histoire de la pensée Économique

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Plan du cours Introduction générale Les précurseurs : mercantilistes et physiocrates Classiques : Adam Smith, Ricardo, Say et Malthus F. List Karl Marx Les néoclassiques Keynes Les néolibéraux

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Page 1: Histoire de La Pensée Économique

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Page 2: Histoire de La Pensée Économique

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L‟objectif de ce cours est de fournir aux étudiants, les éléments nécessaires à la mise en

perspective historique des connaissances acquises au cours de leur scolarité en sciences

économiques.

On retiendra ainsi quelques auteurs majeurs qui ont marqué l‟histoire de la discipline et dont

la connaissance fait partie du patrimoine intellectuel des économistes.

La présentation du cours sera faite de manière chronologique. Nous commencerons avec les précurseurs (mercantilistes et physiocrates) puis les classiques. Nous poursuivrons avec F. List et K Marx, après nous entamerons la révolution Marginaliste avec les néoclassiques puis l'apparition du Keynésianisme et enfin nous terminerons avec les néolibéraux et les

contemporains.

Histoire de la pensée

économique

Semestre : 5

Branche : Economie et gestion

Prof : ASSI Driss

Année universitaire 2014-2015

Il est disponible uniquement sur :

www.univergestion.com : site instructif et éducatif en

matière de gestion, d'économie et de comptabilité

Disponible uniquement sur le site www.univergestion.com

Page 3: Histoire de La Pensée Économique

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Introduction générale

1-l'intérêt de l'étude de l'histoire de la pensée économique : pourquoi faire de la

pensée économique ?

2-comment étudier la pensée économique ?

3-formation de la pensée économique comment la pensée économique s'est-elle

constituée ?

1-l'intérêt de l'étude de l'histoire de la pensée économique

L‟HPE se trouve comme son nom l'indique, au carrefour de deux grands domaines de la connaissance, l'histoire et l'économie, c‟est l'étude et l'analyse des pensées et théories économiques du passé.

-pourquoi faire l'histoire de la pensée économique ?

L’étude de la pensée économique présente un intérêt pour plusieurs raisons :

L‟HPE fait partie intégrante de la science économique, l‟étude de la pensée économique est l‟étude de l‟économie elle-même, l‟économie n‟est pas une discipline aboutie, les principaux auteurs se sont situés par rapport à leurs prédécesseurs sous forme de la synthèse, du recouvrement ou de la critique. Par exemple, Ricardo s‟est situé sur le terrain balisé par Smith. Marx a construit son œuvre économique par rapport à Smith et Ricardo. Walras, fondateur de l‟école néoclassique, s‟est situé par rapport à l‟école classique. Keynes grand économiste du 20ème siècle a croisé les fers avec les continuateurs des néoclassiques comme Pigou mais aussi avec les mercantilistes comme De Mondeville. En économie les idées ne meurent pas

mais elles dorent, exp depuis les années 70 on assiste à un retour au libéralisme.

Plan du cours

Introduction générale

Les précurseurs : mercantilistes et physiocrates

Classiques : Adam Smith, Ricardo, Say et Malthus

F. List

Karl Marx

Les néoclassiques

Keynes

Les néolibéraux

Les contemporains

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L‟étude la pensée économique permet de faire le bilan des tentatives d‟explications de

phénomènes et en tirer enseignements pour comprendre la réalité actuelle, Autres motifs :

« Les hommes d‟action restent les esclaves de quelques économistes passés, dit Keynes »

( cette citation souligne à quel point le poids du passé de la discipline est important)

2-Comment étudier la pensée économique ?

L‟étude de l‟histoire de la pensée économique ne consiste pas seulement à étudier et commenter les écrits des économistes décédés, mais surtout de s‟efforcer de saisir le mouvement par lequel leur pensée s‟est constituée, à savoir replacer les développements dans leur contexte historique et tenter de comprendre les motivations des auteurs et les reconstruire. C‟est à dire , savoir ce qu‟ont pensé les gens avant nous, mais il ne s‟agit pas seulement de revisiter les théories et pensées économiques du passé, mais aussi et surtout de voir quels enseignements peut-on en tirer pour comprendre la réalité actuelle et les discours et débats actuels sur les problèmes économiques et sociaux contemporains, c‟est-à-dire voir ce qui reste d‟actualité dans ces théories et qu‟on peut utiliser aujourd‟hui

3-La formation de la pensée économique

Les premières réflexions sur l‟économie remontent à l‟antiquité. Trois auteurs se sont particulièrement illustrés par leurs réflexions économiques : PLATON et ARISTOTE dans

l‟Antiquité et THOMAS D‟AQUIN au Moyen-âge

Afin de cadrer chronologiquement les faits on peut retenir les étapes suivantes

Le néolithique s‟achève avec l‟invention de l‟écriture, vers 3500 ans av. J.-C, mais aussi le passage des outils de pierre aux outils de fer, l‟âge des outils dits de « bronze », constituant une phase intermédiaire entre les outils de pierre et les outils de fer.

La période qui lui succède est l’Antiquité : Elle commence avec l'invention de l'écriture (3 500 ans avant J.-C.). Elle se termine avec les invasions barbares ou migrations eurasiennes,

entre 300 et 600 après J.-C.

Le Moyen Âge : période située entre l‟Antiquité et la Renaissance, soit entre 476 (chute de l'Empire romain d'Occident) et 1453 (chute de l'Empire byzantin) après Jésus-Christ, du Ve au xve siècle. Il s‟étend sur une période de mille ans.

La renaissance: début, la découverte de l‟Amérique par Christophe COLOMB en 1492.

Pour ce qui est de la fin, on peut prendre comme point de repère les débuts de la révolution

industrielle en Angleterre, vers 1750.

-deux questions concernant l'économie vont faire débat entre Platon et Aristote

- La première question est celle de la propriété : faut-il que celle-ci soit collective, comme le

pense PLATON, ou privée, ainsi que le soutient ARISTOTE ?

- La seconde question est celle de la répartition de la richesse : celle-ci doit-elle être distribuée égalitairement, comme l‟exige PLATON, ou faut-il qu‟elle soit distribuée proportionnellement à l‟effort de chacun comme va l‟expliquer ARISTOTE ?

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Par la suite, Thomas d‟Aquin réfléchissant sur la pensée d‟aristote, va largement reprendre à son compte les idées du penseur grec et tenter, dans un autre domaine, celui du taux d‟intérêt, de faire évoluer la pensée de l’église.

Cependant, durant le moyen âge, la pensée économique était dépendante de la morale et de la religion, c'est à travers la morale et la religion que l'on va aborder certaines questions économiques. En effet, l'Eglise condamne la richesse matérielle, l'accumulation d'argent, l'économie n'existe donc pas vraiment en tant que discipline autonome (...). Les travaux de Saint Thomas d‟Aquin en témoignent. Il s‟agit de déterminer quelles sont les pratiques économiques « justes » selon la religion chrétienne et la volonté de Dieu. Cette démarche conduit Saint Thomas d‟Aquin à considérer qu‟il existe un « juste prix », un « juste profit », un « juste salaire » et à condamner comme immoraux les prêts avec intérêt.

Avec la Renaissance, (1450-1789) ( vaste mouvement de transformations intellectuelles, morales, économiques et politiques, caractérisé par le développement de l‟art, la science et la réforme de l‟église, découvertes, Etat nation,…) l’économie apparaît comme discipline autonome, séparée de la théologie, de la philosophie et de la morale. L‟économie

abandonne alors les préceptes moraux et religieux.

La science économique, en tant que discipline ayant sa finalité, son objet et sa méthode propres, est née avec l’apparition du capitalisme et s‟est développée avec l‟expansion de ce dernier dans la mesure où le profit et l‟intérêt ne sont plus condamnés, mais valorisés.

A partir du 16ème siècle, le développement de la pensée mercantiliste (1450-1750) puis des

physiocrates (1758-1776) marquera l‟essor de l‟économie politique comme science autonome

ayant son objet et sa méthode propres.

Depuis plusieurs écoles et courants de pensée économique se sont développés.

Historiquement, on peut successivement distinguer le mercantilisme, le libéralisme de l‟école

classique, le marxisme, le courant libéral néoclassique, le keynésianisme et enfin des

développements contemporains de la pensée néolibérale.

Chapitre 1 : Les Mercantilistes

Introduction

Place des mercantilistes dans la pensée économique Les mercantilistes n’ont pas une grande place dans la pensée éco, ils ne forment

pas une école de pensée au sens strict. Certains auteurs (A.Smith par exemple) ne parlent

que de mercantilisme ou d‟écrits mercantilistes. Cette pensée ne sera reconnue que par

certains auteurs tels que K Marx et Keynes. Keynes les considère comme ses précurseurs.

Le contexte historique des mercantilistes

La doctrine mercantiliste a évolué sur une longue période (1450-1750) (phase de transition

du féodalisme au capitalisme). C‟est une période marquée par des transformations radicales et

de grands bouleversements Ces principales mutations peuvent être résumées ainsi :

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L’émergence de nouvelles mentalités (l‟émancipation de l‟homme à l‟égard de la religion

et de l‟église) favorables à l‟activité économique et à la recherche scientifique

L’affirmation de l’Etat nation : naissance d‟‟une nouvelle conception de l‟Etat

indépendante de la morale et de la religion

Les grandes découvertes et élargissement du commerce international:

L‟invention de la boussole et du télescope s‟est traduite par une nouvelle ouverture du

monde : 1456, les portugais atteignent l‟Afrique ; 1492, Christophe Colomb découvre

l‟Amérique ; 1498, Vasco de Gama atteint l‟Inde ; 1519, Fernand Magellan fait le premier

tour du monde. C‟est l‟époque d‟exportation d‟esclaves et du commerce triangulaire entre

l‟Afrique et l‟Amérique. Tous ces faits ont favori n sé l‟apparition du mercantilisme dont le

but principal est d‟enrichir la nation.

Fondements et formes de la pensée mercantiliste

Fonds commun des mercantilistes

La problématique commune aux mercantilistes : Comment enrichir la nation désignée par

l‟Etat ? Pour eux, le but de l‟économie politique est d‟enrichir la nation. Il s‟agit donc d'une

analyse essentiellement normative : les mercantilistes se sont fixés un objectif et préconisent

des moyens pour y parvenir. Ce sont par nature des interventionnistes

Les principales formes de la pensée mercantiliste

Cette doctrine, dont la pierre d'angle est l'identification de la richesse aux stocks d'or et

d'argent, s'est traduite par des politiques fort différentes selon la façon de procéder pour

accumuler la richesse. Nous allons donc étudier successivement :

Le mercantilisme espagnol ou bullioniste

Cette forme initiale du mercantilisme s‟est développée en Espagne et au Portugal. Ces

auteurs estiment que la richesse d‟une nation se mesure par la quantité des métaux précieux

dont elle dispose (pillage des métaux précieux de l‟Amérique latine). Ce système a échoué

parce que:

D‟une part l‟afflux d‟or et d‟argent sur le marché espagnol a provoqué une violente hausse de

prix. Comme les prix des produits espagnols sont plus élevés qu‟à l‟extérieur, leurs

exportations sont défavorisées, alors que les produits étrangers étaient attirés en Espagne. Il

s‟ensuit un déséquilibre de la balance commerciale de l‟Espagne et par conséquent une sortie

de l‟or espagnol vers les divers pays d‟Europe. D‟autre part, l'activité agricole et l'activité

industrielle sont réduites à presque rien. Ce qui a engendré en définitive un appauvrissement

de l'Espagne et contribué à retarder durablement le développement de ce pays.

