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87 e année - Hebdomadaire 3258 - 6 mai 2011 3 france-catholique.fr france-catholique.fr Jean-Paul II un bienheureux dans le cœur des peuples pages 8 à 16 ISSN 0015-9506 Communautés : L’abbaye du Pesquié s’agrandit pages 24 à 29 FRANCE

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87e année - Hebdomadaire n° 3258 - 6 mai 2011 3 €franc

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Jean-Paul IIun bienheureux dans le cœur des peuples pages 8 à 16

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Communautés :L’abbaye du

Pesquiés’agrandit

pages 24 à 29

FRANCE

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BRÈVES

2 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

FRANCENuCléAiRE  : Dans le cadre des rassemblements organi-sés pour les 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, 700 manifestants français et allemands se sont réunis le 25 avril sur le pont enjambant le Rhin à la frontière franco-allemande pour rappeler que la radioactivité ne connaît pas de frontières.immigRAtioN : N. Sarkozy et S. Berlusconi se sont rencon-trés le 26 avril à Rome ; ils se sont déclarés favorables à des adaptations du traité de Schengen en raison de l’afflux exceptionnel d’immigrants provenant d’Afrique du Nord.

otAgES : Al-Qaida au Maghreb islamique a diffusé le 26 avril un enregistrement accompa-gné de photos dans lequel les quatre Français enlevés au Niger en septembre 2010 demandent à Nicolas Sarkozy de retirer les troupes fran-çaises d’Afghanistan.PolitiquE : François Hollande a dévoilé le 27 avril les grandes lignes de son pro-gramme pour l’élection prési-dentielle ; il a mis l’accent sur la réforme fiscale et le soutien aux jeunes. Son affrontement avec D. Strauss-Kahn devrait

dominer les primaires socia-listes.SoCiAl : Alors que la prime promise par Nicolas Sarkozy fait débat chez les syndicats et le patronat, les défilés du 1er mai, occasion pour les salariés de défendre le pou-voir d’achat, se sont faits en ordre dispersé.imPôtS loCAux : Après plu-sieurs années de forte hausse, les élus ont limité à 1 ou 2% en moyenne l’augmentation des impôts locaux en 2011.ChômAgE : Le nombre des demandeurs d’emploi sans aucune activité a reculé de 0,8% au mois de mars ; c’est le plus fort reflux enregistré depuis le début de la crise.REVENuS : Dans l’édition 2011

de son enquête sur les revenus et patrimoines des ménages dévoilée le 28 avril, l’INSEE rappelle que le niveau de vie des Français a doublé en qua-rante ans et que les inégalités de revenus entre les ménages sont restées stables depuis dix ans. Le revenu médian s’éta-blit à 2 380 euros par mois, 100 euros de plus qu’il y a dix ans ; les 10% des foyers les plus pauvres perçoivent 1 100 euros par mois et les 10% les plus aisés 4950 euros. On dénombrait en 2008 près de huit millions de pauvres

percevant au maximum 950 euros par mois. Cependant, avec 28 650 euros en moyenne par an, la France se situe au troisième rang mondial en terme de revenu par habitant.lyCéES : La région Île-de-France a pré-senté le 26 avril son « Pass santé contraception » destiné aux lycéens ; le ministre Luc Châtel qui avait critiqué une initiative du même type en Poitou-Charente, s’est félicité de la mise en place de ce Pass dans la région parisienne . Le but affiché est de limiter les grossesses et les avortements chez les adolescentes.PolitiquE FAmiliAlE : Un rapport de l’OCDE du 27 avril consacré au bien-être des familles et aux mesures prises à cet effet dans les 34 pays membres met en exemple le modèle français.éduCAtioN : à l’occasion de la Journée internationale sur les violences éducatives, une campagne a été lancée le 28 avril sur Internet et la télévision pour dénoncer les gifles et les fessées destinées aux enfants.JuStiCE : Après 11 ans de pro-cédures, la cour d’appel de Paris a relaxé le 29 avril l’an-cien ministre Charles Pasqua du chef de trafic d’influence dans l’affaire de « l’Angola-gate » ; les peines des hommes d’affaires P. Falcone et A. Gaydamac ont été réduites.SéCuRité : Les « patrouil-leurs », policiers proches du terrain créés par le minis-tère de l’Intérieur, sont entrés en action le 2 mai à Nice, Strasbourg, Poitiers et Mantes-la-Jolie ; le ministre

espère généraliser le nouveau dispositif à l’ensemble du ter-ritoire avant l’été.SéiSmES : La France s’est dotée le 1er mai d’une nouvelle carte de zonage sismique qui fixe les règles de construc-tion dans les zones à risque en harmonie avec la législa-tion européenne ; le nombre de communes soumises à des règles parasismiques passe de 5 000 à 21 000.AViAtioN : Après deux ans de recherche, le Bureau d’en-quêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) a récupéré au fond de l'océan la boîte noire de l’A330 Rio-Paris qui s’était abîmé en juin 2009 (228 morts dont 72 Français).Foot : Le site Médiapart a révélé le 28 avril que des diri-geants de la Fédération fran-çaise de football (FFF) avaient évoqué, dans une discussion in for melle enregistrée à leur insu, l'éventuelle nécessité d'établir des quotas de jeunes joueurs binationaux, d’ori-gine africaine ou maghrébine, parmi les espoirs en formation à Clairefontaine. La ministre des Sports Chantal Jouanno a fait suspendre le directeur technique national François Blaquart « à titre conserva-toire », mais c'est le sélec-tionneur Laurent Blanc qui est surtout visé par des Tartuffes qui l'accusent de racisme, voire d'apartheid...

suite en page 7

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Dans son homélie de la messe de béatification de Jean-Paul II, Benoît XVI a établi un lien direct entre la merveilleuse cérémonie de la place Saint-Pierre et la liturgie céleste : « Toutefois unique est Dieu, et unique est le Christ Seigneur 

qui,  comme  un  pont,  relie  la  terre  et  le  ciel,  et  nous,  en ce  moment,  nous  nous  sentons  plus  que  jamais  proches, presque participants de la liturgie céleste. » N'est-ce pas un des aspects les plus émouvants de l'autorité apostolique, que celui qui lui permet d'affirmer la présence auprès de Dieu d'une personne dont ont été reconnus les mérites éminents ? Notre Église n'a de légitimité qu'à être l'Église des saints et à établir avec En Haut une relation directe. Le bienheureux Jean-Paul II appartient à l'Église triom-phante. Désormais l'Église militante peut l'invoquer dans l'espace de l'admirable économie divine.

Certes Karol Wojtyla demeure profon-dément ancré en ce monde où il a été un des acteurs historiques essentiels des temps modernes. On a toujours la possibilité d'établir le bilan impressionnant de son œuvre doctrinale, de son activité pastorale, on connaît son intelligence supérieure des événements et des évolu-tions de civilisation. Mais désormais il nous est impossible de penser à lui en dehors de l'ordre de la charité, auquel il appartient complètement, dans une cohérence absolue entre son existence terrestre et sa vie bienheureuse. Il n'y a pas d'autre explication à l'immense joie qui tressaillait sur la place Saint-Pierre et bien au-delà de la Via della Conciliazione !

Dès lors, Benoît XVI pouvait conclure son homélie : «  Bienheureux  es-tu,  bien-aimé  Pape  Jean-Paul  II,  parce que  tu  as  cru !  Continue  —  nous  t'en  prions  —  de  soutenir du Ciel la foi du Peuple de Dieu. Amen. » Ce peuple, à l'évi-dence, en était persuadé et la joie qu'il rayonnait était le plus irrécusable témoignage en faveur de l'admirable échange entre la terre et le Ciel. n

SOMMAIRE

ACTUALITÉ4 pARTISOCIALISTE Combiendedivisions? Alice Tulle5 ISRAëL printempsetguerre Yves La Marck6 FAITDIVERS Mystèredumal Tugdual Derville

DOSSIER8bÉATIFICATIOn Le1ermaideJean-paulII Charles-François Bréjon / Thérèse Coustenoble12 Lepluspétriniendespapes Philippe Barbarin / C.F. Brejon - Th. Coustenoble14 Lecœurdesonmessage Robert Royal15 Cequeluidoiventlescouples Alex et Maud Lauriot-Prévost

ESpRIT17 A.E.D. Stupeurettremblements

Marc Fromager21 LECTURES QuelEmmaüs?

Père François de Vorges22LECTURES SelonleplanetlavolontédeDieu Père Michel Gitton24 COMMUnAUTÉS L'abbayedupesquié

Sœur Bénédicte / Sœur Raphaëlle30 LIVRES Spiritualité

Sophie Baron

MAGAZInE31 CInÉMA «L'aigledelaneuvièmelégion», «DétectiveDee»,«Voirlamer», «Fast&furious5» Marie-Christine Renaud d'André32 MUSÉES Mours-Saint-Eusèbe Pierre François33 LIVRESJEUnESSE SélectionAventures Christèle Hubert34 ThÉâTRE «nomadevillage», «Stupeuretremblements» Pierre François35TÉLÉVISIOn «SoiréeMitterrand», «ChèreMartha»,«Lanuitnousappartient», «Quandj'étaischanteur» M.-C. Renaud d'André 36 TÉLÉVISIOn Votredébutdesoirée M.-C. R. d'A.38 bLOC-nOTES Vieassociativeetd’Église Brigitte Pondaven

Couverture : Photo communiquée par la Police italienne qui a dénombré 1,5 million de personnes sur la place 

St-Pierre le 1er mai 2011. © SIPA/AP Photo/Massimo Sestini, Polizia di Stato.

LiturgiecélesteÉDITORIAL

FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011 3

par Gérard LECLERC

Écoutez la chronique de Gérard Leclerc,

chaque semaine sur :

Connaissez-vous les 5 webradios de radio espérance : enseignement, Grégorien, 

Musique sacrée, Louange, Parole de Dieu ?

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ACTUALITÉ

4 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

par Alice TULLE

Deux mois avant le dépôt officiel des candidatures à la primaire socia-liste, les grandes

manœuvres vont bon train sous l’œil attentif de l’Élysée.

François Hollande s’est avancé le premier en présen-tant son projet lors d’une réunion publique à Clichy-la-Garenne le 27 avril. Il s’agissait de célébrer le « rêve français » qui se concrétiserait grâce au programme officiel du Parti socialiste agrémenté de propositions personnelles : un livret épargne-investisse-ment, cinq cent mille places en crèche accompagnés d’une ode à la jeunesse, à la réforme fiscale et à la « démocratie écologique ».

On est loin du « rêve » de Martin Luther King : les propositions sont calculées pour séduire plusieurs sensi-bilités socialistes en vue des primaires. Mais les adver-saires du candidat Hollande n’ont pas été évoqués car il est bien connu que celui qui tire son pistolet le premier a perdu. Les règlements de comptes viendront plus tard, lorsque tous les candi-dats sérieux seront en lice. Simplement, les amis de Dominique Strauss-Kahn,

inquiets de la percée média-tique de François Hollande, ont v i vement c r i t i qué la réunion de Clichy-la-Garenne. Il va presque sans dire que les critiques ne portaient pas sur le fond mais sur la tactique d’un homme qui soigne son image et qui

veut imposer l’idée qu’il pour-rait incarner une présidence « normale » et représenter le terroir – la Corrèze – face au brillant directeur général du FMI qui parcourt en tous sens la planète.

Bien entendu, la question principale porte sur la déci-sion prise par DSK et sur le jeu de Martine Aubry. Les deux vedettes socialistes se sont rencontrées à Paris le 30 avril mais rien n’a filtré de leur

entretien. Normalement, la Première secrétaire du Parti socialiste devrait s’effacer devant son camarade : tel est le pacte de non-agression qui devrait aboutir, si DSK est candidat et élu en 2012, à la nomination de Martine Aubry à Matignon. Celle-ci a

des partisans qui la poussent à se présenter aux primaires dans tous les cas de figure. Au sein de l’aile droite de son parti, elle pourrait se situer un peu plus à gauche avec le soutien de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli. Mais en ce cas elle se trouverait en riva-lité avec Arnaud Montebourg qui a déjà pris position à gauche pour préparer son propre avenir en 2017 – et avec Ségolène Royal qui

ne peut plus être désignée aux primaires mais qui peut lui prendre des voix, rendre service aux amis de DSK et se voir attribuer un ministère de premier plan l’an prochain.

Surtout, Martine Aubry candidate contre DSK aurait à affronter une machine de guerre servie par des militants influents regroupés au sein de la fondation Terra Nova et dans de discrets groupes d’experts. Mais l’ensemble impressionnant des soutiens de DSK ne lui éviteront pas le violent tir de barrage qui sera déclenché par l’aile gauche de son parti et par Jean-Luc Mélenchon.

Les divisions au sein du PS et la campagne de ceux qui en sont partis affaiblis-sent l’appareil militant. Les rivalités entre les trois prin-cipaux candidats rétrécissent leur champ de vision et nul ne semble intégrer dans ses calculs l’aggravation de la crise financière aux États-Unis et l’affaiblissement croissant de la zone euro en raison de la situation dramatique de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal. Or de fortes turbulences pour-raient bouleverser les calculs tactiques des socialistes et modifier les rapports de force entre les principales formations politiques fran-çaises. Malgré les sondages, qui consacrent la victoire de Dominique Strauss-Kahn, nous ne pouvons même pas prévoir quelle sorte de partie sera jouée. n

PARTI SOCIALISTE

Les rivalités entre les trois principaux candidats rétrécissent leur champ de vision(

En vue des primaires organisées par le Parti socialiste, François Hollande et Arnaud Montebourg se sont déclarés, mais les deux principaux acteurs continuent de garder le silence.

Combien de divisions ?

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ACTUALITÉISRAËL par Yves LA MARCK

Printemps et guerre

FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011 5

L'accord conclu entre les deux formations palestiniennes, le Fatah et le Hamas, le 27 avril au Caire,

intervient quatre ans exac-tement après que le Hamas a pris le contrôle de la Bande de Gaza et en a chassé le Fatah. L’Égypte nouvelle, qui a présidé à cet accord, a bientôt annoncé la réouver-ture du point de passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte, le seul exutoire non contrôlé par Israël.

Sur sa frontière orien-tale, le verrou constitué par la dynastie Assad en Syrie est lui aussi en train de sau ter. La Syrie avait beau s’être érigée en ennemi irréductible d’Is-raël, seule la frontière israélo-syrienne a été parfaitement pacifique depuis 1975. Aucun mouvement n’y a jamais été signalé. Cela ne devrait plus être le cas à l’avenir. La menace de guerre civile fragilise ce front. Il n’est pas anodin que les troubles les plus violents aient eu lieu à Deraa, à la frontière jorda-nienne, la plus proche d’Israël.

Israël vit donc le « prin-temps arabe » dans l’angoisse. Certes il n’y a eu aucune rhétorique anti-israélienne, pas plus qu’anti-occiden-tale, dans les mouvements démocratiques. Mais qui dit démocratie dit par nature

expression multiforme de l’opinion et perte de contrôle d’exécutifs hypercentralisés. La chute des dictatures arabes fait aux Israéliens l’effet de la chute du mur de Berlin pour certains Occidentaux qui se sont mis à regretter le temps

de la guerre froide, lorsque la règle du jeu était connue et les lignes rouges bien iden-tifiées. Aujourd’hui on entre dans l’inconnu.

Du même coup, Israël se sent en décalage avec l’Occi-dent, et surtout les États-Unis. Le président Obama considère ce « printemps arabe » comme une opportunité. Il a même applaudi à l’accord inter-

palestinien comme un pas vers la paix. Israël fait l’ana-lyse rigoureusement inverse. Sous couvert de démocratie, islamistes se dirigent plus sûrement vers le pouvoir. Le Hamas n’avait-il pas emporté démocratiquement les élec-

tions de janvier 2006 dans les territoires occupés ? à l’Ouest, au contraire, on sou ligne le recul de l’attirance pour l’is-lamisme au profit des forces démocratiques et laïques. Le Hamas a signé l’accord parce qu’il doit s’aligner sur le mouvement général de parti-cipation et d’inclusion, qui est la consigne donnée par les Frères musulmans égyptiens.

Le Hamas ne veut surtout pas être accusé de décourager les bonnes dispositions améri-caines et onusiennes à la veille d’un débat sur la création d’un État palestinien. La résolution doit être présentée à l’Assem-blée générale de l'ONU en sep tembre prochain. Une large majorité est prête à la voter, y compris les pays européens. Elle ne changerait rien sur le terrain sauf qu’elle mettrait Israël juridiquement en porte-à-faux pour l’occupation d’un autre État-membre des NU.

à partir de là toutes les hypothèses sont ouvertes. Une simulation circule dans les milieux juifs (1) qui déroule la marche vers une nouvelle guerre du Kip pour (7 Octobre 2011). Le gouvernement israé-lien s’attend en tout état de cause à une vague massive de manifestations à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, sans compter Gaza. Elle coïncide-rait avec les élections égyp-tiennes et qui sait ce qui se passera en Syrie. Le pire n’est jamais sûr. Mais cela va constituer la toile de fond des relations israélo-américaines d’ici là : discours du Premier ministre israélien au Congrès américain courant mai et peut-être discours d’Obama. n

Sous couvert de démocratie, les islamistes se dirigent plus sûrement vers le pouvoir )

L’étau se resserre-t-il autour d’Israël ? Certains observateurs voient se profiler derrière le « printemps arabe » une nouvelle « guerre du Kippour » à l’automne.

(1) Blog de Shmuel Trigano, prési-dent de l’observatoire du monde juif, 11 avril 2011 : « septembre 2011, le mois de tous les dangers », www.controverses.fr/blog/blog_trigano

Combien de divisions ?

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ACTUALITÉ

6 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

par Tugdual DERVILLE

Rarissime, mystérieux, impensable, le quin-tuple assassinat de Nantes a suscité des milliers d’ar-

ticles. Les lois de l’information ont joué : gonflement puis dégonflement, mais l’énigme demeure. Pour le moment.

Voilà qu’est anéantie une famille, sanctuaire de la vie et de l’amour, vraisemblable-ment par celui qui avait pour mission de la protéger.

Ce drame meurtrier expose la profondeur du mys tère du mal sans rien élucider. Il laisse flotter un immense pourquoi qui tourmente les proches des défunts. Tous ceux qui ont subi le déferlement média-tique en sont saisis, et plus spécialement peut-être les catholiques, en raison de la foi de ceux qui ont été « froi-dement exécutés ».

Malgré l’appel à la dé cence de leurs proches, ce n’est pas seulement le for intime du suspect qu’on a tenté de décrypter mais aussi celui des victimes, en retrouvant leurs confidences sur Internet. Il y eut des raccourcis, quelques informations contradictoires et la théorisation des experts. On a parlé de « meurtres al truistes », dont l’intention est d’éviter à ceux qu’on tue

de découvrir un mensonge ou une ruine qui les aurait fait souffrir. Des pathologies psychiques ont été envisa-gées : dépression, schizo-phrénie… Efforts pour mettre des mots sur l’indicible. Mais, dans cette affaire, l’ampleur du mal n’a-t-elle pas dépassé la seule capacité humaine ?

Cette famille (du moins

les cinq victimes et leurs proches) était donc catho-lique : pratique dominicale, écoles chrétiennes, caté-chisme, inscription aux JMJ…

Certains commentateurs ont sauté sur l’aubaine : et si l’engoncement dans la pratique religieuse et la façade de bienséance fami-liale qui lui est attachée avaient fonctionné comme un verrou, rendant impos-sible une autre solution que ce massacre ? C’est en subs-tance ce qu’on a pu lire. Les mots intégrisme, hypocrisie,

étouffement étaient lâchés. Avant qu’on ne reconnaisse que le père avait, de longue date, perdu toute foi et ne fréquentait pas l’Église.

