gavroche 5

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Gavroche Le Parisien universel M 011 - Gavroche 5 - F : 1, 80 € 5 Semaine du 16 au 22 décembre 2010 ISCPA - Institut des Médias MENACE SUR 2012 La stratégie payante de Marine Le Pen Austérité La grogne continue Design auto Solution anti-crise Tessa Worley La bombe du ski français

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Le magazine des étudiants en Presse Ecrite de l'ISCPA.

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Page 1: Gavroche 5

GavrocheLe Parisien universel

M 011 - Gavroche 5 - F : 1, 80 €

N° 5 Semaine du 16 au 22 décembre 2010

ISCPA - Institut des Médias

MENACE SUR 2012

La stratégie payante de Marine Le Pen

Austérité La grogne

continue

Design auto

Solutionanti-crise

Tessa WorleyLa bombe du

ski français

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Gavroche - 16 décembre 2010

Sommaire2

GavrocheRédaction : 9 rue Alexandre Parodi, 75010 Paris

Directeur de la publication : Michel Baldi

Directeur de la rédaction : Jean Savary

Rédacteur en chef : Wilfried Corvo

Secrétaire de rédaction : Benoît Magistrini

Chef des infos générales : Antoine Delthil

Maquettiste : Laëtitia Reboulleau

Journalistes : Alexandre Benhadid, Alexandra Bresson, Yann Casse-

ville, Charlotte Dehouve, Karma Duquesne, Virginie Le Borgne, Audrey

Loussouarn, Valentin Marcinkowsk,i Eléonore Quesnel, Emmanuelle

Ringot, Emilie Rivenq, Clémentine Santerre

Pas sorti de l’auberge, laFrance… qui reste dans lanasse même si la neige a

disparu. Pas mieux non plus ducôté des coupes budgétaires dugouvernement, mal placées seloncertains. Pour preuve, les manif’contre l’austérité des syndicatseuropéens (p.8 et 9). Pourtant, ilsemble que Papa Noël fassecertains cadeaux cet hiver. Lesétudiants en difficulté pourrontmanger et dormir au chaud(p.11). Eh oui la vie d’étudiant,ce n’est pas toujours l’aubergeespagnole. Pas sortis de l’aubergenon plus, les automobilistes(p.10). Rarement les dérapagesn’auront été aussi nombreux queces dernières semaines. On secroirait au Trophée Andros (p.18).En parlant de glissade, MarineLe Pen a démontré qu’elle manieaussi bien que son père l’art dudérapage -contrôlé cette fois-.Avec la probabilité grandissanted’un 2002 bis pour 2012 et lamontée de l’extrême droite, laclasse politique française n’estpas sortie de l’auberge (p.4, 5 et6). Heureusement tout n’est passi noir en cette période de tris-tesse économique et sociale, au-tant se relaxer devant les bellesglissades de la Tessa Worley(p.24) ou encore les bellescourbes des voitures repenséespar les designers automobiles(p.16 et17).

p.3 Perspectivesp.4 à 6 Dossierp.7 à 9 Politiquep.10 à 11 Sociétép. 12 International

Perspectives page 3La succession de Sarkozy estlancéePar Wilfried Corvo

Dossier Marine Le Penpages 4-6La machine est en marchePar Karma Dusquene et YannCasseville

Politiquepage 8-9Manifestation contre l’action gouvernementalePar Audrey Loussouarn et Virginie Le Borgne

Sociétépage 10Cités et Restos U ouverts en hiverPar Alexandra Bresson

Economiepages 16-17Portraits de designers automobilesPar Benoît Magistrini

Portrait page 24 Tessa Worley devalent lespente à toute vitessePar Yann Casseville

Edito

Ale

xandre

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Photo de couverture : DR

p.13 à 17 Economiep.18 à 19 Sportp.20 à 22 Culturep.23 L’actu décalép.24 Portrait

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Page 3: Gavroche 5

Gavroche - 16 décembre 2010

Perspectives3

En route vers 2012Un an et demi avant l’élection présidentielle, certaines ambitions n’apparaissent qu’embryonnaires, alors qued’autres pointent nettement. A droite, Nicolas Sarkozy devrait être candidat à sa propre succession. Au parti socia-liste, plusieurs candidats se sont déjà déclarés pour les prochaines primaires mais, seul DSK, émerge dans les son-dages. Au centre, François Bayrou, dans le rôle du « troisième homme », n’est plus vraiment seul.

«Il ne faut pas seule-

ment les ignorer,

mais [les] combat-

tre », a déclaré François Bay-

rou à propos des récentes

déclarations de Marine Le

Pen, à l’issue de sa réélection

à la présidence du MoDem,

dimanche 12 décembre. Ga-

gnant avec plus de 94 % des

voix, l’homme du centre le

sait, ce n’est pas lui qui fait

l’actualité. C’est la vice-prési-

dente du Front National, qui

occupe aujourd’hui l’espace

médiatique. Sa popularité

semble grandir au point de

menacer de refaire le coup

des Présidentielles de 2002…

comme papa. Gollnisch

(aussi vice président du FN),

qui pense avoir « la stature

d’un homme d’Etat », peut

bien se plaindre des faveurs

médiatiques accordées à sa

rivale. Celle-ci semble bien

placée pour incarner le re-

nouveau du parti et se placer

en arbitre, voire en finaliste

surprise du printemps 2012.

Elle se place en troisième po-

sition (à la place de Bayrou)

derrière Nicolas Sarkozy et

les candidats PS (Ségolène

Royal, Martine Aubry, Fran-

çois Hollande et Dominique

Strauss-Khan). D’autres pos-

sibles candidats comme Jean-

Luc Mélenchon (Parti de

gauche) ou Olivier Besance-

not (Nouveau Parti anticapi-

taliste) peuvent légitimement

craindre d’être marginalisé

par la terrible blonde du FN.

Milles épinesAu sein du Parti socialiste, la

maxime « y penser toujours,

n’en jamais parler » concerne

désormais le sort fait en 2002

au candidat Jospin. Qui est le

mieux placé pour éviter le bis

repetita ? La campagne pour

les élections internes de la

course à la candidature PS ne

débutera pas avant juin, date

butoir pour le successeur de

Ségolène Royal. Réponse à

l’automne prochain. Arnaud

Montebourg, de son côté, s’est

déjà déclaré candidat. Tout

comme Manuel Valls qui, le

premier, avait déjà ouvert les

hostilités en avril 2010. Ar-

naud Montebourg a par ail-

leurs reçu le soutien officiel de

Christiane Taubira, députée

PRG et ancienne candidate

aux élections présidentielles

de 2002. Ségolène Royal a

imité son partenaire socialiste

à la fin du mois dernier. La

présidente de Poitou-Cha-

rentes veut revivre l’ivresse

de la campagne présiden-

tielle. Elle souhaite, comme

son ancien compagnon Fran-

çois Hollande, que la désigna-

tion du candidat socialiste se

fasse avant l’été prochain. Pas

du tout une manœuvre contre

le président du FMI, clame-t-

elle, ni contre la Première se-

crétaire du parti, Martine

Aubry. « Il (ndlr. DSK) n’était

pas du tout décidé. Il n’a pas

manifesté la moindre envie de

se présenter (…). Si Martine

Aubry voulait y aller, elle se

serait déjà engagée ». Martine

Aubry, Laurent Fabius, Fran-

çois Hollande, Jack Lang, Be-

noît Hamon ou encore Gérard

Collomb, le sénateur-maire de

Lyon. Tous des poids lourds

du parti socialiste. Peu de

chances que tous se déclarent

candidats à la candidature.

Mais pour l’instant rien n’est

sûr. La liste pourrait être

longue pour juin.

Ecologie unieC’est sans noter qu’il faudra

aussi compter avec, ou plutôt

« contre », la grande union

entre les Verts et Europe Eco-

logie devenue : Europe Eco-

logie-Les Verts (EELV). Une

association d’entités plus

qu’une réelle union peut-

être. Mais après quelques

succès électoraux pour Eu-

rope Ecologie, les militants

écologistes ont réussi la créa-

tion de leur grand parti avec

à sa tête, Cécile Duflot, qui

était déjà à la tête des Verts.

Le rapprochement était loin

d’être acquis tant, il y a

quelques mois, les diver-

gences étaient présentes

entre les deux partis. Europe

Ecologie-Les Verts a déjà sa

candidate déclarée pour 2012

en la personne d’Eva Joly.

Mais le retour de Nicolas

Hulot lors d’une réunion

d’EELV en novembre l’a

peut-être fragilisée.

La balle au centreA l’UMP, Nicolas Sarkozy

reste candidat à sa propre

succession même si ce n’est

pas « officiel ». Très impopu-

laire dans l’opinion (32 %

d’opinions favorables en no-

vembre selon un sondage

Ifop), le président de la Répu-

blique a coupé quelques

« mauvaises herbes » (Rama

Yade, Fadela Amara, Bernard

Kouchner, Eric Woerth…)

pour différentes raisons lors

du remaniement Fillon III. Il

commence doucement à lan-

cer sa machine pour la pro-

chaine grande échéance -tout

comme il l’avait fait pour

2007-, avec le retour de

quelques fidèles comme Xa-

vier Bertrand. Une machine

huilée mais pas sans grains

de sable : certains de ses an-

ciens ministres pourraient

devenir ses principaux ad-

versaires. Hervé Morin, ex-

ministre de la Défense et

Jean-Louis Borloo, ancienne-

ment à l’Ecologie sous Fillon

II, font à présent états d’am-

bitions personnelles pour

2012. Pas impossible qu’ils

deviennent rapidement des

poils à gratter pour Nicolas

Sarkozy. Gênant également

pour François Bayrou. Le

président du Modem aime-

rait sans doute se sentir plus

seul au centre. Cette concur-

rence menace le rôle d’arbitre

qu’il tenait en en 2007 avec

plus de 18 % des votes au

premier tour.

Une chose est sûre, au-

jourd’hui, à droite comme à

gauche, aux extrêmes comme

au centre, la scène politique

française est bel et bien sous

le joug de l’échéance électo-

rale de 2012.

gWilfried Corvo

Nicolas Sarkozy regarde attentivement la concurrence en vue de 2012 et a entamé sa campagne avec le remaniement du 14 novembre 2010.

Daylynewspost

Page 4: Gavroche 5

Gavroche - 16 décembre 20104

Dossier

Marine tisse

Depuis quelques jours, Marine Le Pen s’est imposée au cœur de l’actualité politique à coups de phrases chocs etprovocatrices. A 42 ans, la benjamine du fondateur du Front National est la favorite pour succéder à son père à laprésidence du parti d’extrême droite, en janvier. Et rêve tout haut d’un destin national à l’Elysée.

Vendredi 10 décembre,

Lyon, réunion pu-

blique à propos des

élections internes au Front Na-

tional. « Maintenant, il y a dix

ou quinze endroits où, de manière

régulière, un certain nombre de

personnes viennent pour accapa-

rer les territoires, dénonce Marine

Le Pen. C’est une occupation de

pans du territoire, des quartiers

dans lesquels la loi religieuse

s'applique, c'est une occupation.

Certes y a pas de blindés, y a pas

de soldats, mais c'est une occupa-

tion tout de même ». Comparer

les prières de rue des musul-

mans à une occupation en

temps de guerre : exercice de

style, qui, à défaut d’être im-

possible, est douteux. Plus que

douteux.

En trois phrases, Marine Le

Pen a embrassé la voie de son

père, provocateur devant

l’éternel : se servir des mots

comme briquet pour raviver

les braises de l’histoire et les

brûlures du présent. L’objectif

? Que ces escarbilles arrivent

jusqu’aux politiciens et aux

journalistes ; les premiers, par

peur de se brûler s’ils s’en ap-

prochent un peu trop, se

contenteront de les asperger

timidement quand les seconds

se feront un plaisir d’annoncer

que le feu est de retour.

Embrasement politiqueComme elle l’avait prévu, le

déchaînement médiatique a

eu lieu. De gauche à droite,

tous ont réagi. Membres du

gouvernement, députés, res-

ponsables d’associations, lea-

ders d’opinion, tous ont crié

au feu. La déclaration de Ma-

rine Le Pen est « une provoca-

tion supplémentaire » pour

François Baroin, le porte-pa-

role du gouvernement, une

provocation « qui soulève le

cœur », a ajouté Pierre Laurent.

Le secrétaire national du Parti

Communiste Français a d’ail-

leurs demandé à ce que la

vice-présidente exécutive du

Front National soit condam-

née juridiquement ; le Mouve-

ment contre le Racisme et

pour l’Amitié entre les Peu-

ples (MRAP) l’a même atta-

quée en justice pour incitation

à la haine raciale, et devait être

suivi (ce n’était pas officiel au

moment de notre bouclage)

dans les prochains jours par la

Ligue des Droits de l’Homme

(LDH).

Dans ce contexte brûlant,

beaucoup ont reconnu, à tra-

vers les propos de Marine,

l’odeur de souffre que déga-

geait Jean-Marie. « Il faut arrê-

ter de se mentir, c’est exactement

la même personnalité que celle de

son père, c’est exactement les

mêmes techniques que son père,

les même amalgames, il faut bien

le dire, les mêmes propos », a dé-

claré Jean-François Copé, dés-

ormais à la tête de l’UMP. Elle

« n’est évidemment pas plus light

que son père », pour les Verts,

elle « reprend les accents de

son père » pour Martine

Aubry, la première secrétaire

du Parti Socialiste qui s’est

montrée « très choquée ».

« Marine Le Pen sort l’oriflamme

fasciste. Elle déborde son père sur

le terrain de l’extrémisme », ont

enchéri des responsables so-

cialistes. Bref un véritable état

d’incendie dans les journaux

comme seul son pyromane en

chef de père pouvait le faire.

Ironie de l’histoire, elle a décrit

le feu qu’elle a déclenché

comme une « tempête dans un

verre d’eau ».

Occupation médiatiqueMarine Le Pen n’a pas dérapé.

L’ancienne avocate ne plaide

pas coupable, loin de là. Elle

réfute elle-même le terme de «

dérapage ». Au contraire, elle

n’a pas dévié de sa trajectoire,

elle a simplement accéléré.

Chacun de ses mots était « sa-

vamment » réfléchi. « S’agissant

du terme occupation, je persiste et

je signe, tonnait-elle le 14 dé-

cembre sur Europe 1 au micro

de Jean-Pierre Elkabbach.

Lorsque les dirigeants

politiques ont peur des mots,

ils se condamnent au déni et donc

à une cécité chronique et dange-

reuse. »

En réalité, la nouvelle figure

marquante du FN a com-

mencé sa propre occupation

de terrain : celui de l’espace

médiatique. Avant cette décla-

ration du 10 décembre, elle

était, la veille l’invitée, sur

France 2, de l’émission « A

vous de juger ». A cette occa-

sion, elle a débattu devant 3,4

millions de téléspectateurs,

soit 13,4% de parts de marché.

Le meilleur score de l’émission

cette saison. « Elle fait mieux

que François Fillon et Martine

Aubry », a indiqué au Journal

Du Dimanche la présentatrice

Arlette Chabot.

Père et fille ont défilé main dans la main à Paris pour l’hommage traditionnel du 1er mai à Jeanne d’Arc.

Double Pen

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les

Marine Le Pen est la femme qui monte. Objectif : prendre la suite de son père à la tête dupagne pour 2012. Ultra-présente sur la scène médiatique -surtout depuis sa comparaison entrerapages de son père, elle n’a de cesse de grimper dans les sondages nationaux, quitte à dévier

Page 5: Gavroche 5

5Gavroche - 16 décembre 2010

Dossier

Front National. Mais pas seulement, Marine Le Pen voit plus loin et entre déjà en camles prières de rue des musulmans et l’ « occupation »- elle contrôle son image. Loin des déde la ligne historique du FN. De quoi faire trembler l’échiquier politique…

En résumé, Marine Le Pen a

occupé l’espace médiatique le

9 avant de perturber l’espace

politique le 10. 24 heures, une

émission et trois phrases lui

ont suffi pour se placer de

force, s’imposer au centre de

l’actualité.

Le but est assez simple : se

montrer, et attaquer dans la

dernière ligne droite. Car Ma-

rine Le Pen est déjà en cam-

pagne, celle des élections

internes au FN. Elle sera d’ail-

leurs vendredi dans le Nord et

samedi dans l’Aisne pour ren-

contrer des militants FN. Elle

se présentera dimanche sur le

plateau du grand jury RTL/Le

Figaro/LCI, et sur le plateau

de « France 3 politique » le 9 jan-

vier 2011. Des rendez-vous

qu’elle ne manquerait pour

rien au monde tant la pro-

chaine échéance est proche : le

congrès du parti, à Tours les

15 et 16 janvier prochains. Les

adhérents FN choisiront celui

ou celle qui prendra la suite de

Jean-Marie Le Pen à la prési-

dence du parti, élu qui devien-

dra en théorie le candidat

pour la présidentielle de 2012.

