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Le magazine des étudiants en Presse Ecrite de l'ISCPA.

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Gavroche - 3 février 2011

Sommaire

2

GavrocheRédaction : 9 rue Alexandre Parodi, 75010 Paris

Directeur de la publication : Michel Baldi

Directeur de la rédaction : Jean Savary

Rédacteur en chef :Benoît Magistrini

Secrétaire de rédaction : Karma Duquesne

Maquettiste :Antoine Delthil

Chef des infos générales : Valentin Marcinkovski

Journalistes : Nadine Achoui-Lesage, Alexandre Benhadid, Alexandra

Bresson, Yann Casseville,Wilfried Corvo, Antoine Delthil, Karma Du-

quesne, Pascal Golfier, Audrey Loussouarn, Valentin Marcinkowski,

Eléonore Quesnel, Laetitia Reboulleau, Emmanuelle Ringot, Clémentine

Santerre

Le mot révolte està la mode. La Tu-nisie et l’Egypteont ouvert le balau Maghreb et

au Moyen-Orient. Lespays musulmans, quiont focalisé les inquié-tudes de l’Occident cettedernière décennie, mon-trent aujourd’hui des as-pirations démocratiques.Mais la vigilance doit êtrede mise face au risque deguerre civile et d’extré-misme. Côté français, larévolte gronde plutôt ducôté des Forces de l’Or-dre… Dans l’automobileaussi, c’est électrique. Dumoins c’est ce que vou-draient les concurrents deVolkswagen qui fait lepari de la très basseconsommation. Mais lefutur de l’or noir ne s’an-nonce pas rose et le prixdu baril devrait encoredonner le tournis. Le tour-nis, c’est ce que ressen-tent toutes les équipes quiosent s’opposer au règnedes Bleus en handball de-puis 2008. Peu de tempsaprès le départ à la re-traite de Jacques Chirac,encore et toujours titillépar la Justice.

p.3 Perspectivesp.4 à 7 Dossierp.8 à 11 Economiep.12 à 15 Politique

Internationalpages 3-7Souffle démocratique sur lemonde arabePar Alexandra Bresson etAlexandre Benhadid

Economiepages 8-9Quand le temps de l’or noirs’assombriraPar Pascal Golfier

Sociétépage 12Peer to peer : premier jugementPar Emmannuelle Ringot

Politiquepage 14-15Jacques Chirac face à ses jugesPar Audrey Loussouarn et Wilfried Corvo

Sportpages 17-19Ces sports collectifs françaisqui gagnentPar Wilfried Corvo, Yann Casse-ville et Antoine Delthil

Culturepage 24Angoulême : la vie BDPar Yann Casseville

Edito

Photo de couverture : DR

p. 16 à 17 Sociétép.18 à 21 Sportp.22 à 23 Culturep.24 Portrait

DR

DR

DR

DR

DR

Benoît Magistrini, rédacteur en chef

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Gavroche - 3 février 2011

Perspectives

3

La révolution tuni-

sienne a fait exploser

un verrou. Un air de

liberté souffle aujourd’hui

sur le Moyen-Orient et le

Maghreb, où la mainmise

des dirigeants en place sem-

blait pourtant inébranlable.

Même si les destins de la Tu-

nisie, de l’Egypte, de la

Lybie, du Yémen ou de la Jor-

danie se dessinent encore en

pointillés et n’auront, selon

toute vraisemblance, pas

toujours une trajectoire dé-

mocratique, les rues auront

néanmoins vécu des heures

d’espoir dans ce sens. Car la

répression, qui n’a pas su

éteindre l’embrasement de la

jeunesse en Tunisie et en

Egypte, aura peut-être plus

de succès dans les autres

pays musulmans.

L’histoire le montre : les ten-

tatives de démocratie ont en

commun de toujours naître

des cendres de ses défen-

seurs. En 1688, la Révolution

Glorieuse en Angleterre a

ouvert cet idéal de gouver-

nance, 22 siècles après la

mise en place des principes

démocratiques de la cité

d’Athènes. Entre temps, des

systèmes oligarchiques of-

fraient des perspectives élec-

torales à des minorités

organisées. Mais la Constitu-

tion américaine (1787) née de

la Déclaration d’indépen-

dance du 4 juillet 1876 par

Thomas Jefferson, marquait

le vrai départ de la démocra-

tie moderne, célébrée par

Alexis de Tocqueville. Dans

la foulée, la Révolution fran-

çaise de 1789 édifia les bases

de la première République

avec pour mots d’ordre « li-

berté, égalité, fraternité », en

supprimant les privilèges de

l’Ancien Régime. La philoso-

phie des Lumières et le

Contrat Social de Jean-

Jacques Rousseau éclairent

alors toute l’Europe occiden-

tale de l’idée que « les peuples

se sont donnés des chefs pour

défendre leur liberté et non pour

les asservir ».

Le « gouvernement du peuple,

par le peuple, pour le peuple »,

était, de Périclès à Abraham

Lincoln, un miracle fragile en

sursis face à la dégénéres-

cence consubstantielle à tout

pouvoir. Les révolutions po-

pulaires dans les urnes ou

dans les rues ont parfois ren-

versé l’équilibre. En 1917 en

URSS, en 1933 en Allemagne

ou en 1979 en Iran, putsch ou

révoltes ont abouti au même

constat : celui de l’expropria-

tion du pouvoir par

quelques-uns. Une pointe de

méfiance doit trouver sa

place au milieu de la manne

d’optimisme dans laquelle

semble aujourd’hui baigner

l’Occident face aux mouve-

ments de l’autre côté de la

Méditerranée. Comme le

veut l’adage : Rome ne s’est

pas faite en un jour. g

Par Benoît Magistrini

Le 28 juillet. La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix, représente le deuxième jour des Trois Glorieuses en 1830 à Paris. Cette révolution voit la chute du roi Charles X et son remplacementpar le duc d’Orléans : Louis Philippe, à la tête de la France. Huile sur toile, H. : 2,60 m. ; L. : 3,25 m, Musée du Luxembourg au Louvre.

R.M

.N./

H.

Lew

andow

ski

de la naissancedémocratique

Comment les révolutions ouvrent la porteaux Changements de régime

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Gavroche - 3 février 2011

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Dossier

L’ondeAprès la Tunisie, l'Egypte. L'année 2011 pourrait bien être celle de la libération des peuplesarabes. Dans tout le Maghreb et le Moyen-Orient, les régimes autoritaires font face à une jeu-

ALGERIEDepuis le cinq janvier der-nier, une série d’émeutesont couté la vie à cinq per-sonnes et fait plus de 800blessés. La situation s’estcalmée lorsque le gouver-nement de Bouteflika (aupouvoir depuis 19 ans) aannoncé la baisse des prixdes produits de premièrenécessité. Pour autant, lesdésirs des manifestants desuivre l’exemple tunisiense font de plus en plussentir, et ce, malgré lescoups d’arrêt de la policeprovoquant de nombreuxblessés. Une grande mani-festation pour le « départdu système » est prévuedans la capitale le 12 fé-vrier prochain.

SOUDANDepuis le 16 janvier dernier, les partis d’opposition réclament la « fin du régime totalitaire » du président Omar el-Béchir et demandent la démission du ministre desFinances jugé responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le 31 janvier dernier, la mort d’une étudiante ravive encore davantage les tensions dans le pays.

MAURITANIELe 17 janvier dernier, unhomme d’affaires mécon-tent du régime s’est im-molé à Nouakchott. LePrésident Mohamed OuldAbdel Aziz a affirmé quecet acte n’était en aucuncas un symbole de révolte,mais un geste isolé. Afind’éviter tout déborde-ment, le gouvernement adécidé « de réduire de30% les prix des produitsessentiels destinés auxpauvres à travers desventes ciblées ».

MAROCLe 25 janvier dernier, un homme tente de s’immolerpar le feu devant le ministère de l’Éducation àRabat lors d’un sit-in organisé par des enseignants.Le Maroc a lancé depuis des appels d’offres pourl’achat d’importantes quantités de céréales, afind’éviter des pénuries pesant sur le climat social.

TUNISIEDeux semaines après la chute de Ben Ali, la situation reste électrique dans le pays et des bandes armées, milices de l’ancienrégime et criminels évadés, font régner un climat de violence. A Kasserine dans le centre du pays des rassemblements spo-radiques réclamaient la punition des malfaiteurs » ayant profité des émeutes pour commettre des pillages. Le couvre-feuétait toujours maintenu ce mardi. Des premières mesures pour les jeunes chômeurs ont été annoncées par le gouvernementde transition cette semaine, et des traités internationaux concernant les droits de l’homme ont été ratifiés par le gouverne-ment provisoire. Selon l’ONU, les manifestations auraient couté la vie à plus de 200 personnes et causé 500 blessés.

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Gavroche - 3 février 2011

Dossier

nesse qui aspire à plus de liberté et de dignité. Révolutions et révoltes ont un point commun:le rôle croissant joué par internet. Par Alexandre Ben Hadid et Laetitia Reboulleau

de choc

EGYPTEDepuis le 25 janvier dernier, l’Égypte connaît des mouvements de masse similaires à ceux vusen Tunisie. Lors de « La Marche du million » du 1er février dernier, la foule demandait le départdu Président Hosni Moubarak et la démission de tout son gouvernement. Même si ce derniera promis de partir « en septembre », la foule scande aujourd’hui son départ « immédiat ». Unedemande guère différente des « invitations » de Barack Obama. Si l’armée joue toujours un rôlepacificateur, la situation sur le terrain paraît tendue.

YEMENEmboitant le pas de l’Egypte, des milliers de per-sonnes descendent dans les rues de Sanaa, la capi-tale, et réclament le départ du Président Ali AbdallahSaleh, au pouvoir depuis 32 ans. Le weekend dernier,des heurts entre opposants et partisans du régimeont émaillé les défilés de manifestants. La situationdemeure tendue malgré la hausse des salaires an-noncée par le Président qui ne briguera pas un nou-veau mandat.

JORDANIELe Roi Abdallah a voulu calmer les tensions en rem-plaçant ce mardi le premier ministre Samir Rifaï parMarouf Bakhit, son ancien bras droit dans les affairesmilitaires. Malgré la popularité de ce dernier, leFront de l’Action Islamique a vivement critiqué cechoix estimant que Maarouf Bakhit n’était pas en me-sure de « sortir la Jordanie de la crise ». Les islamistesont appelé les manifestants a continuer leurs rassem-blements.

SOUDANDepuis le 16 janvier dernier, les partis d’opposition réclament la « fin du régime totalitaire » du président Omar el-Béchir et demandent la démission du ministre desFinances jugé responsable de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le 31 janvier dernier, la mort d’une étudiante ravive encore davantage les tensions dans le pays.

OMANLe 17 janvier dernier, près de 200 manifestants à Mas-cate protestent contre le coût de la vie, un défilé mo-deste, mais très rare dans cette monarchie arabe duGolfe dirigée par le sultan Qabus bin Said Al Said de-puis les années 70.

SYRIELe régime de Damas, l’un des plus policiers dumonde arabe, est pour l’instant épargné par l’ondede choc tunisienne. Pour autant les appels aux ras-semblements pleuvent sur la toile, notamment surles réseaux sociaux Facebook et Twitter. 7800 mem-bres étaient parvenus à outrepasser le blocage dessites et soutenaient l’appel « contre la monocratie, lacorruption et la tyrannie » du régime de Bachar El-Assad.

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Dossier

Révolte programmée

La place Tahrir («place de la

Libération») n’a jamais aussi

bien porté son nom. Depuis

le 25 janvier, jour de départ

du mouvement de contesta-

tion, elle constitue le point de

ralliement des cairotes mani-

festant en masse contre

Hosni Moubarak. Au pou-

voir depuis 1981, le président

égyptien n’a pas réussi à évi-

ter l’effet domino venant de

Tunisie. L’émeute qui a vu le

jour à l’occasion d’un jour

férié en l’honneur de la police

est la plus importante depuis

celle de 1977 contre la hausse

du prix du pain. Le phéno-

mène touche le pays dès le 17

janvier : Un homme s’immole

par le feu devant l’Assemblée

du peuple au Caire suivant

l’exemple du tunisien Moha-

med Bouazizi le 4 janvier.

Dès les premiers jours de ma-

nifestations plus de 15 000

participants se sont réunis au

Caire, certains scandant

même le célèbre slogan tuni-

sien «Pain. Liberté. Dignité».

Népotisme, terreuret corruption, lavraie nature durégime Zine el-Abidine Ben Ali et

Hosni Moubarak arrivés res-

pectivement au pouvoir en

1987 et 1981 ont plus en com-

mun que la mise en place

d’un régime autoritaire. Côté

tunisien, outre le fait que le

pouvoir utilise les institu-

tions bancaires nationales

pour des raisons purement

familiales, les critiques se lè-

vent contre Ben Ali à propos

des droits humains, de la ré-

pression féroce, du muselage

des médias (sauf d’internet

ce qui lui fut fatal) et des op-

posants mais surtout le né-

potisme et la corruption

généralisés. Des télé-

grammes de l’ambassade

américaine publiés par le site

Wikileaks décrivent un ré-

gime « corrompu et sclérosé où

la moitié du monde des affaires

en Tunisie peut se targuer d'être

lié à Ben Ali d'une façon ou

d'une autre et notamment par le

mariage ». L’Egypte doit en

plus faire face à « un problème

de succession du président

Hosni Moubarak qui n’est tou-

jours pas réglé » selon l’ancien

diplomate Denis Bauchard.

« Le régime égyptien aspire au

modèle tunisien : parti au pou-

voir hégémonique, fermeture du

champ politique, priorité au do-

maine économique » explique

Sophie Pommier, ancienne

du Quai d’Orsay à l’Ex-

press.fr. Mais sous le régime

de Moubarak c’est surtout la

hausse des prix des produits

de premières nécessité, pas

ou peu de libertés, les vio-

lences policières, la corrup-

tion, la pauvreté constante

(40% de la population vit

avec moins de deux dollars

par jour et 20% à peine au

dessus) qui ont poussé les

égyptiens dans la rue. « Les

égyptiens expriment un mécon-

tentement justifié face à un ré-

gime usé jusqu'à la corde. Le

régime a abusé de sa légitimité,

les gens veulent voir autre

chose », déclarait Antoine

Basbou, fondateur de l’Ob-

servatoire des Pays Arabes à

France Soir.

