mais le fait ne se produit que les deux premiers jours; le troisime, la cellule refuse le carmin, tout en englobant la nourriture normale. Il s'est form une raction conditionne, mais le fait intressant est qu'elle ne s'est forme qu'aprs trois jours, pourrait-on dire, d'essais, pendant lesquels des milliers de particules de carmin furent englobes.

    La conclusion tirer de ces deux expriences est la suivante : une raction conditionne, se rapportant la prise de nour-riture, base par consquent sur la satisfaction de la

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    52 LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE l'origine du comportement des tres. Mais nous avons vu, dans les expriences de Pavlov, qu'on arrive construire des rflexes associs ou .conditionns, drivs de rflexes inns ou en rapport avec eux. Pavlov l'a montr, en utili-sant, dans ce but, la pulsion alimentaire ou de nutrition : c'est la salivation, en rapport avec la prise de nourriture, qui lui servit de base. Mais il a dj lui-mme indiqu que d'autres bases pourraient aussi servir ce but. En effet, on a fait, depuis, des expriences o les ractions motrices formaient la base des ractions conditionnes. D'aprs notre schma, on pourrait dire qu'on peut aussi former des rflexes conditionns, par exemple, sur la base de la pulsion combative, ou sexuelle, ou maternelle. Il est vrai qu'ils n'ont pas encore t aussi profondment tudis que ceux de Pavlov, ayant trait la pulsion alimentaire.

    Pavlov a montr la condition essentielle pour la russite de cette exprience : il faut que les deux excitants en cause - l'absolu et le conditionnant -, concident dans le temps. L'excitant conditionnant doit frapper les rcepteurs de l'indi-vidu pendant qu'un rflexe inn, donc hrditaire, se droule dans le systme nerveux, c'est--dire quand l'animal est sous l'emprise d'une pulsion. Si, par contre, un tel processus s'est teint, si l'animal, par exemple, est rassasi, il serait inutile de lui appliquer une excitat ion pour crer un rflexe conditionn base de la pulsion N 2 : le rflexe ne se formera pas.

    Il serait d 'un grand intrt de connatre toutes les struc-tures innes, hrditaires, chez les animaux et surtout chez l'homme, qui peuvent servir de bases pour la formation de rflexes conditionns. Elles sont nombreuses, quoique pou-vant tre groupes en quatre pulsions fondamentales que nous avons rsumes par le schma ci-dessus. On peut affir-mer seulement, qu'il est possible de distinguer encore, en plus de ces quatre pulsions de forme pure, le groupe des instincts 11, qui, selon notre manire de voir, sont des chanes, plus ou moins compliques, de rflexes simples inns; puis le groupe de complexes , qui ne seraient autre chose que des rflexes conditionns refouls dans le subconscient, ou aussi des rflexes conditionns.stabiliss, cela veut dire deve-nus hrditaires, si cette possibilit, comme on a lieu de croire, existe rellement.

    Or, une partie notable de ces lments inns, base pour la formation de rflexes conditionns, reste certainement l'tat latent, mme pendant toute la vie, et ne peut tre dcele que dans des conditions spciales. Ainsi, un moyen de les faire apparatre, consiste en l'ablation chirurgicale ou en

    PULSIO~ COl.ATIVE 53 paralysie pharmacologique de ~ 'corce crbrale, don_c dans l'limination de structures spctfiques pour la formatwn des rflexes conditionns : dans ce cas on obtient un individu modle, dpourvu de ses structures individuelles et porteur de l'ensemble des ractions innes hrditaires, mises nu.

    Nous avons cit plus haut l'exemple classique de Pavlov de la formation d'un rflexe conditionn base de la pulsion alimentaire (N 2). Prenons maintenant un autre exemple, celui de la formation d 'un rflexe conditionn, ayant pour base la p-ulsion combative; prenons un _chien, frappon~-le avec un bton , t out en le lm montrant ; Il prendra la fmte. Ritrons cela deux ou trois fois et nous verrons que le chien ragit par la suite la simple vue du bton : un rflexe condi-tionn s'est form avec une rapidit beaucoup plus grande que dans le cas o l'on fait appel la pulsion alimentaire. On peut crire la formule suivante :

    Facteur a.bsolu : Factettr Racti

  • 1

    54 LA PSYCHOLOGIE, SCIENCE EXACTE Mais il peut y avoir encore des cas, o la formation des r~flexes conditio~ns est entrave par un conflit de deux pul-sons, branles srmultanment : par exemple, une excitation m~anique ou lectrique de la peau allant jusqu' la provo-caban de la douleur, et en mme temps une excitation gusta-tive, comme la prise de la nourriture. Il peut se faire alors que l'animal, malgr la souffrance, ne se laissera pas dtourner de la possibilit de satisfaire sa faim. Le rsultat dpendra de son tat physiologique et de la force respective des exci-tants. Sous le terme

  • II

    LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    A. Les phnomnes gnrat,x. Le systme nerveux. - Les centres. - La chronaxie. - L' lec-troencphalographie. - Les rflexes. - Les rflexes rythmiques. -Les rflexes de conservation. -L'inhibition.

    B. Les structures. La conscience. -L'attention.- L'inconscient. -La psychanalyse. - La narcoanalyse. - Le Deuxime systme de signalisation de Pavlov. - Les pulsions.

    C. L'intuition. Les rflexes intuitifs. - Les automatismes (rflexes inns). -Les tropismes. - Les instincts. - Les habitudes. - Les arch-types. - Les complexes. - Les phnomnes mtapsychiques. -Les oublis. - Les rphnations. - Les refoulements. - Les fulgurations. - Les fantomations (rves). - La synthse de la psychanalyse et des rflexes conditionns.

    D. L'intelligence. Les rflexes intellectifs. - Les rflexes immdiats. - Les hrdo-rflexes. - Les no-rflexes. - Les rflexes ractifs. - Les vitattitudes. - Les sentiments. - Les intrts culturels: - Les dformations. - Les vices. - Les rflexes psychagogiques. -Les leviers psychiques.

    E. Les grands problmes. Le fonctionnement de la machiner psychique. - L'inventaire psychique. -Dterminisme ou libre arbitre?

    Le systme des structures organiques, au sein desquelles se droulent les processus que nous avons connus au chapitre prcdent, et qui dterminent le comportement des tres vivants, est le systme nerveux. Les lments qui le composent sont les cellules nerveuses dans les centres et les fibres ner-veuses, qui sortent des cellules et relient les centres, les rcep-teurs (organes des sens) et les effecteurs (muscles, glandes). Il s'ensuit un enchevtrement excessivement grand en raison

    CENTRES NERVEUX 57 du nombre extraordinaire des cellules dans le cerveau, qui atteint 9 IO milliards chez l'homme1 Dans l'volution ontogntique, en partant de la premire cellule nerveuse diffrencie du msoblaste, pour arriver au nombre de 9 mil-liards de cellules chez l'adulte, il a fallu 33 divisions cellulaires bipartites, chez les singes anthropodes 31 divisions, chez les chiens et les chats 30 divisions, chez les oiseaux 28, etc. Ces faits expliquent les degrs d' intelligence qu'on peut discerner chez ces animaux, et prcisment dans ce mme ordre.