Gollnish battud’avance ?Pour succéder à son père, la

fille n’a qu’un adversaire en la

présence de Bruno Gollnish.

Ce dernier a recueilli 30 par-

rainages de secrétaires dépar-

tementaux (un minimum de

20 était nécessaire pour être

officialisé candidat), là où

Marine en a récolté plus du

double, 68. Toutefois, le match

n’est pas joué. Marine Le Pen

dispose d’un atout en or mas-

sif de par son nom, son héri-

tage, son « droit du sang ».

Mais, pour certains histo-

riques du parti, elle n’a pas la

carrure qu’avait son père, ni sa

capacité à ne pas bouger d’un

iota de sa ligne de conduite ;

certains la taxent ainsi de « re-

centrage idéologique ». A l’in-

verse, la « fille de » qualifie

Gollnish de « candidat des dis-

sidents ». Lui s’en insurge, et

réplique immédiatement, ne

voulant pas se laisser abattre

sans tirer : « Mon élection est

possible ! Petit bonhomme pas

mort ! Jean-Marie Le Pen me re-

prochait de ne pas avoir la niaque,

et bien, si je l’avais, qu’est-ce que

ça serait ! »

Les militants qui forment le

socle du parti ne veulent pas

d’un assouplissement du

Front, préférant être mis à

l’écart plutôt que de se rap-

procher d’une politique

qu’ils n’apprécient pas. Aussi

Gollnish peut s’appuyer jus-

tement sur son côté d’ancien

de la maison, comme candi-

dat logique, et non prédes-

tiné, pour être soutenu par

l’électorat historique du

Front. D’ailleurs, même Carl

Lang, ancien secrétaire géné-

ral du FN qui avait claqué la

porte du parti, a publique-

ment annoncé qu’il préférait

Gollnish, qui « ne cherche pas

à donner en permanence des

gages aux médias », à Marine

Le Pen, « candidate choisie, pro-

mue, imposée ».

En revanche, de par leur

fonction respective (Gollnish

et Le Pen sont vice-présidents

exécutifs du FN : lui, est

chargé des questions interna-

tionales et programmatiques,

elle, de la formation, de la

communication et de la pro-

pagande), Gollnish, souvent

envoyé à l’étranger, passe

beaucoup moins de temps au

sein même de l’appareil poli-

tique, au siège du FN à Nan-

terre (Hauts-de-Seine), que sa

rivale. Il se murmure même

que Marine Le Pen se serait

déjà accaparée les lieux.

« Mon père a créé le parti, il a

débroussaillé. Moi, mon objectif

c’est d’arriver au pouvoir », a-t-

elle confié au Point… ciga-

rette à la bouche, précise

l’hebdomadaire. Ne comptez

pas sur elle pour l’éteindre

dans un lieu public, elle fera

se propager la fumée pour

montrer que le feu brûle tou-

jours.

g Yann Casseville

Jean-Marie Le Pen, Marine Le Pen. Si le nom est le même, l’idéologie ne l’est pas. Plus enclin à soutenir BrunoGollnisch, le vieux leader du parti espère pourtant voir gagner sa fille. Népotisme ? Rien n’est moins sûr.

Au nom du Pair

Définition Larousse

du népotisme : abus

d'influence d'un no-

table qui distribue des em-

plois, des faveurs à ses

proches. Marine Le Pen, qui a

du vocabulaire, doit connaître

le terme. En octobre 2009, elle

est parmi les premiers à mon-

ter au créneau lorsque, sou-

tenu par son président de

père, Jean Sarkozy postule à la

présidence de l’Epad. Plus

d’un an après, la symétrie de

la conjoncture suinte le co-

mique de situation. Bien qu’en

désaccord avec certains as-

pects de la politique de sa fille,

Jean-Marie Le Pen la soutient.

L’atavisme, s’il n’est ici pas

idéologique, est familial. Papa

protège sa fille. Ses dernières

déclarations mises à part, la

candidate à la direction du FN

se singularise par un discours

assez contrôlé. Le leitmotiv de

Marine, c’est la « dédiabolisa-

tion» du nom de Le Pen. Lepé-

niste, certes, « mais pas d’ex-

trême droite », selon ses termes,

elle garde ses distances avec la

politique patriarcale. Lors des

déclarations de Jean-Marie Le

Pen en 2005 sur « l’occupation

allemande pas si inhumaine que

cela », en affranchie, Marine a

pour la première fois critiqué

publiquement son père.

Quitte à ne pas faire l’unani-

mité au sein de son parti, et

à se mettre en porte-à-faux

avec le leader de 82 ans.

Eviter les provocations, les

dérapages racistes, et les

comparaisons borderline

de son père : voilà sa ligne

de conduite. La stratégie de

Marine Le Pen a de quoi

chagriner papa. Mais liens

du sang obligent, pas ques-

tion d’imaginer la chaire de

sa chaire perdre la course à

la tête du Front National.

Népotisme ? Alain Vizier,

proche conseiller de Marine

Le Pen, refuse catégorique-

ment de répondre à cette

question. Tout comme Cathe-

rine Salagnac, directrice de ca-

binet de Bruno Gollnisch.

FilioqueLe patriarche a pourtant un fils

spirituel qui porte haut les

couleurs et la plus pure tradi-

tion du lepénisme historique

de chez Le Pen. Qui respecte

mieux l’héritage sinon Bruno

Gollnisch ? « Quand on monte

au cocotier il faut avoir la culotte

propre », écrit-il sur son blog,

citant le vieil adage antillais.

«Je ne suis pas le représentant des

vieux cons et des fascistes. Je suis

un homme moderne, mais on peut

être moderne et enraciné dans les

traditions », déclare-t-il. Et

d’ajouter : « Oui, je suis les

traces du leader du parti ».

Si la déclaration de Marine

Le Pen sur « l’occupation »

de la rue par certains mu-

sulmans avait pour but de

renouer avec les provoca-

tions paternelles, Bruno

Gollnisch va plus loin. Plus

proche que sa fille de la

dialectique de Jean-Marie

Le Pen, il réagit immédiate-

ment. « Le terme d’« occupa-

tion » n’est pas le plus

approprié. Je parlerais person-

nellement plutôt de colonisa-

tion progressive ».

«Colonisation », le mot est

lancé. Un terme cher aux sym-

pathisants du Front National.

« Au moins c’est du vrai Jean-

Marie, confirme Anne-Marie,

adhérente du FN. Ce qu’a dit

Marine, même si je suis d’accord

avec elle, ce n’est qu’un ersatz du

Front National historique com-

paré à Bruno Gollnisch. Népo-

tisme ? Oui bien sûr ! Mais

comment lui en vouloir, c’est son

père après tout ».

Lorsque Jean-Pierre Elkab-

bach, sur Europe1, entonne à

Marine que « Jean-Marie Le Pen

doit être fier de sa fille », c’est

sourire aux lèvres qu’elle ré-

pond « mais il a de quoi ! » Mar-

cel Proust, dans à l’Ombre des

jeunes filles en fleurs, écri-

vait :« Nous tenons de notre fa-

mille aussi bien les idées dont

nous vivons que la maladie dont

nous mourrons ». La reconnais-

sance paternelle apparaît au

grand jour.

g Karma DuquesneMarine espère un 2002 bis.

Nation P

resse

la grand-voile

Page 6: Gavroche 5

Dossier

«Marine Le Pen,

c’est son

père ! » Jean-

François Copé, secrétaire gé-

néral de l’UMP, dénonce

ainsi la prétendante à la tête

du Front National. Interrogée

à ce propos, Marine Le Pen

s’amuse : « Jean-François Copé,

en l'occurrence, veutrelancer le

débat sur l'identité nationale. Il

est mon meilleur allié, compte

tenu que l'UMP n'a rien à dire

sur ce sujet ». Et d’insister per-

fidement : « Je pense que Jean-

François Copé veut, en fait, la

défaite de Nicolas Sarkozy en

2012 ». En réalité Marine Le

Pen inquiète la droite. C’est

pour cette raison que le pa-

tron de l’UMP tente de rap-

procher la politique de la fille

de celle du père. Marine Le

Pen est une femme intelli-

gente et stratège qui sait

qu’aujourd’hui, la population

française est plus ouverte sur

le monde qu’il y a 30 ans, et

moins encline à céder à la xé-

nophobie. Elle adapte alors

son discours, quitte à jouer

sur deux tableaux.

Marine Jekyll. L’objectif est évidemment

2012. Pour arriver à ses fins,

il faut à Marine Le Pen ga-

gner la bataille de l’opinion.

Sa technique est simple :

s’éloigner le plus possible de

ce qui, dans la politique de

son père, a repoussé les

Français. Si la base de son

idéologie reste fidèle à la tra-

dition d’extrême droite, la

ligne change quelque peu.

Pas question de trouver « hu-

maine » l’occupation alle-

mande de la Seconde Guerre

mondiale, de glorifier le

passé colonial de la France,

ni encore d’en appeler à l’hé-

ritage pétainiste, cher à

beaucoup de sympathisants

du FN. Stratégiquement,

Marine Le Pen est en pleine

« dédiabolisation » du parti.

Elle espère incarner un FN

nouveau, sans scandale et

plus ancré dans la moder-

nité. Une façon de faire de la

politique qui lui réussit : la

vice-présidente du parti na-

vigue autour des 20% de po-

pularité dans les sondages.

Marine Hyde.Mais cette nouvelle façon de

faire de la politique ne

trouve pas écho chez les mi-

litants d’extrême droite, qui

préfèrent de loin le lepé-

nisme de papa. Pas un obsta-

cle pour Marine Le Pen, qui

prouve qu’elle est capable de

jouer sur les deux tableaux.

Allez hop un petit dérapage

–contrôlé- sur « l’occupation

des rues par les musulmans ».

Voilà les adhérents du FN

rassurés : leur parti n’a pas

perdu la pure tradition pro-

vocatrice de son vieux lea-

der. C’est cette ambivalence

de Marine Le Pen, sa capa-

cité à jouer sur deux ta-

bleaux qui, aujourd’hui,

inquiète la droite. Adoubée

par son parti et mieux portée

par l’opinion, difficile d’ima-

giner ce qui pourrait l’empê-

cher de réaliser un score à

deux chiffres au premier

tour en 2012.

Et Marine doctor…En 2007, le programme du

Front National aux

élections présidentielles

n’avait qu’un seul leitmo-

tiv : la réduction des coûts,

avec comme argument, un

calcul des gains si ce pro-

gramme était mis en place.

A l’époque, la crise écono-

mique n’avait pas

encore pointé son nez. Le

souci de l’endettement

n’était partagé qu’avec Fran-

çois Bayrou. L’argument

n’était pas de taille. Au-

jourd’hui, l’enjeu est diffé-

rent. Et le FN surfe sur la

vague de la rigueur. Bruno

Gollnisch clame haut et fort

que l’immigration est cause

d’une grande partie du défi-

cit public. Marine Le Pen est

plus modérée : pour elle

l’immigration n’est qu’une

des causes de la dette.

Nuance. Elle prône aussi le

protectionnisme contre la

mondialisation, la sortie de

l'euro contre les marchés fi-

nanciers. Pas seulement la

préférence nationale contre

l'immigration. Il suffirait à

Marine Le Pen de ressortir le

programme de 2007, ar-

guant à qui veut l’entendre

« on vous aura prévenu ».

Car Marine Le Pen le

sait : elle ne remportera pas

les présidentielles en stig-

matisant les musulmans ni

en combattant les minarets.

Ce qui a fait le succès d’une

votation en Suisse ne fait

pas une présidentielle fran-

çaise. Près d’un an et demi

avant l’échéance fatidique,

elle a déjà sorti un pro-

gramme exclusivement éco-

nomique : une sortie de

l’euro, en 12 points. La crise

grecque, les retraites, le

pouvoir d’achat mais sur-

tout pas l’insécurité –

qu’elle laisse à l’UMP -, le

programme électoral de

Marine Le Pen sera à base

d’économie. En cette pé-

riode où les ménages vivent

la crise au quotidien, l’argu-

ment à de quoi faire peur à

la droite, comme à la

gauche trotskiste. La Marine

a du vent dans les voiles.

g KarmaDuquesne

Marine Jekyll et Marine HydeMarine Le Pen avance ses pions. Dorlotant un coup l’opinion, puis les sympathisants du FN, elle tente de mettre tout lemonde d’accord. Moderne, sa stratégie repose sur une image lisse et un programme économique antilibéral. Marine LePen inquiète la droite. Analyse de sa stratégie.

Gavroche - 16 décembre 20106

Une dernière bise avant de prendre la succession.

DR

Marine Le Pen en 11 dates

5 août 1968 : naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine 92)

1986 : devient adhérente au Front National

1992-1998 : avocate au Barreau de Paris

1993 : candidate aux législatives dans la 16ème circonscription de Paris

1998 : conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais

2000 : intègre le bureau politique du FN

2003 : devient vice-présidente du FN

2004 : élue au Parlement européen

2006 : directrice stratégique de la campagne présidentielle de son père

2007 : seule candidate FN à atteindre le 2ème tour des législatives

2010 : tête de liste FN dans le Nord-Pas-de-Calais aux régionales

Marine Le Pen en citations

« Un conseiller du président digne de ce nom serait bien avisé de lui suggérer d'arrêter son numéro d'enfumage, celui

sur lequel il tourne depuis maintenant huit ans. »

En avril 2010, en réaction au discours de Nicolas Sarkozy sur la sécurité en banlieue

« L’affaire Woerth est une affaire très grave mais j’ai été la première et depuis de nombreux mois à dire qu’il m’apparaissait

comme absolument scandaleux que Monsieur Woerth soit en même temps ministre du Budget et trésorier de l’UMP ».

Eté 2010

« Tous les vendredis les musulmans sont en train de prier dans la rue, c’est un acte politique de leur part. Aujourd’hui le

porc est banni de nos cantines de l’école laïque, gratuite et républicaine et tout cela en violation totale de la loi de 1905 ».

Décembre 2010

Page 7: Gavroche 5

Politique

Bayrou hospitaliséLe président du MoDem (Mou-vement Démocrate) FrançoisBayrou a été admis lundi soir àl’hôpital du Val-de-Grâce à Paris,après avoir fait un malaise, à l’is-sue du Grand Journal de Canal+,dont il était l’invité. Interrogéepar l’AFP, la vice-présidente duparti Marielle De Sarnez a expli-qué que ce malaise était « proba-blement dû à la fatigue ». rançoisBayrou a été reconduit à la têtedu MoDem le week-end dernier.Elu avec 94% des voix, le leaderdu parti centriste était le seulcandidat à sa propre succession.

Rocard tacleRoyalDans un entretien au journalNice-Matin paru lundi, l’ancienPremier Ministre Michel Rocardconfie qu’il « n’aime pas » la can-didature de Ségolène Royal auxprimaires PS. « Je ne crois pasqu’elle soit capable de faire ce mé-tier, mais c’est son droit de ci-toyenne de se présenter », a-t-ilnuancé. En 2007 déjà, Michel Ro-card estimait dans une tribuneparue dans Libération, que lacandidate PS à la présidentielle2007 n’avait « pas les capacitésnécessaires aux responsabilitésauxquelles elle postule ».

Woerth « pasmort »Débarqué du gouvernement lorsdu remaniement, et mis en causedirectement dans l’affaire Bet-tencourt, Eric Woerth fait songrand retour dans les médias.Dans une interview accordée auParisien-Aujourd’hui en Francele 13 décembre, il aborde lesmoments difficiles de ces der-niers mois : « Les gens qui meconnaissent (...) savent qu'on a es-sayé de me tuer personnellementet professionnellement, et notam-ment le Parti socialiste. Même si jedécroche un peu aujourd'hui, je nesuis pas mort ».

Mort de RichardHolbrookeL’émissaire du président des Etats-Unis au Pakistan et en AfghanistanRichard Holbrooke, s’est éteintlundi dernier à soixante-neuf ans,des suites d’une crise cardiaque.Son plus grand fait d’armes res-tera sans conteste les accords deDayton en 1995 pour lesquels il aœuvré, et qui ont mis fin à laguerre de Bosnie. « L’Amérique aperdu l’un de ses défenseurs les plusfarouches», a réagi la Secrétaired’Etat Hillary Clinton.

Tout commence par

une rivalité entre les

deux dirigeants de

l’Audiovisuel extérieur de la

France (AEF), nommés par

Nicolas Sarkozy, Alain de

Pouzilhac et Christine Ock-

rent. Cette dernière est accu-

sée d’avoir récupéré tous les

mails et SMS confidentiels

des douze dirigeants de la

holding. Le 5 octobre, une en-

quête est menée au sein de la

société, après qu’Alain de

Pouzilhac ait trouvé dans Le

canard enchainé un article

sur le budget de sa société,

censé être confidentiel. Fina-

lement, un nom sort de cette

enquête : Thibault de Robert

de Lafregeyre. Cet informati-

cien chargé de la confidentia-

lité du système, par ailleurs

employé du groupe Lagar-

dère, aurait été engagé par

Christine Ockrent qu’il

connaissait de longue date, et

en aurait profité pour instal-

ler un système d’espionnage,

permettant de regrouper tous

les messages confidentiels

des dirigeants de la société.

