houel voyage pittoresque

Upload: dora

Post on 08-Jul-2018

216 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    1/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    2/224

    VOYAGEPITTORES QUE

    DES   I S L E S

    DE   SICILE,   DE   MALTEET

    DE   LIPARI.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    3/224

    VOYAGEPITTORESQUE

    DES 1 S L E S

    DE SICILE,   DE   MALTE

    ETDE   L 1 P A R I,Où  l'on traite des Antiquités qui s'y  trouvent   encore;

    des principaux Phénomènesque la Nature y offre; duCoAumedes

     Habitans,  & de

     quelquesufages.Par JEAN HOUEL, JP~   Roi; de ~M~m~

    J?~M~4~T~   Parme.

    TOME   SECOND.

    A   PARIS,DE   L'IMPRIMERIE   DE   MONSIEUR.

    M. DCC.   LXXXIV.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    4/224

    A

    VOYAGEPITTORESQUED   E S   1 S   L E S

    DE   SICILE,   DE   MALTE

    ET

    D E   LIPARL

    CHAPITRE   TREIZIEME.

    Dqp~   M~y.   j~m~   M~   6'P~/zdu F~rc   Afe~ne

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    5/224

    2 VOYAGE   PITTORESQUEcomme moi,   des Iiaifons d'amitié avec  plufieurs d'entre   eux,   éprouvent une   douleur  plus vive,

    que le temps n'effacera point,   &   qui   leur   laiffera toujours  de   iennbles regrets.Ce qui reAe de cette  ville intércne trop  les arts  pour   ne  pas  retracer   à la mémoire tout ce

    qu'elle renfermoit de digne d'être admire   &je  vais avec un  plaiur  mêle de douleur   lui  payer   le

    tribut que je  lui dois.

    Cette ville étant une des  plus grandes & des mieux pourvues de la Sicile pour  toutes les com-

    modités de la   vie,   il ne me fut  pas di~cilc de m'y loger    on y  trouvoit des   auberges,   ce qui

    difpenfoit d'avoir   recours à i'hoipitanté des   couvens,   comme cela m'eA arrivé   trop  fouvent dans

    d'autres endroits de cette Ine.

    J'avois déjà  des amis dans cette ville   ils étoient  informés des motifs de  mon voyage.  Dom

    Andrea Gallo   un des hommes les  plus  in~ruits de   Mefnne", me conduifit à l'extrémité fepten-trionale du détroitoù eft la tour   du Fare   ntuée fur la  pointe de cette   lue qui forme le Cap Pelore.

    J'avoue que )'cus autant de furprife que de  pïaifir,  en voyant d'un mêmecoup d'œll une partiedela

    Sicile   le beau canal de  Meuine,   & cette  partie de l'Italieque préfentent les côtesdela Calabre.

    PLANCHE   S OIXANTE-TREIZIEME.

    E~M~   du Cap   P~o~   l'on voit la Tour du   Fare, le   Canal de

    M~ie   JC côtes de la C alabre.

    J'ai repréienté fur le   devant de cette cAampe  le terrain   exactement tel qu'il   étoit quand j'aide(!mé cette  vue,  afin d'offrir toujours des chofes vraiesà mes  lecteurs.   C'eA fur-tout quand on

    leur fait connoître une chofe nouvelle qu'il faut redoubler de foin  pour   être   exact.  C'eA ce quet'ai fait. Le terrain étoit  partagé comme on le voit ici en  petites pyramides quarrées d'égales gran-

    deurs,   placées à des diftanceségales. Ce travail avoit  été  fait pour y planter  de  la vigne.  Les cul-

    tivateurs m'ont dit qu'ils préparoient ainfi la   terre,   afin que  les eaux,  en fe ranemblant dans les

    endroits ou les angles fe   touchent,   communiquaffenttoujours un  peu  d'humidité au fol.

    Au-delà   de ce champ,   derrièreles figures, on voit un  des deux lacs A,A,   appelésPentane. Plus

    loin au  point B cR la   tour du   Fare de Meffine. C eir la langue de terre qui formel'extrémitéfep-tentrionale du Canal de Meffineavec le Cap Pelore. Cette langue de terre ne le voit qu'en  racourci.

    De l'autre côté dela mer,   au deffus de la lettre C,   on apperçoit le fameux promontoirede Scylla D.

    Le   château de   Scylla s'élève fur la   roche. La ville du même nom occupe le  penchant de  cette

    montagne, qui forme un

    golphe. La ville defcend

     jufques au bord de   la mer.

    Ce qu'on voit ici à gauche de cesmontagnes, qui s'élèvent derrière celles qui environnent Scylla,& qui  s'étendent au nord ~u~qual'extrémité du   tableau,   c'eâ la  pâme de la Calabre qui   a  été la

     plus  maltraitée par   faffreuxtremblement de terre du 5 février 17 8~.La partie de ces côtes, à droite de Scylla,  conduit à la ville de Regio, qui a   été   auffi   victime

    de ce même tremblement.

    Ces espèces de cubes E, E,   rangés irrégulièrement à  la fuitelesuns des autres,   le long du ri-

    vage,   font les maifonsdu village voifinde la tour du  Fare   de   Menine,   qui lui a donné fon nom.

    La mer à gauchedece tableau, eft cette  partie de la Méditerranée qu'on appelle mer de Thyrrhènc.Celle que l'on voit à droite  du  tableau,  eft le canal ou détroit qu'on nommeauffi Fare de Meffineil fe  termine à la  mer Ionienne.

    De ce  point de vue on diningue les Caps & les  places de ces  villes   qui ont été renverfées par le tremblementdu 5 févrieri 8   De ce nombre fontcellesde BagneraF, de SemineraG, de PaïmiH,de RofarnoI,   Misera L,   le Cap VaticanoM   Tropea N,  le Cap Zambrone 0,   &.c.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    6/224

    'f-t'j'Kw/}A   l   >

    ~< Y/   (~/A/

    y'Z'-K~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    7/224

    t~//)/   /~S/ x~~ C~j~   Jf{{?-ffll~.7  TcwrJ}ouaNUa.

    l~.   deI i~rnallr.  1   r 

    Toro~Dttzzarella. N ~f 

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    8/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE ET   DE LIPARI. 3

    Fo/Tn~tM~   ~M Canal de   Me~rï~.

    J'ai obfervédecelieulesmontagnesdelaCalabre   je lesai obfervçes bienmieux& de plusprès

    en traverfantla mer; & en longeantle canaï, j'ai obfervéavecle mêmefoinles côtes de la Si-

    ciïe. Hm'a paru qu'il n'y avoitni  de l'un,  ni de l'autre coté aucune productionvolcanique.Les portionsderochesquiformentle promontoiredeScyïïa&lesmontagnesdefesenvironsfont,en

    grandepartie, de quartz, M&nc&coïoré.Vis-à-visd'elles,cellesdu Cap Peïoreleur font fe mbIa-

     Nés, ou n'en diluèrentqu'autantque ces rochesdînèrententr'eïïes.Ce qui n'eâ pas ou quartz,

    ou calcairedansces montagnes n'eAfouventqu'un fable mouvant, dontles lits destorrensfe

    rempliffentaprèsles grandesalluvionsqui laventl'immenfeiuperncicde ces grandesmontagnesde

    ï'un & de l'autrecôté du canal.

    Le temps ne coûterien à la nature   elle l'a prodiguépourféparer la Siciledu continent.Onne peut s'empêcher de croire, quandon regardele grandgolphequi s'étend au midi de ce ca-

    nal,  &.qui en faitl'embouchure,que ce golphene fe foit creuféfon proprelit entrel'haïie & la

    Sicile, &.qu'il n'aitforméce canal. On fent,   en contemplantces montagnes que les eauxdes

    deux mers ont facilemententraînéles terres&.les fablesmouvans.

    Ce travaildesflotsétoit encorefecondé par  les pluies,qui creufoientdes ravins profondsdans

    les flancsde ces montagnes,& qui s'amanantdansles anglesdes rochers   &. emportantles fa-

     bles qui fe trouvoiententreux, ou qui en fupportoientle  poids,finiffoient par les entraînereux-

    mêmesdansl'abymeque lesondescreufoientà leurs pieds.C'eftainfiaujourd'huique les torrens

    détachentla montagneP,   qui formel'extrémitéde la pointedela Calabre   & lorfquelesflotsdes

    deuxmersagitéespar desventsalternativementoppofés agiffanten fens contraire,attaquoientà-la-foist'ifthmeétroitqui uniffoitla Calabreà la Sicile  la violencedes eaux auraété facilement

    vict:oiieu{edes obftaclesque lui offroitun terrainde fablemouvantde   troislieuesd'étendue  &

    auffitôtqu'ilfeferafaitlamoindrecommunicationentrelesdeux mers, ellesaurontacquisunedouble

    force pour entraînerle reftede cesrivagesqui leur réMoientencore.

    PLANCHE   SOIXANTE-QUATORZE.

    JP/~ du Canal de Meffinedansfa forme ~~)   t!g.   i. Culture des

    co~M~/M bivalves   appelées Carnes c/z~/ï~,  

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    9/224

    VOYAGE PITTORESQUE4

    granité,

    la le canala douzemillesde large, en comptantde cettevilleà Regio & de là, en allant plusau midi, à l'extrémitéde la Calabre,il a quinzemilles.

    Charybde

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    10/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    11/224

    VOYAGE   PITTORESQUE6

    distancesautant égalesqu'ils le peuvent; ces coquillestombentà plat furle fable ellesy relentdeuxà troisminutes

     j'aivu &

     j'ai

     admiréavecbiendu plaifir 

    & biende la furprife

    le travail

    qu'ellesfont alors   elles quittentcette po~ure qui femblefi naturelleà leur forme, ellesfe re-

    lèvent, & fe mettentfur leur  bifeau, ellesfe tiennentdroites,fe remuent,& s'enfoncentd'elles-mêmesdansle fable,fi vite qu'endeuxminutesellesdiiparoinentdes yeux, & quele fable paroîtauffiinhabitéqu'auparavant.Cette opérationfe fait à   l'aided'une petite queue & de deux an-

    tennes,dontellesouvrentle fable.Ce procédéefttout-à-faitcurieux.Les pêcheursnefément pas tout leur terrainà-Ia-fbis ils commencentà pêcher dansle lacau

    moisde mars; & à   mefurequ'ilsprennentde ces coquilles,ilsles fémentdansl'endroitqu'ilsont

     préparé.Cette pêche& cet enfemencementduredepuismars~ufqu'enaoût.Lescoquillesaugmen-tent de groffeur & de qualité les pêcheurslesrecueillentdansle mêmeordrequ'ilslesont femées&ilslesvendentà

    Meume.Au nord de ce lac il y ena un autre plus petit   tous deux font formés par  l'infiltrationdes

    eaux de la mer, qui s'innnueau traversdesfables.Leursrivagesfontd'un aipeQ:charmant,&d'unefertilitéadmirable.Le récit n'en feroit pas croyable   nuHe part je n'ai vu d'auffibellesvi-

    gnes, quoiqu'ellesviennentau milieudes fables.Tout y eft plusbeauqu'ailleurs.Je n'aivu nulle

     part des épis plus gros, plus fournisde grains. Nuls bordsne font plus abondansen cette herbe

    qu'onappelleCrifie-marine.

    PLANCHE SOIXANTE-QUINZIEME.

    Bas-relief qui Je   voit dans ~~0~~   Saint Jacques.

