gavroche hors série

32
Gavroche Le Parisien universel Hors-série février 2011 M 011 - Gavroche hors-série : 3 € ISCPA - Institut des Médias AU  RAP , Léonard De Vinci: l’attraction sexuelle , Télé-réalité : 10 ans déjà , Littérature : quand la Chine se raconte Julian Casablancas Pharell Williams DU  ROCK 

Upload: laetitia-reboulleau

Post on 21-Feb-2016

258 views

Category:

Documents


13 download

DESCRIPTION

Hors série culture

TRANSCRIPT

GavrocheLe Parisien universel Hors-série février 2011

M 011 - Gavroche hors-série : 3 €ISCPA - Institut des Médias

AU RAP

, Léonard De Vinci: l’attraction sexuelle

, Télé-réalité : 10 ans déjà

, Littérature : quand la Chine se raconte

Julian Casablancas

Pharell Williams

DU ROCK 

Gavroche - Hors-Serie février 2011

Sommaire

2

GavrocheRédaction : 9 rue Alexandre Parodi, 75010 ParisDirecteur de la publication : Michel BaldiDirecteur de la rédaction : Jean SavaryRédacteur en chef : Willfried CorvoSecrétaires de rédaction : Antoine Delthil, KarmaDuquesne, Benoît Magistrini Maqueistes : Audrey Loussouarn, LaurenceRiaoJournalistes : Alexandre Benhadid, AlexandraBresson, Yann Casseville, Antoine Delthil, KarmaDuquesne, Pascal Golfier, Audrey Loussouarn, Be-noît Magistrini, Valentin Marcinkowski, LaetitiaReboulleau, Emmanuelle Ringot, Clémentine San-terre

Pour son hors-sérieculture, Gavrochevoit multiple. Dou-ble, comme les fa-cettes de Léonard de

Vinci et sa Mona Lisa :homme ou femme ? Autredualité prégnante : le rock etle rap. Mais en musique, laroue tourne bien vite et lesmodes d’hier sont souventcelles de demain. Duel plusromantique sur grand écrandans « Black Swan » : Natha-lie Portman se bat contre MilaKunis mais pas seulement,aussi contre elle-même. Legraphiste Michal Batory, lui,préfère l’alliance de deux ob-jets, plutôt que l’opposition.En mode aussi, il n’y a pasd’opposition à se faire plaisir,en matant les belles pairesde… jambes des manne-quins. Enfin, la culture fêteun double anniversaire dehaut-rang : les 50 ans de lamort de l’écrivain, Ernest He-mingway et les 20 ans deSerge Gainsbourg.

p.3 : Perspectivesp.4-5 : Dossier Léonard de Vincip.6 : La culture à l’écolep.8-9 : Hemingway et Gainsbourgp.10-13 : Rock vs Rapp. 14-15 : « Black Swan », le filmp.16 : Les années 20 selon « Boardwalk Empire »p.18-19 : 10 ans de téléréalité

Dossierpages 4-5Le mystère Léonard de Vinci : une oeuvre sexuellement génialePar Karma Duquesne

Rock/Rappages 10-13Le Rock face au rap, on en demande « encore »Par Valentin Marcin-kowski et antoine Delthil

Cinémapages 14-15Le Lac des Cygnes à la manière deDarren AronofskyPar Audrey Loussouarn

Télé Réalitépages 18-19Dix ans de téléréalité et c’est toujoursvous qui décidez...Par Laetitia Reboulleauet Emmanuelle Ringot

Liératurepages 22-23Voyage à travers la Chine avec quelques classiques liérairesPar Pascal Golfier

Portraitpage 32Amaury Vassili : Place au chant lyrique à l’Eurovision 2011Par Yann Casseville

Edito

Photo de couverture : DR

p.20-21 : ITW Pénélope Bagieup.22-23 : La Chine en liératurep.24 : Agenda Culturelp.26-27 : Batory, serial graphistep.28: Au musée grâce à Googlep.29 : Test jeu vidéop.30-31 : Les top models de l’avenirp.32 : Portrait Amaury Vassili

DR

DR

DR

DR

DR

Wilfried Corvo, rédacteur en chef

Gavroche - Hors Serie Février 2011

3

Scènes de VictoiresPour son édition 2011, les Victoires de la Musique font leur révolution : deux soirées au lieu d’une. La première aété diffusée sur France 4 le 9 février et la seconde se tiendra le 1er mars sur France 2. L’occasion de faire une photo-graphie instantanée de la scène musicale française, où les artistes se révèlent davantage par la scène que grâce auxmajors. Par Wilfried Corvo

Quelques stars, des

strass et des pail-

lettes : les NRJ

Music Awards étaient à l’an-

tenne de TF1 le 22 janvier

dernier. Deux des grands ga-

gnants étaient Jenifer et

M Pokora, respectivement

« Artiste française féminine

de l’année » et « Artiste fran-

çais masculin de l’année ». Et

pourtant, « Appelle-moi Jen »

est disque de platine mais ne

s’est vendu qu’à 60 000 exem-

plaires pour le moment

quand sa concurrente My-

lène Farmer a vendu 500 000

copies de « Bleu Noir ».

Quant à M Pokora, il a atteint

les 80 000 ventes pour sa

«Mise à jour ». Un chiffre ho-

norable mais bien loin de

Christophe Maé et ses 600

000 « On trace la route » ven-

dus. Issus de la téléréalité et

soutenus par les majors, ils

ne font cependant pas le

poids face à des artistes plus

e x p é r i m e n t é s

comme Yannick

Noah, qui a rempli

le Stade De France

en septembre 2010.

Car la scène, en

petit ou grand for-

mat, semble être un

terrain que les ar-

tistes privilégient

de plus en plus. Les

chiffres de fréquen-

tation des festivals

comme « Rock en Seine »,

« l’Interceltique de Lorient »

ou « les Vieilles Charrues »

s’annoncent très bons avec

5,76 % d’augmentation sur

l’année 2010, selon un son-

dage de France Festivals. Et

contrairement à TF1, France 2

tend à privilégier les artistes

très présents sur scène même

si leur aura médiatique est

moins étendue.

La scène comme ré-vélateur

Ben l’Oncle Soul, Gush, Zaz

ou les Plasticines, autant d’ar-

tistes qui ont fait leurs armes

sur la scène additionné avec

quelques collaborations pour

le premier (avec Hocus

Pocus). Même Camélia-Jor-

dana, troisième de la Nou-

velle Star en 2009, s’est servie

de la scène comme terrain de

jeu pour fidéliser son public.

Surtout, les concerts sont de

plus en plus prisés par les

amateurs de musique en mal

d’authenticité. Le constat est

clair. Depuis le début des an-

nées 2000, l’industrie du

disque va mal et pour cause,

le téléchargement illégal.

Pour autant, la musique que

promeuvent les grandes ma-

jors – chiffre d’affaires est en

baisse de 5,9 % en 2010 – at-

tire de moins en moins les

consommateurs vers l’objet

« disque ». 7,3 % : c’est le chif-

fre de la baisse physique des

ventes relative à l’édition de

la musique pour l’année der-

nière que ne compense pas

l’augmentation des télécha-

gements « légaux » (+35 %

pour les albums et 25 % pour

les singles). La découverte

des jeunes talents et la redé-

couverte d’autres, plus expé-

rimentés, se font donc grâce

à la scène. De plus en plus

loin des projecteurs des télé-

réalités musicales. Nouvelles

stars, mais de la scène.g

Musique

Ben l’Once Soul, avec sa reprise de Seven Nation Army des White Stripes : no-miné dans trois catégories dont « Groupe ou Artiste révélation du public »

« M » en concert à Bruxelles : nominé pour le « spectacle musical/tournée/concert de l’année ».

Jean-Louis Aubert, nominé comme « Artiste inter-prète masculin », poids lourds de la scène française

Gavroche Hors-série - février 2011

4

Dossier

SexuellementLe charme. Voici le principal atout de Léonard de Vinci. Mystérieuse, raffinée, contenue, La Joconde continue defaire couler de l’encre. Une nouvelle étude se targue de révélations fracassantes. Mona Lisa révélerait l’homosexualité

Transsexualité

«Il me semble que ce

n’est pas une qualité

négligeable chez un

peintre de savoir donner à ses fi-

gures un air plaisant… » Telssont les mots de Léonard DeVinci dans ses Manuscrits dela fin du XVe siècle. Plaisantet permettant toutes les inter-prétations, la sourire de LaJoconde est son plus belatout. Après les études uni-versitaires censées détermi-ner avec précision lepourcentage de tristesse, decolère ou de douceur quecontient l’énigmatique sou-rire, voici une nouvelle ex-pertise qui interroge lasexualité de l’auteur et deson modèle.Le célèbre tableau de Léo-nard De Vinci n’a peut-êtrepas livré tous ses secrets. EnItalie, l’expert Silvano Vin-centi affirme que le peintreaurait en fait réalisé le por-trait d’un homme, en s’inspi-rant du visage de son élèvepréféré. Vraiment incorrigible

cette Mona Lisa. Cela faitplus de cinq cent ans qu’elleprend la pose et plus de qua-tre cent qu’elle se montre àtout va, et voici qu’elle réser-verait encore quelques sur-prises. Silvano Vincenti, àforce d’avoir fréquenté d’unpeu trop près la Joconde,croit avoir percé un vraiscandale. Première décou-verte : dans l’œil droit deLisa, à gauche sur le tableauapparaitrait la lettre L. Sansdoute à la fois pour Léonardet Lisa, sa première inspira-trice. Mais dans l’œil gauche,Ô mystère, se cacherait la let-tre S. Le S de Salaï, son assis-tant, son modèle, son amantaussi comme se plaisent àpenser beaucoup d’experts.Salaï, qui a servi plusieursfois de modèle à Léonard, etqui au fil des retouches de laJoconde aurait donné à Lisason nez, puis ses lèvres.Autre trouvaille, derrièreLisa cette fois, un pont souslequel est écrit le nombre 72.Le 7 représente la création.

Le 2 : la fusion entrel’homme et la femme. A par-tir de là, pourquoi ne pascontinuer les interprétations.Mona est l’anagrammed’Amon, dieu égyptien de lafertilité masculine, alors quela sonorité de Lisa rappellecelle d’Isis, son pendant fé-minin. Le tableau représente-rait donc l’androgyneoriginel. Tout ça pour direque Léonard truffait ses ta-bleaux de symboles, et qu’endissimulant sous la Jocondeun jeune homme, il auraitainsi avoué son homosexua-lité.

Sodomite

Les contemporains de Léo-nard De Vinci avaient remar-qué qu’il n’eut ni femme, nienfant, ni aventure avec lesexe opposé. Ses disciples enrevanche, sont tous jeunes etbeaux. A l’âge de quaranteans, Salaï entre dans la vie deLéonard. Celui-là même qui,aurait servi de modèle au cé-

lèbre tableau.Passée à la trappe, uneplainte pour sodomie est en-registrée contre Léonard deVinci et trois de ses amis. Laplainte –précise, circonstan-ciée- est rapidement classéesans suite car est restée ano-nyme. La petite histoire veutqu’elle le soit restée car elleenglobait un membre de lafamille des Médicis. Le maî-tre italien a alors vingt-qua-tre ans.Léonard de Vinci est unhomme secret. Peut-êtreparce que –et c’est là l’opi-nion de Sigmund Freud- toutse passe dans sa tête. En1910, le père de la psychana-lyse publie un court essai :Un souvenir d’enfance de Léo-

nard de Vinci. En voici un ex-trait : « Le grand Léonard, qui

était sexuellement inactif ou ho-

mosexuel, était également un

homme qui a tôt converti sa

sexualité en pulsion de savoir ».Une phrase du maître italienincline à approuverFreud: « L’acte de procréation,

Saint Jean-Baptiste, par Léonard de Vinci vers 1513, 1516. Salaï aurait servi de modèle. Le saint évoque aussi la figure de Bacchus.

D.R

.

D.R

.

5

Gavroche Hors-série - février 2011

Dossier

du maître italien. Entre l’ésotérisme de sa sexualité et son génie hors du commun, l’engouement mythique autourde Léonard de Vinci n’est pas prêt de s’éteindre. Par Karma Duquesne

et tout ce qui s’y relie, est si ré-

pugnant que les humains fini-

raient bientôt par s’éteindre s’il

ne s’agissait là d’une coutûme

transmise ne tout temps et s’il

n’y avait pas encore de jolis vi-

sages et des prédispositions sen-

suelles ». Léonard de Vinciserait alors un pur phéno-mène de Libido Sciendi .Ex-pression latine signifiantdésir de connaissance.

SuperVinci

Depuis sa mort, la simpleévocation du nom de Léo-nard de Vinci évoque à elleseule nombre de légende etde clichés. De son vivant, onle comparaît déjà à Aristoteet Pythagore. Sur la fresquede L’Ecole d’Athènes, Raphaëlavait donné ses traits à Pla-ton. Le roi François Ier disaitde lui qu’ « aucun homme ne

vint au monde qui en sût autant

que lui, non seulement en pein-

ture, en sculpture, en architec-

ture, mais en philosophie ». Lapostérité ne dément pas

l’émerveillement de ces pre-miers témoins. Il endosse au-jourd’hui tous les rôles dugrand homme.Au-delà des mythes et autreslégendes, le maître Vinci sur-plombe l’histoire de l’artparce qu’il a, par-dessustout, su traduire en peinturela complexité de la nature.Pour lui, c’est par un juste jeuentre l’ombre et la lumièreque l’on parvient à la véritédes corps et des visages. Peude génies peuvent au-jourd’hui se vanter d’êtreaussi déroutant que lui. Cedessinateur sans pareil n’apourtant achevé lui-mêmequ’un nombre réduit d’œu-vres peintes. Il serait presquepossible de les compter surles doigts des deux mains. Lemaître laissait à ses disciplesle soin de terminer ses œu-vres. Rien, finalement, decomparable à la profusiondes peintures laissée à la pos-térité par Raphaël, Titien ouencore Michel-Ange. C’estcette Libido Sciendi qui a

construit le personnage deLéonard. Car à l’image dupeintre s’est superposéel’image de l’homme omnis-cient, surhumain, qui sur-plombe la Renaissance parl’universalité de ses connais-sances en anatomie, en balis-tique, en zoologie, enarchitecture, en géologie, enmédecine et cætera.

Da Vinci Trust

Du fait de son génie horsnorme, Léonard de Vinciéveille les esprits littérairesles plus inspirés. Son idéalcurieux a séduit Beaudelaire,Valéry, Freud ou encoreTaine. Dan Brown, qui avendu quatre-vingts mil-lions d’exemplaires de sonDa Vinci Code, fait de Léo-nard un féministe. Un ardentdéfenseur de la liberté de lafemme, écrasée sous quinzesiècles de machisme catho-lique. Dan Brown livre unthriller « historique » danslequel il tente de décoder les

dignes laissés par Léonardde Vinci dans ses tableaux. Ilavance, entre autres, que lejeune homme à la droite deJésus dans La Cène n’estautre que Marie-Madeleine.Une hypothèse rapidementréfutée par Carlo Padretti,spécialiste mondial de Léo-nard : « Si c’est Marie-Made-

leine représentée à droite de

Jésus, où est passé saint Jean ?

Le récit biblique avec les douze

apôtres est la base de la connais-

sance des peintres de l’époque ».

Quoi qu’il en soit, quatrecent quatre-vingt-douze ansaprès sa mort, Léonard deVinci suscite toujours un en-gouement inégalé. Sa der-nière demeure même resteune énigme : la dépouille dela chapelle Saint Hubert duchâteau d’Amboise, sur lesbords de la Loire, n’est quecelle supposée de l’artisteitalien. Léonard écrivait :« Ce qui fait la noblesse d’une

chose, c’est son éternité ». Eter-nel par sa légende, il necroyait pas si bien dire.g

La Joconde, par Léonard de Vinci vers 1503-1506. Le sourire et le regard dela Florentine n’ont pas fini d’éveiller les curiosités.

D.R

.

D.R

.

D.R

.

L’Ecole d’Athènes, par Raphaël en 1511. Léonard de Vinci aurait servi de modèle pourle personnage de Platon.

savant

Economie

Tout le monde se

rappelle des flûtes

dégoulinant de

bave, des dessins concep-

tuels sur le thème de la trans-

parence, de l’invisible ou de

l’imperceptible, des collages

avec des serpillères usagées

et des crises de nerfs des

profs de musiques ou d’arts

plastiques désespérés. Rien

n’a vraiment changé au-

jourd’hui malgré pléthore de

réformes envisagées ou tout

du moins évoquées.

Les arts sont souvent la pre-

mière cible quand l’expres-

sion « budget de l’éducation

nationale » retentit. Les ma-

tières fondamentales, comme

les mathématiques ou le fran-

çais, protégées car « produc-

tives », sont mises en

concurrence. Deux écoles de

pensées s’opposent et la réa-

lité de l’emploi du corps pro-

fessoral l’emporte. Mais sur

le terrain, la réflexion est de

mise malgré le relatif ma-

rasme apparent. Dans le

contenu, l’enseignement de la

musique et des arts plas-

tiques laisse les élèves sur

leur faim.

Programmeinadapté

« Les cours de musique man-

quent de structure, regrette

Julia, élève de seconde à Ferney-

Voltaire dans l’Ain, il n’y a pas

de fond, pas d’histoire. Personne

n’avait envie d’aller en cours

alors qu’il s’agit a priori d’une

matière agréable et ludique, c’est

du gâchis ». Le contenu sem-

ble inadapté pour capter l’at-

tention des élèves souvent

peu concernés et déconcen-

trés par les sureffectifs. «L’in-

térêt des cours de musique

dépend de l’addition de plu-

sieurs conditions, analyse Ingo

Fischmann, professeur particu-

lier de guitare à Rambouillet, la

motivation personnelle, l’effectif,

les qualités pédagogiques du

professeur et le programme lui-

même. Au collège, si une des

conditions est remplie, c’est déjà

bien… » Avec des classes dé-

passant régulièrement la

trentaine, l’heure et demi par

semaine de musique ne per-

met pas de se découvrir une

oreille musicale. « Il faut faire

découvrir la musique par genre

en rebondissant sur les artistes,

sur les morceaux connus, conti-

nue Ingo Fischmann. Et quoi de

plus repoussant que la flûte ?

