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HYMNE A LA CRÉATION

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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE 50 EXEMPLAIRES SUR PAPIER ALFA

CONSTITUANT L'ÉDITION ORIGINALE ET RÉSERVÉS A L'AUTEUR

© by Editions du Scorpion, 1963 Tous droits réservés

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MANUEL CAMPAIS

HYMNE A LA CRÉATION

LES ÉDITIONS DU SCORPION JEAN D'HALLUIN, ÉDITEUR — 1, RUE LOBINEAU — PARIS 6

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DU MEME AUTEUR

LES BANQUES DE RESERVE FEDERALE AUX ETATS-UNIS

Ovrage épuisé publié en 1930 par les Editions DELAGRAVE à Paris

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Ad te levavi oculos meos

(David Psaume CXXIII)

A MA MERE

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AVANT-PROPOS

« De tous Jes ouvrages » a dit Frédéric Nietzche, « j'aime ceux que leur auteur a écrits avec son sang » et ce livre je l'ai écrit avec le sang que ma Mère a versé en moi.

Ce n'est pas un livre ajouté à tant d'autres : C'est le cri d'un fils déchiré qui pourrait servir de dépo- sition à la Sociologie.

Nul, fortune immense ou illustre naissance, n'est à l'abri des assauts d'un mauvais destin. Que faut-il faire pour les affronter ? Ma Mère va nous le mon- trer.

L'Ecriture nous rapelle que l'homme ne se nourrit pas que de pain ; il faut aussi un aliment à l'âme. Si pour un homme, la lutte pour la vie, le « strug- gle for life » comme disait Darwin, est pour le pain ; pour la femme, instrument de la Création, il l'est pour sa dignité.

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On m'a dit que si ma théorie devait être retenue pour servir de base à une loi, c'est tout l'édifice de la famille que l'on verrait s'effondrer ; mais on ne voit pas que l'édifice est déjà voué à l'effondrement si les piliers qui le soutiennent sont fondus dans l'ar- gile de la tolérance, de l'abandon et du mensonge ; tandis que les piliers de ma théorie sont trempés dans l'acier de la discipline, de la propreté, du sa- crifice ; et alors, la vie vaut la peine d'être vécue.

Tout en m'efforçant, dans la mesure où ma nature s'y prête et mes moyens me permettent, de demeu- rer simple, je n'ai pas pu, à certains endroits, ré- primer l'expression, peut-être trop marquée, d'un sentiment qui m'a violemment secoué. Je m'en ex- cuse et fais appel à la caution de Stendhal qui disait dans sa préface à « De l'Amour » :

« C'est en vain qu'un auteur sollicite l'in- dulgence du public. Le fait de la publica- tion est là pour démentir cette modestie prétendue. Il a meilleure grâce de s'en re- mettre à la justice, à la patience et à l'im- partialité de ses lecteurs ».

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« Un sentiment profond de la Nature, de sa puissance créatrice, une communion se- crète avec elle, une morale naturelle et lim- pide qui s'appuie sur les motifs mêmes de la vie, une justice qui se concilie avec elle et qui ne transige pas, qui n'a pas besoin de la force pour s'imposer, parce qu'elle va de soi, parce qu'elle jaillit spontanèment des sources intarissables de la vie et de ses lois, enfin un motif initial et fondamental d'action, qui n'est autre qu'un prolonge- ment de la piété filiale à l'égard de la Mère, telles sont les principales caractéristiques de la civilisation, essentiellement spiri- tuelle, qu'a imprimées aux peuples primi- tifs, le culte de la Terre-Maternelle, la croyance qui voyait dans la femme, dans l'amour et la sollicitude maternels, le mo-

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bile du Monde, la garantie de la Vie, la su- prême divinité ».

(Cf. PAPANOUTSOS « Le climat spirituel de la poésie de SIKELIANOS » (1) Revue Anglo-hellenique Athènes, 6 Août 1946)

(Trad. de M.C.)

(1) Pour ceux qui ne lisent pas le grec moderne, il y a lieu de faire observer que SOLOMOS, PALAMAS, SIKE- LIANOS, font le triumvirat qui éclaire la Poésie néo- hellenique. Tous les trois sont dans la tombe, mais le flam- beau qu'ils ont tour à tour transmis est un objet de culte pour les lettrés de tous les pays.

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Le but de la création c'est le don de soi PASTERNAK

ESTHELLE DE LAS BLANCAS

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Ma Mère naquit dans un petit faubourg, au bord de l'eau, qui servait, la mer une fois démontée, de havre aux pêcheurs pauvres.

Elle était la fille d'un important négociant, aimé et respecté pour sa grande bienveillance et sa droi- ture. Il était sévère, mais juste, et l'on allait à lui pour demander conseil.

Sa fille en était fière jusqu'à l'orgueil. Elle avait dans l'idée qu'elle pouvait à elle seule « annoncer l'aurore ».

Ses yeux étaient d'un si beau noir, que nul n'osait y porter son regard. Elle savait par son maintien, obliger les jeunes gens à se tenir à l'écart. Aucune lèvre païenne ne pouvait effleurer sa main qui mon- trait une rangée de doigts de circassienne. Elle était élancée, son cou était de nacre.

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Elle était heureuse de s'appeler Esthelle et ce nom ne devait exister que pour elle.