    Dans les centres nerveux une petite partie de la substance grise >> est occupe par les cellules mmes, la plus grande - par les fibres qui s'entrecroisent. Du fait de l'existence d'un rapport entre l' cc intelligence et la masse de ces fibres, on peut conclure que les processus dits psychiques ont lieu dans ces dernires, et non dans les cellules qui auraient plutt une fonction nutritive pour l'entretien du systme des fibres en bon tat, garantissant leur fonctionnement. Chez l'homme les centres se compliquent dans l'ordre suivant : ganglions, centres mdullaires, bulbe, cervelet, centres sous-corticaux, cortex crbral (corce)1

    Le cortex des hmisphres crbraux comprend des zones de rception sensitivo-sensorielle et des zones d'association. Celles-ci sont d'autant plus dveloppes que l'espce animale est plus volue. Les zones d'association occupent : 2,2 % de la surface totale des hmisphres chez le Lapin, 3A% chez le Chat, 6,9% chez le Chien, II,3% chez le Macaque, 16,9% chez le Chimpanz, 29 % chez l'Homme.

    Dans toute matire vivante, il y a irritabilit, conductivit et contractilit. L'irritabilit est donc une proprit gnrale de la matire vivante; la formation d'influx nerveux en est un cas particulier plus perfectionn.

    L'excitation introduite au milieu des nerfs se propage dans les deux sens; mais immdiatement aprs le passage, le nerf est inexcitable. Le fonctionnement du nerf (une fois dclench) est indpendant de la nature, de l'intensit, de la dure de la stimulation qui a mis en jeu son irritabilit. Le conducteur nerveux est en mme temps gnrateur d'nergie. Pour l'nergie nerveuse, il n'y a pas besoin de deux conduc-teurs de courant pour l'aller et le retour, comme dans le courant lectrique. L'influx nerveux s'explique par un pro-cessus lectro-chimique; il consiste en une brve variation de potentiel lectrique dans le sens ngatif (autrement dit en une onde de ngativit). Pour un neurone dtermin dans

    I. BRACH (zo) p. 229.

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    !

    58 LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    son tat habituel et normal (sauf donc les cas d'empoisonne-ment du neurone ou de modification de chronaxie) l'influx est toujours identique lui-mme, aussi bien comme forme qu'en intensit et en vitesse. Chaque stimulation provoque un seul influx ou bien plusieurs influx spars : il n'y a donc pas de phnomne oscillatoire. Si le muscle volontaire stimul prsente une gradation vidente de la rponse suivant l'inten-sit du stimulus, c'est parce qu'alors intervient le nombre des fibres nerveuses mises en jeu et la cadence des influx. La vitesse de transmission de l'influx varie de 6 cm 120 rn par seconde, suivant les neurones et les animaux. Chez l'homme, les diamtres des fibres d'un nerf peuvent varier de I 84 11-. On admet en gnral quatre groupes de fibres avec quatre vitesses diffrentes de propagation. Chaque nerf peut contenir des fibres de vitesse diffrente : les diffrentes excitations donnent lieu des ondes diffrentes, comme amplitude, dure, forme et vitesse : 6o rn pour les sensations tactiles simples, 15 20 rn pour les piqres, 4 5 rn pour les brlures.

    Pour une meilleure comprhension du phnomne de l'inhi-bition, qui est essentiel dans la physiologie nerveuse et qui accompagne, selon Pavlov, toute excitation se propageant dans le systme nerveux, pour dominer et freiner, le cas chant, l'excitation, nous voulons nous arrter quelque peu sur le mcanisme intime du fonctionnement nerveux. Nous empruntons l'expos de ces faits un ouvrage de Brach (20), o ils sont traits avec clart.

    Dans le mcanisme en question, l'essentiel est un facteur dont le rle a t lucid par L. Lapicque (88). C'est la chronaxie (de constitution) ou la vitesse fonctionnelle propre chaque lment nerveux (et aussi chaque muscle). Cette vitesse est mesure par un courant lectrique constant d'une intensit minime qui est encore capable de provoquer la rponse du muscle. C'est le seuil d'excitation. cc Or, les passages de l'influx d'un neurone un autre, ou d'uri nerf un muscle, ne sont possibles que s'il y a isochronisme, c'est--dire, si les chronaxies dans les deux sont gales. S'il y a htrochro-nisme, l'influx ne passe pas. Les centres suprieurs et les autres centres, en produisant spontanment des influx, peuvent modifier les diffrentes chronaxies entre neurones ou entre neurone et muscle : il se forme une chronaxie de subordination; on appelle ce processus la mtachronose. La mtachronose correspond une variation relativement du-rable de potentiel et peut modifier, non seulement la vitesse, mais l'amplitude de l'influx. .

    Les rflexes conditionns se forment grce l'isochronisme

    CHRONAXIE 59 qui. s't;blit progressivement entre les neurones co~ticaux et

    pnph~nq~es : c'est un cas particulier de la chronaxie de subordinatiOn (Drabovitch et Chauchard). L'inhibition correspond la fermeture des voies au moyen d'un htro-chromsme pouvant tre provoqu par les centres.

    Les fibres sensitives d'une rgion ont la mme chronaxie que ~es mu~cles sous-jacents. Dans les mouvements de flexion et ~ exten~I~n des membres, la chronaxie des muscles anta-gomstes dJffe~e. dan~ leur rapport de r 2, ce qui suffit en assurer_ 1~ disJonction. Dans le ganglion sympathique, la transmiSSIOn est compatible avec ?n cart de chronaxie plus grand que_ 1~ rapport de I 2, qu1 est souvent la limite pour la transrruss1on nerf-muscle.

    La chronaxie du nerf centripte est sensiblement gale celle du ner~ m?~eur co::respondant. II y aurait entre deux ~eurones. p~nphenques Isochrones au moins un neurone mtercala1re a chronaxie plus grande. La mtachronose agit s~rt?ut sur le nerf ~ensitif. Le nerf, quand la subordination d1mmue sa ch!onax1e, a une surchage d'lectricit positive.

    I:a c~1ronax1~ des centres moteurs de l'corce crbrale var;e d u,ne r~~n une autre et est trs variable pour une rg10n determmee.

    Il semble qu'il existe deux sortes de transmissions entre deux ~eurones ou entre un neurone et un muscle : 1o un m~amsme lectrique (prpondrant dans le cas d'un muscle stn); 2 des. mdiateurs chimiques (adrnaline ou act:y!-ch,obne prodmts par les nerfs) dans le cas des muscles lisses

    tr~s ~ents. Dans les autres cas ont lieu les deux sortes de trans-mlss:on. Entre neurones, il se forme uniquement de l'actyl-

    cho~e. Les fibres sympathiques librent de l'adrnaline au mveau des organes.

    Le fonc_tionnement du systme nerveux peut tre modifi par certa~nes h01~ones ou par certains poisons (qui sont quelquefois petit~s ~oses des mdicaments). L'anesthsie gnrale suppnme 1 act10n de la mtachronose

    L'in~ibition crbrale e~t accompagne d'dne forte aug-m:nt~hon de la chronaxie nerveuse qui peut ainsi servir d'mdice de cette inhibition.