Moubarak sur lacorde raide« Il y aura de nouvelles me-

sures pour une justice indépen-

dante, la démocratie, pour

accorder plus de liberté aux ci-

toyens, pour combattre le chô-

mage, augmenter le niveau de

vie, développer les services et

soutenir les pauvres », a dé-

claré le président Moubarak

lors d’une allocution télévi-

sée le 28 janvier. Mais la pro-

messe de changer de

ministres est loin d’avoir

calmé la foule. Pire encore,

le lendemain le nouveau

gouvernement est inchangé,

provoquant un autre « jour

de colère » dans les rues. Seul

modification importante : le

remplacement du ministre

de l'intérieur, Habib Al-

Adli, dont les manifestants

réclamaient le départ et la

mise en place d’un poste

inédit de « vice-président »

occupé par Omar Soulei-

mane. Mais les jours se sui-

vent et les promesses de

Moubarak ne convaincquent

pas les égyptiens prêts à

voir n’importe quel oppo-

sant, Mohamed ElBaradei

en tête, prendre sa place. Cet

ancien prix Nobel de la paix

et ancien chef de l'agence in-

ternationale de l'énergie ato-

mique (AIEA) est

rapidement devenu le sym-

bole même du mouvement

de protestation. « Si la popu-

lation veut que je mène la tran-

L’Egypte se révolte à son tour contre son régime. Mais alors qu’en Tunisie le président afui, Hosni Moubarak entend bien terminer son mandat au grand désarroi de milliersd’Egyptiens manifestant depuis le 25 janvier. La première semaine de contestation avaitdéjà fait 125 morts et de milliers de blessés. Par Alexandra Bresson

Dès le premier jour des manifestations, plus de 15 000 Egyptiens se sont réunis place Midan Tahrir au Caire.

Mah

mo

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be

r

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Gavroche - 3 février 2011

Dossier

sition, alors je ne la décevrai

pas, le pays est au début d'une

ère nouvelle », a-t-il déclaré

en Autriche avant de se ren-

dre en Egypte. Dimanche

dernier, il a été désigné par

l’opposition pour négocier

avec le régime Moubarak et

le parti des Frères Musul-

mans, principale force d’op-

position, l’imagine même

candidat pour des élections

présidentielles. Le 31 janvier

dernier Mohamed ElBaradei

invite la population à une

grève générale suivie lende-

main par plus de deux mil-

lions de personnes qui ont

répondu à son appel dans

les rue du Caire. Lundi, l’ar-

mée égyptienne, d’habitude

prompte à obéir au prési-

dent, annonce que les reven-

dications « du grand peuple

d’Egypte étaient légitime » et

donc qu’elle ne tirera pas sur

le peuple, déstabilisant en-

core plus Moubarak

. La France s’abstientDu côté de l’Elysée, le gou-

vernement se tait. Déjà fri-

leux à propos de la Tunisie,

Nicolas Sarkozy fait preuve

d’une grande réserve dans

ses déclarations. Sa position

officielle s’arrête à un com-

muniqué de presse rédigé

avec David Cameron et An-

gela Merkel : « Nous appelons

le président Moubarak à éviter

à tout prix l'usage de la violence

contre des civils sans armes et

les manifestants à exercer leur

droit pacifiquement ». Officiel-

lement cette prudence est de

mise pour éviter une nou-

velle bourde d’un ministre -

comme a pu le faire Michèle

Alliot-Marie, la Ministre des

Affaires Etrangères en pro-

posant le « savoir-faire fran-

çais » à la Tunisie. Une peur

pourtant concrétisée par la

secrétaire d’Etat à la jeunesse

Jeannette Bougrab, avec son

« il faut que le président Mou-

barak parte » sur France Info

le 30 janvier. Une prise de

position qui lui a valu d’être

convoquée par François

Fillon à Matignon. Mais la

principale cause reste que

Nicolas Sarkozy voit en

Hosni Moubarak, tout

comme en son ancien homo-

logue tunisien Ben Ali, un

rempart efficace contre l’isla-

misme, danger et bête noire

plus réels en Egypte qu’en

Tunisie. « La population égyp-

tienne est déjà très ré-islamisée,

du moins au sens de la bigoterie.

Le risque est de voir les Frères

musulmans arriver à une posi-

tion dominante et augmenter

encore les conséquences sur la

vie privée des gens de cette bigo-

terie. Pour le reste, je les croirais

plutôt modérés », déclarait

Jean-Noël Ferrié, politologue

spécialiste de l’Egypte au site

Africa N°1. Même si Hosni

Moubarak ne briguera pas

un nouveau mandat pour les

présidentielles de septembre,

difficile de savoir quand et

comment le régime s’effon-

drera. Pourtant le président

compte encore quelques fi-

dèles qui se sont manifestés

pour la première fois mer-

credi dernier sur la même

Après plus de 20 an-

nées de « dictature »

sous le régime Ben

Ali, la Tunisie est-elle prête

pour accueillir une véritable

démocratie de type occiden-

tal ? Il est bien trop tôt pour

s’avancer vers de telles consi-

dérations surtout lorsqu’on

constate sur le terrain que le

climat de forte insécurité

dans les rues règne toujours.

Les armes circulent entre les

différentes factions (milices

de l’ancienne police Ben Ali,

et les « gardiens » des quar-

tiers). « Tant que les armes se-

ront en main des milices, le pays

restera dans le chaos » nous

confie Hamed, un jeune étu-

diant en Science Politique à

Paris. Organiser de réelles

élections « démocratiques »

dans son pays reste encore

« un rêve lointain », mais

concède qu’un « grand pas a

été franchi ». La « rupture » a

un arrière goût de déjà-vu.

Six des ministres de l’ancien

régime sont toujours en

poste au gouvernement,

même s’ils n’occupent plus

des postes clés. Si des élec-

tions législatives et présiden-

tielles sont censées être

organisées dans les deux

prochains mois, on s’oriente

certainement vers un recul

des échéances. Pour certains,

organiser trop vite des élec-

tions donnerait la part belle

aux islamistes. Depuis

quelques jours, le leader Ra-

ched Ghannouchi est de nou-

veau sur le sol tunisien après

plus de 20 ans d’exil à Lon-

dres. La crainte des partisans

d’une démocratie pluraliste

est de voir un parti religieux

extrémiste récupérer le cri

d’un peuple aux abois de-

puis plus de 30 ans. Pour

d’autres, même la démocratie

n’est pas la solution à la crise

que souffre le pays. Le cau-

chemar de toute cette jeu-

nesse héroïque est de voir

tous les travers de la démo-

cratie occidentale (lutte de

partis, fausses promesses et

autres enjeux politiciens) dé-

ferler sur une Tunisie malade

de 20 ans de corruption et de

népotisme généralisé.

Nation « jeune»sacrifiéeSidi Bouzid, épicentre de la

« révolution du Jasmin » où le

jeune Mohammed Bouazizi a

trouvé la mort, est à l’image

de l’échec d’intégration de la

jeunesse tunisienne. Le chô-

mage en Tunisie est un fléau.

Les jeunes diplômés, autre-

fois « l’espoir d’une Tunisie

grande et forte » selon les pro-

pos mêmes de Ben Ali, se ré-

signent à travailler dans les

champs pour subvenir à leur

besoin. Dans les grandes

villes, 30% d’entre eux sont

au chômage. Peut-être le

double dans les villes isolées

du centre du pays. Pour le

sociologue Medhi Mabrouk,

cette situation est la consé-

quence directe de « l’absence

de stratégie de recrutement » à

l’échelle nationale du gou-

vernement depuis ces 20 der-

nières années. Alors que le

secteur touristique tourne à

plein régime, la majorité des

étudiants cherchant à entrer

dans le secteur public voient

les portes se fermer faute de

place. Longtemps ignorés,

ces jeunes verront désormais

une allocation de 150 dinars

(78 euros) leur être versé

« s’ils acceptent un emploi à mi-

temps dans les services publics »

a annoncé le porte-parole du

gouvernement Taïeb Bac-

couch. Meurettes pour les

uns ou première pierre de

l’édifice pour les autres, les

manquements du passé met-

tront longtemps avant d’être

comblés. Pour autant, la Tu-

nisie est aujourd’hui un sym-

bole pour tous les autres

peuples voisins désireux

d’obtenir enfin leur liberté. g

Comme à Sidi Bouzid et dans les grandes villes du pays, plus de 30%des jeunes diplômés souffrent du chômage.

Mohamed ElBaradei est considéré comme le principal opposantd'Hosni Moubarak

Wo

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Niq

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La révolution du Jasmincherche ses bourgeon

Le bilan est lourd : plus de 200 morts et 519 blessés selon les dernières estimations faîtespar l’ONU. La Tunisie n’a pas le temps de pleurer ses martyrs qu’elle doit faire face à unnouveau défi : remettre le pays en marche et se réinventer politiquement.Par Alexandre Benhadid

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Gavroche - 3 février 2011

8

Economie

Lorsque le pétrole

Alex Scarrow, roman-cier anglais, met enscène la fin de notre

ère dans son thriller La Théo-rie des dominos, publié en2007, Jenny, Leona et Jacobétaient enfin en sécurité.Après une semaine où ils bra-vèrent tous les dangers d’unesociété post-apocalyptique

pour se retrouver, ils avaientfinalement échappé aux ban-dits, aux pilleurs, aux vio-leurs, aux assassins, auxhommes et femmes désespé-rés, affamés, assoiffés. Andy,le mari, le père, avait sacrifiésa vie pour les protéger. Unefois réunis, ils avaient fuitLondres, le plus vite possible.

S’éloigner de la ville, totale-ment dépouillée de ses res-sources, cercueil d’acier et debéton, était devenu leurunique chance de survie. Au-jourd’hui, au sein de leur nou-velle communauté, quelquepart dans la campagne an-glaise, leur quotidien estrythmé par des gestes sécu-laires, oubliés par la plupartd’entre nous. Tirer l’eau horsdu puit, semer les graines deblé, entretenir le potager, soi-gner le bétail, collecter lesœufs dans le poulailler…Pourtant, l’horloge ne s’estpas arrêtée. Le temps suit soncours immuable, noussommes bien au 21e siècle.Une seule chose a changé: lepétrole ne coule plus.

« Oil Peak »Bien loin de la simple fiction,le livre de Scarrow se base

avant tout sur un scénarioinévitable et très probable-ment déjà consommé, le dé-passement du Pic Pétrolier.Ce nom barbare ne corres-pond ni à un record deconsommation, ni à un recordde prix du baril. Il s’agit toutsimplement du terme utilisépour désigner le niveau maxi-mal de la production pétro-lière. Niveau à partir duquelle nombre de barils extraits nefera que diminuer progressi-vement jusqu’à l’épuisementtotal des ressources plané-taires. Selon de nombreuxchercheurs comme le géo-logue britannique ColinCampbell ou l’ingénieur pé-trolier français Jean Laher-rère, ce Pic serait en voied’être, voire déjà dépassé(voir graphique n°2). Unethéorie confirmée en novem-bre dernier par l’Agence In-

ternationale de l’Energie dansun communiqué qui se vou-lait néanmoins rassurant. «Ce

Pic ne concerne que le pétrole

brut», peut-on lire dans lerapport de l’AIE. Il ne com-prend donc ni les futures pro-ductions issues de sables etschistes bitumeux ou de labiomasse, ni le gaz naturel.

DépendanceMais le pétrole brut demeurele pivot de notre économie.La transition énergétiquevers une production efficaceet surtout, suffisante, de car-burants «bios» ou issus d’au-tres ressources fossiles n’apas été effectuée.Il en va demême pour l’électricité dontla production dépend encoretrès largement du pétrole oudu charbon : 68% productionmondiale en 2007 selon lamême AIE.

Les réserves de pétrole de la planète ne sont pas illimitées, et le nombre de barils extraitsn’a pas cessé d’augmenter depuis 1930. Pour de nombreux experts, l’« Oil Peak » ou PicPétrolier, c'est-à-dire le niveau maximal de la production pétrolière aurait déjà été atteint

Puits de pétrole à Hassi Messaoud, Algérie.

iJuliAn

Prix du baril de brut sur les cinq dernières années. Le pic de 2008constitue un record qui sera à coup sur battu dans l’avenir.

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Gavroche - 3 février 2011

Economie

de la production mondiale en2007 selon la même AIE.Lepétrole est le «sang» qui ir-rigue la société selon l’imageutilisée par Alex Scarrow. Sisa circulation est interrom-pue, les organes dépérissent,les institutions, les infrastruc-tures s’effondrent. Pas besoind’un scénario catastrophecomme celui du romancier,où une série d’attentats simul-tanés sur les sites de produc-tion et d’acheminement du

pétrole provoque unebrusque pénurie. Le manquese fera sentir, de lui-même, aufur et à mesure que la pro-duction ne pourra plus satis-faire la demande.

LuxePremière conséquence dumanque progressif d’or noir :la hausse du prix du baril.Une étude de l’OCDE, réali-sée en décembre 2004 dans len°76 de Perspectives écono-miques de l’OCDE évoquaitdéjà ce problème. Elle met enavant qu’une crise d’approvi-sionnement liée à une produc-tion insuffisante ou à undéfaut d’acheminement pour-rait provoquer en quelquessemaines un doublement duprix du baril (voire graphique

n°3). Seul ennui : le scénariomis en place par l’OCDE partd’un baril coûtant un peu plusde 30$. Pour prendre la me-sure du risque, il faut donc ré-injecter les chiffres réels. Au1er février 2011, le baril étaitcôté aux alentours des 91$(voire graphique n°1). Le scé-nario de crise de l’OCDE, pro-jetterait donc le prix dupétrole à plus de 180$ le baril,soit bien au dessus des 144$atteints en juillet 2008. Un re-

cord provoqué par des prévi-sions exponentielles desconsommations chinoises etindiennes ainsi que par la spé-culation sur les marchés fi-nanciers. Arjun N. Murti,analyste pétrolier pour labanque Goldman Sachs, an-nonçait d’ailleurs en mai 2008,juste avant cette flambée desprix, que le baril pourrait êtreréévalué jusqu’à «150$ ou

même 200$» vu la marge deplus en plus faible des paysproducteurs entre leur capa-cité de production maximaleet leur production effective.

SevrageSi la future courbe des prix nepeut être prédite avec préci-sion, une chose reste cer-taine : le pétrole sera de plus

en plus cher. Or un pétrolehors de prix se traduit parbien plus qu’une grimace aumoment de payer le plein desa voiture personnelle. Celacorrespond à un coût de fonc-tionnement de plus en plusélevé de notre économie, etpeut donc mener à une lourdeinflation généralisée. A un ap-pauvrissement progressif dela population. Et si aucune al-ternative n’est trouvée d’ici là,l’étape suivante sera la paraly-sie totale de la société. Toutcomme le vit la famille Su-therland dans le livre d’AlexScarrow. Les transports defrets mondiaux seront sus-pendus, les réserves de carbu-rant seront réquisitionnéespar les Etats pour assurer l’ap-provisionnement de l’armée,

de la police et le fonctionne-ment à minima des institu-tions. Puis en quelques jours,ce sont les denrées alimen-taires qui viendront à man-quer dans les grandes villes etdans les pays dépendants deleurs importations. L’eau po-table se fera de plus en plusrare. Des émeutes éclaterontparmi les habitants, livrés àeux-mêmes...Richard C. Duncan, ingé-nieur, prédisait dès 1989 parson «Olduvai Theory » que lacivilisation telle que nous leconnaissons péricliterait len-tement avec l’épuisementdes ressources pétrolières.Qu’une nouvelle société de-vrait être pensée et construite.Très controversé à l’époque,au point de voir son « Institute

of Energy and Man » créé en1992 disparaître, il semblepourtant bien que ses alertespointaient du doigt une réa-lité bien concrète. Après l’Âgede Pierre et l’Âge du Bronze,l’Âge du Pétrole prendra fin.Et tel un drogué qui luttepour sa désintoxication, lemonde devra apprendre à sepasser de l’or noir, quitte à de-venir dépendant d’une autresubstance… g

alors que la consommation mondiale explose. Scénario catastrophe d’une société brusque-ment privée d’or noir. Par Pascal Golfier

arrêta de couler…

Scarrow se base sur un scénario inévi-table : le dépassement du Pic Pétrolier

Plus d’info :

www.lifeaftertheoilcrash.net

La Théorie des dominos, AlexScarrow, Le Livre de PocheThriller, 7,50€.

