froid et environnement · la désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à...

51
Froid et Environnement Denis LEDUCQ, Cemagref 2009 1

Upload: trinhbao

Post on 16-Sep-2018

223 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

Froid et Environnement

Denis LEDUCQ, Cemagref

2009

1

Page 2: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

Table des matières

1 Généralités sur les systèmes frigorifiques 41.1 Principe de production du froid . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

1.1.1 Cycle monotherme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51.1.2 Cycle frigorifique ditherme . . . . . . . . . . . . . . . . . 61.1.3 Cycle frigorifique tritherme . . . . . . . . . . . . . . . . 141.1.4 Efficacité du cycle à compression de vapeur . . . . . . . . 16

2 Préserver la couche d’ozone 202.1 Les frigorigènes et la couche d’ozone . . . . . . . . . . . . . . . 212.2 Protocole de Montréal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222.3 Règlement européen 2037/2000/CE du 29/06/2000 . . . . . . .. 242.4 Réglementation française : Décret du 07/12/1992 modifiéen 98 . . 26

3 Limiter le réchauffement planétaire 273.1 Froid et effet de serre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283.2 Protocole de Kyoto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293.3 Réglement européen 842/2006 relatif à certains gaz à effet de serre

fluorés (F-Gas) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303.3.1 Directive 2006/40 concernant les systèmes de climatisa-

tion de véhicules à moteur . . . . . . . . . . . . . . . . . 313.4 Décret français 737/2007 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323.5 TEWI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

4 Les fluides frigorigènes 344.1 Critères de choix d’un fluide frigorigène . . . . . . . . . . . . .. 35

4.1.1 Dénomination des fluides Rxyz . . . . . . . . . . . . . . 364.1.2 Principaux fluides frigorigènes . . . . . . . . . . . . . . . 36

4.2 L’ammoniac : un fluide très réglementé . . . . . . . . . . . . . . 38

2

Page 3: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

TABLE DES MATIÈRES 3

4.2.1 Risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 384.2.2 Réglementation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

Page 4: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

Chapitre 1

Généralités sur les systèmesfrigorifiques

4

Page 5: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES5

1.1 Principe de production du froid

Produire du froid est un terme impropre, bien que très souvent utilisé. Un cyclepermettant de produire du froid ne "produit" rien, maistransporte de la chaleurd’une source froide vers une source chaude. Le problème est que ce transfert dufroid vers le chaud ne peut se faire de manière spontanée.

Ceci a été énoncé par Clausius et est l’un des énoncés du second principe dela thermodynamique :"La chaleur ne peut passer spontanément d’un corps froidvers un corps chaud"

1.1.1 Cycle monotherme

Il est cependant impossible de retirer de la chaleur d’un corps à partir d’uncycle monotherme(utilisant une seule et unique source de chaleur, figure 1.1).En effet, le premier principe s’écrit dans ce cas :

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

T

Q

W

FIGURE 1.1 – Cycle monotherme

Q+W = 0 (1.1)

et le second principe :QT

+∆S= 0 (1.2)

où Q est la chaleur reçue de la source de chaleur à la températureT, W l’énergiemécanique reçue, et∆S l’entropie créée au cours du cycle (qui ne peut être quepositive ou nulle). Puisque∆S≥ 0, l’équation 1.2 a pour conséquence queQ doitêtre négatif. Ainsi, lors d’un cycle monotherme, la chaleurne peut être quecédéeà l’extérieur (on chauffe la source) et le travailreçu de l’extérieur.

Page 6: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES6

Il est donc impossible de créer un cycle monotherme refroidissant un corps etentraînant un moteur par la même occasion ! Dommage ! (Un exemple souvent citéd’un tel système, s’il était possible, serait un bateau pompant l’énergie calorifiquede la mer, laissant derrière lui un sillon de glace dans la mer, et entraînant sonpropre moteur avec l’énergie récupérée).

Lors d’un cycle monotherme, la chaleur ne peut qu’être cédéeà la sourcede chaleur(Q < 0), et l’énergie mécanique reçue par le fluide(W > 0).Il n’est donc pas possible de réaliser un cycle frigorifique monotherme.

1.1.2 Cycle frigorifique ditherme

Pour mettre en oeuvre uncycle frigorifique, il est donc nécessaire de disposerd’au moins deux sources de chaleur (figure 1.2. L’une sera appelée source froide(celle dont on va extraire la chaleur) et l’autre la source chaude (celle où l’on varejeter la chaleur). Appliquons le premier principe à un cycle décrit entre ces deux

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Tf

Qf

W

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxxxxxxxx

Tc

-Qc

FIGURE 1.2 – Cycle ditherme

sources :Qf +Qc +W = 0 (1.3)

où Qf est la chaleur reçue de la source froide,Qc la chaleur reçue de la sourcechaude etW l’énergie mécanique reçue. Le second principe nous permet d’écrire,pour un cycle réversible et en supposant que les échanges de chaleur se font à la

Page 7: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES7

température des sources :Qf

Tf+

Qc

Tc= 0 (1.4)

d’où

Qc = −QfTc

Tf(1.5)

Si on reporte cette expression dans l’équation 1.3, on obtient :

W = Qf

(TcTf−1

)

(1.6)

La températureTc de la source chaude étant supérieure à la température dela source froideTf , et si la chaleurQf est positive (on souhaite refroidir, doncextraire de la chaleur de la source froide), le travail reçuW est donc positif.

Il faut donc ainsi nécessairementapporter un travail mécanique lorsd’un cycle ditherme pour obtenir un effet frigorifique.

Coefficient de performance

Le coefficient de performance d’un cycle frigorifique, notéCOP se définitcomme le rapport entre ce que l’on récupère (la chaleur extraite de la sourcefroide) par rapport à ce que l’on apporte (l’énergie mécanique). On a ainsi :

COP=Qf

W(1.7)

Dans le cas du cycle ditherme, en reprenant l’expression 1.6, on obtient l’ex-pression du coefficient de performance dans le cas d’un cycleréversible :

COP=1

(TcTf−1

) (1.8)

d’où l’expression de l’efficacité maximumpouvant être atteinte par un cycle di-therme (efficacité de Carnot) :

COP=Tf

Tc−Tf(1.9)

Page 8: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES8

-30 -25 -20 -15 -10 -5 0

15

20

25

30

35

40

45

50

55

Tf

Tc

4

5

6

7

8

9

10

11 12

FIGURE 1.3 – Efficacité de Carnot en fonction des températures des sources

Cycle de Carnot

Sadi Carnot a posé en 1824 dans son ouvrage "Réflexions sur la puissance mo-trice du feu et les machines propres à développer cette puissance" les bases d’uncycle idéal entre deux sources de chaleur, connu depuis sousle nom de "cyclede Carnot". Celui-ci est composé de deux isentropes adiabatiques et de deux iso-thermes. Un exemple (cycle moteur) est donné dans la figure 1.4 et l’efficacité dece cycle est donnée par la formule 1.9.

Si l’on fait fonctionner ce cycle en sens opposé, on obtient un cycle qui absorbede la chaleur à la source froide et qui en dégage à la source chaude. Il s’agit doncbien d’un cycle frigorifique, on parle alors communément de "cycle inverse".

Les cycles réels à compression de vapeur, tels que celui présenté dans lafigure 1.8 diffèrent principalement du cycle présenté dans la figure 1.4 en deuxpoints :

– on effectue la compression d’un gaz, et non d’un mélange diphasique– le gaz est détendu sans récupération d’énergie mécanique,cette détente

n’est donc pas isentropiqueEn effet, la technologie ne permet pas actuellement de compresser un mélangediphasique liquide-vapeur, c’est même une des premières causes de rupture des

Page 9: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES9

T

s

1

234

5

67 8

P

h

1

2

34

5

67 8

FIGURE 1.4 – Exemple d’un cycle moteur de Carnot : représentation P-h et T-s

compresseurs. Bien que des turbines permettent de récupérer l’énergie mécaniquelors d’une détente, le rendement encore faible, le fait de travailler avec un mélangediphasique et le coût de ces appareils rendent leur utilisation exceptionelle.

Ainsi, pour des raisons technologiques, la détente n’étantpas isentropique etl’échange de chaleur avec la source chaude non isotherme, l’efficacité du cycleréel à compression de vapeur est par conception inférieure àl’efficacité du cyclede Carnot.

Phénomènes endothermiques

Le cycle le plus utilisé actuellement pour "produire du froid" est le cycleà compression de vapeur. Ce cycle utilise un phénomène endothermique spéci-fique : la vaporisation d’un liquide. Cependant, de nombreuxphénomènes en-dothermiques existent et plusieurs peuvent ou sont utilisés pour obtenir un effetfrigorifique (tableau 1.1)

La vaporisation d’un fluide est utilisée dans le cycle à compression de vapeur,mais est également souvent utilisée dans des systèmes ouverts (refroidissementpar cryogénie, par azote liquide par exemple) : le fluide n’est alors pas récupéré,mais perdu.

