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Extrait du journal L’ALSACE du 11.09.2013

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Page 1: Extrait du journal - La Filature · merspace/Interscape),SashaWaltz (Körper). Cerise sur le gâteau: la saison se clôt avec une œuvre emblématique de Pina Bausch, Kontakthof,quimetenscènedes

Extrait du journal L’ALSACE du 11.09.2013

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Anniversaire de la Filature 224DEF

RepèresH Au milieu des annéessoixante naît l’AMC, Associationpour la Maison de la culture,initiée par un mouvement debénévoles et dirigée par JeanBesse, ingénieur passionné dethéâtre.H L’AMC, dirigée par PaulKanitzer, prend ses quartiers auRallye Drouot et accueille uneprogrammation d’artistes derenom, dans le domaine de lamusique, du théâtre et de ladanse contemporaine.H En juillet 1972, le conseilmunicipal admet le principe dela création d’un grand centreculturel.H 1980: le projet prévoit unéquipement permettantl’accueil de spectacles àrayonnement international,avec un plateau techniqueadapté aux scénographiescontemporaines. Lamunicipalité, dirigée à l’époquepar Joseph Klifa, choisitl’emplacement de l’anciennefilature de coton Laederich, enbordure du Nouveau Bassin.H 1988: C’est le projet deClaude Vasconi qui remporte leconcours.H 1989: Jean-Marie Bockelremporte les élections. Après undélai de réflexion, il confirme leprojet Vasconi et les travauxdébutent en 1990.H Le bâtiment, baptisé laFilature, ouvre ses portes le3 septembre 1993. Il estinauguré officiellementquelques mois plus tard, le30 mai 1994, lors du 63esommet franco-allemand, par leprésident de la RépubliqueFrançois Mitterrand et lechancelier Helmut Kohl.H La Filature a pour vocation desoutenir et promouvoir lacréation contemporaine, dans ledomaine du théâtre, de ladanse, de la musique, du cirqueet des arts visuels. Le bâtimentabrite également l’Orchestresymphonique du Rhin, laMédiathèque et certainsspectacles de l’Opéra nationaldu Rhin et du Ballet. La maisondispose d’une galerie quiaccueille des expositionsphotographiques, installationsnumériques…H La Filature a connu depuisson ouverture trois directeurs,Christopher Crimes (1993-2006),Joël Gunzburger (2006-2011) etMonica Guillouet-Gélys (depuisjuillet 2012).H Dans le cadre de saprogrammation scène nationale,la Filature propose chaqueannée une saison riche dequelque 50 propositionsartistiques, auxquelless’ajoutent des festivals. Lepublic de la Filature a pudécouvrir, au fil des ans, laSemaine de la chanson,Eurozone, Les Nuits duRamadan, Trans (e) et Dans (e)et plus récemment, LesVagamondes et Horizon.H La Filature mène des actionsspécifiques en milieu scolaire etétudiant (la Filature à l’école etau collège, ateliers pour leslycées, partenariat avecl’Université de Haute Alsace), enmilieu carcéral… La maisondéveloppe aussi des actionsauprès de publics en difficultéou en situation de handicap.

Difficile de résumervingt ans d’émotionsartistiques. Voiciquelques moments quiont laissé des traces,glanés au fil des saisonsde la Scène nationale.

1993-94, Exécuteur 14La toute première saison de laFilature accueille, entre autres,les chorégraphes Jean-ClaudeGallotta (Ulysse), Mathilde Mon-nier (Pour Antigone), TrishaBrown, William Forsythe… Dansle domaine du théâtre, on décou-vre la voix âpre de Jean-QuentinChatelain (Exécuteur 14 mis enscène par Adel Hakim), on re-trouve Alfredo Arias (Mortadela).Bernard Bloch met en scène Tul-lamore de Tom Murphy et inter-prète Argan dans un Maladeimaginaire signé Jean-Luc Lagar-ce. On se souvient de Sapho quichante Oum Kalsoum ou desMystères de l’amour revisités parChristian Schiaretti. Côté musi-que, on découvre l’Orchestre na-tional de jazz dirigé par DenisBadault, le tout jeune Arthur H,Marc Ducret, la fluidité virtuosede Louis Sclavis (Ellington on theair)… Le compositeur Marc Mon-net lance « Traverses », un cyclepassionnant de confrontation en-tre musiques classique et con-temporaine qui suscite le débat.

1994-95, LettresdeMulhousiensCette 2e saison est marquée par lavenue de Merce Cunningham,Anne Teresa de Keersmaeker, Jo-sepf Nadj… Didier-Georges Ga-bily met en scène Gibiers dutemps. Jean-Quentin Chatelainrevient dans un Henry VI de Sha-kespeare mis en scène par StuartSeide. La Filature accueille égale-ment Le Magic Circus de Savary(Nina Stromboli) et en musique,Enzo Enzo, le duo désopilant dela Framboise frivole, Eric Watson,Birelli Lagrène, Joachim Kühn…En février 1995, Lambert Wilsonlit sur la grande scène de la Filatu-

re des Lettres de Mulhousiens etchante My Funny Valentine à laprison.

1995-96, Provad’orchestraLa saison s’ouvre avec le spectaclemagique de la Cie Philippe GentyVoyageur immobile. Georges La-vaudant met en scène Prova d’or-chestra, création d’après l’œuvrede Fellini, avec L’OSM et leschœurs de l’Opéra du Rhin sousla direction de Luca Pfaff. C’est lapremière venue à la Filature deVictoria Chaplin et Jean-BaptisteThierrée (Le Cirque invisible). Do-minique Boivin raconte la danse(Une histoire à ma façon), SaburoTeshigawara décortique le pleinet le vide dans Here to here… OdileDuboc invente ses Trois boléros,William Forsythe revient. Dans laprogrammation musicale, oncroise Juliette, William Sheller,Erik Truffaz, Idir, qui est rejointsur le plateau par une centaine despectateurs, Lokua Kanza…

1996-97, MoustakiBernard Bloch met en scène Fas-sbinder (Gouttes d’eau sur pierresbrûlantes), Schiaretti nous en-chante avec Ahmed le subtild’Alain Badiou, Heiner Müllernous glace avec sa mise en scènede La Résistible ascension d’ArturoUi de Brecht… On se souvient deMurx den Europäer ! de Christo-ph Marthaler qui raconte, sur lemode burlesque, un siècle d’his-toire allemande. À la demande deChristopher Crimes, l’artiste etchorégraphe François Verret pro-duit un film et un livre remarqua-bles, Mulhouse, portrait d’une ville.Côté musique, c’est l’année de LizMc Comb, Paolo Conte, Giovan-na Marini et surtout, une semai-ne de présence de GeorgesMoustaki, inoubliable. Il chanteMa Liberté devant 50 détenus à laprison, offre deux grands con-certs à la Filature, partage un re-pas au quartier Drouot…

1997-98, CarcaraLa Filature accueille en résidenceles comédiens, jongleurs et musi-ciens de la Cie Carcara d’HélèneNinérola qui investit les quartierset nous offre ses Voyages du dieuBonheur. Hautnah de Félix Ruc-kert (un solo de danse « pour toiseul ») marque les esprits, toutcomme la très belle prestationd’Angélique Ionatos qui chanteTheodorakis. Sami Frey incarneNathan le Sage dans une mise enscène de Denis Marleau. DickAnnegarn fait son retour. Parmiles pointures de cette saison, Ray-mond Devos, Macbeth mis enscène par Stuart Seide, MarthaGraham Dance Company, BobWilson (Saints and Singing)… An-ne Sylvestre fête 40 ans de chan-sons. On craque pour les Elles,quatre chanteuses délurées quine mâchent pas leurs mots…

1998-99, GoebbelsDans lesspectacles marquantsdecette saison, Max Black mis enscène par Heiner Goebbels avecAndré Wilms, La Ferme du Garetde Raymond Depardon, immer-sion sensible dans la campagnede son enfance, Des Noces de sangmises en scène par Omar Porraset un Cid de Declan Donnellan,Brigitte Fontaine, des chants etdanses soufis de Damas… La se-maine de la chanson francopho-ne accueille Clarika, YannTiersen, Jean-Louis Murat…

Vingt ans d’émotions

Ouverture de la Filature en septembre 1993. Archives Claude Koenig

1995 : LambertWilson lit leslettres desMulhousiens.

1997 : GeorgesMoustaki passeune semaine àMulhouse.

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Anniversaire de la Filature 324DEF

1999-2000, StompPour cette saison de transitionvers le nouveau millénaire,Christopher Crimes invite leFootsbarn qui livre une versionhaute en couleur du Conte d’hiverde Shakespeare sous un chapi-teau. On retrouve Daniel Mes-guish à deux reprises (Electre deSophocle et Médée d’Euripide).Roger Planchon met en scèneL’Avare et Matthias Langhoff,L’Inspecteur général de Gogol.On se souvient de la force duChant du Dire-Dire de Daniel Da-nis mis en scène par Alain Fran-çon. Guy Bedos fait son show,Olivier Py nous bouscule avecThéâtres, la Cie Montalvo-Her-vieu offre son Petit Paradis. Onn’oublie pas la panne d’électricitélors du récital du oudiste FawzyAl-Aiedy (Paris-Bagdad) et sa pa-tience tout orientale… La semai-ne de la chanson concentre lestalents, Cheb Mami, Paris Com-bo, M, Castafiore Bazooka…Stomp crée quelques vocationspercutantes et Hayet Hayadchante la Méditerranée. Belle an-née jazzistique avec le trio Portal/Humair/Chevillon ou Eric Wat-son quartet. Les chorégraphes nesont pas en reste, Lucinda Childs,Merce Cunningham en libre oc-togénaire, Charmartz (Con fortsfleuve), Forsythe, des habitués dela grande scène de la Filature.