Comment résumer alors l’hypothèse plus « sérieuse » qui prévaut ? Financièrement aux abois, le meurtrier aurait consenti à perdre la face aux yeux du monde pour la garder

aux yeux de ses victimes, en les tuant avant le scandale. à moins qu’il ait sérieusement pensé faire croire à cette subite histoire d’émigration familiale en Australie. Mais peut-on imaginer qu’un homme puisse couler de beaux jours avec « ça » sur la conscience ? Ce serait pure et exceptionnelle folie.

Notre ignorance reste donc grande. Rarement le mystère de la fracture d’une âme aura semblé plus stupé-fiant. L’emprise d’une secte n’est pas à exclure.

Mais puisque l’événement touche chacun, chacun peut tenter d’en faire quelque chose. Puisque c’est l’œuvre du mal qui s’est à l’évidence déchaînée, l’enjeu sera de rendre le bien pour le mal.

Dans son lumineux essai Notre Dame de la Sagesse, Maurice Zundel nous aide à prendre conscience des conditionnements qui nous en travent dans des para-graphes dont l’affaire de Nantes actualise la médi-tation (voir ci-dessus). Il

conclut qu’ « il n’y a que l’amour, en vérité » qui puisse nous libérer.

En ce temps de Résur-rection, avec deux familles crucifiées, nous pouvons encore affirmer « Mort où est ta victoire ? » en consta-tant le témoignage donné par les proches des victimes. Car c’est justement l’amour qu’ils semblent avoir choisi – ou reçu – comme réponse, à en juger par leur ferveur et la dignité de leur deuil. C’est ensemble et unies que les deux familles ont préparé les cérémonies, avec foi. Dans l’amour, en attendant la vérité. n

fAIT dIvers

Rarement le mystère de la fracture d'une âme aura semblé plus stupéfiant(

La découverte de cinq corps d’une même famille a dominé le week-end de Pâques. Suspect numéro 1, le père est en fuite. Comment dépasser la fascination épouvantée ?

Presque tous les hommes portent un masque qu’ils ont pris instinctivement pour défendre le secret de leur âme. Ils en ont tellement l’habitude qu’ils oublient de l’ôter, et ils finissent par ne plus connaître le visage de leur nati-vité. Leur âme est à elle-même un livre scellé. Ils vivent de contrainte et se libèrent des refoulements qu’ils subis-sent par des excès qui sont un nouvel outrage à leur nature.Beaucoup, qui ne peuvent s’évader réellement donnent carrière à leur imagination. Pour un grand nombre l’exis-tence est un équilibre sans cesse menacé d’obligations feintes ou véritables, dont l’accomplissement compose leur figure sociale.L’idée qu’on se fait d’eux les emprisonne, les milieux où ils vivent exigent qu’ils s’y conforment : consignes de la famille, de l’école, du journal, du parti, consignes professionnelles, nationales, religieuses, il n’y a plus aucun moyen d’échapper à « ce qui se fait ou ne se fait pas ». Maurice Zundel, Notre Dame de la Sagesse, Cerf.

Mystère du mal

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MondeSyrie : Plus de 3 000 hommes équipés de blindés ont péné-tré  le  24  avril  à  Deraa  au sud du pays ;  ils  ont  de nou-veau  tiré  sur  la  foule,  fai-sant  plusieurs  dizaines  de morts.  Depuis  Rome  où  se tenait  le  26  avril  un  sommet franco-italien,  N. Sarkozy  et S.  Berlusconi  ont  lancé  un appel  pour  mettre  fin  à  la répression, mais  ils  ont  exclu toute  intervention  militaire sans  résolution  préalable  du Conseil de sécurité de l’ONU : or celui-ci n’a pas réussi à se mettre d’accord le 27 avril sur une  déclaration  condamnant cette  répression.  Les  oppo-sants  au  régime  misent  de leur  côté  sur  les  divisions  au sein de l’armée ; 230 membres du  parti  Baas  ont  d’ailleurs démissionné  pour  protester contre les violences.Maroc : Pour la troisième fois cette  année,  des  milliers  de personnes ont manifesté le 24 avril  dans  plusieurs  villes  du pays pour réclamer davantage de  démocratie  et  de  justice sociale.L'explosion d'une bombe télé-commandée  a  fait  16  morts —  dont  8  Français  —  et  26 blessés  le  28  avril  dans  un café  de  Marrakech.  Des  poli-ciers  français  spécialistes  de l’antiterrorisme et de la police scientifique  et  technique  ont été  envoyés  sur  les  lieux  de l’attentat.Libye :  Des  combats  ont opposé  le  29 avril  les  insur-gés  aux  forces  de  Kadhafi  à Dehiba, ville frontière avec la Tunisie ;  l’armée  tunisienne  a tenté de s’interposer.Le sixième fils de Kadhafi, Seïf al-Arab  Mouammar  Kadhafi, 29  ans,  et  trois  de  ses  très jeunes  enfants,  auraient  été 

tués  dans  la  nuit  du 30  avril lors d’une frappe aérienne sur Tripoli ;  le  leader  libyen  en aurait réchappé de justesse.

Le  port  de  Misrata  qui  était tenu  par  les  rebelles  est  en flamme.Les  Nations  unies  ont  décidé 

de  retirer  l'ensemble  de  leur personnel de Tripoli après que les  ambassades  occidentales avaient  été  pillées  et  pour certaines  incendiées  par  des manifestants.TibeT :  Lobsang  Sangay,  un juriste  de  43  ans,  a  été  élu le  27  avril  premier  ministre du gouvernement  tibétain  en exil ;  il  aura  la  mission  de jouer  le  rôle  politique  tenu pendant des décennies par  le dalaï-lama.PaLeSTine : Réunis le 27 avril au Caire, les représentants du Fatah et du Hamas ont décidé de  former  un  gouvernement provisoire en vue de procéder à  des  élections  présidentielle et législatives avant un an.ÉgyPTe :  Le  ministre  des Affaires étrangères a annoncé le 28 avril la réouverture pro-chaine  de  la  frontière  avec Gaza.La confrérie des Frères musul-mans  a  précisé  le  30  avril qu’elle présenterait des candi-dats pour la moitié des sièges aux  législatives  prévues  en septembre prochain. euroPe :  Alors  que  la  crois-sance  américaine  ralentit,  le cours  de  l’euro  s’approchait fin avril de 1,50 dollar, malgré l’aggravation  de  la  situation financière des pays de la zone euro.Après  la  France  et  l’Italie, l’Allemagne  a  décidé  d’ap-porter  son  soutien  à  Mario Draghi,  actuel  gouverneur  de la  banque  centrale  italienne, pour prendre à l’automne pro-chain  la  succession  de  Jean-Claude Trichet à la présidence de  la  Banque  centrale  euro-péenne.arabie SaoudiTe :  Grâce  à l'envol  des  cours  du  pétrole, l'Arabie Saoudite prévoit pour 2011  un  excédent  budgétaire de 17,11 milliards d'euros.

J.L.

FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011 7

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La mort d’Oussama Ben Laden est évidemment une bonne nouvelle. Avec lui, les États-Unis d'Amérique ont éliminé le dirigeant d’Al Qaida, mais aussi l’un des grands pourvoyeurs

de fonds du terrorisme islamique. Ben Laden devait sa place pré-pondérante au moins autant à sa fortune colossale qu’à son cha-risme personnel d’ailleurs bien réel.Oussama Ben Laden a été abattu plutôt que capturé et c’est sans doute tant mieux. Un procès en règle lui eût offert une tri-bune dangereuse et sa condamnation en aurait fait un martyr ou un prisonnier par trop encombrant. Et puis n’oublions pas que dans les années 1980, le leader terroriste fut un allié objectif des Américains lors de la lutte contre la mainmise soviétique en Afghanistan. Monter en épingle telle ou telle complicité ponc-tuelle (car il y en a forcément eu en cette période de guerre froide) n’aurait apporté qu’une confusion inutile.On a donc éliminé Oussama Ben Laden et les commandos amé-ricains ont bien fait leur travail. Mais la mort du chef d’Al Qaida n’est pas celle d’Al Qaida. La capacité de nuisance de la nébu-leuse terroriste reste quasi intacte. On peut même s’attendre à un regain de virulence avec des opérations de représailles. Cette opération de police internationale risque d’avoir des conséquences négatives sur le sort des otages occidentaux du moins dans un premier temps.Oussama Ben Laden est mort, mais le terrorisme islamiste demeure ainsi que les causes qui ne cessent de l’alimenter. Le Moyen-Orient demeure un gigantesque chaudron dans lequel recuisent maintes rancœurs facilement exploitables. D’autres sont prêts à prendre la relève pour faire tourner la machine infernale, même s’ils n’ont ni le génie ni les moyens financiers de leur pré-décesseur.Et puis il y a l’autre côté de l’histoire. Quelque part, Oussama Ben Laden a été bien utile : il a donné un visage au terrorisme, une figure qui permettait de concentrer sur elle toutes les peurs. Aujourd’hui, la menace est anonyme et peut susciter des peurs plus dangereuses.La mort de Ben Laden n’est qu’un répit, pas une victoire complète. Pour paraphraser Churchill, elle n’est pas le commencement de la fin pour la lutte contre le terrorisme, mais, il faut l’espérer, la fin du commencement.

Serge PLENIER

Ben Laden

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On n’avait pas connu Rome comme cela depuis la mort du désormais bien-heureux Jean-Paul II. Sous un soleil de plomb, ce dimanche 1er mai, la place Saint-Pierre était noire de

monde comme jamais. Jusqu’au château Saint-Ange, le long du Tibre, tout autour des écrans géants disposés dans certains endroits stratégiques de la ville, partout, les foules scandaient le nom du pape polonais. Un pape qui est vite devenu pour les Romains et pour le monde entier « notre pape », et finalement, en suivant à la lettre le sens étymologique du mot, un père.

Le chiffre donné par la préfecture de police de Rome n’a pas tardé à tomber. La participation à la messe, initialement pré-vue à cinq cent mille personnes, a fina-lement atteint le million et demi (à com-parer avec les chiffres maigrelets donnés par certains médias français…). Au-dessus des têtes, des drapeaux des quatre coins du monde. Bannières hautes en couleurs, couleurs polonaises clairement en tête. La cérémonie était d’ailleurs retransmise en direct sur des écrans géants en plein air à Varsovie et dans de nombreuses autres villes de Pologne. Les Italiens et les Espagnols étaient eux aussi très nom-breux. Quant aux Français, ils n’auront pas à rougir, ni leur épiscopat du reste. Accompagnés de trente-cinq évêques, trois cardinaux-archevêques — André Vingt-Trois, Philippe Barbarin et Jean-Pierre Ricard, respectivement archevêques de Paris, Lyon et Bordeaux — ils n'étaient pas moins de quarante mille à arborer fiè-rement le bleu, le blanc et le rouge.

Durant les vingt-six années de son pontificat, Jean-Paul II aura côtoyé les

DOSSIERBÉATIFICATION

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Reportage par Charles-François BRejon et Thérèse CousTenoBle

Une cérémonie de béatification, comme une cérémonie de canonisation, est une occasion privilégiée de méditer sur l’extraordinaire énigme de l’existence humaine. Avec cette correction importante que ce mot d’énigme se trouve, en quelque façon, dépassé, parce que justement une réponse a déjà été apportée à la question que l’on se pose. Qu’est-ce que l’homme ? Déjà le psalmiste avait répondu : “À peine le fis-tu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et de splendeur.” Je ne puis m’empêcher de rapprocher cette citation d’une autre citation que Jean-Paul II avait rapportée, me semble-t-il, dans sa fameuse homélie du Bourget en 1980 : “L’homme est une passion inutile.” La formule était de Sartre, elle avait cette saveur de la philosophie de l’absurde en vogue après la guerre. Le jeune Karol Wojtyla l’avait rencontrée sur son chemin, sans en être impressionné, mais comme un obstacle qui avait pu déstabiliser toute une génération.La magnifique cérémonie du 1er mai dernier à Rome, marquée par une joie indicible, montrait comment le Seigneur fait des merveilles, continue à faire des merveilles, comme nous le chantons dans le Magnificat, à propos de Marie : “Le Seigneur fit pour moi des merveilles. Saint est son nom ! “ Et pour réaliser ces merveilles, il lui faut la disponibilité totale, radicale, d’un homme qui va se vouer, corps et âme, à l’appel que le Seigneur lui a adressé. Bien sûr, cet homme-là avait toutes les qualités du monde, tous les dons de la création, toutes les vertus de l’âme, toutes les richesses du cœur. Leur ensemble brille aujourd’hui à nos yeux, parce qu’il a prononcé son fiat, je dirais : dès l’enfance. Un fiat qui a pris la forme énoncée par saint Louis Grignon de Montfort : Totus Tuus, et qui implique la médiation de Marie. Grâce soit rendue au Seigneur du don qu’il nous a ainsi fait, preuve de sa bonté ineffable !

Gérard LECLERC

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grands de ce monde et marqué l’his-toire de son empreinte « de géant », comme l’a qualifié Benoît XVI dans son homélie. 86 délégations officielles ont tenu à lui rendre hommage, dont seize chefs d’État et cinq familles royales européennes. Pour représenter l’État français, le Premier ministre François Fillon, le ministre des Affaires étran-gères Alain Juppé et le ministre de l’In-térieur Claude Guéant avaient fait le déplacement.

10h37. La formule de béatification tant attendue est prononcée en latin par le pape : « nos auctoritate nostra apostolica facultatem facimus ut vene-rabilis servus Dei Ioannes Paulus II, papa, beati nomine in posterum appel-letur eiusque festum die altera et vice-sima octobris in locis et modis iure statutis quotannis celebrari possit ». Au même instant, sur la façade de la basi-lique Saint-Pierre, une grande tapisserie où figure un portrait souriant du nou-

veau bienheureux est dévoilée. Et les foules d’applaudir à tout rompre. Six ans après sa mort, Jean-Paul II vient d’être béatifié par son successeur, une première dans l’histoire de l’Église. Des voix se sont alors élevées dans la foule pour crier le désormais fameux « santo subito ! », « saint tout de suite ! », en écho à la même requête clamée par de nombreux fidèles lors des funérailles de Karol Wojtyla en avril 2005.

« Je vous ai appelés. Vous êtes venus. Je vous remercie ». Tels furent les derniers mots de Jean-Paul II, adressés aux jeunes. Il suffisait d’ob-server les rues de Rome ces derniers jours pour s’apercevoir que ces paroles du père des Journées Mondiales de la Jeunesse n’ont pas pris une ride. Le rapport très spécial qu’avait le bien-

heureux avec les jeunes générations semble ne pas avoir été touché par la mort, ni par le temps. Beaucoup se sont mobilisés pour venir à Rome par cars entiers, par train, avion, voire par bateau, comme le diocèse d’Aix-en-Provence, celui de sœur Marie Simon-Pierre. La religieuse dont la guérison miraculeuse a été attribuée à l’inter-cession de Jean-Paul II, a témoigné ce samedi soir, vigile de la béatifica-tion, devant un Cirque Maxime plein à craquer et illuminé de milliers de lampions. Avec émotion, elle s’est dite « bouleversée » d’avoir bénéficié de sa guérison de la maladie de Parkinson, maladie que le Pape avait lui-même porté comme une croix à la fin de sa vie, pour ensuite remercier les pèlerins, les jeunes en particulier, en leur disant

« Par l'affection et la prière, je demeure toujours proche de vous »

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que de là-haut, Jean-Paul II les voyait et qu’il était « heureux ».

Quelques heures plus tôt, c’était au cardinal Philippe Barbarin, de fait « propriétaire » de la Trinité-des-Monts, d’accueillir les francophones au couvent royal, sur les hauteurs de la Ville Éternelle. La rencontre a été marquée par la lecture de textes auto-biographiques de Jean-Paul II. Celui-ci notamment, lu par un jeune scout. Karol Wojtyla confie qu’alors âgé de 12 ans, son père lui fit remarquer qu’il ne semblait pas prier le Saint-Esprit lorqu’il servait la Sainte Messe. Le petit Karol prit alors la résolution d’aller se confesser tous les premiers vendredis du mois. Ces rencontres régu-lières avec la miséricorde de Dieu l’emmenèrent finalement jusqu’à la vocation sacerdotale, qui commença à germer lors d’une confession plus longue que d’habitude, à l’âge de 17 ans. Et le cardinal Barabarin d’ajouter : « Bénis soient les papas qui accomplissent bien leur mission ! »

Ce petit épisode peut prêter à sourire quand on sait à quel point Jean-Paul II était, selon l’avis de ses plus proches col-laborateurs, ou même de ceux qui croisaient sa route, ou son regard, quelques instants, en continuelle prière. Combien de fois le bienheureux a-t-il exhorté les fidèles à établir et approfondir ce rapport de profonde intimité avec le Seigneur ? « Si tu savais le don de Dieu ! Tel est le chemin qui conduit à la vie », lançait-il d’ailleurs aux foules lors de sa troisième visite pastorale en France. « Sur ce chemin, le Christ vous bénit. Et moi, par l’affection et la prière, je demeure toujours proche de vous. »

Désormais bienheureux, Jean-Paul II est plus que jamais présent dans le cœur des peuples. Des plus grands aux plus petits de ce monde, tous ont été nourris par ses paroles. Telle était sa force, des mots qui par-laient au cœur et l’exemple d’une vie complètement donnée à l’Église et offerte à Dieu. n

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Cursus biographique du bienheureux Jean-Paul II lu par le cardinal Valliniau cours de la messe de béatification :

Karol józef Wojtyla naquit à Wadowice (Pologne), le 18 mai 1920, de Karol et emilia Kaczorowska. Il reçut le baptême le 20 juin suivant à l’église parois-siale de Wadowice. Cadet de deux enfants, la joie et la sérénité de son enfance furent rapidement bouleversées par la disparition prématurée de sa mère, dé-cédée alors que Karol avait neuf ans. Trois ans plus tard (1932), son aîné ed-mund mourut aussi, et en 1941, à l’âge de 21 ans, Karol perdit aussi son père. Éduqué dans la plus saine tradition patriotique et religieuse, il apprit de son père, un homme profondément chrétien, la piété et l’amour pour le prochain, qu’il nourrissait par une prière assidue et la pratique des sacrements. sa sincère dévotion à l’esprit-saint et son amour pour la Vierge Marie furent les principaux traits de sa spiritualité, auxquels il resta fidèle jusqu’à sa mort. sa relation à la Mère de Dieu était particulièrement profonde et vive, vécue avec la tendresse d’un fils qui s’abandonne dans les bras de sa mère et avec la virilité d’un che-valier toujours prêt à obéir à sa Mère : Faites tout ce que mon Fils vous dira ! sa

confiance totale en Marie, qu’en tant qu’évêque il avait exprimée par la devise Totus Tuus, révélait aussi son secret d’avoir un regard sur le monde avec les yeux de la Mère de Dieu. la riche personnalité du jeune Karol mûrit par le croisement de ses dons intellectuels, moraux et spirituels avec les événements de son époque qui marquèrent l’his-toire de sa patrie et de l’europe. Au cours de ses années de lycée, il se prit de passion pour le théâtre et la poésie qu’il développa dans les activités du groupe de théâtre de la faculté de philologie de l’université jagellon, à laquelle il s’inscrit au cours de l’année académique 1938. Durant l’occupation nazie de la Pologne, tout en poursuivant avec son groupe clandestinement, il travailla pendant quatre ans (octobre 1940 - août 1944) comme ouvrier dans les établissements solvay, vivant de l’intérieur les problèmes sociaux du monde du travail et accumulant un précieux patrimoine d’expériences dont il se servira dans son futur magistère social, d’abord comme archevêque de Cracovie puis comme souverain Pontife. Au cours de ces années

croît en lui le désir du sacerdoce vers lequel il s’approche en fréquentant, à partir d’octobre 1942, les cours clandestins de théologie près le séminaire de Cracovie. Il fut aidé, dans le discernement de sa vocation sacerdotale, par un laïc, M. jan Tyranowski, véritable apôtre de la jeunesse. Dès lors, Karol perçut clairement la vocation universelle de tous les chrétiens à la sainteté et le rôle irremplaçable des laïcs dans la mission de l’Église.