The Olduvai Theory - TowardsRe-Equalizing the World Stan-dard of Living – The SocialContract, Eté 2009.

Etude de l’OCDE publiée en décembre 2004. Le pic que l’on observe simule une augmentation brutale suite à une déstabilisation de la production. La flambée des prix en 2008 a prouvé que deperspectives de consommation en hausse et un Moyen-Orient troublé pouvaient avoir un effet encore plus important que prévu.

Courbe de la production pétrolière. Selon plusieurs études, le «Oil Peak» aurait été atteint entre 2008 et 2010. Lenombre de barils extraits n’aura désormais de cesse de diminuer.

Page 10: Gavroche 7

Economie

Facilité Monétaire Euro-

péenne, Fonds Euro-

péen de Stabilité, Fonds

de Stabilisation Européen,

Fonds Monétaire Européen…

Tant de terminologies pour

évoquer un fonds solidaire de

l’eurogroupe. Et comme les

mots ont un sens, ces diffé-

rentes variations ne sonnent

pas uniquement comme des

nuances byzantines mais

comme des concepts diffé-

rents. Mais peut-il y avoir une

monnaie unique entre plu-

sieurs états sans qu’il y ait de

solidarité entre eux?

«Le plus dur est peut-être der-

rière nous», affirme Domi-

nique Seux, du quotidien Les

Echos. Ce début d’année était

annoncé comme une terrible

épreuve pour l’euro. Après la

Grèce et l’Irlande, le Portugal,

l’Espagne, voire même la

France, devaient suivre ; en

clair, tous les pays de la zone

euro allaient devoir passer

sous le parapluie européen et

avaient vocation à être soute-

nus par le Fonds de stabilité

financière. La presse anglo-

saxonne titrait alors que les

marchés, faute de confiance

après les bévues cachées par

la Grèce à ses investisseurs,

refusaient de prêter de l’ar-

gent aux pays européens à

des taux d’intérêt supporta-

bles. Le ciel semblait alors

bien noir.

Pour comprendre pourquoi

l’horizon semble s’éclaircir, il

faut revenir un peu en arrière.

«De cette récente peur de voir

l’eurogroupe s’effondrer est née

le fond de stabilisation européen,

indique Edouard Doris, spé-

cialiste de géostratégie écono-

mique. Le 10 mai 2010, 750

milliards d’euros étaient mis à

disposition des pays. Y ont

contribué : la Communauté euro-

péenne, les Etats membres et le

Fonds Monétaire International

(FMI)». Le fonds a bénéficié

en premier lieu à l’Irlande.

Cette solidarité européenne

s’est avérée être un premier

tremplin pour l’économie eu-

ropéenne en pleine crise.

Les politiques aussi ont joué

un rôle prédominant dans la

non-réalisation du scénario

catastrophe du krach de la

zone euro.

En quête de visionpolitiqueLa chancelière allemande,

Angela Merkel, a montré un

engagement sans faille en fa-

veur de l’euro. Cette implica-

tion très visible a rassuré et a

permis aux autres dirigeants

des Etats européens d’œu-

vrer dans le même bateau

qu’elle. L’Espagne a alors

promis d’agir en faveur de

ses banques : la péninsule

ibérique a fait passer des ré-

formes permettant de lever

des fonds, comme augmenter

l’âge de la retraite à 67 ans,

avec l’accord des syndicats.

Autre élément et pas des

moindres : le forum de Davos

de ce début d’année a été mar-

qué, pour les Européens, par

la défense de l’euro faite par

la France et l’Allemagne. Ni-

colas Sarkozy a alors plaidé

avec force : «Merkel et moi ne

laisseront jamais tomber l’euro».

«La parole européenne s’est re-

mise dans le bon ordre, com-

mente Dominique Seux, la

communication est un peu moins

désordonnées qu’avant Noël et

cela compte. Enfin, les modalités

techniques d’intervention ont

l’air de se préciser et Paris et Ber-

lin ont manifestement pris les

choses en main». La solidarité

européenne promet donc des

semaines plus calmes, mais la

prudence reste tout de même

de mise. Méfiance est mère de

sûreté. Rien n’est fixe et la re-

stabilisation apparente peut

se retrouver au tapis en deux

temps trois mouvements.

Tout d’abord, force est de

constater que ce n’est pas

l’Europe de Bruxelles qui a la

main, mais bien les capitales.

A savoir les différents gouver-

nements, avec l’instabilité qui

les caractérisent. Pas toujours

simple de coordonner les po-

litiques européennes des gou-

vernements européens. Si les

progrès sur la surveillance

budgétaire sont réels, il n’y a

pas de projet de croissance

commune. De plus, reste la

question sociale : pendant

combien de temps les peuples

européens vont-ils accepter la

rigueur qui leur est propo-

sée? Enfin dernière ombre et

pas des moindres : le Fonds

européen de stabilisation n’est

en réalité qu’un fonds inter-

médiaire mis en place pour

trois ans à peine. 2013 verra

son enterrement, et avec lui la

nécessité de réinventer un

modèle. La logique voudrait

que l’Europe, première puis-

sance économique mondiale,

se dirige lentement, mais sû-

rement, vers un Fonds Moné-

taire Européen. Mais l’union

politique que ce dernier sup-

pose nécessite d’aller bien au-

delà de timides chantiers de

convergence fiscale. g

Clair-obscur européenAprès les scénarios-catastrophes de la Grèce et de l’Islande, la zone euro semble avoir retrouvé une certaine quiétude etle scepticisme se dissout peu à peu. En cause, la démonstration réussie de la solidarité européenne et la mobilisationdes politiques. Un tableau pas sans ombre : le temps joue en la défaveur de cette avancée majeure. Par Karma Duquesne

Gavroche - 3 février 2011

10

Parlement européen en plein conseil des 15, le 17 mai 2010.

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Page 11: Gavroche 7

Economie

Ryanair toujoursplus hautRyanair a annoncé le 31 janvierun résultat net positif comprisentre 380 et 400 millions d’eu-ros pour l’exercice 2010-11. Unrésultat au-delà de toutes lesprévisions effectuées par la com-pagnie low-cost irlandaise. Lesperturbations liées aux grèves etaux intempéries n’auront donceu aucune répercussion sur lasanté financière du groupe qui a,malgré tout, récemment an-noncé une augmentation géné-rale de ses prix.

Carrefour : lapreuve par troisD’après une information paruedans Le Figaro, le numéro 2mondial de la grande distributionétudierait la possibilité de sescinder en trois. Les administra-teurs du groupe Carrefour envi-sagent l’introduction en boursede la branche hard-discount(Dia) et immobilier (CarrefourProperty) afin de les rendre au-tonomes. Un principe qui devraitêtre adopté le 2 mars prochainen conseil d’administration.

Le patron de Gold-man Sachs tripleson salaireLes administrateurs de la banqued’affaires américaine GoldmanSachs font un joli cadeau à leur pa-tron Lloyd C. Blankfein en triplantson salaire. Ce dernier touchedésormais 2 millions de dollarspar an (1,47 millions d’euros)contre 600000 dollars auparavant.Une augmentation qui paraît sur-prenante après une année 2010difficile pour la banque qui a vu sesprofits chuter de manière significa-tive (-37%).

Gros lot pour laFDJEn 2010, la Française des jeux a enre-gistré un chiffre d’affaires record de10,551 milliards d’euros, soit unehausse de 5,5% par rapport à 2009(9,997 milliards d’euros). Un résultatexpliqué en partie par l’ouverture à laconcurrence des jeux d’argent enligne mais pas seulement puisque lesparis sportifs en dur (pratiqués chezles buralistes) ont également aug-menté de 42% l’année dernière.Deuxième loterie mondiale derrièrel’Italien Automatica, la FDJ compte27,8 millions de client dans l’Hexa-gone, soit près d’un français sur deux.

Une voiture rétro-fu-

turiste. Voilà com-

ment on pourrait

décrire cette fameuse XL1

lorsque l'œil glisse sur ses

courbes harmonieuses pour

la première fois. Basse

(1,195m de hauteur) et ultra-

légère (795kg), la toute der-

nière née de Volkswagen,

présentée au Qatar fin janvier,

se targue surtout d'une

consommation record de

0,9l/100km. Le concept hy-

bride poussé à son pa-

roxysme, afin d'obtenir le

véhicule le plus sobre du

marché lorsqu'il sera com-

mercialisé. Et il le sera, en pe-

tite série d'abord, avant de

voir éventuellement sa pro-

duction augmenter par la

suite si le succès est au ren-

dez-vous.

Volkswagen avait déjà mon-

tré son intérêt pour trouver

des solutions de basse

consommation. La Lupo 3L,

commercialisée en 1999, ré-

pondait à cette prérogative.

Le modèle ne s’était pas

vendu, en raison d'un prix

trop élevé, interdisant tout re-

tour sur investissement avec

un gazole à moins d’un euro.

Mais Ferdinand Piëch, le pré-

sident du conseil de surveil-

lance de Volkswagen, ne

s'arrête pas à ce revers. Ingé-

nieur passionné, il comprend

rapidement que l'avenir du

véhicule automobile passe

par une plus grande sobriété.

C'est ainsi qu'arrive la XL1,

après plusieurs prototypes

d'essais, dont la L1, une inso-

lite deux places en tandem.

L'accent a été mis sur le gain

de poids : la voiture est com-

posée de fibres de carbone à

plus de 20%, se dote de freins

céramiques, d'un châssis en

aluminium et de roues en

magnésium. Autant de com-

posés ultra-légers dont le coût

devrait tirer vers le haut le

prix final du XL1.

Avec ses courbes très douces

et sa petite ressemblance avec

l'Audi pilotée par Will Smith

dans I-Robot, le XL1 dispose

d'un aérodynamisme opti-

misé que cette deux places ne

grèverait guère en s’allon-

geant pour intégrer une ban-

quette arrière. Pour propulser

la XL1, Volkswagen a choisi

un bi-cylindre diesel de 0,8l

de cylindrée, issu du bloc 1,6

TDI. Ce petit diesel, éco-

nome, dispense 48 ch tandis

que l'unité électrique en

ajoute 27.

StratégiesIl s'agit d'un petit moteur

électrique placé entre le die-

sel et la boite de vitesse, ali-

menté par des batteries au

lithium-ion qui lui permet-

tent de parcourir 35 km en

mode électrique pur. Les

deux blocs réunis ne pèsent

que 227 kg. Issus des re-

cherches de la marque, c'est

l'association de ces deux mo-

teurs et des caractéristiques

physiques du véhicule qui

permettent de rester en des-

sous du litre consommé tous

les 100km, ce qui donne une

autonomie de plus de

1000km avec un réservoir de

10l, le tout avec une vitesse

maximale de 160 km/h. Au

delà de l'aspect « record » de

cette très basse consomma-

tion, un hybride aussi perfor-

mant remet en cause

l'ensemble de la stratégie

électrique choisie par certains

constructeurs. D'abord, cer-

tains aspects ne sont pas en-

core réglés concernant les

véhicules électriques.

Emballements ter-miquesLe plus important d'entre eux

: la fiabilité des batteries au li-

thium-ion, majoritairement

utilisées jusqu'ici. Rachid

Yamzi, directeur de re-

cherche au CNRS, explique :

« Les batteries électriques li-

thium-ion sont constituées

d'une multitude de cellules pro-

ductrices d'énergies qui, cha-

cune, présente un risque

relativement élevé de panne. Des

emballements thermiques, me-

nant à l'incendie ou à l'explo-

sion peuvent être craints ». Un

sérieux risque pesant sur les

constructeurs qui, du reste,

planchent déjà sur de nou-

veaux systèmes de contrôles

et de refroidissement et de

nouvelles technologies de

batteries. Le XL1 utilise ce

même type de batterie pour

alimenter son moteur élec-

trique mais dans une dimen-

sion réduite, qui limite

d'autant les risques.

Il faut également prendre

en compte le bilan carbone

de l'énergie électrique utilisée

pour recharger la batterie

d'un véhicule. Si en France,

78% de l'électricité produite

est issue du nucléaire il

n'en est pas de même

partout. L'électricité chinoise

par exemple dépend majori-

tairement des centrales à

charbon mises en services

au rythme d’une par se-

maine. Quand il faudra sou-

tenir l'utilisation de plusieurs

millions d'automobiles élec-

triques, la pollution et sur-

tout la consommation de ces

usines tournant à plein ré-

gime risque fort de limiter le

côté «vert» du véhicule. Sans

compter que ne consommer

qu'un litre tous les 100 km

remet économiquement dans

la course, bien des agro-car-

burants alternatifs à l'essence

et au gazole mais plus chers.

Si la technologie du XL1 s'ex-

porte à d'autres modèles, et à

des prix concurrentiels, l'hy-

bride pourrait bien être, plus

que l'électrique, la vraie solu-

tion d'avenir. g

Acétique ou éléctrique ?

Les voitures électriques prochainement commercialisées, comme la Peugot iOn ou la RenaultZoé, témoignent de l'engagement des constructeurs dans la voie 100% électrique. Mais cettestratégie pourrait être remise en cause par le pari de Volkswagen avec sa XL1 d’abaisser sousle litre aux cent la consommation d’une voiture hybride. Par Pascal Golfier

Gavroche - 3 février 2011

11

La XL1, concept car hybride de Volkswagen, veut montrer la voie de la très basse consommation.

D.R.

DR

DR

Page 12: Gavroche 7

Economie

Vincent Valade, créa-

teur d’eMule Para-

d i s e , d e v a i t

comparaître à partir du lundi

31 janvier, devant le tribunal

correctionnel de Paris. Il est

poursuivi pour « mise à dispo-

sition de films sans l'autorisa-

tion de leurs ayants droits »

entre 2005 et 2006. La plate-

forme numérique du jeune

homme de vingt-cinq ans

n’hébergeait pas directement

le contenu piraté mais recen-

sait plus de 7 000 liens vers

des fichiers eMule ainsi que

la possibilité de télécharger

le logiciel. Le procès a été re-

porté pour la troisième fois.

