Gestion de la mobilité dans les quartiersReflets de la journée Rue de l’Avenir 2016 à Gland

33e année • 4/2016 www.rue-avenir.ch

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Prix RdA 2016 à «Quartiers solidaires»LaparticipationparticulièrementélevéeàlajournéeRuedel’Avenir2016(130

participant-e-s) a démontré de manièreévidentel’intérêtpourunthèmequiestentraindeprendredel’importance,entredé-veloppementdequartierslabellisés«éco»etgestiondelamobilitédanslesquartiersexistants.LechoixdeGland,devenuevilleauplanstatistiqueparsonnombred’ha-bitants mais ville en devenir au plan ur-banistique,yétaitcertainementaussipourquelquechose,confirmantl’importancedesortirdescontextestraditionnelsdevilles(petitesougrandes)pours’intéresseraux«ruesdel’avenir»dansd’autrestypesdecontextes,oùlesmêmesquestionssepo-sentmaisdemanièreenpartiedifférente,avecdesproblèmesspécifiques,unautrepoidsdesacteurs.Queretenirde la journée,parmi lesmul-tiples pistes ouvertes? L’omniprésentequestion du stationnement (gestion del’offre, localisation), élément-clé pour lapromotion de la mobilité durable et laqualitédesespacespublics.L’éventaildesacteursconcernés,dontlesacteursécono-miques – l’expérience d’Eikenott montrequ’ils peuvent aussi avoir un rôle proac-tif. Les décalages potentiels entre objec-tifs, attentes et pratiques, qui rendentindispensable l’implicationdeshabitants,le plus en amont possible comme dansle suivi après réalisation. L’importancede dépasser l’idée de «quartier pour lesécolos», pour concevoir des écoquartierspour tout le monde. La nécessité de dé-velopperdesprojetsquines’arrêtentpasà la planification et aux infrastructuresmaisprévoientaussilamiseenœuvrede«facilitateurs»accompagnantlesmesuresinévitablement contraignantes. Enfin l’in-contournableactionàl’échelledelacom-mune,pourdépasser les limitesduquar-tierpourl’intégrerdansunevilledurable.

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Lancée en 2002 par Pro SenectuteVaud, la démarche participative

«Quartierssolidaires»viseàaméliorerlaqualité de vie des aînés dans les quar-tiersetlesvillages.SoutenueparlaFon-dationLeenaardsetleCantondeVaud,ellejoueunrôled’impulsionetoffreunappui aux habitant-e-s pour s’organi-ser.Unevingtainedeprojets,dontunàGland,sesontdéveloppésdepuissurleterritoirevaudois.En lui décernant son prix annuel, Ruedel’Avenirasaluél’apportdécisifd’unetelledémarchepourlebien-êtreetlasé-curité dans les espaces publics lorsqueles habitantes et les habitants ont leurmot à dire. Le prix a été remis àAlainPlattet, responsable du projet à ProSenectuteVaud, lorsde la journéeRuede l’Avenir àGland,devenue cettean-née«villelaplusjeunedeSuisse».Unefaçondemettreaussil’accentsurlaso-

lidaritédetouteslesgénérationsquandil s’agitdepromouvoirunurbanismeàtaillehumaine.(MP)

Page de couverture:AEikenøtt,lestationnementestconcentrédansunbâtimentenpériphérie,libérantlesruesduquartierdutraficmotorisé.Lesaménagementsextérieursfontlapartbelleauxcheminementsàpiedetàvéloetauxespacesàl’usagedeshabitants:petitesplaces,jeuxpourlesenfants,espacesverts,plantages.Despetitsabrisvélos(800placesautotal)sontlocalisésàproximitédesentrées.(PhotoG.Cochand)

(Photo:L.Guidetti)

Démarche«Quartierssolidaires» www.quartiers-solidaires.chAssociation «Vivre ensemble à Gland»,issuedeladémarche:www.vivag.ch

Lesprésentationsdelajournée,desphotosdelavisiteetdiversdocumentspeuventêtretéléchargéssurwww.rue-avenir.ch/journee-2016

Impressum

OrganismesmembresdeRuedel’Avenir:AssociationtransportsetenvironnementATEMobilitépiétonneSuisse-AssociationdespiétonsPROVELOSuisse-Associationpourlesintérêtsdescyclistes

Organismesassociés:LaRue-groupedetravaildel’EPFL,LiguesdelasantéVD,ProJuventute,ProSenectute.

