histoire brochure n°4 · face à l'histoire coloniale ... nous n'en avons pas fini avec...

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Cours DAEU - Histoire – Décolonisation et émergence du Tiers-monde - Année 2013-2014 – Université Paris III Le blog : http://daeuhistoireparis3.over-blog.com/ Brochure n°4 1 HISTOIRE BROCHURE N°4 Rappel : Brochure n°1 : Nature et bilan de la 2nde Guerre mondiale Brochure n°2 : Bilan et mémoires de la 2nde Guerre mondiale en France Brochure n°3 : La guerre froide. L'émancipation des peuples colonisés et l'émergence du Tiers-monde depuis 1945. Le blog du cours d’histoire : http://daeuhistoireparis3.over-blog.com/ Cours du jeudi de 8h00 à 10h00 Salle D 16 Devoir-maison n°3 : Les enjeux de la décolonisation en Asie. Étude de documents pages 178-179 A rendre le jeudi 14 février 2013 G.Hoibian [email protected]

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Cours DAEU - Histoire – Décolonisation et émergence du Tiers-monde - Année 2013-2014 – Université Paris IIILe blog : http://daeuhistoireparis3.over-blog.com/ Brochure n°4 1

HISTOIRE

BROCHURE N°4

Rappel :Brochure n°1 : Nature et bilan de la 2nde Guerre mondialeBrochure n°2 : Bilan et mémoires de la 2nde Guerre mondiale en FranceBrochure n°3 : La guerre froide.

L'émancipation des peuples colonisés et l'émergence du Tiers-monde depuis 1945.

Le blog du cours d’histoire : http://daeuhistoireparis3.over-blog.com/

Cours du jeudi de 8h00 à 10h00

Salle D 16

Devoir-maison n°3 : Les enjeux de la décolonisation en Asie.Étude de documents pages 178-179

A rendre le jeudi 14 février 2013

[email protected]

Cours DAEU - Histoire – Décolonisation et émergence du Tiers-monde - Année 2013-2014 – Université Paris IIILe blog : http://daeuhistoireparis3.over-blog.com/ Brochure n°4 2

L’émancipation des peuples coloniséset l’émergence du Tiers-monde depuis

1945.plan du cours

I – LES CAUSES ET LES ÉTAPES DE LA DÉCOLONISATION.A) Affaiblissement des métropoles après guerreB) Les mouvements nationalistes accentuent leur actionC) La chronologie de la décolonisation : un mouvement en trois phases

II – LES DIFFÉRENTS CHEMINS QUI MÈNENT À L’INDÉPENDANCE.A) Des métropoles aux positions variéesB) Les décolonisations sans guerre

1) La politique pragmatique de la Grande-Bretagne2) La décolonisation de l’Afrique française (Algérie exclue)3) Une indépendance mal négociée qui débouche sur le chaos : le Congo belge

C) Les guerres de libération nationale1) L’indépendance de l’Indonésie2) La décolonisation de l’Indochine française3) La Guerre d’Algérie4) Les colonies portugaises

III – L’ÉMERGENCE DU TIERS-MONDE.Introduction : Qu’est-ce que le Tiers-monde ?

A) Le non-alignement une voie difficile1) La conférence de Bandung (Indonésie) 19552) La recherche de l'unité3) Les difficultés du non-alignement

B) Une dépendance économique vis à vis des anciennes métropole1) Une dépendance économique maintenue2) Quelques tentatives d’autonomie vis à vis des pays riches

C) les difficultés politiques des nouveaux Etats.BIBLIOGRAPHIE :Parfait pour le programme avec une foule de réflexions pertinentes :

- MICHEL Marc, Décolonisations et émergence du Tiers monde, Paris, Hachette, 1993,coll. « carré histoire »

Pour une vision plus large :- GRIMAL Henri, la décolonisation de 1919 à nos jours, Bruxelles, éditionscomplexe, 1985 (1ère édition, Armand Colin, 1965)- Droz, Bernard, Les décolonisations, Seuil, 1996

La guerre d’Algérie : - Thénault, Sylvie, Histoire de la guerre d'indépendance algérienne,Flammarion, 2005- Les nombreux ouvrages de Benjamin Stora et de Mohamed Harbi.

La guerre d’Indochine :- Numéro 331 de mai 2004 du Monde, dossiers et documents : « Les guerresd’Indochine ».- Brocheux, Pierre / Hemery, Daniel, Indochine, la colonisation ambiguë1858-1954, La Découverte, 2001

Le Tiers-monde :- Zantman, Alain, Le Tiers-Monde : les stratégies de développement àl'épreuve des faits..., Hatier, 1991

Un film sur la guerre d’Algérie parmi d’autres…

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En guise d’introduction : La responsabilité des historiensface à l'histoire coloniale

Article publié dans Le Monde le 20 septembre 2005 par Raphaëlle Branche, Claude Liauzu, Gilbert Meynier, Sylvie Thénault

Nous n'en avons pas fini avec le temps des colonies, l'esclavage, l'Indochine et l'Algérie. Le projet de traitéd'amitié entre la France et l'Algérie est gelé. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a posé comme préalable àla signature de ce traité l'abrogation de la loi du 23 février "portant reconnaissance de la Nation" envers lesrapatriés et qui dispose que "les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif" de la colonisation. M.Bouteflika y voit un "outrage", une preuve de "cécité mentale". Qui ne partagerait pas ce point de vue ?

Du côté français, Jacques Chirac, le président de la République, a réaffirmé, à la conférence desambassadeurs, l'importance qu'il accorde aux enjeux méditerranéens de ce traité. Il cherche manifestement à prendreses distances quant au poids du passé et au pas de clerc de sa majorité. A Madagascar, M. Chirac a regretté les"dérives" de la répression lors des décolonisations. Les massacres du 8 mai 1945, à Sétif, ont été déplorés commeune "tragédie inexcusable" par l'ambassadeur de France en Algérie, le 27 février. Le ministre des affairesétrangères, Philippe Douste-Blazy, interrogé sur la polémique ouverte par la loi du 23 février, a convié les historiensà trancher sur ce problème.

Nous n'en serions pas là si les parlementaires - à commencer par l'actuel ministre des affaires étrangères, undes initiateurs de l'éloge de la Nation aux colons - et le gouvernement s'étaient inspirés des accords de Nouméa(1998), qui déclaraient : "Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne futpas lumière." Ces accords, sans emphase ni outrance, s'efforcent de rendre justice aux colonisés et aux colons. Nousn'en serions pas là si la classe politique n'avait pas cédé aux abus de mémoires d'un lobby de nostalgiques del'Algérie française qui n'a rien appris ni oublié, et discrédite l'image du pays sur la scène internationale.

Que diable les historiens iraient-ils faire dans cette galère ? Ils n'ont pas à prononcer une fatwa sur le bon et lemauvais côté de la colonisation. Ils ne sont pas les conseillers du prince. Ils ont à élaborer et à diffuser une critiquehistorique, permettant d'établir la véracité des faits, et à en proposer les explications les moins subjectives possibles,pour aider les citoyens à comprendre et à maîtriser leur passé. Ils ont à aider surtout ceux qu'une telle loi empêchede mémoire, condamne à être privés de repères. Et ils ont, en urgence, à préserver l'indépendance de leur métier,menacée par des politiques et des idéologues qui veulent continuer indéfiniment leurs campagnes d'Afrique.

Une chronique des péripéties de la loi du 23 février le montre : elle est venue couronner un intense travail dulobby se posant en représentant des rapatriés d'Algérie. Un rapport demandé par M. Raffarin, qui a servi de plate-forme au projet de loi, n'hésite pas à affirmer que les manuels contiennent des assertions "contraires à la véritéhistorique" et envisage un "droit de regard" du ministre. Elus et gouvernement n'ont pas hésité à nier un desprincipes de l'instruction publique depuis Jules Ferry, en essayant d'imposer une histoire officielle. Rappelons que,depuis 1881, les enseignants ont le libre choix des livres scolaires.

