france pittoresque ou description pittoresque, topographique et statistique des départements t.3...

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Ouvrage patrimonial de la Bibliothèque numérique Manioc. Université des Antilles et de la Guyane, Service commun de la documentation. Conseil Général de la Martinique, Bibliothèque Schœlcher.

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  • FRANCE PITTORESQUE ou

    DESCRIPTION PITTORESQUE, TOPOGRAPHIQUE ET STATISTIQUE

    DES DPARTEMENTS ET COLONIES DE LA FRANCE OFFRANT EN RSUM,

    POUR CHAQUE DPARTEMENT ET COLONIE.

    L'HISTOIRE, LES ANTIQUITS, LA TOPOGRAPHIE, LA MTOROLOGIE, L'HISTOIRE NATURELLE, LA DIVISION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE, LA DESCRIPTION GNRALE ET PITTORESQUE DU PAYS,

    LA DESCRIPTION PARTICULIRE DES VILLES, BOURGS, COMMUNES ET CHATEAUX, CELLE DES MOEURS, COUTUMES ET COSTUMES, ETC. ;

    AVEC DES NOTES SUR LES LANGUES, IDIOMES, ET PATOIS, SUR L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET LA BIBLIOGRAPHIE LOCALE,

    SUR LES HOMMES CLBRES, ETC.;

    ET DES RENSEIGNEMENTS STATISTIQUES SUR LA POPULATION , L'INDUSTRIE, LE COMMERCE, L'AGRICULTURE, LA RICHESSE TERRITORIALE, LES IMPTS . ETC., ETC.

    ACCOMPAGNE DE LA

    STATISTIQUE GNRALE DE LA FRANCE SOUS LE RAPPORT POLITIQUE, MILITAIRE, JUDICIAIRE, FINANCIER, MORAL, MDICAL, AGRICOLE, INDUSTRIEL ET COMMERCIAL.

    PAR A. HUGO, ANCIEN OFFICIER D'TAT-MAJOR , MEMBRE DE PLUSIEURS SOCITS SAVANTES ET LITTRAIRES ,

    AUTEUR DE L'HISTOIRE DE NAPOLON.

    TOME TROISIME.

    A PARIS, CHEZ DELLOYE, DITEUR DE LA FRANCE MILITAIRE,

    PLAGE DE LA BOURSE, RUE DES FILLES-SAINT-THOMAS 13;

    ET AU DPT CENTRAL DE LA LIBRAIRIE, RUE DES FILLES-SAINT-THOMAS, 5.

    1835 MANIOC.orgBibliothque Schoelcher

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    Ville de Pointe--Pitre

  • PARIS. IMPRIMERIE ET FONDERIE DE RIGNOUX ET Ce, RUE DES FRANCS-BOURGEOIS-S.-MICHEL, 8.

  • TABLE DES MATIRES CONTENUES DANS LE TROISIME ET DERNIER VOLUME.

    La France pittoresque est rdige sur un plan uniforme qui permet la comparaison des dpartements entre eux et rend facile l'examen de leurs richesses industrielles et agricoles , ainsi que de leurs curiosits naturelles. Les divisions gnrales que l'auteur a adoptes pour chaque dpartement, sont : Histoire. Antiquits. Murs, caractre, etc. Costumes. Langage. Notes biographiques. Topographie : situation , tendue , sol, montagnes, forts, lacs, tangs, rivires, canaux , routes , etc. Mtorologie: climat, vents, maladies. Histoire naturelle : rgne animal, rgne vgtal, rgne minral, etc. Curiosits naturelles. Villes, bourgs , chteaux, etc. Varits. Division politique et administrative : militaire , maritime, judiciaire, religieuse, universitaire, instruction publique, socits savantes, etc. Population. Garde nationale. Impts et recettes. Dpenses dpartementales. Industrie agricole. Industrie commerciale. Douanes. Foires. Bibliographie.

    Il aurait t superflu de reproduire plusieurs fois ces divisions dans cette table. On s'est donc born y indiquer les articles rellement spciaux, les articles dtaills des descriptions des grandes villes, et les articles essentiellement diffrents qui forment la statistique des Colonies.

    PUY-DE-DME 1 Antiq. : Momie des Martres, 1. Montagnes centrales, 2. Varits : les Guittards-Pinons, 6.

    BASSES-PYRNES 9

    Les Agotacs, 2 .

    HAUTES-PYRNES 17 Cirque de Gavarnie ; Brche de Roland ; Oule de Has,

    20. Grotte de la Pez, 21.

    PYRNES-ORIENTALES 25 Bergerie royale ; Forges la Catalane, 32.

    BAS-RHIN 33

    HAUT-RHIN 41

    RHNE 49 Culture du mrier, 55. Construction en pizay, ib.

    Commerce et fabrication des soieries, 56. RHNE (LYON). . . 57

    Histoire de Lyon. Antiquits. Notes biographiques. Topographie : situation ; fondation et accroissements ; for-tifications ; quais , cours et ports ; ponts ; rues ; places ; fontaines publiques. Edifices publics. Eglises. Hpitaux. Thtres. Etablissements scientifiques. Varits. Population. Bibliographie.

    HAUTE-SANE 65 Cavernes ossements, 68. Le Frais-Puits, etc. 69.

    SANE-ET-LOIRE 81

    Varits morales et hist. Murs de Chlon au xve si-cle ; procs faits aux animaux ; prix des denres au XIIIe sicle, 82. Sobriquets ; inquisition ; habillements au xvie sicle; le fagot d'pines, 83. Les Chizerots, 86.

    SARTHE 73

    Anciens usages : le Saut des maris ; le Roi de la bague; rafrachir les fosses, 75.

    Seine 89 Topographie. Mtorologie. Histoire naturelle.

    Villes , bourgs , etc. Division politique et administrat. Population. Garde nationale. Impts et recettes. Dpenses dpartementales. Industrie agricole. Indus-trie commerciale.

    SEINE (PARIS ANCIEN) 97

    Histoire, 96. Paris au xve sicle. Aspect du vieux

    Paris. Quelques vieux monuments. Impts et revenus. Exemptions ; charges vnales. Matrises. Anciens

    mtiers. Surnoms et sobriquets. SEINE (PARIS MODERNE) 105

    Paris actuel. Salubrit.Amliorations faites. Am-liorations faire. Monuments, difices, etc.

    SEINE (PARIS. COSTUMES ET MOEURS) 113 Costumes. Usages. Murs parisiennes, Jeux,

    ftes publiques , etc. Etablissements immoraux. Va-rits. Les deux cousins.

    SEINE (PARIS. STATISTIQUE) 121

    Superficie. Etablissements d'utilit publique. Popu-lation diverses poques. Population par arrondisse-ments. Mouvement de la population. Suicides. Cholra. Recettes et dpenses.Consommation en 1791. Consommation en 1831. Dpense annuelle d'un Parisien. Voitures dans Paris. Construction d'une maison. Salubrit des maisons. Population in-dustrielle. Industrie parisienne. Personnages cl-bres.

    SEINE-INFRIEURE 129

    Le chne d'Allouville ; la Barre, 131. SEINE-INFRIEURE ( ROUEN ) 137

    Histoire. Caractre, murs, etc. Notes biographi-ques. Climat. Maladies. Antiquits. Topogra-phie. Edifices publics. Eglises, etc. Hpitaux, hospices, etc. Maisons remarquables. Etablissements scientifiques. Arrondissement et environs. Industrie commerciale. Bibliographie.

    SEINE-ET-MARNE 145

    Varits morales et hist., 150. Commerce de Provins au XIIe sicle; condition des serfs au XIIIe sicle; fte de l'ne; fte des fous; fte des innocents; danse de Saint-Quiriace; danse de Saint-Thibault; le dragon et la l-zarde; thtre du XVIe sicle ; Lieusaint et le menier Michau ; compagnies de l'arquebuse.

    SEINE-ET-OISE 153

    SEINE-ET-OISE (VERSAILLES) 161

    Histoire. Notes biographiques. Gologie. Topo-graphie. Curiosits naturelles. La ville. Le ch-teau. Parcs et jardins. Grand-Trianon. Petit-Trianon. Versailles il y a soixante ans. Population. Industrie commerciale. Voitures publiques.

    DEUX-SVRES 169

    Varits , 175 : mariages; fodalit poitevine; foires de Niort; bachelette de Chtillon ; manire de combattre des Vendens.

    SOMME 177

    Varits morales et hist. , 182 : habitants d'Amiens; Got des lettres; les sots de Ham; Notre-Dame-Brebire ; chas-seurs de canards; Varennes; le sonneur de Domart ; branle d'Authieule ; funrailles Beauquesne; les torches de Doullens.

    TARN 185

    Pastel : culture et fabrication , 192, Usine de Sabo, ib.

  • IV TABLE DES MATIRES.

    TARN-ET-GARONNE 193

    Varits, 198 : sige de Montauban ; Dragonnades. VAR 201

    Usages et jeux antiques , 206 ; bagne de Toulon , ib. VAUCLUSE 209

    Fontaine de Vaucluse, 212.

    VENDE 217

    Varits , 222 : une noce vendenne ; le refuge ; caches dans les gents; filles de la Sagesse; mtairies du Boccage ; chasse aux vipres.

    VIENNE 225

    Varits : Acadiens; ftes champtres et religieuses, 230 ; veilles et ballades ; la pipe, 231.

    HAUTE-VIENNE 233

    Varits. Murs anciennes, 238.

    VOSGES 241

    Montagnes des Vosges, 242. Varits : Ban-de-la-Roche ; Oberlin ; la famille Fleurot, 246.

    YONNE 249

    Varits morales et histor., 250 : fte des fous ; synode d'Auxerre. Murs du VIe sicle; prtres artistes; allluia ; mettre un homme hors du sicle. Grottes d'Arcy, 252. Clepsidres , 256.

    ALGER (Conqute franaise en Afrique) 257

    Histoire. Guerre d'Alger. Rsum chronologique. Produits de la conqute. Bilan de la guerre d'Alger. Antiquits. Murs et caractre. Costumes. Extraits biographiques. Topographie. Mtorologie. Histoire naturelle. Villes. Gouvernement ancien.Administra-tion actuelle. Population. Garde nationale. Recettes et dpenses. Budgets turcs et franais. Industrie agri-cole. Industrie commerciale. Bibliographie.

    SNGAL ET GORE (Colonie en Afrique) 265

    Histoire. Caractre, murs , etc. Langage. To-pographie. Mtorologie. Histoire naturelle.Villes, bourgs, escales, etc. Administration, etc. Population. Dpenses et recettes. Agriculture. Industrie. Com-merce. Bibliographie.

    ILE BOURBON (Colonie dans l'Ocan indien). . 273 Histoire. Murs , coutumes, etc. Notes biographi-

    ques. Topographie. Mtorologie. Histoire natu-relle. Villes, bourgs et quartiers. Varits. Habi-tations. Esclaves. Division politique et administrative. Population. Rgime politique. Garnison et milices.

    Dpenses et recettes. Agriculture. Industrie et commerce. Bibliographie.

    TABLISSEMENTS FRANAIS DANS L'INDE (Asie) 283 Histoire. Caractre, constitution , murs, etc. Re-

    ligion. Castes. Topographie. Villes et chefs-lieux. Mtorologie. Histoire naturelle. Varits. Jongleurs indiens. Gouvernement, administration , etc. Dpenses et recettes. Monnaies , poids et mesures. Commerce. Bibliographie.

    ANTILLES FRANAISES 289

    Note topographique. Histoire. Caractre, murs, etc. Histoire naturelle. Mtorologie. Premiers habitants. Premiers cultivateurs. Cultures coloniales. Bibliographie.

    MARTINIQUE 297

    Topographie. Notes biographiques. Histoire chro-nologique. Scne de murs coloniales. Les planteurs et les esclaves. Arrondissements, villes , quartiers. Gouvernement, administration, etc. Garnison et milices. Population. Rgime politique. Recettes et dpenses. Agriculture. Commerce. Poids et mesures. Mon-naies.