Secrétariat, rédaction, abonnements, changements d’adresses, contacts, informations et prestations:JannickBadoux,1880Bex•0798374332•secretariat@rue-avenir.ch

PAO:EcodevSàrl,Neuchâtel Parution:trimestrielleImpression:Pressor,Delémont Responsable du numéro:DominiquevonderMühll

N.B:certain-esrédacteurs/tricesappliquentlesrectificationsorthographiquesde1990(parex.suppressionducirconflexeetdestraitsd’union)

IBAN: CH64 0900 0000 2000 7856 6 www.rue-avenir.ch

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(Ré)inventer la mobilité dans les quartiers

Autodétermination des habitantsOuvertureavecRalphThielen,présidentdelacoopératived’habitantsEquilibre(Cressy/GE),quiexpliquecommenten2008ungroupedepersonnesaréussiàconstruireunimmeuble(13logements)sansplacedestationnement.Avecunobjectif,énoncédanslesstatutsetlachartedelacoopérative,de«promotiond’unemobilité douce avec en particulier la limita-tion du nombre de voitures individuelles».Partantduconstatquelesparkingsprivésduquartierregorgentdeplacesvacantes,quatreplaces sont louées dans le voisinage pouraccueillir les véhicules du système d’auto-partage mis en place par la coopérative. Etcelafonctionne,leshabitantsroulentsurtoutàvéloetdisposentaussid’unevoitureencasde nécessité. L’économie substantielle réali-séesurlecoûtdeconstructiondel’immeubleaprofitéaudéveloppementcréatifduprojet:choixconstructifsécologiques,espacesparta-gés,atelierderéparation…

Implication des promoteursDe2011à2014,laVilledeGlandavusortirdeterrelequartierEikenøtt,opérationentiè-rement réalisée par Losinger-Marazzi. PourLouise de la Guéronnière, responsable de laconstructiondurabledansl’entreprise,lages-tiondelamobilitéfaitlelienentrelaconstruc-tiondelogementsetlavilledurable.Avecunobjectifdecertification«site2000watts»desprojets,laquestiondelamobilitéestdevenueprépondérantedans laconstructiondequar-tiers durables, au même titre que l’énergiegrise et consommée: quartiers sans voitures,stationnementspourvélos largementdimen-sionnés et facilement accessibles, proximitédescommercesetdesnœudsdetransports…

Dans les quartiers existantsResponsabledes contratsdequartier à Lau-sanne,GenevièveZieglerconfirmequelesu-jetdelamobilitéausenslargeestégalementunepréoccupationmajeurepourlessitesdéjà

construits.Baséesurledialogueaveclesha-bitants, la démarche débouche souvent surdes propositions concrètes: liaisons internesau quartier et entre les quartiers, confort etcontinuitédescheminementspourpiétons,lo-calisationetinstallationdemobilierurbain…