Aussitôt, l’AEF porte plainte

pour « intrusion dans un sys-

tème de données informatiques

et vols de données informa-

tiques ». Autre protagoniste

de l’histoire, elle aussi proche

de Christine Ockrent : Can-

dice Marchal, qui est une

proche collaboratrice depuis

son émission sur France 3,

France Europe Express, et

qui l’a suivie sur France 24.

Une expertise montre que

son disque dur apporte les

preuves que l’employée a eu

accès au serveur des diri-

geants de l’AEF, alors qu’elle

ne doit pas pouvoir y accé-

der. Finalement, après toutes

ces preuves accablantes, la

journaliste sent qu’elle va

perdre son poste. C’est alors

que son compagnon Bernard

Kouchner entre en scène.

Lors du remaniement minis-

tériel, il a sollicité un entre-

tien avec Nicolas Sarkozy.

Lors de cet entretien, il aurait

demandé au président de

sauver le poste de sa femme,

et en échange, aurait promis

de partir sans faire de

vagues.

g Charlotte Dehouve

Ockrent acculéeSamedi 11 décembre, l’hebdomadaire Marianne accusait Christine Ockrent d’espionner tousles faits et gestes des dirigeants de la chaine France 24. La journaliste Belge, comptant sur laprotection de son compagnon Bernard Kouchner, serait prête à tout pour gagner la courseau pouvoir qui l’oppose à Alain de Pouzilhac.

Gavroche - 16 décembre 20107

Christine Ockrent,directrice déléguée de l'AEF

DR

politique.net

State.gov

Contre toute attente,

c'est le candidat

UMP Jean-Pierre

Bechter, 66 ans, qui a rem-

porté dimanche les élections

municipales de Corbeil-Es-

sonnes (91), avec 53,7% des

voix, contre 46,3% pour son

adversaire communiste

Bruno Piriou. C'est la troi-

sième fois en moins de trois

ans que les habitants sont

passés devant les urnes…

« Economie parallèle »En effet, depuis le 26 mars

dernier, la commune n'avait

plus de maire. L'homme

d'affaires Serge Dassault, à

la tête de l'Hôtel de Ville de

1995 à 2009, avait vu son

élection invalidée. Accusé

d'avoir bourré les urnes en

offrant 100 000 euros à des «

loulous » du quartier des

Tarterêts pour qu'ils fassent

voter en masse pour lui, il

avait été contraint par le

Conseil d'Etat de quitter ses

fonctions. Après quoi, son

successeur et bras droit,

Jean-Pierre Bechter, avait lui

aussi été obligé d'abandon-

ner son poste,

son élection

ayant été invali-

dée par le Tri-

b u n a l

adminis t ra t i f

de Versailles à

cause de « l'uti-

lisation abusive du nom de

Serge Dassault, inéligible,

sur tous les documents élec-

toraux » et des « pressions

faites sur les électeurs cor-

beil-essonnois par le biais

de promesses d'emplois ou

de sauvegarde des entre-

prises corbeil-essonnoises,

Helio et Altis ».

Alors que Bechter, aux côtés

de Dassault, avait annoncé

sa réélection avant même

l'annonce officielle des ré-

sultats, Piriou, dépité, dé-

clarait : « Il y a une économie

parallèle dans cette ville. Il y a

une fusion qui ressemble à des

arrangements entre copains,

voire peut-être par intérêt pour

certains mar-

chés ». Il faut

dire que le troi-

sième candidat

« sans étiquette

» Jean-François

Bayle, autrefois

adjoint de Das-

sault, n'obtenant que 7,5%

des voix au premier tour,

avait appelé à voter pour la

liste de Bechter.

Serge Dassault, patron du

Figaro et ami du Président,

présent sur la liste qui a

remporté le suffrage, conser-

vera un rôle important à la

Mairie. « Ne vous inquiétez

pas pour ça », avait-il sourit

aux journalistes, dimanche

soir.

g Eleonore Quesnel

Main basse sur CorbeilLe maire UMP sortant Jean-Pierre Bechter, dont l’élection avait été invalidée en mars, a étéréélu dimanche à Corbeil-Essonnes avec 53,7% des voix. Serge Dassault, ancien maire de lacommune qui avait lui aussi été contraint de quitter ses fonctions, gardera une place pré-pondérante à la Mairie.

Jean-Pierre Bechter et Serge Dassault, les maîtres de la ville.

Bechter avait

annoncé sa

réélection avant

même l’annonce

officielle des

résultats

DR

Page 8: Gavroche 5

Gavroche - 16 décembre 20108

Politique

Austérité dans

La rigueur fait monter la tension. Plusieurs syndicats ont participé à la manifestation du 15 décembre organisé partouten Europe par la Confédération Européenne des Syndicats (CES). En cause, la politique gouvernementale actuelle, maisaussi les plans d’austérité instaurés par certains gouvernements européens qui sont, pour eux, contre-productifs.

Les pères noël étaient

au rendez-vous mais

pas forcément pour

garnir le pied du sapin du

gouvernement. Devant la bi-

bliothèque nationale de

France à Paris, les manifes-

tants sont venus nombreux

protester contre les poli-

tiques d’austérité que le

gouvernement entreprend

depuis quelques mois. Sur

fond de « J’accuse », chanson

contestataire de Damien

Saez, les syndicats dressent

les mots d’ordre sur leur

banderole : « Non à l’austérité

! », « Geler les salaires et sup-

primer des emplois, économiser

sur le social n’ont jamais per-

mis de créer de nouvelles ri-

chesses ! ». Ce n’est pas

Françoise Lareur, secrétaire

générale de la CFDT Ile-de-

France, qui va contredire

cette idée : « La solution n’est

pas de réduire les dépenses de

l’Etat mais bien d’investir pour

redonner un souffle à l’écono-

mie française. L’Europe doit

créer un socle économique et

social en évitant le repli sur soi

». A l’initiative de la Confé-

dération européenne des

syndicats (CES), la CGT,

CFDT, FSU, Solidaires et

UNSA ont décidé d’organi-

ser des manifestations dans

toute la France pour éviter

des plans d’austérité sem-

blables à ceux de l’Irlande,

de la Grèce, du Portugal ou

encore de l’Espagne. « La

France n’est pas au même seuil

que ces pays en ce qui concerne

la crise, rassure Françoise La-

reur. C’est grâce aux dispositifs

sociaux dont les citoyens fran-

çais disposent. C’est pour cela

qu’il faut les préserver en stop-

pant les plans d’austérité ».

L’idée n’est pas nouvelle

puisque lors de la journée

européenne d’action le 29

septembre dernier, plusieurs

centaines de milliers de sala-

riés s’étaient mobilisés dans

toute l’Europe et plus de

100000 manifestants ont dé-

filé à Bruxelles.

Deux rendez-vous àne pas manquerLa cure d’austérité pour les

finances publiques consis-

tera à économiser 2 à 2,5

milliards d'euros en 2011 et

à geler les dépenses pendant

trois ans. Sans plus de dé-

tails, il est difficile de chif-

frer précisément les

économies qui seront réali-

sées. Le gouvernement

devra toutefois suivre ses

engagements vis-à-vis de

Bruxelles, c’est-à-dire de ra-

mener le déficit public sous

la barre des 3% en 2013,

contre plus de 8% cette

année. Elles ne devraient ce-

pendant pas dépasser 20

milliards d'euros. Pour les

syndicats, le principal enjeu

de ces prochains mois sera

de convaincre les politiques

que, pour réaliser ces objec-

tifs et obtenir une meilleure

croissance, cela nécessitera

la création d’emplois, le dé-

veloppement des entre-

prises et l’investissement

dans l’innovation. Pour cela,

deux rendez-vous impor-

tants : le premier en 2012 où

les candidats devront les

écouter et ce, même pour la

gauche. « Elle recule juste

après avoir fait un bon en

avant. On a davantage d’at-

tentes envers les socialistes

mais on ne se fait pas d’illu-

sion », réplique la secrétaire

générale. Deuxième date clé,

un grand débat public met-

tra de nouveau la réforme

des retraites sur le grill. La

loi pourra alors être trans-

formée pour pouvoir être

validée définitivement. Ob-

jectif des syndicats, remettre

l’âge légal de départ à la re-

traite à 60 ans. « Les Français

ne lâcheront rien, affirme Lau-

rent, syndicalisé à la CGT et

employé dans la fonction pu-

blique. La crise est un prétexte

pour faire payer la facture aux

salariés ». Depuis deux ans,

64% des Français n’ont pas

eu d’augmentation. En

moyenne, l’ensemble des sa-

laires a gonflé de 2,6%. « En

plus de cela, il y a des suppres-

sions de postes impression-

nantes alors que l’équipement

militaire sera le seul budget qui

augmentera en 2011. Il faut

que le gouvernement arrête de

nous imposer ses lois ». De

plus, comme d’autres le

soufflent dans les rangs de

la manifestation, Laurent

met en cause la responsabi-

lité des institutions finan-

cières. « Un choix de société

est à faire, harangue-t-il, les ca-

deaux au marché financier,

c’est fini ». La manifestation

elle, s’est terminée devant le

ministère du budget à Bercy.

g Audrey Loussouarn

Les syndicats se sont rassemblés pour protester contre les plans d'austérité.

Les contestataires ne lâchent rien

Les plans d’austérité touchent l’ensemble des pouvoirs publics. Entre les ministères de lacoûts, oublient la création de postes et suppriment des emplois pour contrer la crise.

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Un choix de société est à

faire, harangue-t-il, les cadeaux

au marché financier,c’est fini

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Page 9: Gavroche 5

9Gavroche - 16 décembre 2010

Politique

Ils étaient des centaines d’artistes, intermittents, directeurs de festivals et de compagnies à manifester, le 13 décembre,à Paris pour protester contre la baisse du budget alloué à la culture. Habitués, pour certains, à une vie relativementprécaire, leur revendications restent encore les mêmes. Un ras-le-bol qui ne date pourtant pas d’hier.

Sombre culture

«Quand j’en-

tends le mot

culture, je

sors mon carnet de chèques

», faisait dire Jean-Luc Go-

dard dans Le Mépris en 1963.

Cette phrase reste malheu-

reusement toujours d’actua-

lité. Alors que le prix d’une

place de cinéma ou d’une en-

trée dans un musée à Paris se

situe autour de 10 euros, le

budget alloué par le Minis-

tère de la Culture à l’ensem-

ble des activités regroupées

sous ce terme reste très faible.

La culture est en passe de de-

venir un article de luxe ré-

servé à une élite.

Lundi 13 décembre, une ma-

nifestation est organisée à

Paris, Place du Palais Royal, à

l’appel de la Fédération CGT

du Spectacle et du SYN-

DEAC (Syndicat national des

entreprises artistiques et cul-

turelles). Cette manifestation

a pour but d’empêcher les fu-

tures mesures gouvernemen-

tales pouvant freiner les

créations dans les domaines

du théâtre, de la danse, de la

musique, des arts du cirque

ainsi que ceux de la rue. En

particulier, le budget 2011

consacré à la création. Les

manifestants souhaitent,

entre autres, l’arrêt de la

RGPP (Révision générale des

politiques publiques) qui

prévoit le non-remplacement

d’un fonctionnaire sur deux

partants à la retraite, le dégel

de la réserve budgétaire à

hauteur de 5% et la prise en

compte de leurs propositions

de réformes.

Au-delà des arts, ce sont les

artistes qui cherchent à défen-

dre leurs intérêts. La précarité

va souvent de pair avec le sta-

tut d’artiste. Aurélia, jeune co-

médienne de 24 ans vivant à

Paris, s’inquiète déjà pour son

avenir même si sa passion

pour le théâtre l’emporte en-

core : « J’ai fait des études au

Conservatoire du XIVème et j’ai

un Master en Arts du Specta-

cles. Par deux fois, ma troupe

et moi avons joué au Festival

d’Avignon mais personne ne

nous a aidés pour payer la lo-

cation de la salle. Nous avons

cousu nous-mêmes les cos-

tumes, aidés de nos parents.

Mon oncle, imprimeur nous a

gracieusement offert tous les

tracts servant à faire de la pu-

blicité pour notre pièce. Par

chance, elle a bien fonctionné

et notre remboursement s’est

fait grâce à la vente des en-

trées. ». La culture mérite

pourtant mieux que l’image

d’un rafistolage permanent.

Lente immersion La déchéance de la culture en

France ne date pourtant pas

d’hier. A la même période, en

décembre dernier, le Centre

Pompidou ouvrait à nouveau

ses portes après 24 jours de

grève. Le personnel du musée

refusait la suppression des

postes et les réductions bud-

gétaires et souhaitait revendi-

quer une place plus

importante pour la culture en

France. Risquée, cette grève a

fait perdre environ 300 000

euros par semaine au centre

culturel. Le Musée d’Orsay

ainsi que le Château de Ver-

sailles avaient également fait

grève. Les syndicats prévoient

la suppression de plus de

1000 postes sur la période

2009-2011, pour un total de 23

000 employés au sein du mi-

nistère de la Culture.

A la suite de la manifestation

de lundi, la Direction Géné-

rale de la Création Artistique

a adressé une lettre aux re-

présentants CGT Spectacles

et SYNDEAC pour les infor-

mer qu’un rendez-vous avec

le Ministre de la Culture et de

la Communication, pour

quatre membres des déléga-

tions, est prévu le 20 décem-

bre à 18 heures. Peut-être les

artistes trouveront-ils dans

leur chaussette, le soir de

Noël, un « chèque culture ».

g Virginie Le Borgne

DR

Culture et de l’éducation en passant par celui de la santé, les institutions réduisent leurs Reportage avec les manifestants et mise en lumière sur une culture en perdition.

le service public

Artistes et professionnels du spectacle sont dans la rue

Page 10: Gavroche 5

Société

«Il n’y a pas de pa-

gaille, il n’y a que

des complications »,

assurait Brice Hortefeux, mi-

nistre de l’Intérieur en fin

d’après-midi, mercredi 8 dé-

cembre. Et quelles complica-

tions ! Des dizaines de

milliers d’automobilistes blo-

qués toute une nuit dans leur

voiture ou dans des centres

de secours, près de 180 km de

bouchons recensés en Ile-de-

France, et à peu près la même

chose en région d’après le

CNIR (Centre national d’in-

formation routière). C’est

sans compter les bus coincés

au dépôt et les trains au ra-

lenti. Pourtant la veille, aux

environs de 16h, Météo

France avait émis un bulletin

d’alerte sur l’Ile-de-France et

les départements limi-

trophes. Hélas, en sous esti-

mant de cinq centimètre la

couche blanche.

Cinq centimètres brandis par

le premier ministre, François

Fillon, pour nier toute défail-

lance des services de l’Etat

et rejeter la faute sur le per-

sonnel de l’institut météoro-

logique. Quand l’Ecosse subit

le même genre de « pagaille »

à cause de la neige, le minis-

tre des transports, Stewart

Stevenson, démissionne

prenant toute la responsabi-

lité d’un tel désordre. Une

question reste entière :

si Météo France n’avaient pas

minimisé les intempéries, la

«pagaille » aurait-elle pu être

évitée ?

La région parisienne dispose

de quatre-vingts sableuses-

déneigeuses pour les 765 km

de routes nationales et voies

rapides soit une pour 10 km

parcourus à 20 km/h en

moyenne. Mais, le sable ré-

pandu ne fait pas réellement

fondre la neige, « chacun de

ses grains polarisent la chaleur

et ont tendance à dissoudre un

tout petit peu la neige ou la

glace autour d’elle », a expli-

qué Jean-Rémy Macchia,

journaliste automobile sur

France Info. Plus efficace, le

sel trouve aussi des limites,

cette fois-ci écologiques. En

effet, il pollue les nappes

phréatiques, imbibe la végé-

tation qui à son tour, peut in-

toxiquer les animaux

herbivores. Le sel est pour-

tant une solution efficace et

très répandue pour faire fon-

dre la neige sur les routes

préalablement raclées par le

passage des chasse-neige.

Mais il existe un autre obsta-

cle majeur à la bonne circu-

lation en cas d’intempéries

neigeuses. « Le vrai problème,

c’est qu’en France, encore plus

en région parisienne, les gens

ne savent pas conduire quand il

y a de la neige », confie Geof-

frey, un des nombreux nau-

fragés de la route qui a dû

abandonner sa voiture sur la

nationale 10 dans la nuit de

mercredi à jeudi dernier.

Mais comment conduire une

voiture chaussée de pneus-

été sur une patinoire ? Si

la France patine, glisse et

dérape, ne faut-il pas se

préoccuper d’abord de lui

redonner de l’adhérence

avant d’accuser DDE,

maires, préfectures ou

gouvernement ?

Ailleurs en Europe ?