    Ce bas-relief décoroit un farcophagede marbre. 11repréfentoit,   félon l'usage des Anciens,   des

    figures emMématiquesqui   faifoientallufionaux principaux évenemens,  ou  a quelquescirconfiances

    remarquables de la vie de celui dont le corps étoit contenu dans ce monumenr.

    Ce bas-relief eft beau,   & devenu  précieuxaux yeux des   connoiueurs   on l'a dépofé  dans   la

     petite Eglife de S. Jacques, près d'une  porte latérale cette Eglife n'e~  pas éloignée de la  Cathé-

    drale on Fa mis dans ce lieu   aUn que n'appartenant   a  perfonneen  propre   &   fe trouvant àl'abri des  révolutionsqui arriventaux particuliers   il devînt en quelque forte une  propriété publique,& qu'il   fût en tout temps fous les yeux des amateurs.

    On  ne connoît ni fon origine, ni la moindre chofe de ce qui concernela vie du  mort en l'hon-

    neur  duquel  il a été érigé   les figures qui le composentfont trop myRërieuies, & il y a trop d'opi-nions opposéesfur ce qu'ellesrepréfentent, pour que nous nous expofionsici à en dire quelquechofe,& à  vouloir avoir un avis. Nous nous fommes contentés de  le représentercopié  très-exactement

    chacun de nos lecteurs pourra  t'examiner, & effayer de deviner  cette énigme.

    PLANCHE SOIXANTE-   SEIZIEME.

    Sarcophage   orné de  Bas-reliefs.

    Ce farcophagefert aujourd'hui a recevoirl'eau d'une fontaine placéeà côte de la porte du théâtre derOpera,  au lieuappelle   P~Modella ~M~~o~.   Cet ufagefi dIHërentde celuiauquel il étoit confacré

    originairement   ra feul  préfervé'de la deihu8ion tans fon  utilité,   il eût été   caffé   taille,  ou fcié

    comme tant d'autres che~s-d'Œuvrequ'on a employés à din~rcnsouvrages.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    12/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    13/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    14/224

    ~/7 (~7/7'   /V/ <   '/Y/7'.y'

    .ff /f/<   ,A'<

    /7/U7//

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    15/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE,   ET DE LIPARt.   7On   ignoret'hi&oirede celui-ci,&le  nom de la perfonneà qui on ï'avoitdeffiné.Il repréfente

    une vendange   elle eft affezconformea la manièredont on recueille& dont on ~buïcaujour-d'huile raifin.On y voit d'un côte& de l'autredeshommesmontantà des échelles pour atteindre

    les grappes pendantesau hautdela treille  d'autreshommesapportentde grandescorbeilles pleinesde raifins pour les versetdansla cuve, où de jeunes hommesnuds s'occupentà lesfouler.

    Queveulentdireces groffestêtesde lion qu'onvoit de chaquecôté de ce farcophage? 11y a

     beaucoupd'exemplesde ces fortesd'omemensdont nous ne connoiffons pas l'allégorie.Autour de ce farcophage,qui reçoitleseauxquifortentdedeuxmafcaronsmodernes, j'aiplacé

    des femmeshâhiHeesà la manièredu peuplede Mefime  elles caufenten attendantFin~nt de

     puifer de l'eau.

    O~n~Ko~ fur les ~K~M~Dans les intervallesde Icinr que me Iaitioientmes occupations, je fus conduit  par  mon ami Dom

    Andrea Gallo dans les  palais où la   renommée annonçoit  des objets   curieux,   foiten peinture,  ïbit

    en fculpture,  foit fur-tout en antiquités.J'ai  vu dans les Eglifes   ainfi que dans les palais,  de fort bons tableaux. Ils m'ont faitconnoître

    que Meffine avoit eu  des temps où les arts y avoient été  cultivés avec foin &. avec goût.   Hsy font

    négligesaujourd'hui, quoiqu'il y   ait du luxe.

    Je n'y ai trouvé quepeu de morceaux antiques,   encore  pour   la  plupartn'étoient-ils que des  mi-

    sérables copies   ou de mauvais originaux,   dont la   connoitiance n'ajouteroit rien ni à nos  plaifirs,ni à la gloiredes auteursqui les ont produits, ni même a celledu

     propriétaire qui

     les recueuïeroit.

    PLANCHE SOIXANTE DiX SEPTIEME.

    La   Bara ,~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    16/224

    VOYAGE   PITTORESQUE8

    les

    militaire.  Le   Clergé en habit fbmptucux marchoit en  proceulon, portant des Croix,   des Chanes,

    des  Bannières. Comme ï'ufage des femmes dans ce necïe étoit d'aller à  cheval à la manière des

    hommes   on avoit  placé -une Hatue de   la Vierge   fur un cheval gris   de la  plus  belle efpèceconnue alors. Cette ftatue de carton étoit   coiffée, parée,   habillée magnifiquement, telle qu'il con-

    venoic, difoit-on   à   une auiïi grande   Dame de l'être,   au moment  ou elle faifoit fon entrée en

    Paradis. Le Comte monté fur fon  chameau,   marchoit derrière eue fes Généraux,   fes Officiers,fes foldats le   fuivoient,   pleins de la double ivreffe de la guerre  & de  la piété, & mêbient aux

    cantiques chantés par   les  Pjétres,  les fons écïatans des inftrumens militaires;   tandis qu'au  milieu

    d'eux leurs captifs tramés en triomphe & couverts de honte,   mêloientleurs géminemens aux cris

    de joie & aux chants des vainqueurs.Je ne fais fi le   Comte Roger reparut  tous les ans à cette  proceffion   mais le Clergé  en fit

    une Fête   annuelle.   Tous I

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    17/224

    DE SICILE,   DE   MALTE,   ET DE LIPARI.   9

    c

    les bras  croifés fur la  poitrine   elle  regarde au  ciel,   & Jéfus-Chrut,   quila tient ainfifur fa main,

    l'élevé en lait,   &.eft f~ppo~ela   préfenter  à Dieu fon  père.

    Des   branches de   fer  obliquement difpofées &  cachées,   tiennent  toutes ces figures folidement

    attachées   de forte que la Vierge même,   dans cette fituation élevée &  ifoléc,  ne   court aucun

    danger  mais le   tournoyement qu'éprouventles enfans les IndUpo~en  cruellement   que  les uns

    s'endorment,   que les autres  vomiffent, & que plufieurs font  pire encore;   ce qui n'empêche pas

    le  peupled'être   édifie,  &.les pères &. mères d'offrir  leurs enfans pour   ce genre de fupp.Uce.C'eil

    dans cet appareil qu'on   fe rend à   la  Cathédrale,   où on  pofe la Vierge fur  le  maure-autel,   d'où

    elle donne fa bénédictionau  peuple.Cette machine n'eft point pofée  fur   des roues   mais   fur des   efpèces

     de  patins de   fer tres-

    larges qui  gliffent fur le  pavé   &   elle eft traînée   par   une multitude  conudéraMe  d'hommes

    robufles. La foule du petit peuple la fuit en  jetant en l'air leurs mouchoirs,  leurs chapeaux  leurs

     bonnets,  & en criant   ~zv~f   la Madonna   &M~~Les habitans de  Meffine fe font   mis fous la   protection  de la Vierge depuis   retablinement

    du Chrunam~ne dans cette ville;  c'eft elle qu'ifs implorent dans toutes leurs   calamités   & cette

    ville en a éprouvé   plufieurs fois d'affez grandes pour qu'on   foit trop   convaincu  qu'elle   n'a

     pas toujours exaucéleurs vceux.Ils nelui en ont pas moinsété toujours très-dévoués   ils cétebrent

    fa fête avecune dévotionqui les enivre de joie. Ils s'y préparent d'avanceavec non moinsde zHe &

    non moins d'apprêts, que   les habitans de Palerme ne fe difpofent à celle de Sainte Rofalie. Les

    décorations,   la mufique,  les  parfums   on y prodigue de quoi enchanter  tous  les fens.

    On dëcore les rues par  où la  proceffiondoit  paffer de pyramidesforméesde planches& de toiles

     peintes&   dorées,   repréfentant des  fontaines,des obélisques, des-colonnes,  des arcs de triomphes.On   voit des  piéde&auxuirmontés  de groupes   de   buRes   d'écunbns   d'emblèmes hifloriques

    quelquefoison y fait des figurescoloffales.Les guirlandes de  fleurs n'y   manquent pas.  Toutes ces

    décorationsfont  nobles,  & font voir le  penchant que ce  peuple auroit  pour   les beaux  arts,   s'il

    étoit encouragé à s'y livrer.

    Les rues font tapinëes   aux balcons des  palais on faîne  pendre  des étoHes galonnées,  & de

     placeen placede grandes bannièresfont fufpendues en l'air tout au travers de la rue. Ces bannières

    font  tres-ornées  on les retire au  moment où la  proceffion eft prcie à paffer   car elles ne permet-troient  pas à la Bara de  pourfuivrefon chemin.

    Le  foir  toutes les  pyramides&. toutes les décorationsfont  illuminées par  une multitude innom- brable de lampions, qui éclairent les rues d'une manièretres-écïatante & très-agréable. Les Grands& res Dames s'y  promenent à  pied au milieu du  peuple   mais ils font précédésde  coureurs tres-

    riahement,  tres-Mement   vêtus,   &  portant des  flambeaux. Les groupes différens qu'ils formentdans la foule, varient le fpec~acle& en augmentent  la beauté.

    Ces  promenadesnocturnes ont un   charme déMcicux,fur-tout dans un  pays' où la températurede l'air eft ancz  conflammentégale   pour   que   l'on   ne craigne  point qu'elle   foit troublée  par des orages.

    Cette fête dure  pendant plufieursjours   tous les ibirs on tire des feux d'artifices qui font an-noncés par  des décharges~de bo!tcs &  de canons.

    Les  boutiques qui font dans la rue des Marchands (ont  décorées extérieurement & intérieure-ment. Le   dehors peint,   doré   argenté, repréfenie de l'architecture:   le dedansorné avec de richesétoffes,  dont quelques-unes font   attachéesen forme de rideaux relevés,  faifant de beaux pïis.eAencore décoië de

    glands, de

    franges  de

    crépines, de

    gazesde

     couleur,  de gaze d'or  & d'argent.  Lemilieude l'intérieur dela boutique eft marqué par  un  baldaquin, ou  par   une coupole foutenue par des colonnes d'une matièrefi brillante, qu'elleséMouin'entles yeux.  Au deffousrepofeune Vierge,

    TOME II.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    18/224

    to   VOYAGE PITTORESQUEun   Saint,   ou   une  Sainte   c'eft celui ou celle  pour qui   le maître de la maifona le plusde dé-

    votion.Des glaces,   des girandoles, des Iuftres,   diAribuésavec goût, augmentent encore l'éclat de la

     boutique   des fiâmes,  des tableaux   des vafes de pierres précieufes ou de   métal,   achèventd'em-

     bellir la   décoration  &Llui donnent un caractère qui fait grand plaifir. Chacune de ces boutiquesa

    l'air d'un ianduaire, ou aumoins de l'intérieur d'un palais   elles font  toutesd'un genretres-oppoie.  II

    y  en a de très-magnifiquespar leur ncheue   &. d'autres très-remarquablespar   leur  implicite   mais

    dans toutes il règne  une  propreté qui ajoute encoreà leur beauté.