Un instrument que personne

n’écoute ou presque. Il faut atti-

rer les élèves avec de la batterie,

de la guitare, du piano. Aucun

de mes élèves ne s’est découvert

de passion grâce à la musique au

collège». Le volontariat appa-

rait aussi comme une solu-

tion pour individualiser

l’enseignement et permettre

une approche plus concernée

de la musique. De son côté, le

ministère émet des souhaits

dans ce sens, mais manque

de moyens. « Il faut une cul-

ture musicale construite, cri-

tique et réfléchie, explique

Jean-Louis Nembrini, directeur

général de l’enseignement sco-

laire au ministère de l’Education

Nationale, il faut être capable de

percevoir la musique et la pro-

duire. Cela implique un échange

collectif, des débats, des chorales

et plus d’instruments : des

moyens, tout simplement».

Immobilisme

Pour les arts plastiques,

même marasme. « Il faut in-

troduire de la spontanéité dans

ce qui est enseigné, observe

Renée Micol, artiste peintre

ayant fait les Arts Déco dans les

années 60. La vraie culture n’est

pas la priorité des programmes,

ils sont creux. Il n’y a pas de

quoi créer des vocations».

« L’objectif de la formation est de

développer la sensibilité et l’in-

telligence culturelle et sociale,

défend Jean-Louis Nembrini,

nous ne voulons pas faire des

élèves des artistes, seulement

maintenir le lien fondamental

entre les élèves et le patrimoine.

Il faut avoir conscience que l’ac-

cès à la culture est très inégali-

taire ». Autour de trois grands

axes : l’objet, l’image, l’espace,

le programme va au-delà du

dessin. L’étude des œuvres

doit permettre une meilleure

compréhension des contextes

historiques. « Malheureuse-

ment, la compréhension est très

superficielle, observe Julia, qui

rêve de devenir architecte d’inté-

rieur, les concepts abordés sont

intéressants mais les classes sur-

chargées empêchent tout progrès

réel». « L’art c’est de la tech-

nique et de l’histoire, soutient

Renée Micol, mais c’est avant

tout des émotions. L’enseigne-

ment est trop alambiqué et en-

fantin pour faire comprendre aux

collégiens la magie de la chose».

Alternatives ?

De son côté, le ministère re-

fuse de mettre en branle tout

le système éducatif pour suc-

comber à des partenariats

avec des associations. « En

Suède par exemple, illustre Ingo

Fischmann, les arts sont option-

nels au collège et les notes peu-

vent augmenter les moyennes.

Les cours sont de meilleures

qualités, avec des élèves qui ont

envie d’apprendre ». Le minis-

tère de l’éducation nationale,

frileux sur le collège, a néan-

moins réussi à réformer en

profondeur l’art au lycée,

mais en l’introduisant par le

biais des enseignements d’ex-

ploration. «Une très bonne ma-

nière pour rester connecter avec

l’art, se réjouit Julia, et ainsi

améliorer sa culture générale,

souvent en perdition chez les

adolescents». g

La culture en friche dans les collèges

A chaque réforme de l’éducation nationale, les deux matières culturelles, musique et arts plastiques, sont présurées pour ré-duire le budget. Mais la levée de bouclier des professeurs est plutôt génératrice d’immobilisme, y compris dans le contenupédagogique qui ne se modernise pas et semble mal adapté. i

Gavroche Hors-série - février 2011

De l’art ?

DR

« Quoi de plus repoussant que la flûte ?

Un instrument que personne n’écoute »

6

L’art au lycée réformé

Depuis la rentrée 2010, les

classes de seconde géné-

rale ont découvert les en-

seignements d’exploration

(qui continueront jusqu’en

terminale). A raison de 54

heures annuelles, soit 1h30

par semaine, les lycéens

ont pour obligation de

choisir au moins un des

deux modules ayant attrait

à l’économie : « Principes

fondamentaux de l’écono-

mie et de la gestion » ou

« sciences économiques et

sociales ». Libre à eux en-

suite de choisir une ou plu-

sieurs autres options dans

la limite des disponibilités,

où la culture, dans sa di-

versité, a la part belle. Avec

par exemple : Art du cirque

Création et activité artis-

tiques : Arts visuels ou

Arts du son ou Arts du

spectacle ou Patrimoines

Création et culture design

LV3 (3h)

Latin ou grec (3h)

Littérature et société

Gavroche Hors-série - février 2011

7

Anniversaires

Il en avait toujours voulu

à son père de s’être sui-

cidé, quand il avait 29

ans. Il trouvait cet acte lâche.

Pourtant, lui aussi, lui l’ama-

teur de corridas, il a attendu

le taureau sans broncher, lui

le fan de boxe, il a jeté

l’éponge. La dernière chose

que ses yeux ont regardé,

c’était une autre paire

d’yeux. Plus sombre que les

siens. Deux trous noirs.

Deux cercles vides qui

étaient ceux du fusil braqué

contre son front. Et il pressa

la détente. Le 2 juillet 1961,

Ernest Miller Hemingway se

suicidait. Il avait 61 ans.

La mort, il en parlait, il

l’écrivait. Il n’en avait pas

peur. « La mort est un remède

souverain à toutes les infor-

tunes » (Mort dans l’après-

midi, publié en 1932). En ce

jour de l’été 1961, « Hem »

en avait assez de ses

malheurs. Cirrhose, hyper-

tension, diabète, début

d’Alzheimer, dépression,

impuissance sexuelle, c’en

était trop pour ce buveur

amoureux des femmes (il en

eut quatre, qui lui firent

trois enfants). Il avait sûre-

ment du désespoir plein la

tête et des larmes pleins les

yeux. Car ce gaillard dépas-

sant les 180 cm et les 100

kilos n’était pas qu’un

homme bourru. Lui aussi

pleurait parfois. Notam-

ment quand ses manuscrits

n’étaient pas acceptés par les

éditeurs. « Je pleure, mon

gars, déclara-t-il à un bio-

graphe. Quand la douleur est

trop forte, je pleure ».

« Ecrire une seulephrase vraie »

Cinquante ans plus tard, ses

mots continuent de claquer

dans les mémoires comme

des uppercuts. Hemingway

était respecté. J.D. Salinger,

après l’avoir côtoyé au cours

de la seconde guerre mon-

diale, lui écrivit que leurs

entretiens étaient les seuls

souvenirs positifs qui lui

restaient de la guerre. Sa let-

tre commençait par ces

mots : « Cher Papa ». Ainsi

était surnommé Heming-

way : Papa.

Aujourd’hui ce surnom lui

sied mieux que jamais. «

Papa Ernest », qui avait été

inspiré par Shakespeare,

Dickens, Stevenson, était

lui-même source d’inspira-

tion pour les écrivains de

son époque, il l’est resté

pour les générations sui-

vantes et l’est toujours ac-

tuellement. « Il n’y a pas un

écrivain postérieur à Heming-

way qui n’ait appris de lui,

peut-on lire dans sa biographie

signée Jérôme Charyn(He-

mingway : portrait de l’ar-

tiste en guerrier blessé). Il a

changé notre style, notre ma-

nière de considérer les archipels

de mots et les espaces blancs in-

finis qui les entourent ».

Souvent, il travaillait de-

bout, entouré par les livres.

« J’aime écrire debout, pour

perdre mon ventre et parce

qu’on a plus de vitalité quand

on est sur ses pieds. Qui a ja-

mais pu tenir dix rounds assis

sur son derrière ? » L’écriture

rythmait chacune de ses

journées : « J'écris jusqu'à ce

que j'arrive au point où j'ai en-

core du jus et où je commence

à avoir une idée de la suite.

Alors je m'arrête et j'essaie de

vivre jusqu'au lendemain.

C'est l'attente jusqu'au lende-

main qui est dure à passer. »

Hemingway écrivait comme

il respirait. Beaucoup : la bi-

bliographie bien replète de

romans et de centaines de

nouvelles de celui qui in-

carne la « Génération per-

due » regorge de classiques

(Le Vieil Homme et la mer,

L’adieu aux armes, Pour qui

sonne le glas,etc.). Comme il

respirait : instantanément,

par saccades brèves, très

brèves. Une écriture

abrupte, sans emphase mais

à la véracité bluffante. « Ce

qu'il faut, c'est écrire une seule

phrase vraie», expliqua-t-il

un jour.

Devant ce style aux faux airs

simplistes l’intelligentsia

américaines’indigna, Wil-

liam Faulkner (prix Nobel

de Littérature 1949) en tête :

« Il (Hemingway) n'a aucun

courage, il n'a jamais pris le

moindre risque. Il n'a jamais

utilisé le moindre mot suscep-

tible d'exiger de la part du lec-

teur l'usage du dictionnaire ».

La réplique du Papa (prix

Nobel de Littérature 1954

pour Le Vieil Homme et la

mer) fut cinglante : « Pauvre

Faulkner... Croit-il vraiment

que les grandes émotions nais-

sent des grands mots ? Il pense

que je ne connais pas les mots

à dix dollars... Evidemment que

je les connais ! Mais il y a de

meilleurs mots, des mots plus

anciens et plus simples, et ce

sont ces mots-là que j'utilise ».

Faulkner présenta ses ex-

cuses.

« Foutu d’avance »

L’homme était susceptible.

Comme la brutalité de son

écriture protégeait la finesse

de ses romans, sa masse

physique cachait la fêlure de

fragilité qui était en lui.

Toute sa vie, il sembla ti-

raillé entre profiter (les

femmes, l’alcool, la chasse)

ou se flageller à chaque fois

qu’il aspirait au simple bon-

heur. Ce bonheur insaisissa-

ble :« Le bonheur des gens

intelligents est la chose la plus

rare que je connaisse ».

Né dans l’Illinois le 21 juillet

1899, il passa une bonne par-

tie de sa vie sur le champ de

bataille : première guerre

mondiale, guerre d’Es-

pagne, deuxième guerre

mondiale, révolution cu-

baine. « Il faut souffrir le mar-

tyre avant de pouvoir écrire

sérieusement », déclara Er-

nest après avoir été blessé

par un obus en 1918.

Comme s’il lui fallait prou-

ver sa valeur au combat

pour être considéré comme

un homme.

Hemingway, l’homme aux

deux facettes, celui qui traita

sa mère de « salope » alors

que c’est grâce à elle qu’il

posa ses premiers mots sur

le papier. Celui aussi qui dé-

testait son prénom, qui

haïssait Hollywood, qui ai-

mait ses femmes mais ne

pouvait s’empêcher d’aller

voir ailleurs. Celui encore

qui publia Le Vieil Homme

et la mer alors que la ru-

meur le disait fini, tout juste

bon à avaler son litre de

whisky quotidien. Quand la

presse annonça son décès

dans un accident d’avion en

Afrique, il trouva amusant

de conserver les nécrolo-

gies.Dans sa biographie, Jé-

rôme Charyn l’a décrit

comme « le plus étudié et le

moins compris des écrivains

américains ».

Après la révolution cubaine,

donc il ne fit matière qu’à ar-

ticles, Ernest revient aux

Etats-Unis et s’installe dans

l’Idaho. Avec sa quatrième

femme, mais seul dans son

esprit. « La vie d'un écrivain,

en mettant les choses au mieux,

est une vie solitaire ». He-

mingway fut un solitaire

permanent. « De quelque

façon qu’il s’y prenne un

homme seul est foutu

d’avance », déclare un de ses

personnages dans En avoir

ou pas. Ainsi continue le

narrateur du roman : « Il

ferma les yeux. Il avait mis du

temps à le sortir, mais il lui

avait fallu toute une vie pour

l’apprendre ». Dans son livre,

son personnage ré-ouvre les

yeux. Il y a bientôt 50 ans,

Ernest Hemingway se dit

qu’il était foutu d’avance.

Aussi il ferma les yeux. g

Ernest Hemingway, le « Papa» des écrivains

Le 2 juillet 1961, Ernest Hemingway mettait fin à ses jours, d’un coup de fusil aussi sec que son écriture. Près de cinquanteans après sa disparition, il est encore considéré comme un maître de la littérature. Un modèle. Portrait d’un solitaire endurcipar la guerre, qui défoulait sa rage derrière des mots simples. Par Yann Casseville

Gavroche Hors-série - février 2011

Hemingway est, 50 ans après sa disparition, toujours une source d’inspiration pour les jeunes écrivains. DR

8

Anniversaires

Vingt ans déjà que

Serge Gainsbourg

s’est éteint après une

énième crise cardiaque à son

domicile parisien, rue de Ver-

neuil. Depuis ses titres les plus

scandaleux sont passés à la

postérité. Qui n’a jamais fre-

donné le refrain –entétant- de

Lemon Incest ? En trente-trois

ans de carrière, Gainsbourg a

sorti dix-huit albums origi-

naux. Il se place à la 85ème

place des ventes de disques en

France avec plus de 5,9 mil-

lions de disques

vendus. Né en

1928 à Paris de pa-

rents émigrés de

Russie, Lucien

Ginsburg a une

enfance mouve-

mentée. Après

avoir abandonné ses études, il

enchaine les petits boulots.

Passionné de peinture, il la dé-

laisse pour se produire dans

des pianos-bar du côté du Tou-

quet. Boris Vian a été le déclic

qui va amener le jeune homme

à se lancer dans la musique.

De là, Serge Gainsbourg s’est

efforcé de se créer une image

de poète-maudit tout en inon-

dant les bacs de tubes comme

Elisa en 1969 ou Vieille Canaille

en 1979 qui s’est vendu à des

milliers d’exemplaires.

Outre pour son talent de chan-

teur-compositeur, « l’homme à

la tête de choux » est égale-

ment connu pour ses frasques

télévisuelles. La plus connue

du grand public reste le jour

où il a brûlé un billet de

500francs sur le plateau de

l’émission 7/7 sur TF1 le 11

mars 1984 afin de partager

avec les téléspectateurs son

amertume pour les impôts.

Anticonformiste à souhait,

l’homme qui a insulté Chantal

Goya – la pauvre- en direct à la

télévision, sera célébré en

héros sur le service public.

C’est Michel Drucker qui mar-

quera le premier le début des

hommages à

Serge Gains-

bourg avec

une émis-

sion spéciale

où des ar-

tistes de Be-

nabar aux

BB Brunes viendront repren-

dre des tubes du répertoire de

l’artiste. Les proches du chan-

teur sont aussi attendus pour

partager leurs souvenirs. A

croire que la postérité aura

blanchi la réputation de Gains-

barre. Loin des scandales qui

ont rythmé sa carrière, Serge

Gainsbourg vingt ans après,

est un artiste de variétés fran-

çaises qu’il fait bon connaître.

Le 22 février, à 20H35 sur

France 4, Nagui -toujours à la

pointe de la musique-, présen-

tera un Taratata « Spécial

Gainsbourg » dans lequel Ben

l'Oncle Soul et Sly Johnson,

Alain Chamfort et Frederika

Stahl, Yodelice ou encore Ra-

phaël pousseront la chanson-

nette sur les plus célèbres titres

du chanteur. Devenus hymnes

des années 80, ses tubes

comme la reprise de la Marseil-

laise ou Sea, sex, and sun ne

sont plus aussi tapageurs que

d’antan. La série d’hommage

se conclura le soir du 2 mars

par la diffusion sur France 3

du documentaire « Gainsbourg

et les femmes » écrit par Didier

Varrod et réalisé par Pascal

Forneri. D’autre part, les édi-

tions d'information des diffé-

rentes chaînes du groupe de-

vraient diffuser différentes

images d'archives, reportages

et témoignages inédits sur l’ar-

tiste.g

L’hommage à GainsbourgA partir du 19 février prochain, France Télévision rendra un hommage à Serge Gainsbourg, disparu le 2 mars 1991.Triste anniversaire célébré en grandes pompes funèbres par le service public. De nombreux artistes seront au ren-dez-vous. Par Emmanuelle Ringot

Gavroche Hors-série - février 2011

9

« Je fume, jebois, je baise.Triangle équi-

latéral ».

« Je composerai jusqu'a la décomposition » S.G.

La vie de Serge Gainsbourg se prête a priori plutôt mal à l’hommage télévisuel et consensuel par l’an-

cien gendre préféré des français. Encore moins à une heure de grande écoute : «Je fume, je bois, je baise.

Triangle équilatéral » n’est surement pas la citation préférée de Michel Drucker . Sulfureux, anticonfor-

miste, passionné par les femmes, l’artiste a flirté avec le bien et le mal tout au long de sa vie. Ceux qui

veulent s’en faire une idée remplaceront avantageusement la soirée télé par le film de Joann Sfar qui

réalise une biographie fantasmatique de l’homme à la tête de choux, sortie dans les salles le 20 janvier

2010. Des ruelles de Paris où, jeune homme, il arborait l’étoile juive jusqu’à la consécration en tant que

musicien et compositeur émérite, le film retrace son itinéraire artistique hors-norme à travers ses

amours tumultueuses et ses chansons fumeuses. Eric Elmosnino, acteur français de quarante-sept ans,

incarne avec subtilité la personnalité ambivalente et compliquée de Gainsbourg dans un biopic drôle

et fantastique. Le film est aujourd’hui disponible en DVD et en bluray depuis octobre 2010.g

Gainsbourg, Vie Héroique est sorti dans les salles en janvier 2010

Serge Gainsbourg se place à la 85e place des ventes de disques en France depuis 1959

DR

DR

Gavroche Hors-série - février 2011

10

Musique

Septembre 2009, Jay-Z détrône Elvis.