Alors que le ministère de l'éducation nationale et de la recherche n'a pas encore eu un mot sur cette loi, queles enseignants s'inquiètent du manque de concertation sur les programmes, le ministre délégué aux ancienscombattants, Hamlaoui Mekachera, a annoncé la participation d'associations de rapatriés à une modification de cesprogrammes. Leur concours est aussi prévu pour une fondation sur la guerre d'Algérie. Elle sera chargée d'organiserles études scientifiques et d'intervenir dans l'enseignement.

Encore les plus ultras des rapatriés ne sont-ils pas satisfaits : eux veulent une réhabilitation de l'OAS et unerepentance de la métropole, coupable de l'abandon de leur province. En attendant, ils s'emploient à commémorerleurs "martyrs" : de Nice à Perpignan, plusieurs municipalités ont affecté un terrain communal à des stèles enl'honneur des condamnés à mort de l'OAS.

De l'autre côté de la Méditerranée, les officiels font de la dénonciation de la loi du 23 février un thème central.M. Bouteflika a parlé, lors de la commémoration du massacre de Sétif, d'un "génocide permanent", de "fourscrématoires", assimilant ainsi colonisation française et nazisme. Ce n'est pas là un dérapage. En commémorant lesémeutes et les massacres de Philippeville (Algérie) du 20 août 1955, il a rappelé "la tragédie de l'invasion, del'extermination et de la destruction, les injustices de l'occupant, qui s'est ingénié à mettre en oeuvre un projetmacabre dont l'objectif était une Algérie sans peuple (...), une terre sans hommes et sans mémoire". Nous n'avonspas de peine à reconnaître le discours nationaliste élaboré, en son temps, contre la colonisation. Mais nous sommesen 2005. Et il s'agit d'arguments de propagande, dans une campagne pour le référendum prévu à la fin septembre,émis par le représentant d'un régime qui a usé et abusé de la répression, dans un pays dont la jeunesse n'écoute plusles pères du Maghreb.

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Si l'on peut comprendre (en déplorant la cécité d'alors) que les anticolonialistes n'aient pas voulu reconnaîtrecertaines violences inacceptables, commises au nom des peuples dominés dans les déchaînements des années 1950-1960, si l'on peut comprendre l'idéalisation, à l'époque, des victimes de l'ordre colonial, persister dans cette attituden'est pas justifiable. Comment ne pas voir, aujourd'hui, que cette violence s'est déployée contre la sociétéalgérienne, que les mêmes pratiques ont été utilisées par le pouvoir comme par les islamistes ?

En France, en écho au discours algérien, une vulgate fait florès. Selon les Indigènes de la République, lecolonialisme serait là, toujours virulent, au coeur de la société et de la vie politique. Il serait la cause de l'exclusion,de la loi contre le foulard, de l'islamophobie. Que nos sociétés soient marquées par l'esclavage et la situationcoloniale, et en portent des traces, que, de nos immeubles insalubres à La Nouvelle Orléans, l'actualité le montre,c'est une évidence ! Mais les historiens ne peuvent pas ignorer que, s'ils ont le devoir de répondre aux demandes demémoire, une distance critique envers ces requêtes est indispensable.

Il est nécessaire de s'interroger sur les décalages entre des représentations figées et les caractères actuels del'exclusion. Dans nos sociétés, le passé est devenu l'enjeu d'un discours revendicatif de forces qui se posent enhéritières des victimes, avec d'autant plus d'insistance qu'aucune utopie ne les projette vers l'avenir et qu'elles sontanimées par une logique de concurrence victimaire.

Peut-on, en 2005, affirmer que coloniser c'est exterminer ? Il y a eu des massacres de masse coloniaux, maisprésenter ainsi la conquête de l'Algérie ne correspond pas à la réalité.

Les historiens ont-ils pour tâche de conforter le discours officiel algérien - celui d'un pouvoir -, et non pluscelui des victimes du colonialisme ? Comment des historiens venus d'une démocratie pour participer à un colloque,à Sétif, sur le 50e anniversaire du massacre du 8 mai 1945, ont-ils pu ne pas avoir un mot pour rappeler lesviolences du FLN dans la guerre, comme le fait Mohammed Harbi depuis des décennies ?Si nous ne mettons pas au clair les relations entre les intellectuels occidentaux, qui se réclament des solidarités avecles sociétés du Sud, et les pouvoirs qui y règnent, il sera impossible d'exorciser les démons liés à la périodecoloniale et au nationalisme. Et nous ferons le lit de toutes les surenchères !

Ignorer les souffrances de tous les protagonistes, au profit des seules "bonnes" victimes, c'est continuer àlaisser le monopole de la compassion à l'extrême droite ; persister dans certaines erreurs du tiers-mondisme. Etrefidèle à Franz Fanon aujourd'hui, c'est reconnaître en lui le descendant d'esclaves et le métis, qui ne dissociait pas lalibération du tiers-monde de celle des dominés d'Occident ; c'est reconnaître ses apports à la connaissance des forcesnouvelles qui faisaient irruption sur la scène politique, mais aussi les insuffisances de ses analyses desconservatismes de la culture et de la religion populaires, des manipulations politiques de l'islam, en particulier. Enraison des enjeux de ce passé qui passe mal, afin de préserver l'indépendance d'une histoire critique contre ceux quivivent encore dans l'univers où le colonisé n'existait pas, et contre ceux qui s'acharnent sur le cadavre ducolonialisme et font comme s'il existait encore, il est indispensable de refuser manichéisme et anachronisme,d'étudier la "situation coloniale" dans sa complexité.

L'enseignement, vilipendé par tous les porteurs de mémoires saintes, a une fonction fondamentale : rappelerles références universalistes et les retrouver à partir des mémoires singulières. Celui-ci ne peut plus susciter unconsensus autour de la patrie jacobine et ne doit pas céder à ceux qui opposent lutte contre l'antisémitisme et luttecontre le racisme d'origine coloniale. La colonisation a été un phénomène ambigu. A travers les résistances, lesaccommodements, les réinventions, les sociétés dominées en ont été profondément transformées. Replacer cettepériode dans le processus de mondialisation, expliquer et faire comprendre les interdépendances et la pluralité qui sesont imposées à toutes les sociétés, tels sont les enjeux actuels.

Raphaëlle Branche est historienne, maître de conférences à l'université de Rennes.Claude Liauzu est professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Paris-VII

Gilbert Meynier est professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université Nancy-II.Sylvie Thénault est historienne, chargée de recherches à l'Institut d'histoire du temps présent.

Questions : 1. Qu’est ce que la loi du 23 février 2005 ? 2. Quels problèmes soulève-t-elle ? 3. Quelle est, pour les auteurs de l’article, la définition du

travail de l’historien ? 4. Quels sont les enjeux de l’histoire de la colonisation et de

la décolonisation ?