    A la  place qu'on appelle des Ames du Purgatoire j'ai   vu une  petite cocagne (?   neuf  a dix

     pieds de haut on y faifoit monter un  polichinelleavec toute la   balourdife   la  poitronerie &. la

     bonne volonté d'un tel  perfonnage. II y monte dix Ibis,  &  il en retombe auffi  fouvent, avec un

     jeu toujours grotefque

     &

    toujours naïf,

      qui

      amufe

     beaucoup

     les

    fpeaateurs.

      !I tente  de mettre

    le feu à de   l'artifice   & lorfqu'ily parvient, la petite bougie qu'il tient faitune explofionqui l'effraye

    & qui   le fait tomber,   ce qui   redouble encore les éclats de rire.

    La Cathédrale e~  exceffivementilluminée par   des lufires fufpendus  à égale   difiance   les uns

    au denus des   autres,  ainfi que  ceux de la grande Eglife de Palerme à   la fête de Sainte Rofalie.

    L'intérieur de l'Eglife eft tapiffé d'étones cramoifiesgalonnées. Sur le maître-hôteleft un baldaquinimmenfe   qui s'attache au fommet des voûtes. Les rideauxde ce baldaquin paroilïent faits d'étoffe

    magnifique   ils font ornés de franges,   relevés avec des glands,  & forment de très-beaux plis. On

    ne néglige rien  pour  rendre ce lieu digne d'attention & d'admiration. Le concours de monde qu'ilattire eA prodigieux. C'eH un ipectacle fuperbe.

    <

    PLANCHE   SOIXANTE-DIX-HUITIEME.

    Figure   de la   jeune   fille qui   avoit ~MA'é l'ame de la   Vierge mère

     préflntée à Dieu le   père par 7~C~r~ /byï fils   dans la Procelion

    de la   Bara   fig.   I.   r/t   du Port de  M~/ïC,   6g.   2.

    Le lendemain de cette  proce~ïion& les  jours  fuivans,   la  jeune fille qui a représentéla Viergeavec tant de  pompe  au haut  de cette énorme   machine   va mendier  par Mutes les maifonsde

    Meffine   elle y  va vêtue   encore de fon habillement de Vierge   & l'auréole   fur   la tête. EIIevint dans mon auberge & entra dans ma   chambre   elle étoit accompagnée de fon père. EMe~fit

    fans parler  une fimple inclination de  tête,   & fe mit à  chanter  férieufementune efpècede cantique

    que voici en ficilien & en françois.

    Millegraziet'Indo Eterno Padre,

    Che del' Ancillatua ti ncordaSe

    A tia crucifigliochia la madre,

    La tua cictafedelecufta racommandafte

    Mi fia l'avocatada tua Me(Hnati fia racommandata.

    Je te rends grâces, ô Père Eternel   de

    ce que tu as daignéte fouvenirde ta fervante,

     pour larendremèrede ton filscrucifié.Ta cité

    fidelleferecommandeà moi   eUeveut queje

    1 fois l'avocatede ta Me~Uneauprèsde toi.

    Apres avoir   chanté   elle fit trois fois le figne de la croix en l'air avec deux doigts, précifé-

    ment comme un Evêque qui donne la   bencdi~ion.

    Trouvant l'accoutrement de cette  jeune  6He affez fingulier pour  dédier d'en orner mon re-

    cueil,   je pris   le  parti  de lui faire  acheter d'une   petite complaifance l'aumône qu'elle   dédroit,

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    19/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    20/224

    DE SICILE,

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    21/224

    12   VOYAGE PITTORESQUE

    & de fesélévations des difiances diverfes, donnent lieu   avec d'autres roches encore   aux cou-

    rans de la mer,  firedoutablesdans ce détroit.

    Sion confidèreCharybdefeulementcommeun gouffre,c'eftun ~euoùl'eau tournoyé,&quidevientle

    centrededinérensmouvemensqui feremarquentau pointE il s'appelleà Meffinele Garoffalo.Je regardele premier nom commeceluide la caufe   & le fecond commecelui del'effet:  fouvent on les confond.

    En face de rentrée   de ce port   eff  le  palais   du Viceroi F le mole ou  quai   s'étend jusqu'enG la partie de la villecontenue dans cet efpaceeft embellie par  une longue fuite de  palais, qui font

    tous à-peu-presde la mêmearchite~ure   ce~ ce qu'on appellela Palazzata,  ou ~e Théâtre maritime.

    Cette fuite de  palais contigus, eft interrompue au rez-de-chauiïée par  dix-neufarcs, qui  fervent de

     portes pour entrer dansla ville falongueur eAde 84.0toifes. Elle a été élevée en 1662,   par Philibert

    Emmanuel, Princede Savoie&.Vice-Roi de Sicile. Ce quai eftencore décoré de  plufieursfontaines,ornéesde figures de marbre.La plus  remarquable de ces fontaineseftcelle de Neptune H. Le Dieu y

    c~ représentéle tridentà la main,   réprimantla fureurd

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    22/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    23/224

    DE   SICILE,   DE   MA~TE,   ET   DE   LIPARL   i3

    0

    CHAPITRE   QUATORZIEME.

    F~~e/~   deM~   ~~p~c~p~   P~ce~de JE~c~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    24/224

    VOYAGE PITTORESQUEi4faite cettebelle fuitede palais,qu'onappeloitla Palazzata & qui formoitun demi-cercleautour 

    de ton port a été renverfée,& n'eff  pas une de ces beautésque l'on  puifferéparer.Au pied dela fortereffedn Saïvator,n°. 3, prèsde l'entréedu port cRle fameuxgouffrede Charybde,~ont

    la caufeeft inconnue &Lqui, peut-être n'a eu aucune part aux tremblemensqui-ontrenverfé

    ,plufieursfoiscette ville. On peut obferverdans cette eAampequ'elleeft entouréede montagnes,

    &plus ~'untiers de la ville e&bâtifur deshauteurs.

    Le fort de Meffinea été d'éprouver dansle coursde  plufieursfièclesdesrévolutionsde toute

    efpèce, &.de reflernxe au mêmelieuou ellea été Mtle originairement,tandisquela plupartdes

    villesfe font un peu écartéesde rendroitoù leur fondateuren avoit poféles premières pierresou élevéles premièrescabanes.La ntuationde Menmea descharmes& des avantagesqui n'ont

     pas permisqu'aprèslesravagesdelaguerre,&.ceuxdestremblemensde terre, feshabitanséchappésà ces

    déiaAres,fongeanentà

     quitter leurnte

     primitifpour en chercherun autre.

    Elle eA très-ancienne,ellea changédenom & de Souverains plufieursfois elles'eAappeHéetour-à-tour Zancle   Mamertine,Meffena fbuventrenverfée par des tremblemensde terre, ellea   dû être rebâtiede diverfesmanières.

    Elle eAtoute pavéeavec de la lave,   taillée par grandsmorceauxde deux piedsen quarréces morceauxfont partoutIrréguliers.La proximitédesvolcansdontcetteville eAenvironnéeau

    nord&.au midiont fait préférer cette pierre.Elle en fortdure, & eUeréûfb au moinsautantau

    Sottementque le grèsdont on faitufagedansla plupartdes villesde France.

    PLANCHE   QUATRE-VINGTIEME.

    Place de la Cathédrale.

    Cette placen'etoit pas régulière cependantelle formoitun eoup-d'œiïagréable.Elle n'etoic

     pasla plus grande de  Mciune, maiseHeétoit la  plus belle   la  plusdécorée& la  plus fré-

    quentée.La figureequeUreA,   que le tremblementde terre a épargné, e&en bronze   & repréfente

    CharlesII   Roi d'Efpagne.Son piedeAa!eAde marbre elle eft au milieude la  place   en face

    du palaisdes Etudes.

    Vis-à-visde cette Aatueeft une très-bellefontainede marbre   ornéede beaucoupde figures

    ~['honMïies&.d'animaux  qui tontes jettoientde reau en grandeabondance,ce qui répandoiten été une fraîcheurdélicieufedans cette place, où beaucoupde monde aimoita fe raffembler.

    Septrues y   aboutiffoient.La Cathédraleen fait partie   on ne la  voit pointdanscette e&ampe,

     parceque le ipeSateur e&fuppoféplacé devantelle.

    De la   Cathédrale.

    En confidérantle vaiffeaude cette Eglifeà l'extérieur ou dansl'intérieur,3 n'offroitrien quiintéreffât ficen'eu:lemaîtreAutel   ouvragede mofaïque,d'untravailtrès-riche,& bienexécutéen

     jafpe, en

    agathe en

    ïapis, en marbres

    finguliers,en

     pâtesde verresde couleurs

    différentes,dontles applicationsheureufesfontde fort bons effetsdanscette moiatque par leur variété.Mais

    toutesces beautésne font qu'undiamantdansles cheveuxd'une femmelaide ELmai habillée.Elles font au centrede cetteEgIife,fansêtred'accordavecle rcAcde Fedutee.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    25/224

    yv.~M

    A.M~.   1~'VUEF,I)KME~~JNE. c.~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    26/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE   ET   DE LIPARI. 15La vouuuredu chœure&ornée de grandesfiguresde mosaïqueen or & en  couleur, fem-

     blablesà cellesque j'ai décritesen parlantdes Cathédralesde Palenne & de CheMu,  où desfigurescoïonafesrepréfententDieule père avecfesAnges.On trouvedanscellede Menmedes

    figuresde Saintsfaitesdansle même goût,  & placéesfur les chapelleslatéralesqui bordent'le

    chœur..C'étoitla modedu onzièmetiède.

    Du reKe, des poutreshideufestraverfentla nef de cette Egïife, &entre cHeson apperçoitles

    chevrons& les tuilesdu toît. Cette nef eft formée-par descolonnesqui portentdes arcs  & ces

    colonnesfontfaitesavecles débrisdes temples payens échappésauxravagesquifirent perdreà cette

    villele  nom de Zancle   ces morceauxmal anbrtis, & de groneurinégale   fontun alfemblage

    choquant,qu'unhommede goûtne fauroitapporter. Maisdansle tempsoù l'onélevacetédifice,on faifoitdes dépenfesénormesen moiaÏques,parce que cette espècede peintureparle aux yeuxdes

    ignorans,&.

    qu'onne &ntoit

     pas le méritede la

     régularitédansl'Architecture.

    CetteCathédraleeAconfacréeà la Vierge  commecelledeParis   maisellea un titrede plus pour l'être.LesSiciliensfont perfuadésqueS.Paulvintlui-mêmeenSicile il y fit, difent-ils,deuxfermons

    qui eurentun prodigieuxeffet.L'un traitoitde la Paffionde Jéfus-ChriA l'autrede la Virginitéde la Viergemère. Les Siciliens,& entr'autresles habitansde Meume, furentfi touchésde cedernierfermon&.de la grandeur du miracle,qu'ilsfe rangèrentincontinentfousta proteffiondelamèrede Dieu. C'eAce que nousapprendle bavantM. de Burigni,dans fon Difcoursfur  réta-

     bMementdela ReligionChrétienneen Sicile,tome1, page334. LaViergevivoitencore,ilsluien-

    voyèrentdesdéputés   elle daignaleur répondre par  écrit  &fa lettrea été confervée jufqu'ànos

     jours dans le tabernaclede cette Cathédrale,où ellea été respectueusementdépofée& foigneu-fementgardée. Nous croyonsqu'elle n'a pas été perdue dans le dernier tremblementde   terre,

     puiiqu'eHea échappéà tous lesautres. La voicimot à  mot, telle que M. de Burignil'a traduite& l'a tranfcritedansfon ouvrage.