2000-01, An dieMusikPour cette saison intitulée « Legoût du risque », Musica s’inviteavec la création de Pascal Dusa-pin Medeamaterial, le public bou-de, dommage. Plus facile defédérer les spectateurs autour deTchekhov et la belle création dePierre Hoden (De beaux héros envérité !). Dans la salle modulable,An die Musik de Pip Simmonsbouleverse l’auditoire, un silenceassourdissant s’abat à la fin dechaque représentation. Christo-pher Crimes confie une carteblanche à la très grande HannaSchygulla. Anna Karina et Kateri-ne font un tabac à la Semaine dela chanson. Des écoliers mulhou-

siens se produisent sur la grandescène dans le spectacle Diktat surGabuzomeuland de Système Cas-tafiore. Marcial Di Fonzo Bo bros-se un portrait de Copi, BernardBloch met en scène les Paraventsde Jean Genet. Fellag, le cirquePlume, sont d’autres momentsdélicieux de cette saison. Le trèsbritannique directeur de la Filatu-re lance ses folies anglaises…

2001-02, KontakthofLa saison commence avec la fiè-vre de la musique des Balkans etl’Orchestre des mariages et desenterrements de Goran Bregovic.La programmation fait la part bel-le aux voix de femmes (MichèleBernard, Angélique Ionatos…) Lagrande salle affiche complet pourle jazz, Archie Shepp, RabihAbouh Khalil, Martial Solal…Tout comme lors de la prestationtrès attendue de Kristin ScottThomas dans une Bérénice miseen scène par Lambert Wilson.Théâtre : Irina Brook raconte Ro-méo et Juliette en mode hip-hop,Stéphanie Tesson se produit seu-le en scène dans Histoire d’unmerle blanc, Jean-Baptiste Sastreconfie le rôle-titre de Tamerlan leGrand au fougueux Marcial DiFonzo Bo. En danse, on retrouveSaburo Teshigawanara (Lumi-nous), Merce Cunningham (Sum-merspace/Interscape), Sasha Waltz(Körper). Cerise sur le gâteau : lasaison se clôt avec une œuvreemblématique de Pina Bausch,Kontakthof, qui met en scène desdanseurs de plus de 65 ans dansle décor désuet d’une salle de bal.

2002-03, KayassineSeptembre, lors de ses portesouvertes et pour sa 10e saison, laFilature organise un embouteilla-ge monumental avec la complici-té d’Anne-Laure Liégeois et dePeugeot Mulhouse. Nouvelle pro-position magnifique d’HeinerGoebbels (Paysage avec parentséloignés), bouffées de délire avec

les propositions d’Eurozone(Nico and the Navigators, Gente diPlastica de Pippo Delbono) ouencore la prestation époustou-flante et joyeuse des Arts Sauts,Kayassine, qu’on découvre allon-gé dans un transat… C’est aussil’année de La Cour des Grands(Deschamps/Makeieff), de JanFabre (Le Lac des cygnes), de Ma-rianne Faithfull, Julia Migenes etSusheela Raman…

2003-04, Je suis sangParmi les artistes « abonnés » à laFilature, on retrouve Jan Fabre (Jesuis sang), Saburo Teshigawara(Bones in pages), Pippo del Bono(Il Silenzio), Mesguish (DonJuan), Philippe Genty (Ligne defuite)… On se souvient d’une mi-se en scène étonnante des Aveu-gles de Maeterlinck par DenisMarleau avec des acteurs virtuels,des voix d’Ute Lemper ou deHouria Aïchi, de la bonne hu-meur du cirque Eloize (Noma-de)…

2004-05, La Visitede la vieille dameDenis Marleau revient avec cettefois, Le Moine noir de Tchekhov.Cette saison théâtrale accueilled’autres metteurs en scène fidè-les à la maison, Philippe Lanton,Jan Fabre, Christophe Rauck,Omar Porras qui campe uneVieille Dame (dans la Visite) re-doutable… La Filature associe ànouveau des enfants mulhou-siens pour la production duGéant de Kaillass, mis en scènepar Charlie Brozzoni. Danse : lepublic retrouve le Ballet royal duCambodge, Merce Cunningham,Michel Kelemnis, Philippe De-couflé en solo. Côté musique,c’est le troisième passage dans lamaison de William Sheller, la Se-maine de la chanson accueilleDominique A et Dick Annegarn,on apprécie Misia, Rokia Traoré,Accentus…

2005-06, FarineOrphelineCette saison placée sous le signede la fidélité réunit des « habi-tués », les metteurs en scène Por-ras (Don Juan), Marleau, EnriqueDiaz, Georges Gagneré. Le débutd’un compagnonnage avec ArneSierens qui touche le public avecsa Marie Éternelle Consolation.Quant à Heiner Goebbels, il nouscomble avec la prodigieuse miseen scène de Eraritjaritjaka, créa-tion musico-théâtrale au titre im-prononçable d’après des textesd’Elias Canetti où on suit le comé-dien André Wilms dans les cou-loirs de la Filature et dans unappartement mulhousien… Il y aaussi, en danse, une créationd’Odile Duboc (Rien ne laisse pré-sager l’état de l’eau), Anne TeresaDe Keersmaeker (Raga for theRainy Season), la compagnie is-raélienne Batsheva Dance dirigéepar Ohad Naharin. En musique,Bojan Z, Madredeus, Arthur H,Régine, Anaïs… C’est au cours decette saison que le collectif québé-cois Farine Orpheline invité parla Filature interroge des centai-nes de Mulhousiens pour qu’ilsracontent leur ville. Un travail re-marquable dont il reste encoreun attachant « Guide du tra-meux ».

2006-07, ChevillonDernière programmation deChristopher Crimes, on retrouveStéphanie Tesson (Fantasio), Phi-lippe Lanton (Trahisons) le Fla-mand Jan Lauwers (Le Bazar duhomard), Philippe Genty (La Findes terres), une belle mise en scè-ne de Mère courage et ses enfants deBrecht par Gisèle Sallin… Le ciné-concert Le Mécano de la Généralavec l’OSM enchante les familles.On se souvient du solo sublimedu contrebassiste Bruno Che-villon, du merveilleux Voyage deSahar d’Anouar Brahem… Il y acette saison-là le duo Monnier/Katerine, la création de BernardBloch Lehaïm – à la vie ! et endanse, Josef Nadj, Robyn Orlin…

artistiques, y étiez-vous?

6 septembre 2003 : la Filature souffle dix bougies. Photo D.S.

2003-2004 : « Je suis sang » deJan Fabre. Photo D.S.

Rokia Traoré, au programme dela saison 2004-2005. Photo D.S.

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Anniversaire de la Filature 424DEF

2007-08, IncendiesCette saison est la première pro-grammée par le nouveau direc-teur Joël Gunzburger, laplaquette change de look et deformat, de nouveaux festivalsfont leur apparition comme lesNuits du ramadan en septembre(cette première édition accueille,entre autres, Biyouna), le festivalTrans (e)… Parmi les artistes asso-ciés à la Filature, Arne Sierens,Joachim Latarjet et sa compagneAlexandra Fleischner (Acte V,Happy End…). On retrouve Por-ras, le duo Deschamps/Ma-keïeff). C’est aussi le début d’unehistoire avec Wajdi Mouawad (As-soiffés, Incendies), Joël Pommeratet son Petit Chaperon rouge…Parmi les temps forts de cettesaison, Bloody Niggers ! de DorcyRugamba qui raconte l’horreur legénocide rwandais, la voix magi-que de Rosemary chanteuse deMoriarty, Myth du chorégrapheSidi Larbi Cherkaoui ou le retourdu Cirque invisible (Chaplin/Thierrée). Les ciné-concerts semultiplient (quatre proposi-tions), la Semaine de la chansonaccueille les Têtes raides et Made-moiselle K.

2008-09, Airport KidsFellag enchante les Nuits du ra-madan et l’Orchestre national deBarbès met le feu à la grandesalle, invitant les 1200 specta-teurs à se lever dès les premièresminutes du concert.En théâtre, la Filature poursuitson compagnonnage avec le cou-ple Latarjet/Fleischner (StilleNacht, Ce que nous vîmes…), ArneSierens (Frères de la Charité) ou letandem Deschamps/Makeïeff(Salle des fêtes). Le premier festivalTrans (e) accueille l’étonnanteproposition de Stefan Kaegi etLola Arias Airport Kids qui met enscène des enfants de différentesnationalités qui se côtoient dansles aéroports et les écoles interna-tionales… On retrouve Josef Nadj(Entracte), l’orchestre de GoranBregovic, Georges Gagneré (LesRévélations d’une ombre), Alice La-loy (86 centimètres). Herbie Han-cock et Richard Galliano dans laprogrammation jazz, Nosferatu etle Cuirassé Potemkine en ciné-con-cert, Grand Corps Malade et Al-bin de la Simone à la Semaine dela chanson.

2009-10, MicrofictionsLe public de la Filature tombesous le charme de la simplicité deSouad Massi lors des Nuits duramadan. En théâtre, le jeuneMulhousien Lionel Lingelser faitun tabac dans la peau de Scapin,mis en scène par Porras. On sesouvient aussi d’un Woyzeck sud-africain étonnant, des Microfic-tions de Régis Jauffret concoctées

autour d’un repas par Valéry War-notte et Charlie Windelschmidt…En danse, Sébastien Lefrançoispropose une nouvelle versionhip-hop de Roméos et Juliettes quise déclinent au pluriel. Mais lespectacle qui laisse un souvenirimpérissable aux amateurs dedanse est sans doute la produc-tion de la Cie Peeping Tom, 32rue Vanden-Branden où on assisteau quotidien d’une petite com-munauté perdue quelque partdans les glaces… Et puis, il y aaussi la venue d’une comédienneet auteur qui ne laisse jamaisindifférent, Agnès Limbos, ve-nue avec son spectacle Petit pois.Autre spectacle « jeune public »remarquable, Des Joues fraîchescomme des coquelicots mis en scè-ne par Ève Ledig. On se réjouitdans les ciné-concerts de la Cie LaCordonnerie (La Barbe bleue, AliBaba et les 40 voleurs), sansoublier Jane Birkin qui met toutle monde dans sa poche.