    GUADELOUPE 3 0 3

    Topographie. Notes biographiques. Histoire chro-nologique. Villes , bourgs et quartiers. Habitations , travaux, etc. Gouvernement, administration, etc. Garnison et milices. Population. Rgime politique. Recettes et dpenses. Agriculture. Commerce. Monnaies. Poids et mesures.

    DPENDANCES DE LA GUADELOUPE 388

    Marie-Galante. Les Saintes. La Dsirade. Saint-Martin.

    GUYANE FRANAISE (Amrique mridionale) 310 Topographie. Mtorologie. Histoire naturelle.

    Histoire. Indiens de la Guyane. Varits. Division. Ville , bourgs , etc. Gouvernement, administration, etc. Garnison et milices. Population. Rgime politique. Recettes et dpenses. Agriculture. Commerce. Bibliographie.

    ILES SAINT-PIERRE ET MIQUELON. TERRE-NEUVE. ... 315

    Histoire. Description. Gouvernement et adminis-tration. Recettes et dpenses. Population. Industrie et commerce.Terre - Neuve.Grandes pches.

    MADAGASCAR ET SAINTE-MARIE 317

    Histoire. Madagascar. Murs , caractre , costu-mes, etc. Rgime politique, arme, etc. Etats et pays. Sainte-Marie.

  • FRANCE PITTORESQUE.

    Dpartement du Puy-de-Dme.

    (Ci-devant Basse-Auvergne.)

    HISTOIRE

    Avant l'invasion romaine, l'Auvergne tait ha-bite par les Arverni, nation qui a laiss son nom la province: c'tait un des peuples les plus puis -sants et les plus nombreux des Gaules. Les pays soumis leur domination s'tendaient de Marseille aux Pyrnes, et vers le nord jusqu'au-del de la Loire. Les duens seuls pouyaient leur disputer la suprmatie dans les Gaules. Le gouvernement des Arverni tait une monarchie lective.

    'Lorsque Csar envahit les Gaules, les Arvcrni taient la tte d'une des grandes ligues gau-loises, dont la rivalit favorisa si puissamment les projets du conqurant. Les Arverni ne paraissent pas s'tre opposs d'abord aux progrs du gnral romain ; mais lorsque les peuples gaulois se furent levs en masse pour repousser l'invasion, ils mi-rent la tte de leur confdration un jeune Ar-vernien , Vercingentorix , qui se montra bientt le plus redoutable adversaire de Csar, et le fora lever le sige de Gergovia ; mais aprs diverses vicissitudes de fortune, Vercingentorix fut fait prisonnier dans Alise. Cet vnement dcida la soumission de toute la province, et par suite de la Gaule entire. Les Romains administrrent ce pays par des gouverneurs de leur choix; ils trai-trent avec bienveillance un peuple qu'ils esti-maient et qui, comme eux, se prtendait issu des Troyens : ils lui accordrent des privilges im-portants et y institurent un snat sur le modle de celui de Rome. En 475, les Visigoths chas-srent les Romains de l'Auvergne, eux-mmes en furent expulss par Clovis, en 507. L'Auvergne fut, vers la fin de la premire race, comprise dans le duch ou royaume d'Aquitaine , et eut des seigneurs particuliers. Lors de l'tablissement du rgime fodal, le comt d'Auvergne devint hrditaire; mais la postrit du comte Bernard s'tant teinte en 928, la seigneurie fut quelque temps viagre, puis concde des comtes de Poitiers et deToulouse.Elle redevint hrditaire en 979; ses seigneurs se constiturent vassaux des ducs de Guyenne et d'Aquitaine, et passrent ainsi sous la domination anglaise.En 1155, la province fut dispute, puis partage entre le comte Guil-laume VIII et son oncle qui l'avait d'abord usur-pe. Guillaume VIII ne conserva qu'une partie de la Limagne et de la ville de Clermont ; ses des-cendants prirent le titre de dauphins d'Auvergne: plusieurs d entre eux figurent honorablement dans notre histoire. En 1428, cette seigneurie passa par mariage dans la maison de Montpensier, une des branches de la maison de Bourbon. L'autre partie de l'Auvergne, gouverne par l'oncle de Guillaume, aussi nomm Guillaume, et qui fut le

    T. III. 1.

    neuvime comte d'Auvergne, resta ses succes-seurs jusqu' ce qu'un d'eux, Gui II, s'tant d-clar pour Richard-Cur-de-Lion, contre Philippe-Auguste, ce roi le dpouilla de son comt en 1209. Philippe rendit plus lard ce comt Guil-laume IX, mais non sans en avoir dtach plusieurs parties, dont il forma un nouveau comt d'Au-vergne, que le roi Jean rigea en duch, en faveur du duc de Berri, son fils. Ce comt rentra plus tard la couronne, puis fut de nouveau donn en apanage. Vers la fin du XIVe sicle, les deux comts passrent par mariage dans la maison de la Tour, connue depuis sous le nom de la Tour-d'Auvergne; la comtesse Anne, de cette famille, tant morte, en 1524, sans hritiers directs, lgua cette seigneurie sa nice, Catherine de Mdicis.En 1589, cette reine fit don de la comt d'Auvergne Charles de Valois,duc d'Angoulme, fils naturel de Charles IX; mais plus tard, Mar-guerite de Valois, fille de Catherine, rclama contre cette donation, et, par arrt du parlement, se fit adjuger le comt en 1606. Elle le cda dans la suite au dauphin, qui fut depuis Louis XIII; ce. prince le runit la couronne.

    ANTIQUITS.

    Parmi les monuments druidiques, le plus re-marquable est le dolmen de saint Nectaire. Le dpartement devrait renfermer un grand nombre de vestiges romains; mais quoiqu'on ait frquem-ment trouv des mdailles, des poteries, des statuettes, etc., il n'existe aucun difice important qui soit bien conserv. C'est prs de Clermont que, d'aprs les assertions des antiquaires du pays, a d tre situe la fameuse Gergovia; un plateau voisin du chef-lieu du Puy-de-Dme porte encore son nom : on n'y voit aucun vestige d'anciennes constructions. Au nombre des ob-jets d'une haute antiquit trouvs en Auvergne, il en est un, unique dans son genre, et qui mrite une mention particulire: c'est une momie d'en-fant frache et vermeille, telle qu'aucune des mo-mies gyptiennes ne peut lui tre compare, et que le cadavre d'enfant, si bien prpar par Ruysch, que Pierre-le-Grand l'embrassa comme tant encore dou de la vie, en donne peine une ide. Celte fameuse momie, dite des Martres, fut d-couverte par deux paysans, enfonce un pied en-viron sous terre, dans un pr bas et humide (1).

    (1) Le Mercure d'avril 1756 contient le procs-verbal d'examen de cette intressante dcouverte; nous allons en donner quelques fragments en y joignant des dtails emprunts Legrand d'Aussy. Le tombeau tait une pierre grise et poreuse, grossirement taille, sans inscription , sans ornement ni figure. Le cercueil, ainsi que le tombeau, se composait de deux pices qui s'emboi-taient lune dans l'autre; mais il avait deux fentes (dont on ne put deviner la destination) larges d'environ doux pouces, remplies

  • 2 FRANCE PITTORESQUE. PUY-DE-DOME.

    MURS, CARACTRE, COSTUMES. L'Auvergne forme plus d'un dpartement, mais ses

    habitants ne sont encore qu'un seul peuple qui, l'ex-ception de quelques changements insignifiants, a con-serve les mmes murs et les mmes costumes. Nous ne rpterons donc pas ici ce qui se trouve la description du Cantal, laquelle , en raison de l'abondance des ma-tires, nous renvoyons nos lecteurs (t. Ier; p. 233 240).

    LANGAGE. Le patois auvergnat, dpouill de presque tous les

    termes d'origine celtique, ne prsente plus que des mots drivs d'un latin corrompu. Il est le seul idiome en usage dans les campagnes : dans les villes on parle franais, mais avec un accent lourd et tranant.

    d'une sorte de bourre, et rpondant l'une la bouche, l'autre l'estomac du mort. Ce mort tait un enfant de dix douze ans, embaum avec art, mais si frais et si parfaitement conserv, qu'on ne pouvait s'empcher de l'admirer. Il avait encore cette fracheur et cet air de vie que le sommeil seul peut laisser, et que la mort enlve toujours. Les procds employs pour la con-servation de la momie auvergnate se rapprochaient, eu quelques points, des prparations gyptiennes. D'abord, c'tait une couche de la matire de l'embaumement, tendue sur toute la superficie du corps, et qui lui avait donn une petite teinte jaune; puis un lit d'toupes fort mince, puis une toile trs fine qui enve-loppait les toupes ; puis des bandelettes roules pour contenir la toile. Les pieds et les mains taient enferms nu dans des sachets pleins d'aromates, et la tte dans une coiffe qu'on crut tre une peau prpare. En cet tat, le jeune mort ressemblait a un enfant emmaillott, et il n'en paraissait que plus intressant encore. Pour dernires enveloppes, il avait deux suaires, l'un intrieur, et d'une toile de la plus grande finesse; l'autre ext-rieur, d'une toile grossire et tissue en forme de nattes. Tous les linges, ainsi que les bandelettes et les toupes, taient imprgns d'une substance aromatique. On l'avait inhum les pieds vers l'occident, et les mains tendues le long du corps. Sa tte tait grosse, son front dcouvert, ses cheveux chtain-bruns, et longs d'environ deux pouces,- les dents , les oreilles , la langue et toutes les parties du visage n'avaient subi aucune altration. Les lvres taient fraches et vermeilles, les mains blanches et poteles; les yeux enfin, chose plus tonnante encore ! les yeux , qu'on aurait cru devoir tre teints et oblitrs, conservaient le brillant et la vivacit qu'ils ont dans l'homme vivant. Toutes les articulations taient flexibles, et elles obissaient au mouvement qu'on voulait leur imprimer; les doigts avaient mme assez de ressort pour re-prendre leur position lorsqu'on les pliait; il n'y avait de raide que l'articulation du pied. Un chirurgien ayant fait une ouverture dans la rgion de l'estomac, pour s'assurer de l'tat, tant du diaphragme que des viscres du bas-ventre, sentit l'un tendre et souple , et les autres lastiques et entiers , comme dans un cadavre frais. Cette lasticit tonnante prouve combien la prparation de la momie auvergnate tait suprieure celle des momies gyp-tiennes.

    Les paysans des Martres ne doutrent pas qu'un corps con-serv aussi miraculeusement ne ft celui d'un saint; ils le trans-portrent dans leur glise, sonnrent les cloches et se livrrent aux transports les plus immodrs. Dans leur folle superstition, ils enlevrent, comme relique, l'aromate de la momie; ils dchi-rrent ses bandelettes et ses enveloppes, lui couprent la peau du front, lui arrachrent les dents antrieures, et enfin la dfi-gurrent presque autant que s'ils eussent t rsolus la dtruire.

    Instruit de ces extravagances superstitieuses, l'vque de Clermont se crut, par devoir, oblig de les arrter.Il ordonna que le prtendu saint fut inhum; et en effet on l'inhuma de nouveau. C'en tait fait alors de ce reste unique d'un art pr-cieux, si la snchausse de Riom , dans le ressort de laquelle se trouvait le village de Martres, n'et ordonn a son tour l'exhu-mation. La momie fut transporte Riom , et dpose dans l'h-pital-gnral de cette ville, o, pour la dfendre de l'action de l'air, ou lui construisit une boite garnie de vitraux. Le dessein du tribunal tait de l'exposer comme objet de curiosit, et de pro-curer ainsi quelques aumnes l'hpital. Mai s sur ces entrefaites, arriva de Versailles un ordre de l'envoyer Paris, au cabinet d'histoire naturelle : elle y est aujoud'hui (Legrand-d'Aussy cri- l voit eu 1790), noircie, dessche, raccornie, et tellement altre par tout ce qu'elle a souffert, que ceux qui l'ont vue dans le temps ne peuvent plus la reconnatre. .

    Il parait que les deux paysans, en dcouvrant cette momie, avaient trouve dans le tombeau divers objets prcieux qu'ils vendirent en secret un orfvre; mais, craignant d'tre punis ils nirent toujours cette circonstance , et on ne put obtenir d'eux aucun renseignement ce sujet.

