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I. TECNICHE COSTRUTTIVE E CICLI EDILIZI TRA VI E IX SECOLO, FRA ORIENTE E OCCIDENTE Atti del Seminario (Padova, 25 ottobre 2013) a cura di Gian Pietro Brogiolo

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I. TECNICHE COSTRUTTIVE E CICLI EDILIZI TRA VI E IX SECOLO,

FRA ORIENTE E OCCIDENTE Atti del Seminario (Padova, 25 ottobre 2013)

a cura di Gian Pietro Brogiolo

Jean-Claude Bessac

Techniques classiques de construction et de décor architectural en pierre de taille entre Orient et Occident (VIe-IXe siècle): abandon ou perte?

Archeologia dell’ArchitetturaXVIII 2013, pp. 9-23

1. Une problématique complexe et polymorphe

Quelle que soit la période choisie, aborder le thème du travail de la pierre suppose de le faire de manière dia-chronique. La connaissance de la genèse d’une technique est indispensable pour analyser sa situation à un moment donné de son histoire. Quant à son évolution, elle permet d’expliquer bien des aspects qui, considérés isolément, resteraient obscurs. Cette règle sera donc adoptée ici en commençant par un rappel des grandes périodes charnières des techniques de construction et en proposant quelques repères postérieurs au haut Moyen Âge. Le thème présenté ici est centré sur les techniques mais il est aussi lié à l’éco-nomie. Cet aspect sera donc pris en compte à la hauteur de ses effets directs et indirects sur la construction en pierre de taille appareillée lesquels sont très différents de ceux de la pierre sommairement taillée pour la maçonnerie.

Il existe de multiples interactions entre les diverses qualités de roches exploitables pour la taille (calcaires, grès, marbres, basaltes, granites, etc.), les composants des mortiers (sables, chaux, plâtre), l’outillage et le ma-tériel nécessaires (extraction, taille et mise en œuvre) 1, la situation technico-économique des régions concernées (industries extractives, développement commercial, etc.) et la disponibilité des spécialistes du bâtiment (carriers, tailleurs de pierre, sculpteurs, maçons, maîtres d’œuvre). La question posée ici s’avère donc trop large pour pré-tendre y apporter une réponse claire, sûre et définitive. C’est pourquoi seulement quelques pistes de recherches seront proposées pour aborder ce domaine trop souvent délaissé. Outre le point de vue particulier que peut apporter ici un archéologue, mais aussi avant tout un professionnel de la construction traditionnelle, sur l’évo-lution des techniques de la pierre de taille et de son décor, le but visé est l’élargissement des débats archéologiques au-delà du seul cadre habituel de l’architecture spéculative et de la stylistique.

La quantité et la qualité des vestiges architecturaux conservés d’un côté et de l’autre du Bassin méditerra-néen sont très inégales et favorisent nettement l’Orient. Cette différence s’applique au VIe s. et à une large partie du siècle suivant, mais au-delà et jusqu’au IXe s. inclus, presque partout en Occident, ces vestiges se réduisent à de rares exemples, souvent difficiles à dater. Ce déséqui-libre géographique et chronologique s’ajoute au manque d’investigations archéologiques pour ces périodes. Ces lacunes et incertitudes se traduiront également dans les

1 Bessac 1999, pp. 20-35.

lignes qui suivent. Par ailleurs, la pénurie des publications sur les techniques et l’économie de la pierre me contraint souvent à citer mes propres observations effectuées essen-tiellement dans les pays du Levant et sur la côte nord-ouest de la Méditerranée; je prie donc le lecteur de bien vouloir m’en excuser.

Précisons tout d’abord la valeur sémantique et l’im-portance particulière données à quelques mots clés dans ce contexte spécifique. Notamment, la différence de sens entre «abandon» et «perte» des techniques s’avère fonda-mentale dans le cadre de la construction du haut Moyen Âge: l’abandon découle d’une action volontaire et parfois longuement réfléchie alors que la perte tient souvent au hasard et que ses conséquences sont subies. Mais la grande variété des interactions peut entrainer des situations complexes où l’abandon d’une technique débouche sur la perte d’une autre technique plus ou moins connexe ou bien l’inverse. Parfois, il peut même exister une sorte de réaction en chaîne difficile à démêler. Quelques vocables techniques seront employés dans leur acception spécifique au monde traditionnel du bâtiment, comme «pierre de taille» qui désigne des blocs de roche spécialement taillés pour être intégrés dans une construction appareillée, c’est-à-dire composée d’éléments de forme et de volume plus ou moins prédéfinis et surtout assez précisément assemblés 2 (fig. 1). De même, l’expression «taille de pierre classique» sera utilisée ici dans sons sens général qui inclut tous les ouvrages appareillés à joints vifs, avec ou sans liant, héritiers de l’architecture gréco-romaine ou qui en sont à l’origine et non en référence exclusive à l’époque classique grecque. Les mots techniques peu communs seront définis en note lors de leur première apparition.

L’étude des techniques et de l’économie de la construc-tion en pierre est traditionnellement fondée sur plusieurs catégories d’indices archéologiques et historiques issues de sources et d’investigations diverses parmi lesquelles on compte surtout:– la documentation iconographique, malheureusement rarissime pour cette période;– les sources littéraires, mais elles sont peu dissertes sur ce thème pour le haut Moyen Âge;– les résultats de fouilles archéologiques de chantiers dont il faut souligner la trop grande rareté;– l’archéologie expérimentale et l’archéométrie de la pierre et du métal qui offrent quelques résultats intéressants mais qui n’ont presque pas abordé la période visée ici;

2 Noël 1968, p. 29 et 278.