    Une nouvelle mthode objective de recherche de l'activit du cerveau laisse esprer d'autr~s progrs dans l'analyse des

    p_hnom~nes ne~eux et ps~ch1ques des mcanismes sup-neurs. C est la methode. des electroencphalogrammes (EEG} de .Berger1 En tudiant l'tat lectrique des diffrentes rgions du cerveau par une mthode voisine de l'lectrocar-

    x. Voir DELAY (40) et (41).

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    6o LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    diographie, on arrive dceler et enregistrer d~s courbe~ caractristiques, produites par des ondes lcctnques qm varient selon les divers tats d'activit de l'corce crbrale (fig. 5). On en distingue deux types : les ondes oc, qui sont

    0 ~ 0 A

    ,..J~,;w)v---V.,..,.~ !

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    Fig. 5 lectroencphalogrammes (EEG).

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    A. L'excitation tactile. Cette figure montre la modification de l'EEG conscutive une piqre du doigt. Le moment de la. piq(lre est marqu par une flche. En haut : un lectrocardiogramme; au milieu : un EEG; en bas : temps en I/ro de seconde.

    (D'aprs Berger, reproduit par Jean Delay, 41.) B. Comparaison du rythme lectrique enregistr partir du ganglion

    optique d'un coloptre (Insecte, trac suprieur) et de l'E~G d'un physiologiste Prix Nobel (trac infrieur). 0, obscunt: L, lumire; Yf, yeux ferms; Yo, yeux ouverts (d'aprs Jean Delay, 41) .

    C. Influence de l'activit mentale sur l'EEG. La flche indique le dbut du calcul mental. Temps en r/ro de seconde (d'aprs Berger, c it par J ean Delay, 41) .

    grandes et rgulires et qui caractrisent l'tat de repos, et les ondes ~. petites et irrgulires, qui surgissent dans le cas d'excitation, la place des premires. Dans les tats d'inhibition on enregistre des rythmes caractriss par une diminution d'amplitude des ondes et un ralentissement. Ce dernier phnomne s'observe aussi dans le sommeil, qui! comme le dmontre Pavlov et comme nous le verrons plus loin, n'est qu'un tat d'inhibition gnralise de l'corce. Sur les courbes EEG on voit nettement que les excitations des sens restent inefficaces dans le sommeil.

    Des tudes exprimentales actuellement en cours, sur l'encphalographie et les rflexes conditionns, sont d'un intrt exceptionnel et pourront certainement nous ouvrir des voies nouvelles d'exploration de l'activit nerveuse sup-rieure, surtout dans les questions de localisatiC'::lS, d'irradia-tion et de concentration des phnomnes nerveux.

    LECTROENCPHALOGRAMMES 6! Pour la meilleure comprhension de ce qui suit, rcapi-

    tulons brivement l'essentiel des faits. Une tension >> dans un neurone consiste en une modification provisoire de chro-naxie de ce neurone. A la tension>> correspond une sensation dsagrable. A la ralisation correspond une dtente neuro-nique. A chaque. dtente corres~on4 une sensation agrable.

    Dans une architecture comphquee du cerveau, constitue par des neurones (cellules et fibres nerveuses), circulent des in~ux nerveux, caractriss par des ondes lectriques pro-dmtes par des processus chimiques, dclenchs dans les lments ~ytoplasmiques des cellules par les excitations. Cette architecture rappelle trangement les circuits complexes des grandes machines lectroniques modernes, les servo-

    m~anism~s1, qui font objet de la nouvelle science, la Cyber-ntique, rPvle par Wiener (r65) et dont nous aurons encore parler plus loin3 L 'analogie est frappan te, comme on le voit du fait rapport par Chauchard (z8)3 : cc Mac Culloch, ayant construit une machine faire lire les aveugles au moyen d'un code sonore, l'histologiste B onin voyant le dessin des connections de la machine, le prit pour celui des neurones de la couche visuelle du cerveau. "

    La ~ule circulation des impulsions nerveuses dans les chanes neuromques complexes comprenant de nombreux circuits drivs o les pulsat~ons .Pe~vent t?urner en rond (base de certains pro-cessus de memotre 1mmd1ate analogue ceux des machines}

    ab~utit des aiguillages lectifs, permettant de comprendre l'adap-tatwn de la rponse la commande, caractristique de la raction nerveuse. En effet, la propagation de l'impulsion laisse derrire elle des modifications d'excitabilit qui ouvrent ou ferment la voie aux impulsions suivantes, notamment celles qui ont t retardes dans les voies drives. Les messages rflexes d'auto-r&ulation contribuent cette prparation physiologique de la

    v01~. haque neuron.e .o~cille entre deux tats opposs lis la vanat~on de son activite (tonus nerveux) et de la fluidit proto-plasrruque : un tat activ avec chimisme acclt et un tat mhib avec chimisme ralenti, orient vers la destruction des dchets

    e~ la. reconstitution des rserves. L'excitation qui est une dpola-nsabon lectrique de la surface cellulaire, entrane l'activation et l'absence d 'excitation, la surpolarisation, aboutit l'inhibition. L'activation concerne 1' mission facilite d'impulsions, et aussi le frayag~ de voies o les impulsions se propageront de faon prfrentielle en raison de la facilitation, qui rsulte dans cette voie de l'existence d'un accord fonctionnel entre l'tat de tous

    1. CHAUCHARD (28). 2. v. p. 516. 3 (28) p. 6g.

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    LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    les neurones; les autres voies anatomiquement possibles seront coupes par l'inhibition qui en plus de la diminution d'aptitude mettre des impulsions est le dcrochement physiologique des autres neurones par suite d'un dsaccord fonctionnel. Ces lois d'accord et dsaccord sont tablies par la chronaximtrie. Chro-naxie courte va de pair avec excitation et chronaxie longue a1ec inhibition. Ces processus d'accord et de dsaccord permettent un aiguillage variable en fonction des besoins d'aprs une auto-rgulation rflexe (28).

    Les mcanismes nerveux qui assurent le fonctionnement de la machine vivante avec tous ses organes rcepteurs comme effecteurs, et qui garantissent son maintien intact au milieu de son ambiance, sont les rflexes. Il y a, dans l'organisme, des rflexes au moyen desquels les diverses parties du corps se maintiennent en cohsion, ncessaire au fonctionnement rapide de chaque instant. Par exemple, notre mchoire prendrait une position dhiscente par effet de sa pesanteur, et la masse de nos muscles aurait tendance s'affaisser s'il n'y avait le tonus musculaire, un mcanisme rflexe agissant automatiquement et de manire continue contre la force de la gravit1

    Par ailleurs, on cannait des rflexes rythmiques qui gou-vernent les battements du cur, la respiration, etc. La ryth-micit, qui conditionne les priodes d'activit et de repos, a pour but de prserver ces mcanismes de l'puisement par la fatigue. Un lgant exemple de cette rythmicit facile observer, est celui de la statocyste, organe d'quilibre, chez Pterotrachea, mollusque htropodc marin transparent~. On y voit l'organe suspendu dans le corps proximit du ganglion crbral. C'est une vsicule (fig. 6) dont la paroi est forme par une couche de cellules aplaties munies de longs cils rigides, plis le long de la paroi; au centre de cette vsicule flotte une sphre cristalline maintenue dans cette position par des courants du liquide, provoqus par des vibrations presque invisibles de ces cils; au ple infrieur de la vsicule se trouvent des cellules sensibles avec des cils courts et rigides. Les cils des cellules aplaties sont plus longs au ple oppos. De temps autre, selon un rythme d~termin, une impulsion parvient du cerveau par le nerf statJque aux cellules aplaties; tous les cils de ces cellules se dressent alors d'un seul mouvement et poussent le sphrocristal vers le ple sensible : il s'appesantit sur les cellules de ce ple et, selon l'inclinaison du corps par rapport la direction de la