    NOTES BIOGRAPHIQUES.

    L'Auvergne a produit un grand nombre d'hommes distingus. Sans remonter jusqu' VERCINGENTORIX, OU mme SIDOINE-APOLLINAIRE, on trouve parmi ceux qui appartiennent principalement au Puy-de-Dme , L'HOSPITAL, chancelier de France, Biaise PASCAL, un de nos plus grands mathmaticiens, auteur des Lettres Pro-vinciales ; ARNAULD D'ANDILLY , le fondateur de Port -Bayai, l'vque SOANEN ; le jurisconsulte DOMAT ; l'amiral D'ESTAING ; l'archevque Dur HA; les trois frres SIRMOND, savants utiles; l'intendant TRUDAINE ; le gographe PIGANIOL DE LA FORCE; le mathmaticien ROLLE ; le pote DANCHET ; les fameux acadmiciens THOMAS et CHAMP-FORT ; le grammairien GIRARD , etc. Nos contemporains clbres ne sont pas moins nombreux : on distingue parmi les hommes politiques, le comte de MONTLOSIER, l'abb de PRADT, le ministre MALOUET, la famille des BARANTE, celle des CHABROL ; les conventionnels ROMME et SOUBRANY ; puis, d'autres titres, le chimiste MONET, l'historien DULAURE, le pote DELILLE, l'auteur dramatique DUMANIANT, etc. Le Puy-de-Dme a fourni nos armes un grand nombre d'officiers gnraux distingus: il suffira de rappeler les noms de l'illustre DESAIX, des gnraux DUBOUGHET, FONTANGES, BOUILLE, ROCHE, etc. Nous ne les nommerons pas tous, car l'espace nous manquerait.

    TOPOGRAPHIE.

    Le dpartement du Puy de-Dme est un dparle-ment mditerran, rgion du centre. Il est form de la basse Auvergne, laquelle on a runi quelques parties du Bourbonnais, du Lyonnais, du Forez et du Velay. Il est born , au nord, parle dpartement de l'Allier ; l'est, par celui de la Loire; au sud , par ceux de la Haute-Loire et du Cantal; l'ouest, par ceux de la Corrze et de la Creuse. Il tire son nom d'une des principales montagnes qu'il renferme. Sa superficie est de 809,933 arpents mtriques. L'annuaire du d-partement pour 1832 ne lui donne que 800,531 hec-tares.

    SOL. Une belle valle de soixante lieues carres, et deux chanes de hautes montagnes, qui la bordent l'est et l'ouest, forment la superficie du dpartement. Cette valle est la clbre Limagne , que traverse dans toute sa longueur l'Allier , rivire qui roule du midi au nord. Le sol de la Limagne est une terre vgtale, grasse et riche, mle de fragments de calcaire marneux et de dbris volcaniques. Un tiers environ des mon-tagnes occidentales a t incendi; quelques-uns de ces volcans ont produit des coulements de lave consi-drables, mais non comparables pour leur quantit, celles vomies par l'Etna , comme parait le croire le r-dacteur de l'Annuaire du Puy-de-Dme.

    MONTAGNES. Le territoire du dpartement prsente sur la presque totalit de son tendue des montagnes remarquables par leur origine volcanique et par leur lvation : elles abondent en beauts pittoresques, en sites dlicieux et en curiosits naturelles. Les deux chanes les plus remarquables de ces montagnes traver-sent le dpartement du -lui au nord , et forment le centre de ces nombreuses chanes secondaires qui par-courent dans tous les sens la France centrale et se lient par leurs ramifications aux Pyrnes et aux Alpes. La chane des MontsDores lve ses sommets culminants au sud-ouest du dpartement: l se montre le Puy-de-Sancy, haut de 1,887 mtres, roi des monts de la France intrieure; d'autres montagnes presque aussi hautes l'entourent ; son principal contrefort court droit au sud et va se joindre au Cantal, quelques mtres prs rival en hauteur du Puy-de-Sancy, et comme lui vulcanis. Une autre branche secondaire se lie au vaste plateau qui porte la chane des Monts-Dmes. Ce plateau a une lvation moyenne de 830 m. C'est une dune immense, souleve par le feu intrieur, couverte de dbris volca-niques et hrisse d'une foule de cratres, teints

  • FRANCE PITTORESQUE

    Royat

    Thiers

  • FRANCE PITTORESQUE. - PUY-DE-DOME. 3

    depuis un temps immmorial, mais dont les formes primitives sont encore parfaitement conserves. Les principaux cratres, au nombre d'environ quarante, sont aligns du nord au sud. Au centre de cette file de volcans s'lve un mont beaucoup plus extraordinaire, c'est le Puy-de-Dme, qui monte 638 m. au-dessus du plateau, et 1,468 m. au-dessus de la mer : ce dme ma jestueux n'est pas lui- mme un volean , mais l'uvre d'un volcan , qui aprs avoir soulev , calcin celte vaste masse sans la perforer d'un cratre, s'est fait jour et a vomi ses feux et ses laves par les bouches environ-nantes. Le Puy-de-Dme est donc un rocher brl ; ce-pendant , comme il n'est pas , ainsi que les autres Puys, recouvert de cendres et de scories, les pluies et les vapeurs dont il est sans cesse imbib lui donnent une fcondit singulire ; il est couvert de bons pturages et parsem de troupeaux jusqu' son sommet. Ce som-met, trs accessible, est le but d'ascensions frquentes, et fait jouir le spectateur d'un des plus magnifiques pa-noramas qu'offre l'Europe. Tous les Puys, avec leurs cratres antiques, leurs coules de laves, leurs hideux ravins , sont en vue aux premiers plans ; plus loin, c'est Clermont, et au-del la Limagne avec ses villes, ses villages et ses monticules sans nombre. La chane des Dotes se montre tout entire ; loin derrire elle , on aperoit l'horison le Contai dchir ; ailleurs les monts du Forez,, ceux de la Dordogne et d'autres chanes dcoupent l'horizon.Le Puy-de-Dme est encore remarquable par l'ascension qu'y fit le clbre Pascal pour dterminer, par d'ingnieuses expriences, la pesanteur de l'air.

    , Voici la hauteur absolue, au-dessus du niveau de la mer, des monts principaux du dpartement du Puy-de Dme et de ceux qui s'y rattachent dans les dparle-ments limitrophes :

    Chane des Dores. Mont-d'Or ( Puy-de-Sancy). . . 1,887 mtres. Puy Ferrand ( l'est) 1,857 Puy de l'Aiguillier 1,841 Plateau de Cacadogne 1,798 Puy de l'Angle 1,742 Puy des Bains 1,564 Puy Gros 1,488 Pic du Capucin 1,471

    Chane du Cantal. Plomb du Cantal 1,856 mtres. Puy Mary. 1,754 Pic de Grioux 1,690 Puy Mariou 1,522

    Chane des Dmes. Puy de Dme. . 1,468 mtres. Puy de Montchalm 1,407 Puy de Laschamps 1,271 Puy de Pariou 1,215 Puy de la Vache 1,178 Puy de Pasredon 1,002

    Montagnes des arrondissements d'Ambert et de Thiers. Pierre-sur Haute 1,638 mtres. Puy de Montaucelle 1,291 Croix-Toute 1,005

    Chane de l'est. Le Mezenc 1,774 mtres. Le Tanargue 1,600 Le Gerbier de Joncs 1,562

    LACS ET TANGS. Les lacs peu nombreux que ren-ferme le dpartement occupent le cratre d'anciens volcans. On trouve peu d'tangs pratiqus par la main des hommes; mais quelques-uns se sont forms naturellement dans des valles qui ont t barres par des coules de laves. Les lacs et les tangs sont g-nralement poissonneux.

    RIVIRES. Trois rivires principales, l'Allier, la Dore et la Sioule, arrosent le dpartement; les deux premires sont navigables et flottables ; il existe des

    bacs sur toutes les trois. Le cours de l'Allier est de 92,488 mtres ; on y compte 20 bacs ; la Dore en pos-sde 4 , et la Sioule 3. Il vient en outre d'tre tabli sur l'Allier deux ponts suspendus en chanes de fer , l'un entre Issoire et Parentignat, et l'autre entre les Martres et Vic-le-Comte.

    ROUTES. Le dpartement est travers par sept rou-tes royales, et par huit routes dpartementales. Le parcours total de ces routes est de 766,318 mtres, savoir: 455,526 pour les routes royales, et 311,562 pour les routes dpartementales.

    MTOROLOGIE. CLIMAT. La temprature du Puy-de-Dme est

    sujette de grandes et brusques variations. Le climat est plutt humide que sec. Les limites extrmes du thermomtre centigrade sont 15 et + 30.

    VENTS. Le vent dominant est le vent de nord-ouest, qui souffle avec violence en automne et au prin-temps. Le nord-est est sec et froid , le sud-ouest amne des orages. Les pluies sont plus frquentes Clcrmont que dans le reste de la Limagne.

    MALADIES. Les maladies communes sont : les affec-tions cutanes et catarrhales. On trouve des goitres dans quelques cantons des montagnes.

    TREMBLEMENT DE TERRE. On a ressenti dans les en-virons d'Issoire, le 9 octobre 1833, un tremblement de terre qui a dur trois secondes , et qui en certains endroits a produit une double secousse. La direction tait du sud au nord. La commotion accompagne d'un bruit analogue celui du tonnerre dans le loin-tain , a t si violente , que les habitants effrays sont sortis de leurs maisons ; plusieurs difices en ont t endommags.

    HISTOIRE NATURELLE.

    RGNE ANIMAL. La race des chevaux de l'Auvergne, quoique petite, est assez estime et produit de bons chevaux de selle. L'espce bovine y est plus belle et donne de grands produits en lait, en fromage et en bes-tiaux engraisss.Malgr l'introduction des mrinos, la race ovine y est. encore gnralement mdiocre.Le gi-bier est assez abondant; on trouve des sangliers, des che-vreuils , des livres, des lapins et du gibier ail de toute sorte. Les loups et les renards sont communs et cau-sent de grands ravages. On trouve dans les monta-gnes des aigles, des vautours et plusieurs grandes es-pces d'oiseaux de proie. Les rivires sont toutes fort poissonneuses : on y pche des truites superbes.

    RGNE VGTAL. Les essences qui dominent dans les forts sont celles du sapin, du chne et du htre. Les montagnes sont couvertes d'une foule de plantes aro-matiques qui, recueillies et sches avec intelligence, sont vendues partout en France pour du vritable vul-nraire suisse. Le nombre des espces recueillies dans l'herbier dpos au cabinet d'histoire naturelle de Clcr-mont dpasse 2,500, dont la plupart appartiennent au dpartement.

    RGNE MINRAL. Le dpartement renferme des mines d'argent, d'antimoine, d'alun, de plomb , de schiste ar-gileux-bitumineux et de charbon de terre. Les mines d'argent situes Barbecot ont t exploites jusqu'en 1789. Depuis 1824 on a dcouvert deux mines de plomb argentifre , l'une Bnat, l'autre Saurier. La premire seule est exploite. On trouve en outre en abondance dans le pays, des marbres , des granits , des porphyres , des basaltes , de la pouzzolane , etc. Le d-parlement doit renfermer aussi des mines de fer, quoi-qu'il n'y en ait pas d'exploites. On trouve frquemment dans les laves dcomposes des paillettes de fer spcu-laire, dont les lames unies et brillantes sont encore attirables a l'aimant, mais ont cess d'tre oxidables. On ramasse aussi dans quelques courants de laves des cristaux de fer octadre.

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    Eaux minrales. Le dpartement renferme de nom-breux tablissements d'eaux minrales et thermales, dont le plus important et le plus frquent appartenant au gouvernement, est celui du Mont-d'Or. Les autres sources, qui sont des proprits particulires, existent a Cbateauneuf, Chatelguyon, Sainte-Marguerite , Tarn-bourg, Saint-Nectaire, Saint-Marc, la Bourboule et Montcornador.