La fusion d’un solide est principalement utilisée pour stocker le froid ou pourle transporter plus efficacement : frigoporteurs diphasiques, stockage du froid pardes matériaux à changement de phase.

La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycleà adsorption et ladésorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption.Ces cycles mettent enoeuvre 3 sources de chaleur.

Page 10: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES10

TABLE 1.1 – Phénomènes endothermiques

Phénomènes CommentairesVaporisation d’un liquide Ex : vaporisation d’azote liquide

(pour l’eau, à P=1 atm,Lv = 2258kJ/kg )Fusion d’un solide Ex : glaçon dans le pastis !

(pour la glaceL f = 333kJ/kg )Sublimation d’un solide Ex : glace carboniqueDésorption d’un gaz Ex : cycle à absorption et adsorptiond’un liquide ou d’un solideDétente d’un gaz Ex : détente d’airdans certaines conditionsEffet Peltier Echauffement de jonctions de métaux

alimentés electriquementDissolution d’un solutédans un solvantDésaimantation d’un métalEffet frigorifique pour quelques métaux raresparamagnétique

On utilise la détente d’un gaz dans le cycle à air ouvert, cycle peu utilisé ce-pendant. On pourrait également avoir un effet frigorifique lors de la détente d’ungaz si l’on récupère de l’énergie mécanique.

Il existe des modules de refroidissement utilisant l’effetthermoélectrique Pel-tier. Ces unités sont notamment utiles lorsque la mise en oeuvre d’une machinefrigorifique utilisant un liquide pose des problèmes pratiques ou de sécurité (re-froidissement de composants électroniques par exemple). Le rendement de cesmodules est faible et dégage donc beaucoup plus de chaleur qu’il n’en extraitdu corps à refroidir, chaleur qu’il faut évacuer. Enfin l’effet paramagnétique estl’objet de nombreuses recherches actuellement. Des prototypes de réfrigérateurde faible puissance utilisant cette technologie ont été developpés récemment dansplusieurs laboratoires.

Cycle à compression sans changement de phase

On oublie souvent que le cycle à compression de vapeur peut être effectué sanschangement de phase. C’est le cas par exemple du cycle à air fermé, tel que décritdans le diagramme de la figure 1.5.

Ce cycle est ainsi constitué de quatre composants :

Page 11: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES11

T

s

P

h

1

234

5

7 8

6

1

2

3

45

6

7

8

FIGURE 1.5 – Exemple d’un cycle à air fermé : représentation P-h et T-s

– un système de compression– deux échangeurs de chaleur– un système de détenteComme on peut le voir sur la figure 1.5, on récupére de l’énergie mécanique

lors de la détente, et cette énergie mécanique est habituellement utilisée pour l’en-traînement du compresseur (il est nécessaire d’apporter cependant une énergiemécanique supplémentaire pour effectuer la compression).On utilise alors un élé-ment appelé "turbocompresseur" assurant à la fois la compression du gaz et larécupération d’énergie mécanique lors de la détente.

L’énergie nécessaire pour compresser l’air d’un état 1 à un état 2, si on supposeque son comportement est celui d’un gaz parfait, est :

W = −

∫ V1

V2PdV (1.10)

La compression étant supposée adiabatique, on a :

PVγ = constante (1.11)

L’équation 1.10 peut donc s’écrire :

W = −PVγ∫ V1

V2

dVVγ (1.12)

En intégrant cette équation, on obtient :

W =P2V2−P1V1

γ −1(1.13)

Page 12: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES12

L’air étant considéré comme un gaz parfait, dont le comportement est régi parl’équationPV = nRT, on peut écrire :

W = nRT2−T1

γ −1(1.14)

Le coefficient de performance d’un cycle tel que présenté dans la figure 1.5peut ainsi être exprimé par :

COP=Q7−8

W1−2−W5−6=

Cp(T8−T7)nR

γ−1 (T2−T1−T5 +T6)(1.15)

PuisqueCp= nR1− 1

γ, on obtient l’expression :

COP= γ(T8−T7)(T2−T1−T5+T6)

(1.16)

Une application numérique est présentée dans la figure 1.6.

P1=P8=4barT1=T8=5˚C

P2=20barT2=167,3˚C

TPγ−1

=cste

(γair=1,4)

Compressionadiabatique

Refroidissementisobare

P5=20barT5=20˚C

TPγ−1

=cste

Détenteadiabatique

P7=P6=4barT7=T6=-88˚C

Réchauffementisobare

FIGURE 1.6 – Application numérique cycle à air

La valeur du coefficient de performance pour cet exemple, où l’on échangeavec une source froide à 5˚C et une source chaude à 20˚C est :

(avecγ = 1.4)COP= 2,4 (1.17)

Page 13: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES13

Même en négligeant ici les irréversibilités de la compression et de la détente, cetteefficacité est néanmoins plus faible que celle que nous pourrions obtenir avec uncycle à compression de vapeur avec changement de phase, telle que présenté dansle paragraphe suivant (1.1.2).

Cycle à compression de vapeur avec changement de phase

Ce cycle à compression de vapeur est constitué d’au moins quatre compo-sants :

– un système de compression– deux échangeurs de chaleur– un système de détenteUn système frigorifique mettant en oeuvre un cycle à compression de vapeur

est présenté dans la figure 1.7.

W

Qc

Qf

Compresseur

Condenseur

Détendeur

Evaporateur 1

2

34

5

6

7 8

FIGURE 1.7 – Système frigorifique à compression mécanique de vapeur

Ce système est composé de :

Page 14: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES14

un évaporateur le frigorigène se vaporise dans cet échangeur. La vapeur sortantepeut être saturante ou le plus souvent légèrement surchauffée. L’évaporationest effectuée à pression constante (si l’on néglige les pertes de pression dansl’échangeur), et donc à temperature constante pour les fluides purs

un compresseur il aspire la vapeur surchauffée sortant de l’évaporateur, et lacomprime jusqu’à la pression qui règne dans le condenseur, et la rejettedans celui-ci

un condenseur le frigorigène se condense dans cet échangeur. Le liquide sortantest à saturation ou légèrement sous refroidi

un détendeur il alimente l’évaporateur avec un fluide à basse pression. Lefluidey subit une détente de la pression de condensation à la pression d’évapora-tion

Ce système ne peut fonctionner de manière réversible. Même si la compres-sion est insentropique, l’échange de chaleur des vapeurs surchauffées avec lasource chaude s’effectue sous un écart de température fini. De plus, dans la majo-rité des cas, le détendeur est une simple vanne de laminage, et la détente s’effectuedonc sans récupération d’énergie mécanique. Cette détenten’est donc pas isentro-pique.

Le tracé de ce cycle, appelé cycle Evans-Perkins, sur les diagrammes T-s etP-h est présenté dans la figure 1.8. Sur ces diagrammes, le fluide subit la série de

T

s

1

23

4

5

6 7 8

P

h

1

234

5

6

7 8

3'

FIGURE 1.8 – Tracés du cycle de réfrigération à compression de vapeur dans lesdiagrammes T-s et P-h

Page 15: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES15

transformations suivantes :

1. Compression isentropique de 1 à 2

2. Refroidissement des vapeurs surchauffées de 3 à 3’ (isobare)

3. Condensation isotherme de 3’ à 4

4. Détente isenthalpique de 5 à 6

5. Evaporation isotherme de 7 à 8

Exemple et application numérique Reprenons le cas présenté pour le cycle àair avec une source chaude à 20˚C et une source froide à 5˚C.

P1=Tsat(5˚C)=5,2barT1=5˚C

(vapeur saturée)

P2=Tsat(20˚C)=8,6barT2=38,9˚C

(vapeur surchauffée)

(Fluide NH3)

Compressionisentropique

Refroidissementisobare

Détenteisenthalpique

Réchauffementisobare

P3'=Tsat(20˚C)=8,6barT3'=20˚C

(vapeur saturée)

Condensationisobare

P4=Tsat(20˚C)=8,6barT4=20˚C

(liquide saturé)

P6=Tsat(5˚C)=5,2barT6=5˚C

(mélange liquide-vapeur)

FIGURE 1.9 – Application numérique cycle à compression de vapeur avec chan-gement de phase

Le coefficient de performance du cycle Evans Perkins, en négligeant les irré-versibilités de la compression et en supposant que l’évaporation et la condensations’effectuent à la température des sources est :

COP=h8−h7

h2−h1(1.18)

oùh est l’enthalpie du fluide.

Page 16: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES16

Dans le cas de l’ammoniac, on obtienth8 − h7 = 1173kJ/kg et h2 − h1 =67,4kJ/kg, soit un COP de 17,4, à comparer au COP obtenu pour le cycle à air(2,4). L’efficacité de Carnot pour ce cycle est :

COPCarnot =Tf

Tc−Tf=

27815

= 18,5 (1.19)

Conséquence des écarts de température entre le fluide et les températuresdes sources L’évaporation et la condensation dans un cycle Evans Perkins nepeut s’effectuer exactement à la température des sources. En effet, les résistancesthermiques des échangeurs imposent des écarts de température entre les sourceset le fluide. Ceci peut être exprimé par :

{Qc = (KS)c(Tc−Tsc)Qe = (KS)e

(Te−Ts f

) (1.20)

où Qc est la puissance échangée au condenseur,KSest la conductance thermiqueglobale de l’échangeur,Tc la température de condensation etTsc la température dela source chaude,Qe est la puissance échangée à l’évaporateur,Te la températured’évaporation etTs f la température de la source froide.