    I. CLYDE MILLER (105) p. 43 2. TCHAKHOTINE (154).

    RFLEXES RYTHMIQUES

    gravitation, excite telle ou telle cellule, en transmettant ainsi au cerveau un message consistant en une information exacte de sa situation dans l'espace. Au bout d'un instant, une nouvelle impulsion rflexe atteint les cellules aplaties, leurs cils se redressent comme sur ordre, vibrent et provoquent de nouveau des courants dans le liquide intravsiculaire qui soulvent la sphre cristalline et donnent aux cellules sensi-tives ainsi la possibilit de se reposer.

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    B Fig. 6.

    Fonctionnement de la statocyste (organe d'quilibre} de Pterotrachea (un mollusque htropode). A, en tat de repos; B, en tat d'acti-vit; n. st, nerf sta tique; sl. statolithe; cs, cellules sensibles; cv, cils vibratils (d'aprs Tchakhotine, 154) .

    A ct de ces rflexes qu'on pourrait nommer r,flexes de constitution, il y a des rflexes de conservation, dont la raison est de garantir l 'tre, comme individu et aussi comme por-teur de germes, la sauvegarde de l'existence au milieu d'un monde plein de dangers, pour lui et pour l'espce qu'il repr-sente. Nous avons

  • LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    tionns, ce qui, du point de v_ue de la, psychologie ?bjective, ne tient pas debout : les dermers se deroulent auss1 selon les lois inexorables et sont galement dtermins, donc auto-matiques. La diffrence est plutt voir dans le fait que les rflexes conditionns sont accompagns d'un tat qu'on dsigne comme conscient. Dans la discussion de ces problmes on rencontre souvent encore deux termes, qui ont leur raison d'tre : c'est l'intuition et l'intelligence. Leur opposition peut tre retenue dans notre cas.

    C'est pourquoi nous prfrons, en parlant de rflexes du point de vue de la psychologie, discerner deu~ grands group_es : les rflexes intuitifs et les rflexes intellect~ts. Les prem~ers appartiennent la sphre de l'intuition. et ne sont ~as ~cl~1rs par le faisceau de la conscience, quoique une fois reahss, ils peuvent devenir conscie~ts; les rflex.es a~~olus ne f~rment qu'une catgorie de_ ces reflexe;; : les mtUl.ti~s. ~es ~eflexes intellectifs sont touJours des reflexes condwnnes, 1ls sont clairs par la conscience et leur ensemble forme _ce q,u'on nomme l'intelligence. Il va sans dire que leur base physwlogique, dans les deux cas, sont les quatre pulsions fond~mentalcs, dont il a dj t question prcdemment : combative (agres-sive), digestive (nutritive), propagative (sexuelle) et protec-tive (parentale).

    Selon Henri Bergson 1, l'origine de ll; conscienc~ et de !:in-telligence serait dans un obstac~e~ un fremage de ltmpu~swn, ce qui a lieu dans toute collecttvtt. de ~orte que la v1e mtt;l-lectuelle serait dpendante de la Vle soc1~e. ~ous ~vo~s. ~] vu l'norme importance que Pavlov attnbuait 1 mhib1hon, en parlant mme de rflexes conditionns inhibitifs et en prcisant que chaque excitation serait 3:ccompa~n~ ~~tomatiquement d'un phnomne concomitant d mhibitlon, pouvant devenir d~minan~. et. ~.ter~iner l'e~et ultime .. Il est facile concevoir que 1 ~nhtbttwn JOUe un role de premier ordre dans l'ducation, dans la sphre de la morale, et dans la vie sociale en gnral. Le tabou >> des peuplades p~mi_tives a son origine l-dedans. R. de Saussure (141) a decnt un instinct d'inhibition, qui serait c< conditionn par le systme nerveux crbro-spinal, organe de modration et d'arr~t oppos aux lans dela vie vgtative>>. Allendy (S) est d'a~ qu'il existe un instinct social, li aux organes de la phonation et de la locomotion, et dont la ralisation est accompagne, comme chez tous les instincts, de la satisfaction, avec, comme jouissance, le sentiment d'tre _protg et appr?uv. , Cet instinct social autonome tendrait la

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    66 LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    du cerveau. La psycho-chirurgie peut raliser leur interruption dans une zone dtermine, comme aussi leurs connections avec le centre de subordination.

    Le grand problme de la psychologie humaine, toujours irrsolu, et dont la difficult est utilise constamment par la philosophie et la psychologje introspective comme l'argu-ment majeur en faveur de l'existence des forces transcenden-tales et la nautre spiritualiste du psychisme, est celui de la conscience.- La psychologie objective ne peut pas nier l'exis-tence des faits du monde subjectif de l'homme et de la cons-cience; elle doit aborder ceproblme avec les mmes critres des sciences exactes.

    A 1 verdes (7) voitl' apparition de la conscienc~ ch~z l'~o~me comme la compensation de la perte de la scunt mstm~tlve. Rei wald (131) crit que lors d'une attaque de cavalene au cours de manuvres mesure que la conscience s'clipsait, les actions et les ractions instinctives prenaient une prcision et assurance impressionnantes. Il signale le mme fait chez les somnambules.

    Le docteur Arthus (10)1 dfinit la diffrence entre le

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    68 LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    accomplissons po~r que nous en ayons conscience . Il y a donc une slection, impose par l'attention, le rtrcissement du champ de ~ ~ons7ience, ?e qui &arantit notre ac!ion sa pleine effi.caClte : s1 on tait consc1ent de tout ce qu1 se passe autour de n?us et d_ans nous ~me,. un chaos en rsul-terait et toute achon seratt rendue 1mposs1ble.

