formation femmes agro-alimentaire

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Groupe de recherche et d’échanges technologiques Education qualifiante des jeunes et des adultes (EQJA) Etude sur les formations des femmes dans le domaine de l’agroalimentaire Contrat Unesco N° 803.065.4. 467 G10 1000.24 FR 3240048977 Cécile Broutin Julien Rouyat Gret Sénégal Bureau : IRD – Hann Maristes BP 10 422 – Dakar Liberté Tel : 849 35 38 – Cel : 633 40 70 [email protected] Novembre 2004 GRET SENEGAL n RAPPORT DEFINITIF

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Groupe de recherche et d’échanges technologiques

Education qualifiante des jeunes et des adultes (EQJA) Etude sur les formations des femmes dans le domaine de l’agroalimentaire

Contrat Unesco – N° 803.065.4. 467 G10 1000.24 FR 3240048977

Cécile Broutin Julien Rouyat Gret Sénégal

Bureau : IRD – Hann Maristes BP 10 422 – Dakar Liberté

Tel : 849 35 38 – Cel : 633 40 70 [email protected]

Novembre 2004

GRET SENEGAL

n

RA

PP

OR

T D

EFI

NIT

IF

SOMMAIRE

GLOSSAIRE ..............................................................................................................................1

RESUME................................................................................................................................3

INTRODUCTION........................................................................................................................8

I. LA TRANSFORMATION ALIMENTAIRE : UN SECTEUR STRATEGIQUE POUR L’EDUCATION QUALIFIANTE.................................................................................................................10

1. Contexte et enjeux du secteur de la transformation de produits alimentaires................10 2. Les activités de transformation alimentaire comme outil de lutte contre la pauvreté.....11 3. La transformation alimentaire comme moyen d’insertion sociale pour les femmes......13

II. LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES AGROALIM ENTAIRES : UN SECTEUR DYNAMIQUE EN COURS DE STRUCTURATION ............................................................................................17

1. Des filières et des systèmes diversifiés .....................................................................17 2. Un début de structuration des MPE agroalimentaires.................................................19 3. Des contraintes internes aux micro et petites entreprises............................................22 4. Les contraintes de l’environnement légal et réglementaire .........................................23 5. L’apprentissage et la formation professionnelle ........................................................25

III. ETUDES DE CAS ET COMPTES-RENDUS D’ENTRETIENS.......................................................30

1. Choix des études de cas et entretiens ........................................................................30 2. Tableau synthétique ................................................................................................31 3. Etude de cas Cretef .................................................................................................33 4. Etude de cas : PROMER.........................................................................................36 5. Etude de cas : PAPES.............................................................................................41 6. Etude cas – Programmes et actions Gret – Enda graf.................................................44 7. Compte rendu d’entretien avec ITA .........................................................................62 8. Compte rendu d’entretien avec Sanoussi Diakhité .....................................................64 9. Compte rendu d’entretien avec ONFP ......................................................................67 10. Compte rendu d’entretien avec Mm Diokh, restauratrice et responsable d’OP.............69

IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS...........................................................................72

1. Principaux enseignements de l’étude ........................................................................72 2. Premières conclusions/recommandations ..................................................................76

BIBLIOGRAPHIE.................................................................................................................79

CONTACTS..........................................................................................................................80

ANNEXE 1 – PLAN DE TRAVAIL................................................................................................81

ANNEXE 2 – TYPOLOGIE DES ACTIVITES INDIVIDUELLES AGROALIMENTAIRES A PETITE ECHELLE .......................................................................................................................82

ANNEXE 3 - PRESENTATION DE QUELQUES ORGANISATIONS SOCIO-PROFESSIONNELLES DANS LES FILIERES AGROALIMENTAIRES ..................................................................................84

ANNEXE 4 - ELEMENTS DE NOMENCLATURE DES METIERS.........................................................91

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GLOSSAIRE

ACA : Association, conseil pour action ADEPME : Agence de développement et d’encadrement des petites moyennes entreprises ADM : Agence de développement municipal ADPES : association pour une dynamique de progrès économique et social AFD : Agence française de développement AFRES : Association des femmes restauratrices du Sénégal AGR : Activités génératrices de revenus ALISA : Alimentation, savoir-faire et innovations agroalimentaires en Afrique de l’Ouest ALPA : Artisanat alimentaire et lutte contre la Pauvreté en Afrique sub-saharienne ANCAR : Agence national de conseil agricole et rual ANMFR Association Nationale des Maisons Familiales Rurales de Thiès APIX : Agence de la promotion de l’investissement des grands travaux APROFES : Association de promotion de la femme sénégalaise APROSI : Agence d’aménagement et de promotion des sites industriels APROVAL : Association des professionnels de l’alimentation pour la valorisation des produits locaux ASACASE : Association Sénégalaise pour l’Appui à la Création d’Activités Socio-Economiques) AVAL : Action de valorisation des savoir-faire locaux BE : Bureaux d’études BIT : Bureau international du travail BT : Brevet de technicien BTS : Brevet de technicien supérieur CAEF : Centre africain pour l’entreprenariat féminin CAP : Certificat d’aptitudes professionnelles CCIA : Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat CDE : Centre de développement des entreprises – Union européenne CEPE : Certificat d'Étude Primaire Élémentaire CETEF : Centre d’enseignement technique féminin CMS : Crédit mutuel du Sénégal CNCR : Conseil national de concertation des ruraux CRETEF : Centre régional d’enseignement technique féminin DAE : Direction alphabétisation et éducation de base DINFEL : Directoire national des femmes en élevage DIRFEL : Directoire régional des femmes en élevage DPRE : Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education ECB : Ecoles communautaires de base Enda graf : ENDA Sahel et Afrique de l'Ouest - Groupes Recherches Actions Formations ENEA : Ecole nationale d’économie appliquée ENFEFS : Ecole Nationale de Formation en Economie familiale et sociale EPA : Ecole pratique Aval EQJA : Education qualifiante des jeunes et les adultes FENAGIE PECHE : Fédération Nationale des GIE de pêche du Sénégal

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FENAPROMER : Fédération nationale des transformateurs des produits de la mer FENATRAMS : Fédération Nationale des Transformatrices Micro Mareyeuses du Sénégal FEPRODES : Fédération des Productrices de Delta du Sénégal FIDA : Fonds international de développement agricole FONDEF : Fonds de développement de l’enseignement technique et de la formation profession-nelle FSP : Fonds de solidarité prioritaire GERME : Gérer mieux votre entreprise GIE : Groupement d’initiatives économiques GPF : groupement de promotion féminine Gret : Groupe de recherche et d’échanges technologiques ISRA : Institut sénégalais de recherches agricoles ITA : Institut de technologie alimentaire MAE : Ministère français des affaires étrangères MPE : micro et petites entreprises MPEA : Micro et petites entreprises agroalimentaires NBA : Nouvelles Boissons Africaines (Industrie) ONFP : Office national de formation professionnelle ONG : Organisation non gouvernementale ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le développement industriel OP : organisations professionnelles PAFNA : Projet d’appui à la formation professionnelle des néo-alphabétisés PAOA : Projet d'appui aux Opérateurs/trices de l'Agroalimentaire PAPA : Projet d’appui au plan d’action en matière d’alphabétisation et d’éducation on formelle PAPES : Programme d’appui aux petites entreprises du Sénégal PAPF : Projet d’alphabétisation priorité femmes PME : Petites et moyennes entreprises PMI : Petites et moyennes industries PPCL : Programme de promotion des céréales locales PROMER : Projet de promotion des micro entreprises rurales SAPROLAIT : Société africaine de produits laitiers. SNTI : Société nationale de transformation industrielle (industrie) SOBOA : Société des brasseries de l’ouest africain SOCAS : Société de conserverie alimentaires au Sénégal SONACOS : Société nationale de commercia lisation des oléagineux du Sénégal TCL : Transformateurs de céréales locales TRANSFULEG : Association des Transformatrices de fruits et légumes TVA : Taxes sur la valeur ajoutée UEMOA : Union économique et monétaire ouest africaine UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la sciences et la culture USAID : Agence des Etats-Unis pour le développement international VSF : Vétérinaires sans frontière YMCA : Young Men Christian Association

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RESUME

n Objet de l’étude et méthodologie

L’étude commanditée par l’UNESCO et la DPRE avait pour objectif de faire un point métho-dologique sur les actions de formation dans le domaine agroalimentaire, menées notamment par le Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET) et ses partenaires - et les projets et institutions du même secteur dont le GRET peut avoir connaissance, en étudiant les liens existants entre renforcement des compétences techniques et éducation de base (alphabé-tisation, citoyenneté etc.).

Après une phase d’analyse documentaire et de collecte de données secondaires, une typologie sommaire des différents types de formations mises en œuvre pour les acteurs du secteur agroa-limentaire a été élaborée. Un échantillon des différents types de formation a été sélectionné pour une étude plus approfondie en privilégiant les expériences qui nous semblaient les plus intéressantes dans le cadre de la réflexion menée sur l’élaboration d’une stratégie nationale en EQJA. L’objectif de ces études de cas est d’en tirer des enseignements et de formuler des re-commandations pour prendre en compte des objectifs d’EQJA dans ces formations, souvent à finalité fortement technique (renforcement ou acquisition de compétences professionnelles).

n Un secteur stratégique pour l’éducation qualifiante.

La transformation alimentaire occupe un rôle central en terme d’emplois, de revenus et de sécurité alimentaire. Quatre vingt dix pour cent (90 %) des produits transformés vendus sur les marchés urbains proviendraient de ce secteur (Enda graf, 2004). Les facilités d’entrée, la mo-dicité du capital nécessaire, la petite taille des unités sont reconnues comme les principaux facteurs de dynamisme des activités alimentaires. Le mode d’acquisition de la qualification technique, essentiellement par transmission de savoir -faire mère-fille, est également une ca-ractéristique importante de ce secteur. Cet apprentissage « sur le tas » apparaît peu coûteux et ouvert à de nombreuses catégories de population, en particulier celles qui n’ont pas accès au système de formation formel et aux emplois du secteur « moderne ». Le développement des activités de transformation alimentaire, contribue à l’amélioration de la sécurité alimentaire des urbains, et à la lutte contre la pauvreté de manière significative. Ce secteur est en pleine croissance et propose des perspectives intéressantes en terme d’emplois (et « d’auto em-plois ») et de revenus.

Mais les modes d’acquisition des compétences sont longs et comportent un risque de se can-tonner aux métiers traditionnels et à des niveaux de qualifications modestes. Ils ne favorise-raient ni l’innovation, ni la maîtrise des compétences d’organisation et de gestion. Les études de cas ont en effet montré le peu d’apprentissage formalisé proposé pour ces métiers, qui s’explique au moins en partie par le manque de définition et de reconnaissance officielle des métiers du secteur. L’éducation qualifiante pour les jeunes et les adultes est donc un levier stratégique des appuis à mettre en œuvre pour les activités de transformation agroalimentaire à destination des personnes en activité ou cherchant à s’insérer sur le marché du travail.

n Un secteur d’activités diversifié en cours de structuration

L’étude des principales filières agroalimentaires met en évidence la diversité de l’artisanat alimentaire et son caractère diffus (micro et petites entreprises disséminées sur tout le terri-toire national avec une concentration de certaines activités dans les centres urbains). Elle montre également le dynamisme des filières dont la structuration est souvent récente et encore dans l’ensemble peu « efficace ». Ces organisations commencent cependant à se soucier da-

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vantage de leur représentativité, de leur rôle et de leurs missions et reçoivent depuis peu des appuis de quelques projets et institutions. Elles constituent sans aucun doute une porte d’entrée pour développer un système de formation en direction de ce secteur d’activités.

n D’importants besoins de renforcement des compétences, la nécessité d’associer formations techniques et alphabétisation fonctionnelle

Le secteur de la transformation des produits alimentaires se caractérise par le nombre impor-tant d’analphabètes travaillant à titre individuel ou dans les unités de transformation. Ce cons-tat est en partie lié au nombre élevé de femmes exerçant dans l’activité.

Si l’accès aux savoirs de base (lire, écrire, compter) n’apparaît pas indispensable pour l’accès aux savoirs-faire techniques permettant d’exercer les métiers de la transformation alimentaire, pour autant l’accès à ces savoirs de base est déterminant pour le développement et la diversif i-cation des activités et compétences. Des effets de seuil sont constatés dans la progression de la compétence.

L’efficience d’une offre de formation technique peut nécessiter en préalable une étape d’alphabétisation (ex PAPES- Formation GERME). Les études de cas ont également montré que même les formations techniques réalisées en langues nationales n’avaient généralement que des supports de formation rédigés en français, ce qui limite fortement l’efficience des formations. La maîtrise des savoirs « scolaires » est jugée indispensable pour la maîtrise des savoirs transversaux (gestion, commercialisation…) et au développement des savoir-faire techniques. L’alphabétisation est donc à ce titre une clé de l’apprentissage et « un facteur de son développement et de son efficience » (MAE ,1999).

Le choix des langues d’alphabétisation est apparu lors des études de cas comme un enjeu du développement de l’EQJA. L’alphabétisation en français semble généralement préférée par les programmes d’appuis et les femmes transformatrices, qui peuvent également souhaiter être alphabétisées dans leur « langue maternelle ». Le vocabulaire français est souvent déterminant non seulement pour la dénomination courante des produits mais aussi pour la lecture des sup-ports de formation, des manuels techniques, des recettes etc… Il convient donc d’étudier, se-lon les publics, les langues à choisir pour l’alphabétisation. On peut cepe ndant citer l’expérience des Ecoles communautaires de base (ECB) qui proposent une alphabétisation préalable en langue nationale avant la maîtrise du français. L’apprentissage du français se trouve grandement facilité par l’alphabétisation préalable dans une langue nationale.

Les formations en alphabétisation fonctionnelle semblent de même à privilégier. Elles permet-tent d’être en prise directe avec la réalité quotidienne et professionnelle des apprenants.

n Une offre de formation peu diversifiée et parfois inadaptée

Il existe quelques formations diplômantes mais plutôt de haut niveau, destinées davantage à des emplois dans l’industrie (BTS) ou axées uniquement sur le secteur de la restauration-hôtellerie (CAP restauration – niveau entrée 4ème au Cretef, BT à l’école hôtelière pour des emplois salariés). L’essentiel de l’offre publique de formation initiale est fournie par les CRETEF et CETF dont les contenus de formation ont très peu évolué et dont les moyens sont limités. L’ITA propose également des sessions de formations, surtout technologiques.

On note que de nombreuses formations courtes sont organisées ou réalisées par des projets et organismes d’appui (rarement intégrées dans un plan de formation et jamais considérées comme une étape d’un cursus de formation). Ces formations visent pour l’essentiel à renforcer les compétences techniques. Quelques actions de formations ont également concerné la com-mercialisation, l’hygiène et la qualité. Un dispositif de démultiplication de ces formations au sein des groupements a été expérimenté par Enda graf et le Gret et semble se poursuivre de façon autonome par des réunions de formation / sensibilisation effectuées par les organisations professionnelles (et réalisées par d’anciennes formées – ex AAPAS)

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Ces formations mobilisent le plus souvent des compétences « académiques » ou théor iques (ITA, consultants indépendants, BE) , les Cretef (enda, Gret, ONFP) et plus rarement des arti-sanes/formatrices (Gret/enda).

On notera que la plupart de ces formations ne donnent lieu qu’à une attestation de formation remise en général à tous les participants s’ils ont suivi au moins 75 % de la formation. Il n’y a pas ou rarement d’objectifs précis d’acquisition de compétences et pas de contrôle en fin de formation (taux de réussite de 90 % des inscrits en année 1 pour CRETEF, attestions données en général à tous les participants pour les formations courtes).

Ces formations courtes sont rarement articulées à l’alphabétisation ni à l’éducation à la vie courante. La spécialisation de l’offre de formation mais également des organismes d’appui explique sans doute cette situation. La jeunesse des organisations professionnelles et un cer-tain isolement des acteurs du secteur explique sans doute la faible implication des OP dans les actions de formations et leur contenu souvent défini par les organismes d’appui ou de finan-cement.

n Un public surtout d’adultes en activité Hormis les CRETEF qui visent à former des jeunes filles, la plupart des formations s’adressent à un public d’adultes déjà en activité. Peu de formations visent à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Les modalités de transmission de savoir-faire mère-fille avec l’absence de statut d’apprentis dans la plupart des filières peuvent en partie expliquer l’absence d’offre de formation en direction du public jeune.

n Des modalités de financement très variables Les études de cas montrent donc qu’une participation financière aux coûts de formations peut être demandée aux bénéficiaires. Ces cofinancements sont généralement de l’ordre de 10 à 20 % du coût de la formation. Mais certains des projets étudiés ne dema ndent aucune participa-tion aux bénéficiaires. En effet, certaines formations techniques, qui nécessitent des compé-tences « pointues » de la part des formateurs, sont proposées à des coûts élevés (cas du PPCL qui a fréquemment fait appel à des consultants ou bureaux d’études privés, ITA), pouvant dif-ficilement être supportés par les bénéficiaires. Les publics cibles (transformatrices individue l-les ou micro entreprises) peuvent ne pas être en capacité de cofinancer 10 à 20 % du coût de la formation. Les actions de formations organisées par Enda graf et le Gret sont en général prise en charge à 100 %. Cependant les apprenants ont ensuite « l’obligation » de démultiplier la formation au sein de leurs groupements et de réaliser des activités de sensibilisation avec parfois un petit appui (démarrage) et ensuite sur leurs fonds propres (ou en mobilisant la participation des femmes). Cette démarche se rapproche d’une formation de formateurs mais sans certification des capacités. Elle permet la diffusion de nouveaux savoirs et savoir-faire à moindre coût.

Si la participation des bénéficiaires aux coûts de la formation est souvent encouragée, la créa-tion de fonds de formation destinés à financer le reste des coûts semble une nécessaire contre-partie publique de l’effort des bénéficiaires, au même titre que dans l’enseignement technique classique. Hormis les écoles et centres de formation publiques, seul l’ONFP finance sur fonds publics certaines formations en transformation alimentaire (surtout depuis deux ans). Les au-tres formations courtes sont financées par des bailleurs à travers des projets et des ONG.

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n Quelques timides évolutions Bien que l’alphabétisation n’avait pas été prévue dans le document de projet initial, le PROMER a engagé d’importantes actions dans ce domaine (plus de 2200 alphabétisés en 5 ans). Le PAPES, a retenu également de prévoir des moyens financiers spécifiques pour l’alphabétisation dans la deuxième phase qui va démarrer. Les CRETEF cherchent à faire évoluer leur offre de formation avec une collaboration avec des ECB (écoles communautaires de base) articulées à la formation professionnelle (expériences avec Cretef Dakar), la création de CAP restauration (1ère promo en 2005, Luxembourg-cretef Saint Louis), des projets de développement d’autres formations diplômantes au sein des CRETEF et CETF, notamment avec un projet de création d’un CAP en agroalimentaire (ré-flexion sur la définition des compétences en cours avec coopération luxembourgeoise). La plupart des projets et organismes d’appui ont formulé le souhait de combiner des acquis i-tions de compétences professionnelles et le renforcement de l’éducation de base par l’alphabétisation. Le plus souvent, les personnes interrogées se prononcent pour l’alphabétisation fonctionnelle en la ngues nationales puis éventuellement en français. Mais selon nous l’éducation à la vie courante est également importante à ce stage. Cela permet d’envisager plus facilement le développement de l’activité et une plus grande ouverture vers des opportunités d’emplois, de revenus (possibilités d’évolution) et de poursuite de formation

Ainsi une approche d’EQJA qui vise à associer dans des cursus de formation l’alphabétisation, l’éducation à la vie courante et les compétences professionnelles paraît à priori tout à fait pe rtinente pour autant qu’elle se base sur la définition de métiers et de compétences qu’ils restent à reconnaître dans le cadre d’une concertation entre l’Etat et les organisations professionnelles.

n Premières conclusions/recommandations

> Définition et reconnaissance des métiers de l’artisanat alimentaire

L’artisanat alimentaire reste encore mal connu et peu reconnu comme secteur d'activités pro-ductives. Il est soit intégré dans les activités agricoles secondaires, soit dans le simple com-merce et services. Il apparaît nécessaire de définir les différents métiers de l’artisanat alimen-taire pour pouvoir définir des plans de formation mais aussi pour légitimer ce secteur dans les politiques d’éducation, de formation et de développement.

> Définition d’un référentiel de qualification et de formation par métiers

A partir de la définition des métiers, il est nécessaire d’engager un travail d’élaboration d’un référentiel de compétences et de formation. Ce travail mené avec les organisations profession-nelles doit permettre de définir les compétences nécessaires à partir d’une analyse des activi-tés. Ces compétences ne sont pas uniquement techniques. Elles renvoient également à l’éducation de base (lire, écrire, compter mais également formation/information sur les condi-tions de travail, l’hygiène, la législation).

> Expérimenter un système d’apprentissage et de formation professionnelle reconnu

Dans le secteur agroalimentaire, il n’existe pas de véritable système d’apprentissage. Pour permettre aux jeunes d’acquérir plus vite le s compétences nécessaires (tant professionnelles qu’éducation de base) et faciliter l’accès à ces métiers, il est nécessaire de mettre en place un système d’apprentissage qui combine formation pratique, formation théorique et éducation de base.

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En conclus ion du rapport, nous proposons quelques pistes pour l’élaboration de cette phase pilote qui devra associer quelques organisations professionnelles intéressées, les collectivités locales (compétences transférées aux régions), les organisations d’appui (structures de forma-tion publiques, privées et ONG).

La proposition d’écoles pratiques (terme proposé dans le cadre du pr ogramme AVAL : Cnearc, Cirad, Enda graf, gret) a été en partie reprise et complétée car elle n’incluait pas l’éducation de base mais évoqua it déjà quelques pistes pour un système de formation alterna-tif.

Elle repose sur la formation de formateurs au sein du secteur d’activités (femmes artisanes motivées pour améliorer leurs savoir-faire, intéressées à former des jeunes et des adultes à faible coût), en mobilisant l’offre de formation publique (écoles, services de l’état, centre de formation) et privées (ONG, prestataires, bureaux d’études) et la construction d’une offre d’éducation de base (peut être au sein des OP).

Le principe retenu serait de privilégier les formations dans les quartiers (« école sans mur »), construites à la demande, respectant donc les temps d'occupation des femmes, n'imposant pas d'horaires mais modulant les temps de formation en fonction des contraintes des uns et des autres.

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INTRODUCTION

n Objet de l’étude

La transformation agroalimentaire constitue un secteur privilégié d’activités des femmes, je u-nes et adultes, en milieu rural comme en milieu urbain. Bien que la plupart de ces activités soient théor iquement rattachées au secteur artisanal, elles sont souvent peu prises en compte dans les dispositifs de formation, en raison notamment des modalités d’apprentissage différen-tes des autres filières artisanales (transmission des savoirs au sein du cercle familial), parfois d’un rattachement de ces activités au commerce (milieu urbain) ou à l’agriculture (milieu ru-ral) et de la faible organisation du secteur (ces activités ne sont pas ou peu représentées dans les chambres consulaires). Pour autant, des centres de formation mais surtout des ONG, des projets organisent des sessions de formation pour les acteurs de ce secteur mais souvent sans que celles-ci ne soient très formalisées et associées à des objectifs de qualification précis.

L’éducation qualifiante des jeunes et des adultes est un apprentissage qui repose sur deux principes : l’acquisition de compétences techniques et l’amélioration de l’éducation de base. Plus précisément, l’EQJA est définit comme « les processus d’acquisition de connaissances (langue, mathématique et vie courante) et de compétences productives par les adolescents, les jeunes et les adultes non scolarisés, précocement déscolarisés, et les finissants de l’éducation de base particulièrement ceux défavorisés, en vue de favoriser l’insertion socio-économique »1

L’étude commanditée par l’UNESCO et la DPRE avait pour objectif de faire un point métho-dologique sur les actions de formation dans le domaine agroalimentaire, menées notamment par le Groupe de Recherches et d’Echanges Technologiques (GRET) et ses partenaires - et les projets et institutions du même secteur dont le GRET peut avoir connaissance, en étudiant les liens existants entre renforcement des compétences techniques et éducation de base (alphabé-tisation, citoyenneté etc.).

n Méthodologie adoptée

Il ne s'agissait pas d'évaluer les projets et dispositifs de formation, mais de repérer et d’analyser différents types de formations menées dans ce domaine (objectifs, démarches, atouts, limites) et les stratégies recommandables d'EQJA dans ces projets à finalité fortement technique (renforcement ou acquisition de compétences professionnelles), en vue de préciser des modalités pratiques utilisables pour d'autres projets dans le même secteur ou pour amélio-rer, en les complétant, ceux en cours.

Il avait été demandé de faire une distinction suivant l'âge des formés. En effet, si le volet qua-lifiant des formations peut être commun aux jeunes et aux adultes, le complément d'éducation de base ne rencontre peut-être pas la même disponibilité suivant l'âge, et pour les adultes une alphabétisation fonctionnelle peut être une solution mieux adaptée.

Après une phase d’analyse documentaire et de collecte de données secondaires, une typologie sommaire des différents types de formations mises en œuvre pour les acteurs du secteur agroa-limentaire a été élaborée en utilisant notamment comme critères la nature ou les objectifs de la formation, le public visé, les types de formateurs, les dispositifs organisationnels (acteurs qui ont appuyé la mise en œuvre et/ou financé le s formations).

1 Rapport de séminaire international, UNESCO-DPRE, Paris -janvier 2004 « L’EQJA au Sénégal : une urgente nécessité dans le cadre de l’éducation pour tous »

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Un échantillon des différents types de formation a été sélectionné pour une étude plus appro-fondie en privilégiant les expériences qui nous semblaient les plus intéressantes dans le cadre de la réflexion menée sur l’élaboration d’une stratégie nationale en EQJA. L’analyse des étu-des de cas repose sur un descriptif des projets et actions de formation, les objectifs et contenu des formations, les formateurs mobilisés, l’organisation des formations, les moyens financiers et la prise en charge des coûts, les résultats et impacts et enfin les atouts et limites.

L’objectif de ces études de cas est d’en tirer des enseignements et de formuler des recomman-dations pour prendre en compte des objectifs d’EQJA dans ces formations, souvent à finalité fortement technique (renforcement ou acquisition de compétences professionnelles).

On trouvera en annexe 1. le plan de travail retenu pour la conduite de l’étude.

Pour la préparation l’étude, des personnes ressources suivantes ont été rencontrées :

- M. Sanoussi DIAKHITE, Conseiller enseignement technique et formation professio n-nelle auprès du cabinet du Ministre délégué chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (rattaché au Ministère de l’éducation)

- Mme Khanata SOKONA, responsable de programme à Enda graf

- Mme DIOKH, gérante du restaurant le point d’interrogation N°2 (Dakar – Plateau) et présidente de l’association professionnelle AAPAS

n Plan du rapport provisoire

Le rapport comprend les parties suivantes :

> Une première partie qui souligne les enjeux du secteur agroalimentaire pour l’EQJA

> Une deuxième partie qui présente les caractéristiques du secteur, le niveau de structura-tion, les contraintes internes et externes et modalités d’apprentissage et actions de forma-tion professionnelles qui nous ont amené à sélectionner les études de cas et entretiens

> Une troisième partie consacrée à l’analyse des études de cas et aux comptes-rendus d’entretiens

> Les conclusions et recommandations

> Des annexes dont une présentation des principales organisations professionnelles

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I. LA TRANSFORMATION ALIMENTAIRE : UN SECTEUR STRATEGIQUE POUR L’EDUCATION QUALIFIANTE

1. Contexte et enjeux du secteur de la transformation de produits alimentaires

1.1 Qu’entend-t-on par transformation alimentaire ?

Sont considérées ici comme activités de transformation alimentaire, les activités de transfor-mation physique (séparation, séchage, fragmentation, extraction, fermentation, mélanges, trai-tements thermiques, conditionnement, etc.) des produits agricoles, de l'élevage et de la pêche. Y sont intégrées les activités de préparation commerciales de repas (restauration). Les activi-tés de simple commerce ou de transport pour lesquelles il n'y a pas de transformation du pro-duit sont donc exclues. Elles intègrent donc à la fois les activités post-récolte de première transformation, généralement rurales, et les activités permettant l'obtention de produits finis directement utilisables dans la cuisine ou directement consommables. Ces activités concernent pratiquement tous les produits alime ntaires : céréales, racines et tubercules (farines, semoules, pâtes et boissons fermentées, produits roulés, etc.) ; viandes et poissons (salé, séché, fermen-tés, etc.) ; oléagineux (huiles) ; fruits (séchés, en jus, etc.) ; produits laitiers, produits condi-mentaires de cueillette, etc.

Les activités transformation alimentaire sont parfois qualifiées « d’artisanat agroalime ntaire ». Le terme artisanat renvoie d'une façon générale aux activités marchandes individuelles et col-lectives (groupements) menées à petite échelle en milieu rural comme en milieu urbain. La diversité des situations rencontrées conduit à établir une typologie de ces activités qui distin-gue "activités de survie ou d'occupation", micro, petites et moyennes entreprises (voir typolo-gie en annexe 2). Les trois premiers types d’activités relèvent essentiellement du secteur dit "informel".

Quelques exemples d'artisanat agroalimentaire

Le décorticage du riz, l'extraction d'huile de palme rouge au sud du Sénégal, du beurre de kari-té, le séchage ou le fumage du poisson, la transformation de produits forestiers non ligneux en zones de forêt (pain de singe, romarin, nététou) sont d'autres exemples d'activités artisanales fournissant des milliers d'emplois aux femmes rurales.

En ville, la transformation alimentaire concerne plus souvent la préparation marchande d'ali-ments prêts à consommer : farine, semoules, couscous, beignets, à base de mil, sorgho, maïs ou légumineuses, jus de fruits, lait caillé ou yaourt, condiments, etc. Il concerne bien sûr la restauration, fixe et ambulante.

L'une des particularités des activités de transformation alimentaire en Afrique sub-saharienne est l'importance des activités de prestation de service, souvent associées à l'utilisation d'un équipement mécanisé pour réaliser une opération pénible manuellement. Les ménagères comme les artisanes préparatrices-vendeuses recourent aux services de petits ateliers de décor-ticage et mouture des céréales, de concassage et pressage des graines oléagineuses.

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1.2 Enjeux et contexte : un secteur à développer pour contribuer à la sécurité alimentaire des citadins

Le développement des activités de transformation alimentaire des pays africains en général, et du Sénégal en particulier, est fortement lié à la croissance de la demande alime ntaire urbaine, fruit d’une urbanisation rapide. Malgré un pouvoir d'achat limité, les consommateurs urbains ont des attentes de qualité qui orientent le marché. Ils recherchent notamment des produits diversifiés, présentant des garanties de qualité notamment sanitaire, et constituant les supports d'une identité culinaire en pleine évolution. Cette demande ne se traduit pas par une préférence pour les produits importés. Mais elle rend nécessaire de sérieux efforts pour maintenir la com-pétitivité des produits locaux.

Pour assurer la sécurité alimentaire des citadins, pour qu'ils accèdent à l'alimentation et pour que les marchés urbains constituent des débouchés solvables pour les productions nationales, les villes devront créer, à un rythme rapide, des emplois et des revenus.

La majorité des interventions dans le secteur agroalimentaire ont privilégié le développement d'industries de transformation, d'abord de type industriel puis de taille plus modeste. Les micro-activités artisanales de transformation alimentaire, d'avantage considérées comme acti-vités de survie ou secondaires et peu porteuses de croissance économique, sont restées relati-vement à l'écart des interventions, tant de l’état que des projets et ONG. Ce sont pourtant ces activités qui assurent une grande partie de l'offre en aliments sur les marchés urbains pour la grande masse de la population.

