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GENRE & SPORT Pour une approche intégrée de l'égalité hommes-femmes dans les interventions de sport

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GENRE & SPORT Pour une approche intégrée de l'égalité hommes-femmes dans les interventions de sport

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Table des matières

La DDC et le sport au service du développement 2

Pourquoi considérer la dimension genre dans le sport 4Le rôle des constructions sociales de la masculinité et de la féminité 4Les obstacles concrets à la pratique d’un sport 5Pourquoi l’égalité hommes-femmes dans le sport? 5Pourquoi le sport pour l’égalité? 6La Déclaration de Brighton et l’Appel à l’action de Windhoek 7

Etudes de cas 8Population Council, Kenia 8Sport pour la paix, Côte-d’Ivoire 8Ishraq, Egypte 9

La mise-en-oeuvre de l’approche 10 Analyse 11Consultation 12Planification 13Mise en oeuvre 14Suivi et évaluation 15

Ressources thématiques 16

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L’Assemblée générale des Nations Unies aadopté en novembre 2003 la résolution58/5, qui invite les gouvernements à considé-rer le sport comme un moyen de promouvoirl’éducation, la santé, le développement et lapaix. Qu’il s’agisse de compétitions profes-sionnelles disputées par l’élite internationaleou de jeux pratiqués au sein des communau-tés locales et à l’école, le sport peut contri-buer de manière efficace à atteindre diffé-rents objectifs du développement:n développement humain; améliore la santé

publique et le bien-être, est partie desefforts d’éducation et des activités de loi-sirs;

n développement social; favorise stabilité, tolérance, intégration et cohésion sociales;

n développement économique; stimule les investissements et l’emploi;

n développement politique; promeut la paixet le respect des règles démocratiques.

La notion de sport englobe des activités trèsdiverses: activités physiques, de détente et de

compétition. Le football international, lesrégates de boutres, la lutte ou les échecs sontdes exemples de sports que l’on pourraitconsidérer dans un contexte de développe-ment.

La DDC considère le sport comme un champd’intervention à la fois peu coûteux et très por-teur. Il n’y avait toutefois, jusqu’à récemment,aucune réflexion systématique sur l’associa-tion «sport et développement». Les agencesde développement – DDC comprise – soute-naient des projets de sport au coup par coup.La DDC appuie maintenant des projets et desprogrammes, des campagnes de communica-tion, des conférences et des festivals, etcontribue financièrement à des infrastructureset équipements sportifs. Elle se concentre surdes groupes marginalisés – minorités ethni-ques, femmes, personnes handicapées,enfants-soldats – et apporte son soutien à desONG, des organisations humanitaires et desassociations sportives. La politique de la DDCen matière de sport est mise en œuvre

La DDC et le sportau service du développement

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La Déclaration de Macolin sur le rôle du sportdans le développement a été signée en Suisseen 2003. A la suite de la Conférence deMacolin, une plate-forme internationale pourle sport et le développement a vu le jour, réu-nissant des représentants de l’ONU, de fédé-rations sportives nationales et internationales,d’ONG et d’autres organisations sportives.Une base de données concernant les projets «sport et développement» dans le monde peutêtre consultée sous: http://www.sportanddev.org/. La Déclaration de Macolin déclare le sportdroit humain. Quand bien même toutes sesrecommandations insistent sur l’importanced’inclure les femmes et autres catégories mar-ginalisées dans les initiatives sportives et men-tionnent la nécessité d’éliminer les stéréotypessociaux liés au sexe, la Déclaration deMacolin ne reconnaît que marginalement lesconstructions sociales de genre négociéeset/ou promues dans les activités sportives.

conjointement avec le Département fédéral dela défense, de la protection de la populationet des sports (DDPS), et est réalisée dans lecadre de la Déclaration de Macolin.