Vincent Valade aurait en-

grangé plus de 416 000 euros

de revenus publicitaires sur

deux ans, placés en majorité

dans des comptes à Chypre

et au Luxembourg. L’indus-

trie du cinéma s’est donné

rendez-vous sur le banc des

parties civiles pour faire en-

tendre son mécontentement

grandissant face à ce genre

de pratiques.

Le Peer to Peer (P2P) est un

protocole d’échange qui pro-

pose aux utilisateurs de par-

tager leurs données numé-

riques comme de la musique,

des films, des séries ou en-

core plus récemment des li-

vres au format électronique

ou des journaux. Les logi-

ciels de P2P mettent directe-

ment en relation deux

internautes via leur plate-

forme et ne stocke que l’en-

droit d’où provient le fichier.

Le flou juridique qui encadre

les données sur Internet pose

de nombreux problèmes aux

industries cinématogra-

phiques et musicales qui lut-

tent depuis plusieurs années

pour le respect des droits de

ses auteurs et des commis-

sions qui en découlent.

Plusieurs pas ont déjà étéfaits

dans ce sens. Par exemple, la

loi Hadopi promulguée

début 2010 vise à punir les in-

ternautes adeptes du télé-

chargement illégal par

suppression de leur connec-

tion. Cette loi rencontre pour-

tant depuis un an quelques

difficultés quant à son appli-

cation. « L'idée de base d'Ha-

dopi, c'est que chaque Français

connaisse au bout d'un ou deux

ans quelqu'un qui s’est fait sup-

primer son abonnement, et du

coup que ça ne soit pas la sanc-

tion mais la peur qui freine le té-

léchargement », explique

Georges, étudiant spécialisé

dans les nouvelles technolo-

gies. Hadopi devrait se géné-

raliser au niveau européen

comme l’a révélé le Nouvel

Observateur.

Impasse judiciaireDe même, la loi d'orienta-

tion et de programmation

pour la performance de la

sécurité intérieure (LOPPSI)

qui a vu le jour courant dé-

cembre dernier, s’attelle

dans certains de ses articles

à lutter contre ces cyber-

malfaçons. L’expert en com-

munication, président de

FDN (association de fournis-

seurs d’accès), Benjamin

Bayart juge cette loi liberti-

cide. « L’article 4 nous pose

problème. Tel qu’il était pro-

posé par le gouvernement, il

prévoyait que sur décret du mi-

nistère de l’Intérieur, les four-

nisseurs d’accès auraient

l’obligation d’empêcher l’accès

à certains sites web ». Ce sys-

tème de filtres pourrait être

la solution aux sites de télé-

chargement illégaux. Ce-

pendant, la censure n’est pas

acceptable dans le domaine

public qu’est Internet.

Pour le moment, la seule loi

qu’aurait violée l’accusé Vin-

cent Valade est celle relative

aux droits d’auteur transcrite

dans le Code de la propriété

intellectuelle datant de 1992

et mis à jour le 1er janvier

2011. Pourtant, les avocats

de la défense entendent

contester l'accusation de

mise à disposition, celle-ci

incombant plutôt aux inter-

nautes partageant un fichier

via eMule.

Procès médiatique« La jurisprudence reconnaît

que la mise à disposition d’un

lien, n’est pas la mise à disposi-

tion d’un fichier », rappelle

Maître Hugot. Si un tribunal

condamne le jeune homme

en partant du principe que

tout lien pointant vers un

site tiers est susceptible d’en

constituer la représentation

illicite, l’ensemble du Web

serait finalement constitué

de violations de droit de la

propriété intellectuelle.

Néanmoins, l’impasse judi-

ciaire actuelle pourrait pous-

ser les juges à légiférer à la

place du législateur. « Ce pro-

cès, c’est pour l’exemple »,

constate Georges. Vincent

Valade et les autres accusés

encourent jusqu'à trois ans

d'emprisonnement et 300 000

euros d'amende pour contre-

façon, mise à disposition de

logiciel en vue de télécharge-

ment illicite plus dissimula-

tion d'activité. Sans compter

les dommages et intérêts ré-

clamés par les parties civiles.

La médiatisation de ce pro-

cès devrait donner l’alerte

chez ceux qui surfent sur la

vague du P2P et autres pro-

cédés frauduleux de partage

de données tels que les fi-

chiers torrent, warez ou au-

tres sites de vidéos en strea-

ming. Surtout que ces diffé-

rents procédés concernent

directement le contenu des

œuvres et pas que des liens

vers une utilisation possible.

Les retombées du cas Valade

sont très attendues. Bien que

le procès soit une nouvelle

fois reporté pour vice de

forme dans l’enquête, Vin-

cent Valade devrait passer

devant les tribunaux d’ici

quelques mois. Une affaire

qui pourrait faire jurispru-

dence en la matière pour

combler les failles de la légis-

lation française actuelle. g

Téléchargement illégal: la lutte continue...

Lundi 31 janvier 2011, s’est ouvert à Paris un procès d’un nouveau genre. Vincent Valade, créateur du site eMule Pa-radise, comparaît devant la 31e Chambre du tribunal correctionnel. Son site de Peer to Peer qui permet l’accès à desliens de téléchargements, est dans le collimateur de la justice depuis plusieurs années. Par Emmanuelle Ringot

Gavroche - 3 février 2011

12

Le tribunal correctionnel de Paris est le théâtre du premier procès d’un hébergeur de téléchargements illégaux.

D.R.

Vincent Valade aurait engrangé plusde 416 000 euros de revenus.

Video BB, des vidéoscontre de l’argent ?

Récemment apparu sur les

sites de streaming, Vidéo BB

est une nouvelle plateforme de

d'hébergement de vidéos vi-

sionnables en streaming.

Comme ses prédécesseurs le

site propose, avec le compte

premium, un système de paie-

ment des vidéos uploadées par

les utilisateurs. Cette pratique

pousse en fait les internautes à

récupérer du contenu dont ils

n’ont pas les droits pour le met-

tre à disposition des autres utili-

sateurs du site en échange d’un

peu d’argent (la plupart du

temps en Paypal). Ainsi, les

sites pensent sûrement se dé-

douaner de la violation de la

propriété intellectuelle et ont

une offre très attractive pour ses

utilisateurs. Cette pratique de

rémunération des internautes

tend à se généraliser. Le géant

Youtube envisage également de

payer ses utilisateurs qui met-

tent en ligne les vidéos les plus

vues ! Mais encore une fois, au-

cune vérification ne sera faite

quant à la propriété intellec-

tuelle de ves vidéos. La fonc-

tionnalité du téléchargement

illégal reposait jusqu’à présent

sur la gratuité des vidéos et

sons téléchargés, mais si à

l’avenir il rapportait de l’argent ?

Page 13: Gavroche 7

Politique

Carla «plus vrai-ment de gauche»Dans un entretien accordé auParisien le 31 janvier, CarlaBruni-Sarkozy a affirmé ne plusse sentir « vraiment de gauche».La Première dame de France aégalement confié n’avoir jamaisvoté socialiste en France alorsqu’elle se qualifie de «bobo» etde «gauche» en Italie. Malgré sesconvictions, elle a en outre dé-claré ne jamais vouloir faire depolitique. Ce qui ne l’empêcherapas de soutenir son mari en2012 « s’il se lance».

Nicolas Hulotcandidat en 2012 ?Le chef de file d’Europe EcologieLes Verts (EELV) Daniel Cohn-Bendit a déclaré le 1er févrierdernier sur France Inter que Ni-colas Hulot a « visiblement envie»de se présenter à la présiden-tielle de 2012. « Je l’ai eu au télé-phone, il m’a dit qu’il avance danscette direction», a rajouté le dé-puté européen. Cette déclara-tion vient à l’encontre de cellefaite par la ministre de l’EcologieNathalie Kosciusko-Morizetdeux jours auparavant.

Crise de confianceenvers les élus

Le baromètre publié le 31 janvier parle CEVIPOF, le centre de recherchespolitiques de Sciences-po est expli-cite. 83 % des Français pensent queles hommes politiques ne s’intéres-sent pas à leurs préoccupations.Soient deux points de plus par rap-port à l’étude de décembre 2009. Iln’est donc pas surprenant de voirque 39% des Français déclarent quela politique leur inspire avant tout dela «méfiance» et 23% du «dégoût».

Jean Sarkozycritique PatrickDevedjianLa guerre UMP continue dans lesHauts-de-Seine. Dans une lettrerendue publique le 1er février, JeanSarkozy, président de la majoritéUMP au conseil général desHauts-de-Seine, critique de ma-nière explicite la gestion du prési-dent du conseil général PatrickDevedjian. Le fils du président dela république voudrait un nouveauprojet « très différent » de celui deces « dernières années ».

Sophie Favier en poli-

tique? A Neuilly-sur-

Seine, la blonde,

ex-atout sexy de TF1, s’est

portée candidate aux élec-

tions cantonales, avant de se

retirer. Sur la liste du CNI

(Centre national des indépen-

dants, l’autre petit parti d’ex-

trême droite), l’ex-coco girl

suppléait Bernard Lepidi

dans le canton Nord de

Neuilly – celui de Nicolas

Sarkozy. Le comique de situa-

tion a au moins le mérite

d’orienter les projecteurs sur

une élection délaissée par les

Français. Car il faudra voter

en 2011. Dès les 20 et 27 mars

prochains, les conseillers gé-

néraux seront remplacés par

moitié… avant d’être appelés

à disparaître en 2014 au profit

des conseillers territoriaux–

nouvellement créés par la ré-

forme des collectivités territo-

riales. En effet, 2014 sonnera

le glas du conseiller général

actuel, qui deviendra territo-

rial et siègera aussi à la ré-

gion. Trois années restantes,

donc, pour agir au sein des

différents conseils généraux.

Car si ces élections indiffèrent

les français, elles ont toutefois

leur importance.

Les conseillers généraux ont

une action sociale et sani-

taire au sein des départe-

ments (petite enfance,

jeunesse, collèges, insertion

professionnelle…).

Campagne Ils sont décisionnaires en

matière d’équipement et

d’aménagement de l’es-

pace. L’abstention attendue

reste très forte. Bien que la

campagne officielle ne com-

mence que le 7 mars, les po-

litiques avancent bon train

et esquissent déjà leurs

listes. Le 29 janvier, Jean-

François Copé, secrétaire

général de l’UMP, a lancé la

campagne des élections

cantonales. A suivi Martine

Aubry, pour le PS. Alors

que le parti majoritaire veut

faire de cette étape « un sim-

ple tour de chauffe » avant

2012, le parti socialiste es-

père confirmer sa recon-

quête des régionales 2010

afin d’aborder avec une vic-

toire la campagne présiden-

tielle. Le PS s’est habitué

aux victoires locales depuis

qu’il est dans l’opposition ;

un faux pas briserait la dy-

namique. Car 2012 n’est pas

la seule échéance : septem-

bre attend les élections sé-

natoriales, qui, pour la

première fois, pourraient

donner à la gauche la majo-

rité dans la chambre haute.

Le chemin qui mène à l’Ely-

sée est pavé de petites élec-

tions. g

En route vers les

élections oubliéesSi l’échéance de 2012 est omniprésente, 2011 n’en est pas moins une année électorale. Lescantonales de mars renouvelleront les conseillers généraux, et les sénatoriales sonneront lafin des élections intermédiaires avant la présidentielle. Par Karma Duquesne

Gavroche - 3 février 2011

13

Cette année plus qu’auparavant, les bureaux de vote risquent d’être quelque peu déserts.

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Page 14: Gavroche 7

Gavroche - 3 février 2011

14

Politique

Chirac, un

Jacques Chirac sur le banc

des accusés? Longtemps

l’ancien chef de l’Etat,

membre de droit du Conseil

constitutionnel a été à l’abri de

la justice. Cité dans plusieurs

affaires politico-judiciaires,

c’est sur celle des emplois fic-

tifs de la mairie de Paris que

l’ancien chef de l’Etat sera jugé

du 7 mars au 8 avril 2011 par

le tribunal correctionnel de

Paris. Et il a promis de s’y ren-

dre. Malgré les rumeurs sur

ses problèmes de santé, un an-

cien président de la Répu-

blique devrait être pour la

première fois en France

confronté à des juges. Michel

Roussin, Louise-Yvonne Ca-

setta et Alain Juppé, actuel mi-

nistre de la Défense et des

anciens combattants ont déjà

eu ce privilège sur la même af-

faire. Ira, n’ira pas, jusqu’à

maintenant le suspense tour-

nait autour de son état de

santé. Le Journal du Di-

manche a évoqué la maladie

d’Alzheimer. Bernadette Chi-

rac a de suite démenti le 31

janvier dans une parodie d’in-

terview avec Jean-Pierre El-

kabbach sur Europe1. Seule

certitude, Jacques Chirac a été

victime, en 2005, d’un accident

vasculaire cérébrale, d’où ré-

sultent ses troubles de mé-

moire et de l’audition. Le

débat est donc clos pour le

moment. Jusque-là, l’ancien

chef de l’Etat avait réussi dans

toutes ses tentatives pour re-

tarder cette échéance qui pa-

raît aujourd’hui inéluctable.

Son avocat, Maître Jean Veil, a

une nouvelle fois demandé au

tribunal correctionnel de Paris

de reporter le début du pro-

cès. Dans ce double discours,

où se trouve la vérité?

Pendant plusieurs années,

Jacques Chirac a pu échapper

à toute poursuite judiciaire.

Maire de Paris de 1977 à 1995,

de multiples affaires politico-

judiciaires ont été découvertes

sous son mandat – lequel ne

procurait aucune immunité –

comme l’affaire des emplois

fictifs le financement occulte

du RPR. Depuis l’ouverture

des enquêtes concernant ces

dossiers, il n’a jamais été in-

quiété. Pour cause, élu en 1995

à la présidence de la Répu-

blique, il a eu recours à

quelques manœuvres pour ne

pas être cité à comparaître, la

lenteur de certaines instruc-

tions aidant. En 2001, le juge

Eric Halphen le convoque en

qualité de témoin concernant

l’affaire des HLM de Paris. En

effet, à ce moment-là, il ne bé-

néficie pas encore de l’immu-

nité présidentielle qui autorise

un chef d’Etat à ne pas se ren-

dre devant la justice. Un avis

du 22 janvier 1999 rendu par

le Conseil constitutionnel per-

mettait de traduire un chef de

l’Etat devant la Haute Cour de

justice sous condition de la si-

gnature de 58 députés. La

plainte serait ainsi recevable

auprès de la présidence de

l’Assemblée Nationale pour

être discutée. Une occasion

saisie par l’avocat, jeune espoir

du Parti Socialiste : Arnaud

Montebourg.