L’application du premier et du second principe permet d’écrire :{

Qe+ Qc +W = 0Qe/Te+ Qc/Tc = 0

(1.21)

En combinant les équations précédentes, le coefficient de performance peutêtre exprimé par :

COP= QeW

=Ts f−Qe/KS

Tsc−Ts f+Qe/KS(1.22)

oùKSest défini par :1

KS=

1(KS)c

+1

(KS)e(1.23)

Si l’on trace le coefficient de performance en fonction de la puissance frigori-fique, on obtient une fonction monotone décroissante. Ainsila performance d’unemachine frigorifique à compression de vapeur tendra à diminuer lorsque l’on lafera fonctionner à pleine charge plutôt qu’à charge partielle.

La performance peut par contre être améliorée en augmentantla qualité deséchangeurs (le paramètreKS), par exemple en augmentant les surfaces d’échange,ou en améliorant la qualité de l’échange thermique.

Page 17: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES17

Application numérique Reprenons l’exemple précédent avec une températurede source chaude à 20 ˚C et une température de source froide à 5˚C. On supposeraqueKSc = 2kW/K et KSe = 2kW/K, soitKS= 1kW/K.

Pour une puissance de 20 kW (soit un écart de 10 ˚C entre la températured’évaporation et la température de la source froide), la valeur du coefficient deperformance est de 7,4 , à comparer à la valeur de 17,4 trouvéedans le paragrapheprécédent.

Pour une puissance de 10 kW, la valeur du coefficient de performance est de10,7.

1.1.3 Cycle frigorifique tritherme

Cycle frigorifique tritherme théorique

Si l’on dispose d’une troisième source de chaleur, il est possible de remplacerl’apport de travail mécanique du cycle ditherme par un apport de "chaleur motrice"à un niveau de température supérieur à la source chaude (une source donc trèschaude !). De la chute de température entre le "très chaud" etle "chaud", il estpossible d’obtenir un effet moteur.

Le principe d’un tel cycle est présenté dans la figure 1.10. Sion noteTh la

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Tf

Qf

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxxxxxxxx

Tc

-Qc

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxxxxxxxx

Th

Qh

FIGURE 1.10 – Cycle tritherme

Page 18: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES18

température de la troisième source, l’application du premier principe mène à :

Qf +Qc +Qh = 0 (1.24)

où Qf est la chaleur reçue de la source froide,Qc la chaleur reçue de la sourcechaude etQh la chaleur reçue par cette source à haute température

Le second principe nous permet d’écrire, pour un cycle réversible et en sup-posant que les échanges de chaleur se font à la température des sources :

Qf

Tf+

Qc

Tc+

Qh

Th= 0 (1.25)

Le coefficient de performance d’un tel cycle frigorifique tritherme s’écrit :

COP=Qf

Qh(1.26)

soit en reportant l’équation 1.25 :

COP= −Tf

Th−

Tf

Tc

Qc

Qh(1.27)

D’après 1.24 :Qc

Qh= −

Qf

Qh−1 = −COP−1 (1.28)

d’où

COP

(

1−Tf

Tc

)

=Tf

Tc−

Tf

Th(1.29)

et donc

COP=Tf

Tc−Tf

Th−TcTh

(1.30)

Remarquons que l’expression de ce coefficient de performance fait abstraction dela technologie employée. Il s’agit du COP théorique pouvantêtre obtenu par uncycle réversible entre trois sources de chaleur.

Cycle à absorption

Le cycle à absorption est une exemple de cycle tritherme. Il peut être vucomme un cycle à compression de vapeur dont la compression est réalisée de ma-nière thermique. Ainsi on retrouve les principaux composants déjà cités, conden-seur, détendeur, évaporateur.

Page 19: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES19

Qc

Qf

Condenseur

Détendeur

Evaporateurvapeur Qc'

Pompe

Solutionriche Qbo

Absorbeur Bouilleur

"Compressionthermique"

Détendeur

Solutionpauvre

FIGURE 1.11 – Système frigorifique à absorption

Le compresseur est par contre remplacé par l’ensemble de composants consti-tué d’un absorbeur, d’une pompe et d’un bouilleur, comme présenté dans la figure1.11.

Le fonctionnement de ce "compresseur thermique" peut être décrit de la ma-nière suivante :

1. Le réfrigérant à l’état vapeur à la sortie de l’évaporateur est envoyé dansl’absorbeur où il estabsorbépartiellement par le liquide. Ceci est un pro-cessus exothermique, il faut donc extraire de la chaleur de l’absorbeur

2. Une solution riche en réfrigérant est alors pompée de l’absorbeur vers lebouilleur (on passe alors de la basse pression à la haute pression, avec uneconsommation électrique très inférieure à ce que l’on aurait avec un com-presseur)

3. La solution est chauffée par une source de chaleur à haute température afindedésorber le réfrigérant de la solution (phénomène endothermique). Lesvapeurs libérées sont alors entraînées vers le condenseur.

Page 20: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES20

Ce cycle met en oeuvre au moins 3 sources de chaleur. Une source de chaleursupplémentaire à haute température est en effet nécessaireau niveau du bouilleurafin de désorber le frigorigène contenu dans la solution.

Ce cycle était celui utilisé par Ferdinand Carré (solution eau-ammoniac) danssa machine qui fabriquait des cubes de glace, invention présentée à l’expositionuniverselle de 1867.

Cycle à adsorption

Le cycle à adsorption est un autre exemple de cycle tritherme. On utilise cettefois la capacité qu’ont certains solides de fixer des molécules de vapeur à leursurface sans modifier leur nature chimique. On parle alors d’adsorption.

Qc

Condenseur

Vanne

Evaporateur

Adsorbeur

Qf

Qh

FIGURE 1.12 – Système frigorifique à adsorption

Page 21: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES21

La figure 1.12 présente une machine frigorifique utilisant lerayonnement so-laire comme troisième source de chaleur (gratuite). Ce cycle fermé est donc parnature un cycle intermittent, se décomposant en deux phasesdistinctes :

1. Phase 1Durant la période d’ensoleillement (le jour), les vapeurs du fluide(par exemple de l’eau) sontdésorbéeset migrent vers le condenseur, oùelles sontcondenséesen échangeant avec l’air extérieur. La désorption estune réaction endothermique, l’énergie étant ici apportée par le rayonnement.Notons que lors de cette phase la vanne d’isolement est fermée.

2. Phase 2Lorsque l’ensoleillement cesse (la nuit), la vanne d’isolement estouverte et l’eau migre vers l’évaporateur. Cette eau s’évaporeen absorbantla chaleur du compartiment réfrigéré. Les vapeurs reviennent vers l’adsor-beur (le mécanisme d’adsorption jouant le rôle de "pompe") où elles sont ànouveauadsorbées(la sorption étant exothermique, la chaleur est ici déga-gée dans l’ambiance).

1.1.4 Efficacité du cycle à compression de vapeur

Le cycle à compression de vapeur est le cycle le plus utilisé pour les machinesfrigorifiques, principalement pour des raisons de performance. Comme on l’a vudans les paragraphes précédents, l’efficacité de Carnot peut être vu comme uneréférence de performance maximale, même si la nature du cycle à compression devapeur fait que cette performance ne peut être jamais atteinte (paragraphe 1.1.2).

Notion d’exergie

Les irréversibilités réduisent également la performance des cycles frigorifiquesréels. Celles-ci peuvent être analysées, soit par un bilan de production d’entropie,soit par un bilan de destruction d’exergie. Les deux diffèrent principalement surla manière de traiter le problème car elles sont toutes deux basées sur l’applica-tion du premier et second principe. La destruction d’exergie a cependant l’avan-tage d’être un peu plus intuitive : il est plus logique de parler de "destruction" dequelque chose si l’on a des irréversibilités que de "production".