Le mercantilisme anglais ou commercialiste: reflet de la situation géographique de la

grande Bretagne qui était à l‟époque la reine des mers. Pour s‟enrichir, la Grande Bretagne qui

ne peut compter sur l‟afflux de métaux précieux, doit dominer le commerce mondial. La

richesse d‟une nation se mesure par l‟étendue de son commerce international

Le mercantilisme français ou industrialiste: c‟est un courant de pensée qui s‟est

développé en France au 17ème siècle. C‟est l‟expression du contexte français. En effet, la

France qui ne maitrise pas le commerce maritime et n‟ayant pas de colonies, préconisait le

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développement des manufactures (c'est le nom que l'on donnait aux usines). Il s'agit toujours

d'enrichir l'Etat, mais par le développement industriel.

Les principales idées mercantilistes L‟économie fonctionne comme un jeu à somme nulle ( stock de ressources limité, intérêts des

nations sont antagoniques, un pays ne peut s‟enrichir qu‟au détriment d‟un autre); Le

mercantilisme, en conséquence, aura tendance à dresser les pays les uns contre les autres.

Balance commerciale excédentaire: Pour se procurer de l‟or et de l‟argent, un pays doit

avoir une balance commerciale favorable ou excédentaire (X supérieures aux M)

Le protectionnisme: Pour favoriser la réalisation d‟une balance commerciale excédentaire et

développer l‟activité manufacturière, ils préconisaient l‟élévation des droits de douane pour

taxer l‟importation des produits finis, interdisaient l‟exportation des matières premières

nécessaires à l‟industrie nationale et encourageaient l‟exportation des produits manufacturés

ainsi que l‟importation des matières premières et du blé une fois la production nationale est

insuffisante

Termes de l’échange favorables: prix des exportations doivent être supérieurs aux prix des

importations (commerce colonial).

Croissance démographique, bas salaires et armée: Les mercantilistes sont

populationnistes, c'est-à-dire favorables à l'augmentation de la population dans un pays.

L‟abondance de la main-d'œuvre (bas salaires) favorise le développement de l'industrie et du

commerce, notamment des exportations. Par conséquent les industriels et les marchands

s'enrichissent. Cela permet aussi de lever des armées puissantes, ce qui bénéficie à l'Etat

L’interventionnisme et le nationalisme économiques (Etat doit être fort et capable de

défendre les intérêts de la nation).

Division du travail entre la métropole et les colonies (fournitures de matières premières et débouchés pour les biens d‟équipements) Pour eux, les bas salaires ne sont pas seulement un moyen de réduire les coûts de production et d‟augmenter les profits des manufactures mais également le moyen d‟obliger les gens à l‟abondance de la monnaie pour faciliter les échanges et le financement des manufacturiers. Le taux d‟intérêt ne peut être bas que si l‟offre de monnaie s‟y prête. La monnaie est jusqu‟ici assimilée au capital. Ce n‟est que plus tard qu‟on parle de la monnaie fiduciaire.

Conclusion

Avant sa réhabilitation par Keynes, le mercantilisme a fait l‟objet de plusieurs critiques. Mais

pour comprendre la pensée mercantiliste, il faut la replacer dans son cadre historique. Le

mercantilisme peut être considéré comme la première ébauche d‟une science économique.

Cette pensée a contribué à l‟autonomie de l‟économie des autres disciplines notamment la

philosophie et la religion, etc. Elle nous permet de comprendre comment les pays d‟Europe

occidentale ont pu s‟enrichir et comment ils ont structuré les autres pays notamment sous

développés en fonction de leurs besoins. Elle nous enseigne également que le sous

développement des pays du Tiers Monde est le résultat de leur subordination aux pays

développés et que leur développement passe nécessairement par le refus de cette soumission.

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La pensée mercantiliste est encore actuelle dans la mesure où elle peut nous aider à

comprendre certains aspects du fonctionnement du capitalisme actuel comme le cas de la lutte

acharnée des différentes puissances mondiales sur le contrôle des ressources naturelles,

comportement agressif des firmes multinationales, division internationale du travail quasi-

coloniale, etc. Certains parlent du néo-mercantilisme. Ainsi, la pensée mercantiliste mérite

d‟avoir une place importante dans la pensée économique

Les physiocrates A la différence des mercantilistes, la pensée physiocrate s‟est développée sur une courte

période (1756-1776) et uniquement dans l’espace français. C‟est une véritable école

avec un maître (F. Quesnay) et des disciples.

Contrairement aux mercantilistes, la pensée physiocrate occupe une place importante dans la

pensée économique. La pensée physiocrate, à travers le tableau économique de F.Quesnay a

exercé une grande influence sur beaucoup d‟économistes. Cette pensée a contribué à la

formation de la comptabilité nationale et de la macro-économie.

L‟étude des physiocrates présente un intérêt particulier non seulement par l‟importance de sa

contribution dans la formation de la pensée économique, mais aussi et surtout par l‟actualité

de certains de ses enseignements. Elle peut aider à comprendre certains problèmes de

l‟économie moderne tels que les famines et la dégradation de l‟environnement.

Le contexte historique des physiocrates La pensée physiocrate est apparue en France dans une période d‟avant la révolution industrielle comme réaction au mercantilisme. Son agriculture était en crise à cause des politiques mercantilistes (Colbertisme) ayant favorisé l‟industrie et le commerce extérieur. La faiblesse des prix du blé jointe à une fiscalité lourde ont entrainé la multiplication des terres incultes et l‟exode des ouvriers en ville. Face à cette situation économique et sociale préoccupante, la pensée physiocrate s‟est développée pour le développement de l‟agriculture L'école des Physiocrates a introduit dans la science deux idées nouvelles qui étaient

précisément à l'antipode du système mercantile : l‟existence d‟un ordre naturel, la

prééminence de l‟agriculture sur le commerce et l‟industrie

L'ordre naturel L’ordre naturel : Cet ordre naturel est le meilleur possible et le seul capable de permettre

à une nation de prospérer. Il est donc nécessaire d‟en découvrir les lois et de s‟y conformer,

car toute société qui ne s‟adapte pas à cet ordre ne peut que régresser.

Pour les physiocrates, l‟ordre naturel est fondé sur trois principes : la propriété, la liberté et

l‟autorité :

-La propriété : La propriété est un droit naturel. S‟il n‟y a pas de propriété privée, personne

ne cultive la terre au delà de l‟autoconsommation.

-La liberté : Ce principe trouve sa pleine expression dans le « laisser faire, laisser aller »

-l’autorité : Ce principe complète les deux premiers. L‟autorité sert à préserver les droits de

propriété et de liberté. Sans sûreté, les propriétaires fonciers n‟oseraient faire des avances

primitives

Page 9: Histoire de La Pensée Économique

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Agriculture : source de richesse A la différence des premiers, la richesse d‟une nation ne dépend pas de la quantité des

métaux précieux dont elle dispose, mais des biens matériels nécessaires à la satisfaction des

besoins de première nécessité de la nation. L‟argent n‟est qu‟un simple intermédiaire

d‟échange. Pour les physiocrates, La terre est donc la seule source de richesse. Par son

travail, l‟homme ne fait que solliciter la générosité de la terre. L‟industrie ne fait que

transformer les richesses existantes et le commerce les transmet.

Pour eux les vraies richesses doivent remplir trois conditions:

Renouvelables : c‟est-à-dire qu‟on peut consommer sans altérer le principe de leur

reproduction. Les ressources naturelles non renouvelables ne sont donc pas des richesses

pour les physiocrates.

Vendables: échangeables

Nécessaires à la satisfaction des besoins de l’homme

L‟agriculture crée les richesses car elle produit un excédent appelé produit net (la

différence entre richesse produite et richesse consommée est toujours positive : (1 quintal de

semences pourrait donner la production de 100 quintaux).

Structures sociales est liée à la structure économique Les classes de la société autres que la classe agricole sont des classes stériles. Ils distinguent

trois classes d‟importance variable :

La classe souveraine des propriétaires fonciers: Les propriétaires fonciers ne participent

pas directement à la production, c-a-d ne créent pas la richesse, mais ils jouent un rôle

fondamental en assurant les avances foncières. Ils vivent des rentes que leurs versent les

fermiers.

La classe productive des fermiers: c‟est elle qui crée la richesse en exploitant la terre

La classe stérile: Elle comprend toutes les personnes ayant une activité autre que

l‟agriculture. Elles sont qualifiées de stériles, car elles ne participent pas à la création de la

richesse, elles ne font que transformer les produits que leurs fournissent les agriculteurs .

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La politique économique La pensée physiocrate cherche à découvrir les moyens qui permettent à la société de se

conformer à l‟ordre naturel, condition nécessaire à prospérer. Comme toute pensée

économique normative, la pensée physiocrate débouche sur une politique économique

articulée autour de trois axes :

- Une politique libérale qui favorise l’échange

- Une politique de modernisation de l’agriculture

- Une politique fiscale qui n’affecte pas les conditions de reproduction

Une politique libérale qui favorise l'échange

A la différence des mercantilistes, les physiocrates recommandent le libéralisme. Ils sont pour

le laisser faire et laisser aller. Ils recommandent la concurrence et insistent par conséquent sur

la suppression des privilèges de monopole, de droits de douane et de toute mesure qui gène

la libre circulation des marchandises. Ils développent des moyens et des infrastructures de

communication (routes, canaux, flotte,...).

Pourquoi cette politique libérale ? Quelle est sa justification ?

Cette liberté des échanges se justifie parce qu‟elle favorise la production des richesses. En

effet, sur un marché plus vaste (mondial), le prix des produits agricoles est élevé, stable et

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non fluctuant. Ce bon prix favorise la production des richesses parce que la hausse des prix

des produits agricoles accroit le produit net.

Une politique de modernisation de l'agriculture

Etant la seule activité qui produit des richesses, l‟agriculture doit être l‟objectif de la politique

économique. Celle ci doit viser à la moderniser et doit veiller à ce que l‟affectation des

dépenses des propriétaires fonciers et de l‟Etat favorise le secteur :

-Modernisation de l’agriculture signifie la substitution du fermage au métayage, des

grandes exploitations aux petites exploitations familiales et l‟utilisation des techniques

modernes et le salariat à la place des pratiques traditionnelles

-l’affectation des dépenses des propriétaires fonciers et de l‟Etat doit favoriser la classe

productive et par conséquent les conditions de reproduction car toute augmentation de

dépenses au profit de la classe productive, est considérée comme additionnelle aux avances

de la classe productive, et par conséquent un accroissement de la production de richesses et

partant, une amélioration du niveau de vie. Par contre, tout excès de dépenses au profit de la

classe stérile risque de réduire le montant des avances de la classe productive et partant, le

montant du produit global. L‟idée essentielle qu‟il faudrait retenir à ce niveau et qui est

toujours actuelle, c‟est que pour les physiocrates le niveau de vie est articulé aux conditions de

reproduction de la richesse

Une politique fiscale n'affecte pas les conditions de reproduction

Pour les physiocrates, le système d‟imposition est le premier facteur qui affecte négativement

la production. A l‟époque, la perception de l‟impôt se faisait d‟une manière indirecte par le

biais du fermage (location du prélèvement à des financiers qui versaient par avance des

sommes à l‟Etat et se chargeaient de se faire rembourser auprès des populations avec des

gains considérables). Pour que l‟imposition n‟altère pas la production des richesses, les

physiocrates proposent un impôt unique, direct et assis sur le produit net. Pour eux, toute

autre forme d‟impôt est susceptible de réduire le volume du produit net.