Les enjeux du développement du secteur agroalimentaire doivent donc tenir compte :

> De l’intérêt de s'appuyer sur le développement de systèmes agroalimentaires na tionaux pour faire face à la demande alimentaire urbaine ;

> De l’intérêt de s'appuyer sur un tissu de petites ou micro-entreprises artisanales pour adap-ter l'offre à la demande, créer emplois et revenus.

2. Les activités de transformation alimentaire comme outil de lutte contre la pauvreté

2.1 En terme d’emplois et de revenus

Le secteur de la transformation alimentaire concerne une majorité d'auto-emplois et de formes traditionnelles d'assurance sociale. Ce secteur est accessible aux plus démunis, contrairement au secteur industriel.

L'artisanat alimentaire est souvent mal comptabilisé dans les recensements d'emplois. En mi-lieu rural, il est souvent considéré que comme une activité secondaire des femmes ou intégré dans l'activité de production agricole. En milieu urbain ces activités ne sont pas distinguées du simple commerce ou des services alors qu'il y a pourtant transformation physique des produits. Quelques cas où ces activités ont été distinguées révèlent l'importance de ce secteur.

Non seulement l'artisanat alimentaire génère des emplois et revenus directs, mais son déve-loppement induit la création d'activités indirectes : fabricants d'équipements, fournisseurs de produits et services intermédiaires (emballages, énergie, maintenance), comme par exemple, les constructeurs de moulins et décortiqueurs au Sénégal.

Parce que mal identifié dans les recensements d'emplois, l'artisanat alimentaire est mal comp-tabilisé du point de vue des revenus qu'il génère. Les enquêtes menées sur ce secteur révèlent une forte hétérogénéité des niveaux de revenus. Un grand nombre d'activités permettent d'as-

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surer seulement des revenus d'appoint aux ménages. Elles correspondent aux activités de sur-vie ou d'occupation de la typologie présentée en annexe. Mais on constate cependant de nom-breuses activités, souvent plus permanentes, qui assurent des revenus équivalents et supérieurs aux salaires minimums du secteur privé.

En plus des revenus directement générés par les activités de transformation, il faut tenir compte des revenus suppléme ntaires des agriculteurs générés par le meilleur accès au marché qu'induisent ces activités comme on l'a indiqué précédemment.

2.2 En terme d’insertion sociale et de capital humain

Au niveau de l’insertion sociale et du capital humain, les activités de transformation alimen-taire valorisent et font évoluer des connaissances et des savoir-faire. Les revenus générés par les femmes, plus présentes dans ce secteur, sont, plus souvent que ceux des hommes, investis dans l'éducation et la santé des enfants (coûts souvent à la charge des femmes, notamment dans les familles les plus pauvres).

Pour les femmes, en particulier en milieu urbain, entreprendre une activité de transformation pour la vente ne représente pas qu'un moyen d'obtenir un revenu. Cela permet également de s'insérer dans des réseaux sociaux. Ainsi, la plupart des commerçantes de marché appartien-nent à des associations de vendeuses ou à des tontines. Il est intéressant de noter que l'argent épargné dans ces dernières, est rarement réinvesti dans l'activité pour la développer. Il est plus souvent utilisé pour des besoins de consommation mais surtout pour faire face à des obliga-tions sociales et de solidarité. L'activité économique, notamment lorsqu'il s'agit d'un emploi secondaire, vise plus à permettre de s'insérer socialement que d'accumuler.

On observe cependant, dans certains cas (transformation des céréales au Sénégal) que lorsque la croissance des revenus générés est relativement importante, les transformatrices commen-cent à réinvestir une partie des bénéfices dans l’activité.

2.3 En terme de sécurisation des ressources

La transformation alimentaire œuvre pour la sécurisation des ressources en stabilisant les produits agricoles. Elle réduit ainsi les risques de pertes après-récolte liés aux aléas du marché. La croissance par la multiplication et la diversification des activités, observée dans ce secteur , constitue une stratégie anti-risque pour les opérateurs.

2.4 En terme d’ « empowerment »

Les organisations socio-professionnelles qui peuvent émerger dans ce secteur se constituent progressivement en interlocuteurs des politiques pour défendre leurs intérêts. D'autre part, au niveau des ménages, la génération de revenus et la constitution de réseaux relationnels par les femmes artisanes augmentent leur pouvoir au sein de leur famille.

Les artisanes du secteur agroalimentaire sont généralement, plus encore que les commerçants du secteur vivrier, marginalisées des négociations publiques encore largement aux mains des hommes. L'émergence progressive d'organisations professionnelles dans le secteur artisanal constitue l'amorce d'un renforcement du pouvoir de revendication et de négociation d'une mul-titude d'acteurs qui méritent la plus grande attention. Un appui au petit artisanat permettra alors aux acteurs de comprendre l’importance de leurs activités et ainsi de défendre par la suite leurs intérêts. On note également une plus forte présence des femmes dans les associations professionnelles de transformateurs et dans les instances de direction (groupement des trans-formateurs de céréales ou des transformateurs de fruits et légumes au Sénégal).

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L'une des grandes difficultés des actions d'appui à l'artisanat alimentaire réside dans la diffi-culté de dépasser des interventions ponctuelles compte tenu du caractère très décentralisé des activités. Comment mener une action avec ce secteur quand il est composé de centaines de femmes non organisées collectivement ?

A l'échelle des ménages, le fait pour les femmes d'entreprendre des activités rémunératrices, modifie leurs rela tions par rapports aux autres membres de la famille. Contribuant ainsi d'avantage à la gestion financière du ménage, elles acquièrent un statut qui leur donne plus de poids au sein du ménage.

2.5 En terme de réduction des inégalités

La vente de produits transformés par les producteurs améliore leur position vis-à-vis des commerçants. Ils sont moins dépendants de ces derniers pour fixer les prix s'ils peuvent stocker même quelques jours leurs produits par rapport à des situations de négociation sur des produits périssables. De plus, en considérant toujours le fait que la transformation alimentaire concerne essentiellement les femmes, elle permet, en la développant, de réduire les inégalités homme-femme.

Les femmes dominent largement le secteur de l’artisanat et ont peu d'opportunités d'autres emplois. Elles sont moins nombreuses à aller à l'école, ont moins accès aux emplois salariés dans le secteur public et dans le secteur privé. La transformation valorise leur savoir-faire et les investissements initiaux peuvent se limiter aux ustensiles ménagers.

Le développement des marchés et la mécanisation peuvent cependant se traduire par des pertes d’emplois pour les femmes au profit des hommes qui ont des capacités financières plus éle-vées et un accès plus facile au crédit (cas de la transformation du poisson ou de l’introduction de décortiqueurs au Sénégal). Les femmes, détentrices d’un savoir-faire spécifique, devien-nent parfois des « sous-traitants » ou des salariés de petites entreprises créées par des hommes (transformation des céréales au Sénégal).

3. La transformation alimentaire comme moyen d’insertion sociale pour les femmes

3.1 Les modes d’insertion dans les activités de transformation alimentaire

n Activités individuelles

Les études réalisées par Enda graf (ALPA 2004) auprès des femmes transformatrices et des unités de transformation de produits alimentaires, montrent que l’insertion dans ce secteur au niveau individuel est souvent liée à des facteurs économiques (perte d’emploi du mari, ou raréfaction des ressources familiales, et plus généralement incapacité du mari à assumer les dépenses de la famille). Mais malgré cela, le mari soutient symboliquement l’initiative de la femme en participant à la constitution du capital de départ (qui est généralement peu élevé).

L’insertion de ces femmes dans un secteur spécifique de la transformation alimentaire (jus, beignet, bouillie) est en étroite relation avec la possession d’un savoir-faire, qui auparavant n’était pas valorisé, mais qu’elles mettent aussitôt à profit comme réponse à la situation.

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n Activités collectives

Dans la micro entreprise de type collectif, les femmes se regroupent soit par affinité pour mieux se connaître, soit sur une base territoriale (appartenance à un même quartier ou ressor-tissantes d’un même village d’origine qui se retrouvent pour le maintien de leurs liens so-ciaux). On peut distinguer ainsi :

- Les liens par affinité : l’urbanisation a entraîné une rupture au niveau du mode de vie des femmes. Avant les femmes se regroupaient en classe d’âge et entretenaient de très fortes relations entre elles. Par ailleurs l’urbanisation a également conduit à l’installation de familles nucléaires et à la disparition de grandes concessions qui constituaient des espaces de rencontres pour les femmes de différentes catégories. Malgré ce changement de mode de vie, les femmes sont toujours à la recherche d’espace d’échange. Le mode d’entreprise de type collectif constitue une réplique à cette forme d’organisation . Cependant la survie en milieu urbain nécessite obligatoi-rement l’intégration d’autres facteurs (d’ordre économique notamment) au-delà du symbolique et du culturel.

- Les liens de retrouvailles : les femmes d’un même espace d’origine, se retrouvent en ville pour maintenir le lien avec leurs terroirs. Cela se traduit par des rencontres régu-lières pour échanger des nouvelles du village, pour les préparatifs des fêtes annuelles, etc… Dans ce cas, on constate une évolution vers des activités économiques. AFBARD, un groupement d’une vingtaine de femmes provenant d’un même village de la Casamance, vivant dans différents quartiers de la région de Dakar, se sont asso-ciées pour se retrouver régulièrement en vue de la fête annuelle du village. Elles ont par la suite créé un GIE (groupement d’intérêt économique) de transformation de fruits et des céréales (entretien avec Mme DIOR ).

n Le rôle des jeunes filles dans l’activité

La transformation alimentaire est un secteur très majoritairement féminin, pratiqué par des femmes d’un faible niveau d’instruction qui restreint leurs activités en général aux limites de leur foyer (Enda graf, 2004).

Dans la très grande majorité des cas, les femmes transformatrices bénéficient de l’appui de leur fille en priorité et ensuite d’autres membres de la famille (nièces, belles sœurs, cousines, bonnes…). Ces transformatrices ne sont généralement pas dans une logique de développe-ment de l’entreprise même si l’activité est rentable. Dans leur mode de gestion, il y a peu de distinction entre les ressources de l’activité et celle du foyer. Cependant, on constate que les jeunes filles sont de plus en plus attentives aux questions de gestion. Elles se préoccupent de ces aspects et font souvent pression sur la promotrice pour leur prise en compte, même si dans la plupart des cas il est difficile de faire évoluer ces pratiques. Ce comportement des jeunes filles peut s’expliquer par leur niveau scolaire (niveau primaire), qui leur permet d’avoir des notions élémentaires en gestion.

3.2 La transformation alimentaire comme créneau pour l’apprentissage et la formation professionnelle

n L’apprentissage

Dans une très large majorité des cas, les femmes transformatrices détiennent leurs savoir-faire de leur mère ou tante. Elles tentent de les valoriser en développant une activité surtout quand

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elles sont confrontées à une contrainte familiale (chômage de l’époux, décès etc…). Pour autant ces savoir-faire ne sont pas figés mais s’adaptent à la demande .

Ce processus d’adaptation n’est pas spécifique à l’entreprise formelle, mais existe aussi appa-rent dans le secteur de la transformation alimentaire.

n La formation professionnelle

Dans ce secteur, l’espace de production constitue généralement un lieu de formation et d’apprentissage mutuels. Ainsi à Pikine, seules quelques femmes détenaient la technique du roulage de couscous et araw, un savoir-faire traditionnel généralement limité. La création d’une micro entreprise de transformation des céréales a permis aux jeunes femmes d’acquérir cette compétence autour de laquelle l’entreprise a été créée (Enda graf). Cette acquisition leur confère un nouveau statut et des taches définies au sein de l’unité. La répartition des tâches même si elle n’est pas formelle s’opère en fonction d’une certaine compétence :

- Au niveau de l’approvisionnement, c’est la capacité de distinguer la qualité de la ma-tière première,

- Au niveau la production, la maîtrise de la source d’énergie : le cas du beignet pour une cuisson à point avec une couleur attrayante. Dans le cas du couscous, l’homogénéité et finesse de la granulation.

Au-delà de cette professionnalisation liée au produit, l’espace « entreprise » (ou unité de transformation) constitue un lieu de formation d’éducation et d’ouverture à la vie sociale. On se rend compte qu’elles développent des activités de sensibilisation, d’éducation et d’animation liées aux problèmes spécifiques qu’elles rencontrent dans la vie quotidienne : nutrition, sida, éducation de jeune fille…...

A Pikine, les transformatrices des céréales ont pris l’initiative de mettre à la disposition des femmes du quartier, des plats à base de niébé, arachide, pain de singe… en organisant des séances de démonstrations culinaires suivies de discussion et d’échanges sur les questions de nutrition. Ces actions contribuent à l’amélioration de la situation nutritionnelle des enfants du quartier (Enda graf).

3.3 Un secteur non transitoire et pourvoyeur d’emplois

n Un secteur non transitoire

D’après l’expérience d’appui aux transformatrices du Gret et d’Enda graf, nombre d’unités de transformation sont anciennes. Elles existent depuis plus de 10 ans et les femmes comptent poursuivre cette même activité. Celles qui ont souvent commencé avec des sommes presque insignifiantes, ont dorénavant des fonds de roulement allant de 100 à 200 000 francs CFA.

n Un secteur pourvoyeur d’emplois

Les unités de transformation emploient une main-d’œuvre allant d’une à 5, voir 20 personnes (pour les petites entreprises semi-industriel). Dans la micro entreprise individuelle, cette main-d’œuvre est composée des membres de la famille (filles, nièces, les enfants du vois i-nage etc…). Cette main-d’œuvre est non salariée mais elle contribue au fonctionnement des micro entreprises et est généralement rétribuée selon les besoins circonstanciels.

Dans la micro entreprise de type collectif, nous distinguons 2 types d’emploi :

- Des emplois à la tâche généralement réservés aux activités qui nécessitent une force phys ique , c’est le cas des employés utilisés pour transport de la matière première (mil, poisson etc.), le transport ou le stockage des produits finis etc…. Ces personnes tournent souvent autour de l’entreprise à la recherche d’opportunités ;

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- Les emplois fixes sont par contre constitués par les membres du GIE qui se rémunè-rent selon différentes modalités (par mois, par cycle de production, par système de pointage etc. )

La transformation alimentaire occupe ainsi un rôle central, particulièrement en milieu ur-bain. Quatre vingt dix (90 %) des produits transformés vendus sur les marchés urbains proviendraient de ce secteur (estimation : Enda graf, 1994). Il est essentiellement compo-sé de femmes (facilité d’entrée), qui ont des difficultés à accéder à une activité salariée dans l’industrie ou la fonction publique. Dans ce secteur, les systèmes d’apprentissage sont souvent de type mère-fille. Les modes d’apprentissage « sur le tas », la présence ma-joritaire de femmes peu alphabétisées, les opportunités d’emplois et de développement du secteur, ainsi que sa contribution indéniable à la lutte contre la pauvreté, font de la trans-formation alimentaire un secteur straté gique pour l’éducation qualifiante. Avant de s’intéresser à l’offre et à la demande actuelle de formation dans le secteur, il est nécessaire au préalable de préciser à la fois les filières de la transformation alimentaire, l’environnement (institutionnel, projets d’appui etc) mais également d’étudier le degré de structuration professionnelle.

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II. LES MICRO ET PETITES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES : UN SECTEUR DYNAMIQUE EN COURS DE STRUCTURATION

1. Des filières et des systèmes diversifiés

1.1 Des industries et quelques PME

Certaines entreprises industrielles sont encore sous tutelle de l’Etat (SONACOS). Les grosses et moyennes industries de ce secteur ont des activités exportatrices (huileries, conserve de poisson) ou des activités d’import-substitution (concentré de tomates, sucre, farine de blé).

Avant la dévaluation, beaucoup d’industries d’exportation étaient confrontées à des difficultés financières très préoccupantes. C’était le cas notamment de la SONACOS (Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal) qui possède plusieurs unités de production (Dakar, Kaolack, Diourbel, Ziguinchor). Ces activités concernent essentiellement la transfor-mation de l’arachide dont le cours mondial a fortement chuté ces dernières années. C’est éga-lement le cas des nombreuses usines de transformation des produits halieutiques (congélation, conserves). La dévaluation du franc CFA a rétabli une certaine compétitivité des produits, permettant d’améliorer la situation de ces industries.

Dans le domaine de l’import-substitution, on peut citer les complexes agro-sucriers (Compa-gnie Sucrière du Sénégal) et de traitement de la tomate (SOCAS, SNTI repris par la SOCAS récemment) et les rizeries dans la région du fleuve. Les minoteries (Grand Moulins et Moulins Sentenac à Dakar), les brasseries et les fabriques de boisons gazeuses (SOBOA, NBA), les fabriques de produits laitiers (SAPROLAIT, Nestlé, SAFLAIT et SOCA actuellement fer-mées) et les boula ngeries et biscuiteries (Biscuiterie Wehbe, Biscuiterie de la Médina, Usine Niary Tally). La plupart de ces entreprises sont privées. Les plus grosses entreprises ont été appuyées par l’Etat qui a notamment protégé leur marché (monopole ou quasi-monopole). Malgré des efforts de modernisation et de réduction des charges, un nombre important de ces entreprises, notamment les industries d’exportation, ont fait preuve d’un manque de dyna-misme (peu d’innovation). Les coûts de production restent importants, notamment en raison du coût excessif des facteurs de production (électric ité, eau, transport) et d’une forte pression fiscale et les prix souvent très élevés par rapport au pouvoir d'achat de la population, en baisse.

On trouve quelques PME/PMI qui sont apparues dans les années 85/90, voir parfois plus tard pour certaines (lait). La plupart de ces industries ont ciblé le marché national, en diversifiant parfois les produits : produits laitiers, pâte d’arachide, biscuits, jus de fruit, poudre chocolatée, glaces. Détenues ou gérées le plus souvent par des jeunes entrepreneurs, ces entreprises peu nombreuses, de création récente ont souvent bénéficié de la politique d’appui aux PME/PMI que l’Etat a mis en place pour essayer de re dynamiser le secteur industriel (insertion des ma î-trisards, régime fiscal particulier, prêts avantageux,…). Beaucoup d’entre elles ont actuelle-ment arrêté leurs activités. De nouvelles sont cependant apparues depuis 2-3 ans notamment dans la filière lait (lait caillé à partir de poudre de lait).

1.2 Les petites entreprises semi-industrielles souvent récentes

Il s’agit d’entreprises situées entre le secteur industriel et le secteur artisanal. De taille moyenne, ces entreprises sont en général de création récente et se sont multipliées après la dévaluation. Ce secteur était presque inexistant dans l'agroalimentaire, il y a quelques années. Les difficultés rencontrées par les industries et PME/PMI (Petites et Moyennes Industries), la

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demande croissante des consommateurs en produits moins chers liée à la baisse du pouvoir d’achat, le commerce des produits importés devenu moins lucratif et enfin le départ volontaire de fonctionnaires avec un petit capital ont sans doute favorisé l’émergence de ces entreprises de transformation des produits locaux. Ce secteur concerne essentiellement les entreprises de transformation des céréales locales, mais aussi du lait, des fruits et des oléagineux.

Le niveau de formation de certains promoteurs et salariés, la mécanisation de certaines opéra-tions et la présentation des produits (produits emballés) les rapprochent du secteur industriel. Les investissements en équipements sont cependant très variables, notamment dans la phase de création (entre 2 et 10 millions de francs CFA). Certaines entreprises utilisent au démarrage le système artisanal de prestation de service, notamment les entreprises de transformation des céréales locales. L’existence de ces prestataires de services, pour le décorticage et la mouture des céréales, est sans doute un paramètre important qui explique l’apparition des premières unités dans cette filière. Ces unités emploient une main d’œuvre peu nombreuse (salariés per-manents) et peu qualifiée souvent familiale ou appartenant au réseau social de l’entrepreneur (de 2 à 20 employés dont des journaliers et très rarement des « apprentis » pour les machines). Le chiffre d’affaires est très variable, le plus souvent entre de 2 et 6 millions de francs CFA/mois. La valeur ajoutée/chiffre d’affaires est souvent supérieur à 30 %.

Ces entreprises se distinguent du secteur industriel par la part importante de certaines opéra-tions manuelles, les niveaux d’investissement et les capacités de production parfois assez fai-bles et enfin leur appartenance, pour la plupart au secteur « informel » (entreprises non enre-gistrées et revenus non déclarés, employés sans contrat, …). Elles ne peuvent cependant pas être incluses dans le secteur artisanal agroalimentaire qui, au Sénégal, est représenté par des entreprises de prestations de service et par les micro-entreprises de production (auto-emploi, ou moins de 5 salariés), souvent individue lles (alimentation de rue et restauration) dont les produits se conservent peu (produits humides) et ne sont pas conditionnés.

1.3 De nombreuses micro entreprises artisanales

L’étude des circuits d’approvisionnement de Dakar (et des villes secondaires) met en évidence l’existence d’un ensemble d’activités artisanales liées à la transformation, la préparation et la distribution des produits alimentaires. Cet artisanat, qui s’est développé spontanément joue un rôle important dans l’alimentation des centres urbains. Au-delà de sa fonction nourricière, ce secteur apparaît comme une source d’activités et de revenus pour une frange importante de la population urbaine paupérisée (particulièrement les femmes).

Le système artisanal de prestations de service est représenté par des petites unités privées princ ipalement installées en milieu urbain et semi-urbain (ateliers de mouture avec parfois des prestations de broyage d’arachide en pâte) et par des activités en milieu rural de mouture (moulins communautaires), d’extraction d’huile (presses), de décorticage du riz. Ces activités sont le plus souvent exercées par des hommes.

Le système artisanal marchand (production et vente de produits transformés) constitué de micro-entreprises, le plus souvent féminines, est représenté par des activités traditionnelles en milieu rural et l’artisanat de rue et la petite restauration en milieu urbain. On dispose de que l-ques informations sur ce secteur grâce à des études récentes mais qui fournissent peu de don-nées quantitatives. On perçoit cependant son importance, notamment à Dakar, comme source de revenus pour des familles défavorisées et comme réponse à une demande essentiellement urbaine de produits frais finis et semi-finis.

En milieu rural ces activités concernent notamment la production d’huile de pa lme et de pa l-miste, de noix de cajou, la transformation du poisson au niveau des centres de pêche artisanal (parfois semi-urbains), du mil en couscous et en sankhal, souvent à proximité des centres ur-bains.

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L’artisanat marchand en ville est représenté principalement par des vendeuses2 de mil décorti-qué, de farine, de semoule, de couscous, de beignets de mil, d’arachides grillées, de lait caillé, de boissons traditionnelles,….et des vendeuses de plats dans la rue ou dans des gargotes et petits restaurants. Cette activité est souvent individuelle. En effet, même si certaines opéra-tions longues peuvent être réalisées à plusieurs et si parfois, la production est commercialisée en commun, les revenus sont individuels. Les femmes dominent largement ce secteur. Elles assurent les fonctions de production et de vente avec l’aide d’un ou plusieurs membres de la famille. Une part importante de la production est destinée au milieu urbain, parfois au milieu rural (huile de palme) et un peu à l’exportation dans la sous-région (poisson séché). Le capital, le niveau d’équipement (utilisation des ustensiles domestiques), le volume de production sont faibles. On observe l’émergence dans ce secteur de structures professionnelles dans les diffé-rentes filières et secteurs d’activités : Transfuleg (transformatrices de fruits et légumes), Fena-promer (Fédération nationale des transformateurs des produits de la mer), Fédération des transformateurs des produits de l’élevage, associations de restauratrices, Aproval (association des professionnels de l’alimentation pour la valorisation des pr oduits locaux),…

Le secteur agroalimentaire au Sénégal offre des possibilités de développement. Les micro et petites entreprises (MPE) déjà nombreuses et ont des atouts pour s’implanter davan-tage sur le marché local. Elles représenteraient près de 90% des emplois du secteur. En effet ce secteur est d’une grande variété et joue déjà un rôle prépondérant dans l’économie nationale. Ceci n’est pas seulement lié au nombre et à la variété des MPE, mais aussi à leur présence dans tous les domaines de l’économie, à la création de valeur ajoutée en valorisant le plus souvent des ressources locales, à la création de revenus et d’emplois pour de nombreuses familles et à la complémentarité avec le secteur des gran-des entreprises ou au rôle de terrain d’essai aux innovations et adaptations.

2. Un début de structuration des MPE agroalimentaires

2.1 Les céréales locales (mil, maïs, sorgho, fonio)

Une vingtaine de petites entreprises regroupées au sein du Groupement TCL (transformateurs de céréales locales), ainsi que des groupements féminins proposent des produits en sachets, de longue durée de conservation (semoule, couscous, arraw, farines infantiles, ..). Certaines envi-sagent de se positionner sur les marchés d’exportation sous-régionaux et européens (marchés conventionnels, marchés ethniques et équitables). A côté de ce secteur, le secteur artisanal constitué de micro entreprises individuelles et de groupements propose surtout des produits prêts à l’emploi mais de faible durée de conservation (produits humides tels que le couscous de mil). Ce secteur joue un rôle important dans l’alimentation des villes. L’APROVAL (asso-ciation des professionnelles de l’alimentation pour la valorisation des produits locaux) re-groupe des micro entreprises et des restauratrices essentiellement implantées en milieu urbain (et plus particulièrement à Dakar). Il existe également des associations plus sectorielles telles que l’AFRES (association des femmes restauratrices du Sénégal) et l’AAPAS.

2 Ce sont principalement des femmes qui exercent ces activités mais certaines activités sont plutôt « masculines » comme le lait caillé à partir de lait en poudre, la vente ambulante de boissons,…

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2.2 Les fruits et légumes

Il existe de très nombreuses micro-entreprises artisanales de fabrication des boissons tradi-tionne lles (jus de bissap, et plus rarement gingembre et tamarin – vendus dans des sachets noués et parfois par bassine pour les cérémonies), essentiellement à Dakar et dans les villes secondaires. L'activité menée par des femmes, dont les revenus sont faibles (1 000 à 1 500 F/j) constitue un complément aux ressources familiales ou un moyen pour les jeunes filles d'acqué-rir une certaine autonomie fina ncière.

Les fruits font partie des secteurs dans lesquels les femmes rurales et urbaines s’investissent beaucoup par des actions de commercialisation et de transformation. Les pertes post récolte constatées en fruits ont en effet poussé certaines ONG ou institutions internationales à appuyer des groupements féminins pour mener des activités dans la transformation de ces produits en boissons, confitures, et sirops. Les techniques de transformation utilisées au sein de ces grou-pements féminins sont artisanales (fortement utilisatrices de main d’œuvre) mais permettent de fabriquer des produits, de bonne qualité, stables et compétitifs. Cette catégorie d’entreprises contrôle la part de loin la plus importante du marché des boissons traditionnelles stabilisées (emballées, pasteurisées ou non), sirops et confitures locaux. Elles rencontrent ce-pendant des problèmes de commercialisation en raison du faible appui dans ce domaine, d’une forte concurrence des boissons gazeuses (soutenues par une importante publicité) et des pro-duits importés mais également d’une faible consommation de certains produits (sirops, conf i-tures) par les Sénégalais qui limite le marché aux couches aisées, aux étrangers et aux récep-tifs touristiques. Une quarantaine de ces unités se sont regroupées au sein de l’association Transfuleg. Elles fabriquent essentiellement des sirops et jus de gingembre, tamarin, bissap, des confitures de bissap, mangues, papayes, des fruits séchés. De véritables petites entreprises émergent dans cette filière avec une meilleure maîtrise de la production et de la qualité, une plus grande pro-fessionnalisation (meilleure organisation de la production, renforcement des compétences) des volumes de production plus importants. Elles adoptent une démarche commerciale avec une marque, une force de vente. Certaines de ces entreprises peuvent envisager d’exporter leurs produits dans la sous-région ou sur certains marchés spécifiques européens (équitables et eth-niques).

2.3 Les produits laitiers

Cette filière est beaucoup plus récente. Pourtant la transformation du lait est une activité tradi-tionnelle des femmes d’éleveurs. Sur la base de ce savoir-faire traditionnel, une trentaine de MPE individuelles ou communautaires (groupements féminins, groupements d’éleveurs) se sont insta llées dans des villes secondaires des bassins de production laitiers. Elles proposent du lait pasteurisé et caillé, du fromage. La croissance de la production laitière, appuyée par le gouvernement, des projets et des ONG, entraîne un fort potentiel de développement de leurs activités. On note cependant que ces petites entreprises sont souvent gérées par des hommes en relation avec des groupements d’éleveurs appuyés par la recherche (ISRA - Institut sénégalais de Re-cherches Agricoles) et des ONG et sociétés de développement (Sodefitex, AFD -Agence Française de Développement, VSF). Les unités peuvent ainsi bénéficier d’un approvisionne-ment plus régulier, notamment pe ndant la saison sèche. Les surplus de production liée à l’intensification et la vente aux minilaiteries à des prix plus rémunérateurs profitent surtout aux hommes (éleveurs comme transformateurs). Le développement de ces filières courtes, plus intensives, ont peu d’impact sur les femmes, traditionnellement très actives dans le sec-teur de la trans formation du lait. Ce constant est valable pour d’autres filières (ex. produits halieutiques) où le gain de productivité et l’introduction d’équipements ont tendance à faire perdre aux femmes la maîtrise d’un secteur d’activités traditionnel. Cependant à côté des deux grandes fédérations de transformateurs de lait (dont une a moins d’un an), des organisations

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féminines se développent (notamment le Directoire national des femmes en élevage qui fédère des directoires régionaux - DIRFEL) pour défendre leurs intérêts.

2.4 Les produits de la pêche

La transformation des produits halieutiques est très ancienne et localisée dans les centres de pêche artisanale le long de la côte sénégalaise. Les produits sont diversifiés : poisson fumé et séché, crevettes séchées, produits fermentés.

Les sites de transformation se trouvent à proximité des sites de débarquement. Les principaux sont ceux de Joal et Mbour sur la Petite Côte, Kayar sur la Grande Côte, St Louis et Dakar (Thiaroye/mer, Bargny Domine). Il existe par région une dominance de certains produits par rapport aux autres. Ainsi, le Guedj serait la principale production de Casamance et des Iles Saloum, le Ketiakh de la Petite Côte et le Sali de la Grande Côte.

Le secteur de la transformation artisanale est dynamique. Il montre des capacités d’adaptation par l’adoption d’innovations tant sur le plan technique (nouveaux équipements et procédés, diversif ication et spécialisation par zones), qu’organisationnel (regroupement, organisation de la commercialisation) et social (insertion d’hommes dans le secteur qui pose cependant des problèmes3 et de personnes originaires des pays voisins). Les activités de transformation sont assurées par de nombreuses femmes qui ont souvent créé des groupements au niveau des aires de transformation pour la commercialisation (centralisation des produits pour les commer-çants) et l’accès au crédit.

On note cependant une qualité insuffisante des produits, liée en partie à l’adoption de prati-ques de transformation (séchage incomplet) pour répondre à tous prix à la demande croissante des consommateurs. Se posent également des problèmes de financement (nécessité d’un fonds de roulement important pour l'achat de la matière première) et de revenus liés à l’irrégularité des prix et des bénéfices.

Utilisé en quantité, le poisson reste la principale source de protéines du Sénégal. Les produits transformés représentent une part importante dans cet apport. Les produits de fabrication arti-sanale sont une alternative à la consommation de poissons frais lorsque ces derniers ne sont pas disponibles ou que les prix sont trop élevés. Compte tenu de l'accroissement de la popula-tion, de l'amélioration du pouvoir d'achat et de la concurrence des exportations, la consomma-tion locale de produits transformés devrait augmenter d’après les études réalisées à un taux légèrement supérieur à la croissance démographique (environ 4% par an).