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Poly 1 - L’affaiblissement des métropoles

Document 1 : un contexte international favorable.« On ne peut lutter contre la servitude fasciste et en même temps ne pas libérer sur toute la surface du globe lespeuples soumis à une politique coloniale rétrograde. »

F.D. Roosevelt à W. Churchill 14 août 1941

« La crise du système colonial se manifeste par le puissant essor du mouvement de libération nationale dans lescolonies et les pays dépendants (…) L’URSS est le seul vrai défenseur de la liberté et de l’indépendance de toutesles nations, un adversaire de l'oppression nationale et de l’exploitation coloniale sous toutes ses formes. »

A. Jdanov rapport, sept. 1947.

« Les buts des Nations Unies sont les suivants: (…)2– Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l ‘égalité des droitsdes peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes… »

Charte de l’O.N.U. article 1, 1945

Document 2 : La première tentative vietnamienne.Déclaration d’indépendance du Vietnam[…] « La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de la Révolution Française (1789) a proclamé : « Les hommesnaissent et demeurent libres et égaux en droit ». Il y a là d’indéniables vérités. Cependant, depuis plus de 80 ans, lesimpérialistes français, reniant leurs principes : Liberté, Egalité, fraternité ont violé la terre de nos ancêtres et opprimés noscompatriotes. Leurs actes vont à l'encontre des idéaux d'humanité et de justice. […] Ils nous ont privés de toutes libertés, ilsont volé nos rizières, nos mines, nos forêts, nos matières premières. […] Pour ces raisons, nous, membres du gouvernementprovisoire de la République démocratique du Vietnam, proclamons solennellement au monde entier :Le Vietnam a le droit d'être libre et indépendant et, en fait, est devenu libre et indépendant. Tout le peuple du Vietnam estdécidé à mobiliser toutes ses forces spirituelles et matérielles, à sacrifier sa vie et ses biens pour garder son droit à la libertéet à l'indépendance. "

Hô Chi Minh, 2 septembre 1945.

Document 3 : les principaux mouvements nationalistes.Parti du Congrès : fondé en Inde en 1855. Gandhi durant l’entre-deux guerres en fît un parti de masse et présidépar Nehru.

Viêt-minh ou Vietminh («Front de l’indépendance du Vietnam»), parti nationaliste à prépondérance communiste qui, sous ladirection de Hô Chi Minh (qui l’avait fondé en 1941), a mené la guerre contre les forces japonaises.

Istiqlal (Istiqlal, «indépendance»), parti nationaliste marocain né en 1937 d’une scission de l’Action marocaine. Il mène lalutte pour l’indépendance.

Destour, parti nationaliste tunisien (qui doit son nom au mot arabe dastur, «Constitution»), issu du mouvement «jeune-tunisien» fondé au début du XXe s. En 1934, il se scinda en Vieux Destour, prônant le retour à une Tunisie traditionnelle, etNéo-Destour, favorable à un État démocratique. Ce dernier, sous l’impulsion de Bourguiba, contribua à assurer au pays sonindép. (1956) et à instaurer la rép. (1957). En 1964, il est devenu le Parti socialiste destourien et, après la destitution deBourguiba, le Rassemblement constitutionnel démocratique (fév. 1988).

UDMA et MTLD : Le 10 février 1943, un Algérien musulman, Ferhat Abbas, publie le Manifeste du peuple algérien avec lasignature de 28 élus musulmans. C'est ainsi qu’il rompt avec les partisans de l'assimilation.Ce fils de fonctionnaire de 44 ans avait milité dès 1938 pour l'accès des musulmans algériens à la citoyenneté française.Prenant acte de l'opposition irréductible des colons d'origine européenne à toute réforme d'envergure, il publie le Manifeste dupeuple algérien.Dans ce document essentiel, quoique modéré, il revendique une pleine autonomie pour l'Algérie, avec une égale participationde tous les habitants aux affaires politiques, une Constitution propre, une réforme agraire et la reconnaissance de la languearabe au côté du français.Il fonde par ailleurs l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) tandis que Messali Hadj fonde le Mouvement pourle triomphe des libertés démocratiques (MTLD).

Front de libération nationale (F.L.N.), rassemblement (1954) des mouvements nationalistes algériens (à l’exclusion duM.N.A. de Messali Hadj) qui mena la lutte armée contre la France. Après l’indépendance, le F.L.N. est devenu le parti uniqueau pouvoir (jusqu’en fév. 1989).

Travail à ne pas oublier : Rédiger des mini-biographies des principaux leaders nationalistes (Gandhi, Nehru, HôChi Minh, Bourguiba, Mohammed V, Léopold Senghor, Patrice Lumumba, N’Krumah, Soukarno …).

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Poly 2 : Les voies de l’indépendance et la réaction desmétropoles.

Document 1 : Les idées d’ Hô Chi Minh« La révolution démocratique consiste d'une part à effacer les vestiges du féodalisme, àliquider les méthodes d'exploitation précapitaliste et à réaliser la réforme agraire, d'autre partà renverser l'impérialisme des Français et à rendre l'Indochine complètement indépendante.Ces deux aspects de la lutte sont intimement liés car ce n'est qu'en renversant l'impérialismequ'on peut abolir la classe des propriétaires fonciers et réaliser la révolution agraire, (ce n'estqu'en anéantissant le régime féodal qu'on peut renverser l'impérialisme [...]. »

D'après Les thèses politiques du parti communiste indochinois, 1930

Document 2 : Les positions française et anglaise.« De même que le Maroc et la Tunisie ont connu ce phénomène du terrorisme individuel dans lesvilles et dans les campagnes, faut-il que l'Algérie ferme la boucle de cette ceinture du monde enrévolte depuis quinze ans contre les nations qui prétendaient les tenir en tutelle ?Eh bien ! Non, cela ne sera pas, parce qu'il se trouve que l'Algérie, c'est la France, parce qu'il setrouve que les départements de l'Algérie sont des départements de la République française. DesFlandres jusqu'au Congo, s'il y a quelque différence dans l'application de nos lois, partout la lois'impose et cette loi est la loi française ; c'est celle que vous votez parce qu'il n'y a qu'un seulParlement et qu'une seule nation dans les territoires d'outre-mer comme dans les départementsd'Algérie comme dans la métropole. »

François Mitterrand, ministre de l'Intérieurdevant l'Assemblée nationale ( 12 novembre 1954)

« Nous avons vu le réveil de la conscience nationale chez les peuples qui pendant des siècles ontvécu sous la dépendance d’un autre pouvoir. Il y a quinze ans, ce mouvement s‘étendait à traversl’Asie […]. Aujourd’hui, la même chose se produit en Afrique […]. Le vent du changement soufflesur tout le continent. Que cela plaise ou non, cette prise de conscience nationale est un fait politique.Nous devons l’accepter comme un fait. Notre politique nationale doit le prendre en compte. »

D’après la déclaration du premier ministre anglais Mac Millan au Cap en 1960

Expliquez cette citation : « S’assurer, grâce à un climat de bonne entente, le maintien des liens commerciaux et monétaires »

R.Hinden, Empire and after. A study of British Imperial Attitudes, Londres, 1949

Document 3 : Complétez ce tableau analysant l’indépendance de l’Inde [1947] en vous servant de votremanuel (page 178, page 182 et page 162) :

Pourquoi uneindépendance négociée ?

Les modalités pratiques Pourquoi les déchirements post-coloniaux ?

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Poly 3 : Les étapes de la décolonisation.

Lacolonisation,une missionréaffirméepar laFrance en1944 (Affiche de1944, Muséed’Histoire

contemporaine, Paris)

Date de l’Indépendance Nouveaux EtatsAnciennemétropole

1945 Syrie, Liban France

1946 Philippines Etats- Unis

1947 Inde, Pakistan, Israël Royaume-Uni

1948 Birmanie, Ceylan Royaume-Uni

1949 Indonésie Pays-Bas

1951 Libye Italie

1954 Vietnam, Laos , Cambodge France

1956Soudan

Maroc, TunisieRoyaume-UniFrance

1957 Malaisie, Ghana Royaume-Uni

1958Singapour

GuinéeRoyaume-UniFrance

1960

Cameroun , Togo , Madagascar , Congo, Tchad , Gabon ,République Centrafricaine , Dahomey , Niger, République

Voltaïque , Côte d’Ivoire , Sénégal , Mali, Mauritanie.Congo Belge (Zaïre) Somalie Nigeria

FranceBelgiqueItalie et R.U.Royaume-Uni

1961Koweït, Sierra Léone,

TanganyikaRoyaume-Uni

1962Ouganda

Ruanda BurundiAlgérie

Royaume-UniBelgiqueFrance

1963 Kenya , Zanzibar R.U.

1964Nyassaland, Rhodésie du

NordR.U.