Conclusion Les physiocrates ont contribué à la formation de la science économique. Ils ont découvert la

notion de produit net et révélé le caractère stratégique de sa reproduction. Ils ont analysé et

souligné le rôle primordial du capital dans la production des richesses et ont montré

l‟interdépendance entre les différents secteurs économiques. Ces différents points seront

développés par des auteurs ultérieurs. Mais la pensée physiocrate n‟échappe pas aux erreurs

dont la principale est la productivité exclusive de l‟agriculture et la stérilité des autres

secteurs.

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Les classiques

Introduction

Le qualificatif d’école classique regroupe un certain nombre d’économistes favorables au libéralisme économique. Cette économie politique classique est représentée par les plus célèbres des économistes : Adam SMITH (1723-1790) et la fameuse "main invisible" et l'analyse de la division du travail, David RICARDO (1772-1823) et la rente foncière ainsi que de la loi des coûts comparés, Thomas MALTHUS (1766-1834) et la loi de la population, Jean-Baptiste SAY (1767-1832) et la loi des débouchés. Les points fondamentaux qui caractérisent ces auteurs classiques sont: -Liberté des individus (liberté d'entreprendre, liberté de contracter, liberté de travailler de consommer épargner etc.). -La propriété privée -L‟individualisme et l‟égoïsme, les agents économiques recherchent leur intérêt personnel „ le consommateur cherche à maximiser sa satisfaction et le producteur maximiser son profit. -La concurrence est à la base du fonctionnement efficace des économies. Grâce à la concurrence entre les intérêts individuels les prix sont compétitifs, selon le principe de l‟offre et la demande. -Non intervention de l'État dans la vie économique. (l‟Etat gendarme: doit veiller à la sauvegarde de la propriété privée et la liberté des individus et la concurrence respect des lois du marché), -Equilibre est automatique et naturel: Marché comme régulateur de l'économie, (main invisible qui guide les agents à prendre des décisions conforme au marché.

Adam Smith La main invisible : premier concept que l'on doit à Adam SMITH La main invisible est un mécanisme social grâce auquel les intérêts individuels sont guidés dans la direction la plus favorable aux intérêts de la société tout entière (intérêt général) . C'est le célèbre exemple du boucher et du boulanger qui poursuivent chacun leurs intérêts individuels, mais qui sont utiles à la société toute entière. Grâce à la concurrence entre les intérêts individuels et les prix sont compétitifs « Ce n'est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu'ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n'est jamais de nos besoins que nous leur parlons, c'est toujours de leur avantage. » Fondements et causes de la richesse A Smith rejette les thèses mercantilistes qui considèrent que la richesse consiste dans l‟accumulation des métaux précieux. Il s’oppose également aux physiocrates sur la notion de productivité exclusive de l‟agriculture.

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Nature et origine de la richesse

Pour lui la richesse est l‟ensemble des biens matériels et nécessaires à la vie humaine. Le travail est source de la richesse , Cependant il ne s‟agit pas de n‟importe quel travail (Le travail productif) : « la totalité du produit annuel, à l'exception des productions spontanées de la terre, étant le fruit du travail productif. »

Travail productif et travail improductif Le travail productif se fixe sur les biens matériels Le travail improductif périt immédiatement sans laisser de traces, exp ( le travail domestique), « Il y a une sorte de travail qui ajoute à la valeur de l'objet sur lequel il s'exerce; il y en a un autre qui n'a pas le même effet. Le premier, produisant une valeur, peut être appelé travail productif, le dernier, travail non productif. » Le salaire versé sur un travail productif est une avance et pas une dépense, car il sera récupéré, avec du profit, sur la vente du produit fabriqué. Par contre le salaire versé pour le travail d‟un domestique est une dépense définitive Il veut montrer ici que l‟aristocratie limite la richesse des nations alors que le capitalisme est productif . « Un particulier s'enrichit à employer une multitude d'ouvriers fabricants; il s'appauvrit à entretenir une multitude de domestiques. » Les facteurs d’accroissement de la richesse Pour lui, le travail productif est le facteur essentiel qu‟il faut utiliser avec efficience pour développer la richesse. C‟est l‟objet de la division du travail .

La division du travail et ses limites A smith distingue la spécialisation par métiers de la division du travail qui fractionne le métier lui-même en plusieurs tâches. Pour lui la division du travail est un moyen d‟accroitre l‟efficacité du travail productif. Ce qu‟il a expliqué à partir de la manufacture des épingles: un homme seul face aux différentes tâches à accomplir arrive difficilement à produire une seule épingle par jour, alors que dix travailleurs se partageant les tâches obtiennent 48.000 épingles dans la journée Cette augmentation considérable de la production est due, selon A.Smith à trois facteurs: 1. Le développement de l’habilité des travailleurs spécialisés dans une tâche 2. L’économie du temps réalisée, car l‟ouvrier ne passe pas d‟un travail à un autre 3. L’augmentation de la propension à innover, car en faisant la même tâche, l‟ouvrier la comprend bien et il est en mesure de l‟améliorer et delà faire des inventions La division du travail accroît la productivité, mais elle présente quelques problèmes, comme: la grande spécialisation des ouvriers, la monotonie (manque de grade) du travail et l’abrutissement de l’homme ;

La théorie de la valeur travail L‟une des préoccupations d‟A.Smith est de déterminer la loi qui explique le phénomène des prix. Pour lui, toutes les marchandises sont le fruit du travail humain. Ce dernier peut donc constituer le fondement de leur valeur. Il distingue deux types de valeur: valeur d‟usage et valeur d‟échange.

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VU et VE La valeur d‟usage : l‟utilité d‟un objet La valeur d‟échange: faculté que donne la possession d‟un objet d‟en acheter d‟autres (cad, sa capacité à s‟échanger contre d‟autres produits). Dans l’esprit d’A. Smith il n’y a aucune relation entre VU et VE (paradoxe de la valeur). Exemple de l’eau et du diamant : Rien n'est plus utile que l'eau; mais on ne peut presque rien acheter avec... Au contraire un diamant n'a presque pas de valeur d'usage, mais on peut obtenir en échange une très grande quantité de biens.» .Dans la mesure où il analyse la société marchande, Smith ne va s’intéresser qu’à la valeur d’échange qui correspond à la mesure des marchandises produites et échangées. Le problème principal pour lui fut donc celui de la valeur d'échange: de quoi dépendrait celle-ci sur les marchés?

La mesure de la valeur d’échange et la notion de travail commandé Pour lui toutes les marchandises sont le fruit du travail humain. Ce dernier peut donc constituer le fondement de leur valeur , Dans une société où la division du travail est développée, la satisfaction des besoins de l‟individu dépend du travail d‟autrui. Ainsi, le degré de richesse ou de pauvreté de chacun dépend de sa capacité à se procurer le fruit du travail d‟autrui, Ainsi, la valeur d’une denrée quelconque pour celui qui la possède et qui n‟entend pas en user ou la consommer lui même, mais qui a l‟intention de l‟échanger pour autre chose, est égale à la quantité de travail que cette denrée permet d’acheter ou de commander ;

ou

1 journée = 4 daims = 2 castors 1 daim = 0,25 journée = 0,5 castors

1) Travailleur indépendant

Les éléments constitutifs de la valeur

Bien que le travail soit le meilleur étalon de la valeur, cela n‟implique pas qu‟il est le seul élément constitutif de la valeur. Cela ne serait le cas que dans une société primitive, où la terre ne ferait pas l‟objet d‟une appropriation et où les capitaux ne seraient pas utilisés Dans une société avancée où le travail est assisté par le capital, le fournisseur de ce dernier a droit à un profit en compensation du risque encouru. De même là où le sol est approprié, les propriétaires fonciers prélèvent une partie du produit du travail appliqué à la

Page 15: Histoire de La Pensée Économique

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terre. Smith fait donc référence à trois facteurs de production auxquels correspondent trois catégories de revenu: salaire, profit et rente. La valeur réelle de la marchandise est équivalente à la rémunération des trois facteurs.

Prix naturel et prix du marché

En plus du prix réel et prix nominal, A Smith distingue prix naturel et prix du marché Le prix du marché correspond au prix courant tel qu’il est établi par la loi de l’offre et de la demande ,Le prix naturel correspond au coût de production, cad un prix qui ne serait déterminé que par l‟offre et autour duquel gravite le prix du marché . Le prix naturel correspond aux niveaux normaux de salaire, de profit et de rente, Quant au prix de marché, c'est-à-dire au prix courant, il peut être, au-dessus, ou au-dessous ou précisément au niveau du prix naturel». Mais la différence entre prix de marché et prix naturel paraissait à Smith ne pouvoir être que temporaire. « Le prix naturel est donc pour ainsi dire le point central vers lequel gravitent continuellement les prix. »

La théorie de répartition Une fois que la richesse est produite et évaluée, elle doit être répartie. Smith reconnait que dans les sociétés évoluées, le travail n‟est pas la seule source de valeur, il se combine avec le capital et la terre. Chaque facteur reçoit une rémunération pour sa contribution à la valeur: salaire, profit et rente. Le salaire du travail est déterminé à court terme par la loi de l‟offre et de la demande, mais à long terme, il s‟établit au minimum vital ou de subsistance (rapport de force est en faveur des entrepreneurs). Le profit du capital est conçu comme la rémunération du capital. C‟est un prélèvement sur le produit du travail ; La rente de la terre est présentée également comme un prélèvement sur le produit du travail. Elle résulte du monopole de la terre, Mais sa valeur n‟est pas déterminée par le prix des marchandises. La rente est le prix payé pour l‟usage de la terre. Son prix dépend donc de la demande de la terre. En fait, toute la construction de Smith est de justifier un salaire de subsistance et la nécessité de fournir une rente aux propriétaires fonciers.

Le commerce extérieur A.Smith condamne le mercantilisme et les différents monopoles et restrictions douanières dont il s‟accompagne. Pour lui le commerce extérieur est avantageux car il permet d‟obtenir des marchandises qui satisfont mieux les besoins en échange de marchandises pour lesquelles la demande intérieure est faible. Plus précisément, le commerce extérieur contribue au développement de la richesse de la nation en accroissant le travail productif et en améliorant sa productivité: Accroissement du travail productif

Le commerce extérieur accroit le travail productif en permettant une utilisation efficiente des ressources de l’ensemble de la nation et une valorisation des excédents de chaque nation (offre des débouchés à des productions excédentaires). Développement de la puissance productive

Le commerce extérieur permet d‟élargir le marché et delà favorise l‟augmentation de la

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production et l‟amélioration de la productivité ,Le commerce extérieur pallie donc à l‟ étroitesse du marché intérieur. Il est donc un facteur de développement à partir du moment où les échanges se font conformément aux avantages absolus.