Une semaine après sa sortie, le nou-

vel album du rappeur new-yorkais se

place en tête des charts américains,

son onzième numéro1. Le record du

King tombe. Le rock est mort, vive le rap ? Tel un

symbole, cet événement marque la nouvelle su-

prématie commerciale du hip-hop sur le rock par-

tout dans le monde. En ce début d’année 2011, la

tendance s’est même accentuée. Au-delà de la

montée en puissance des musiques urbaines, le

rock’n’roll est en nette perte de vitesse, en terme

de ventes du moins. L’année 2010 a fait figure de

«sommet » si l’on peut dire, avec seulement trois

chansons rock dans le top 100 en Angleterre selon

la revue spécialisée Music Week . C’est le pire ré-

sultat depuis 1960, époque ou les riffs de guitares

n’en étaient qu’à leurs balbutiements. L’adolescent

rebelle qui écoutait hier en cachette « Sticky Fin-

gers » des Rolling Stones ne jure plus aujourd’hui

que par Eminem ou Kanye West. Pour preuve, la

radio la plus écoutée de la jeunesse française, Sky-

rock, se targue d’être « premier sur le rap ». Alors,

Rock’n’Roll Is Dead, comme l’annonçait Lenny

Kravitz dès 1995 ? Pas sûr. Le propre de cet art si

particulier est de renaître de ses cendres, comme

tant d’artistes mythiques l’ont prouvé depuis cin-

quante ans. Et avec des retours prévus dans les

bacs de certains des plus grands groupes des an-

nées 2000, 2011 pourrait bien voir le retour des

rockstars en haut de l’affiche. Et l’émergence d’une

nouvelle génération ? g

Passationde pouvoir

Du rock au rap

Le rappeur Jay-Z au festival rock de Glastonbury en 2008.

Par Antoine Delthil et Valentin Marcinkowski

Partout dans le monde,

le même constat. Le

hip-hop gagne en in-

fluence alors que le rock est

relégué au second plan.

Même l’Angleterre – pays

des Beatles, des Who et des

Rolling Stones – n’y échappe

pas. L’année dernière, 47%

des cent titres les plus ven-

dus du Royaume étaient du

rap/R’n’B, soit près d’un titre

sur deux. Dans le même

temps, seuls trois singles rock

étaient plébiscités par les su-

jets de sa Majesté. Aux Etats-

Unis, Eminem a trusté la

première place du hit parade

et a vendu 3,42 millions de

copies de Recovery. Ces chif-

fres si éloquents pour le rap

sont également valables pour

les années précédentes.

L’explosion desannées 90

Qui aurait pu prédire, il y a

plus de 30 ans, que le hip-

hop prendrait une place si

importante dans le paysage

musical mondial ? Né à New-

York dans les années 70, le

rap a su évoluer et s’interna-

tionaliser au fil des décen-

nies. A la fois festif et

contestataire, le genre a ac-

quis une notoriété mondiale

dans les années 90 grâce à

l’essor d’artistes tels que

Snoop Dogg. C’est à cet

époque également que le hip-

hop se structure autour de

puissants labels (Death Row,

Def Jam ou encore Bad Boys

Records). La guerre entre la

West Coast et East Coast bat

alors son plein et consacre le

rap gangsta. Argent, sexe,

drogue et… armes à feu font

désormais partie du tableau.

Plus que de simples artistes,

les rappeurs se muent égale-

ment en vrai businessman et

se retrouvent, pour certains,

à la tête de multinationales

(Puff Daddy, Jay-Z…). Le

meilleur moyen de répandre

la culture hip-hop partout

dans le monde.

Respectabilité

Alors qu’il souffrait d’une

mauvaise réputation, le rap a

su se racheter une respectabi-

lité dans les années 2000,

même si cette image sulfu-

reuse persiste en France. Les

instrumentales sont devenues

plus pop et électro tandis que

les textes sont moins virulents

que par le passé. Le hip-hop

ratisse large au grand dam

des puristes de la première

heure, et ça marche! Plus sub-

tilement, le rap plaît aux

jeunes car ces derniers n’ont

pas besoin d’être des pros du

solfège pour en faire. Un pa-

pier, un stylo, une voix et

quelques notions en logiciel

de musique suffisent pour

créer des morceaux. Un avan-

tage considérable sur le rock,

qui nécessite plus de connais-

sances et de moyens. Une

musique bas de gamme faite

à l’arrache par des jeunes dé-

linquants et qui squatte les

premières places des charts,

les fans de rock ont de quoi

faire la gueule ! g

11

Gavroche Hors-série - février 2011

Musique

Premier sur le RapEn plus de 30 années d’existence, la culture hip-hop s’est imposée partout où elle est passée. Aujourd’hui, lerap/R’n’B constitue l’un des plus gros marchés de l’industrie du disque et dépasse même celui du rock. Retour surune ascension des plus fulgurantes. Par Valentin Marcinkowski

Rap’n’roll

Malgré des styles et des univers à priori opposés, la connexion

entre le rock et le rap a toujours bien fonctionné. Tout le

monde a en mémoire le tube des années 80 « Walk this Way »

de Run DMC et Aerosmith. Au cours de ces vingt dernières

années, les artistes hip-hop ont souvent puisé dans le réper-

toire rock pour trouver leur inspiration, prouvant au passage

que leur culture va bien au-delà de la musique noire améri-

caine. Puff Daddy et Eminem, pour ne citer qu’eux, font partie

des artistes hip-hop les plus « rock’n’roll ». Le premier nommé

a par exemple repris le tube « Every Breath You Take » pour un

hommage à Notorious BIG en 1997 tandis qu’Eminem chante

« The Way I Am » en duo avec Marylin Manson sur The Mar-

shall Mathers LP en 2000 tout en choisissant « Dream On »

d’Aerosmith pour un autre de ses titres en 2003. Illustration

de cette tendance, Lil’ Wayne a sorti l’année dernière un album

entièrement rock intitulé Rebirth. Une première dans l’histoire

du hip-hop et une vraie prise de risque d’un point de vue ar-

tistique qui fera certainement des émules.

DR

Malgré son statut de star du rap, Lil’ Wayne est l’un des rares à avoir expérimenté le rock sur son album Rebirth en 2010.

Gavroche Hors-série - février 2011

12

Musique

Rock’n’Flop

«Tonight, I’m a

rock’n’roll star »,chantait en

1994 Liam Gallagher en ou-verture de l’excellent Defini-

tely Maybe, premier albumd’Oasis. Expression la pluspure du fantasme de la rockstar, l’album deviendra en-suite Fastest Selling Debut

Album Of All Time, le pre-mier opus d’un groupe leplus rapidement vendu à sasortie. Les frères Gallagheren vendront plus de septmillions d’exemplaires,vingt millions pour le se-cond un an plus tard. Deschiffres qui laissent songeuren 2011. La généralisationdu téléchargement illégal abouleversé la donne. Voir unalbum de rock dépasser labarre symbolique du millionde copies écoulées dans lemonde est devenu une trèsnotable exception. Pire, legenre musical a de plus enplus de mal à se faire uneplace dans les charts. L’an-née écoulée aura été calami-teuse, avec seulement troissingles dans le top 100 an-glais de l’année, d’après leschiffres du site internet

Music News, dédié à l’indus-trie musicale. C’est dix demoins qu’en 2009, et vingt-cinq de moins qu’il y a deuxans! Il faut même remonter àl’année 1960 pour trouver unratio si faible. « Jusqu’à peu, il

y avait beaucoup de chansons

rock dans le classement, mais

passer de vingt-sept en 2008 à

trois en 2010… Ce n’est pas

seulement quelque chose de cy-

clique », expliquait en janvierà la BBC Ben Cardew deMusic Week. L’Angleterre estpourtant historiquement laterre la plus prodigue engroupes mythiques, et pos-sède sans doute le public leplus fervent. Outre-Atlan-

tique, le bilan n’est guèreplus encourageant. Huit sin-gles dans le top 100 sont ca-tégorisés « rock ». Et parmiceux-ci figure par exemple

Hey Soul Sister du groupeTrain, qui ne brille pas préci-sément par la violence de sessolos de guitare.. L’une deces chansons « rock», Don’t

Stop Believing par les chan-teurs de la série américaineGlee, est une reprise dugroupe Journey datant de1981…

Nostalgie

Faut-il y voir une preuveque, selon l’expressionconsacrée, le rock « c’étaitmieux avant » ? Le publicn’est pas loin de le penser àen croire le top 10 des tour-nées 2010 les plus proli-

fiques, publié par le maga-zine américain Bilboard. Trois« supergroupes » des années80 trustent les trois pre-mières places. AC/DC et U2talonnent les américains deBon Jovi, dont les 69 datesont attiré un million et demide spectateurs et près decent-cinquante millions dedollars de recettes. Alors quele dernier groupe de grandeampleur à exploser remonteà 2006 (les Arctic Monkeys),les « anciens » que sont lesWho, les Rolling Stones ouPaul Mc Cartney remplissenttoujours les plus grandsstades du monde. Dans lesfoules, on trouve bien sûrdes cinquantenaires, maisaussi énormément de jeunes,happés par le pouvoir de lamusique de leurs parents.Que manque-t’il alors à lanouvelle génération ? L’atti-tude peut-être. L’image d’ungroupe ne dépend pas quede sa musique. La transgres-sion est historiquement

l’apanage des rockers. « Est

ce que les personnes qui ont des

places bon marché peuvent

taper dans leur mains et les au-

tres faire cliqueter leurs bi-

joux ?» demandait déjà JohnLennon en 1964 aux concertsdes Beatles. Les tabloïds an-glais des années 90 étaientparticulièrement friands despetites phrases assénées audétour d’une interview.« Nous ne sommes pas arro-

gants, juste le meilleur groupe

du monde » lachait en toutehumilité Noel Gallagher en1996.

« Protest songs »

« People try to put us down /

just because we get around »(On essaie de nous fairetaire / juste parce qu’on traînedans les rues). Les parolessont des Who en 1965 dansl’hymne My Generation.Comme tout courant artis-tique, le rock a souvent étéun moyen de faire passer

une rage, et des revendica-tions. Bob Dylan et Joan Baezétaient les chantres absolusde ces « protest songs» dansles années 1960. Trente-cinqans plus tard, Richard Ash-croft de The Verve parlait del’Homme comme un « esclave

de l’argent jusqu’à sa mort »(Bittersweet Symphony). Unerelation aux profits que lestrop gentils groupes actuelsne connaissent que trop bien.S’ils se retrouvent dans lamusique en elle-même, peut-être ne se retrouvent-ils plusdans ses fondamentaux, ceuxd’une autre génération. Tou-tefois, l’année 2011 pourraitbien rassurer les maniaquesdes ventes. Plusieursgroupes phares durock’n’roll des années 2000font leur retour dans les bacset sur scène dans les mois àvenir (voir page suivante).La flamme du rock and rolln’est pas éteinte, il faut justel’attiser.g

Trois morceaux de rock sur les cent meilleures ventes de singles de 2010 outre-Manche, ces chiffres étaient inconce-vables il y a encore vingt ans. Ils témoignent du désintérêt des acheteurs pour ce genre né avec leurs parents. Pire, lesgroupes actuels doivent compter avec la concurrence de leurs glorieux ainés, toujours dans le circuit.Par Antoine Delthil

Noel Gallagher, ex-guitariste d’Oasis, peut faire grise mine. Le rock disparait peu à peu des charts britanniques et amériains.

D.R

Le dernier groupe de grande ampleur à exploser remonte à2006

13

Gavroche Hors-série - février 2011

Musique

On a tous besoin d’unbon docteur. Le hip-hop ne déroge pas à

la règle et bonne nouvelle, lesien devrait revenir en 2011après plus de dix ans d’ab-sence pour une troisième etdernière opération. Dr Dre, leproducteur de rap le plus in-fluent et certainement le plustalentueux, doit sortir cetteannée le tant attendu Detox.

Quand exactement ? Per-sonne ne le sait. Dans le mi-lieu, l’album fait figured’arlésienne tant il a été re-porté ces dernières années. Apresque 46 ans, la figure deproue du rap West Coast n’apourtant pas l’intention de sepresser. Le principal intéresséavait pourtant laissé entendrele mois dernier que le 20 avrilavait été choisi pour enfin

voir Detox dans les bacs. Fauxespoir, un porte-parole durappeur a fait savoirquelques jours plus tardqu’aucune date de sortie offi-cielle n’a pour l’heure été dé-cidée. Les fans, eux,commencent à trouver letemps long. Conscient de l’at-tente énorme qu’il suscite, DrDre a déjà donné un aperçude son futur album avec lasortie du single « Kush » et,plus récemment du titre « INeed A Doctor » avec Eminemet Skylar Grey. Comme unSOS lancé par tous ses fans,qui espèrent enfin décrocherun rendez-vous cette annéepour une ultime consulta-tion.Contrairement à d’autresdans ce milieu, Dr Dre misedavantage sur la qualité que

la quantité. Son dernieralbum, 2001, remonte à l’an-née 1999. Bien que jamaisclassé numéro 1, cet opus faitfigure de chef-d’œuvre ab-solu en matière de hip-hopavec notamment le hit « Still

Dre », véritable emblème detoute une génération. Plusdiscret qu’un Puff Daddy, DrDre se fait très rare dans lesmédias. Le meilleur moyensans doute de travailler serei-nement. Car durant toutesces années, le Californien n’apas chômé. Les succès d’Emi-nem et 50 cent, c’est lui. Atrop se concentrer sur les pro-jets d’autres artistes, Dre amis sa propre carrière entreparenthèses et c’est la princi-pale raison – en plus de sonultra-perfectionnisme – decette si longue attente... g

Get Back

Dr Dre : Dernière consultation pour 2011 ?

Après une année 2010 pour le moins morose, l’industrie du rock devrait reprendre des couleurs. Plusieurs valeurssûres, jeunes et moins jeunes, s’apprêtent à faire leur retour dans les bacs. Avec pour difficile mission de ramener lerock’n’roll au top des charts. Par Antoine Delthil

L’année 2011 a com-mencé sur un clapde fin. Les White

Stripes, duo blues-punkaméricain ont annoncé leurséparation après onze ansd’activité. A leur actif, cinqalbums et un tube plané-taire, Seven Nation Army, de-venu bon gré malgré unchant de supporters danstous les stades d’Europe.Surtout, ils ont fait partie dela vague de groupes dontl’émergence au début desannées 2000 a été qualifiéepar les médias spécialisés de« résurrection du rock », ex-cusez du peu.Les représentants les pluspopulaires de cette généra-tion dorée ont été les New-Yorkais des Strokes. Lequintet emmené par JulianCasablancas, chanteur à lavoix rauque et aux cheveux

longs a fait son retour surscène au festival de l’Île deWight en juin dernier, aprèsune séparation provisoirefin 2006.Tous les membres ayantmené à bien leur projet solo,le groupe a pu se reformer,et enregistrer son nouvelalbum, Angles, dont la sortieest fixée au 22 mars. Dix ansont passé depuis leur inau-gural Is this It, élu album dela décennie par la revue bri-tannique spécialisée NME.Le premier single Under

Cover of Darkness, a été lancéle 9 février 2011.Premier groupe à avoir pro-fité à fond des capacités dediffusion d’Internet, les Arc-tic Monkeys, originaires deSheffield en Angleterre,transforment tout ce qu’ilstouchent en or depuis leuréclosion en 2006. Les talents

de compositeur de leur lea-der Alex Turner, ont permisau groupe de remplir stadeset zéniths sans la moindredifficulté, alternant balladesharmoniques et morceauxtrès énergiques. Les mem-bres du groupe parlentd’une sortie du nouvel opusau printemps, avant unetournée des festivals cet été.Une tournée britanniquecomplète moins de trenteminutes après la mise envente des billets sur internet,ça laisse songeur. Songeurquant au niveau de popula-rité conservé outre-Manchepar Liam Gallagher, ex-chanteur bagarreur desMancuniens d’Oasis, et dontle nouveau groupe s’appelleBeady Eye. Different Gear,

Still Speeding, sort le 28 fé-vrier, et la formation le pré-sentera le 13 mars au Casino

de Paris. Son grand frèreNoël, compositeur de tousles hymnes d’Oasis, conti-nue en solo. Trop tôt néan-moins pour envisager unedate de sortie d’album. Et

pour les nostalgiques desannées 80, REM remet lecouvert pour une quinzièmegalette qui s’intitulera Col-

lapse Into Now. Tremble, Ri-

hanna. g

Les Strokes seront de retour dans les bacs le 22 mars prochain.

Annoncé depuis 2004, le nouvel album de Dr Dre devrait finalement sortir dans les bacs cette année. Dequoi rassurer les fans qui commençaient vraiment à se poser des questions quant à l’existence réelle dece nouvel opus. Par Valentin Marcinkowski

DR

DR

Dr Dre, le roi incontesté du rap US

Gavroche Hors-série - février 2011

14

Gavroche Hors-série- février 2011

Cinéma

La confusion du cygneMercredi 9 février est sorti le nouveau film de Darren Aronofsky, Black Swan. Le long métrage traite de façon oni-rique et psychologique de l’ascension d’une danseuse étoile au New York City Ballet. La ballerine va devoir dansle même temps affronter son pire ennemi : elle-même. Par Audrey Loussouarn

Du côté de chez

« swan », la folie

pourrait bien poin-

ter le bout de son nez. Dans

Black Swan, le réalisateur

Darren Aronofsky choisit de

traiter un sujet des plus poin-

tus, celui de la danse clas-

sique.