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Pourquoi considérer la dimension genre dans le sport

Le sport est un phénomène socioculturel dans lequel les constructions sociales de la masculinité et de la féminité jouent un rôle clé:n On associe traditionnellement le sport à la

notion de «virilité». Beaucoup de sociétéstendent à réprouver la pratique du sportpar les femmes, et les femmes qui prati-quent un sport sont parfois perçuescomme «masculines». Inversément, leshommes qui ne font pas de sport ou sontpeu doués en sport sont parfois qualifiésd’«efféminés». Il n’y a cependant pas une façon uniqued’être viril ou féminine, et le sport peutêtre l’occasion de renégocier masculinitéet féminité plutôt que d’en réaffirmer lesacceptions dominantes.

n La pratique du sport est liée à un certainnombre de conventions autour de ce quesont «travail» et «loisirs», conventionssouvent vécues différemment par les hom-mes et les femmes. S’occuper des maladeset des personnes âgées, élever desenfants et s’acquitter des tâches domesti-ques – activités «reproductives aujourd’huiencore accomplies surtout par les femmeset les filles – ne sont en général pas consi-dérées socialement et économiquement

comme du «travail». Les activités «produc-tives» exercées en-dehors du domicile etreconnues comme «travail» – en particu-lier lorsqu’elles sont déployées par deshommes – impliquent le droit d’avoir dutemps libre à consacrer aux loisirs.

n Certaines sociétés jugent le sport «produc-tif» dans la mesure où il contribue à lasanté physique des travailleurs, manuelssurtout. Alors même que la proportion demain-d’œuvre féminine augmente, danscertaines régions tout au moins, il y a unetendance à considérer les sports commebénéfiques lorsqu’ils sont pratiqués pardes hommes et comme une perte de tempslorsqu’ils le sont par des femmes.

n Femmes et hommes s’adonnent à des acti-vités physiques distinctes, et leurs attitudesà l’égard du sport peuvent être très diffé-rentes. L’aspect compétitif d’un sportdonné peut être considéré comme centralpar certains, tandis que d’autres voient lesport comme moment de rencontre. Le faitd’être identifié ou de s’identifier soi-mêmecomme appartenant à une «culture», àune «ethnie», à une classe socioéconomi-que ou à une caste joue également unrôle dans la manière dont on s’adonne àla pratique d’un sport.

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Les femmes, et parfois aussi les hommes, peuvent rencontrer différents obstacles con-crets à la pratique d’un sport:n Outre des lacunes générales en matière

d’équipements sportifs sûrs et appropriésainsi que le manque de compétences, deressources et d’assistance technique, les femmes sont souvent confrontées au man-que de temps et de garderies pour leursenfants.

n Les femmes sont particulièrement exposéesau harcèlement sexuel verbal et/ou physi-que et à d’autres dangers, liés par exem-ple au lieu et au moment où elles prati-quent leur sport.

n Il y a un manque de modèles féminins,notamment de femmes ayant une fonctionde coach ou de «leader». Les femmes sontsous-représentées dans les organes dedécision des institutions sportives.

Pourquoi l’égalité hommes-femmes dans le sport? L’égalité hommes-femmes est un objectifessentiel du développement; elle fait partiedes droits civils, culturels, économiques, politi-ques et sociaux fondamentaux et universelle-ment reconnus. La politique d’égalité hom-mes-femmes de la DDC vise à assurer quetoutes ses interventions apportent aux femmeset aux hommes des chances accrues d’exer-cer les mêmes droits et d’accéder équitable-ment aux bienfaits du développement.

Partout dans le monde, on voit moins de fem-mes que d’hommes participer à des activitéssportives. Le sport peut favoriser le bien-êtremental et physique, et des études scientifiquesont établi que faire du sport réduit plus tardles risques de maladies chroniques. Ilconvient ainsi d’y encourager les filles aussibien que les garçons.

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Les femmes sont également sous-représentéesdans les organes de décision des institutionssportives. Une participation accrue de leurpart diversifierait le pool des administrateurs,des coaches et des officiels. Les projets dedéveloppement incluant des activités sportivesatteindraient plus efficacement tous les caté-gories sociales des populations et collectivitésvisées.

Pourquoi le sport pour l’égalité?De même que l’on peut promouvoir l’égalitéhommes-femmes par la participation à desactivités et à des institutions sportives, le sportpeut lui-même favoriser des objectifs plus larges d’égalité hommes-femmes (p.ex. droitset autonomisation). La pratique d’un sportprocure aux femmes et aux filles l’accès à desespaces publics où elles peuvent se retrouver,développer ensemble de nouvelles aptitudes,obtenir l’appui d’autrui et jouir de la libertéd’expression et de mouvement. Ces activitéssont l’occasion de promouvoir éducation, com-munication, négociation, compétences et respon-sabilités, toutes essentielles au processus d’auto-nomisation des femmes.