La spécialisation selon les avantages absolus

Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à un prix inférieur à notre coût de production, il vaut mieux l‟acheter de ce pays. L‟exemple classique suivant permet d‟illustrer comment la spécialisation internationale suivant l‟avantage absolu, engendre une plus grande efficience dans l‟emploi des ressources économiques.

Le coût (hommes/an)

Limites de la théorie des avantages absolus Superficielle et aléatoire Aléatoire car il est possible que deux pays soient à des niveaux de développement inégaux ; l‟un absolument avantagé et l‟autre absolument désavantagé. Cela suppose une autarcie car le pays avantagé ne peut rien acheter pour compenser ses exportations et le pays désavantagé ne peut rien exporté pour payer ses importations , A.Smith ne prend pas en considération la notion de l‟Etat nation. Il raisonne dans le cas de deux pays comme s‟il s‟agit de deux régions d‟un même pays. Superficielle, car elle ne fait que rendre compte de ce qui existe sans explication et sans analyse

D.Ricardo La pensé économique de D.Ricardo peut être étudiée à travers les points suivants: La valeur La répartition Le commerce extérieur et la croissance économique

La théorie de la valeur Ricardo reprend la distinction de Smith entre la valeur d’usage et la valeur d’échange et adhère au principe de la valeur travail, mais son raisonnement est différent Pour lui un bien doit avoir une valeur d’usage pour posséder une valeur d’échange. C‟est-à-dire que les objets ne sont échangés que s‟ils sont utiles.

La source de la valeur d’échange est double Il distingue alors deux types de biens : Ceux qui tirent leur valeur de leur rareté, tels les objets d‟art, les tableaux, les vins de qualité, etc. Ces biens ne peuvent être reproduits par le travail, leur valeur dépend donc de leur rareté.

Drap Vin

Angleterre 80 120

Portugal 100 90

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Les biens qui sont reproductibles par le travail. Toutefois la première catégorie de biens ne pèse (considère) que très faiblement dans les objets échangés sur le marché. Ainsi, D.Ricardo délimite (détermine) le champ de sa théorie de la valeur aux marchandises reproductibles dans un régime de libre concurrence, D. Ricardo, situe la détermination de la valeur d‟échange dans la sphère de la production, Selon lui la valeur d’échange d’une marchandise se trouve dans la quantité de travail nécessaire à sa production, c‟est-à-dire quantité de travail incorporée dans la marchandise et non pas la quantité de travail que cette marchandise permettrait d‟acheter. Il rejette donc l’analyse de Smith , Par la suite, D Ricardo précise que la quantité de travail dont il faut tenir compte doit inclure celle qui a servi à la fabrication des outils, machines et bâtiments indispensables pour la production( amortissement): « La valeur échangeable des objets produits est proportionnée au travail employé à leur production, et je ne dis pas seulement à leur production immédiate, mais encore à la fabrication des instruments et machines nécessaires à l‟industrie qui les produit. »

Travail direct et indirect Le travail à prendre en considération dans la détermination de la valeur des marchandises n‟est pas seulement le travail immédiatement appliqué à leur production, mais aussi le travail consacré à la production des outils et bâtiments qu‟utilise le travail immédiat. Par conséquent la valeur d’échange d’une marchandise dépend du travail direct (mod) et indirect (travail nécessaire à la fabrication des moyens de production utilisés dans la production de la marchandise) que nécessite sa production. Le rapport d’échange entre deux marchandises A et B est déterminé par le rapport des quantités de travail nécessaire à leur production : VA/VB= LA/LB.

Prix naturel et prix courant A la suite d’A Smith D. Ricardo distingue deux catégories de prix: naturel et courant Le prix naturel correspond à la quantité de travail nécessaire à la production de la marchandise. Le prix courant est fonction de l’offre et de la demande. Le prix courant peut s‟écarter de façon accidentelle et temporaire du prix naturel. Mais le prix courant tend à se rapprocher du prix naturel. En effet, si le prix courant augmente, l‟offre s‟accroit et les prix tendent à diminuer et vice versa jusqu‟au niveau du prix naturel , Ainsi, il y a une tendance à l’égalisation des taux de profit lorsque les marchandises sont à leur prix naturel.

La théorie de la répartition L’un des apports originaux de D.Ricardo consiste dans sa contribution à l’étude de la répartition, D. Ricardo, reprend la distinction faite par Smith entre trois catégories de revenus: le salaire, le profit et la rente.

La rente foncière La définition de la rente

Pour D. Ricardo, la rente correspond au prix que paient les fermiers aux propriétaires fonciers pour pouvoir utiliser la terre ,L‟existence de la rente tient aux différences dans les qualités des terres: c‟est pourquoi la théorie de Ricardo est dénomée : théorie différentielle de la rente

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La formation de la rente Dans un pays qui dispose d’une quantité de terres fertiles pour nourrir toute la population, il n’ y aurait pas de rente. La valeur du blé serait strictement déterminée par la quantité de travail nécessaire à la production du blé, Mais, supposons maintenant que la pop de ce pays augmente de telle sorte que pour continuer à nourrir la population, il faudrait mettre en valeur d‟autres terres moins fertiles. Celles-ci demandent une quantité de travail plus importante pour produire la même quantité de blé et la valeur de ce blé sera élevé. La rente est donc payée parce que la terre est rare, Comme la terre est limitée, les rendements sont décroissants. On admet ainsi que les nouvelles terres qui seront mises en chantier, seront de moins en moins fertiles. Exemple: on a trois terrains 1, 2, 3 qui fonctionnent grâce un capital égal, un produit net de 100,90 et 80.

- La rente après la mise en oeuvre du terrain n°1:

Terrain Produit net Rente

1 100 0

- La rente après la mise en oeuvre du terrain n°2:

Terrain Produit net Rente

1 100 10

2 90 0

- La rente après la mise en oeuvre du terrain n°3:

Terrain Produit net Rente

1 100 20

2 90 10

3 80 0

Loi des rendements décroissants Comme le prix d‟une marchandise est le même, tout le blé quelle que soit la qualité de sa terre se vend au prix qui correspond à la quantité de travail nécessaire pour l‟obtenir sur les terres les moins fertiles. Le prix du blé augmente au fur et à mesure qu‟on fait appel à des terres de moins en moins fertiles ,La rente est ainsi appelée à s‟accroitre avec le progrès naturel de la population.

Les salaires: prix du travail Comme toute marchandise, le travail a un prix naturel et un prix courant ,Le prix courant est le prix que reçoit réellement l’ouvrier, en fonction de l’offre et la demande, Le prix naturel dépend des prix des subsistances et des objets

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nécessaires à l’entretien de l’ouvrier et de sa famille.

Loi de l’évolution des salaires L‟évolution des salaires dépend de deux facteurs: de l’offre et de la demande ,et du prix des denrées que l’ouvrier achète par son salaire. La demande de la mod dépend du rythme de l‟accumulation, lequel est à son tour tributaire de la disponibilité des terres fertiles. Or celles-ci sont limitées; une fois mises en culture le rythme d‟accumulation ralentit et devient inférieur au rythme de la croissance démographique. Les salaires tendront donc à baisser. Mais, comme le niveau des salaires dépend également des denrées contre lesquelles s’échangent les salaires, les salaires en argent sont appelés à hausser. Les prix de ces denrées s‟élèvent, en effet, à mesure que la population s‟accroit. Tendance à la baisse des salaires Ainsi, c‟est la difficulté de production des subsistances qui fait élever la rente et les salaires. Toute fois, une différence importante existe entre les deux hausses. La hausse de la rente est réelle alors que celle des salaires est fictive. Le sort de ces derniers est appelé à se dégrader. Les profits D. Ricardo n‟a fourni aucune explication du profit, il s‟est limité à l‟examen des variations permanentes du taux de profit , Le salaire ne peut augmenter qu’au dépens du profit et vice versa.

Croissance économique Pour D. Ricardo, la dynamique de la croissance dépend du taux de profit. Ce taux dépend lui-même du niveau plus ou moins élevé du salaire et les salaires à leur tour dépendent des prix des produits agricoles. Ces derniers dépendent des difficultés de production dans l’agriculture. Il y a donc une menace sur la croissance (état stationnaire). Le commerce extérieur peut toutefois contrecarrer cette menace,

Le commerce extérieur : la spécialisation selon les avantages comparatifs La thèse de Ricardo est différente de celle Smith qui est basée sur les avantages absolus. Pour D. Ricardo, même en l‟absence d‟avantages absolus, les pays tirent profit de l‟échange international à condition qu‟ils détiennent des avantages comparatifs, Pour démontrer cette idée, D.Ricardo prend un exemple simplifié (uniquement deux pays, Portugal et Angleterre et deux biens le vin et le drap). Drap Vin

Angleterre 100 120

Portugal 90 80

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En appliquant la loi des avantages absolus, il n‟y aurait pas de commerce entre ces deux pays. Or les deux pays ont intérêt à échanger leurs produits. En effet l‟Angleterre, en situation de désavantage absolu pour les deux produits, possède un avantage relatif sur le portugal dans la fabrication du drap.

Démonstration - Si l‟Angleterre produit du vin et drap sur son territoire, le travail nécessaire sera de 220h/an (120+100). En revanche si l‟Angleterre se spécialise dans la fabrication du drap qui nécessite le travail de 100 h/an pour l‟exporter et importe en échange du vin, elle obtiendra la même quantité de produits avec le travail de 200h/an (100x2). Ce qui lui permet d‟économiser 20h/an par rapport à la situation où il n‟y a pas d‟échange , Si le Portugal produit les deux biens (vin et draps) cela nécessitera le travail de 170h/an (80+90). ). En revanche s‟il se spécialise dans l‟activité la plus avantageuse ( production du du vin), il lui faudra uniquement 160h/an (80x2). Ce qui lui permet d‟économiser 10h/an par rapport à la situation où il n‟y a pas d‟échange, Ainsi, pour D.Ricardo, L‟origine du commerce extérieur entre deux pays n‟est pas dans la différence entre les coûts d‟un même bien (dans deux pays) mais dans la différence dans l‟échelle de prix de revient de différents biens, Ainsi, chaque pays doit se spécialiser dans la production des biens pour lesquels il dispose de l‟avantage comparatif le plus grand. Bien sûr l‟intérêt de toute nation est d‟acheter à coût minimum, mais son intérêt fondamental est le développement. Ainsi on peut se poser la question est ce que D.Ricardo ne confond pas les intérêts à court terme et à long terme. Comme le note F. List, un pays qui veut se développer doit rejeter la thèse de D Ricardo et protéger ses industries naissantes de la concurrence destructrice des pays plus développés.

