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HROSES : OUTRAGE À LA RAISON

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HROSES : OUTRAGE

À LA RAISON

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S A L L E F R E D - B A R R Y D U 4 A U 1 4 AV R I L

TEXTE ET MISE EN SCÈNE

JILL CONNELLPRODUCTION IT COULD STILL HAPPEN

« LA POSITION DU COEUR CHANGE SOUVENT PENDANT UNE VIE. C’EST PAS PARCE QU’ON EST À UN PELOTON D’EXÉCUTION QU’ON VA SE FAIRE TUER. » — ELLERY

Les mines de sucre s’étendent sous la ferme de papier, propriété de deux familles rivales.

Lily, la petite fille de la chef de famille de la ferme de papier, rencontre Ellery, né sous terre dans les mines de sucre pendant une éclipse solaire. Deux solitudes, deux langues, l’anglais et le français se rencontrent dans ce conte étrange où deux êtres s’interrogent sur comment mener une bataille pour l’amour.

Si HROSES : Outrage à la raison est une histoire d’amour tragique, c’est aussi une fable d’espérance. Pour exprimer la beauté de cet amour et notre incapacité à le perpétuer, Jill Connell a choisi ce qu’elle nomme le heightened world, ce monde plus grand aux confins de la parabole et du réalisme magique.

It Could Still Happen est un collectif d’artistes de théâtre qui créent des performances viscérales dans des lieux non-conventionnels. L’auteure et metteure en scène Jill Connell, établie à Toronto, collabore avec la chorégraphe montréalaise Tedi Tafel pour créer des structures où la performance est basée sur l’écoute et l’impulsion. HROSES : Outrage à la raison a été créé à Montréal et Toronto en février 2017.

AVEC SASCHA COLE ET FRÉDÉRIC LEMAY

TRADUCTION FRANÇAISE ET DRAMATURGIE BILINGUE MIREILLE MAYRAND-FISET

MOUVEMENT ET ASSISTANCE À LA MISE EN SCÈNE TEDI TAFELCONCEPTEURS PAUL CHAMBERS, ISHAN DAVÉ, MATTHEW PENCER, CLAUDIA DEY ET HEIDI SOPINKA

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P O I N T D E V U E

P O U R Q U O I ?

Deux solitudes, deux langues, une bataille pour l’amour. En lisant HROSES, je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec la scène théâtrale montréalaise. Pourquoi les artistes anglophones et francophones se mélangent si peu ? J’ai voulu en savoir plus sur ce qui nous distingue, ce qui nous unit… sur ce que ça nous apporterait de collaborer davantage. J’ai aussitôt pensé à Jon ! Comédien, metteur en scène et auteur originaire d’Edmonton, il travaille maintenant à Montréal autant sur la scène anglophone que francophone. Il me semblait bien placé pour réfléchir à cette réalité.

- S. Cardi

Automne 2012. Je viens tout juste de commencer à l’École nationale.

Ma première blonde québécoise et moi, on est en pleine crise : « Ça marchera jamais », qu’elle me dit, des larmes dans les yeux, « parce que peu importe ce qu’on pense, t’es anglais, pis chu Québécoise. You will never completely understand the way I think. »

Je trouvais qu’elle généralisait pas mal !

Changer la routine, des fois, c’est comme perdre une tradition qu’on a travaillé fort à affirmer. Ça explique peut-être pourquoi il y a si peu de collaborations artistiques entre les deux solitudes.

Okay, let’s talk about it. Je vais, comme mon ex, faire des grandes généralisations.