Il fut ordonné prêtre le 1er novembre 1946 et, le jour suivant, il célébra sa première messe dans la crypte saint-léonard de la cathédrale du Wawel. en-voyé à Rome pour compléter sa formation théologique, il fut élève de la faculté de théologie Angelicum, où il découvrit les sources d’une saine doctrine et vé-cut sa première rencontre avec la vivacité et la richesse de l’Église universelle, dans sa situation privilégiée qui lui offrait une vie de l’autre côté du Rideau de fer. C’est à cette époque que remonte la rencontre de Karol avec le Père Pio de Pietrelcina. Diplômé brillamment en juin 1948, il retourna à Cracovie pour commencer son activité pastorale comme vicaire paroissial. Il se dépensa avec enthousiasme et générosité dans son ministère. Il obtint son doctorat et com-mença à enseigner à l’université, à la faculté de théologie de l’université jagel-lon et, à la suppression de celle-ci, à celle du séminaire diocésain de Cracovie

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n Comment avez-vous vécu cette cérémo-nie de l'intérieur ?

Philippe Barbarin : J'avais le sen-timent d'être assez proche du moment des funérailles : le monde entier était là et on sentait une réelle allégresse. On avait envie de dire merci. Au lieu de voir le cercueil partir à la fin de la cérémonie, on a pu prier devant lui, face au tombeau de Saint Pierre. Le Pape a prié quelques minutes et moi, j’ai pu y rester un long moment ! Je me suis mis à genoux, j'avais beaucoup de choses à confier à Jean-Paul II, à lui demander.

D’ailleurs, c’est ce même sentiment que Benoît XVI a exprimé au début de son homélie. Il a évoqué le moment de ses funérailles. Tout est allé si vite depuis avril 2005 ! Ce 1er mai 2011, il y avait la même disposition sur la place Saint-Pierre : les mêmes cardinaux, un mil-lier d'évêques, un million de personnes, des chefs d'État et de gouvernement. Il ne manquait que l'évangéliaire dont les pages tournaient au vent.

Nous revoyons le cardinal Ratzinger, présidant les obsèques il y a six ans : « J'ai travaillé avec lui pendant vingt-trois ans. Comme c'était beau quand il priait ! » Son homélie était d'un autre style : celle des obsèques était construite autour de trois citations de Saint Jean. Mais là, il a voulu rendre hommage à la foi de son prédécesseur, vraiment impressionnante ! L'homélie à peine com-mencée, le Pape s'est éloigné du texte qui venait d’être proclamé.

De la béatitude qui termine l’Évan-gile de saint Thomas « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », il est allé à Matthieu 16, pour évoquer le dia-logue entre Jésus et Pierre, sur la foi.

Toute la vie de Jean-Paul II se situe dans ce charisme de Pierre. A-t-on déjà vu un pape aussi « pétrinien » que Jean Paul II ? C'est vraiment Pierre revenant vingt siècles plus tard. Puis, Benoît XVI a insisté sur la place de Marie à qui Jean-Paul II s’était totalement consacré (Totus Tuus était sa devise). Il a tourné nos regards vers la Vierge Marie. Elle aussi a été extraordinaire dans la foi, même quand elle a vu sur la Croix, le contraire de ce qu'on lui avait annon-cé : « Il sera Grand, appelé fils du Très-Haut et son règne n'aura pas de fin. » Comment fait-elle pour croire encore à la Parole de Dieu sur le Golgotha ?

Ce n'est pas la manière habituelle de Benoît XVI, qui, en général construit son homélie sur le texte du jour. Il a voulu librement évoquer son prédécesseur. Le charisme pétrinien et l'exemple de la Vierge Marie se sont imposés à lui.

n Benoît XVI dit que son prédécesseur était un géant, il a repris le « N'ayez pas peur ! ». Est-ce le moment fort de la cérémonie ?

Dans une époque qui doutait beau-coup d'elle-même, Jean-Paul II a mon-tré la beauté de la foi. Depuis le pre-

propos recueillis par Charles-François BRejon et Thérèse CousTenoBle

Le cardinal Barbarin improvisant une catéchèse pour les Français, à Rome le 1er mai.

ENTRETIEN AVEC LE CARDINAL BARBARIN

Le plus pétriniendes papes

Il ne manquait que l'évangéliairedont les pages tournaient au vent… )

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et de l’université catholique de lublin. ses années passées avec les jeunes étu-diants lui permirent de bien connaître l’inquiétude de leurs cœurs et le jeune prêtre fut pour eux non seulement un enseignant, mais un guide spirituel et un ami. À 38 ans, il fut nommé évêque auxiliaire de Cracovie et reçut l’ordination épiscopale le 28 septembre 1958, des mains de Mgr eugeniusz Baziak, à qui il succéda comme archevêque en 1964. Il fut créé Cardinal par Paul VI, le 26 juin 1967. Pasteur du diocèse de Cracovie, il fut aussitôt apprécié comme un homme à la foi robuste et courageuse, proche des gens et des vrais pro-blèmes des personnes. Interlocuteur capable d’écoute et de dialogue, ne cédant jamais aux compromis, il affirma devant tous le primat de Dieu et du Christ comme fondement d’un vrai humanisme et source des droits ina-liénables de la personne humaine. Aimé de ses diocésains, estimé par ses confrères évêques, il fut craint par ceux qui voyaient en lui un adversaire. le 16 octobre 1978, il fut élu évêque de Rome et Pontife Romain et prit le nom de jean-Paul II. son cœur de pasteur, totalement offert à la cause du Royaume de Dieu, s’ouvrit au monde entier. la "charité du Christ" le porta à visiter les paroisses de Rome, à annoncer l’Évangile dans tous les milieux et il fut l’instigateur de ses nombreux voyages apostoliques sur les différents continents, entrepris pour confirmer dans la foi les frères du Christ, confor-ter les affligés et les personnes découragées, porter le message de réconci-liation entre les Églises chrétiennes et construire des ponts d’amitié entre les croyants au Dieu unique et les hommes de bonne volonté. son magistère lumineux n’eut pas d’autre objectif que de proclamer toujours et partout le Christ, unique sauveur de l’homme. Dans son extraordinaire élan mission-naire, il a aimé les jeunes d’un amour tout particulier. ses convocations aux journées mondiales de la jeunesse avaient pour lui l’objectif d’annoncer aux nouvelles générations jésus-Christ et son évangile afin de les rendre prota-gonistes de leur avenir et de coopérer à la construction d’un monde meilleur. sa sollicitude de pasteur universel s’est manifestée dans la convocation de nombreuses assemblées du synode des évêques, dans l’érection de diocèses et circonscriptions ecclésiastiques, dans la promulgation des Codes de droit canonique latin et des Églises orientales et du Catéchisme de l’Église ca-tholique, dans la publication de lettres encycliques et d’exhortations. Afin de favoriser des moments de vie spirituelle plus intense, il ouvrit le jubilé extraordinaire de la Rédemption, l’Année mariale, l’Année de l’eucharistie et le Grand jubilé de l’an 2000. D’un irrésistible optimisme fondé sur sa confiance en la divine Providence, jean-Paul II, qui avait vécu l’expérience tragique de deux dictatures, subi un attentat le 13 mai 1981 et, ses dernières années, vécu physiquement la progression de sa maladie, se tourna toujours vers l’espérance, en invitant les hommes à abattre les murs des divisions, à balayer toute rési-gnation, pour prendre leur essor vers des objectifs de renouveau spirituel, moral et matériel. Il a conclu sa longue et féconde vie terrestre au Vatican, le samedi 2 avril 2005, à la veille du dimanche In Albis, consacré par lui à la Divine Mi-séricorde. ses obsèques ont été célébrées place saint-Pierre, le 8 avril 2005. la participation de nombreuses délégations provenant du monde entier et de millions d’hommes et de femmes, croyants et non croyants qui ont reconnu en lui un signe évident de l’amour de Dieu pour l’humanité, est un témoignage touchant du bien qu’il a accompli.

Puis le Vicaire du Pape pour son diocèse romain a conclu par la formule de remerciement : "Beatissime Pater, Vicarius sanctitatis Vestrae pro Romana Dioecesi, gratias ex animo sanctitati Vestrae agit quod titulum Beati hodie Ve-nerabili servo Dei Ioanni Paulo II, Papae, conferre dignatus es."

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mier jour, Benoît XVI s'appuie sur la fameuse phrase de son prédécesseur et montre à quel point elle est toujours actuelle. Il la complète quand il dit : « le Christ ne vous enlèvera rien, il vous donnera tout » !

n N'a-t-on pas retenu de Jean-Paul II seu-lement le pape charismatique et sympa-thique, oubliant ses propos exigeants ? Ne considère-t-on pas Benoî t XVI comme plus rigoureux et plus complexe à suivre ?

Benoît XVI est plus facile à com-prendre que Jean-Paul II. Ses textes sont limpides. C'est un théologien qui sait se rendre accessible.

Le christianisme est forcément exi-geant mais malheureusement on fait comme si on n’avait pas entendu ! La doctrine de l'Église ne dépend pas de la mode et n'en dépendra jamais. Si les chrétiens sont « dans le monde », ils ne sont pas dans la logique « du monde ».

N’oublions pas que Jean-Paul II lui aussi suscitait l'incompréhension.

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Certes, avec sa personnalité charisma-tique, il touchait les foules mais nous nous rappelons qu'on l'a traité d'assas-sin à propos du sida… Donc de ce point de vue-là, il n'y a aucune différence avec Benoît XVI.

Quand Jean-Paul II a parlé de par-tager les richesses, de respecter la vie humaine, tout le monde l'a très bien entendu. Il n'y a pas très longtemps, j'étais à un colloque à Paris, à la Cité des sciences, avec le professeur René Frydman, celui qui a fait « le bébé médicament ». Il y avait avec moi, un juif, une musulmane, et un protestant. René Frydman a fini par nous dire que la position la plus claire en matière de bioéthique était celle de l'Église catholique. Sous-entendu : « On s'en moque, on fait le contraire mais on la connaît ! » Tout cela pour dire que l'enseignement de Jean-Paul II était fort clair et que les intéressés l'ont très bien compris.

n Que peut-on répondre aux « râleurs » qui prétendent que la béatification de Jean-Paul II est l 'occa-s i o n p o u r la papauté de faire sa publicité ?

L'origine de la béatif ica-tion est un cri complètement inattendu de la foule , le « Santo subito ! » du 8 avril 2005. Ce n'était pas arrivé, paraît-il, depuis 604, date de la mort de Grégoire le Grand ! Les cardinaux se sont alors réunis, et ont décidé de laisser la décision au futur pape. Benoît XVI, une fois élu, a décidé d’abolir le délai des cinq ans requis avant le début de la procédure, mais il a voulu que celle-ci soit res-pectée. Ce que Jean-Paul II lui-même avait d’ailleurs déjà fait pour Mère Teresa. Cela prouve que la voix du peuple de Dieu avait été bien enten-due.

De plus, la béatification d’une per-sonne ne « sanctifie » pas tous ses faits

et ses gestes, ses paroles… Ce n'est pas le mode de gouvernement qui est donné en exemple ! Les justes, dit l'Écri-ture, pèchent sept fois par jour. Quand on béatifie quelqu'un, on indique que Dieu a vraiment agi dans sa vie, y com-pris en lui pardonnant ses péchés. Par exemple, quand l'Église canonise saint Augustin, elle nous invite à regarder cette grande figure et son enseigne-

ment mais elle n'approuve pas la tota-lité des aspects de sa doctrine.

n Est-ce que notre relation avec Jean-Paul II a changé avec la béatification ?

Je ne pense pas. J'allais déjà prier sur sa tombe à chaque fois que j'al-lais à Rome. Ce qui est important, c'est que les chrétiens se sont toujours sentis aimés par Jean-Paul II. Lors des JMJ, les jeunes savaient qu'ils étaient aimés par le Pape : « Celui-là nous aime comme un Père ! » Lors des obsèques, quand je suis sorti de Saint Pierre, c'est ce sen-timent qui nous a envahis. Il y avait là des quantités de chefs d’État, pour cer-tains, en conflit entre eux, Palestiniens, Israéliens… Tout le monde était là ! On avait l'impression de se trouver sur la place d’un village après l’enterrement d’une belle figure aimée de tous. Ce vil-lage, c’était le monde. Tout à l'heure, j'ai eu la même impression. n

L'enseignement de Jean-Paul II était fort clair et les intéressés l'ont très bien compris )

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Le mercredi précédent place Saint-Pierre.

Rome, Piazza Venezia.

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àwashington où je demeure, j’ai eu l’occasion d’assister en personne à de nombreux événements publics de grande ampleur : investitures, défilés,

manifestations, la Marche annuelle pour la vie (March for Life) étant, de loin, la plus émouvante.. Le week-end der-nier, j’étais en correspondance à l’aéro-port de Londres et j’ai vu à la télévision comment Wills et Kate, comme on les appelle affectueusement, ont noué les liens royaux non sans élégance à l’Ab-baye de Westminster. Mais je n’avais encore jamais été témoin de quelque chose de comparable à la béatification de Jean-Paul II à Rome.

Ainsi que je l’ai déjà mentionné sur le site thecatholicthing.org — dont le site de France Catholique est l'efficace partenaire francophone — le poète polonais, Prix Nobel de littérature, Czeslaw Milosz, considérait que seul Jean-Paul II, parmi tous les dirigeants de notre temps, possédait la trempe des souverains shakespeariens. Les foules rassemblées à Rome ce week-end étaient visiblement, par pure intuition, du même avis.

J’ai eu l’occasion d’assister par hasard à Rome à d’autres béatifi-

cations : l’une d’entre elles, si je me souviens bien, honorait à la fois un Brésilien et un Autrichien. Les rues étaient remplies de Sud-Américains de différentes races et de germanophones bien mis, plusieurs coiffés de chapeaux alpins ornés de belles plumes vertes. De tels mélanges sont la marque toujours étonnante et magnifique de l’apparte-nance à une Église universelle.

En 1998, j’ai assisté à La Havane à la messe célébrée par le Saint-Père devant plus d’un million de personnes Plaza de la Revolucion. L’événement en lui-même était à couper le souffle mais, comme c’était le cas avec les efforts entrepris par Jean-Paul II, il eut de

grandes conséquences. Une peinture représentant le Sacré Cœur avait été apposée temporairement sur l’un des murs d’un bâtiment officiel sur la place. Le recteur du Séminaire baptiste cubain me dit : « Regardez. Si cela peut arriver, alors tout peut arriver. » Il avait raison. L’Église catholique cubaine est depuis devenue une force avec laquelle il faut compter, en dépit de la perpétuation de la dictature communiste.

C’était le genre de choses qui arri-vait souvent sous le pontificat Wojtyla. Si vous êtes suffisamment âgé, vous vous souviendrez de son voyage dans sa Pologne natale, en juin 1979, qui a inauguré une série d’événements qui devaient « changer le monde ». Les gens utilisent souvent ce terme pour des choses relativement banales. Ceux qui ont vu le président polonais de

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Notre partenaire américain Robert Royal - directeur du site Internet The Catholic Thing - était à Rome et témoigne du cœur à cœur entre le défunt pape et la foule présente le 1er mai.

par Robert ROYAL

Le cœur de son messageTÉmoignages

Les critiques de Jean-Paul II font l’impression de chicaneries(

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l’époque, Wojciech Jaruzelski, tremblant aux côtés du pape polonais au balcon à Varsovie devant des millions de Polonais, savaient que quelque chose de surprenant allait suivre. Tel fut bien le cas. Une décennie plus tard, le commu-nisme s’effondrait. « N’ayez pas peur » : effectivement.

Les Polonais étaient nombreux à Rome hier. Ils pouvaient être légitime-ment fiers de l’œuvre réalisée sur cette terre par le fils le plus fameux de la Pologne. De grands noms intellectuels comme Hegel ou Marx ont cru avoir découvert les lois de l’histoire humaine. Aucun d’eux n’a compris que de telles lois n’existent pas pour la simple raison que les êtres humains sont libres devant Dieu. Personne ne peut prédire ce que l’Esprit-Saint peut accomplir, même dans notre monde, quand une grande âme choisit de suivre Dieu.

Le secrétaire de Jean-Paul II pour la presse, Joaquim Navarro-Valls, interrogé par la télévision italienne, s’est expri-mé sur le sens du message au monde donné par ces foules venues de toutes les parties de la planète pour honorer le Bienheureux. Navarro-Valls a eu dans le passé quelques moments difficiles avec les médias, mais, ce dimanche, il a parlé franchement, avec son cœur. Bien que les pèlerins fussent issus d’origines les plus diverses, ils étaient unis pour remercier « un homme qui s’est consacré tout entier à tout ce que Dieu deman-dait — et c’était énorme ».

Il est impossible de rendre compte de l’extraordinaire atmosphère qui s’était emparée de la place Saint-Pierre. En dépit du nombre, il y avait quelque chose de recueilli et de contemplatif. La journée coïncidait en Italie avec la fête du Travail et celle de la St-Joseph. Une manifestation de travailleurs Piazza del Popolo est apparue, par contraste,

Jean-Paul II a renouvelé la vision chrétienne de la sexualité, permettant de mieux saisir le bénéfice immense pour l’amour humain de son évangélisation en profondeur.

en plus de 25 ans, Jean-Paul II a posé les fondations d’une nou-velle espérance pour l’amour humain au cœur d’un monde de plus en plus marqué par les souffrances et les détresses amou-reuses et sexuelles, conjugales et familiales. Soulignant le tour-nant historique dans la pensée humaine et ecclésiale, et l’ap-

port inestimable de la véritable somme catéchétique et évangélique de son pontificat sur le sens chrétien du mariage et de la sexualité, son biographe le plus reconnu, Georges Weigel, parle de son contenu comme d’une véritable « bombe à retardement » : lorsqu’il sera connu et vraiment entendu, il bouleversera très positivement, en profondeur et pour longtemps le rapport — et pour l’Église, et pour nos socié-tés — entre la foi chrétienne, la vie conjugale et la sexualité. C’est effectivement de la nitroglycérine pastorale : nous en faisons systéma-tiquement l’expérience dans notre propre ministère auprès de jeunes ou de couples, de croyants et d’incroyants, depuis près de 30 ans !