Dans d’autres pays comme

la Finlande où l’on roule sur

neige pendant près de cinq

mois dans l’année les auto-

mobilistes se sont tout sim-

plement adaptés. Les

autorités finlandaises impo-

sent des pneus-hiver (des

pneus à la gomme ne durcis-

sant pas par grand froid et

entaillés de façon à adhérer

sur la neige et la glace) du

1er décembre au 1er mars,

également pour les véhi-

cules étrangers. De même en

Allemagne, la loi oblige les

automobilistes à disposer

d’un équipement adapté en

cas de conditions hivernales,

c'est-à-dire lorsqu'il neige

mais aussi lorsqu'il risque

de neiger. Cet équipement

comprend les pneus-hiver,

un niveau de liquide lave-

glace antigel suffisant et une

huile moteur adaptée aux

basses températures. La

Suisse, la Belgique, le Dane-

mark ou les Pays-Bas se

cantonnent à conseiller l’uti-

lisation d’équipements d’hi-

ver en cas de prévisions de

chutes de neige, des conseils

largement suivis.

La loi française est quant à

elle très floue. L’équipement

doit correspondre aux

conditions routières : rouler

avec des pneus été en condi-

tions hivernales peut enga-

ger votre responsabilité

civile en cas d'accident et en-

traîner des poursuites. Mais

ce risque juridique reste très

théorique et les coupables

de dérapages sont souvent

de bonne foi : dès la mi-no-

vembre, il était quasiment

impossible de trouver un

pneu hiver dans le com-

merce et même sur internet.

« Tant que la loi française

n’imposera pas cet équipement,

aucun fabricant ne prendra le

risque de produire assez de

pneu pour le marché français.

Le risque d’un hiver doux est

trop grand et avec, celui de se

retrouver avec un stock impos-

sible à écouler », commente

Fabrice Grosjean, marchand

de pneus.

Le ministre de l’Intérieur,

Brice Hortefeux a annoncé

la mise en place d’une

« mission d’expertise » en de-

mandant à l'Inspection gé-

nérale de l'Administration

(IGA) une « analyse de l'épi-

sode neigeux ». Dans sa lettre

de mission au chef de l'IGA,

Michel Sappin, le ministre

écrit que « même s'il

n'a pas eu les mêmes consé-

quences que les événements des

4 et 5 janvier 2003, l'épisode

neigeux exceptionnel du 8 dé-

cembre 2010 a entraîné de

réelles difficultés ». L'IGA a

trois mois pour rendre son

rapport et « devra livrer des

premiers éléments d'analyse

pour la mi-janvier, notamment

sur d'éventuelles mesures à

prendre d'urgence ».

En attendant, Météo France

a publié une nouvelle alerte

de chute de neige pour la fin

de cette semaine. Des me-

sures de prévention ont déjà

été prises pour éviter un

bis repetita du cafouillage

du 8 décembre.

g Emmanuelle Ringot

Petits flocons, grands faut qu’onRoutes bloquées, forces de l’ordre débordées, centres de secours improvisés. Le 8 décembre dernier, une tempête de neiges’est abattue sur l’Ile-de-France semant la pagaille - pardon des complications. Pourquoi n’arrivons-nous pas à faire face à15cm de poudreuse alors que bien des payes s’accomodent d’un demi mètre de neige quatre mois pas an ?

Gavroche - 16 décembre 201010

L'Ile-de-France compte seulement 80 sableuses-déneigeuses.

DR

« Il n’y a pasde pagaille,

il n’y a que descomplications »

Certains automobilistes ont été bloqués sur les grands axes.

fon

d-e

cran

-im

age

Page 11: Gavroche 5

Société

La nounou voiléecondamnéeUne employée de la crècheBaby-Loup à Chanteloup-Les-Vignes (Yvelines), qui comparais-sait pour port du voile dansl’exercice de son travail, a étédéboutée par le tribunal desprud’hommes de Mantes-La-Jolie, qui valide ainsi son licencie-ment pour faute grave. FatimaAfif a été renvoyée en 2008 pourinsubordination, refusant de reti-rer son voile durant les heuresde travail. Pour Me RichardMalka, un des avocats de lacrèche, cette décision constitue« une victoire pour les laïcs ».

La SNCF poursuivie360 salariés ou retraités maro-cains de la SNCF, privés du statutde cheminot du fait de leur na-tionalité, ont attaqué l'entreprisepublique pour discrimination, etverront leur dossier examiné parles prud'hommes de Paris. Re-crutés dans les années 1970 auMaroc, ces travailleurs ne bénéfi-ciaient que d’un contrat de droitprivé. Ils ont donc été privés decertains avantages de ce statut,qui leur aurait octroyé des avan-tages en matière de protectionsociale et de retraite.

Augmentation duprix des assurancesD’après l’édition du 14 décembredes Echos, les tarifs des assurancesaugmenteront en 2011. La haussela plus forte concerne l'assurance-habitation multirisque qui devraitcroitre de 3,5 à 7 %. Les assureursjustifient cette décision par la mul-tiplication des évènements clima-tiques exceptionnels comme latempête Xynthia de février 2010ou les inondations du Var en juindernier. Les professionnels du sec-teur pensent que ces nouveaux ta-rifs seront bien acceptés par lesassurés, estimant avoir fait assezde pédagogie sur ce sujet.

Electricité : menace de coupuresConséquence directe du froid quitouche le territoire français depuisquelques jours, les Français augmen-tent le niveau de leur chauffage, etdonc leur consommation d’électri-cité. Celle-ci a battu son record histo-rique le 14 décembre en début desoirée. Dans ces conditions, les ré-gions françaises les moins bien appro-visionnées s’exposent à descoupures. Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont les premiersconcernés.

Pour beaucoup d’étu-

diants, les vacances de

Noël sont synonyme

de repas en famille et de ca-

deaux au pied du sapin. Mais

que se passe-t-il quand cer-

tains n’ont pas la possibilité

de rentrer chez eux ? La plu-

part se heurtent à la fermeture

des cités et restaurants univer-

sitaires, connus pour leur

service à bas prix. Valérie

Pécresse, la ministre de l’Ensei-

gnement supérieur et de la

Recherche a décidé de remé-

dier à ce problème. Elle

s’est entretenue, lundi 13 dé-

cembre, avec les directeurs

de Centres régionaux des

œuvres universitaires et sco-

laires (Crous), afin de les mo-

biliser sur les actions de

solidarité destinées aux étu-

diants en grande difficulté. La

première réforme s’applique

dès le mois de décembre : les

restos U et les chambres uni-

versitaires resteront ouverts

pendant les vacances de Noël

afin d’aider les étudiants en

difficulté. La ministre l’a

confirmé quelques heures plus

tard lors de la matinale sur

RTL : « Les étudiants qui ne peu-

vent pas rentrer chez eux pour les

fêtes de fin d’année auront des

repas et de l’hébergement garantis

au lieu de trouver des résidences

universitaires fermées et des restos

U fermés ». Ces restaurants uni-

versitaires sont gérés par les

Crous et permettent un repas

complet à 2,60€ pour les étu-

diants. Une décision qui fait

l’unanimité auprès de la popu-

lation estudiantine : « Il était

temps que ces mesures soient

mises en place, assure Olivier,

étudiant à la faculté de Cergy-

Pontoise, je connais moi-même

des amis qui ont été obligé de quit-

ter leurs résidences car celles-ci

étaient fermées alors qu’ils

n’avaient pas de quoi rentrer chez

eux. Après les nombreuses mani-

festations qu’elle a causé l’an der-

nier à cause de ses réformes,

Valérie Pécresse se rattrape ».

«C’est important que des étu-

diants dans le besoin puissent

continuer à manger à bas prix,

surtout pendant Noël », continue

Lise, étudiante dans la même

université.

Pour l’année 2011, la ministre

a par ailleurs demandé

l’ouverture des restos U pour

toutes vacances universitaires

confondues. Pour les jeunes

les plus en difficulté, les Crous

ont également la possibilité de

distribuer, des aides alimen-

taires. Selon le ministère,

28 900 étudiants ont déjà béné-

ficié de cette aide d’urgence

pour un montant de huit mil-

lions d’euros en 2008, et ils

étaient plus de 38 000 pour

14,9 millions d’euros en 2009.

Cette année, 37 500 étudiants

devraient être concernés.

Des logements accessibles à tousLa ministre a également de-

mandé aux directeurs des

Crous de mettre en place rapi-

dement des hébergements

d’urgence. Pour les étudiants

en grande difficulté ayant

quitté le foyer familial ou dont

les parents sont au chômage,

Valérie Pécresse espère géné-

raliser ce dispositif dans toutes

les académies. « J’aimerais

qu’un volant de chambres univer-

sitaires soient réservées à des

jeunes qui brutalement se retrou-

vent à la rue », a-t-elle indiqué

sur RTL. Seul six Crous sur

vingt-huit (Paris, Lille, Mont-

pellier, Nice, Reims et Tou-

louse) ont pour l’heure adopté

cette réforme. Ainsi

le Crous de Toulouse compte

déjà 400 chambres pour huit

euros la nuit. Celui de Nice

a passé un accord avec

le groupe Pierre et Vacances

pour loger des étudiants

tout au long de l'année et

Montpellier a de son côté

lancé un dispositif supplé-

mentaire spécifique aux

congés de fin d'année.

A l’instar des restos U, la mi-

nistre souhaite systématiser

leur mise en place au-delà des

vacances de Noël, notamment

grâce aux 175 assistantes so-

ciales du réseau Crous appe-

lées à disposer des logements

temporaires voire définitifs.

« Le rôle du Crous, c’est avant

tout d’être un guichet social de

proximité et de mutualisation qui

offre des moyens et des services

dans le cadre d'un partenariat in-

telligent avec les universités »,

déclare Denis Lambert, direc-

teur du Crous de Lyon. Mais à

l’heure où les associations ca-

ritatives déclarent aider de

plus en plus d’étudiants, reste

à savoir si la promesse sera

tenue pour les vacances sui-

vantes. « Il faut que les étudiants

les plus démunis soient assurés

au quotidien d’avoir accès à un

logement même après la période

de Noël », soutient Philippe,

professeur de mathématiques

à la faculté de Cergy.

Dans cette optique, la ministre

de l’enseignement supérieur

a signé lundi le premier

contrat qui fixe aux Crous

quatre axes d'action pour

2010-2013:mieux prévoir les

besoins des étudiants, amélio-

rer la performance du réseau

Crous, renforcer les liens avec

les établissements d'enseigne-

ment supérieur et renforcer

leur professionnalisme. Enfin

les Crous devront mieux in-

former les étudiants sur les

soutiens financiers ponctuels

et les aides alimentaires

(tickets resto U) dont ils peu-

vent bénéficier car nombre

d’entre eux ignorent encore les

aides possibles.

g Alexandra Bresson

Les restos U jouent la prolongation

Face au nombre croissant d’étudiants souffrant de précarité, la ministre de l’Enseignementsupérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse, a décidé de laisser ouvert les restaurants uni-versitaires pendant les vacances de Noël. Certains étudiants pourront également être ac-cueillis dans les résidences universitaires et bénéficier de repas gratuits.

Gavroche - 16 décembre 201011

Théoriquement un arrêté préfectoral impose un jour de fermeture hebdomadaire.

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Page 12: Gavroche 5

International

Sans la mobilisation in-

ternationale, Sakineh

serait peut-être déjà

morte. Jugée à plusieurs re-

prises, elle a d’abord été

condamnée à 99 coups de

fouet pour adultère. Elle a

avoué face caméra son meur-

tre, mais après avoir subi de

fortes pressions physiques et

morales. Finalement, deux

tribunaux l’ont condamnée à

dix ans de prison pour meur-

tre, et à mort par lapidation

pour son adultère. La date de

l’exécution peut être immi-

nente, mais la forte mobilisa-

tion en Occident dérange le

gouvernement iranien qui

cherche à mettre l’opinion in-

ternationale de son côté en

mettant en scène son « sup-

posé » crime.

Un documentaireen trompe-l’œil ?Sakineh raconte comment

elle a rencontré un homme

qui est devenu son amant :

Isa Taheri. Dans cette re-

constitution vidéo du meur-

tre, elle explique comment

elle s’y serait prise. D’abord,

elle aurait administré un sé-

datif à son mari. Puis, elle

aurait appelé son amant,

afin qu’il vienne le tuer en

l’électrocutant. Des photos

du cadavre, prises sur les

lieux du crime, coupent ré-

gulièrement la reconstitu-

tion en forme de

propagande. On peut voir

des traces de brûlures, dues

à l’électrocution, autour du

gros orteil du mari, et par-

tout sur son visage. Le docu-

mentaire soulève plusieurs

interrogations, mettant en

doute l’identité de la femme

censée être Sakineh.

Bernard-Henri Levi, gagné à

la cause de l’Iranienne, doute

de « l’identité de la personne

qui est présentée comme Saki-

neh ». Cette dernière ne parle

qu’en Azéri. Or sur la vidéo,

elle s’exprime parfaitement

en Persan. Deuxième détail,

il semblerait qu’un grain de

beauté soit apparu comme

par magie sur son visage,

alors qu’on n’en voit aucun

sur les photos d’elle qui ont

fait le tour du monde. Ce ne

serait donc pas elle dans le

documentaire, mais une ac-

trice. Cette mise en scène, vi-

vement critiquée sur la scène

internationale, n’a en tout cas

pas découragé les soutiens

de la jeune femme.

g Charlotte Dehouve

Sakineh, outil de propagande ?L’Iran a diffusé vendredi 10 décembre, sur la chaine iranienne Press-TV, la reconstitution filmée du supposé assassinatpar Sakineh Mohammadi Ashtiani de son mari. Ce documentaire en anglais vise, selon la chaîne, à montrer cette histoiresous un nouvel angle. Mais le doute est important sur son authenticité.

Gavroche - 16 décembre 201012

Sakineh, condmanée à la lapidation.

DR

Les dissidents de WikiLeaksDeux anciens collaborateurs de WikiLeaks lancent leur propre site de « fuites » dissident : OpenLeaks. Le but est lemême – dévoiler des informations secrètes -, mais la méthode diffère. Ils se veulent plus transparents et moins média-tiques que l’organisation de Julian Assange, qu’ils critiquent ouvertement.

L’ennemi public nu-

méro 1 du moment,

le fondateur de Wi-

kiLeaks, Julian Assange, est

critiqué jusqu’au sein de son

propre camp. Deux anciens

membres de l’organisation

de hackers-journalistes,

Daniel Domscheit-Berg et

Herbert Snorrason, ont dé-

cidé de lancer un concurrent

au site spécialisé dans la di-

vulgation d’informations :

OpenLeaks. S’il partage les

mêmes valeurs que son

grand frère, qui distille au

compte-goutte les quelques

250 000 câbles diploma-

tiques en sa possession, à

savoir la lutte pour la li-

berté d’expression et la pro-

tection des sources, il ne

fonctionnera pas exacte-

ment de la même manière.

« Intermédiaire »La différence majeure avec

WikiLeaks, c’est qu’Open-

Leaks ne publiera pas direc-

tement de documents sur

son site, mais les transmet-

tra aux journaux et ONG

partenaires. Le site ne sera

qu’un « intermédiaire » entre

les sources et les médias.

Mais pourquoi avoir lancé

un nouveau site de « fuites

» ? L’Allemand, Domscheit-

Berg, ancien porte-parole

de l’organisation, et Snorra-

son, étudiant en histoire de

25 ans, étaient excédés par

la personnalité autoritariste

du charismatique et mysté-

rieux Julian Assange. « Si

vous prônez la transparence,

vous devez l’être également

dans votre fonctionnement. Ce

n’était pas le cas de Wiki-

Leaks », a attaqué Daniel

Domscheit-Berg au site

Owni. Par ailleurs, les

membres d’OpenLeaks

comptent se faire bien plus

discrets qu’Assange, qu’ils

considèrent comme une

vraie diva des médias.

Initialement prévu pour être

fonctionnel lundi, open-

leaks.org affiche toujours

crânement sur sa page d’ac-

cueil « coming soon » (ouver-

ture prochaine) à l’heure où

nous bouclons. « Nous ou-

vrons officiellement la plate-

forme, mais celle-ci ne sert pour

l’instant qu’à présenter notre

projet. Nous mènerons un pre-

mier galop d’essai début 2011,

avec des petites rédactions,

pour tester l’outil sans pres-

sion, avant de se tourner vers

de plus gros médias. Mais nous

croulons déjà sous les demandes

», a révélé le dissident.

g Eleonore Quesnel

Daniel Domschiet-Berg, dissident de Wikileaks.

Andygee1

Page 13: Gavroche 5

Economie

Inflation stableen novembreLes chiffres de l’inflation ontété communiqués par l’Inseemardi 14 décembre, mettant en lumière une relative stagnationdes prix. Ils ont augmenté de0,1% au mois de novembre, soitexactement la même variationqu’en octobre. Sur un an, lahausse s’établit à 1,6%. L’indicedes prix reste également relativement stable (+ 1,5% sur les douze derniers mois).Enfin, de manière saisonnièreavant Noël, les prix des jeux etjouets décroissent (-3,1%, -2,2% sur un an).