Action à l’échelle communalePourGéraldCretegny,syndicdeGland,l’explo-siondémographiqueimposedesepréoccuperetdegérerlamobilitéàl’échellecommunale.Lesproblèmesdemobilitésontprioritairesparnécessité.Pourexemple, lenouveaupassageinférieurpourpiétonsetcyclistesàlagare,quipermettrademieuxrelierlescentralitésentreelles. Il s’agitaussidepromouvoir laqualitédanslesquartiers,commecequiaétéfaitàEikenøtt.Surce retourd’expérience, ilappa-raîtquel’implicationetlaparticipationdelapopulation est incontournables. C’est pour-quoi la contractualisationavec leshabitants,voirelarévisiondudroitdubail,estàréinven-terafindecréerdesconditionsfavorablesàlamiseenœuvredeconceptsinnovants.Toutefois, à l’instar des coopératives ou del’habitanted’Eikenøtt(voirpp.4-5),unautrerapportàsonlogementetsonquartiercorres-pondà unedemande sociale. Les décideurs,

les planificateurs et les opérateurs doiventen tenir compte dans le développement desnouveauxquartiersetlagestiondel’existant:mise sur pied de démarches participatives,aménagement des espaces extérieurs faci-litant leur appropriation, accompagnementsocialdelaviedesquartiers…

Stationnement vs espaces publicsAulongdelajournée,ilabeaucoupétéques-tiondestationnement,carl’enjeuestdetaille!Eneffet,pourcréerouaméliorerlaqualitédesquartiers,ilestnécessaired’avoirdel’espace.CommeàEikenøttoùleparkingestconcentréàunseulendroitauprofitdesespaceslibresduquartier.EtdansleVieuxBourgdeGland,impossiblederéaménagerlesespacespublicsdemanièresatisfaisantesansunemutualisa-tionouun regroupementdesplacesde sta-tionnementprivées.Lagestiondelamobilitédans lesquartiersdoit s’accompagnerd’unerecherchedesolutionsinnovantes.

MartinWalther■

Une fois n’est pas coutume, la 33e journée Rue de l’Avenir a débuté par une table ronde réunissant une palette d’acteurs impliqués dans la gestion de la mobilité à l’échelle de l’habitat et de la commune. La diversité des in-terventions a permis de mettre en perspective les enjeux généraux de la journée, entre engagement individuel et planification urbaine, nouveaux quartiers et gestion de l’existant, objectifs de projet et vécu sur le terrain.

Al’échellecommunale,lepérimètredelagareconstituepourGlandunsecteurcharnièrestratégique.Aprèsleréaménagementdelaplace,signaliséeenzonederencontre,suiventaujourd’huidenouveauxchantiers:nouveausous-voiespiéton-vélo,développementausuddelagare.(PhotoPh.Gasser)

www.cooperative-equilibre.ch

www.lausanne.ch/contrats-de-quartier

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La construction d’Eikenott, premier éco-quartierromand,s’estachevéeen2014.

ElleaconstituépourGlandlaréalisationdeson plus important potentiel d’extensionaunorddelaville.Elaborésurlabased’unplan partiel d’affectation, le quartier com-prend21immeubles,offrant485logementsdedifférentsstandingspour2300habitantsautotal(soituneaugmentationde10%delapopulationglandoised’alors).Inspirédesécoquartiersdunorddel’Europe,Eikenøtt(«gland»ennorvégien)aétéconçudemanièreàrépondreauxdifférentscritèresdudéveloppementdurable,d’unpointdevueenvironnementalmaiségalementd’unpointdevuesocial.Lequartierpromeut lamixitésociale(logementsenlocationetenPPE),lavie associative au sein de quartier, des es-pacespublicsconviviauxetlamobilitédouce.

Qualité des espaces extérieursLequartierestdit«sansvoitures».Plusjus-tement,lestationnementdesvoituresdeshabitants (500 places) est concentré enpériphérieduquartier,libérantdutraficlesruesinternesauquartier,quisontprioritai-rementdévoluesauxmobilitésdoucesetàlarencontre.Leparkingestabritédansuneconstructionvégétaliséelelongdel’auto-routequisertaussidemurantibruit.Lesespacesextérieursontfaitl’objetd’unprojetd’ensemble,ilsfontlapartbelleauxcheminements piétons, aux espaces dejeuxet auxespaces verts, dontdesplan-tages à l’usage des habitants. Et à unevingtainedepetitsparcsàvélos(pouruntotalde800places),prochesdesentréesd’immeubles. Une desserte bus traversele quartier à la demi-heure, assurant debonnes correspondances avec la gare etlestrainsrégionaux.