Il existe des flux à l'exportation, orientés vers les pays voisins du Sénégal (Ketiakh et le Méto-rah et le Sali, pratiquement pas consommés au Sénégal). Certains produits transformés tradi-tionnels sont exportés par les circuits informels vers les marchés ethniques des grandes villes européennes et des Etats Unis. Ces flux concernent essentiellement les poissons fumés ou sé-chés expédiés en petites quantités. Généralement, ce sont des particuliers qui voyagent avec quelques paniers de produits.

Il existe dans cette filière plusieurs organisations professionnelles, notamment :

> la FENAGIE PECHE (Fédération Nationale des GIE4 de pêche du Sénégal), membre du CNCR (Conseil National de Concertation des Ruraux) , créée en 1990 par des pêcheurs, micro mareyeuses et transformatrices des produits de la pêche ;

3 L’introduction de fours améliorés pour le kétiakh s’est traduit par un intérêt des hommes pour cette production. Leur capacité d’investissement plus élevés à favoriser leur insertion.

4 Groupement d’Intérêt Economique

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> la FENATRAPROMER (Fédération Nationale des Transformateurs de Produits de la Mer) créée en 1999, est composée d’hommes et de femmes, pêcheurs et mareyeurs à travers 10 fédérations nationales, 30 fédérations départementales, 90 fédérations d’arrondissement dans le secteur de la pêche maritime, la transformation et la distribution ;

> la FENATRAMS (Fédération Nationale des Transformatrices Micro Mareyeuses du Séné-gal), créée en 2001

2.5 Les autres produits alimentaires

Les autres produits alimentaires proposés par les MPE sont la pâte d’arachide, les arachides grillées, les noix de cajou, les plantes médicinales séchées, les épices et condiments (piment, sel et sel iodé, vinaigre). Ces produits sont vendus par des femmes dans la rue ou par des peti-tes entrepr ises des différentes filières qui diversifient ainsi leur gamme de produits. Il existe cependant quelques petites entreprises spécialisées (vinaigre, sel iodé emballé, arachides gril-lées). L’huile de palme, le beurre de karité, l’huile d’arachide, le nététou sont produits dans les vil-lages, par des groupements très isolés sur le plan de l’accès au conseil et à l’information. Ces filières sont le plus souvent contrôlées par des commerçants qui collectent les produits dans les villages et les marchés ruraux et parfois achètent même la matière première et confient la transformation aux femmes sous forme de prestations de service (cas de la transformation du néré en nététou). On trouvera en annexe 3 une présentation des différentes organisations professionnelles.

3. Des contraintes internes aux micro et petites entreprises5

3.1 Expression de la demande de services d’appui

Les MPE font parfois peu d’efforts pour obtenir les informations dont elles ont besoin et n’expriment pas facilement une demande de conseil vis à vis d’éventuels prestataires. Leur demande de formation est souvent mal formulée, déguisée derrière l’expression d’un problème de financement, réel dans certains cas mais qui occulte les autres besoins. Cette « réserve » s’explique par une certaine méfiance vis à vis des organismes de soutien para publics suite à de mauvaises expériences, l’inadaptation ou la faible qualité des prestations proposées, leur coût jugé à priori trop élevé, et surtout la trop grande « distance » psychosociologique qui existe entre les petits patrons et de nombreux prestataires enfermés dans un savoir inte llectuel trop théorique.

3.2 Compétences des entrepreneurs

La comptabilité est souvent réduite au minimum, sans calcul de coûts ni connaissance des marges. L’attitude marketing est rarement offensive, peu ciblée vers la substitution d’importations ou vers l’exportation, sans politique systématique de promotion des produits.

5 Une partie des informations et analyses présentées dans cette partie ainsi que dans le point 4. sont issues du Rapport d’identification du projet d’appui aux petites entreprises réalisé par le GRET en 2000 pour le compte de l’Onudi (mission composée de Pierre PARIS – GRET, Silly Diop et Hamet N’dour - REMIX, Tijane Sylla – SYNAPSE)

23

La petite entreprise a souvent des difficultés à se doter des équipements adaptés et fiables et à optimiser la productivité de son processus de production.

L’entrepreneur est rarement formé au management, et peu enclin à déléguer ses responsabili-tés de direction. Son profil personnel (niveau d’éducation, age, volonté de se développer) dé-termine fortement le degré de structuration de ses pratiques de gestion. Il manque en fait, à ses côtés, des prestataires de confiance à qui il pourrait déléguer la gestion des « tracasseries ». Les pratiques de commercialisation sont souvent plus déterminées par le réseau de relations personnelles que par une approche rationnelle du marché. Ces MPE sont peu sensibles aux exigences modernes de qualité, peu disposées à entrer dans un système de normalisation et les organisations professionnelles ne jouent pas leur rôle pour les sensibiliser dans ce sens. La bonne connaissance d’un « métier » technique, indispensable à la bonne conduite d’une MPE n’est pas assez valorisé, dans un contexte où domine la culture du négoce.

3.3 Esprit d’entreprise

On constate dans le milieu des petits entrepreneurs de nombreuses attitudes pouvant à terme entrer en contradiction avec la bonne conduite d’une entreprise : excès d’individualisme, mé-fiance et incapacité à partager son pouvoir sur les affaires, manque de sens des responsabilités, utilisation de son réseau relationnel surtout pour obtenir dérogations et passe-droits, etc...

Le modèle d’organisation de l’entreprise européenne a crée un conflit culturel entre tradition et modernité pour l’entrepreneur africain qui devrait assumer la pérennité de son unité, basée sur les impératifs d’accumulation et de compétitivité, dans un contexte de pressions sociales qui se référent aux valeurs de solidarité, de partage et d’appartenance religieuse, ou qui à l’inverse privilégient le profit et la consommation immédiats. Une nouvelle génération d’entrepreneurs est en train d’opérer une synthèse dynamique qui doit être soutenue en ma-tière de formation et d’adaptation du cadre juridique des affaires.

4. Les contraintes de l’environnement légal et réglementaire

4.1 Fiscalité

Les MPME (Micro Petites et Moyennes Entreprises) sont confrontées aux contraintes suivan-tes, qui tendent à dissuader les unités informelles à se formaliser :

> la complexité du système déclaratif, qui reste excessive même après l’introduction du ré-gime du minimum de trésorerie (basé sur la tenue d’une simple comptabilité « dépenses recettes ») ;

> les « tracasseries » qui résultent de l’application rigide ou corrompue de ce système ;

> la pression fiscale jugée trop lourde et qu’aucune exonération significative ne vient alléger pour les MPME ou les entreprises en création (contrairement aux grandes entreprises qui en bénéficient) ;

> l’insuffisante transparence d’un système où abondent les régimes d’exception et la fraude fiscale, et qui ne se modernise pas assez vite, suite aux résistances des groupes d’opérateurs tenant à conserver les privilèges acquis.

La mise en place de Centres de Gestion Agréés visait précisément à résoudre ces blocages. Seul le CGA de Dakar est opérationnel et son efficacité est encore réduite : l’abattement fiscal de 300 000 CFA est jugé insuffisamment incitatif et les craintes d’exigibilité du passif fiscal freinent fortement l’adhésion des opérateurs informels. Deux mesures importantes sont en projet : la mise en place d’un impôt synthétique dans le cadre de la charte des PME et des concertations au sein de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine )et

24

l’élaboration d’un statut de la micro entreprise qui entraînerait leur non-assujettissementt à la TVA (Taxe Valeur Ajoutée) en dessous d’un certain seuil de chiffre d’affaires.

4.2 Formalités d’enregistrement, licences, permis

Dans ce domaine, les mêmes facteurs de complexité et de « tracasseries » freinent la création d’entreprises et découragent la formalisation des unités existantes. A cela s’ajoute un manque général d’information pertinente des petits entrepreneurs sur leur contexte adminis tratif, qui les maintient à distance des procédures formelles.

Pourtant la mise en place d’un Guichet Unique, récemment transféré à l’APIX (Agence Natio-nale Chargée de la Promotion de l'investissement et des Grands Travaux), a sensiblement sim-plifié les procédures d’enregistrement des PME, avec une fiche d’immatriculation unique et une réduction des délais de traitement qui sont passé de 4 à 1 mois. Cette amélioration devrait se poursuivre avec le projet de mise en place d’un Centre de Formalité à la Chambre de Commerce de Dakar disposant d’un accès télématique dans les Régions. La reconnaissance du statut de micro entreprise devrait également constituer une forme de simplification appréciable pour les Petites Entreprises.

4.3 Code du travail

Les charges sociale s et autres obligations vis à vis des travailleurs représentent un poids jugé trop lourd par les entreprises. Cette législation n’a pas su s’étendre pour englober les condi-tions de travail qui prévalent dans le secteur informel, lequel répugne à perdre la flexibilité de gestion des ressources humaines qui le caractérise. Cette situation résulte de la vétusté du code de la Sécurité Sociale et de certaines conventions collectives, et de l’insuffisante prise en compte de toutes les formes de travail pratiquées dans l’économie réelle.

4.4 Cadre juridique

Le cadre actuel d’application du droit des affaires et de règlement des litiges ne fournit pas suffisamment de sécurité aux transactions du secteur privé dans son ensemble. Les petits opé-rateurs, ayant peu de moyens extrajudiciaires de défendre leurs intérêts, en souffrent plus par-ticulièrement. L’absence de sécurité sur la propriété (baux emphytéotiques) limite les possibi-lités de garantie hypothécaire.

Cet état de fait résulte à la fois du manque de ressources de l’appareil judiciaire, de la lenteur des procédures et décisions de justice, de son manque de transparence et des trop grandes li-bertés d’interprétation des lois en matière de droit des affaires.

Le Comité de Réforme Juridique mis en place avec l’appui de la Banque Mondiale mène un vaste programme d’évaluation, d’études et de propositions, notamment sur le code des doua-nes, la caution douanière, le droit de transit, le fonctionnement du Tribunal du Travail et la législation du travail, la continuité de l’entreprise en succession, le statut de la micro entre-prise, la réalisation des garanties. L’APIX doit travailler sur la réforme du droit foncier et l’allègement des procédures correspondantes. Cependant la modernisation du cadre juridique, attendue impatiemment par les opérateurs, semble se présenter comme un travail de longue haleine qui ne portera pas de fruits dans des délais courts.

4.5 Décentralisation

L’activité économique du pays reste fortement centralisée à Dakar et globalement dépendante de cette capitale économique et administrative, principal marché, seul port maritime et aéro-port et unique lieu de délivrance des autorisations et certifications. Les efforts de décentralisa-tion ont eut un faible impact sur les MPME locales.

25

En effet la politique volontariste de décentralisation se heurte aux limites des services techni-ques locaux, aux manques de ressources financières des collectivités en l’absence d’aménagement de la fiscalité locale, à la faible capacité stratégique des élus locaux et à la faible participation des populations. Par ailleurs le secteur privé n’a pas été suffisamment im-pliqué dans ce processus. La mission clé de l’Artisanat est déclarée « non transférable » et reste dépendante de l’autorité centrale, ce qui peut générer des tensions avec les autorités loca-les.

L’ADM (Agence de Développement Municipal) a été créée pour aider les communes à amé-liorer leur gestion financière, la mobilisation des ressources fiscales, la programmation des investissements urbains prioritaires. Malgré la réalisation de quelques aménagements de sites industriels ou artisanaux par certaines communes, l’ADM n’encourage pas assez les mesures visant à la délocalisation des industries concentrées à Dakar.

5. L’apprentissage et la formation professionnelle

5.1 Principales caractéristiques

La formation professionnelle de la main d’œuvre et du dirigeant est couramment mentionnée par les petits entrepreneurs comme un de leurs principaux besoins. Elle est également men-tionnée comme un besoin des micro-entrepreneurs. Malgré cela on constate généralement au niveau des MPE une productivité insuffisante due au manque de qualification technique du personnel, trop souvent à caractère familial, et au manque de formation managériale du dir i-geant pour les petites entreprises. De fait elles investissent peu dans une politique systémati-que de formation continue.

D’une part elles ont des difficultés à financer le coût complet de la formation professionnelle, et sont dès lors dépendante des formations qui leurs sont offertes. D’autre part l’offre de for-mation professionnelle n’est pas suffisamment adaptée à leurs besoins. En amont, l’enseignement technique public est relativement désorganisé, dévalorisé et insuffisamment relié aux attentes du secteur privé (notamment pour les femmes). En aval, l’offre privée de formation continue se développe mais est encore insuffisante, non coordonnée et s’adresse plutôt aux grandes entreprises qui ont les moyens d’en assumer les coûts.

Le système de l’apprentissage qui prévaut dans le secteur informel constitue un dispositif de formation professionnelle, qui assure la qualification du plus grand nombre d’opérateurs. Mais la pédagogie qu’il met en œuvre manque d’enseignement théorique, se fondant trop sur la répétition des gestes de métier, et ce système non structuré offre peu de garanties quant à la qualification des maîtres et à la qualité de leur enseignement.

Il convient de noter la particularité du secteur agroalimentaire où l’apprentissage est beaucoup moins développé et formalisé. En effet les savoir-faire sont transmis de mère en fille (sauf dans la restauration où on observe quelques apprentis et dans les entreprises pour les jeunes garçons manipulant les machines).

5.2 Aperçu des dispositifs d’apprentissage et de formations

L’environnement institutionnel comprend environ 25 centres publics de formation profession-nelle intéressant les artisans et PME, auxquels s’ajoutent les ateliers artisanaux et les actions menées par les chambres consulaires et autres organisations professionnelles qui reste cepen-dant très limitées dans le domaine agroalimentaire.

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n Quelques centres publics

> CRETEF ET CETEF

La principale offre de formation technique dans le domaine agroalimentaire est constituée des 10 CRETEF (Centre régional d’enseignement technique d’enseignement féminin) et les 24 CETEF (Centre d’enseignement technique féminin).

Ces centres assurent la formation des jeunes filles, et parfois de jeunes femmes, pour l'inser-tion à la vie active et productive. Ils sont chargés d'enseigner l'économie domestique (la cou-ture et confection), la restauration et l'éducation sanitaire. Les centres recrutent des élèves du niveau du CEPE (Certificat d'Étude Primaire Élémentaire) âgées de 15 à 18 ans pour une du-rée de 3 ans à partir d'un tronc commun. Il existe également dans ces centres des sections pour des élèves analphabètes. Des collaborations avec des « ECB (école communa utaire de base) articulées » ont également été développées. Les agents sont en général des diplômées de l'École Nationale de Formation en Économie Familiale et Sociale (ENFEFS).

Les centres organisent ensuite les filles qui terminent leurs études en GIE pour faciliter leur insertion à la vie active. Ces organisations n'arrivent pas à évoluer à cause d'un manque de suivi et d'accompagnement.

Les centres développent à peu près tous le même programme de formation qui n'a pas varié depuis 1988. Certains centres ont innové avec la préparation de plats à base de céréales et de boissons à base de fruits et calices locaux (CRETEF Grand Yoff). Les formations dans le do-maine agroalimentaire ne concernent pratiquement que la restauration. D’une manière géné-rale, les programmes sont très anciens et peu adaptés au contexte actuel et aux perspectives d’emplois ou d’activités. On notera cependant que ces centres sont sollicités par l’ONFP et par des ONG et projets pour des actions de formations ponctuelles.

Les centres sont également confrontés à une insuffisance et inadaptation des locaux ; un sous-équipement, une obsolescence des installations (document de politique ETFP, février 2002). Si la rénovation de ces centres a été retenue par l’Etat, elle n’est pas encore effective.

Les CRETEF ne donnent que des attestations de formation. Cependant un programme d’appui de la coopération luxembourgeoise notamment à Saint Louis a engagé un travail de définition d’un nouveau CAP dans la restauration dont la première promotion sortira en 2005.

> ENFEFS

Les diplômées de l'École Nationale de Formation en Économie Familiale et Sociale (ENFEFS) travaillent notamment au niveau des CRETEF et CETEF et au ministère du développement social. L’ENFEFS forme donc des formateurs et est sollicitée par l’ONFP et quelques ONG.

> L'Institut de Technologie Alimentaire de Dakar (ITA)

L'ITA est un organisme public sénégalais de recherche dont le siège est à Dakar. Sa vocation première est la recherche agroalimentaire orientée vers le développement. Les grands axes de travail sont :

– La transformation, la conservation, le conditionnement et la distribution des produits alimentaires locaux

– la préservation des qualités nutritives de ces produits – la formation aux métiers de l'agroalimentaire – le contrôle de la qualité des produits

L'ITA met ses capacités d'expertise et ses laboratoires au service des entreprises et des orga-nismes d'appui au développement afin de faciliter la transmission et la valorisation des acquis de l'Institut. L'ITA réalise des tests et des analyses qualité pour les entreprises. Il organise éga-lement des cours de formation sur la transformation des produits agroalimentaires:

– la conservation et le conditionnement des produits horticoles

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– les techniques de boulangerie -pâtisserie à base de farine composées – la technologie et le contrôle de qualité du poisson – les techniques modernes de boucherie -charcuterie – l'initiation à la nutrition et à la technologie des aliments – la préparation et le conditionnement des boissons

Les formations d’un coût élevé sont financées par des projets (PROMER) et ONG.

Il faut signaler également quelques centres qui proposent soient des formations supérieures (BTS agroalimentaires à l’école Sainte Jeanne d’ARC), soit des formations courtes annexes pour ces centres (transformation du lait à l’école d’élevage de Saint Louis,

n Les fonds de formation

Il y a deux fonds de financement de la formation professionnelle : ONFP (Office national de formation professionnelle) et le FONDEF (Fonds de développement de l’enseignement tech-nique et de la formation professionnelle) qui a bénéficié d’un FSP (fonds de solidarité prior i-taire- coopération française), dont le fonctionnement est jugé très contraignant au regard des besoins des MPE. L’ONFP ne parvient à financer que 55% des demandes de formation reçues, soit 20% de la demande globale. Son mode de financement à 100% du coût (dans le cas de formations individuelles) n’encourage pas le développement autonome d’un marché de la formation professionnelle.

Ce fonds finance beaucoup depuis deux ans des formations courtes techniques en agroalimen-taire.

n Des projets d’appui aux petites entreprises

Dyna Entreprises est un projet USAID (Agency for International Development ) qui vient de se terminer. Il a joué un rôle d’intermédiation entre PME et prestataires de formation et de conseil mais a surtout concentré ces activités sur le secteur de la micro finance (appui aux institutions financières décentralisées et aux ONG sous forme d’équipements et de forma-tions).

Le programme de mise a niveau des entreprises sénégalaises (phase test d’une durée de cinq ans) est soutenu par l’Agence française de développement (Afd) avec un montant d’environ 7,8 milliards de Fcfa ( 11,9 millions d’Euro). Il est mis en œuvre par l’ADEPME et comporte trois composantes : 1) renforcement de la compétitivité des entreprises et la mise à niveau des entreprises (PME) pour affronter la compétitivité mondiale, 2) la formation profes-sionnelle et 3) l’amélioration des produits financiers avec l’implication du système bancaire. Ce projet touche peu les petites entreprises.

Le Programme GERME (Gérer mieux son entreprise) du BIT est une action régionale Afri-que de l’Ouest qui vise à transférer aux formateurs des organismes d’appui aux PME une mé-thodologie et des modules de formation à la création et à la gestion d’entreprise, testés et rodés dans de nombreux pays. Plusieurs projets (PROMER, PAPES) font appel à ces formateurs. Le projet PAOA (projet d’appui aux organisations agroalimentaires) financé par coopéra-tion canadienne a démarré en avril 2002 pour 5 ans mais est réellement opérationnel depuis un an (budget : 3 milliards de FCFA). La cible prioritaire est composée des groupements de femmes (micro et petites entreprises) d’environ 10 membres dans les filières fruits et légumes, produits halieutiques, lait et céréales et les organisations professionnelles.

Le PAPES (Projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal) est mis en œuvre par l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel) et financé par la coopération autrichienne. Le projet a pour objectif de renforcer les capacités d’auto-organisation et la restructuration professionnelle du milieu des petites entreprises sénégalaises en priorité dans trois zones :Dakar, Thiès et Saint Louis. Son intervention repose sur un appui

28

à la création de groupement d’affaires (quelques entreprises qui se regroupent pour mener des activités en commun), l’appui à des projets collectifs de ces groupements6, l’appui institu-tionnel aux organisations professionnelles, la défense des intérêts des PE dans le cadre des réformes en cours sur l’environnement des entreprises. Il est basé à l’Aprosi (Agence pour l’aménagement et la promotion des sites industriels - ex-Sodida), au niveau du centre de res-sources. Il a surtout financé pour l’instant des formations GERME.

Le projet Infoconseil MPEA (accès à l’information et au conseil pour les micro et petites entreprises agroalimentaires au Sénégal) est cofinancé par la coopération française (Ministère des affaires étrangères – MAE) et le CDE (Centre de Développement des Entreprises – Union Européenne). La mise en œuvre de ce projet a été confiée au groupement Gret-Enda graf. Il a démarré en janvier 2003 pour une première phase tests de 2 ans. Les objectifs généraux de ce projet sont d’une part le renforcement des petites entreprises agroalimentaires au Sénégal, et d’autre part le renforcement des compétences des consultants d’entreprise (en particulier dans le secteur commercial) pour qu’ils soient en mesure d’apporter un conseil de qualité aux MPE agroalimentaires en développement. Il est basé à l’Aprosi (ex-Sodida), où il va notamment contribuer à créer un service d’informations techniques et commerciales. Le PROMER (programme de promotion des petites entreprises rurales) est financé par le FIDA. La première phase de 5 ans s’achève et une deuxième phase est en cours de définition. Le Promer a financé de nombreuses formations techniques de transformation des produits agricoles, forestiers et produits d’élevage. Il a également organisé des formations en gestion, esprit d’entreprise. Enfin il a financé des programmes d’alphabétisation en relation avec la Sodefitex (Bamtaare) et des ONG.

n Des actions sectorielles et/ou ponctuelles menées par des ONG Les ONG jouent également un rôle d’intermédiation entre des MPE et des prestataires avec des actions d’accompagnement (promotion, études et suivi du marché). C’est le cas nota m-ment d’Enda graf (notamment projet d’appui à l’entreprenariat féminin responsable – PER et InfoConseil avec le Gret), du Gret, de l’Aprofes (association de promotion de la femme séné-galaise) à Kaolack, l’Asacase (Association Sénégalaise pour l’Appui à la Création d’Activités Socio-Economiques) à Ziguinchor, le CAEF (Centre africain pour l’entreprenariat féminin), Ewa (ONG autrichienne), ADPES (association pour une dynamique de progrès économique et social), Terre des hommes et La Kora (appui artisanat), l'Association Nationale des Maisons Familiales Rurales de Thiès (ANMFR). Ces ONG organisent essentiellement des formations courtes, souvent techniques qu’elles fi-nancent, le plus souvent à 100 % sur des ressources extérieures. Elles s’adressent le plus sou-vent à des adultes en activité. Certa ines expérimentent des dispositifs de démultiplication des formations au sein des groupements socioprofessionnels où les apprenants prennent en charge les coûts réduits au minimum.

n Chambres consulaires : chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (CCIA) et chambres des métiers

L’artisanat alimentaire est très faiblement pris en compte dans les chambres des métiers.

Les Chambres de commerce, d’industrie et d’Agriculture dominée par l’Industrie et les orga-nisations de commerçants prennent peu en compte les petites entreprises. Conclusion sur le contexte

6 projets économiques tels que les équipements, les centrales d’achat, activités en commun telles que des voyages d’études, prospection commerciale et label, expertise collective pour la formation, les études de marchés

29

Cet aperçu rapide met en évidence la diversité de l’artisanat alimentaire et son caractère diffus (micro et petites entreprises disséminées sur tout le territoire national avec une concentration de certaines activités dans les centres urbains). Il montre également le dy-namisme des filières dont la structuration est souvent récente et encore dans l’ensemble peu « efficace ». Une des grandes difficultés est l’hétérogénéité des entreprises (micro et petites entrepr ises – artisanales et semi-industrielles - urbaines et rurales) qui évoluent dans un environnement très différent avec des contraintes, des moyens de production, des besoins d’information hétérogènes. Ceci constitue un frein à la fédération par filière qui a été souvent impulsée de l’extérieur, sans une réelle motivation à la base.

Ces organisations commencent parfois à se soucier davantage de leur représentativité, de leur rôle et de leurs missions et reçoivent depuis peu des appuis de quelques projets et institutions. Elles constituent sans aucun doute une porte d’entrée pour développer un système de formation en direction de ce secteur d’activités.

Les besoins de formation sont importants tant sur le plan des techniques et technologies, de la gestion des activités que de l’éducation de base. En effet ce secteur est largement dominée par les femmes, en très grande partie analphabètes alors que les offres de forma-tion s’adressent le plus souvent à des apprenants sachant lire et écrire en français. Ainsi le fort taux d’analphabétisme s’il n’a pas empêché ce secteur de se développer et aux artisa-nes de transmettre leur savoir-faire, limite les possibilités d’acquisition de nouvelles compétences techniques et plus largement le développement du secteur.

Ainsi une approche d’EQJA qui vise à associer dans des cursus de formation l’alphabétisation, l’éducation à la vie courante et les compétences professionnelles paraît à priori tout à fait pertinente pour autant qu’elle se base sur des métiers et de compéten-ces qu’ils restent à définir et reconnaître dans le cadre d’une concertation entre l’Etat et les organisations professionnelles.

Les études de cas et les entretiens réalisés dans le cadre de cette étude permettent d’approfondir les offres de formation actuelles, les expériences de dispositifs alternatifs et de préciser les enseignements et recommandations à prendre en compte dans la défini-tion d’une stratégie d’EQJA pour ce secteur.

30

III. ETUDES DE CAS ET COMPTES-RENDUS D’ENTRETIENS

1. Choix des études de cas et entretiens

Exemples Etude de cas et EntretienS

Offre publique de formation CRETEF et CETF

ITA

Cretef de Grand Yoff (Dakar) ITA

Dispositif de financement par des fonds de formation

ONFP

FONDEF

ONFP

Formations financées par des projets

PAPES, PROMER, DYNA entreprises, PAOA, ..

PAPES, PROMER

Formations organisées par des ONG

Enda graf, Gret, Aprofes, Asacase, CAEF, ANMFR,…

Enda graf/gret

Formations initiées par des OP

APPAS AAPAS

Personnes ressources Sanoussi Diakhité

31

2. Tableau synthétique

Types de formation

Publics formésConditions

d'accèsPartenaires

Articulation avec éduc de base

Diplômes, attestations

Supports de formation

Lieux et durée des formations

Financement

Organismes publics ou para-publics

ONFP

Pas de formation - financement de

formations techniques courtes

+ gestion en AA

2 000 ces 2 dernières années :

promotteurs (1 600) et formateurs

(400)

Dépend des critères des formations financées

BIT/ PAPES, CRETEF, ITA

Financement de formations en

alphabétisation mais sans liens avec formations

techniques

Attestations remises par les

formateurs - sans évaluation

Dépend des critères des formations financées

Dépend des critères des formations

financées. 260 heures prévues

pour formations en alpha (sur 3-4

mois)

100 % du coût de la formation pris en charge par l'ONFP quand

individuels - cofinancement

quand entreprise.Formati

on en alpha environ 50 000

FCFA / personne

ITAModules de formations

techniques courtes

150 personnes / an (depuis 10 ans)

dont formateurs

Le plus souvent, les projets qui

financent (ou font financer par

l'ONFP) sélectionnent les

participants

Promer, ANCAR, Dyna Entreprises

(fin du projet), CRETEF

Aucune. Parfois grande

hétérogénéité entre formés

Attestation - réflexion sur

certification des formateurs formés

En français uniquement

Souvent à l'ITA. 6H / jour, en

moyenne durant 10 jours

Entre 75 et 85 000 F/ personne (10 j

en moyenne). Financements pris

en charge par projets ou ONFP.

Coût plus élevés si les agents de l'ITA

se déplacent

CRETEF (centre régio d'enseignement tech féminin)

Formations en 3 ans - concernent

seulement en partie AA (via restauration)

Plutôt jeunes filles

Niveau nécessaire = classe de 4ème

avec tests à l'entrée

ONFP, Enda, ENFEFS, YMCA,

copération luxembourgeoise

Modules d'alpha (français et

langues nationales) - 4H / semaine et

avec ECB articulées (6h /

semaine en langues nationales)

Attestations (90% inscrits

l'obtiennent sur 3 ans). CAP

restauration et projet CAP en AA

(coop luxembourgeoise)

En français uniquement

Dans les CRETEF et CETEF -

formations en 3 ans avec 30 H/

semaine (+stages) - soit plus de 400

heures

Etat et participations des formés (20 000 F année 1 puis 17 500F + 1 500 F/

mois)

32

Types de formation

Publics formés Conditions d'accès

Partenaires Articulation avec éduc de base

Diplômes, attestations

Supports de formation

Lieux et durée des formations

Financement

Projets

Promer

Financements de formations courtes, notamment en AA.

Formation également en gestion, esprit

d'entreprise etc

Plutôt femmes (jeunes filles peu

intéressées) membres de GPF dans les régions. 4400 formés en 5

ans (alpha, technique et gestion etc)

Les GPF choisissent les membres qui participeront

Prestataires après appels d'offre (ITA

notamment). Bamtaare (branche

Sodefitex) pour alpha

Formation en alpha fonctionnelle (plus

de 2 200) et technique mais à

des moments séparés

Attestation en fin de formation

Public largement non alphabétisé - formations plutôt

en langues nationales (tous ne parlent pas le

wolof)

Dans les régions, parfois à Dakar (ITA). Pour les formations en

alpha 300H sont prévues sur 6

mois puis alpha fonctionnelle

Prise en charge PROMER.

Demande de cofinancement

des formés quand déplacement

(généralement 10 000 F)

PAPES (projet d'appui aux petites entreprises du sénégal

Financement, via l'ONFP, de

formations courtes en gestion GERME

et CREE du BIT

Membres des groupements

d'affaire avec qui travaillent le

PAPES

Doivent savoir lire et écrire (niveau 1) en français d'où 50 % des demandes

rejetées

BIT, ONFP

Rien jusqu'à présent. Formation préalable en alpha

prévue

Attestation en fin de formation Français

Plusieurs formations BIT (gestion) sur 12

mois. Alpha : 6H / semaine pdt 6 à 9 mois - environ 180

heures

Financement ONFP pour

formations BIT. Cofinancement

prévu PAPES et formés (10 à 25%)

pour alpha : 25 000 F par formés

(pour 6 mois) prévus

Gret - Enda

Formations courtes : techniques,

hygiène, qualité, gestion,

commercialisation

Plus de 1000 personnes

formées dans le cadre des

programmes PPCL et AVAL

(1998-2001), sans tenir compte des démultiplications

(par OP notamment)

Les formations s'adressent surtout aux membres des

micro et petites entreprises de transformation

(généralement par des femmes), Pas de pré-requis sur l'alphabétisation

Choix de faire intervenir des prestataires

locaux : bureaux d'études,

consultants, projets, instituts de recherche,

ONG, CRETEF, ENFEFS, ITA,

CAEF

Pas de liens explicites avec

l'alphabétisation (réalisée

séparément par Enda graf) mais

renforcement des compétences

"généralistes" des entrepreneurs

Attestation en fin de formation

Supports de formation

généralement en français (parois en Wolof). Hypothèse

que les formés peuvent trouver un

traducteur si analphabètes en

français

Les formations se sont déroulées

dans les caisses de crédit d'Enda

graf, au CRETEF, à l'ENFEFS etc. Généralement,

formations courtes de 10 jours

Prise en charge par les projets (PPCL, AVAL).

Coût d'une formation courte

(moins de 10 jours) de l'ordre de 800 000 F. Pas de

cofinancement des entreprises

Organisation professionnelle

AAPAS

Formations / sensibilisations sous forme de

réunions. Bcp dans restauration

Femmes transformatrices et mères de famille.