    En ce qui concerne la nature du pro~~us d:atten~ion, il est, selon Piro n (121)1, ((un processus donen ta hon urufie de la conduite; il implique une canalisation des _phn_om~es d'activit statique ou dynamique dans une certame dtrecbon et un arrt de l'activit dans toute autre direction possible, une inhibition de toutes les formes de comportement qui ne s'accordent pas avec l'orientation dominante . L'esprit t end se fixer sur un objet dtermin, pense, chose, parole . Ainsi l'attention consiste en l'apparition d'un processus de dynamognie (excit~tion) dans ~e zone crbrale, mais tandis que le sommeil peut tre constdr, comme le fit Pav-lov, comme caus par une vague d'inhibition, subJ?erg~ant l'corce crbrale, l'attention, donc la base phys1olog~que de la . conscience, est une vague d'excitation. ~lus cette excitation sera grande et plus le champ de consctence sera troit, plus notre cerveau sera inhib pour tout ce qui n'est pas sujet d'attention2

    L'intensit de l'attention dpend, d'une part, des carac-tres du message qui la provoque et notamment de son intrt affectif; d'autre part, l'ta~ du c~rveau, la fatigu_e empche~t cette concentration; certams suJets ont de momdres poSSl-bilits d'attention . L'tude des rflexes conditionns et 1enregistre~ent parallle des ~EG, donn;ra 1~ possibi~t de fixer objectivement le~ modalits du ph~nomene d~ 1 atten-tion. >. , ,

    On peut distinguer deux formes d attention : 1 _1 attention

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    70 LA MACHINERIE PSYCHIQUE les forces naturelles, le cycle solaire ou lunaire, les ides religieuses etc., et que Platon avait dj dsigns sous le nom .d' Eidola1 ''

    Le bagage de l'inconscient individuel se forme par une activit combinatoire, qui est aussi l'origine des rves. S'y ajoutent aussi tous les refoulements plus ou moins inten-tionnels de sujets, reprsentations et impressions pnibles. L'inconscient collectif, par contre, serait une expression psychique de l'identit des structures crbrales des individus dans la masse, en dehors de leurs diffrences personnelles2 . Ce sonf des lments communs tous les individus composant une collectivit. Les refoulements ne sont pas seuls peupler l'inconscient. A ct d'eux existent encore les archtypes qui ne sont autre que ce que Freud comprenait sous h~rdit archaque '' Ces images ancestrales peuvent se mamfester dans les rves. Il va de soi que ces engrammes hrdits ne sont aucunement de vraies images ou des reprsentations dfinies, mais des dispositions nerveuses ou des facilitations, des frayages de voies, transmises hrditairement.

    Pour se former une ide plus nette de l'inconscient et de ses rapports avec la conscience, nous croyons utile d~ j

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    LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    s'oppose au retour du souvenir pnible et l'empche de prendre conscience des images douloureuses, cartant de ces reprsenta-tions dangereuses le faisceau clairant du moi conscient. Tout se passe comme si, dans le schma que nous avons esquiss :plus . haut, .un cran opaque venait s'interposer entre le moi conscient et certains recoins, certaines zones de l'inconscient, empchant ainsi le faisceau de conscience d'aller les fouiller. L'inconscient se trouve ainsi partag en zones clairables et en zones obscures.

    Du fait mme que les images enfouies dans les zones obscures ne peuvent plus tre claires par le faisceau du moi conscient, ces reprsentations sont condamnes rester dfinitivement inconscientes. Elles se trouvent ainsi dfinitivement soustraites la mmoire, elles sont dfinitivement oublies et nous disons d'elles, faisant ainsi allusion au mcanisme qui s'oppose leur passage dans le champ de la conscience, qu'elles sont refoules. (Nous devrions dire, plus exactement, qu'elles sont exclues). Nous appelons dsensibilisation le phnomne biologique en vertu duquel un cran vient s'interposer entre certaines zones de notre inconscient . o sommeillent des souvenirs cc dangereux et le faisceau clairant du moi conscient.

    Souvent les dsensibilisations psychiques sont des rflexes acquis, rptitions de processus de dfense anciens, justifis en leur temps, mais actuellement rpts automatiquement, alors mme que leur persistance ne se justifie plus devant ls circons-tances actuelles. L'action des rflexes de dsensibilisation est ainsi une manifestation du conflit qui clate si souvent en nous entre nos tendances conscientes, essentiellement varies et va-riables, adaptes aux circonstances, et le moi inconscient, royaume de l'automatisme, qui tend conserver toujours les formes acquises et qui se caractrise par une propension l'immuabilit.

    Suivant l'importance des forces qui interviennent pour rendre impuissant le faisceau clairant du moi conscient, les zones obscurP.S sont plus ou moins tendues. A des zones obscures t rs tendues correspondent toujours des anomalies importantes dans la vie psych1que du sujet.

    Si le moi conscient est fort et les dsensibilisations rares, les possibilits de mmoire s'en trouveront accrues. Mais si les dsen-sibilisations sont nombreuses, les zones obscures tendues et le moi conscient faible, les possibilits de mmoire seront trs r-duites. C'est ce qui se produit chez les individus ayant subi des traumatismes psychiques rpts ou ayant t les victimes de circonstances malheureuses, et qui ont en eux, de ce fait, beau-coup de reprsentations refoules , des zones obscures trs tendues1.

    En rsumant, on p~ut dire avec Chauchard (27)2 que l'in-conscient est tout ce qui est hors du champ d.e la conscience, et ce sont :

    I. ARTHUS (10) p. 26. 2. (27) p. ss.

    LA PSYCHANALYSE 73 c::s ~es processus physiologiques se drolant dans les vis-

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    2o toute l'activit_ automatique rflexe ou instinctive ba;eddes q;tatre pulsiOns dont il a t questin dans le chapitre pree ent ;

    3o toute la masse des excitations refoules (souvenirs ou eng:;mmes ,selo_n _notr~ terminologie);

    4; toute 1 achVlt cerbrale localise trop peu intense our dattrrMer ~e masse de souvenirs susceptible d'impliquer l'i~age u 01,

    . Ma?s des lme~ts inconscients peuvent apparaitre au ruveau de la conscience, _tels certains automatismes sur les-que_ls on .fi~ce son a~tentwn, ou des engrammes refouls qui reVIennent a la_ consclCnce. Vice-versa, aussi un acte commenc dans la conscience. peut s'achever dans l'inconscient. c'est le cas sou-yent d;shabitudesouceiuirapportpar Chauc'hard . ~n sl!r qu on endort au chlor~re d'thyle, procd rapide. es P!l ~ compter tout haut; il s'arrte endormi our ~ certau~ chiffre; au rveil il affirme s'tre arrt b. p t . partir de ce moment, il avait continu inconsci~~~::f ; Lapsrch~nlyse,sousl'impulsion de Freud et de son coie ~ c~mrinbu~ largement nos connaissances sur l'inconscient'

    ais serrut erron de l'identifier avec les ides de F d. En r~alit, elle diffre du freudisme autant que le fai/~~ ~ J.~~J~~~~e es1 un~Tithode3 pOur ~xplorer l'inconscient dont ~ , se on . en dy ' consiste en ce qu'elle procde par U?e mterprt~hon. Elle est une mthode affective ui fo~cbonne essentiellement sur le mode sentimental et a~c'!s SOirement sur le mode intell~ctuel et reprsentatif. Ell; par.t surtout des ~roubles de 1 rn conscient et cherche, par . un tr~Iteme.n~ psychtque appropri, compenser la lsion s -ch1que mi hale. La thrapeutique psychanalytique dih' y profondm~nt de la suggestion, en ce qu'elle vise rame~~~ 1~ ~on~cie)nce les lments refouls (pour permettre leur assimi atron ', r~dresser un comportement vicieux, d-charge~ les emotwns latentes. Ce traitement doit vaincre des rsiStances, transfrer les cc affects " refouls puis liquide ce transf~rt'. Breuers a prcis le principe d~ la cure s ~ ~an:fhqf~ le fait ?e ramener la conscience un l~e~t

    ec 1 re o , dtrutt le symptome nvrotique qui s'y

    1. v. p. 51. 2. lbi., p. 87. 3 (4) p. 1 -4 ALLENDY (4) p. 139. .5 (4) p. 140.