Après Requiem for a dream,

The Wrestler ou encore The

Wolverine, il s’attaque de nou-

veau aux âmes complexes et

tourmentées. Ce drame et

thriller psychologique met

en scène Nina (Nathalie Port-

man), danseuse étoile au

New York City Ballet. La

jeune ballerine se voit désta-

biliser par l’arrivée de Lily au

moment de la désignation du

rôle principal du Lac des

cygnes par le directeur artis-

tique de la troupe, l’ambigu

Thomas.

Le côté désinvolte et extra-

verti de la nouvelle venue

contraste avec la naïveté et la

pureté de Nina. Le film joue

continuellement sur ce paral-

lèle entre la concurrence évi-

dente entre les deux femmes

et celle du cygne blanc et du

cygne noir du ballet.

L’arrivée de Lily amène Nina

à remettre en question son

univers fait de rose, de pe-

luches et de perfection et à se

confronter à son côté sombre.

Sa détermination à jouer la

reine des cygnes l’amène à

devenir paranoïaque quant

aux intentions de la brune

sulfureuse et à entretenir une

amitié malsaine avec elle.

Lily réussit peu à peu à per-

vertir son âme pure et enfan-

tine.

Les « cygnes » d’un succès

Couvée depuis l’enfance par

une mère ancienne dan-

seuse, qui n’a jamais réussi à

obtenir le moindre grand

rôle, Nina finit par rejeter

son oppression maternelle.

Celle-ci tentait de projeter

l’objectif de sa vie dans celui

de sa fille en lui faisant subir

un régime drastique, une

quasi séquestration et des

entrainements intensifs. Le

personnage de Nina doit ap-

prendre à lâcher prise et ex-

térioriser ses émotions pour

arriver à jouer à la perfection

le rôle du cygne noir (« black

swan »).

Son image lisse et parfois

prude correspond au cygne

blanc. Pourtant, le spectateur

découvre au fur et à mesure

du film et des réactions de

Nina, qu’elle tend davantage

vers le plus sombre des

deux. Nathalie Portman est

époustouflante de sincérité

dans le rôle d’une jeune

femme à la fois craintive et

déterminée. L’actrice, qui a

rencontré son fiancé Benja-

min Millepied sur le tour-

nage et dont elle attend un

enfant, envisage après ce

film de faire une pause pour

se lancer dans la production

et l’écriture pour, d’après

elle, se « permettre de choisir

(sa) vie et de contrôler (son)

emploi du temps ».

La jeune femme s’est vu of-

frir un Golden Globes de la

« Meilleure actrice » dans un

drame. Le film était égale-

ment nominé dans trois au-

tres catégories : « Meilleur

film », « Meilleur second

rôle» pour Mila Kunis et

« Meilleur réalisateur pour

Darren Aronofsky. Com-

mençant par des démonstra-

tions de tutus et de grâce, le

film tend efficacement au fil

des scènes vers un thriller

psychologique fait de scènes

trash et sanguinaires où le

spectateur découvre un trou-

ble profond dans le person-

nage principal.

Seul bémol, la folie de Nina

ramène davantage à la schi-

zophrénie qu’à une extrême

angoisse et apporte au spec-

tateur une certaine per-

plexité quant au

déroulement des évène-

ments. De quoi galvauder

quelque peu le final.g

15

Nathalie Portman :

1994 : Léon de Luc Besson1997 : Tout le monde dit I love you de Woody Allen 1997: Mars Attacks ! deTim Burton 1999-2002 et 2005 : La trilogie de Star Wars deGeorges Lucas2006 : V pour Vendetta de James McTeigue2006: Paris, je t’aime de Tom Tykwer2007 : My Blueberry Nights de Wong Kar-wai2008 : Deux sœurs pour un roi de Justin Chadwick

Vincent Cassel:

1995: La haine de Mathieu Kassovitz1997 : Dobermann de Jan Kounen1999 : Jeanne d'Arc de Luc Besson2000 : Les Rivières pourpres de Matthieu Kassovitz2000 : Le Pacte des loups de Christophe Gans2001 : Sur mes lèvres de Jacques Audiard2002 : Irréversible de Gaspar Noé2005 : Sheitan de Kim Chapiron2008 : L'Instinct de mort et Ennemi public numéro 1de la Saga Jacques Mesrine de Jean-François Richet2010 : Notre jour viendra de Romain Gavras

Mila Kunis:

1998-2006 : That '70s Show (Série TV)1997 : Chérie, nous avons été rétrécis deDean Cundey2008 : Max Payne de John Moore2008 : Sans Sarah rien ne va de Nicholas Stoller2010 : Le Livre d'Eli d'Albert et Allen Hughes2010: Crazy Night de Shawn Levy

La relation entre Nina et Lily apparaît quelque peu malsaine

Nina (Nathalie Portman) est partagée entre sa pureté et son côté sombre

D.R.

D.R.

Filmographies

Télévision

Avec les Sopranos, le scéna-

riste Terence Winter

nous a plongé dans la vie

de Tony Soprano, chef de mafia

modèle et père de famille irrépro-

chable. Dans Boardwalk Empire le

scénariste va plus loin en retra-

çant la métamorphose d'Atlantic

City en ville du vice et du péché

dans les années 20. Regardée

pour la première fois le 19 sep-

tembre 2010 par plus de 5 mil-

lions de téléspectateurs sur HBO

(meilleur démarrage de la chaîne

depuis le pilote de Deadwood), la

série est rapidement diffusée en

France sur Orange Cinéma Séries

chaque dimanche. Du coup, sitôt

commencée, Boardwalk Empire

s'envole déjà vers une seconde

saison. Tirée du roman Boardwalk

Empire: The Birth, High Times and

the Corruption of Atlantic City de

Nelson Johnson, le scénariste re-

late à sa manière l’histoire de

Nucky Thompson, trésorier d’At-

lantic City qui décide de se lancer

dans l'industrie de l'alcool en

pleine prohibition. « Je ne connais-

sais pas le livre sur Atlantic City

écrit par Nelson Johnson, sur lequel

se base notre série. Ce sont les diri-

geants de HBO qui me l'ont donné,

en me demandant de voir s'il y avait

la matière pour en faire une série. Et

puis, j'ai découvert le personnage de

Nucky Johnson, dont j'ai fait mon

personnage principal car cet homme,

à la fois politicien et gangster, m'a

fasciné », explique Terence Win-

ter.

A la hauteur de ses promesses

Attendue de très longue date, la

série a rapidement fait parler

d’elle avant même sa diffusion. Et

pour cause : le pilote est réalisé

par Martin Scorsese. Dès les pre-

mières minutes de l’intrigue, qui

débute le jour de l’application du

18e amendement instaurant la

prohibition, le réalisateur nous

immerge dans la mafia, son

thème favori. Scorsese est égale-

ment producteur au côté de

Mark Wahlberg, acteur et déjà

producteur des séries Entourage

et How to make it in America. Mais

qui dit réalisateur et producteur

de talent dit budget colossal pour

lequel HBO a dû mettre la main

au portefeuille. Pour le premier

épisode, la chaîne a dépensé

20 millions de dollars en reconsti-

tution historique. Ne manquait

plus que des acteurs ayant déjà

roulé leur bosse. Car si de plus en

plus de films peinent à convain-

cre, les séries elles, gagnent en

maturité comme le prouve Board-

walk Empire et son casting d’ac-

teurs habitués du grand écran. Le

célèbre Steve Buscemi (Desperado,

Armageddon, Pulp Fiction, Reser-

voir Dogs) joue avec brio Nucky

Thompson, le politicien véreux.

« Au départ, on voulait un acteur

qui ressemble au vrai Nucky, ex-

plique le scénariste Terence Win-

ter. Mais ça nous amenait vers

James Gandolfini, qui jouait déjà

dans les Soprano ! Donc on s'est dit:

« prenons simplement l'un des meil-

leurs acteurs que l'on connaisse».

Avec Martin Scorsese, on s'est vite

mis d'accord sur Steve Buscemi ».

L’acteur au faux air de Léonardo

DiCaprio, Michael Pitt (Last Days,

Delirirous, Le Village) interprète

James Darmody, chauffeur de

Nucky Thompson et ambitieux

jeune père de famille. « Jimmy

était à l'université mais a décidé de

partir faire la guerre en Europe, ra-

conte le jeune acteur. Il en revient

tourmenté par les notions de bien et

de mal. Avec Nucky, ils entretien-

nent une relation père-fils, mais en-

core plus compliquée ».

L’Amérique redécouvre son passé

A l’instar de la série Mad Men,

Boardwalk Empire prône l’esthé-

tisme. La reconstitution a été par-

ticulièrement soignée : les

producteurs ont rebâti en partie

la célèbre promenade de bord de

mer qui faisait la réputation d'At-

lantic City, les costumiers ont ras-

semblé une collection de robes et

de costumes d'époque, les sty-

listes ont recréé des coiffures à la

mode au début du XXe siècle et

même les musiques datent de

cette période. Tenues magni-

fiques, décors et musiques

d’époque … HBO ne lésine pas

sur les moyens au risque d’en ou-

blier le scénario. « Esthétiquement

remarquable, Boardwalk Empire ne

pèche que par un nécessaire didac-

tisme. Pour le reste, elle constitue

une preuve supplémentaire que cer-

taines séries, se rapprochent de plus

en plus de l’expérience cinématogra-

phique », relate Pierre Langlais,

journaliste à Télérama.fr. Plongée

ultra documentée dans le passé

des Etats-Unis, au tout début des

années 1920, la série fait décou-

vrir de manière véridique les pre-

miers pas du crime organisé. « De

plus en plus d'historiens considè-

rent ces séries, et l'histoire populaire

en général comme légitimes pour

parler du passé. C'est une mini-ré-

volution ! » commente Pierre Lan-

glais. Le concept de la série a déjà

ravi les critiques télé pourtant

avares en compliment sur les pro-

grammes de la chaîne : « Board-

walk Empire, c'est ce qu'on peut

faire de mieux à la télévision : regar-

der cette série, c'est comme être dans

une machine à remonter le temps.

Tous les thèmes abordés ont encore

une résonnance aujourd'hui», es-

time le Philadelphia Enquirer. Au

Golden Globes 2011, la série a

remporté le prix de la Meilleure

série dramatique et Steve Bus-

cemi, celui du Meilleur acteur

dans une série dramatique. Les

mafieux ont encore de beaux

jours devant eux.g

Mafia : retour aux sourcesNouvelle série phare de la chaîne HBO, Boardwalk Empire s’est rapidement fait un nom dans le monde de la télévision.Ne serait-ce grâce à son budget colossal ou à l’intérêt que le réalisateur Martin Scorsese lui porte, Boardwalk Empire faitdéjà partie des meilleures séries de 2011. Par Alexandra Bresson

Gavroche Hors-série- février 2011

16

Boardwalk Empire est diffusé chaque dimanche sur Orange Cinéma Séries

Steve Buscemi (Nucky Thompson) et Mickael Pitt (James Darmody)

Gavroche Hors-série- février 2011

17

Gavroche -Hors-Série février 2011

18

Téléréalité

L e s 1 0 a n s

Les TOPS

1/ Loft Story, M6 (2001 – 2002)

Emission pionnière, Loft Story débarque sur les télévisions fran-çaises le 26 avril 2001. Le concept : treize candidats célibatairestriés sur le volet sont filmés toute la journée à l’intérieur d’unemaison. Qualifiée par beaucoup de « télé-poubelle », le Loft ré-vèlera au grand public des personnages emblématiques commeLoana, Jean-Edouard ou encore Steevy Boulay et son bourriquet.La finale du 5 juillet 2001 a rassemblé près de 8 millions de télé-spectateurs. La saison 2 ne sera pas autant suivie.

2/ L’Ile de la Tentation, TF1 et Virgin17 (2002 – 2009)

Adaptée d’une émission américaine, l’Ile de la Tentation fait sonapparition le 6 juillet 2002 sur TF1. Le principe est simple : qua-tre couples testent leur relation sur une île paradisiaque peupléede tentateurs et de tentatrices. Dès le lancement, le public ré-pond présent. Le premier épisode fait 44,8 % de part d’audience,un score remarquable pour une émission de fin de soirée. L’au-dience n’a presque pas faibli durant les sept années de diffusionsur TF1. Depuis 2010, l’Ile de la Tentation est diffusée sur la chaîneTNT Virgin17 mais les téléspectateurs sont moins nombreux àsuivre.

3/ Secret Story, TF1 (Depuis 2007)

Seize candidats, qui ne se connaissent pas, se retrouvent coloca-taires dans la Maison des Secrets. La vie de la Maison varie aubon vouloir d’une Voix avec qui les candidats ont passé un ac-cord : conserver et défendre un secret et trouver celui des autres.Le ton est donné. Plus sulfureuse que les précédentes émissionsdu même acabit, Secret Story flirte avec les limites de la bien-séance. Avec en moyenne 5 millions de téléspectateurs pour lapremière saison, l’émission est un franc succès. TF1 devrait dif-fuser la cinquième édition au cours de l’été 2011.

Les FLOPS

1/ Nice People, TF1 (2003)

TF1 se lance dans la téléréalité avec Nice People en 2003. Pré-sentée comme un clin d’œil au film de Cédric Klapish « L’Au-berge Espagnole », l’émission joue sur la diversité des cultures.L’idée ? Installer douze jeunes Européens dans une villa à Niceet les filmer 24h/24. L’Italienne Serena a été la grande gagnantede l’édition 2003. Le manque de téléspectateurs aura raison duconcept qui ne sera pas reconduit l’année d’après.

2/ Les Colocataires, M6 (2004)

M6 diffuse les Colocataires en 2004. Calquée sur Loft Story, exceptéque la villa est divisée en deux avec les filles d’un côté et les gar-çons de l’autre. Mais ils n’étaient séparés que quelques heurespar jour. Le concept n’a pas su trouver son public. La ferme célé-

brité apparue dans le même temps sur TF1 a raflé toutes les partsd’audience. A la première confrontation le 4 avril 2004, 6 millionsde téléspectateurs avaient préféré les aventures des people-fer-miers

3/ Dilemme, W9 (2010)

2010, Le principe de Big Brother est repris par la chaîne W9 avecDilemme. Quinze jeunes, deux équipes, une villa, des dilemmes :le décor est planté. Mais l’émission n’a pas remporté le succèsescompté et s’est attirée les foudres de bon nombre de médiasqui jugeaient le niveau intellectuel des candidats et la vulgaritéde leur langage déplorable. Le public pourtant au rendez-vousà la première émission s’est vite lassé. En moyenne, Dilemme réu-nissait 500 000 téléspectateurs chaque soir.

La téléréalité fête cette année ses 10 ans ! Rappelez-vous, c’était il y a dix ans qu’apparaissaient sur nos écrans :Loft Story.Dix ans que le petit écran est envahi de programmes à la qualité plus ou moins discutable, et souvent

Les dérives de la téléréalité

Être enfermé 24h sur 24 sous l’œil des caméras peut jouer sur les nerfs des candidats. Le désir de faire parler de soi aussi. C’estpourquoi, au fil des années, des dérives ont été observées dans les diverses émissions. La célèbre scène de la piscine entre Loanaet Jean-Edouard parait bien pâle en comparaison des douches totalement dénudées, et des parties de jambes en l’air à peine ca-chées de Secret Story. Sans parler des « pétages de câble » associés de violences verbales ou physiques devenus courants, quiont fait le tour de la toile. Secret Story (encore une fois) a déjà dû à deux reprises éjecter un candidat pour violence (Léo dans lasaison 3 et Ahmed dans la saison 4). Koh-Lanta n’est pas en reste avec les nombreux coups de sang de Moundir, ses hurlementset ses menaces. Des dérives que n’ont pas empêché l’évaluation psychologique préliminaire des candidats, ni le suivi par unpsychologue tout au long de leur aventure…Emmanuelle Ringot

Diana, ex-candidate de l’Ile de latentation

Cyril, ex-candidat de Secret Story

Loana et Steevy Bouley , ex-candi-dats du Loft 1

D.R.

Avril 2001. En prime-time sur M6, la «pe-tite chaîne qui

monte », Benjamin Castaldi,quasi inconnu mais « fils de »,lance la toute première émis-sion de téléréalité française :Loft Story. Le concept ? Treizecélibataires se retrouvent en-fermés dans un loft, sous l’œildes caméras, 24h sur 24.Chaque semaine, les candi-dats désignent ceux qu’ilssouhaitent voir quitter l’aven-ture, ensuite soumis au votedu public. La recette de LoftStory, jeunesse et sexe, pro-miscuité et rivalité, voyeu-

risme et concurrence, a par lasuite été reprise dans de nom-breuses émissions de téléréa-lité, qu’elles aient eu dusuccès, ou non. Depuis 10 ans,malgré de nouveaux ingré-dients, la téléréalité a peu évo-lué.