J.B. Say JB. Say a été rendu célèbre par la fameuse "loi des débouchés, souvent énoncée sous sa forme concise :« Toute offre crée sa propre demande », Pour JB .Say la possibilité d'un déséquilibre global causé par une insuffisance de la demande par rapport à l'offre est impossible, Pour justifier cette affirmation, l'argumentation de Say est très simple: Les produits fabriqués, et vendus, donnent naissance à un revenu (produit des ventes). Ce revenu sera lui-même utilisé pour l‟achat des produits qui sont sur le marché. Une partie sera affectée à l‟acquisition des biens de consommation et l‟autre partie non consommé (Epargne) sera utilisée pour l‟achat des biens de production. En fait, cette affirmation repose sur deux hypothèses: Monnaie neutre: « la monnaie n'est qu'un voile » ; instrument d‟échange « les produits s'échangent contre des produits ». Elle ne peut donc être détenue pour elle-même, c‟est-à-dire thésaurisée (mise provisoirement de côté ) . Epargne = investissement.

Critiques de la loi de Say D‟abord par Malthus et après par Keynes, L‟ajustement de la production et du revenu n‟est pas automatique. En effet, une partie de l'épargne peut être thésaurisée et donc retirée du circuit économique. Les décisions d'épargne et d'investissement sont largement autonomes, et n'ont aucune raison de s'ajuster spontanément.

T.R. Malthus Malthus est profondément attaché au capitalisme. C‟est l‟un des défenseurs du système capitaliste. Sa loi de la population défend l’idée que le capitalisme n’est pas responsable de la pauvreté qui a accompagné l‟industrialisation au début du 19ème siècle.

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« Nous pouvons tenir pour certain que lorsque la population n‟est arrêtée par aucun obstacle, elle va doubler tous les 25 ans, et croît de période en période selon une progression géométrique. » La pauvreté est donc un phénomène naturel qui dépend du déséquilibre structurel entre le rythme d‟accroissement des produits alimentaires ( progression arithmétique: 1, 2, 3, 4, 5, 6… ) et le taux d‟accroissement démographique de plus en plus rapide ( progression géométrique : 1,2,4,8,16,32,64…) . En contestant la loi des débouchés, il affirmera la possibilité des crises générales de

surproduction (demande insuffisante: Un revenu n‟engendre pas nécessairement une

demande de même montant en insistant sur la tendance des capitalistes à freiner leur

consommation et à augmenter leur épargne (dans le but d'investir).

Mais, l'argumentation de Malthus n'est pas toujours claire: Il prétend implicitement, que

l'épargne des capitalistes ne constitue pas une demande ; il ignore ainsi la demande en biens

de production, c'est-à-dire l‟investissement.

Page 22: Histoire de La Pensée Économique

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Freiderich. List

Introduction

Depuis le milieu du 19ème siècle, Friedrich List (1789-1846) est généralement présenté comme

un des plus ardents défenseurs du protectionnisme éducateur, Les manuels de la

pensée économique ne font que rarement référence à l’œuvre de F.List, alors que

son ouvrage principal, « le Système National d‟Economie Politique », publié en 1841, comporte

des ébauches théoriques extrêmement actuelles en matière de développement

économique. C‟est essentiellement à ce niveau que F.List nous intéresse.

L’œuvre de F.List

Préoccupé par le retard de l‟Allemagne par rapport à la G.B, F.List va analyser ce retard et

chercher les meilleurs moyens (pol éco) pour dépasser ce dernier. C‟est-à-dire: Déterminer le

chemin que l‟Allemagne va suivre pour arriver au stade de développement de la GB. Pour lui

si la nation (Allemagne) suit les constructions de Smith et Ricardo, elle ne peut être que

dépendante de la GB. Dans ce sens, il s‟est livré à une révision des doctrines libérales de son

époque (A Smith et D.Ricardo). Dans sa démonstration, il va essayer de construire son

économie politique en opposant l’économie nationale à l’économie cosmopolite des

classiques, et en se basant sur une analyse historique des phénomènes. Comme toute

construction nouvelle, F. List va essayer de détruire les fondements des conceptions classiques

et fonder les siennes sur de nouvelles bases et en tirer les enseignements qui s‟imposent.

Les principaux apports théoriques de F. List

F List ne croit pas aux vertus du libre-échange, ou ce qu‟il nomme la théorie « cosmopolite »

des classiques (A. Smith et D.Ricardo), car pour lui, ces derniers nient complètement la

situation inégale de développement qui existe entre les nations (Angletterre et Potugal) .Pour

List, l‟erreur (ou l‟hypocrisie) des économistes classiques serait de faire croire que l‟analyse

des relations économiques internationales est comparable à l‟analyse des échanges qui se font

entre régions au sein d‟un même pays (Seul Etat, et mêmes institutions). (derrière leur

universalisme se cache un certain nationalisme).Or les relations entre les Etats ne sont pas

nécessairement caractérisées par la paix et des institutions communes.

Dans un monde non-coopératif, la guerre est toujours possible. Ainsi, un Etat qui dépend de

l‟étranger pour ses approvisionnements stratégiques (en biens manufacturés par exemple) se

place dans une situation fort dangeureuse (et à tout le moins de dépendance).

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Remise en cause de la conception classique de la richesse et de l’individu

La conception abstraite(invisible) de l’individu: List reproche aux classiques de fonder

leur analyse sur une conception abstraite de l‟individu (personne isolée qui n‟appartient à

aucune société). Ce type d‟individu n‟existe nulle part, car l‟homme appartient toujours à une

collectivité.

Dés lors, il serait difficile de généraliser les enseignements tirés d’un individu à

l’ensemble de la société. Ce qui est valable pour une personne n‟est pas valable pour tous.

Il n’existe pas d’individu pour List, mais des individus appartenant à des

civilisations différentes. La nation n’est pas la somme des individus. On ne peut pas

faire l‟économie politique pour un individu mais pour une nation. Dès lors il faut remplacer

l’individu par la nation (la prise en compte de la nationalité) .

La conception statique et limitée de la richesse

Pour List, la notion de richesse chez les classiques est très statique et limitée car elle

est réduite aux biens matériels négligeant (manquant) les biens immatériels

(formation, savoir, institutions, etc). Pour lui ce n’est pas la richesse qui est

intéressante mais comment cette richesse est obtenue. La richesse est un

ensemble de forces productives.

C‟est pour ces raisons que List entend substituer sa théorie des forces productives à la

théorie de la richesse et de la valeur.

La théorie des forces productives

Pour list, le pouvoir de créer la richesse est infiniment plus important que la richesse elle-

même. List ne conteste pas l‟idée que la richesse est le fruit du travail, mais il entend aller plus

loin en se posant la question suivante: quelle est la cause du travail et quelle est celle

de la paresse?

Les éléments constitutifs des forces productives

Pour List, la notion de forces productives est tous les éléments matériels et

immatériels susceptibles de permettre ou d’accroitre la production. Ils peuvent être

regroupés ainsi:

- Les ressources naturelles

- Les forces de travail

- Les forces intellectuelles

- Les forces sociales (lois, coutumes, institutions, etc)

- Les forces instrumentales

Page 24: Histoire de La Pensée Économique

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Les forces productives ne sont pas indépendantes mais interdépendantes entre

elles. C‟est donc une combinaison d‟éléments qui contribuent à la création des richesses. Une

telle donnée implique pour toute nation qui voudrait se développer d‟associer les différentes

forces productives.

Pour list, la notion de division de travail développée par Smtih est incomplète d‟une part,

car elle se limite à la fabrique alors qu‟elle doit être étendue à l‟ensemble de l‟économie et

d‟autre part, parce qu‟elle ne rend pas compte à elle seule du niveau de développement des

forces productives. C‟est pourquoi List se propose de généraliser la notion de division de

travail à l‟ensemble de l‟économie et d‟adjoindre à celle-ci la combinaison de ces forces

productives. En dépit de cette combinaison d‟éléments,

F.List insiste sur le rôle stratégique de l‟industrie car c‟est elle qui permet d‟élever la

productivité générale du travail: l‟élévation du niveau culturel et scientifique de la population,

elle produit les machines (augmentation de la productivité), moyens de transport (réduction

de l‟étroitesse du marché).

La nécessité du protectionnisme

La grande idée qui restera de List  est incontestablement la défense du protectionnisme,

vue comme une nécessité pour le développement économique des jeunes nations.

Pour lui, la théorie du libre-échange ne sert qu‟à masquer l‟impérialisme britannique de

l‟époque, qui tire profit des inégalités de développement entre nations. Pour List, l‟évolution de

chaque nation passe par des phases successives : de l‟état sauvage à l‟état pastoral, puis

agricole, agricole-manufacturier (avec la naissance de l‟industrie), et enfin agricole-

manufacturier-commercial, qui marque l‟étape ultime du progrès économique. S‟intéressant au

cas Allemand, List va s‟intéresser au quatrième stade où était arrivé l‟Allemagne. Le passage

aux deux derniers stades ne peut se faire sans deux conditions importantes: une

taille optimale de la nation et le protectionnisme

- L‟intervention de l‟Etat, qui doit instaurer un protectionnisme transitoire pour aider les

usines naissantes à se développer hors de toute concurrence étrangère.

Une taille viable et des institutions favorables au développement: la nation doit d‟une

part, avoir une taille normale (population, espace), d‟où le besoin, de réunir les petites

nations, plus vulnérables, pour leur garantir une place dans le jeu économique. Ce qui

explique le soutien de List au projet d‟union douanière et d‟autre part avoir des institutions

favorables au développement de l‟initiative privée et veiller à ce que les intérêts privés ne

soient au détriment des intérêts de la nation et aux intérêts à long terme. Il faut que cette

nation se protège mais il ne s‟agit pas d‟un protectionnisme total mais d‟un protectionnisme

qui permet le développement de l‟industrialisation basée sur le marché interne. List était donc

un libéral mais protectionniste par nécessité, car c‟est le seul moyen qui permet à une nation

en retard de s‟industrialiser. Une fois le retard comblé et les forces productives ont atteint un

certain niveau de développement, on peut revenir au libre échange défini par les classiques

Page 25: Histoire de La Pensée Économique

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Quels enseignements peut on tirer de l’œuvre de F.List

Chercher à tirer les enseignements de l‟œuvre de Smith revient à poser la question de

l‟actualité de F. List. L‟ouvrage central de List, le Système National d‟Economie Politique

(1841), peut être considéré comme un manuel de rattrapage économique pour tout

gouvernement désireux d‟industrialiser son économie nationale et d‟éviter de subir une

hégémonie économique – et donc politique - étrangère qui entraverait son développement.

Se basant sur une analyse historique d‟étude du cas allemand, List s‟oppose donc

farouchement aux doctrines économiques libérales de Smith et Ricardo.

L’état arriéré ou avancé d’une nation est le résultat d’un processus historique:

Pour List, la situation d‟une nation n‟est pas une donnée fatale mais le résultat de l‟histoire.

L‟auteur a montré comment la GB s‟est servie des autres nations pour se développer. Cette

idée de base se retrouve chez les économistes contemporains comme G. Frank; S. Amin; G.D.

Bernis, pour qui le sous développement et le développement sont le résultat d‟un processus

historique. Pour souligner les possibilités de développement, List est amené à critiquer la

notion de richesse qu‟il considère limitée et lui substitue la notion de forces productives qui

tient compte évidemment des potentialités de la nation. Cette idée est également actuelle.

La distinction faite par P.Baran entre le surplus effectif (mobilisé) et le surplus potentiel

prolonge en quelque sorte l‟idée de F. List. Baran a montré que le développement nécessite la

mobilisation du surplus potentiel c‟est-à-dire de l‟ensemble des forces productives dans le

langage de F.List.