Pour illustrer ceci, prenons le cas d’un cycle moteur, par exemple une machineà vapeur, entre une source chaude à la températureTc et la température ambianteT0. Si l’on applique le premier et le second principe pour un cycle ditherme irré-

Page 22: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES22

versible, on a :

Q0+Qc +W = 0Q0

T0+

Qc

Tc+∆S= 0

(1.31)

∆Sest l’entropie produite au cours du cycle.A partir des équations précédentes, on peut exprimer l’énergie mécanique pro-

duite :

W = T0

(Qc

Tc+∆S

)

−Qc (1.32)

qui peut réécrite sous la forme :

−W︸︷︷︸

Energie mecanique produite

= Qc

(

1−T0

Tc

)

︸ ︷︷ ︸

Energie mec. maximum entre Tf et T0

− T0∆S︸︷︷︸

Destruction d′exergie

(1.33)Le terme gauche de l’équation 1.33 représente l’énergie mécanique produite

au cours du cycle. On reconnait dans le termeQc

(

1− T0Tc

)

l’énergie mécanique

maximum que pourrait produire un cycle moteur réversible entre T0 et Tc (onparle de flux d’exergie entrant). C’est la "valeur" en terme d’énergie mécaniqueque représente une source de chaleur à la températureTc. Enfin le termeT0∆Sreprésente en quelque sorte la pénalité en terme d’énergie mécanique due auxirréversibilités . Il s’agit de ladestruction d’exergie.

Le rendement exergétique est dans ce cas du cycle moteur :

ηex =f lux d′exergie recupereef lux d′exergie apportee

=−W

Qc

(

1− T0Tc

) (1.34)

Dans le cas d’un cycle de machine frigorifique effectué entreune source froideà la températureTf et la température ambianteT0, on apporte de l’exergie puresous forme de travail mécaniqueW.

Le rendement exergétique peut être exprimé sous la forme :

ηex=Qf

(

1− T0Tf

)

W(1.35)

On reconnaît dans cette expression celle du coefficient de performance frigorifiqueQ fW et celle du coefficient de performance du cycle de Carnot 1−

T0Tf

. On peut

Page 23: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES23

donc réécrire l’expression durendement exergétique d’un cycle frigorifiqueditherme sous la forme :

ηex= COP(

1− T0Tf

)

= COPCOPCarnot

(1.36)

Ce rendement exergétique est une valeur comprise entre 0 et 1et représente la"qualité" thermodynamique du cycle thermodynamique.

Diagramme T-s et destructions d’énergie

Le diagramme T-s permet de représenter graphiquement les destructions d’exer-gie tout au long du cycle et en particulier au niveau de chaquecomposant.

Rappelons que l’enthalpie échangée pour une transformation isobare entre unétat 1 et un état 2 est :

∆h1−2 =∫ 2

1TdS (1.37)

et peut se représenter sur le diagramme T-s par l’aire entre l’axe des abscisses etle chemin décrit entre 1 et 2, comme illustré dans la figure 1.13

1

2

T

s

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx aire=∆h

1-2

FIGURE 1.13 – Représentation de la variation d’enthalpie dans le diagramme T-s

Destruction d’exergie du cycle Evans-Perkins Si l’on représente un cycle àcompression de vapeur et le cycle réversible entre l’ambiance à la températureT0

et une source froide à la températureTf , on obtient le diagramme présenté dans lafigure 1.14

L’énergie frigorifiqueQf = ∆h4−1 est représentée par l’aire a-1-4-b. La cha-leurQ0 libérée par le condenseur pour le cycle à compression de vapeur est l’aire

Page 24: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES24

T

s

1

2

3

4

3'2'

destructiond'exergie

cycleréversible1-2'-3'-4

cyclecompression

1-2-3-4

w réversible

+ = w compression

b ac

T0

Tf

2"

4"

FIGURE 1.14 – Représentation du cycle à compression de vapeur dans le dia-gramme T-s

a-2-3-c. Le travail de compression est telle queW = Qc−Qe et donc représentéepar l’aire 1-2-3-c-b-4-1.

Pour le cycle réversible, le travail de compression est représentée par l’aire1-2’-3’-4.

La différence entre les deux puissances est due aux irréversibilités, et les airessont représentatives des destructions d’exergie. En effet, la destruction d’exergieau niveau du condenseur peut être obtenue par le bilan suivant :

Lcond = h2−h3−T0(s2−s3) (1.38)

ce qui graphiquement peut être représenté par l’aire 2’-2-2". Cette destruction estdue au fait que l’échange de chaleur n’est pas isotherme, comme c’est le cas pourle cycle réversible.

La destruction d’exergie au niveau du détendeur est :

Ldet = h3−h4−T0(s3−s4) (1.39)

Page 25: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SYSTÈMES FRIGORIFIQUES25

Rappelons que l’onh3−h4 = 0 car la détente est supposée isenthalpique. La des-truction d’exergie peut donc être représentée par l’aire b-3’-3-c

Ainsi la représentation des destructions d’exergies dans le diagrammeT-s permet de visualiser les irréversibilités du cycle Evans-Perkins, etde quantifier leur importance.

Page 26: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

Chapitre 2

Préserver la couche d’ozone

26

Page 27: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 27

2.1 Les frigorigènes et la couche d’ozone

L’ozone (O3) est un gaz toxique pour l’homme et présent dans l’atmosphèreen très faible quantité. L’ozone présent est principalement concentré entre lesaltitudes 20 à 40 km (la stratosphère) et forme une couche filtrante des rayonsultra-violets : la "couche d’ozone". Sans cette couche, nous serions exposés aurayonnement solaire ultraviolet.

On classe le rayonnement ultraviolet en trois catégories selon la longueurd’onde :

les UV-A (de 320 à 400 nm ) sont très peu absorbés par l’atmosphère. La plupartdes UV-A traversent la couche d’ozone et atteignent la terre

les UV-B (de 280 à 320 nm) sont en grande partie arrêtés par la couche d’ozone.Le rayonnement UV-B varie beaucoup dans la journée et est maximum versmidi

les UV-C (de 200 à 280 nm) sont totalement arrêtés par la couche d’ozone

De manière générale, le rayonnement ultraviolet est nocif pour la santé. Néan-moins on peut dire que plus les longueurs d’onde sont courtesplus le rayonnementest dangereux. Ainsi c’est principalement l’exposition aux UV-B qui provoquentdes effets (les UV-C n’atteignant pas la surface de la terre):

– les UV-B sont principalement responsables des "coups de soleil" !– ils provoquent un vieillissement accéléré de la peau– les UV-B à forte dose sont dangereux pour les yeux et peuventprovoquer

une photokératite (flash du soudeur).– ils affaiblissent le système immunitaire– ils sont également à l’origine de certains cancers de la peauLa concentration d’ozone dans l’atmosphère qui nous protège de ce rayonne-

ment ultraviolet résulte d’un équilibre entre des réactions chimiques de dégrada-tion (figure 2.1) et de processus de formation, principalement par le rayonnementsolaire (figure 2.2). Les molécules de composés chlorés, parmi lesquels on trouveles CFC (chlorofluorocarbures), agissent comme des catalyseurs des réactions dedégradation de l’ozone et déséquilibrent les processus. Lorsque ces composés at-teignent la stratosphère, ils se décomposent sous l’effet du rayonnement solaire etlibère du chlore, qui à son tour décompose l’ozone (figure 2.3).

Ces molécules agissent comme des catalyseurs et ne sont pas détruites parla réaction chimique. Elles sont donc stables et peuvent rester de 20 à 120 ansdans l’atmophère, voire plus. On estime qu’une molécule de chlore peut détruirejusqu’à 100 000 molécules d’ozone avant de disparaître.

Page 28: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 28

Le rayonnement solairede forte énergie est aborbé

par la molécule d'O3

O3

La molécule d'ozonese divise en un

atome d'oxygène etune molécule de

dioxygène

OL'atome d'O

entre en collisionavec une molécule

d'ozone

Deux moléculesde dioxygène (O2)

se sont formées

O2

O3O

O2

FIGURE 2.1 – Dégradation d’une molécule d’ozone en deux atomes d’oxygènepar l’effet du rayonnement

Le rayonnement solairede forte énergie brise la

molécule d'O2

O2

La moléculed'oxygène se diviseen deux atomes d'O

O

Les atomes d'Oentrent en collision

avec d'autres moléculesd'O2

Des moléculesd'ozone (O3)

se forment

O3O O2

FIGURE 2.2 – Formation d’ozone à partir de l’oxygène

On recueille des données sur cette couche d’ozone depuis lesannées 50. Lafigure 2.4 présente l’évolution de l’épaisseur de la couche d’ozone au dessus del’antarctique en unités Dobson (une unité Dobson correspond à 0.001 cm d’épais-seur) mesurée par le satellite Nimbus-7, et une deuxième mesure effectuée parles "instruments Dobson" au niveau du sol comme le font les scientifiques de-puis les années 20. Dans les deux cas, on constate que la quantité d’ozone a étérelativement stable jusque dans les années 1970. Depuis 1979, on assiste à unamincissement grave de la couche d’ozone au dessus de l’Antarctique.

L’effet des gaz frigorigènes CFC et HCFC est différent pour chaque gaz.L’ODP est un indice permettant de caractériser la participation de la molécule àl’appauvrissement de la couche d’ozone. Il est calculé par rapport à une moléculede référence (CFC11) auquel on attribue un indice de 1.