1965 lies Maldives, Gambie,Rhodésie du Sud

R.U

1966 Bechuanaland, Rasutoland Royaume-Uni

1967 Aden R.U.

1968Guinée équatoriale

lie Maurice, SwazilandEspagneR.U

1970 Iles Fidji R.U.

1971 Emirats du Golfe Persique R.U.

1974 Guinée - Bissau Portugal

1975Mozambique, Angola , lies de Sao-Tome et Principe, lies du Cap Vert,

Comores ( sauf île de Mayotte)PortugalFrance

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Poly 4 : De la difficulté du discours historiquePANAFRICANISME : L’AFRIQUE RESSUSCITE NKRUMAH

« Le pays de l’ancien président Kwame Nkrumah, qui fut le champion du panafricanisme et del’indépendance de tous les Etats africains, a célébré hier ses noces d’or. En présence de nombreusespersonnalités dont des chefs d’Etat et de gouvernement venus de tous les continents. L’ancienne Côte-de-l’or (Gold coast) devenue Ghana le 6 mars 1957, au moment de son indépendance,est la première colonie africaine à s’émanciper. L’ancienne colonie britannique a pu s’affranchir del’ancienne puissance colonisatrice grâce au combat de nationalistes et panafricanistes ghanéens. Le pluscélèbre et populaire d’entre eux reste Kwame Nkrumah. Leader politique dès 1951, il devient d’abord Premier ministre de la Côte-de-l’or (Gold coast) en 1952, puis premier ministre du Ghana en 1957. L’année où il proclame l’indépendance du pays. Un jourhistorique qui a été commémoré hier, avec faste à Accra. En présence d’une soixantaine de délégations venues des quatre coins de laplanète. Une bonne vingtaine de chefs d’Etat du continent africain et d’autres contrées lointaines ont effectué le déplacement.D’autres se sont faits représenter à cet événement. Il faut souligner que l’indépendance du Ghana a eu un impact sur le sort des autrescolonies africaines de l’époque. Kwame Nkrumah, qui fut l’un des pères fondateurs de l’organisation de l’unité africaine en 1963, aencouragé les mouvements de libération nationale partout sur le continent et a plaidé leur cause auprès des institutions internationales,et tout particulièrement aux Nations unies. Tant et si bien qu’au sein du mouvement des non alignés, Kwame Nkrumah et l’ancienprésident égyptien, Gamal Abdel Nasser étaient les porte-parole et soutiens déclarés des mouvements de libération nationale. Auxconférences d’Accra en 1958 et 1960, Kwame Nkrumah se distingue comme le champion du panafricanisme et de l’indépendance detous les Etats africains. C’est avec une fierté qu’il proclame la République du Ghana en 1960. Année au cours de laquelle un nombreconsidérable de pays africains obtiennent leur indépendance. Kwame Nkrumah sera malheureusement renversé par un coup d’Etatmilitaire en 1966. Des juntes militaires vont se succéder au pouvoir jusqu’à ce que le capitaine Jerry Rawlings, qui règnera de 1981 à2000, consente à organiser des élections démocratiques. D’abord en novembre 1972, puis en décembre 1996. L’actuel présidentghanéen, John Kufuor, est arrivé au pouvoir après sa brillante élection en décembre 2000. Il a été réélu en décembre 2 004. Il quitterale pouvoir en décembre 2008. Il a la chance de présider aux destinées de son pays lorsque le Ghana fête le 50ème anniversaire de sonindépendance. Mieux, John Agyekum Kufuor est depuis janvier dernier le président en exercice de l’Union africaine (Ua). C’est à lafois un honneur que lui ont fait ses pairs africains et un hommage mérité au pays deKwame Nkrumah. Considéré comme radical à cause de ses idées progressistes et avant-gardistes lors dela création de l’organisation panafricaine, Kwame Nkrumah est aujourd’hui ressuscitépar ses mêmes idées. Le président de la Commission de l’Union africaine, AlphaOumar Konaré, le Colonel Mouammar Khadafi de la Libye et quelques autresdirigeants africains, se font l’écho de sa vision politique. En développant nonseulement la nécessité, mais l’urgence de la création des Etats-Unis d’Afrique. A lasuite de Cheikh Anta Diop, savant sénégalais de vénérée mémoire et de KwameNkrumah, les chefs d’Etat et de gouvernements africains trouvent de plus en pluspertinent le projet fédéraliste. Les avis divergent sur le leadership et l’étendue despouvoirs et du mandat que pourrait détenir un président de l’Etat fédéral africain enprojet, par rapport à ceux des chefs d’Etats des 53 pays africains. Pour relever lesnombreux défis qui l’interpellent, l’Afrique doit pourtant choisir la formed’intégration politique qui lui convient le mieux. Elle doit pouvoir parler égalementd’une même voix. Il est surprenant par exemple de constater que par rapport auprojet de réforme du conseil de sécurité de l’Onu, l’Afrique ne soit pas encoreparvenue à s’entendre sur le choix de deux pays représentatifs parmi troiscandidatures déclarées (Afrique du Sud, Nigeria et Egypte). Quand le chef de l’Etat libyen fait un plaidoyer pour l’unité, la solidarité,la fraternité et la création des Etats-Unis d’Afrique, certains de ses pairs africains lui prêtent des intentions les plus saugrenues. Sagénérosité et ses idéaux pour l’Afrique sont regardés avec suspicion par certains dirigeants qui n’ont ni le courage de leurs opinions,ni le mérite de soutenir à temps et à contretemps l’unité et la solidarité des peuples africains. Vivement que le 50ème anniversaire de l’indépendance du Ghana - pays d’un des chantres du panafricanisme - offre l’opportunitéd’une vaste réflexion sur le panafricanisme aujourd’hui et le destin d’un continent dont les fils ne pensent qu’à partir, à émigrer dansdes conditions insoutenables... »

Article mis en ligne le 9 mars 2007 : http://www.cameroun21.com/fr/news.php?nid=28324Questions : 1) Présentez ce document (nature, thème, idée principale : quel message le journaliste veut-il faire passer ?).2) Ce document vous apparaît-il objectif (neutre) ?3) Décrivez l’importance de l’ancien président ghanéen pour la décolonisation de l’Afrique noire.4) Quelles sont les informations supplémentaires qu’apporte le document ci-joint :

Le « modèle » socialiste ghanéen n'a pu obtenir de bons résultats : La planification (empruntée aux alliés communistes) s'accompagne d'unedérive autoritaire : Kwamé Nkrumah décrète en 1961 et 1962 l'état d'urgence pour museler l'opposition et fait embastiller les dirigeants desprincipaux partis. Il se proclame président à vie en 1964 et impose le monopartisme. Le manque de rigueur dans la gestion du budget et la faillite dela politique économique a émoussée la popularité du docteur N'Krumah. Deux ans plus tard en 1966, alors qu'il est en visite officielle en Chine, il estrenversé par l'armée. Le général Ankhra qui a fomenté le coup d'état était en relation avec la CIA depuis la crise du Congo. L'une des premièresmesures du nouveau régime est d'expulser les techniciens chinois et soviétiques.

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Poly 5 : Deux analyses opposées du bilan colonial belge en 1960.1) Présentez les documents (auteur, date, contexte, thème, idée principale).

2) Montrez l’intérêt d’une telle comparaison.