Des rues paisibles… sur le papierAu sein d’Eikenøtt, «on y circule à pied, àvélo,entrottinette,enroller,encourantouendansant,mais toujoursenvivant lamobilitédouce(…).Lamobilitésansvoitureestunesolutionconviviale,gagnantepourtous.»Desconditionsen théorie idéalespourunusageconvivialde la rueetunemobilitémultimo-daleadaptéeauxbesoinsdechacun.Levécuauquotidiens’estrévélépluscomplexe.Les«ruesàjouer»etla«sérénitédeslieux»vantées par les promoteurs immobiliers sesont trouvées compromises par des mouve-ments réguliersdevéhiculesdansce«quar-tier sans voiture», chacun interprétant à samanièrelesconditionsd’autorisationd’accèsmotoriséàl’intérieurduquartier.Aufinalonafaitlechoixd’installerunebarrièrepourrégu-lerlesentréesmotorisées,limitéesdésormaisàtroisparmoisetparménage(saufexcep-tionpourlespersonnesàmobilitéréduite).

Entre modèle et réalité: l’habitantCedécalageentremodèleproposéetréalitésdu terrain a révélé des aspirations diversesvoire contradictoires entre les types d’habi-tantsarrivésdanslequartier(familles,jeunescouples, célibataires, seniors), mais aussientredespersonnessensibiliséesauxaspectsécologiques et d’autres qui cherchaient unlieu de vie convivial à prix abordable, voiresimplementunlogementdisponible.Il ressort de l’expérience que l’ancrage desobjectifsd’unécoquartierdanslespratiquesnécessiteencoredes’assurerquel’informa-tionsurcesobjectifsetsurleschoixliésauprojet passe auprès de tous les habitants.Parmi les solutions évoquées: l’élaborationd’unechartequipuisseservirdebasepourrégler les différends au sein du quartier etharmoniser les pratiques ou l’engagementd’une personne chargée de la communica-tionetdelacoordinationentreleshabitants.

Lestationnementestconcentréaunordduquartier,dansunlongbâtimentquifaitécranlelongdel’autoroute.Lesaccèspiétonsàniveaucontribuentàfairevivrelesespacespublicsduquartier.(PhotoG.Cochand)

Un objectif pour Gland: «amener de la qualité» L’arrivée de l’autoroute a amorcé l’explosion démographique du village de 900 habitants des années 50, avec un développement urbain fortement marqué par la voiture. La jeune ville de 13’000 habitants vise aujourd’hui un développement plus qualitatif, qui permette de «créer des liens». A l’intérieur des quar-tiers, entre les centralités, entre le nord et le sud de la ville.

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Enjeu à l’échelle de la ville aussiUne gestion délicate des attentes quel’onretrouveà l’échellede laville.Atra-versseschantiersimpressionnants,Glandincarne littéralement la tensionentredesambitions urbanistiques et sociales dif-ficilement contestables et des freins surle terrain.Témoin la rénovation du vieuxbourg,avecsesatoutsquifontl’unanimitéoupresqueaudépartquandonparledequalité de vie et de meilleure utilisationdes espacespublics, et les réticencesquiapparaissent lorsqu’on envisage la sup-pression d’une soixantaine de places deparc(sur600autotal).L’une des difficultés pour la gestion dustationnement est que l’offre privée estnettement plus importante que celle surdomaine public. La mutualisation desplaces privées serait une solution, maissa mise en œuvre est délicate et prendradutemps.Danscecontexte,pourlesnou-veauxquartiersenprojets,unedesleçonsàtirerdesdernièresréalisationsrestequ’ilestindispensabledesoigneusementdéfinirlescontraintesurbanistiquesenamontdesprojets. Une exigence permanente, quandonsemêlederéfléchirà lamobilitédanslesquartiers,estdecolleràlaréalitéquoti-diennedesusagers.