Page 29: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 29

Le rayonnement solairede forte énergie casse

la molécule de CFC

Cl

Cl

ClF

Cl Cl

Cl

ClF

Cl

Cl O

OO

Un atome de chloreest libéré

L'atome de chlore entreen collision avec

la molécule d'ozone

Cl

O

OO

Une molécule de monoxyde de chlore est formée

Cl

OO

Un atome d'oxygène entreen collision avec la

molécule de monoxyde dechlore

O

O

Cl

Une molécule de dioxygènes'est formée et l'atome de chlore est à nouveau libre

pour détruire une autremolécule d'ozone

FIGURE 2.3 – La molécule de chlore est un catalyseur d’une réaction de dégrada-tion de l’ozone

Le tableau (4.1) présente la valeur de l’ODP (Ozone Depletion Potential) dechacun.

2.2 Protocole de Montréal

Le protocole de Montréal est un traité international relatif à des substances quiappauvrissent la couche d’ozone et qui réglemente la production et la consomma-tion des substances appauvrissant la couche d’ozone. Il a été signé en septembre1987 et mis en vigueur en 1989. Il a été précédé de la Convention de Vienneen 1985 qui encourageait la coopération intergouvernementale en matière de re-cherche, d’observation systématique de la couche d’ozone,de surveillance de laproduction de CFC, et d’échange de renseignements.

Suite à la découverte du trou d’ozone de l’Antarctique, fin 1985, les gouver-nements ont reconnu la nécessité de prendre des mesures plusvigoureuses pourdiminuer la production et la consommation d’un certain nombre de CFC (CFC 11,12, 113, 114, et 115), ainsi que de plusieurs halons (1211, 1301, 2402) ainsi queles HCFC (notamment le R22, le R123, le R141b et le R142b parmiles fluides uti-lisés alors en génie frigorifique). Le Protocole de Montréalrelatif à des substances

Page 30: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 30

Moyenne des mesures en Octobre

Uni

tés

Dob

son

Année

FIGURE 2.4 – Evolution de l’épaisseur de la couche d’ozone au dessusde l’An-tarctique mesurée au sol et par satellite

qui appauvrissent la couche d’ozone a finalement été arrêté le 16 septembre 1987au Siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale à Montréal. Le Pro-tocole est entré en vigueur à la date prévue, le 1er janvier 1989, après avoir étératifié par 29 pays et la Communauté économique européenne. Depuis de nom-breux autres pays ont rejoint leurs rangs. Le Protocole a étéconçu de manièreà ce que le calendrier d’élimination puisse faire l’objet derévisions, en fonctiond’évaluations scientifiques et techniques régulières. C’est à la suite de telles éva-luations que le Protocole a été modifié afin d’accélérer le rythme des éliminations.Il a également été amendé afin d’introduire de nouveaux typesde réglementations

FIGURE 2.5 – Evolution du trou de la couche d’ozone au dessus de l’Antarctique.http ://eospso.gsfc.nasa.gov

Page 31: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 31

et pour ajouter de nouvelles substances réglementées à la liste.Il a depuis été ratifié par plus de 180 pays et a été amendé 4 fois:– à Londres en 1990 ou l’on y a inclus des CFC supplémentaires (CFC 13,

111, 112, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217) ainsi que deux solvants (letétrachlorure de carbone et le méthyle chloroforme). La production et laconsommation de CFC pour les pays de l’article 2 ont été interdits à partirdu 1er janvier 1996

– à Copenhague en 1992, où ont été ajouté le bromure de méthyle, les HBFC,et lesHCFC. Un gel de la production de HCFC ainsi qu’un calendrier deréduction progressive de la consommation de HCFC ont été misen place.

– à Montréal en 1997– à Pékin en 1999.En ce qui concerne les CFC, les pays ratifiant le Protocole se sont engagés

notamment à réduire, avant la fin des années 1990, leur consommation de 50 %par rapport aux niveaux de 1989 et à 0 % en 1996. En ce qui concerne les HCFC,les pays déterminent un calendrier de réduction progressive de la consommationjusqu’en 2030 (figure 2.6). Des règles moins exigeantes ont été établies pour lespays en voie de développement afin de ne pas trop freiner leur croissance éco-nomique. Le protocole demande aux Etats de favoriser les actions de recherche,développement et sensibilisation du public visant à améliorer le confinement, larécupération, le recyclage ou la destruction des substances visées.

En ce qui concerne les installations frigorifiques, plusieurs fluides qui étaientalors utilisés sont concernés par ce protocole : les CFC (et notamment le R11,R12, R502) et les HCFC (notammemnt le R22).

Le R11 était essentiellement utilisé pour les refroidisseurs d’eau. Le R12 étaitprincipalement utilisé pour le froid domestique et la climatisation automobile etdans quelques autres applications. Le R502, apparu dans lesannées 70, a été déve-loppé pour remplacer le R22 dans les systèmes monoétagés quigénérait une tem-pérature de refoulement trop élevée. Il était particulièrement utilisé dans les cen-trales frigorifiques des hyper et supermarchés, mais aussi dans un certain nombred’applications industrielles et dans les transports frigorifiques.

Le R22 est un HCFC. Il comporte un atome d’hydrogène, ce qui diminue trèsfortement sa durée de vie atmosphérique (12 ans) et donc son ODP (Ozone Deple-tion Potential) est au moins 50 fois plus faible que celui du R12. C’est pourquoil’utilisation est encore possible maintenant dans les installations anciennes. Cefluide était devenu à partir des années 60 le fluide frigorigène le plus vendu carutilisé dans le froid alimentaire comme dans la climatisation air/air, mais aussidans les installations industrielles, dans les transportsfrigorifiques. C’est le fluide

Page 32: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 32

% d

e la

con

som

mat

ion

de H

CF

C d

e 19

89

Année

0

20

40

60

80

100

120

1990 1995 2000 2005 2010 2020 20252015 2030 2035 2040 2045

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

xxxxx

100%

65%

35%

10%

0,5% 0%

à partir de 1996

FIGURE 2.6 – Calendrier de réduction de la consommation de HCFC fixé par leprotocole de Montréal

qui est le plus difficile à remplacer car les fluides de substitution n’ont pas la mêmeefficacité ni tout à fait les mêmes caractéristiques.

2.3 Règlement européen 2037/2000/CE du 29/06/2000

Pour mettre en oeuvre le protocole de Montréalet tenir ses engagements,l’Europe a établi le réglement 2037/2000 relatif aux substances appauvrissant lacouche d’ozone. Il existait déjà un règlement (3083/94) relatif à ces substances quiavait établi l’arrêt de production des CFC, mais qui ne prévoyait pas la limitationde la production des HCFC. Ce nouveau réglement précise notamment que :

– en ce qui concerne les CFC, la production est interdite– en ce qui concerne les HCFC, l’objectif fixé pour chaque étateuropéen est :

1. de 2000 à 2008, de limiter la production à 100 % de la production de1997

2. de 2008 à 2014, à 35 %

Page 33: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 33

3. de 2014 à 2020, 20 %

4. de 2020 à 2025, 15%

5. au delà de 2025, 0 %

% d

e la

con

som

mat

ion

de H

CF

C d

e 19

97

Année

0

20

40

60

80

100

120

1990 1995 2000 2005 2010 2020 20252015 2030 2035 2040 2045

100%

65%

35%

20%15%

0%

à partir de 1997

FIGURE 2.7 – Calendrier de réduction de la consommation de HCFC fixé parl’Europe dans le règlement 2037/2000 (et en grisé par Montréal)

Comme on peut le voir dans la figure 2.7, ce calendrier veille simplement à res-pecter le protocole de Montréal et reste modéré dans son application. Par contre,les limites pour la mise sur le marché des HCFC sont finalementbeaucoup plusrestrictives. En effet, ce réglement précise également lesquantités pouvant êtremises sur le marché par les producteurs (qui sont différentes des quantités pro-duites, ceci étant principalement dû aux stocks et aux importations). L’essentiel àretenir est que, d’après ce réglement, la mise sur le marché de HCFC est interditeaprès le 31 décembre 2009.

Les calendriers présentés jusqu’ici ne concernaient que les producteurs. Le ré-glement définit également un certain nombre de points concernant les utilisateurs :

– interdiction d’utiliser les HCFC dans les aérosols et en tant que solvants

Page 34: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 34

– interdiction d’utiliser les HCFC dans les réfrigérateurs/congélateurs aprèsle 31/12/1995

– interdiction d’utiliser les HCFC dans les groupes frigorifiques de clima-tisation pour véhicules (automobiles, camions, tracteursetc...) à partir du31/12/2008

– interdiction d’utiliser des HCFC depuis le 1/1/2001 pour un équipementfrigorifique au-dessus de 100 kW fabriqué après le 31/12/2000

– depuis le 1/7/2002 pour les équipements en dessous de 100 kWde puissancefrigorifique fabriqué après le 30/06/2002

– depuis le 1/1/2004 pour les pompes à chaleur/climatisations réversibles :– le remplissage d’installations existantes pour maintenance et entretien sera

interdit avec des HCFC vierges à partir du 1/1/2010 et avec des HCFC re-cyclés à partir du 1/1/2015

Le réglement définit également des mesures concernant l’utilisation de cesréfrigérants dans les mousses d’isolation (à retenir que dans tous les cas, cetteutilisation est interdite à partir de 2004).