Ce qui exige une action volontariste de l‟Etat, une primauté des intérêts nationaux sur les

intérêts privés, intérêts à long terme sur ceux du court terme. Mais cela ne sera possible que

si la condition préalable est remplie à savoir l‟indépendance de la nation .

L’indépendance de la nation: condition préalable au développement

Pour List, dans un monde caractérisé par des antagonismes internationaux, la nation ne peut

accéder au développement que si elle est indépendante.

La question de taille normale sur laquelle l‟auteur insiste n‟est autre que celle d‟indépendance.

Une petite nation qui ne peut développer convenablement toutes ses forces productives ne

pourrait jamais amorcer son développement.

Le développement exige un espace économique d‟autant plus vaste que les unités de

production sont plus grandes .

Le développement exige une action globale et combinée

Dans la pensée de F.List, le développement exige une action globale qui découle de

l‟interdépendance des éléments constitutifs des forces productives. Ainsi, la question soulevée

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récemment de l‟importance respective des facteurs économiques et non économiques dans le

développement est déjà posée par List.

La nécessité de combiner les forces productives est toujours actuelle, elle est au cœur des

stratégies: articulation de l‟agriculture et de l‟industrie,

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La pensée marxiste, une critique du capitalisme Théorie élaborée au 19ème siècle par MARX et ENGELS, C‟est une critique du fonctionnement du capitalisme, Cette critique est contenue dan l‟œuvre principale de K Marx « Le capital » publié en quatre tomes. Le livre I du capital publié en 1867, les autres tomes, inachevés par sa mort en 1883, étaient publiés par F. Engels. Marx est un philosophe du 19e siècle qui observe que le monde est plein d‟inégalités: Certains sont ultra-riches et d'autres meurent de faim. Marx cherche à comprendre pourquoi le monde est injuste et comment faire pour le transformer . Pour ce faire, Marx va découvrir les trois instruments qui vont lui permettre de comprendre le monde et comment le changer. Fondements de la doctrine de Marx Ces trois instruments constituent la doctrine de Marx ou du marxisme: Le matérialisme dialectique et la loi du développement de l‟histoire humaine (le

matérialisme historique). La plus-value et l‟exploitation de l‟homme par l‟homme. La lutte de classes pour atteindre une société sans exploitation.

Marx était influencé par Hegel „dial‟ et Feuerback ‟materialis‟: Il va retenir le matérialisme dialectique chez Hegel et matérialisme athés chez Feuerbach pour élaborer le concept du matérialisme historique pour montrer que l‟histoire des sociétés n‟a été toujours que l‟histoire de la lutte des classes.

La dialectique de Hegel considère que le devenir de toute réalité se comprend dans la triade suivante : l‟affirmation (la thèse), la négation (l‟antithèse), et la négation de la négation (la synthèse), çad la négation de la négation ne revient pas au point de départ, mais donne naissance à une nouvelle réalité, L‟athéisme Feuerbach considère que la croyance en Dieu n‟est qu‟une aliénation : le sujet se coupe de quelques choses en lui pour dépendre de quelqu‟un d‟autre. Matérialisme historique ( rien ne se crée rien ne se père et tous se transforme) - se base sur la réalité pour étudier le monde (matérialisme) =dialictique c‟est la loi de dev Histoire humaine. - étudie le monde comme un monde en mouvement (dialectique) - se base sur la méthode scientifique pour étudier le monde L'histoire selon Marx est d‟étudier comment les hommes se sont organisés pour produire la richesse, comment cette richesse a été distribuée et comment le monde a été influencé par la production. Pour Marx « l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes. » Pour lui, l'histoire est une succession de modes de production (esclavagisme, féodalisme, capitalisme et communisme). Les contradictions d'un système engendrent la mise en place d'un nouveau système. La lutte des classes entre les esclaves et les maîtres, les serfs et les seigneurs ou entre les prolétaires et les capitalistes constitue l‟aspect primordial de la contradiction de chaque mode de production. Lutte de classes dans le capitalisme Les deux classes principales du mode de production capitaliste sont : les capitalistes (ou bourgeois) qui possèdent le facteur capital (machines, bâtiments…) les prolétaires (ou ouvriers) qui ne possèdent que leur force de travail et doivent donc la

“vendre” aux capitalistes

L‟affrontement de ces deux classes s‟effectue dans le cadre du processus de production. Marx distingue deux sphères importantes : celle de l‟échange de marchandises et du cycle M-A-M‟ (marchandises, argent, marchandises). La circulation M-A-M‟ aboutit à échanger un produit

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contre un autre par l‟intermédiaire de l‟argent. Le but final de l‟échangiste, qui après avoir vendu quelque chose dont il n‟a pas besoin, est d‟acheter la marchandise qu‟il désire. En revanche, celle de la production et du cycle A-M-A‟ (capital avancé, marchandise, produit obtenu) renferme en elle un objectif tout autre qui est celui d‟acheter des marchandises pour les vendre plus cher. Le but final n‟est pas la consommation mais l‟enrichissement, faire avec l‟argent plus d‟argent, c‟est faire du capital (A < A'). cette différence est due à l‟exploitation des ouvriers ( plus-value). Ce qui donne : A' = C + V + pl. Le capitalisme repose donc sur un mode de répartition où une classe sociale en exploite une autre. L‟idée de base consiste à distinguer la valeur du travail (valeur, en temps de travail, des marchandises vendues par le capitaliste) et la valeur de la force de travail (salaire reçu par le salarié, supposé égal au temps de travail nécessaire pour reproduire sa force de travail), qui conduit à la notion de plus-value, puis à celle d‟exploitation économique. Exploitation de la force de travail et principe de la plus value Cette exploitation résulte de ce que le profit des entrepreneurs provient d'un prélèvement sur la valeur créée par les travailleurs. Démonstration de l’exploitation de la force de travail L‟idée de base consiste à distinguer la valeur du travail (valeur, en temps de travail, des marchandises vendues par le capitaliste) et la valeur de la force de travail (salaire reçu par le salarié, supposé égal au temps de travail nécessaire pour reproduire sa force de travail), qui conduit à la notion de plus-value, puis à celle d‟exploitation économique. La démonstration de Marx de cette exploitation repose sur : sa théorie de la valeur et celle de la plus-value

La théorie marxiste de la valeur (La théorie de la valeur est un concept marxiste d'analyse économique. Karl Marx reprend l'idée de la valeur-travail développée par Ricardo: la valeur d'un bien dépend de la quantité de travail direct et indirect nécessaire à sa fabrication. Mais alors que Ricardo considère le travail comme une commodité ordinaire1, Marx juge l'expression 'valeur du travail' incorrecte partant du principe que le travail est à l'origine de toute valeur. Pour Marx les salaires ne représentent pas la valeur du travail mais la location de la force de travail du salarié. Il propose l'explication suivante à l'origine du profit : de la valeur nouvellement créée, le salaire du travailleur ne représente que la part nécessaire à sa propre survie, le reste constituant la plus-value.) Le point de départ de la formulation de la loi de la valeur est constituée par la marchandise Pour Marx ce qui caractérise une marchandise est qu‟elle est reproductible et destinée à la vente, et possède une valeur d‟usage et une valeur d‟échange. Mais comment mesurer la valeur d‟une marchandise? Le travail est à l'origine de la valeur des marchandises Supposons que Dix dhs est le prix d'un cornet de glace, d'un camembert, de quelques milligrammes d'or ou d'un verre. Pourquoi toutes ces marchandises ont-elles le même prix? C'est certainement qu'elles ont quelque chose en commun, mais quoi? Ce n'est pas l'utilité que chacun y voit, puisque celle-ci varie d'un individu à l'autre, ce n'est pas le poids ce n'est pas non plus la couleur ni le volume, ni une quelconque propriété physique ou chimique. Le point commun le plus évident, c'est qu'il a fallu, pour produire chaque marchandise, une certaine quantité de travail humain. .Si deux biens valent le même prix, ne serait-ce pas alors qu'il a fallu à peu près la même quantité de travail pour les produire? . Bien sûr , Pour produire un bien Il faut en plus du travail, des «matières premières» et des machines, c'est-à-dire ce que l'on appelle du « capital . Mais, derrière la machine et les matières premières, on retrouve

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toujours du travail. En somme, on peut dire que la théorie de la valeur travail de Marx est une version revue et corrigée de celle de Ricardo : Marx accepte l‟héritage ricardien : -la valeur d‟échange s‟applique à des marchandises qui ont une valeur d‟usage pour avoir une valeur d‟échange) ; -le travail est la substance de la valeur ; -le travail transmet l‟intégralité de sa valeur aux marchandises, sous forme de travail direct ou indirect (au travers des machines et des consommations intermédiaires). Mais contrairement à Ricardo, Marx souligne que ce qu'il faut prendre en compte pour déterminer la valeur d'échange d'une marchandise n'est pas la quantité de travail individuellement nécessaire à sa production pour tel ou tel travailleur pris isolément, mais la quantité de travail socialement nécessaire, cad, la quantité de travail moyenne, nécessaire dans un certain état de développement des techniques et dans un état donné d'organisation du travail. Car les hommes n'ont pas tous la même capacité de travail, la même énergie, la même maîtrise de leur métier. La « productivité du travail » est différente d'un travailleur à l'autre: En une heure, chaque ouvrier ne produit donc pas la même quantité de pains, de briques, de boutons ou de transistors. La VE d’une marchandise: quantité de travail socialement nécessaire Il serait donc absurde de mesurer la valeur d'échange d'une marchandise par le temps de travail qui a été effectivement dépensé pour la produire. (...) Ce qu'il faut prendre en compte pour déterminer la valeur d'échange d'une marchandise n'est donc pas la quantité de travail individuellement nécessaire à sa production pour tel ou tel travailleur pris isolément, c'est la quantité de travail moyenne, nécessaire dans un certain état de développement des techniques et dans un état donné d'organisation du travail. La théorie de la plus-value A partir de sa théorie de la valeur-travail, Marx va déduire sa théorie de l‟exploitation de la force de travail. Pour ce faire, Marx affirme que les ouvriers ne vendent pas le produit de leur travail, mais leur force de travail. Ce que le propriétaire de l'entreprise achète, c'est leur capacité physique et intellectuelle à faire un travail : c'est leur force de travail. La force de travail est donc une marchandise La force de travail: une marchandise Comme toute marchandise, la force de travail a une valeur d‟usage et une valeur d‟échange. La VE d‟une marchandise est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour la produire, çad le temps de travail socialement nécessaire pour produire les marchandises nécessaires à entretenir au minimum cette force de travail. Le salaire et valeur de la force de travail Le salaire est le moyen par lequel le propriétaire du capital achète cette marchandise particulière, la force de travail. Ce qu'il paie, c'est la force musculaire, l'énergie nerveuse et cérébrale, la qualification professionnelle des ouvriers: le salaire est le prix de la force de travail. Nous savons que la valeur d'une marchandise: le temps moyen de travail nécessaire aujourd'hui à sa production. Or, la force de travail d'un homme, c'est tout ce qui lui permet de revenir jour après jour au travail, c'est la nourriture, le logement, les transports, c'est le coût de sa reproduction. Pour Marx, la force de travail est une marchandise exceptionnelle car elle permet de créer plus de valeur qu’elle n’en a coûté (c’est la plus-value) Explication de surtravail ou plus-value Le capitaliste achète la force de travail à sa valeur. Le salaire qu‟il verse permet d‟entretenir et de reproduire la force de travail. Mais, le capitaliste utilise cette force de travail pour créer une valeur supérieure à la valeur de cette force de travail.