Femmes travaillant dans les

gargotes

Ouvert à tous (aussi

consommateurs)Gret-Enda

Aucune formation complémentaire en éducation de base

malgré fortes demandes

Pas d'attestationRecettes en

français

Réunions dans les quartiers de Dakar (écoles, maisons,

cours)

Cotisations de 500 à 1000 F par

réunion / personne. Pas

d'autres subventions

jusqu'à présent

33

3. Etude de cas Cretef

Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec Mmde FALL, directrice du CRETEF de Grand Yoff - Dakar

Tel : 827 65 59

Trente et une (31) personnes, administratifs et professeurs travaillent au CRETEF de Grand Yoff.

Cinq (5) CETEF dépendent du CRETEF de la région de Dakar situés à Ouakam, Médina, Pi-kine , Rufisque et Thiaroye.

Les CRETEF réalisent des formations en 3 ans (celle qui concerne la transformation agroali-mentaire est la formation restauration-hôtellerie) mais également des formations courtes quand ils sont sollicités par des projets ou par l’ONFP.

3.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation

Actuellement, la formation assurée par le CRETEF qui concerne la transformation de produits alimentaires est la formation en alternance (théorique et pratique) « restauration et hôtellerie ».

Les formations CRETEF se déroulent en 3 ans. La première année est consacrée à un tronc commun où toutes les filières de l’école sont enseignées. A la fin de la première année l’aptitude technique de la formée est étudiée par le CRETEF qui propose à l’individu de s’orienter vers telle ou telle spécialisation.

Pour la formation restauration et hôtellerie, les enseignements débutent par un enseignement de base sur l’alimentation. Puis la conservation des aliments est abordée (effets de la chaleur sur les aliments etc) – apprentissage du séchage, les apports nutritionnels des différents ali-ments, l’objectif de l’enseignement étant « de pouvoir bien se nourrir sans trop dépenser ». Des études pratiques concernent également l’étude des plats (locaux et étrangers), la transfor-mation des produits alimentaires (farine de mil, confection de jus etc) et les aspects liés à la consommation de ces produits. Enfin, les aspects liés à l’hôtellerie sont abordés : gestion des denrées alimentaires, comportement en cuisine, gestion d’un restaurant, économie d’un restau-rant et savoir être (accueil, présentation…).

La finalité de cette formation est que les formées soient en capacité de travailler dans un res-taurant ou de se mettre à leur compte. Après les formations, les formées sont incitées à se re-grouper en GIE, notamment pour trouver des financements leur permettant de démarrer une activité. De 15 à 20 personnes (correspond à l’effectif d’une promotion) pe uvent se regrouper et monter un GIE.

3.2 Publics formés

Le CRETEF de Grand Yoff réalise ces formations depuis 1981, avec en moyenne 300 élèves par an. Les formés peuvent avoir de 19 à 45-50 ans, l’âge minimum requis étant de 15 ans. L’année dernière, la promotion restauration – hôtellerie comprenait un quart d’hommes. Les promotions des CRETEF peuvent donc être très hétérogènes.

Le CRETEF est confronté à un problème d’exiguïté de ses locaux. Un projet de construction de nouveaux locaux a été accepté par l’Etat sénégalais, depuis deux ans, mais le nouveau cen-tre n’est toujours pas opérationnel.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

34

3.3 Partenaires des formations

L’Etat sénégalais est le principal partenaire de ces formations. L’ONFP leur confit également des formations, principalement en transformation de fruits et légumes, ainsi qu’ENDA pour une formation en restauration qui a eu lieu dans les locaux du CRETEF.

L’ENFEFS est également un partenaire qui réalise des formations de formateurs. Des forma-teurs du CRETEF se forment ainsi via l’ENFEFS.

3.4 Objectifs des formations

Les formations s’adressent à la fois à des femmes exerçant déjà une activité liée à la trans-formation mais également à des débutantes. Par exemple, les groupes amenés par l’ONFP sont fréquemment composés de femmes qui travaillent, certaines gèrent un restaurant (gargotes), d’autres ravitaillent les bateaux (pécheurs) etc.

Les niveaux de recrutement sont variables selon les formations. Pour la section restauration, le niveau nécessaire est celui de la classe de 4ème. Des tests de niveau sont effectués (dictées, rédactions, mathématiques etc). Pour Mme Fall, le fait d’être alphabétisé ne constitue pourtant pas une condition indispensable pour suivre une formation au CRETEF.

Pour les formations courtes, une des premières questions posées aux participants est de savoir en quelle langue ils souhaitent suivre la formation. Si la formation se fait en langue nationale, il n’y aura que des informations orales et pas de traces écrites puisque les supports sont dispo-nibles uniquement en français. Le CRETEF s’arrange pour faire des regroupements entre ceux qui choisissent l’enseignement en langue national et ceux qui souhaitent suivre la formation en langue française.

Des compléments en alphabétisation sont prévus par le CRETEF. Un spécialiste en alphabéti-sation est chargé de l’enseignement des langues nationales et dans une moindre mesure du français. L’alphabétisation en français est essentiellement assurée par YMCA (Young Men Christian Association). Les formations en alphabétisation sont intégrées à l’emploi du temps à raison de 4H par semaine avec d’éventuelles séances supplémentaires le samedi. A l’issu des 3 ans de formation, les formés savent en général lire et écrire et réaliser les opérations de calcul élémentaire. L’alphabétisation en langue nationale et en français est effectué en parallèle, sans articulation formalisée.

Un autre partenaire des CRETEF pour l’alphabétisation est la DAE (Direction alphabétisation et éducation de base). Le CRETEF travaille ainsi avec deux classes ECB (Ecoles communau-taires de base) depuis deux ans. Il s’agit « d’ECB articulées », les ECB se chargeant de l’alphabétisation en langues nationales (à raison de 6H par semaine), et les CRETEF de la formation technique.

Pour Mme FALL, une alphabétisation en français est nécessaire mais doit s’accompagner d’une formation en langues nationales. Une fille de 16-17 ans qui n’a jamais suivi d’enseignement en français et qui réalise la formation CRETEF de 3 ans, n’aura qu’un faible niveau en français à l’issu des 3 ans. C’est pourquoi il est nécessaire de compléter par un ap-prentissage en langues nationales. Une formation de base en anglais est de plus assurée au sein des CRETEF pour la filière restauration-hôtellerie.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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3.5 L'offre de formation Des entretiens sont réalisés avec les postulantes aux formations de 3 ans pour vérifier qu’elles ne s’engagent pas dans la formation uniquement suite à un échec scolaire. Les entretiens ser-vent donc à vérifier les motivations des postulantes pour les filières concernées.

Les contenus de formation sont définis par l’Etat depuis 1965, mais les besoins actuels ont évolué. Les programmes sont donc en cours de modification, notamment sous l’impulsion de la coopération luxembourgeoise qui a réalisé une étude sur les besoins de formation au Nord du pays (cf ci-dessous).

La certification des formations apparaît comme un besoin crucial des CRETEF. Les attesta-tions sont apparemment peu valorisées sur le marché du travail. La filière restauration-hôtellerie est présentée comme la plus prisée et semble être un créneau très porteur. Mais les formés se trouvent en concurrence avec des diplômés des CAP ou BEP d’Etat, qui sont privi-légiés par les employeurs et notamment les hôtels. Le diplôme rassure les employeurs et faci-lite également les recherches de financement pour monter une activité. Les certifications ont encore moins de valeur lorsque les formés cherchent du travail à l’étranger (notamment dans la sous région).

Les CRETEF souhaitent donc s’orienter vers des formations diplomantes. Depuis l’année der-nière, les CRETEF (et CETEF) proposent un CAP d’Etat en restauration. Ces premières promotions seront donc diplômées à la fin de l’année en cours (2004/2005). La coopération luxembourgeoise appuie ce projet et intervient auprès des CRETEF et CETEF du Nord du Sénégal à Matam, Podor, St-Louis et Dagana. Les centres ont été reconstruits et un travail d’élaboration de programmes est également mené.

Il est prévu que par la suite les CAP couvrent 7 filières, dont l’agroalimentaire (transformation et conservation des produits), l’hôtellerie, la couture et confection, la céramique, l’agriculture et l’élevage, la santé.

3.6 L’organisation et la gestion des formations

Les participants aux formations CRETEF ont 30 H de cours par semaine complétées par des stages en dehors de l’établissement. Un contrôle quotidien des présences est effectué.

De l’ordre de 90 % des individus commençant la formation obtiennent l’attestation à l’issu des 3 ans.

3.7 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)

Les CRETEF sont financés par l’Etat sénégalais. Ils sont à la fois composés d’un personnel enseignant fonctionnaire et de professeurs payés par les centres.

Des droits d’inscription de 20 000 F sont demandés pour la première année, puis de 17 500 F pour chacune des deux années suivantes. Une participation mensuelle de 1 500 F mois doit également être versée aux CRETEF par les formés.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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4. Etude de cas : PROMER

Rencontre à Dakar et à Tambacounda (octobre 2004) direction du Promer : El Hadj Diallo, directeur et Hyacinthe Mbengue, directeur technique – Tel : 981 11 01 – [email protected]

Rencontre à Dakar le 24 septembre 2004 avec SEGA DIALLO – agent de l’antenne PROMER à KIDIRA (région de Tambacounda) - Tel : 657 37 78 - [email protected] 7

Les éléments ci-après ont été rédigés à partir de la mission de formulation de la phase II du Promer à laquelle le Gret a participé et à partir des éléments fournis par Sega Diallo (sur la base de ses connaissances des activités du PROMER dans la région de Tambacounda)

Le Projet de Promotion des Micro-Entreprises Rurales (PROMER) a démarré ses activités en juin 1997. Son coût total s’élève à 10,94 millions de Dollars US dont 67% sont couverts par les prêts du FIDA (n° 402-SN et SRS-47-SN). Sa durée initiale, de six ans, a été prolongée de deux années, courant 2002, sans apport budgétaire complémentaire.

Le PROMER s’inscrit dans un contexte de désengagement de l’État et d’encouragement du secteur privé formel ou informel à prendre en main les activités productives et commerciales. La micro entreprise s’est alors révélée être un moyen pour réduire la pauvreté en milieu rural. Les activités non agricoles de transformation et de services représentent une alternative à l’exode rural pour les jeunes et offrent aux femmes la possibilité de mener des activités rému-nératrices, notamment des activités productives pouvant valoriser leur savoir-faire.

Le PROMER vise donc le développement de micro-entreprises non agricoles en milieu rural dans quatre régions du Sénégal : Tambacounda et Kolda, dans un premier temps, avec une extension à Kaolack et Fatick à mi-parcours. Ces quatre régions, touchées par la crise arachi-dière et le déplacement de la zone cotonniè re, représentent environ 51% du territoire national et une population de l’ordre de deux millions d’habitants. Tout en disposant de ressources agro-pastorales, elles présentent un isolement et un sous développement chronique, particuliè-rement pour Tambacounda et Kolda.

Les objectifs du PROMER sont ainsi définis :

> Créer de nouveaux emplois saisonniers ou permanents rémunérateurs et, par voie de conséquence, améliorer les revenus des familles rurales pauvres;

> Augmenter la production de biens et services de qualité à travers la valorisation des pro-ductions agricoles locales ;

> Allonger la période du travail productif annuel au-delà de la période des travaux agric o-les ;

> Réduire l’exode rural grâce aux opportunités de travail pour les jeunes.

Les groupes cibles du projet devaient être constitués par des individus ou des groupements porteurs d’initiatives économiques. Les femmes et les jeunes devaient être des groupes prior i-taires et les couches les plus pauvres de la société étaient particulièrement visées par l’appui à la création de micro-entreprises devant représenter 70% des MER8 appuyées. En terme quanti-tatif, le groupe cible était estimé à 4 000 personnes dont 30% bénéficieraient des appuis du projet, soit 1 200 micro-entreprises à 50% détenues par les femmes. Environ 1 000 d’entre

7 Et contact du responsable régional de Tambacounda Massamba DIOP : 981 11 01 – 981 20 36 8 MER : Micro-Entreprise Rurale.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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elles devaient bénéficier d’un financement pour un montant total de l’ordre de 800 millions de FCFA et 200 de formations uniquement. Les emplois attendus étaient estimés à environ 3 000. La mise en œuvre devait adopter une démarche progressive et développer un mode d’intervention faisant largement appel à la sous-traitance (le faire-faire). L’intervention était prévue sur deux régions dans un premier temps : Tambacounda et Kolda, avec une extension, à mi-parcours.

Pour atteindre ses objectifs, la mise en œuvre du PROMER repose sur les effets conjugués de deux composantes principales : i) appui au développement des Micro-Entreprises Rurales (MER) et ii) financement des MER dont la mise en œuvre est confiée à une institution de mi-crofinance, le CMS (Crédit Mutuel du Sénégal), co-bailleur du projet9. Une troisième compo-sante permet d’assurer le suivi et la gestion du projet.

Placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et de l’Hydraulique, le PROMER est super-visé par un Comité de pilotage. L’Unité de Gestion du Projet (UGP) relativement légère, est complétée, dans chacune des quatre régions d’intervention, par une cellule régionale 10.

4.1 Descriptif rapide des actions de formation

Les formations proposées par le Promer font partie des services non financiers proposés aux micro entreprises rurales dans les régions d’implantation du projet : Tambacounda, Kolda, Kaolack, Fatick. Le Promer a réalisé de nombreuses formations techniques, sur des doma ines très variés correspondant aux activités exercées par les micro entreprises rurales soutenues (MER), dont aviculture, bijouterie, boulangerie, coiffure, électricité, informatique, mécanique etc. Les activités de transformation alimentaire sont elles aussi concernées par les formations techniques : transformation de fruits et légumes, d’huile d’arachide, de noix de cajou, des pro-duits halieutiques et du lait. Les formations ont démarré en 1998 pour les régions de Tamba et Kolda et en 2001 pour les régions de Kaolack et Fatick.

Répartition des MER par groupes de filières et secteurs d’activités / par région

Sect act/ région Tamba (1998-2003)

Kolda (98-2003)

Kaolack (2001-03)

Fatick (2001-03)

Total % total

Transfo pts agri et forestiers11 Hors savonnerie artisanale

199 195 90 94 578 426

43 % 31 %

Métal mécanique 39 26 54 20 139 10 % Production ani-male 12

78 50 17 39 184 13 %

Services et autres 161 142 92 63 458 34 % TOTAL GLOBAL 477 413 253 216 1 359 100 %

9 Le Crédit Mutuel du Sénégal (CMS) devait co-financer à hauteur de 50% la ligne de crédit destinée au finance-ment des MER. 10 Les cellules régionales interviennent sur des unités géographiques d’interventions appelées ZAEP ( zone d’animation économique polyvalente) couvrant de cinq à six communautés rurales. Chaque ZAEP est encadrée par un agent d’animation économique polyvalent (AEP) en contact direct avec les micro-entrepreneurs. 11 Dont boulangerie (169 MER) et savonnerie (152 MER) 12 La transformation de produits halieutiques et laitiers sont intégrés dans ces secteurs d’activité mais ne représen-

tent que 22 MER sur toutes les régions de la phase I

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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En plus des formations techniques, des « formations transversales » ont également été réali-sées : GERME, entreprenariat féminin, esprit d’entreprise, législation du commerce et comp-tabilité gestion. Enfin des formations en alphabétisation ont également été proposées mais ont été réalisées sans liens directs avec les autres formations.

Participants aux formations selon les thèmes, par région Tamba

(1998-2003)

Kolda (98-2003)

Kaolack (2001-03)

Fatick (2001-03)

Total % total

Formations techni-ques :

581 357 216 263 1 417 32 %

Dont transformation alimentaire

26 57 26 53 162 11 %

Dont savonnerie artisanale

192 123 30 89 434 31 %

Formations trans-versales

77 239 277 203 796 18 %

Alphabétisation 1 062 898 160 106 2 22613 50 % TOTAL GLOBAL 1 720 1 494 653 572 4 439 100 %

Au total (depuis 1998 pour Tamba, Kolda et 2001 pour Kaolack et Fatick) plus de 4 400 per-sonnes ont participé à des formations dont plus de 1 400 pour les formations techniques ; envi-ron 800 « formations transversales » et plus de 2 200 pour l’alphabétisation. Sur les 1 400 participants aux formations techniques, il s’agissait pour plus de 160, de formations en trans-formation alimentaire (de l’ordre de 11 %).

Les formations transversales ont essentie llement porté sur l’esprit d’entreprise (de l’ordre de 68 %). L’évaluation de la première phase du Promer a fait apparaître une substitution de l’apprentissage prévu par des sessions courtes de formations techniques14. Le constat a égale-ment été fait que les besoins d’apprentissage « flagrants » exprimés par les micro entreprises rurales vis à vis des technologies appropriées de transformation n’avaient été que peu pris en compte.

Ces formations s’adressent principalement à des groupements féminins, qui sont chargés de sélectionner en leur sein les participantes à la formation.

Les formations durent en général 11 jours.

Les objectifs de ces formations sont de permettre aux formés de pouvoir démarrer une activité génératrice de revenus, ou de la renforcer, par exemple avec une formation comprenant des appuis pour la recherche de nouveaux marchés (en lien avec les boutiques des MER).

Il ne semble pas que les objectifs de compétences à atteindre à l’issu de la formation soient clairement explicités par le PROMER. Le PROMER réalise apparemment un suivi post- for-

13 Dont 1829 femmes 14 La distinction entre l’apprentissage et la formation se base sur le nombre de jours que le bénéficiaire y consacre,

soit plus de 24 jours pour l’apprentissage

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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mation (par exemple en étudiant l’incidence d’un module de gestion sur la comptabilité en analysant après formation la tenue des comptes des MPE). Pour Sega Diallo, il semble diffi-cile de définir des critères précis d’acquisition de compétences, particulièrement en milieu rural.

4.2 Public cible

Les formations agroalimentaires s’adressent essentiellement à des femmes adultes. Les jeunes filles ne sont pas exclues volontairement par le PROMER mais ne semblent pas intéressées, préférant la restauration, la coiffure ou la couture etc Le PROMER s’adresse à des groupements qui représente nt une « porte d’entrée » pour mieux cerner les demandes individuelles de formation.

4.3 Objectifs des formations

Le PROMER dispense à la fois des formations en alphabétisation et des formations « quali-fiantes », mais à des moments séparés. Pour certaines for mations portant sur la transformation agroalimentaire, les formés doivent savoir lire et écrire pour pouvoir participer15.

Les formations peuvent avoir lieu en français comme en langues nationales (ce point est préci-sé dans les termes de référence de la formation auxquels doivent répondre les prestataires de service).

Les formations en alphabétisation fonctionnelle ont démarré en 2000 et se sont véritablement développées en 2002. Le Promer a sous-traité cette activité à la Sodefitex, via Bamtaare16 ainsi qu’aux inspections académiques pour le contrôle externe. La majorité des formations semblent avoir eu lieu en Pullar, Mandingue et Wolof. La première année, une formation en alphabéti-sation est prévue sur 6 mois (environ 300 H). La deuxième année, une deuxiè me série de for-mation est dispensée au titre de l’aspect fonctionnel de l’alphabétisation. L’application des connaissances s’est déroulée au niveau des micro entreprises par la mise en place de docu-ments comptables d’enregistrement (livre de caisse, fiche de stock, carnets de reçu etc). L’entretien des acquis est qualifié de fondamental pour lutter contre l’érosion des connaissan-ces des « néo-alphabétisés ». On peut de même noter que l’évaluation a fait apparaître que des tests de vision à l’entrée auraient été intéressants vu que ce problème est récurrent dans la sous région.

Les formations en alphabétisation ont majoritairement concerné les femmes (80 % des for-més).

Les durées d’alphabétisation ont été jugées importantes lors de l’évaluation de la phase I du Promer, plus longues en tout cas que dans la sous région (Mali par exemple). Les tests en cours et en fin de formation en alphabétisation présentent en revanche des taux très satisfai-sants, compris entre 80 et 90 % des formés. Les tests sont à la fois réalisés par les formateurs de Bamtaare et le Promer (contrôle interne) mais également par l’inspection académique (contrôle externe).

15 Les taux d’alphabétisation sont souvent très faibles dans les zones du Promer. Dans la région de Fatick (en zone rurale) les taux peuvent être de moins de 30 % d’alphabétisés pour les hommes et de 15 % pour les femmes

16 Bamtaare signifie Base d’appui aux méthodes et techniques pour l’agriculture, autres activités rurales et envi-ronnement. Cet organisme est le prestataire de développement rural de la Sodefitex (branche autonome)

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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4.4 L'offre de formation

Comme mentionné plus haut, les formations en alphabétisation ont été sous traitées à la Sode-fitex, via Bamtaare mais également à certaines ONG.

Pour les autres formations, les personnes intéressées doivent remplir un dossier où on leur demande d’exprimer leurs attentes et leurs besoins en matière de formation. Une fois que le PROMER dispose d’un nombre suffisant de demandes sur des thèmes similaires, les TDR pour une formation correspondante sont rédigés et un appel d’offre est lancé. Les formations ont donc été dispensées par des prestataires de services : l’ITA notamment pour l’agroalimentaire et que lques ONG et bureaux d’études basés à Dakar ou dans les régions pour les autres formations.

Le Promer a fait appel pour certaines formations à des artisans-formateurs (fabrication d’équipements, menuiserie). Il a également appuyé l’apprentissage (35 personnes). Ce volet était beaucoup plus important dans le document de projet mais le Promer a préféré appuyer des sessions courtes de formation (des personnes pouvant assister à plusieurs formations, par ex technique+ transversale : gestion,…) plutôt que l’apprentissage (beaucoup plus long).

Il n’est pas encore arrivé que des formés deviennent à leur tour formateur (il faudrait pour cela qu’ils répondent à l’appel d’offre), même si pour Sega Diallo, quelques-uns uns en auraient les capacités.

4.5 L'organisation et la gestion des formations

Les formations en alphabétisation se déroulent sur 300H, étalées sur une période de 6 mois (3 à 4 après-midi par semaine). Elles sont réalisées par des formateurs de Bamtaare, auprès de groupes de 20 à 25 personnes, réunies dans des centres villageois.

Selon l’expérience de S DIALLO dans la région de Tambacounda, les formations techniques et transversales sont généralement dispensées dans la commune de Tambacounda (le plus sou-vent au « centre de départ pour l’éducation populaire ») et une a eu lieu à Dakar (formation assurée par l’ITA dans ses locaux). Il semble que pour les formations par l’ITA, le Promer préfère les faire à Dakar en raison des coûts de déplacement des agents de l’ITA et des équi-pements disponibles.

Si l’offre de formation est locale, les formations se déroulent soit dans les locaux du presta-taire soit dans une salle disponible en général dans la capitale de région.

Une attestation, co-signée par le prestataire et le PROMER, est remise aux participants en fin de formation.

4.6 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)

Le Promer prend en charge le coût des différentes formations.

Une participation financière est demandée aux participants pour les cas où la formation impli-que un déplacement (par exemple formation à Dakar par l’ITA), qui peut-être de l’ordre de 10 000 F pour une dizaine de jours, le reste étant pris par le budget formation du PROMER.

La formation esprit d’entreprise par Bureau d’étude Camad consulting group : 76 000 F/personne pour 4 jours

Les formations CREE et GERME du BIT coûtent environ 150 000 F par personne pour 10 à 12 jours. Les participants cofinancent en moyenne à hauteur de 25 % (ensemble des forma-tions réalisées au Sénégal).

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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Les formations ITA sont généralement d’une durée de 5 jours et coûtent de l’ordre de 80 000 à 100 000 FCFA par personne.

4.7 Les résultats

(cf chiffres indiqués au début de l’étude de cas)

Selon Sega Diallo, l’offre du PROMER reste très insuffisante par rapport aux besoins de for-mation de la zone de Tambacounda.

5. Etude de cas : PAPES

Compte rendu d’entretien avec Malick Sy – directeur du projet PAPES (projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal) – ONUDI/coopération autrichienne

Rencontre à la SODIDA – le 11 octobre 2004

Direction Générale APROSI (ex-SODIDA), Rue 14 plongée HLM x avenue Bourguiba

BP 4112/ 17551 – 864 09 07 – [email protected]

Le PAPES (Projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal) est mis en œuvre par l’ONUDI. Il s’inscrit dans le cadre de la coopération bilatérale entre le gouvernement du Sé-négal et celui de l’Autriche. Le projet est placé sous la tutelle du ministère de l’industrie et l’artisanat. Il a pour objectif de renforcer les capacités d’auto-organisation et la restructuration professionnelle du milieu des petites entrepr ises sénégalaises en priorité dans trois zones : Dakar, Thiès et Saint Louis. Son intervention repose sur un appui à la création de groupement d’affaires (quelques entreprises qui se regroupent pour mener des activités en commun), l’appui à des projets collectifs de ces groupements17, l’appui institutionnel aux organisations professionne lles, la défense des intérêts des PE dans le cadre des réformes en cours sur l’environnement des entreprises.

La première phase du PAPES (2001-2004) se terminera fin décembre 2004 et le démarrage de la deuxième phase est espérée dès janvier 2005. Dans la deuxième phase du projet, des forma-tions en alphabétisation seront proposées (en préalable aux autres formations).

5.1 Descriptif rapide des projets - objectifs et actions de formation

Les formations dispensées lors de la première phase du projet ont exclusivement concerné le renforcement de la capacité managériale (esprit d’entreprendre, gestion, marketing etc) des entrepreneurs suivis par le PAPES (groupements d’affaires et membres du bureau des fédéra-tions). Les formations soutenues par le PAPES n’ont donc concerné que des entrepreneurs en activité. Le PAPES travaille avec des groupements, qui regroupent de 6 à 10 personnes et des organisations professionnelles.

Concernant la transformation agroalimentaire, les principales filières sont prises en compte par le projet : halieutiques, fruits et légumes, lait, céréales et aviculture.

17 projets économiques tels que les équipements, les centrales d’achat, activités en commun telles que des voyages d’études, prospection commerciale et label, expertise collective pour la formation, les études de marchés

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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Les formations dispensées sont les modules GERME et CREE du BIT.

5.2 Public cible PAPES I

Les pré requis de ces formations sont de savoir lire et écrire. Le PAPES a repris la classific a-tion BIT qui mesure le degré d’alphabétisation.

– Niveau 0 : analphabète – Niveau 1 : savent globalement lire et écrire – Niveau 2 et 3 : connaissances plus élevées

Pour suivre les formations GERME et CREE, les postulants doivent au minimum avoir le ni-veau 1. Des fiches d’identification sont à remplir par les postulants aux formations et la ques-tion du degré d’alphabétisation est posée ouvertement. La sélection des participants ce fait sur la base de ces fiches.

La démarche du PAPES auprès des groupements d’affaire se déroule sur 18 mois : les 6 pre-miers mois sont réservés à de l’animation (techniques d’animation participatives pour que les groupements identifient les problèmes rencontrés par le groupement d’affaires) ; les 12 mois restants sont utilisés pour des appuis à la réalisation du projet du groupement d’affaires et pour des renforcements de capacités, notamment avec les formations BIT (GERME et CREE). L’objectif final est que les groupements d’affaires soient plus structurés et aient défini des programmes stratégiques de développement. Cette démarche du PAPES sur 18 mois est struc-turée dans un module dit « d’animation économique », spécifique à l’ONUDI (mis en place dans 18 pays). Une trentaine d’animateurs ont déjà été formés au Sénégal à cette méthode pour pérenniser les actions entreprises par le programme. Cette méthode pourrait également être enseignée à l’ENEA (Ecole Nationale d’Economie Appliquée).

5.3 Public cible PAPES II

Lors de sa première phase, le PAPES a pu constater que de très nombreux postulants ne pou-vaient suivre les formations du fait de ce pré – requis sur le niveau d’alphabétisation. Il a esti-mé qu’environ 50 % des demandes étaient rejetées car les postulants étaient analphabètes (ce qui représente de l’ordre de 500 personnes sur les 3 années de la phase I du PAPES). Dans la deuxième phase du projet, le PAPES a retenu de proposer des formations en alphabétisation qui seront un préalable aux formations GERME et CREE.

L’ensemble des entrepreneurs évalués au niveau 0 d’alphabétisation bénéficieront de ces for-mations jusqu’à ce qu’ils atteignent le niveau 1 requis. Les entrepreneurs ont insisté pour que le français soit la langue utilisée pour l’alphabétisation18. L’age des formés varie généralement entre 30 et 50 ans (représentatifs des entrepreneurs avec lesquels le PAPES travaille).

Pour le PAPES une formation complémentaire en alphabétisation est apparue indispensable. Sans ce complément, les formations techniques risquent d’être « gâchées ». Il est nécessaire que tous les membres des groupements avec lesquels le PAPES travaille puissent avoir un niveau équivalent d’éducation de base (important pour la dynamique de groupe).

Le PAPES travaille également avec des grands réseaux (d’envergure nationale et regroupant des milliers de membres) structurés en organisations professionnelles. Une formation en al-

18 Pour Malick Sy, directeur du PAPES, et d’après ses échanges avec le Ministère de l’éducation nationale, l’alphabétisation en français se nomme « instruction », le terme « alphabétisation » désignant le fait d’apprendre à lire et à écrire en langue nationale avec l’alphabet français…

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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phabétisation est également prévue pour les « leaders » de ces organisations (membres du bu-reau). D’importantes pertes de temps lors des réunions ont en effet été constatées en raison de la traduction nécessaire en langue nationale (problème également pour la prise de connais-sance des documents rédigés en français). Pour le PAPES, à partir d’un certain niveau de res-ponsabilité, il est dommageable de ne pas être alphabétisé en français. L’objectif du PAPES est également de faire porter par les organisations professionnelles les programmes d’alphabétisation pour qu’ils en assurent la diffusion auprès de leurs membres (inclure l’alphabétisation dans les services des fédérations à leurs membres). Pour ce faire, le PAPES formera des formateurs et leur transmettra des modules de formation en alphabétisation. Le PAPES essaie de convaincre les organisations professionnelles qu’elles doivent s’assurer que tous leurs membres soient alphabétisés.

5.4 L'offre de formation Les formateurs pour les modules GERME et CREE sont des prestataires externes, sous-contractants du projet. Il s'agit des agents de l’APROSI, agréés par le BIT, qui dispensent ces formations (dans le cadre de la convention PAPES – APROSI).

Pour l’alphabétisation, de 6 à 9 mois seraient nécessaires pour que les formés de niveau 0 at-teignent le niveau 1, à raison de 6 H de cours par semaine (2 H par jour / 3 jours par semaine). Les formations seront dispensées par des « opérateurs en alphabétisation », dont ACA (Asso-ciation, conseil pour action) qui a été conseillée au PAPES par le PAPF (Projet d’alphabétisation priorité femmes – projet de la Banque mondiale et de l’Etat sénégalais – Ministère de l’éducation).

5.5 L'organisation et la gestion des formations

Dans le cas des formations BIT (GERME et CREE) un diplôme BIT – PAPES est remis aux formés. Les formations GERME et CREE sont cependant jugées insuffisantes pour une véri-table appropriation des concepts par les formés. Le suivi de ces formations est également jugé déficient. Pour les formations en alphabétisation, il est également prévu qu’un diplôme soit remis à l’issu de la formation. Il était envisagé que se soit le PAPF qui remette ce diplôme, qui pourrait être reconnu par le Ministère de l’éducation.

Les lieux où se déroulent les formations sont choisis en fonction des zones de concentration des cibles du PAPES (les zones se situent dans la région de Dakar et de Thiès). Le formations peuvent se dérouler dans des salles de classes (après négociation avec l’école la plus proche), dans des ma isons ou dans des cours.