    CURIOSITS NATURELLES. GROTTE DE,ROYAT. Au pied d'un roc escarp qui

    porte le village de Royat, s'ouvre une grotte peu spa-cieuse , mais que la nature s'est plu dcorer admira-blement. La grotte a environ 10 m. de largeur, autant de profondeur, et de 4 6 m. de hauteur. Elle est toute tapisse de lichens d'une fracheur dlicieuse. Le ruis-seau de Royat jaillit au fond de la grotte par sept sources dont les unes tombent perpendiculairement le long du roc; les autres s'lancent et forment des jets do courbes varies ; elles se runissent toutes dans un bassin au centre de la grotte, et de l roulent dans le ruisseau de Fontana. L'aspect et le murmure de ces sources enchantent galement les yeux et les oreilles. Le site admirable o la grotte s'ouvre, les masses de verdure et de rochers qui l'entourent et les vieilles ruines d'difices religieux qui places dans le voisinage, contrastent avec l'ternelle jeunesse de la nature, tout concourt rendre ce lieu un des plus remarquables du pays.

    CASCADE DU MONT-D'OR. C'est une des chutes d'eau les plus extraordinaires qu'offre l'Europe; elle est situe 320 m. au-dessus du village , et tombe de 60 pieds de haut au centre d'un cirque que forme un norme roc basaltique, dont la crte surplombe de beaucoup la base; ce qui fait qu'on peut passer entre le roc et la cascade et la voir se prcipiter 30 pieds en avant de soi; ce spectacle est d'un effet merveilleux. En face de la cascade , de l'autre ct de la valle, s'lve le Rigo-let, montagne dont le sommet cylindrique est form de prismes basaltiques: une masse de rochers s'en dtache et ressemble de loin un moine dont la tte serait cou-verte d'un capuchon. Cette singularit naturelle a fait donner aussi la montagne le nom de Montagne du Capucin.

    LE LAC PAVIN. C'est un des plus singuliers de l'Au-vergne , o les lacs de ce genre sont nombreux. Celui-ci remplit le cratre d'un volcan qui s'lve prs de liesse , a une grande lvation. Le lac a environ une demi-lieue de circonfrence, sa forme est ronde et sa profondeur considrable. Ce qui le particularise, c'est qu'il est symtriquement encaiss dans une falaise circulaire, de 40 m. de hauteur, et trs escarpe. Malgr la rapidit de sa pente, elle est couverte d'herbe sa base et de taillis vers sa crte , et forme autour du lac un espce d'enca-drement aussi charmant que fantastique.

    VILLES, BOURGS, CHATEAUX, ETC. CLERMONT-FERNAND, ch.-l. de dpart. 97 1. S. de Paris. Pop.

    28,257 hab. La date de la fondation de Clermont n'est pas connue; ou sait seulement que cette ville, antrieure l'invasion romaine, portait, cette poque, le nom de Nemosus. Elle prit ce-lui de Nemetum sous ta domination romaine. Considrablement augmente par les soins d'Auguste, elle ajouta , par reconnais, sance, a son nom, celui de cet empereur. Auguste et ses succes-seur. dcorrent Augusto-Nemetum de nombreux difices , qui Tu-rent dmolis pendant les frquentes incursions des Barbares dans les Gaules ; a ces dsastres succdrent ceux causs par les guerres civiles, sous les deux premires races de nos rois. Les Romains avaient institu, Clermont, un snat qui subsista jusqu'au VIIIe sicle.A cette poque, Clermout tait gouverne par Gafre, ou Waffre, due d'Aquitaine , alors en guerre avec Ppin le-Bref ; ce roi, aprs avoir ravag l'Auvergne, s'empara de Clermont, li-vra la ville aux flammes, et en massacra la population. - A peine la ville avait-elle commenc a rparer ses dsastres, que les Nor-mands vinrent les renouveler. En 1212, Philippe-Auguste ru-nit son royaume Clermont, qui devint la capitale do toute l'Auvergne. La ville tait gouverne par des seigneurs qui .'in-titulaient comtes de Clermout ci dauphins d'Auvergne. Sept

    conciles se tinrent Clermont : le plus fameux est celui de 1095, o fut rsolue la premire croisade. A cette poque , Clermont tait encore une petite ville, triste et singulirement laide; pen-dant plusieurs sicles , elle ne s'accrut gure , que par des ta-blissements religieux. Du XIIIe au xve sicle , elle eut beau-coup souffrir de nos guerres intestines et des incursions des Anglais ; elle fut plusieurs fois fortifie et dmantele; ce n'est que depuis un sicle qu'elle a pu s'occuper d'amliorations locales, et depuis vingt annes seulement, qu'elle le fait avec activit. Clermont a ajout son nom celui de Ferrand, depuis que la pe-tite ville de Mont-Ferrand, qui u'eu est loigne que d'un quart de lieue lui a t runie. Clermont possde les rudiments d'une grande et belle ville, mais elle est encore loin d'tre grande et surtout belle ; ses diffrents quartiers n'ont nulle symtrie, ses places sont irrgulires ou mal entoures, ses rues, gnralement tortueuses, troites et sombres; la plupart des maisons sont vieilles, noires et sales, et doivent surtout leur aspect sinistre la lave dont elle sont construites. Les nouvelles constructions qui se multiplient rapidement ont un aspect diffrent; leurs faades sont blanchies, propres et jolies. Les difices publies modernes sont recommandables par leurs grandes dimmensions, ainsi que par le style de leur architecture. Sous le rapport du site, nulle autre de nos villes ne lui est suprieure, ou peut-tre mme ne peut lui tre compare. Clermout couronne une minence , au milieu d'un vaste bassin ; cette exposition salubre et pittoresque permet la ville de jouir souhait de la vue du superbe panorama qui l'en-toure du nord l'est. Elle voit s'tendre une plaine immense, valle magnifique, qu'arrose l'Allier ; c'est la riche, la fertile, la riante Limagne; de ce ct, la ville de Mont-Ferrand occupe le 1er plan : une foule de bourgs et de villages, au-del, se montrent comme baigns dans une mer de verdure; de l'autre , se dploie un demi-cercle de monts, dont la ville occupe le centre; le milieu de la courbe est occup par le Puy-de-Dme, liant de 1,468 m. et roi de tous ces monts ; divers tages de collines, les unes DUCS et striles , les autres couvertes de vignes ou parsemes de bois, s'l-vent du pied de la valle jusqu'au bord du plateau qui supporte les Puys suprieurs. Au sud, on remarque le vaste plateau de Gergovia, le Puy de Gravenoire, liant de 822 m., couvert de cen-dres de scories et de tout l'appareil de la vulcanisation ; il a reu le nom d'Enfer de Gravenoire. Le Mont-Royon , moins lev , et dout le sommet conique est effil, offre les ruines d'une forte-resse fodale. A l'autre extrmit de la chane, ce sont les puys de Chanturges et de Var, qui lvent leurs croupes scorifies et charges de vignobles; mais la vue se reporte incessamment sur le Puy-de-Dme , qu'un manteau de neige recouvre pendant six mois de l'anne, et que couronnent presque toujours les nuages. Tel est, du ct des monts, le beau coup-d'il dont on jouit Clermont ; on peut y regretter que l'amphithtre environnant soit trop peu bois et que les eaux vives y manquent. Deux petites rivires, l'Arrier et le Bdat, coulent prs de la ville; mais aucune eau courante ne la traverse. Des monuments du moyeu ge, le plus remarquable est la Cathdrale; elle fut pour la troi-sime fois reconstruite, eu 1248 et annes suivantes, par l'vque Hugues de la Tour, et n'a point t acheve; la nef, carre, n'a que la moiti de sa longueur proportionnelle; nanmoins , l'int-rieur de l'glise est superbe; on remarque la beaut du chur, qu'entourent de jolies chapelles, la hauteur des votes suppor-tes sur des colonnes de lave, lgantes et lgres, les riches rosa-ces del croise, et la brillante peinture des vitreaux ; l'extrieur, l'difice est loin d'tre beau; il est enclav et bord de chtives boutiques, et il ue lui reste qu'un clocher, des quatre qui le dco-raient.Les autres glises de la ville sont peu intressantes; celle de Mont-Ferrand est une vaste chapelle , sans chur et sans nef ; elle est entoure de petites chapelles de styles diffrents; ct est une fontaine, surmonte d'un buste de Delille ; tout le monu-ment est de lave. La plus belle des fontaines de la ville est le Chteau d'eau de la place des Jacobins.; il fut construit en 1515, et transport sur cette place en 1808 : c'est un oblisque orn de jolies sculptures, et de petites statues fort ingnieusement dispo-ses, et qui jettent de l'eau dans un spacieux bassin. La fontaine de Desaix est une pyramide de 35 p. de haut (y compris le pides-tal ), qu'entoure un rservoir. Plusieurs autres fontaines de la ville sont jolies. La Halle aux grains fut construite en 1768 : c'est un grand difice, isol et fort beau dans son genre. 'L'ancien collge, l'Htel-de-Ville, l'lltcl-Dieu, la Prfecture , sont des di-fices spacieux et de bon style Le thtre est sans apparence ext-rieure, mais la salle est propre et jolie, l'intrieur en est bien distribu. La Bibliothque publique se compose do 16,000 vo -lumes ; elle est remarquable surtout par sa propret et par son arrangement judicieux, et offre un grand nombre de beaux ou-vrages modernesLe cabinet de minralogie renferme surtout des spcimen de toutes les substances volcaniques de l'Auvergne, etc.

    Le jardin botanique est un modle dans son genre. Enfin, Cler-mont a un petit musum d'histoire naturelle, et diverses autre collections scientifiques trs intressantes. La place de Jaude est la plus grande, mais la plus nue; les places des Jacobins, du Taureau,

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    d' Espagne, sont spacieuses; celle de la Poterne domine la campa-gne; clic offre une promenade ombrage et fort agrable. La jontaineptrifiante est une des plus grandes curiosits de Clermont.

    Dans le quartier de Sainte-Allyrc jaillit une source d'eau forte-ment imprgne de carbonate de chaux, de fer et de magnsie; elle couvre en pende temps les objets qu'on y plonge, d'une cou-che calcaire et trs dure. L'eau, coulant sur un plan inclin, s'est forme une dalle fort longue , termine par une espce de pont naturel, de 20 p. de long sur 15 p. de haut; sous ce pont extraor-dinaire coule le ruisseau de Tiretaine , form des sources de Royat et de Fontana. Un petit musum prs de la source offre

    aux curieux un grand nombre d'objets de tout genre, et mme un buf empaill, ptrifi par la fontaine. C'est une branche d'in-dustrie productive pour les propritaires de la source d'Allyre. Greniers de Csar Prs de la ville s'lve le Puy de Chateix, couvert

    de vignes et d arbres a fruits, et couronn de roches basaltiques; ses flancs offrent des terrains parsems jusqu' une certaine pro-fondeur d'une grande quantit de grains de bl et de seigle, de haricots, de pois, et rduits en charbon; le vulgaire voit l les dbris des greniers de Csar; on prtend, avec plus de raison, que, sur le sommet de Chateix, s'levait l'un des chteaux de Ga-fre, ou ce seigneur avait amass une grande quantit d'appro-visionnements de bouche; et que ce chteau fut, eu 761, brl, comme tant d'autres, par Ppin.

    BILLOM , ch.-l. de cant., 8 l. E.-S.-E. de Clermont. Pop. 4,786 hab. On considre cette ville comme la plus antique de l'Au-

    vergne. Elle eut jadis une universit florissante, qui datait de 1455 et subsista jusqu'en 1555 : cette poque, cet tablissement fut remis aux jsuites, qui le gardrent, jusqu' la suppression de leur ordre. Ce fut alors qu'on trouva , dans la chapelle du collge de Billom, un tableau dont on fit grand bruit et qui donna lieu a des interprtations dont l'ordre des jsuites eut beaucoup souffrir. La clbrit que ce tableau obtint tira Billom de sou obscurit. Cette ville fut, une poque recule, close de murs construits aux dpens des diffrents corps de mtiers; ce qui prouve que, alors, son commerce tait considrable. Elle renfermait surtout beaucoup de tanneries, branche d'industrie qui exige un cours d'eau con-tinuel. Billom ne possdant qu'un petit ruisseau, souvent sec, les habitants avaient creus, au-dessus de la ville, deux tangs d'une grande tendue, o l'eau du ruisseau et des pluies tait retenue et de l distribue en quantit convenable aux fabriques. Les murs de Billom ont disparus, ses tangs se sont combls et son commerce est en partie dchu. C'est nanmoins encore une ville fort industrieuse, et favorablement situe au milieu de la partie la plus fertile de la Limagne. Billom prenait jadis le titre de capitale de la Limagne. La ville est place sur une colline leve que de plus leves entourent. Les orages y sont frquents et l'atmosphre y est si pluvieux, qu'elle a souvent t nomm l'got de la Basse'Auvergne.