Trois concepts distincts

En France, il existe trois prin-cipaux concepts d’émissionsde téléréalité. Le premier, etle plus vendeur est celui duhuis-clos. Loft Story, ou plusrécemment Secret Story, bref,

des inconnus enfermés et fil-més. C’est sans doute l’un desconcepts les moins intéres-sants, puisque les partici-pants n’ont pas grand-chose àfaire de leurs journées, si cen’est profiter du confortluxueux offert par la produc-tion, dragouiller, ou encoreparticiper à quelques activi-tés afin de ne pas passer pourde parfaits feignants. Deuxième concept, les émis-sions musicales. Certainescomme Popstar ont presqueimmédiatement fait un flop,mais d’autres, comme la Star

Academy ou la Nouvelle Star

ont réussi à trouver un pu-blic. Ici, l’enjeu est plus im-portant puisque le gagnantremporte l’occasion d’enre-gistrer un album, et donc, deréaliser son rêve de devenirartiste. Si le concept de cesdeux émissions est similaire,le traitement est différent. SiTF1 revisite le concept dehuis-clos avec la Star Aca-

demy, les candidats vivantdans un château et prenantdes cours de chant, danse etthéâtre, M6 a préféré organi-ser un casting géant à traversla France, en plusieursétapes. Cependant, si des

chanteurs comme Jenifer(Star Academy1) ou JulienDoré (Nouvelle Star4) fonttoujours plus ou moins parlerd’eux, d’autres, comme Jona-tan Cerrada, vainqueur de lapremière édition de la Nou-

velle Star, à l’époque appeléeA la recherche de la nouvelle

star, sont totalement tombésdans l’oubli. Enfin, le dernier type de télé-réalité est celui de l’aventure.Ici, les deux principales émis-sions sont Koh Lanta, qui re-prend au principe dehuis-clos décidément cher àTF1, puisque les candidats

D.R.

D.R.

Voir de parfaits incon-nus devenir en justetrois semaines des

stars : banal. En 2011, nou-veau concept : les anciens dela téléréalité sont allés tenterleur chance à Los Angelessous l’œil des caméras de lachaîne NRJ12. De Marlène(Loft Story 2) au couple mou-vementé que forment Amélieet Senna (Secret story 4), ilssont tous venus vivre leurrêve américain. Et quel rêve !Alors que certaines veulentpercer dans la musique auxEtats-Unis, d’autres envisa-gent de devenir mannequin.Une villa dans les hauteursde Los Angeles, un produc-teur-coach qui organise desrendez-vous, une bande dehuit colocataires sympa-thiques en quête de paillettes

et de succès : des ingrédientsprometteurs. Pourtant la dif-fusion du premier épisode le14 janvier dernier sur lachaîne NRJ 12 a été un flop !A peine 230 000 spectateurspour les retrouvailles deJohn-David, (Secret Story 2),Marlène, Amélie et Senna,Diana (l’Ile de la tentation 1),Ingrid (l’Ile de la tentation 7),Cindy Sander (Nouvelle Star)et Steevy, pionnier du genre,révélé dans la première sai-son de Loft Story.Fabrice, le parrain-coach s’estbien démené pour eux ! Lestimides débuts commencentà se faire oublier. Les tribula-tions en franglais des prota-gonistes surexcitéscommencent à fidéliser unvrai public. La diffusion duquinzième épisode a eu une

audience record : près de511 000 téléspectateurs,près de 11.3% de part d’au-dience chez les 15-34 ansselon Médiamétrie, chiffrehonorable pour une émis-sion diffusée sur la TNT à18h. Archétype de la saga, dixans après le premier Loft, larecette est inchangée. Dis-putes, réconciliations, flirtset fêtes, les Anges sont auParadis. Reste quelquesjours pour découvrir siCindy réussira à signeravec un label américain, siJohn-David peut faire dan-ser le tout Hollywood pen-dant qu’Ingrids'époumonera à détournerSenna de sa fiancée Amélie. Enorme suspens donc.

L’équipe des Anges de la Télérélité au complète à Los Angeles

19

Gavroche - Hors-Série février 2011

Téléréalité

Mettre en scène d’anciens participants d’émissions de téléréalité dans une villa à Los Angeles pour tenter de percer dans le showbizaméricain. C’est la promesse que fait la nouvelle téléréalité d’NRJ12. Décryptage de ce nouveau concept. D.R.

d e l a Té l é r é a l i t é

Les Anges de la téléréalité

source de polémiques. Dix ans de programmes divers et variés, consacrée ou pas par le grand public

sont seuls sur une île, mais quireste une aventure puisque leprincipe y est de survivre, etPékin Express, une coursecontre la montre à travers dif-férents pays, où seuls comp-tent la débrouillardise etl’endurance.

La guerre de l’audimat

De l’endurance, certainesémissions n’en manquent pas!

Alors que certaines téléréalitéssurvivent envers et contretout, à l’image de Secret Story,qui s’apprête à entamer sa5esaison (un record enFrance),pour capter l’au-dience. Star Ac’ contre Nou-

velle Star, Pékin Express contreKoh-Lanta… Le seul pointconcédé par M6, qui avait faitnaître la téléréalité, est leconcept de huis-clos. Depuisla fin de Loft-Story, c’est TF1qui a récupéré ce filon.

Scandales et polémiques

TF1, qui s’était pourtant refuséà aller dans cette voie, sonPDG d’alors, Patrick Le Laydénonçant alors la « télé-pou-belle », a depuis, bien contri-bué à la remplir. Au cours desdernières années, la téléréalitéa débordé du cercle de ses té-léspectateurs par le biais desmultiples scandales. Révéla-

tions choc des candidats dansla presse, procès contre la pro-duction, contrats de travail re-négociés à la sortie, victoirestruquées…Chaque nouvellesaison apporte son lot de pro-blèmes, notamment depuisl’ère Secret Story ! Ainsi, par lebiais de la presse people, onpeut découvrir les conditionsd’hygiène déplorable qui rè-gnent dans la maison, le stressdû à l’omniprésence des camé-ras, les montages qui modi-

fient les propos… Une évolu-tion qui fait du buzz, et créedonc de l’audience, mais dontles producteurs se seraientcertainement passés. D’autresn’ont pas survécu au-delàd’une, voire deux saisons,comme Nice People ou encoreLes Colocataires. M6 et TF1 sont les deux prin-cipaux pourvoyeurs d’émis-sions de téléréalité, et sontdonc régulièrement enconcurrence g

Loana et Jean-Edouard dans la piscine du Loft 1, le scandale des années 2000

Les tentatrices de l’Ile de la tentation

DR

DR

D.R.

Pénélope Bagieu est

une Parisienne pure

souche (et ne s’en

cache pas). Parfois un peu

bobo, souvent très déjantée,

elle a réalisé son rêve d’en-

fant. Sa passion depuis toute

petite, le dessin, est devenu

son métier : elle est illustra-

trice et auteur de bande des-

sinée, et sa vie est tout à fait

fascinante.

Comment se passe une

journée type à l’atelier ?

J'essaie de caser toutes mes

obligations dans la matinée :

rendez-vous de boulot, édi-

teurs, interviews, ainsi que

mon « vrai » travail, à savoir

l'illustration. Je ne fais que de

l'illustration le matin. J'essaie

de caser un rendez-vous pen-

dant le déjeuner (soit perso,

soit un autre rendez-vous

pro), et l'après-midi, je fais de

la BD. En général, un bon

ratio, c'est une ou deux pages

« def » (sans couleur) par

après-midi. Quand le travail

est bien cloisonné comme ça,

avec de l’illustration le matin,

et de la BD ou scenario

l'après-midi, je suis plus effi-

cace pour chacune des tâches

qu'en alternant de manière

un peu floue toutes les

heures. Je finis en général

assez tard le soir, et je tra-

vaille aussi le weekend.

« Ma vie est tout à fait fasci-

nante », « Joséphine »… La

plupart de vos dessins rela-

tent des situations avec

beaucoup d’humour. C’est

un trait de votre personna-

lité ?

J'espère ! Peut-être que si

j'avais été une grosse bom-

basse ou alors une tête nu-

cléaire qui passe son bac à 12

ans, je n'aurais pas eu à déve-

lopper l'humour comme

« plus-produit ». Mais du

coup, je n'ai trouvé que ça !

« Cadavre Exquis », votre

première BD-histoire, était

assez différent de ce qu’on

a l’habitude de voir, sur

votre blog ou dans « José-

phine ». Pourquoi avoir dé-

cidé de changer de ton ?

Non, ce n'est pas très diffé-

rent, dans la mesure où le

traité graphique est le même,

et la façon de raconter les

choses aussi. Mais mon blog

est mon journal, il n'y a

aucun ton particulier. Quant

à Joséphine, il s'agit d'un

feuilleton, dans la mesure où

les planches paraissent toutes

les semaines dans un maga-

zine, il faut donc garder en

haleine, avoir une chute à la

fin de chaque page, suivre le

fil des saisons au cours d'un

album... En réalité, la seule

différence est qu'il s'agit

d'une histoire d'une traite. Je

n'ai pas décidé de changer de

ton.

« Joséphine » va être adap-

tée en film. Allez-vous

avoir votre mot à dire sur

l’adaptation ?

Contractuellement, je co-scé-

narise. Mais la réalité, c'est

que ce n'est pas mon métier,

alors je ne veux pas empê-

cher les gens qui travaillent

dessus de faire leur boulot. Je

me vois plutôt comme une

consultante, qui intervient

pour dire « ah non non non,

Joséphine ne dirait JAMAIS

ça comme ça ! », parce que je

connais ce personnage par

cœur (forcément). Mais je ne

me prétends ni scénariste et

encore moins réalisatrice.

Les gens vous donnent-ils

souvent des conseils du

genre « Il faudrait faire une

BD sur ci, sur ça » ? Et

qu’avez-vous envie de leur

répondre ?

Oui tout le temps ! Il y a deux

choses : les gens qui me ra-

Littérature

« L’humour, c’est mon Avec à son actif cinq bandes dessinées et des centaines d’illustrations (pour des publicités, des œuvres caritatives,éditions « Pour les filles » ; le prix SNCF à Angoulême…), Pénélope Bagieu peut se vanter d’être une illustratrice

Gavroche Hors-série - février 2011

Pénélope Bagieu, version réelle ci-dessus, dessinée à gauche.

DR

20

Les trois volumes de la Bande dessinée Joséphine, une Pénélo

pe B

agie

u

Gavroche Hors-série - février 2011

Littérature

21

content des épisodes de leur

vie, ou leur métier, ou des

blagues qu'ils ont faites en

me disant avec un air com-

plice « Ouh, il y en aurait, des

BD à faire, là dessus ! », alors

qu'en général, non. Et puis il

y a les éditeurs qui me propo-

sent des trucs complètement

à l'opposé de ce que j'ai envie

de faire, mais avec l'argu-

ment « ça se vendrait super

bien ». Mais j'ai déjà un bou-

lot alimentaire, je ne vais pas

me mettre à faire en plus de

la BD alimentaire, qui me fe-

rait un peu honte mais qui

me rapporterait plein de fric.

Quel est votre ressenti par

rapport au Festival de BD

d’Angoulême ? Avez-vous

eu l’occasion de rencontrer

des auteurs que vous admi-

rez ?

C'est vraiment un moment

extraordinaire dans l'année,

où tout le monde (y compris

les gens qui d'habitude ne s'y

intéressent pas du tout) parle

BD, débat BD, mange et boit

BD. Bien sûr ça ne dure que

trois jours et ce sont trois

jours pendant lesquels je suis

obligée de travailler (parce

que je ne peux pas y aller

QUE pour m'amuser, je suis

censée dédicacer), mais j'ai

toujours le cafard en reve-

nant. Cette année, j'ai pu par-

ler à beaucoup d'auteurs que

je ne connaissais pas encore

et dont j'ai adoré les albums

cette année, car ils étaient en

sélection officielle avec moi,

et on a donc eu pas mal d'oc-

casions de se croiser. Mais j'y

vais toujours en lectrice

(voire en groupie), je conti-

nue à emmerder tous les au-

teurs pour avoir des

dédicaces !

Quels sont les auteurs de

BD qui vous inspirent le

plus ?

Je me suis mise très tardive-

ment à en lire, quand j'ai

commencé à en publier, en

fait, donc pour rattraper mon

retard, je lis quasiment cinq

BD par semaine. Du coup je

ne sais pas s'ils m'inspirent

réellement, je crois que je dis-

socie toujours beaucoup la

BD que je lis et celle que je

fais. Mais mes préférences

vont aux auteurs indépen-

dants américains (Alex Ro-

binson, Charles Burns, les

frères Hernandez, Adrian To-

mine, pour ne citer que les

plus connus) et à la vague

des auteurs de l'Association,

comme Joann Sfar, David B.

ou François Ayrolles. Pour le

dessin, je suis très admirative

de Dupuy Berberian, Frede-

rik Peeters, Aude Picault

mais aussi beaucoup d'au-

teurs jeunesse, notamment

Marc Boutavant. Désolée, il

ne faut pas me lancer sur ce

genre de sujets !

Avez-vous de nouveaux pro-

jets, BD ou autres ?

Je suis en train de dessiner

une BD sur un scenario de

mon ami Boulet, une histoire

one-shot qui traite de l'amné-

sie et de la recherche de sa

propre identité. Ensuite, j'at-

taque un autre album, égale-

ment au dessin seulement,

mais cette fois avec au scena-

rio Joann Sfar, pour une his-

toire jeunesse. Parallèlement

à ça, je travaille donc à

l'adaptation de Joséphine en

long-métrage, qui fera l'objet

d'un scenario original qui ne

vient pas des albums. Et en ce

moment, je bosse au sein

d'une équipe de scénaristes

sur un projet de fiction très

drôle pour la télé, mais je ne

peux pas trop en parler. Tout

ce que je peux dire c'est que

je m'éclate ! Bon, et puis il me

reste un peu de temps pour

jouer de la batterie et boire

deux-trois mojitos, alors tout

va bien.g

accomplie, une « dessinatrice », telle qu’elle souhaitait le devenir dans son enfance.Toujours avec humour, unstyle qui est en quelques sortes sa marque de fabrique. Par Laetitia Reboulleau

plus produit »

e nouvelle «Bridget Jones»

DR

Pénélo

pe B

agie

u

Gavroche Hors-série - février 2011

22

Littérature

Comprendre la Chine La culture chinoise, trois fois millénaire, ne s'entrevoit que difficilement pour l'occidental non averti, héritierd'une histoire radicalement différente. Profondément emprunte de taoisme, de confucianisme, de bouddhismepuis marquée

Au début du IIe siècle

après Jésus Christ,

l'unification de la

Chine par l'empereur Qin Shi

Huangda quatre-cent ans

plus tôt n'est plus qu'un loin-

tain souvenir. Après l'éclate-

ment, les conflits incessants

entre provinces ont repris.

Sous l'égide des Han, depuis

l'an 23, la paix n'est jamais

stable et les révoltes parmi les

royaumes semi-indépen-

dants qui composent l'Em-

pire se multiplient à mesure

que le pouvoir central dé-

cline. Le dernier empereur

des Han, Han Xiandi, depuis

sa capitale de Luoyang, n'est

plus que le pantin du très

ambitieux Premier Ministre

Cao Cao, qui règne sans par-

tage sur toute la province du

Wei au Nord du pays. Mais à

l'Est, depuis son royaume du

Shu, l'oncle de l'Empereur,

Liu Bei, sent monter le dan-

ger. Tout autant que Sun

Quan, auto-proclamé Roi des

vastes terres du sud : le Wu.

S'engage alors un long pro-

cessus de renforcement. Cha-

cun va chercher à assoir au

plus vite sa légitimité dans

son royaume d'origine. Cao

Cao par la force, Liu Bei par

la bonté envers le peuple,

Sun Quan par le respect des

traditions. La Chine se com-

pose désormais de Trois

Royaumes, aux puissances

inégales, avec chacun à leur

tête un homme qui rêve

d'unification.

C'est là qu'entrent en scène

les dizaines de personnages

secondaires, indispensables à

l'avancée de ce grand roman

épique fondateur de la litté-

rature et de la culture chi-

noise.

Hommes exception-nels à la limite du

divin

Dans chaque camp, l'aura

des chefs attire de nom-

breux héros aux capacités

guerrières inégalées.

Hommes exceptionnels, par-

fois à la limite du divin, leur

qualités martiales ne trou-

vent d'égale que dans l'exa-

gération de leur traits de

caractère. Ainsi rejoignent

Liu Bei le terrible Guan Yu

et sa lance, Dragon Bleu, un

géant de plus de deux mè-

tres à la longue barbe noire,

capable de terrasser à lui

seul dix hommes à chaque

coup de son arme. Mais

aussi Zhao Yun, « le dragon-

neau au courage inégalé

sous les cieux » dont les

charges farouches sur le che-

val que lui offra Liu Bei suf-

fisaient à elles-seules à

mettre en fuite des armées

entières. Le sage Zhuge

Liang, maître taoiste, rejoin-

dra également l'idéaliste Liu

Bei, mettant

Les Trois Royaumes, Louo Kouan-Tchong, Flammarion, 22€ le tome (3tomes), écrit au XIVe siècle par LouoKouan-Tchong à partir de l’oeuvre deChen Sou ( IIIe siècle ) et de nombreux

écrits datant des IIe et IIIe siècles.

Les Trois Royaumes (Le Film), de John Woo avec Tony Leung, Chiu Wai et Takeshi Kaneshiro, 19€, sur les écrans le 25 mars 2009. Réalisé en 2008.

Le rêve dans le pavillon rouge, Cao Xue-quin, La Pléiade, 130€.

Ecrit au XVIIIe siècle par Cao Xuequin, Le rêve

dans le pavillon rouge est le roman le plus abouti

de la littérature chinoise. Il se découpe en 120 cha-

pitres qui ont été repris des centaines de fois au

théâtre et au cinéma dans le pays. Ce roman met

en scène l'amour et ses conséquences pour les

jeunes gens au sein d'une grande famille mand-

choue à l'apogée de sa splendeur. A mi-chemin

entre Roméo et Juliette et une étude socio-philoso-

phique de son temps, l'auteur réalise ici une com-

position incroyablement profonde dans une prose

fluide, imagée, colorée et touchante. Ce grand clas-

sique est un réel indispensable qui permet de saisir

l'importance de la période mandchoue et son in-

fluence massive sur la culture chinoise. Influence

telle que la critique marxiste, à l'époque Mao, qua-

lifiera Le rêve dans le pavillon rouge « d'encyclopédie

d'un monde féodal à son déclin ».