5.6 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)

L’ONFP a participé au financement des formations GERME et CREE dispensées lors de la première phase du projet19.Le PAPES est en contact depuis quelques temps avec le PAPF (Projet d’alphabétisation priorité femmes – projet de la Banque mondiale et de l’Etat sénéga-lais) qui devait participer au financement des formations en alphabétisation. Ces contacts n’ont finalement pu aboutir (PAPF ayant apparemment eu des problèmes, projet en fin de cy-cle ?). Le volet formation en alphabétisation de la deuxième phase du PAPES sera donc finan-cé intégralement sur le budget du projet.

Un co-financement sera demandé aux formés, de l’ordre de 10 à 25 % du coût de la formation.

19 Contact ONFP M SEN ou M FAYE

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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Le PAPES doit prochainement rencontrer l’ACDI (Agence de coopération canadienne) pour étudier d’éventuelles modalités de collaboration avec le projet PAPA (Projet d’appui au plan d’action en matière d’alphabétisation et d’éducation non formelle) dont l’exécution a été confiée au Ministère de l’éducation nationale du Sénégal. Le projet vise l’alphabétisation et l’amélioration de la qualité de l’éducation de base dans quatre régions rurales (Diourbel, Ta m-ba, Louga et Kolda)20.

Le PAPES a tenté d’évaluer le coût à prévoir pour les formations en alphabétisation. Le coût par formé en langue nationale pour un durée de 6 mois serait compris entre 15 000 et 20 000 FCFA par formé, tout compris (location de classes, matériel éventuel etc). Le PAPES comp-tant alphabétisé en langue française, le chiffre de 25 000 F par formé a été retenu pour les pré-visions financières effectuées par le projet.

Pour le PAPES, le plus efficace est de partir de l’entrée métier et d’y adjoindre des complé-ments en alphabétisation. Le PAPF de son coté, cherche à monter des programmes de mise en place d’activités génératrices de revenus qui pourront bénéficier aux alphabétisés qu’ils auront formés. Le PAPES estime qu’il est extrêmement préjudiciable que les entrepreneurs ne soient pas alphabétisés pour les formations en management.

Quelle pourrait être une formation qualifiante en transformation agroalimentaire ?

Pour Malick Sy, directeur du PAPES, 4 types de formations pourraient être distinguées : - Un CAP ou un BEP pour un public ayant un niveau en éducation de base mais ne ma î-

trisant pas le métier (des programmes complémentaires en éducation de base pour-raient être mis en place en parallèle pour former ceux qui n’ont pas le niveau requis)

- Une formation à destination de ceux qui ne maîtrisent ni le métier et qui sont analpha-bètes

- Une formation pour ceux qui sont déjà dans le métiers mais qui cherchent à se perfec-tionner

- Et éventuellement une formation pour les gens de niveaux élevés (Au moins Bac + 2) qui seraient incités à aller vers les métiers de l’agroalimentaire (technique et direction). Dans la phase II du PAPES il est prévu d’inciter les groupements d’affaire à recruter des « consultants de proximité ». Il s’agira de consultant junior (par exemple sorti de l’ENEA) pour participer à la mise en œuvre des plans stratégiques du groupements d’affaire. Ces consultants seraient au minimum de niveau Bac + 2 et pourraient être payés de 50 000 à 100 000 F/ jour par les entreprises.

6. Etude cas – Programmes et actions Gret – Enda graf

6.1 Des actions de renforcement des compétences des acteurs de l’artisanat, des micro et petites entreprises

Le Gret a participé au programme de promotion des artisans métal (PPAM) qui est devenu par la suite le PAMEC. Ce programme a mis en œuvre des actions de formations, nota mment dans

20 Projet démarré en 1996 avec un financement de 15 millions de $ - rapport d’évaluation http://www.acdi-cida.gc.ca/INET/IMAGES.NSF/vLUImages/Performance%20Review%20Branch/$file/PapaFr.pdf

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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les ateliers. Il privilégiait le renforcement des compétences techniques des patrons et employés d’entreprises « leaders » avec un objectif d’entraînement du secteur.

Le Gret a surtout mené depuis une dizaine d’années en collaboration avec Enda graf des pro-grammes d’appui au secteur agroalimentaire. Dans ce cadre de ces programmes, des actions qui pourraient se rapprocher de l’EQJA ont été menées en direction de petites et microentre-prises.

A titre d’exemple :

> Formation et appui aux entrepreneurs (et employés) des petites entreprises dans le do-maine de la gestion, des procédés techniques, de la gestion des équipements, de la qualité ;

> Formation et appui à des microentreprises en matière de procédés techniques (diversific a-tion des produits), hygiène et qualité.

Ces actions ont notamment été menées dans le cadre du programme de promotion des céréales locales (PPCL) dont la gestion a été confiée au groupement Gret/enda graf. (2 000 000 Ecus sur 4 ans , Financement : Unité de sécurité alimentaire de la commission européenne). L’objectif général du programme est d’améliorer la sécurité alimentaire (revenus et emplois milieux rural et urbain au Sénégal) en augmentant la consommation des céréales locales par les populations urbaines (notamment Dakar) à travers le développement d’entreprises pr ivées, semi-industrielles ou artisanales de transformation de ces céréales, et la promotion auprès des consommateurs de ces produits.

L’une des principales caractéristiques des interventions du PPCL réside dans la diversité des activités d’appui aux opérateurs. Les interventions concernent ainsi les différentes composan-tes de l’environnement et du fonctionnement des entreprises. Elles impliquent de mobiliser des compétences spécialisées en communication, en comptabilité et gestion, en commerciali-sation et marketing, en technologie alime ntaire, en enquêtes et sondages, et en animation au-près des femmes artisanes. Plutôt que de mettre en place une équipe « projet » lourde, la dé-marche du programme a consisté à travailler en partenariat avec un réseau d’organismes spé-cialisés : bureaux d’études nationaux, consultants locaux, projets, instituts de recherche et ONG.

Le renforcement des compétences des entrepreneurs a permis au secteur de la petite entreprise de s’organiser et de se consolider. En effet, le programme a aidé les entreprises à résoudre leurs problèmes techniques, d’organisation et de gestion, tout en tenant compte de leurs straté-gies propres. Le secteur s’est ainsi avéré rentable et créateur d’emplois. De nouvelles organi-sations socioprofessionnelles ont vu le jour tant au niveau des petites entreprises que des microentreprises et groupements de production.

En outre, le programme a eu un effet sur le secteur de l’appui-conseil aux petites entreprises, puisque le réseau de compétences créé a permis de développer progressivement une offre de conseils adaptée à la micro et petite entreprise, offre qui n’existait pas auparavant. De même, il a permis une professionnalisation dans le rapport consultant / entrepreneur.

6.2 Formation pour les Petites entreprises (filière céréales)

Les diverses formations réalisées dans le cadre du PPCL

n Gestion, comptabilité, législation

> Une formation pour les comptables dans le domaine de la tenue des comptes. Cette forma-tion a permis d’obtenir des améliorations quant à la clarté et à l’exploitation des données. (cabinet comptable)

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> Une formation sur le plan organisationnel, juridique et fiscal notamment, avec la mise à disposition des promoteurs d’un conseiller juridique et fiscal.

Bénéficiaires : 20 entreprises Formateur : cabinets Coût : 80 000 F/J pour le consultant – durée moyenne 40 heures (5 jours), coût par personne d’environ 50 000 FCFA

> Contenu pour les aspects juridiques : – Immatriculation au Registre de Commerce qui est l’une des premières formalités à

remplir en matière de création – Recherche d’un nouveau registre de commerce avec changement de nom commercial – Processus de changement de statut (Informations sur les avantages et inconvénients ) – Elaboration d’un contrat Bail – Processus de création d’une organisation socioprofessionnelle – Elaboration d’un plan de trésorerie prévisionnel pour faciliter le respect des engage-

ments de remboursement pris.

> Contenu pour les aspects fiscaux – Versement des retenues à la source – Contributions aux patentes – Droits d’enregistrements – Les taxes sur la valeur ajoutée

n Gestion de la qualité

La formation et l’appui conseil ont porté sur : – La sensibilisation des opérateurs et la mise en place de procédures au sein des unités en

hygiène et qualité. – La vérification ou la démonstration aux opérateurs de la validité des plans de nettoyage

par utilisation de boîtes de culture – Le contrôle des conditions générales de production au sein des unités.

L’adaptation du plan de formation aux besoins réels des opérateurs respectifs. Bénéficiaires : 20 entreprises Formateur : LAE (ESP) à 80 000 F/j d’honoraires – coût par personne : 50 000 F

n Commercial et marketing 2 types de formations au début (1998)

> 1er niveau - Nouvelles unités : séminaire pour leur permettre d'acquérir les principes de base de l'action commerciale.

Lieu : locaux d’Enda -Graf.

Formateur : BE IRIS

Nombre : 8 personnes

Objet : démarche commerciale, concepts marketing.

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Ainsi, les quatre composantes du mix (prix, produits, distribution, promotion) ont été tour à tour « visités » à partir d’une démarche pédagogique s’appuyant sur l’expérience des participants en matière de production et de commercialisation des céréales locales.

> 2ème - niveau était réalisé au sein même des entreprises. La formation d’environ 3 jours coûte de l’ordre de 30 000 F par personne (en raison du nombre limité de participants)

Dans ce cadre, il s'est agi d'augmenter la capacité d'intervention des agents chargés de la commercialisation.

Les coûts de formation correspondent aux journées passées par le consultant au sein de l’entreprise à raison de 80 000 F par jour, entièrement pris en charge par le programme.

Formations plus ciblées dans les entreprises ensuite (2000)

5 unités ont bénéficié d’une formation dans différents domaines – Management d’une équipe commerciale – Mise à niveau de nouveaux agents commerciaux – Tâches de suivi de l’agent commercial – Organisation des équipes commerciales par zone – Collecte de l’information commerciale dans les marches et boutiques – Techniques de négociations commerciales avec les commerçants grossistes – Renforcement de la capacité du chef du service commercial – Constitution d’un réseau de distribution adapté aux activités – Conception d’argumentaires commerciaux

Les coûts de formation correspondent aux journées passées par le consultant au sein de l’entreprise à raison de 80 000 F par jour, entièrement pris en charge par le programme.

n gestion technique des équipements

Un diagnostic de la situation des équipements de toutes les entreprises (état des équipements, maîtrise et niveau de formation) a été réalisé.

Une formation des opérateurs des machines en entretien des équipements d’une durée de 20 heures soit 5 demi-journées a ensuite été réalisée. Elle a porté sur les aspects suivants :

– Le principe de fonctionnement de chaque machine – Les différents types d’équipements – Les principaux organes de la machine – Les consignes d’installation – La manipulation – Les pannes récurrentes – Les démarches à suivre en cas de dysfonctionnement – Les principaux fournisseurs de pièces de rechange de la place – Les mesures de sécurité élémentaires – Les dossiers machines : importance et organisation

Formateur : consultant Coût de 80 000 F/j soit 200 000 F par entreprise. Le coût est relativement élevé car la forma-tion est réalisée individuellement dans les petites entreprises.

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n Quelques remarques générales sur ces formations

Les actions de formations étaient incluses dans un contrat de prestation de services annuels avec des consultants, bureaux d’étude, laboratoire ( selon les thèmes) qui comprenaient des actions de formations et des actions d’appui/conseil (accompagnement après la formation). Chaque année (1998 à 2001), un diagnostic d’entreprise était réalisé par le programme et les différents intervenants pour préciser les besoins de formation et d’appui/conseil.

Au départ, elles ciblaient surtout les chefs d’entreprises et se passaient sous forme de sémina i-res regroupant en un lieu tous les apprenants. Ensuite la formation dans les entreprises asso-ciant les différents employés a été privilégiée (souvent en wolof pour les ouvrières) qui a don-né de meilleurs résultats en terme d’impact sur la qualité, la gestion etc.

Le faible niveau de formation de base des employés a parfois posé des problèmes pour la compréhension de certains thèmes de formation, et pour le suivi (impossible de faire des sup-ports de formation et des supports de suivi renseignée par ces employés).

Le recours à des prestataires spécialisées privées se traduit par un coût élevé (60 à 80 000 F/j de prestations) et les entreprises ne participaient pas aux coûts.

6.3 Formation pour les Micro entreprises artisanales (filière céréales)

Les diverses formations réalisées dans le cadre du PPCL

n Formation en hygiène (ENFEFS) 1998

Au mois de mai, 142 femmes de Dakar et Thiès ont suivi des sessions de formation en hy-giène et en gestion. Elles ont été réalisées par l’Ecole Nationale de Formation en Economie Familiale et Sociale (ENFEFS).

Lieu : différentes caisses d'épargne et de crédit des quartiers pour ce qui concerne la ré-gion de Dakar. Par contre à Thiès, le siège d'Enda Graf a été emprunté

La démarche participative a permis de partir de l'expérience des femmes pour dégager les thèmes, concevoir les outils de formation et de suivi. Les formateurs ont tenu compte du niveau des femmes dont la grande majorité sont des analphabètes. Ils ont surtout utilisé des dessins leur facilitant la compréhension.

La formation a été assurée par l’ENFEFS (Ecole Nationale de Formation en Economie Familiale et Sociale). L’objectif de cette formation est de permettre aux femmes de mieux prendre en compte les questions d’hygiène et d’améliorer leur qualité de vie et de travail. Pour cela, trois grands thèmes ont été abordés : l’hygiène environnementale, l’hygiène corporelle et vestimentaire et enfin l’hygiène alimentaire.

n Formation en gestion (RAP/ enda graf), 1998

formateur : Réseau d’Apprentissage Populaire (RAP), spécialisé dans les techniques d’alphabétisation fonctionnelle (créé par Enda graf)

142 femmes de Dakar et Thiès (82 femmes à Dakar et 60 à Thiès).

Lieu : différentes caisses d'épargne et de crédit des quartiers pour ce qui concerne la ré-gion de Dakar. Par contre à Thiès, le siège d'Enda Graf a été emprunté

Cette formation est réalisée dans le cadre de l’alphabétisation fonctionnelle. Elle a pour but de renforcer les capacités des femmes dans le domaine de la gestion. La démarche

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participative utilisée lors de cette formation a permis aux femmes de dégager elles mêmes les thèmes et leurs propres outils de suivi. Plusieurs thèmes ont été abordés : la gestion de la production (dépenses, charges, bénéfices…), la gestion de leur emploi du temps, la pla-nification des activités …. Chaque concept utilisé a été matérialisé par des dessins (Prix de revient, prix de vente, épargne, bénéfices, cha rges…).

n Formation marketing - 1998

formateur : bureau d’études BPC

142 femmes de Dakar et Thiès (82 femmes à Dakar et 60 à Thiès).

Lieu : différentes caisses d'épargne et de crédit des quartiers pour ce qui concerne la ré-gion de Dakar. Par contre à Thiès, le siège d'Enda Graf a été emprunté

Le responsable de ce module a surtout insisté sur les stratégies de commercialisation. Des sessions de formation plus poussées ont été ensuite menées avec les moniteurs d'alphabétisa-tion afin qu'ils puissent mieux assurer le suivi dans les quartiers.

n formation « service traiteur » 1998

Après une première formation courte d’une semaine, réalisée à l’école hôtelière, le CRETEF (Centre d’Enseignement Technique Féminin) de Grand Yoff a assuré une formation à deux groupements de Yeumbeul et Bargny qui souhaitaient créer des « services traiteurs popula ires ». Une vingtaine de jeunes filles ont été formées au CRETEF de Grand Yoff .

n diversification - restauration

Dans la première phase du programme, des tentatives ont été menées avec l'Association des Femmes Restauratrices (AFRES) dans le but de promouvoir les céréales locales. Cependant cette association regroupait uniquement des gargotières dont la capacité de diversification est très limitée. En effet la plupart des gargotes ne proposent que des plats à base de riz pour des raisons liées à la faiblesse du pouvoir d'achat de leur clientèle (les plats sont vendus à 200 ou 300 f maximum), au manque de personnel et de fonds de roulement. Pour cette première tenta-tive, seul un restaurant se situant à Dakar Plateau propose encore des plats à base de céréales locales (maïs, mil, fonio).

Dans la seconde phase du programme, l'action a été orientée vers les restaurants se situant dans ce secteur de Dakar Plateau. L'enquête s'est déroulée dans 40 restaurants. L'objectif était de déterminer les besoins de diversification des consommateurs. Ensuite une restitution aux 22 restaurants ayant répondu à l’enquête a été réalisée.

L’étape suivante consistait à mener des dégustations à partir des résultats obtenus. Un plan-ning a été dressé avec les restaurants qui devaient choisir le jour qui leur convenait et tous les frais étaient pris en charge par le programme. Une formatrice a été mise à leur disposition pour certains plats dont ils ne maîtrisent pas la préparation. Cette première dégustation concernait une quinzaine de restaurants (15 au total). Trois pla ts ont été testés. A l'issu de ces tests, tous les restaurants ont intégré les différents plats dans leur menu

Les tests se sont poursuivis. Après l'adoption du premier plat pour certains, un second test a été mené dans les restaurants. Ces deux premières dégustations avaient pour objectif entre autres de gagner la confiance des restaurateurs dans les initiatives qu'ils entreprennent. Compte tenu des résultats probants, puisqu’une grande majorité des restaurants ont adopté les

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nouveaux plats dans leur menu, le troisième test a été totalement pris en charge par le restau-rant.

Malgré l'intérêt qu'ils portent à la diversification par des produits à base de céréales locales, les restaurants sont confrontés à un problème disponibilité de la matière première aussi bien en quantité et en qualité. Des tentatives d'approvisionnement ont été menées avec certaines uni-tés de transformation mais ils ne peuvent pas leur assurer de grandes quantités, ce qui limite parfois leur ambition. D'autre part les fonds de rouleme nt qui au départ étaient prévus pour la restauration sont aujourd'hui insignifiants pour les restaurants avec qui nous travaillons actue l-lement. Les besoins dépassent de loin 100 000 f par restaurant.

n Formations en hygiène et qualité nutritionnelle – ENFEFS - 1999

Des séances de formations ont été organisées en collaboration avec l'Ecole Nationale de For-mation en Économie Familiale et Sociale (ENFEFS) et l'Institut de Technologie Alime n-taire (ITA). Ces formations ont porté sur l'Hygiène et la qualité nutritionnelle des aliments. Elles se sont déroulées dans les quartiers de Rufisque, Grand Dakar, Ngor, Yeumbeul et Grand Yoff .

A Thiès, une journée de sensibilisation a été organisée en collaboration avec le service d'hy-giène de Thiès et l'ITA de Dakar à laquelle 73 femmes ont participé .

Les séances de formation à Dakar et à Thiès ont permis à 223 participantes d'être sensibilisés sur les étapes à risques dans le processus de transformation des céréales. Les points abordés sont les étapes à risques dans le processus de transformation des céréales et l’analyse des pra-tiques en insistant sur celles que les vendeuses doivent abandonner en raison du risque sur la santé du consommateur. A l'issue de ces formations, un grand nombre de recommandations commencent à être appliquées. Le papier de récupération (le papier à ciment, journal, sac de lait vide) est aujourd'hui remplacé par le sachet en plastique en attendant de trouver une meil-leure solution. Cet emballage protège mieux les produits et limite les contaminations mais ne donne pas toute satisfaction. Des blouses ont été cofinancées avec les femmes (50 %). Des tables adaptées protégeant mieux les produits des mouches et de la poussière ont été conçues et cofinancées par le programme (fonds d’appui à la qualité) et les vendeuses (25 %).

n Formation , appui à la diversification des produits

Dans le cadre de la diversification, des formations sur la transformation du niébé ont été orga-nisées en partenariat avec le programme AVAL (Action de Valorisation des savoir -faire Lo-caux) coordonné par Enda-graf. Au cours de ces séances, une dizaine de recettes étaient pré-sentée (athiéké de niébé, gâteaux, beignets, couscous…). Les restauratrices et quelques fem-mes vendeuses de rue des quartiers de Pikine, Ouakam, Rufisque en ont bénéficié. Pour mieux les impliquer dans le processus, les femmes ont pris en charge à hauteur de 50% la for-mation. Elles ont ensuite pris l'initiative de faire des démultiplications auprès d'autres per-sonnes. Cette formation a déclenché de nouvelles dynamiques dans les quartiers. Certaines femmes ont pu obtenir des emplacements dans les écoles en convainquant les responsables de ces structures des qualités nutritionnelles de leurs produits qui connaissent aujourd'hui un réel engouement.

Les restauratrices de Dakar Plateau ont, à l'issue des séances de démultiplication, instau-ré des séances d'échange de savoir-faire . Ainsi, tous les 15 jours, elles se regroupent pour échanger des recettes, ce qui permet à l'ensemble des membres du groupement d'avoir une diversité de recettes à proposer aux clients.

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n Formation en hygiène (Service d’hygiène) et suivi régulier en 2000

Des formations se sont déroulées au Service d'Hygiène de Dakar et Thiès et avaient pour objectif de sensibiliser les nouvelles restauratric es appuyées par le programme et d'autres arti-sanes sur les notions d'hygiène. Une première formation réalisée à Dakar a réuni près de 35 participantes dont la majorité des restauratrices et quelques transformatrices évoluant dans le secteur semi-industriel. Des formations en hygiène au bénéfice des vendeuses de rue ont en-suite été réalisées au courant du mois de juin en collaboration avec le service d'hygiène dans l'ensemble des quartiers concernés à Dakar et à Thiès. C'est ainsi qu'à Dakar, six (6) sessions ont été organisées au bénéfice de 207 femmes vendeuses et à Thiès, une (1) session a été réali-sée pour près de 50 femmes.

Un guide illustré rappelant les différents principes à respecter dans la chaîne de la production à la commercialisation des aliments a été réalisé en 1000 exemplaires et constitue un outil de capitalisation des formations en hygiène

n Renforcer les capacités des femmes en matière de gestion en 2000

Un atelier de formation a été organisé dans ce domaine en partenariat avec le CAEF, (Centre Africain de l'Entreprenariat Féminin). Préalablement à la réalisation de cette formation, durant le mois de ja nvier, plusieurs rencontres ont été organisées avec les femmes dans le but de déterminer les besoins de formation. C'est à la suite de ces rencontres que des termes de références ont été élaborés et proposés au CAEF. La formation avait pour objectif d'améliorer les connaissances en gestion des femmes transformatrices de céréales et des restauratrices; cette formation devrait prendre en compte les problématiques de la gestion au niveau des ap-provisionnements, de la production, de la commercialisation et de la gestion de la trésorerie. L'atelier visait également à mettre à la disposition des animatrices des outils de suivi pour leur permettre de mieux assurer leur rôle d'accompagnement.

n Quelques remarques sur ces formations pour les micro entreprises

> Un public spécifique : femmes, souvent analphabètes sans pour autant que ces formations cherchent à intervenir dans ce domaine (autres programmes d’enda graf s’intéressant à l’alphabétisation – lien faible avec ces programmes) ;

> Des difficultés à trouver des offres de formation adaptée (notamment en terme de pédago-gie, de contenu des formations, des modes de formation,…) en essayant de mobiliser, « tester », les différents acteurs pour les formations (écoles, service de l’état, ONG, bureau d’études), d’où de nombreux changements d’une année sur l’autre ;

> Coût souvent plus faible que pour les petites entreprises et dispositif de démultiplication au sein des groupements ou des caisses d’épargne et de crédit (« porte d’entrée » choisie pour les appuis dans ce secteur) ;

> Les objectifs clairs d’acquisition de compétences ne sont généralement pas formulés. Au-cune évaluation des acquis est formellement réalisée. Des attestations sont remises à tous les participants.

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6.4 Formation et échanges de savoir –faire- Programme AVAL

Le projet Action de VALorisation des savoir-faire locaux (AVAL) a démarré en 1994 par des actions d’échanges et de valorisation des savoir-faire agroalimentaires locaux entre 3 pays (Sénégal, Burkina Faso et Bénin) avec l’appui du Cirad en France. Les actions au Sénégal ont été mises en œuvre par différents partenaires avec une forte implication des groupements et artisanes. La coordination au Sénégal a été assurée par Enda graf avec la collaboration du Gret. Certaines actions ont été menées en commun avec le programme PPCL.

n Méthodologie de transfert de savoir-faire

La démarche consiste à faciliter les opérations d’échanges de savoir-faire et de produits entre groupes (généralement de femmes) travaillant dans le secteur de la transformation agroalimen-taire dans les différents pays.

> Sélection des produits

Cette première étape a pour objectif de sélectionner des produits issus du pays « transmet-teur » qui semblent adaptés aux habitudes de consommation du pays « receveur ». Pour cela une séance de dégustation est organisée avec une quarantaine de femmes. Des fiches de tests simples sont remplies afin de permettre de retenir quelques produits qui feront l’objet du trans-fert de savoir-faire.

Si les consommateurs du pays « receveur » ne connaissent pas ou très peu les produits propo-sés, le coordinateur du pays « transmetteur » envoie des fiches techniques ou des échantillons pour faciliter l’organisation des dégustations. La confection des produits peut être également confiée à une femme or iginaire du pays « transmetteur » (cas par exemple du Sénégal où une femme béninoise installée à Dakar à préparer des plats pour la dégustation).

> 1ère phase du transfert, transmission du savoir-faire et apprentissage dans le pays transmet-teur

Deux personnes ressources (des femmes) dans le pays accueillant le transfert de savoir-faire vont suivre une formation dans le pays transmetteur. Cette formation, comportant des séances théoriques et pratiques, est assurée par 2 femmes qui ont une parfaite maîtrise du savoir-faire et des compétences pédagogiques. Celles-ci sont sélectionnées par le pays « transmetteur » qui en parallèle réalise des fiches produits-activités qui serviront de support lors de la formation des femmes dans le pays « receveur ».

> 2ème phase du transfert = diffusion du savoir –faire – apprentissage dans le pays « rece-veur ».

Les 2 femmes ayant suivi la formation effectuent une restitution/formation dans leur pays au-près d’un large public. Elles sont accompagnées par une des deux formatrices du pays trans-metteur et parfois par un technicien d’une institution.

> Suivi et valorisation des acquis

Les différentes institutions impliquées dans le transfert de savoir -faire et/ou l’accompagnement de groupes de femmes fournissent un appui aux femmes qui souhaitent développer une activité économique liée au transfert de savoir -faire. Cet appui diffère selon les pays et les institutions (mise à disposition de fonds de crédit, suivi économique et techni-que, appui à la réalisation de dégustations, de support de promotion…).

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n Les actions réalisées entre 94 et 96

Action 1- Produits à base de maïs 2- Jus, sirop et pâtes de fruits Pays Bénin Sénégal Sénégal Bénin Date août 94 à avril 95 (6 mois) dec 94 à janv. 96 (14 mois) Partenaires Bénin : CERNA /UNB

Sénégal : ENDA - GRAF, Caisse d’Epargne et de Crédit des femmes de Dakar (CEC)

Sénégal : ENDA-GRAF, Saf Na, TA Bénin : CERNA/UNB, projet PNUD/BIT

Produits 10 : mawé, fataya, andou, yéké-yéké, goumgoumbé, amiwo, aklui, kléklé, talégalle, aboda

Jus, sirops de gingembre, tamarin, bis-sap, confiture et pâte de mangue, goyave, papaye, banane et concentré de tomate, purée de piment.

Résultats • 20 femmes formées puis démultiplication dans les caisses de quartiers : 160 femmes formées

• diversification gammes de produits (notamment dans la restauration)

• adaptation des produits aux habitudes sénégala i-ses, innovation : de nouveaux produits ont été créés et sont notamment valorisés par le service traiteur créé par la suite

• 30 opérateurs béninois formés : production de nouveaux produits et simplification de la fabrication des produits déjà connus

• création Union des Transformateurs artisanaux des fruits

• début de la professionnalisation du secteur

Problèmes • les produits sous forme de pâte ne sont pas telle-ment adaptés aux goûts sénégalais

• Des difficultés de formation liées aux formatrices béninoises qui n’avaient pas une bonne pédagogie

• Difficultés d’organisation des formation : horaires non adaptés aux activités des restauratrices

• Les difficultés d’approvisionnement en maïs (prix élevé), le prix élevé des et donc l’impossibilité de proposer les nouveaux produits à des prix compé-titifs expliquent que peu de femmes ont continué à produire

• la formation a été trop courte par rapport au nombre de produits

• la production de pâtes de fruits pas très bien maîtrisée

• l’offre en emballages au Bénin n’est pas adapté e aux petites activités

• le suivi n’est pas bien assuré, no-tamment concernant la sensibilisa-tion au niveau de la qualité, la pro-motion des produits, le financement des activités (peu de moyens au ni-veau d’aval pour ces actions post-formation)

Une publication a été réalisée « Fabrication artisanale de boissons, sirops et confitures – Fiches pédagogiques illustrées » en collaboration avec le Gret, Enda graf, Ita et le pro-gramme AVAL.

n 1997-98 : poursuite des transfert au niveau national

Suite à une suspension du financement du projet Aval par la Coopération Française, les ac-tions ont été poursuivies dans le cadre du Programme Promotion des Céréales Locales (PPCL) de l’Union Européenne mise en œuvre par le groupement Gret/enda graf et du pro-gramme Valorisation des Ressources Naturelles (VRN) d’enda graf et de Solidarité Socialiste Belgique).

Il s’agissait de poursuivre les échanges de savoir-faire artisanaux au niveau national en valor i-sant les acquis, notamment méthodologiques, du projet AVAL. Pour mettre en oeuvre les ac-tions, des synergies et collaborations ont été recherchées avec des institutions nationales en

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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vue de répondre aux besoins de formation identifiés par les femmes et d’élargir le cadre des échanges (ENFEFS, CRETEF, ITA, Ecole Hôtelière, Bureaux d’études, …).

N° de l’opération

Diversification des produits à base de céréales locales dans la restauration(PPCL)

Fabrication des jus, sirop et confi-tures

pays Sénégal (Dakar et Thiès) Sénégal (échange entre régions)

Partenaires ENFEFS, CRETEF, Ecole Hôtelière, monitrices de Thiès, PROCELOS, BPC, IRIS enda-graf, gret

ITA, Safna Dakar, Enda-graf, gret, BPC

produits Nouveaux plats et produits et formation en gestion , hygiène alimentaire, marketing

Jus, sirops de gingembre, tamarin, bissap, bouye, ditax et confiture de mangue, goyave, papaye, ba-nane

Résultats • Formation de 10 jeunes filles à l’Ecole hôtelière et créa-tion du Service traiteur SAFSEL (subvention d’équipements),

• Test de 4 nouveaux plats et appui acquisition matériels dans 17 « restaurants » de l’AFRES en 1997,

• Echanges de savoir-faire entre des groupements de Pi-kine et Guédiawaye qui ont débouché sur la création de petits restaurants de rue et des « services traiteurs popu-laires ».

• 30 restaurants du Plateau ont bénéficié de formation en 1998 (nouveaux plats),

• 80 femmes ont suivi des formation en gestion, hygiène alimentaire et marketing,

• accès au crédit par la mise en place d’une ligne de crédit de 12,5 millions dans les différents guichets du réseau CEC des femmes.

• Formation de 60 femmes sur l’élaboration des produits.

• Formation hygiène alimentaire des productrices des femmes de la CEC

• Démonstration et diffusion des recettes.

• 6 groupements formés et mise en place Safna Kaolack ,

• formation d’une monitrice du CRETEF de Kaolack pour fa-voriser un début d’insertion des élèves dans la vie profes-sionnelle

• facilité l’accès crédit

• Regroupement des 6 entrepri-ses pour résoudre des problè-mes communs (emballage, promotion des produits...), dé-fendre leurs intérêts communs auprès des institutions

Problèmes • manque d’initiative pour la recherche de marché par SAFSELL

• Difficultés de compréhension des objectifs de l’intervention au niveau des restauratrices de l’AFRES

• insuffisance de la ligne de crédit pour l’artisanat de pro-duction

• résultats des formations insuffisamment valorisés • insuffisance de l’impact des démonstrations culinaires

dans les quartiers.