    ROYAT, 1 1. de Clermont. Pop. 1,086 bal). C'est le but d'une des plus charmantes excursions qu'on puisse faire aux environs de Clermont. Le village n'offre de curieux que sa vieille glise et un ancien couvent ; mais le site est pittoresque et le lieu est devenu clbre, surtout par sa grotte dont nous parlons ail-leurs La valle de Royat est une gorge profonde et d'une pente trs rapide; le torrent de Fontana, d'abord seul, puis grossi de ceux de Royat, y forme diverses cascades.

    AMBERT, prs del rive droite RIE la Dore, ch.-l. d'arrond., 22 l. S.-E. de Clermont Pop. 7,650 hab. Ambert est situ l'extrmit d'une longue valle, au pied des montagnes, dans un bassin arros par la Dore et par un grand nombre de ruisseaux. Les environs de la ville offrent de jolies constructions et des sites charmants. La ville est gnralement bien btie, mais dispose irrgulirement; ses rues, troites et sombres, sont rendues plus tristes par la couleur noirtre du granit employ la construction de presque toutes les maisons.Ambert fut jadis plus considrable qu'elle ne l'est de nos jours. C'tait la capitale d'un petit pays qu'on nommait le Livradois, et qui se composait presqu 'uni-quement de la valle o Ambert rot situ.Eu 1574, bien que la ville n'eut pris aucune part aux horreurs de la Saint-Barthlmy, elle tomba au pouvoir d'une troupe de protestants, commande par un brigand du nom de Merle, qui massacra les principaux

    habitants, livra la ville au pillage , en fit dtruire les fabriques et les usines. Il fut bientt assig, dans Ambert, parles catholiques; mais il y fit une rsistance telle qu'il les fora abandonner le sige. Ambert a t plus de deux sicles rparer ses pertes.

    MONT-D' OR, sur la rive droite de la Dore, 9 l. d'Issoire. Pop. 1,910 hab. Sous tous les rapports le village des bains du Mont-d'Or est trs intressant; excellente qualit des eaux minrales , site pittoresque, curiosits naturelles, constructions modernes, antiquits romaines, tout concourt le rendre un des tablis-sements thermaux les plus recommanda bls de l'Europe. Il tait dj clbre du temps des Romains; ils l'ornrent de thermes magnifiques, dont il existe encore des dbris. -Ou trouve chaque jour, et on a dj runi de nombreux fragments d'architecture et de sculpture, des ustensiles, des pices de monnaie, etc.

    Parmi les objets antiques on remarque un buste de Nron, et la petite rotonde qui couvre les sources au pied de la montagne, construction romaine trs bien conserve. Aprs la dvastation des thermes, le lieu fut peut-tre abandonn; il est certain du moins que, jusqu' nos jours, il fut trs nglig : ce n'est que depuis peu d'annes qu'on l'a dcor de beaux difices et d'un htel thermal, qui s'lve sur l'emplacement d'un ancien therme romain. C'est un fort bel difice; la faade en est noble et impo-sante; l'intrieur, spacieux, est distribu eu trois parties : la pre-mire, nomm le pavillon-carre, est occupe par le grand-bain et par cinq cuves, o sont reues les eaux des sources qui jaillissent sur le lieu mme. La seconde se compose d'un corps de btiment, de 24 mtres de longueur sur 23 de largeur ; dans le local sup-rieur se trouvent des baignoires; dans l'infrieur, les douches et les piscines rserves aux indigents. La troisime est destine au lo gement de l'administration. Devant l'htel est une place o s'ouvre une rue qui mne une esplanade ovale, couverte de gazon et entoure de murs , puis un petit pont de fer suspendu sur la Dore, au-del duquel, sur la colline oppose, se trouve une autre esplanade semi-circulaire , plus leve de 40 mtres que le village, et d'o la vue est ravissante. Le village des bains est situ a 1044 mtres au-dessus de la mer, au milieu d'une su-perbe valle d'une lieue de longueur, sur un quart de lieue de largeur, arrose par un grand nombre de torrents, et surtout par la Dore qui, se joignant au pied de la valle avec la Dognc, forme la Dordogne. La valle est couverte de pturages et parseme de terrains cultivs ; mais le fond manque d'arbres. Le seul feuillage qu'on aperoive dans la valle est celui des noirs sapins qui couvrent en partie le haut du bassin et ses pentes suprieures; de hautes montagnes encaissent la valle ; leur masse a la forme d'un fer a cheval; au centre de la courbe, s'lve majestueusement le Puy-de-Sancy, ou le Mont-d'Or, la plus haute montagne de toute la France centrale : ce mont clbre, surmont d'un cube de granit de quatre pieds sur toutes les faces, dont chacune porte une inscription destine a tablir la longitude et la latitude, a 1,887 mtres d'lvation au-dessus du niveau de la mer; ses flancs sont couverts de verdure, ses cimes hrisses de pics volcaniss, dchirs, horribles voir, dangereux gravir; il est facile d'ima-giner de quel immense panorama on jouit du sommet de cette montagne. Ce sommet est un cratre, dont une dernire convulsion a renvers la partie tourne vers la valle; ce ct du mont a reu le nom de Vallon-d' Enfer, et offre partout d'affreux prcipices.

    ISSOIRE, sur la Crouze, cb.-l. d'arr., 13 l. S.-S.-E. de Cler-mont. Pop. 5,990 hab. La fondation d'Issoire remonte au-del de l'invasion romaine. Son histoire n'est qu'une srie de dsastres. La ville fut saccage d'abord par les Romains, puis par les Visi-goths, les Vandales, les dauphins d'Auvergne et les armes royales. Pendant quelque temps o elle jouit d'un peu de repos, elle augmenta son industrie et rpara ses ruines et ses fortifica-tions, mais les guerres de religion attirrent sur elle de nouvelles calamits. En 1573, un de ses habitants, Merle, qui s'tait fait protestant. et chef d'une borde de dvastateurs, s'empara de la ville, la saccagea et en dvasta le territoire. L'anne sui-vante, une arme, commande par les dues d'Anjou et de (luise, s'avana pour chasser Merle, et fit le sige d'Issoire. La ville fut prise et les soldats catholiques, irrits de la rsis-tance, se livrrent tons les excs. Les habitants s'taient rfu-gis dans l'glise paroissiale; ils y furent tous massacrs et la ville fut brle. Une nouvelle ville se forma quelques annes aprs ; les ligueurs l'assigrent, la prirent et la pillrent; les habitants de Clermont, qui tenaient pour Henri IV, vinrent les en chasser et reprirent la ville.Issoire est situ agrablement dans la partie la plus vivante de la Limagne, au milieu d'un beau bassin en-tour de montagnes, et prs du confluent de la Crouze et de l'Allier. Elle est en gnral bien btie, propre et bien perce.

    RIOM, cb.-l. d'arr., 8 L N. de Clermont. Pop. 12,379 Lab. Avant que Clermont ft devenu la capitale de l'Auvergne, ce titre appartenait Riom, alors rsidence habituelle des ducs et comtes de la province. Riom , jusqu'alors ville peu importante, s'agrandit et s'embellit de nombreux difices. C est encore la seconde ville de l'Auvergne. Elle est bien btie, perce de rues larges et en-toure de promenades ombrages. Elle s'lve sur un monticule , au pied duquel coule la petite rivire d'Ambone ; une plaine riante et fertile l'entoure. Toutes les constructions sont en lave de Volvic, ce qui leur donne un aspect sombre et bizarre qu'aug-mente leur style dj ancien. La ville a quelques glises propres et jolies et plusieurs fontaines remarquables; les btiments des tribunaux, les hpitaux, la sous-prfecture sont propres et de bon style. Une des promenades est dcore d'une colonne leve De.saix. Du sommet du petit dme de Marturel et de la tour de l'Horloge on jouit d'une magnifique vue sur tonte la Limagne, sur le Puy-de-Dme et les montagnes qui l'entourent. Ou re-marque surtout le pittoresque chteau de Chazeron et de dli-cieuses campagnes parsemes de villages et de maisons de cam-pagne.

    AIGUE-PERSE, ch.-l. de cant., 4 l. de Riom. Pop, 3,217 hab.

  • 6 FRANGE PITTORESQUE. PUY-DE-DOME.

    Situe dans une contre agrable et fertile, sur le ruisseau de Luzon , au bord duquel la ville forme une longue rue de maisons propres et bien bties; une source minrale jaillit dans la ville. A une petite distance se trouve le chteau de la Roche, o naquit l'illustre chancelier de L'Hospital.

    VOL vie, 2 l. de Riom. Pop. 3,032 hab. Volvic est situ prs d'une coule de lave d'une prodigieuse tendue; depuis bien des sicles ou y a ouvert des carrires inpuisables , d'o ont t tirs les matriaux qui ont servi btir Clermont, Riom et une foule d'autres villes. Cette mer de lave a coul du Puy-de-Nu-gerre, qui fut un des plus puissants volcans de l'Auvergne, si on en juge par l'immense quantit de matires qu'il a vomis. La lave, descendant dans une valle peu incline et encaisse dans des parois granitiques, n'a pu avancer qu'en prenant beaucoup d'pais-seur ; un obstacle se prsentait sur son passage : c'est un monticule granitique qui a forc la lave se diviser en deux courants : ils se runissent au-dessous et donnent au monticule l'aspect d'un le au milieu d'un vaste fleuve de pierre. Le cours de la lave est de plus d'une lieue; c'est la coule la plus vaste et la mieux conserve qui existe en France ; vue d'un sommet lev elle offre l'il un spectacle horrible et l'un des plus extraordinaires de l'Auvergne; le temps, qui depuis tant de sicles travaille la ronger, est par-venu, par un commencement de dcomposition, nuancer sa surface de plaques de lychens blanchtres; ailleurs la lave con-serve encore sa couleur primitive ; partout elle est hrisse d'une infinit d'asprits, dont les formes bizarres ressemblent aux glaons charris par les fleuves.

    THIERS, sur la Durolle, ch.-]. d'arr., 15 l. E.-N.-E. de Cler-mont. Pop. 9,836 hab.Dans les premiers temps de la monarchie, Thiers tait un chteau considrable, qui portait le nom de Cas-tra m Tripemum. Thierry, roi de Metz, s'tant empar de l'Auver-gne, incendia ce chteau: il fut rtabli eu 580, devint un des plus grands fiefs de la province, et donna sou nom une des branches de la maison d'Auvergne. L'aridit du territoire de Thiers a forc, en tous temps, les habitants de la ville obtenir par leur industrie ce que la nature leur refusait. Depuis long-temps leurs fabriques de quincaillerie ont acquis de la clbrit. Thiers est situ dans une position minemment pittoresque, sur la croupe et le penchant d'une montagne qui domine toute la contre, et qu'on apperoit mme de Clermont, qui en est loign de 9 lieues. La* ville est gnralement bien btie, sou aspect est riant et gracieux; mais les rues en sont troites, tortueuses et escarpes; ses environs offrent la fois des sites sauvages, des coteaux couverts de riches vignobles et de fraches prairies. Quel qu'actif que soit le commerce de Thiers, il le fut jadis davantage ; la population de la ville fut aussi plus considrable qu'elle ne l'est aujourd'hui, et long-temps valut la ville la qualification de peuple. Pendant le sicle pass, une catastrophe, dont les habi-tants de Thiers se souviendront long-temps, porta un coup funeste

    . cette population : On avait tabli des rizires dans les vastes prairies qu'arrose la Dore, au-dessous de la ville, le riz n'y put russir; mais, ce qui fut bien pis, les eaux qu'on avait rendu stagnantes corrompirent l'atmosphre et causrent, dans la ville, une pidmie qui fit prir presque tous les habitants. Le dsastre qu'prouva alors Thiers , dans son commerce et sa population , est peine rpar.