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    74 LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    rattache, car tout ce qui peut faire vibrer les motions ou-blies, mme sans les formuler explicitement la conscience, comme la conversation, la lecture, les spectacles, la musique etc., possde une valeur cathartique, c'est--dire peut vider l'inconscient d'une partie de sa charge douloureuse. On a mille fois parl des effets de la confession qui est une catharsis, mais la psychanalyse possde ce caractre incomparable de dcouvrir explicitement les lments ignors . du sujet, donc impossible avouer d'aucune manire introspective ''

    Dans l'volution individuelle on peut distinguer des phases caractrises par l'apparition- dans chaque nouvelle phase -de ractions nouvelles base de pulsions lmentaires qui s'accumulent progressivement : ainsi aprs le choc de la naissance, o l'individu fait connaissance avec le monde extrieur, qui lui cause, pour la premire fois, des excitations douloureuses et met en place les mcanismes de la premire pulsion {dfensive-agressive). se dveloppent les ractions lies la pulsion numro 2 (digestive), et prcisment dans leurs sous-phases labiale, dentaire et anale. Aprs le sevrage et pendant la priode latente qui la suit, ce sont les instinct~ sociaux qui s'organisent, qui ont des relations avec la pr-sexualit infantile. Vient ensuite la phase de la pubert, o, ct des pulsions I et 2, se prsentent les mcanismes phy-siques et psychiques de la pulsion sexuelle (n 3). Enfin, ce sont les mcanismes ayant trait la pulsion n 4 - paren-tale - qui caractrisent la phase suivante et dfinitive de l'voluHon. Des obstacles qui s'opposent au cycle de dve-loppement des nergies psychiques, causent des troubles de l'inconscient, des arrts ou des rgressions, qui se compliquent de mcanismes compensateurs. De telles lsions initiales sont1 u le renoncement l'effort, les associations vicieuses (les complexes ), des attitudes rsultant de conflits de pu~sions. Les mcanismes de raction sont le refoulement, la compensation ou le dplacement (avec ses modes de pro-jection, introjection, transfert, sublimation); ils prt.ent toujours une rationalisation. Tous ces processus de ractl~:m , y compris la rationalisation, servent compenser la ls10n psychique initiale '' Au cours du traitement psychothra-peutique2, l'analyse, en pntrant de plus en plus profond-ment dans le psychisme, opre par une sorte d'abl~~ion progressive des couches de la personnalit : des mcamsmes de plus en plus lmentaires de l'inconscient apparaisse.nt, qui sont communs tous : la pulsion sexuelle, la puls10n

    I. ALLENDY (4) p. 103. 2. R:EIWALD (130) p. 21.

    SYMBOLISME ET PSYCHANALYSE 75 agressive, le narcissis~e. et des conflits de l'enfance c le cmplexe d'dipe, etc. omme

    Ams1, la psychanalyse se rvle comme la mthode ar ex-cellence, ~ou~ explorer l'inconscient et interprter le c~mportem~nt sort directement, soit symboliquement. Allendy ( p explique que le symbolisme est un processus primitif dpe4 _ rant d~ ~anque de . reprsentations abstraites et d~ refo~ment . Il se produtt automatiquement dans l'inconscient

    est surtout le rve qu~ opre par des symboles. cc Le symbol~ permet (comme dans 1 algbre) de jouer aisment avec des }concepts 9ue l'esprit aurait trop de peine embrasser dans eur totaht sans cet artifice

    ~ct d;. la psy~hanalyse, des nouvelles mthodes d'ex Io-atwn de ,lr!lconsctent se sont dveloppes les derniers teri:ps

    es procedes sont connus sous le nom de narcoanalyse et ~~nt en . que~que sorte une psychanalyse chimique, c'est--Ire qu lis s ~ff?rcen!, .comme cette dernire, de ramener

    par d~s procedes ch~mtques, la conscience les souvenir; refoules p~ur neu~raltser, dans un but psychothra euti ue leur PU vmr malfarsan t sur le corps et le psychisme de f.ho q ' ~e SUJet e:t plong dans un tat d'inconscience relativ~=t e a~ peut etr~ obtenu aussi par des mthodes de la com~thrapie convuls1;vante : c'est l'lectro-choc, une crise convulsive aar p~age ? u_n co~r.ant lectrique dans le cerveau. cc Chez

    es SUJ ets ams1 trartes, la conscience, avant de redevenir norma,le, passe par _un tat. trs comparable celui ui existe f.ans 1 hypnose, pno~e qm peut tre utilise pour ~ sugges-lOn ~n psychothrapte, et mme la psychanal se2 Pour

    fbtemr 1~ m.m~ possibilit par voie chimique 0~ a employ e c~ma msulimque ou le cardiazol, un convulsivant De ces

    pratiques sont n~es les ides de suppler la lente~r de la psychanalyse classique en mettant le sujet l'aide d' ~rogue, dans un t~t de demi-conscience (c( tat second ") ;~

    vre son su?co~scient l'exprimentateur (2 8)a. On con~atssazt toujours qu'une . lgre ivresse, due l'al-co~!, ~rdispose la loquacit, fait perdre le contrle de soi-

    rn me mme les sauvages employaient des drogues natu-re~l~s dans ces .bu!s, le peyotl mexicain, par exemple, tait uhhs par les mdtens pour rendre la victime incapable de farder un secret. Au dbut de notre sicle une srie de drogues urent. employ~es dans les mmes buts et ces activits ont

    abouti la notion du srum de vrit et son emploi dans des

    I. (4) p. 37-2 . CH.AUCHARO (28) p. 2J. 3 lbld., p. 23.

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    Lit MACHINERIE PSYCHIQUE

    buts judiciaires et policiers. Depuis la dernire guerre, c'est le pentothat, un barbiturique, qui a acquis une certaine c~lbrit, surtout aprs qu'en 1945 D lay proposa ~'int!oduchon de la narcoanalyse dans la pratique de la medecu~e lga~e titre purement mdical en tant que moyen de diagnostic aprs che des ~oyens courants d'i~vestiga~ion ?>. (28)1 Dans le cas d'application de la drogue 11 y a dispanhon de la censure, qui est l'origine du refoulement. L'adjonction d'une amine excitante du type de l'ortdrine peut surajouter la dpression hypnotique une excitation verbale qui facilite l'aveu2 On a vu aussi que la narcoanalyse peut non seulement inciter l'aveu des penses les plus secrtes, mais suggrer des conduites ou des opinions. Toutefois il y a ici, comme aussi dans le cas de l'hypnose, une limite : le narcoarialys ne fera pas ce qui est trop en dsaccord avec sa conscience vigile, il n'obira pas une su~g.estion .de c~m~. P~u~ efficace certes pour violer la personnahte et fa1re d un mdtvtdu ner-gique une loque, serait l'emploi rpt des mthodes de choc ou de la psycho-chirurgies. Du point de vue de la morale sociale, ces pratiques sont rprhensibles au mme titre q';le celles que nous dnonons dans ce livr~ so~s le nom d: vr,ol psychique. Heureusement, la psycho-ch1rurg~e a une momdre porte pratique et se contente d'affaiblir les processus cons-cients dans des buts thrapeutiques : on dconnecte les lobes prfrontaux de l'corce crbrale d'avec les centres sa base, o se trouvent les ressorts essentiels de la vie instinctive, vgtative, motionnelle, recouverts d'un cortex d'inhibi-tions', (( qui sont alors leves et donnent lieu ~n tat d'.in-souciance, en librant le malade de la mlancohe dpress1ve et dans le cas des dments agits en les calmant. Si on peut admettre l'emploi de ces pratiques dans des buts mdicaux, leur utilisation dans des buts politiques, par exemple, dans certains procs d'intention, a rencontr une rprobation universelle : le fait que la conscience humaine s'insurge contre ces faits est un signe rconfortant dans notre poque o la notion de frontire entre ce qui est socialement moral et immoral se perd de plus en plus souvent, car la possibilit d'utiliser en bien ou en mal les progrs de la science n'est pas affirme avec la force ncessaire : on le voit, par exem.ple, dans le fait que des savants ne se refusent pas travailler pour la guerre, et rechercher, dans leurs laboratoires, des