2010-11, SemianykiParmi les nouveautés de la sai-son, la danse s’offre un vrai festi-val étalé sur un grand week-enden mai. On se souvient de lapassion charnelle d’Aude Lachai-se pour Marlon (Brando), du duoDelgado/Fuchs dans Manteaulong…. ou encore, de la baladeurbaine chorégraphiée de FélixRuckert et le moment où il aremis dans la boîte aux lettres dela Banque de France, rue de laSomme, la collecte d’euros et derêves des spectateurs ! Toujoursen danse, retour de Robyn Orlin(Walking next to our shoes) et deSidi Larbi Cherkaoui (Babel).En théâtre, on retrouve FrançoisRancillac (Le Roi s’amuse), ArneSierens (Schöne Blumen), Chris-tophe Rauck (Têtes rondes et têtespointues), on est saisi par leHamlet déchirant de David Bo-bee. Cette hiver-là, personne nerésiste à l’humour dévastateur deSemianyki, famille foutraquecampée par les acteurs du TeatrLicedei, ou à la classe et la généro-sité de Michel Portal… Parmi lesmoments de grâce de cette sai-son, le concert enveloppant de

Dean et Britta sur des portraitsfilmés d’Andy Warhol (13 mostbeautiful…), la Visite danséed’Aurélie Gandit au musée desBeaux-Arts, le concert de SalifKeita ou le retour du cirque Eloi-ze.

2011-12, RaoulPour la dernière édition des Nuitsdu ramadan en cette ultime sai-son programmée entièrementpar Joël Gunzburger, Nouara Na-ghouche vient, avec sa verve et satendresse, raconter les affres del’immigration, 1e et 2e généra-tions (Sacrifices). Le duo Warnot-te/Windelschmidt fait défiler leshabitants. Aurélie Gandit et Mat-thieu Rémy passent à la mouli-nette La variété française (est unmonstre gluant).Seul en scène, James Thiérréedans la peau de Raoul lutte ma-gnifiquement contre les élé-ments. Les amateurs de théâtreradical sont servis avec la piècesombre de Korél Mundruczo etYvette Biro Hard to be a god, « dé-localisée » sous un hangar desMines à Ungersheim ou encore,la mise en scène décapante deVincent Macaigne, Au moinsj’aurai laissé un beau cadavre… An-ne Teresa De Keersmaeker re-vient avec Cesena. Et puis, on sesouvient de la prestation magnifi-que de la chanteuse de jazz co-réenne Youn Sun Nah, de la force

intacte du cinéma de Chaplin(ciné-concert Le Kid) et du specta-cle probablement le plus réjouis-sant de la saison : Cucinema duCirco Ripopolo, la plus italiennedes compagnies belges, où lesacteurs sortis tout droit del’auberge des Nouveaux monstresde Dino Risi préparent sous vosyeux une délicieuse cuisine etvous servent à table…

2012-13, VortexAnnée de transition, une saisoncoproduite par deux directeurs,Joël Gunzburger en partance etMonica Guillouet-Gélys, recrutéeau printemps. Exit les Nuits duramadan, entrée en scène des Va-gamondes, avec, entre autres bel-les propositions, Alexis, unetragédie grecque ou la performan-ce saisissante de danseur iranienAli Moini My Paradoxical Knives.Le festival Horizon vient rempla-cer Trans (e) et Dans (e). Parmiles très beaux spectacles de cetteprogrammation partagée, un Pi-randello mis en scène par Sté-phane Braunschweig (Sixpersonnages en quête d’auteur),l’épopée des Buddenbrooks racon-tée par le Puppentheater de Hal-le, Roméo et Juliette revisité parDavid Bobee ou Les Serments in-discrets de Marivaux par Christo-phe Rauck, l’entrée en scènefracassante de David Lescot (LesJeunes), les relations impossiblesdu couple contées par Joël Pom-merat (La Réunification des deuxCorées) ou la performance boule-versante de Phia Ménard dansVortex…

On n’oublie pas la soirée orienta-le orchestrée par Bratsch et lachanteuse et oudiste palestinien-ne Kamilya Jubran, un bel hom-mage à Ferrer (Univers Nino),l’émotion suscitée par les derniè-res images des Lumières de la villedeChaplin (ciné-concert), le spec-tacle du chorégraphe AkramKhan Vertical Road ou les exploitsacrobatiques de la Cie XY dans LeGrand C….

FrédériqueMeichler

SouadMassi, aux Nuits du ramadan 2009. Photo Darek Szuster

Performance d’Ali Moini, au festival Vagamondes. Photo D.S.

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Anniversaire de la Filature 524DEF

L’Orchestresymphonique deMulhouse fait partiedes structuresculturellesmulhousiennes abritéespar la Filature.

C’est avec le chef Luca Pfaff quel’Orchestre symphonique deMulhouse a vécu ses premièresannées à la Filature. Ont suiviensuite Cyril Diederich de 1996 à2005, puis Daniel Klajner de 2005à 2011. Après un intérim assurépar Gwenolé Ruffet, chef assis-tant, le nouveau chef Patrick Da-vin prend officiellement sesfonctions à la tête de l’orchestremulhousien cette rentrée.

Au programme de la saison2013/14 de l’OSM, une annéetrès dense… et très belge. L’or-chestre de Mulhouse, qui compte56 musiciens, sortira souvent deses murs pour aller à la rencontred’autres publics (des petites for-mations issues de l’OSM ont par-ticipé cet été à Scènes de rue ettout récemment au festival Mé-téo, une première). Au total, plusd’une centaine de concerts sontprévus.À l’occasion des 20 ans de la Fila-

ture, l’OSM se produira sous ladirection de son nouveau chef, le13 septembre (voir en dernièrepage).

Les concerts inclus dans l’abon-nement se déroulent tous à laFilature, dix rendez-vous dontdeux qui seront des véritables fes-tivals, du 19 au 21 décembreautour de la musique de Beetho-ven et du 19 au 21 juin autour dela musique de Debussy et Fauré.

L’OSM sera aussi présent « au

cœur de la ville » avec ses con-certs « famille », ses « sinfoniesenchantées » (formations rédui-tes), des concerts de midi à laDécapole en mai, ses proposi-tions « électron libre »…L’OSM développe un importanttravail pédagogique à travers desactions jeune public mais égale-ment pour des publics adultesspécifiques.

FCONSULTER saison 2013/14 del’OSM sur le sitewww.orchestre-mulhouse.fr

Orchestre, médiathèque, opéra,ballet, les autres locataires

L’orchestre symphonique deMulhouse bénéficie d’un écrin acoustique à la Filature. Ici, sous la directiondu chef Luca Pfaff. Archives Claude Koenig

Patrick Davin, nouveau chef del’orchestre symphonique.

Depuis l’ouverture de la Filature,la médiathèque de Mulhouse aélu domicile sur deux étages, al-lée Nathan-Katz. Un fonds de8617 DVD pour tous, 1283 DVDpour enfants, 18 837 CD, plus de4000 partitions, 7274 livres dont

3500 pièces de théâtre et ouvra-ges sur le théâtre, 945 estampes,72 CD-Rom, des livres et des re-vues spécialisées sur le théâtre, ladanse, le cirque, les arts de larue…

FCONTACTER Tél. 03.69.77.65.10.

La médiathèque, une mine

Lamédiathèque reçoit 100 000 visiteurs par an. Photo DomPoirier

Le plateau immense de la Filatu-re permet d’accueillir les grandesproductions de l’Opéra nationaldu Rhin (directeur général : MarcClémeur) et du Ballet (directionartistique : Ivan Cavallari). Auprogramme de la nouvelle saisonde l’opéra, De la Maison des morts(Janacek), Rigoletto (Verdi), Derfliegende Holländer (Wagner), le

Roi Arthus (Ernest Chausson),Doctor Atomic (John Adams, créa-tion française). Le Ballet nationalduRhinseproduiracette saisonàla Filature pour Pinocchio (unecoproduction de la Scène natio-nale avec l’OSM), Die Schöpfung(Haydn)… à l’occasion de 20e an-niversaire de la Filature, le Balletreprend les Variations Goldberg.

Très grande scène pour l’Opéra national du Rhin et le Ballet

« Macbeth », accueilli à laFilature enmai 2010.

Pour les 20 ans, le Ballet reprend« les Variations Goldberg ».

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Anniversaire de la Filature 624DEF

C’est l’ancien maireJoseph Klifa qui en1988, a fait le choix del’architecte ClaudeVasconi pour construirele futur grand centreculturel de Mulhouse.Retour dans lesarchives de « L’Alsace ».

C’est au printemps 1988 (notreédition du 30 avril) que l’architec-te Claude Vasconi accordait unpremier entretien à « L’Alsace »pour parler du projet du futurcentre culturel de Mulhouse quin’avait pas encore de nom. Notreconfrère Jean-Georges Sama-coïtz, à l’époque directeur de larédaction locale de Mulhouse, re-cueillait ses propos dont voici desextraits.

« Ma satisfaction est au double titrede voir qu’ un projet que je portais asu trouver l’acquiescement du jury etde découvrir une ville qu’à la vérité,je connaissais imparfaitement,avoue l’architecte. Je mesure, de-puis que j’ai travaillé sur le projet, lesatouts de la ville, sa situation géogra-phique particulière, son tissu urbainet la territorialité privilégiée du futurcentre culturel, à l’entrée même de lacité. Ici, au premier regard, le centretémoignera de sa modernité et deson unité cohérente. Il dira aussiqu’ici la ville bouge et se façonne. Ilsera comme une écriture témoi-gnant de la volonté qu’a l’aggloméra-tion de se doter d’équipementsannonçant la voie contemporaine etannonçant aussi le troisième millé-naire »

Technologie de pointeClaude Vasconi explique seschoix concernant l’esthétique gé-nérale du bâtiment et les maté-r i a u x m o d e r n e s q u i l ecomposent.

« J’ai opté pour une technologie depointe. Au-delà du parvis d’eauqu’est le canal, je conçois une mai-son de la culture qui ne soit pas closemais tout au contraire, large ouverteau monde et à la clarté. Peu dematériaux mais des matériaux pé-rennes.Embasedebéton, certes, puis

pierre, carapace métallique plus ver-re et acier. Et enfin, la peau dubâtiment en aluminium, parce que cet aluminium captera la lumière,rendra mouvants et changeants lesreflets du ciel et du biotope environ-nant. Ce qu’il faut, c’est un bâtimentqui tienne le coup et ne soit pas déjàfané dans dix ans. Je le veux trans-parent ».