Discours de S. M. le Roi BAUDOUIN à la cérémonie de l'indépendance àLéopoldville, le 30 juin 1960

« […] Pendant 80 ans, la Belgique a envoyé sur votre sol les meilleurs de ses fils,d'abord pour délivrer le bassin du Congo de l'odieux trafic esclavagiste qui décimait sespopulations, ensuite pour rapprocher les unes des autres les ethnies […] LorsqueLéopold II [roi de 1865 à 1909] a entrepris la grande oeuvre […], il ne s'est pas présentéà vous en conquérant, mais en civilisateur.Le Congo, dès sa fondation, a ouvert ses frontières au trafic international sans quejamais la Belgique y ait exercé un monopole institué dans son intérêt exclusif.Le Congo a été doté de chemins de fer, de routes, de lignes maritimes et aériennes qui,en mettant vos populations en contact les unes avec les autres, ont favorisé leur unité etont élargi le pays aux dimensions du monde.Un service médical, dont la mise au point a demandé plusieurs dizaines d'années, a étépatiemment organisé et vous a délivré de maladies combien dévastatrices. Des hôpitauxnombreux et remarquablement outillés ont été construits. L'agriculture a été améliorée etmodernisée. De grandes villes ont été édifiées et à travers tout le pays les conditions del'habitation et l'hygiène traduisent de remarquables progrès. Des entreprises industriellesont mis en valeur les richesses naturelles du sol. L'expansion économique a étéconsidérable, augmentant ainsi le bien-être de vos populations et dotant le pays detechniciens indispensables à son développement.[…]Nous sommes heureux d'avoir ainsi donné au Congo, malgré les plus grandes difficultés,les éléments indispensables à l'armature d'un pays en marche sur la voie dudéveloppement.[…]

Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la défense nationale de la

République du Congo, à la cérémonie de l'Indépendance à,Léopoldville le 30 juin 1960

"A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vousdemande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderezineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerezavec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tourfassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notrelutte pour les libertés.Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dansl'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal,nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant quec'est par la lutte qu'elle a été conquise, […]Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui nenous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nousloger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers. Nousavons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subirmatin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un noir on disait "Tu", non certes comme àun ami, mais parce que le "Vous" honorable était réservé aux seuls blancs ?Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître ledroit du plus fort, nous avons connu que la loi n'était jamais la même, selon qu'il s'agissait d'un blanc ou d'un noir,accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine Pour les autres. […] Qui oubliera, enfin, les fusillades oùpérirent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient pas se soumettre à unrégime d'injustice ? […]La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants[...]".

Travail : Rédigez une petite fiche sur Pierre Mendès France en insistant sur les négociations visant àmettre un terme aux conflits anti-colonialistes mises en place par son gouvernement en 1954.

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Poly 6 : La guerre d’Algérie (1954-1962)Répondez aux questions suivantes à l’aide de votre manuel et des documents.

Utilisez une autre feuille car vous risquez de manquer de place sur le polycopié, le but étant de faire unefiche de révision sur la guerre d’Algérie.

Questions :

1) Date du début et fin de la guerre ?

2) En quoi l’Algérie est-elle si particulière pour la France ?

3) Qui affronte qui ?

4) Document 1 : Que souhaite le PCF ? Quel argument utilise-t-il ? Pourquoi ?

5) Quels changements politiques vont se produire en Francedurant cette guerre ? (voir chapitres sur histoire de France dumanuel)

6) Comment évolue l’opinion publique française ? Pourquoi ?

7) Présentez le livre « La question » d’Henri Alleg et sonimportance historique

(http://www.algeria-watch.org/farticle/1954-62/laquestion.htm)

8) Document 2 : Qu’est-ce que l’OAS ? Quel est son but ? Quelssont ses ennemis ? Les moyens qu’elle utilise ?

9) Document 3 et recherches : Sur quoi portait le référendumde janvier 1961 ?

10) Document 3 : Les français approuvèrent-ils les accordsd’Evian ? Quand les Algériens votèrent-ils à leur tour ?

11) Qu’arrive-t-il aux " pieds noirs " après l’indépendance ?

Poly 7 - TRAVAIL D’ENQUETE : Lesnon-alignés.

- Où est Bandung ? Pourquoi le choix de ce lieu ?- Qui était à Bandung ? (Carte ci-dessous). Commentezcette géographie des participants.- Qu’y a-t-il été vraiment décidé ?- Quelle est la portée de cette conférence ?- Définissez le terme de « non-alignement ».- Comment les non-alignés pensaient-ils (conférence deBelgrade, 1961) peser sur les enjeux mondiaux ?- Pourquoi les non-alignés ne purent-ils vraiment lerester ?

Document 1 :

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Poly 8 : Le choix des termes Nord/Sud est-il innocent ?Vous avez inventé avec Alfred Sauvy la formule « tiers monde. Aujourd’hui, on utilise plutôt- « leSud » pour désigner le même ensemble de pays. Comment définiriez vous ce terme? Ce qu'on appelle « le Sud » aujourd'hui est mal définissable. C'est un ensemble hétérogène, très diversifié. Lesproblèmes de définition se sont posés dès l'immédiate après-guerre, au moment où les empires ont commencé à sedisloquer et où on ne pouvait plus parler de ressortissants des empires français, britannique, etc. L’Organisationdes Nations Unies a fini par établir un langage. Elle a d'abord parlé de « nations attardées ». Ensuite de « payssous-développés », puis de « pays en développement ». Finalement, je crois avoir proposé avec Alfred Sauvy uneformule qui a eu un succès mondial: tiers monde. Elle apparaît dans le livre Le tiers monde, développement etsous-développement, publié en 1957, et que j'ai dirigé. Cet ouvrage a été préparé à partir de 1955, au moment dela conférence de Bandung, le premier rassemblement de pays à la fois anti-colonialistes et se présentant comme «non engagés ». Par tiers monde, nous voulions désigner les nations quiémergent à ce moment-là par leurs revendications de liberté et de reprisede l'initiative historique. Elles constituaient une sorte de tiers état desnations comme il y avait eu dans la F'rance de l'Ancien régime un tiers étaten dehors de la noblesse et du clergé. L’expression a semblé être recevable pendant une. longue période. Maisavec les problèmes issus des indépendances, les intellectuels d'Asie,d'Afrique et d'Amérique latine ont trouvé l'expression trop unifiante. Ilsl'ont donc contestée. Dans les commentaires ultérieurs, j'ai moi-même ditque le tiers monde était fait de tiers mondes. Il y avait d'énormes écartsentre une Asie du Sud-Est qui commençaient à se développer en périphériedu capitalisme le plus « libéré », et des pays africains comme l'Angola et leMozambique, qui n'étaient pas encore indépendants. Et puis les choses ontchangé, et changeront encore. On parle maintenant de Sud par rapport auNord. Une dénomination à consonance géographique qui ne signifie pasgrand-chose. Nous avons l'impression que « le Sud »- est une autre façon dedire pauvre. C'est une manière de se dédouaner par le langage ! Derrière ce termeSud, évoquant un Nord, il y a non seulement l'image d'un Norddevenu pudique en langage pour désigner ceux qu'il n'aide pasbeaucoup, mais aussi l'idée d'un Nord qui reste le détenteur del'initiative, de l'innovation technique et de la puissance économique,financière, politique qui se constitue de plus en plus à partir destechniques. Cela fait longtemps que tout le monde dit qu'il faut changer lesrapports Nord-Sud. Avez-vous constaté des changementsparticuliers? le suis fatigué de la longue succession des bonnes intentions depuis lesannées 50. J'étais dans l'entourage de Pierre Mendès France en 19S4 et déjànous nous battions pour un échange moins inégal, pour que les termes del'échange soient moins défavorables à ceux qu'on appelle gens du Sudactuellement. De même, il y a continuellement cette répétition. il fautpermettre par une circulation plus équitable des richesses de donner lesmoyens en capitaux nécessaires aux pays en développement afin qu'ilspuissent réaliser leur « décollage », comme l'on disait. Sous ce simpleaspect des investissements en capitaux, les répartitions effectives ont-ellesprofité aux pays du Sud? Trop peu ! Et les capitaux réellement investis, ycompris sous forme d'aide, ont bien souvent stimulé la formation d'uneclasse privilégiée dans les pays devenus indépendants. Une classe avec laquelle des connivences et des rapportsd'intérêts se sont constitués en relation avec des puissants de l'«extérieur». […]

Extraits d’un entretien avec Georges Balandier, « L’Afrique a été ma Sorbonne », Témoignage Chrétien, n°3034 du 31 octobre 2002.