Le sport peut développer chez les filles et lesfemmes le sentiment que leur corps leur appar-tient, améliorer leur estime d’elles-mêmes et lesrendre plus aptes à faire des choix concernant,entre autres, leur sexualité. Dans les situationsde privation et d’inégalité, ce sentiment de s’ap-partenir est d’autant plus important. De plus, lesport peut fournir l’occasion d’informer les filleset les femmes – en particulier les jeunes femmescélibataires – sur des questions de santé, notam-ment de santé reproductive.

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Mesures internationales en vue de promouvoir la pratique du sport par les femmes – la Déclaration de Brighton et l’Appel à l’action de WindhoekLa première Conférence mondiale sur les femmes et le sport s’est tenue en 1994 à Brighton (GB); il en est résulté la Déclaration deBrighton et la création d’un Groupe de travail international sur les femmes et le sport. En 1995, le sport a été inclus dans le Programmed’action de Beijing (paragraphes 83, 107, 290), et ce thème a été repris cinq ans plus tard dans le document de suivi Beijing+5. Ladeuxième conférence mondiale sur les femmes et le sport a eu lieu en 1998 à Windhoek, Namibie. L’Appel à l’action de Windhoek vaau-delà d’un simple appel à une participation accrue des femmes dans les activités et organisations sportives: il fait du sport un moyend’atteindre des objectifs plus larges de santé, d’éducation et de droits des femmes – une idée reprise par la troisième conférence sur lesfemmes et le sport en 2002 à Montréal, Canada. Cette optique intègre le sport dans des projets de développement communautaire, dansdes campagnes d’information sur la santé et autres sujets, ainsi que dans des campagnes de promotion de l’égalité hommes-femmes etdes droits des femmes.

La Déclaration de Brighton préconise:n l’équité et l’égalité dans la société et le sport;n la planification, la réalisation et la gestion d’équipements sportifs répondant aux besoins des femmes;n l’accroissement du nombre de femmes assumant des rôles d’entraîneur, de conseillère, de décideur;n des programmes d’éducation, de formation et de développement intégrant l’égalité hommes-femmes;n des efforts d’information et de recherche sur les femmes et le sport;n l’affectation de ressources à des sportives et à des programmes destinés à encourager les femmes à pratiquer un sport;n la coopération nationale et internationale, le partage de connaissances et d’expériences.

L’Appel à l’action de Windhoek entend:intensifier la coopération entre les diverses instances chargées des questions féminines dans le sport, ainsi qu’entre ces instances et d’autres organismes travaillant pour les droits des femmes et l’égalité hommes-femmes. mettre en œuvre des programmes d’aide publiqueau développement (APD) qui «fournissent des chances égales aux filles et aux femmes, et reconnaissent que le sport peut aider à atteindre des objectifs de développement.»

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Etudes de cas

Mathare Youth Sports Association(MYSA), Kenya – The PopulationCouncilLa MYSA a été créée en 1987 afin de combiner sport, développement des jeuneset militantisme écologique. Elle réaliseactuellement des programmes d’éducationVIH/sida et de football, et fournit des pres-tations communautaires (p.ex. service devoirie) et des activités éducatives. La MYSAne s’est pas contentée de développer desprogrammes pour les filles basés sur ceuxdes garçons, mais a élaboré des projetstenant compte des contraintes physiques etsociales auxquelles sont soumises les filles.Afin d’obtenir l’appui de la communauté etplus particulièrement des parents, responsa-bles et membres de la MYSA ont renduvisite aux familles et les ont impliquées dans le projet. Les parents habitant à proxi-mité pouvaient voir ce que la MYSA faisaiten plein air avec les enfants, ce qui enincita beaucoup à autoriser leurs filles àparticiper.