Première manœuvre: deux

avocats déposent une requête

pour annulation de l’instruc-

tion dont faisait partie la

cassette posthume de Jean-

Claude Méry, la fameuse

vidéo expliquant que Chirac

était au cœur du système sur

l’affaire des emplois fictifs. Par

la suite, ces manœuvres se

sont multipliées de la part des

juristes de l’Elysée. Finale-

ment, le 26 avril 2001, le juge

Halphen déclare une « ordon-

nance d’incompétence » sur le

dossier alors qu’il avait re-

cueilli des « indices graves et

concordants » à l’époque. Dans

les faits, le juge se heurte à

l’immunité pénale du prési-

dent. Pire, le 10 octobre 2001,

la Cour de cassation rend l’ar-

rêt « Breisacher » sur les bases

de l‘article 68 de la Constitu-

tion dont il ressort qu’un chef

de l’Etat ne peut être jugé que

pour haute trahison. Hormis

cette raison, un Président ne

peut être convoqué par la jus-

tice. Une nouvelle cloison blin-

dée est ajoutée lorsque Jacques

Chirac invite douze sages re-

présentant la commission

«Avril», présidée par le juriste

du même nom et spécialiste

du droit constitutionnel. Il en

ressort une immunité élargie

du chef de l’Etat, avec suspen-

sion des actes commis anté-

rieurement. Le 23 février 2007,

une réforme constitutionnelle

appuie encore un peu plus

l’immunité du Président.

A la fin de son mandat,

Jacques Chirac redevient un

simple justiciable. Le 21 octo-

bre 2007, il est mis en examen

par Xavière Siméoni, juge

d’instruction du tribunal de

grande instance de Paris. Le 30

octobre 2009, il est renvoyé de-

vant le tribunal correctionnel

de Paris pour abus de

confiance et détournement de

fonds. Un an plus tard, tou-

jours pas de procès. L’avocat

de Jacques Chirac a réussi à

obtenir plusieurs fois son re-

port. Il est aussi mis en exa-

men par le tribunal

correctionnel de Nanterre le

18 décembre 2009 sur un autre

volet de l’affaire, qui est fina-

lement joint à celui du tribunal

correctionnel de Paris. Maître

Jean Veil, l’avocat de l’ancien

président explique que « le li-

tige entre la ville de Paris, l’UMP

et Jacques Chirac n’est pas ré-

solu» d’où sa demande de re-

port du 31 janvier, alors que

dans le même temps Berna-

dette Chirac a signifié que son

mari serait présent au tribu-

nal. Pour l’ouverture du pro-

cès maintenu au 7 mars, le

parquet a déjà fait savoir qu’il

requiert le non-lieu. g

La course contre la montre de Jacques Chirac arrive à son épilogue. Le 7 mars, il sera jugépar le tribunal correctionnel de Paris en dépit d’une nouvelle de demande de report du

cm6

A l'époque où Jacques Chirac est maire de Paris, l'homme est déjà impliqué dans bon nombre d’affaires politico-financières

Page 15: Gavroche 7

15

Gavroche - 3 février 2011

Politique

procès par son avocat. Maintes fois cité dans des affaires politico-judiciaires, il est le pre-mier président français à faire face à la justice. Par Audrey Loussouarn et Wilfried Corvo

Les soupçons sur la santé de Jacques Chirac ne l’empêcheront pas d’être entendu par la justice le 7 mars.

DR

procès tardif

Affaires au sein de la mairie de Paris :Les emplois fictifs du RPR prennent une place importante dans les accusations

politico-financières de Jacques Chirac. Pour cause, il est accusé d'avoir financé

ses chargés de mission pour le RPR avec l'argent de la mairie de Paris et celui

d'entreprises privées entre 1983 et 1998. Cette affaire concerne également des

employés permanents au RPR. Les directeurs de cabinets successifs de Jacques

Chirac ont été pour la plupart mis en examen. L'ancien maire de Paris semble

le mieux placé pour être au courant de cette affaire. Il devrait être entendu par

la justice le 7 mars. Dans une autre affaire, Jacques Chirac est soupçonné de

favoritisme, de prise illégale d'intérêt et de détournement de fonds publics. En

effet, une enquête a été ouverte autour de la SEMPAP, société d'impression des

documents pour la mairie de Paris, qui en 1986, imprimait tous les documents

édités par la municipalité de Paris. Pendant 10 ans, la mairie de Paris a sous-

traité ses travaux d'impression à cette société d'économie mixte.

Les frégates de Taïwan :Jacques Chirac était, lors de cette affaire, président de la République. Il aurait

donné des instructions et pas uniquement sur « la protection des marchés inter-

nationaux et la lutte contre les réseaux mafieux », ainsi que l’affirmait l’Elysée le

28 avril 2006. L'affaire concernait un contrat d'armement de 500 millions de

dollars signé en 1991 avec la vente de six frégates des industries françaises

vers la marine taïwanaise. L'affaire de commissions revenues vers la France

va plus loin. En effet, elle réapparait quelques années plus tard avec l’affaire

dite « Clearstream » où des dénonciations calomnieuses ont été opérées. Des

notes du général Rondot auraient été retrouvées dans son ordinateur le 4 juil-

let 2007. Celles-ci indiqueraient que « Jean-Louis Gergorin aurait, fin avril 2004,

reçu instruction de Dominique de Villepin, elle-même formulée par le président de la

République Jacques Chirac, de « balancer » Nicolas Sarkozy ». Lors d'interroga-

toires ayant eu lieu en juillet 2007, Jean-Louis Gergorin aurait confirmé cette

version des faits.

Vente d'armes à l'Angola :L'affaire réapparait de nouveau avec le procès de Charles Pasqua. Celui-ci s'est

d'ailleurs exprimé mardi 1er février, après l'annonce de la bonne santé de

Jacques Chirac. Elle permettrait à l'ancien président de la République de venir

attester de l'innocence du sénateur. « Tout ce qui s'est fait concernant la récupéra-

tion des pilotes a été fait directement sous l'autorité de Jacques Chirac et avec son ac-

cord », déclarait Charles Pasqua à l'AFP. Pour lui, Jacques Chirac était «

forcément au courant » de la vente d'armes à l'Angola. Depuis le 19 janvier, début

du procès en appel sur l'affaire de la vente d'armes à l'Angola dans les années

1990, Charles Pasqua insiste pour que soient cités comme témoins plusieurs

responsables de l'époque, dont l'ancien président de la République. L'accusa-

tion porte sur le fait d'avoir monnayé son intervention en faveur de l'octroi de

la médaille du Mérite à l'homme d'affaires d'origine russe Arcadi Gaydamak,

condamné de son côté à six ans de prison ferme pour trafic d'armes. L'affaire

est donc en cours pour Charles Pasqua mais en aucun cas la culpabilité de

Jacques Chirac n’est mise en cause dans cette affaire.

L'affaire du compte japonais :Début des années 2000, Jacques Chirac est soupçonné de posséder un compte oc-

culte à la banque japonaise Tokyo Sowa Bank crédité de 300 millions de francs.

Base de cette hypothèse, un document interne de la DGSE (Direction générale de

la sécurité extérieure) de 1996. Après une enquête au Japon, le général Philippe

Rondot a conclu à l’existence de ce compte qui « avait été ouvert en 1992», a-t-il dit

sur procès-verbal. Chez ce dernier, des documents prouvent cette existence comme

une chemise intitulée « affaire japonaise » et deux autres appelées «PR1» et «PR2»

(pour « Président de la République ») avec messages de la DGSE et des relevés de

comptes japonais. A partir de là, plusieurs enquêtes ont été menées, pour la plupart

classées sans suite. Une première vérification en 2007 a été effectuée à la demande

de l'ancien président français par les autorités bancaires. Elle a démontré l'absence

de compte au nom de Jacques Chirac. Seize des dix-sept documents qui pourraient

fournir des preuves importantes dans cette affaire ont été jugés le 2 octobre 2008

comme fiables par la commission consultative du secret de la défense nationale

(CCSDN), saisie par le ministère de la défense. Le 21 octobre 2008, Hervé Morin a

levé le secret défense. Pourtant, l’affaire risque de ne jamais être rouverte.

Page 16: Gavroche 7

Société

Les CRS se pren-

draient-ils pour des

citoyens ordinaires ?

Ils ont réussi à obtenir gain

de cause face au ministre de

l'Intérieur Brice Hortefeux,

qui voulait fermer leurs ca-

sernes. Dépourvus du droit

de grève, des CRS des deux

compagnies 46 et 53 de

Sainte-Foy-lès-Lyon et de

Marseille prétextaient des

arrêts maladie et stoppaient

leur alimentation depuis sa-

medi dernier pour protester

contre cette démarche. Brice

Hortefeux a cédé mais a ce-

pendant précisé que 280

postes seraient transférés

« vers des missions de sécurité

publique sur le terrain ». Ce

qui fait dire au représentant

national CGT police Fabrice

Del Prête que la vigilance est

de mise. « Marseille et Lyon

sont depuis quelques années des

villes de grand banditisme.

Hormis les réductions budgé-

taires, rien ne justifiait la fer-

meture des compagnies. Le

ministère a même comme objec-

tif de fermer une vingtaine de

compagnies d'ici 2015. Pour-

rons-nous à chaque fois l'en

dissuader ?»

Gendarmeries sur la selletteLe projet de fermeture, évo-

qué la semaine dernière en

marge des vœux d'un syndi-

cat de police, avait secoué l'en-

semble des forces de l'ordre.

Depuis 1944, soixante et une

compagnies de CRS sont

implantées sur le territoire

français. Un effectif in-

changé en trois Républiques

et plus de trente gouverne-

ments jusqu’à la récente

Révision générale des poli-

tiques publiques (RGPP).

Depuis peu, 1 300 départs

à la retraite chez les CRS

n'ont pas été remplacés.

Soit environ dix compa-

gnies. L’objectif de fermer

certains escadrons de gen-

darmerie mobile inquiète

les forces de l’ordre. En effet,

les militaires ne possèdent

ni syndicat, ni le droit de

s’élever contre leur autorité

hiérarchique. Plusieurs gen-

darmeries sont actuellement

sur la sellette. En Alsace

par exemple, trois brigades

devraient être fermées

d’ici 2012. Le but est de

conduire à une diminution

de 30 000 fonctionnaires par

an selon le budget triennal

2009-2011. Une démarche

était jugée comme « non per-

tinente » par la Cour des

comptes.g

CRS en détresseEntre arrêts maladie et grèves de la faim, les CRS de deux compagnies de Lyon et de Marseillemenacées de fermeture ont réussi à faire renoncer le gouvernement. Ils s'insurgeaient contreun système qui leur semble privé de toute logique. Par Audrey Loussouarn

Gavroche - 3 février 2011

16

Manifester ou réprimer, les CRS doivent choisir. Dessin de Placide.

DR

Presque 300 m². C’est la

surface qu’occupe une

immense toile repré-

sentant le flacon N°5 de Cha-

nel, sur la façade du musée

d’Orsay. Avant, c’était Yves

Saint Laurent. Et sur l’Opéra

Garnier, c’est Ralph Lauren

qui crâne. Ces

bâches publici-

taires géantes, qui

permettent aux

établissements de

financer une partie

de leur rénovation,

ne rétréciront pas

avec la modifica-

tion du règlement

local de publicité

(RLP) de Paris du

1er février 2010, car

les monuments na-

tionaux classés ne

sont pas du ressort

de ce règlement.

Depuis 2007, « habiller » les

échafaudages de réclames est

autorisé par le code du patri-

moine, uniquement en cas de

chantier. « Nos travaux nous

coûtent 11 millions d’euros »,

plaide le musée d’Orsay au

Parisien. Mardi 1er février, la

commission publicités et en-

seignes, composée de 18 élus

parisiens, a cependant dis-

cuté de la modification du

RLP. Le but ? Le même que

celui défendu par les anti-

pub depuis des années : « ré-

duire l’impact publicitaire dans

le paysage parisien », comme

l’énonce Danièle Pourtaud,

présidente de la commission

et adjointe (PS) au maire de

Paris, au Journal Du Di-

manche.

Un véritable exercice d’équi-

libriste : il faut à la fois laisser

la possibilité aux monuments

historiques, commerçants et

bailleurs sociaux de garder

les confortables revenus gé-

nérés par la publicité, sans

trop polluer le champ visuel

des passants. Pour ce faire, la

commission pourrait « autori-

ser une publicité d’une surface

de 16 m2 qui ne s’élèverait pas à

plus de 7,50 m au-dessus du

sol», et qui s’intégrerait « dans

une bâche ornée d’une composi-

tion décorative sans se confondre

avec elle ». Pour les militants

anti-pub, la future révision

du RLP, attendue le 11 fé-

vrier, sera, probablement un

coup d’épée dans l’eau.

«Nous demandons que le format

maximal des panneaux ne

puisse excéder 2m²», déclarent

les partisans de Résistance

à l’agression publicitaire

(RAP). Mais d’autres publici-

tés inquiètent également les

«casseurs de pub» : en relief,

olfactives, ou sur des pan-

neaux numériques. Ces der-

niers, équipés de capteurs de

visages rappellent le célèbre

1984 de George Orwell, et

sont amenés à se multiplier

dans le métro. g

La pub mieux encadréeMardi 1er février, le règlement local de publicité de Paris a été débattu par une commission dé-diée à la publicité et aux enseignes. Elle envisage la réduction des panneaux publicitaires«géants». Pour les anti-pub, c’est insuffisant. Par Eleonore Quesnel

3,6 millions de mal-logés en FranceLe 16e rapport de la fondationAbbé Pierre publié le 1er fé-vrier dernier estime à environ3,6 millions les personnes mal-logées ou sans abris en France.Un chiffre presque semblableaux estimations de l’Insee quifait état de 3 millions de per-sonnes mal-logées. Toujoursselon le rapport de la fondationAbbé Pierre, plus de 5,1 millionsde Français sont répertoriéscomme étant « en situation deréelle fragilité de logement à courtou moyen terme ».

Médicamentssous surveillanceAprès le scandale du Médiator,l'Agence de sécurité sanitaire desproduits de santé (Afssaps) a pu-blié, lundi 31 janvier, une liste de77 médicaments qui font l'objetd'un suivi renforcé en France. Di-dier Houssin, le directeur généralde la Santé, a néanmoins préciséque les patients qui prennent lesmédicaments de cette liste « nedoivent pas arrêter leur traitement »avant d’avoir demandé l’avis deleur pharmacien ou médecin.

Bénévolat ne rimepas avec emploiUne enquête réalisée en Ile-de-France par un groupe d’universi-taires démontre qu’exercer uneactivité bénévole dans le cadrede ses études n’augmente pas leschances d’accès à l’emploi. Ren-due publique le 1er février, ellerapporte que « les employeurs nevalorisent pas l'engagement béné-vole, ni les compétences acquises ».Le rapport ajoute même que lebénévolat peut être perçucomme potentiellement concur-rent à l’activité professionnelle.