Ce réglement fait également état de l’obligation derécupérer les substancesréglementées pour destruction, et ceci pour tous les équipements frigorifiques (àpartir du 31/12/2001 pour les réfrigérateurs et congélateurs).

Il impose également uncontrôle annuelde la présence de fuites pour tous leséquipements frigorifiques contenant plus de 3 kg de fluide, etceci par un personnelqualifié. Cette dernière mesure est en fait peu appliquée encore actuellement.

Il impose aux producteurs, aux importateurs et exportateurs de substances decommuniquer annuellement un ensemble de données concernant la production,les importations, la mise sur le marché, le recyclage et les stocks.

Le principal fluide frigorigène HCFC concerné par ce règlement est le R22(CHF2Cl).

2.4 Réglementation française : Décret du 07/12/1992modifié en 98

Ce décret a été promulgué suite au protocole de Montréal et auréglementeuropéen 594/91 (antérieur au 2037/2000 présenté dans le paragraphe précédent).Il établit un certain nombre de règles pour l’usage des fluides frigorigènes CFC,HCFC et HFC pour les installations utilisant plus de 2 kg de fluide :

– tout dégazage dans l’atmosphère de ces fluides est interdit

Page 35: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 2. PRÉSERVER LA COUCHE D’OZONE 35

– la récupération lors des opérations de vidange et d’entretien est obligatoire– tous les emballages contenant ces fluides doivent permettre la récupération

des fluides résiduels– pour chaque opération concernant ces fluides, une fiche d’intervention doit

être établie, indiquant la date et la nature de l’intervention, la nature et levolume du fluide récupéré et/ou réintroduit

– comme dans le réglement européen, il est stipulé qu’une visite annuellede contrôle d’étanchéité est obligatoire par une entreprise qualifiée (cettequalification est précisée dans des décrets suivants)

– tout contrevenant est puni d’une amende pour une contravention de 5èmeclasse (on passe devant les tribunaux, amende au moins supérieure à 1500euros)

L’arrêté du 10 février 1993 précise la qualification et les diplômes demandéeaux entreprises et personnels chargés de faire le contrôle d’étanchéité.

L’arrêté du 12 janvier 2000 précise les modalités de ce contrôle (appareils,procédures, marquage des installations).

Page 36: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

Chapitre 3

Limiter le réchauffement planétaire

36

Page 37: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 37

3.1 Froid et effet de serre

L’atmosphère retient en partie la chaleur que lui apporte lesoleil (figure 3.1).Sans cet effet, la température au sol serait en moyenne de -15°C. Ceci est dû à

FIGURE 3.1 – Mécanisme de l’effet de serre

un certain nombre de gaz présents dans l’atmosphère dits "à effet de serre". Parmices gaz, le plus important en quantité est leCO2.

Ces gaz sont naturellement peu abondants, mais les activités humaines, et no-tamment par exemple la combustion de pétrole, charbon et gazintensifient leursémissio depuis deux siècles. Selon le troisième rapport d’évaluation du GIEC (Na-tions Unies) :

– la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère atteint des niveauxjamais enregistrés depuis 420 000 ans

– la vitesse d’évolution de cette concentration est la plus rapide jamais enre-gistrée depuis 20 000 ans

Les conséquences attendues sont :– un réchauffement global d’ici 2100 compris entre 1,4 °C et 5,8 °C– des vagues de chaleurs plus longues et plus intenses– des précipitations de plus en plus intenses et de plus en plus variables– une élévation du niveau des océans (3 °C de plus devraient mener à une

élévation de 5m)Certains effets sont déjà visibles, et notamment en France :retrait des glaciers,

Page 38: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 38

modifications des écosystèmes (floraisons, migrations, périodes de végétation),évolutions des phénomènes agricoles (dates de récolte, conditions hydriques).

Les réfrigérants HFC sont un effet de serre assez important.Comme pour l’ef-fet vis à vis de la couche d’ozone, un indice a été établi afin decaractériser laparticipation de la molécule à l’effet de serre : c’est le GWP(Global WarmingPotential). Il est calculé pour une durée déterminée ( 20 , 100 ,500 ans...) et parrapport à une molécule de référence (C02, CFC 11..) à laquelle on attribue unGWP égal à 1.

Le tableau 4.1 présente la valeur du GWP pour la plupart des gaz réfrigérants.

3.2 Protocole de Kyoto

La conférence des Parties de Kyoto (1997) est un premier pas afin de limiter lesconcentrations atmosphériques de gaz à effet de serre à un niveau non dangereuxpour l’humanité. Elle assigne aux pays industrialisés un objectif de réduction de5,5 % en moyenne pour la période 2008/2012.

L’Europe s’est engagée, elle, à réduire ses émissions de gazà effet de serre(GES) de 8 % entre 2008 et 2012 sur la base de 1990. Ceci est une valeur moyennepour la Communauté Européenne et chaque état a des objectifspropres (tableau3.1).

Les gaz à effet de serre sont principalement le gaz carbonique (C02) pour 53% , le méthane (CH4) pour 17 %, l’oxyde d’azote (N2O) pour 5 %, le perfluoro-carbone (PFC), le hexafluorure de soufre (SF6) et les HFC.

FIGURE 3.2 – Gaz contribuant à l’effet de serre

Page 39: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 39

Pays Accord de réduction 1990/2008(ou d’accroissement)

Luxembourg -27 %Allemagne -21 %Autriche -13 %Royaume-Uni -12,5 %Belgique -7,5 %Italie -6,5 %Pays-Bas -6 %France 0 %Finlande 0 %Suède +4 %Irlande +13 %Espagne +15 %Grèce +25 %Portugal +27 %

TABLE 3.1 – Engagement des Pays d’Europe à réduire leurs émissionsde gaz àeffet de serre

L’impact sur l’effet de serre d’un gaz est donné par sonGWP (Global War-ming Potential). Il représente la quantité deCO2 ayant le même impact qu’un kilode ce gaz.

Le GWP (Global Warming Potential) ou PRP (Potentiel de réchauffement pla-nétaire) d’un mélange de fluides se calcule à partir des GWP etdes fractions enmasse (xi) de chacun des fluides qui le compose :

GWPmelange= ∑i(xi% ·GWPi) (3.1)

A noter : L’élimination des CFC par le protocole de Montréal a permisderéduire indirectement de façon significative l’impact sur l’effet de serre des instal-latoins frigorifiques. En 1990 les CFC représentaient 25 % des émissions globalesde GES. En 2002 les émissions dues à l’utilisation des HFC ne représentaient plusque 0,5 % des émissions globales de tous les GES.

Page 40: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 40

3.3 Réglement européen 842/2006 relatif à certainsgaz à effet de serre fluorés (F-Gas)

Cette directive du 17/05/2006 concernant les émissions provenant des sys-tèmes de climatisations d’automobiles et Règlement du 17/05/2006 relatif à cer-tains gaz à effet de serre fluorés. Le règlement n° 842/2006 s’appliquera au4juillet 2007 à tous les GES fluorés contenus dans les équipements de froid,clima-tisation, pompe à chaleur et matériels de lutte incendie lorsque ces équipementssont fixes. Elle est présentée ici plus en détail car c’est le réglement le plus récentet qui sera appliqué dès 2007.

On retrouve dans ce réglement de nombreux points déjà vus dans le règle-ment 2037/2000, mais cette fois pour toute installation contenant des HFC. Ence qui concerne le confinement, il est demandé de prendre toutes les dispositionsnécessaires afin d’éviter les fuites de fluide. En particulier, le contrôle de l’étan-chéité des installations par des personnels certifiés est obligatoire et périodique(voir tableau 3.2).

Installation contenant Un mois Tous les Tous les Tous lesaprès réparation 3 mois 6 mois 12 mois

A ≥ 3 kgou≥ 6 kg et hermétique X X

B ≥ 30 kg X X

C≥ 300 kg X X

TABLE 3.2 – Fréquence des contrôles d’étanchéité

Si un système de détection des fuites est mis en place pour un système conte-nant plus de 30 kg de fluide, la fréquence des contrôles périodiques estdiviséepar deux (tous les 12 mois pour les systèmes de plus de 30 kg).

Tout exploitant d’installations frigorifique plus de 3 kg defluide doit tenirun registre où sont consignés la quantité et le type de gaz installé, les quantitésajoutées et récupérées ainsi que le nom des entreprises et techniciens intervenant.

Des détecteurs de fuitedoivent être installés pour les installations dont lacharge est supérieure à 300kg. Ces détecteurs doivent être vérifiés tous les 12mois.

Tout exploitant d’installation doit mettre en oeuvre des moyens derécupéra-tion de fluide, ceci en ayant recours pour la plupart à une entreprise certifiée. Il enest de même des conteneurs de fluide (bouteilles, etc..)