En se lançant dès le début de son pontificat et durant 4 ans dans cette immense catéchèse, Jean-Paul II répond à l’appel pressant de Dieu pour délivrer, avec l’immense autorité théologique et spirituelle du ministère pétrinien, cet enseignement « explosif », tant la pen-sée contemporaine a dans ces domaines et depuis des décennies un contentieux profond et tendu avec l’Église catholique. Jean-Paul II savait qu’il était l’acteur principal de ce qu’il dénommait lui-même comme un « moment historique où l’Église perçoit de manière plus vive et plus pressante l’importance de sa mission de saisir et de pro-clamer à tous les desseins de Dieu sur le mariage, le corps et la sexua-lité ».

Personne depuis les Pères de l’Église comme saint Jean Chry-sostome n’avait été aussi clair que lui dans l’Église latine sur ces sujets : Jean-Paul II, pour qui dans le christianisme « le corps et la sexualité sont trop peu appréciés », revisita avec force les paroles de Jésus sur le dessein divin du « une seul chair » conjugal et biblique qu’il présente comme la véritable « liturgie propre des époux », terminologie très puissante et riche de sens chez les catholiques ! Il rappela les paroles sans ambiguïté de Saint Paul : « Rendez gloire à Dieu par votre corps », « Vos corps sont le temple du Saint-Esprit », « Ne vous refusez pas l’un à l’autre », « Dans le Christ, l’homme n’est pas sans la femme, ni la femme sans l’homme », etc. En conclusion de toute sa réflexion, Jean-Paul II assure aux époux que le travail intérieur de transforma-tion évangélique, « loin d’appauvrir la tendresse et la communion — y compris sexuelle — des époux, les rend au contraire plus intenses et

Ce que lui doiventles couples

par Alex et Maud LAURIOT PREVOST *Le cœur de son message

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plus riches ». Son successeur Benoît XVI renchérira en expliquant aux époux que le Christ veut les conduire sur un « chemin de purification et de guérison » car, alors, « l’Éros peut élever en extase vers le Divin » et « donner un avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être » ! Difficile d’être plus explicite, plus attirant pour tout homme, tout couple désirant grandir dans la qualité de la relation et de la communion conjugale !

C’est pourquoi le renouveau de la pensée sur le mariage impulsé par Jean-Paul II à la charnière des XXe et XXIe siècles revêt un caractère puissant et prophétique : et pour la jeunesse en quête de sens de la vie et de l’amour, et pour les époux recherchant la concrétisation de leurs aspirations de communion et de bonheur. L’Église catholique a désormais des clés de lecture indispensables pour sortir des écueils — soit progressistes, soit traditionalistes - dans lesquels de nombreux pasteurs ou intellectuels se sont si souvent fourvoyés ces dernières décennies : un dogmatisme étroit et moraliste, un spiritualisme familial désincarné, un silence pastoral synonyme d’impuissance apostolique ou le suivisme béat des sciences humaines. L’Église peut désormais proposer une voie attirante et dilatante à tant de jeunes ou d’époux aspirant à vivre — même au prix de nombreux combats intérieurs — amour et communion intenses dans le couple, alors que tant font tôt ou tard l’expérience si douloureuse d’un amour qui s’affadit ou se déchire, de leurs difficultés à s’aimer durablement, de leur sexualité triste, gore ou vide de sens.

Ces détresses de plus en plus répandues font de grands ravages dans les couples chrétiens ou non, et donc dans des familles et chez de nombreux enfants comme de récentes études le dévoilent ; mais aucun « expert » dans l’histoire contemporaine — qu’il soit pasteur, théologien, philosophe, politique, médecin, psychologue ou sociologue — n’a su comme Jean-Paul II apporter un diagnostic et des remèdes aussi pertinents à ce mal si profond et général du siècle. Bien loin des « y’a-qu’à-faut-qu’on », il propose à tous des clés si nouvelles et pertinentes pour ne pas désespérer de l’amour et du mariage, pour que le chemin difficile et périlleux de l’amour porte peu à peu des fruits de pardon et de guérison, et en cela d’intensité et de durabilité au cœur des couples… et donc des familles. Car au-delà des époux, les grands bénéficiaires de ce chemin de guérison et de renouveau de l’amour, ce sont les enfants, preuves tangibles s’il en est de l’amour de leurs parents : le plus bel héritage qu’on puisse léguer à un jeune adulte, son plus grand tremplin de vie et de liberté, n’est-ce pas que papa et maman s’aiment toujours, en qualité et en intensité ? Comment parents, nous aspirons tous à léguer le meilleur à nos enfants, à les « armer » au mieux pour la vie ; alors, pour leur plus grand bien : époux, aimons-nous intensément en suivant le chemin étroit mais si béni du mariage tel que ce grand pape nous le propose.

Merci donc au tout nouveau « Bienheureux Jean-Paul II » d’avoir fait, à l’aube de ce nouveau millénaire et au nom de Dieu, cet immense cadeau à l’humanité : tout un monde en quête pathétique de sens et d’amour, y aspire si impatiemment, si intensément ! n

* Alex et Maud Lauriot-Prévost sont auteurs notamment de Mariage, Mystère Trinitaire et de la trilogie L’Évangile pour le Couple, éditions du Jubilé. Ils sont également délégués épiscopaux à la pastorale conjugale dans le diocèse d'Avignon.

plutôt amère et moche. Sur la place Saint-Pierre, ainsi que le dit un com-mentateur, vous auriez pu entendre une mouche voler. La foule — certains avaient dormi toute la nuit dans les rues pour parvenir à apercevoir quelque chose de la messe — n’était pas là pour un simple homme politique. Ce qui revenait le plus souvent dans les témoignages était la bonté et l’esprit qui « transparaissaient » d’un homme unique en son genre.

Benoît XVI a conclu son homélie — qui comme toujours donne beaucoup à méditer — avec le souvenir de celui qui a si souvent béni les foules sur cette même place en lui demandant de conti-nuer à protéger et à bénir toute l’Église.

En regard, les critiques de Jean-Paul II, en provenance de divers sec-teurs, font l’impression de chicaneries. Ne s’est-il pas passé de mauvaises choses durant son pontificat ? Oui. A-t-il porté remède à tout ce qui n’allait pas dans l'Église ? Non. Les gens qui se livrent à ce type de critiques confon-dent sainteté et perfection. Saint Pierre a renié le Christ Lui-même à trois reprises, après Lui avoir promis qu’il n’en ferait rien. Saint Paul a persécuté et tué des chrétiens. La grandeur, si elle doit exister, est faite de toute cette matière trop-humaine.

Plusieurs commentateurs ont estimé que ce qu’il y a de plus grand et de plus significatif parmi les œuvres de Jean-Paul II est son enseignement sur la valeur rédemptrice de la souffrance — une leçon donnée non seulement par la parole mais par la manière dont il a supporté la souffrance dans sa propre vie : la perte de sa mère à l’âge de neuf ans, la persécution sous les nazis et les communistes, la tentative d’assassinat, les progrès lents et débilitants de la maladie qui devait finalement conduire cette grande vie active à son terme fixé.

Jean-Paul II attribuait la façon dont les foules étaient émues non à ses mérites mais à l’action de l’Esprit Saint. « La voie de l’Église est l’homme ; la voie de l’homme est le Christ. » Plusieurs ont prononcé ces paroles. Jean-Paul II en a communiqué le sens parce qu’il a pris ces paroles à cœur. n

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3e DIMANchE DE pâquEs

Non ! Il ne s’agit pas de prendre parti dans un débat qui agite exégètes, archéologues et guides pour les pèlerins de Terre sainte. Plusieurs sites se disputent en effet la gloire d’être le théâtre de la rencontre des deux disciples avec le Christ ressuscité. Sans oublier l’imprécision du texte évangélique qui porte,

suivant les manuscrits, soixante ou cent soixante stades depuis Jérusalem.Il s’agit dans ce billet de savoir comment nous autres baptisés pouvons tirer profit de cette rencontre au fort

contenu théologique.Dans une église peu connue de Lyon, la peinture de la coupole au-dessus de l’autel représente le Christ

rompant le pain pour les deux disciples ébahis. Pas de doute pour le peintre, le repas d’Emmaüs a un fort rapport avec la célébration eucharistique. Allons plus avant : cette rencontre possède aussi un fort rapport avec notre statut de baptisés.

Notre route humaine est semée d’espoirs en ruines. La désespérance nous guette à chacune déception. Mais quels sont ces rêves humains qui nous déçoivent ? Argent facile, relations heureuses dans le couple ou dans nos amitiés, notre profession ? Les disciples d’Emmaüs nous indiquent quelle doit être notre véritable déception : « Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël. » En supprimant l’aspect temporel de leur espérance, rendre à Israël son indépendance politique en chassant les Romains, il reste cet espoir fou que quelqu’un puisse briser l’esclavage du péché, le seul véritable fléau qui nous empêche d’aimer.

Baptisés, nous sommes en possession de la solution. Notre vie avec le Christ peut réaliser ce rêve fou. Mais nous avons besoin de deux choses pour qu’il se réalise.

Qu’on nous dise et nous redise, comme le fit Jésus aux deux marcheurs, que malgré son échec apparent, mieux, à cause de lui, le bonheur est toujours à notre portée. Si nous le suivons pas à pas, jusque dans sa Passion, c’est dans ce mouvement, celui de notre baptême qui nous plonge dans sa mort et sa résurrection, que nous profiterons de sa victoire, de sa résurrection, de son bonheur. Écouter sans relâche les paroles du Christ, largement mises à notre disposition par l’Église, c’est écouter comme les pèlerins d’Emmaüs et avoir, nous aussi, le cœur brûlant de la joie que lui seul peut donner.

Le baptisé est invité au repas sacré. Que notre foi, reçue au baptême, ouvre nos yeux à la présence du Christ, comme l’ont expérimenté les deux pèlerins. Que notre privilège de pouvoir recevoir en nourriture le Christ ressuscité, soit vraiment le ressort qui nous poussera, comme eux, à franchir les distances et à annoncer qu’en dehors de la vie avec le Ressuscité, il n’y a pas de vrai bonheur.

La Parole et l’eucharistie, deux richesses immenses du baptisé : exploitons-les à fond, elles ne se dégradent pas, au contraire, plus nous les utilisons et plus elles sont sources de vie et de bonheur.

Père François de VORGES

quel Emmaüs ?La parole et l’eucharistie

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D.R. Église St-Eucher à Lyon.

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Saint Pierre, dans le discours qu’il adresse le jour de la Pentecôte à la foule rassemblée, déclare sans ambages : « Cet homme (Jésus), livré selon le plan et la

volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. »

Ce plan arrêté nous pose une question : si Dieu a tout prévu et si c’est lui qui a mené les événements jusqu’à la croix de son Fils, n’est-ce pas lui en dernier lieu qui est responsable de la mort de Jésus, plus que les hommes, plus que les juifs, plus que les Romains, plus que vous et moi ? Le Christ lui-même semble aller dans ce sens, quand il déclare aux pèlerins d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » Quelle est la nécessité qu’il voit là ? Est-ce le destin ? Ou la volonté d’un Dieu cruel qui achète le salut des hommes du sang de son propre Fils ?

Déjà dans l’Ancien Testament, on attribue à la toute-puissance de Dieu tous les événements, bons ou mauvais, qui mènent au salut de son peuple : la mort des premiers-nés des Égyptiens, la traversée miraculeuse de la mer Rouge, la dispersion des troupes de Pharaon, le don de la manne etc. Isaïe va jusqu’à faire dire à Dieu, pour écarter tout soupçon de polythéisme qui répartirait entre plusieurs divinités les événements du monde : « Je fais le bonheur et je crée le malheur » (45,7). Or il n’y a pas un Dieu de la mort à côté

du Dieu de Vie. Satan n’est pas un anti-dieu, il n’est qu’un ange révolté.

Pourtant, écartons à tout jamais l’idée que Dieu serait en quelque façon complice du mal, qu’il s’en servirait comme d’un procédé pour parvenir à ses fins : « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, tu ne peux accepter le spectacle de l'oppression » déclare le prophète Habacuc (1,13). Et une sentence rabbinique nous dit que le soir de Pâques, Dieu pleure « sur ses enfants d’Egypte » (car les premiers nés de ce peuple sont aussi ses enfants). Comment comprendre ?

Le mal vient tout entier de la liberté de l’homme et de l’ange : en se séparant de Dieu, la volonté des créatures créées libres a introduit dans le monde un manque à gagner et Dieu source de tout bien s’est comme éloigné de notre expérience. Tel un enfant révolté qui interdirait l’accès de sa chambre à ses parents et la laisserait se dégrader progressivement, l’homme s’est pris pour le point de départ et a entraîné le cosmos dans son égarement. Mais Dieu ne reste pas inactif devant cette situation. Non seulement il continue de veiller à l’ensemble de l’expérience humaine pour éviter que les conséquences de nos bêtises ne mettent pas en péril l’avenir (ce que l’on voit par exemple dans le récit du Déluge). Mais il tire parti des avancées et des reculs des hommes et même des conséquences de leurs folies pour protéger et faire grandir la lignée de ceux qui ont commencé à répondre à son appel.

Ce n’est pas lui qui a provoqué la haine et la violence, mais puisque celles-ci existent (à côté d’autres choses plus belles, heureusement), il se sert de tout cela pour acheminer l’aventure humaine vers la solution qu’il avait prévue. C’est en ce sens que la Passion du Christ, qui a été voulue d’un commun accord par le Père et le Fils, se produit dans l’Histoire en un temps déterminé. Dieu n’a voulu ni la trahison de Judas, ni la ruse politique de Caïphe, ni la lâcheté de Pilate, mais puisque les hommes de toute façon sont ainsi, Dieu est passé par ces circonstances, non voulues de lui, pour arriver au résultat voulu de lui. n

Dimanche 8 mai3e dimanche de PâquesPremière Lecture : Actes 2.14, 22–33Psaume 16.1–2, 5, 7–11Deuxième Lecture : 1·Pierre 1.17–21Évangile : Luc 24.13–35.

lectureS

22 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

3e Semaine de pâqueS

Sur la route d’Emmaüs24. 13 Ce même jour, deux d’entre eux se rendaient à un village du nom d’Emmaüs, éloigné de 60 stades de Jérusalem, 14 et ils parlaient entre eux de tous ces événements. 15 Tandis qu’ils parlaient et discutaient entre eux, voici que Jésus lui-même s’approcha et fit route avec eux. 16 Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. [...]

3e dimanche de pâqueS (année a)

Selon le planet la volonté

de dieupar le Père Michel Gitton

par le Père Michel GittonSemaine dominée par le discours du « Pain de Vie ». Tout le mouvement de ce texte est de nous faire passer de la manducation de la foi (expérimentée dans l’oraison particulièrement) à la manducation eucharistique (qui achève la première).

3e Dimanche de Pâques : 1. Jésus que le Père a ressuscité, en dé-menti du jugement des hommes (lecture du livre des Apôtres).➤ Adorons le Fils magnifiquement justi-fié par le Père.Point spi : Acceptons de revoir nos juge–ments sur les autres.2. Jésus dont le sang précieux nous protège (lecture de la première lettre de saint Pierre).➤ Adorons l’Agneau sans tache, qui a versé son sang pour nous.Point spi : ne soyons pas inquiets comme les païens.3. Jésus qui redonne force et lumière à ses disciples découragés (Évangile selon saint Luc).➤ Adorons le Voyageur qui se mêle incognito à la route des hommes.Point spi : Retrouvons dans les écritures la trace du ressuscité.

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Lundi : début du discours du Pain de Vie (Jean 6, 22-29)1. « Travailler pour la nourriture qui se garde ». Jésus qui nous apprend une manière vraiment nourrissante de vivre en communion avec lui, de le « garder » dans notre cœur.➤ Adorons Celui dont la plénitude se renouvelle sans cesse, qui ne connaît pas de déclin, ni de déperdition.Point spi : Mettons de côté, sou par sou, minute par minute, un trésor de prière.2. Celle que donne le Fils de l’Homme, « lui que Dieu le Père a marqué de son sceau ». Jésus qui porte l’estampille de fabrique, tout ce qui vient de lui est garanti, sûr.➤ Adorons l’Oint du Père, celui dont chaque cellule porte la marque de Dieu.Point spi : ne confondons pas les produits frelatés et le pur froment de Dieu.3. « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en Celui qui l’a envoyé ». Jésus qui ne demande pas d’autre « œuvre » que la foi, pour qui la foi est le grand travail de nos vies.➤ Adorons Celui que le Père nous donne, celui qu’il propose à notre foi, accueillons son avance.Point spi : Pas d’activisme, la prière est notre grande affaire.

Mardi : suite du discours du Pain de Vie (Jean 6, 30-35)1. « Ce n’est pas Moïse ». Jésus qui n’est pas un messager de Dieu comme les autres, Jésus qui ne donne pas la manne, mais qui est cette manne nouvelle.➤ Contemplons le grand signe que Dieu nous a donné : son Fils lui-même, don et donateur à la fois.Point spi : ne courons pas après les signes, ne nous laissons pas entraîner par le désir du merveilleux.2. « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ». Jésus qui vient librement chez nous pour répondre au dessein de son Père, donner la vie au monde.➤ Contemplons le Fils qui entre mer–veilleusement dans les pensées du Père, admirons son obéissance.Point spi : ne ramenons pas le christia–nisme à des recettes ou à des préceptes, le christianisme, c’est Jésus aimé et connu.3. « Moi, je suis le Pain de la Vie ». Jésus pain vivant, combien nourrissant, donné et redonné.➤ Contemplons Celui qui peut dire cela, qui sait que nos cœurs ont été faits pour lui.

Point spi : Vive l’oraison qui nous fait goûter ce Pain dans la foi !

Mercredi : suite du discours du Pain de Vie (Jean 6, 35-40)1. « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ». Jésus qui ne fait ni pub, ni racolage, qui accueille ceux que le Père lui donne.➤ Vénérons Celui qui est tout accueil, toute ouverture à ceux qui viennent se nourrir de Lui.Point spi : Relayons son invitation, amenons les âmes à se nourrir du Christ.2. « Je ne suis pas venu du ciel pour faire ma volonté ». Oh non ! et si sa volonté, c’est de nous combler de ses dons, il s’efface, même là, devant la volonté paternelle.➤ Vénérons Celui qui s’efface devant la volonté de salut du Père, qui est tout désintéressement.Point spi : Laissons-nous conduire par Dieu, spécialement dans le service des choses de la foi ; ne mélangeons pas nos buts, nos intérêts ou désintérêts personnels avec ceux de Dieu. 3. « Que je ne perde aucun de ceux qu’Il m’a donnés » : la grande hantise de Jésus (cf. Jn 17, 11-12).➤ Vénérons celui qui nous a bien gardés jusqu’ici et qui continuera à le faire. Point spi : Confions-nous à la conduite très aimante de Celui qui nous a reçus de son Père.

Jeudi : suite du discours du Pain de Vie (Jean 6, 44 [attention, 3 versets sautés] – 51)1. « Personne ne peut venir à moi si le Père ne l’attire ». Jésus qui laisse jouer cette douce attraction que l’Esprit du Père ménage dans l’âme de ses disciples.➤ Considérons Celui qui, sans contrainte, sans rappel à l’ordre, est « le roi et le centre de tous les cœurs ».Point spi : Comptons, pour nos frères, sur l’attraction qu’exerce sur eux l’Esprit du Seigneur.2. «Personne n’a jamais vu Dieu, sinon celui qui vient de Dieu ». Jésus qui est notre introducteur dans les mystères de Dieu, seul Il a vu.➤ Considérons Celui qui nous transmet la lumière divine, qui nous introduit dans Sa contemplation.Point spi : Partons toujours de la sainte humanité de Jésus.