Nouvelle boxpour FreeFree franchit un nouveau pasdans la course à l’innovationavec cette « Freebox Revolu-tion». La box intègre un lecteurBlu-ray, un processeur plus puis-sant, un navigateur web, undisque dur de 250 Go et mêmede petits haut-parleurs. Le lance-ment de ce nouveau boîtierconstitue un enjeu d’ampleurpour le fournisseur d'accès à in-ternet. Free, qui fera ses débutsdans la téléphonie mobile en2012, doit d'ici là relancer sesventes, après avoir subi un coupde frein début 2010.

Le gouvernementclément avec lesentreprisesLes entreprises qui n’ont pas ré-percuté la revalorisation du smicdans leur grille salariale ne se-ront pas sanctionnées en 2011.Le gouvernement a décidé de re-porter cette sanction à une dateultérieure, compte tenu de la di-minution du nombre de sociétésréfractaires. Le ministère du tra-vail relève une « amélioration dela situation » justifiant un « re-port » de la mise en œuvre de lasanction, qui prend la formed'une diminution des réductionsde charges pour les entreprises.

Le Sénat encou-rage la rigueurDans son rapport sur le projet deloi de finances rectificatives pour2011, le rapporteur général dubudget au Sénat Philippe Marinimet en garde le gouvernementcontre le creusement de la dettepublique. « Les perspectives àmoyen terme sont préoccu-pantes», souligne-t-il, mettant enavant « le risque que la France seretrouve parmi les mauvais élèvesde la zone euro ». Il encouragel’Etat à s’en tenir au plan de ri-gueur défini pour 2011.

Premier revers après

l’application de la loi,

des petits malins font

ralentir le processus de dé-

tection et noient le flux d’IPs

en injectant des dizaines de

milliers de fausses adresses

pendant le téléchargement.

Il devient alors pratique-

ment impossible de détermi-

ner laquelle d’entre elles est

bien celle de la personne

commettant l’infraction. Et

ce n’est pas tout, même re-

pérée, il faut qu’un agent as-

sermenté des sociétés de

gestion rédige un procès-

verbal pour chacune des

adresses IPs « réelles » com-

mettant l’infraction. En effet,

l’agent devra faire le tri

entre les IPs « innocentes »

susceptible d’être repérées à

tort par le logiciel de traque

et celles des personnes ayant

réellement téléchargées illé-

galement. Une fois l’adresse

IP fautive transmise à l’HA-

DOPI, l’autorité se chargera

de l’envoi des différents

mails d’avertissements.

Selon une information de La

Tribune, sur le plafond de

50 000 IPs « flashées » par

jour, seules 2 000 sont trai-

tées effectivement par l’ins-

tance. On est loin des 10 000

saisies prévues par le gou-

vernement cet été. Même

avec un tel objectif, ces

quelques milliers de mails

sont une goutte d’eau dans

l’océan des millions d’inter-

nautes français susceptibles

de « pirater » chaque jour.

Pour preuve du peu d’inté-

rêt porté à ces mails,

Mireille Imbert-Quaretta,

Présidente de la Commis-

sion de protection des droits

(CPD) d’HADOPI déclarait

à nos confrères de Nume-

rama qu’elle « ne recevait que

peu de retours de la part des

premiers avertis ». Et ce n’est

pas tout, le travail pour HA-

DOPI sera considérablement

compliqué puisque de nom-

breux pirates vont migrer

des protocoles de téléchar-

gement classiques comme

les Torrents, eMule, pour

des plateformes qui assu-

rent l’anonymat comme le

téléchargement direct, le

streaming ou les news-

groups. Etant donné qu’au-

cun téléchargement n’est

effectué lors de ces proto-

coles, la loi HADOPI ne pré-

voit aucune mesure contre

ces nouveaux pirates.

Aucun effet sur le marchéPlus décevant encore, les ex-

perts croyaient en l’effet béné-

fique de la loi sur le marché

des œuvres, mais ils sont dé-

mentis par les chiffres. Au

troisième trimestre 2010, le

chiffre d’affaires du marché a

baissé de 13,7%, selon l’Ob-

servatoire de la musique ! Et

aucun effet non plus sur la

croissance du marché du nu-

mérique. L’Observatoire note

que « la part de marché de la

musique numérique sur le mar-

ché de la musique enregistrée

s’établie à 13,1% en valeur ». Le

chiffre d’affaires du numé-

rique ne progresse que de

21,4% au troisième trimestre

2010 contre 29% au premier

trimestre de la même année.

Selon une enquête de l’UFC-

Que-Choisir, la vente d’al-

bums et de titres au format

numérique stagne à +14,2%

sur la période 2009/2010,

alors que la croissance était a

+46% en 2008/2009. Alors

pourquoi mettre en œuvre

des dispositifs répressifs sur

les téléchargements illégaux

s’ils n’ont aucun effet le mar-

ché légal ? Comble de l’ironie

quand on sait que les ayant

droits dépensent des fortunes

pour payer les sociétés char-

gées de la collecte d’IPs. Le

syndicat des éditeurs de jeux

vidéos évalue a 400 000 euros,

le coût de la collecte de 25 000

IPs par jour ; et ce, pour 100

titres seulement. On imagine

que la facture pour la

SACEM sera bien plus

grande encore puisqu’elle

prévoit de surveiller 10 000 ti-

tres et de collecter 50 000 IPs

par jour. Nicolas

Sarkozy a lancé

un pavé dans la

marre cette se-

maine en affir-

mant qu’il voulait

baisser la TVA sur

les biens téléchar-

geables légale-

ment. Une

nouvelle idée

pour relancer le

secteur ? Sûre-

ment. Mais avant

tout changement

de fiscalité, la

Commission européenne, le

Parlement européen, et le

Conseil de L’Union euro-

péenne représentant les 27

états membres devront don-

ner leur accord... On a le

temps de voir venir.

g Alexandre Ben Hadid

HADOPI :

une loi en tocVoilà un an qu’HADOPI, la loi relative à la protection pénale de la propriété littéraire et ar-tistique sur internet est entrée en vigueur. Est-elle opérationnelle pour autant ? Entre piratesplus malins que l’HADOPI et coûts exorbitants, la mesure est vite devenue obsolète. Retoursur une des lois les plus chahutée de 2010.

Gavroche - 16 décembre 201013

Le téléchargement pose toujours problème.

DR

DR

HADOPI compte bien avaler les Pirates.

DR

Page 14: Gavroche 5

Economie

«J'avais annoncé que je

quitterai mon poste de

Veolia avant la fin

de l'année, c'est chose faite », a dé-

claré Henri Proglio, encore

patron d’EDF, avant de trans-

mettre dimanche en fin de

soirée, par communiqué, sa dé-

mission lors d’un conseil ex-

ceptionnel du groupe de

services.

A la tête de Veolia depuis

1991, diplômé d’HEC, qui a

gravi les échelons de la

Compagnie générale des eaux

devenue Veolia Environnement,

il sera remplacé par Antoine

Frérot, directeur général du

groupe. « Je vais me consacrer en-

tièrement à EDF. Mais c'est avec

émotion que je quitte Veolia où j'ai

fait toute ma carrière», a-t-il assuré

samedi dans le Point. Sondépart

était annoncé depuis mars à la

suite de la polémique née de son

cumul de fonctions.

Nouvelle organisationSi Henri Proglio a laissé, en

novembre 2009, les rênes de

Veolia à un fidèle, Antoine

Frérot, au moment où il

prenait ses nouvelles fonc-

tions de PDG d'EDF, il a

quand même insisté pour

conserver la présidence non

exclusive de la multinatio-

nale des eaux. Mais ce cumul

de fonctions (et de rémunéra-

tions) avait suscité une

polémique telle que l’affaire

avait poussée Nicolas

Sarkozy à intervenir en jan-

vier dernier pour assurer que

cette situation ne durerait

que « quelques mois ».

Aujourd’hui, c’est donc An-

toine Frérot qui occupera

les fonctions de « président

du conseil d'administration

et directeur général de la

société ».

Il a déjà annoncé le pro-

gramme qu’il souhaite déve-

lopper pour la compagnie des

eaux : « Nous voulons être sélectif

et impliqué sur le terrain. Il faut

pour cela des ressources finan-

cières. Elles seront puisées aux

mêmes sources qu'auparavant ».

Ce nouveau plan stratégique

a étévalidé, il y a quinze jours

par le conseil, et prévoit une

dette entre 15 et 16 milliards

d'euros. Il souhaite aussi

un partenariat avec EDF, qui

devrait assurer une montée

en puissance des deux

groupes, plus facile avec

la distance pris par Henri Pro-

glio vis-à-vis de Veolia.

Le nouveau patron a toute-

fois conscience qu'un tel

rapprochement doit asseoir sa

légitimité sur des projets com-

muns : « Il faut construire des

partenariats industriels avant de

modifier les liens financiers».

Dans la voiture électrique,

par exemple. EDF pourrait

gérer la recharge rapide des

batteries tandis que Veolia

s'occuperait de leur recyclage

et de la gestion des véhicules

mis à disposition par les col-

lectivités. De son côté Henri

Proglio dînera dimanche

soir avec les administrateurs

du numéro un mondial des

services à l'environnement.

Avant de les retrouver, lors

d'un autre conseil, le 16 dé-

cembre prochain, en tant que

simple administrateur.

g Emilie Rivenq

Proglio s’envole de VeoliaHenri Proglio a présenté sa démission dimanche soir lors d’un conseil d’administration de son poste de président di-recteur général de Veolia Environnement. Le désormais simple administrateur du leader mondial des services à l’envi-ronnement ne cumule plus les fonctions avec son poste de directeur général d’EDF.

Gavroche - 16 décembre 201014

Henri Proglio en 2009 à la tête de Véolia.

DR

Juste après la condamna-

tion de Bernard Madoff

à 150 ans de prison, Ir-

ving Picard, l’administra-

teur judiciaire du banquier,

a été chargé de récolter les

fonds susceptibles de servir

à l’indemnisation des vic-

times. Mais pour l’instant,

seuls deux milliards ont pu

être récoltés, principale-

ment lors des ventes aux

enchères des

biens du ban-

quier (dont

une Rolex et

des pantoufles

dorées à l’or

fin). On est

loin de la

somme totale

de la fraude

toujours éva-

luée à plus

de 65 milliards

de dollars.

La société

Irving Picard

est déterminée

à faire éclater

le scandale des

possibles commissions re-

çues en marge des faux in-

vestissements lancés par

Madoff. Afin de donner un

coup de pied dans la four-

milière avant la prescription

de deux ans, la société a

multiplié ces derniers jours

les assignations à l’encon-

tre des banques complices

de l’escroquerie, mais aussi

de particuliers fortunés.

Dans ces 163 pages de

plaintes ont peut y voir des

banques européennes, ja-

ponaises et même fran-

çaises, dont Natixis qui se

voit réclamer plus de 400

millions de dollars.

Sonja Kohn l’« âmesœur criminelle » La plus spectaculaire de ces

plaintes est dirigée contre la

banque autrichienne Medici

Bank détenue par Sonja

Cohn. En usant des mêmes

ficelles que Bernard Madoff,

elle promettait à ses clients

d’être la seule capable de

réaliser des profits farami-

neux avec leur argent. Dans

la plainte on peut lire que

« depuis 20 ans, Kohn a ex-

ploité sa relation privilégiée

avec Madoff pour drainer plus

de 9,1 milliards de dollars »

destinés à la fraude. Pour

preuve de cette affinité, Ir-

ving Picard affirme que Ma-

doff lui versait plus de 6,5

millions de dollars par an.

Celle qu’on appelle aussi

« l’Autrichienne de Wall

Street » se voit réclamer au-

jourd'hui par Irving Picard,

la somme de 20 milliards de

dollars de dommages et in-

térêts, soit près d’un tiers

des 65 milliards de dollars.

On comprend dès lors pour-

quoi la banquière vit cachée

depuis l’éclatement de l’af-

faire.

g Alexandre Benhadid

Madoff : place aux indemnisationsLe 11 décembre 2008, Bernard Madoff avouait à toute sa famille qu’il était coupable de la plus grosse arnaque de l’histoire.Deux ans plus tard, jour pour jour, son fils Mark se suicide dans son appartement de Manhattan. Depuis ses révélations,les victimes attendent toujours d’être indemnisées.

La banque Medici Bank au coeur de l'affaire Madoff.

AP

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Gavroche - 16 décembre 201015

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Gavroche - 16 décembre 201016

Economie

Le tournant

Jean-Pierre Ploué aime les

défis. Lorsqu'il prend la

tête du style de Citroën,

en 1999, il n'a que 37 ans. Et

sa feuille de route est ambi-

tieuse : il doit dépoussiérer

l'image d'une marque fati-

guée qui produit à cette

époque des Xantia ou des

Saxo plébiscitées par les re-

traités. Sacrée mission !

Dix ans plus tard, la mission

est accomplie. La marque aux

chevrons a retrouvé un vrai

style avec la C3, la C3 Pi-

casso, la C4, puis, les C5 II,

DS3 et DS4. Les Citroën ne se

bradent plus, les modèles

s'inscrivant plus dans le haut

de gamme et les ventes sont

reparties à la hausse : + 34 %

depuis son arrivée (1,3 mil-

lion de voitures en 2009).

Il faut dire que, malgré son

jeune âge, ce Bourguignon

est arrivé chez Citroën avec

un CV déjà impressionnant.

Major de sa promotion à

l'Ecole nationale supérieure

des arts appliqués et des mé-

tiers d'art, il a débuté chez

Renault en 1985, où il a tra-

vaillé sur la première La-

guna, sur la Clio II, sur le

monospace Scénic ainsi que

sur la Twingo. Il a ensuite re-

joint Volkswagen, puis Ford.

« J'ai eu de la chance, raconte-

t-il. Je suis tombé dans une

période très créatrice chez

Renault, puis j'ai appris l'im-

portance de la qualité de

conception chez VW et de la

compréhension des goûts du

client chez Ford ».

OrganisateurCe féru d'architecture et de

gastronomie commence, chez

Citroën, par renouveler les

équipes. « J'étais encore un

gamin dans le monde féroce

du design, rien de plus lo-

gique que de m'entourer de

collaborateurs de ma généra-

tion ». Il remet aussi l'organi-

sation à plat afin de replacer

la qualité au centre des préoc-

cupations. « Le design est sur-

tout une affaire d'organisation

managériale. Il faut adapter

au mieux l'environnement au-

tour de la création».

Nouveau cycleSa référence ? « Audi, qui

allie agressivité et harmonie

des lignes comme aucune

autre marque ». La dernière

C5 a d'ailleurs su prendre

des parts de marché aux

marques allemandes dans

l'Hexagone, avec une so-

briété et une prestance

toutes germaniques.

Depuis 2009, ce père de qua-

tre enfants a accepté un nou-

veau défi. Nommé à la tête de

l'ADN, le centre de style de

PSA Peugeot-Citroën de Vé-

lizy (Yvelines), il doit redon-

ner du souffle à Peugeot tout

en veillant à ce que les deux

marques du groupe gardent

une identité distincte. Pour

l'épauler, il s'est entouré de

deux vieilles connaissances.

Gilles Vidal, qui travaillait

avec lui chez Citroën, a pris

la direction du style de la

marque au lion. Thierry Me-

troz, un ami d'enfance avec

qui il a œuvré chez Renault,

a pris les rênes du design de

Citroën. « Un nouveau cycle

commence », explique-t-il au-

jourd'hui, à 48 ans.

Adaptation« Les Peugeot BB1 ou SR1

marquent un changement

de cap chez Peugeot où le

style Welter tournait en

rond. L’identité reste la

même : Environnementale,

dynamique, allégée. Chez

Citroën, le concept car Sur-

volt et la nouvelle gamme

DS continuent à alimenter

la légende : Sculpturales,

fluides et surprenants. Pen-

dant longtemps les Français

n’ont pas compris que l’exo-

tisme automobile, c’est l’au-

tomobile française. Les

Allemands ont su imposer

un code mondial : tricorps,

style robuste et valorisant.

Notre opposé. Il nous faut

adapter nos modèles à

l’étranger sans pour autant

perdre notre identité. D’au-

tant plus que les marques,

notamment chinoises, inves-

tissent dans le design, avec

le concours des carrossiers

italiens. De plus, le défi élec-

trique offre de nouveaux

champs d’action. A nous de

garder notre identité, de res-

ter unique, sans pour autant

être trop décalé ».

Plus de 22 000 repas ont été servis en 2009 par les Restos du Coeur.