Sport pour la paix, Côte-d’IvoireS’attaquer à l’exclusion des activités sporti-ves basée sur le sexe, ce n’est pas seule-ment vouloir «laisser jouer les femmes». Ils’agit d’abord de chercher à comprendreles barrières que rencontrent les filles dansla pratique d’un sport, et d’assurer ensuiteleur participation de plein droit. C’est ceque fait le programme Sport pour la paixlancé en octobre 2003 en Côte-d’Ivoire.Plus de 1600 jeunes ont déjà pris part à ceprogramme, considéré comme un élémentdu processus de réconciliation après desannées de conflits religieux et ethniques.Sport pour la paix réunit des jeunes peu ounon scolarisés de divers groupes ethniques,politiques et religieux, dont un tiers sont desfilles. Les entraînements ont lieu régulière-ment, deux ou trois fois par semaine, dansles espaces libres des villes de Guiglo, Manet Duékoué. Pour encourager les filles à par-ticiper, les exercices d’échauffement sontremplacés par de la danse en musique. Parailleurs, il doit y avoir des filles «leadersparmi les pairs» pour apporter de l’aideaux autres membres du groupe. Enfin, laprésidente du Parlement des femmes deCôte-d’Ivoire (un groupe de 3000 femmesappartenant à un mouvement pour la paix)a pris fait et cause pour le programme; cetappui prestigieux donne un poids accru à ladimension genre.

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Ishraq – des espaces sûrs pourapprendre, jouer et grandir, EgypteLe projet Ishraq a été créé pour des filles deHaute-Egypte qui n’allaient pas à l’école etvivaient sous la menace d’un mariage précoce et de la mutilation génitale féminine(MGF ou excision). Ce projet adopte une«approche holistique» combinant des clas-ses d’alphabétisation à des formations prati-ques dans l’agriculture et les sports. Lesséances ont lieu à des «heures réservéesaux filles» dans les maisons de jeunes desvillages. Le projet travaille aussi avec nota-bles locaux, parents et garçons pour chan-ger les attitudes à l’égard des filles. Ilencourage les filles à exercer une influencesur le moment de leur mariage, pour qu’el-les puissent bénéficier d’une éducation. Ilvise aussi à changer les attitudes à l’égardde la MGF et de la répartition des tâchesdans les ménages. Beaucoup des filles quiont participé au programme ont ensuite puêtre scolarisées. Cette «approche holistique»(au lieu de se concentrer exclusivement surl’alphabétisation) a suscité une participationplus durable et plus sérieuse, débouchantsur des changements d’attitude considéra-bles à l’égard du mariage et des relationshommes-femmes. Des recherches approfon-dies (étude préliminaire) menées dans lescommunautés lors de la phase d’élaborationdu projet ont fourni les éléments nécessairespour en faire une réussite. Cette analyse initiale a ensuite servi pour le suivi et l’éva-luation du programme. On a réuni des don-nées qualitatives et quantitatives, et enregis-tré les réactions des parents et des garçons.

Source: Alyce Abdalla et Ray Langsten,«Bringing Sports and Opportunities to Girls inRural Egypt», Al-Raida 21/22, été/automne2004–2005

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Ce chapitre décrit comment intégrer l’égalitéhommes-femmes dans les activités sportives etles projets de développement, en examinantle cycle de projet, phase par phase: analyse,consultation, planification, réalisation, suivi etévaluation. Pour chaque étape, il pose unesérie de questions clés pour lancer le débat etla réflexion, et présente des informations etdes améliorations possibles.

AnalyseQuestion: A-t-on réalisé une analyse préliminaire genre?Pour une analyse préliminaire genre (avecdonnées sexospécifiques), on fera appel àdes experts genre connaissant bien lecontexte du projet ou programme. Une telleanalyse devrait comprendre les aspects suivants:

Comment intégrer l’égalité hommes-femmesdans les programmes ou projets de sport

Approche intégrée de l’égalité hommes-femmesUne approche intégrée de l’égalité hommes-femmes comprend:

a) faire de la perspective genre un thème transversal (exigence minimale);intégrer cette perspective dans l’analyse, la réalisation, le suivi et l’évalua-tion de tous les projets/programmes;

b) développer et réaliser des programmes genre spécifiques; prendre des ini-tiatives et prévoir des budgets spécifiquement consacrés à des questionsrelevant de la thématique de l’égalité hommes-femmes;

c) sensibiliser les organisations à cette problématique; intégrer la question del’égalité hommes-femmes dans les procédures, renforcer les compétencesgenre du personnel, analyser les budgets, les partenariats, la culture d’en-treprise et adopter les principes d’égalité des chances.