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Exemple : si le salarié travaille 9 heures par jour et que le salaire ne représente que 4 heures de travail la plus value sera de 5 heures. Ce temps de “surtravail” est à l‟origine du profit du capitaliste

La plus value s‟analyse donc comme une exploitation de la force de travail par le capital parce qu‟elle est créée par le travail et appropriée par le capitaliste. Pour Marx, ce prélèvement de la plus-value du travailleur est en quelque sorte la condition d'existence des capitalistes. Le capitalisme ne peut donc pas vivre sans l'exploitation des prolétaires. Les relations entre classes sociales ne peuvent être qu'antagonistes puisque les unes (capitalistes) n'existent que par l'exploitation des autres (prolétaires). Les moyens d’accroitre la plus value Les capitalistes cherchent toujours à accroitre la plus value. Ils disposent à cet effet de deux moyens: Accroitre la pl absolue en augmentant la durée du travail et par conséquent le travail gratuit Accroitre la pl relative en développant la productivité ou l‟intensification du travail dans les secteurs nécessaires à l‟entretien de la force de travail (baisse du salaire de subsistances), et en diminuant de ce fait le temps de travail nécessaire à la production des biens et services destinés à la reproduction de la force de travail . Les contradictions du système capitaliste Pour Marx, le capitalisme est un système historiquement daté et fondé sur l‟exploitation de la force de travail, qui est appelé à disparaitre la disparition à causes de ses contradictions internes qui ne peuvent être résolues que par le passage à un régime fondé sur la propriété collective des moyens de production. Ces contradictions sont au nombre de trois: Prolétarisation et paupérisation de la classe ouvrière: Crises de surproduction Baisse tendancielle du taux de profit

Prolétarisation et paupérisation de la classe ouvrière: Marx cherche à montrer qu‟avec le développement du capitalisme, on assistera à une opposition croissante entre une majorité misérable (prolétaires)et une minorité de riches propriétaires des moyens de production. La condition de la classe ouvrière doit se dégrader davantage avec le progrès technique et la concentration du capital . Cette dégradation débouchera un jour sur la révolte « expropriation des expropriateurs » Tendance à la baisse des taux de profit: Le taux de profit selon Marx s‟écrit: PL/C+V Le taux de profit s‟écrit alors: PL/V / C/V + 1 PL/V: taux de Plus value C/V: composition organique du capital Avec le progrès technique la cok tend à augmenter. Au contraire, le taux de plus value tendra à baisser (l‟utilisation de la machine à la place de l‟homme) . D‟où Le taux de profit tend à baisser. Crises de surproduction Marx rejette l‟idée selon laquelle les produits peuvent toujours être vendus et affirme que le système capitaliste ne peut être à l‟abri de crises de surproduction. Ces crises résultent d‟un développement disproportionné entre le secteur qui fabrique les biens de production et celui qui fabrique les biens de consommation (secteur 1 et secteur 2)

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Ces contradictions peuvent être freinées par la conquête de débouchés extérieurs. Mais en définitive, pense Marx, le capitalisme est condamné à disparaitre Conclusion L‟apport de Marx en matière d‟analyse économique est considérable, on ne peut pas comprendre le fonctionnement du monde contemporain en l‟ignorant. Cependant, pour ce qui est de ses prédictions concernant l‟évolution du système capitaliste, on ne peut que constater un écart entre les prévisions de Marx et la réalité historique: D‟une part la révolution qui devrait toucher les pays capitalistes avancés n‟a pas vu le jour, mais au contraire ce sont d‟autres pays comme l‟URSS qui ont connu des bouleversements. D‟autre part, la paupérisation n‟a pas touché les pays capitalistes développés où les conditions de vie de la classe ouvrière se sont améliorées.

LA BAISSE TENDANCIELLE DU TAUX DE PROFIT DANS LA PENSÉE MARXISTE

Concurrence entre les entreprises

Investissement pour substituer

du capital au travail

accumulation du capital

Chômage ; la masse de

chômeurs est appelée armée de

réserve industrielle

Baisse des salaires afin

d’augmenter la plus value en

embauchant femmes, enfants…

PAUPÉRISATION

Diminution du pouvoir d’achat Effondrement de la demande

SURPRODUCTION

Baisse du profit et

Intensification de la

concurrence pour écouler

la production

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La pensée de keynes Le contexte de la crise de 1929

Les grands principes de la théorie keyesienne

La politique économique d‟après keynes

Le contexte historique et son reflet dans la pensée de keynes Keynes a publié son ouvrage (théorie générale de l‟emploi de l‟intérêt et de la monnaie) en 1936 dans un contexte de grande dépression économique des années 30 crise économique des pays capitalistes (1929) et de révolution russe. Par exemple, Aux États-Unis, le nombre de chômeurs passe de 1,5 millions en 1929 à 12 millions en 1932 C'est l a première crise structurelle du XXe siècle. Elle aura des répercussions dans le monde entier.: crise violente et soudaine, générale et mondiale. Cette crise a remis en cause l‟analyse classique de l‟équilibre automatique. L‟objectif de Keyens est de trouver une solution à cette crise, c‟est-à-dire sauver le capitalisme Les explications de la crise Sur les causes de la crise de 1929, deux thèses étaient en présence:

La thèse marxiste de la surproduction liée aux « contradictions internes » du capitalisme

La thèse de l‟insuffisance de la demande globale, développée par John Maynard KEYNES

1) La thèse de la surproduction La crise de 1929 était selon les marxistes le révélateur des contradictions internes du capitalisme. Les marxistes y voyaient la preuve de leurs analyses. Ils considéraient donc que le capitalisme conduirait à des crises sans cesse plus violentes, jusqu'à sa destruction complète. Et ils se frottaient doctement les mains devant les difficultés des Etats-Unis. 2) La thèse d'une insuffisance de la demande globale C'est la thèse de KEYNES, selon laquelle, il peut arriver que l'économie de marché soit "coincée" dans une situation de sous-emploi des capacités de production du fait de l'insuffisance de la demande globale et principalement à cause du pessimisme des investisseurs privés. Mais ce blocage n‟est que conjoncturel et peut être dépassé, Selon Keynes si le capitalisme veut survire il doit respecter le libéralisme et la justice sociale Cela n‟est possible sans une intervention de l‟Etat. Pourtant ce n'était pas un socialiste ni un partisan de l'économie administrée. Fondamentalement, c'était un libéral qui croyait aux bienfaits d‟une intervention ciblée et mesurée de l‟Etat dans l‟économie. Les grands principes de keynes Keynes conteste totalement les fondements de l'analyse libérale classique et noéclassiue : (l‟équilibre automatique, la non intervention de l‟Etat, l‟analyse en termes de l‟offre, l‟analyse micro….)

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Libéraux Keynes

Analyse micro Analyse marco

Offre crée la demande (JB Say Demande détermine l‟offre (demande effective C+ I

Marchés autorégulateurs (flexibilité des prix)

Equilibre non automatique (rigidité des prix)

Non intervention de l‟Etat (Etat gendarme)

Nécessité d‟intervention de l‟Etat ( Etat providence)

Epargne détermine l‟investissement L‟investissement détermine l‟épargne

Chômage volontaire Chômage involontaire

Salaire est un coût Salaire est un revenu

Analyse à long terme Analyse à court terme

Raisonnement keynésien Selon keyens, s‟il y a du chômage c‟est que le niveau de la production et donc de la demande effective est insuffisante (C+I)

Pour keynes, seul l„Etat est en mesure de stimuler la demande effective lorsque celle-ci est insuffisante. En effet, en période de crise les agents économiques ne dépensent pas et les entreprises n'investissent pas. L'investissement ne peut donc «repartir» que si les anticipations des entreprises sont positives. Keynes préconise donc des mesures de relance. Les politiques de relance keynésiennes: Pour relancer la demande effective, keynes va mettre en œuvre des politiques incitant les agents économiques à consommer et à investir. A cet égard, trois types d‟action sont privilégiées par keynes: Une politique monétaire c‟est à dire une politique d‟argent à bon marché qui se base sur des taux d'intérêts faibles que l‟efficacité marginale du capital pour stimuler l‟investissements.

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une politique de redistribution de revenu (imposition des riches et aides aux pauvres) permettant aux catégories sociales «défavorisées» de dépenser pour mieux relancer la machine économique. Une politique de déficit budgétaire par investissements et grands travaux publics ce qui provoquera un effet multiplicateur de revenus et accélérateur d'investissements. C‟est à dire lorsque la demande augmente les entreprises sont incitées à mettre en œuvre un volume de production et donc d‟emploi plus importants ! Le rôle de l‟Etat consiste donc à injecter des revenus pour «doper» l‟activité économique. La reprise de la consommation entraînera une augmentation des investissements donc la situation de l'emploi s'en trouvera améliorée.

Conclusion

Keynes est sans doute l‟économiste qui a eu le plus d‟influence sur la pratique des politiques économiques des pays industrialisés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Les politiques keynésiennes ont été appliquées dans les pays occidentaux à partir des années 40. L'économie n'était pas aussi mondialisée qu'aujourd'hui et les politiques de relance étaient souvent très efficaces pour relever le niveau de demande. De telles politiques ont été menées en 1954,1957,1966,et 1969. Mais, hélas, le keynésianisme n'a pas connu que des succès et connaît lui aussi certaines limites. Les échecs ont commencé à partir des années 70. Les limites du modèle Keynesien Tout d'abord la théorie keynésienne raisonne en économie fermée. À l'heure actuelle, l'internationalisation croissante des économies constitue une sérieuse limite au modèle keynésien de relance. Ensuite, il n'est pas si aisé d'agir sur le niveau de consommation globale car la consommation dépend de facteurs économiques et psychosociologiques qui ne sont pas toujours facilement identifiables ni maîtrisables. (Même avec un taux d'intérêt à 0 % un

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couple de chômeurs ne sera pas incité à s'endetter pour acheter un logement). Par ailleurs, si le revenu augmente, la propension à épargner augmente également . En d'autres termes plus le revenu est important plus la consommation est importante mais plus l'épargne augmente également. Un excès d'épargne pourra à nouveau déséquilibrer la machine économique. Le modèle keynésien ne raisonne donc qu'à court terme. Le paradoxe consommation - épargne constitue également une limite au keynésianisme : Les entrepreneurs n'investissent que si le coût du capital est faible donc si les taux d'intérêts sont faibles car la rentabilité du capital doit être supérieure au taux d'intérêt. Dans le cas contraire les entrepreneurs n'investissent pas. Or, les taux d'intérêt faibles supposent une épargne abondante, et une épargne abondante est incompatible avec une forte consommation L'équilibre entre la consommation et l'épargne est très difficile à trouver. Enfin il est impossible ou tout au moins très difficile de prévoir certains facteurs qui peuvent influencer la production donc le niveau de revenus, donc la consommation : inflation étrangère, catastrophes naturelles, les comportements d'anticipation, les mouvements sociaux, etc....