On parle beaucoup – car c’estimportant, de la fameuse grandesalle de 1200 places qui sera lapartie centrale du centre culturel.

Claude Vasconi l’estime à la me-sure de l’agglomération. 850m²et un bloc scène de 723 m², « c’estdire que la scène exploitable auraquelque 500 m² utilisables. »

Structure polyvalente

C’est moins vaste que la scène del’opéra de Cologne ou celle de laBastille qui ont des scènes latéra-les mais ne sont dévolues qu’auxspectacles lyriques alors que lascène du futur centre mulhou-sien sera polyvalente […] L’équi-

pement scénique permettra demonter Tristan mais aussi d’ac-cueillir les chœurs pour des parti-tions d’exception. Ainsi que les100 choristes du Messie de Haen-del ou de la 9e de Beethoven. Àcôté de cela, la salle modulable(350 personnes) disposera de430 m². La salle d’exposition aura350 m² et le hall d’accueil 357 m².Sans dénombrer évidemmenttoutes les salles annexes adaptéesaux équipements culturels lesplus diversifiés […].

Pour reprendre une formule deJoseph Klifa, écrit encore notreconfrère, Claude Vasconi est per-suadé que le centre culturel à sonachèvement en septembre 1991affirmera la présence culturelledans le bassin rhénan et rétabliral’équilibre avec les réalisations dé-jà menées à terme à Bâle, à Fri-bourg et à Strasbourg.

Le temps réel s’étire toujours et ilfaudra attendre septembre 1993pour découvrir la première sai-son artistique du nouveau templeculturel de Mulhouse, avec unenouvelle équipe municipale diri-gée à l’époque par Jean-MarieBockel.

Architecture «Un grand projetannonçant le 3e millénaire»

Claude Vasconi sur le parvis de la Filature, en juin 1993. Archives Daniel Schmitt

BioClaude Vasconi est né le 24 juin1940 à Rosheim dans le Bas-Rhin, ilest mort le 8 décembre 2009 àParis.

Diplômé de l’Ensais (ancienneÉcole nationale supérieure des artset des industries actuellementInsa, Institut national des sciencesappliquées de Strasbourg), cetarchitecte et urbaniste a travailléd’abord avec Rolf Gutbrod àStuttgart.

À son retour, il devient architectede la ville de Cergy-Pontoise, avantde créer sa propre agence en 1969.En 1974, il remporte le concourspour la construction du Forum desHalles à Paris. Il a partagé sonactivité professionnelle entre la

France et l’Allemagne. Il sedécrivait lui-même comme « unmétèque franco-italo-germano-alsacien ». Son grand-pèreoriginaire de la région du lacMajeur en Italie, était venu àRosheim pour la construction deshospices civils de la ville. Il aépousé une Alsacienne.

Parmi les nombreuses réalisationsde Claude Vasconi, le 57 Métal dela Régie Renault à Billancourt, leCentre République (dit lePaquebot) à Saint-Nazaire, LeCorum de Montpellier, l’Hôtel duDépartement à Strasbourg, laFilature à Mulhouse, l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, le Centre desCongrès à Reims…

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Anniversaire de la Filature 724DEF

Claude Vasconi, dans les fauteuils (rouges) de lamezzanine. «Une allure de sphinx»... Archives Daniel Schmitt

La grande salle de la Filature, avec ses 1200 fauteuils rouges et sonacoustique exceptionnelle.

La sallemodulable de 350 places (dans la configuration assise) dontles gradins sont rétractables. Archives Claude Koenig

En juin 1993, justeavant la premièresaison officielle de laFilature, Claude Vasconis’exprimait à nouveaudans nos colonnes. LaFilature était sortie deterre.

Les Mulhousiens ont témoigné,dès la pré-ouverture du lieu, d’unfort engouement pour la Filature.Le premier directeur de la struc-ture, Christopher Crimes, avaitconcocté une préprogrammationavant la première saison officielleen 1993-1994, qui a attiré quelque17 000 spectateurs. En juin 1993,l’architecte Claude Vasconi accor-dait une nouvelle interview à« L’Alsace ». Morceaux choisis.Le projet mulhousien vous atenu à cœur ?Il n’est pas possible de s’investirdans un projet qu’on n’aimeraitpas ! La Filature, c’est un projetinouï, plus important que l’opé-ra de Lyon rénové par Jean Nou-vel. Nous avons un programmecomplet de 18 000 m² pour unbudget de 220 millions de francs[…]. Il faut reconnaître que cet

équipement est un bel outil,magnifiquement situé au borddu canal, c’est une vitrine pourla ville.

Certains le trouvent trop« imposant »…Ce n’est pas le mot juste. Unéquipement de cette importan-ce, avec un plateau scénique de40 mètres de profondeur et uneouverture de scène de 20 mètres– c’est une des très grandesscènes existant en Europe – im-plique une cage de scène de 33mètres de hauteur. Nous avonsdonc tout fait pour l’absorberpar un effet de carapace, dansun mouvement très doux.D’aucuns ont comparé le bâti-ment à un sphinx, cette imagene me déplaît pas. Nous avonsvoulu que les piétons aient en-vie d’y entrer. En revanche, c’estun bâtiment qui surprend parson ampleur dès qu’on s’y enga-ge.

Pour vous, ce n’est pas un« grand projet » ?C’est l’anti-Bastille ! […] Lesgrands projets du président dela République étaient pensés àl’échelle d’une capitale culturel-le mondiale. La Filature, c’est ungrand projet pour Mulhouse,l’Alsace, la Rhénanie. À un mo-ment où on parle de décentrali-

sation, il me paraît normal dedoter les régions d’activités cul-turelles qui commencent à pren-dre le relais de la capitale.Cessons cette bataille stupide,Paris contre les régions. Parisest équipée, suréquipée. Il fautsaluer l’initiative de villes com-me Mulhouse, Montpellier,Lyon ou Bordeaux. Il est bon queles villes françaises s’affirmentcomme capitales culturelles ré-gionales. C’est même une impé-r i e u s e n é c e s s i t é , c a r l edynamisme rayonne sur l’en-semble des régions. Ce n’estrien aujourd’hui d’aller de Parisou de Mulhouse à Lyon, pourassister à un grand opéra. Dèslors que la distribution est bon-ne, les gens se déplacent. Or, lascène de la Filature peut ac-cueillir des grandes produc-tions.

L’équipement n’est-il passurdimensionné par rapport àla population mulhousienne ?Pas du tout ! Mulhouse et sarég ion comptent env i ron150 000 habitants. Il y a adéqua-tion par rapport au Corum deMontpellier dont la grande sallec o m p t e 2 2 0 0 p l a c e s . E tn’oublions pas qu’on ne cons-truit pas un tel équipement tousles ans, ni même tous les dixans, mais une fois par siècle.

Vous n’aviez pas craint, aprèsles municipales, que le projetsoit arrêté ?Le chantier devait démarrer en1989. Le nouveau maire a vouluse donner un délai de réflexion[…]. Nous avons tous été trèsheureux quand Jean-Marie Boc-kel a décidé de lancer les tra-vaux. Moyennant quelquesajustements, comme la média-thèque et le lieu d’expositionpermanent, le projet a pu sefaire conformément à l’idée ar-chitecturale […]. Ce projet mefait très plaisir parce que la Fila-ture a été construite sur desfriches industrielles. Quand uneactivité disparaît, il faut la rem-placer par autre chose. C’est lareconquête d’un morceau de vil-le.

Mulhouse a pourtant moinsd’atouts que Colmar ?Bien sûr, ce n’est pas une villecomme Colmar, mais c’est uneville moderne, avec un allantformidable, à l’épicentre entreStrasbourg, Bâle et Dijon, unechance ! Mulhouse est forcé-ment appelée à se développer,d’où l’impérieuse nécessité dedéfinir, au niveau de l’agglomé-ration, un projet de développe-ment urbain.

Recueilli par Yolande Baldeweck

Juin 1993: la Filature sur les rails

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Anniversaire de la Filature 824DEF

En septembre 2003,l’ancien directeur de laFilature ChristopherCrimes faisait le pointdans les colonnes de« L’Alsace », après dixannées auxcommandes duvaisseau culturelmulhousien.

Au-delà du cahier des chargeset de ses contraintes, quelétait votre projet artistiquequand vous êtes venu à Mul-house il y a 10 ans ?

Sincèrement, aucun. J’avais unpassé de gestionnaire et c’est lapremière fois qu’on me propo-sait, en même temps, une direc-tion artistique. Je n’avais pas deprojet préconçu. Il s’est cons-truit petit à petit, grâce à moncarnet d’adresses, mon réseau,des amis… C’est un parcours desensibilité, j’ai toujours été pro-che des artistes avec qui j’aitravaillé. Je ne savais pas nonplus quelles étaient les attentesici. J’ai d’abord écouté tout lemonde et après, on a tout inven-té, sur les premières saisons. Lapremière gageure, c’était deréussir à trouver un public pourun équipement surdimensionnépar rapport à l’importance de laville, avec une capacité d’ac-cueil multipliée par trois…

Vous aviez tout de même desorientations ? Des prioritésqui vous tenaient à cœur ?

Bien sûr. D’abord, la danse, quia toujours été pour moi unechose très importante. Ensuite,le théâtre. C’est le domaine oùj’étais le moins nourri et que,paradoxalement, j’ai voulu gé-rer moi-même. (NDLR : pour lamusique, Christopher Crimess’est appuyé sur des conseillersartistiques). Un aspect auquel jetenais, c’était l’ouverture versl’Éducation nationale. Autrechose, qui n’est pas encore vrai-ment en place, c’est le voletaudiovisuel, multimédia, lesnouvelles technologies.

Concernant vos affinités artis-tiques ?

