"facebook a été un accélérateur" in la liberté

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Une interview de Yan Luong dans le quotidien "La Liberté", à propos du rôle de Facebook dans l'organisation d'une marche blanche

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Page 1: "Facebook a été un accélérateur" in La Liberté

«Facebook a été un accélérateur»DRAME DE GROLLEY • A la suite de l’embardée qui a tué quatre jeunes, 1500 personnes ont prispart mercredi à une marche blanche lancée sur les réseaux sociaux. Décodage avec un spécialiste.PROPOS RECUEILLIS PAR

OLIVIER WYSER

Le dramatique accident de la route qui acoûté la vie à quatre jeunes, lundi dernierà Grolley, a touché au cœur des milliers deFribourgeois. Ils étaient d’ailleurs plus de1500 mercredi soir, selon la police, à défi-ler silencieusement sur les lieux de la tra-gédie. Une marche blanche organiséespontanément dans la journée sur le ré-seau social facebook et qui a pris une am-pleur inédite. Les familles des victimes,leurs amis, mais également une fouled’anonymes désireux de montrer leur soli-darité ont manifesté leur émotion. Com-ment un accident, si effroyable soit-il, a-t-il pu fédérer aussi rapidement autant depersonnes? «La Liberté» fait le point avecYan Luong, community manager à l’Ecolepolytechnique fédérale de Lausanne(EPFL) et spécialiste en médias sociaux etcommunautés en ligne.

Plus de 1500 personnes rassemblées enmoins de 24 heures grâce à facebook, com-ment est-ce possible?Yan Luong: On touche là à la grandefonction sociale de ces réseaux. face-book atteint aujourd’hui toutes lescouches sociales. La moyenne d’âge desutilisateurs est de 37 ans, ce n’est doncpas qu’une affaire de jeunes, même si cesont tout de même eux les utilisateursles plus réguliers. Le rassemblement deces 1500 personnes illustre la puissancerégionaliste de ce réseau social. EnSuisse romande, on atteint aujourd’huiune certaine maturité de l’utilisation defacebook. Son degré d’adoption est pro-fond et touche toutes les couches démo-graphiques: les jeunes, leurs parents etmême les grands-parents.

Qu’est-ce qui motive les gens à partagerleur douleur sur la Toile ?Des études anglo-saxonnes montrent qu’ily a trois motivations principales qui inci-tent les gens à partager sur les réseaux:l’information, l’émotion et l’appartenance.Dans le cas de l’accident tragique de Grol-ley, on touche à la fois à l’émotion et à l’ap-partenance. Il y a un sens cathartique àpartager sa tristesse avec d’autres.

Mais sur facebook, on partage aussi avecdes inconnus. Pourquoi ce besoin d’étalerses sentiments?Le réseau social agit comme un catalyseur,un accélérateur. Le fait de dire publique-ment que l’on va participer à une marcheblanche donne le sentiment que l’on faitquelque chose, que l’on apporte à quelquepart sa pierre à l’édifice. C’est un moyen delutter contre son impuissance face à unesituation particulière.

Toutes les générations sont-elles égales de-vant ce mécanisme?Chez les jeunes générations, celles qui ontgrandi avec internet et les réseaux sociaux,la notion de «marketing de soi» est trèsprésente. C’est pour cela que sur les ré-seaux sociaux, les causes marchent trèsfort de manière générale. Dans le cas deGrolley, il y a beaucoup de gens qui ontadhéré au groupe facebook mais n’ont pasparticipé à la marche blanche.

Adhérer à une cause peut doncservir de faire-valoir?On remarque en effet unemultiplication des causes surles réseaux sociaux et dans lemême temps une diminutionde l’engagement dans letemps. Le rythme s’accélère,mais l’attention raccourcit.

Les gens zappent d’une cause à l’autre.Cependant, les causes majeures émer-gent automatiquement parce qu’ellesvont toucher beaucoup de monde enmême temps, soit de manière globale,soit à l’échelle locale. C’est ce qui s’estpassé à Grolley.

Une marche blanche d’une telle ampleuraurait-elle pu être organisée si rapidementil y a dix ans?

Probablement pas. En tout cas pasaussi vite et pas de cette ampleur. Avecfacebook, il y a un facteur de pressionsociale, qui s’exerce surtout au niveaurégional. Dire sur le réseau que l’onsoutient une cause, ou en l’occurrenceune marche blanche, c’est un peucomme si on signait quelque chose.Cela peut être une pression à la fron-tière entre le virtuel et le réel, qui peutagir de manière subconsciente.

Mais les gens sont tout de même touchéspar un événement qui les bouleverse profondément?Bien évidemment, les réseaux sociaux nesont qu’un facteur parmi d’autres. Ilsjouent un rôle d’accélérateur. Les gens res-sentent surtout le besoin de partager leurdeuil, leur douleur. I

LA LIBERTÉVENDREDI 7 SEPTEMBRE 2012

12 GRAND FRIBOURG - SARINE - SUD

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BULLE

Vers la «Sociétéà 2000 watts»PATRICK PUGIN

L’exécutif l’avait annoncé lors dela dernière séance du Conseil gé-néral: Bulle avait fait acte de can-didature auprès de l’Office fédéralde l’énergie (OFEN) afin d’obtenirdu soutien pour développer surson territoire le concept «Sociétéà 2000 watts» (cf. «LL» du 23 mai).Un soutien qu’a accordé l’OFENau chef-lieu gruérien – ainsi qu’àdouze autres Cités de l’énergie – etqui se traduit par la mise à dispo-sition, durant 10 jours ouvrés,d’un spécialiste.