3. « Celui qui croit en moi a la vie éter-nelle ». L’audace de celui qui peut dire cela en toute vérité, non comme un souhait ou une promesse, mais comme un fait.➤ Considérons celui qui est la vie, pleine, surabondante, jaillissante. Point spi : Sachons savourer notre joie.

Vendredi : fin du discours du Pain de Vie (Jean 6, 52-59)1. « Ma chair pour la vie du monde » (retour au v. 51). Ce corps n’est pas seulement offert, il est livré, il devient accessible au prix de sa mort.➤ Mettons-nous devant l’Agneau sans tache, blessé et toujours vivant, qui porte le péché du monde.Point spi : Pas d’amour vrai des autres sans acceptation qu’ils nous fassent souffrir.2. Si nous ne mangez pas (mâchez pas) la chair du Fils de l’Homme… Jésus qui, loin de minimiser ses déclarations, persiste et signe.➤ Mettons-nous devant le Pain de Vie donné dans l’eucharistie, celui qui va jusqu’au réalisme d’une chair et sous l’apparence d’une chose !Point spi : osons affirmer notre foi dans la présence réelle : Jésus est là ! 3. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi ». Jésus qui nous fait vivre cette mutuelle appartenance de l’Amant et de l’Aimé(e) dans la sainte communion.➤ Mettons-nous devant notre grand Ami du Ciel qui veut se faire tout à nous.Point spi : Communions avec une vive conscience de ce que nous faisons.

Samedi : Saint Matthias1. Jésus qui ne cesse de choisir et d’appeler.➤ Adorons le Maître qui embauche jusqu’à la onzième heure.Point spi : tenons-nous prêts à répondre même à la dernière minute.2. Jésus qui fait appel au discernement de son Église.➤ Adorons le Maître caché, fondement invisible de son Église.Point spi : Apprenons à recevoir la volonté de Dieu à travers les consignes de ceux qui ont charge de nous.3. Jésus qui a voulu douze pierres de fondation, donnant ainsi forme au nouvel Israël.➤ Adorons le Maître qui donne forme et figure à son Église.Point spi : Admirons la sagesse du dessein de Dieu. n

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n Pourquoi votre communauté construit-elle uneéglise, alors que vous avez déjà une chapelle?Surtout en cette période économiquement diffi-cile…

La première raison est très pratique : notre chapelle actuelle, prévue pour être provisoire, est devenue trop petite pour les quarante-trois

moniales et cinq novices et deux postu-lantes que compte notre communauté !

Par ailleurs, la mission spécifique que l’Église nous confie est la célébration de la liturgie, comme nous l’a rappelé notre Saint-Père Benoît XVI : « Votre service prio-ritaire pour ce monde doit être votre prière et la célébration de l’Office divin », faisant écho à l’injonction de saint Benoît de « ne rien préférer à l’Office divin ». Le lieu où nous nous rassemblons pour l’Office est donc naturellement le cœur du monastère ; il doit être le plus digne possible de la litur-gie qui y est célébrée, et digne surtout de Celui pour qui elle est célébrée !

Construire une église est enfin une expression de la vitalité de la foi, pleine

d’espérance en l’avenir. C’est une manière de participer à l’appel du pape Jean-Paul II à une « nouvelle évangélisation », en édifiant un nou-veau signe visible de la présence de Dieu sur cette terre d’Ariège, un doigt tendu vers le Ciel.

n Comment ce projet s’inscrit-il dans l’histoire devotreabbaye?

L’histoire du Pesquié est une histoire de fondations. À l’origine de notre monastère, il y a cette parole adressée par Dieu à Abraham : « Sors de ton pays, quitte la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai » (Gn 12,1) . Depuis sa fondation par l’abbaye de Dourgne à Madiran (diocèse de Tarbes et Lourdes) en 1934, la communauté a déménagé

communautésEntREtIEn aVEc sœuR BénéDIctE

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Propos recueillis par Sœur RaPhaëlle

Sur la chaîne de télévision France 2, le 23 mars dernier, le journaliste Olivier Delacroix nous faisait découvrir, avec sa bienveillance habituelle, le couvent du Pesquié, dans l’Ariège, tout spécialement à la rencontre de jeunes bénédictines très souriantes, en train d'exploiter un vaste domaine agricole et aussi de construire leur église abbatiale toute neuve au pied d'un clocher qui attendait depuis quelques années déjà. La première pierre de cette église a été bénie le 11 novembre 2010 par l’évêque de Pamiers, Mgr Philippe Mousset. Depuis, les murs s’élèvent au fur et à mesure du travail des entreprises sollicitées, du travail des sœurs et de la générosité de leurs amis…

Si vous désirez les aider, il faut libeller un chèque à l’ordre de « Fondation des Monastères » en précisant au dos du chèque : « Pour

les travaux de l’Abbaye du Pesquié ».À envoyer à l’adresse suivante : Abbaye Notre-Dame du Pesquié – 09000 Foix. www.abbaye-pesquie.org

L'abbaye du Pesquié s'agrandit

Mère Immaculata, abbesse.

Le clocher en attente.

D.R.

D.R.

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FRANCECatholique n°32586mai 201125

deux fois : à Ozon (dans le même diocèse) en 1955 puis au Pesquié (diocèse de Pamiers en terre d’Ariège), notre demeure actuelle, en 1991. Chacun de ces déplacements a entraîné, avec l’édification matérielle, un renouvellement spi-rituel, un souffle neuf propre aux périodes de fondation. Nous espérons cette fois avoir atteint le bon lieu et la construction de notre église s’inscrit dans cet élan. Le chantier est pour notre monastère l’occasion de cultiver un esprit de confiance et de foi en la divine Providence.

Au sein même du monastère, la chapelle a déménagé à de nombreuses reprises : il s’est d’abord agi, pendant la construction, d’une pièce minuscule qui est notre oratoire actuel. Puis les moniales arrivant toujours plus nombreuses et les travaux progressant, la chapelle fut installée dans une pièce plus vaste, notre actuel réfec-toire. Celle-ci devenue trop petite pour notre communauté, il fallut construire la chapelle où nous chantons actuellement l’office, provisoire

Le transfert du monastère, d’Ozon au Pesquié

Le pesquié est la fin d’un exode pour la communauté des moniales fondée en 1934 à Madiran, dans les Hautes-Pyrénées, puis transférée à Ozon, toujours dans le diocèse de Tarbes et Lourdes, en 1955. Lorsqu’en juillet 1989, s’ouvre

l’autoroute A64 qui relie Toulouse à Bayonne, elle détruit les conditions de si-lence nécessaires à la vie d’un monastère. Les regards des moniales se tournent alors vers l’Ariège, diocèse de Pamiers, terre de montagne, rude et laborieuse, terre de mission…

« Il n'est pas de lieu d'abbaye sans quelque mystère préalable qui annonce sa venue. Souvent des légendes s'y greffent autour d'un saint ermite ou de miracles ou de sources bénies. Nous ignorons encore le signe dont Dieu marqua la terre du Pesquié si ce n'est celui, visible, d'une harmonie modeste et bien modelée en son équilibre. Point de rochers sauvages, ni d'horizons vastes. Ici tout est simple de ce mélange tellement apaisant que donne la campagne trempée d'un goût de mon-tagne. Au loin se détache par les beaux jours un pic de deux mille mètres d'un massif au nom chrétien de Saint-Barthélémy. Les plus grands pics sont cachés par une première crête qui semble garder la propriété comme une enceinte. La chaîne noble, éminente, nous ne la voyons pas, mais nous la connaissons. Nous savons, au sens de goûter, sa présence proche, quoiqu’invisible.

Cette modestie d'un site beau mais qui a su s'interrompre au moment où il aurait pu franchir le pas du grandiose, un site ouvert, mais blotti dans les limites de sa réserve pleine de bon goût, cette espèce de retenue modeste du site n'est-elle pas à l'image de notre vie ? »

hymnaire des jours, Mère Immaculata Astre

L'abbaye du Pesquié s'agrandit

D.R.

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parce que dès le début destinée à devenir le futur réfectoire.

n Quelles sont les caractéristiques de la futureégliseabbatiale?

Notre précédente abbesse, qui a commencé les travaux, avait demandé à l’architecte du monastère « une petite église de campagne », simple, centrée sur l’essentiel. Nous ne souhai-tons rien de fastueux mais plutôt la simplicité cistercienne, pour ancrer notre prière dans une longue tradition monastique. Orientée classi-quement vers l’est, vers le soleil levant, l’église s’inspire, toutes proportions gardées, de l’ab-baye du Thoronet. L’acoustique devrait servir le chant grégorien propre à notre liturgie, grâce à la voûte intérieure. Le chœur des moniales sera placé entre les fidèles et le sanctuaire, symbole de leur prière d’intercession dans l’Église, ce qui permettra aussi que tous aient le regard tourné vers l’Orient, vers Dieu. Nous espérons beau-coup pouvoir revêtir de pierres les murs exté-rieurs, pour la beauté de l’édifice et l’harmonie de l’ensemble du monastère, mais cela dépendra des fonds que nous parviendrons à rassembler avec l’aide de la Providence divine !

n Voushéritezd’unetraditionquidateduVIesiècle,datedelarédactiondelaRègledesaintBenoît.

À quoi ressemble la vied’une abbaye bénédictinequinzesièclesplustard?

À peu près à la m ê m e c h o s e ! S i l’époque et les condi-tions ont bien changé depuis saint Benoît, l’es-prit reste le même : celui de la Règle, qui est tou-jours d’actualité malgré le passage des siècles.

Le discernement de saint Benoît entre ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas, donne à la Règle une base solide autant qu’une grande souplesse, qui permet d’éviter l’écueil du rigorisme, tout en gardant un cadre. Poussées par le désir de chercher Dieu et de « ne rien préférer à l’amour du Christ » (Règle de saint Benoît), nous vivons une vie d’abandon total à la volonté du Père, à l’image de Jésus. Cet abandon est rendu très concret et très réel par notre vœu d’obéissance.

Notre quotidien se partage entre la prière et le travail. Un soin particulier est accordé à la liturgie, nous l’avons dit. Le travail manuel tient

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L'églises'inspire,

toutesproportions gardées, de l'abbaye du Thoronet

Le noviciat.

Restauration d'une partie ancienne des bâtiments.

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aussi une grande place dans l’équilibre de vie du Pesquié. C’est une chance pour nous de pouvoir être fidèles à l’inspiration originelle et originale de saint Benoît, grâce à l’exploitation agricole, la ferme, le potager, le verger, les ateliers de reliure et de céramique.

n Vous avez parlé au début de nouvelle évangé-lisation. Pourtant, en un sens, il n’y a pas plusarchaïque qu’une abbaye bénédictine! Commentprenez-vous part à cette mission confiée parJean-PaulIIetBenoîtXVI?

« À l’origine de toute évan-gélisation, il n’y a pas un pro-jet humain d’expansion, mais le désir de partager le don ines-timable que Dieu a voulu nous faire, en nous faisant participer à sa vie même. » Ces mots du Saint-Père nous confortent dans notre vocation à « ne rien préfé-rer à l’amour du Christ ». Benoît XVI ne cesse de rappeler que la vie chrétienne n’est pas une vie selon des idées, selon des valeurs, mais une vie de relation per-sonnelle avec le Christ ressuscité, vivant. Notre vie monastique donne le primat absolu à cette relation vécue dans la foi et l’amour, dans une

communion fraternelle très forte. Nous prenons part à cette nouvelle évangélisation par le don total de nos personnes à la Personne du Christ, certaines que ce don porte du fruit, comme le grain de blé tombé en terre. C’est là que se trouve en germe l’authentique renouveau du monde !

L’idéal évangélique vécu au plus près, l’amour filial et fraternel de la vie en communauté diffu-sent la présence du Christ dans le monde et sa paix si désirées par « l’homme moderne anxieux de mille problèmes » selon les mots du bienheu-

reux Jean-Paul II. L’hospitalité béné-dictine offre la possibilité de goûter à ces biens spirituels, de découvrir les voies de la prière et de renou-veler dans le silence l’adhésion de foi en Jésus. Cette richesse, vécue au monastère n’est donc pas pour le moine seul. Notre prière et nos com-bats cachés portent du fruit secrète-ment, par la grâce du Christ, pour la fécondité de l’évangélisation.

nPourquoicetteviecloîtréealorsqu’ilyatantdebienàfairedanslemonde?Necroyez-vouspasque lemonded’aujourd’huiauraitbesoindeper-sonnescommevousdésireusesdeconsacrerleurvieàfairelebien?

Notreprière et

nos combats cachés portent

du fruitsecrètement

Coulage du béton pour les murs de la nouvelle église.

Les travaux du cloître.

D.R.

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Vita abscondita, vie cachée ; c’est la devise de notre monastère. Cette vie retirée du monde qui interpelle parce qu’elle semble inutile à vues humaines, constitue une sorte d’ « électrochoc » destiné à montrer au monde que Dieu est, qu’il suffit, qu’il est vivant et qu’il mérite qu’on lui consacre son existence. Le monde a besoin qu’on lui rappelle cette vérité. Notre vie cloîtrée offre un témoignage non par les œuvres que nous accomplissons au service des autres, comme a pu le faire Mère Teresa par exemple, mais par la fidélité à notre vocation : être entièrement et exclusivement données au Christ et choisissant de vivre l’idéal évangélique de charité fraternelle dans la vie en communauté.

Se retirer du monde ne constitue ni une fuite, ni une lubie personnelle dont nous aurions l’ini-tiative. C’est Dieu qui est à l’origine de notre vie ; c’est Lui qui appelle et qui attire. Nous avons simplement répondu à cet appel. Comme c’est lui le responsable de notre apparente « inuti-lité », nous croyons que grâce à notre prière, il fera mieux que nous le bien que nous aurions

pu faire en restant dans le monde. Nous croyons fermement que la prière peut tout, selon la parole de Jésus : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15). Il faut aussi des vies plus directement engagées dans les divers services de la vie de l’Église et Dieu y pourvoit selon la richesse de sa grâce et la diversité de ses appels. Mais pour nous, Benoît XVI nous a clairement rappelé que nous avions comme mission d’être un lieu « de la préférence donnée à Dieu ». « Comme une oasis spirituelle, un monastère indique au monde d’aujourd’hui la chose la plus importante, et c’est même en fin de compte la seule chose décisive : il existe une raison pour laquelle il vaut la peine de vivre qui est Dieu et son amour impénétrable » (Abbaye d’Heiligen Kreuz, 9 septembre 2007).

n Pauvreté, chasteté, obéissance, vie cachée…Pensez-vous que cela puisse attirer la jeunessealorsquelemodedeviedominantestsidifférent?Vous construisez une église; quelle confiance enl’avenirquandonditl’ÉglisedeFrancedéclinante!

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Ce n'est pas un mode de vie qui attire d'abord mais

DieuLui-même

Labour. La fromagerie.

Le potager. La ferme.

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Il y a actuellement sept jeunes en formation au Pesquié, dont les âges vont de 19 à 29 ans. C’est bien la preuve que cette vie attire toujours, pour la simple raison que Dieu appelle toujours ! Ce n’est pas un mode de vie qui attire d’abord mais Dieu Lui-même. Il est absolu et nos vœux de pauvreté, chasteté et obéissance sont des moyens qui nous permettent de lui répondre d’une manière absolue par le don intégral de notre personne. Ils nous permettent aussi d’ap-profondir notre lien intime avec le Christ en cherchant à lui ressembler. Cette vie ne fait plus peur alors et rejoint le cœur même de notre humanité, la racine profonde de notre être, ce pour quoi nous avons été créés : la vie d’enfants de Dieu par la configuration au Christ.

La négation de Dieu et le relativisme moral de nos sociétés occidentales ne suffisent pas à étouffer la voix de Celui qui appelle inlassable-ment. L’aspiration à se donner et à tout donner est inscrite par Dieu au fond du cœur de chaque être humain et c’est là que se trouve la source du vrai bonheur. Notre vie religieuse n’est rien d'autre que ce don total, qui trouve un écho plus ou moins clair en chacun de nous.

n Quelle serait selon vous une valeur essentielle àlaviebénédictine?

Saint Benoît a été fasciné par le Christ, par-ticulièrement par la relation filiale qui l’unit à son Père et qui explique sa bouleversante humilité. Saint Benoît donne comme idéal à ses moines d’imiter le Seigneur dans son amour du Père qui s’exprime en adoration, louange, et aussi obéissance amoureuse, dépendance, humi-lité, amour fraternel et service.

n Dequoivivez-vous?

« Ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains » dit saint Benoît. Nous vivons de ce que nous produisons au potager, au verger, à la ferme et nous cherchons à dévelop-per nos ateliers d’artisanat - reliure, papiers cuve, céramique, ornements liturgiques -, qui ont souf-fert de la crise économique. Il est de plus en plus difficile de trouver du travail de reliure…

Pour l’ordinaire de la vie, nous vivons donc de notre travail, mais nous dépendons de la générosité des donateurs pour tous les projets plus importants ; l’église en fait bien évidem-ment partie.

n Autrement dit, vous avez besoin d’aide pour cechantier extraordinaire que constitue l’église devotremonastère…

Bien sûr ! Nous nous sommes lancées dans ce projet parce que Dieu nous a donné les fonds nécessaires pour commencer. Il ne s’agit pas d’une entreprise lancée à l’aveuglette en met-tant la Providence au pied du mur ! Nous avons actuellement de quoi construire les fondations, les murs et le toit, c’est-à-dire un espace cou-vert. Il reste à pourvoir à la voûte, l’enduit, la menuiserie (portes et fenêtres), l’électricité, le chauffage, la pierre, etc., ce qui n’est pas rien !

Depuis le début de la construction du Pesquié qui a commencé en 1991, Dieu nous a toujours donné ce dont nous avions besoin, mais au fur et à mesure, jamais à l’avance. Nous avons donc avancé en suivant la lumière du moment, en apprenant à lui faire confiance pour l’étape suivante. Saint Joseph nous a beau-coup aidées à vivre dans cette dépendance de la Providence ; nous essayons de suivre son exemple et attendons avec foi son aide maté-rielle qui passera par les cœurs de ses amis. n

L'atelier de reliure.

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Dieu nous a toujours donné ce dont nous

avions besoin

D.R.

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LIVRES■ LA PUISSANCE DU PARDON deJenniferBenson éditionsdesBéatitudes,2011,184p.,13,50€.

Lorsque le Christ se révèle à Jennifer Benson, toute sa vie en est transformée. Cheminant avec son Seigneur, elle découvre le chemin du pardon et sa puissance extraordinaire en bien des aspects de sa vie.

Ce livre est à la fois un témoignage de vie et le fruit d’une longue recherche personnelle. Cette mère (et grand-mère) propose dans un premier temps de définir le pardon, à travers des petites histoires vécues personnellement ou dans l’accom-pagnement qu’elle exerce régulièrement. Puis quelques pistes pratiques nous sont données. Par exemple : une démarche de pardon se vit face à trois personnes : à l’autre à qui je dois pardonner son offense, à moi-même avec mes réactions de défense et de fermeture, et à Dieu qui a permis cet événement dans ma vie. Enfin, un chapitre nous parle de la place du corps (bien souvent plus rapide que la raison !) qui essaie de me dire que quelque chose ne va pas et qui réclame une attention, un soin. Cette réconciliation de soi-même avec son propre corps nous semble trop souvent secondaire, alors qu’elle est une nécessité pour retrouver la paix et l’unité intérieure. La dernière partie est le fruit de l’accompagnement des personnes en fin de vie ou des personnes ayant vécu un deuil. Cet ouvrage est merveilleux de simplicité, tant la puis-sance du pardon transfigure l’être dans sa totalité, le rendant petit, pauvre et humble. Malgré tout, on regrettera l’absence de références aux sacrements de l’église, particulièrement au sacrement de réconciliation qui, seul, ouvre la porte au pardon du Christ : « Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je te pardonne tous tes péchés ».