    VARITS. - LES GUITTARDS-PINONS. Long-temps avant qu'Owen et M. Fourier songeassent crer

    des communauts agricoles et faire tourner au profit du bien-tre de la masse les conomies de l'administration et de la vie commune, de simples paysans auvergnats s'taient runis pour travailler et vivre ensemble , et l'aspect de leurs habitations pai-sibles et heureuses prouvait plus en faveur de ces associations par-ticulires tablies au milieu de la socit gnrale, que tous les raisonnements thoriques qu'on a faits de nos jours. Ces commu-nauts agricoles existaient depuis plusieurs sicles au moment o la rvolution franaise clata. Leurs petites rpubliques avaient toujours t protges par l'ancienne monarchie. Les lois nouvelles qui tendent toutes la division extrme des proprits , l'isole-ment des individus , la dispersion des associations mme lgi-times , taient incompatibles avec leur existence. Ces runions laborieuses de cultivateurs habiles , d'industriels intelligents, ont disparu , et il n'en reste plus qu'un souvenir cher encore tous les habitants de l'Auvergne. Ce ne serait pas faire connatre com-pltement le pays que de laisser ignorer ce que furent ces tablis-sements curieux et intressants Nous trouvons ce sujet des d-tail* prcieux dans les crits d'un observateur clair, Legraud d'Aussy, qui les a visits avant leur destruction. Autour de Thiers et en pleine campagne sont des maisons parses habites par des socits de paysans dont les uns s'occupent de coutel-lerie . tandis que les autres se livrent au travail de la terre. Outre ces habitations particulires et isoles, il en est d'autres plus peuples dont la runion forme un petit hameau , et dans les-quelles la communaut est plus intime encore. Le hameau est oc-cup par les diverses branches d'une mme famille qui, livre uni-

    quement l'agriculture, ne contracte ordinairement de mariages qu entre ses diffrents membres ; qui vit en communaut de biens, a ses lois, ses coutumes; et qui, sous la conduite d'un chef qu'elle se nomme et qu'elle peut dposer, forme une sorte de rpublique ou tous les travaux sont communs , parce que tous les individus sont gaux. Il y a dans les environs de Thiers plusieurs de ces familles rpublicaines, Tarant, Baritel, Terme , Guittard, Bour-gade, Beaujeu , etc. Les deux premires sont les plus nombreuses, mais la plus ancienne, ainsi que la plus clbre, est celle des Guittard. Le hameau que forme et qu'habite la famille des Guit-tards est au nord-ouest de Thiers, et une demi-lieue de la ville. Il s'appelle Pinon. Ce dernier nom a mme, dans le pays, prvalu sur le leur propre , et on les nomme les Pinon. Au mois de juillet 1788 , quand je les ai visits, ils formaient quatre branches ou quatre mnages ; en tont , dix-neuf personnes, tant hommes que femmes et enfants. Mais le nombre des hommes ne suffisant pas pour l'exploitation des terres et pour les autres travaux, ils avaient avec eux treize domestiques, ce qui portait la population du hameau 32 personnes. On ignore l'poque prcise o le hameau fut fond. La tradition en fait remonter l'tablissement au xiie sicle- L'administration des Pinon est paternelle , mais lec-tive. Tous les membres de la communaut s'assemblent ; la plu-ralit des voix ils se choisissent un chef, qui prend le titre de matre, et qui devenu pre de toute la famille , est oblig de veil-ler a tout ce qui la concerne. Tous travaillent en commun la chose publique; logs et nourris ensemble, habills et entretenus de la mme manire et aux dpens du revenu gnral, ils ne sont plus, en quelque sorte, que les enfants de la maison. Ce matre, en qualit de chef, peroit l'argent, vend et achte, ordonne les rparations, dispense chacun son travail, rgle tout ce qui con-cerne les moissons, la vendange , les troupeaux; en un mot, il est la ce qu'est un pre dans sa famille. Mais ce pre diffre des autres, en ce que n'ayant qu'une autorit de dpt et de confiance, il eu est responsable ceux dont il la tient , et qu'il peut la per-dre de mme qu'il l'a reue. .S'il abuse de sa place, s'il administre mal, la communaut s'assemble de nouveau,on le juge, on le d-pose : et il y a eu des exemples de cette justice svre. Les dtails intrieurs del maison sont confis une femme.Le dpartement de celle-ci est la basse-cour, la cuisine, le linge, les habille-ments , etc. : elle porte le titre de matresse. Elle commande aux femmes, comme le matre commaude aux hommes. Ainsi que lui, on la choisit a la pluralit des suffrages , et ainsi que lui, on peut la dposer.--Mais le bon sens naturel a dit ces simples paysans que si la matresse se trouvait tre femme ou sur du matre, et que ces deux prposs manquassent de la probit ncessaire Leur gestion, tous deux runis auraient trop d'avantage pour nuire a la chose pnblique. En consquence, et pour prvenir cet abus , par une des lois constitutives de ce petit tat, il est rgl que ja-mais la maltresse ne sera prise daus le mme mnage que le matre. Celui-ci, comme son titre l'annonce, a l'inspection gnrale et jouit du droit de conseil et de rprimande. Partout il occupe la place d'honneur. S'il marie son fils, la communaut donne une fte a laquelle sont invites les communauts voisines; mais ce fils n'est, comme les autres, qu'un membre de la rpublique , il ne jouit d'aucun privilge particulier, et quand son pre meurt; il ne succde point sa dignit, moins qu'on ne l'eu trouve digne et qu'il ne mrite d'tre lu son tour. Une antre loi fondamen-tale , observe avec la plus grande rigueur, parce que d'elle d-pend la conservation de la socit, est celle qui regarde les biens. Jamais, dans aucun cas, ils ne sont partags : tout reste en masse; personne n'hrite, et, ni par mariage , ni par ressort, rien ne se divise. Une Guittard sort-elle de Pinon pour se marier, on lui donne 600 livres en argent; mais elle renonce tout, et ainsi le patrimoine gnral subsiste en entier comme auparavant. Il en serait de mme pour les garons, si quelqu'un d'eux allait s'-tablir ailleurs.

    Pinon, dans certains dpartements, ne serait regarde que comme une ferme assez mdiocre, puisqu'elle n'avait l'poque de mon voyage que trois paires de bufs, trente vaches et quatre-vingts moutons. Ce qui peut distinguer celle-ci , ce sont des bti-ments trs bien entretenus, et un extrieur d'aisance qui annonce des fermiers riches. Les chaises sont en paille; les chambres , les lits, les coffres et armoires en bois de sapin. Le matre seul a uuc armoire en chne et noyer. Il avait, eu outre, une montre d'argent provenue de la succession d'un oncle qui avait quitt Pinon et tait devenu chanoine Clermont. Cette montre tait la seule chose qui le distingut des autres ; du reste, tout ce qui leur sert, tout ce qu'ils portent, linge , meubles, habits , chaussures , est fait par eux ou par leurs femmes. Faut-il construire un btiment, couvrir un toit, fabriquer des instruments d'agriculture, des ton-neaux de vendange, etc.? ils n'ont recours personne : eux seuls avec leurs domestiques remplissent les diffrents mtiers qui leur sont ncessaires : ils n'emploient aucun ouvrier et n'achtent gure que du fer et du sel.

    Toutes les fois que leur ouvrage n'exige point qu'ils soient spars, ils travaillent ensemble. Il y a pour les repas uu lieu

  • FRANCE PITTORESQUE

    Costumes de Puy de Dme.

    Montlosier. Delille.

  • FRANCE PITTORESQUE. PUY-DE-DOME. 7 commun c'est une grande et vaste cuisine tenue trs proprement. suivant l'usage antique les hommes y sont servis par les femmes, et celles-ci ne s'assoient mme jamais table que quand ils ont fini leur repas : elles mangent debout.

    Dans la cuisine on a pratiqu une niche qui forme, eu quelque faon , chapelle, et qui contient un christ et une vierge. L, tous les soirs aprs le souper on fait la prire eu commun; mais cette prire n'a lieu que le soir. Le matin chacun fait la sienne en par-ticulier, parce que la plupart des travaux tant diffrents , les heures du lever le sont aussi.

    Indpendamment de la proprit du hameau, les Guittards possdent encore un bois , un jardin , des terres, des vignobles et beaucoup de chtaigniers. Mais, outre que leurs terres sont pau-vres et qu'elles ne rapportent que du seigle , les trente-deux bou-ches qu ils ont a nourrir consomment toute leur rcolte et ne leur permettent pas d eu vendre. D'ailleurs ces cultivateurs, respec-tables par leurs murs et par leur vie laborieuse , font encore dans le lieu de leur sjour des charits immenses. Jamais pauvre ne se prsent chez eux sans y tre reu , jamais il n'en sort sans avoir t nourri : on lui donne de la soupe et du pain. S'il veut passer la nuit, il trouve coucher ; il y a mme dans la ferme une chambre particulire destine cet usage. Eu hiver ou pousse 1'humanit plus loin encore: les pauvres alors sont loges dans le fournil, et, en les nourrissant, on leur procure de plus une sorte de chauffoir qui les garantit du froid.

    DIVISION POLITIQUE ET ADMINISTRATIVE. POLITIQUE. Le dpartement nomme 7 dputs. Il est divis

    en 7 arrondissements lectoraux, dont les chefs-lieux sont : Cler-mont (ville et arr.), Riom (ville et arr.), Issoirc, Thiers, Ambcrt.

    Le nombre des lecteurs est de 2,363. ADMINISTRATIVE. - Le ch.-l. de la prfect. est Clermont-Ferrand. Le dpartement se divise en 5 sous-prfect. ou arrond comm. Clermont-Ferrand. ... 14 cant., 106 comm., 171,566 habit.

    Ambert 8 52 87,616 Issoire 9 116 99,559 Riom 13 130 146,495 Thiers 6 37 67,870

    Total 50 cant., 441 comm , 573,106 habit. Service du trsor public. 1 receveur gnral et 1 payeur (rsi-

    dant Clermont), 4 recev. particuliers, 6 percepteurs d'arrond. Contributions directes. 1 directeur ( Clermont) et 1 inspect. Domaines et Enregistrement. 1 directeur ( Clermont), 2 ins-

    pecteurs , 5 vrificateurs. Hypothques. 5 conservateurs dans les ch.-l. d'arrond. comm. Contributions indirectes. 1 directeur ( Clermont), 4 directeurs

    d'arrondissement, 5 receveurs entreposeurs. Forts. Le dp. fait partie de la 23 conservation forestire. Ponts-et-chausses. Le dpartement fait partie de la 12e ins-

    pection, dont le ch.-l. est Clermont-Ferrand. Il y a 1 ingnieur eu chef en rsidence Clermont-Ferrand.

    Mines.Le dp. fait partie du 12e arrond. et de la 4e divis., dont

    le ch.-l est Saint-tienne.1 ingn. des mines rside Clermont. Haras. Le dpartement fait partie, pour les courses de che-

    vaux , du 6e arrond. de concours, dont le ch.-l. est Aurillac. Il y a Parentignat un dpt royal o se trouvent 45 talons.

    Loterie. Les bnfices de l'administration de la loterie sur les mises effectues dans le dpartement prsentent (pour 1831 com-par 1830) line diminution de 200 fr.

    MILITAIRE. Clermont-Ferrand est LE quartier-gnral de la 19e division militaire, qui se compose des dpartements de la Loire, du Cantal, du Puy-de-Dme et de la Haute-Loire. Il y a Clermont-Ferrand 1 lieutenant gnral commandant la division, 1 marchal de camp commandant le dpartement, 1 intendant militaire et 2 sous-intendants militaires. Le dpt de recrute-ment est Clermont-Ferrand. La compagnie de gendarmerie dpartementale fait partie de la 8 lgion , dont le ch.-lieu est Moulins, et qui comprend les compagnies dpartementales de l'Al-lier, du Puy-de-Dme , de la Nivre et du Cher.