Intégrer la thématique de l’égalité hommes-femmes, c’est examiner la manièredont les différents rôles – «reproduction», «production», «responsabilités com-munautaires» et «politique locale» – sont négociés entre hommes et femmes;c’est aussi analyser qui a accès aux ressources et qui contrôle celles-ci (p.ex.pouvoir, information, revenus, fortune, etc.), et prendre en compte les besoinspratiques et stratégiques des femmes et des hommes. Il s’agit donc d’aller au-delà du simple constat que les femmes sont souvent exclues du sport. On évi-tera, dans les projets, donc de renforcer les inégalités et les clichés simplistesen faisant preuve de discernement à l’égard des spécificités masculines etféminines du sport (cf. études de cas ci-dessus), des contextes particuliers etdes dynamiques du pouvoir; on saisira également ce qui met les ressources etleur contrôle hors de portée de certains groupes ou individus, et tiendracompte des besoins et des intérêts subjectifs de ceux-ci. Cela suppose descontacts suivis avec tous les bénéficiaires du projet.

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Cadre politiquen engagements pris à l’échelon national en

application des principes énoncés dans laConvention sur l’élimination de toutes lesformes de discrimination à l’égard desfemmes (CEDEF) et le Programme d’actionde Beijing; structures nationales pour lapromotion des femmes;

n législation nationale garantissant l’égalitédes chances dans le domaine du sport;

n fédérations sportives et comités olympi-ques nationaux;

n politique nationale en matière de sport; n politique nationale dans les secteurs de la

santé et de l’éducation;n détails sur les priorités du moment, les

personnes qui les fixent et les critères retenus pour fixer ces priorités;

n initiatives des bailleurs de fonds, finance-ment par des agences spécialisées;

n leçons retenues de programmes antérieursdans le domaine du sport;

n budgets alloués par les gouvernementsnationaux, régionaux ou locaux.

Société et culturen participation des femmes et des hommes

aux activités sportives et physiques (données générales);

n participation des femmes et des hommes àdes sports organisés;

n public (femmes/hommes) se rendant auxmanifestations sportives;

n questions connexes de santé ou d’éducation– par exemple scolarisation des filles ouproblèmes de santé particuliers aux filleset aux femmes;

n raisons de la non-participation des femmes– par exemple manque de temps, absencede structures pour la garde des enfants,absence d’équipements sportifs sûrs etappropriés, manque de savoir-faire;

n stéréotypes, constructions sociales de lamasculinité et de la féminité pouvant avoirun impact sur la participation ou non desfemmes/hommes aux activités sportives;

n cultures sportives – quels sont les sportspratiqués, par qui;

n rôle des médias nationaux et locaux dansla promotion du sport;

n recours à des idoles du sport pour affirmercertaines positions politiques ou culturelles.

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ConsultationQuestion: A-t-on consacré suffisamment detemps et de ressources aux processus deconsultation?Le plan de tout projet ou programme devraitse baser sur des consultations. Celles-ci per-mettent de cerner et de négocier les objectifsà atteindre, d’exprimer des besoins, de déce-ler ce qui empêche hommes et femmes d’ac-céder équitablement aux prestations et auxressources, etc. Il est très important de prévoirsuffisamment de temps pour les processus deconsultation afin de ne pas marginaliser(davantage) certains groupes ou individus –notamment en fonction du sexe.

Des consultations doivent être réalisées avec:n les communautés cibles. Pour comprendre

la perception qu’ont les gens de leursbesoins, on applique des méthodes parti-cipatives qui tiennent compte du genre. Ilest indispensable de consulter hommes etfemmes en proportions égales, si possibleen groupes séparés pour permettre à chacune et chacun de s’exprimer pluslibrement;

n les groupes qui travaillent sur «égalitéhommes-femmes et développement»(ONG, syndicats, coopératives, groupesde mères, églises, bailleurs de fonds, personnel du projet);

n le gouvernement et les associations sportives.

Les consultations seront plus efficaces si elles se basent sur des études des relationshommes-femmes dans un contexte particulierdonné, réalisées par des ONG, des universi-tés ou d’autres organisations scientifiques.