Soigner les liaisonsDans le développement de Gland, ce quifrappe aujourd’hui est l’essor autour delagareCFF.Onyconstruitdefaitunnou-veau centre, où prendra place une partiedel’administrationdelaville.Maislavillenepourrapass’organiserautourd’unseulcentre,elleest faitedeplusieurs centrali-tés, la multipolarité est inscrite dans sondéveloppementetsonhistoire.

Commel’asoulignéGéraldCretegny,syndicdeGland,l’enjeuessentielaujourd’huiestdesoignerlesliaisonsentrecesdifférentspôles,notammentàpiedetàvélo.Lepotentielestlà.Contrairementauxapparences,Glandestunevilletrèsconcentrée:95%dubâtiactuel(etfutur)tientdansuncercled’unrayonde1kilomètreautourdelagare.Unatoutpourlesmobilitésdouces,quirestentunobjectifprioritaire. Le plan existe, il se traduit pro-gressivement par des réalisations, même sileréseaufindecapillaritéspiétonnièresreste(encore)àaméliorer.Leszones30quiexis-tentdéjàontétébienacceptées,laperspec-tiveestqu’àterme70%delavillepasseà30.Côté transportspublics, c’est lacoordi-nationentreleslignesdebusrégionalesetlocalesquiconstitueledéfi.

Pas seulement l’urbanisme…Lesyndictientaussiàlerelever:pourlaqua-litédeviel’actiondansledomainedel’urba-nismeest indispensablemaisn’estpastout.D’autres ingrédients jouent un grand rôle,comme l’offre culturelle qui s’est considéra-blement développée à Gland dès la fin desannées 80, de même que les installationssportives.Etl’abondancedessociétéslocales.

AnaïsValentini/LaurentBonnard■

Toutlenorddelavilleestenzone30,lesecteursuddevraitsuivre.Leprojetdezonederencontredanslevieuxbourgrépondàl’objectifderevalorisationdesespacespublics.Partoutdanslavillel’offredestationnementsurdomaineprivéestundéfidélicatàgérer.(PhotoG.Cochand)

LaCoopdelarueduBorgeaudadéménagéenpériphérieestduquartier.Elledonnesuruneplacedequar-tieragrémentéed’unkiosqueàmusiqueetd’unefontaine.Unpluspourleshabitantsduquartier,maisunesituationtrèsdécentréepourlesautreshabitants,quin’encouragepasàyveniràpied.(PhotoG.Cochand)

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La construction de nouveaux ensemblesdebâtiments,lotissementsetsitesgénère

inévitablement des déplacements supplé-mentaires.Lagestionde lamobilitéconsti-tue un ensemble de mesures visant d’unepartàlimiterlesdéplacementsmotorisésetd’autrepartàfavoriserlesdéplacementsentransportsencommun,àvéloouàpied.Le concept de gestion de la mobilité doitêtreadaptéaucontexteduquartieretêtreopérationnel le plus rapidement possible,idéalementdès l’inauguration,afinque lesusagers adoptent tout de suite des habi-tudesdedéplacementdurables.Pourquelescomportementsdemobilitéetlamaîtrisedutraficfonctionnentcommesouhaité,ilestin-dispensablequelalocalisationdunouveausitesoitchoisiedemanièreàpermettreuneaccessibilité multimodale et que l’éventaildesmesuresdegestiondelamobilitésoientinscrites dans les conditions générales dedéveloppement puis définies précisémentdanslaphasedeplanification.Uneréflexion

sur lepublic-cible visé et sesbesoinsainsiquelesélémentsnormatifslocauxsontaussidespréalablesindispensables.