Page 41: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 41

Les intervenants sur les installations contenant plus de 3kg doivent tenir unregistre dans lequel sont notés tous les ajouts et manipulations des fluides à effetde serre, en notant la date, la quantité, le type de fluide, et toutes les informationsconcernant l’entreprise et le technicien qui a effectué cesopérations. Ces registresdoivent être présentés en cas de contrôle.

Une nouveauté : le réglement stipule quel’étiquetage pour tout équipementcontenant un gaz fluoré (dont les HFC) est obligatoire. Cetteétiquette doit indi-quer le type du fluide utilisé et la quantité.

L’usage de HFC dans les mousses et aérosols, ainsi que dans des conteneursnon équipés pour la récupération sera interdit à partir de juillet 2007.

Enfin, le règlement F-Gas européen Nr842/2006 impose des conditions tech-niques de qualification minimales pour toute entreprise dont le personnel mani-pule des fluides frigorigènes. La manipulation de ces fluidesfrigorigénes (CFC- HCFC - HFC) nécessite donc désormais des compétences techniques et desconnaissances réglementaires.

3.3.1 Directive 2006/40 concernant les systèmes de climatisa-tion de véhicules à moteur

Les systèmes de climatisation utilisés pour les véhicules àmoteur (automo-biles, camions, etc...) font l’objet d’une réglementationparticulière. Ces systèmesutilisent actuellement pour une grande majorité le R134a, fluide ayant un GWP de1300. Cette directive introduit la notion de limite de GWP à ne pas dépasser pources installations (150). Ceci exclut à terme le R134a.

A retenir de cette directive : à partir du 1er janvier 2011, ilne sera plus possiblede faire immatriculer un véhicule utilisant un fluide dont leGWP est supérieur à150.

Les principales autres règles à retenir, communes au réglement 842/2006,sont :

– Pour pouvoir effectuer une opération de maintenance portant sur les fluidesfrigorigènes, l’opérateur doit avoir obtenu une attestation de capacité par unorganisme agréé par l’état

– Tout dégazage dans l’atmosphère de CFC, HCHC ou HFC est interdit– Les installations contenant plus de 2 kg doivent faire l’objet d’un contrôle

d’étanchéité annuel– La recharge d’un système présentant un défaut d’étanchéité est interdite– L’opérateur doit renseigner un registre décrivant les interventions, quantité,

Page 42: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 42

nature des fluides...– La récupération et le recyclage est obligatoire

3.4 Décret français 737/2007

Les décrets français ajoutent ou précisent certains pointsdes réglements eu-ropéens. Entre la règle européenne et la règle française, laplus stricte s’applique.C’est le cas du décret français 737/2007 qui précise et ajoute certaines règles duréglement européen 842/2006.

Ce décret précise entre autres les conditions du contrôle par audit de la quali-fication et la compétence des opérateurs, impose la vente de fluide qu’aux opéra-teurs ayant une attestation de capacité, l’interdiction totale de dégazage et l’obli-gation de réparation immédiate de fuite, le contrôle de fuite des équipements deplus de2 kg (et non plus 3 kg pour le réglement européen), l’obligation de décla-ration annuelle des utilisations de fluide, l’obligation demarquage des appareilset installations et d’un carnet d’entretien.

Comme le règlement F-Gas européen N 842/2006, le décret français 737/2007imposent des conditions techniques de qualification minimales pour toute entre-prise dont le personnel manipule des fluides frigorigènes (CFC - HCFC - HFC).Cette entreprise doit être préalablement inscrite en préfecture, et à compter du4/07/2008 demander une attestation de capacité à un des organismes agréés parles Ministères de l’Ecologie et de l’Industrie.

3.5 TEWI

L’analyse de l’impact des installations frigorifiques sur l’effet de serre montrentqu’il faut prendre en compte deux contributions : les émissions de CO2 associées àla consommation d’énergie et les émissions directes de fluide frigorigène à l’atmo-sphère. Le concept deTEWI a été introduit pour prendre ces éléments en compte.La formule 3.2 permet de calculer les différentes contributions.

TEWI= (GWP·mi ·de)n︸ ︷︷ ︸

Fuites

+ GWP·mi (1−dr)︸ ︷︷ ︸

Emissions en f in de vie︸ ︷︷ ︸

E f f et direct

+ (E ·b)t ·n︸ ︷︷ ︸

E f f et indirect

(3.2)

avec

TEWI : kg de CO2 produit pendant la durée de vie de l’équipement

Page 43: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 3. LIMITER LE RÉCHAUFFEMENT PLANÉTAIRE 43

GWP : kg de CO2 équivalent au rejet d’1 kg de fluide

mi : charge initiale de fluide frigorigène (kg)

de : taux d’émission annuel (kg de fluide émis/kg de charge initiale)

n : durée de vie de l’installation (an)

dr : efficacité de récupération lors de la mise au rebut (kg de fluide récupéré/chargeinitiale)

E : consommation journalière d’électricité (kWh / 24 h)

b : émission de CO2 par kWh d’énergie électrique produite (kg CO2/kWh)

t : nombre de jours de fonctionnement annuel (jours/an)

Le paramètreb dépend beaucoup du moyen utilisé pour la production del’électricité, et ceci est très différent d’un pays à l’autre. Par exemple, en Francela valeur moyenne en 1998 est de 95 g équivalentCO2/kWhalors que la valeurmoyenne européenne est de 460 g équivalentCO2/kWh(2003).

Selon l’Institut International du Froid, la part due à la contribution directe estde 75 % en moyenne contre 25 % pour l’effet direct.

Page 44: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

Chapitre 4

Les fluides frigorigènes

44

Page 45: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 45

4.1 Critères de choix d’un fluide frigorigène

Le choix d’un fluide se fait en fonction de ses propriétés thermophysiques,mais également en fonction d’autres critères tels que des critères technologiques,des critères de sécurité et notamment son action sur l’homme, son impact surl’environnement, son coût :

principaux critères thermodynamiques – la fonction température-pression : oncherche en général à utiliser des fluides dont la pression reste toujours su-périeure à la pression atmosphérique afin d’éviter toute possibilité d’en-trer de l’air (et donc également de la vapeur d’eau) dans le circuit

– la production frigorifique volumétrique : le rapport entrela productionfrigorifique et le débit volumétrique devrait être le plus élevé possible.Ceci permet de réduire la taille des différents éléments de l’installation etnotamment le compresseur

– la température de refoulement à la sortie du compresseur est égalementun critère important. On évite d’avoir des températures supérieures à 150°C pour éviter de dégrader le comportement lubrifiant de l’huile.

– la pression (température) critique : au delà de cette pression le fluiden’existe plus à l’état liquide. Il est donc souhaitable de travailler sous cettepression, même s’il est possible de réaliser des cycles transcritiques. Demanière générale, on cherche à avoir la pression de condensation qui sesitue entre 50 et 85 % de la pression critique et la pression d’évaporationentre 5 et 15 %.

principaux critères de sécurité – la toxicité– l’inflammabilité

critères techniques – Température de refoulement à la sortie du compresseur– action du fluide sur les matériaux et sur l’huile de lubrification– efficacité des échanges thermiques– facilité de détection des fuites...

Critères économiques– prix du frigorigène– prix des composants de l’installation imposés par la nature du fluide

Critères environnementaux contribution du fluide à la destruction de la couched’ozone ou à l’effet de serre (à prendre en compte de toute façon puisqueliés à la législation)

Page 46: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 46

4.1.1 Dénomination des fluides Rxyz

La codification Rxyz des fluides suit des règles précises et permet dans laplupart des cas de déduire la nature et même la formule chimique du fluide :

x – pour 0<x<3 le nombre d’atomes de carbone -1– pour x=4 mélanges zéotropiques– pour x=5 mélanges azéotropiques– pour x=6 composés organiques– pour x=7 composés inorganiques

y – pour 0<x<3 le nombre d’atomes d’hydrogène +1– pour x=4 ou 5 yz code composition du mélange, avec lettre capitale– pour x=6 y=0 pour hydrocarbones, 1 pour composés avec oxygène, 2

pour composés sulfuriques, 3 pour composés avec azote– pour x=7 yz est la masse moléculaire

z – pour 0<x<3 z est le nombre d’atomes de fluor

Chlore Le nombre d’atomes de chlore peut être obtenu en soustrayantle nombred’atomes pouvant être connectés à l’atome de carbone :– 4 pour les dérivés du méthane (CH4)– 6 pour les dérivés de l’éthane (C2H6)– etc...

4.1.2 Principaux fluides frigorigènes

Les caractéristiques des principaux fluides utilisés actuellement sont présentésdans le tableau 4.1.

Les fluides dits " naturels "– Propane, isobutane (R-600A)– CO2 (R-744)– Ammoniac (R-717)

Principalement utilisés au début du 20ème siècle, ces fluides ont pour la plupartété remis en cause du fait de leur dangerosité : toxicité ou inflammabilité. Cesfluides sont principalement utilisés en industrie. L’utilisation de l’ammoniac a étéréduite au froid agroalimentaire de grande puissance. Ils sont également utilisésquand les charges de fluides frigorigènes sont faibles (isobutane dans les appareilsménagers par exemple).