Question : Le choix des termes Nord/Sud est-il innocent d’après l’auteur ?

Portrait d’un combattant.

Né en 1920, Georges Balandier n’estpas un observateur neutre de l'Afrique,ni de la lutte pour la liberté. Lorsquele jeune chercheur débarque auSénégal en 1946, il a déjà uneexpérience personnelle du combatcontre l'oppression comme résistant àl'occupant nazi. Anticolonialisteprécoce, il noue des liens avecSenghor et d'autres émancipateurs. EnAfrique jusqu'en 1951, il travaillera enGuinée, en Côte-d'Ivoire, au Gabon etsurtout à Brazzaville, où il estdirecteur de section de l'Orstom. Il estdirecteur d'études à l'Ecole des hautesétudes en sciences sociales depuis1954. Ses thèses, Sociologie actuellede l’Afrique noire, et Sociologie desBrazzavilles noires, publiées en 1955aux Presses de la Fondation nationaledes sciences politiques, sont desréférences pour les africanistes. Maisce sont surtout les livres Tiers monde(1956) et L'Afrique ambiguë (1957)qui le rendront célèbre. Contrairementau structuraliste Claude Lévi-Strauss,l'autre grand anthropologue del'époque, Georges Balandier fait de lasociologie «dynamique»: il étudie leschangements et les bouleversementssociaux. Pour lui, ni l'histoire, ni lasociété ni le politique n'a de fin. Il y a une vingtaine d'années,Balandier, foncièrement hostile au« provincialisme occidental», s'estlancé dans une profonde critique denotre modernité. Il faut lire Le détour(1985), le désordre. Éloge dumouvement (1988) et surtout Le grandsystème (2001) (Ed.Fayard).

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L'Express du 09/10/2003

Georges Balandier

Poly 9 : «On n'importe pas la démocratie»propos recueillis par Jean-Marc Biais

«Une démocratie ne se construit pas comme un Meccano.» Georges Balandier, anthropologue etsociologue, grand spécialiste de l'Afrique, rappelle cette réalité historique, au moment où les Américainssemblent l'ignorer en Irak. Pour lui, l'Occident ne doit pas imposer au reste du monde «sa» modernité. Il doitpartager ses techniques en respectant les particularités de chaque culture. Georges Balandier metégalement en garde contre l'émergence d'un néocolonialisme, exercé par les seuls Etats-Unis, sur desterritoires, immatériels cette fois, qu'il appelle les «nouveaux Nouveaux Mondes»

Après des décennies d'indépendance, peu de pays d'Afrique ont réussi à créer un régime démocratique. L'erreuroriginelle n'est-elle pas d'avoir importé une version occidentale de la démocratie?

C'est exact. Les Constitutions des Etats issus du modèle colonial français sont d'abord conçues ou suggérées par des juristes occidentaux. Pour nombre d'Africains, notamment la paysannerie, ce modèle importé n'avait pas de sens immédiat. Cela leur a donné une image négative de l'Etat moderne, perçu comme étranger et prédateur. Plutôt que ces «greffes» du politique, génératrices d'intolérance et de rejet, il aurait été nécessaire de s'inscrire dans la continuitéafricaine.

Dans l'histoire de ce continent, existe-t-il des expériences politiques dont on puisses'inspirer?

On occulte souvent ce fait: l'Afrique a une histoire politique aussi riche que celle del'Occident ou de l'Asie. Ce continent a éprouvé toutes les formes du pouvoir: principautésmarchandes ou religieuses, communautés ou royaumes, chefferies et empires...

La palabre est une pratique ancienne. Représente-t-elle la forme africaine de ladémocratie?

Les colonisateurs ont présenté la palabre comme un mal de l'Afrique, une façon desubstituer la parole à l'efficacité. C'est une erreur de jugement. Lors d'une palabre, lesreprésentants des diverses composantes d'une population se réunissent pour élaborer desdécisions acceptables par l'ensemble de la collectivité. Ce mode d'argumentation -transposé - serait plus démocratique que celui de pseudo-Parlements où les jeux sont faitsd'avance et où les rapports d'autorité empêchent de véritables débats.

Dans votre dernier ouvrage, vous insistez sur un autre facteur de déstabilisation despays africains: leurs frontières sont restées celles des colonies et ne correspondentplus à une réalité ethnique ou historique.

Ce sujet est tabou. Les différents pouvoirs veulent l'ignorer. Pourtant, cette situationexplique souvent les crises. Prenons l'exemple de la République démocratique du Congo(ex-Zaïre), en proie à des convulsions depuis tant d'années. Lors de la conquête portugaise,à la fin du XVe siècle, le royaume de Kongo occupait un vaste territoire, à cheval surplusieurs pays actuels. Sa capitale se situait dans ce qui est aujourd'hui l'Angola. A la fin duXIXe siècle, le partage colonial a achevé de faire éclater cette entité. Au moment de ladécolonisation, les anciennes puissances dominantes ont favorisé le maintien de cedécoupage, afin de préserver leur espace d'influence, leur accès aux richesses - notammentle pétrole.

Le naufrage de la Côte d'Ivoire en est une autre illustration.Le père de l'indépendance, Félix Houphouët-Boigny, avait réussi à établir une formed'unification et de démocratie patrimoniale. L'opposition a fini par s'y exprimer. Le pays étaitengagé dans la voie de toutes les modernisations. A sa mort, tout s'est vite dégradé. Sonsuccesseur, Konan Bédié, a ébranlé cet édifice fragile en instaurant l' «ivoirité», afind'exclure de la compétition politique son principal opposant, dit d'origine étrangère. Cetteidentité repose sur des bases historiques fragiles. La Côte d'Ivoire est une création coloniale, aux frontières arbitraires et à forte population immigrée. Classer les gens selon cette «ivoirité» d'opportunité a fait naître les tensions entre ethnies et entre religions,ces drames qui déchirent aujourd'hui ce pays.

Pourquoi l'Organisation de l'unité africaine (OUA) n'a-t-elle pas permis de régler ce problème territorial?L'OUA a été incapable d'empêcher les grandes tragédies. Elle a pesé moins que les regroupements économiques. Mais ceux-ci ne sont que des coalitions d'intérêts provisoires et vulnérables. Personne n'a réellement posé le problème de la reconfiguration de l'Afrique. Je pense que ce continent n'échappera pas à la nécessité de retrouver ses références passées, de reconstruire des espaces politiques moins dissociés de l'histoire africaine, capables de faire renaître un sentiment d'appartenance commune. Cette affirmation peut paraître arrogante de ma part, tout anthropologue et tout africaniste que je sois. Mais je prends ce risque.

N'avez-vous pas été déçu par vos anciens étudiants, devenus responsables politiques? Peut-on parler de faillite des élitesafricaines?

Je reproche surtout à quelques-uns leur faiblesse, leur complaisance opportuniste. Au lieu d'être des libérateurs, comme ils l'annonçaient, ils sont devenus des créateurs de réseaux de clientèles affairistes. Cette attitude entraîne un lent dépérissement de la société, du politique, affaibli par la corruption et le népotisme. Mais cette situation n'est pas sans exceptions. Le Sénégal, d'abord. Léopold Sédar Senghor a eu le mérite de ne pas se désigner président à vie et de mettre en place, avant de s'effacer, les conditions du choix démocratique. Ses successeurs ont respecté le jeu. J'ai également confiance dans l'évolution de la nouvelle Afrique du Sud. Après la fin de l'apartheid, on attendait une tragédie. Elle ne s'est pas produite. Ce pays continue à se moderniser et à développer sa position en Afrique et sur la scène internationale.