Exemples des questions à poser:n Quels moments dans la journée, quels

lieux les femmes et les hommes préfèrent-ils pour la tenue de séances deconsultation?

n Quelles sont les préférences des femmeset des hommes quant aux méthodes à utiliser pour les échanges d’informationconcernant le projet?

Agences et organisations sportives n rôles des hommes et des femmes dans la

conduite de l’entraînement;n formations et compétences existantes; n équipements actuels, emplacement et

accès à ceux-ci, problèmes de sécurité,existence de vestiaires, d’espaces réservésaux femmes et de garderies;

n participation des hommes et des femmesaux processus décisionnels liés à la gestion des activités sportives;

n liens avec les organisations féminines etles universités.

Ménages et individusn rôles et responsabilités des femmes et des

hommes au sein de la famille;n attitudes des maris, des femmes, des

parents et de la famille en général àl’égard du sport;

n temps consacré par les femmes et les hom-mes aux tâches «productives» et «repro-ductives» et aux activités de loisirs.

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PlanificationAnalyse et consultation devraient constituer labase de tout projet ou programme.

Question: A-t-on défini une stratégie d’égalitéhommes-femmes pour le projet/programmeconsidéré, avec des objectifs spécifiques des-tinés à faire progresser l’égalité et la partici-pation des femmes? Cette stratégie fait-ellepartie des termes de référence?Enoncer des objectifs spécifiques pour l’éga-lité des sexes et l’autonomisation des femmespeut être un moyen d’empêcher la perspec-tive genre de se «perdre» en cours de projet.Le fait d’avoir un tel «point de mire» permetd’assurer que cette problématique demeureune priorité permanente.

Question: Les rôles attribués aux hommes etaux femmes dans le cadre du projet ont-ils étécomparés aux rôles observés autrement dansla société (lors de l’analyse genre)?L’analyse genre devrait fournir des informa-tions détaillées sur les rôles conférés aux hom-mes et aux femmes dans la société, sur lamanière dont ces rôles sont négociés, et surles obstacles que doivent surmonter certainsgroupes ou individus pour changer de rôle.Les procédures de recrutement doivent pren-dre en considération la dimension genre. Desefforts particuliers seront peut-être nécessairespour donner à des femmes la possibilité dedevenir instructeurs ou entraîneurs. Un travailde persuasion peut comprendre, par exem-ple, des visites dans les familles.

Question: A-t-on associé à l’élaboration duprojet des organisations féminines et/ou l’autorité nationale en matière d’égalité hommes-femmes?

Question: Quelles mesures a-t-on prévu pourque tous les groupes et individus – en parti-culier les femmes – puissent participer deplein droit et durablement au projet?L’analyse genre révélera éventuellement quecertains groupes ou certaines personnesauront sans doute de la peine à être réguliè-rement présents dans le projet. Des activités«à la carte» peuvent constituer un moyend’assurer leur participation durable.

Question: A-t-on voué l’attention qu’il convient aux soucis de sécurité des filles et des femmes?La participation – des filles et des femmesnotamment – à des projets ou programmessportifs peut être rendue plus sûre en prenantun certain nombre de mesures spécifiques:améliorer l’éclairage public; programmer lesactivités à des moments de la journée comportant peu de dangers; organiser lesactivités sportives dans des espaces sûrs, ouproches de l’endroit où les participants habi-tent pour leur éviter d’avoir à emprunter lestransports publics, etc. On pourra choisir deprendre en considération les normes socialesqui régissent les activités dans les espacespublics, et offrir des activités sportives enplein air et en salle. Peut-être s’avérera-t-ilaussi nécessaire d’élaborer des codes deconduite pour les entraîneurs et autres membres du projet ou programme.

Question: Le projet englobe-t-il d’autres activités de développement?Il est possible que la communauté adhèremieux à un programme de sport combinantd’autres activités telles qu’éducation à lasanté ou activités culturelles. Un mélanged’activités regroupées sur le même site peutaccroître la participation des femmes au projet. Des projets sportifs sont également uncontexte favorable au lancement d’un proces-sus d’éducation sur l’égalité hommes-femmeset sur les droits des femmes.