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La pensée néolibérale À partir des années soixante-dix, on assiste à une nouvelle étape dans l‟histoire de la pensée économique avec la fin de la période keynésienne: C‟est la phase néolibérale Ce changement a comme cause et comme conséquence l‟application de politiques néolibérales et la mondialisation Pour présenter cette doctrine néolibérale nous allons commencer par préciser le terme de néolibéralisme pour ensuite traiter les rasions de sa formation et enfin analyser ses principes base Qu‟est ce qu‟on entend par néolibéralisme ? Comment il a été mis en place ? Quels sont ses principes de base ?

Le néolibéralisme : une version contemporaine du libéralisme Le terme de néo-libéralisme désigne le renouvellement des thèses économiques libérales, à partir de la fin des années 1970, qui critiquent le développement d‟un État-providence dans les pays développés après 1945 . Contrairement aux keynesiens, les néolibéraux défendent, le retour au marché selon des considérations qui vont de l'efficacité économique du marché à la liberté de l'individu, et recommandent la restriction des interventions étatiques dans l'activité économique pour enrayer le chômage et l'inflation caractéristiques des années 1970 (stagflation) Le néolibéralisme s‟appuie sur une diversité de courants théoriques dont les principaux sont ; le monétarisme, la nouvelle économie classique , l‟économie de l‟offre Au monétarisme de M. Friedman et F Hayek a succédé, dans les années 1980, la « nouvelle économie classique » (R. Lucas, R. Barro…), en référence explicite à l‟économie classique que Keynes avait attaquée. Poussant à la limite l‟idée de la rationalité de l‟Homoœconomicus, cette école fait l‟hypothèse que tous les marchés sont toujours en équilibre, et que les individus utilisent rationnellement toutes les informations dont ils disposent. Ils peuvent prévoir, en particulier, les effets de toutes les politiques économiques, qui sont donc inefficaces. Pour la nouvelle économie classique, tout chômage est volontaire et résulte d‟un choix des travailleurs. À la frontière extrême du néolibéralisme, on trouve les économistes de l‟offre (Laffer) qui prônent la réduction des impôts des plus riches et la suppression radicale des programmes de protection sociale qui servent à protéger paresseux et déviants. Les thèses néolibérales ont, en large partie, inspiré les politiques économiques appliquées par la plupart des pays occidentaux durant les trois dernières décennies . (ouverture, libéralisation, etc) 1. - LA FORMATION DU NÉO-LIBÉRALISME Depuis le XIX' siècle, jusqu'à nos jours, le libéralisme a connu une mutation importante ou plus exactement il a disparu puis reparu sous une nouvelle forme. Il y a d'abord eu la fin du

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libéralisme traditionnel puis l'apparition du néolibéralisme et le développement progressif de celui-ci. 1.1. - LA FIN DU LIBÉRALISME TRADITIONNEL Dès le XIX' siècle, l'apparition de crises économiques, la conscience des inégalités et des injustices sociales avaient suscité une vive critique du libéralisme traditionnel. Les socialistes contestaient la doctrine du laisser faire. Et dès cette époque, certains auteurs libéraux avaient révisé certains aspects de la doctrine: c‟est le cas de Stuart Mill puis d'Alfred Marshall en Angleterre, de Frédéric List en Allemagne, etc. La révision de la théorie économique classique par les néoclassiques avait également entraîné vers la fin du XIXe siècle des conceptions nouvelles de l'économie de marché: Léon Walras en particulier avait élaboré toute une théorie de la « politique sociale » indispensable, selon lui, à la constitution d'une économie de marché économiquement efficace et socialement juste. Cependant Toutes ces évolutions n'avaient pas réduit l'adhésion, plus ou moins nuancée, de la grande majorité des économistes aux principes essentiels du libéralisme traditionnel et la confiance dans les mécanismes de rééquilibre d'une économie du laisser faire et du laisser passer. Le libéralisme traditionnel n‟est abandonné qu'à la suite des grands événements du XXe siècle (La première guerre mondiale, la révolution soviétique, et surtout la crise de 1929) En effet, c‟est la crise mondiale de 1929 qui provoqua l'abandon quasi général de la doctrine libérale en raison de l'ampleur et de la durée de la dépression, de l'absence de retour automatique à l'équilibre et de la gravité des conséquences sociales et politiques qu'elle entraîna. Et la parution en 1936 de la « Théorie générale » de Keynes acheva de détourner définitivement la grande majorité des économistes de la doctrine libérale. Les trente glorieuses 1945 – 75 (Trente années de croissance soutenue dans les pays industrialisés) 1.2. L’apparition du néolibéralisme Plusieurs raisons expliquent le virage libéral pris par les politiques économiques au niveau mondial qu‟on peut résumer dans : L‟échec des politiques keyensiennes interventionnistes face aux chocs petroliers des années 70 L‟arrivée au pouvoir dans les pays développés de dirigeants se réclamant du libéralisme L‟effondrement des économiepps de l‟Europe de l‟est Premier choc pétrolier déclenché par l‟OPEP en 1973, en réaction contre l‟offensive israélienne contre les pays arabes, suivi par la récession de 1974-75, la plus forte depuis les années 30. À partir de 1978 se produit le second choc pétrolier : la Révolution islamique en Iran conduit à une interruption des exportations de pétrole de ce pays pendant quelques mois. Sous le

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double effet de la spéculation et de la panique, les prix du brut seront multipliés par deux en quelques mois, passant de 16 à 34 dollars le baril, provoquant des effets analogues au premier choc pétrolier : inflation galopante, chute de l‟activité, fort accroissement du chômage". En fait, ce qui cause problème, c‟est surtout la chute du taux de profit moyen dans l‟ensemble des pays industrialisés et celle des taux d‟intérêt réels, qui deviennent même négatifs à cause de la forte inflation. L‟inéfficacité des politiques keynésiennes pour mettre fin à cette situation pousse alors les dirigeants à délaisser la lutte au chômage, qui est pourtant en forte croissance, pour adopter comme priorité la lutte à l‟inflation. C‟est dans cette perspective qu‟est appliqué, le monétarisme qui prend aux États-Unis une forme plus radicale à partir de 1979 (augmentation des taux d‟intérêts réels à long terme à 15% aux États-Unis), ce qui provoque la plus grande récession depuis les années 30 en 1981-82. C‟est dans ce contexte que l‟on assiste à l‟entrée en force du néolibéralisme avec les victoires de Thatcher en 1979 et de Reagan en 1980. La crise de la dette des années 80 et l‟effondrement des pays de l‟Est ont ravivé l‟intérêt porté aux solutions faisant appel au marché L‟endettement augmente dans les années 70 et finit par exploser en crise de la dette En août 1982 le Mexique, le premier de nombreux pays du Tiers-monde à se déclarer incapable de rembourser ses dettes aux banques des pays du Nord. Pour sauver le système financier mondial directement menacé par ce blocage et maintenir un minimum de demande dans le débouché que représente le Tiers-monde, on applique de politiques d‟ajustement structurel par le F.M.I. et la Banque Mondiale, qui visent à restreindre la demande intérieure, à libéraliser l‟économie (privatisation, déréglementation, coupures dans les services publics, libéralisation du commerce) et à développer les exportations pour rembourser les banques en monnaie forte. Ainsi, les gouvernements nationaux se transforment en "agences de transmission des exigences de la BM et FMI. 2. - LES PRINCIPES DU NÉO-LIBÉRALISME Comme l'historique précédent a permis de le montrer, le néo-libéralisme est né d'abord par réaction à d'autres conceptions. Il s'agit donc en premier lieu de montrer ce qu'il critique et de mettre ainsi en évidence sa spécificité. Dans un second point, on examinera l'aspect positif de son œuvre, c'est-à-dire la proposition d'une certaine organisation économique, La critique du libéralisme traditionnel.

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La passivité de l‟Etat est à l'origine de la dégradation du régime libéral : l'abstention de l'Etat a permis aux entrepreneurs de réaliser des concentrations et des ententes qui ont éliminé la libre compétition et par là même supprimer non seulement les avantages économiques et sociaux du système, mais également ses mécanismes auto-régulateurs La critique de ces déviations du libéralisme ne met pas en cause la validité des arguments en faveur d'un régime reposant effectivement sur la liberté individuelle, la libre recherche de l'intérêt individuel, l'appropriation privée, la compétition économique et le mécanisme des prix. Au contraire, les néo-libéraux croient peut-être encore plus que les classiques aux vertus d'un système économique de libre disposition des biens et de concurrence parfaite, susceptible, selon la théorie, de réaliser l'optimum économique et social. lIs reprochent donc essentiellement aux anciens libéraux d'avoir laissé se perdre le vrai libéralisme - L'opposition au collectivisme et au dirigisme qui lui est inhérent est plus radicale. La liberté est indivisible et la suppression de la liberté économique entraîne généralement celle de la liberté politique. le collectivisme est une organisation économique des sociétés relativement sous-développées. Ce n'est qu'une forme modernisée de l'ancien mercantilisme. Prétendre qu'une évolution fatale entraîne les sociétés vers cette forme d'organisation, c'est admettre que l'humanité puisse connaître la régression. Certes les monopoles et les ententes qui compromettent l'économie de marché pourraient mener tôt ou tard vers la collectivisation et l'étatisation, mais rien n'empêche, au nom du progrès économique et social, de les freiner, voire de les éviter, ou au moins d'en éviter les abus. La vraie solution aux problèmes économiques et sociaux des sociétés développées du XXè siècle est, selon les néo-libéraux, celle d'une économie de concurrence. 2.2. - LA PROPOSITION D'UNE ÉCONOMIE CONCURRENTIELLE La conception néo-libérale d'une économie concurrentielle est celle d'une économie de marché, organisée en vue de la concurrence réglée par une politique économique adéquate. Pour eux Keynes s‟est trompé dans son diagnostic et son remède. L‟inflation est due à la relance, les dépenses de l‟Etat ont augmenté et l‟économie privée est étouffée. Ce qui implique le chômage. Il faut de nouveau faire un autre diagnostic de type classique. M. Friedman oppose à l‟interventionnisme keynésien le désengagement de l‟État, la privatisation et la déréglementation, l‟affaiblissement du pouvoir syndical et plus généralement des contraintes qui pèsent sur le marché du travail, telles que l‟assurance-chômage et le salaire minimum. Ces contraintes sont responsables du niveau élevé de ce que M. Friedman a appelé le « taux naturel de chômage ». c/c Les politiques néolibérales ont mené à une impasse, génératrice d‟un nouveau retournement idéologique. L‟injection massive de liquidités dans les économies, le sauvetage d‟entreprises financières en péril n‟ont pas suffi à prévenir la crise économique actuelle Des dirigeants politiques connus pour leur adhésion au néolibéralisme deviennent brusquement partisans d‟une soumission de la finance à l‟entreprise, d‟une réglementation de la spéculation et même de nationalisations d‟entreprises. Ce n‟est pas un retour intégral aux idées de Keynes, mais à un interventionnisme important. Il est impossible de prévoir le futur avec certitude, mais il y a tout lieu de croire que la domination de l‟idéologie néolibérale a fait son temps.