D’emblée, je me suis adressé àun réseau français de jeunescréateurs, que je connaissais

bien. Je me suis toujours intéres-sé à l’écriture contemporaine. Etje crois qu’un lieu neuf se doitde se tourner vers ce qui seconstruit aujourd’hui. Çan’avait pas de sens de program-mer à la Filature ce qui se faitailleurs ou de s’appuyer unique-ment sur le patrimoine classi-que. J’ai eu rapidement laconviction qu’on pouvait faireune programmation éclectiqueet très ouverte, en raison de laproximité de la Suisse et de Bâ-le. Ce qui m’anime toujours,c’est la curiosité vis-à-vis de lacréation contemporaine. Parexemple, je me passionne pourla création dans les pays del’est. Ce sont des gens qui sa-vent nous parler sans moyens…La vraie création vient de lalutte, naît de la difficulté. Ensui-te, ce qui m’importe, c’est departager cette curiosité avec lesautres. Dans une autre vie, jem’orienterai davantage versune monoprogrammation. Dé-fendre tout en même temps, cen’est pas évident…

Percevez-vous, dans ces dixannées, différentes phases ?

Il y a eu, en interne, une phase« sociale » importante. Au dé-but, je me retrouvais avec unejeune équipe, 80 % des salariés

étaient âgés de moins de 25 anset avaient peu d’expérience, ilfallait mettre en place un travailcollectif. Dans les années 95-96,quand une certaine complicités’est établie avec nos partenai-res, j’ai recherché le débat. Jesuis toujours en questionne-ment et je regrette de ne pastrouver, aujourd’hui encore, devéritable endroit pour débat-tre ; la maison était bien gérée,pour les autorités de tutelle,cela suffisait… On a essayé decréer aussi une association despectateurs, mais ça ne fonc-tionne pas vraiment. Nous de-vons trouver pourtant un lieud’échange. Notre légitimité estcelle d’avoir du public, mais sion n’arrive pas à ancrer davan-tage une relation, en dehorsd’un geste de consommation,notre légitimité est entamée.On est là pour inventer en per-manence des projets, dont toutle monde est porteur.

Comment percevez-vous lepublic de la Filature ?

Je le connais bien, parce quequand je peux, je viens aux spec-tacles pour rencontrer les gens.C’est un public traditionnel, lemonde de l’enseignement, pro-fessions libérales, une trancheplutôt aisée de la population,pour ne pas dire l’élite… Mais

c’est surtout le non-public quim’intéresse. Celui qu’il faut ga-gner un à un. C’est pour celaque je mobilise une nouvelleéquipe de relations publiques.On sait, stat ist iquement,qu’une structure culturelle dutype de la nôtre touche 8 à 10 %de la population. Si on appliquecette règle à la Filature, on at-teint 12 %. Mon rêve, ce seraitd’aller jusqu’à 15 ou 16 %.

Quels moyens vous donnez-vous pour chercher ce publicqui ne vient pas ?

Ce sont des efforts permanents.En fonction des propositions,nous essayons de toucher lesgens. Sur l’année de l’Algériepar exemple, on a recherché lacommunauté algérienne. Onfait un gros travail auprès descollèges aussi. Cette année, celaa concerné 4000 élèves, qui ontvu chacun trois spectacles. C’estaussi une question de volontéd’un enseignant ou d’un chefd’établissement… Nous ne som-mes pas non plus dans un sec-teur marchand et notre publicne sera jamais celui de la StarAcadémie ou de… Miss France(boutade).

Vous avez négocié un contratd’objectifs jusqu’en 2005. Ya-t-il de nouvelles orienta-tions ? Des renoncements ?

Nous gardons la même ligne,pluridisciplinaire, curieuse, con-temporaine. Nous renonçonsaux productions parce quecompte tenu de notre rythme detravail, les équipes n’étaient pasassez disponibles pour accom-pagner les artistes. Nous pour-suivons les coproductions. Lepublic mulhousien les découvri-ra après une période « d’affina-ge », ce qui n’est pas plus mal.Quelle que soit l’œuvre, elle abesoin de temps. Concernant lespublics, on développera encorenos efforts pour toucher le mi-lieu scolaire et le 3e âge.

Après toutes ces années,n’éprouvez-vous pas de lassi-tude ?

Personnellement, je suis trèsheureux ici, mais je ne me suisjamais attaché à un lieu. J’aiplutôt l’esprit nomade. Je peuxpartir demain sans regret, etrester encore, avec une grandesatisfaction…

Recueilli par FrédériqueMeichler

Christopher Crimes, premier capitaine du vaisseau culturel

Christopher Crimes a occupé la fonction de directeur de la FilatureScène nationale de 1993 à 2006. Archives Darek Szuster

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L’équipe de la Filaturecompte une bonnequinzaine de salariésqui sont là depuisl’ouverture de lamaison. Récit.

Lorsque laFilatureacommencéàsortir de terre, Emmanuelle Bie-hler était âgée de 20 ans. « Jepassais tous les jours en bus devant lechantier pour me rendre au lycéeSchweitzer où je préparais un BTSde secrétariat de direction. Je n’avaisaucune idée de ce qu’était une scènenationale, je savais que ce serait un lieu culturel, je pensais àune sortedeZénith… Je me suis dit tout de suite :je veux travailler ici ! »

Candidature spontanéeSon BTS en poche, elle envoieune lettre de candidature sponta-née qui a été soigneusement con-servée dans les archives duservice des ressources humai-nes : une écriture de jeune filleavec des ronds sur les « i », tou-chante… « Je mettrai tout en œuvrepour m’intégrer rapidement au seind’une équipe de travail dynami-que », peut-on y lire. Banco.Christopher Crimes, le premierdirecteur de la Filature, lui accor-de sa chance. Elle entre dans lamaison comme « chargée des re-lations publiques », elle occupecette fonction jusqu’en 1997.Gestion de la billetterie et despoints de vente extérieurs, statis-tiques d’analyse du public…

En 1997, elle devient assistantede direction puis en 2003, assis-tante de production. C’est elle quis’occupe de tout le volet financieret juridique, négocie et règle les

contrats avec les artistes, assure lesuivi administratif (social et fis-cal), veille au respect du droit dutravail, des droits d’auteur, s’occu-pe de l’organisation logistique etde l’accueil physique des compa-gnies… « Je me suis formée et j’ai pufaire des métiers différents. C’étaitsympa d’avoir un directeur qui m’apermis d’évoluer dans la maison. »

Emmanuelle Biehler est entréeen culture en entrant à la Filature.

« C’est un milieu que je ne connais-sais pas du tout. J’étais sportive,j’avais suivi des cours de danse àl’Espace 110, j’allais parfois voir desgroupes en concert mais je n’avaisjamais été dans une salle de specta-cles en famille. »

Émotions artistiquesElle constate aujourd’hui que laFilature a totalement chamboulésa vie.

« J’ai participé à l’ouverture d’unlieu comme celui-ci… C’est un mo-ment exceptionnel ! »

En 20 ans, elle a vécu beaucoupd’émotions artistiques, pas facilede faire le tri tant les occasionsont été nombreuses. Certainesont laissé des traces indélébiles,comme le spectacle An die Musikmis en scène par Pip Simmons,immersion sans concession dansla barbarie des camps de concen-tration. « Je me souviens du silenceà la fin de la représentation. »

Je suis sang de Jan Favre, BloodyNiggers ! de Dorcy Rugamba, Aumoins j’aurai laissé un beau cada-vre de Vincent Macaigne où il afallu emprunter à l’Écomusée desmoutons et des poules… Plus gé-néralement, Emmanuelle Bie-hler accroche « avec les spectaclesqui remuent et dont on ne sort pasindemne ». Elle a été touchée parLambert Wilson lisant des Lettresde Mulhousiens, les créations d’Ar-ne Sierens comme Marie éternelleconsolation, ou plus récemment,La réunification des deux Corées deJoël Pommerat, Before your veryeyes du Gob Squad, Vortex de Phia

Ménard… Elle pourrait raconterde nombreuses anecdotes, maisce qui compte le plus, c’est l’expé-rience des relations avec les artis-tes.

« La plupart sont super sympas. »Elle se souvient en particulier deJane Birkin, « adorable… Elle estvenue en train, elle ne voulait mêmepas de taxi ! » Il peut arriver queles choses se compliquent, com-me lors de la venue de la compa-gnie israélienne Batsheva Dancede Tel Aviv. « Il fallait trouver deschambres d’hôtel ni au premier, niau troisième étage à cause du risqued’attaque terroriste, transmettre auxRG les identités de tous les partici-pants à un workshop avec eux, met-tre en place un dispositif de sécuritétrès particulier… »

Baby-sitter et ping-pongSi par principe, La Filature nefournit pas d’alcool fort dans lesloges, il faut commander parfoisune baby-sitter pour garder unnourrisson allaité entre deux scè-nes, trouver un médecin d’urgen-ce, installer une table de ping-p o n g d a n s l a s a l l e d e scommissions, c’était le souhait deGeorges Moustaki…

Emmanuelle Biehler a croiséKristin Scott-Thomas en peignoirdans l’ascenseur, se souvient d’unéchange de politesse intermina-ble avec Julie Depardieu qui refu-sait de franchir la porte lapremière, de l’extrême gentilles-se d’Albin de la Simone ou desrapports calamiteux avec le régis-seur de Julien Doré…

« Ce qui est génial, c’est qu’on voit lesartistes dans leur vie. »

F.M.