Quand on pense aux auteur(e)s dramatiques au Québec, Michel Tremblay nous vient rapidement en tête : un homme qui a fondé un théâtre d’affirmation pour les Québécois et la langue québécoise. Ça a donné de l’espace à des auteurs comme Olivier Choinière, Robert Lepage et Evelyne de la Chenelière. Ils ont offert à leur tour leur propre regard sur le monde et sur le Québec. Canada has a different story. En parlant avec plusieurs artistes et directeurs artistiques anglophones à travers le

HROSES : OUTRAGE À LA RAISON

REGARD SUR LES DEUX SOLITUDESPAR JON LACHLAN STEWART

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Canada, j’ai noté une tendance à valoriser plutôt le côté communautaire de chaque auteur : Ann-Marie MacDonald wrote the first lesbian kiss on the Canadian stage, Djanet Sears wrote casts of all black artists, and Tomson Highway forged a path for indigenous writers. Bien sûr, le Québec a produit des écrivains comme Yves Sioui Durand, mais la voix indigène reste obscure, ou même invisible. Some francophone directors I’ve interviewed in Montreal expressed that in their opinion, Montréal writing isn’t necessarily about writing about a specific community or visible minority, but rather just creation, period ; that writing isn’t about reminding us of our cultural roots, but rather talking about Québec’s place in the world.

Peut-être que des artistes comme Tremblay ont inculqué une habitude profonde d’aller au théâtre au Québec. En général, quand un anglophone non-artiste à Toronto pense au théâtre, il pense à la grande compagnie Mirvish, qui produit des comédies musicales la plupart du temps... Even though there are tons of fantastic companies producing new Canadian plays, je crois que la culture canadienne anglaise est souvent éclipsée par notre croyance que le théâtre sert à s’évader, que c’est seulement du divertissement. On est extrêmement influencés par la culture américaine. À Montréal, j’entends tellement l’accent québécois sur scène, que ça me donne l’impression qu’aller au théâtre pour un Québécois, c’est plutôt une réaffirmation de sa culture. We don’t have this level of connection to theatre and to our language in English Canada.

Let’s talk about representation in our respective communities.

Alix Dufresne, jeune chorégraphe et metteure en scène, fait une observation intéressante : « Je trouve en général que la culture canadienne a des longueurs d’avance sur l’éveil social... le racisme, le sexisme… mais ce que je trouve étonnant, c’est que ça ne se traduit pas au théâtre. Je trouve que le théâtre (canadien) est très sage. » Alisa Palmer, directrice du programme anglophone de l’École

nationale de théâtre du Canada, ne pense pas que c’est aussi simple que ça. Selon elle, on ne peut pas comparer comment nos deux solitudes représentent la diversité sur scène. That maybe geography and population size has something to do with why theatre in English Canada seems to have taken on the discussion around inclusivity.

Généralisons encore. Dans les années 1970 et 1980, un des grands principes de l’écriture canadienne était « we are diverse », tandis qu’au Québec, c’était « nous sommes Québécois ». Le dialogue que je rencontre le plus souvent sur les scènes québécoises est celui de chercher à pousser la forme artistique, tandis qu’au Canada, c’est un dialogue autour de qui on est et de comment vivre équitablement ensemble. J’ai l’impression qu’en recherchant un théâtre de formes dynamiques, le Québec a oublié la diversité qui le constitue, et que le reste du Canada, dans sa recherche de représenter diverses communautés sur scène, est en manque général de diversité de formes.

Et si les deux solitudes collaboraient ensemble ?

Ben, j’pense pas que tous nos « problèmes » disparaîtraient.

So... why should we do it ?

Le potentiel de l’union de nos deux solitudes me fait penser un peu à apprendre le latin : ça ne « sert » pas nécessairement à quelque chose. Mais ça transforme et réorganise notre façon de penser et d’interpréter. Mais finalement, pour moi, la diversité et la collaboration entre les solitudes n’est pas une question de « est-ce qu’on devrait... »

It just is who we are. All of us, in all our perceived differences, are all here together.

Let’s listen to one another.

Je repense à ma conversation avec mon ex… « You will never completely understand the way I think. » Après

un silence tendu, je lui ai répondu : « Isn’t that the case with everyone, all the time, everywhere ? » Même quand on parle la même langue, qu’on essaie bien fort, on ne réussit jamais à communiquer à 100%. Notre diversité de langage expose le fait que finalement, comme dit notre ami Samuel Beckett, « words fail ». Speaking different languages is an excuse to listen closer to one another.

Ça commence à être clair pour moi.

J’aurais juste une autre généralisation à faire.

I think we should all hang out a bit more. And listen.