    La Vierge Marie, fillede Joachim, ties-humMeMère de Dieu   Jéius   Chri~ crucifié, dela tribu de Juda,  de la race de David, falut & bénédictionde Dieu le Père tout-puMant à

    tous   les Meiïmiens.H en certainque par  une grande foi vous nous avez envoyédes députésen conséquence

    d'unedélibération publique & punquevousavouezquenotre FilseADieu&.hommeen mêmetemps, qu'il eA montéau ciel aprèsfa réfurrecHon,ce quevousavezapprispar  la prédication

    » deS. Paul Ap6tre, nousvous bénmbnsvouscevotreville, & nousvoulonsêtre toujoursvotre prote~rice.L'an 42  de notre Fils, mdicnon ï,   le 3 juin,   le 27 de la lune, à Jérusalem.«La

    Viergeécrivitcette

    lettre en hébreu; S.Paul la traduinten grec, c'étoitla languenaturelledes Siciliens.M. de Burigniobferveque S. Paul ne vint en Sicileque l'an 60,   &. nonl'an   42   de Jé~us-

    ChriK qu'onne compta par Indiaionque plufieursnecïesaprèsl'Alfomptionde la Vierge;& qu'onne data   par lanailiancedeJéfus-Chrift   que beaucoupplustard encore.Ces erreursfonttufoecter la véritéde la lettre. Mais les habitansde Meffine perfuadésqu'elle véritaHe   ne penfent point que la Viergeait été obligéede fe conformer à la manièrede dater des Romains;ils pen-fent bien plutôtque les Romainsont adoptel'ufagede dater, introduit par  la Vierge dans cettelettre   c'eu ainn qu'i!sfe croyenttoujours protégés par  la Vierge, quoiquede tempsen tempsleur villefoit renverfée par  des tremblemensde terre. Il ne faut pas oublier que le JéfuiteMel-chior Inchofer a écritun volumein-folio pour  prouver que cette lettrea véritablementété écrite par ia Vierge.

    On célèbretoushs ans cet événement par  ~e   Fête foIemncHe,qu'on appellela Fêtede laOn porte en proccuiondansun oHembir de criM  unebouclede cheveux, préfentdont

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    27/224

    VOYAGE   PITTORESQUEt6

    fontaine

    la Vierge accompagnafa lettre. Elle fit auffi  préfent à ces députés de fon  portrait   I! e~  placéau denus du tabernacle. J'ai vu ce  portrait & ces cheveux.  Les feuls Chanoines de la   Cathédrale

    ont  le   droit  de toucher & de  porter  fur leurs épaules la châffe ornée d'argent,   dans laquelle on

     pofe FoRenfoir qui  contient les cheveux de la Vierge.   Huit de ces   Chanoines,   la mitre fur le

    front,   portent cette   châiïe   le dais qm s'élève au deOu: eft  porté par   fix Sénateurs en robe.

    ~pres  les cérémonieseccïéuaiuques on faifbit fur le  port,   devant cette fuite de  palais fuperbes

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    28/224

    YV.~j'~r~

    *T* ~11~   V~7EJ)K MES INH.  c   ~7

    Ji.J.Il   nrlr%nJ%'r%J! Nl·l'r.liltl   IlP/rNlPt/RL  r'P JIII'J'PRl

      A1~  Y TE   .I J

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    29/224

    ~/jLojE~l

    AAA.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    30/224

    /Y~M~y

    A.v~  IV.VUEI3EMHSSINE.   e..f'<

    ~Y

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    31/224

    ~V~~t~/t

    A~v/   ,

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    32/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    33/224

    VOYAGE   PITTORESQUEï8

    foienttousentièrementanéantis,mais parceque je dis ce qu'ilsétoientquand je lesai vus, & que

    T'ignoreceuxquife font confervéstout entiers; que ceuxmêmequi ont le moinsfouffert   ont

    éprouvéquelquesaltérations,&.qu'ilsen éprouverontencorequandils redeviendront partie de lacouveUeviffequ'onrebâtira.

    PLANCHE   QUATRE-VINGT-CINQUIEME.

    Quartier  des ~~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    34/224

    A~   V!.VUE1P,DEEMESSINE. D.r~B~

    ~y~w~< ~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    35/224

    DE SICILE,   DE   MALTE,   ET DE   LIPARI.

    Pêche du ~o~o~   Epée.

    J'ai   fait pïuueurs voyages à   Meume,   j'y   vins une fois pendant.les   mois de  juin   & de juillet,

    temps où fe fait la  pêche du  poiffonEpée   efpèce fingulière que

     la nature a  véritablement armée

    d'une lame tranchante des deux côtes,   &  plus redoutable que  celle   dont nous nous  fervons.

    Les pêcheurs fe difpofbicnta partir.  S'il eût été  difficileà tout voyageur  un  peu  curieux de ré-

    Mer  au defir devoir un tel fpedacïe,   on peut préfumer  qu'un peintre s'y abandonna avec tranfport.

    Je  m'embarquaipromptement pour  me   rendre auprès de la  tour du   Fare,   où fe  paffent  ordinaire-

    ment les plus belles fcenes de cette  pêche.Le  rivage du canal m'onroit  dans cette navigation

     les  points de vue les  plus agréables & les

     plus variés. Les maifons de campagne,  les   monaOeres, les   villages fe groupoient de la manière la

     plus pittorefque avec les arbres,   où   fouvent fe mêloient les belles plantes  d'aloès,   dont les tiges

    droites,   de 25   à   3 o pieds de   haut,   terminées en  pyramide par  la difpofition de leurs branches,

     préfentent un  caractère, dont la différencefenfible avec les autres arbres,  étoit d'une vërité qui met-

    toit du  piquant dans ces afpccts,  & faifoit de belles oppofitions avec les maffes verdoyantes  des

    montagnes   & les mânes arides de la roche nue,   qui de loin fe confondoit avec les édifices. Les

    vallons 

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    36/224

    20   VOYAGE PITTORESQUE

    Mes

    mourant jusqu'àce querevenantfur  l'eau, fansforce  & mêmefansvie   il puuïeêtre enlevé

    & embarqué elle le porte au grand bateau, & pendantcettecérémonie,la premièrechaloupeeCdéja occupéeà  lancerle harponcontrequelqu'autrepoiffon.

    Cette pêchenefe~attqu'encet endroitdu Fare, aux environsdes cotesde Scyua& de Ba-

    gnara.Le poiffondu FareeAle plus~me.   Elle n'eA pas anezconHderaMe pour  être un o~etde commerce.On confomme prefquetous ceux qu'onpèchedans le pays   le re~eeftfalé&

    envoyéen préfentà Naples.Heft beaucoupplusemmequele thon   je croisqu'ilferoitdifficiled'en

    ttouver a acheter.Je ne.crois pas qu'on.faneaucunufagede fon épée,

    Voyagede Scylla.

    Le beau temps, 'la tranquiuitédela mer me déterminèrenta traverfer le détroit, & à fairete

    voyagedesrivesde la tour du Fare à cellesde ScyHa,fur lescôtesde la Calabre.Je me rendisd'abordau châteaudu du Prince il eAbâtifur le rocher qui formele promontoiredecenom.Je

    n'y trouvaique le concierge.H me reçut très-honnêtement,& me fit voirl'intérieur du château.

    PiuHeursMes étoientrempliesde taMeaux.Ce qui me parut fingulier  &. cfpctiJantHcn Imaginé,c'ett

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    37/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE,   ET DE   LIPARI.   21

    F

    Mes mariniersvinrent fur les trois heures du matin m'avertir que la mer étoit calme &.le temps

    ferein. En   effet   il n'y  avoit pas   le  plus petit nuage au ciel. J'embraffai mon cher 

      hôte,  &

     jeme rembarquai   bientôt   noue fûmes loin du  rivage.

      La mer étoit d'une  tranquitiité perfide.   A

     peine avions-nousfait  une demi-lieue,   que les vents s'élèvent,   & que  les eaux roulent avec   fu-

    ieur. Notre chétive barque devint le  jouet des vagues. Portes alternativement fur la  cime ou dans

    le fond des abymes noirs & liquides, que la  profondeur  des flots creufoit en élevant la fommité

    des vagues, qui  fe terminoient en un déluge d'écume blanche,   fous   laquelle il fembloit que nous

    allions être engloutis; puis entraînés tout-à-coup hors de ces vallées mobiles, nous nous trouvions

    furlefommetdiaphaned'une monugne vacillante  dont nous  appercevionspour  un moment la terre,

    que   nous  regrettions   &  plus loin encorecelle que   nous décrions. Entre  nous &. ces rivages

    Souhaités,nous appercevions trois à quatre   bandes   noires  qui fillonnoient la   mer,   c'étoient   les

    redoutablescourans qu'il falloittraverfer  pour  arriver en Sicile. A peine ces objets effrayansétoient-

    ils entrevus,   que nous étions  précipités de   nouveau entre les vagues,   dont  les fommités poufféesen fens contraire,   venoient quelquefoisà fe courber,  & à s'unir  près de nous,   où elles formoient

    des berceaux tranfparens   couronnés d'une crête d'écume. Nous euffions été   engloutis fousleur 

     poids, fi elles eurent   éclaté fur nos têtes,   au lieude fe replier fur  elles-mêmes   & de fe reculer en

    nous couvrant d'un nuage de  poumere humide,   que les vents difperfoient autour de   nous,   dont

    nous énotis tout   n-empM   dnn

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    38/224

    22   VOYAGE PITTORESQUE

    doit fonexigenceaux pâmesles plusfubtilesde ce bitumequi formeles poudings,dontnous

    avons parlé

    ci-de~us  que

    ce bitumeen s'étendantfur la furfacedes eauxs'atténue,te combine,

    fe voIatHife,& s évaporeavecles gïoMes aqueuxque l'air  enlève dans l'atmosphère & que

    donnantà la vapeur condenféeun peu plus de corps   fes facesMes  formentune espècede

    criftalaérien, qui reçoitla lumière, qui la réHéchità rœll, &   qui lui apportetous les  points

    lumineuxqui colorentles objets -& qui les rendentfendbles la vue.

    .E/c~y~.

    Parmi les dutérens objets  que je  vis à   Menine,   & qui me frappèrent   le  plus,   je  ne dois pasémettre le   tableau le  plus oppofé à nos   moeurs   c'étoit une cargaifon defclaves. Ce vaineau bar-

    Larefque, qui auoicde Tunis en Morée,   avoit été  jette par  la tempête  dans les mers d'Agora enSicile,   &.après la quarantaine,  il s'étoit réfugié à Metfme,   pour   rétablir  les dommagesque le vent

    avoit fairs aux agrès. Je vis débarquer les  efclaves il y   avoit parmi  eux dix-neuf   femmes,   dont

    cinq  étoient fort jeunes,  &. dont trois étoient fort  jolies.Leur habillement n'étoit  pas propre   à faire reffortirleurs charmes.   La coquetterie ne   Favoit

     pas  inventé. C'étoit   une fimple cheminede laine   blanche,   qui les couvroit anez mal  par   deffus

    on avoit  jeté   une étone   de laine blanche d'une  forme quarrée   dont elles s'enveloppoientfans

    art,   de   manière qu'on ne   diffinguoit ni   leur  forme   ni leur taille. Lorsqu'elless'anéyoient,   les

     jambes croifées   ielon   Fufage de tout   l'Orient,  elles paroiffoientn'être qu'un   amas de draperies

    qu'on avoit jetées~ansfoins.Une compagniede cette efpèceparoiiMt un tas de paquetsd'étone,   d'où

    il fortoit ça & là des têtes ou des pieds.Comme  il faut toujours un  peu   de  parure  aux femmes,   quelque miiëraHes qu'elles foient

    elles avoient aux oreilles de grands anneaux d'argent de deux ou trois pouces de   diamètre   des

    colliers garnis de beaucoup de rangées de  perles qui lesrendoient très-amples,  tomBoient en forme

    de guirlandes fur leur  poitrine   elles portoient des bagues à tous les doigts de l'une   &   de  fautre

    main,   & quelquefoiscinq  ou fix au même doigt gronesou fines, la qualité du métal n'y  fait rien.