© Philippe Grollier pour L'Express

L'Afrique est sa Sorbonne, dit-il. Lors de ses missions sur le continent noir, Georges Balandier a étudié les phénomènes de colonisation et de décolonisation. Il en a tiré de nombreux ouvrages sur les sociétés africaines et les dynamiques sociales. Son livre phare, Anthropologie politique, publiéen 1967, a fait l'objet de 21 traductions. Professeur à la Sorbonne et à l'Institut d'études politiques, il a également dirigé les Cahiers internationaux de sociologie. A 82 ans, Georges Balandier propose un ensemble de textes, intitulé Civilisés, dit-on (PUF), qui retracent son parcours de chercheur et ses engagements.

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Comment expliquez-vous cette situation particulière?Malgré l'apartheid, il y avait une volonté d'éducation et de formation chez les Noirs. A tousles niveaux, du cadre à l'ouvrier, nombre de gens disposaient d'une certaine compétence etpouvaient prendre la relève. Surtout, le mouvement social et l'affirmation politique ont eu unefonction éducative. De façon générale, les élites des pays de l'ancien Commonwealth ontbénéficié d'une formation plus poussée que celle donnée en France ou en Belgique.Quelques-uns des meilleurs élèves étaient encouragés à suivre les cours de la LondonSchool of Economics, à se spécialiser dans des activités non bureaucratiques. Dansl'espace colonial français, et belge surtout, il y a eu trop longtemps une politique de«cantonnement» des élites africaines. Le «niveau» à ne pas dépasser a alors été unebarrière.

N'idéalisez-vous pas le passé et la tradition africaine?Non, je ne fais pas référence à un passé mythique ou authentique. Les cultures africainesn'ont jamais été figées. Au cours des siècles, elles ont montré leur force de créativité, leurvitalité. Par l'effet des migrations et des brassages de peuples, des confrontations violenteset des influences coloniales, les identités collectives ont évolué et des syncrétismesnouveaux sont apparus. Des artistes, notamment le sculpteur sénégalais Ousmane Sow,illustrent bien ces métissages culturels. Les formes qu'il crée sont à la fois les siennes, cellesde son héritage et celles de l'emprunt.

Pour vous, la modernité n'est donc pas nécessairement synonyme d'occidentalisation.Voilà près d'un demi-siècle, au moment de la décolonisation, l'Occident a raté son rendez-vous avec l'Afrique, comme d'ailleurs avec d'autres civilisations. Il a voulu imposer, souscouvert de modernité, sa façon de juger, sa manière de construire l'Histoire, d'être présent dans l'époque actuelle. C'était, pour lui, un moyen indirect de façonner le reste du monde, selon ses intérêts et ses conceptions. Pourtant, les milliards d'hommes qui ont un désir de modernité veulent partager les connaissances et les techniques qui rendraient possible ce développement, sans l'effacement des différences culturelles. Mais l'Occident entend mal la demande, il engendre ainsi les «insurrections de la différence».

C'est-à-dire?Les civilisations que l'Occident veut absorber réagissent. Cela peut se traduire par des manifestations violentes, terroristes, dont celles des radicalisations religieuses. D'autres sont plus idéologisées et laïques. Les «différents» veulent défendre et incarner leur propre histoire. […]

L'échec de la démocratisation : A qui la faute ?

Marc FERRO (Directeur de recherches à l' EHESS), Histoire des colonisations, Seuil -- 1994,extraits du chapitre XI, La décolonisation télescopée.

Ces peuples libérés s'imaginaient que « des ruines surgirait un ordre nouveau », et que l'instabilité née de ces luttes de libération cesserait.Or, « la violence des soldats et officiers, héros de la victoire, leur orgueil, leur appétit de puissance aboutirent à une militarisation du pouvoirdont furent victimes les classes urbanisées [...] ». « Même si ce mouvement aboutit à une relative démocratisation du système politique enplace » [...], les inégalités d'hier firent place à d'autres, assurant la promotion de quelques-uns [...]. » Au total, les régimes qui s'instituèrentfurent tels « qu'ils discréditèrent ceux qui avaient été les chantres d'un changement, les élites et classes moyennes urbaines, à l'origine de cetteprise de conscience qui avait conduit à l'indépendance ».

Ce diagnostic semble extrait tout droit de l'ouvrage de René Dumont, L'Afrique noire est mal partie (1962). Il n'en est rien. Il rendcompte de la situation, un siècle plus tôt, en Amérique « latine », au lendemain des guerres d'indépendance, et a pour auteur l'historien argentinTulio Halperin Donghi. On observe ainsi que l'indépendance-colon et les mouvements de libération des peuples colonisés ont pu aboutir à deseffets similaires, au moins à court terme. De fait, quelques-uns de ces traits se retrouvent également dans bien d'autres pays que ceux del'Afrique noire, indépendants depuis le milieu du XXe siècle.

Une des raisons de cette similitude est que les mouvements d'indépendance du XIX e et du XXe siècle ont pu être dépassés, à la fois par unesurvivance dévoyée des rapports précoloniaux et télescopés par un mouvement plus ample, et qui n'a cessé de se renforcer...

Certains traits d'une histoire précoloniale resurgissent, modifiés toutefois par le passage de la colonisation. On les a rencontrés dans leHaut-Pérou, où renaissent des conflits antérieurs à la conquête, que celle-ci a, en quelque sorte, « conservés » ; en Indochine aussi où, 1eVietnam, à peine libre, a voulu remettre la main sur le Laos et le Cambodge. On les rencontre aussi au Caucase où ils ont survécu à la conquêterusse et soviétique. On multiplierait les exemples, en Afrique du Sud ou centrale notamment.

Souvent, certains conflits anciens ont été exacerbés par l'établissement de frontières qui chevauchent d'anciens systèmes relationnels, dansl'ensemble de l'Afrique noire essentiellement.

Mais plus significative encore est la résurgence de situations que l'époque coloniale a contribué à modifier, à aggraver, alors qu'il avait pusembler que ces conflits ancestraux étaient anesthésiés à jamais. Les études ethno-historiques de Jean-Pierre Chrétien en fournissent un bonexemple au Burundi et au Rwanda, où les luttes sanglantes entre Hutu et Tutsi ont repris dès 1972. Le clivage relève d'une différenciation desclans antérieure à l'Europe ; mais l'expression sanglante d'une opposition entre ces groupes et catégories ne s'est manifestée que durant lesannées cinquante et soixante. « La montée en puissance de la carte ethnique dans la constitution des clientèles politiques a débouché sur unengrenage de discriminations, de violences et de peurs apparemment incontrôlable. Entre ces deux moments, celui du vécu archaïque d'unedifférence, et celui d'un conflit à forme raciale, se place l'épisode colonial. »

© Philippe Grollier pour L'Express

«L'Occident a raté sonrendez-vous avec

l'Afrique»

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Poly 10 : Plan détaillé de compositionsujet : la France et ses colonies (1944-1962).

Introduction : la France en 1944 a un empire intact. C’est l’époque du discours deBrazzaville qui fait espérer à certains une évolution de l’empire vers plus d’autonomie.En 1962, l’empire a disparu.Problématique : Comment s’est déroulé le démantèlement de l’empire colonialfrançais ?

I – L’échec de la politique de fermeté (1944-1954).Introduction : L’empire perçu comme l’élément indispensable de la puissance française.A) L’échec de « l’Union française ».- Refus de l'idée de self-government à la conférence de Brazzaville (doc 4 page 160)- Création de l'Union française en 1946.B) L’échec des militaires.- Partout, répression systématique de tous les mouvements nationalistes…- En Indochine, elle débouche sur la guerre (doc 3 page 178)Conclusion : Le renforcement des contestations et la défaite militaire.