■ LE LIVRE DES ŒUVRES DIVINES deHildegardedeBingen Albin-Michel,380p.,2011,9,50€.

L’œuvre de sainte Hildegarde (1098-1179) fait partie du patrimoine culturel germanique au même titre que Maître Eckhart ou Dürer et elle est saluée comme telle, alors qu’elle est toujours très mécon-nue de l’autre côté du Rhin.

Née au cœur de l’effervescence des Croisades, elle est, dès son plus jeune âge, gratifiée de visions mystiques extraordinaires. à 43 ans, elle reçoit l’ordre suivant : « écris ce que tu vois et ce que tu entends ». Hildegarde adresse alors une lettre au grand saint Bernard – attelé au projet d’une ultime croisade - qui lui demande « de répondre avec toute la force de son amour à la grâce divine qui lui est

accordée ». En 1148, le pape Eugène III préside à Trèves un synode où de nombreux évêques et cardi-naux, religieux, abbés… dont celui de Clervaux dis-cutent de la visionnaire. Le cistercien et le pape lui-même prennent sa défense et à partir de là, elle devient un personnage en vue dans tout l’Empire, une sorte de conscience spirituelle de l’époque. Elle entretient notamment une très large correspon-dance avec tous ceux qui lui demandent conseil.

Dans ses visions, dans sa mission, l’abbesse res-semble aux prophètes de l’Ancien Testament, en particulier Ezéchiel et Daniel, mais elle est aussi proche de l’auteur de l’Apocalypse. Ses aperçus cos-mologiques, à l’imagerie puissante (on appréciera la couverture de ce livre qui nous en donne un exemple), sont ancrés dans une théologie rigou-reuse qui l’a imposée comme un modèle de sainteté et comme une autorité en matière de foi. Le Livredesœuvresdivines, son ultime recueil de visions, où transparaît l’imminence du Royaume de Dieu, sublime son siècle, finalement bien proche du nôtre.

■ PRIÈRES AUX SAINTS GUÉRISSEURS deAgostinoTerrani Salvator,112pages,2011,11€.

Dans la collection Prières, voici un petit livre qui peut nous être utile… si nous avons la foi ! Il s’agit des « saints guérisseurs », ou « thauma-turges », c’est-à-dire les saints invoqués pour obte-nir la guérison de maladies du corps et de l’esprit. Cette dévotion et ces prières à nos « frères aînés » ne seront plus seulement du passé (lorsque la médecine en était à ses débuts… ou plutôt lorsque la foi entraînait l’homme à tout demander à Dieu !) mais à vivre aujourd’hui, au gré des circonstances où le corps et l’esprit se trouvent en difficulté.

Chaque saint a une biographie brève puis une prière spécifique pour le soin et la guérison de la maladie. L’association entre la maladie spécifique et le saint invoqué pour sa guérison est née de deux raisons : soit parce que le saint en question a souffert de ladite maladie, soit parce qu’au sanc-tuaire qui lui a été dédié, on a attribué une parti-culière « efficacité » guérisseuse sur ce trouble pré-cis. Ce culte aux saints guérisseurs est approuvé par l’église, car il poursuit la mission de Jésus qui « guérissait toutes sortes de maladies et d’infirmi-tés dans le peuple » (Matthieu 4,23).

à la fin du livre se trouvent deux index, l’un des maladies, l’autre des saints, ainsi qu’une proposi-tion de prière. La simplicité de cette démarche et la touche d’humour que sait y mettre l’auteur nous feront apprécier ces pages et les recommander à ceux qui accompagnent des malades. ■

SÉLECTION

Spirituelpar Sophie Baron

30 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

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En 140 après J.-C., L’Empire romain domine la majeure partie de l’Eu­rope jusqu’aux confins de la Bri tan­

nia dont la frontière, au Nord de la future Angleterre, est le mur d’Hadrien, construit sur ordre de l'empereur pour séparer le monde civilisé des barbares. C’est là que, vingt ans auparavant, le père de Marcus Aquila, un jeune centu­rion, a mystérieusement disparu avec la Neuvième légion qu’il commandait. Marcus décide de partir, en compagnie d’un esclave, vers les terres du nord, où il espère retrou ver la trace de la Neuvième lé gion et restaurer l’honneur de son père. Tourné dans les superbes High­lands écossais, ce film épique raconte une histoire d’honneur perdu et d’amitié

improbable. Malgré un héros un peu inexpressif, on se laisse prendre par cette histoire dont le contexte n’est pas sans rappeler notre époque et l’hégémo­nie américaine (une analogie voulue par le réalisateur qui a délibérément choisi des comédiens américains pour interpré­ter les Ro mains). Les pay sages brumeux sont magnifiques, et les scènes de combats sont bien réglées. Mais, malgré l'invention singulière d'une tribu à laquelle les scénaristes donnent le nom de « Peuple des phoques », l’ensemble manque un peu d’originalité et surtout de vigueur. Signalons la présence de Tahar Rahim, césarisé pour son rôle dans Un prophète.

] L’amitié, l’honneur, le courage et le respect des autres sont les valeurs prônées par ce film, dont la violence est modérée. ■L'aigle de la Neuvième légion. Aventures britan-niques (2010) de Kevin MacDonald, d’après le roman de Rosemary Sutcliff, avec Channing Tatum (Marcus), Jamie Bell (Esca), Donald Sutherland (l’oncle Aquila), Tahar Rahim (le prince), Istvan Goz (le centurion), Mark Strong (Guern), Paul Ritter (Galba) (1h55). (Adolescents.) Sortie le 4 mai 2011.

Détective DeeEn 690 avant J.-C., en Chine, la régente, sur le point de se faire proclamer impéra-trice, fait construire un Bouddha à son effi-gie. Mais des phénomènes étranges se produisent, et plusieurs employés meurent par combustion.] Avec des personnages histo-riques, Tsui Hark (Il était une fois en Chine) reconstitue la Chine ancienne, en des décors impressionnants (moitié en dur, moitié en numérique) et avec des costumes superbes. Dans ce film specta-culaire et populaire, il orchestre les combats avec beaucoup de rythme, et les images sont de toute beauté. Mais l'histoire reste confuse pour un spectateur occiden-tal.] La violence est très stylisée, et le film distille quelques éléments de sagesse bouddhiste.

Aventures chinoises (2010) de Tsui Hark, avec Andy Lau (Le Juge Dee), Li Bingbing (Jing), Deng Chao (Bel Donglai), Carina Lau (l’impératrice Wu), Tony Leung Ka-Fai (Shata) (2h10). (Adolescents.)Sortie le 20 avril 2011.

Voir la merClément et Nicolas, deux frères, partent à travers la France pour rendre visite à leur mère malade. En route, ils font la connais-sance de Pauline qui se joint à eux.] Après l'échec de La guerre des Miss, Patrice Leconte revient avec cette œuvre modeste (dans son budget et ses intentions). Si la première partie témoigne du grand talent du cinéaste, avec de jeunes comédiens pleins de charme et des péripéties cocasses, la seconde, dans un style Jules et Jim, à la Truffaut, mais en plus ludique, ne fonctionne pas très bien. ]] Si la relation entre les trois personnages est chaste, au début, elle se transforme, à la fin, en ménage à trois, illustré de scènes très crues.

Comédie française (2011) de Patrice Leconte, avec Pauline Lefevre (Prudence), Clément Sibony (Clément), Nicolas Giraud (Nicolas), Gilles Cohen (1h31). (Adultes avec des éléments nocifs.) Sortie le 4 mai 2011.

CINÉMA

Kevin MacDonald joue avec l'Histoire, dans ce péplum qui montre un fils à la recherche de son père.

Une belle aventurepar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Ce film épique raconte une histoire d’honneur perdu et d’amitié improbable(

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L'AIgLE DE LA NEUVIèME LÉgIoN

Fast & furious 5Après avoir fait évader Dominic de prison, son ami et ex-policier Brian O'Connor, se repose à Rio avec Mia. La saga (qui reposait sur le principe : jolies filles et belles voitures) s'était un peu essoufflée en cours de route. Elle retrouve une nouvelle vigueur avec ce cinquième opus mené tambour battant. Les scènes spec-taculaires se succèdent à un rythme d'enfer, avec des

courses-poursuites extraordinaires et, même si tout cela est invraisemblable, le spectacle est si bien fait et si distrayant que l'on passe un excellent moment. D'autant que Justin Lin a réuni les comédiens du début, en y ajoutant Dwayne Johnson (Faster, Le roi Scorpion). Il est inhabituel de voir l'amitié et la famille mises en valeur de cette manière (avec même des « bad boys » qui font un signe de croix !) dans une œuvre de distraction pure.Film d’action américain (2011) de Justin Lin, avec Vin Diesel (Dominic Toretto), Paul Walker (Brian O’Connor), Dwayne Johnson (Agent Luke Hobbs), Jordana Brewster (Mia Toretto), Matt Schulze (Vince) (2h). (Adolescents.) Sortie le 4 mai 2011.

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On est à Mours, banlieue de Romans-sur-Isère, qui est dans les environs de Valence, à une heure de Lyon. L'église paroissiale est d'une architecture romane très pure, mais là n'est pas

son seul intérêt… La sacristie et toutes les salles attenantes ne laissent plus beaucoup de place au célébrant pour se changer lorsqu’il la dessert : tout est plein d'objets liturgiques récupérés dans les années 60 et 70. La réforme liturgique a de fait rendu une foule d'ornements caducs et cer-tains ont voulu les conserver, non par nostalgie

mais tout simplement pour sau-ver des chefs-d'œuvre artistiques. Une des principales sources de cette collection a été le milieu aristocratique : quel château ne possédait pas sa chapelle ? Si l'on considère, en outre, le souci de transmission propre à la noblesse, ceci a conduit, spontanément ou à l'occa-sion de la vente de biens

immobiliers, à la réunion de toutes ces aubes, étoles, chasubles, canivets (image pieuse domestique en papier découpé), papiers roulés (papier servant de reliquaire, doré sur la tranche), couronnes de mariée, reliques, bénitiers de chevet, crèches fami-liales, croix de mariniers, ciboires, calices, patènes, ostensoirs, reliquaires, ces objets qui tous rappellent l'évolution de l'art sacré du XVIe siècle à nos jours.

Ce sont les tissus qui constituent la part la plus importante de la collection. En voyant ceux antérieurs au XIXe siècle, on se rend compte qu'il n'en existait pas à finalité liturgique : ces vêtements

étaient taillés dans du tissu d'ameublement ou de confection, celui que tout un chacun pouvait employer, ou à défaut voir dans un cadre pro-fane. Parfois, signe de la proximité de la religion avec la vie quotidienne, la croix qui, dessinée sur la chasuble, en signifie le caractère sacré, consiste simplement en une guirlande de fleurs.

Les teintes sont souvent délicates, la plus nuancée étant sans doute une « peinture à l'ai-guille » (chaque nuance de teinte est donnée par un fil différent) de… 1950. Quand, émer-veillées (à très juste titre), certaines visiteuses se prennent à songer tout haut : « Qu'est-ce que ce serait bien si ces vêtements étaient encore portés… », le président de l'association

qui veille sur ce musée diocésain rétorque : « Quand vous mettrez votre robe à cri-noline, les prêtres se rhabilleront comme cela… ».

Ce sont sans doute les ostensoirs qui manifestent le plus l'esprit de chaque époque, notamment à cause de leur voisi-nage très proche, qui fait ressortir d'autant mieux les caractéristiques de chacun. Les calices (dont certains sont signés d'ateliers renommés lyonnais ou parisiens), tradui-sent quant à eux de façon plus individuelle (même s'il y a eu des motifs ou matériaux propres à certaines périodes) une spiri-tualité. Et le musée a le souci de les faire revivre : il en donne un à chaque nouvel ordinant du diocèse. En en sortant, on n'a qu'un seul regret : qu'il ne soit ouvert que de début mai à fin octobre. ■

MUSÉESDrôME

32 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

Les plus petits musées ne sont pas les moins intéressants. Pour preuve, celui de Mours-Saint-Eusèbe aux collections réunies par des passionnés, qui font aussi les guides.

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Musée d'art sacré, le Village,26540 Mours-Saint-Eusèbe,

Tél./fax : 04.75.02.96.95.Ouverture de débutmai à fin octobre,

tous les jours(14h30-18h30)sauf le samedi.

www.musee-art-sacre.com.

Art liturgiquepar Pierre François

© PIERRE FRançoIS

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LIVRES■ Les grands expLorateurs ChristineCausse, Fleurus,80pagesetundvd,15,95€.

Un documentaire très fourni sur les explora-teurs qui ont fait évoluer notre connaissance de la terre... et des étoiles. De manière chronologique, les auteurs nous font comprendre quelles ont été les préoccupations de chaque époque pour faire avancer la connaissance de notre milieu et la science. Une mine d'informations complétée par un dvd qui suit les aventures d'illustres marins d'un autre temps : Vespucci, Magellan, Bougain-ville, La Pérouse et James Cook.

Àpartirde10ans

■ Le reLiquaire de saint pabu LaurentRémusat, Tempora,176pages,10,90€.

Un grand jeu est organisé chez les scouts marins en camp en Bretagne. Seulement, des complica-tions non prévues par les chefs apparaissent : des messages qu'ils n'ont pas inscrits et même des scouts qui sont enlevés. La fin du grand jeu va en surprendre plus d'un ! Un roman passionnant.

Àpartirde12ans

■L’encrier du diabLe Bazire-Talamon, Nathan,192pages,5,50€.

Roman épistolaire. Judith, vient de se marier avec un libraire et sa vie lui semble triste en cette année 1762. Alors qu'elle avait l'habitude de par-ticiper au travail de son père, libraire lui aussi, sa belle-mère voudrait la cantonner aux travaux ménagers. Lorsqu'on lui parle d'un éloge de Molière, qui n'a jamais été admis, de son vivant, à l'Académie française, elle se lance dans des recherches : Molière était-il seul à composer ses pièces ou Corneille a-t-il participé à leur rédac-tion ? Un roman d'aventure intéressant par le sujet, mais le parti-pris pour Voltaire et Rousseau est assez pénible à la longue. Àpartirde12ans

■ signé charLotte SophiedeMullenheim, MameEdifa,277pages,12,50€.

À la mort de son père, Émilie et sa mère s'instal-lent dans une petite maison d'un quartier bourgeois de Lyon. Dans sa chambre, Émilie découvre une cachette secrète contenant des lettres adressées par une certaine Charlotte d'Espérance à sa sœur Élisabeth qui a fui la révolution pour rejoindre des cousins en Angleterre. Déterminée à connaître la raison de l'arrêt brutal de ces courriers, Émilie se lance dans une véritable enquête qui va la mener à découvrir l'amitié, la foi et aussi l'amour. Un roman d'aventures palpitant pour jeunes filles, où se posent

de vraies questions, avec des réponses qui sonnent juste. La Lyonnaise que je suis regrette seulement que l'auteur ait accepté fête des lumières pour la fête de la Lumière du 8 décembre. Mais c'est un détail et ce livre est un véritable coup de cœur.

Àpartirde12ans

■ Les trois mousquetaires AlexandreDumas, Gallimard,474pages,7,60€.

Dans un vocabulaire courant facile à lire pour les collégiens d'aujourd'hui, les aventures des trois mousquetaires qui étaient en fait quatre sont tou-jours aussi passionnantes. D'Artagnan arrive à Paris et rêve de devenir mousquetaire. Dès son arrivée, il est plongé au cœur d'un complot desti-né à perdre la Reine. Mais grâce à ses nouveaux amis, Athos, Porthos et Aramis, à leur courage et à leur bravoure, ils vont déjouer les pièges qui se présentent à eux. Tous pour un et un pour tous ! Complété par un dossier pour connaître l'auteur et mieux comprendre son œuvre. Àpartirde13ans

■ henderson's boys 1 : L'évasion RobertMuchamore, Casterman,256pages,15€.

Été 1940. L'armée d'Hitler fond sur Paris, met-tant des millions de civils sur les routes. Au milieu de ce chaos, l'espion britannique Charles Henderson cherche désespérément à retrouver deux jeunes Anglais traqués par les nazis. Pour y parvenir, il va devoir accepter l'aide de Marc, 12 ans, un gamin débrouillard échappé de son orphelinat. Les services de renseignements britan-niques vont comprendre peu à peu que ces enfants pourraient devenir des alliés insoupçon-nables. Un roman d'aventures passionnant au cœur d'une page de notre histoire. Certaines scènes sont assez violentes pour que l'on ne recommande pas ce livre à des lecteurs trop jeunes. Plutôt garçons. Àpartirde14ans

■ Le combat d'hiver Jean-ClaudeMourlevat, Gallimard,417pages,6,60€.

Quatre adolescents s' évadent de leur orphelinat. Dans cet étrange pays dirigé par une tyrannie, ils reprennent le rôle de résistants qu'avaient incarné leurs parents une quinzaine d'années plus tôt. C'est leur tour à présent de se battre pour la liberté, la culture. Un livre qui se lit facilement, un peu fantas-tique avec des créatures sorties de l'imagination de l'auteur : des hommes-chiens, des hommes-chevaux. On regrettera quelques scènes de combat assez violentes, qui n'apportent pas grand chose. C'est dommage car ce roman est original.

Àpartirde15ans

séLection

AventuresChristèle Hubert

FRANCECatholique n°3256 22 avril 2011 33

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« nomade village »

il n'en est pas à son coup d'essai : ce collectif a  déjà  collaboré  avec  ce  théâtre  en  2010. Et  le  spectacle  qui  sera  donné  en  mai  Des Corps de Ville  sera  la  préfiguration  de  ce qui  sera  ensuite  repris  dans  le  cadre  de 

Marseille 2013, capitale de la culture.La  réflexion  qui  a  servi  d'axe  majeur  à  ce 

spectacle  concerne  la  place  du  corps  dans  un monde  de  plus  en  plus  virtuel.  Elle  est  partie d'ateliers  pédagogiques  sur  le  respect  de  l'autre en  collège.  Bien  entendu,  rien  n'était  dit  aux participants  sur  le  but  de  la  démarche,  on  les faisait  entrer  immédiatement  dans  un  univers de  danse  contemporaine.  On  voyait  alors,  au comportement  des  adolescents,  comment  les 

uns  oubliaient qu'ils  avaient  un corps  tandis  que les  autres  l'ana-lysaient  comme un instrument de pouvoir.  « Quelle image  voulons-nous  en  don-ner ?  »   restait donc  la  ques-tion  centrale,  à laquelle  le  col-lectif  a  ajouté  le dialogue  impos-sible  avec  nos représentations via  des  médias qui  nous  font vivre dans la parcellisation et l'ubiquité de nous-mêmes.