• besoin d’appui organisationnel • problème de commercialis a-

tion des produits (positionne-ment des produits, distribu-tion, ….

n Consolidation et capitalisation en 1999

Un nouveau financement, d’un montant limité, a été accordé par la Coopération française. Il avait pour objectif de capitaliser et d’initier de nouveaux partenariats pour renforcer et élargir les échanges entre organismes d’appui et entre productrices et de cofinancer les actions.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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Les principales activités sont groupées en 7 volets sur lesquels ont collaboré plusieurs institu-tions.

> Manuel de Synthèse sur la transmission des Savoir-faire

Objectifs : Réaliser une synthèse exhaustive des méthodes d’échange et de diffusion des sa-voir-faire expérimentées dans le cadre d'AVAL en faisant ressortir les points forts et les limi-tes. Proposer un guide méthodologique sur l’échange et la diffusion des savoir-faire aux plans régional (national) et international (entre pays d’Afrique). Assurer une large diffusion du do-cument.

Produit attendu : Manuel à diffuser largement aux ONG, Organismes d’appui, organisation Socioprofessionnelles.

Budget Aval : 500 000 FCFA (hors édition)

> Répertoires des organisations socioprofessionnelles

Objectifs : Identifier et répertorier les organismes socioprofessionnels, les entreprises agro alimentaires, les équipementiers, les dispositifs d’appui.

Produit attendu : répertoires à diffuser au niveau national et dans la sous-région

Budget AVAL: 700 000 FCFA

Une partie de ce travail a été réalisée par le relais du réseau TPA (annuaire agroalimentaire, recensement des équipementiers et projet de publication d’un annuaire), par le Gret et enda graf au Sénégal dans le cadre des dossiers d’informations sur les filières céréales, fruits et pro-duits halieutiques financés par le CTA et d’une étude préalable sur le conseil aux entreprises agroalimentaires financée par la coopération française. D’autres initiatives et documents re-coupent également les travaux prévus dans ce volet. Une synergie ou/et une complémentarité devront ont été recherchés. Il a été retenu de s’intéresser plus particulièrement aux organismes socioprofessionnels (répertoire réalisé) et de contribuer à diffuser les autres travaux.

> Formation en Hygiène Alimentaire

Objectifs : Fournir une formation pratique aux artisans en vue d’une meilleure maîtrise de la qualité

Produit attendu : Amélioration de la qualité bactériologique des produits transformés et meil-leure maîtrise de la qualité des produits par les transformatrices artisanales (céréales et fruits) et les restauratrices.

Budget Aval : 1 400 000 FCFA

> Stratégie commerciale

Objectifs : Aider les femmes du secteur artisanal à résoudre les difficultés de commercialisa-tion des produits en leur permettant d’acquérir des compétences dans le domaine et en leur fournissant un appui adaptées (formation, conseil, supports de promotion,…)

Produit attendu : amélioration du positionnement commercial des produits (accroissement des ventes, amélioration de la notoriété et de la distribution des produits)

Budget Aval : 1 000 000 FCFA

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> Suivi de la post – formation (organisation et accompagnement des activités économi-ques)

Objectifs : assurer un accompagnement après la formation et en évaluer ses impacts.

Produit attendu : appui à la résolution des problèmes rencontrés par les opérateurs, identific a-tion des problèmes de maîtrise résolus ou non dans chaque secteur (dosage des produits), éva-luation de poursuite de la diffusion de la formation dans les organismes socioprofessionnels, valeur ajoutée obtenue dans chaque secteur…..

Budget : 800 000 FCFA.

Les actions du programme ont été capitalisés et on fait l’objet d’une publication ainsi que de fiches sur le site Interdev (www.interdev-net.org). Cette capitalisation a abouti à la formula-tion du concept d’Ecole pratiques (cf point 6.5)

6.5 Une réflexion sur un concept d’ « Ecoles pratiques » (suite AVAL)

Cette réflexion a été menée à la suite du programme AVAL (Enda graf, CNEARC, CIRAD, Gret) et du programme de recherche ALISA (Alimentation, savoir-faire et innovations agroa-limentaires en Afrique de l'Ouest), mais n’a pas été concrétisée par la mise en œuvre de ces école pratiques.

n Les enjeux : des questions à résoudre

Il existe différents types de formation dites alternatives et de multiples institutions enga-gées dans ce secteur au Sénégal. Un certain nombre de questions restent à résoudre :

> liens entre formation et activités économiques : les expériences AVAL montrent que ces liens ne sont pas évidents, qu'il est nécessaire de bien évaluer le contexte économique no-tamment des ménages et des individus et de bien identifier les attentes locales des diffé-rents acteurs économiques, pour entraîner des applications réelles de nouveaux savoir -faire (acquis par formations spécifiques) et favoriser la diffusion de produits commercialisables;

> liens entre activités économiques et développement local : les expériences AVAl et les recherches dans le cadre du programme ALISA montrent que le développement local s'inscrit dans différents types d'espaces caractérisés par des conditions économiques parti-culières, des groupes professionnels, des styles alimentaires et des attentes spécifiques. Il est donc utile de distinguer des activités économiques dans leurs espaces spécifiques (ur-bain, péri-urbain, rural, par exemple) ;

> combinaisons de formes de savoir et combinaisons des formes de transmission : les études et réflexions menées dans le cadre d'ALISA ont montré que selon les groupes, les métiers, ou les techniques, les savoir -faire et les modes de transmission s'exprimaient différemment : le savoir-faire nouveau d'une transformatrice de fruits en sirops ne s'énonce ni ne se transmet de la même manière, selon les mêmes modalités, que le savoir-faire ancien d'une transformatrice de poisson. Mais par ailleurs, il existe des savoir-faire communs à diffé-rents métiers qui peuvent être échangés, enrichis par l'échange dans la mesure où celui-ci est organisé de manière concertée entre les acteurs concernés ;

> liens entre activités rurales et activités urbaines à travers les formations : cette question doit être soumise à réflexions collectives (dans le cadre du bilan sur les expériences de formations alternatives au Sénégal) ; elle est en effet essentielle pour créer des écoles pra-tiques qui, à la suite du programme AVAL, s'inscrivent dans l'optique de favoriser les inte-ractions "villes - campagnes" et de promouvoir des activités, des produits ou des formes

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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d'organisations professionnelles qui stimulent ces interactions et répondent aux besoins alimentaires et économiques des populations urbaines et rurales.

n Réflexions autour de ces points

Les autres systèmes de formation ont aussi des objectifs de développement des activités éco-nomiques et dans tous les secteurs. AVAL proposait pour sa part un système de formation s'appuyant sur des activités économiques existantes dans le domaine agroalime ntaire. Les E.P.A. (Ecoles pratiques AVAL) peuvent s'appuyer elles aussi sur des activités existantes dans l'agroalimentaire, pour sensibiliser les gens à des questions d'améliorations techniques ou d'hygiène par exemple.

Mais une EPA peut tout aussi bien proposer des formations pour de nouvelles activités éco-nomiques (toujours dans le domaine de la transformation agroalimentaire) sachant que d'autres structures font ce type de formation mais qu'elles proposent des activités souvent sans déve-loppement possible, trop éloignées des réalités et de contraintes locales.

Par ailleurs, l'EPA aurait tout intérêt à s'adresser à des gens ayant déjà des compétences de base, pour :

> soit améliorer un savoir-faire, une technique de fabrication ou de transformation agroali-mentaire ;

> soit pour se reconvertir vers des activités proches, présentant des caractéristiques techni-ques communes (ex. : les potiers et les boulangers dans certains pays ont en commun la maîtrise technique des fours, de ce fait les potiers reconvertis à la boulangerie proposent les meilleurs pains...).

Mais qui va se charger de former les individus dans une EPA ? Si l'on prend l'exemple des formations en hygiène alimentaire, il existe au Sénégal une structure de formation formelle, l'ENFEFS, qui forme les femmes à l'hygiène. Mais ce type de formation n'est accessible qu'à un coût élevé.

Par ailleurs, beaucoup de restauratrices ont dans ce domaine des connaissances, des notions, acquises par expérience ou dans le cadre d'apprentissages familiaux. Peuvent-elles transmettre ces connaissances ? Pour répondre à cette question il serait utile de prendre contact avec des partenaires qui ont fait ce type d'expériences (cf. Nago Mathurin – Bénin). L'idée première c'est de s'appuyer sur des personnes ayant des compétences minimales, motivées pour amélio-rer leurs savoir-faire, et qui à leur tour deviendraient des formatrices. Cela suppose qu'elles acceptent de diffuser leur savoir-faire, autrement dit que cette activité soit pour elle accompa-gnée d'une reconnaissance.

n L'expérience à Pikine

Les femmes ont reçu une formation à l'hygiène, fournie par l'ENFEFS. Actuellement elles transmettent à leur tour ce qu'elles ont retenu, à l'échelle du quartier de Pikine, au cours de réunions. Elles vont ainsi de groupement en groupement pour former les autres femmes sur des thèmes qu'elles choisissent elles-mêmes.

Pour une EPA, il semble pertinent de bien "cibler" les populations susceptibles d'être formées sur un thème donné. En effet et si l'on reste sur ce thème de l'hygiène alimentaire, chaque femme (ménagère, restauratrice) réagit différemment face aux problèmes d'hygiène. Par ail-leurs, l'acquisition de notions nouvelles ou relativement abstraites est d'autant plus efficace que les formatrices utilisent des outils pédagogiques vivants, illustratifs.

Le démarrage d'une EPA pourrait donc s'appuyer dans un premier temps sur :

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> des chercheurs compétents en communication forment des femmes qui seront ensuite des formatrices ;

> ou une femme ayant des compétences fortes et reconnues localement (à l'échelle d'un quar-tier par exemple) sur un thème technique (le roulage du fonio ou le thiere par exemple) qui diffuserait son savoir-faire spécifique.

Ceci suppose que l'on sollicite ce type de spécialistes pour transmettre leur savoir- faire et qu'on leur donne un statut, une reconnaissance économique, pour qu'elles acceptent de jouer ce rôle nouveau de formatrice dans un cadre non familial, pour qu'elles acceptent aussi de transmettre un savoir- faire qu'elles refusent à priori de diffuser par crainte des concurrences à venir.

n Objectifs de l’expérimentation envisagée

> définir un dispositif institutionnel (niveau des quartiers) aux EPA,

> former des formatrices (ou médiatrices socio-techniques si l'on reprend une terminologie sociologique),

> créer des emplois, promouvoir des activités économiques au travers de ces formations et permettre aux « apprenties » de commercialiser leurs produits le plus rapidement possible, pendant ou juste après leur apprentissage,

> susciter et appuyer des formes d'action collective (organisations socio-professionnelles, syndicats professionnels, centrales d'achat ou de vente,...),

> identifier et répondre à des demandes de formation énoncées dans les quartiers.

L'un des objectifs originaux est le fait de produire en même temps que l'on apprend : appren-tissage -------- essais dans le ménage --------- commercialisation.

Il est aussi très important et c'est ce qui fera la spécificité des EPA, de s'appuyer sur des de-mandes locales en formations. Ainsi par exemple, à Rufisque, les transformatrices de poissons ont sollicité le programme AVAL pour des formations permettant d'améliorer leurs techniques et d'avoir des connaissances en gestion.

Ces objectifs supposent qu'on ne prévoit pas de programme de formation, celui-ci serait cons-truit avant tout à partir des demandes locales. On évite ainsi le système bien connu des "for-mations verticales" et on favorise au maximum les échanges, dans une organisation à compé-tences plurielles, mobilisées quand les besoins en sont exprimés.

n Cadre et outils conceptuels

Ils pourraient être centrés sur deux axes : > Interactions entre formes de connaissance et formes de reconnaissance ;

> Interactions entre connaissances et actio ns.

Ces outils conceptuels vont se traduire en pratique. Par exemple, pour le premier point, on s'interroge forcément sur les modes d'évaluation des connaissances acquises et des forma-tions données. Va-t-on constituer des jury ? Et si l'on constitue des ju ry, qui en fera partie ? Qui va évaluer les capacités des formatrices ? Va-t-on promouvoir des formes d'auto - évalua-tion par comparaison des différents produits obtenus par les femmes ? Doit-on constituer des commissions d'évaluation ?

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Par ailleurs, qui dit évaluation, dit aussi forcément critères d'évaluation. Doit-on construire des critères ad hoc ou doit-on laisser aux femmes le soin de les identifier et surtout de les for-muler ?

On sait aussi que les critères des consommateurs pour juger de la qualité d'un produit ne sont pas toujours les mêmes que ceux des restauratrices. Doit-on alors imaginer des jury com-prenant des représentants de différents groupes stratégiques ?

Enfin, toute évaluation débouche forcément sur un classement et donc sur une reconnais-sance. Quelle forme de reconnaissance mettre en place ? Le diplôme ou certificat a fait ses preuves et montré ses limites en plusieurs occasions. La reconnaissance économique ou sym-bolique semble devoir être privilégiée. Etre membre d'un jury d'évaluation constitue déjà une première forme (symbolique) de reconnaissance pour une femme restauratrice et formatrice.

Mais le choix de critères pertinents d'évaluation est important. On ne peut, à la réflexion, lais-ser les individus imposer leurs propres critères, le risque étant de ne plus en avoir du tout...Il vaut mieux s'orienter vers un choix limité et négocié de critères formels, permettant pour les uns d'évaluer les compétences acquises par les "apprenties", pour les autres de juger de l'effi-cacité de ces formations au sein d'EPA.

Si les EPA sont localisées par quartier, il sera déjà plus facile de trouver un consensus local autour d'un certain nombre de critères d'évaluation acceptés par tous.

Le terme « d'école pratique » a été retenu car derrière ce mot "pratique" on pense forcément à "savoir-faire pratique", cela renvoie donc à l'éducation informelle. Il est clair que l'une des spécificités des EPA doit être de construire des formations à la demande, respectant donc les temps d'occupation des femmes, n'imposant pas d'horaires mais modulant les temps de forma-tion en fonction des contraintes des uns et des autres. En ce sens, les EPA doivent se différen-cier des centres d'alphabétisation fonctionnelles par exemple, qui imposent des programmes de formation et des horaires. Le terme "pratique" renvoie justement à cette notion d'informel, recoupant les préoccupations de la population. La notion renvoie aussi à un espace précis, le quartier par exemple. Une école pratique est un lieu d'échange de proximité, le produit de concertations locales (sur l'organigramme, sur l'emploi du temps, sur les contenus, les be-soins,...).

n Démarches

> Identification

Cette phase s'étendrait sur six mois :

• discuter avec les femmes sur ces formules de pédagogies alternatives, sur les objectifs des EPA, sur leurs propres motivations, sur leurs possibilités de s'y impliquer et de quelle manière,....

• choisir un ou des quartiers pour lancer et tester une EPA. Les quartiers de Rufisque, Pikine, Guinaw Rail ont été déjà évoqués au cours de cette première réunion ;

• identifier des thèmes de formation répondant à des demandes ou à des besoins moins explicites (mais que les études dans le cadre d'AVAL et d'ALISA ont permis parfois de mettre en évidence),

• identifier des compétences locales pouvant répondre aux demandes formulées (femmes qui font déjà de la transformation agroalimentaire organisées en groupements par exemple, femmes qui ont bénéficié d'appuis, de formations antérieures, ...),

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• identifier des institutions locales susceptibles d'être partenaires (direction de la Pêche à Rufisque sur des thèmes de formation liés à la transformation du poisson par exemple, programmes de développement locaux, de quartier,...). Les liens institutionnels doivent être construits car les EPA ne doivent pas apparaître comme des structures concurrentes ou opposées aux structures de développement ou de formation locales déjà sur place, elles doivent au contraire se présenter comme structures complémentaires offrant un service : la formation pratique et ponctuelle.

> Mise en place :

Il s'agira ici de démarrer une ou deux EPA dans des quartiers différents, avec formations puis évaluations des formations. Ce test pourra s'étaler sur deux ans.

> Pérennisation :

Il s'agira ensuite de diffuser l'expérience si elle s'avère positive, avec les corrections nécessai-res suscitées par les évaluations locales. La diffusion concernera alors d'autres quartiers ur-bains de Dakar et pourra aussi être envisagée en milieu rural.

n Outils et méthodes

Propositions diverses :

Les expériences AVAL avaient des aspects positifs sur le thème "échange et transmission de savoir -faire". On peut donc s'appuyer ici sur les synthèses de réflexion du programme AVAL.

Concernant le secteur du marketing et de la commercialisation, il existe aussi des méthodes, des notions pertinentes qui trouvent des échos dans des processus appliqués : cf. notion de marché de proximité.

Les outils audio -visuels seront bienvenus pour : sensibiliser, transmettre, communiquer,... Ils font partie de ce que l'on a longtemps nommé "pé dagogie active".

Les outils de pérennisation des EPA quant à eux seront essentiellement des outils d'organisa-tion, des formes de coordination formelles entre divers partenaires (mairies, ONG, ...), et des outils de financement des formatrices et des formations qu'il reste à concevoir....

6.6 Compte rendu d’entretien avec Enda graf

Rencontre à Enda Graf – le 12 octobre 2004 avec Khanata Sokona

n Liens avec le CRETEF

Lors d’une formation des femmes transformatrices à l’ITA, Enda graf a proposé au CRETEF de faire venir une de leur formatrice pour qu’elle participe à la formation (objectif de forma-tion de formateurs).

Pour Kanata Sokona , les femmes formées au CRETEF ont d’importantes difficultés pour dé-velopper une activité professionnelle. Elles maîtrisent générale ment la technique mais sont sur des filières qui n’offrent que peu de débouchés, principalement car les produits proposés ne correspondent pas aux attentes des consommateurs (exemple de la broderie). Les formations CRETEF qui sont pourtant d’une durée de deux ans dans la broderie sont insuffisantes pour que les femmes soient opérationnelles à la sortie de formation, elles sont fréquemment ame-nées à faire un stage supplémentaire chez des couturières. D’une manière plus générale, les formations assurées par le CRETEF semblent déconnectées des réalités du marché de l’emploi et des attentes des consommateurs.

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Les CRETEF devraient réaliser un important travail d’identification des demandes et modifier leurs formations en fonction des résultats obtenus. De plus il semble qu’ils ne réalisent aucune évaluation de leur formation.

La seule formation proposée par le CRETEF dans l’artisanat alimentaire concerne « la restau-ration ». Les enseignements portent sur la préparation de gâteaux, d’entrées mais également comment bien ranger une cuisine (mais aussi sur la transformation de produits alimentaires)… avec des cours pratiqués en langue nationale. La formation semble peu adaptée aux réalités « du contexte réel ». Cette formation gagnerait à être plus réaliste et à s’intéresser d’avantage aux attentes des consommateurs, en insistant sur la préparation de mets locaux et en essayant d’améliorer les pratiques de préparation (améliorer la qualité des produits). Au final, les filles formées par les CRETEF sont nombreuses ma is ne sont pas mises en situation de valoriser leur apprentissage, ayant peu de flexibilité et de capacité d’adaptation.

n Enjeux des certifications

Les savoir -faire sont très importants dans les activités de transformation agro alimentaire. Pour éventuellement pouvoir définir des contenus de compétences à acquérir, il faudrait au préalable être capable de dégager des outils pour mesurer les savoir-faire des transformatrices (par exemple pour arriver à une classification de type, niveau 1, 2 etc). Une équivalence de ses compétences au niveau formation conventionnelle pourrait par la suite être envisagée.

n Enjeux de l’alphabétisation

Le problème des formations en alphabétisation est qu’il faut prévoir un mode d’utilisation concret des compétences acquises à l’issu de la formation. Il est alors important de faire de l’alphabétisation à partir de ce que la femme maîtrise (son métier). La pédagogie à mobiliser est de partir de leur savoir-faire. Les formations sont souvent trop loin des réalités des femmes et perdent en efficacité. Par exemple, les formations dispensées par l’ITA se font en français. Enda graf a donc sélectionné des femmes qui parlaient français pour qu’elles participent à une formation à l’ITA mais ces femmes maîtrisaient peu le métier de transformatrice. Finalement, Enda graf a insisté pour que la formation se fasse en wolof et des femmes maîtrisant le métier ont pu y assister. Pour Khanata Sokona, l’alphabétisation en wolof est suffisante pour ce type de métier et il est très difficile d’envisager une alphabétisation en français.

S’il est nécessaire que les femmes transformatrices soient alphabétisées, il faut que cela se fasse dans la langue qu’elle maîtrise et avec une pédagogie d’approche autour de leur métier. Il est ainsi beaucoup plus facile d’alphabétiser en wolof, et finalement le français ne sera que peu utilisé. De l’ordre de 70 % des hommes que l’on considère comme analphabètes doivent en fait savoir lire et écrire en arabe (du fait de leur apprentissage dans les écoles coraniques). Pourquoi ne pas poursuivre leur alphabétisation en langue arabe ? En résumé, les enjeux de l’EQJA / artisanat alimentaire sont :

- D’être en mesure de mesurer les compétences des femmes transformatrices. - De travailler sur l’inadéquation entre l’offre des formations et les besoins des femmes. - Réfléchir à la langue d’alphabétisation. On considère les gens comme analphabètes

lorsqu’ils ne savent ni lire ni écrire le français alors qu’ils possèdent d’autres.

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7. Compte rendu d’entretien avec ITA

Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec M. Amadou POUYE, Responsable des formations ITA, Tel : 859 07 07 – www.ita.sn

L’ITA (Institut de technologie alimentaire) est un centre de recherche sur les technologies alimentaires financé par l’Etat sénégalais, qui réalise également des prestations de service, dont des formations techniques de courte durée en transformation alimentaire.

7.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation

Les formations assurées par l’ITA (Institut de technologie alimentaire) concernent l’ensemble des filières de la transformation alimentaire.

Il s’agit de formations courtes (de une à trois semaines), organisées à partir des modules sui-vants :

- Transformation et conservation des céréales et légumineuses – transformation primaire

- Transformation et conservation des céréales et légumineuses – transformation se-condaire (biscuits, gâteaux …)

- Recettes de cuisine à partie des céréales locales

- Transformation des fruits et légumes (boissons, fruits séchés…)

- Module sur les produits halieutiques

- Module sur le lait

- Module sur la viande

Ces modules peuvent à la fois s’adresser à un public cherchant un perfectionnement, comme une initiation. L’ITA réalise également des formations de formateurs, pour les groupements (les membres for més à l’ITA pouvant démultiplier la formation au sein du groupement), mais également pour l’ENFEFS avec des formations des maîtres et maîtresses. Les objectifs d’acquisition de compétences sont que les formés soient en capacité de mettre en œuvre les techniques de transformation enseignées lors des formations.

Ces formations sont également susceptibles de s’adresser à des individus de tous niveaux d’éducation de base, et de tous les âges. Les formations peuvent ainsi se dérouler en langues nationales, mais les supports de formation ne sont disponibles qu’en français (pas de traduc-tion en langues nationales).

L’ITA propose ces formations depuis une dizaine d’années, et de l’ordre de 15 à 16 forma-tions sont réalisées tous les ans (10 à 12 personnes par formation). Environ 150 personnes sont ainsi formées chaque année depuis 10 ans.

7.2 Partenaires des formations

Les principaux partenaires actuels de ces formations sont le PROMER, l’ANCAR et ancie n-nement Dyna entreprises. Les formations à l’ITA peuvent être financées par des projets mais également par l’ONFP.

Le PROMER encadre des « opérateurs villageois » (micro entreprises rurales) et généralement les formations se déroulent à Dakar (locaux de l’ITA). Le PROMER réalise un appel d’offre pour la réalisation de chaque formation, qui est diffusé dans les journaux et en parallèle

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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l’information est transmise en direct à l’ITA. L’ITA a réalisé de 5 à 10 formations pour le PROMER, sur la transformation des fruits et légumes et sur les produits halieutiques.

7.3 Objectifs des formations

Dans ses formations, l’ITA ne tient pas compte d’éventuels compléments en éducation de base. Il est cependant beaucoup plus difficile de réaliser ces formations auprès d’analphabètes en français, notamment car les supports de formation ne sont disponibles que dans cette la n-gue. Si les formés ne sont pas non plus alphabétisés en langues nationales, ils ne seront pas en mesure de prendre des notes. La qualité de l’apprentissage s’en trouve largement diminuée.

Les formations réalisées pour le compte du PROMER, auprès des entrepreneurs ruraux, sont jugées beaucoup plus difficiles par l’ITA. Si ces formés sont compétents en terme de métiers, ils sont très majoritairement analphabètes et ne parlent pas tous le Wolof (les formés doivent donc se traduire entre eux les enseignements).

Le fait de ne pas réaliser de sélection à l’entrée peut être pénalisant, car il est jugé très difficile de travailler avec des groupes hétérogènes comprenant à la fois des alphabétisés (eux-mêmes de niveau très différents) et analphabètes. Au final, la formation est souvent nivelée par le bas. L’ITA cherche à travailler avec des groupes de niveau, en discutant avec les financeurs des formations de l’utilité de faire participer des individus de niveaux semblables pour plus d’efficacité dans les apprentissages.

7.4 L’offre de formation

Les besoins e formation ont été évalués à partir d’une étude réalisée sur le secteur de la trans-formation alimentaire entre 1995 et 1997. Les modules de formation ont été construits à partir de cette étude. Les modules sont cependant régulièrement réévalués, en fonction de retours des formés (à la fin des formations, les formés doivent évaluer la qualité de la formation pro-posée par l’ITA) mais aussi des résultats des recherches sur la transformation menées par ail-leurs par l’ITA.

A l’issu des formations, des attestations sont remises aux formés qui, pour certains d’entre eux, ont exprimé le souhait d’obtenir un diplôme. Tous les formés obtiennent l’attestation (sans évaluation des compétences acquises en fin de formation). De même pour les formations de formateurs réalisées par l’ITA, les formés souhaiteraient pouvoir être certifiés comme for-mateur à l’issu de la formation. L’ITA mène une réflexion dans ce sens et compte se rensei-gner sur les modalités qui lui permettraient de délivrer une telle certification.

7.5 L’organisation et la gestion des formations

Les formations se déroulent généralement dans les locaux de l’ITA qui dispose à la fois de grandes salles de réunion et d’ateliers pour l’apprentissage pratique.

Les journées de formation comprennent de 6 à 7H00 par journée, avec 2H00 de formation théorique le matin et 4H00 de formation pratique (dans les ateliers) l’après-midi.

Mais les formations peuvent également se réaliser en dehors de l’ITA (notamment dans les unités de transformation), ce qui permet aux formés de travailler sur leur matériel. Si un projet sollicite l’ITA pour réaliser une formation, l’ITA joint à sa proposition financière une liste du matériel à acquérir pour que l’unité de transformation puisse fonctionner correctement.

Dans tous les cas, un contrôle des présences est réalisé quotidiennement. L’ITA ne semble rencontrer aucun problème d’assiduité aux formations proposées.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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7.6 Les moyens financiers (coûts et prise en charge)

Dans le cas des formations réalisées pour le compte de Dyna entreprises, les formés co-finançaient les formations à hauteur de 10 %. Mais généralement les projets ou l’ONFP pren-nent en charge l’intégralité des frais de formation.

L’ITA a réalisé une formation financée par la coopération allemande (en lien avec la com-mune de Guediawaye) et une autre par la coopération française. Prochainement (fin novembre 2004), l’ITA doit réaliser des formations auprès des CRETEF et CETEF du Nord du pays. La coopération luxembourgeoise, engagée dans un important soutient aux CRETEF (réhabilita-tion des centres, formation des formateurs), finance ces formations.

Si les formations se déroulent à Dakar, le coût de la formation est compris entre 75 000 et 85 000 F par personne et par module (de une à 3 semaines ouvrables par module 21). Les coûts sont plus élevés quand les experts de l’ITA sont amenés à se déplacer dans les régions pour assurer les formations. Dans ce cas, l’ITA facture au projet : les honoraires des experts ITA concernés, les per diem et les transports22.

Il semble manquer de bailleurs pour financer les formations de l’ITA, qui ne peuvent être pr i-ses en charge par la grande majorité des transformateurs. Cependant, les capacités de l’ITA à réaliser plus de formations sont également limitées par les activités de recherche de l’institut. L’ITA pourrait tout de même aller vers plus d’autonomie pour ses activités de formation (un projet de construction d’un centre de formation est actuellement à l’étude qui s’accompagnerait d’une gestion séparée des activités de formation).

Les financements de l’ITA proviennent de subventions de l’Etat, complétées par des projets de recherche et des activités de prestations de services : formation, analyses en laboratoire, conseil etc. Les recettes des activités de formation représentent environ un tiers des recettes des prestations de service. Les formations rapportent à l’ITA entre 20 et 23 millions par an. Sans les subventions de l’Etat, qui prend notamment en charge les salaires des formateurs, le coût des formations proposées par l’ITA serait beaucoup plus élevé.

8. Compte rendu d’entretien avec Sanoussi Diakhité

Rencontre le 13 octobre 2004 avec Sanoussi DIAKITE, Conseiller enseignement technique et formation professionnelle auprès du Cabinet du Ministre délégué chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (cabinet rattaché au Ministère de l’éducation)

8.1 Les formations formelles en agroalimentaire

Pour Sanoussi Diakité, l’ensemble des secteurs de l’agroalimentaire peuvent être représentés dans les formations formelles ou non formelles.

En ce qui concerne les enseignements structurés dans des structures formelles, à sa connais-sance les formations disponibles sont les suivantes :

- Ecole d’hôtellerie – BEP où il y a un des éléments sur la restauration

21 D’autres sources d’information donnent ce chiffre pour des formations de l’ITA d’une semaine (5 jours) 22 Dernièrement, le PROMER a lancé un appel d’offre pour des formations en boulangerie et a sollicité l’ITA pour

3 formations de 10 jours dans les régions. La proposition financière de l’ITA était de l’ordre de 4 millions (ho-noraires des experts : un spécialiste sénior, deux techniciens et un chauffeur, PD et transport), alors que le bud-get PROMER disponible était de l’ordre de 2,5 millions.

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- BTS Diététique

- BTS transformation agroalimentaire à l’institut St-Jeanne D’Arc (3ème promotion cette année)

- Formations ENFEFS

- Formations CRETEF

Mais l’ensemble de ces formations ne délivrent pas des certifications formelle s. En effet, les CRETEF ne délivrent pas de diplômes mais des attestations. Les CRETEF proposent égale-ment des formations pour les analphabètes ou les gens de faible niveau. Des discussions sont en cours avec les CRETEF pour en faire des certifications for melles.

De même l’ITA propose des formations qualifiantes mais non diplomantes.

Il n’y a pas de brevet des techniciens dédié à la transformation de produits alimentaires.

Les niveaux de qualification ont été normés sur la base des références françaises :

- Niveau CAP / BEP – niveau de base = niveau 5

- Niveau brevet des techniciens – niveau intermédiaire (niveau BAC) = niveau 4

- Niveau BTS – niveau supérieur = niveau 3

En dehors du BEP hôtellerie, il n’y a pas de BEP spécifiquement dédié à l’agroalimentaire. Un projet de centre, en partenariat avec l’AFD (Agence française de développement), est actue l-lement en gestation mais qui concernerait l’industrie agroalimentaire (ciblera tout de même les opérations de base, mais dans l’optique notamment de former des responsables de lignes de production). La restitution de l’étude d’opportunité sur la création du centre aura lieu procha i-nement.

8.2 Un projet de CAP

Un projet de CAP en agroalimentaire est en cours de montage. Les CAP seraient spécialisés sur certaines filières (par exemple restauration – hôtellerie etc). La réflexion est déjà bien avancée selon Sanoussi Diakhité.