Témoignage Emmanuelle Biehler, depuis le premier jour

Emmanuelle Biehler, à la FIlature depuis 1993. Photo DomPoirier

Malik Sidibé, lors de sa résidencemulhousienne, dans le studiophoto qu’il avait installé à la Filature. Photo Darek Szuster

La Filature Scène nationalecompte, parmi ses missions, lesoutien et la promotion des artsvisuels. Plusieurs grands nomsde l’image et des arts numériquesont exposé dans sa galerie :Patrick Bailly-Maître-Grand, Son-ja Braas, Jean-Michel Bruyère,Didier Chambon, Franck Chris-ten, Bernard Demenge, LutzDille, Stéphane Duroy, MichelVanden Eeckhoudt, Jean-ClaudeFigenwald, Arno Gisinger, PeterGranser, Jacob Holdt, Rip Hop-

kins, Sven Johne, Kenneth Jose-phson, Patrick Messina, YannMingard, Joachim Montessuis,Isabel Munoz, Walter Nieder-mayer, Jürgen Nefzger, AgnèsNoltenius, Paolo Nozolino, Fer-nande Petitdemange, Barry Pur-ves, Virginie Restain, KeithSanborn, Françoise Saur, GillesSaussier, Allan Sekula, Malick Si-dibé, Iren Stehli, Florian Tiedje,Jakob Tuggener, Eric Vazzoler,Annet Van Der Voort, IsabelleWaternaux…

Photographie et arts numériques, vingt ans d’images

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Anniversaire de la Filature 1024DEF

Souvenirs, souvenirs…Quel est votre souvenir le plus fort à la Filature ? Quel artiste, ou compagnie, ou spectacle, rêvez-vousde voir à la Filature ? Nous avons interrogé plusieurs acteurs culturels mulhousiens. Voici leursmultiples contributions à une saison virtuelle idéale…

Mon plus fort souvenir, récem-ment, la première édition du fes-tival Les Vagamondes. Le plusfort il y a plus de vingt ans : leconcert pirate du groupe Les Cas-se-Pieds dans les sous-sols de laFilature en construction, c’était levendredi 13 septembre 1991. Ungrand moment de rock’n’roll un-derground !Je rêve d’un concert de Miossec,parce que je vais publier un livrequ’il est en train d’écrire et qu’ilfera une tournée pour fêter ses 20ans de carrière. Le bouquin seraillustré par des photos de LéaCrespi, artiste rencontrée il y a dixans à la Filature…

Philippe Schweyer, directeur deNovo et deMédiapopéditions.

Mon souvenir le plus fort lié à laFilature remonte à 1989. Le pro-jet initié par Joseph Klifa n’étaitpas engagé quand Jean-MarieBockel gagna les municipales en89. Jean-Marie me demanda du-rant l’été de travailler le rapportqu’il avait commandé et que jedécortiquai et complétai durantmes vacances. La décision queJean-Marie prit de construire laFilature à la rentrée fut le souve-nir le plus impressionnant, carj’avais conscience des périls et desbonheurs que cette décision en-gendrerait pour l’adjoint à la cul-ture.Mon rêve est de revoir deux artis-tes qui sont des souvenirs excep-tionnels mais que nous n’avonsplus vus depuis des années : Pip-po Delbono et Jan Fabre.

Michel Samuel-Weis, adjoint aumaire chargé de la culture.

Me viennent tout de suite à l’es-prit deux spectacles allemands.Ils m’avaient impressionné parleur professionnalisme, la qualitéde la mise en scène et celle desartistes : Le Berliner avec ArturoUi et un autre spectacle sur lamémoire sociale et politique deshommes et femmes vieillissantsréunis dans une maison de re-traite, qui avaient sans doute vécudu temps de la DDR (Murx denEuropäer!) C’était à la fois plein detendresse et de dérision.Il y a de multiples spectacles des-tinés notamment aux adoles-cents que j’aimerais voir à laFilature. En tous publics, je penseà ceux du Duda Paiva, compagnienéerlandaise (marionnettes etdanse), notamment Angel, Mor-ningstar et Bastard, ce dernier ins-piré par L’Arrache-coeur de BorisVian.

André Leroy, directeur desTréteaux de Haute Alsace.

Mon plus fort souvenir : le con-cert sauvage des Casse-Pieds or-ganisé par la Fédération Hiéro en1991 dans le chantier de la Filatu-re en travaux ! Un événement quin’avait pas été trop médiatisé àl’époque, mais qui a marqué les200 personnes présentes…

J’aimerais voir à la Filature NickCave and the Bad seeds, surtoutqu’il vient de sortir un nouvelalbum magnifique !

Olivier Dieterlen, directeur duNoumatrouff.

Mon souvenir le plus fort de cesvingt dernières années a été matrès modeste participation auspectacle de Pina Bausch. Chris-topher Crimes m’avait demandéalors de lire en coulisses des in-terventions de textes pendant ledéroulement du spectacle. Les 48heures passées avec la compa-gnie m’ont laissé un souvenirflamboyant.

Je rêverais de rencontrer à nou-veau le travail de Bob Wilsonpour qui j’ai une très grande ad-miration.

Jean-MarieMeshaka, directeurdu théâtre Poche-Ruelle.

J’ai beaucoup aimé la promenadehors les murs organisée par Oli-vier Choinière dans les quartiersBarbanègre et Drouot autour dela Filature où le marcheur deve-nait acteur d’une fiction produitedans l’espace urbain !Mon rêve : un grand chef cuisi-nier qui proposerait une semainede dégustations dans un restau-rant temporaire (ou perma-nent ?) englobant le hall, laterrasse et le parvis !

David Cascaro, directeur de laHaute école des arts du Rhin.

Pour moi, une soirée à la Filatureest toujours un enchantement,un rêve, voire un plongeon dansles profondeurs de l’oubli com-me la soirée « Pink Floyd » ré-cemment !

Et comme j’adore les surprises,bonnes de préférence, rien nevaut ce moment, avant le lever derideau, où tout peut se passer,concert ou spectacle, totale dé-couverte ! Merci à la Filature denous proposer l’inattendu.

Michel Bisey, directeur de lalibrairie éponyme.

Je pense entre autres à Cesenad’Anne Teresa de Keeersmaeker,mais j’ai également pris beau-coup de plaisir à découvrir descréations théâtrales contemporai-nes, comme en janvier dernierpendant les Vagamondes, TheEnd de la compagnie italienneBabilonia Teatri ou Late Night desGrecs du Blitz Theatre Group.

Ce sont souvent les petites com-pagnies dont je n’ai jamais enten-du parler qui me fascinent etm’apportent le plus de plaisir.

SandrineWymann, directrice dela Kunsthalle.

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Anniversaire de la Filature 1124DEF

Mes moments forts à la Filaturesont tous liés aux concerts de Jazzà Mulhouse là-bas.Je me souviens en particulier,dans la salle modulable, de cesolo de la chanteuse mongoleSainkho Namtchylak, c’était pro-digieux, un éblouissement… Celieu était tout à fait adapté et j’es-père qu’il y aura à nouveau bien-tôt des concerts du festival là-bas.Plus généralement, je souhaiteaussi le retour de belles exposi-tions de « Photographes en Alsa-ce »…

Paul Kanitzer, initiateur de« Photographes en Alsace » etex-directeur de Jazz àMulhouse.

L’un de mes plus forts souvenirs,c’est l’opéra Saints and singingmis en scène par Bob Wilson.J’avais été très impressionné.

J’ai été marqué aussi par la dic-tion particulière d’un comédiendans la pièce de Bernard-MarieKoltès, Dans la solitude des champsde coton…. Je ne sais plus sonnom.

Un artiste que je rêve de voir à laFilature un jour, Keith Jarrett ! Etaussi Hubert-Félix Thiéfaine.

Frédéric Versolato, gérant de lalibrairie 47°Nord.

Mon plus fort souvenir, sur leplan journalistique, c’est la venuede Merce Cunningham. Il avaitfait plusieurs séjours, pour unecaptation vidéo de ses spectacles.Une rencontre exceptionnelle.Toujours dans le domaine de ladanse, je garde un souvenir trèsfort comme spectateur de la pièceHautnah (corps à corps) du cho-régraphe Félix Ruckert, une pro-position participative. Onattendait dans un couloir, avec unnuméro je crois, et un danseurvenait vous chercher, vous em-menait quelque part dans la mai-son pour une chorégraphiepersonnelle. Je me suis retrouvésur le toit avec une danseuse…Le spectacle que je rêve de voir :Melken de Pina Bausch.

Dominique Bannwarth,président deMulhouse ArtContemporain. Je me souviens particulièrement

de Glass Tooth de Saburo Teshi-gawara, donné à la Filature enfévrier 2008. C’est un spectacle dedanse où le danseur évolue surdu verre pilé. J’ai le souvenir quec’était, pour moi, assez extrême,très déstabilisant, exactement ceque l’art devrait nous apporter.C’est un grand souvenir.

Cette idée de spectacle marquantme fait penser à Arpad Schilling,metteur en scène hongrois passépar Strasbourg, dont j’avais puvoir Le Misanthrope en 2004. Jeserais heureux de voir le travailactuel de Schilling à La Filature.Je crois qu’il a mis en scène unspectacle sur les Roms.

On pourrait aussi rêver à unemise en scène d’une pièce deRené Ehni, comme son célèbreQue ferez-vous en novembre ? ouJocaste. Il n’en reste pas moinsque j’apprécie beaucoup la pro-grammation actuelle en théâtre.

Jean-Arthur Creff, directeur de labibliothèque-médiathèque.

Mon souvenir le plus fort derniè-rement à la Filature était la Toscade Puccini. On a une chanceinouïe de posséder l’Opéra duRhin en Alsace. La programma-tion est toujours des plus pas-sionnantes.

En artiste, j’aimerais en voir plu-sieurs, en particulier ceux de lascène rock anglaise actuelle, à sa-voir les Arctic Monkeys, les Pal-ma Violets, les Bloody Valentine,les Babyschambles et beaucoupd’autres…

Xavier Lallart, directeur duconservatoire.

J’ai été marquée par Con fortsfleuve de Boris Charmatz, plusune performance radicale qu’unspectacle. Dans une partie de lagrande salle restée allumée, lesdanseurs aux visages recouvertsde jeans se mouvaient sur la mu-sique jouée en live par OtomoYoshihide. La musique devenait àpeine tolérable et la tension deplus en plus palpable. La deuxiè-me partie s’est déroulée dans unsilence embarrassant, habité parle niveau sonore précédent.Beaucoup de malaise dans la con-frontation aux danseurs, à telpoint que le public quittait peu àpeu la salle, un spectateur en co-lère s’est adressé directement auxdanseurs…Je rêve de voir les nouveaux spec-tacles d’Heiner Goebbels.

Anne Immelé, directriceartistique de la Biennale de laphotographie.