Les formes du vent, pay-sages chinois en prose,

Albin Michel, 7,50€

La poésie peut prendre de mul-

tiples formes et l'une des plus

populaires, ainsi que des plus

abordables pour un étranger, est

le « Youji ». Ce terme désigne les

poèmes en prose qui décrivent

des voyages ou des paysages. Le

talent des auteurs chinois de

toutes les époques pour rendre

vivantes ces fresques naturelles

au travers des mots reste iné-

galé. Ce petit recueil réunit

quelques uns des plus beaux

youjis et vous fera voyager l'es-

pace de quelques heures. La

forme originale et flexible de ces

poèmes en prose pourrait même

vous donner l'envie de vous y

essayer.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

23

Gavroche Hors-série - février 2011

Littérature

par ses classiques liérairespar Mao et l'organisation communiste, la culture chinoise apparait comme un diamant aux multiples facettes. A travers les siè-cles, les auteurs chinois ont reflété cette richesse, parfois cette contradiction entre les différents courants de pensée. Par Pascal Golfier

à sa disposition ses talents de

stratège, de devin et de mage.

Mais dans les deux autres

camps, si l'aura du chef n'est

peut-être pas aussi emprunte

de pureté,le charisme rallie

des personnages de grande

qualité également. Cao Cao

s'entoure de sa famille, faite

de guerriers puissants et

loyaux comme Cao Ren et

Cao Pi. D'autres, fidèles à

l'autorité centrale depuis le

début de leur carrière,

comme Xiahou Dun dit « le

pirate » en raison du ban-

deau qu'il porte sur un oeil,

sauront eux-aussi faire bas-

culer l’issue de grandes ba-

tailles. Du côté du Wu, Sun

Quan peut compter sur Zhou

Yu, son ami d'enfance et stra-

tège militaire naval, ainsi que

sur de grands généraux

comme Lu Xun et Taishi Ci.

Au fil des ans, Liu Bei, Cao

Cao et Sun Quan vont renfor-

cer leurs royaumes, tenter de

jeter le trouble chez l'adver-

saire, proposer des alliances,

essayer de lire l'avenir et les

futurs mouvements de l'ad-

versaire. Les batailles seront

nombreuses, comme les

morts et les rebondissements.

Le taoïsme et la divination

auront leur rôle à jouer, tout

comme les femmes dont l'ac-

tion dans l'ombre fera sou-

vent pencher la balance.

Jusqu'en l'an 208, où, après

avoir enfin signé une alliance

solide, Liu Bei et Sun Quan

doivent faire face à la colère

du Premier Ministre. Cao

Cao descend le fleuve, à la

tête de la plus grande armée

jamais réunie en Chine : 800

000 hommes et 2 000 navires

de guerre, pour écraser une

bonne fois pour toutes ses

adversaires et unifier le pays

par la force...g

Le ciel pour couverture, la terre pour oreil-ler, La vie et l'oeuvre, Li Po, Ferdinand Stoces,

Picquier Poche, 11€

A elle seule, la poésie chinoise reflète les multiples fa-

cettes de la culture du pays. Ses grands auteurs clas-

siques de la période des Tang sont considérés comme les

initiateurs de l'ère la plus prolifique pour la poésie chi-

noise. Parmi eux, Li Po (701-762), apparaît comme le per-

sonnage le plus atypique et peut-être le plus intéressant.

Aussi sensible aux philosophies confucianistes qu'aux

théories taoïstes, l'homme devient un artiste errant. Ses

poèmes, il les écrit en voyage, en s'isolant parmi les dé-

cors époustouflants des paysages chinois. Ainsi, il met

en scène l'ensemble des sentiments humains dans des

compositions à l'émotion souvent bouleversante. La so-

litude, le sentiment d'inutilité, l'amour, l'amitié, l'impuis-

sance face au destin, l'injustice de la société... Les thèmes

sont variés et évoluent en fonction de ses diverses ren-

contres. Textes annotés et préfacés avec soin qui permet-

tent de découvrir les poèmes de Li Po et sa vie

d'exception.

Les courants fourbes du Lac Tai, Qiu Xiaolong, Liana

Levi, 2009, 19€

Après les enquêtes de Visa pour Shanghaï, de l'Héroïne rouge

ou de la Danseuse Mao, l'inspecteur Chen reprend du service.

En « vacances » à la place d'un cadre du parti sur les rives du

Lac Tai, un meurtre dans une usine locale viendra perturber

son repos et le plonger dans de nouvelles investigations ou, une

fois n'est pas coutume, la rencontre d'une jeune femme viendra

troubler sa solitude. Qiu Xiaolong retranscrit dans ses polars la

réalité d'une société chinoise inégale, souvent déchirée entre

traditions et modernisme. Tout en mettant en avant l'impor-

tance et l'omniprésence du système politique. Son personnage

principal, l'inspecteur Chen, représentant de la loi mais poète

à l'esprit vagabond et libre, illustre à lui seul ces contradictions.

Les philosophes confucianistes, La Pléiade, 45€

Que ce soit dans Les Trois Royaumes ou dans de nombreux

autres romans chinois, la « piété filiale » reste un concept

récurent. A sa base se trouvent les idéologies de Confu-

cius, de son vrai nom Kong Fuzi (551-479 avant J.C.). La

philosophie confucianiste, bien que vieille de plus de 2500

ans, demeure toujours au centre de la culture chinoise et

des relations sociales entre ses habitants par des concepts

simples : se comporter « bien », le respect de ses parents,

le respect des traditions funéraires, etc. Dans cette édition

de La Pléiade, vous pourrez lire les Entretiens (le Lunyu)

qui retranscrivent les échanges entre Confucius et ses

élèves, mais aussi les études et interprétations de deux

d'entre eux : Meng Zi et Xun Zi. Le Classique de la piété

filiale et la Grande Etude font également partie de la sé-

lection. Tous les textes sont annotés, préfacés et expliqués

afin que rien de la philosophie confucianiste, ni de la per-

sonnalité de Kong Fuzi, ne vous échappe. Indispensable.

D.R.

D.R.

D.R.

Agenda culturelGavroche Hors-série - février 2011

24

LUNDI 14 FEVRIER

Concert : Laurie Jam et Velvet Soul au Bizz’Art. Pour cette soirée spéciale,la belle et talentueuse Laurie Jam vous invite à partager un moment jazzy autourd’un verre. Plaisir garanti. Entrée gratuite. 167 Quai de Valmy-75010 Tel : 01 40 34 70 00 (de 19h à 00h)

Expo : L'Orient des femmes au Quai Branly. L’expo vue par Christian Lacroix,offre un panorama des plus beaux costumes de femmes dans le monde arabe. Unvrai hommage aux femmes et à leur travail. Prix : 8.50€. 37, quai Branly- 75007 Tel : 01 56 61 71 72 (du mardi au dimanche de 11h à 19h)

Théâtre : Le Clan des Divorcées, au Théâtre Rive Gauche, ou comment passerune soirée de saint-valentin originale. La pièce, qui met en scène trois femmes di-vorcées aux caractères bien spéciaux, est déjà un carton plein. Prix 30€. 6 Rue de la Gaîté-75014 Tel : 01 43 35 32 31 (du vendredi au dimanche à 20h)

MERCREDI 16

FEVRIER

Concert : Elise Caron au Studio de l’Ermitage.La chanteuse et son pianiste David Chouillet présentedes poèmes comme de vraies douces mélodies.Prix : 14€. 8, rue de l'ermitage-75020 Tel : 01 44 62 02 86 (20h30)

Expo : Franz Xaver Messerschmidt au Muséedu Louvre. Sculpteur mondialement connu, l’exposi-tion retrace des portraits humoristiques. Prix : 10€. Rue de Rivoli-75001

Tel : 01 40 20 50 50 (du lundi au dimanche de 8h à 18h, fermé le mardi)

Théâtre : Mon colocataire est unegarce ! à la Comédie République.Une pièce humoristique qui mé-lange sexe, tendresse et fous riresassurés.Prix : 15€. 1, Boulevard St Martin - 75003Tel : 01

40 29 03 02 (20h)

JEUDI 17 FEVRIER

Concert : Gospel Dream à l’Eglise Saint Germain des Prés.Un concert sous forme de melting-pot en provenance des Antillesen passant par l’Afrique ou l’Amérique, une troupe qui a lerythme dans la peau. Prix : 33€. 3, pl. St Germain des Prés-75006 Tel : 01 55 42 81 33 (20h30)

Expo : Cranach et son temps au Musée du Luxembourg.L’exposition présente l’artiste majeur de la Renaissance germa-nique, Lucas Cranach, au travers de ses peintures, dessins et gra-vures.Prix : 11€. 19 rue de Vaugirard-75006 Tel : 01 42 34 25 95 (du lundi au dimanche de 10h à 22h)

Théâtre : Un mariage follement gai ! à la Comédie des TroisBornes. Deux colocataires originaux mais un peu coincés vontfaire la rencontre d’Anne-Lise. Trois personnages et une multi-tude de possibilités.Prix : 16€. 32 Rue des Trois-Bornes – 75011 Tel : 01 43 57 68 29 (20h15)

VENDREDI 18

FEVRIERConcert : Fréderic François à l’Olympia. Le chanteur qui fait

fondre les dames sera en concert pour ravir ses fans. Un panoramacomplet de ses 25 années de carrière.Prix : de 38,50 € à 62,70 €. 28, bd des capucines-75009 Tel : 08 92 68 33 68 (20h30)

Expo : Henri Huet à la Maison Européenne de la photogra-phie. Grand photojournaliste passionné par le Vietnam, Henri Hueta photographié le pays pendant plus de vingt ans de guerre. Prix : 7€. 5/7 rue de Fourcy-75004 Tel : 01 44 78 75 00 (du mercredi au dimanche de 11h à 20h)

Théâtre : Stéphane Guillon au Théâtre de Paris. L’humoristequi fait grincer les dents des politiques est toujours à l’affiche. Prix : de 15€ à 50€. 15, rue Blanche-75009 Tel : 01 48 74 10 75 (20h30)

SAMEDI 19

FEVRIER

Concert : Rachid Gholam à laCigale. Le chanteur marocainpasse par Paris pour faire parta-ger ses textes et chants prophé-tiques qui enivrent et fontvoyager.Prix : 25€. 120 bd Rochechouart-75018 Tel :

01 49 25 81 75 (19h30)

Expo : Paquebot France au Musée Nationalde la Marine. L’exposition consacrée au légen-daire paquebot, retrace les grands moments desa construction. Prix : 9€. 17, place du Trocadéro-75016 Tel : 01 53 65 69 69 (du lundi

au dimanche de 10h à 18h, fermé le mardi)

Théâtre : Les Pestes au Théâtre des variétés.Une comédie contemporaine autour du couple etde la recherche d’un homme…Prix : 26€. 7, Boulevard Montmartre - 75002 Tel : 01 42 33 11 41

(19h45)

DIMANCHE 20 FEVRIER

Concert: Army Of The Pharaohs à l’Elysée Montmartre. Le groupe de rap made in Philadelphie enflammera la scène parisienne. Ac-compagné de plusieurs djs, les fans seront conquis. Prix : 33 €. 72, Boulevard Rochechouart - 75018 Tel : 01 44 92 45 36 (19h)

Expo : Ailleurs au Musée culturel Louis Vuitton. Dix-huit artistes « expéditionnistes » expose leurs œuvres en les délocalisant pourvoyager et faire découvrir l’Ailleurs. Entrée gratuite. 60, rue de Bassano-75008 Tel : 01 53 57 52 03 (du lundi au dimanche de 12h à 19h)

Théâtre : J'aime beaucoup ce que vous faites à la Comédie Caumartin. Une comédie hilarante basée sur une fausse manœuvre faiteavec un téléphone pour se rendre compte de ce que pensent nos amis de nous. Prix : 30 €. 25 Rue de Caumartin 75009 Tel : 01 47 42 43 41 (17h30)

MARDI 15

FEVRIERConcert : Usher à Bercy.

L’artiste américain reconnu dansle monde entier pour ses tubes,envahit la scène parisienne pourun concert plus qu’attendu. Prix : entre 51,50€ et 63€. Palais Omnisport de

Bercy-75012 Tel : 08 92 39 01 00 (20h)

Expo : Traces au Palais de Tokyo.Amos Gitaï, l’un des plus grands ci-néastes de notre époque, propose unegrande installation conçu comme uneexpérience unique et émotionnelle. Prix : 4€. 13, avenue du Président Wilson-75016 Tel : 0147 23 54 01 (du mardi au dimanche de 12h à 00h)

Théâtre : Amour et Chipolatas à la ComédieCaumartin. Une femme invite ses trois ex amoursà partager un barbecue avec elle et son mari. Dequoi le mettre à rude épreuve. Prix : 16€. 25, Rue Caumartin - 75009 Paris Tel : 01 47 42 43 41 (Du

mardi au vendredi à 21h30 + le dimanche à 15h)

Brèves culturellesGavroche Hors-série - février 2011

25

Le chanteur IZ triomphe14 ans après sa mortDécédé en 1997, Israel Kama-kawiwo’ole, dit “Iz”, est n° 1des ventes avec sa reprise deOver the Rainbow/What awonderful world depuismaintenant plusieurs se-maines. Une reprise inter-prétée respectivement àl’origine par Judy Garlanddans Le Magicien d’Oz et letrompettiste, Louis Arms-trong, qui « séduit par sa pu-

reté et sa simplicité bienvenue

dans la période actuelle », s’en-thousiasme Olivier Nusse, lepatron du label Mercury. Celégendaire chanteur hawaïenest décédé à l’âge de 38 ansdes suites d’une maladie res-piratoire liée à son obésité.

Les Grammy Awardssur InternetLa 53ème cérémonie desGrammy Awards, principalesrécompenses de l'industriemusicale américaine, pourraêtre suivie en direct à traversle monde sur Internet le 13 février sur les sitesGrammy.com et sur Youtubequi retransmettront l'évène-ment, en parallèle de lachaîne CBS. A cette occasion,une chaîne en ligne éphé-mère et entièrement dédiéeaux Grammy Awards s'ou-vrira du 11 au 13 février pro-chains.

VGE à la barre de l’hô-tel de la Marine

L’ancien président a éténommé par Nicolas Sarkozyà la tête d'une « commissionde l’avenir de l’hôtel de laMarine ». VGE avait en effetété l’un des premiers à signerla pétition pour que le bâti-

Les White Stripes se séparentC’est dans un communiquédiffusé le 2 février que Jack etMeg White ont annoncé la findu groupe. Aucune raisonprécise n’est exprimée mais lecommuniqué évoque « une

myriade de raisons, mais essen-

tiellement pour préserver ce qui

est magnifique et spécial du

groupe, et le laisser dans cet

état». Petite consolation pourles fans du groupe, le labelThird Man Records conti-nuera à sortir des lives et desenregistrements studios iné-dits.

Décès de Françoise Ca-chin, figure des muséesfrançaisFrançoise Cachin est décédéedans la nuit du vendredi 4 ausamedi 5 février. Petite-fillede Marcel Cachin, fondateurde L'Humanité, mais aussidu peintre Paul Signac, Fran-çoise Cachin étudie l'art et lamuséologie avant de passerun concours de conservateurdes musées de France en1967. Elle entame une car-rière dans les plus grandsmusées parisiens, devenantsuccessivement conservatriceau musée national d'art mo-derne, au palais de Tokyo,puis au centre Pompidou.

Décès d’Andrée Chédid

La romancière et poétessefrançaise Andrée Chédid estdécédée dimanche 6 février àl'âge de 90 ans. Grand-mèreet mère des chanteurs Mat-thieu « M » et Louis Chédid,la femme de lettres a publiéde nombreux romans comme« L'Enfant multiple », « L'Au-tre » et « Le Message », maisaussi des nouvelles, des re-cueils de poésie, des docu-ments et même des pièces dethéâtre. Elle avait sorti, enseptembre dernier, un nou-veau roman intituléé « LesQuatre morts de Jean deDieu » et un recueil depoèmes, «L'étoffe de l'uni-vers ».

Thin Lizzy sans GaryMooreLe guitariste a été retrouvémort dans sa chambre le 6 fé-vrier en Espagne. Âgé de 58ans, il avait fait ses débuts

Un tube de Dire Straitscensuré 25 ans après25 ans après sa création, letube Money for nothing estmis à l'index au Canada.Dans cette chanson, legroupe britannique emploiele terme de faggot (« tapette »en anglais). Une auditriced’une radio canadienne quidiffuse des classiques durock, s'est plainte, le 1er fé-vrier 2010 pour insulte. LeConseil canadien des normesde la radiotélévision s'estprononcé pour une interdic-tion de la version longue, es-timant que le mot faggot,"marginalement acceptable"il y a 25 ans, ne l'était plus au-jourd’hui.

James Cameron, star lamieux payée d’Holly-wood en 2010Le magazine américain Va-nity Fair a publié un classe-ment des 40 plus grosrevenus 2010 d’Hollywood.Avec Avatar le réalisateurJames Cameron est premieravec ses 257 millions de dol-lars (190 millions d'euros en-viron) pour avoir écrit,produit et mis en scène lefilm en trois dimensions.Johnny Depp arrive endeuxième position avec 100millions de dollars (70 mil-lions d'euros), suivi par Ste-ven Spielberg, ChristopherNolan et Leonardo DiCaprio.

Woody Allen ouvrira lefestival de CannesLes organisateurs du Festivalde Cannes ont dévoilé mer-credi leur choix de projeteren ouverture de la 64e éditiondu festival « Minuit à Paris »,le nouveau film de WoodyAllen avec Carla Bruni-Sar-kozy, le 11 mai prochain enprésence du jury présidécette année par Robert DeNiro. « Minuit à Paris », quisortira en salles le jour mêmede sa projection cannoise, est«à priori hors compétition,

Woody Allen refusant par prin-

cipe d'y figurer», selon le délé-gué général ThierryFrémaux.