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Mise en oeuvreQuestion: L’équipe de projet a-t-elle des compétences appropriées sur la thématiquegenre?Les spécialistes de l’égalité hommes-femmesdoivent connaître le pays et le secteur. Ils doivent avoir de l’expérience dans la miseen œuvre de stratégies de promotion del’égalité, connaître des méthodes participati-ves, ainsi que le suivi et l’évaluation de projet/programme.

Question: Les partenaires du projet ont-ils lesaptitudes nécessaires et ont-ils accès à l’infor-mation?Tout projet devrait comporter un élément deformation et de renforcement des capacitéssur les questions genre, de sorte que tout lemonde prenne conscience des problèmesposés par les stéréotypes sociaux et par leschangements culturels. Cela concerne le per-sonnel du projet et les partenaires tels que lesassociations sportives, aussi bien que les fil-les, les femmes, les garçons et les hommesqui participent à ces activités.

Question: Les femmes participent-elles auxdécisions? Les femmes sont-elles représentéesdans les processus décisionnels? Lorsqu’il s’agit d’encourager les femmes àprendre des responsabilités, on gardera àl’esprit qu’elles peuvent éprouver des difficultésà s’exprimer en présence d’hommes, surtoutdans une région à tradition «patriarcale». La situation créée par des activités sportivesnon-mixtes peut apporter à la fois confianceen soi et bien-être physique. Il faudra peut-être aussi que le projet fasse des efforts cibléspour trouver et gagner à sa cause des personnalités féminines pouvant servir demodèles.

Question: L’ensemble des partenaires du projet comprennent-ils la dimension genre duprojet?Hommes et femmes dans les institutions doi-vent mieux se rendre compte de l’importanceque revêt la participation des femmes. Tousles documents officiels doivent traduire lesouci d’égalité hommes-femmes et utiliser unlangage non sexiste.

Question: Des organisations féminines et/oul’autorité nationale en matière d’égalité hommes-femmes sont-elles associées à la miseen œuvre du projet?

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Suivi et évaluationSuiviQuestion: Les méthodes de suivi du projet(réunions, rapports annuels, etc.) incluent-ellesla dimension genre? Le suivi des activités, des processus et desrésultats («outputs» et «outcomes») obtenusdevrait recourir à des indicateurs genre. Deplus, les rapports de suivi devraient compor-ter un chapitre consacré aux progrès réaliséspar rapport aux objectifs fixés en matièred’égalité hommes-femmes.

EvaluationQuestion: A-t-on élaboré des indicateursgenre pour l’évaluation des résultats («outcomes»)?Les indicateurs devraient être basés sur l’analyse genre. Les paramètres envisagea-bles seront notamment la forme physique des participants, leur tendance à prendre desrisques d’ordre sexuel, les aptitudes scolaires,ainsi que la connaissance des règles et destactiques inhérentes au sport, la facilité d’ac-cès au programme, le taux de participation,le taux d’abandon, etc.

Il est important d’avoir des données différen-ciées hommes-femmes concernant notammentla participation aux séances d’entraînement;les hommes et les femmes aux postes à res-ponsabilités; les hommes et les femmes occu-

pant des fonctions non traditionnelles. Ilconvient de collecter des données qualitativesaussi bien que quantitatives, afin d’éviter quel’on se repose sur des objectifs qui s’expri-ment uniquement en chiffres. On chargerades femmes et des hommes d’interpréter lasignification des différences et des change-ments constatés, et de formuler des stratégiesbasées sur les évaluations.

L’équipe d’évaluation doit disposer de compétences en matière d’analyse genre.

Question: Les conclusions de l’évaluation passent-elles en revue les réussites et leséchecs de la stratégie de promotion de l’éga-lité hommes-femmes du projet et, plus généra-lement, de la manière dont le projet a traitéla dimension genre?

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Ressources thématiquesBrady, M., 1998, «Laying the Foundation forGirls’ Healthy Futures: Can Sports Play aRole?», Studies in Family Planning 29 (1):79-82http://www.popcouncil.org/pdfs/councilarticles/sfp/SFP291Brady.pdf

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Page 18: GENRE & SPORT...GENRE & SPORT 2 L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté en novembre 2003 la résolution 58/5, qui invite les gouvernements à considé-rer le sport comme

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