    JUDICIAIRE. La cour royale de Riom comprend dans son res-sort les tribunaux du Puy-de-Dme, de l'Allier, du Cantal et de la Haute-Loire. Il y a dans le dpartement 5 tribunaux de l

    re

    instance , Riom, Ambert, Clermont (2 chambr.), Issoire, Thiers, et 3 tribunaux de commerce, Clermont, Ambert et Thiers. Il exisete Riom une maison centrale de dtention pouvant contenir de 6 a 700 dtenus et affecte aux condamns de huit des dpar-tements du centre : le Puy-de-Dme, l'Allier, la Haute-Loire , la Loire, le Cantal, la Creuse, la Corrze et la Nivre.Les dtenus y sont occups aux travaux de la filature et du tissage du lin, du coton et de la soie, a la confection des habillements et des chaus-sures et des travaux de menuiserie.

    RELIGIEUSE. Culte catholique. LE dpartement forme le diocse d'un vch rig dans le IIIe sicle, suffragant de l'arche-ehevch de Bourges , et dont le sige est Clermont, Il y a dans le dpartement un sminaire diocsain a Mont-Ferrand,

    qui compte 230 lves , savoir : 150 thologiens et 80 philosophes ; Clermont, une cole secondaire ecclsiastique. Le dpar-tement renferme 11 cures de lre classe, 41 de 2e, 361 succursales et 137 vicariats.Environ 37 congrgations religieuses de femmes sont consacres au service des hpitaux, aux soins des pauvres et des malades, et l'instruction des enfants.

    Culte protestant.Les rforms du dpartement ont Clermont-Ferrand une glise consistoriale.Il y a en outre dans le dparte-ment une maison de prires. Ou y compte une socit des mis-sions vangliques.

    UNIVERSITAIRE. Le dpartement possde une Acadmie de l'universit, dont le chef-lieu esta Clermont, et qui comprend dans son ressort l'Allier, le Cantal, la Haute-Loire et le Puy-de-Dme.

    Instruction publique. Il y a dans le dpartement : Clermont, une cole secondaire de mdecine ;un collge royal de 3 classe qui compte 340 lves ; et 5 collges: Ambert, Billom, ls-soire , a Riom, a Thiers. t cole normale primaire Clermont. Le nombre des coles primaires du dpartemeut est de 508, qui sont frquentes par 9,795 lves, dont 6,600 garons et 3,195 filles. Les comm. prives d'coles sont au nombre de 274.

    SOCITS SAVANTES, etc. Il y a Clermont une Acadmie des Sciences , Belles-Lettres et Arts ; une Acadmie de Gologie et de Botanique (1), et un vaste Jardin botanique. Il existe des Socits d'Agriculture Ambert et a lssoire,

    POPULATION. D'aprs le dernier recensement officiel, elle est de 578,106 hab.

    et fournit annuellement l'arme 1,489 jeunes soldats. Le mouvement en 1830 a t de,

    Mariage, : . . 4,956 Naissances. Masculins. Fminins.

    Enfants lgitimes. 8,386 7,967 naturels.. 346 319 tal 17,018

    D*ci' 6,583 6,769 Total 13,352 Dans ce nombre 4 centenaires.

    CARDE NATIONALE. Le nombre des citoyens inscrits est de 102,327, Dont : 46,184 contrle de rserve.

    56,143 contrle de service ordinaire. Ces derniers sont rpartis ainsi qu'il suit :

    55,665 infanterie. 75 cavalerie.

    145 artillerie. 258 sapeurs-pompiers.

    On en compte : arms, 6,921 ; quips, 2,245 ; habills, 5,427. 34,380 sont susceptibles d'tre mobiliss. Ainsi, sur 1,000 individus de la population gnrale, 180 sont

    inscrits au registre matricule, et 60 dans ce nombre sont mobili-sables; sur 100 individus inscrits sur le registre matricule, 55 sont soumis au service ordinaire, et 45 appartiennent la rserve.

    Les arsenaux de l'tat ont dlivr la garde nationale 6,200 fusils, 135 mousquetons, 4 canons et un assez grand nombre de sabres, lances, etc.

    IMPOTS ET RECETTES. Le dpartement a pay l'tat (1831) :

    Contributions directes 5,256,465 f. 97 c. Enregistrement, timbre et domaines 2,584,456 78 Boissons, droits divers, tabacs et poudres. . 1,057,365 49 Postes 290,990 98 Produit des coupes de bois 15,232 50 Loterie 22,452 90 Produits divers 44,281 23 Ressources extraordinaires 785,950 42

    Total. . 10,057,196 f, 27 c.

    Il a reu du trsor 5,817,877 f. 27 c., dans lesquels figurent : La dette publique et les dotations, pour. . . 885,354f. 78 c. Les dpenses du ministre de la justice. . . . 305,202 88

    de l'instruction publique et des cultes. 513,329 52 de l'intrieur 98,239 40 du commerce et des travaux publics. . 1,108,508 92 de la guerre 1,405,250 76 de la marine 3,493 08 des finances. 198,947 55

    Les frais de rgie et de perception des impts. 890,150 29 Remboursera , restitut., non-valeurs et primes. 409,395 09

    Total 5,817,877 f. 27 c.

    Ces deux sommes totales de paiements et de receltes reprsen-

    (1) Clermont a t l'anne dernire le lieu de runion d'un grand nombre de savants franais et trangers qui s'occupent de geo ogie. Le but de cette runion tait d'examiner diverses ques-tions qui se rattachent aux phnomnes de la volcanisation, et principalement celle des cratres de soulvement.

  • 8 FRANCE PITTORESQUE. PUY-DE-DOME.

    tant, peu tic variations prs, le mouvement annuel des impts et des recettes, il en rsulte que plus de quatre diximes des impts du dpartement sont affects aux frais du gouvernement central, et que ce prlvement annuel fait au profit du trsor sur les bn-fices de 1'industrie et de l'agriculture, s'lve la somme norme de 4,239,319 francs, qui, en cinq ans et demi consomme plus de la totalit du revenu territorial.

    DPENSES DPARTEMENTALES. Elles s'lvent (en 1831) 522,616 f. 68 c.,

    SAVOIR: Dp. fixes ; traitements, abonnem., etc. 240,532 f. 06 c. Dp. variables; loyers,rparations, secours, etc. 282,034 62

    Dans cette dernire somme figurent pour 34,000 f. c. les prisons dpartementales, 82,611 f. 09 c. les enfants trouvs.

    Les secours accords par l'Etat pour grle in-cendie, pizootie, etc., sont de 35,090

    Les fonds consacrs au cadastre s'lvent . . . 131,867 85 Les dpenses des cours et tribunaux sont de. . . 255,168 35 Les frais de justice avancs par l'tat de 48,281 06

    INDUSTRIE AGRICOLE. Sur une superficie de 809,933 hectares, le dpart, en compte :

    58,026 forts. 2l,160 vignes. 150,000 landes. Le revenu territorial est valu a 22,428,000 francs. Le dpartement renferme environ ,

    13,000 chevaux. - 120,000 btes cornes (race bovine). Les troupeaux de btes laine en fournissent chaque anne environ 900,000 kil., savoir : 5,000 mrinos, 10,000 mtis, 875,000 indignes.

    Le produit annuel du sol est d'environ , En crales et parmentires. 1,710,000 hectolitres. En avoines 65,000 id. En vins 500,000 id. L'Auvergne, en gnral, si l'on en excepte quelques cantons,

    est mal cultive; mais ce dfaut de culture doit moins tre attribu l'indolence des habitants,qu' leur ignorance et leur pauvret, suite ncessaire d'un mauvais systme d'impts, qui leur enlve toutes leurs conomies, et ne leur permet aucune industrie. On peut aussi en accuser l'opinitret naturelle au paysan auvergnat, qui lui fait suivre obstinment ses vieilles routines et rejeter toute mthode nouvelle. S'il ne tire point de son champ tout ce qu'il pourrait en recueillir, s'il fait mal ses vins et ses fromages, s'il ne sait point amliorer ses pturages, crer des prairies artifi-cielle, multiplier ses fumiers, parquer ses moutons, on doit s'en prendre au manque d'industrie plutt qu' la paresse; car le paysau est actif et laborieux. D'un autre ct, les migrations an-nuelles, obliges dans un pays priv de ressources industrielles, enlve aux terres un grand nombre de bras, et rend fort cher le prix des journes ; la culture est en consquence imparfaite et languissaute.

    L'lve des bestiaux, celle des chevaux , l'exportation des vins, des vinaigres et des eaux-de-vie ; celles de fruits frais et secs, des confitures en ptes et des fruits confits, sont les rsultats de l'industrie agricole. I1 faut placer en premire ligne la fabri-cation des fromages dits d'Auvergne , qui donne un dbouch aux produits des pacages et des burons ou chalets, seules richesses du pays de montagne.

    La fabrication de l'huile de noix et la vente des chanvres don-nent aussi des bnfices importants.

    Parmi les vins du dpartement, les ronges de Chantourgne et les blancs de Corent et de Chauviat, sont les plus estims.

    INDUSTRIE COMERCIALE.

    L'industrie des habitants du Puy-de-Dme lutte avec courage, mais il faut le reconnatre, sans espoir de succs, contre la fatale distribution des impts qui rend la majorit des dpartements de la France tributaire de la minorit (Voyez, t. Ier, la Statistique

    financire). Uue lutte pareille, c'est le travail de Sisyphe, sans es-poir et sans rsultat. Comment remdier en effet une extraction annuelle de plus de 4,000,000 de francs en numraire, balancs seulement par une quittance du collecteur d'impts; nanmoins l'industrie met en uvre avec intelligence tous les produits de l'agriculture; l'exportation des vins elle joint la fabrication des vinaigres, des eaux-de-vie et des liqueurs, l'exportation des grains, la fabrication des confitures sches, la faencerie, la cou-tellerie, l'exploitation des mines et carrires, la quincaillerie, la tannerie, la filature du chanvre, du lin, de la laine et de la soie, la fabrication des dentelles, des blondes, etc.; mais tous ces ef-forts sont inutiles, ils puisent le pays nu lieu de l'enrichir. Tant que le dpartement aura payer 4,600,000 de francs au-del de ses frais d'administration et de dpenses particulires, dj hors de proportion avec ses moyens, il sera pauvre et misrable.

    L'administration, qui laisse le pays dans l'ignorance sur les principaux rsultats de la statistique des besoins et des produits, sait sans doute ce qu'elle fait. Il est inutile d'clairer des dpar-

    tements qu'on pressure. Nous ne possdons, en consquence, ! que peu de renseignements officiels sur l'industrie du dpartement ! du Puy-de-Dme; ceux que nous avons recueillis sont relatifs

    aux arrondissements de Thiers et d'Ambert, les plus industrieux du pays. Dans celui de Thiers, la coutellerie et la quincaillerie, la papeterie, la tannerie, la chapellerie, la fabrique des cierges, bougies et chandelles, occupent principalement les habitants. Ou y compte 600 ateliers de couteaux et de ciseaux, 22 fabriques de papier et 10 tanneries; tous ces ateliers emploient 5,550 ouvriers des deux sexes, dont le salaire journalier moyen est de 1 fr. 1 fr. 50 cent. On estime la valeur des matires premires em-ployes chaque anne, a 1,901,900 fr,, et celle des matires acces-soires , 324,300 fr. La valeur annuelle des produits manufac-turs se monte 4,904,500 fr. La coutellerie (couteaux de table, ciseaux, canifs et rasoirs, etc.) figure dans cette somme pour 2,780,000 fr., la papeterie, pour 1,404,000 fr., et la tannerie, pour 250,000 fr. Le bnifice annuel des fabricants et des fileuses est valu 503,300 fr. , plus du dixime de l masse totale. L'industrie d'Ambert consiste surtout dans la fabrication des pa-piers, des rubans eu fil et en laine, de toiles, d'tamines pavil-lon et de dentelles. On compte, pour les dentelles, environ 2,350 ouvriers fabriquant par an 60,000 unes, estimes 100,000 fr. La journe de chaque mtier est value an taux moyen de 35 c. On compte 20 mtiers d'tamine pavillon. produisant par an une valeur totale de 11,200 fr. ; 900 mtiers toiles en produisent pour 900,000 fr. Il y a Ambert, pour la mercerie, 125 mtiers mcaniques, produisant chacun 150,000 aimes de rubans de fil,

    j values 4,500 fr., et 75,000 de laine, estimes 6,500 fr. Les mtiers simples d'une pice, au nombre de 190, produisent cha-cun 25,750 aunes de rubans de fil, estimes 772 fr. 50 cent., et 12,750 de laines, values 765 fr.La ville d'Ainbert est depuis long-temps renomme pour ses papiers. Le nombre des moulins est de 124 ; celui des cuves, de 102 , occupant chacune 10 person ns. Le taux moyen du salaire pour l'ouvrier est de 1 fr. 60 cent,, et pour une femme, de 50 55 cent. Chaque cuve con-somme par an 23,060 kil. de chiffons, du prix d'environ 8,000 fr , et fabrique 11,000 kil. de papier.Il existe a Ambert une grande confrrie des ouvriers papetiers , qui remonte au xv

    e sicle. Il

    paratrait que cette association fait souvent la loi aux fabricants. A ce sujet, nous ne blmons ui n'approuvons; ce n'est pas ici le lieu d'examiner : la libert du travail doit sans doute tre un co-rollaire de la libert de l'industrie.