Pour les CAP proposés, des compétences précises à acquérir en fin de formation auront été définies. Un premier travail a déjà eu lieu sur certaines filières pour formaliser ces compéten-ces à acquérir. Un projet d’appui à un CETEF23 de St-Louis, financé par la coopération Luxembourgeoise, est en train de travailler sur ces questions. Le cabinet attend actuellement les rapports du projet pour poursuivre ce travail. La démarche pour définir le contenu des for-mations sera une approche par les compétences à acquérir.

Le préalable pour participer à ces formations sera de savoir lire et écrire en français. Pour ceux qui sont analphabètes en français, une étape préalable sera accessible avec des formations d’alphabétisation en français en alternance, notamment auprès des CRETEF.

23 CRETEF : centre régional d’enseignement technique féminin CETEF : centre d’enseignement technique féminin Par exemple à Dakar, il y a un CRETEF (à Grand Yoff) dont dépendent 5 CETEF (Ouakam, Pikine, Thiaroye,

Médina et Rufisque)

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

66

8.3 Projet d’EQJA en cours

Une expérience est déjà en cours avec des « ECB articulées » (Ecole communautaire de base). Les ECB proposent des formations en alphabétisation en français, mais également pour une large palette de langues nationales, essentiellement à des jeunes. Le concept des OCB est de proposer une formation équivalente au niveau élémentaire en 4 ans au-lieu des 6 ans nécessai-res dans l’école formelle. Le principe est d’abord d’alphabétiser les formés dans leur langue puis en français (être alphabétisé dans une langue nationale facilite grandement l’apprentissage du français). A la fin de ces 4 ans, les formés peuvent passer le CEFE (Certif i-cat de fin d’études élémentaires), et soit s’orienter vers une 6ème, soit vers la formation profes-sionnelle.

Le principe des OCB articulées est de relier ces formations en alphabétisation avec la forma-tion professionnelle (« principe de la sor tie professionnelle »). Certaines OCB sont ainsi re-liées avec des CRETEF, avec pour objectif de proposer une formation professionnelle pour ceux qui ont suivi une formation en alphabétisation (pas seulement en français).

Selon Sanoussi Diakhité, la durée nécessaire pour être alphabétisé en français est difficile à évaluer. Le temps prévu par le PAPES (6 mois, à raison de 2H par jour et de 3 jours par se-maine) lui semble envisageable. Mais les formés auront un simple niveau de base en écriture, lecture et calculs élémentaires…

Un autre projet est actuellement en cours : PAFNA (Projet d’appui à la formation profession-nelle des néo-alphabétisés) à St-Louis. L’objectif de ce projet est de permettre aux néo-alphabétisés d’aller vers des CAP dans les métiers de l’artisanat (dont l’agroalimentaire). Les formations se déroulent en alternance avec un double objectif d’apprentissage : alphabétisa-tion et métier. Les formés pourraient par la suite prétendre à l’entrée dans les CAP. Générale-ment les apprentis sont limités à leur apprentissage et ne peuvent pas évoluer. Augmenter la formation qualifiante leur donnera des possibilités d’évolution professionnelle.

La participation des formés à ces projets est à priori gratuite (à l’exception parfois de droits d’inscription, cas des CRETEF).

8.4 Vision plus large du secteur

Pour Sanoussi Diakhité, les certifications formelles devraient au maximum venir sanctionner les formations informelles. Pour le cabinet (enseignement technique et formation profession-nelle), l’EQJA est un moyen d’aller vers l’implantation de formations plus structurées dans l’informel. L’éducation qualifiante est vue comme un apprentissage. Il est nécessaire qu’il n’y ait pas que de la formation sur le tas dans l’agroalimentaire, mais aussi des compléments en éducation qualifiante avec des compétences de vie courante. Il est ainsi indispensable que les formations techniques s’accompagnent de programmes d’alphabétisation.

Selon lui, l’EQJA a pour objectif d’introduire de l’éducation pour tous dans la formation sur le tas. « L’EQJA est une étape qui participe à créer les conditions pour que l’individu puisse aspirer à des formations diplomantes ». L’EQJA n’est donc qu’un moyen (une étape néces-saire), le but étant les processus de qualification.

Son cabinet poursuit un objectif supplémentaire : que la formation sur le tas soit une étape ou un processus de la formation formalisée (commencer par un CAP, puis on a la possibilité d’aller vers un BEP, puis un BTS etc).

Ainsi ses attentes par rapport à l’étude en cours (UNESCO/ DPRE) est qu’elle participe à ca-ractériser les pratiques de formation dans l’éducation informelle – comment fait-on pour don-ner de la qualification aux gens dans les projets ?

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

67

En fait, le cabinet a pour objectif de structurer la formation (normer les qualifications), no-tamment en artisanat alimentaire, tout en restant dans le non formel (qui permet plus de proximité par rapport aux bénéficiaires…).

8.5 Transfert de compétences aux régions

La formation professionnelle est effectivement une compétence transférée aux régions mais cela ne s’est pas encore traduit dans les faits. Il est encore difficile d’évaluer quelles en seront les conséquences pratiques.

9. Compte rendu d’entretien avec ONFP

Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec M Dominique Faye , Directe ur des études et pro-jets de l’ONFP, Tel : 822 88 60

L’ONFP (Office national de formation professionnelle) est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) et est opérationnel depuis 1988. Ses principales activités sont la recherche et le financement de formation, parmi lesquelles les activités de transformation alimentaire occupent une place importante depuis 2 ans.

9.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation

L’ONFP reçoit des demandes de formation venant de tous les secteurs économiques. Les for-mations financées sont essentiellement fonction des demandes. L’ONFP finance à la fois des formations techniques et des formations de formateurs.

Les formations financées dans les activités de transformation alimentaire existent surtout de-puis deux ans. Le choix des structures pouvant assurer les formations se fait selon l’offre exis-tante dans les régions. Les CRETEF sont régulièrement mobilisés, des ONG ou associations (FEPRODES à St-Louis – Femmes productrices de la vallée du fleuve Sénégal) mais égale-ment des formatrices individuelles. Des organisations professionnelles pourraient également assurer ses formations mais cela est peu le cas dans la pratique.

Le contenu des formations est adaptée à la demande de formation à financer qui arrive à l’ONFP. Sur la base de cette demande, l’ONFP contacte une structure susceptible d’assurer la formation et leur demande de proposer un contenu de formation. L’ONFP vérifie par la suite que cette proposition est bien conforme aux besoins exprimés par les demandeurs de la forma-tion. La définition des programmes de compétence à acquérir est donc de la responsabilité des formateurs, sous le contrôle de l’ONFP.

Les formations sont réalisées depuis 2002 dans le secteur de la transformation alimentaire. Sur ces deux années, environ 2 000 personnes ont suivi une formation financée par l’ONFP, dont environ 1 600 sont des « promoteurs » et 400 des formateurs. Si les formations de « promo-teurs » sont pour une large part assurées par les CRETEF, les formations de formateurs (sur-tout pour des perfectionnements) sont essentiellement assurées par l’ITA (Institut de techno-logie alimentaire).

9.2 Objectifs des formations

Le public des formations est très variable. Il peut être composé de personnes exerçant déjà des métiers de la transformation comme des débutants. Les formations concernent également tous les âges.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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L’ONFP reçoit également de nombreuses demandes et réalise de nombreuses formations en alphabétisation. Mais ces formations sont totalement séparées des formations techniques. En revanche, l’alphabétisation fonctionnelle est privilégiée (la formation en alphabétisation s’appuie sur le métier des formés pour l’apprentissage des langues). Ces formations concer-nent fréquemment des individus en activité. Les demandes portent le plus souvent sur l’alphabétisation en langues nationales. Le plus souvent les demandes d’alphabétisation en français émanent d’entreprises.

Si les compléments en alphabétisation apportent un plus indéniable aux personnes en activité, elle ne semblent pas indispensables.

L’ONFP finance également les formations GERME et CREE du BIT (notamment celles que le PAPES propose aux groupements d’affaire qu’il accompagne). Or il est nécessaire d’être al-phabétisé pour suivre ces formations. Le problè me de l’alphabétisation se pose effectivement dans ce cadre.

9.3 L'offre de formation

Dans sa phase de lancement et d’implantation, l’ONFP a réalisé ou commandité plusieurs étu-des portant sur les besoins en formation pour évaluer les plans de formation à proposer. Les programmes de formation sont cependant réalisés par les formateurs choisis par l’ONFP, en réponse à la demande de formation parvenue à l’ONFP.

Les formations financées par l’ONFP ne donnent pas lieu à des diplômes mais des attestations. Généralement pour obtenir l’attestation, les formés doivent avoir suivi 75 à 80 % du temps de formation. L’ONFP peut apparaître sur l’attestation remise aux formés, mais pas nécessaire-ment.

Les diplômes relèvent d’une logique différente. Ils sont « le résultat d’ un cursus, d’un proces-sus », contrairement à une attestation qui sanctionne « une période » donnée. Si on ne peut nier qu’un diplôme aura une valeur supérieure auprès d’un employeur potentiel, au final les chances des formés sur le marché de l’emploi « dépendent surtout de leur savoir-faire ».

9.4 L’organisation et la gestion des formations

Les formations d’alphabétisation en français financées par l’ONFP comprennent généralement 260 heures, réparties sur 3 à 4 mois 24. Les durées sont globalement équivalentes pour des for-mations d’alphabétisation en langues nationales.

9.5 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)

Dans le cadre des formations financées par l’ONFP s’adressant à des particuliers, il ne leur ai généralement pas demandé de contribution (prise en charge à 100 % par l’ONFP). La structure sollicitée par l’ONFP pour réaliser la formation propose, en même temps que le contenu de formation, un budget prévisionnel. Pour les formations aux entrepr ises, l’ONFP ne finance qu’un pourcentage du coût total de la formation (% très variable), le reste étant co-financé par l’entreprise.

24 Selon l’ONFP, cette durée de 260 heures nécessaire pour l’alphabétisation est également celle donnée par l’UNESCO

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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Les formations de formateurs assurées par l’ITA coûtent un maximum de 80 000 F par per-sonne, en général pour une dizaine de jours. Les formations regroupent en général une dizaine de personne et reviennent à environ 700 000 F plus le transport à l’ONFP.

Les formations en alphabétisation (français ou langues nationales), généralement de 260 heu-res sur 3-4 mois, coûtent à l’ONFP de l’ordre d’un million pour une vingtaine de personnes.

Un autre fonds d’Etat est également présent sur le créneau du financement de formations pro-fessionnelles : le FONDEF (Fonds de développement de l’enseignement technique et de la formation professionnelle)25. Le FONDEF est présenté comme un outil de régulation du mar-ché de la formation professionnelle continue. Ses objectifs sont de financer des formations en adéquation avec la demande du secteur privé ; de participer à la réforme du secteur de l’ETFP. Les formateurs désirant réaliser des formations financées par le FONDEF doivent renseigner un dossier visant à obtenir un agrément du FONDEF (15 000 F de frais pour retirer le dossier). Ce fonds ne semble pas encore en activité.

Les coopérations française (qui a déjà financé des formations) et luxembourgeoise (pour son travail actuel d’appui auprès des CRETEF) sont également des bailleurs potentiels.

L’étude de la pérennité des formations n’est pas pour l’ONFP un critère de choix des forma-tions à financer. Cependant l’ONFP évite de financer le même pr ogrammes sur plusieurs an-nées de suite…

Le montant total par année des fonds mobilisables par l’ONFP pour le financement des forma-tions est présenté comme très variable et ne pouvant être estimé. Les fonds proviennent des contributions forfaitaires payées par les entreprises à l’Etat. Une fraction de ces sommes est reversée à l’ONFP par l’Etat. Mais les montants disponibles sont estimés comme très insuffisants par rapport aux demandes de formation présentées à l’ONFP. Les besoins restent donc largement insatisfaits, notamment dans le secteur de la transformation alimentaire où de nombreuses demandes n’ont pu être prises en compte. L’ONFP compte en tout cas continuer à financer des formations dans ce secteur dans les années à venir.

10. Compte rendu d’entretien avec Mm Diokh, restauratrice et responsable d’OP

Rencontre à Dakar le 14 octobre 2004 avec M DIOR

Gérante du restaurant le point d’interrogation n°2 et organisation professionnelle AAPAS

Mme DIOR (DIALLO) est gérante du restaurant le point d’interrogation numéro 2 (Dakar – Plateau). Elle est impliquée dans l’association APROVAL (association des professio nnels de l’alimentation pour la valorisation des produits locaux) qui travaille exclusivement avec Enda graf et également dans AAPAS, une organisation pr ofessionnelle similaire mise en place à la suite du programme PPCL pour travailler avec d’autres partenaires. AAPAS réalise des ré-unions de formation / sensibilisation auprès des femmes transformatrices (surtout pour les activités de petite restauration).

25 La personne ressource de ce fonds est apparemment Sanoussi Diakhite

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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10.1 Descriptif rapide des projets et actions de formation

Mme DIOR a participé au programme PPCL (Programme de promotion des céréales locales) - Gret-Enda, et a notamment suivi des formations dans ce cadre. Un des objectifs d’AAPAS est de dupliquer ses formations auprès des femmes transformatrices.

AAPAS regroupe 165 membres et travaille uniquement sur Dakar. L’association a été recon-nue officiellement il y a deux ans.

Des formations sont réalisées par des membres d’AAPAS qui ont été elles-mêmes formées et qui ont pour objectif de transmettre leur expertise. Mme DIOR a par exemple suivi une forma-tion en hygiène à l’ENFEFS. Il ne s’agit cependant pas de formations formalisées mais de réunions mensuelles de sensibilisation dans les quartiers de Dakar. Des ateliers de savoir faire sont organisés, surtout autour du maïs. Les formations concernent les arts culinaires, l’hygiène et la nutrition mais également l’entrepreunariat. Un des objectifs est d’améliorer la gestion et la qualité des produits proposés dans les gargotes. Au minimum, une réunion mensuelle est organisée dans les banlieues de Dakar (Pikine, Guediawaye, Ouakam etc – un quartier à tour de rôle par mois). Généralement 25 femmes sont présentes à chaque réunion. Des préparations de recettes à base de céréales locales et des dégustations sont réalisées. Des fiches supports ont été réalisées (notamment des recettes de cuisine) mais existent uniquement en français.

Il n’y a pas d’attestation de formation remise aux personnes présentes (il s’agit plutôt de ré-unions de sensibilisation).

Par ailleurs, un apprenti est employé au restaurant le point d’interrogation. Malgré les nom-breuses demandes, un seul apprenti peut travailler compte tenu de la taille du restaurant. Les apprentis travaillent généralement durant deux années au restaurant. Une attestation leur est remise à l’issu de l’apprentissage.

10.2 Publics formés

Les formations / sensibilisation proposées par l’AAPAS s’adressent à des jeune filles et aux restauratrices, le plus souvent âgées de 25 à 35 ans, bien que les réunions soient ouvertes à tous. Les cibles des formations / sensibilisations sont le plus souvent des groupements de promotion féminine qui permettent de démultiplier les enseignements. Les besoins sont impor-tants pour les activités de petite restauration dans les gargotes.

10.3 Objectifs des formations

Les objectifs des formations sont d’apprendre de nouveaux plats aux femmes présentes et de les sensibiliser à la nutrition et à l’hygiène (les femmes transformatrices sont également des consommatrices). Peu d’innovations sur les plats sont constatées dans les ménages, et un tra-vail de sensibilisation à la base apparaît donc nécessaire.

AAPAS ne fait actuellement aucun lien entre ces formations / sensibilisation et des formations en éducation de base / alphabétisation pour les femmes transformatrices. Les femmes formées sont pourtant largement analphabètes et expriment fréquemment des demandes pour des for-mations en alphabétisation. Pour l’AAPAS, une alphabétisation en français est préférable, notamment car toutes les recettes sont écrites dans cette langue. Il est jugé beaucoup plus dif-ficile d’enseigner des recettes à des femmes analphabètes (notamment pour faire respecter le mesures nécessaires). Les femmes travaillant dans les gargotes sont généralement organisées en groupement familial (les gargotes sont souvent héritées au sein des familles) et il est néces-saire qu’au moins une d’entre elles soit alphabétisée pour tenir les comptes. Lors des réunions de formation / sensibilisation, AAPAS demande à ce que la responsable de la gargote soit ac-

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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compagnée, de préférence d’une autre personne travaillant dans la gargote et alphabétisée. Il est signalé qu’il est fréquent qu’une femme formée soit amenée à quitter la gargote (suite no-tamment à un mariage), il est donc souhaitable de faire assister deux personnes aux formations pour éviter les pertes d’expériences. Même en cas de départ des gargotes, la formation est jugée utile car elle permettra à la femme formée de réaliser des activités génératrices de reve-nus à partir de son ménage.

10.4 L'offre de formation

Le contenu des formations dispensées a été élaboré à partir des expériences de formation des formatrices (Ecole hôtelière, ONG, programme PPCL etc).

10.5 L’organisation et la gestion des formations

Les formations sont organisées par les relais de l’AAPAS qui ont la charge d’emprunter des locaux pour les réunions mensuelles. Les réunions peuvent se tenir dans des salles de classes, des salles de réunion, des maisons et dans des cours.

10.6 Les moyens financiers (la prise en charge des coûts)

L’AAPAS cherche actuellement des financements pour développer ses activités de formation. Le Ministère de l’entrepreunariat féminin a été contacté. L’offre de financement de l’ONFP est apparemment peu connue des responsables d’AAPAS.

Des cotisations sont demandées aux participantes aux réunions de sensibilisation, comprises entre 500 et 1 000 F par personne et par réunion. Les besoins pour ces types de formation sont considérés comme importants (surtout à la rentrée des classes) mais l’offre d’AAPAS est limi-tée par un manque de moyens et un déficit d’organisation.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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IV. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

1. Principaux enseignements de l’étude

1.1 L’EQJA : un enjeu majeur pour le développement des activités de transformation alimentaire

Les facilités d’entrée, la modicité du capital, la petite taille des unités sont reconnues comme les principaux facteurs de dynamisme des activités de transformation alimentaire ; auquel il faut ajouter le mode d’acquisition de la qualification technique, essentie llement par transmis-sion de savoir -faire mère-fille. Cet apprentissage « sur le tas » apparaît peu coûteux et ouvert à de nombreuses catégories de population, en particulier celles qui n’ont pas accès au système de formation formel et aux emplois du secteur « moderne ». Ces constats expliquent nota m-ment qu’une grande majorité de femmes exercent dans le secteur et que ces activités soient également accessibles aux jeunes (majoritairement les jeunes filles). Le développement des activités de transformation alimentaire, en plus de contribuer à la sécurité alimentaire des ur-bains, contribue également à lutter contre la pauvreté de manière significative. Ce secteur est en pleine croissance et pr opose des perspectives intéressantes en terme d’emplois.

Mais ces modes d’acquisition de compétences sont longs et comportent un risque de se can-tonner aux métiers traditionnels et à des niveaux de qualifications modestes. Ils ne favorise-raient ni l’innovation, ni la maîtrise des compétences d’organisation et de gestion. Les études de cas ont en effet montré le peu d’apprentissage formalisé proposé pour ces métiers, qui s’explique au moins en partie par le manque de définition officielle des métiers du secteur.

L’éducation qualifiante pour les jeunes et les adultes est donc un levier stratégique des appuis à mettre en œuvre pour les activités de transformation agroalimentaire à destination des popu-lations insérées ou cherchant à s’insérer sur le marché du travail.

1.2 L’importance de lier formations techniques et alphabétisation fonctionnelle

Le secteur de la transformation des produits alimentaires se caractérise par le nombre impor-tant d’analphabètes travaillant à titre individuel ou dans les unités de transformation. Ce cons-tat est à rapprocher du nombre élevé de femmes exerçant dans l’activité.

Si l’accès aux savoirs de base (lire, écrire, compter) n’apparaît pas indispensable pour l’accès aux savoir-faire techniques permettant d’exercer les métiers de la transformation alimentaire, pour autant l’accès à ces savoirs de base est déterminant pour le développement et la diversif i-cation des savoir -faire. Des effets de seuil sont constatés dans la progression de la compé-tence. L’efficience d’une offre de formation technique peut nécessiter en préalable une étape d’alphabétisation (ex PAPES- Formation GERME). Les études de cas ont également montré que même les formations techniques réalisées en langues nationales n’avaient généralement que des supports de formation rédigés en français, ce qui limite fortement l’efficience des formations.

La maîtrise des savoirs « scolaires » sont jugés indispensables pour la maîtrise des savoirs transversaux (gestion, commercialisation…) et au développement des savoir-faire techniques. L’alphabétisation est donc à ce titre une clé de l’apprentissage et « un facteur de son dévelop-

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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pement et de son efficience » (Rapport sur les apprentissages en milieu urbain – MAE France 1999).

Le choix des langues d’alphabétisation est apparu lors des études de cas comme un enjeu du développement de l’EQJA. L’alphabétisation en français semble généralement préférée par les programmes d’appuis et les femmes transformatrices, qui peuvent également souhaiter être alphabétisées dans leur « langue maternelle ». Le vocabulaire français est souvent déterminant non seulement pour la dénomination courante des produits mais aussi pour la lecture des sup-ports de formation, des manuels techniques, des recettes etc… Il convient donc d’étudier, se-lon les publics, les langues à choisir pour l’alphabétisation. On peut cepe ndant citer l’expérience des Ecoles communautaires de base (ECB) qui proposent une alphabétisation préalable en langue nationale avant d’alphabétiser en français. L’apprentissage du français se trouve grandement facilité par l’alphabétisation préalable dans une langue nationale.

Les formations en alphabétisation fonctionnelle semblent de même à privilégier. Elles permet-tent d’être en prise directe avec la réalité quotidienne et professionnelle des formés.

1.3 Une offre de formation peu diversifiée et pas toujours adaptée

Il existe quelques formations diplômantes mais plutôt de haut niveau (BTS Sainte Jeanne d’arc destiné davantage à des emplois dans l’industrie) ou axées uniquement sur le secteur de la restauration-hôtellerie (CAP restauration – niveau entrée 4ème au Cretef). L’essentiel de l’offre publique de formation (longue durée) est fournie par les CRETEF et CETF dont les contenus de formation ont très peu évolué et dont les moyens sont limités. Si l’alphabétisation est prise en compte dans la formation, le niveau au bout de 3 ans demeure faible (cf entretien Cretef). L’ITA propose également des sessions de formations, surtout technologique (vocation ITA = recherche technologique) qui n’abordent pas les questions de commercialisation des produits, de gestion etc. Ces formations, parfois académiques ne sont pas toujours adaptées aux petites entreprises et au contexte et moyens de production. Les acquis ne peuvent pas tou-jours être mis en œuvre.

On note l’existence de nombreuses formations courtes organisées ou réalisées par des pr ojets et organismes d’appui (rarement intégrées dans un plan de formation et rarement considérées comme une étape d’un cursus de formation). Ces formations visent pour l’essentiel à renforcer les compétences techniques (formations financées par ONFP, via ITA et les CRETEF nota m-ment). Certains projets ont plutôt orienté leurs actions de formation sur la gestion (germe BIT – Promer26, Papes27) mais le faible niveau d’alphabétisation constitue un obstacle important pour nombre d’artisans et petits entrepreneurs du secteur.

Les actions de formations menées par Enda graf et le Gret (plus de 1000 personnes formées) ont également concerné la commercialisation et l’hygiène qualité, qui restent des thèmes de formation peu courants. Un dispositif de dé multiplication des formations au sein des groupe-ments a été expérimenté qui semble se poursuivre de façon autonome par des réunions de formation / sensibilisation effectuées par les organisations professionnelles (et réalisées par d’anciennes formées – ex AAPAS). Les formations courtes, techniques, mobilisent le plus souvent des compétences « académi-ques » et parfois trop théoriques (ITA, consultants indépendants, BE) mais également les Cre-tef (enda, Gret, ONFP) et plus rarement des artisanes/formatrices (Gret/enda).

26 Projet de promotion des microentreprises rurales/FIDA 27 projet d’appui aux petites entreprises du Sénégal – ONUDI – Coop. Autrichienne

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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On notera que la plupart de ces formations ne donnent lieu qu’à une attestation de formation remise en général à tous les participants s’ils ont suivi au moins 75 % de la formation. Il n’y a pas ou rarement d’objectifs précis d’acquisition de compétences et pas de contrôle en fin de formation (taux de réussite de 90 % des inscrits en année 1 pour CRETEF).

1.4 Des contenus des formations rarement formulés avec les demandeurs

L’ONFP a constaté une demande croissante de financement de formations en agroalimentaire. Il a financé en 2 ans la formation de 2 000 personnes (dont 400 formateurs). Cependant le contenu de ces formations est surtout technique (procédés de transformation) et rarement en lien direct avec les activités et les possibilités techniques, financières et humaines des petites entreprises. Ainsi des groupements féminins demandent des formations mais n’ont pas ensuite les moyens de démarrer effectivement l’activité ou n’ont pas acquis les compétences pour orienter leur production vers le marchés et pour développer leurs ventes.

Ce constat est en partie lié à la demande des entrepreneurs et groupements qui formulent des besoins de renforcement des compétences techniques sur les procédés, les produits. On peut se poser la question si ces demandes ne sont pas orientées (inconsciemment) en fonction de l’offre de formation connue par ces artisanes. Il faut également reconnaître que certains be-soins identifiés par les organismes d’appui, comme la qualité, ne sont que rarement formulés par les acteurs économiques.

Les organismes d’appui soulignent la nécessité de renforcer les capacités techniques mais insistent également sur les compétences en gestion, commercialisation/marketing, avec des difficultés à acquérir les compétences si les apprenants n’ont pas au moins le niveau d’alphabétisation 1 (lire et écrire), difficultés confirmées par les organisations professionnelles (APROVAL/ AAPAS, TRANSFULEG) d’autant que la plupart des supports sont en français. Malgré ce constat, les formations courtes sont rarement articulées à l’alphabétisation ni à l’éducation à la vie courante. La spécialisation de l’offre de formation mais également des organismes d’appui est sans doute à l’origine de cette situation.

La jeunesse de ces organisations professionnelles et un certain isolement des acteurs du sec-teur expliquent la faible implication des OP dans les actions de formations et leur contenu souvent défini par les organismes d’appui ou de financement.

1.5 Un public surtout d’adultes en activités

Hormis les CRETEF qui visent à former des jeunes filles, la plupart des formations s’adressent à un public d’adultes déjà en activité. Peu de formations visent à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes. Les modalités de transmission de savoir-faire mère-fille avec l’absence de statut d’apprentis dans la plupart des filières peuvent expliquer l’absence d’offre de formation en direction du public jeune.

1.6 Des modalités de financement très variables

Les coûts de formation au Cretef sur 3 ans comprennent 20 000 f d’inscription en première années, 17 500 F en années 2 et 3, et des frais mensuels de 1500 F (soit un total d’environ 100 000 F). Le coût de formations techniques est en général élevé (ITA, consultants, bureaux d’études). A titre d’exemple une formation technique de l’ITA coûte de 80 000 à 100 000 F par personne. Pour l’alphabétisation, le Papes a estimé le coût total à 25 000 F pour environ 180 H (ONFP 50 000 F pour 260 H).

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

75

Le PROMER ne demande aucune participation aux apprenants alors que le Papes demande une contribution de 10 000 F/pers pour les formations techniques (type ITA). La prise en charge du Papes varie selon les formations entre 90 et 75 %. Les études de cas montrent donc que des cofinancements des formations pouvaient être de-mandés aux bénéficiaires. Ces cofinancements sont généralement de l’ordre de 10 à 20 % du coût de la formation. Mais certains des projets étudiés ne demandent aucune participation aux bénéficiaires. Il semble en effet que certaines formations techniques, nécessitant des compé-tences « pointues » de la part des formateurs, sont proposées à des coûts élevés (cas du PPCL qui a fréquemment fait appels à des consultas ou bureaux d’études privés) pouvant difficile-ment être supportés par les bénéficiaires. Les publics cibles (transformatrices individuelles ou micro entreprises) peuvent ne pas être en capacité de cofinancer 10 à 20 % du coût de la for-mation. Les actions de formations organisées par Enda graf et le Gret sont en général prises en charge à 100 %. Cependant les apprenants ont ensuite « l’obligation » de démultiplier la formation au sein de leurs groupements et de réaliser des activités de sensibilisation avec un petit appui au début et ensuite sur leurs fonds propres (ou en mobilisant la participation des femmes). Cette démarche se rapproche d’une formation de formateurs mais sans certification des capacités.

Si la participation des bénéficiaires aux coûts de la formation est souvent encouragée, des fonds de formation destinés à financer la partie des coûts que les bénéficiaires ne peuvent pas prendre en charge, semble une nécessaire contrepartie publique de l’effort des bénéficiaires. subvention de l’état, au même titre que l’enseignement technique classique. Seul l’ONFP, qui finance certaines formations en transformation alimentaire (surtout depuis deux ans), semble actuellement contribuer au financement de ces formations. Les offres de formations profes-sionnelles et en complément de base émanant du secteur public et privé ne pourront pas être accessibles aux transformatrices alime ntaires sans une part de subvention de l’état, au même titre que l’enseignement technique classique (largement subventionné).

1.7 Quelques timides évolutions

Bien que l’alphabétisation n’avait pas été prévue dans le document de projet initial, le PRO-MEr a engagé d’importantes actions d’alphabétisation. Le PAPES, a retenu également de consacrer une partie de ses moyens à l’alphabétisation dans la deuxième phase qui va démar-rer. Les CRETEF cherchent à faire évoluer leur offres de formation avec une collaboration avec des ECB (écoles communautaires de base) articulées à la formation professionnelle (expérie n-ces avec Cretef Dakar), la création de CAP restauration (1ère promo en 2005, Luxembourg-cretef Saint Louis) avec le souhait de développer d’autres formations diplômantes au sein des CRETEF et CETF, notamment avec un projet de création d’un CAP en agroalimentaire (ré-flexion sur définition des compétences en cours avec coopération luxembourgeoise). La plupart des projets et organismes d’appui ont formulé le souhait de combiner des acquis i-tions de compétences professionnelles et le renforcement éducation de base par l’alphabétisation. Le plus souvent, les personnes interrogées se prononcent pour l’alphabétisation fonctionnelle en la ngues nationales puis éventuellement en français. Selon nous, l’alphabétisation et éducation vie courante sont importants. Cela permet d’envisager plus facilement le développement de l’activité et offre une plus grande ouverture des opportu-nités d’emplois, de revenus (possibilités d’évolution) et de poursuite de formation

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2. Premières conclusions/recommandations

L’étude met en évidence la nécessité de préalables dans ce secteur de l’artisanat alimentaire.

2.1 Définition et reconnaissance des métiers de l’artisanat alimentaire

L’artisanat alimentaire reste encore mal connu et peu reconnu comme secteur d'activités pro-ductives. Le fait de le distinguer dans la comptabilité nationale plutôt que de l'intégrer dans les activités agricoles secondaires ou dans le simple commerce et services, contribuerait à recon-naître son importance économique. Une telle distinction suppose de mieux identifier les activi-tés et les métiers, de pouvoir les recenser, et de pouvoir estimer leurs contributions en terme de revenus et de valeur ajoutée. L'enjeu d'une telle comptabilisation est à la fois de mieux faire correspondre les comptes nationaux avec la réalité des activités économiques du pays et de reconnaître l'importance et la légitimité de ce secteur dans les politiques d’éducation, de for-mation et de développement.

Dans le cadre d’une étude en cours pour le Ministère français des affaires étrangères28,une esquisse de nomenclature a été élaborée. Elle pourrait servir de base pour préciser avec l’administration et les OP les métiers de l’artisanat alimentaire (cf annexe 4).

2.2 Définition d’un référentiel de qualification et de formation par métier

A partir de la définition des métiers, il est nécessaire d’engager un travail d’élaboration d’un référentiel de compétences et de formation. Ce travail mené avec les organisations profession-nelles doit permettre de définir les compétences nécessaires à partir d’une analyse des activi-tés. Ces compétences ne sont pas uniquement techniques mais renvoient également à l’éducation de base (lire, écrire, compte mais également conditions de travail, hygiène, législa-tion).