Bulle peut ainsi, dès ce mois deseptembre, s’appuyer sur ceconseiller pour l’accompagnerdans l’élaboration d’un concepténergétique. Il s’agira de récolterdes données dans de nombreuxdomaines pour établir un profildes forces et des faiblesses de laville. Puis il faudra définir des ob-jectifs et fixer un calendrier pourles atteindre. Autant d’élémentsqui devront figurer dans un rap-port final, attendu pour le moisde novembre 2013.

Le concept «Société à 2000watts» vise trois buts: la réduc-tion de la consommation d’éner-gie à 2000 watts par habitant; laréduction des émissions d’équi-valent CO2 à une tonne par habi-tant; et l’équité globale face à laconsommation d’énergie – la con-sommation en Suisse s’élève à6500 watts par personne contrequelques centaines dans les paysen développement. L’objectif fi-nal est d’atteindre les «2000watts» par individu en 2050. I

EN BREF

MAÎTRISER SON VÉLO SURLA COLLINE ROMONTOISECOURS La section fribour-geoise de Pro Vélo animerapour la première fois à Romontun cours «A vélo en toutesécurité», ce samedi de 14 à17 h, dans la cour de l’écoleprimaire. Au menu: théorie etsensibilisation, exercices enmilieu protégé puis, pour lesplus expérimentés et avec desmoniteurs de Pro Vélo, prome-nade jusqu’au giratoire de laMaula via le passage sous voiede la gare. Ce cours, coorga-nisé par l’Association desparents de la Glâne, s’adresseaux enfants dès 6 ans accom-pagnés d’un adulte. Bulletind’inscription à l’adresse www.pro-velo-fr.ch. SZ

DES ROUTES FERMÉES ENGLÂNE ET EN GRUYÈRECIRCULATION En raison de lapose de la couche de finition,la route cantonale entre Vuis-ternens-devant-Romont et LaSionge sera fermée à la circu-lation du samedi 8 (5h) aulundi 10 septembre (5h). Fer-meture également de la routeentre La Roche et Pont-la-Ville,toujours en raison de la posede la couche de finition, dulundi 10 (8h) au mercredi 12septembre (5h).

MARLY

Un studio pour enregistrer et pour danserFRANCIS GRANGET

En couple dans le privé, Nadine Page etSergio Gautier ont décidé d’unir aussi leurdestin professionnel. Ils ont investi, à l’en-seigne d’Eko-Danse, un espace de 300 m2

dans l’ancien laboratoire Wella, à Marly.Opérationnelle depuis lundi, cette nou-velle «plateforme culturelle» est inauguréeofficiellement ce soir. Et pour marquer sonouverture, elle propose un week-end destages.

«Nous avons voulu réunir nos deux acti-vités pour permettre des synergies et deséchanges entre musique et danse»,confient en chœur Nadine Page et SergioGautier. Depuis six ans, chacun exploitaitsa propre affaire.

Au bénéfice d’une formation acadé-mique de danseuse classique qu’elle acomplétée par une spécialisation dans lehip-hop, Nadine, 35 ans, animait l’écoleDance-Motion à Fribourg.

Musicien depuis plus d’un quart desiècle, Sergio, 39 ans, s’est lancé dans laprise de son il y a une dizaine d’années, enautodidacte à Fri-Son d’abord, puis dans

une école. Cofondateur en 2003 du labelWatermelon, il a ouvert trois ans plus tardson studio, baptisé Ekeko, à Zénauva (LeMouret). C’est de la fusion de ce dernieravec l’école Dance-Motion qu’est né Eko-Danse.

Un prêt bancaire de 80 000 francs etbeaucoup d’«huile de coude» ont permisau couple de réaliser son rêve. «Cinq moisde travaux, avec les précieux coups demain de la famille et des copains, aurontété nécessaires pour transformer les lo-caux. Pour vous donner une idée de l’am-pleur du chantier, on a par exemple char-rié à la main douze tonnes de plaquesFermacell. C’est énorme!», relève Sergio.

Son studio d’enregistrement occupeun tiers de l’espace à disposition, l’écolede danse un deuxième et le dernier estpartagé entre la cuisine, les vestiaires, lesecrétariat et le salon pour les artistes.«Nous avons également créé dans cettepartie-là une garderie d’enfants à l’at-tention des mères de famille qui viendront prendre des cours le matin»,précise Nadine.

Avec le label Watermelon, SergioGautier produit des artistes de rock, dehip-hop, de world music et des groupespour enfants comme Tamiero ou LesGnams. A Zénauva, son ancien studio avu passer Lè Vangle, Farafina, TheRoxanne ou Magister. «A Marly, cesjours, la formation gruérienne Tyagoenregistre son premier album, noteSergio. Un groupe de Paris est déjàvenu une semaine en résidence. Et EricConstantin, qui avait fait ses trois al-bums chez moi, va y revenir.»

Egalement monitrice de fitness, Na-dine Page tient à offrir la palette decours la plus vaste possible: hip-hop,krump, breakdance, ragga, house, salsasolo, afro cubain, modern jazz, etc.«Huit professeurs ont été engagés pourenseigner ces spécialités», précise-t-elle. Des cours de zumba, des initiationsà la musique et à la danse pour enfantsdès trois ans et des massages (sur ren-dez-vous) complètent l’offre. I

> www.eko-danse.ch

Nadine Page et Sergio Gautier inaugurentce soir leur studio Eko-Danse, à Marly.

VINCENT MURITH

Mercredi soir, 1500 personnes se sont rassemblées à Grolley pour honorer la mémoire des quatre victimes de la route. V.MURITH

«Il y a un senscathartiqueà partager sa tristesse avecd’autres» YAN LUONG