La maison de ses parents s'élevait loin, tout en haut du faubourg, presque isolée au milieu de la cam- pagne. Une maison coquette, mais sans extravagan- ce. La petite Esthelle y avait sa chambrette qui don- nait sur le jardin, très ombragée, fréquentée par des moineaux et des fauvettes. Elle ne voulait pas que l'on y regardât. Seul le parfum des roses d'en bas parvenait à forcer sa fenêtre qui demeurait toujours à moitié close. Elle se perdait aux ébats des petits oiseaux qui formaient sa compagnie la plus fidèle. Aux tous premiers rayons du jour, un frisson aux lèvres, elle ouvrait sa fenêtre, par un décret de sa faveur, pour écouter leurs serments d'amour, et elle y prêtait une oreille à ce point favorable, qu'elle tolérait, elle, si jalouse de son siège, à les voir bâtir , à portée des sa main, leurs petits nids, et puis, elle aimait tant assister à l'office de la becquée. Elle se disait leur marraine et tous les matins elle versait dans ces petits nids tout le millet qu'ils pouvaient contenir et surtout supporter. Esthelle était pour ces frêles corps ailés un ciel à part ; ils n'en voulaient pas d'autres.

Le jardin à ses pieds se trouvait décoré de cor- beilles dessinées par un jardinier sentimental. Des pots farcis de roses et de gros hortensias étaient

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rangés tout le long des allées, peignées et arrosées, bien entendu, avec un soin jaloux. Ces roses et ces hortensias, le jardinier les avait placés sous la haute surveillance de la petite Esthelle qui interdisait à quiconque d'y toucher. Pour tout arbre fruitier elle n'avait voulu qu'un superbe cognassier dont les ra- meaux laissaient pendre de pesantes boucles d'oreil- les. Ces fruits qu'on eût dit d'ivoire faisaient la pa- rure de sa fenêtre. Qui, voulez-vous que dans un tel empire, ait osé s'approcher pour y cueillir ?

Elle n'avait aucune idée de son temps. On lui avait fixé une heure pour la leçon, elle la brûlait régu- lièrement. Elle n'aimait pas lire et l'encre n'arrivait pas à laisser jamais une tache sur sa petite main adorable. Elle se disait qu'avec son âme elle était capable, toute seule, de lire tous les écrits de la Na- ture.

Elle avait un caractère entier, mais droit, car, elle tenait de son père. Dès cet âge elle faisait preuve de beaucoup d'autorité ; méprisait les compliments qu'elle savait de commande ; et, veillant à son main- tien, elle voulait, quand elle sortait, être accompa- gnée.

Elle n'aimait pas les jouets, ni les jeux. Consciente de sa primauté, elle écartait les fillettes qui n'étaient pas de son rang. Elle n'avait que du mépris pour ces jeunes serveuses du faubourg qui allaient cour-

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tiser les garçons, va-nu-pieds sur la plage. Elle res- tait si digne dans sa chambre rose ! L'orgueil fré- missait dans son petit corps de femme.

N'est-ce donc pas cet orgueil, Mère, qui devait dé- chirer le voile de ta vie !

Après tout cela on ne croirait pas qu'elle avait, pourtant, un cœur d'or. Chaque année, elle offrait à sa petite protégée, la fille du jardinier, un splen- dide cadeau pour sa fête. Elle descendait vite mettre, elle-même, dans la main des mendiants, la pièce de monnaie que grand'mère leur avait réservée. Elle insistait pour accompagner sa maman dans ses visi- tes aux malades privés d'assistance.

Dès l'âge de quinze ans elle se sentait capable de remplacer sa mère dans les soins de la maison. Elle en était le bras droit. Ses gens l'aimaient, car, à côté de son autorité, elle plaçait son humanité. Elle était serviable, s'y prêtait sans le montrer et n'a- baissait personne. Les servantes, qui la connaissaient et veillaient à ne pas la contrarier, soignaient leur propre conduite, parlaient peu aux porteurs, res- taient peu à la porte, et si quelque galant se risquait à flirter, elles le chassaient brutalement :

— Va-t-en, misérable, lui criaient-elles, si Made- moiselle te voyait, tu ne sortirais pas vivant d'ici !

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LA MORSURE

Elle avait atteint ses dix-sept ans, et il fallait, ce- pendant, aller dans le monde, et elle y alla avec l'intention de se faire enviée, de s'imposer. Elle savait qu'elle y trouverait la fleur de la jeunesse et elle choisit, presque avec fièvre, sa robe qui devait être un grand succès.

— Tiens, tiens, vois donc, c'est la petite Esthelle, elle est splendide, et pourtant elle n'est pas belle, disaient les jeunes filles tout bas, en la voyant, entrer au salon.

Sa robe d'un rouge noir épousait l'éclat de ses yeux qui parlaient. Un œillet, répondant à la robe, était noué à son épaule. La tension la rendait pâle. Il y avait dans sa démarche un peu de hauteur.

On s'empressa autour d'elle sans malice, on la gronda de se montrer si rare. Il y avait dans cette

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IMPRIMERIE SPÉCIALE

DES ÉDITIONS DU SCORPION — PARIS

N° d'éditeur : 1564 Dépôt légal : 3 trimestre 1963

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Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

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