2.3 Réfléchir et expérimenter un système d’apprentissage reconnu

Dans le secteur agroalimentaire, il n’existe pas de véritable système d’apprentissage. Ainsi les savoir -faire sont transmis de mère en fille. Les jeunes qui voudraient apprendre un de ces mé-tiers auront des difficultés à le faire sans relation familiale dans le secteur d’activités. Pour permettre aux jeunes d’acquérir plus vite les compétences nécessaires (tant professionnelles qu’éducation de base) et faciliter l’accès à ces métiers, il est nécessaire de mettre en place un système d’apprentissage qui combine formation pratique, formation théorique et éducation de base. Les Cretef et Cetef pourraient être associées dans cette démarche en nouant des collabo-rations avec des organisation professionnelles.

Le système d’apprentissage doit être reconnu (certification) et prendre en compte la notion de parcours professionnel (progression, passage dans éducation formelle – technique et profes-sionnelle – développement de nouvelles offres – notamment CAP).

Les études de cas montrent que la participation des organisations professionnelles comme interlocuteurs des actions de formation favorisent une prise en compte de la nécessité pour l’organisation d’inclure cet aspect dans ses missions. En l’absence de moyens extérieurs, les Op ont mobilisé leurs ressources propres pour réaliser des sessions de formations.

28 Artisanat alimentaire et lutte contre la Pauvreté en Afrique sub-saharienne (ALPA), Cécile Broutin/Gret, Nico-las Bircas/Cirad

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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2.4 Impliquer les collectivités locales et favoriser une concertation avec les structures de formation et les organisations professionnelles

La formation est une compétence transférée aux régions même si dans les faits, cela reste peu visible. La mise en place d’un cadre de concertation régional incluant les structures de forma-tion ( centre, ONG, privés) et les organisations professionnelles permettrait d’identifier les filières agroalimentaire à développer dans chaque région (notion de filières porteuses où il existe des potentialités de développement) et de recenser les besoins de formations auxquels il faut répondre par une offre de formation adaptée.

2.5 Définir et mettre en œuvre une phase pilote

La restitution de l’étude aux organisations professionnelles, aux services de l’état et aux ac-teurs de la formation dans le secteur permettrait d’identifier une ou deux organisations profes-sionnelles intéressées à mettre en oeuvre un projet pilote dans une ou deux régions où les filiè-res de ces organisations professionnelles semblent intéressantes à développer. Celle-ci pourrait reprendre les éléments présentés ci-dessus :

n Définition du référentiel de métier

n Définition d’un référentiel de formation

n Test d’un système d’apprentissage et de formation Celui-ci rejoint en partie la proposition d’écoles pratiques (terme proposé dans le cadre du programme AVAL : Cnearc, Cirad, Enda graf, gret) qui cependant n’incluait pas l’éducation de base mais déjà proposait quelques pistes pour un système de formation alternatif.

Quelques points à approfondir :

> Mobilisation des centres de formation (enfefs, cretef) ou des opérateurs de formation spé-cialisés (ONG, BE,…) pour former des formateurs qui pourraient être des femmes artisa-nes motivées pour améliorer leurs savoir-faire, intéressées à former des jeunes et des adul-tes à faible coût.

Ces formations doivent toucher à la fois les aspects techniques (améliorations techniques, nouveaux produits) et les autres qualifications nécessaires pour le métier (hygiène, gestion, …) à partir du référentiel défini avec les OP.

Ceci suppose que cette qualification de formateur soit reconnue pour que ces femmes accep-tent de jouer ce rôle nouveau de formatrice dans un cadre non familial, pour qu'elles acceptent aussi de transmettre un savoir-faire qu'elles refusent a priori de diffuser par crainte des concur-rences à venir. Il faudra donc préciser quelle type de reconnaissance et quels critères pour cela (rôle des OP dans un premier temps ?).

Cette question de reconnaissance concerne aussi les jeunes et adultes qui seront formés par ces formatrices. On a vu qu’actuellement il n’y a aucun système d’évaluation et de critères dans les formations courtes. Tous les participants reçoivent une attestation, qui n’est en fait qu’une attestation de participation à une formation et non une attestation d’acquisition de compéten-ces.

> Réfléchir à la combinaison compétences professionnelles et éducation de base

L’idée est bien d’essayer de favoriser le renforcement des compétences de manière conjointes et non successivement (comme le fait le PAFNA) pour d’une part réduire la durée de l’apprentissage et d’autre part motiver les apprenants et répondre à leurs attentes. Les évalua-tions de programmes d’alphabétisation ont souvent mis en évidence une certaine frustration

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des formés qui ne voyaient pas directement à quoi ces nouvelles compétences leur servaient et réclamaient de pouvoir à l’issu de la formation avoir un métier ou des perspectives d’emplois.

Ceci suppose de discuter avec les OP et les acteurs dans le domaine pour étudier quelle offre et quelle pédagogie de formation mettre en œuvre pour l’éducation de base. Les expériences dans d’autres filières artisanales (Promécabile ou la FENAS, par exemple) pourraient aider à préciser ces questions. Le Papes préconise de son côté le développement de compétences de formation au sein des OP.

> Identification des demandes de formations (jeunes et adultes) et modalités de mise en œu-vre

Il s’agit de préciser comment seront identifiées les demandes. Les OP sont-elles en mesure de le faire ? comment identifier des demandes de jeunes non encore engagés dans l’activité ?

Le principe retenu serait de privilégier les formations dans les quartiers (« école sans mur »), construites à la demande, respectant donc les temps d'occupation des femmes, n'imposant pas d'horaires mais modulant les temps de formation en fonction des contraintes des uns et des autres.

Une école pratique est un lieu d'échange de proximité, le pr oduit de concertations locales (sur l'organigramme, sur l'emploi du temps, sur les contenus, les besoins,...). mais toutes les forma-tions pourront-elles se faire sans un minimum d’infrastructures ?

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BIBLIOGRAPHIE

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CONTACTS

n Personnes ressources

> M. Sanoussi DIAKITE, Conseiller enseignement technique et formation professionnelle auprès du cabinet du Ministre délégué chargé de l’enseignement technique et de la forma-tion professionnelle (rattaché au Ministère de l’éducation) – 633 42 39

> Mme Khanata SOKONA, responsable de programme à Enda graf – 827 20 25 - [email protected]

> Mme Diokh, gérante du restaurant le point d’interrogation N°2 (Dakar – Plateau) et prési-dente de l’association professionnelle AAPAS – 822 50 72

n Contacts études de cas :

> CRETEF Grand Yoff – Dakar : Mme FALL – tel : 827 65 59

> PROMER : El Hadj Diallo, directeur et Hyacinthe Mbengue, directeur technique – Tel : 981 11 01 – [email protected] - SEGA DIALLO – agent de l’antenne PROMER à KIDIRA (région de Tambacounda) - Tel : 657 37 78 - [email protected]

> PAPES : Malick Sy, directeur - Direction Générale APROSI (ex-SODIDA), Rue 14 plon-gée HLM x avenue Bourguiba - BP 4112/ 17551 – 864 09 07 – [email protected]

> ITA : M Amadou POUYE, responsable des formations – tel : 859 07 07 – www.ita.sn

> ONFP : M Dominique FAYE, directeur des études et projets – 822 88 60

> AAPAS : M Diokh, présidente – 822 50 72

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Annexe 1 – Plan de travail

Organisation retenue pour la conduite de l’étude

Rubrique Activités Résultats attendus durée Période

Etape préparatoire

Collecte et exploitation de données secondaires

Collecte et revue docu-mentaire

Rencontre avec person-nes –ressources29

Descriptif rapide du secteur : Caractéristiques, filières, organis ation

Typologie des types de for-mation

5 jours 20/09 au 24/09

Etudes de cas

Etude de cas : Gret/enda graf

Analyses des formations et résultats

Description de l’expérience 2,5 jours 27 au 30/09 et 13/10

Etude de cas : ITA Analyses des formations et résultats

Description de l’expérience 2 jours 1 et 4 /10

Etude de cas : Cretef Analyses des formations et résultats

Description de l’expérience 2 jours 5-6/10

Etude de cas PAPES Analyses des formations et résultats

Description de l’expérience 2 jours 7-8/10

Etude de cas : Promer Analyses des formations et résultats

Description de l’expérience 2 jours 11au 13/10

Etude de cas : ONFP Analyse des formations financées et résultats

Description de l’expérience 1,5 jours 14 et 15/10

Etude de cas : AAPAS Analyses des formations et résultats

Description de l’expérience 1 jour 11/10

Analyse et rédaction des rapports

Rapport provisoire Analyse des données et recommandations

Rapport provisoire 4 jours 18/10 au 22/10

Rapport final Analyse des remarques et rédaction du rapport final

Document final 3 jours Au plus tard 30 octobre

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Annexe 2 – Typologie des activités individuelles agroalimentaires à petite échelle

Nadia Bentaleb, Nicolas Bricas, Cécile Broutin, Fatou Ndoye, Khanata Sokona, Babacar Touré (étude ALPA)

Termes utilisés dans l'étude Activités de subsistance Micro entreprise Petite entreprise Moyenne entreprise

Termes équivalents Activité Génératrice de Reve-nus (AGR) Occupation

Très Petite Entreprise (TPE)

CONDITIONS D'ENTREE DANS L'ACTIVITE Savoir-faire Pas de savoir-faire technique

spécifique Savoir-faire technique spécifique

Type d'équipement Utilisable pour la cuisine fami-liale

Utilisable pour la cuisine de grandes familles

Spécifique pour les activités de l'entreprise

Capital financier de démar-rage

Mobilisable sur épargne personnelle et réseau de proximité Recours nécessaire à du crédit informel ou formel

CARACTERISTIQUES DE FONCTIONNEMENT Local Souvent à domicile, pas de local

indépendant, ou sur lieu fixe (milieu rural)

Souvent local spécialisé à do-micile ou sur un lieu fixe (mi-lieu rural)

Local indépendant

Employés Pas d'employés Auto-emploi

Auto-emploi + MO familiale ou apprentis

Patron + MO familiale + quel-ques employés permanents rémunérés + MO temporaire

Patron + personnel spécialisé + employés + MO temporaire

Organisation des activités Le responsable assure toutes les fonctions Distinction des fonctions entre employés Type de marché Marché de proximité, vente

directe aux clients Marchés distants, niches de

marchés, vente via distributeurs Importance du revenu Revenu d'appoint, de subsis-

tance Revenus pouvant assurer les besoins d'une famille entière

Revenus permettant des investissements dans l'entreprise.

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Termes utilisés dans l'étude Activités de subsistance Micro entreprise Petite entreprise Moyenne entreprise

STRATEGIE DE L'ACTIF Métier Activité non reconnue par l'actif

comme un métier Activité reconnue par l'actif comme un métier

Stabilité Activité temporaire Activité stable, permanente mais qui peut n'être que saisonnière quand inféodée à disponibilité en matière première périssable (ex. igname, fruits, régime de palme)

Statut social de l'activité Pas de nom Pas de nom d'entreprise affiché Nom de l'entreprise affiché sur le local et/ou sur les produits Engagement du responsable dans l'activité

Activité d'appoint, pas de sou-hait d'investir dans l'activité

Volonté de s'investir dans l'en-treprise au moins en temps

Investissements matériels dans l'entreprise (local, équipement) et immatériels (réseau)

Stratégie d'évolution Peu de stratégie d'évolution Stratégie de reproduction Stratégie de crois sance par multiplication ou grossissement Financement Accès au micro-crédit décentralisé Compte bancaire

Recherche de crédits Accès au crédit bancaire

Appui-conseil Rarement connecté Souvent réactif Recherche d'appuis et conseils Capacité à payer l'appui et le conseil

Organisations collectives Associations de commune acti-vité à but le plus souvent social (tontines)

Associations de commune acti-vités à but social et parfois économique

Parfois associations profession-nelles

Souvent associations profes-sionnelles ou syndicats

Statut juridique Pas de statut juridique Parfois enregistré au registre du commerce

Souvent enregistré au registre du commerce

Enregistré

Impôts et taxes Taxes et patentes municipales si vente fixe (urbains)

Taxes et patentes municipales si vente fixe + Impôt Sect. Informel s'il existe (ex. Burkina)

Taxes et impôts

Déclarat° salariés et cotis° sociales

Non Rare

EXEMPLES Productrice-vendeuse de bei-gnets (< 10 kg/j) dans la rue Productrice-vendeuse de glaces en sachets à domicile

Fabricante-vendeuse de cous-cous, Fabricante de poisson séché, Productrice-vendeuse de lait caillé à base de lait frais (savoir-faire important)

Meunier ou décortiqueur en prestation de service Atelier mécanisé et produits céréaliers secs en sachets

MPEA ENTREPRISE PME (Petite et Moyenne E.) SECTEUR INFORMEL SECTEUR

FORMEL

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Annexe 3 - Présentation de quelques organisations socio-professionnelles dans les filières agroalimentaires

Source : étude ALPA (Enda graf, Gret, Cirad), études PAPES, divers travaux Enda graf et du Gret et sources documentaires

1. TRANSFRULEG : Association Nationale des transformateurs de fruits et légumes.

n Création

24 janvier 1998 (AG constitutive - sous l’impulsion du PROCELOS/CILSS), association re-connue en 2001

n Membres

40 structures membres (dont 30 sont des GIE) et plus de 1800 personnes. Tous les mem-bres doivent déjà être formés en technique de transformation et de conservation des pro-duits. Ils doivent en outre s’acquitter d’un droit d’adhésion de 2500 F CFA et une cotisa-tion mensuelle de 1 000 F CFA.

n Localisation des membres

Dakar, Kaolack, Pout, Keur Moussa, Ziguinchor.

n Buts

> regrouper les opérateurs dans un cadre de concertation en vue du développement de la filière ;

> Intercéder auprès des décideurs et des bailleurs (lobbying et défenses des intérêts des membres) ;

> Améliorer les méthodes de travail.

n Appui et Financement :

cela leur a permis de participer à des salons spécialisés, des foires, de faire des formations en technique de transformations et de conservation, des voyages d’étude, des prospections, des formations à l’ITA. Tout cela avec des partenaires comme :

– PAPES (appui à l’élaboration d'un Plan de Développement Stratégique ) – ENDA GRAF, GRET – PROINVEST – PAOA – RELAIS PROCELOS

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2. FENAGIE PECHE : Fédération Nationale des GIE de pêche du Sénégal.

n Création

06 août 1990 à Joal par les pêcheurs, micro mareyeuses et transformatrices des produits de la pêche.

n Structuration

Les pêcheurs, micro mareyeuses des transformatrices s’organisent en GIE, appelé Unions de base, qui se regroupent ensuite en Union locale. Les Unions locales se regroupent en Fédéra-tion Départementale puis Régionale et finalement en Fédération Nationale d’où FENAGIE PECHE. 53 GIE composent à ce jour la fédération avec près de 25.000 me mbres.

La FENAGIE PECHE est membre du CNCR.

n Localisation

Elle est présente dans plusieurs régions du Sénégal : Dakar, Thiès, Saint Louis, Kaolack, Fa-tick, Ziguinchor, Kolda, Louga.

n Partenaires

Deux principaux partenaires ADPES et NOVIB > ADPES (Association pour une Dynamique de Progrès Economique et Social) qui dès le

début leur à offert un siège et a financé certaines sessions de formation et de réflexion sur les stratégies de développement. De même, elle leur a accordé une ligne de crédit.

> NOVIB -Hollande a financé à deux reprises des programmes qui lui sont soumis notam-ment en matières d’équipement formation et de mises en place de mutuelle d’épargne et de crédit.

> Par ailleurs les Fonds Suisse et Belge ont accordé 100 millions pour un programme de mutualisation.

Sept (7) mutuelles ont déjà été crées à Joal, Mbour , Saint Louis, Foundioune, Ndangane Sambou, Missira, Rosso Sénégal,Ndionbotou. La Fédération se propose d’installer chaque année 3 mutue lles grâce au fonds alloués par NOVIB. Les membres peuvent bénéficier de crédit par l’intermédiaire de l’Union Locale. Depuis 1999 la mutuelle de Mbour a distribué près de 133 millions.

n Acquis –Réalisation

Son adhésion au CNCR (Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux) a favorisé le développement de la fédération qui a bénéficié d’appui institutionnel

– Mise en place d’un système alternatif d’épargne –crédit – Séminaire de formation sur le renforcement des capacités de gestion des organisations

(1997). – Séminaire sur l’exploitation et la gestion durable des ressources halieutiques. – Session de formation sur les techniques de transformation des produits halieutiques. – Session de mise à niveau d’animateurs et animatrices relais – Acquisition du centre de mareyage de Rufisque. – Quelques équipements et infrastructures : fours, claies, bacs, caisses isothermes, mo-

teurs et pièces détachées pour les pirogues.

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3. FENATRAPROMER : Fédération Nationale des Transformateurs de Produits de la Mer

n Création

Elle a été créée le 13 mars 1999 (sous l’impulsion du PROCELOS/CILSS)

n Composition

Elle est composée d’hommes et de femmes pêcheurs et mareyeurs à travers 10 fédérations nationales, 30 fédérations départementales, 90 fédérations d’arrondissement. La Fédération compterait ainsi plus de 3 500 GIE de mareyeurs, transformateurs et pêcheurs.

n Objectifs

> fournir des produits de meilleure qualité, notamment pour l’exportation

> augmenter la production de la filière et faciliter l’introduction d’innovations

> aménager les sites de débarquement,

> améliorer l’approvisionnement du marché intérie ur

> aider les femmes à se doter de moyens de production (équipements), de commercialisa-tion, de stockage

> appuyer la formation des groupements en gestion

4. FENATRAMS : Fédération Nationale des Transformatrices Micro Mareyeuses du Sénégal.

n Création : 2001

n Membres et organisation

Le nombre est estimé à 10.000. La structure est entièrement composée de femmes. Les ré-unions se déroulent tous les deux mois, alternativement dans toutes les régions. Il y a un bu-reau dans toutes les régions concernées. Chaque bureau est composé d’une présidente, d’une vice président, d’une trésorière, d’une secrétaire, d’une commissaire au comptes, et d’une chargée de l’organisation. Bien que le siège de la fédération se trouve à Dakar, la présidente nationale réside à Mbour.

n Localisation des membres

Dakar, Thiès, St Louis, Louga, Fatick, Kaolack, Ziguinchor, Tamba.

n Partenaires

> Ministère de la pêche ( financement d’une formation axée sur l’hygiène et la qualité dans les différents site

> Papes : formation en leadership des femmes transformatrices des produits de la pêche.

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5. Groupement des transformateurs de céréales

n Création : 1993

n Membres

Vingt cinq (25) petites unités de transformation des céréales locales des régions de Dakar, Thiès, Diourbel ; Kaolack qui proposent des produits transformés en sachet (sankal et soun-gouf de mil, brisures de maïs, de niébé, arraw, thiacry et céré de mil et de maïs, farine infan-tile, …).

n Objectifs

Le groupement affiche notamment sa volonté de contribuer à la revalorisation des produits locaux, à appuyer la mise en œuvre d’actions collectives (approvisionnement).

n Partenaires – PPCL – PAPES – PPEA – IMS (Initiative Mil Sorgho) – ROCAFREMI

6. APROVAL :Association des Professionnelles de l’Alimentation pour la Valorisation des Produits Locaux.

n Création

16 octobre 2000 par les femmes transformatrices des locaux, comme les céréales et fruits, les restauratrices de rue, les vendeuses d’aliments à base de céréales.

n Membres

L’association compte environ 1 000 femmes. Elles sont localisées dans le régions de Da-kar et Thiès. A Dakar, les différentes localités concernées sont : Pikine , Yeumbeul, Grand Yoff, Grand Dakar, Malika, Parcelles assainies, Grand Médine, Yoff, Ngor et Ru-fisque.

n Activités

> réunions d’échange mensuelle.

> animations dans les quartiers

> visites d’échange d’expérie nces entre groupe.

> Collaboration entre les membres : si un membre a une grosse commande, elle reçoit le soutien d’autres membres pour satisfaire la demande.

> formations, comme celle axée sur la qualité et l’hygiène, assurée par des animatrices de l’association.

n Partenaires – PPCL (Enda graf, Gret) /UE – Enda graf, Gret :appui technique et financier. – CDL (Comité Local de Développement.)

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7. Directoire national des femmes de l ’élevage (DINFEL)

n Création : 1999

n Membres

Structure faîtière regroupant 11 directoires régionaux des femmes en élevage (DIRFEL)

Le nombre de membres (productrices et transformatrices de lait) est estimé à 15 000.

n Objectifs

> Permettre l’intégration des femmes éleveurs dans les processus de décision

> Améliorer les connaissances des artisans en matiè re de production de ressources animales

> Promouvoir les activités génératrices de revenu en zone rurale et développer l'emploi des femmes dans le secteur de la transformation et de conservation et de la conservation des produits d’origine animale

> Améliorer les conditions de conservation et de transformation du lait local ainsi que la rentabilité des petites unités de production, de conservation des produits laitiers.

n Activités

Très variable selon les régions (la plus dynamique est DIRFEL Dakar, dont la présidente est également présidente de DINFEL).

n Partenaires

Ministère de l’élevage

Dans les régions : Sodefitex, Fonds de l’emploi

8. Fédération des éleveurs indépendants et transformateurs laitiers du Sénégal (FEITLS)

n Création : 1997

n Membres

Personnes physiques et personnes morales (GIE, Coopératives, Associations informelles d’éleveurs, de transformateurs de lait, de commerçants de lait ou de bétail).

Le nombre de membres a été estimé en 2001 à trois mille trois cent (3 300), avec 40% de femmes, de vendeurs de lait reconstitué et de lait local des éleveurs et commerçants de bétail (bovins, ovins, caprins), des importateurs de poudre de lait fournissant des services aux me m-bres transformateurs.

n Objectifs

> constituer une force de proposition et de représentation vis à vis des partenaires stratégi-ques (Etat, Bailleurs) dans le cadre des intérêts des membres ;

> fournir toute la gamme de service sur une base individuelle et collective et liés au déve-loppement de leurs activités ;

> promouvoir l’auto prise en charge des acteurs de la profession.

Gret – Etude formations agroalimentaires et EQJA

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n Activités

Dans le cadre des activités majeures réalisées par la FEITLS, ont peut noter :

> la négociation entre l’Etat et la FEITLS sur la hausse du prix du lait en poudre (inspection régionale de l’élevage) ;

> l’assistance des membres auprès des services d’hygiène ;

> la sensibilisation des acteurs sur l’hygiène des lieux de transformation et de vente ;

> la formation des formateurs de 31 opérateurs (trices) sur les techniques de caillage du lait et la gestion des lieux de vente à l’ITA ;

> la participation aux foires ;

> l’organisation des journées d’orientation du 09 et 10 juillet 2003 ;

> l’élaboration d’un plan de développement stratégique ;

> la mise en place du GTT (Groupe Technique de Travail )et signature de conventions et accords cadres avec les partenaires au développement membres du GTT.

> Définition d’un plan d’actions stratégique comprenant – La Société de Cautionnement Mutuel (SCM) – Les Centres de Groupage et d’Achat (CGA) – Les fermes pilotes – Les micro unités de transformation laitière – Le renforcement des capacités des membres

Le Groupe de Réflexion, d’Action, d’Information pour la Nutrition et les Echanges « Réseau GRAINE » qui est constitué d’organisations socioprofessionnelles évoluant dans les domaines de l’élevage, de l’agriculture, de la pêche et de l’artisanat a mis en place un Groupe Technique de Travail (GTT) pour chaque filière avec l’appui technique du BIT/PACTE (partenariat pour un Artisanat Compétitif par le Transfert et les Echanges) et du PAPES/ONUDI (Projet d’Appui aux Petites Entreprises du Sénégal) de l’Organisation des Nations Unies pour le Dé-veloppement Industriel.

Le GTT se préoccupe de toutes les questions relatives à la formation technique et technologi-que, à l’information, au financement et à l’élaboration de programmes conjoints et aux études de projet. Il est composé du Comité d’Appui Technique du Réseau Graine, du bureau central de la filière, des ministères techniques et des partenaires au développement impliqués dans la réalisation des programmes. Le GTT est subdivisé en plusieurs commissions techniques à savoir :

> la Commission Technique et Finance composée du CAT/ Graine, du PAPEL, de l’AQUADEV, de l’AGERPOST, de la SONAC Assurance, du PACE, du Fonds National d’Action à l’Emploi, du PROMER ;

> la Commission Technique et Production composée du CAT / Graine, de l’Institut de Tech-nologie Alimentaire (ITA), de l’Institut Sénégalais de Recherche Agricole (ISRA), du Pro-jet d’Appui aux Petites Entreprises du Sénégal (PAPES/ONUDI), de l’UNACOIS, de l’UNCS, de l’ANCAR, du PROMER, du BIT/PACTE, du Projet Qualité de l’UEMOA ;

> la Commission Technique, Formation et Encadrement composée du CAT/Graine, du PAPES/ONUDI, de l’ITA, de l’ISRA, du projet PAPA, du BIT/PACTE.

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9. Fédération nationale des acteurs de la filière lait du Sénégal (FENAFILS)

n Création : décembre 2003

n Membres

La FENAFILS est ouverte à toute personne physique ou morale agréée en qualité de produc-teur, de transformateur, de distributeur et de fournisseur d’intrants, d’acteurs dans la filière lait et se compose de membres actifs et de membres d’honneur.

L’assemblée constitutive qui a eu lieu en décembre 2003 à Dahra a mis en place un bureau directeur de 37 membres et un bureau de 9 membres.

Les membres actuels sont notamment les miniliaiteries des différentes régions du Sénégal (Saint Louis, Tambacounda, Louga, Kolda) ainsi que des représentants des groupements d’éleveurs issu de l’ union qui constituait le rayon laitier de Nestlé dans la zone du Ferlo

n Objectifs

Elle s’est fixée comme objectifs :

> De promouvoir le développement durable de la filière lait en créant un cadre de concerta-tion réunissant l’ensemble des acteurs de la filière et en organisant de façon rationnelle la production, la transformation, le conditionnement, la commercialisation et la distribution ;

> d’unir ses membres et défendre leurs intérêts matériels et moraux ;

> de représenter les acteurs de la filière auprès de l’Etat, des partenaires au développement et des institution financières ;

> de constituer un creuset dynamique de réflexions, de propositions et d’actions de sauve-garde de l’environnement et de l’hydraulique pastorale par l’effet de : – développer des réflexes d’hygiène élémentaires chez les éleveurs fournisseurs et trans-

formateurs – garantir la santé des consommateurs des produits laitiers et dérivés – développer et valoriser les opportunités d’affaires croissantes par la gestion de la fu-

mure organique à usage multiple produite par le biais de la stabulation.

n Partenaires

> Dyna-Entreprise

> PAOA

> Sodefitex

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Annexe 4 - Eléments de nomenclature des métiers

1. ARTISANAT

1.1 Transformateur(trice)-vendeur(se) d'aliments à base d'amylacés ou légumineuses

Définition : Activités de transformation commerciale d'aliments (sauf boissons) à base de riz, mil, sorgho, maïs, fonio, teff, niébé, soja, pois divers, manioc, igna me, patate douce, taro, ma-cabo, banane plantain, ensete, pomme de terre.

Exemples pour les céréales et légumineuses : transformation et vente de grains décortiqués nettoyés (riz, mil, sorgho, fonio), de grains étuvés (riz, fonio), de farines et semoules ta misées, de mélanges de farines, de couscous et autres produits roulés, précuits ou non, de beignets, de pâtes fermentées plus ou moins liquides (mawé, akassa, ablo, akpan, gowé de maïs du Bénin, etc.)

Exemples pour les racines et tubercules : transformation et vente du manioc ou de l'igname en cossettes séchées, en farine de cossette (type foufou de manioc), en semoule (type gari de ma-nioc), en granules (type attiéké de manioc), en pâte fermentée façonnée en "bâton" (type bibo-lo ou miondo au Cameroun, chikwangue ou kwanga au Congo et en RD Congo), de beignets, de pâte pilée séchée, de chips frites.

1.2 Boulanger, biscuitier, pâtissier

1.3 Préparateur(trice)-vendeur(se) de boissons à base d'amylacés

Définition : Activités de préparation commerciale de boissons fermentées ou non, alcoolisées ou non à base de riz, mil, sorgho, maïs, légumineuses (souchet), manioc, patate douce, taro, macabo, banane plantain.

Exemples : productrice vendeuse de dolo de sorgho au Burkina, de chapalo de maïs au Bénin, de bil bil au Tchad, de "bières" de manioc, banane au Rwanda, de orchata au Burkina.

1.4 Producteur(trice)-vendeur(se) de boissons et glaces à base de fruits, miel, sève

Définition : Activités de préparation commerciale de boissons fermentées ou non, alcoolisées ou non et de glaces et sorbets, à base de fruits, miel, sève.

Exemples : producteur(trice)-vendeur(se) de jus de fruits, d'hydromel ou de tejj, de vin de palme, producteur(trice)-vendeur(se) de sorbets et glaces.

1.5 Apiculteur

1.6 Extracteur(trice) d'huiles et graisses végétales

Définition : Activités à but commercial d'extraction de matières grasses, raffinées ou non, à partir de graines végétales ou de fruits

Exemple : Production d'huile de palme, de palmiste, de coco, d'arachide, de karité, de sésame, de balanites, de safou, d'avocat.

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1.7 Producteur(trice)-vendeur(se) de légumes et condiments préparés

Définition : Activités à but commercial de transformation de tout produit végétal, agricole et de cueillette, conduisant à la préparation de condiments alimentaires.

Exemples : Producteur(trice) de pâte de néré fermenté et salé (type soumbala ou nététou), de pâte d'arachide, de pâte de djansang, de poudres condimentaires à base de graines, de feuilles, d'achards et de pickle, de lamelles ou de poudre d'oignons ou de tomate séchées,

1.8 Transformateur(trice) de lait

Exemple : Production de lait caillé, de fromage, de yaourts, extraction de beurre.

1.9 Boucher

1.10 Transformateur(trice) de viandes et poissons

Exemple : producteur de lamelles de viande séchée, de viande boucanée, séchée, fumée, char-cutier, de poissons et mollusques salés et/ou fermentés et/ou pressés et/ou séchés et/ou fumés.

1.11 Restaurateur(trice)

Exemple : producteur(trice)-vendeur(se) fixe ou ambulant d'aliments préparés, généralement cuit ou chaud, en quantité ou diversité suffisante pour constituer un repas et destinés à une consommation en l'état, sur place ou non.

Exemple : tablier proposant un repas complet de petit déjeuner (tangana du Sénégal), gargote, maquis, restaurant, rôtisserie, préparateur(trice)-vendeur(se) de brochettes.

2. SERVICES

2.1 Meuniers et équivalents

Définition : Prestataires de service assurant la fragmentation de matières alimentaires contre rémunération monétaire ou en gardant une partie de la matière transformée.

Exemples : prestataires fixes ou ambulants de services de décorticage du riz, du mil ou autres céréales, de concassage, broyage ou mouture de grains et de cossettes, de râpage de manioc ou autres racines et tubercules.

2.2 Presseurs et équivalents

Définition : Prestataires de service assurant l'extraction de matiè res alimentaires contre rému-nération monétaire ou en gardant une partie de la matière extraite.

Exemples : prestataires fixes ou ambulants de services de pressage des huiles et des jus de canne ou de fruits.

3. COMMERCE

Ne doivent être ici comprises que les activités de simple vente n'incluant aucun opération de transformation physique des produits : vente de produits entiers (exemple : fruits, poissons frais) ou transformés par d'autres opérateurs.