    Pour bracelets elles portoient un cercle de la largeur  du doigt,   un  peu plus ou un  peu  moins

    orné.  Ce cercle n'e~ ni  fermé   ni fbudé.   On  l'ouvre àvec force pour y   paffer la main   fon élas-

    ticité fuffit pour  le renerrer quand il eAau bras.  t,   le

    Quelques-unes de ces efclavesavoient des espècesde bonnets qui leur  enveloppoient la tête.

    Cette vue humiliante pour   l'humanité m'affligea beaucoup. Comment l'homme non content d'a-

    voir  fournis toutes les autres efpeces,  & de les avoir fait fervir a fes befoinsainfi qu'a fes caprices,a-t-IÏ pu atiujettirjufqu'à fon iemblaHe? Mais l'examen de cette question, qui aboutiroità montrer 

    la férocité des uns & la baueue  des  autres,  feroit encore plus  humiliant pour   l'humanité,   que  le

    tableau  qui m'arSIgeoit, &   où  pourtant je trouvois des charmes par   fa fingularité.  Je fis plufieursfois des tentatives pour  denjner ce bizarre ancmblage   elles ne le voulurent jamaispermettre   elles

    fe cachoient totalement la tête  en fe ramaffant enfemble,  & rendoient abiblument inintelligiblela

    figure enveloppéefous ces draperies chiffonnées.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    39/224

    DE SICILE,   DE MALTE,   ET   DE   LIPARL   23

    CHAPITRE QUINZIEME.

    Tremblementde  terre de M~e.   Ouragan prefque

    auffi   terrible. Bains   d'Ali.   Mines de  Fiume di

     Nifo.   Arrivée   a y~onnMf. *MonMMeyït~connu.

    Vuegénéralede la   jF~   du Théâtre de Taor-

    mine.

    JVLESSïNE,   fondée entre   les volcans de FEtna &  le gouffre  de   Carybde,   qui   e~   ouvert

     prefque ïbus fes murs   &.d'ailleurs peu éloignéedes volcans de Lipari & de celui de Stromboli,p

    qui jette perpétuellementdes flammes,  a dû dans tous les temps être  fujette à des tremblemens

    de   terre.

    Mais ces événemensrares autrefoisfemblent avoir été  plus  rréquens dans   ce fiècle que  dans

    aucun autre. En 160~  un tremblement renverfa le quart  des villes de la Sicile Meffine ne fut

    cm'ébranlée   tous fes bâtimens Ibunnrent. On. en répara les défordres avec   une économie très-

    imprudente. Elle en

    efuya un autre afrez violent en

    17~2.  La

     pefle qui  furvint en

      174.3 ne

     permit pas qu'on s'occupâta~ rétablir  ce qui étoit renverfé. En i'y8o   eHe éprouva  des fecouffes

     pendant plus de 6x  mois   & à  en ~ugerpar  les intervalles qui  s'étoient écoulés entre les trem-

     blemens antécédens   elle ne devoit  pas s'attendre à en fouffrir un nouveau fi  promptement.Ces accidens font fi terribles & fi imprévus, qu'on   doit rappeler  tout ce qui  les   a  précédés,

     pour   (avoir s'il n'y  a  pas dans les élémens quelques ngnes   avant-coureurs de ces   convuMons de

    la  terre,  qui puliïcnt  avertir  les malheureux humains du danger qui  les menace.

    L'automne de 1~82   avoit été froid &  pluvieux   le thermomètre de Farenheit étoit defcendu

    fouvent a 56  degrés. L'hiver qui le  fuivit avoit été fec,   & le thermomètre s'étoit toujours main'

    tenu  au deffus de 2~.  On   voyoit fouvent des tempêtes  fe  former à   Foue~, ce qui eA extraordi-

    naire dans cette faifon.   Les  pilotes du canal avoient obfervé que  les  marées n'arrivoient  plus a

    des époquesnxes,   &  ils affuroient que Fagitation des eaux dans le gouffre de Carybde étoit  plusforte &. plus bruyante.

    Le   février    l'air   étoit  pefant &. tranquille;   le ciel couvert de nuages épais,  & l'atmojfphereen-nammée.  A   midi & demi la  terre commença à   trembler avec un bruit  effroyable. Les  fecouffes

    augmentèrent fuccetuvement,  &   devinrent enfinfi violentes dans tous les fens,   qu'elles entr'ou-vrirent & qu'cHcsrenversèrent en deux ou   trois minutes un(~ partie des édinces & des maifons.

    Une   longue nuée  blanchâtre s'éleva du nord-oueA,  fuivie d'une autre   tres-obfcure qui couvriten un moment tout  l'horizon   & qui verfa fur   la ville un déluge d'eau   & de grêle, accompagnéde coups de tonnerre.  Le  peuple fuyoit & le  précipitoit fur les places, dans la campagne & dansles navires qui fe trouvoient au  port.

    La terre trembla prefque perpétuellement depuis   midi  jufqu'à cinq   heures   que  les  fecouffescommencèrenta fe  ralentir.L'horreur de ces momens eA atfreufe   les cris des  mourans   les hur-

    lemens de ceux qui   font  a   moitié enfevelisfous  les  Mines   reffroi de ceux qui  peuvent fuir;   leTOME IL H

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    40/224

    VOYAGE   PITTORESQUE

    défeipoir  des pères & des époux qui  ont  perdu leurs enfans &   leurs femmes   la   défblation des

    mères,  la crainte du  préfent, les terreurs de  l'avenir, font un amas de calamités telles, que,   peut-être,   il n'y   a  pas pour   tout   un  peuple  de fituation plus effroyable. La   famine qui   fe mêle

    Subitementà tant de   malheurs, &qui devient bientôt   le  plus  redoutable, achève d'ôter  toute ef-

     pérance. L'inmn~: de l'homme n'eft pas d'être timide.  On  vit dans ces momens affreuxdes exem-

     ptes du  plus grand courage   des mères s'arrêter dans leur  fuite   & retourner chercher   leurs en-

    fans fous  les voûtes écroulantes de leurs maifons. On   vit   dans ces premiers momens qu'il y  a au

    fond du cœur un infHnQmoral qui combat contre la terreur  phyfique   &. qui l'emporte quelque-fois. Mais cet innant pafle,  quand la Mrre eut cefféde  trembler,   quand ces malheureux dépouillésde tout s'imaginèrent que  le fol étoit un  peu  raffermi   il retournèrent en foule au milieu des dé-

    .combres   'iecourir leurs  familles   chercher des  alimens,   ramaffer quelquesdébrisde leurs fortunes,

    quelqueslambeaux déchirés

    qui punent  leur  fervir de   vêtemens,   de

    draps

     ou de   tentes. Le dé-

    fejpoir   des  plus malheureux le changea en rage,  & dans ces momens où   la  nature troubloit tout

    l'ordre  focial   confondoit tous les rangs,  &. raviffoit au riche tous fes biens   ils osèrent lui dif-

     puter  les dépouillesque   la terre englouilfibit,  & fe livrer à la rapine,   au meurtre,   au brigandage~urces ruines fumantes,   où des Incendies s'allumoient de  place en  place.

    A une heure après minuit  la terre trembla avec   violence,   &cette fecoufferenverra la  plupartdes maifons que les  premières avoient épargnées. La plupartde ceux qui erroient entrecesmafures

     par pitié, par   befoin   ou  par   avidité,   perdirent la vie dans cette nouvelle cataHrophe.La tournée qui   fuivit cette nuit  déiaJt~reuiene fut pas moinstrine,  par  le manque abfolu de toute

    chofe; enfinon mit un peu d'ordredanscette confunon, &.Ie  furIendemain chacun eut du moins le

     plus étroitnéce~ire.

    H ne fut  pas queflion de retourner  dans cet amas de   ruines   la multitudes'établitdansla plainede Por:o   6'~vo.,   fous le  bourg de Salleo. (Voyez   Planche LXXIX,   le lieu qui eAfur le  devant

    de cette gravure,   &. qui  s'étend  ~u~qu'auxmurs  de  la  ville).   La  Nobleffe   les Magiftrats & la

    Bourgeoise campèrent  dans une autre  plaine de l'autre côté du   torrent de Porta di JL~/zo~ &

    les Militaires à   Terre-neuve,   fur l'esplanadede la citadelle.

    De fortes fecouffesqui fe   firent fentir encore le 7 février&.le 28   mars, achevèrentde  détruire

    -ce qui   fubti~oit. II n'y eut guère   d'épargné que  les quartiers bâtis fur les glacis de  l'ancien châ-

    teau de Mattagrifonc,   & fur les  collines volmies ou étoient les Mona~eres de filles. Celui de

    Sainte   Claire,   proche la  place du  Gouvernement,   n'a  pas beaucoup fouffert.

    On affure que  toute la   partie baffede la   ville, conftruitefur   pilotis ou fur la terre mouvante,   a

    cédé aux premièresfecouffes

     il n'en rcAe pas

     le moindreve~ige

      les édinces bâtis fur le rocher &

    fur le  penchant des montagnes qui  couvrent les derrières de la  ville,   font prefque tous Intacts.

    Dans ce déMre épouvantableles magafins de blé n'ont pas été  endommagés  les fours publics&

    les aqueducsont été confervés. C'eft ce qui porte à croire que fans l'extrême négligence avec laquelleon avoit bâti &   réparé les maifons de MeUme, il y  en auroit eu  beaucoup moins de renverfées.

    Les villages voifins avoient peu   fouffert   & ont donné les  premiers fecours. Les galères de

    Malte en ont fourni pendant quelques jours aux malades & aux pauvres avec une générofitéqu'onne  peut  trop louer. EUes amenèrent des Chirurgiens,   &  tout ce qui étoit   nécenaire  pour   panfer les bleffés. On a  rerufe   on ne fait pourquoi, les fecours que   le Roi de France a envoyés. Ona tiré du   tréfor municipal de Meffine tout l'argent   néceuaire pour   fervir le  peuple   car tout ce

    que le Roi de  Naples a envoyé,   a été  pris &. abforbé par  la garnifon.