    RCOMPENSES INDUSTRIELLES. A la dernire exposition des produits de l'industrie , le dpartement a obtenu QUATRE M-DAILLES D'ARGENT, dcernes MM. Dumas et Girard (de Thiers), pour rasoirs ; Bost-Membrun (de Saint-Remi), pour coutellerie ; Burdin (de Clermont), pour exploitation de mines et nouveau systme de roues hydrauliques; Taillandier-Aymard (de Thiers), pour ciseaux; DEUX MDAILLES DE BRONZE, MM. Bouffon (de Sauxillanges) , pour /aulx et quincaillerie , et Douris-Fumeaux (de Thiers), pour coutellerie. Des MENTIONS HONORABLES et CITATIONS ont t accor-des MM. Turlin (de Clcrmont), pour corroyage ; Paul Dallet et Chelle (de Chamollire), Molin (d'Ambert), pour papeterie; Annule (de Clcrmont), pour pte l'instar des ptes de Gnes ; Paul Blanc et Guilhaumont an (de Clermont), pour noir minral, et enfin la maison centrale de dtention de Riom, pour serviettes encadres.

    FOIRES. Le nombre des foires du dpartement est de 465, -Elles se tiennent dans 93 communes, dont 42 chefs-lieux, et quelques-unes durant 2 3 jours, elles remplissent 497 journes.

    Les foires mobiles, au nombre de 89, occupent 93 journes. H y 5 foires mensaires. 348 communes sont prives de foires.

    Les articles de commerce sont les chevaux, moutons et bes-tiaux, les laines, les chanvres, les bls, etc.- La foire de Taures (1er juillet) est appele la foire des/aulx, cause du grand com-merce qui s'y fait des faulx et faucilles.

    BIBLIOGRAPHIE. Tableau de la ci-devant province d'Auvergne, etc., par Rabany-

    Beauregard ; in-8. Paris, 1802. Observations sur les volcans d'Auvergne, par Lacoste; Paris, 1802. Excursion agronomique en Auvergne, etc., par Victor Yvart ; in-8.

    Paris, 1819. Crayon du dpartement du Puy-de-Dme, pour servir de statistique,

    par le marquis de Villemont ; in-8. Paris, 1826. Foyage agronomique en Auvergne , par Pradt; in-8. Paris, 1823. Atlas topographique, statistique et mi itra logique du dpartement

    du Puy-de-Dme, par Bulle t Annuaires du dp. du Puy-de-Dme ; in-18. Clcrmont, 1826-1833. Descript. des terrains volcaniques de la France centrale, par Amde

    Burat; in-8. Paris, 1833. A. HUGO.

    On souscrit chez DELLOYE, diteur, place de la Course, rue des Filles-S-Thomas, 13.

    Paris. Imprimerie et Fonderie de RIGNOUX et Comp., rue des Francs-Bourgeois-Saint-Michel, 8

  • FRANCE PITTORESQUE.

    Dpartement des Basses-Pyrnees ( Ci-devant Barn, Navarre et pays Basque. )

    HISTOIRE.

    La Basse-Navarre ou Navarre franaise et le Barn faisaient partie sous Adrien de la Novempopulanie, l'une des trois divisions de l'Aquitaine. Occupes un moment par les Vandales, les Alains et les Suves, ces provinces passrent ensuite sous la domination des Goths, qui poussrent ces bar-bares en Espagne, et bientt aprs sous celle des Francs, auxquels leur catholicisme rcent donna pour auxiliaire le clerg qu'avaient irrit les per-scutions de l'arianisme. Vers la fin du VIe sicle, les Vascons ou Gascons, anciens habitans de la Cantabrie ou Navarre espagnole, s'y tablirent par les armes, tantt combattant les Francs,tantt s'alliant avec eux pour refouler en Espagne les Sarrasins leurs ennemis communs. Les quatre si-cles suivans sont remplis des querelles des ducs et comtes de Gascogne et des vicomtes de Barn, qui se disputaient la souverainet. Au commen-cement du XIe, ces contestations furent termines par un trait qui assura Bernard, comte d'Ar-magnac, le comt de Gascogne, et Gaston, fils deCentulle, celui de Barn, pour lequel il renona ses prtentions de suzerainet. La souverainet de la Navarre, entre par hritage au XIIIe sicle dans la maison des comtes de Champagne, fut apporte en dot Philippe-le-Bel, par Jeanne sa femme, et transmise de la mme manire la maison d'vreux par Jeanne II, fille de Louis-le-Hutin. Le mariage de Blanche II, arrire-petite-fille de Jeanne, la fit passer sur la tte de Jean, roi d'Arragon, et celui d'lonore, son unique hritire, la transporta Gaston, comte de Foix et de Bigorre et vicomte de Barn. Catherine leur fille la partagea aprs leur mort avec Jean, sire d'Albret; mais, excommuni par le pape comme alli de Louis XII, ce prince fut dpouill de la plus grande partie de ses possessions par Ferdi-nand-le-Catholique, roi d'Arragon, et ne sauva que la Basse-Navarre, qui conserva cependant le nom de royaume, quoiqu'elle ne formt qu'une des six divisions que comprenait la Navarre en-tire. Henri d'Albret, son fils, pousa Marguerite de Valois, sur de Franois Ier, et laissa une fille unique, Jeanne d'Albret, marie Antoine de Bourbon-Vendme, et mre d'Henri IV. Par un dit de 1620, Louis XIII runit la couronne de

    T. m. 2.

    France celle de Navarre, le Barn et ses autres tats patrimoniaux.

    Le Barn, aprs tre rest long-temps dans la maison de Centulle, passa par mariage, en 1170, dans celle de Moncade, et fut apport en dot en 1290 par une hritire de cette maison Ber-nard III, comte de Foix, condition que le Barn et le pays de Foix seraient unis perptuit. Gaston IX, l'un des dcscendans de Bernard, ayant pous en 1434 lonore, fille de Jean II, roi d'Arragon, et de Blanche de Navarre, runit la souverainet de ce royaume celle du Barn et du comt de Foix, et Catherine de Foix sa sur en transporta tous les droits Jean d'Albret, comte de Penthivre et de Prigord, son mari.

    Au milieu de cette succession de vainqueurs et de dominations diverses, un canton seul conserva son indpendance et l'originalit de sa physiono-mie, c'est le pays des Basques. Laissons parler un philosophe ingnieux (M. Garat) qui, n dans le pays, a fait une tude approfondie de l'histoire, de la population et de la langue basques.

    Cachs entre les gorges des Pyrnes o les Gaulois, les Francs et les Sarrasins ont toujours inutilement attaqu leur libert, les Basques ont chapp aux observations des philosophes , comme au glaive des conqurans. Rome n'osa les mettre dans la foule des nations qu'elle d- nombrait dans ses chanes. Autour d'eux les peuples ont chang vingt fois de langage et de lois; ils montrent encore leur caractre, ils obissent encore aux lois, ils parlent encore la langue qu'ils avaient il y a trois mille ans; chez eux tout a rsist aux sicles, et l'on dirait que, derrire leurs montagnes, ils ont trouv un asile contre le temps et contre les oppresseurs.

    ANTIQUITS.

    Les Barnais et les Basques n'ont, dans leur pays , aucun monument antrieur l'poque de l'invasion romaine Les monumens romains y sont mme presque nuls. Ce sont quelques mdailles trouves aux environs des mines de cuivre, et une inscription dcouverte dans la valle d'Aspe, au-dessus de la pne (rocher) d'Escot, qui rappelle le passage en ce lieu de sol-dats du peuple-roi, et une rparation de route excute par un dcemvir d'aprs les ordres de

  • 10 FRANCE PITTORESQUE. BASSES-PYRENES.

    l'empereur.On n'y trouve aucun difice gothique remarquable; mais on a dcouvert, vers la fin du sicle dernier, aux environs de Pau, une mosaque assez tendue. Les couleurs en taient vives et bien conserves, le dessin vari et agrable. Les antiquai-res du pays, frapps de sa ressemblance avec d'au-tres monumens du mme genre, communs en Es-pagne, l'ont attribue aux Arabes ou aux Sarrasins.

    MURS ET CARACTRES.

    La population des Basses-Pyrnes se compose principalement de Barnais et de Basques.

    BARNAIS. Les Barnais sont en gnral irasci-bles et jaloux de leur libert. Spirituels, fins, propres a tout ce qui demande de l'intelligence et de la souplesse, ils ont un air de fiert , un cachet de civilisation et de politesse qu'on ne trouve point dans les populations des dpar-temens voisins. L'habitant des valles a l'esprit plus dli et le physique plus robuste que ce-lui des montagnes ; il tient sa religion sans tre ni fanatique ni superstitieux. Le dploiement de la puissance l'tonn peu, mais il est naturel-lement soumis aux lois : quoique son orgueil et son irascibilit le portent facilement la ven-geance , il se contient par crainte de la fltrissure 'et des amendes pcuniaires, et cherche dans les moyens judiciaires une satisfaction son ressen-timent. Il est alors processif comme un Normand. )Le gnral Serviez , qui a t prfet des Basses-Pyrnes, prtend que nul dpartement ne donne autant d'occupation aux tribunaux.

    BASQUES. Les Basques franais se sous-divi-sent en trois familles, les Souletins, les Bas-Navar-rois et les Labourdins; ils ont tous la mme langue et lies mmes murs, ce qui prouve une origine iden-tique. Les Souletins sont plus russ et plus astucieux 'que les autres Basques; leur moral se ressent un 'peu du voisinage des Barnais. Les Navarrois pas-sent pour avoir plus de franchise dans le caractre. 'Les Souletins et les Navarrois vivent plus sobre-ment, et sont plus simples dans leur extrieur que les Labourdins; ils s'adonnent volontiers l'agriculture, et nourrissent beaucoup de bes-tiaux. Les Labourdins ont beaucoup plus de luxe que les premiers. Il y a parmi eux plus de gens

    oisifs. Voisins de la mer, ils sont en grande par-tie classs ds leur jeunesse pour le service de [la marine. Les voyages lointains sont l'origine de leur aisance et de leur luxe.

    S'il faut en croire les traditions du pays, les cotes de Gascogne taient autrefois frquentes par les baleines; la guerre continuelle qu'on livrait ce ctac l' obligea se retirer dans d'autres parages; mais les Labourdins s'lancrent sur ses traces et furent les premiers le harponner dans les mer# du Sud. Ce fut en le poursuivant qu'ils

    dcouvrirent le banc de Terre-Neuve et procur-rent au commerce une de ses branches les plus lucratives, et aux populations du continent une nouvelle et prcieuse ressource (I).

    La premire chose qui frappe l'observateur en entrant dans le pays basque, c'est la fiert des habitans, qui se montre dans leurs regards, leurs traits et leurs attitudes. Bien diffrons des paysans des autres pays, ils marchent la tte haute et les paules effaces; ils s'inclinent rarement les pre-miers devant l'tranger qu'ils rencontrent; leur salut a toujour