Avec la fin annoncée de la prime à la casse et la banalisation du bonus environnemental,majeures du stylisme automobile, courtisées par les plus grands constructeurs mondiaux

La fin des incitations à

l’achat dans l’indus-

trie automobile

- prime à la casse, bonus

environnemental - va redes-

siner les stratégies des in-

dustriels. La crise, qui a très

lourdement touché le sec-

teur en 2009, a bouleversé

tous les schémas écono-

miques qui affectaient

jusqu’à présent l’image et

les marges bénéficiaires du

segment haut de gamme et

les volumes du bas de

gamme. Mais avec la baisse

généralisée du marché euro-

péen, les constructeurs en-

core sous perfusion, vont

devoir rivaliser pour faire

du profit avec leurs petits

modèles. Souvent banalisés,

pour ne pas dire dessinés au

rabais, ceux-ci vont devoir

se démarquer pour échap-

per à la course aux rabais et

aux promotions qui grigno-

tent les profits. Le design,

l’un des premiers leviers

dans le choix des consom-

mateurs, va plus que jamais

être la priorité pour conqué-

rir des parts de marché. Car

entre un coup de crayon de

génie et un autre moins ins-

piré, le surcoût est dérisoire.

La Fiat 500, dérivée de la

Fiat Panda (mais vendue

20% plus cher), est désor-

mais un cas d’école.

Jean-Pierre Ploué

Le dynamiteur de Citroën

La Peugeot SR1 préfigure ce que vont être les futurs modèles de la marque sochalienne.

DR

Page 17: Gavroche 5

17Gavroche - 16 décembre 2010

Economie

Après Hiroshima,

Laurens Van den

Acker a découvert

les charmes de la proche ban-

lieue parisienne. Il a en effet

officié pendant quatre ans

chez le japonais Mazda,

avant de poser ses crayons il

y a un an au Technocentre

Renault de Guyancourt, où il

est désormais directeur du

style. Mais, en bon globe-trot-

ter - il a travaillé dans sept

pays et parle quatre langues -

ce Néerlandais de 45 ans

semble s'être très vite habitué

à sa nouvelle vie.

Il a aussi parfaitement saisi les

enjeux de sa fonction. « Il faut

redonner à Renault de l'émo-

tion, de la sensualité, du désir,

décrit-il dans un français par-

fait. Mais il faut aussi mainte-

nir une identité claire et

distincte de celles des autres

marques du groupe, Nissan,

Dacia et Samsung ». En seule-

ment un an, il a conçu un pre-

mier concept car au nom évo-

cateur, DeZir, et aux lignes

prometteuses qui se retrou-

vent dans celles de la future

citadine Zoé. Certes, il s’agit

d’une voiture de sport. Mais

certains éléments donnent des

indications sur la nouvelle si-

gnature visuelle, comme « le

logo plus imposant ou encore

des lignes plus marquées et

instinctives».

De l’émotionCe penchant pour les lignes

radicales, le dynamisme, c'est

chez Mazda qu'il l'a le mieux

exprimé. Après être passé par

différents bureaux de style

indépendants, chez Ford en

Californie ou chez Audi, il se

distingue en sortant plu-

sieurs concept cars salués par

la critique : Kabura, Senku,

Kazamai. C'est surtout lui

qui a inventé le style Nagare,

« c'est-à-dire la fluidité, le

flux, l'émotion en mouve-

ment », qui caractérise les

Mazda récentes.

Son expérience internationale

et sa faculté d'adaptation ont

séduit Carlos Ghosn, le patron

du groupe Renault, et Patrick

Pélata, le directeur général. Le

profil du poste l'imposait. De-

puis Guyancourt, le patron du

style chapeaute en effet désor-

mais des antennes à Mumbai

(Inde), à Sao Paulo (Brésil),

mais aussi en Corée du Sud et

en Roumanie.

Besoin dechangementLes dirigeants de Renault

voulaient également marquer

une rupture forte après les

vingt-deux ans de règne de Pa-

trick Le Quément, précédant

directeur du style maison.

Ce dernier a à son crédit

quelques-uns des plus beaux

succès de la marque au lo-

sange, comme la Twingo ou

l'Espace 3. Mais aussi quelques

échecs retentissants avec la Vel

Satis, l'Avantime ou les deux

dernières générations de La-

guna. Après de trop nom-

breuses années sans lancement

marquant, il y avait urgence

du côté des ventes. Entre 2000

et 2009, Renault a vu ses parts

de marché en Europe passer

de 10,6% à 9,1%. « Le design

avait perdu sa désirabilité »,

diagnostique sans détour

Steve Norman, directeur mar-

keting monde du groupe et

ancien patron de Volkswagen.

L'homme, qui doit redonner

envie au consommateur

d'acheter une Renault, a un

style qui tranche parmi les in-

génieurs du Technocentre. Il

porte quasi invariablement un

costume sombre, une chemise

claire et des baskets de cou-

leur. Dans le parc automobile

de Guyancourt, il préfère choi-

sir la Twingo RS plutôt qu'une

Vel Satis consensuelle.

Attendus avec impatience en

2011 et 2012 : la sortie des

prochaines Clio et Laguna,

ses premiers modèles de série

sortir des parkings.

Walter De'Silva est

une sorte d'alchi-

miste du design,

capable de transformer en or

les voitures qu'il dessine. Au-

jourd'hui, le responsable du

style des treize marques du

Groupe Volkswagen (VW,

Audi, Seat, Skoda, Lambor-

ghini, Bugatti, Bentley, etc.),

troisième constructeur mon-

dial et premier européen, est

l'un des designers les plus in-

fluents du secteur. A 59 ans, il

a aussi le plus beau CV de la

profession.

En 1972, à 21 ans, Walter

entre en stage au centre de

design de Fiat. Il fait ses

classes à Turin, notamment

pour Alfa Romeo. A la fin des

années 90, il dessine les deux

modèles qui sauvent le

constructeur milanais de la

faillite, la 156 et la 147.

Avec de tels succès, Walter

De'Silva est rapidement très

sollicité. En 1998, Robert Peu-

geot le convainc de rejoindre

Citroën. Mais le tout-puis-

sant patron de Volkswagen

de l'époque, Ferdinand Piëch,

parvient in extremis à le faire

changer d'avis. Le designer

lombard commence par faire

sortir de l'anonymat la

marque espagnole du groupe

allemand, Seat. A Barcelone,

il signe ainsi l’Ibiza, la Cor-

doba et la Leon. En 2002,

alors qu'il travaille toujours

chez Seat, il ose faire une pro-

position pour la nouvelle ber-

line A6 d'Audi. Martin

Winterkorn, alors patron de

la marque aux anneaux,

tombe sous le charme et le

recrute. Au siège d'Audi, à

Ingolstadt, son arrivée est

déterminante. Il y définit un

nouveau concept esthétique,

baptisé Nuvolari, qui in-

fluence encore le design des

dernières Audi. On lui doit

aussi la sportive R8, le tout-

terrain Q7 et le superbe

coupé A5 – « ma plus belle

création ».

Lorsque Martin Winterkorn

est promu à la direction du

Groupe Volkswagen, en 2007,

il emmène avec lui Walter

De'Silva. A Wolfsbourg, au

siège de VW, l'Italien a dé-

couvert « une marque de tra-

dition tournée vers la qualité

et vers un design simple ».

Mais ce classicisme ne lui fait

pas peur. « Plus on a de li-

mites, plus on est créatif », a-

t-il coutume de répéter. A la

tête d'une unité qui compte

près de 800 personnes dans le

monde, il se voit comme le

leader d'un jazz-band.

« Chaque musicien joue

comme il veut, mais finale-

ment il y a une seule chan-

son, une seule direction »,

raconte ce grand timide qui a

toujours préféré un croquis à

un long discours.

le style va redevenir le grand arbitre des achats automobiles. Portraits de trois figurespour penser les voitures de la prochaine décennie. Par Benoît Magistrini

Walter De'Silva

Le Midas du design

LaurensVan den Acker

Rendre désirable Renault

Walter De’Silva a pris en charge le design de la sixième génération deVolkswagen Golf.

La DeZir n’est qu’un prototype, mais sa signature visuelle devrait se retrouver dans les prochaines Renault.

DR

DR

du design

Page 18: Gavroche 5

Sport

Jean-Pierre Pernaut n’est

pas que le présentateur

du 13h de TF1. Fabien

Barthez n’est pas que le

« divin chauve », gardien de

l’équipe de France cham-

pionne du monde 98. Ils sont

aussi pilotes automobiles :

Jean-Pierre Pernaut, en Elite

au volant d’une BMW (Team

Sainteloc Racing) et Fabien

Barthez en catégorie « élec-

trique » avec une Skoda

(Team Skoda). A l’instar de

Christophe Dechavanne, il y

a quelques années, avant de

faire « tourner la roue », ou il

y a deux ans Elodie Gossuin,

miss France 2001, les person-

nalités font bonne grâce de

leur présence au Trophée An-

dros. On peut ajouter l’ancien

coureur cycliste Richard Vi-

renque, le chanteur David

Hallyday, l’ancien joueur de

tennis Henri Leconte ou l’hu-

moriste, Jean-Marie Bigard.

Cependant, depuis la fin de

sa carrière de footballeur en

2007, l’ancien gardien de but

de l’OM, a déjà tâté du vo-

lant. Consultant football pour

TF1, Barthez participe égale-

ment au magazine dominical

Auto Moto, lui permettant de

partager sa passion des voi-

tures avec les téléspectateurs.

Fou d’automobile, Jean-

Pierre Pernaut a contaminé

son fils Olivier, dès son plus

jeune âge, qui participe éga-

lement à ce championnat

spécifiquement français,

comme papa.

Au Trophée Andros, les stars

ne sont pas que des person-

nalités du monde des mé-

dias. Jean-Philippe Dayraut,

une nouvelle fois victorieux

ce weekend, est la star ac-

tuelle de la discipline, en

ayant remporté les deux der-

niers championnats Elite en

2009 et 2010. Que ce soit avec

Opel, Kia ou BMW, Yvan

Muller a longtemps tué le

suspense dans cette compéti-

tion par une domination hé-

gémonique (entre 1996 et

2006), seulement brisé par

Marcel Tarres en 2003. Cette

course par étapes sur glace,

créée par Max Mamers, an-

cien pilote de rallycross, et

Frédéric Gervoson, président

de la société Andros, re-

groupe des anciennes gloires

de la Formule 1. Alain Prost,

quadruple champion du

monde de F1, n’est jamais

venu en touriste, avec deux

championnats Elite gagnés

(2007 et 2008), amenant lui

aussi sa progéniture : Nicolas

Prost. La discipline populari-

sée, d’autres grands noms ont

rejoint la compétition. Olivier

Panis, vainqueur du Grand

Prix de Monaco en F1 avec

l’écurie française Ligier est

encore là cette saison. Le

Québécois, champion du

monde de F1 en 1997, Jacques

Villeneuve, participe au

championnat, comme un

autre petit nouveau, le

Franco-Suisse, Romain Gros-

jean, après une première ex-

périence difficile avec l’écurie

Renault en F1. Un change-

ment radical pour ces pilotes

habitués au goudron et une

adhérence qui interdit les

glissades.

g Wilfried Corvo

VIPilotes sur glaceEntre neige et bitume, Andorre recevait la deuxième étape du Trophée Andros, les 10 et 11 décembre, une semaine avantl’Alpe d’Huez. Depuis 1990, des pilotes, spécialistes de la neige ou pas, ainsi que des « peoples » se retrouvent pour s’af-fronter à coup de glissades bien mieux maîtrisées que l’automobiliste lambda.

Gavroche - 16 décembre 201018

Jean-Pierre Pernaut et son fils Olivier pilotent une BMW Série 1 pour la saison 2011 du Trophée Andros.

DR

Lotus s’émancipe en F1Le 8 décembre, Lotus Renault GP est né. La marque française a conclu un accord qui court jusqu’à la fin de saison 2017avec Genii Capital et Group Lotus, à qui elle a cédé en partie son ancienne écurie, mais continuera à motoriser troismarques. Néanmoins, Lotus reste dans l’expectative face à l’imbroglio autour de la licence.

Dans les années 60-70, la

marque britannique Lotus

trustait les podiums sous

l’impulsion de Jim Clark

(champion du monde en

1963 et 1965, 25 victoires) ou

Mario Andretti (champion

du monde en 1978). En 2011,

Lotus est ambitieux et

compte bien accrocher un

huitième titre constructeur à

son palmarès. La marque

noire et or revient en For-

mule 1 en s’associant à Re-

nault, qui motorisera la bête.

Le sigle au losange a égale-

ment revendu des parts au

fonds de placement Genii Ca-

pital. Pourtant en 2010, Lotus

apparaissait déjà dans les

paddocks sous les couleurs

de Lotus F1 Racing. Le

constructeur malais Proton,

qui détient 80% de Lotus

Cars mais n’a aucun lien avec

la Team Lotus, recevait le

soutien de Clive Chapman, le

fils du fondateur de la

marque. Le patron de l’écu-

rie, Tony Fernandes, prenait

alors les rênes mais était très

contesté. Résultats médio-

cres, émoluments finan-

ciers… Proton lâchait

l’homme et revendiquait à

son tour la filiation avec la

Team Lotus. L’écurie perdait

sa licence et était rebaptisée

1Malaysian Racing Team

pour 2011 afin de ne pas créer

la confusion et ne pourra, a

priori, plus afficher les cou-

leurs historiques de la

marque anglaise. Pourtant, la

FIA inscrivait l’écurie dissi-

dente sous le nom de Team

Lotus, après la demande de

Tony Fernandes. Résultat :

Proton et Group Lotus ont

porté l’affaire devant les tri-

bunaux afin d’être les seuls

détenteurs du nom Lotus.

Renault continuera à motori-

ser l’écurie de Fernandes,

ainsi que l’équipe cham-

pionne du monde Red-Bull.

Concernant les pilotes, le Po-

lonais Robert Kubica devrait

vraisemblablement continuer

l’aventure. Le Russe Vitaly

Petrov, surtout présent pour

les sponsors qu’il apportait à

Renault, est pour l’heure

dans l’attente de la décision

des dirigeants de l’écurie.

g Benoît Magistrini

La future Lotus Renault GP arbore fièrement les couleurs de la marque anglaise.

Lotus-Renault

Page 19: Gavroche 5

Sport

Nasri meilleurfrançaisDans son édition du 14 décem-bre, France Football a dévoiléson podium des meilleursjoueurs français de l’année. Etc’est Samir Nasri, milieu offensifd’Arsenal, qui trône au sommet.Il a devancé Florent Malouda(Chelsea) et Hugo Lloris (Olym-pique Lyonnais). L’ancien joueurde l’Olympique de Marseille sevoit récompensé de son trèsbon début de saison avec le clubanglais, et l’Equipe de France ausein de laquelle il s’impose lente-ment mais sûrement comme ti-tulaire indiscutable.

Massa moqué parson patronPeu charitable Luca Di Monte-zemolo. Le président de Ferraris’en est pris ironiquement à sonpilote Felipe Massa, auteurd’une saison décevante en F1.« Il est arrivé pendant la saisonque Felipe en avait tellementassez qu’il envoyait son frère pilo-ter à sa place », a raillé le boss,pour souligner les mauvaisesperformances du Brésilien. Seu-lement sixième au classementfinal du championnat du Mondedes pilotes, Massa est souscontrat avec Ferrari jusqu’en2012. Ca va être long.

Nadal et Wozniacki plebiscitésL’ITF (Fédération Internationalede Tennis) a rendu son verdict, etannoncé le 14 décembre, le pal-marès des joueurs de l’année2010. Sans surprise, Rafael Nadal aété couronné chez les hommes,parachevant une superbe saisonterminée au rang de numéro 1mondial, avec trois des quatretournois du Grand Chelem rem-portés. Chez les femmes c’est lajeune danoise Caroline Wozniacki,20 ans seulement et déjà pre-mière mondiale, qui obtient cettedistinction pour la première fois.

L’art du paradoxe« Confiant » malgré la défaite. L’en-traîneur du Quinze de France,Marc Lièvremont, semble déjà avoir digéré la sévère correction infligée auxBleus par l’Australie le 27 novembre dernier. « Je me suis ra-rement senti aussi confiant et déter-miné que depuis ce match contrel'Australie, aussi paradoxal que celapuisse paraître, a reconnu le sélec-tionneur. Je suis persuadé qu'on neprendra plus de branlée et qu'onsera compétitifs pour le Tournoi et laCoupe du monde ».

Et si Patrice Evra avait

raison ? Après ses

sorties fracassantes de

la semaine d’avant-match à

propos d’Arsenal, l’arrière

gauche de Manchester

United se savait attendu au

tournant. Heureusement

pour lui, les Gunners

d’Arsène Wenger n’ont rien

fait pour lui donner tort lors

de la rencontre opposant

deux des cadors du cham-

pionnat anglais. Les Londo-

niens se sont inclinés à Old

Trafford 1-0 au terme d’une

rencontre bien terne maîtri-

sée de bout en bout par

les hommes de Sir Alex Fer-

guson. Impuissants, les

Londoniens n’ont pu que

constater. De quoi donner

plus de crédit aux critiques.