    Le peuplelogeautour de cette ville fous des  baraquesde  planches, de   claies,   ou de branchages,couvertes de  chaume   plus de  dix mille ouvriers, mercenairesou  journaliers   ont été forcésd'aller 

    ailleurs  chercher du travail &.du  pain.   On affure qu'il n'a  péri que huit à neuf  cens perfonnes

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    41/224

    DE   SICILE,   DE MALTE   ET   DE LIPARL   25

     par   le  tremblement. La mer  pendant  cette   convulfion de la   nature

      avoit été foiblement agitée

    dans le  port.   Les   vaiffeaux n'y   ont  point été  brifés,   quoique la   mer au large ait éprouvé  une

    grande commotion.  L'extrême élévation de fes eaux  a caufé Beaucoup de dommages au  Phare,

    & fur  la cote de Sylla & de Bagnara.

    Ce   même  tremblement de   terre du 5  février  a fait de  plus grands maux à toute  la   Calabre,

    où il a   renverfé plus de   trois cens quarante villes, bourgs ou  villages, & où il a englouti ou écrafé

     plus de  cinquante mille habitans.

    Ce tremblement n'a  point été  panager  comme celui de   Lisbonne,  & comme tant d'autres. Du

    < févrierau mois d'avril, dans l'efpace de foixante& quelques jours, on a compté plus de deux cens

    fecouffes(i);   & depuis ce temps,   le fol ne s'eA point raffermi.Les dernières lettres parlent encore

    de tremblemensconsidérables.

    Les Prêtres fe font  baraqués,   ainfi que  les Magiftrats   le  peuple & les foldats   n'ofant   fairele fervicedivin dans ï'Egïite   ilsont dépofédansdes cabanesleur tabernacle & leur autel. Lefervice

    s'y faitavec moins de pompe  mais avec un concours prodigieux; la crainte a redoublé la ferveur.

    On  a célébré avec le  plus   de fbïemnité qu'on a  pu  la fête de Notre-Dame   de   la Lettre on

    a promené les cheveux de la Vierge,  & l'on a illuminé le fauxbourg qui  fubfifte encore.   La fête

    de la Bara   n'a  pu   être célébrée avec autant   d'éclat,   parce que   la machine qui lepréfeniolt   fi

     bien ï'Anbnnptiona été écrafée par  la chute du magafin où elle étoit gardée. La foule n'en montra

     pas moins de zèle pour   fa Patrone tutélaire.

    Malgré cette extrême piété,   la nature n'a  point perdu fes  penchans   &. le malheur n'a  point fait

    des anges de ces dévots que la main du ciel a fi   cruellement chadés.

    Rendus égaux par   le  malheur,   ces   infortunés occupés   chacun de foi feul   comme dans tous

    les grands périls,   font devenus  plus  fauvages   & n'ont cherché qu'à   fatisfaire leurs befoins de

     préférence, fans refpe~ pour  autrui. Chacun avoit un droit égal à fouiller  dans ces décombres, &.a s'emparer de ce qui  lui convenoit  pour  confiruire fa  baraque,   ou pour  allumer  le feu dont il

    avoit enenticHementbefoin dans cette  faifon   le  plus fort étoit le  plus riche. Aujourd'hui! encoreils vivent confondus&. fans fbciété tous les liens fe font relâchés   ceux des pères fur les enfans,ceux des  maris fur les femmes. Ne  pouvant ni   bâtir,   ni   commercer, ni fubmter de leur   travail,leur  vie eft afÏez fembïable à celle d'un troupeau.   L'exigence animale eft ce qui   les occupe le

     plus.  Le libertinagey règne avec moins de frein que dans les  plus grandes villes. Puifqu'iI n'y a

     plus ni murs, pi  lits,   ni   rideaux,   il a bien  faï[u revenir aux  moeursdu  premier  âge  où ton   s'en

     paiïbit. Dans quelque fituation que foit  t'homme,   la voix de la nature e& égalementpuiffante.

    (1) En  voici  la lifte fuivantl'ordre des époques auxquelleselles (ont arrivées./MM.   ~c~.   yb~.   ~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    42/224

    VOYAGE   PITTORESQUEa6

    PLANCHE

    Les  ReligieufesSortirentde leur   cloître,   & chercherehtun afylehors de l'enceintedeleursmurs.

    Les Dames de S. Paul,   de S.  Grégoire de Monte Vergine,  &c. fe baraquërent dans le  jardin deleur  Couvent   les autres,   confufémentavec le  peuple. Elles errent librement de  jour   &   ~[enuit

    avec la foule.  L'ordre naturel a  pris la  place de l'ordre monacal   &.l'on nous mande de Meumc

    que plufieurs font enceintes.

    Dans t'inténeur dela ville le  plus grand dommagearrive  à desédinces publicseftla chûte du dome

    de ï'Eglife du Purgatoire,  dont il ne ieAc que les murs, encore ont-ils beaucoupfouffert   la moitié

    du clocher de la Cathédraîe a   été abattue.

    Les  magafins de Porto Franco,   qui fe voient à la fuite du  palais du   Vice-Roi,   ont été auffi

    tres-déngurés.Le  fort du Salvator eA en  partie tombé du côté du  Lazaret,  parce que cette  partie étoit bâtie

    fur  pilotis

      celle du   coté de la  mer,

      fondéefur la  roche,

     a réuHéaux fecouffesdes tremblemens

    de terre fans en être endommagée.On  m'a mandé auffi,  qu'il y   a eu  quelquesmaifons d'ébranlées au village que j'ai repréfenté,

    Planche LXXÏH,  au midi de ia tour  du Fare. Les fecouffesfe font fait fentir à  Melazzo~où beau-

    coup de maifons ont été fort   ébranlées   les murs ont été  lézardés,   les planchers de  plufieursmaifons font tombés on a eu recours aux étais  pour  être tranquille  à certain  point fur la con-

    fervation dés autres. Les habitans campent  maintenant dansles  places   fur les quais,   &   le longdes rivages de la mer.

    Dans ce  premier  tremblement du février    qui fut le  plus violent de   tous,   on éprouvoit une

    odeur de foufre   qui étoit fuffocante   les ~ecounesétoient telles qu'on croyoit être dans un vainean

     balotté par   les flots la terre ~embïoit portée fur   un fluide. Ce  tremMement s'eit   fait  fentir dans

    toute la   Sicile   mais il  s'aitbibunbiten s'éloignant du Phare.  Dans les jours iuivans ïe ciel  fut né- buleux   les montagnes de la Sicile & les côtes de la  Calabre demeurerent couvertes d'une brume

    lei-nblableà de la fumée. II s'éleva des vents violens qui  fouffioient par   raffales   avec une impé-tuofité effrayante   &. dont la direction ne varioit que du nord au   nord-dl

    PLANCHE   QUATRE-VINGT-SIXIEME.

    Renverfementde la   F~M.

    Cetteefi:ampe

    a été compoféed'après

     un deffin très exac~qu'on m'aenvoyé,

      &.qui repréfentegéométraïement ce qui eO re~é fur  pied de  cette  fuite de  palais appeHéela  Palazzata. La  partie

    de la vine qui a le  plus fouffert dans ce tremblement de   terre,   eft celle qui étoit au bord de la

    mer.  Une grande partie de la Palazzata a été  renversée  mais ce qui en rené d'efpace en efpaceeft affez con

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    43/224

    ~.t~/y

    i 1  f'  m

    !u,   ~.rlGrr.d

    7~-   1   ~L~

    /fy/ 1

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    44/224

    /t!t/f 

    ·

    7~ ~)~   .Y/ r  

    ~A.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    45/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    46/224

    VOYAGE   PITTORESQUE&8A la Marinade~Aquiceïïi,dansles plainesde Mafcari, la mer s'étendità environune ïieue,

    & entraînaaveceue les maganns,qui alorsétoient pleinsde tous lesfruits, nés dansles can-

    tons voiimsde ce côtéde l'Etna, & ranembÏésfur ce rivageoù on les embarque.Au lieu appelléil   RH?q/?o   Mafcari   la mer s'introduinidanslesterresà la diuanced'une

    demi-lieue détruifitles maifons emportaun peut village,& engloutitcent vingtpetitsBateaux

    chargésde vin &.d'efprit-de-vin.Je n'ai pas befoin de dire que les felouques&.la  plupartdes

    vaiffeauxqui fe trouvèrentdansla ~irecHonde cette effroyabletempête,échouèrentbriféscontre

    les côtes,ou périrentfubmergéspar  la hauteur des vagues.A la marinede Jaci la mer emportales maifonsavecles barquesdes pêcheursquife trouvè-

    rent fur cette malheureufc plage   '&à Trizza, elle entraînatout le village qui conMoitdansles

    habitationsd'environtrois censhabitans. A Longnina,eHefubmergeales maubns&toutesles

     batqueschargéesde blé qui fe trouvèrentdansle port.

    A Catanc, elle renverfatoutle môle, & n'en laiffa pas le plusléger veftige  elle detruintauffi pïuneursmaifons& tous les moulinsà Me eHeruina entièrementtoute la partie de la

    villeoù habitoientles pêcheurs.Ce n'étoitque des petitesmaifonsmalbâtiesau bordde la mer:

    maisce qui eu plusétonnant,c'eit que les vaguesfurentaffezviolentes pour démolirune partiedu palaisdu Princede Bitcari, bâti au cteuusdesmurs de Ja vIHe   une partie du couventde

    S. Françoisde Paule, & qu'elles pénétrèrentjusqu'aucentrede cette ville.Ellescausèrentquel-

    que dommageà la Cathédrale &  s'étendirent jufqu'au palaisdu Prince de Paterno.Les bar-

    ques& les naviresquiétoientdansle port y périrenttous. Deuxgros bâtimens dont l'équipage

    épouvantépar  la furie extraordinairede la mer cherchoitun afyledansle port de Catane   pé-rirentl'un & l'autreen voulanty entrer,

    Ce vent terriblequi

    s'étoitlevé le   6,   durale lendemain& ïe furïendemamy  & 8  janvier,faifantd'effroyablesravages, dansles endroitsmêmesoù il ne portoit pas les ondesde la mer.

    Ce qui me femblefur-tout remarquable,c'en:qu'onm'auureque ce vent impétueuxne s~éïevoit

     pas à une grandehauteur   il frifoitla mer & le rivage.Les maifonsntuéesfur lesmontagnes&fur les collinesun peu élevées,ne reçurentaucundommage ellesvoyoientles éïémensfe con-

    fondre les hommes,les animaux,les végétauxpérir ensemble,& ellesétoient paifibles.

    PLANCHE   QUATRE-VINGT-HUITIEME.Vue de la   partie   méridionale du Canal de  M~Er!   prife   de la C~-

    lahre.   C~ voit le   rivage de la ~~c~MM~/ï~M~   C~M/ïf.

    Cc/b/ïf c~ ~ay~ ~t   o/tfétér~   ~ar  /'oM/ï   ~M   7

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    47/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    48/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE,   ET   DE   LIPARI.

    Départ de M~/2~.   Bains ~f.Je partisde Meume, n'ayantpour efcorte, pourguide& pour  domefliquequ'un feul Bourdo-

    naro. Cettemanièrede voyager étoit plusnmpïe, pluscommode& plusprompteque cellequ'onm'avoit~aitemployerjusqu'à présent.J'étoisfamHiarifëavec les habitans je connoiffoisleur lan-

    gue, leursufages &  l'expériencem'avoitfortraSurécontreles prétendusdangersde cesvoyagesdansl'intérieurde Fine, dangersbeaucouptropexagérés.

    Seul aveccet homme je quittaiMemne  je pris marouteversle midi, afin de me rendreà

    Taormine. Nous fuivionsfouventle rivage, nousne le quittionsque lorsqu'ildevenolttrop fi-

    nueux nousgraviffionsde petitescollinesqui raccourciffoientnotre route. Nousfuivionstoujoursle pieddes hautesmontagnes,où l'on trouve fouventdes ravines pro-

    fondescreuféesde tempsimmémorial par l'écoulementdes eaux.