Vers des permisélectroniquesL’Etat français se prépare à diffu-ser près de 40 millions de permisélectroniques. Une révolution,qualifiée de « silencieuse » par leministre de l’Intérieur Brice Hor-tefeux, qui fait suite à une directiveeuropéenne du 21 décembre2006 obligeant tous les pays del'Union à se tenir prêts à éditerses premiers permis numériquesdès le mois de janvier 2013.

DR

DR

Une action d’anti-pubs à Lille.

Nic

ola

s M

Page 17: Gavroche 7

Gavroche - 3 février 2011

Société

17

La face cachée des sports d’hiverPourquoi le jeune homme qui sert à la montagne a-t-il une si petite mine ? Il y a une vie derrière la grosse ma-chine qu’est une station de ski. Travail précaire, logements de fortune, fêtes et drogues sont le quotidien des « sai-sonniers ». Par Clémentine Santerre

Laurent Wauquiez,

lorsqu’il était secré-

taire d’état à l’Emploi,

estimait à 100 000 le nombre

de saisonniers d’hiver, en

2010. La situation fait rêver :

travailler à la montagne, faire

du ski pendant ses jours de

congé et ambiance bon en-

fant. Cependant, la réalité est

moins attirante. Premier pro-

blème : la question du loge-

ment. En effet, les prix

pratiqués en station sont très

prohibitifs et ne permettent

pas forcément aux employés

de bien se loger. « J’ai trouvé

un arrangement avec un pro-

priétaire, raconte Benoît, 28

ans, je loue son appartement en

très mauvais état moins cher et

je dois le rénover en échange ».

Noémie, sa compagne s’at-

telle avec lui aux travaux les

dimanches. Pose d’une mez-

zanine et peinture des murs :

tout ça pour les prochains lo-

cataires. Eux, dorment sur un

matelas par terre sur des

bâches. «On ne va pas se plain-

dre, au moins, on a un loge-

ment ». Certains saisonniers

avaient prévu de stationner

sur une aire conçue pour les

caravanes et autres camping

car. Le nombre de place est

hélas limité. A La Plagne, en

Haute-Savoie, l’aire ne

contient que 46 places. Les ta-

rifs sont de 10€ par jour pour

le stationnement, 2€ par jour

pour l’accès à l’eau et aux

évacuations et 2 € pour

4 heures d’électricité, soit

420€, le prix d’une chambre à

Paris. Certains emplois four-

nissent un logement de fonc-

tion ce qui correspond au

Graal. Sinon les saisonniers

vivent en colocation ou dé-

pensent la moitié, voire les

2/3 de leur salaire en loyer.

OrganisésIl est également plus difficile

de trouver du travail qu’il

n’y parait. Vincent, 24 ans,

pizzaiolo de formation, est

allé dans tous les commerces

et restaurant pour y déposer

son CV, mais n’a décroché

qu’un extra dans une pizze-

ria le week end. Par manque

d’argent, il songe à rentrer à

Paris chez sa mère le temps

de trouver du travail. « J’étais

venu ici dans le but de faire la

saison, mais je n’ai pas les

moyens de vivre ici avec mon

petit salaire. Tout est plus cher :

nourriture, logement… Je n’ai

même pas les moyens de me

prendre un forfait pour skier ».

Dans ce cas, il n’y a aucun

avantage. Pour être saison-

nier, il faut être préparé et

s’organiser à l’avance. « On

aurait du arriver moins « à la

coule » pour profiter plus,

confirme Noémie, qui tra-

vaille comme femme de mé-

nage le samedi. Sans argent,

on se retrouve vite à regarder la

télévision toute la journée et

juste à sortir le soir pour faire

la fête ». g

Les nuits d’ivresse et de fête font partie intégrante du quotidien des saisonniers dans les stations de ski françaises.

« Je n’ai même pas les moyens de meprendre un forfait pour skier »

Théo L

a P

hoto

Vue de la Plagne, l’une des stations haut-savoyardes les plus réputées.

DR

Page 18: Gavroche 7

4Championnat d’Europedes Nations 2000,France-Italie

En finale, à Rotterdam, l’Italie veut sa revanche.

Deux ans plus tôt, au Mondial 1998, la France

l’a éliminée en quarts de finale. En tête depuis

la 55e minute grâce à Delvecchio, elle voit le tro-

phée, sous ses yeux… jusqu’à la 94e minute ! Syl-

vain Wiltord, excentré sur le côté gauche,

égalise pour ce qui aurait dû être la dernière ac-

tion du match. En prolongation, à la 103e, Pirès

déborde à gauche et centre. La reprise de volée

de David Trézéguet file se loger dans la cage. La

France poignarde encore l’Italie et devient

championne d’Europe.

3Coupe du Monde1999, France-Nouvelle-Zélande

La bande de Bernard Laporte entame sa

coupe du Monde par une promenade de

santé. Un premier tour où les Bleus font

du petit bois du Canada, de la Namibie

et des Fidji. Le tirage veut que le Quinze bleu dispute son quart de finale à Dublin où l’Argentine sera découpée.

Arrive le 31 octobre, à Londres, où la France défie en demi l’ogre néo-zélandais. La pression exercée sur le XV de

France par les All-Blaks semble trop forte. 10-17 à la mi-temps, puis 10-24 après le deuxième essai de la légende

Jonah Lomu. Survient alors la déferlante bleue. La botte de «Titou» Lamaison, les essais de Christophe Dominici

et Philippe Bernat-Salles. 43-31, la France a son billet pour la finale. Las, l’Australie du buteur Matthew Burke ne

laissera aucune chance aux Bleus, fatiguées et fessés 35-12.

Gavroche - 3 février 2011

18

SPORT

Sports co

2Jeux Olympiques2008,France-Croatie

Demi-finale, France-Croatie : 24-22, il reste

1’30. Dans le corner gauche, Michael Gui-

gou lance la balle, haut, très haut, trop haut

pour les Croates, mais pas pour Daniel Nar-

cisse, qui récupère le cuir et tire en aveugle.

But, peut-être le plus beau du tournoi. Et

surtout celui qui ouvre à nos hanballeurs

les portes de leur première finale olympique. L’Islande ne résistera pas à la tornade bleue, qui s’impose 28-23.

Nikola Karabatic termine meilleur marqueur français, mais ce sont le gardien Thierry Omeyer, l’arrière Daniel Nar-

cisse et le pivot Bertrand Gille qui font partie de l’équipe-type du tournoi. La France , invaincue , part de Pékin

avec le titre, à la recherche de nouveaux défis.

Le quatrième titre mondial obtenu en Suède par nos handballeurs constitue une ligne deGavroche vous propose un top 10, des plus beaux exploits, que nous n’oublierons pas deplus dans le riche palmarès des sports collectifs français de ces vingt dernières années.

1Coupe duMonde 1998,France-Brésil

En cette (très) douce soirée de l’été 1998, où les Bleus

d’Aimé Jacquet infligent en finale de Coupe du Monde

un indécent 3-0 au Brésil, tenant du trophée, et archi-

favori de la compétition. Deux millions de personnes

sur les Champs-Elysées, le fantasme de la France

«black-blanc-beur», c’est un véritable phénomène de

société qui est né ce 12 juillet. Mais cela ne doit pas

faire oublier le niveau de jeu exceptionnel proposé par

les Bleus un mois durant, et en premier lieu leur soli-

dité défensive incarnée, par le libéro et vice-capitaine

Laurent Blanc. Le bilan parle de lui-même : 16 buts

marqués, 2 encaissés. Au-delà des deux buts de Ziné-

dine Zidane (Ballon d’or 1998) en finale, c’est l’équili-

bre parfait entre une génération de cadres

(Deschamps, Desailly, Djorkaeff), et une nouvelle

vague talentueuse (Henry, Trézéguet, Vieira) qui a per-

mis à l’Equipe de France d’entrer dans le cercle fermé

des vainqueurs de Coupe du Monde.

DR

DR

DR

DR

Football

Handball

Rugby

Football

Page 19: Gavroche 7

19

Gavroche - 3 février 2011

SPORT

sitôt. Un classement à la subjectivité assumée, pour flatter notre chauvinisme. Par YannCasseville et Antoine Delthil

corico!

9 Coupe du Monde2007, France-Nou-velle-Zélande,

Privé de quart de finale sur ses terres

par une défaite inaugurale contre

l’Argentine à Saint-Denis, le XV de

France affronte ce 6 octobre 2007

l’ogre All Black à Cardiff (le

Royaume-Uni coorganise avec la

France). Menée 13-0, la France relève

la tête, emmenée par un immense

Thierry Dusautoir (29 plaquages, un

essai). A nouveau menée à vingt mi-

nutes du terme malgré l’excellent jeu

au pied de son demi d’ouverture Lio-

nel Beauxis, la France trouve l’ouverture sur un contre fulgurant. Course folle

du revenant Frédéric Michalak, qui trouve à hauteur Yannick Jauzion. Le centre

toulousain va à l’essai, donnant un avantage définitif aux Bleus (20-18). Les

joueurs de Bernard Laporte s’inclineront en demi-finale face à l’Angleterre.

7Coupe Davis2001, Australie-France

En cette fin novembre 2001,

l’Equipe de France de tennis est en

Australie, pour reconquérir le sa-

ladier d’argent que les Bleus n’ont

plus gagné depuis 1996. A Mel-

bourne, les Bleus ne partent pas

favoris sur herbe, face aux stars

Lleyton Hewit, alors numéro 1

mondial, et Pat Rafter. Ce match

aux allures de revanche (l’Australie avait dominé la France en finale en 1999) va ré-

véler Nicolas Escudé, vainqueur de ses deux simples face à Hewit et Wayne Ar-

thurs. 3-2 score final, la France est sacrée grâce au double, Pioline-Santoro, malgré

les deux défaites du numéro 1 français Sébastien Grosjean. Les Bleus auront réalisé

l’exploit de remporter la coupe en jouant tous ses matchs à l’extérieur.

5Championnats duMonde 2001,France-Suède

C’est après cette finale à Bercy que les

handballeurs de Daniel Constantini dé-

crochent leur surnom: «Les Costauds».

Quasiment aussi barjots que leurs aînés,

ces Bleus viennent à bout de la Suède à

l’issue d’un match mémorable : 28-25

après deux prolongations offrant ainsi

à la France son deuxième titre mondial.

Un succès décroché sans compter les

heures passées sur le parquet car «cos-

tauds », ils l’ont été. Ils ont douté, mais n’ont pas craqué. Un premier tour négocié

en deux temps, trois mouvements, mais un quart de finale remporté – déjà – en

prolongation, face à l’Espagne, puis une demi maîtrisée contre l’Egypte. La suite,

c’est la finale. La suite, c’est l’exploit.

10Championnatsdu monde 2005,relais 4x100

C’est l’exploit le plus inattendu de

l’histoire de l’athlétisme français. Arri-

vés à Helsinki sans certitudes chrono-

métriques, les membres du relai

français sont allés chercher la médaille

d’or à la surprise générale, pour deux

petits centièmes (38’’08), devant Trini-

dad et Tobago et la Grande-Bretagne.

Départ de feu de Ladji Doucouré,

ligne droite opposée lancée en moins

de 9 secondes par Ronald Pognon, les

cadors du sprint français ont tenu leur

rang. Mais la France doit aussi son

sacre à Eddy De Lépine et Lueyi Dovi,

alors inconnus et non sélectionnés aux Jeux d’Athènes, auteurs d’une fin de

course épique.

8 Championnatsdu Monde 1995,France-Croatie

Les joueurs de l’Equipe de France

de handball ont écrit les premières

pages de leur palmarès dans un re-

latif anonymat. Sur la lancée de

leurs médailles de bronze puis

d’argent au Jeux de Barcelone et

aux championnats du Monde 1993,

« les Barjots » triomphent en Is-

lande. Tombeurs au courage des

favoris Allemands en demi-finale

(22-20), les joueurs de Daniel Cos-

tantini résistent en finale à la Croa-

tie (23-19). Cette victoire consacre

le demi-centre Jackson Richardson, élu Joueur de l’Année 1995.

6Jeux Olympiques2000, Etats-Unis-France

Antoine Rigaudeau dégaine à 3-pts.

Panier. La France revient à 72-76 à

quatre minutes de la fin… contre les

Etats-Unis et leurs stars NBA, et en

finale ! Pour en arriver là, à Sydney,

où ils retrouvent les Jeux après 16

ans d’absence, les Bleus ont bénéfi-

cié d’un parcours inespéré : Canada

en quarts et Australie en demi. Ni

Serbie, ni Lituanie. Voilà donc les tricolores en finale face à l’ogre américain. Vince

Carter, Jason Kidd, Kevin Garnett, etc : un cauchemar annoncé pour les Bleus.

Pourtant, avec le culot de Laurent Sciarra (meilleur marqueur de la finale avec 19

points), la volonté des Bilba, Risacher, Rigaudeau, Palmer, la France frise l’exploit.

Mais la fin de match sera américaine. 75-85, score final.

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atHlétismeRugby

tennis Handball

basketHandball

Page 20: Gavroche 7

Sport

Leur victoire face aux

Danois, en prolonga-

tions, a tenu 7,3 mil-

lions de spectateurs en

haleine. Lundi après-midi,

les supporteurs étaient beau-

coup moins nombreux pour

accueillir ceux que certains

appellent maintenant les

« Invincibles » ou les « extra-

terrestres ». Guère plus d’un

millier de personnes étaient

présentes pour accueillir les

champions du monde. At-

tendus à 16 heures. Il est vrai

que la température (3°C)

n’invitait pas à la liesse. Bref,

on était loin de la victoire es-

tivale de 1998 avec le bus des

footballeurs champions du

monde fendant une foule de

plusieurs centaines de mil-

liers de personnes en deux,

l’engouement était tout de

même là pour faire honneur

à la meilleure équipe fran-

çaise en sport collectif. Ar-

rivé en bus avec trente

minutes de retard, les

joueurs ont été happés par

les supporteurs mitraillés

par les appareils. Chauffé

avant leur arrivée, le public

a pu entonner « 1-2-3 et 4…

étoiles » sous les encourage-

ments de Michaël Guigou,

ailier gauche ou demi-centre

de l’équipe de France. Sa-

muel Honrubia, autre ailier

gauche des Bleus a tenté de

lancer la foule sur le chant

de « Qui ne saute pas, n’est pas

Français… » Avec moins de

succès, cependant. Les sup-

porteurs se sont rattrapés en

chantant la Marseillaise.

QueueinterminableMalgré la fatigue consécu-

tive à la finale et la fête qui a

suivi, les Bleus sont venus

saluer la foule bravant le

froid. Dès leur arrivée à l’aé-

roport de Roissy, l’accueil

avait été chaleureux. Tout

comme, on le suppose, à

l’Elysée où les joueurs ont

reçu les désormais tradition-

nelles félicitations du Prési-

dent de la République.