Beau mais tendre« Arsenal, un grand club

comme ça, ça fait cinq ans

qu'ils n’ont rien gagné, pour

moi, c'est la crise, c'est

n'importe quoi. Les gens se

font endormir sur le jeu

d'Arsenal. Mais à l'arrivée, il y

a quoi ? (…) Je regarde le

match, je prends du plaisir, mais

est-ce que je vais gagner un titre

après ? » Près d’un an et demi

après avoir qualifié les

Gunners « d’enfants »,

Patrice Evra persiste et signe,

quitte à se faire descendre

une fois de plus dans la

presse. Rien pour arranger

sa situation post-Mondial…

Mais à y regarder de plus

près, le Red Devil tape là où

ça fait mal. Depuis cinq ans

et son arrivée en Angleterre,

Arsenal n’a rien gagné.

L’équipe produit du beau

jeu, certes, mais semble bien

trop tendre physiquement

pour rivaliser avec les plus

grands. En cause, la politique

de son manager Arsène

Wenger qui mise principale-

ment sur les jeunes joueurs

pour bâtir son équipe. Ce

qui explique certainement

le manque de caractère

des Gunners à l’approche

des grands rendez-vous. De-

puis deux ans maintenant,

l’équipe ne s’est jamais

imposée face à un des

membres du Big Four (qui

regroupe les quatre

formations les plus impor-

tantes du Royaume, à savoir

Arsenal, Chelsea, Manches-

ter United et Liverpool).

Stade au passifA retourner le problème

dans l’autre sens, on pourrait

dire qu’Arsenal se qualifie

tous les ans pour la Ligue

des Champions et arrive

toujours à passer le premier

tour de la compétition

malgré une équipe inexpéri-

mentée. Si Arsène Wenger

mise sur les jeunes, c’est

avant tout par soucis

d’économie. Le nouveau stade

des Gunners inauguré en 2006,

l’Emirates Stadium, a coûté

cher au club qui ne dispose

plus alors de moyens consé-

quents pour s’acheter des

joueurs confirmés. Bien que ne

gagnant plus de titres, le ma-

nager français réussit donc

la prouesse de maintenir son

équipe en haut de l’affiche

tout en dégageant des béné-

fices. Une autre vision du foot-

ball moderne, bien loin des

Chelsea ou Manchester City

constamment endettés et ren-

floués par leurs riches pro-

priétaires.

g Valentin

Marcinkowski

Arsenal toujours souscouveuse

L’opposition entre Manchester United et Arsenal de lundi 13 décembre a une nouvelle foisdémontré l’incapacité des Gunners à répondre présents lors des grands rendez-vous. Le manque d’expérience est encore une fois pointé du doigt, corroborant ainsi les propos dulatéral gauche Mancunien Patrice Evra.

Gavroche - 16 décembre 201019

Les Gunners n’ont rien pu faire face à la puissance mancunienne.

MaxPPP

DR

DRy

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Page 20: Gavroche 5

Gavroche - 16 décembre 201018

Cinéma

A voir également le16 décembreBurlesque :De Steven Antin avec Cher etChristina Aguilera.

Souvent, il arrive qu’une chan-teuse à l’affiche d’un film suffiseà donner l’alerte (JenniferLopez dans… tous ses films).Mais là, il n’y a plus aucundoute à avoir : une comédiemusicale romantico-dramatiqueavec deux poids lourds de re-nommée internationale : Cheret Christina Aiguilera, c’est vrai-ment trop pour nous. Le film,qui se passe dans un cabaretnew burlesque, n’aura proba-blement rien à voir avec Tour-née de Mathieu Amalric.

L’Histoire sans fin : De Wolfgang Peterson, avecBarret Oliver et NoahHathaway.

Le film-fleuve de 1984 ressortsur les écrans. Bastien, petitgarçon féru de lecture, plongedans un univers fantastiquebourré de personnages atta-chants (Falkor le dragon à têtede chien, Moorlah la tortue sa-vante…), où il va vivre d’in-croyables aventures. Un mondefantasmagorique qui n’a rien àenvie à celui, rutilant d’effetsspéciaux, de Narnia. Avec unbudget de 60 millions deDeutsh Mark, c’était à sa sortiele film allemand le plus cher.

Mon beau-père et nous de Paul Weitz avec Robertde Niro, Ben Stiller et OwenWilson.

Les compères Wilson/Stiller re-prennent du service avec ce troi-sième volet de « Mon beau-pèreet… ». Cette fois-ci, Greg Fur-nicker, (Ben Stiller en gendregaffeur), a pris dix ans et est af-fublé de ses deux enfants. A peuprès accepté par sa belle-famille,il doit toutefois passer un testpour devenir chef de clan, suc-cédant à Jack… La franchise deWeitz promet un troisième épi-sode à l’image des deux autres,populaire et hilarant.

Banksy bankable ?Le graffeur anglais Banksy, dont le visage et la véritable identité restent inconnus, sort son pre-mier film « Faites le mur ! ». Avec ce documentaire, Banksy voulait que ce film pousse « les ga-mins du monde entier à prendre une bombe de peinture et à tenter leur chance ».

Les rats sont sortis des

égouts. L’animal sym-

bole de l’artiste

Banksy a sorti son museau

du monde underground

pour voir s’il y avait matière

à ronger du côté du cinéma.

Bilan : « Faites le mur ! » film

réalisé par le revendicateur

de la scène graffiti et pochoi-

riste ayant pour sujet… Mr

Brainwash, « MBW ». Banksy

aurait pu concevoir un docu-

mentaire uniquement sur

l’aventure d’un street artiste

marginal contre tout et tous

devenant célèbre, en l’occur-

rence son aventure, mais

c’eut été le comble du narcis-

sisme. A la place, le Bristolien

a pris pour sujet Thierry

Guetta, Français résidant à

Los Angeles qui a passé des

années à filmer les streets ar-

tist. C’est l’arroseur arrosé.

Mr Brainwash a longtemps

vécu dans l’ombre des ar-

tistes qu’il filmait. Si Banksy

est présenté dans « Faites le

mur ! » comme le créateur de

ses œuvres, « MBW », lui,

présente un art reposant

principalement sur la numé-

risation et le « photoshop-

ping ». Il reconnaît volontier

ne pas être le plus doué de sa

génération en terme artis-

tique mais considère que cha-

cun peut être artiste, que ce

n’est qu’une question de vo-

lonté (et d’argent non ?). Ré-

cemment, dans le magazine

Technikart, il exposait sa vi-

sion de l’art : « Mais qui dit

qu’il n’y a pas un « meaning »

derrière chaque type qui fait caca

? Moi, ce que je crois, c’est que

si tu vois quelqu’un ou un objet

de façon artistique, alors ton

seul regard le transforme en

art».

Il est surprenant, au premier

abord, de voir qu’un artiste

qui met un point d’honneur à

cacher son identité fasse un

film dans lequel il se met en

scène. Garder l’anonymat,

vivre dans la clandestinité est

pourtant le propre du graf-

feur qui, à la nuit tombée,

s’en va promptement poser

sa trace sur les murs en ten-

tant d’éviter de se faire voir

par les autorités. Banksy au-

rait-il besoin d’argent ? Pas

vraiment à en croire la célé-

brité de ses œuvres qui sont

désormais exposées et même

vendues aux enchères. L’ar-

tiste cherche avant tout à

s’amuser et à faire du monde

une extension de chez lui en

y apposant son art. Dernière

création en date, le générique

des Simpson à la sauce

Banksy. On y voit des asia-

tiques travailler à la chaîne

dans une usine qui fabrique

des jouets à l’effigie des

Simpson, une licorne dont la

corne sert à trouer le centre

d’un DVD. Le « street » ar-

tiste souhaite avant tout ne

pas figer son art, laisser le

temps en garder le contrôle.

Il sait pertinemment que ses

graffs sont nettoyés par les

employés municipaux le soir

même.

Si le film n’était, à l’origine,

pas pris au sérieux, l’accueil

qu’on lui réserva après sa pré-

sentation aux festivals de Ber-

lin ou Deauville fut assez

positif. Heureusement pour

lui, l’« underground » peut

parfois plaire au grand public.

g Virigine Le Borgne

Si Banksy est sous la lumière desprojecteurs actuellement, il estloin d’être le seul artiste, qui plusest avant-gardiste, à réaliser unfilm ou à en être l’objet. Le 13 oc-tobre dernier, « Jean-Michel Bas-quiat : The Radiant Child » sortaitsur les écrans. La réalisatriceTamra Davis présente dans cedocumentaire l’enfant prodige del’art contemporain et l’abondancede sa création artistique. Le pein-tre d’origine haïtienne et portori-caine est considéré comme lepionnier de la mouvance appelée« underground ». Ses graffitis etpeintures sont reconnaissables

par leur style mêlant couleurs vives, collages, personnages squelet-tiques, le tout dans un état d’esprit empreint de violence et d’intensité.En 1996, Julian Schnabel avait déjà réalisé un film sur Basquiat basésur la vie de l’artiste.

En janvier 2011, c’est au tour duphotographe français JR de réali-ser un film : « Women Are He-roes ». Le photographe s’estrendu célèbre en exposant entaille gigantesque ses photos defemme du tiers monde sur les fa-çades des immeubles, sur leswagons de trains, dans les fave-las. Son dernier projet, « Lesrides de la ville », se situe àShangaï. L’artiste colle des por-traits géants de personnes âgéesqui, selon lui, représentent la mé-moire de la ville. Fabrice Bous-teau, directeur de la rédaction de

Beaux-arts magazine a présenté JR comme « celui que l’on nommedéjà le Cartier-Bresson du XXIème siècle ».

Banksy, pur enfant de la pop culture

Johnata

n S

ousa

Page 21: Gavroche 5

Gavroche - 16 décembre 201021

Musique

Nouveauté n’est pas

gage d’originalité.

A 41 ans, Sean

Combs change radicalement

de style avec Last train to

Paris, son cinquième album,

réalisé avec le groupe fémi-

nin Dirty Money qu’il a

crée. Celui qui lançait les

tendances dans le hip-hop

d’hier se contente au-

jourd’hui de les suivre. A

l’instar de Kanye West il y a

deux ans avec 808’s Heart-

breaker, « Puffy » fait dans

l’électro. Ce nouveau Diddy

reflète parfaitement l’état

du rap US actuel, moins mu-

sical et plus artificiel.

Alors que Jay-Z, l’au-

tre « King » de New-

York s’est lancé dans

une croisade contre

la musique par ordi-

nateur et l’auto-tune,

Puff Daddy fait

exactement l’inverse.

Rester dans le tradi-

tionnel ou vivre avec

son temps, la ques-

tion se pose et chacun

trouvera sa réponse.

Pour ce qui est de l’al-

bum en lui-même, Diddy a

fait appel à Mario Winans

(son acolyte de longue date),

The Dream, T-Pain et The

Neptunes pour la produc-

tion. Sous une profusion de

titres qui feront plus

le bonheur des ama-

teurs de dancefloors

que des fans de hip-

hop, l’album pré-

sente, malgré tout,

quelques rares motifs

de satisfaction. Une

nouvelle fois ressus-

cité, Notorious B.I.G

pose un couplet sur

Angels. Ce n’est pas

génial, mais ça fait

toujours plaisir. Co-

ming Home, en duo

avec Skylar Grey (une des

auteurs du hit d’Eminem

Love the Way you Lie), fait

figure de véritable chef-

d’œuvre comparé aux

quinze autres titres plus que

moyens. Au final, ce Last

train to Paris ne présente

pas de véritable intérêt et

déçoit par son manque d’ori-

ginalité. On en arrive même

à regretter que Diddy ait

choisi d’associer le Centre

Georges Pompidou, mis en

avant sur la pochette, à un

disque si ennuyeux…

Last train to Paris – Universal

– Sorti le 14 décembre

Par Valentin

Marcinkowski

Le train reste à quai pour Diddy

Des livres à cœur ouvertGavroche s’adresse ce mois-ci aux romantiques, et essaie de briser le froid et la solitude de l’hiver, en vous proposantune ode à l’amour à travers trois nouveautés françaises, à lire au coin du feu. Par Antoine Delthil

Littérature

Les fans de Tokio Hotel de-

vraient être comblés par cette

sortie de Best Of. Le groupe a

vendu plus de sept millions

d’albums depuis 2005. Cet

opus compile leurs meilleurs

titres et offre deux chansons inédites. Actuellement

en tournée en Amérique du Sud, Bill Kaulitz et ses

acolytes se produiront prochainement aux Etats-

Unis.

The Best Of - Universal - Sorti le 13 décembre

Un an après l’album Untitled,

R. Kelly dévoile Love Letter

au doux parfumde l’amour. Le

chanteur revient avec des bal-

lades sensuelles dont le pre-

mier extrait When A Woman

Loves » rappelle les grands crooners. Avec 34 mil-

lions d'albums vendus dans le monde, le chanteur

connaît les ficelles et les exploite une nouvelle fois.

Pour le plus grand plaisir de son public.

Love Letter - Sony - Sorti le 13 décembre

L’album de Ciara Basic Instinct

était attendu. Prévu pour le 16

août dernier, sa sortie n’a cessé

d’être reportée. Il est enfin ar-

rivé. La célèbre cousine du rap-

peur T.I. est produite par le duo

produit par le duo Tricky Stewart & The Dream

(Beyoncé, Rihanna). Trois titres ont déjà été diffusés

et ont séduits. Plus qu’au grand public, cet opus

s’adresse aux fans.

Basic Instinct, Jive. 12.99 €

Le Cœur Régulier,d’Olivier Adam

Très touchée par la perte

de son frère Nathan,

Sarah a l’impression

de perdre le fil de sa vie,

autrefois « si parfaite ».

Pour essayer de se

rapprocher de ce qui

constitue son passé,

elle décide de partir se

ressourcer dans un petit

village du Japon ou Nathan avait trouvé la paix.

Sur les traces de son frère, auprès d’un dénommé

Natsume, c’est sa propre histoire qu’elle redécou-

vre, allant à ses risques et périls, de surprise en sur-

prise. Olivier Adam offre avec Le Cœur Régulier,

un voyage visuel autant que sensitif. Un livre où

les sentiments se mêlent à l’immensité des

paysages asiatiques.

Editions de l’Olivier, 18€.

Antoine et Isabelle,de Vincent Morel

Un amour tiraillé par

les drames du ving-

tième siècle. C’est sur

fond de guerre civile

espagnole dans les

années trente, que nait

cette histoire, celle

d’Antonio et Isabel, qui

sont les grands parents

de l’auteur de cet

ouvrage, Vincent Morel. Au-delà de leur histoire

d’amour, cette aventure traverse un siècle, des

camps d’extermination de la Seconde Guerre

Mondiale à l’exil en France, lequel explique la

francisation du nom des deux amants. En parallèle,

c’est la vie tumultueuse d’industriels lyonnais qui

nous est présentée, moins dramatique, mais non

moins prenante.

Editions Sabine Espieser, 24€

Cher Amour, deBernard Giraudeau

Acteur, réalisateur, puis

romancier depuis une

dizaine d’années, Bernard

Giraudeau s’est éteint

en juillet dernier, emporté

par un cancer. En son

honneur, les éditions

Métailié proposent une

version collector de son

dernier roman Cher

Amour, paru en 2009, et salué par la critique

(Prix Pierre Mac Orlan). Un homme parle de lui

à une femme qu’il n’a pas encore rencontrée. Bernard

Giraudeau fait ainsi découvrir à son lecteur des

paysages aussi variés que grandioses, des plaines

africaines aux moussons du sud de l’Asie. Cette

version collector contient en plus, des interviews

de l’artiste et une nouvelle inédites.

Editions Métailié, 18€.

Page 22: Gavroche 5

Gavroche - 16 décembre 201022

l’agenda Culturel

Lundi

20décembre

Concert : Sarah Morrow Trioavec Rhoda ScottLa tromboniste américaineSarah Morrow propose unconcert de Noël, entre jazz et

gospel, accompagnée de Rhoda Scott, de Jo AnnPickens.American Church in Paris. De 10 à 20 €. Tél : 01 40 62 05 00

Théâtre : Les Contes Russes d'Isabelle CardonDes contes pour enfants, tout droit issus de l’universslave. Un spectacle accompagné de chants russes emerveillants.Maison de quartier Jacques Audiberti, Palaiseau. Tél : 01 69 20 86 65

Expo : Archi et BD, la ville dessinéeUne exposition qui rappelle les liens entre architec-ture et bande dessinée. Pour les amateurs et lesconnaisseurs.Cité de l’architecture et du patrimoine ), Paris. Tél : 01 58 51 52 00

Mardi

21décembre

Concert : Don OmarOriginaire de Porto Rico, et fier de ses origines, Don Omar proposeun concert reggaeton aux influences latino. Un concert pleinde chaleur en ce froid hiver.Le Zénith, Paris. De 60 à 80 €. Tél : 08 90

71 02 07

Théâtre : Moi, mon mari, mes emmerdesArielle n’est pas épanouie dans sa vie de couple, et décide de passer une petite annonce pour organiser un plan à trois... Alorsque de son côté, son mari passeune annonce pour vendre sa voiture. Une série de quiproquosen perspective…Théâtre des Blancs Manteaux, Paris. De

17 à 20 €. Tél : 06 11 50 31 06

Expo : Sciences et curiosités à laCour de VersaillesVersailles d’un point de vue étonnant : celui des scientifiques etdes savants. Cette exposition estl’occasion de voir le château d’un autre oeil, et de découvrir unepart d’histoire que l’on connaitmoins que le luxe fastueux du palais du Roi Soleil.Château de Versailles. Jusqu’au 27 février.