C'est dans ce contexte que  le passage piéton a été analysé comme  le  lieu de tous  les dangers pour  nous,  qui  nous  contraint  à  la  fois  à  faire face  à  la  présence  des  autres  et  à  l'agression sonore  de  la  ville.  La  scène  reproduit  donc  ce lieu, mais sans qu'il soit lui-même définitivement situé : il peut commencer dans une ville italienne et déboucher sur une artère japonaise. Elle com-porte  des  danseurs  en  chair  et  en  os  entourés d'écrans dans  lesquels  se meuvent  leurs  avatars. Qui  prend  le  pouvoir  sur  qui ?  Qui  manœuvre qui ?  La  grille  d'analyse  est  celle  de  la  fascina-tion  et  répulsion  que  nous  éprouvons,  face  à ces  autres  nous-mêmes  que  sont  nos  doubles virtuels comme vis-à-vis de nos égaux. On l'aura compris :  il  s'agit d'un  travail chorégraphique  (et musical)  parfaitement  contemporain,  et  dont la  valeur  est  déjà  reconnue  par  les  institutions régionales comme étrangères  (une première ver-sion du spectacle a déjà été donnée en Italie). n

théâtre

Création 2010-2013, le collectif le Nomade vil-lage, le 20 mai (21h) au théâtre Durance, Les Lauzières, 04160 Château-Arnoux/Saint-Auban Tél. : 04.92.64.27.34, [email protected].

Le collectif « Le Nomade village » de Marseille va donner une représentation, fruit de plusieurs mois de réflexion et de préparation, au théâtre Durance de Château-Arnoux, le 20 mai prochain.

par Pierre François

résolumentcontemporain

34 FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011

La place du corps dansun mondede plus en plus virtuel

Finesse et paradoxeStupeur et tremblements est une pièce qui hypnotise par la finesse, la richesse et l'ironie de sa langue. D'autant plus que le choix de mise en scène est clairement statique : une femme se maquille et s'habille. Le moyen est néanmoins astucieux pour dire l'immobilisme social, le carcan dans lequel vit la femme japonaise. Ton et rythme sont soigneu-sement étudiés pour susciter tantôt l'empathie, tantôt le rire. Paradoxalement, on ne se lasse à aucun moment alors pourtant que nulle action éclatante ou vive n'arrive, mais toutes les surprises sont dans le texte et la façon de le livrer. La litanie des interdits sociaux faits à la femme est un modèle du genre. De ce fait, on peut se poser la question de savoir si une telle pièce n'aurait pas plus sa place à la Maison de la Poésie que dans un théâtre. Mais peu importe : on a là un très beau texte, dont les extraits ont été choisis avec pertinence, et très bien servi. Que demander de plus pour les amoureux de la langue ? Quant à dire que cette pièce permet de mieux comprendre la société nipponne, c'est une autre affaire tant elle est présentée sous un jour exotique… n

Stupeur et tremblements (grand prix du roman de l'Académie française 1999), d'Amélie Nothomb. Adapté, mis en scène et avec Layla Metssitane. Du mardi au samedi (19h), dimanche (15h), jusqu'au 15 mai, au Petit Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris,Tél. : 01.42.93.13.04.

© Sandra SChmIdt

d.r.

« Des Corps de Ville »,le 20 mai, au théâtre Durance.

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Pour célébrer les trente ans de la victoire de la gauche aux élec­tions présidentielles de 1981, les

chaînes de télévision, surtout publiques, évidemment, ont sorti leurs meilleurs pro grammes. France 2 se distingue, avec une soirée où la nostalgie et un évident engagement partisan n’ef­facent cependant pas la qualité du regard.]Changer la vie — Mitterrand 1981-1983. Signé Serge Moati, ce beau documentaire­fiction est une œu vre à la première personne, dans laquelle le réa lisateur, conseiller en communication du candidat Mitterrand pendant la cam ­pagne, retrace, avec la complicité de Hugues Nancy et Christophe Barbier, les deux premières années du septennat.

Avec un mélange habile d’images d’ar­chives et de scènes réinterprétées par des acteurs, et portées par l’extraordinaire interprétation de Philippe Magnan, cet émouvant document est un hom mage, certes hagiographique (mais pas trop !) en même temps que l’histoire d’une belle relation filiale. Le ton personnel de l’au­teur est pour beaucoup dans l’intérêt que l’on prend à observer ces coulisses du pouvoir (cf. la scène cocasse au cours de laquelle « on a perdu Mitterrand », lors de la cérémonie du Panthéon).

François Mitterrand à bout por -tant — 1993-1996. En étudiant les trois dernières années de la vie de l’ancien président, ses proches dressent un portrait intime et étonnant de celui qui était hanté par la mort et la quête de l’au­delà. ■Changer la vie — Mitterrand 1981-1983. Docu­men­taire­fiction­français­(2011)­de­Serge­Moati,­avec­Philippe­Magnan­(François­Mitterrand),­Éric­Caravaca­(Serge­Moati),­Daniel­Russo­(Pierre­Bérégo­voy),­Franck­Molinaro,­Christo­phe­Brault,­Didier­Flamand­(1h30).François Mitterrand à bout portant —1993-1996 .­Documentaire­français­(2011)­de­Jean­Michel­Djian,­avec­Hubert­Védrine,­Jack­Lang,­Mazarine­Pingeot,­Anne­Lauver­geon,­Pierre­Péan,­Roland­Dumas,­Robert­Badinter,­etc.­(1h)­Diffusion­le­mardi­10­mai,­sur­France­2,­à­partir­de­20h35.

Chère Martha

L’arrivée­inopinée­de­Lina,­la­fille­de­sa­sœur­brutalement­décédée­dans­un­acci­dent,­ainsi­que­celle,­tout­aussi­imprévisible,­de­Mario,­un­cuisinier­italien,­va­bouleverser­la­vie­bien­ordonnée­de­Martha,­chef­dans­un­grand­restaurant.­On­n’attendait­pas­les­Allemands­dans­une­comédie­gastronomique­!­Pourtant,­on­peut­se­laisser­tenter­par­cette­charmante­histoire­qui­met­en­scène­un­personnage­un­peu­rigide,­se­laissant­gagner­par­des­émo­tions­inconnues,­comme­la­tendresse­et­l’amour.­Martina­Gedeck­(une­actrice­très­célèbre­en­Allemagne)­est­l’atout­majeur­de­cette­œuvre­simple,­mais­pleine­de­char­me.­C’est­drôle,­intelligent­et­sans­prétention.­Pour­une­fois,­les­personnages­sont­tous­positifs­et­le­réalisateur­a­su­éviter­toute­fausse­note.Comédie­allemande­(2001)­de­Sandra­Nettelbeck,­avec­Martina­Gedeck­(Martha),­Sergio­Castellitto­(Mario),­Maxime­Foerste­(Lina),­Sibylle­Canonica­(Frida),­Katja­Studt­(Lea),Idil­Üner­(Bernadette),­Antonio­Wannek­(Carlos),­August­Zirner(le­thérapeute),­Ulrich­Thomsen­(Sam),­Olivier­Broumis­(1h39).­Diffusion­le­dimanche­8­mai,­sur­Arte,­à­20h40.

La nuit nous appartientÀ­la­fin­des­années­80,­à­New­York,­Bobby­dirige­une­boîte­de­nuit­branchée­apparte­nant­à­la­Mafia.­Explorant­des­thèmes­qui­lui­sont­chers,­comme­la­famille­et­le­sens­du­de­voir,­le­cinéaste­signe­un­polar­noir­et­tendu­qui­impressionne­par­sa­maîtrise­formelle­et­narrative.­La­tension­qui­habite­les­person­nages­est­palpable,­et­certaines­scènes­sont­d’une­intensité­dramatique­rare.]]­Cette­œuvre­illustre­la­puis­sance­des­liens­filiaux­et­fraternels.­Certains­éléments­(violences,­drogue,­scène­assez­crue,­etc.)­appellent­des­réserves.Drame­américain­(2006)­de­James­Gray,­avec­Joaquin­Phoenix­(Bobby­Green),­Robert­Duvall­(Burt­Grusinsky),Mark­Wahlberg­(Joseph­Grusinsky),­Eva­Mendes­(Amada­Juarez),­Danny­Hoch­(Jumbo­Falsetti)­(1h53).Diffusion­le­lundi­9­mai,­sur­M6,­à­22h50.

TÉLÉVISION

Quand j’étais chanteurAlain­Moreau­est­chanteur­de­bal,­ce­qui­signifie­qu’il­gagne­sa­vie­en­animant­des­mariages,­des­bals,­des­après­midi­dans­les­maisons­de­retraite,­etc.­Ajoutons­qu’il­n’est­plus­très­jeune,­qu’il­est­seul­(divorcé)­et­que­sa­vie­n’est­pas­très­brillante,­sans­être­catastrophique.­Xavier­Giannoli­n’a­pas­son­pareil­pour­décrire­

avec­beaucoup­de­justesse­de­ton­la­vie­d’une­ville­de­province­et­celle­d’un­chanteur­anonyme­et­modeste.­Alain­Chanone,­un­véritable­chanteur­de­bals,­figure­au­générique­et­apporte­au­film­son­authenticité.­Mais­ce­qui­fait­la­force­de­ce­beau­film,­c’est­la­descrip­tion­des­personnages,­de­leurs­sentiments,­etc.­L’interprétation,­exceptionnelle,­est­pour­beaucoup­dans­le­plaisir­que­l’on­prend­à­regarder­ce­film­très­attachant.]­Les­héros­évoluent­sur­fond­de­licence­des­mœurs.­Mais­cela­n’empêche­pas­l’his­toire­d’être­pétrie­d’une­belle­humanité.Comédie­dramatique­française­(2005)­de­Xavier­Giannoli,­avec­Gérard­Depardieu­(Alain­Moreau),­Cécile­de­France­(Marion),­Mathieu­Amalric­(Bruno),­Christine­Citti­(Michèle),­Alain­Chanone­(1h48).­Diffusion­le­jeudi­12­mai,­sur­France­3,­à­20h35.

Une image très personnellede l’ancien président par un de ses proches qui sait garder sa subjective objectivité.

Soirée Mitterrandpar Marie-Christine RENAUD d’ANDRÉ

Un mélange habile d’images d’archives et de scènesréinterprétées par des acteurs

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TF120.45 Pouch’ le bouton. Divertis-sement présenté par Vincent Lagaf’.23.15 New York section crimi-nelle. Série avec Jeff Goldblum 2.France 220.35 Le plus grand cabaret du monde. Divertissement présenté par P. Sébastien, avec Liane Foly, Cyril Féraud, Hélène Ségara, Chris-tian Morin, N. Monfort, Sonia Rol-land, Kamel Ouali, F. Thibeault, Fabien Gilot, Christophe Malavoy, Fabien Lecœuvre.22.50 On n’est pas couché. Magazine de Laurent Ruquier.France 3

20.35 Disparition GA. Téléfilm avec Maruschka Detmers, Andréa Ferréol, Jean-Yves Bertheloot, Sara Martins 2. __ Un excellent poli-cier, centré sur le personnage de la mère d’un enfant disparu.ArteJournée spéciale opéra20.40 Adriane Lecouvreur. Opéra de Francesco Cilea, d’après Scribe et Legouvé, direction musicale de Mark Elder, avec Angela Gheor-ghiu, Jonas Kaufmann (2h35).23.20 Xanadu (3 et 4/8) Ø. Série. _]] Les actrices du porno com-mencent à se poser de bonnes questions, mais les images sont toujours aussi crues.M620.45 Hawaii 5-0 : «Ho’Apono», «Mana’O», «Ko’olauloa». Série avec Alex O’Loughlin 2.22.25 The unit «Commando d’éli–te». Série avec Dennis Haysbert 2.Canal +20.50 L’immortel A. Policier (2009) de Richard Berry, d’après F.-O. Giesbert, avec Jean Reno, Kad Merad, Jean-Pierre Darroussin (1h53) 3. __] Grâce à la pré-sence magnétique de Jean Reno et à une action bien rythmée, on se laisse prendre par cette histoire de vengeance, malgré des invraisem-blances et une réalisation lourde.KTO16.45 Benoît XVI à Aquileia.18.30 Messe d’action de grâce pour la béatification de Jean-Paul II, à Notre-Dame de Paris.20.50 VIP «Éric de Montgolfier». Rencontre avec un magistrat.21.45 Benoît XVI à Venise.22.45 Concert «Missa Solemnis».

TF120.45 Les experts : «Sens dessus dessous», «La fureur de vivre», «Même plus drôle». Série avec Marg Helgenberger 2.23.10 Dans la ligne de mire GA. Drame (1993) de W. Petersen, avec Clint Eastwood, John Malkovich (2h10) 2. __] Un excellent suspense, mais très violent.France 2

20.35 Quatre étoiles GA. Comédie (2006) de Christian Vincent, avec Isabelle Carré, José Garcia (1h37). __] Une comédie légère et bien menée, mais sans profondeur.22.15 Faites entrer l’accusé «Vin-cenzo Aiutino, l’homme aux cin-quante affaires». Magazine 3.France 320.35 Inspecteur Barnaby «Qua–tre enterrements et un mariage». Série avec John Nettles.22.55 Le 10 mai 1981 de Fran-çois Mitterrand J. __ Le dérou-lement de la journée est bien retra-cé, et c’est assez cocasse.23.55 Le pouvoir et la séduction. Documentaire.01.30 Je donnerai un million. Comédie en NB et VO (1935) de Mario Camerini, avec Vittorio De Sica, Assia Noris (1h15).ArteJe mange, donc je suis20.40 Chère Martha GA. Comédie (2001) de S. Nettelbeck, avec Mar-tina Gedeck, Sergio Castellitto (1h39). (Voir notre analyse page 35)22.25 Nourritures terrestres, nourritures célestes J. _ Mineur.M620.45 Zone interdite «Jalousie, harcèlement : Quand l’amour vireà l’obsession». Magazine.22.45 Enquête exclusive «Les coulisses des marchés de l’été». 01.35 Zim and Co. GA. Comédie (2005) de Pierre Jolivet, avec Adrien Jolivet (1h27). __ Une excellente comédie sociale.Canal +20.55 Football «Lyon/Marseille».KTO10.00 Benoît XVI à Venise. 20.50 La foi prise au mot «Les gestes de la liturgie». 22.00 La Main Noire.23.00 1000 questions à la foi «Pourquoi communier si Jésus est déjà dans mon cœur ?».

TF120.45 Joséphine, ange gardien «Les braves» GA. Téléfilm avec Mimie Mathy, Fabien Galthié (1h40). _] Un épisode raté et peu crédible, qui donne une mau-vaise image des joueurs de rugby.22.40 New York, unité spéciale. Série avec Christopher Meloni 3.01.15 Au Field de la nuit, avec Flo-rence Pernel, S. Labarthe, P. Rot-

man, Roland Dumas, Claude Durand, P. Favier, Yves Jeuland.France 220.35 The closer : «La folie des grandeurs», «La part des coyotes» GA. __ Excellent.22.20 En quête de preuves «La

tentation de l’extrême droite». Magazine de Benoît Duquesne.00.30 Pelléas et Mélisande. Opé-ra de C. Debussy, avec le Monte-verdi Choir et l’Orchestre Révolu-tionnaire et Romantique, dirigé par John Eliot Gardiner, et avec Phillip Addis, Karen Vourc’h, Marc Barrard.France 320.35 En route pour l’Eurovision avec Amaury Vassili. Divertisse-ment présenté par Laurent Boyer.23.10 Ce soir (ou jamais). 00.40 La case de l’oncle Doc «François Mitterrand, une vie en Bourgogne». Documentaire.Arte

20.40 Le promeneur du Champ-de-Mars GA. Comédie dramatique (2004) de Robert Guédiguian, d’après G.-M. Benamou, avec Mi –chel Bouquet, Jalil Lespert (1h50). __ Excellent et très humain.22.35 Susan Sontag.23.25 Mikis Theodorakis.M620.45 SWAT, unité d’élite J. Aven-tures (2003) de Clark Johnson, avec Colin Farrell, S. L. Jackson (1h53) 2. __] Excellent, mais violent.22.50 La nuit nous appartient A/Ø. Drame (2007) de James Gray, avec Joaquin Phoenix (1h53) 3. (Voir notre analyse page 35)Canal +20.55 XIII (7 et 8/13). Série 2.KTO20.40 Matteo Ricci, un jésuite au royaume du Dragon. 21.45 La vie des diocèses.22.15 Églises de France.22.25 Grands entretiens «Georges Cottier, théologien de Jean-Paul II».

TF120.45 Dr. House : «Des mots pour ne pas le dire», «Classé X», «Prise d’otages». Série avec Hugh Laurie.23.20 Appels d’urgence «Greffes et dons d’organes : La course contre la montre». Magazine.France 2Soirée Mitterrand(Voir notre analyse page 35.)20.35 Changer la vie «Mitterrand 1981-1983» J. Documentaire-fic-tion de Serge Moati, avec Philippe Magnan, Éric Caravaca. 22.05 François Mitterrand à bout portant «1993 - 1996» J. Docu-mentaire.23.15 Un jour, un destin «François Mitterrand, secrets de famille». Magazine présenté par Laurent Delahousse.

01.15 Z GA. Drame (1969) de Cos-ta-Gavras, avec Yves Montand, Jean-Louis Trintignant (2h05). ___] Une pléiade d’excellents comédiens fait la force de ce sus-pense, magistralement construit. Quelques invraisemblances. France 320.35 Bienvenue à Bouchon ! J. Téléfilm avec Francis Perrin, Yvan Le Bolloc’h, Élodie Frenck. _] Consternant de bêtise.22.40 Ce soir (ou jamais). ArteJupe ou pantalon ?20.40 Sous les pavés, la jupe J. _ Assez quelconque et prévisible.21.30 Éloge de la jupe J. _ Moyen.21.55 Débat.22.25 Twin Peaks (7/7 et 1/22) GA. Série. __ La seconde saison est un peu inférieure à la première.M620.45 X Factor. Divertissement avec Christophe Willem, Veronic DiCaire, Olivier Schultheis, Henry Padovani et Jean-Louis Aubert.Canal +20.50 Football «Saint-Étienne/Lille».KTO20.40 Les mardis des Bernardins «Le tourisme : Rencontre de l’autre ou découverte pour soi ?», avec Thierry Orsoni, Sylvain Tesson.21.45 1000 questions à la foi «Pourquoi communier si Jésus est déjà dans mon cœur ?». 22.15 Églises de France «Église Saint-Sulpice de Favières».22.25 VIP «Éric de Montgolfier».

Samedi 7 mai Dimanche 8 mai Lundi 9 mai Mardi 10 mai

Émissions religieuses : 08h30 Émissions religieuses : «Sagesses bouddhistes», «Islam», «Judaïca», «Chrétiens orientaux», «Présence protestante», «Kaïros» - 10h45 Messe - 11h40 Le jour du Seigneur.

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sur Canal +Mercredi 11 mai à 20h55Tournée A/ØProducteur de télévision, Joachim revient en France avec une bande de strip-teaseuses atypiques.__ Constituée de saynètes, ce film met en scène le «new bur-lesque». Avec leurs formes géné-reuses, leur humour et leurs re–gards tristes, ces femmes sont les atouts d’une œuvre originale, ten–dre et drôle, mais un peu longue.__]] Cette joyeuse tournée masque une vraie peur de la soli-tude. Malgré une scène crue, cette œuvre émouvante est por-tée par une belle générosité.

TF120.45 Esprits criminels . Série avec Joe Mantegna 2.