Les résultats de la natation

et de l’athlétisme en cham-

pionnat d’Europe avaient

donné une bouffée d’air frais

au public français, l’été der-

nier. Avec « les Experts », la

satisfaction est similaire et

loin de la bévue des footbal-

leurs en Afrique du Sud. « Ils

sont bien plus accessibles et

eux, au moins, ils gagnent,

s’enthousiasme Alvin, jeune

menuisier de 22 ans. Je n’habite

pas très loin, donc j’en ai pro-

fité pour venir ». Du coup, il

n’était pas facile d’accéder

aux joueurs pour certains ni

avoir un autographe ou une

photo. Pour quelques sup-

porteurs, la queue paraissait

interminable.

AnonymesVers 18h30, c’est la fin du

marathon médiatico-popu-

laire. Les joueurs rejoignent

chacun à leur tour le bus

sous les cris de la foule.

Chacun va retourner dans

le relatif anonymat de son

club. Mais la question qui se

pose reste la même : avec

cette nouvelle victoire, les

handballeurs français vont-

ils enfin passer à la vitesse

supérieure. France Télévi-

sions n’attendait que la fi-

nale (et quelle finale !) pour

offrir une dimension natio-

nale à la performance des

handballeurs français, pré-

férant montrer des matches

Coupe d’Angleterre ou de

Coupe de la Ligue française

pendant que la chaîne cryp-

tée Canal+ offrait la compé-

tition exclusivement à ses

abonnés.

Rendez-vous en2011Le patinage artistique a eu

les honneurs du prime-time

sur France 3, le samedi soir,

avec le succès sportif au ren-

dez-vous pour les Français

Florent Amodio et Brian

Joubert.

Enfin la semaine prochaine,

France 2 se mettra à l’heure

du ski avec les Championnat

du monde à Garmisch-Par-

tenkirchen, en Allemagne.

Pourtant, le handball est le

troisième sport en termes de

licenciés derrière le football

et le basketball, et devant le

rugby, qui bénéficie d’une

couverture médiatique bien

plus importante. Ils sont au

nombre de 400 000 affiliés à

la Fédération française de

handball. 50 000 de plus

qu’en 2007. Comme quoi, ce

sport, très pratiqué à l’école,

attire du monde. Mais ce

sont principalement des pays

européens qui jouent la vic-

toire finale aux Jeux Olym-

piques comme lors de

championnat du monde. Le

premier pays non-européen,

l’Argentine, est douzième.

Néanmoins, le handball,

sport-phare en Allemagne et

en Scandinavie, reste un

sport télégénique à l’inten-

sité palpable. Il n’a une exis-

tence médiatique en France

que depuis 1992, avec les mé-

dailles de bronze des « Bar-

jots » aux JO de Barcelone.

Malgré ce désintérêt des mé-

dias, les handballeurs ne la

jouent pas désabusé. Le sé-

lectionneur, Claude Onesta a

déjà donné « rendez-vous l’an-

née prochaine » aux suppor-

teurs. Double ration avec

championnat d’Europe en

Serbie et Jeux Olympiques

de Londres. g

Le retour des hérosL’équipe de France de handball a conservé son titre de champion du monde face au Danemark (37-35 après prolongation).C’est leur quatrième victoire consécutive en compétition internationale. Le lendemain, les « Experts » ont retrouvé leurs sup-porters devant le magasin de leur sponsor officiel, Adidas, sur les Champs-Elysées. Par Wilfried Corvo

Gavroche - 3 février 2011

20

Nikola Karabatic et ses coéquipiers ont dominé ces championnats du monde 2011 de la tête et des épaules.

Wilfr

ied

Co

rvo

La foule s’impatiente en attenadant l’arrivée de ses héros.

Wil

frid

Co

rvo

Chacun va retourner dans le relatifanonymat de son club.

Page 21: Gavroche 7

SPORT

Deuxième GrandChelem pour DjokovicNovak Djokovic (n°3 du tennismondial) a remporté sondeuxième Open d’Australie le31 janvier dernier. Après avoiréliminé Roger Federer en demi-finale, le Serbe n’a pas trembléet a facilement disposé del’Ecossais Andy Murray (n°4) 6-46-2 6-3 pour s’adjuger sondeuxième titre majeur sur le cir-cuit. A 23 ans, «Djoko» a sortile tennis du sempiternel affron-tement Nadal-Federer.

Mourinho enAngleterre ?Dans une interview accordée aujournal britannique The SundayMirror, José Mourinho a laisséentendre qu’il pourrait retour-ner travailler en Angleterre «plusvite que prévu». Actuellement à latête du Real Madrid, le techni-cien portugais est en conflit ou-vert avec sa direction depuisplusieurs semaines et ne seraitdonc pas contre un retour pré-maturé dans le Royaume. «TheSpecial One» a entrainé le clubLondonien de Chelsea entre2004 et 2007.

Euro : tirage com-pliqué pour lesBleusTony Parker et consorts del’équipe de France auront fort àfaire lors du premier tour duChampionnat d’Europe de bas-ket (31 août-18 septembre, enLituanie). Les Bleus ont hérité dugroupe le plus difficile et devrontaffronter la Serbie, l’AllemagneIsraël, l’Italie et la Lettonie. L’ob-jectif numéro 1 de Vincent Colletet de ses joueurs sera de finirdans les six premiers afin de dé-crocher une qualification pourles Jeux Olympiques de Londresen 2012.

Grosjean revienten F1Il y aura bien un Français en F1 en2011. Romain Grosjean a éténommé troisième pilote de l’écu-rie Lotus Renault pour la saisonprochaine. Après une année catas-trophique en 2009 chez Renault,le franco-suisse de 24 ans a vécu2010 loin des paddocks de For-mule 1. Il espère profiter de cettedeuxième chance pour relancer sacarrière et pourquoi pas, obtenirun volant de titulaire en 2012.

Faire mieux qu’à Van-

couver et décrocher

des médailles. Tel est

l’objectif des skieurs français

à l’approche des Mondiaux

de Garmisch-Partenkirchen

(8 février-20 février). Après

un hiver satisfaisant, l’équipe

de France aborde la compéti-

tion avec confiance. Quatorze

skieurs ont déjà été sélection-

nés, principalement ceux

qui ont brillé en Coupe du

monde cette année. Le

seul point d’interrogation

concerne la participation ou

non de Julien Lizeroux.

Blessé au genou gauche, le

skieur de La Plagne a opté

pour une infiltration et suit

des séances de kiné. « On se

donne jusqu’au 8-10 février

pour prendre une décision»,

confie Gilles Brenier, le direc-

teur sportif de la délégation

masculine. Le slalomeur

Jean-Baptiste Grange repré-

sente la meilleure chance de

médaille chez les hommes

après ses deux récentes vic-

toires récentes en Coupe du

Monde. Mais il n’est pas le

seul. « On compte également

sur Adrien Théaux en Super G

et Descente ». Idem pour le

descendeur Yannick Ber-

trand, en « pleine forme» après

sa 6e place à Chamonix fin

janvier. Avec un groupe très

homogène (ils sont six à avoir

fait un podium cette année),

Gilles Brenier juge cette

équipe «armée» pour attein-

dre son objectif de deux mé-

dailles.

Chez les femmes, le direc-

teur technique national Fa-

bien Saguez table sur trois

médailles. Les projecteurs

seront évidemment braqués

sur la nouvelle bombe du

ski français Tessa Worley.

Leader de la Coupe du

Monde de Slalom Géant, elle

est la « seule véritable favo-

rite » de l’équipe dixit Jean-

Philippe Vulliet, le directeur

sportif des filles à la fédéra-

tion. Dans la même catégo-

rie, Anémone Marmottan et

Taina Barrioz peuvent égale-

ment espérer un petit

quelque chose. En Slalom,

Nastasia Noens dispose

d’« une bonne carte à jouer »,

elle qui a fini quatre fois

dans les dix premières cette

saison.

Souvent adeptes des courses

d’un jour lors des grands

rendez-vous, les skieurs tri-

colores sont capables de

créer une ou plusieurs sen-

sations.g

En piste !Les championnats du monde de ski alpin débutent le 8 février prochain à Garmisch-Parten-kirchen en Allemagne. Un an après des Jeux Olympiques décevants, l’équipe de France sou-haite faire bonne figure aux Mondiaux. Le point sur l’état de forme de nos skieurs.Par Valentin Marcinkoswki

Gavroche - 3 février 2011

21

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Après ses deux récentes victoires en Coupe du monde, Jean-Baptise Grange représente une bonne chance de mé-daille pour la France.

AFP

Super Bowl, SupershowDepuis plusieurs jours, les Américains n’ont qu’un seul mot à la bouche : Super Bowl. Leplus grand événement sportif du pays se déroulera cette année dans la soirée du dimanche6 février dans l’Etat du Texas à Dallas. Les Green Bay Packers y affrontent les Steelers dePittsburgh. Par Valentin Marcinkoswki

Un stade de 105 000

places, 106 millions

de téléspectateurs

aux Etats-Unis et plus de 200

millions dans le monde, un

show retransmis dans 230

pays, des spots publicitaires à

prix d’or (entre 1,72 et 1,93

million d'euros les 30 se-

condes l’année dernière), et un

concert des Black Eyed Peas à

la mi-temps… Comme chaque

année, le Super Bowl, la finale

de football américain, s’ap-

prête à battre tous les records.

«C’est vraiment quelque chose

d’étonnant», explique Thierry

Soler, le directeur technique

national (DTN) de la fédéra-

tion française de football amé-

ricain (FFFA). Une semaine

avant la finale et ce jusqu’au

jour J, la ville hôte est en ébul-

lition. «On peut comparer ça à la

victoire de la France en 1998»,

souligne le DTN. Cette année,

deux équipes mythiques de la

ligue vont s’affronter : les

Green Bay Packers défieront

les Steelers de Pittsburgh dans

l’enceinte ultramoderne des

Dallas Cowboys.

Deux équipesmythiquesEn Europe, peu de gens com-

prennent l’impact énorme du

Super Bowl sur les Améri-

cains. Pourquoi un tel en-

gouement ? « C’est le sport

typiquement américain avec le

baseball, avance Thierry Soler.

Il n’y a que 16 journées de

championnat dont 8 à domicile.

Personne ne veut rater le match

de son équipe préféré à cause de

la rareté des rencontres ». En

France, le foot US ne bénéfi-

cie pas d’une grande couver-

ture médiatique même si cela

est moins vrai ces dernières

années. Dimanche soir à mi-

nuit, décalage horaire oblige,

c’est W9 qui retransmettra

pour la deuxième année

consécutive l’événement en

direct. Au commentaire, les

spectateurs retrouveront Ri-

chard Tardits, le seul Français

à avoir évolué dans la ligue

américaine. L’occasion peut-

être pour certains de trouver

une nouvelle vocation et de

rejoindre ainsi les 20 000 li-

cenciés français. g

Page 22: Gavroche 7

Gavroche - 3 février 2011

22

Culture

A voir également àpartir du 2 févrierBlack Swan :De Darren Aronofsky, avec Na-talie Portman et Vincent Cassel

Dans le monde de la danserègne une féroce concurrence.Les rivalités sont nombreuses ausein du New York City Ballet,pour obtenir le rôle principaldans le prestigieux ballet du Lacdes cygnes, dirigé par le mysté-rieux Thomas. L’arrivée d’unenouvelle recrue talentueuse, Lily,va perturber la donne. Nina seraprête à toutes les bassessespour se débarrasser de sa rivaleet obtenir le rôle si convoité…

Slovenian Girl : De Damjan Kozole, avec NinaIvanisin et Peter Musevski

Aleksandra, est étudiante en an-glais à Ljubljana, capitale de laSlovénie. Fille de parents divor-cés, elle méprise sa mère, qui a« abandonné » sa famille et sonfoyer, mais apprécie particuliè-rement son père, un vieux rocker. Pour gagner savie, la jeune fille de 23 ans seprostitue, sous le pseudonymede « Slovenian Girl ». Un moyende se faire de l’argent facile. Dumoins, c’est ce qu’elle pensait,avant d’être rattrapée par la réa-lité : des crédits à payer, et unproxénète menaçant…

Tron Legacy De Joseph Kosinski, avec JeffBridges et Garrett Hedlund

Kevin Flynn, expert en technolo-gie renommé, disparait mysté-rieusement il y a 25 ans. Encherchant à percer le mystère decette disparition, que beaucoupconsidèrent comme une fuitepure et simple, son fils Sam seretrouve aspiré dans un mondetechnologique. Un jeu morteldans lequel son père vit depuissa disparition. Aidés par la confi-dente virtuelle de Kévin, le pèreet le fils se lancent dans unvoyage à travers ce cyber es-pace, contre la montre et contrela mort.

Le discours d’un roi : unepart d’Histoire méconnue

Adapté d’une histoire vraie, peu connue du grand public, Le discours d’un roi met en avant lalutte du Prince Albert, duc de York et second fils du roi Georges V, contre le bégaiement. Undéfaut d’élocution qui devient un véritable problème lorsque son frère ainé Edouard VIII ab-dique, et qu’il se retrouve sur le trône. Par Laetitia Reboulleau

Le Prince Albert, dit

Bertie, incarné par

Colin Firth, a un

grave problème d’élocution

depuis son enfance : il est

bègue et peine à s’exprimer.

Que se soit dans l’intimité,

où son problème se can-

tonne à de simples difficul-

tés de prononciation, ou bien

en public, où il devient un

inconvénient majeur. En tant

que prince, il est régulière-

ment amené à faire des dis-

cours, et son handicap est

une source de moquerie.

Après avoir testé différents

remèdes et thérapies, Albert

est prêt à renoncer, jusqu’à

ce que son épouse, Lady Eli-

zabeth Bowes-Lyon (Helena

Bonham Carter) lui présente

un nouveau praticien, aux

méthodes surprenantes, Lio-

nel Logue, interprété par

Geoffrey Rush.

Lionel Logue lui présente

alors des méthodes particu-

lières de relaxation, de tra-

vail corporel, ou encore de

vocalises qui sont réellement

utilisées dans les thérapies

contre le bégaiement

.

Plus qu’un film historique

traitant de la succession du

roi Georges V et de la se-

conde guerre mondiale im-

minente, Le discours d’un roi

est un film qui évoque le bé-

gaiement, et les traitements

possibles. Tout au long de

l’histoire, on assiste à la

lutte, aux progrès et aux dé-

ceptions d’Albert. Colin

Firth incarne à la perfection

le rôle du prince bègue, son

combat pour chaque mot et

sa frustration. Helena Bon-

ham Carter démontre une

fois de plus son talent d’ac-

trice dans ce rôle d’épouse

dévouée, prête à tout pour

aider et accompagner son

mari dans sa lutte pour la

parole.