Tél : 01 30 83 78 00

Mercredi

22décembre

Concert : Meltin’TimeUn show réunissant Hip-Hop, Folk, R&B, Soul et Nu-Jazz, pour un concertacoustique. Au programme :musique, danse et humour !

L’Etage, Paris. 5 €. Tél : 01 44 84 07 86

Théâtre : Festival GavrocheInspiré de théâtre kabuki et de manga, ce spectaclenous conte la rivalité de deux communautés, celle desSamouraïs et des Sous-Marins, leur combat, leurs af-frontements, leur rencontre.Arènes de Nanterre. 4€. Tél : 01 83 37 58 81

Expo : De Véronèse à Matisse : 150 dessins et aqua-relles des musées de PontoiseAu fil du XIXème et du XXème siècle, les œuvres de plusieurs ar-tistes à travers l’Europe, des plus célèbres aux plus obscurs.Musée Tavet-Delacour, Pontoise. De 3 à 5€, gratuit pour lesmoins de 12 ans. Tél : 01 30 38 02 40

Dimanche 26 décembre

Concert : Fanny JCette chanteuse originaire de Guyane pratique un jazz mâtinéde zouk et de R’n’B aux sonorités rafraîchissantes de WordMusic dont elle est l’ambassadrice.Le Zénith, Paris. 25 €. Tél : 08 90 71 02 07

Théâtre : Roméo et Juliette

Magali Léris met en scène la pièce phare de Shakespeare.Roméo et Juliette, ou l’histoire d’un amour impossible que toutle monde connaît, et qui a marqué des générations. Théâtre de Suresnes. 27.5 €. Tél : 01 41 18 85 85

Expo : David Hockney : Fleurs fraîchesLa Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent consacre sa14ème exposition à l'artiste britannique David Hockney. Uneexposition entièrement réalisée par le biais d’Iphones et d’Ipads. Fondation Pierre Bergé – Yves Saint-Laurent, Paris. De 3 à 5€. Tél : 01 44 31 64 31

Jeudi

23décembre

Concert : SoulwaXmasLes Soulwax fêtent Noël unpeu en avance et donnent ren-dez-vous à leurs fans pour un

grand spectacle sonore et visuel. A partir de 22h, lais-sez-vous emporter par la musique !Grande Halle de la Villette, Paris. 31.5 €. Tél : 01 40 03 75 75

Théâtre : La Mélodie du bonheur par les Marionnettesde SalzburgLes étonnantes marionnettes du Salzburger Marionet-tentheater incarnent les personnages de Maria Reiner,du Capitaine Von Trapp et de ses sept enfants. Théâtre Déjazet, Paris. De 19 à 49 €.Tél : 01 48 87 52 55

Expo : ItinérairesC’est le dernier jour pour profiter de l’exposition Iti-néraires et admirer les sculptures de Guénaëlle Grassiet de peintures de Fabienne Vincent.Manoir des Tourelles, Ecouen.Tél : 01 39 90 85 32

Vendredi

décembre Concert : Chantal Goya -L'étrange histoire du châteauhantéDans une forêt de Russie, enOural ; un bûcheron vit làavec ses enfants dans une pe-

tite maison. Jusqu’au jour où il disparait mystérieu-sement...Palais des Congrès, Paris. De 28 à 60 €. Tél : 01 40 68 00 05

Théâtre : La Tempête Cette adaptation de Georges Lavaudant de la pièce deShakespeare retrace l’histoire d’un quiproquo amoureux, impliquant Démétrius, Lysandre, Hermia etHéléna.Mc93, , Bobigny. A partir de 27.5 €. Tél : 01 41 60 72 60

Expo : L’or des incas, origines et mystèresUne exposition qui revient sur une civilisation disparue,entourée de mystères.Pinacothèque de Paris. De 8 à 10 €. Tél : 01 42 68 02 01

Samedi 25 décembre

Concert : Grand festival de musique de chambreL’orchestre de chambre « Les violons virtuoses », sous la direc-tion d’Alexandre Stajic, reprend les grands succès de Vivaldi,Mozart, Albinoni et Schubert et Gounod.Eglise Saint Julien le Pauvre. De 20 à 25.30€. Tél : 01 43 54 52 16

Théâtre : Charline veut pas se laver

La petite Charline refuse d’aller se laver, alors ses jouets décidentde prendre les choses en main pour la convaincre.La comédie Saint-Michel, Paris. De 6 à 12 €. Tél : 01 55 42 92 97

Expo : Miss Tic, à la vie à l’amorPoète et provocatrice, un brin féministe, miss Tic « prône l'éga-lité des sexes, avec un léger handicap pour les hommes », dansune exposition d’œuvres uniques et originales composée entreautres de fragments d’affiches et morceaux de palissades. Galerie W, Paris. Tél : 01 42 54 80 24

Par Laetitia Reboulleau

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Gavroche - 16 décembre 201023

Insolite

Le décal’actuCette semaine, en guise de cadeau de Noël, Gavroche vous offre des petites nouvelles croustillantes, qui déridentun peu l’actualité et vous feront briller devant le sapin. Un mariage au McDonald’s, les confettis de billets, Jim Mor-rison amnistié, une soupe vieille de 2 400 ans… Régalez-vous ! Par Clémentine Santerre

Robe de mariée et Big Mac La chaîne de restauration rapide a annoncé que trois de ses succursales hongkongaises or-

ganiseraient des mariages dès le 1er janvier 2011. Les futurs époux auront la possibilité de

prédéfinir un menu. Mais, de même que pour les anniversaires, il est plus simple que cha-

cun passe sa commande. « Dans les mariages traditionnels, les jeunes mariés s'embrassent avec une

cerise dans la bouche. Chez nous, ils pourront le faire avec des frites », explique au South China

Morning Post, Helen Cheung, directrice de la communication de McDonald's à Hongkong.

Cette cérémonie originale coûterait une centaine d’euros alors qu’un mariage traditionnel

avec soupe aux ailerons de requin et couenne de porc grillée frôle les 20 000€. Un mariage

« low cost », donc, mais pas seulement : pour McDonald’s, cette offre s’adresse à des cou-

ples qui se seraient rencontrés ici ou qui y auraient eu leur premier rendez-vous. Malheu-

reusement, le restaurant ne pas pouvant être réservé à cette occasion, il faudra composer

avec les autres clients.

Blouse blanche et cokeLe directeur de l'hôpital de Santa Cata-

rina Novella di Galatina, près de Lecce

dans les Pouilles en Italie, a envoyé une

circulaire à son personnel interdisant la

consommation de cocaïne pendant le ser-

vice. Dans cette zone d’Italie du Sud,

la gestion des hôpitaux est réputée pour

être désastreuse : corruption, trafic,

incompétence… La direction des affaires

sociales a décidé d’ouvrir une enquête et

de saisir le Parquet.

Une bonne vieillesoupeLors des travaux d’extension de l’aéroport

de Xian, en Chine, les archéologues

ont trouvé une marmite en bronze conte-

nant… une soupe. Agé d’environ 2 400 ans,

le breuvage contient des os, une première

dans l’histoire archéologique chinoise.

Des analyses sont actuellement en cours

pour définir les ingrédients. Un grand pas

dans la recherche qui aidera peut être

à résoudre une énigme contemporaine.

Que contient votre soupe chinoise ?

L’argent façon puzzleIl y a un mois, un Taïwanais avait fait tom-

ber un sac contenant 200 billets de 1 000 $

taïwanais dans une broyeuse (environ

5000 €). Il a remis le « menu » butin à une

experte du ministère de la justice spécia-

liste de la médecine légale afin qu’elle re-

constitue les billets. Mission réussie en

sept jours. Cette « reine du puzzle », est

habituée à aider gratuitement lors de ce

genre d’incidents. Une fin a priori heu-

reuse si tant est que la banque centrale

puisse remettre ses billets en circulation

avant de les lui restituer.

Jim Morrison blanchiIl aura fallu 41 ans après la mort de

l’icône du rock pour que La Floride ac-

corde l’amnistie au chanteur des

Doors. Poursuivi pour outrage aux

bonnes mœurs et exhibitions indé-

centes lors d’un concert à Miami en

1969, son procès en appel n’avait pu

avoir lieu avant sa mort. Lors de sa

prestation, Jim Morrison était apparu

saoul sur scène, insultant son public. Il

aurait également montré ses attributs

selon certaines personnes présentes au

moment des faits. Merci la Floride.

La SNCF enpère FouettardDeux contrôleurs de Toulouse sont dans

la ligne de mire de leur direction car jugés

trop laxistes. Leurs objectifs en termes de

procès-verbaux, de billets émis à bord du

train et de billets contrôlés ne sont pas at-

teints. La SNCF a donc décidé de mettre à

pied cinq jours l’un des deux, alors que le

deuxième est en attente de sanction. Le

syndicat Sud-Rail envisage des poursuites

aux prud’hommes. Punir ceux qui ne pu-

nissent pas est-il punissable ?

Policières sexy En République Tchèque, plusieurs villes

ont décidé de disposer des mannequins

policières sexy près des routes afin de

faire ralentir les conducteurs. Si le

dispositif parait fonctionner, la raison

n’est pas évidente. Le maire de Mrako-

tin, un des villes participantes, pense

que l’uniforme est plus efficace et que le

fait que ce soit de belles femmes n’influe

pas forcément sur la nouvelle conduite

des automobilistes. Un principe intéres-

sant tout de même.

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Page 24: Gavroche 5

Portrait

«C’est la skieuse du

moment, elle est

française et n’en

finit plus de

gagner ». Le 12 décembre, lapartie réservée au sport du JTde TF1 s’est ouverte par le ski.Et par les images de TessaWorley, cette mini-bombe tri-colore (1,57 m, 57 kilos) qui adescendu plus vite que toutesles autres le slalom géant deSaint-Moritz. « Deux victoires

d’affilée, je suis vraiment super

contente », commente-t-elle, lesourire aux lèvres.Oui, deux victoires de rang.Car quinze jours avant laSuisse, elle s’était illustrée auxEtats-Unis en dévalant à touteblinde un autre géant, encoreplus reconnu, celui d’Aspen.A chaque fois, elle a levé lesbras au ciel pour un centième.« C'est un centième dans le bon

sens, tant mieux profitons-en !

Mais depuis cet été, on a travaillé

la régularité », analyse An-thony Séchaud, l’entraîneurdes Françaises.Ces deux descentes éclair quiont mené Tessa, du haut de ses21 ans (née le 4 octobre 1989),au sommet : la première placedu classement de la coupe dumonde du slalom géant. « Ce

n'est pas facile de digérer une vic-

toire. Là, elle le fait deux fois de

suite. Elle est restée calme, sereine

et concentrée sur son ski. C'est

génial », s’enthousiasme Jean-Philippe Vuillet, le chef del'équipe de France dames.

Prédestinée« Son succès actuel n’est pas une

surprise », assure Christelle Al-lemand, de la FédérationFrançaise du Ski (FFS). Pré-destinée à devenir skieuseprofessionnelle, Tessa a suivises parents. Elle est née à An-nemasse, en Haute-Savoie,d’un père Australien et unemère Française, tous deux mo-niteurs de ski. Six mois à vivreen Océanie, six mois en Eu-rope : telles ont été les huit

premières années de Tessa,qui ne connaissait alorsqu’une saison, l’hiver. Quandles autres enfants de son âgepassent leurs vacances à sebaigner et à bronzer, la « petite

bombe des antipodes » s’entraîneaux plantés de bâtons, auxprises de care, aux pas chas-sés.Ses parents divorcent quandelle a neuf ans. Et le hasard –ou plutôt le destin – a vouluque Tessa s’installe, à longterme cette fois-ci, dans saHaute-Savoie natale. Lespistes de la station du GrandBornand, elle les dévale, elleles avale, toujours plus vite. Lapremière étoile, la deuxième,la première victoire, les pre-mières larmes. Tessa Worley atrouvé son terrain de jeu, oùelle s’amuse, tout autant queson terrain de chasse, où elleeffectue ses premiers faitsd’armes.

Pépite encore bruteTessa était prédestinée à skier,mais pas forcément à gagner. D’ailleurs, elle nesurvolait pas les entraîne-ments, elle n’a pas affolé leschronos dès son plus jeuneâge. Elle n’était qu’une pépiteencore brute. « Une petite pé-

pite, comme le rappelle son ancien

entraîneur, Lucien Périssien, qui

l’a formée et polie sept années du-

rant. Elle était limiée par sa taille.

Et en plus, elle manquait de puis-

sance physique, de force dans les

jambes. Elle ne dominait pas».Pourtant, sa précocité aidant,elle profite de sa techniquepour compenser son manquede taille. « Dans les endroits

compliqués, des pistes difficiles,

elle arrivait à aller aussi vite que

des filles plus physiques, se rap-

pelle Lucien Périssien. On ne

pouvait pas deviner qu’elle allait

aller jusqu’où elle est au-

jourd’hui, mais elle était très

douée. Elle avait une très grosse

technique ».A l’époque, Tessa est une

skieuse talentueuse, certes,mais pas une gagneuse. « Elle

n’avait pas le mental qu’elle a dés-

ormais. Elle aimait bien la vie de

groupe, elle ne se mettait pas en

avant, elle n’avait pas cette vo-

lonté, cette envie, cette obstination

à vouloir s’imposer ». Si le skine semble pour l’instant pasdestiné à devenir sa profes-sion, il reste sa passion. Aussitravaille-t-elle chaque jour d’ar-

rache-pied. « Elle ne rechignait ja-

mais, elle ne disait jamais : je ne

veux pas skier, assure Périssien.

Elle prenait toujours du plaisir ». Aussi, lorsqu’à son aisancetechnique, se sont ajoutésles fruits de son travail demusculation, Tessa Worley acommencé à taper vraimentdans l’œil des dirigeants du ski français. De quoi parti-ciper dès 2006 à la coupe dumonde.

Dossard rouge2008 est l’année de l’éclosion.Ses premiers exploits : unecinquième place pour l’ouver-ture de la saison en slalomgéant et la médaille debronze au Championnat du

monde junior. Et surtout, le 29novembre 2008, une premièrevictoire en Coupe du monde,à Aspen, déjà. Le premiersuccès pour une Française enslalom depuis Régine Cava-gnoud en 1999. Tessa a alors19 ans. « Moi, je succède à Ré-

gine ?, s’étonne-t-elle. Ça me fait

vraiment quelque chose, pas seu-

lement parce que c’était

quelqu’un de bien, mais aussi

parce qu’elle était de chez moi. J’ai

beaucoup d’émotion pour moi,

mais aussi pour elle ». Cette vic-toire sera suivi d’une autre, unan plus tard, en décembre2009, à Äre, en Suède.*La suite, c’est cette année.Entre Aspen et Saint-Moritz,elle savourait son départcanon en cette saison 2010-2011, prête à supporter la

pression. « A chaque fois, je vais

essayer de réaliser mon ski sans

me poser de questions ». Cela amarché une fois, pourquoi pasdeux ? Maintenant, pourquoipas trois ? La FFS croit en leschances de sa géantiste de gar-der le dossard rouge (de leader.

« L’objectif, c’est le globe de cris-

tal, admet Christelle Alle-mand. Le dossard rouge est plus

dur à endosser sur la fin qu’au

début, mais elle a ses chances. Elle

a de l’ambition et elle a raison.

Elle a la technique, le mental, en

plus des autres elle a l’insou-

ciance de la jeunesse». Que leséquipes de TF1 se tiennent

prêtes : « La bombe des anti-

podes» est prête à les accueillirde nouveau.

g Yann Casseville

Tessa Worley,la mini-bombe du ski français

Elle a fêté ses 21 ans en octobre, elle ne mesure qu’1,57 m, mais Tessa Worley, surnommée « la bombe des antipodes », a déjà tout d’une grande du ski alpin. La Franco-Australienne, sensation de ce début de saison, vientde remporter deux succès en slalom géant. De quoi rêver du globe de cristal de la spécialité.

Gavroche - 16 décembre 201024

Tessa Worley, le sourire du ski français.

AFP

Classement après 3 géants sur 81 Tessa Worley (FRA) 232 points2 Viktoria Rebensburg (ALL) 206 points3 Tanja Poutiainen (FIN) 156 points4 Kathrin Hoelzl (ALL) 140 points5 Tina Maze (SLO) 118 points6 Anemone Marmottan (FRA) 103 points7 Elisabeth Goergl (AUT) 100 points8 Federica Brignone (ITA) 87 points9 Julia Mancuso (USA) 86 points- Maria Riesch (ALL) 86 points