23.10 Flashforward (1 et 2/24) GA. Série avec Joseph Fiennes 2. _ _ Une série fantastique très prenante.France 220.35 Chez Maupassant «L’assas-sin» GA. Téléfilm avec Arthur Ju–gnot, Pierre Palmade, M. Vuillermoz. __ Cette adaptation bien inter-prétée manque un peu de rythme.21.35 Chez Maupassant «En famille» J. Téléfilm avec Marie-Anne Chazel, Bruno Lochet, Fran-çoise Bertin. __ Cocasse et cruel.22.05 Au siècle de Maupassant «Le petit vieux des Batignolles» J. Téléfilm d’après Émile Gaboriau, avec Pierre Arditi, Manuel Le Lièvre (0h55). __ Réjouissant.23.10 Face aux Français…France 320.35 Des racines et des ailes «Aix, au cœur de la Provence». 22.55 Ce soir (ou jamais). Arte20.40 Les mercredis de l’histoire «Grace face à son destin» J. __ Excellent et surprenant.21.40 Les mercredis de l’histoire «Bernadotte et la monarchie de Suède» J. __ Assez intéressant.22.35 Le dessous des cartes «Les naxalites». Magazine.22.50 La forêt de Mogari J. Drame en VO (2007) de Naomi Kawase, avec Shigeki Uda (1h33). ___] Un magnifique film contemplatif, au rythme un peu trop lent.M620.45 Pékin Express, la route des grands fauves «À la rencontre des animaux de la savane».23.30 Enquête exclusive «Nouvel–les drogues, nouveaux dealers : Aler–te sur les autoroutes du Nord !» 2.Canal +20.55 Tournée A/Ø. Comédie dra-matique (2010) de et avec Mathieu Amalric (1h47) 2. (Voir notre ana-lyse ci-contre)KTO20.40 Comme un grain de sénevé (1/6) «Un bruit tel que celui d’un violent coup de vent…». 21.45 Un cœur qui écoute,Laurent de Cherisey. __ 22.10 Églises de France. 22.20 La foi prise au mot «Les gestes de la liturgie».

TF120.45 Qui veut gagner des mil-lions ? Divertissement présenté par Jean-Pierre Foucault.23.10 C’est quoi, l’amour ? Maga-zine présenté par Carole Rousseau.France 220.35 Comment va la douleur ? GA. Téléfilm d’après Pascal Garnier, avec Bernard Le Coq, Thomas Cou-mans, Pauline Étienne, Catherine Mouchet, Christine Murillo 2. __] Cette histoire originale de tueur à gages est bien interprétée, mais manque de rythme.22.10 Avocats et associés «À la vie, à la mort» GA. Série. __] C’est prenant, mais les histoires sont affreuses.23.05 Semaine critique ! Maga-zine de Franz-Olivier Giesbert.France 320.35 Thalassa. Magazine présen-té par Georges Pernoud.22.55 Vie privée, vie publique, avec Stéphanie Le Quellec, Grégory Cuilleron, Thierry Marx, Jean-Fran-çois Piège, Isabelle Aubret, Michael Jeremiasz.00.15 Toute la musique qu’ils aiment «Une journée avec… William Sheller».Arte

20.40 Double jeu «Le retour» GA. Téléfilm avec Senta Berger, Rudolf Krause, Ulrich Tukur (1h28). __ Cet excellent épisode, aussi prenant qu’émouvant, est interprété par Ulrich Tukur, et met en scène un homme traumatisé par la guerre.22.10 Les secrets de la matière (2/3) «L’ordre caché» J. ___ Clair et passionnant.23.00 Grand format «Allentsteig, camp d’entraînement militaire». M620.45 Bones : «La valse des senti-ments», «De l’électricité dans l’air», «L’écran de la mort», «Histoire d’os». Série avec Emily Deschanel 2.Canal +20.50 Rugby «Match de barrage».KTO20.40 En ce divin feu, sainte Mar-guerite-Marie. Documentaire.21.45 La famille en questions «Parents seuls : Comment font-ils ?».22.15 Églises de France «Église de Royaumont».22.30 Matteo Ricci, un jésuite au royaume du Dragon.

TF120.45 RIS police scientifique : «À la vie, à la mort 2», «Mort sus-pecte», «Eaux profondes», «Requiem assassin». Série avec Xavier Deluc, Virginie Caliari. France 220.35 Envoyé spécial : «BTP, le scandale des décharges illégales», «Pakistan, l’arme du blasphème». Magazine présenté par Guilaine Chenu et Françoise Joly.

22.50 Infrarouge «68» J. __] Aux USA, en Italie, en Allemagne, au Mexique, à Prague, etc., cette mise en perspective permet de relativiser un peu les événements. Mais il est dommage que l’auteur ait privilégié les faits au détriment de l’analyse.00.25 Infrarouge «Grotte d’Ouvéa : Autopsie d’un massacre». France 320.35 Quand j’étais chanteur GA. Comédie dramatique (2006) de Xavier Giannoli, avec Gérard Depardieu, Cécile de France (1h48). (Voir notre analyse page 35)23.00 Ce soir (ou jamais). Maga-zine présenté par Frédéric Taddéï.Arte20.40 Les chansons d’amour A/Ø. Comédie musicale (2007) de Christophe Honoré, avec Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Chiara Mastroianni (1h32). __]] C’est bien filmé, mais très scabreux.22.10 Made in Hollywood J. __ Une analyse intéressante des secrets des «blockbusters» hol-lywoodiens.23.05 Tracks «Spécial Abel Ferrara».M620.45 Lie to me : «Lorsque l’enfant disparaît», «Le mauvais génie», «Plus de secret», «Une vie volée», «De l’ombre à la lumière». Série avec Tim Roth 2.Canal +20.50 Desperate housewives (9 et 10/24) GA. Série avec Teri Hat-cher, Vanessa Williams. __ Bien fait, avec une fin surprenante pour le second épisode.KTO20.40 Parlons-en «L’entreprise à visage humain : Le cœur pour transmettre».22.15 Églises du monde «Rwan-da». 22.45 Concert «Missa Solemnis».

Mercredi 11 mai Jeudi 12 mai vendredi 13 mai

T : ToutpublicJ : AdolescentsGA: GrandsadolescentsA : AdultesØ : Œuvre(ouscène)nocive_ : Elémentpositif]: Elémentnégatif

Repères

tÉLÉviSion

FRANCECatholique n°3258 6 mai 2011 37

RaDioSRadio Notre-DameSamedi 7 mai7h49 Le billet de Tugdual Derville.Lundi 9 au vendredi 13 mai7h06, 8h15, 11h06 La chronique de Gérard Leclerc.RCFSamedi 7 mai15h Parcours santé «Les allergies», avec le Pr Jean-François Nicolas.16h L’Art et la Foi «Visite de la cathédrale de Reims»(1/2), avec Patrick Demouy (historien) (à l’oc-casion du 800e anniversaire de la cathédrale) [redif. dimanche (8h)].21h Quoi de neuf la musique ! «Musiques pour Jean-Paul II».Lundi 9 mai13h «Cathédrale de Reims» (2/2)14h30 Halte spirituelle «Découvrir la spiritualité de François Varillon», avec Claude Thélot (1/5) (Tous les jours, à 14h30 et 20h45).21h Au fil des pages «Les person-nages des grands textes peuvent-ils influencer et éclairer nos vies ?»Mercredi 11 mai13h30 Histoire du Christianisme «L’épopée des religieuses mission-naires au XIXe siècle».Jeudi 12 mai14h «Mozart et ses contemporains»Vendredi 13 mai21h «Portrait de Woody Allen».France CultureDimanche 8 mai10h Messe. «Troisième Dimanche de Pâques», depuis la chapelle des Marianistes, 2 rue de l’Abbaye, 92160 Antony. Hommage à Jean Langlais (organiste, improvisateur et compositeur français du XXe siècle (15 février 1907 - 8 mai 1991). Chœur : Maîtrise de Sainte Marie, sous la direction de Georges Bessonnet. Prédicateur : Frère Camille de Belloy.

Marie BIZIEN

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Paris✔ à l'occasion de la béati-fication du Bienheureux Jean-Paul II, le dimanche 1er mai, par Benoît XVI, à Rome, le Cardinal André Vingt-Trois célèbrera le samedi 7 mai (18h30) une messe d’action de grâce en la cathédrale Notre-Dame de Paris, 6 Parvis Notre-Dame, Place Jean-Paul II, 75004 Paris, ✆ 01.42.34.56.10, fax : 01.40.51.70.98.info@notredamedeparis.frwww.notredamedeparis.frAin✔ Une session «Découverte du Foyer Marcel Van» est prévue du jeudi 2 (midi) au dimanche 5 juin (midi) (Pont de l’Ascension), afin de faire découvrir les différentes facettes du Foyer : vie scolaire, communautaire et spirituelle. Elle s’adresse aux jeunes (de la 3e à la terminale) qui portent en eux un projet d’une vocation sacerdotale

ou religieuse et qui

désirent prendre les moyens pour avancer et éclaircir cet appel. Rens. auprès du Père Bertrand Lestien, Foyer Marcel Van, 10 rue Jean-Marie Vianney, 014800 Ars-sur-Formans, ✆ 04.74.00.78.96, [email protected]✔ Au Centre des Religieuses Dominicaines, 100 av. de Vals, BP 610, Vals-près-Le-Puy, 43008 Le Puy-en-Velay Cedex, ✆ 04.71. 09.33.39, fax 04.71.04.05.97, [email protected], Sœur Marie Diane et sa Commu- nauté animeront une session "Cithare" du 18 (9h) au 19 juin (16h30).Saône-et-Loire✔ Les sessions internationales animées par la Communauté de l'Emmanuel, auront lieu du 1er juillet au 15 août. Selon votre état de vie, votre âge, vos centres d’intérêts, choisissez la session qui vous correspond... un lieu pour tous. L'occasion de vivre des moments inou-bliables de joie, de prière et

d’échanges. Pour couples, familles, personnes seules, enfants, adolescents, personnes handicapées... Sessions : 1er au 6 juillet "Cœur de Jésus" ; 9 au 14 juillet "25/35 ans" ; 16 au 21 juillet "Famille et adoration" ; 20 juillet "Journée de prière pour les malades" ; 23 au 28 juillet, 30 juillet au 4 août ou 6 au 11 août "Pour les familles et pour tous" ; 23 au 28 juillet "Pour les gens du voyage" ; 6 au 11 août "Parcours célibataires" : 11 au 15 août "Forum interna-tional des jeunes et préparation aux Journées mondiales de la jeunesse à Madrid", qui auront lieu du 16 au 21 août. Rens. Association Emma / Sessions 2011, BP 40 007, 71601 Paray-le-Monial, ✆ 03. 85.81.56.00 / www.paray.orgwww.sessions-paray.comVal-de-Marne✔ à l'invitation de l'Association familiale catholique de Saint-Maur-des-Fossés, 69 rue du Pont de Créteil, 94100 Saint-Maur-

des-Fossés, ✆ 01.55.96.29.40, une conférence sur les chrétiens d’Orient «Les chrétiens persé-cutés dans un Moyen-Orient à la croisée des chemins», par le Père Pascal Gollnisch (Directeur Général de l’Œuvre d’Orient), aura lieu le mardi 31 mai (20h30), à la Mairie de Saint-Maur-des-Fossés, Place Charles de Gaulle.Yvelines✔ Les samedi 21 et dimanche 22 mai, le festival "résonances sacrées" «Sancta Maria» aura lieu à l'église Notre-Dame, 35 rue Paroisse, 78000 Versailles, avec la maîtrise de Notre-Dame de Versailles, avec deux grands concerts : Les 21 (20h40) et 22 mai (15h30) «Les Vêpres à la Vierge de Monteverdi», ensemble instrumental : Sinfonie Saint-Julien. Direction : Jean François Frémont (organiste et maître de chapelle de l'église Notre- Dame). Le 22 mai (19h45) «Ode Mariale : Motets en l'honneur de la Mère de Dieu» [œuvres de Palestrina, Dumont, Gounod,

BLOC-NOTES

(*) France métropolitaine et DOM uniquement - (**) Pour les personnes n’ayant jamais été abonnées. (***) Dans la limite des stocks disponibles. (****) Le pré-ciser dans un courrier séparé. (*****) France métropolitaine uniquement. CNIL N° 678405 - Loi informatique & liberté du 6/01/78 : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux informations vous concernant. Par notre intermédiaire, vous pouvez être amenés à recevoir des propositions d’autres entrepri-ses. Si vous ne le souhaitez pas, il suffit de nous écrire ou de nous téléphoner et il en sera tenu compte immédiatement.

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Avec un premier abonnement, en cadeau,le CD du film « Qui a envie d'être aimé ? », la bande originale du film composée par Jean-Michel Bernard. "Paris Symphonic Orchestra"(éditions Jade) [Le CD peut être commandé seul, par courrier, au prix de 15 franco, chèque à l’ordre de France Catholique, 60 rue de Fontenay, 92350 Le Plessis Robinson.]

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Bouzignac] "L’offrande lyrique", direction : Romain Champion (Artiste lyrique professionnel). 4 messes seront chantées : le 21 (18h30) (Maîtrise Saint-Christophe- de-Javel sous la direction d’Henri Chalet) ; le 22 (10h) [Chœur Laetitia pour les 20 ans de direc-tion de Lucienne Lanet] - (11h30) [Maîtrise de Notre-Dame de Versailles pour les 30 ans de direction de Jean François Frémont] - (18h30) [Chœur liturgique paroissial sous la direc-tion d’Olivier Bresson]. Rens. Anne Lefèvre : ✆ 06.64.00.81.71,[email protected] Mission Amitié✔ L'association Entraide Mission Amitié (E.M.A.) recherche des bénévoles pour encadrer, au Liban, deux colonies éducatives en langue française, organisée pour des enfants âgés de 6 à 12 ans. La 1ère colonie aura lieu du 16 au 31 juillet et la 2e du 31 juillet au 14 août. Le thème : les métiers + le chant. Cette propo-sition de bénévolat s'adresse à toutes les personnes qui ont + de 18 ans. Ces colonies permettent des rencontres et des échanges culturels tant avec les enfants qu'avec les habitants de la ville de Bécharré (Nord du Liban), lieu des colonies et région des fameux cèdres du Liban. C'est aussi une occasion privilégiée de découvrir les richesses culturelles et reli-gieuses du pays du Cèdre. C'est également une occasion pour les bénévoles français venus de toute la France de se connaître tout d'abord entre eux et d'échanger avec les bénévoles libanais qui nous aident durant ces colonies. Rens. ✆ 06.14.32.20.74 / contact @ema.asso.fr / www.ema.asso.fr Aïn karem - Résurrection✔ Le 20e pèlerinage de la com-munauté Aïn Karem et du mou-vement Résurrection à Vézelay aura pour thème «Guérir les blessures de l’âme». Départ le 28 mai (8h30) de Paris, place

du Général Leclerc (Porte d’Or-léans). Autre départ (13h) pour ceux qui ont cours le matin. Transport par cars. Messe ponti-ficale le 29 mai à Vézelay. Retour (vers 20h). Les tarifs s’échelon-nent de 39 e à 66 e, selon les différentes routes (en fonction de l'âge et du niveau de marche). Rens. : Route Rouge Jeunes, Adelaïde de Montpellier, ✆ 06. 13.79.36.26. Route Verte Adultes, Sylvie Dullin, ✆ 06.88.30.55.13. Route Orange 11-18 ans, Laurent Faussadier, ✆ 06.86.68.73.46. Route Pistache 8-10 ans, Hélène Legrand, ✆ 09.53.40.66.85. Route Jaune Familles, Mariame Héduy, ✆ 06.72.96.23.82. Route Bleue Aînés, Catherine Brion, ✆ 06.08.14.30.95.www.mouvement-resurrection.orgLycéens/Étudiants✔ Brunor se tient à disposition des aumôneries pour animer une session "Des indices pour croire", notamment sur l'évolu-tion et Darwin, sur le thème de sa dernière bande dessinée Un Os dans Évolution (éd. du Jubilé). Projection d'images, chansons, gags, réflexion et débat sérieux : ✆ 01.47.55.97.45.Pèlerinage✔ Le 53e Pèlerinage militaire international se déroulera, à Lourdes, du 20 au 22 mai, sur le thème «Unis par le Père et une même prière». Ce rendez-vous annuel organisé par l’aumônerie militaire catholique se situe entre deux autres événements aux-quels le diocèse aux armées par-ticipe : la béatification de Jean-Paul II le 1er mai, pape qui érigea les aumôneries militaires en dio-cèses aux armées, et les Journées mondiales de la Jeunesse du 8 au 21 août. Rens. ✆ 01.53.63.06. 18 / 06.83.31.70.47 / http:// dioceseauxarmees.catholique.fr

Pour passer un communiqué,contactez : [email protected]

fax : 01.46.30.04.64 ou inscrivez-le sur :www.france-catholique.fr

ABONNEMENTS à FRaNCe CathOLIqueFrance, 6 mois : 58 / 1 an (47 numéros) : 110 / Étranger, 1 an : 122 . Abon nement sou tien : 250 . Pour la Bel gique, virements à l'ordre de E. Ker khove, chaus sée de Dottignies 50 7730 Es taimpuis, tél. : 056. 330585, compte ban caire : 275.0512. 029.11.Pour les autres pays, procédez par virements postaux internationaux sur notre compte chèques postal [IBAN / FR46 2004 1010 1243 5535 5X03 353 | BIC : PSSTFRPPSCE], ou bien par mandats in ternationaux à l'ordre de la SPFC ou par chèques bancaires libellés en euros et pa yables en France ou par chèques ban caires domiciliés à l'étranger mo yen nant une surtaxe de 18 , ou par carte bancaire via le site internet www.france-catholique.fr ou par téléphone : 01.46.30.37.38. Le journal ne rem bourse pas les abonnements interrompus du fait de l'abonné / Ne paraît pas en août.

PETITES ANNONCES

Tarif : la ligne de 35 lettres : 6 . Domiciliation : 9 . Commu niqué dans le bloc-notes, forfait : 20

➥ Cherche à acheter maison ou appartement mini-mum 100 m2 dans Versailles - à rénover. Philippe Delorme, tél. : 06.20.32.08.28. [email protected]➥ à louer, villa à Ouistreham (Calvados), en juillet-août, calme, 150 m de la mer, commerçants à proxi-mité. 590 e/semaine. Rens. tél. : 01.45.53.41.30.➥ Le Château de Craon, 53400 Craon, propose ses chambres - gîte-réceptions. Tél. : 02.43.06.11.02www.chateaudecraon.com➥ Les Ruchers de Saint Joseph d'Yves et Béatrice Dufour, apiculteurs à Rien, 26260 Bren, vous sont pro-posés avec tous les bons produits des abeilles : miels, pollen, gelée royale, propolis... Tél. : 04.75.45.15.29, [email protected]➥ Les Petites Sœurs du Monastère de la Consolation, 33 bd du Jardin des Plantes, 83300 Draguignan, recherchent un prêtre du 11 au 23 août. La Messe est celle de Paul VI (forme ordinaire) en latin. Tél. : 04.94. 68. 26.15, monastere-consolation.fr

➥ ELECTRICIEN - Bruno CIA - 2, rue des Beauluisants78730 St Arnoult en Yvelines - RCS Versailles 490 704 319 code APU 453 A - Tél. : 06.60.76.49.02.

➥ MAçON Louis Chery, 73, av. Aristide Briand 94230 Cachan. Tél. : 01.49.69.93.40. ou 06.66.47.44.11. [email protected].

FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 1011 C 85771 valable jusqu'au 31 octobre 2011

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Président : Hervé Catta - Directeur gl., dir. de la publication : Frédéric Aimard (✆ 06. 08.77.55.08) - Éditorialiste : Gérard Le clerc - Rédaction : Tugdual Derville - Ludovic Lécuru - Secrétaire de rédaction : Brigitte Pondaven.

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