II - Le choix difficile d’une politique pragmatique et accompagnatrice. (1954-1960) Introduction : essor de la pression internationale et de celle de l’opinion publique aprèsla défaite de Diên Biên Phu. 1954 est une date charnière. (doc 4 page 179)A) Les indépendances négociées au Maghreb (1954-56).- Indépendance de la Tunisie et du Maroc (doc 4 page 166)

B) L’Afrique noire indépendante mais sous influence (1956-1960). - application de la loi-cadre Defferre (1956).- La tentative de la Communauté française (1958) (doc 3 page 164)- L’année 1960

III - Le cas algérien (1944-1962)- « L’Algérie, c’est la France » (1954-59) (doc 1 page 168)Problématique : Alors que les négociations s’enclenchent pour l’ensemble des coloniesfrançaises, pourquoi l’Algérie reste-t-elle à l’écart de ce processus ?- Vers l’autodétermination algérienne « avec la France ou sans elle » (1959-62).- Le tournant du 16 septembre 1959 : discours du général de Gaulle (doc 4 page 169)- Une victoire militaire mais une défait politique.- Vers les Accords d'Evian et l'été 1962.

Conclusion :Une décolonisation longue et souvent dramatique. Une attitude fluctuante, largementdéterminée par les circonstances. Des relations maintenues, dans la plupart des cas, avecles anciennes colonies (coopération, sur la francophonie et sur des interventionsmilitaires, « néo-colonialisme » pour certains).Problématique d’ouverture du sujet :La France, devenue puissance nucléaire, réussira-t-elle à jouer un rôle sur la scèneinternationale malgré la perte de son empire ? Autre problématique possible : Ces jeunes Etats arriveront-ils à se dégager entièrement de la tutelle del’ancienne métropole ?

Il y a 50 ans :

ALLEG Henri, La question, éditions de Minuiot, 1958

Le 12 février 1958, les éditions de Minuit mettent en vente un livre de quelques dizaines de pages, la

Question, implacable récit de latorture subie par Henri Alleg,directeur d’Alger républicain, lejournal du Parti communistealgérien. Ce témoignage choc estun immense succès de librairie :65 000 exemplaires vendus aujour de sa saisie, le 27 marssuivant. Quarante ans plus tard,Henri Alleg confiait à l’Express :" Je savais que si j’étais arrêté, jeserais torturé, j’y étais préparé. "Et encore ceci, à propos de sestortionnaires : " Je n’ai gardéaucune rancœur à l’égard dequiconque ; je considérais cesgens comme les instrumentsméprisables d’une politique... "Avec la Question - brièveté,style nu, sécheresse du procès-verbal -, l’horreur était dite, lelivre entra dans la consciencemorale universelle. " Alleg,écrivit Jean-Paul Sartre, a payéle prix élevé pour le simple droitde rester un homme ", etFrançois Mauriac, dans son "Bloc-notes " du 27 février 1958,parlait d’un " témoignage sobre "ayant " le ton neutre del’Histoire ". Détenu à la prisonde Rennes où il s’évada en 1961avec l’aide du Parti communistefrançais, Henri Alleg reprit saplace à Alger républicain aprèsles accords d’Évian, en mars1962, et jusqu’à 1965, quand lejournal fut interdit suite auputsch qui vit Boumediennechasser Ben Bella du pouvoir. Ilcollabora ensuite à la directionde l’Humanité. Quarante-deuxans après sa parution, 450exemplaires de la Question sontvendus chaque année en France :plus d’un par jour...

L’Humanité, 31 octobre 2000

Cours DAEU - Histoire – Décolonisation et émergence du Tiers-monde - Année 2013-2014 – Université Paris IIILe blog : http://daeuhistoireparis3.over-blog.com/ Brochure n°4 15

Poly 7 : L'exemple du Cameroun, une indépendance négociée ?Prise de notes à partir d'un documentaire : « Cameroun, autopsie d'une indépendance »

Réalisé par Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf (2008 - Prod. France 5, Program 33)

Les principales villes citées dans le documentaire :En 2001, 6 villes dépassaient le seuil des 200 000 habitants : Douala (la capitale économique, 1,5 milliond'habitants en 2001), Yaoundé (la capitale politique et siège des institutions, environ 1,25 million d'habitants en2001), Garoua (environ 357 000 habitants en 2001), Bamenda (environ 316 000 habitants en 2001), Maroua(environ 272 000 habitants en 2001) et Bafoussam (environ 242 000 habitants en 2001).

Pour aller plus loin, un article du Monde Diplomatique sur l'assassinat de Ruben Um Nyobé :

Cameroun, il y a cinquante ans, l’assassinat de Ruben Um Nyobè.

« Le 13 septembre 1958, il y a cinquante ans, était tué Ruben Um Nyobè. C’est dans uneforêt de Sanaga Maritime, dans le sud du Cameroun, qu’une patrouille française quitraquait depuis des mois le secrétaire général de l’Union des populations du Cameroun(UPC) repérera son objectif. Et l’abattit comme un animal sauvage. Son corps fut traînéjusqu’au chef-lieu de la région, où il fut exhibé, défiguré, profané. « Le Dieu qui s’étaittrompé » est mort, annoncera triomphalement un tract tiré à des milliers d’exemplaires.Le corps de Ruben Um Nyobè fut coulé dans un bloc de béton. [...] »

La suite ? => http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-09-13-Cameroun Article de Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ruben_Um_Nyobe

Travail préparatoire :

La décolonisation en Afrique : l'exemple du Cameroun, une indépendance négociée ? Réussie ?

1) Sur ce fond de carte, placez les noms des Etats limitrophesau Cameroun, ainsi que les principales villes et régions dupays.2) Présentez rapidement la géographie du Cameroun.3) Faites le court récit de sa colonisation puis de sadécolonisation.4) Lisez le texte ci-dessous et présentez l'UPC (pourquoi a-t-elle été interdite ?), Quel rôle l'ONU a-t-elle joué dans ceconflit colonial ?5) Rédigez de courtes biographies des personnages cités dans letexte.« Au Cameroun, l’UPC (Union des populations du Cameroun)i, créé en1948 par Ruben Um Nyobé, est le principal mouvement d’oppositionau sortir de la Seconde Guerre mondiale. Se dressant contre les petitsarrangements qui laissent son pays sous la coupe française, ses hommesvont payer un lourd tribut. Trente mille morts, cinq cent mille, peut-êtredavantage : les décomptes sont flous, même pour les historiens. En1952, Um Nyobé part plaider la cause de l’indépendance à la tribune del’ONU. A Paris, c’est la panique : pas question que cette partie del’Afrique équatoriale ne bascule dans le camp communiste. L’UPC estdissous. Condamnés à la clandestinité, ses militants sont traqués,torturés, assassinés. Um Nyobé tombe sous les balles de l’arméecoloniale en 1958. Il sera interdit de prononcer son nom au Camerounjusqu’en… 1991. Haut-commissaire de la République au Camerounentre 1956 et 1958, Pierre Messmer, décédé depuis, se justifie face à lacaméra : "Nyobé faisait régner la terreur. J’ai décidé de lui faire laguerre et de l’éliminer. Il refusait l’autonomie interne, il refusait la démocratie, donc il se mettait hors la loi et il lesavait." Dans l'ombre, la main de la France… La proclamation de l’indépendance n’a pas signé, loin de là, la fin descombats. En novembre 1960, Félix Moumié, le successeur de Um Nyobé, connaît le même sort : en exil à Genève, il estempoisonné par un agent des services secrets français. Aujourd’hui, sa veuve accuse : "Le général de Gaulle a tué monmari."Pour ses richesses naturelles, son pétrole et ses forêts, il n’a, semble-t-il, jamais été question de laisser le Camerounquitter tout à fait le giron français. Si les deux journalistes n’abordent pas la situation d’extrême tension que traverse denouveau le pays aujourd’hui, leur enquête a le mérite d’en éclairer, enfin, les causes. »