Catherine Ringer retourne en studioTrois ans après la mort deFred Chichin, son partenaireà la ville et sur scène, Cathe-rine Ringer avait continué lesconcerts mais n'était pas re-tournée en studio. C’est dés-ormais chose faite car lachanteuse des Rita Mitsoukoa annoncé sur son site Inter-net qu'elle s'apprêtait à sortirun album au printemps.L'opus s'intitulera RingN'Roll et sera présenté lorsd'une série de concerts enmars et en avril à Paris à laBoule Noire.

Juliette Binoche, mar-raine du printemps despoètes

Le 13e Printemps des poètes,du 7 au 21 mars, célébreracette année les paysages, lapoésie ultramarine et fêteraparticulièrement quatre voixcontemporaines, dont MichelButor et André Velter. Le mi-nistre de la Culture, FrédéricMitterrand, a dévoilé lundi leprogramme de la manifesta-tion, dont Juliette Binoche estcette année la marraine, et aucours de laquelle seront aussià l'honneur l'Haïtien RenéDepestre, qui vit aujourd'huidans l'Aude, et l'EcossaisKenneth White, qui réside enFrance depuis 40 ans.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

ment situé place de laConcorde, en passe d'êtreloué pendant quatre-vingtsans à un opérateur privé,reste dans le giron de l’Etat.En avril 2010, dans un entre-tien à Paris Match, il précisaitque l'Etat devait lui trouver«une affectation conforme à son

histoire ».

dans le groupe irlandais SkidRow avant de rejoindre legroupe Thin Lizzy, où il aremplacé Eric Bell. « Il sera

toujours présent dans mes pen-

sées et mes prières et je n'arrive

tout simplement pas à croire

qu'il est parti », a déclaré lefondateur du groupe, BrianDowney. Gary Moore s’étaitégalement illustré grâce à sescollaborations avec GeorgeHarrison, les Beach Boys etOzzy Osbourne.

Gavroche Hors-série - février 2011

26

Culture pub

Michal Batory,le serial graphiste

Dans le métro pari-

sien, il est aussi

commun que les

odeurs de souffre, les bouscu-

lades ou le son caractéristique

des portes qui claquent. Mi-

chal Batory ne vous dit peut-

être rien, mais ses œuvres,

vous les avez forcément déjà

croisées, regardées, sans

même y prêter attention. Ses

œuvres, c’est de la pub, des af-

fiches pour des pièces de théâ-

tre, des expos... Et toujours

avec du «rien»: coton-tige,

sacs plastiques, champignons,

grains de riz, quignons de

pomme… Troublant et amu-

sant de voir apparaître une

autre vérité, qui selon la na-

ture de la commande trahis-

sent une réflexion profonde et

une poésie certaine. Les 75 af-

fiches – classées par genre -

présentées au musée des Arts

Décoratifs offrent une vue im-

prenable sur son parcours.

Mais aussi sur celui de cha-

cune de ses productions, par

le biais d’une mise en scène

très personnelle et intimiste.

Le visiteur sera directement

plongé dans son atelier, où ap-

pareil photo, croquis et sculp-

tures préparatoires, cartes

postales, livres et objets en

tout genre, se côtoient.

Surréalisme

Michal Batory nait en 1959 à

Lodz, en Pologne. Surdoué en

dessin, passionné de photo-

graphie, il fait ses études à

l’Ecole Nationale des Arts

Plastiques de sa ville natale de

1979 à 1985, une école très sé-

lective: seul un candidat sur

dix est accepté et six des 26 de

sa promotion reçoivent le di-

plôme final. Il est marqué par

les artistes constructivistes de

son pays, notamment Henryk

Tomaszewski. L’école polo-

naise est fondatrice du prin-

cipe qui veut que la réflexion

doit précéder la réalisation,

pas de place au hasard. Son

choix se porte sur le gra-

phisme, il sera affichiste: «une

tranquillité utopique dans un

univers communiste sans es-

poir», une façon pour lui d’es-

quiver la censure. Il exerce

avec intuition et spontanéité,

et reprend les éléments du

quotidien pour les transfor-

mer, les imbriquer, et leur

donner un sens nouveau. En

septembre 1987, Batory s’ex-

porte à Paris et multiplie les

missions en agence de publi-

cité, découvre le travail sur or-

dinateur qui «met fin» à l’ère

du collage. Mais son style s’af-

firme déjà : la métonymie,

l’amalgame de deux objets qui

n’en forment qu’un. Le gra-

phiste joue sur le rapport entre

le contenant et le contenu. Un

processus qui n’est pas sans

rappeler Magritte, un des maî-

tres du surréalisme, ou dans

une autre mesure le peintre

Salvador Dali. Batory trompe

l’œil pour mieux l’attirer, pour

capter son attention, l’amuser.

La juxtaposition des objets,

leur fusion, donne un sens

nouveau à l’image.

L’envol

En 1993, il gagne un concours

à la Cité des Sciences et de l’In-

dustrie de la Villette, et sa car-

rière s’accélère. Il s’engage

pour trois ans avec le Théâtre

National de la Colline où il

réalisera de nombreuses af-

fiches de théâtre. A partir de

1997, il multiplie les projets

pour l’ICRAM (Institut de Re-

cherche et Coordination

Acoustique/Musique) et l’EIC

(Ensemble intercontempo-

rain) : produit des pochettes

de disques, conçoit des jour-

naux, travaille sur le festival

Agora… beaucoup de typo-

graphie, mais aussi de la pho-

tographie. Dans ses premières

années, son travail s’axait sur-

tout sur les retouches des pho-

tos, sur leur mise en scène.

Mais à partir de 1999, il se dé-

tache de cette contrainte en

choisissant de photographier

lui-même les objets qu’il va

scénariser. La gestion de la lu-

mière, si importante, lui re-

vient. Elle lui permet, à l’instar

de Gunter Ranbow dans les

années 60, de donner un ton

plus personnel à ses affiches,

et surtout plus proche de son

imaginaire. En 2002, la colla-

boration avec l’ICRAM

s’achève mais Batory est im-

médiatement engagé par le

Théâtre National de Chaillot.

Il est alors chargé de renouve-

ler toute la ligne graphique:

programmes, éditions et af-

fiches. Un travail qui nécessite

de grandes qualités d’écoute et

de communication auprès des

artistes, du metteur en scène et

de la direction. Travailleur in-

fatigable, il réalise dans le

même temps des projets pour

des festivals, des associations

ou des collections de disques.

Définitivement artiste

L’inspiration, il la trouve dans

le quotidien, en gardant en

mémoire les bases de tout

communicant: les yeux, les lè-

vres, les mains. Pratiquant

l’Hokido – art martial vietna-

mien – et le djembe, l’homme

est ouvert d’esprit mais n’en

est pas moins solitaire dans

son travail qu’il réalise inté-

gralement. De la découverte

des objets dans les brocantes,

de la photographie, de la ty-

pographie (qu’il ose croiser et

obliquer, au grand dam des

traditionnalistes du gra-

phisme moderne), de la modi-

fication des images et bien sûr

de la scénarisation en amont,

c’est un travail de fourmi com-

parable à celui des artisans de

la musique ou de la peinture.

De quoi faire taire ceux qui ne

considéreraient pas les publi-

citaires comme des artistes. g

Le musée des Arts Décos de Paris accueille depuis le 20 janvier, et jusqu’au 30 avril, une rétrospective du travail dugraphiste Michal Batory. Théâtre, danse, musique, les conglomérats photographiques du Franco-polonais éveillentles sens autour de l’univers culturel qu’il met en lumière dans ses affiches, brochures et autres dessins.Par Benoît Magistrini

Pour le graphiste Michal Batory, l’évolution des affiches sera l’animation par le biais de films flash.

D.R.

27

Gavroche Hors-série - février 2011

Culture pub

Concha Bonita2002

La comédie musicale, avec

dans le rôle principal Ca-

therine Ringer, des Rita

Mitsouko, raconte l’his-

toire d’un transsexuel.

Cette nature morte, qui

évoque Arcimboldo, a

été réalisée avec six sortes

de roses différentes. Face

à la contrainte du temps,

Michal Batory n’a eu

qu’une demi-heure pour

réaliser la photographie à

peine retouchée pour

la brillance des yeux.

Le visage, troublant, est

presque asexué, comme

le souhaitait le graphiste.

The Power Book2003

L’affiche primée au 15e

Festival International des

Arts Graphiques de Chau-

mont en mai 2004 a été

réalisée pour la pièce Po-

werbook. Celle-ci a pour

thème l’amour de deux

femmes qui communi-

quent par internet, via des

Macintosh Powerbook. Le

réseau sur le corps très

« peinture à la Rubens »,

épouse parfaitement les

formes, et la lumière plus

forte au niveau du pubis,

central, évoque l’impor-

tance du désir interdit

dans la pièce de théâtre.

Femmes…Femmes !2003

La bouche pulpeuse en

forme de cœur est simple

mais très forte et a été uti-

lisée par le théâtre

Chaillot comme emblème

de la saison 2003. Les

flous à l’avant-plan et à

l’arrière-plan donnent un

effet plastique mais n’ont

pas été retouchées sous

Photoshop. Michal Batory

a, comme de coutume,

photographié lui-même

son modèle, avec un boî-

tier Pentax 6x7 et en se

servant ici d’un adapta-

teur macro.

Titus2003

L’affiche de la célèbre

pièce de William Shakes-

peare est, du propre aveu

de Michal Batory, une des

plus compliquées qu’il a

eu à réaliser. La main est

glissée dans un papier ta-

chée de sang dans un pre-

mier cliché. Puis, cinq

bougies ont été photogra-

phiées en les inclinant en

fonction des doigts, avec

des flammes variantes. La

transparence de la flamme

du pouce avec l’anneau

derrière est un montage

des plus difficiles, mais

l’illusion est parfaite.

La Tragédie du roiChristophe1997

L’os et la couronne illustre

la démesure du roi bouffon

et la parodie de son sacre.

Michal Batory joue sur la

dualité entre la photogra-

phie et le crayon gras, le

côté franc, violent, face à la

tendresse et la naïveté. L’os

symbolise le sceptre et le

fait qu’il soit décharné

montre la fragilité du pou-

voir. L’affiche avait créé la

polémique chez les acteurs

l’accusant d’être pro-canni-

baliste, mais au prix de qua-

tre heures de discussion,

Batory les avait convaincus.

Décadence1995

Michal Batory est chargé

de l’affiche de l’adaptation

française de Décadence,

pièce de théâtre de l’An-

glais Steven Berkoff.

L’humour vitriolé, les

fantasmes et le caractère

excessif de l’auteur se

retrouve dans l’affiche,

très british dans son

ambiance. Le message

est presque évident :

une chaussure à talon

et un visage masculin

qui tire la langue symboli-

sent la soumission de

l’homme par rapport à

la femme.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

D.R.

Gavroche Hors série - février 2011

Multimédia

Musée virtuel : Google est(définitivement) ton ami !

Fini le métro bruyant, les heures à chercher une place libre dans Paris ou encore les interminables attentes au guichet.Le plus gros moteur de recherche sur Internet scannérise non plus des livres ou de rues, mais des musées du mondeentier ! Quand la technologie se met au service de l’art...Par Alexandre Benhadid

Qui n’a jamais rêvé

de pouvoir obser-

ver aussi long-

temps que possible depuis

son fauteuil les peintures, les

plus belles oeuvres comme

L’Apparition du Christ au

Peuple d’Alksandr Andreye-

vich Ivanov, La Nuit étoilée

de Van Gogh ou encore La

Vue de Tolède d’El Greco ?

Avec Google Art Project, c’est

maintenant possible. Plus de

2 milliards d’internautes

dans le monde peuvent

dès à présent se lancer

dans l’aventure du

« musée virtuel », et ce, to-

talement gratuitement.

Même si l’idée n’est pas nou-

velle (on se souvient des pre-

miers Cédéroms dans les

années 90 proposant des vi-

sites du Louvre pour

quelques euros) Google

concrétise le rêve de tous les

amoureux de l’art. Ainsi, tout

ce beau monde pourra

déambuler dans les allées du

jardin de Versailles, ou

même visiter les plus

grandes salles du Château.

En tout, 17 musées (voir en-

cadré) ont été scannés par la

multinationale à travers le

monde (le MoMa de New

York, La National Gallery de

Londres ou encore l’Alte Na-

tionalgalerie de Berlin) et

plus de 1000 œuvres sont

disponibles. Et le moins que

l’on puisse dire c’est que la

firme de Mountain View s’est

dotée des meilleurs outils

pour respecter au mieux les

oeuvres présentées : la qua-

lité de rendu est bluffante

(jusqu’a 7 milliards de pixels

de résolutions par oeuvre), et

l’on peut à loisir observer et

zoomer dans les moindres

détails de certains tableaux

sans que la qualité fasse dé-

faut. Sur chaque tableau

vient s’ajouter une fiche d’in-

formation explicative ainsi

que des liens annexes pour

en savoir plus sur l’auteur.

Comme dans « Wikipedia »,

chaque tableau est ainsi l’in-

vitation à approfondir ses

connaissances. C’est l’un des

points les plus positifs de la

visite virtuelle. Il serait bien

difficile d’avoir accès à toutes

ses informations lors d’une

visite classique.

Une visite des musées « réduite »

Pourtant, il faut noter les

quelques lacunes du projet :

pour l’instant le site n’est ac-

cessible qu’en anglais et au-

cune traduction n’est prévue

dans d’autres langues. Seule

alternative pour les aller-

giques a l’anglais, il faudra

passer par le navigateur

Google Chrome pour avoir

une traduction plus ou

moins fantaisiste des pages.

De plus, même si 17 grands

musées sont ouverts au pu-

blic, seule une partie des col-

lections est numérisée. Ainsi,

vous n’aurez pas la chance

de voir toutes les œuvres de

William Blake de la Tate Gal-

lery. En France, seul le Palais

de Versailles est accessible ;

Le Louvre et le Musée D’Or-

say ayant refusé pour l’heure

de participer au projet. Amid

Sood, directeur de Google

Art Projet, a exprimé sur son

blog le souhait de décrocher

l’adhésion dans les prochains

mois d’autres musées à tra-

vers le monde.

Le problème de ladiffusion des œuvres

Même si l’accès est libre et

gratuit, les œuvres sont pro-

tégées par le droit d’auteur et

comme le précise un profes-

seur d’histoire « Si je veux

montrer à mes élèves telles ou

telles œuvres, je me dois de les

faire accéder au site », qui inter-

dit en effet d’enregistrer di-

rectement les œuvres

concernées sur son ordina-

teur. Google justifie cette im-

possibilité en indiquant que

« l’imagerie haute résolution des

œuvres d’art appartient aux mu-

sées, et qu’elles sont protégées

par les lois sur le droit d’auteur

et le copyright ». Un petit

malin a pourtant réussi à pi-

rater toutes les œuvres et les

diffuse actuellement sur un

blog. En prenant de multiples

captures d’écrans manuelle-

ment sur des milliers d’œu-

vres, le « pirate » nommé

Derrick Coetzee offre aux in-

ternautes des images des œu-

vres en haute résolution,

certaines dépassant les 95Mo.

D’autres pirates offrent même

des méthodes pour téléchar-

ger automatiquement les œu-

vres lors de la visite des

musées. Pour « Couama », un

contributeur a Wikipedia

France, «Il est bien difficile de

vouloir reprocher à tous ces in-

ternautes de suivre la même idée

de Google, à savoir le partage

pour tous et sans limites des œu-

vres du patrimoine mondial ».

Si certains sceptiques par-

laient d’une possible « baisse

de la fréquentation » des mu-

sées, d’autres comme Laurent

Gaveau, chargé des nou-

veaux médias pour le château

de Versailles a lui constaté

l’effet inverse : « La fréquenta-

tion de notre propre site a doublé

au lendemain de l’annonce de

Google Art Project ». Selon Ni-

cholas Serota, directeur de la

Tate Gallery de Londres,

«Notre expérience montre

qu’une fois que les gens ont eu

un aperçu sur internet, ils veu-

lent voir le véritable tableau ».

Car aucun appareil photo,

aussi puissant soit il, ne

pourra recréer sur un écran

d’ordinateur la magie d’un

lieu et le moment où l’œil se

pose sans intermédiaire sur

l’œuvre originale. Ces sensa-

tions sont, et resteront fort

heureusement inimitables.g

28

La liste des musées accessi-bles dans le projet GoogleArt

- Alte Nationalgalerie, Ber-lin - Allemagne- Freer Gallery of Art,Smithsonian, WashingtonDC - Etats-Unis- The Frick Collection,NYC - Etats-Unis- Gemäldegalerie, Berlin -Allemagne- The Metropolitan Mu-seum of Art, NYC - Etat-Unis- MoMA, The Museum ofModern Art, NYC - Etats-Unis- Museo Reina Sofia, Ma-drid - Espagne- Museo Thyssen - Borne-misza, Madrid - Espagne- Museum Kampa, Prague- République Tchèque- National Gallery, London- Royaume-Uni- Palace of Versailles -France- Rijksmuseum, Amster-dam - Pays-Bas- The State Hermitage Mu-seum, St Petersburg - Rus-sie- State Tretyakov Gallery,Moscow - Russie- Tate Britain, London -Royaue-Uni- Uffizi Gallery, Florence -Italie- Van Gogh Museum, Ams-terdam - Pays-Bas

Il est possible de visiter le chateau de Versailles dans ses moindres détails

Les oeuvres sont scannérisés juqu'a 7 milliards de pixels

D.R.

D.R.