Restreindre ET offrir des facilitésDeux grands ensembles de mesures sontnécessairespourqueleconceptdemobilitésoitefficace.Ils’agitd’unepartdegérerlestationnementdes voitures avecuneoffreappropriée pour éviter le surdimensionne-mentdesparkingsetlasous-locationàdesusagersexternesausite.Latarificationdoitrépercuterl’ensembledescoûtsd’uneplacede parc (amortissement et exploitation)pouréviterlesubventionnementcachéàlavoitureàtraversunfinancementpartieldustationnementdanslesloyers.Maisils’agitégalementdeproposerdesme-sures facilitant le recours à d’autres modesde déplacement. Celles-ci sont variées etvontd’uneoffreenstationnementvéloabon-danteetdequalitéàlamiseàdispositiondevéhiculesenauto-partage(vianotammentle

systèmemobility@home)etd’espacesd’ac-cueilpourlesservicesdelivraisonàdomicile.Des incitationscomme lesbonsdemobilitéou l’intégrationdesabonnementsde trans-portspublicsdansleschargesdesloyerssontégalementpossibles.Enfin,etquellesquesoientlesmesuresconcer-nées, le concept doit permettre leur mise enœuvreconcrèteendéfinissantdesrèglesetenclarifiantlesresponsabilités.Parexemple,uneattributionclairedel’exploitationàunmobili-témanagerouauconciergeestindispensable.

Des exemples sources d’inspirationEnSuisse,plusieursprojetspilotesontdéjàété réalisésetpeuventservird’inspiration.Parmilesexemplesprésentéslorsdelajour-née,lacoopérativedelogementsd’Oberfeldà Ostermundigen/BE (100 logements, 0.1place/logement)estleplusancien.Saréali-sationapermisdedéclencherdesmodifica-tionsréglementaires.EnvilledeBâle,pourlequartierd’ErlenmattOst (300 logements, bureaux, 100 placesvoitures, 1000 places vélos) on a évité de

Développer des quartiers sans «goût de bouchon»La mise en place d’un concept de mobilité dans un quartier permet de gérer dès le départ le nouveau tra-fic généré. Cet outil devrait être inclus le plus en amont possible dans les processus de planification. Les nombreux exemples désormais documentés peuvent être source d’inspiration pour les nouveaux projets. Si les nouvelles planifications occupent le devant de la scène, des concepts de mobilité s’amorcent aussi dans des quartiers existants

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Oberfeld

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Ittigen, Bern (S7)Bolligen (44)

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Lalocalisationdusitejoueunrôleessentiel.Al’exempled’Oberfeld(Ostermundigen/BE),ildoitêtreadaptéàuneaccessibilitémultimodaleetoffriruneproximitéavecleséquipementsetservicesduquotidien-com-merces,écoles.(Source:www.wohnenimoberfeld.ch)

Acôtédesinfrastructuresetdesaménagements,lesfacilitateurspeuventaussiêtredesservices:livraisons à domicile, cargovélos à disposition,caddieoffert…(Photo:StiftungIntact)

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prévoir le stationnement en sous-sol avecaccèsparlesascenseursdemanièreàcequeleshabitantsaientdesoccasionsdesecroi-seretdefaireconnaissancedanslesespacescommunsàl’extérieur.AAarburg(Argovie),lequartierd’Oberstadtcomprend un parking centralisé avec unearchitecture design. L’esplanade devant lesfuturs bâtiments sera réservée aux modesdoux.Pouramener les courses jusquechezsoi,lesinvestisseursoffrentuncaddiepliablepour chaque logement. Des «cargovélos»serontégalementmisàdisposition.OnpeutencoreciterlesexemplesdeKalk-breiteàZurich(92logementset0.11place/logement) ou celui de Giesserei àWinter-thur/ZH (151 logements,0.23places/loge-ment) qui visent une mobilité durable etsecaractérisentparuneconsommationré-duitedel’énergie,sansqueleurrentabiliténilamixitésocialenesoitpéjorée.