    Aprèsdouzemillesde marchenous arrivâmesà Ali, petitpays peu éloignéde la mer, quoiquefitué dansles montagnes.Là fe trouvele lit d'un vafietorrent, quelquefoisà fec; il eft remplide galets,qu'ontrouvetrès-bienrangésdans plufieursendroits   ils fontamenés par  les eauxquitombentfurles cimesde cesmontagnestres-élevées,& quiaprèslesavoir abreuvées& pénétréesà

    une grande profondeur,feraffemblentdanscelit, ou, aprèslesorages,ellesformentuntorrenttrès-

    fort& très-rapide.Ce torrententraînedansfesflotscouvertsd'écumeles arbres, les pierres, les

    rochersqu'ildétache, & tout ce que le hazardou le malheurlut faitrencontrer.

    On a découvertque dansles environsd'A!iil  y  a un fleuve   ou   un torrent fouterrainquicouleauffidecesmontagnesà la mer il n'eftqu'à troisou quatre piedsde profondeur.Seseaux

    fontchaudes dans quelquesendroitsellesont une chaleurdetrentedegrés   ellesfontminéraleselles proviennent,dit-on   des montagnesde Dinamare,de Savoïa, de Limina qui toutesren-

    ferment beaucoupde mines.L'endroitou ceseauxfontle plus abondanteseft une languede terre

    &.de fable voifinede la mer,  où il fuffitde creuferun  piedou deux pour avoirun bain.

    On y a  faitdes bainsquiappartiennentau propriétairede cette languede  terrerOn y a conf-

    truitde petitesmaifons pour  recevoirles malades,ce qui formeun petithameaufur lesbordsde

    la mer.Les MédecinsSiciliensanurentque ceseauxfont bonnes pour guérir les rhumatismes,les dou-

    leursde fciatique les maladiescutanées les vapeurshypocondriaques& toutescesfortes de

    maladiesfur  lesquellesla Médecinea eu fort peu d'empire)u(qu'àce jour.C'eRdans le moisde

     feptembrequ'onvient prendreces bains, quoiqueles eauxne tariffent

    dansaucuntempsde Fannée.

    Mines de Fiume di   ~/b.

    Fiumedi Nifo  ou le Fleuvede Nifo, couledansun lit beaucoupplusvafte qu'il ne le faut

     pour l'état ordinairede fes eaux   maisaprèsles pluies   il devient un  torrent auffiterriblequecelui d'AIi.

    A l'entréede la valléeoù il coule, on a trouvédes mines précieufesdedifférensmétaux.Ona  porédesgardesà Fentïéedesgrottesqui conduifentà cesmines   on a dela peineà engager ces

    gardesà vousy laiffer  pénétrer  maisavecde la perfévéranceon y  parvient.J'enaivinté plufieurs.Quandla Sicileappartenoità l'Empereur,cesminesétoientexploitées par desAllemands.Quand

    la Maifond'Autrichea été forcéed'abandonner cetteMe auxEfpagnols elle a fait détruiretoutesces grottes.QuandCharlesIII a été paifibleponeneur du trône, on les a rouvertes.

    On ne connoîtde minesen Sicileque dansles montagnesqui font du dutric):de Nifo, telles

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    49/224

    VOYAGE   PITTORESQUE30queSavoca,Limina,Novarra,FondacheilaRoccalumera &c. On aouvert beaucoupde grottesdans ces montagnes.La plupart ont été détruites.Celle qu'on appellede San   Car/o., ou de

    Saint Charles,eHune mine d'argentdes plus riches on y trouve desfilonsconndérables.H y en a d'autresde plomb   d'autresde cuivre   quelques-unesde plomb'& d'argent.Toutes

    contiennentde l'antimoine   de l'arfenic, des marcaffites& autresdemi-métauximparfaits.On

    affurequ'il y a une mined'or  qui a été exploitéeautrefois;maisonn'ena ridéequepartradition.On trouvedansles minesd'argentdu lapis-lazulitrès-médiocre.

    Enfin   on a rencontrédansles montagnesdu  cinabrenaturel;maiscommeles filonsapparensn'ont d'épaiffeur que celle de la !ame d'un couteau,on ignores'ily en a beaucoup.Ces mines

    étanttrès-malexploitéesaujourd'hui,onn'enretireni la quantitéde minerai,ni toutle profitqu'ellesdonneroientfi ellesétoientremifesen des mains plus habiles& plus actives.

    Aprèsavoirvifitéces mines,je  continuaima route vers Taormine   en paffantpar  Je Cap

    S. Alexis.VoyezPlancheLXXXVIII.C'eAune rochequ'il fautgravirpour la redefcendreenfuite.Toute cette route, depuisAli jufqu'àTaormine   m'a offertdes beautésminéralogiques&. fansnombre.Je  n'entreprendrai pointde les détailler,ce feroitun travailqui exigeroitde  profondesconnoiffancesen Hiftoire Naturelle mais je  doisavertirles amateursde cette fcience,& ceux

    qui la  profefïent,que dans cescinq a fixlieuesde cheminée longdesbordsdela mer, ils trou-verontdes objetsinfinimentIntérenans,infinimentvariés& infinimentmultipliés   des objetsquine fe rencontrentque dansce lieu.

    Danstous les autresendroitsde la Sicileonvoit des merveillestoutesfaites ~aon les voitfe

    fairecommed'eHes-mcmeslà on voits'opérer ïa lapidincation on voit ie formerlesmarbres&les autres pierrescalcaires.On voitauffiïa végétationminérale.Sileshommesvivoient pluslong-

    temps,ils

     pourroiehtaiderla naturedansce travail&

     diriger famarche.

    Voicicommentlanatureagit foit~xtériearement,foitintérieurementdanscesgrottes, on plutôtdansces cavernes profondes.

    Les rochesdéja formées~e décomposent,fe diffolvent par  racide de l'air misen action par les

    vents, & par lèsdifférensdegrésde chaleurde l'atmofphcrc ces différensdegrésfontagir l'air en

     plus ou en moins, felonque les circonllancesfont plus ou moinsfavorables.

    La naturene s'impatiente pas, ellen'e& pointpreffée.Elle n'a pointd'époquesfixesoùelledoiveavoirachevételle outelle opération.

    Lesvents, les pluies&~a chaleur aginentde concertà la furfacedes corps,foit qu'ilsfetrou-vent dansune pofitionverticaleouhorizontale,oufeulementinclinée.L'enet de l'airefide dégrader les roches   les pluiesen lavantleur furface entraînentdans les partiesles plus baffestout ce

    qu'ellesen  peuventemporter   & ellesle mêlentavecce qui déjày eft amanê.Si ce font degroffes pierres,les plus petitesremplinentlesintervallesqu'eUesïainententr'elles,fans égardà ladifférencedes couleurs& des denntésqui les caraSériient d'autres pluspetitesviennentenfuite,& remplinentles moindresintervalles.Lesfables, les poufueresque les eaux entraînentachèventenfin de comblerles petitsinterllicesqui-refloientvides   à la En tout cet affemblageincohé-rentformeune feulemairecompaae&contigue.Cettemanecontinuetoujoursà s'accroîtrede par-ties hétérogènesqui toujoursfe   fuperpofentou s'interpofent&   s'agrègentavec elle   à Faidederair  qui  lui-mêmefe combine& fe folidineavectoutesces diverfesmatières.On le démontreenen faifantl'analyfeoula décompofiaonpar des acides.

    La mer qui bat au piedde ces rochersnouveauxquife formentdansfonfeinou furfes bords

    y ajoutefes propresproductions.Les végétaux,quis'emprenënttoujoursde croître partoutouilstrouventà s'attacher,concourentauffià ï'accroinementdeleur mane, & le règneanimaln'eft pasexemptde lui fournir quelquetAo~e.C'eAce qui fait rencontrer dansles pierresmêmesdesêtres

    qui

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    50/224

    yy.~~j/j

    ~

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    51/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE,   ET DE   LIPARL   31

    qui ont été organifés& quiy ont été introduitsavantqu'ellesfuffentuncorpsdur   parexemple,

    fideseaux s'introduuentdans les cavités

     petitesou

     grandesde la mane dont nousavons

     parlé,& qu'ellesfoientchargéesde partiesmétalliquesdansun état de dinblution jointesà des partiescalcairesou argileufes & à des fels tellementdiffous   qu'itsn'en troublent point la tranfpa-rence   voilàles agathes  les quartzs  les crinaux fi ellesont entraînéquelquesinfères,   rep-tilesou végétaux,on trouveraces agathes, ces quartzs ces crinauxavecdes Incrustions ani-

    mâtesou végétaïes.Ce qui fe fait aujourd'huià la furfacede la terre, dansdeuxmille ans, ou

    dansdix mille, feraenc!avéà des profondeursconndérabfes& ceux quidécouvrirontces mânes,

    s'ilsne connoiffent pas commentla naturetravaille,s'étonnerontde trouverà de telles profon-deurs, & dansdes corpsaufficompaties,de petitsanimaux,ou desdébrisde végétaux.

    Maistandisque je méditoisfur la manièredont la nature pétritlestréfbrsqu'ellerenfermefous

    nos pieds, mesyeuxétoientenchantésdu charmantSpectacleque m'oirroientunefoulede lauriers-

    rofes, d'aloès, de grenadiers,demûrierschargésdefleurs.Ils bordoientde longuesroutescreuféesdansdesrochesde marbres Mïans des plus richescouleurs, & qui, polis par la marchedes

    voyageurs   jetoientun éclat furprenant,fur-tout quandla pluie les avoitnettoyés,& en avoit

    écartéïa pouuierc.Hy a de ces rochesfi fingulièrementtaillées par la nature, qu'onles prendroit pour desreAes

    d'édificesconftruits par  la maindes hommes.Ces routesd'un fi beau marbrefont des chemins

    affreux efcarpés dangereux creufés par le hafard,Se.quiont fi peu delargeur auborddes pré-

    cipices,quefiles mulesauxquellesles voyageursfe confient pourgrimper fur ces rochesn'étoient

     pas habituéesau pays, Se.habilesà marcher,fileur  pas n'étoit pastres-i~r,ellesfe précipiteroientdansles abymesavec leur  conducteur,quine peut mieuxfaireque de s'enremettreà elles pour 

    fonfalut.Aprèsavoir échappéà tant de périls, nous arivâmesa Taormine.Le  premier objet qui nous

    frappafur le cheminqui conduitau fauxbourgde cette ville, eft un  édificeruiné qui s'élèvefur 

    la gauche.C'eftun ouvrageRomaindignequ'ony faffeattention.II eft ntué dansune métairie,ou l'on rencontred'autresmonumensqui méritentauffiqu'onen parle.

    PLANCHE   QUATRE-VINGT-NEUVIEME.

    J{~/?~ d'un   Edifice antique   qui   Ti~o~f qu'une partie   d'un   plus grandd'un Tbw~JM voifin.

    Ce vaReédificeeft d'unetrès-belleconArucHon,& il me préfentoitdes effetstropagréables&

    trop pittorefques, pourque je ne le dejfïinane pas.Je rai vu plufieursfois   je ï'ai obfervécurieufement&avecd'autant plusde foin, queje cher-

    chois, & que je n'ai jamais pu découvrir,ni en l'examinant,ni en examinantlesruinesquil'en-

    vironnent, quelleavoitétéfa deflination &.à quel ufageil avoit pu fervir   ni de quel autreédificeil a fait partie.