Jon est metteur en scène, écrivain et comédien bilingue à Montréal, directeur artistique du Théâtre Surreal SoReal, codirecteur artistique avec La Fille du Laitier à Montréal, et finissant de l’École nationale de théâtre en mise en scène. Ses mises en scène incluent Madame Catherine prépare sa classe de troisième pour l’irrémédiable (Prospero, 2018), Macbeth Muet (tournée à New York, Texas, Vancouver, Ottawa, FIAMS, Casteliers 2018), TONG: Un Opéra sur le bout de la langue (Festival Petits bonheurs, 2018), L’Homme Boîte (Zone Homa 2016), Funny Girl (assistance, avec le centre Segal), Before Her Time : 3 plays by Samuel Beckett, Shopping and Fucking, A Number, The Woman Before (toutes avec l’École nationale de théâtre), The Genius Code (Catalyst Theatre, Edmonton, 2 nominations), Guernica (Hidden Harlequin, nommée pour meilleure mise en scène), et Big Shot (Carrefour international de théâtre, Prospero). À venir bientôt : Jonathan Livingston le Goéland, qui mettra en vedette plusieurs danseurs vivant avec des handicaps physiques, et Trying to listen while not giving a fuck, une pièce construite avec un concept technologique complexe et surprenant.

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LES SUGGESTIONS DE GILLES POULIN-DENIS

Christine Quintana - Jeune auteure, originaire de Vancouver, Christine est maintenant artiste associée au Tarragon Theatre de Toronto. J’ai eu le plaisir de traduire une de ses pièces pour adolescents, Selfie, en français. Elle a une écriture acérée et une maitrise du rythme. Depuis quelques années, Christine s’établit de plus en plus sur la scène nationale et ce n’est qu’une question de temps avant que sa carrière explose.

https://christinequintana.ca/

THÉÂTRE CANADIEN- ANGLAIS

Elysse Cheadle - Jeune créatrice basée à Vancouver. J’ai découvert l’oeuvre d’Elysse un soir de novembre dans un loft au fin fond d’un immeuble sur Hastings. Soft face and Featherless est une oeuvre finement écrite, entre le show rock et la performance artistique, tout en gardant une solide structure narrative. Une artiste à suivre.

http://www.elyssecheadle.com/

Selfie avec Julie Trépanier (red hair), Siona Gareau-Brennan (blonde hair) et

Vincent Leblanc-Beaudoin.

Acteur : Elliot Vaughan. Soft face and Featherless mis en scène par Marc Arboleda

HROSES : OUTRAGE À LA RAISON

P O U R Q U O I ?

J’ai demandé à Gilles Poulin-Denis et Laurence Dauphinais, deux artistes qui œuvrent autant au Québec que dans le reste du Canada, de nous aider à découvrir les artistes et le répertoire canadien anglophone. Question d’ouvrir les horizons un peu !

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LES SUGGESTIONS DE LAURENCE DAUPHINAIS

Supine Cobbler de Jill Connell (la même auteure que HROSES !)

Late company de Jordan Tanahill

Butcher de Nicolas Billon

Brothel #9 de Anusree Roy

THÉÂTRE CANADIEN-ANGLAIS

Laurence Dauphinais a été formée à l’École nationale de théâtre du Canada en interprétation et travaille également à titre d’auteure, de metteure en scène et de musicienne. Laurence a été partie prenante de nombreuses productions scéniques dont les versions française et anglaise de Cinq visages pour Camille Brunelle, et ishow, dont elle a assuré la co-mise en scène et la traduction anglaise, deux spectacles ayant abondamment tourné au Canada et en Europe. Elle était de la production à guichets fermés de Siri, spectacle présenté à Montréal, Édimbourg et Rio de Janeiro.

Gilles Poulin-Denis est un comédien, auteur, traducteur et metteur en scène originaire de la Saskatchewan. Il est diplômé en théâtre (jeu), de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, et écrit plusieurs textes dont Rearview, Statu Quo et Dehors. Il est directeur artistique de la compagnie de création 2PAR4, basée à Vancouver, ainsi que de la Biennale Zones théâtrales au Centre national des arts.

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