Mon souvenir le plus fort : lespectacle La face cachée de la lune,d’après l’album The dark side of themoon du groupe Pink Floyd, le12 avril dernier. Pour deux rai-sons : ce spectacle était d’une jus-tesse assez rare, tant d’un pointde vue musical qu’au niveau del’esprit. Il m’a ramené 20 ans enarrière, quand mon père me fai-sait écouter les vinyles du groupedans ma chambre d’enfant…

Ensuite, parce que c’était la der-nière fois que je voyais sur scèneLaurent Dailleau, grand spécialis-te des instruments électroniquesanciens et rares, grand musicienet d’une grande générosité. Il estmort à 54 ans, quelques semai-nes après ce spectacle à La Filatu-re. J’aimerais bien voir un jour àla Filature John Zorn et KeithJarrett..

Fabien Simon, directeur dufestivalMétéo.

Sincèrement, j’ai rarement étédéçue par les spectacles vus à laFilature. Mais le plus fort, sanshésitation, c’est Plus ou moins l’in-fini, par la Cie 111. Un spectacletrès graphique, poétique et drôle.J’ai aussi un excellent souvenir despectacles liés au cinéma : (Su-per) Hamlet par la Cie La Cordon-nerie (doublage et bruitage d’unfilm sur scène) et Raoul de JamesThierrée, le petit-fils de CharlesChaplin et acteur.J’aimerais revoir la Cie 111 et jeviens de me rendre compte qu’Azimut était programmé en dé-cembre. Vœu exaucé !

Stéphanie Pain, directrice ducinéma Bel-Air.

Page 12: Extrait du journal - La Filature · merspace/Interscape),SashaWaltz (Körper). Cerise sur le gâteau: la saison se clôt avec une œuvre emblématique de Pina Bausch, Kontakthof,quimetenscènedes

Anniversaire de la Filature 1224DEF

Visite du chantier de la Filature, en 1991, avec Christopher Crimes etle nouveaumaire Jean-Marie Bockel. Archives Claude Koenig

La Filature vue du ciel, dans un quartier en pleinemutation.Archives Daniel Schmitt

Jean-Marie Bockel achoisi de construire laFilature après savictoire auxmunicipales de 1989.

Vous étiez dans l’oppositionmunicipale quand l’ancienmaire Joseph Klifa a fait lechoix de confier la construc-tion de la Filature à ClaudeVasconi. Votre équipe avait-el-le un autre projet dans lescartons en 1989 ?Le processus était déjà en cours,nous avions été associés par Jo-seph Klifa aux décisions et nousavions voté d’ailleurs en faveurdu projet. Lorsque nous avonsremporté les élections en 1989,j’ai simplement voulu prendre letemps de la réflexion pour ap-porter éventuellement certai-nes modifications. Nous avonsdemandé notamment que le bâ-timent intègre la médiathèque.Avec le recul, je ne le regrettepas, quand on sait que la média-thèque accueille 100 000 usa-gers par an… L’autre apportconcret, je m’en souviens, c’estle travail sur l’acoustique. Enfin,le troisième point qui, lui, n’atoujours pas abouti, c’est laquestion du restaurant…

Au cours de ces vingt annéesd’existence de la Filature,avez-vous des souvenirs parti-culiers ?C’est une question difficile, il y aeu tant de choses… Je suis beau-coup allé à la Filature dans lespremières années, cela faisaitpartie du travail d’appropria-tion, c’était mon devoir de sou-tenir cette structure qui, audébut, a été très critiquée. Monprincipal souvenir n’est pas lié àune émotion pendant un spec-tacle mais j’ai vécu de manièreexceptionnelle l’ouverture de lamaison. Nous avions pris un vrairisque, on nous reprochait ladimension de l’équipement, ce

n’était pas évident à porter.Mais, dès l’inauguration, le pu-blic a répondu présent.

Si je dois réfléchir vraiment à unmoment de ces 20 ans qui alaissé des traces, je dirais peut-être Moustaki… Le privilège del’avoir rencontré.

Avec le recul, pensez-vous quela Filature tient toutes sespromesses ? Quels sont lespoints où il reste du chemin àfaire ?Franchement, je suis assez en-thousiaste ! Quand on songe àtout ce qu’on a pu dire… Aujour-d’hui, la Filature n’est plus con-testée par les Mulhousiens,même par ceux qui n’y vont pas.Plus personne ne parle de projetsurdimensionné… On a quandmême fait dès le départ le paride l’excellence, sans élitisme,et, de ce point de vue-là, laFilature a relevé le défi. Onaurait pu faire le choix d’uneprogrammation milieu de gam-me, comme beaucoup de villesmoyennes et ça finit par être dela bouillie pour les chats. Quelleque soit la discipline, théâtre,danse, musique, la programma-tion a été à la hauteur. Et auministère de la Culture, la Scènenationale de Mulhouse est clas-

sée en cinquième position, jecrois, parmi les 70 qui existenten France… Bien sûr, il y a tou-jours des choses perfectibles.On doit poursuivre le travail desensibilisation auprès des pu-blics qui viennent peu ou pas,plusieurs tentatives ont été fai-tes, il faut continuer. Mais si onavait voulu faire tout en mêmetemps, on se serait planté. LaFilature s’est positionnée, elle aune identité imprimée en gran-de partie par son premier direc-teur Christopher Crimes. C’estune très belle aventure…

Dans la nouvelle saison de laScène nationale, y a-t-il despropositions qui vous sédui-sent ?Je suis venu un peu moins à laFilature ces dernières années etje ne suis plus maire de Mulhou-se. Je reviendrai davantage pourmon plaisir. Avec ma femme, ona regardé le programme deprès, on s’est fait un peu con-seiller aussi. On a retenu LesMarchands de Pommerat, Cyra-no bien sûr, Seuls de Mouawad,Mamela et les Kids de Soweto,Dopo la Battaglia de Pippo Del-bono, Rabih Abou Khalil… Si onvoit tout ça, c’est déjà pas mal !

Propos recueillis par F.M.

Jean-Marie Bockel:«Une très belle aventure»

30mai 1994 : le président FrançoisMitterrand, le chancelier HelmutKohl et Jean-Marie Bockel inaugurent la Filature.

PhotoMathieu Lerch

RepèresH La Filature comprend unegrande salle de 1216 places, unesalle modulable de 364 places(en configuration assise), unesalle de projection d’unecentaine de places, une galerie,des salles de répétitions…H La Filature accueille enmoyenne 80 000 spectateurs/an.H Nombre de spectateurs lorsde la saison 2012/13 : total87 512, dont 46 309 pour laScène nationale, 24 515 pourl’Opéra national du Rhin, 16 888pour l’Orchestre symphoniquede Mulhouse.H Nombre d’abonnés à la Scènenationale lors de la saison2012/13 : 3344.H Taux d’occupation des salles :84 %.H Budget annuel : 5,6 millionsd’euros.H Tarifs Scène nationale : 5,5€ à25€ (à l’unité). Abonnements :trois spectacles 7€ (réduit), tarifsdégressifs de 20 à 10 € (3 à 15spectacles et +). Passglobal pour la saison : 424 €.H Site web : www.lafilature.orgAdresse : 20 allée Nathan-KatzH Tél. billetterie :03.89.36.28.28.

Dès son arrivée à Mulhouse, lanouvelle directrice MonicaGuillouet-Gélys a exprimé sondésir de voir se créer une structu-re des Amis de la Filature. L’asso-c i a t i o n e x i s t e d e p u i s l eprintemps. Présidée par Emma-nuelle Badinand, elle compte dé-jà une soixantaine de membres.Mission de l’association : « Con-tribuer au rayonnement de la Fila-ture en créant des liens entrespectateurs et professionnels ».

« Nous sommes encore au tout dé-but de l’association, on démarre, in-dique la présidente. On pourraassister à des avant-premières, parti-ciper à des rencontres, des conféren-ces. Et pourquoi pas, organiser unpetit séjour à Avignon… »

FSE RENSEIGNER Cotisation :15 €/an, contact : Amis de laFilature, 20 allée Nathan-Katz 68090Mulhouse CEDEX. Courriel :[email protected]

Devenir «Amis de la Filature»

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Anniversaire de la Filature 1324DEF

La directrice de laFilature, arrivéerécemment dans lamaison, livre sesimpressionsmulhousiennes aprèsun an d’immersion.

Vous avez pris officiellementvos fonctions le 1er juillet 2012à la Filature, quel regardportez-vous sur ces premiersmois mulhousiens ?J’assume une première saisonqui a été en partie préparée parmon prédécesseur, en partie parmoi-même, tout en étant à unecertaine distance… En un an, jetrouve qu’on a accompli pas malde choses ! Il y a deux domainesoù l’on n’a pas avancé aussi loinque je l’aurais voulu, le trans-frontalier et les quartiers. Il y atout un travail à remettre enœuvre avec le secteur social.