Page 47: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 47

De manière générale, les hydrocarbures sont interdits d’utilisation dans lesimmeubles recevant du public (arrêté du 14 février 2000).

Cas particulier du CO2 Les limites d’usage duCO2 proviennent de sa tem-pérature critique relativement basse (31 °C), ce qui implique la conception desystèmes fonctionnant selon un cycle transcritique (figure). Ce cycle induit des

Pression

Enthalpie

Point critique

gaz

gaz+liquideliquide

gaz

FIGURE 4.1 – Cycle transcritique

fonctionnements à très haute pression et le développement de composants ad hoc.La pression correspondant à la température de 2 °C est de 36 bar et les pressionstypiques au refoulement du compresseur se situent entre 90 et 140 bar. Historique-ment le CO2 était utilisé avant les CFC et dès que ces fluides ont été introduits, il aprogressivement disparu des applications frigorifiques. Il est actuellement l’objetd’un regain d’attention, car c’est un fluide ayant finalementpeu d’action sur lacouche d’ozone (GWP=1 !).

Les fluides chlorés et fluorés de 1ère et 2ème générationDéveloppés dans lesannées 1930 pour remplacer les fluides inflammables (dérivésde la molécule deméthane), les CFC (chlorofluorocarbures) et HCFC (hydrochlorofluorocarbures)sont aujourd’hui proscrits car ils sont dangereux pour la couche d’ozone.

Page 48: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 48

– CFC (R-11, R-12...) : composés chimiques formés de carbone, chlore etfluor.

– HCFC (R-502, R-22...) : composés chimiques formés de carbone, chlore,fluor, hydrogène.

Les fluides fluorés de 3ème générationDéveloppés ces dernières années, cesfluides HFC (hydrofluorocarbures tels que le R-134A, R-32, R-125,R-143A, R-404A, R-407C, R410A...) ont l’avantage de ne pas être dangereux pour la couched’ozone, mais ils contribuent à l’effet de serre. Les principales applications sont :

– R-404A : procédés agroalimentaires, transports frigorifiques, refroidisseursd’eau, froid commercial.

– R-134A : froid domestique et commercial, conteneurs frigorifiques, clima-tisation embarquée.

– R-410A : transports frigorifiques, groupes refroidisseurs d’eau, climatisa-tion air/air.

– R-407C : groupes refroidisseurs d’eau, climatisation air/air.

4.2 L’ammoniac : un fluide très réglementé

L’ammoniac est un produit naturel, très répandu dans la nature, nécessaire àla vie et sans influence sur la couche d’ozone, ni sur l’effet de serre. Par contresa toxicité rend son utilisation dangereuse. L’odorat humain permet heureusementune détection de l’ammoniac dans l’air à des concentrationstrès faibles (3 à 5ppm) bien inférieure au seuil de toxicité.

4.2.1 Risques

Dans les conditions ordinaires de température et de pression, il se présentesous forme de gaz incolore, beaucoup plus léger que l’air.

L’ammoniac est un gaz irritant pour les muqueuses : conjonctive (partie quirecouvre l’intérieur des paupières et la surface de l’oeil jusqu’à la cornée), mu-queuse nasale et pharynx. Sur la peau, l’ammoniac peut causer des brûlures duesà son pouvoir caustique ou dues à l’action du froid, on parle alors de brûluresfroides (l’ammoniac contenu dans les installations de réfrigération se trouvant gé-néralement à des températures très négatives (de 0 ˚C à -40 ˚C)).

L’ammoniac qui est parfaitement soluble dans l’eau peut présenter, en cas defuite importante, un risque pour la faune et la flore, et notamment pour les poissons

Page 49: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 49

de rivière qui sont très sensibles à tout changement qualitatif de leurs milieux.Le gaz ammoniac brûle difficilement dans l’air, mais peut, dans le cas notam-

ment des espaces clos, être suffisamment concentré pour exploser. On considèreque l’ammoniac est explosible à partir de concentration volumique comprise entre16 et 25

4.2.2 Réglementation

Les installations à l’ammoniac sont soumises à la loi 76-663du 19 juillet 1976relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).Cette loi définit deux grandes catégories d’installation :

les installations soumises à déclarationCe sont les plus nombreuses. Elles né-cessitent de déposer un dossier de demande auprès de M. le Préfet. Il n’ apas d’étude d’impact demandée

les installations soumises à autorisationUn dossier de demande doit être égale-ment déposé auprès du Préfet, mais il est plus complexe. Il doit notammentcomporter des études qui visent à prévenir les risques, une étude d’impactécologique, une notice concernant l’hygiène et la sécuritédu personnel. Cedossier doit être déposé en même temps que le permis de construire.

Ainsi, les installations de réfrigération utilisant l’ammoniac comme fluide fri-gorigène sont soumises à cette réglementation quand :

– la quantité d’ammoniac utilisée pour produire du froid estsupérieure à 150kg (déclaration), le seuil de l’autorisation étant de1,5 tonnes

– la puissance des machines utilisées pour produire le froidest supérieure à20 kW (déclaration), le seuil de l’autorisation étant de300 kW

Les salles des machines qui abritent la plupart des équipements contenant del’ammoniac doivent disposer d’un système (désenfumoire) permettant d’évacuerla fumée qui s’y accumulerait en cas d’incendie. Ces sytèmesdoivent pouvoir ex-traire les fumées pour évacuer l’ammoniac en cas de fuite (débit d’extraction...) etd’autre part être compatible avec l’extracteur lui même (emplacement, résistanceà la chaleur...).

L’installation doit bien sûr être équipée de moyens de détection et de lutteconcernant l’incendieet une fuite d’ammoniac.

Les installations utilisant de l’ammoniac comme fluide frigorigène disposentd’un certain nombre devannesconcentrées principalement dans la salle des ma-chines, et qui permettent d’isoler l’ammoniac pour notamment éviter qu’en cas defuite une trop grosse quantité ne soit rejetée. Ces vannes doivent être accessibles

Page 50: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 50

en toutes circonstances et le sens de fermeture de celles-cidoit être clairementindiqué.

L’ammoniac étant un produit dangereux pour la faune et la flore, et notammentpour le milieu aquatique, la prévention de lapollution des eauxest un des enjeuxdes installations utilisant l’ammoniac. Plusieurs mesures sont ainsi imposées auxexploitants :

– les installations doivent être associées à une rétention étanche et suffisam-ment dimensionnée, pour récupérer les fuites éventuelles

– l’exploitant ne peut rejeter l’eau qu’il utilise qu’aprèsavoir vérifié qu’ellen’était pas chargée en ammoniac

– l’exploitant doit réaliser des contrôles de ses rejets au moins une fois par anL’exploitant doit posséder desplans completset à jour de ses réseaux d’eau,

des installations de réfrigération et de l’implantation des détecteurs ammoniac etincendie. Ils permettent de s’assurer de la présence d’organes de sécurité sur lesinstallations de réfrigération. Ils permettent égalementde vérifier que les réseauxd’eau sont bien de type séparatif.

Enfin les installations à l’ammoniac sont soumises comme lesautres installa-tions à la réglementation des équipements sous pression.

Page 51: Froid et Environnement · La désorption d’un gaz d’un solide est utilisée dans le cycle à adsorption et la désorption d’un gaz d’un liquide dans le cycle à absorption

CHAPITRE 4. LES FLUIDES FRIGORIGÈNES 51

Nom Formule T normale T critique ODP GWPd’ébullition

CFCR11 CCl3F 23.8 198 1 4 000R12 CCl2F2 -29.8 111.8 0.9 8 500R115 CClF2CF3 -39.1 79.9 0.4 9 300R502 R22/R115 -45.4 82.2 0.229 5 590

(48,8/51,2)

HCFCR22 CHClF2 -40.8 96.2 0.05 1 700R123 CHF2CF3 27.9 183.7 0.02 93R141b CH3CCl2F 32.2 204.4 0.1 630R142b CH3CClF2 -9.8 137.2 0.066 2000

HFCR32 CH2F2 -51.7 78.2 0 650R125 CHF2FCF3 -48.1 66.3 0 2800R134a CH2FCF3 -26.1 101.1 0 1300R143a CH3CF3 -47.2 73.6 0 3800

Mélanges de HFCR404A R125/143a/134a -46.5 72.1 0 3260

(44/52/4)R407C R32/125/134a -43.6 87.3 0 1530

(23/25/52)R410A R32/125 -51.4 84.9 0 1730

(50/50)

HydrocarburesR290 (propane) CH3CH2CH3 -42.1 96.8 0 <10R600 (butane) CH3CH2CH2CH3 -0.5 152 0 <10R600a (isobutane) CH(CH3)2−CH3 -11.8 135 0 <10

Composés inorganiquesR717 (ammoniac) NH3 -33.3 133 0 <1R744 (gaz carbonique) CO2 -78.4 31.1 0 1

TABLE 4.1 – Caractéristiques des principaux fluides frigorigènes