    I. lbid .. p. 25. 2. CHAUCHARD (28) p. 60. 3 1 bid., p. 9J. 4 CHAUCHARD (27) p. 98.

    DEUXIME SYSTME DE SIGNALISATION 77 nouvelles ~~.es meurt~res, une activit qui leur est impose par ~es polthctens et qw dshonore la science. Et Chesterton a ra1son de dire que (( l'hrsie moderne est de vouloir modifier l'me humaine pou'r l'adapter aux circonstances au lieu de modifier les circonstances pour les adapter l'me humaine ... Il sem.ble que le progrs consiste tre pouss en avant par la police1 l>, .

    En relation avec le monde de ractions rflexes dans l'in-conscient, mais aussi avec des ractions conscientes, existe une grande masse de ractions qui ont t mises ensemble par Pa v 1 o v et son cole dans les dernires annes de sa vie sous le nom de Deuxime systme de signalisation. Ce systm~ se base ~ur la fac~t appare~t; du cerveau humain de ragir spontane~nent, mcus, e? .rahte, en faisant appel des sym-~ol.es qm se sont anteneurement fixs dans les structures mtlmes du systme nerveux central. La parole, les symboles

    ver~au?' (prononc~ ou crits) y jouent un grand rle. Les exc1tatwns y arrivent, y sont emmagasines, entrent en contact avec d'autres, y emmagasines antrieurement ({( engrammes ), se combinent avec elles et n'apparaissent la surface que quand un besoin correspondant se manifeste et ceci souvent sous forme d'une chane complexe de signaux: Dans ces chanes, des rflexes conditionns peuvent tre combin~ et se succ~er avec des rflexes absolus, et de toutes catgones. 0!1 est d1s~en~ alors de former chaque chanon d.e cette ch~1~e comphq?ee de. rflexes par une action sp-Ciale, on uhhse les chamons mtermdiaires dj prts qui

    fo~~nt les lments de. notre bagage hrditaire ou acquis anteneurel!len~. Orbel.1 (Iog) cite comme exemple d'une telle . expl01tatwn du pnnc1pe du 2e systme de signalisation

    1~ fait q.u'on peut .chanter ou jouer une mlodie qu'un musi-cte.t? arr1vera ensmte reproduire sur son instrument, c'est--dire excuter toute la suite complexe de mouvements qui sont ncessaires pour rpter ce morceau; ou encore il la notera sous forme de notes musicales, ce qui permettra des centa~nes. d'autres musiciens et chanteurs de reproduire la mme ~elodie et en employant des techniques d'excution les pl~s d~verses. Un autre e~emple dmonstratif est fourni par 1 enseignement des exercices de culture physique. On peut utiliser ce but l'acte de l'imitation : le professeur mon-tre les mouvements qu'il veut faire apprendre, et les lves

    le~ rptent, . e~ l'imitant. Mais on peut aussi simplement fa.1re la descnphon, en paroles ou par crit, des mouvements

    I. Cit par CHAUCHARD (28) p. 97

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    LA MACHINERIE PSYCHIQUE

    excuter, et l'lve saura les reproduire sans les voir, donc sans les rflexes imitatifs, mais en reproduisant, mmoire, des impressions motrices recueillies autrefois et en les rali-sant ensuite sous forme de mouvements correspondants. Tous les animaux ayant une organisation nerveuse, peuvent acqurir un rflexe conditionn, en associant une sensation prsentative (conditionnante) et une sensation affective (absolue) presque simultanes. Chez les animaux suprieurs le dlai entre ces deux sensations peut, aprs acquisition, devenir assez grand : ce sont alors des rflexes conditionns retards.

    Les humains et quelques singes anthropodes sont capa-bles du symbole, c'est--dire d'une association assez durable et assez complte entre une perception prsentative et une perception affective (rflexes conditionns complexes et grand retardement)!. Comme rsultat d'appel au ze systme de signalisation on peut enregistrer de nouvelles structures jamais vcues, dont l'ensemble extriorise quelque chose de

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    rieuse et finalement mystique. A notre avis il suffit de parler tout court du phnomne de la vie mme qui se caractrise par les faits concrets de la .mme nature que tous les phno--mnes naturels, seulement prsentant un degr d'extraor-dinaire complication, vu la complexit chimique extrme de la matire vivante. Le fait de l'existence d'un domaine de notre psychisme o les phnomnes concrets de l'activit nerveuse se droulent notre insu, non clairs par la cons-cience, et que nous dsignons par le nom de l'intuition, ne contredit pas cette manire de voir. Nous ne nous mouvons point de ne pas

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    raction la force de gravitation qu'on observe chez des Crus-tacs et autres animaux infrieurs pourvus de statocystes ou organes d'quilibre pr~mitifs. .

    Dans le tropisme , dit Brach, de foyer stimulant est externe et perceptible et provoque chez l'animal un ds-quilibre organique assez gnral qui sera attnu ou supprim par l'approche ou le contact du foyer st~mulan~ (o~ au ;o~traire par son loignement en cas de tropiSme negatlf) : 1 an~mal est donc attir ou repouss par le stimulant. Le dsqui-libre provoque une tension neuronique en gnral incon-sciente et l'animal fait des dplacements orients jusqu' la rsolution de cette tension.

    Le mcanisme des tropismes n'est pas encore trs clair, il n'est pas exclu qu'on a devant soi alors des actions directes biochimiques des stimulants sur les rcepteurs, comme c'est le cas chez les plantes et les unicellulaires, dpemrvus du systme nerveux. C'est une explication des tropismes suggre dj par Jacques Loeb. . .

    En tout cas, il y a une d1ffrence nette entre les trop1smes et les rflexes intuitifs, mme les plus simples, comme les automatismes. C'est que dans les premiers, c'est le stimulant (foyer du tropisme) provoquant une excitation (attraction ou rpulsion) chez l'a~imal, q~i e_s~ d'i~portanc~ ~ap~t_ale, tandis que dans les reflexes mtmhfs, c est le desequilibre intrieur, provoqu pa: le stimulant dans le_ syst~e ~erve~x mme de l'animal, qm est en cause, et qm perstste Jusqu sa suppression. Dans les tensions-tropismes, parte qu: le foyer de stimulation immdiatement externe et percephbl~ provoque une ralisation immdiate, il n'y a pas de dla1 entre la stimulation dterminant le commencement de lq. tension et sa ralisation et donc pas de possibilit d'association avec une autre stimulation externe pendant 'l'activation de la tendance avant sa ralisation1. On pourrait peut-tre dire que dans le cas de tropismes on a affaire de sim pies ractions automatiques, tandis que dans le cas d'autom~tismes ce sont les rflexes automatiques qu'on a devant so1, o le systme nerveux est engag fond.