Gavroche Hors-série - février 2011

Multimédia

Dead Space 2: TEST

29

Vous pensiez que les jeux vidéo ne pourraient jamais vous faire peur ? Vous vous trompiez. Avec Dead Space 2, finile temps des jeux qui proposent simplement de déambuler dans des couloirs linéaires pour dézinguer quelquescréatures. Ici, vous rentrez directement dans un univers intergalactique horrifiant. Vous allez aimer avoir peur ! Par Alexandre Benhadid

Sorti il y a deux ans, le

premier volet de la

série Dead Space a su

convaincre pratiquement

tous les joueurs, même ceux

réticents au jeu à la première

personne (FPS). Les fans de

films d’horreur seront ravis

de voir qu’enfin un jeu ne se

base pas uniquement sur les

prouesses de la gâchette à la

souris, mais sur les talents

d’observateur du joueur im-

mergé dans cet univers froid

et oppressant. Les « énigmes

» restent bien sûr rudimen-

taires (il ne faut pas s’atten-

dre à passer plusieurs heures

à décoder des énigmes

comme dans la série Myst)

mais sont judicieusement pla-

cées entre des séquences d’ac-

tions plus classiques.

Classiques, c’est vite dit : à

l’inverse des FPS classiques,

il faudra gérer la quantité de

munitions disponible et évi-

ter d’entrer directement en

confrontation avec les mons-

tres. Les réflexes seront mis à

rudes épreuves et il faudra

avancer à pas de loups pour

ne pas éveiller l’attention des

créatures plus étranges les

unes que les autres, tapies

dans les recoins de cette sta-

tion orbitale cauchemar-

desque. Bien sûr, un système

de « sauvegarde » après les

phases difficiles vous permet-

tra de souffler un peu. Un

« Fil d’Ariane » est même pré-

sent pour vous guider dans

vos pas afin de continuer

l’aventure. Le but du jeu n’est

pas de savoir où aller, mais

de tester si vous en aurez les

tripes...

Du vrai cinéma

Dead Space 2 a été pensé

comme un film d’horreur. Le

pitch ? Isaac Clarke, le héros

du précédent opus ayant

sauvé le vaisseau USG ishi-

mura, se retrouve en camisole

de force dans une station or-

bitale, « La Méduse ». Après

s’être défait de ses liens, il

devra comprendre comment

il est arrivé ici, et découvrira

ce qui se passe vraiment dans

ce gigantesque laboratoire

spatial. Les développeurs ont

utilisé les ficelles du cinéma

de frissons pour provoquer le

sentiment de malaise pendant

le jeu ; le champ de vision de

la caméra est parfois réduit au

strict minimum pour intensi-

fier le sentiment de cloisonne-

ment du personnage. On se

repère ainsi plus difficilement

dans l’espace, craignant tou-

jours ce qui pourrait « nous

tomber sur la tête ». Les ingé-

nieurs de chez Visceral

Games ont pris soin de lécher

le graphisme au point d’être

bluffé par la lumière et le

rendu général. Les détails foi-

sonnent et on est proche de

l’émerveillement quand les

scènes cinématiques en exté-

rieur nous montrent l’immen-

sité de l’espace intersidéral.

Les scènes à l’extérieur de la

station orbitale sont aussi

bien rendues que celles si-

tuées dans le dédale de salles

du laboratoire. Le point fort

du jeu réside d’ailleurs dans

sa bande-son glaçante digne

des plus grandes BO du ci-

néma fantastique. Flippante à

souhait et riche, on pourrait

même l’écouter à part. Les

développeurs ont pensé à in-

tensifier la musique à mesure

qu’un monstre se rapproche

dangereusement de nous.

Effet garanti sur les tripes.

L’optimisation du jeu est telle

que même sur des machines

peu performantes le jeu

pourra tourner sans trop de

difficultés en baissant la qua-

lité graphique. Sans-faute

alors ?

Une durée de vietoujours moyenne Le point faible est bien sûr la

durée de vie du jeu. Que ce

soit sur console ou sur ordi-

nateur, Dead Space 2 n’offre

plus de réel intérêt une fois

terminé. Plus difficile que le

précédent opus, un joueur vé-

téran mettra quelques heures

à finir le jeu, tandis qu’un dé-

butant aura besoin d’une di-

zaine d’heures tout au plus.

Cela reste bien maigre surtout

lorsqu’on débourse plus de 60

euros. Le mode multijoueur

est un copié collé de Unreal

un peu démodé. De plus, on

aura accès qu’à seulement 5

nouvelles cartes.

Un scénario plat

Même si la mise en scène est

spectaculaire et les séquences

pas forcement recommandées

aux cardiaques, l’histoire,

elle, est loin d’être au niveau

des meilleurs Hitchock. Tous

les personnages que rencon-

tre Isaac dans sa traversée ne

servent qu’à illustrer les

prouesses du réalisateur,

mais n’ont pas de réelle pro-

fondeur. Même les person-

nages « clés » de l’histoire ne

sont qu’une ébauche bien mal

agencée. C’est sans conteste

l’un des points les plus faibles

du jeu.

Dead Space 2 est une suite ho-

norable du précédent volet en

corrigeant les défauts du pré-

cédent (un bestiaire beaucoup

plus riche et encore plus fou),

mais en garde néanmoins.

C’est là tout le contraste du

jeu qui sait à la fois emmener

le spectateur dans un univers

riche et glauque, mais au fond

assez creux. On peut dès lors

plus parler d’une « expé-

rience » interactive à vivre

derrière son écran, comme

pouvait l’être jadis Silent Hill,

où le génial Bioshock. Pour

peu que l’on aime tout de

même le principe inaltérable

du FPS. Le joueur se plait tou-

tefois à visiter les différentes

salles de ce complexe fantôme

orbitant autour d’une terre in-

connue. Il ne sait jamais sur

quoi il va tomber au prochain

check point. Il sera également

surpris de l’étonnante qualité

des cinématiques. Parfois, on

se sent tout de même bien

seul lorsque la radio de notre

charmante guide ne répond

plus et que l’on cherche une

sortie. Enfin, seul. C’est vite

dit. Je crois entendre la mu-

sique revenir petit à petit...g

Le bestiaire est déjanté et horrifique à souhait JV.com

Dead Space 2 a déjà séduit plus de 2 millions de joueurs

D.R.

D.R.

Gavroche Hors-série - février 2011

30

MODE

Cela fait bien longtemps

que Gisèle, Heidi, Naomi

et les autres grands tops

foulent davantage la mo-

quette des premiers rangs

des défilés que le parquet

des podiums. De nou-

veaux minois s’imposent

comme des valeurs sures

de la mode. Les manne-

quins recherchées au-

jourd’hui sont moins

uniformes, plus racées. Les

filles de l’Est, enfantines et

plastiquement formatées

des années 2000 sont dé-

modées. Les créateurs,

pour les défilés comme

pour les publicités, préfè-

rent des femmes avec du

caractère et du charisme.

Elles sont donc plus âgées,

en moyenne, et dans l’en-

semble moins rachitiques.

Kate Moss, symbole super-

star de cette période an-

drogyne et filiforme ne

défile presque plus. Ses

contrats publicitaires sem-

blent acquis davantage par

sa notoriété,savamment en-

tretenue à coup de scan-

dales et de rumeurs que

par son passé de manne-

quin.

La mode, depuis quelques

temps monotone (outre

Kate), reviendrait-elle à

l’ère des grands tops des

années 90 ? Des nouvelles

personnalités se dégagent

et sont courues de tous.

Ainsi, Freja Beha, par

exemple, a participé à 43

défilés lors de la Fashion

Week de février 2010. Un

exploit. Echantillon de ces

tops.

Abbey Lee

Nationalité : Australienne

Date de naissance : 12 juin 1987

Mensurations : 180 cm. 82-61-89

Abbey est percée au nez et au téton et a de nombreux ta-

touages. En surmenage, elle s’est évanouie lors de la présen-

tation printemps/été 2009 d’Alexander McQueen, ce qui n’a

heureusement pas affecté sa carrière.

Freja Beha Erichsen

Nationalité : Danoise

Date de naissance : 18 octobre 1987

Mensurations : 178 cm. 79-60-89

Freja aurait aimé être rockeuse. C’est

d’ailleurs son attitude rebelle qui a

séduit Karl Lagerfeld dont elle est

devenue une des muses. Elle refuse,

lors des défilés, que l’on maquille le

tatouage « Float » qu’elle a sur la

nuque.

Lara Stone

Nationalité : Allemande

Date de naissance : 20 décembre 1983

Mensurations : 178 cm. 84-61-89

Lara Stone était la protégée de Carine Roitfeld (ex-rédac-

trice en chef du Vogue français). Sa beauté glaciale et ses

courbes lui ont fait gagner ses gallons (chez Calvin Klein

Jeans par exemple) jusqu’à être considérée comme la

deuxième plus belle femme d’Allemagne après Heidi

Klum. Exit Claudia Schiffer ?

Nouvelles icônes des podiums De nouveaux mannequins envahissent magazines et défilés. Plus fraîches et singulières, elles se font remarquerdans l’univers monochrome de la mode. Un gros coup de balais dans les standards. Par Clémentine Santerre.

D.R

D.R

D.R

Sasha Pivorava

Nationalité : Russe

Date de naissance : 21 janvier 1985

Mensurations : 173 cm. 86-61-86

Elle est repérée alors qu’elle est étudiante en art. Sa carrière

a véritablement commencé lorsque Miuccia Prada la re-

marque et en fait l’égérie de sa maison en 2005. Depuis, elle

ne cesse de s’imposer dans l’univers de la mode. Elle est

souvent comparée à Gemma Ward à qui elle ressemble.

Lindsay Wixson

Nationalité : Américaine

Date de naissance : 11 avril 1994

Mensurations : 178 cm. 81-58-88

De grands yeux, une bouche en cœur, les dents du bonheur, une fossette au menton, Lind-

say a un visage résolument poupon. Elle a eu beaucoup de mal à percer à cause de ses

traits si particuliers.

Gavroche Hors-série - février 2011

MODE

Daphné Groeneveld

Nationalité : Hollandaise

Date de naissance : 25 décem-

bre 1995

Mensurations : 179 cm. 81-58-86

Il aura fallu une saison à

Daphné pour s’imposer. Cette

brindille de 16 ans a déjà défilé

pour les plus grands (Emporio

Armani, Calvin Klein …) et a

posé dans la série « Bal masqué

» du numéro anniversaire (90

ans) de Vogue.

31

Mélodie Monrose

Nationalité : Française (originaire de la Marti-

nique)

Date de naissance : 13 avril 1992

Mensurations : 178 cm. 80-60-87

Mélodie Monrose, sur le circuit depuis juillet

2010, a fait des débuts tonitruants. Dès sa pre-

mière saison, elle a défilé 49 fois notamment

pour Marc Jacobs, Miu Miu, Yves Saint Laurent,

Gucci ou encore Prada … Avec un tel succès sur

les podiums, elle ne devrait pas tarder à envahir

les séries modes des magazines.

D.R

D.R

D.R

D.R

Sur son site officiel, la

rubrique « audio » est

à peine plus fournie

que celle réservée aux pho-

tos. Amaury Vassili passe-

rait presque pour un

mannequin. De longs che-

veux bruns avec des mèches

blondes, imberbe, impecca-

blement habillé. L’allure par-

faite du jeune premier. Dans

ses concerts, ses interven-

tions dans les médias, le

gamin à la gueule d’ange est

à l’aise dans son costume

trois pièces. Si un réalisateur

cherche à jouer le remake de

Cendrillon, qu’il appelle de

suite l’attachée de presse de

l’ami Vassili : le gentil prince

au cheval blanc, cela ne peut

être que lui. S’il pouvait

sembler prédestiné pour les

spotlights du cinéma, le

natif de Rouen l’était pour le

chant et la musique clas-

sique. « Tout me ramène au

classique », commentait-il ré-

cemment sur un plateau de

France24.

Bien sûr, ses premiers mots

n’ont pas été un Ave Maria

ou tout autre air d’opéra, le

petit Amaury était un gar-

çon comme les autres…

Enfin, presque. Pendant que

la plupart de ses camarades

de l’école primaire es-

sayaient de mimer la rou-

lade de Zinedine Zidane, lui

répétait les gammes musi-

cales. Des cours de comédie

musicale à neuf ans, un pre-

mier concours de chant rem-

porté à 14 ans en reprenant

Jacques Brel. Et puis il en-

chaîne avec un autre

concours, qui sera le déclic.

La légende veut que « Les

lacs du Connemara » de Mi-

chel Sardou ne lui ouvrent

pas les portes de la finale

mais font se lever le public.

Amaury Vassili n’a pas

trouvé un passe-temps, il

s’est découvert une passion.

A 15 ans, il participe à la

Coupe de France de la chan-

son française. Sa chanson :

« Savoir aimer », de Florent

Pagny, son inspiration pre-

mière. Alors forcément,

quand, à cette période, ce

dernier sort son album inti-

tulé « Baryton », Vassili a le

coup de foudre. Ou plutôt, il

comprend qu’il a trouvé sa

propre voie, qu’il veut deve-

nir une voix. « Quand j’étais

petit, j’écoutais des tas de

styles différents. Aujourd’hui

encore, j’écoute du Eminem, 50

Cent ou Bob Marley, mais vers

16 ans je me suis rendu compte

que la variété et le classique,

c’était mon truc. »

Le plus jeune tenor aumonde

La suite est logique. Une

équation où l’addition des

mots travail, répétition,

écoute a pour résultat la

consécration : la sortie de

son premier album, « Nos

instants de liberté », en 2006.

Amaury a alors 17 ans. Au-

jourd’hui, celui qui est

considéré comme le plus

jeune ténor au monde

compte déjà trois opus dans

sa discographie, avec « Vin-

cero » en 2009 et « Cantero »

en 2010. « Vincero » a été un

carton : plus de 250 000

exemplaires écoulés en

France et 50 000 à l’étranger.

Paraît-il que le jeune pre-

mier avait séduit jusqu’en

Afrique et en Corée du Sud.

Du lyrique à l’Euro-vision?

C’est d’ailleurs en partie

pour son physique qui plaît

aux belles-mères et pour sa

voix qui traverse les fron-

tières que Vassili a été choisi

pour représenter la France à

l’Eurovision, succédant à

Jessy Matador, douzième

l’an passé. Dans cette course,

il a devancé Shy’M (« Je suis

moi », « Si tu savais », « Je

sais »), et Emma Daumas,

battue à la Star Academy 2

par Nolwenn Leroy, preuve,

s’il en fallait, que les poids

lourds de la variété française

ne se bousculent pas pour

participer à la grand-messe

annuelle de la chanson.

C’est France 3, diffuseur de

l’événement, qui a tranché.

« Très vite nous avons convenu

qu'un chanteur lyrique était

l'expression la plus noble.

Amaury est un ange de la mu-

sique avec une voix d'or », dé-

clame le directeur des

programmes de la chaîne,

Pierre Sled, plus connu pour

avoir présenté « L’Eté de

tous les records » sur la

même chaîne que pour son

oreille musicale.

Amaury interprétera « Son-

niu » (littéralement songe)…

en corse ! « France 3 est la

chaîne des régions. Nous vou-

lions donc les mettre en valeur.

Et comme le corse se rapproche

de l'italien, ça conviendra très

bien pour un chant d'opéra »,

assure Pierre Sled. En tout

cas, quitte à aller dans le

classique, France 3 a décidé

de jouer le coup à fond. A la

présentation, finis les

blagues de potaches de Sté-

phane Bern et Cyril Ha-

nouna, place à Laurent

Boyer et la violoniste Cathe-

rine Lara.

Le 14 mai, l’Europe va donc

découvrir Amaury Vassili et

son boléro.« Je chante avec

tout mon corps, avec tout mon

cœur ». La belle gueule aura

beau faire vibrer son organe,

si l’Eurovision se gagnait

sur le talent, cela se sau-

rait.g

Portrait

Amaury Vassili à l’Eurovision, une voix enor pour un concours en carton

Le 14 mai, à Düsseldorf en Allemagne, Amaury Vassili représentera la France à l’Eurovision. Un chanteur lyrique pour cettegrand-messe folklorique ? Le pari semble insensé. Portrait de ce gamin de 21 ans à la gueule d’ange, considéré comme leplus jeune ténor au monde.

Gavroche Hors-série - février 2011

La France à l’Eurovision

La France est présente au concours depuis la pre-

mière édition, en 1956 à Lugano (Suisse). Elle compte

5 victoires à son palmarès mais n’a plus gagné depuis

34 ans.

1958 André Claveau avec « Dors mon amour »

1960 Jacquelines Boyer avec « Tom Pilibi »

1962 Isabelle Aubret avec « Un premier amour »

1969 Frida Boccara avec « Un jour, un enfant »

1977 Marie Myriam avec « L’oiseau et l’enfant »

32

Opinion : mascarade !

La France ne sait plus quoi imaginer pour gagner l’Eu-

rovision. Chanter en anglais (Sébastien Tellier), faire

appel à une star reconnue (Patricia Kaas), et c… Rien

n’y fait. L’évidence est là : l’Eurovision n’est pas un

concours où le meilleur gagne, mais une mascarade où

un pays vote pour son voisin. Le vote par alliance est

devenu courant et le vote pour le talent anormal. De

plus, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Es-

pagne, pour avoir contribués au financement de la com-

pétition à ses débuts, sont qualifiés d’office, d’où une

certaine idée de défiance des autres nations. Voilà qui

rajoute à la mascarade, comme l’a résumé Cheryl Baker

(candidate pour le Royaume-Uni en 1981) : « Ça aurait

pu être un concours de chant mais ça ne l’a jamais été ».

Amaury Vassili représentera la France le 14 mai prochain à l’Eurovision en Allemagne

D.R.