    Auprèsde ce bâtiment, dont Fobjeteft inconnu,on voit un desbeauxtombeauxqui foientà Taormine.DorviIIe,& beaucoupd'autresAuteursavant& aprèslui,   enont parle pour faireconnoîtrela magnificencequeles ancienshabitansdeTaorminedéployoient jufquedansces monu-

    mensfunèbres.L'intérieurde ce tombeaudevoitêtre d'une granderichene   la voûteen  pleinceintreeAaffez bien confervée eue a de grandscompartimensde panneauxfaitsen Hue, avecdesmouluresfcuïptecs&ajufléesavec desornemensen arabefque,où Fonyoit encoredesendroits

    TOME   Il.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    52/224

    VOYAGE   PITTORESQUE3~dores. On en trouve peu   maisce peu qu'on apperçoitaujourd'hui eA la  preuve démonftrativequ'il

    y  en avoit autrefoisen grande quantité,   & que  Dorviïïe ne nous a  pas trompés quand il nous a

    dit qu'il en avoit vu de fon temps.   J'en ai vu aufïi   & je fuis convaincu qu'on en verroit beaucoup

     plus,   n l'on fe donnoit   la  peine de laver &   de nettoyer   les endroits les mieux  confervés de la

    fculpture   ou même de   ï'architedure  intérieure.

    Ce tombeau étoit fi grand, qu'il   ferc aujourd'hui de logement à des vigneronsqui cultivent les

    collines des  environs. Ils n'ont  point de cheminée dans ce iëpuïcre   ils font du feu dans un an-

    gle   la fumée en s'élevant Se.en circulant pour   trouver  une  inue,  a noirci toute   la  voûte,   & la

    dorure eft cachée par  la fuie. H faudroit commencer  par  enlever la croûte épaiffe & noire qu'ellea   formée   fi ï'on vouloit voir   les ornemens & les dorures qui y  font encore.

    Les  créneaux qu'on voit dans cette eAampeau devant de ce tableau ne font  point partie de ce

    tombeau   e'eAun  rené de je ne fais quelle fortificationqu'on  avoit élevée dans quelques-unes desguerres inteflines de   ce  pays, pour  défendre ce  poAc pendant un  peu de temps.

    A quelques centaines de pas au deffusde  ce tombeau on trouve la ville de Taormine.   Je m'y

    logeai dans un couvent  de Capucins   il étoit alfezbien fitué,   pour  que je  punc jouir  des beautés

    antiques qui reftent encore dans ce lieu.

    PLANCHE   QUATRE-VINGT-DIXIEME.

    Vue g~h~   la Ville

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    53/224

    //

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    54/224

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    55/224

    DE   SICILE,   DE   MALTE,   ET DE LIPARI. 33

    L

    CHAPITRE   SEIZIEME.

    Du Théâtre de Taormine.

    E Théâtre, fituédansla portion la plusheureufequ'onait puchoifïr,eft,  de touslesédificesde ce genre qu'ont éfevésles Grecs, celuiqui s'eAle mieuxconfervé.C'cHceluiqui nous faitconnoîtreavec le plus de certitudela véritableconfiruffionde ces bâtimens.Il nousconfirmece

    que la traditionnousa tranfmisdu géniedesAnciens.Ce monumentbien repréfentépeut com-

     pleter les connoitfancesque nousavonsdans

    cet Art.Je ne dirai, en parlantde ce théâtre, quece quej'ai vu. Je relèverailes erreursde quelques

    voyageursmodernes,afin que ceux qui comparerontleurs récitsaveclesmiens, connoiffent par mesremarquesque les différencesqui fe,trouvententre nos ouvrages,ne m'ont point échappe,&.ne font pas chez moi le fruit de l'erreur ou de la négligence.Ils verrontque mes anertionsfontréfléchiesque j'affirmemes deffins par  mes écrits, & que je  confirmemesécrits par mes

    deffins.Les détailsdansïeiquels j'entrerai,pourrontfuffifammentexpliquer & faireconnoîtrelesformes

    &les   ufagesde toutesles partiesde cet édince.Je l'ai examinélong-temps& attentivement&en l'obfervant, j'y ai trouvé tant de beautésde détans, que je m'y fuisattaché particulièrement,&.que j'ai ienti qu'il fauoitau moinsune foisdansle coursde cet ouvrage, traiterà fondde la

    conftrucnonde ces Théâtresfi célèbres   qui ont ïaiué une fi granderéputation,puifquej'étoisaffezheureux pour  en trouverun auffibien confervé-

    Celui de Tindare   dont j'ai parlé, &.ceuxdont je parleraidansla fuite, font trop détruits pour nousdonnerla connoiffancedesdétailsqui nousfont néceffaires.Maisen les comparanton verrade combiende variétésces fortesd'édificesétoientmiceptiMeschezlesAnciens.Leur compofitionétoittoujoursdi~ée par  des circonXanceslocales qui fe combinoientavecles différensufagesaux-

    quelsces édificesétoientdemnés..Le Théâtre de  Taormineeft  ~ituédansla   partie la   plus élevée de la   ville   & la plus

    avancéedu côté de   ï'Oricnt. Les rochersde ce lieu offroientune cavitéexpoféeen pleinmidi,dont la formeétoit demi   circulaire & dont la grandeur étoit celle des  théâtresde   la  plus

     beHe proportion.Les Architectesn'ont pas  manquéde s'en emparer   ils n'ont eu qu'à rec-tifier l'irrégularitéde quelquesrochers, qui ne pouvoientpas convenirà i'éd~icequ'ifsvouloientconduire.

    PLANCHE   QUATRE-VINGT-ONZIEME.

    ~MC~c/MT-J~du T~Mf~   T~on~rnc, du   Kr~M   ~z   ~cc~)   ~C

    des cheminsqui y conduifent.

    L'étenduedu terrainA   A,

     furle devantde ce tableau

     où Fonvoit des hommes& des ani-maux, e&un terrainaujourd'huilaBoure,& qui devoitêtre autrefoisun des plus beauxquartiers

    de cetteville,commeonen peut jugerparl'cHampe précédente.Je n'y ai remarquequ'unmur B, B,pTOME ïï.

  • 8/19/2019 Houel Voyage Pittoresque

    56/224

    VOYAGE   PITTORESQUE34

    qui eft en  partie détruit. I! avoit été bâti pour  foutenirles terres dans ce lieu qui e~   incliné, afin

    qu'on pût y  avoir des endroits unis propre à faire des jardins   ou  plutôt à confhruiredes maifonsvoltmcs du Théâtre.

    C,   C font des chemins qui conduifoientaux parties antérieures du Théâtre.   D,   D étoit une

    terraffequi donnoit entrée au pénMe ou  pollfceniumde ce Théâtre   dont on voit les portes E, Eentre les bafes des  piliers. Cette terraffeconduifoit auffiaux pavillons N, N   qui font de chaquecôte,   &.elleaboutiffoitàun efcalier F,   pratiquédans la roche. Cet efcaliermenoit à un chemincou-vert G,   par  où   l'on montoit aux parties fupérieuresH. Voyez le plan .dans la PlancheXCIV.

    Le  grand chemin 1 conduifoitaux  parties fupérieuresde ce théâtre. On rencontroit un  pont ài'endroit marqué L. H portoit d'un bout fur un rocher  élevé,   qui   fubMe   encore   &.de  l'autrefur le mur extérieurde la   galerie extérieurede ce théâtre. Ce pont  étoit defliné à conduire fur les

    terraffes  ou fur les toits des deux

    galeriesqui

     faifoientle tour de  l'édifice.Voyez

     les plans

     & les

    coupes,   Planche XCVI. J'y   ai marqué la  place qu'occupoient ces ponts je  dis ces  ponts,  car il

    y  en avoit un de chaque côté de ce théâtre  je   les ai reconnus d'après les indices certains quem'ont fourni les maffesrêvantes  de  roches,   auxquelles on voit encore des adhérences de conf-trudion.

    Ces  ponts,  dont rexi~ence feroit en vain niée par  ceux qui n'ont  pas observécomme moi les

     particularités qui  i'atte&ent,   ces  ponts étoient néceiïaires à la folidité de cet   édifice   en faifantt

    Foince de  piliers   ou  plutôt d'arc-boutantscontre cette portion circulairede mur  qui a  befoin defoutien pour  réMer  à la  pouffée des voûtes des galeries. D'ailleurs   le deffusdes galeries devoitêtre occupé,   rien de  plus propre pour y parvenir que ce moyen   il  ne dérange rien   de   la voiecirculaire des deux  galeries, & il étaye l'édince fans le déparer.

    II y   avoit auffi dans l'épaineur du mur M un efcalier  pratiqué pour  monter de ce côté dansla partie ~périeure  du  pavillon N. H conduifoit auffi aux galeries   comme escalierde dégagement.II y avoit une porte  au rez-de-chaufféedans l'angle   elle donnoit   entrée dansun corridor  pratiquédans répaineur  des murs. Voyez le  plan à la Planche XCIV.  H conduifoità une efpèce d'entre-

    fol, qui fe trouvoit dans l'intérieur de ce grand pavillon.Je n'ai  point tracé   entièrementce dernier corridordans les plans je n'ai fait que  l'indiqueràla

    lettre S   parcequ'il occafionneroitune complicationembarranancc   en interrompant fansnéeeuitélesmurs principauxqui font connoître la conm'ucMonde cet édifice  j'ai penfé qu'il ~umtbitd'en parler.

    Cette vue  perspectivemontre l'intérieurde ce bâtiment,   aufri-bienque le feroient plufieurscoupesgéométrales. On  voit à gauche dans la galerie ou pénMe qui précède l'entrée du  théâtre,   un  ef-caîier 0 il  conduifoit à un autre

     petit  efcalierconflruit

    dans répaineur  du mur  derrière les lettresP,   P il  fervoit à monter à la galerie fupérieure Q, Q.  H y en  avoit un femblableà pareilleplaceà l'autre bout de la galerie,  à l'endroit R,   difpofé de la même manière,  & pour  le même ufage.Ces efcaliersétoient plusutiles qu'apparens.Outre cette PlancheXCI, voyezle plan, Planche XCIV.Les entrées principalesde ce théâtre étoient en Y &  Z,  dans le mur  P,   R  percé de trois ouver-vertures,   par Iefquelles on   arrivoit au   théâtre en   traverf~ncla galerie E.   Ces entrées &  ces

     paffages  étoient demnés à l'ufage  des  acteurs   parce qu'ils répondoient   Fendroit où fe repré-fentoient les fcènes   mais Ior(qu'Hne s'aginoit pas   de repréfentationsthéâtrales   ces portes don-noient entrée dans  l'orchefire, pour  des afïemblées& des conférences, ou  pour  des objets de re.

    ligion.L'endroit indiqué fous le numéro 11,   eA celui qu'on appendt   orcheftre   ou   arêne.   C'étoit   fa

     partie baffe   ou !e fol du théâtre. H avoitdix-fept toifesde largeur,  fur environ quinzede profondeur.Toute la  partie inclinée & circulaire ï $, où la roche eft aujourd'hui découverte dans fa tota-

    lité,   étoit le lieu où   au