La souffrance due à un handi-

cap est rarement retransmise à

l’écran. Ici, le spectateur a l’im-

pression de lutter au même

titre que le prince, de partager

son combat. Le bégaiement est

un défaut d’élocution qui n’a

jusqu’à présent été portée

qu’une fois à l’écran, par le ci-

néaste serbe Emir Kusturica,

dans le film Underground en

1995. Le discours d’un roi a

reçu de nombreux soutiens

d’associations, et bénéficie de

pas moins de 12 nominations

aux Oscars : meilleur film,

meilleur acteur, meilleur se-

cond rôle, meilleure actrice se-

cond rôle, meilleur réalisateur,

meilleur scénario original,

meilleure musique, meilleure

photographie, meilleurs dé-

cors, meilleurs montage, meil-

leur mixage sonore et

meilleurs costumes.g

Des bègues célèbres, mais parfois méconnus

Moïse, fondateur du judaïsmeAristote, philosophe grecDémosthène, homme d'Etat athénienVirgile, poète latinLouis II « le Bègue », roi de FranceThomas de Canterbury, archevêque et homme politique anglaisIsaac Newton, philosophe, mathématicien, physicien, alchimiste, astro-nome et théologien anglaisCharles Ier, roi d'Angleterre, d'Ecosse et d'IrlandeNapoléon 1er , Empereur des françaisCaroll Lewis, auteur anglais d'Alice au pays des merveillesThéodore Roosevelt, président américainWinston Churchill, premier ministre anglaisGeorge VI, roi du Royaume-Uni, Empereur des IndesLouis Jouvet, acteur et metteur en scène françaisMarilyn Monroe, actrice américaineFrancis Perrin, acteur et metteur en scène françaisFrançois Bayrou, homme politique français

Y-a-t-il des prédispositions pour devenir

bègue ?

Il existe des prédispositions génétiques favori-

sant l’apparition du bégaiement. Le cerveau

est formé de façon différente. Cependant, la

plasticité du cerveau permet d’éviter au bé-

gaiement de se fixer, si un travail est fait dès

les premiers signes. Après, il existe des fac-

teurs influents : un enfant volontaire et sûr de

lui luttera plus facilement contre le bégaie-

ment, par exemple.

Les traitements présentés dans le film (tra-

vail corporel, relaxation, etc) sont-ils tou-

jours d’actualité ?

Les choses ont nettement évolué depuis le

début du 20e siècle, mais il existe toujours des

traitements sur le flux de parole, la fluidité, al-

longer les voyelles, ces méthodes ont toujours

de la valeur. Bref, un travail de prononciation,

mais également de gestuelle et de concentra-

tion du regard qui permettent de fluidifier le

flux de parole.

Pensez-vous que la représentation du bé-

gaiement, rare au cinéma, soit une bonne

chose ?

Associer le bégaiement au personnage d’un

roi, et non d’une personne dévalorisée est très

encourageant pour les personnes bègues. Le

bégaiement est un handicap qui n’aide pas à

avoir confiance en soit, et les bègues n’ont

pas besoin de se sentir dévalorisés, c’est

pourquoi la représentation d’un roi bègue est

une bonne chose.

3 questions à… Véronique Aumont-Boucand, thérapeute et déléguée départementale de l’association Parole-Bégaiement.

Page 23: Gavroche 7

Gavroche - 3 février 2011

23

Culture

Quel lien entre HK et

les Saltimbanks et

les cortèges de

manif sur les retraites ? La

chanson devenue slogan : On

lâche rien. Le groupe qu’a

formé HK sort enfin son pre-

mier album. Avec des textes

engagés qui traitent de poli-

tique (« la loi c’est la loi, sans

papier je n’ai pas d’autre

droit que de me taire » parole

de Identité Nationale), de

justice, de sentiment, de res-

sentiment, de simples coups

de gueules, aux chansons

mélodiques, il y en a pour

tous les goûts. HK et les Sal-

timbanks représentent un

univers musical riche en ori-

gines. Mêlant habilement

darbouka et accordéon, gui-

tare et mandole. Ce premier

album offre un voyage dans

le monde, la musique du

monde. Pas étonnant donc

de l’avoir intitulé, « Citoyen

du monde ».

Avec HK on ne sait jamais ou

on est, ni même ou on va. Ce

qui est sûr c’est qu’on est ra-

rement déçus. Pari gagné

pour ce groupe natif de Rou-

baix qui a réussit à créer une

musique sans frontière. «Ci-

toyen du Monde»

Prix : 14€

Sortie le 31 janvier

Editeur Pias

Par Nadine Achoui-Lesage

Ils ne vont rien lâcher

Thérapie LittéraireUn peu de détente en faisant une douce thérapie. Au travers d’histoires simples et efficaces,les romans psychologiques permettent un questionnement sur la vie, une auto analyse, touten cherchant les clés pour accéder à la plénitude. Des livres qui laissent des traces bien aprèsavoir terminé la dernière page. Par Nadine Achoui-Lesage

Les Douze Vies d’Anatole,de Patrick Giani

Un accident de voiture, et c’est le

séjour à l’hôpital. Pas facile pour

Anatole. Plongé dans un coma sé-

vère, il se voit d’en haut. Sa

conscience, est collée au plafond,

sans trop comprendre ce qui lui ar-

rive, ni même comment il en est ar-

rivé là, Anatole fait la connaissance

de son ange gardien. Une voix qui

lui parle, le questionne et tente de

lui faire retrouver la mémoire. Comment a-t-il atterri dans ce

lit d’hôpital, froid, seul, amoché et surtout entre la vie et la

mort ? Pour le comprendre, son guide lui fera traverser sa vie.

En plusieurs étapes, pour tout comprendre, tout analyser. Un

voyage pour se replonger au cœur d’une vie et en saisir les

instants les plus insignifiants. Ceux qui ont eu le plus de

conséquences.

Editions Le Manuscrit, 20€.

Dieu voyage toujours incognito, de Laurent Gounelle

En haut de la tour Eiffel, un homme veut se suicider. Se jeter dans le vide et mettre fin à une existence ni

heureuse, ni malheureuse mais qui ne lui plaît plus. Alan Greenmor, est un jeune trentenaire franco-amé-

ricain. De la France il a gardé son goût de la bonne bouffe. Des Etats-Unis celui du travail. Retourné à

Paris après ses études, il entre dans un cabinet de recrutement. Ses journées? Un enchainement d’entretien,

rien de passionnant. Ses amours? Une histoire brisée, celle de sa relation platonique avec Audrey. Sa fa-

mille? Il ne connaît pas son père. Du haut de la tour Eiffel, ce soir d’été, un homme lui fait une proposition.

Le guider dans sa vie en échange de ne jamais abandonner, auquel cas, il la perdra pour de vrai. Entre

peur, étonnement, défis à réaliser et autres doutes, l’homme va le guider jusqu’à n’en plus finir. Comment

Alan réussira-t-il à tenir son engagement? Mais surtout, qui est cet homme qui veut l’aider?

Editions Anne Carrière, 19,50€

Une vie merveilleuse,de Laurie Colwin

Qu’est ce qui peut bien manquer à

Guido Morris et Vincent Cardwor-

thy ? Ces deux cousins de la haute

société new-yorkaise ont pourtant

tout ce qui leur faut. Appartement

dans le New-York traditionnel, vie

sociale bien remplie, travail intéres-

sant. A un détail près : ils veulent

une vie vraiment merveilleuse. Et

cette vie rêvée, elle passe par la ren-

contre, au même moment, de deux femmes, elles aussi par-

faites, sur le papier du moins. Mitsy est d’origine russe, Holly

est élégante, raffinée. L’une secrète, l’autre un tantinet rebelle.

Combinaison parfaite. Une fois, le bonheur atteint, les doutes

commencent et avec eux, les maladresses, les disputes. A

croire qu’ils n’ont pas le droit d’être heureux. Enfin, pour ap-

précier son bonheur, est-il nécessaire de se faire du mal ?

Editions Autrement, 6€.

Batman 3 bientôten tournage Après le carton d’Inception l’an-née dernière, Christopher Nolanse remet au travail avec le tour-nage d’un nouveau Batman «quidébutera en mai». Christian Baleendossera pour la troisième foisle costume de chauve-souris. In-titulé Dark Night Rises, ce troi-sième volet d’une série entaméeen 2005 verra l’apparition deCatwoman, interprétée par la ra-vissante Anne Hathaway.

John Barry estmortLe mythique compositeur demusique de films s’est éteint le30 janvie dernier à l’âge de 77ans. Connu dans le monde entierpour avoir remanié le thème deJames Bond, John Barry a com-posé 11 bandes originales defilms sur l’agent 007. Fort d’unecarrière d’une quarantaine d’an-nées, le musicien britannique agagné cinq Oscars pour des filmstels que «Out of Africa» ou en-core «Danse avec les Loups».

Bruno Mars évite laprisonLe nouveau prodige de la popaméricaine s’en sort bien. Arrêtéen septembre à Las Vegas en pos-session de cocaïne, Bruno Marsrisquait quatre ans d’emprisonne-ment. Il ne passera finalement paspar la case prison. L’interprète dutube Just The Way You Are a plaidécoupable et a trouvé un arrange-ment avec le procureur de LasVegas. Le mois prochain, il écoperad’une amende de 2 000 dollars,d’une période de probation d’unan, et de 200 heures de travauxd’intérêts généraux.

Javier Bardem dansJames Bond ?La rumeur enfle. En quête d’unméchant pour le prochain JamesBond réalisé par Sam Mendes, laMGM, qui produit la série, souhai-terait engager Javier Bardem pouraffronter Daniel Craig. L’acteur es-pagnol succéderait alors au Fran-çais Mathieu Amalric qui avaitincarné le dangereux DominicGreene dans Quantum of Solace.Le studio américain, en proie à degraves difficultés financières, misebeaucoup sur ce nouvel épisodepour se relancer.

DR

DR

Page 24: Gavroche 7

Ici, ce ne sont pas des

plaques qui indiquent le

nom des rues, mais des

bulles. A chaque coin de rue,

Gaston, Astérix et bien d’au-

tres personnages de papier

peints sur les murs guettent

le badaud. Bienvenue à An-

goulême, qui a fait de la BD

un style de vie, et y consacre

un festival depuis déjà 38

ans. Du 27 au 30 janvier se

sont déroulés les quatre jours

du Festival International de

la Bande Dessinée (FIBD),

évènement incontournable

pour tous les auteurs, édi-

teurs et adeptes

du 9e art. Un festi-

val qui tient à

cœur des Angou-

moisins et de leur

maire, Philippe

Lavaud, pour qui

le FIBD est « un

investissement per-

manent et durable

(...) car la bande

dessinée a prouvé

depuis belle lurette

qu’elle est un for-

midable instrument

pédagogique». Le ministre de

la Culture Frédéric Mitter-

rand n’est pas en reste, et

considère quant à lui que si la

BD est un secteur qui « vit des

heures difficiles », elle n’en

reste pas moins un secteur

créatif avec « un tsunami de

productions».

Comme chaque année, le fes-

tival a réuni sur quatre jours

plusieurs milliers de visi-

teurs, venus de partout dans

le monde. Et comme les festi-

vités ne se cantonnent pas à

un bâtiment, mais est ré-

pandu dans diverses

«bulles» réparties à travers

toute la ville, c’est l’occasion

où jamais d’arpenter les rues

d’Angoulême, dont nom-

breuses sont piétonnes. Ici

aussi, l’univers de la bande

dessinée est omniprésent.

Outre les scènes tirées des ou-

vrages plus ou moins connus

et des multiples échoppes

vendant des bandes dessi-

nées, on découvre aussi que

les rues sont nommées en

hommage aux plus célèbres

illustrateurs, telle que la rue

Hergé. Pour se retrouver

entre les différentes «bulles»,

il suffit de suivre le Fauve

(prononcez «Fôve», avec l’ac-

cent) petit personnage en

forme de chat, symbole de

l’évènement et présent à tous

les coins de rues pour guider

les visiteurs. Rues où l’on

peut croiser un petit vendeur

ambulant, âgé d’à peine 10

ans, qui « profite du festival

pour essayer de faire connaitre sa

BD». Une vingtaine de pages

sur le basket, écrites par un

enfant inspiré par l’ambiance

de la ville, et bien décidé à

«participer un jour au festival,

mais pas en tant que visiteur !».

Tout le mal qu’on lui sou-

haite. g

Portrait

La bulle AngoulêmeQuatre jours sont dédiés chaque année au Festival International de la Bande Dessinée, à Angoulême. Quatre jours durantlesquels habitants et visiteurs vivent, mangent et respirent BD, mais surtout lisent des BD. Mais à Angoulême, la BD, c’esttoute l’année. Par Laetitia Reboulleau

Gavroche - 3 février 2011

24

Gaston Lagaffe et Prunelle, de Franquin, se querellent en pleine rue.

A Angoulême, la BD est présente jusque dans lespanneaux des rues.

«La BD a prouvé qu’elle est un formidable instrument pédagogique» L

aeti

tia

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FIBD 2011 : le palmarès

Cette année encore, le Festival de Bande Dessinée d’Angoulême a

rassemblé un florilège important d’artistes, auteurs comme dessi-

nateurs, en quête d’une distinction. Le jury du FIBD, présidé par

Baru, a décerné dimanche ses « Fauves ».

Prix 2011 du meilleur album : Cinq mille kilomètres par seconde (Ma-

nuele Fior, Editions Atrabile)

Prix spécial du jury : Asterios Polyp (David Mazzucchelli, Editions Cas-

terman)

Prix de la série : Il était une fois en France, tome 4 : Aux armes ci-

toyens (Fabien Nury, Sylvain Vallée et Delf, Editions Glénat)

Prix révélation : La parenthèse (Elodie Durant, Editions Delcourt) et

Trop n’est pas assez (Ulli Lust, Editions Ça et là).

Prix regard sur le monde : Gaza 1956, tome 1 : En marge de l’histoire

(Joe Sacco, Editions Futuropolis)

Prix de l’audace : Les noceurs (Brecht Evens, Editions Actes Sud)

Prix de la BD alternative : la revue L'arbitraire.

Prix du Patrimoine : Bab-el Mandeb (Attilio Micheluzzi, Editions Mos-

quito)

Prix Inter-génération : Pluto, tome 1 (Naoki Urasawa, Editions Kana)

Prix de la jeunesse : Les Chroni-Kids, tome 3 (Zep & Stan, Editions

Glénat)

Prix du public : Le bleu est une couleur chaude (Julie Marot, Editions

Glénat)

Enfin, le Grand Prix de la Ville est attribué à Art Spiegelman, le célè-

bre auteur de Maus, la première bande dessinée de l’histoire à avoir ob-

tenu le prix Pulitzer. L’obtention de ce prix, décerné par tous les anciens

lauréats du Grand Prix de la Ville, fait de lui le Président de l’édition

2012 du FIBD.

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La «bulle» Le Lombard, située dans le «Monde des Bulles», fait la promo d’un film adapté d’une bande dessinée.

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