Construire une culture communeLagestiondelamobilitédanslesquartiersnécessitelamiseenœuvred’unensembledemesuresdanstoutessortesdedomaines,àmodulerselonlesite.Ellesepréparedèslaplanification,seconcrétisedèsl’inaugu-

rationetsepoursuitaveclavieduquartier.Touslesacteursdoiventêtreintégréssuffi-sammenttôtdansladémarcheetpartagerunevisioncommune.Leconceptdemobilitéviseàorganiserl’offreetproposerdesalter-nativesmaiségalementàcréeruneculturecommunededéplacementsdurables.

JulienLovey/CindyFreudenthaler■

Laconstructionpeuts’échelonnersurdelongsmois.AErlenmatt(BS),plutôtquedelaisserlesterrainsencorenonbâtiscomplètementenfriche,onyaréaliséuncircuitpasserelleprocheduterraindejeux,trèsappréciédesenfants.(Photo:StiftungHabitat)

Atousceuxàquileprojetdemutualisationde la mobilité entre voisins peut paraîtresimple, l’aventure chaotique vécue par laCODHAprouveralecontraire!Au chemin de Bochardon à Lausanne, il afallupasmoinsdehuitannéespourqu’unprojet demutualisation et de réductiondunombre de places de stationnement abou-tisse.Entretemps,lenombredeplacesava-rié,lesfuturshabitantssesontdécouragés,les voisins ont fait opposition, le tribunalcantonal puis fédéral s’en est mêlé et lesénergiessesontépuisées.Quelsenseignementstirerdecefeuilletonà

rebondissement?Toutd’abordleprocessuslongetchaotiquenedoitpasdécouragerlesvolontés:limiterlesplacesdestationnementestpossible.Deuxièmement,ilestimportantd’impliquer les futurs habitants dès le dé-but.Sidenouveauxhabitantsrejoignentleprojetencours,ilsdoiventêtreinformésetadhérerauprojet.Troisièmement,lavoituregardeunaspectaffectifànepasnégliger.Enfin,touteladémarchedoitêtreconduitedemaindemaître,sipossibleparlemaîtred’ouvrage, qui doit s’assurer qu’on ne re-viennepassurcequiaétédécidéetquelecadresoitrespecté.(FLM)

Les tribulations de la mutualisation

Références utilesLe projet MIPA – Gestion de la mobi-litédans lesprocessusdeplanificationdenouveaux sites–offredes conseilspour les nouvelles planifications.www.gestionmobilite.ch>MIPA.

LeprojetMOHA/MIWO–Gestiondelamobilitédanslesquartiersd’habitation–proposedesbilansdemobilitéetdesmesures pour les quartiers existants.www.habitat-mobilite.ch

Ces deux démarches, soutenues parSuisseEnergie, sont documentées dansdesmanuels.

La plateforme habitat à mobilité du-rableHAMOD fournitdes informationsdétailléespourévaluer la faisabilitédeprojets d’habitat sans ou avec peu devoitures (dispositions légales, bonnespratiques en Suisse et à l’étranger,grille d’évaluation et évènements).www.habitat-mobilitedurable.ch

A signaler: l’association lausannoiseécoquartierorganiserégulièrementdesvisites d’écoquartiers, en Suisse et àl’étranger.www.ecoquartier.ch

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Gestion du stationnement: adapter la loi aux besoins

Les lois sont fréquemmenten retard sur laréalitéet la société.Aujourd’huiencore, il

est trop souvent exigé de réaliser une placede parc par logement lors de toute nouvelleconstruction,quandbienmêmeletauxdemo-torisationdesménagesestendiminutionetlademandedelogementsansvoituress’accroît.