    Une grande partie de la sphre inconsc~ente occupe le_s instincts. Avec cette notion et ce terme il y a eu et il y a encore, dans la psychologie,. beauc?up. de confusion. Presque chaque auteur y met son mterpretatwn personnelle de ce terme. Dj Ribots, en 1873, disait:

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    Peu peu dans l'es~ce chaque fin .d'une man~vr~ (r~li sation d'un automatlsme-fi.ll) aurrut provoqu 1 acbvahon de l'automatisme-fille suivant. Pour les instincts chez les humains la dfinition de Claparde (31)2 nous paratt assez claire : L'acte. instinctif est un acte adapt, accompli, sans avoir t appris, d 'une faon uniforme par tous les individus d'une mme espce, sans connaissance du but auquel il ~end, ni de la relation qu'il y a entre ce but et les moyens m1s en uvre pour l'atteindre. nEt Bovet {19) prcise que l'c

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    maladies psychiques, mais encore une bonne part des mala-dies organiques.

    Mac Dougall (g8)1 distingue II instincts fondamentaux et, en plus, des pseudo-instincts. Il serait d'un grand intrt d'tablir chez les diverses espces animales, et naturellement chez l'homme, des inventaires des systmes d'instincts, d'essayer de les dcomposer en leurs lments (automatismes) et d'en faire aussi des tudes comparatives.

    Un autre groupe de rflexes intuitifs est form par les habitudes. Ce sont, l'origine, des rflexes conditionns, des actes conscients, qui, rpts souvent, se fixent de plus en plus, s'automatisent peu peu, et finissent par devenir inconscients. Si une pulsion dtermine d'un animal, se ralise par des actions cohrentes et prcises, et qui dcoulent rapidement, cela prouve que ce processus a t souvent renou-vel. Comme rsultat de ce renouvellement, il a t facilit, il s'est fray le chemin. Mais les observations prouvent que l'individu actuel se comporte immdiatement de faon par-faite et qu'il n'y a pas chez lui formation d'habitudes. Donc les habitudes ont d se former, dans ce cas, chez les individus au dbut de l'espce, sont devenues hrditaires et ont form des instincts. Il est facile concevoir qu'il n'est pas ais de faire une distinction nette entre les habitudes et les rflexes conditionns conscients, toutes les formes intermdiaires pou-vant subsister, caractrises par divers degrs de conscience.

    Nous avons dj dit que Jung (83) diffrencie deux couches dans l'incons~ient ; l'individuel, form d'engrammes, pro-venant de 1 expnence personnelle (souvenirs, effacs et refoul.s, et perceptions au-dessus du seuil d'attention) et le superindividucl ou collectif, constitu par des images innes, hrditaires, ancestrales, les Archtypes. videmment, ces symboles conservs dans l'inconscient, peuvent avoir une influence sur le caractre des impulsions qui viennent de cette sphre et dterminent le comportement, sans qu'on s'en rende compte, et sur les processus rflexes qui y ont lieu.

    Des rflexes conditionns refouls dans l'inconscient et s'y combinant avec des engrammes teints de telle ou autre pulsion, surtout des engrammes ancestraux, des archtypes, peuvent y donner origine des processus nerveux compliqus, qui influencent le comportement. ce sont alors des complexes, qui peuvent tre tirs des profondeurs du ze systme de signa-lisation et devenir, au moins partiellement, conscients.

    1. Cit par REIWALD (130) p. 82.

    HABITUDES. ARCHTYPES. COMPLEXES

    Allendy (4)1 insiste qu' u en tout cas, dans le complexe, il y a au moins un lment qui est inconscient, c'est le lien qui unit la reprsentation (notre engramme) au sentiment (notre pulsion) . Dans la thrapeutique psychanalytique on cherche mettre nu la prsence de certains complexes qui peuvent tre l'origine des dviations psychiques : une constellation typique de facteurs excitants peut contttibuer l'tablisse-ment des complexes.

    Encore un domaine d'activit psychique doit tre considr comme appartenant la sphre des rflexes intuitifs : c'est le domaine des faits, connus sous le nom de tlpathie ou de devination. On n'y connat gure encore grand-chose sur ces faits, sinon, comme le dit Allendy (4)2, qu'ils existent rellement et qu'ils ne procdent pas de dmarches intellec-tuelles ni d'aucun mcanisme conscient.

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    aucun ou peu d'intrt. C'est l'oubli passif. C'est le cas de ces rflexes conditionns qui se formerit innombrables, selon Pavlov , et disparaissent, en n'attirant pas notre attention; c'est aussi le cas des oublis des choses, qui perdent leur actua-lit et utilit, tant de nature phmre. Voici un exemple, donn par Arthus (ro): Si je change de rsidence j'oublierai vite les numros de tlphone que j'avais prsents la m-moire, mais qui ne me sont plus d'aucune utilit dans ma nouvelle rsidence, et dont je n'ai plus l'occasion de .me

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    servu. A cet oubli passif, normal et dont nous ne pouvons que

    nous rjouir, puisqu'il allge notre travail intellectuel, on doit opposer l'oubli actif, d au phnomne de censure ou dsensibilisation dont nous a v ons dj parl1. L'oubli actijl soustrait notre mmoire des images, que, consciemment, nous aurions intrt retrouver. Il s'exerce au dtriment de notre moi conscient ,, (nous dirions plutt : de processus plus complexes de notre psychisme, clairs par la conscience).

    La psychopathologie nous enseigne que l'oubli actif est une victoire des rflexes intuitifs (inconscients) automatiques sur les rflexes conditionns suprieurs de notre intelligence raisonnante (consciente), une victoire des rflexes sur les rsolutions dit Ar th u s (10), une victoire des rflexes intuitifs sur les rflexes intellectifs, dirions-nous, de l'affectivit sur le raisonnement. Tout oubli actif rend possible la ralisation d'un dsir, d'une pulsion de notr.e inconscient. Il implique toujours une opposition de l'inconscient la conscience, il reprsente une impuissance de la conscience la faveur de laquelle pourra se raliser ce que l'inconscint, ce que la vie intuitive, affective, rclame.

    Il nous semble que dans l'oubli actif on peut, son tour, distinguer deux cas : dans l'un, il y a une opposition de l'in-conscient trs ferme : c'est l 'oubli actif total; dans l'autre, l'opposition l'est moins : c'est l'oubli actif partiel. Tandis que dans le premier cas la rapparition des choses oublies se heurte des obstacles qui annihilent, on pourrait dire, la mmoire, dans le deuxime, la remmorMion peut tre atteinte moins pniblement et dans certains cas mme sans difficult aucune. Nous reviendrons ces faits tout l'heure quand nous traiterons de la question de la reviviscence des rflexes conditionns i