Diversités cantonalesEnSuisse,lesexigencesenmatièredesta-tionnementetlesprocéduresvarientselonlescantons.Leplussouventlaréductiondel’offreenplacesdeparcnécessiteunedé-rogation(seulsAppenzell-RhI,SchwyzetUrine prévoient aucune dérogation possible).Unegrandepartiedescantonsendéléguelacompétenceauxcommunes,sousrespectducadrelégalcantonalquandilexiste.ABâle-campagneetGlarislaréductionpos-sibledunombredeplacesexigées,définieauniveaucantonal,estfonctiondelades-serteentransportpublic.LecantondeBerneestl’undesrarescantonsquin’exigepasdedérogationpourlimiterlenombredeplacesdeparc:laloiyprévoitquelenombredeplacesdoitsesituerdansune

fourchette.Avecceluid’Argovie, ilestaussile seul à mentionner explicitement dans laloi lapossibilitédeconstruiredesquartierssansouavecpeudevoitures.Intéressantàsignaler: lecantondeBâle-Villenecontientpasdanssaloil’obligationdecréerdesplacesde stationnementmais seulementlapossibilitédelefaire.Celafaciliteàlafoislaprocédureetlesprojetsavecoffreréduite.

Des cantons aux communesDanslagrandemajoritédesautrescantons–c’estlecasdetouslescantonsromands–lescommunesbénéficientd’unedélégationde compétence en la matière, dans les li-mitesducadreréglementairecantonal.Aveclàaussidegrandesdifférencesentrelescan-tons,puisauniveaudelavolontépolitiquedescommunes.Dans les Grisons, auTessin et à Zoug lescommunes sont seules compétentes, enl’absence de réglementation cantonale. AAppenzell-RhE une réduction nécessite depasserparunpland’affectationspécial.

Des signes d’évolution positiveMêmesilesloispeinentencoreàs’adapterà la demande, de plus en plus de cantonssemblentévoluerversdesexigencesréduitesenmatièredestationnement.Lesexemplescitésenpages6-7montrentquedansceuxoùl’ouvertureexistelapossibilitécommenced’êtreexploitée.Lesrévisionsdesloiscanto-nalesetlepremiervoletdelarévisiondelaLATreprésententdesopportunitésàsaisirdefaireévoluerlesloisdanscedomaine.

EmilieRoux/FrançoiseLanciMontant■

Près de la moitié des ménages des grandes villes suisses n’a pas de voiture. Un contexte propice, selon Sonia Blind, à l’établissement de quartiers sans voitures. La loi n’a pas encore suivi, elle impose encore bien souvent la création de trop nombreuses places de parc dans les projets de logements.

Pionnièredanslesannées90,Fribourg-en-Brisgau(D)resteuneréférence.EnSuisse,danslescantonsoùlaloiévolue,lesprojetscommencentdesedévelopper.(PhotoA.Rouiller)

A quoi ressemblerait le monde sans voi-tures? Cette question un brin provocatriceestaucœurdutravailquemèneJadeRudler,doctorante à l’EPFL, dans le cadre du pro-jet «Post Car World» (www.postcarworld.epfl.ch). La chercheuse nous présentait untravail participatif mené sur la région del’Arc lémanique. Un groupe de huit habi-tant-e-s de26à75ans a été convié à seconfronter à trois scénarios de futurs sansvoitures développés par des étudiants: la«ville linéaire», fortement densifiée autourdel’ancienneautoroute;la«décroissance»,avecdepetitesunitésautonomesdispersées

et des déplacements de courtes distances;enfin,la«polycentralité»,avecunevilleéta-léesurtoutleterritoireetconnectéepardestransports publics de haute performance.Résultat? En se projetant dans ces scéna-rios,lesparticipant-e-sontétéamené-e-sàquestionnerlaplacedelavoituredansleurvie. La démarche montre que la remise enquestiondesmodesdevieactuelsseheurteauxaspirationsetauxvaleurs individuelles.Mais si la liberté demouvement reste trèsvalorisée, la demande d’un lien social plusfort,absentaveclavoiture,aégalementétémiseenavant.(MP)

Scénarios pour un futur sans voitures