Selon vous, quels sont lesatouts de la Filature ?L’équipe ! Il y a beaucoup demonde, une cinquantaine depersonnes, permanents et inter-mittents. C’est aussi lourd à gé-rer, il peut y avoir de l’inertie.On a ouvert plusieurs chantiers.Il y a des grandes compétencesdans l’équipe que j’essaie devaloriser. L’outil est en place, ona les espaces, les salles, lesgens, les moyens de finance-ment prévus par le contrat d’ob-jectifs, même s’ils stagnent. Ondoit générer des recettes sup-plémentaires, trouver des parte-na r i a t s p r i vé s , avo i r del’imagination…

Que comptez-vous dévelop-per ?On a des grands projets avec desartistes associés, jusqu’en 2017.Notamment avec Joël Pomme-rat , Dav id Lescot , Wa jd iMouawad… On va peut-être ac-cueillir la dernière création duThéâtre du soleil d’ArianeMnou-chkine…

Vous souhaitez égalementintensifier les actions avec lesstructures culturelles locales.En commençant par les structu-res qui sont abritées à la Filatu-re, l’Orchestre symphonique deMulhouse, l’Opéra national duRhin et le Ballet… On avance àpetits pas. Avec l’OSM par exem-ple, on a un projet de créationpour l’édition 2015 de Vagamon-des, avec l’artiste d’origine liba-naise Ibrahim Maalouf. Il estquestion d’une collaborationégalement entre l’ONR et la Scè-ne nationale pour la reprise del’opéra de Haydn Il Mondo dellaLuna, revisité par David Lescot.On poursuit aussi les partena-

riats qui existaient déjà, avec leCréa, les Dominicains, les Tré-teaux de Haute Alsace…

Peut-on conquérir des nou-veaux publics ?Sur le plan de la fréquentation,les chiffres sont très encoura-geants, on a progressé lors de lasaison 12/13 avec plus de46 000 billets vendus pour laScène nationale, environ 5500abonnements, tout confondu,Scène nationale, OSM et ONR.Avec une agglomération de250 000 habitants, on doit pou-voir progresser. Parmi les abon-nés de la nouvelle saison, il y a90 % d’anciens, il faut toucherles autres… J’ai l’impressionqu’il y a toute une tranche de lapopulation qui est assez peu re-présentée, les commerçants parexemple, et aussi les 30-40 ans.C’est la génération d’actifs quiont des enfants en bas âge, pourqui c’est plus difficile de sortir lesoir. Mais il faudrait que toutcitoyen moyen puisse se dire : jevais pratiquer la Filature. Lestarifs sont très abordables, onpeut payer un abonnement endix fois sans frais. Il y a le sec-teur social qu’on peut toucherdavantage par les maisons dequartier, les comités d’entrepri-ses…

Pensez-vous faire évoluer laprogrammation ?Pour attirer des nouveaux spec-tateurs, il n’est pas nécessairede changer de politique de pro-grammation. Elle est extrême-m e n t d i v e r s i f i é e , l e s

propositions sont très accessi-bles et tout le monde peut ytrouver son compte. Parmi lesrendez-vous immanquables decette nouvelle saison 2013/14,on peut citer Ourosboros, théâ-tre de marionnettes sud-africainou le spectacle de danse flamen-co Affectos, Les Marchands deJoël Pommerat, Le Cyrano deBergerac mis en scène par La-vaudant, Idir qui se produira àl’Eden, les spectacles de cirqueVielleicht de Mélissa Von Vépyou du Groupe acrobatique deTanger, Azimut…Bien sûr, il y ena beaucoup d’autres !

Vous avez lancé deux festi-vals, Les Vagamondes et Hori-zon, quels sont vos objectifs ?Ces nouveaux festivals sont uneforme un peu différente detemps forts qui existaient déjà.Ils doivent encore s’ancrer. C’estlors de ces festivals qu’on peutaccueillir des propositions artis-tiques nouvelles et toucher despublics nouveaux, plus jeunes,notamment des étudiants…Mais il faut du temps pour met-tre des dynamiques en place,tisser des partenariats avecd’autres lieux artistiques de lagrande région, créer des passe-relles avec des structures mul-h o u s i e n n e s c o mm e l aKunsthalle, le Quai, le conserva-toire…. Il faut développer toutça. J’ai l’impression parfois quela ville est cloisonnée, qu’il y abeaucoup à faire pour favoriserles échanges. On n’est pas sinombreux à s’occuper de cultu-re et si on se met tous autour de

la table, il y a un potentiel pourfaire mieux et davantage, ouvrirles frontières.

Vous êtes Mulhousienne de-puis un an maintenant. Quelssont les lieux que vous aimezbien fréquenter ?J’adore le zoo ! Et le marché, j’yvais tous les samedis, souventassez tard. J’aime me balader àvélo dans les différents quar-tiers, c’est agréable. Les Mul-housiens devraient être lespremiers ambassadeurs de leurville.

Propos recueillis par F.M.

Monica Guillouet-Gélys: «Une programmation très accessible»

Monica Guillouet-Gélys a été nommée à la tête de la Filature au printemps 2012. Elle a pris officiellementses fonctions en juillet l’année dernière. Photo DomPoirier

BioH Monica Guillouet-Gélys estoriginaire du sud-ouest, elle agrandi près de Perpignan. Elle aété musicienne (contrebassistede jazz) et danseuse, a travaillédans le milieu de l’animationculturelle.H En 1989, Monica Guillouet-Gélys prend la direction d’unpetit théâtre de la régionparisienne où elle a fait sesarmes, pendant une dizained’années (gestion, travail dansles quartiers, résidenced’artistes et soutien à lacréation).H 1999: directrice de la Scèneconventionnée à Auxerre.H 2006: directrice de la Scènenationale d’Évry.H Novembre 2011 : MonicaGuillouet-Gélys postule pour ladirection de la Filature, Scènenationale de Mulhouse. Elleprend ses fonctionsofficiellement en juillet 2012.

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Anniversaire de la Filature 1424DEF

Ils ont fréquentéoccasionnellement laFilature quand ilsétaient ados. Rencontreavec Marie Kauffmannet Lionel Lingelser,jeunes comédiens trèsprometteurs.

Marie Kauffmann, 26 ans est néeà Mulhouse, a fait sa scolarité àl’école Cour de Lorraine, au collè-ge Kennedy et Saint-Exupéry. Elleest entrée en théâtre à l’adoles-cence, au conservatoire de Mul-house, puis au lycée Camille Seeà Colmar. Après son bac, elles’inscrit au cours Florent. « Je suisrentrée directement en deuxièmeannée. » Elle y fait ses classes et yprépare le concours d’entrée auConservatoire national d’art dra-matique. 1200 candidats, 30 pla-ces, 15 filles, 15 garçons, et 800concurrentes. Elle incarne la rei-ne dans un extrait de Ruy Blas deVictor Hugo, interprète une scè-ne du Soulier de satin de Claudel,une autre de Terres mortes deFranz Kroetz, « un super texte poli-tique très engagé… » Après un troi-sième tour où il faut montrertoutes les facettes de sa personna-lité, Marie Kauffmann décrochele sésame pour entrer dans laplus prestigieuse école françaisede théâtre.

Elle y suit notamment le cours deNada Strancar qui a longuementcollaboré avec Antoine Vitez.« Elle m’a complètement ouverte,c’est une grande tragédienne… »

Depuis 2009, elle enchaîne lesexpériences théâtrales et travailleavec divers metteurs en scène.

« Lâche-toi, vas-y ! »Et puis, à la rentrée 2012, elleapprend que Georges Lavaudantprojette de monter Cyrano et qu’ilorganise des auditions pour re-cruter une Roxane et un Chris-tian de Neuvillette. « Je ne pensaispas pouvoir passer cette audition,mais il y avait une telle effervescence

autour de ça… Tout le monde enparlait. Je me suis inscrite… » Lescandidates sont nombreuses,peut-être 40 ou 50. Au troisièmetour, il y avait encore quatre Roxa-ne et quatre Christian. « On a euun premier contact avec Patrick Pi-neau qui devait incarner Cyrano.Ça s’est très bien passé… Lavaudantm’a dit une très belle chose : Marie,tout ce que tu fais est magnifique,lâche-toi, vas-y ! Je me suis lâchée.Patrick Pineau est très humain, ilest drôle, gentil, met tout le monde àl’aise… » Mais ce n’est qu’aprèsune ultime audition, un moisplus tard, qu’elle apprend qu’elleest retenue pour le rôle. Le travaildébute en février 2013. Mi-avril,

l’équipe commence à répéter(pour une période de six semai-nes) sur le site même du théâtreantique de Fourvière où la pre-mière devait se jouer. « Une aven-ture hallucinante. Il faisait froid…On a travaillé sous la pluie. » Maisdès la première représentationdevant plus de 1000 spectateurs,la pièce remporte un triomphe ets’achève sous une pluie de cous-sins, dans la tradition des Nuitsde Fourvière.Depuis, Marie Kauffmann a jouéRoxane à Montpellier, Bobigny,Marseille, mais aussi Milan. Lesdernières dates sont mulhou-siennes, les 12 et 13 février 2014.La comédienne a beaucoup fré-quenté les salles de spectaclesavec ses parents quand elle étaitenfant. Elle doit peut-être sa voca-tion théâtrale à sa mère, NadiaRustom, directrice de la média-thèque de Kingersheim. « C’estune conteuse, elle nous a lu telle-ment d’histoires quand on était peti-t e s … Ç a n o u s a f o r m él’imaginaire. » Marie a aussi tra-vaillé un moment à la Filature,lors de la saison 2005/06, à labilletterie et l’accueil du public.« J’aimais beaucoup l’ambiance,parfois, j’allais manger avec les artis-tes. »

Si l’idée de jouer devant sa fa-mille, ses amis de lycée, ses an-ciens collègues la stresse un peu,elle se réjouit… énormément !

Jeunes pousses Marie Kauffmann dans la peau de Roxane

Marie Kauffmann sera sur la scène de la Filature en février 2014 pourincarner Roxane dans Cyrano de Bergerac. Photo Sara Imloul

Le public de la Scène nationale apu apprécier le talent et engage-ment sur scène de Lionel Lingel-ser à deux reprises déjà : enmai 2010, ce jeune Mulhousienâgé de 29 ans aujourd’hui incar-nait le rôle principal dans les Four-beries de Scapin mis en scène parOmar Porras et, plus récemment,en mars 2013, il était dans la peaude Barthélémy, le héros de OhBoy !, roman d’Aude Murail adap-té au théâtre par le metteur enscène québécois Olivier Letellier.« J’ai commencé le théâtre àZillisheim, au collège épiscopal, avecMatthieu Barthel. Je fréquentaisaussi l’atelier théâtre animé parBarbara Abel au lycée Schweitzer.À l’époque, je voulais être pilote deligne. Et puis en terminale, j’ai euun flash… Je me suis dit que jevoulais être comédien ! » Il entre au

cours Florent en 2004, puis auConservatoire national supérieurde Paris où il étudie de 2006 à2009.« En 2010, j’ai rencontré OmarPorras, il y a eu l’aventure de Sca-pin, on a fait 180 représentations,en France, en Suisse, au Japon… Leschoses se sont enchaînées, j’ai parti-cipé à plusieurs projets théâtraux,j’ai fait quelques films, j’ai tournépour la télévision… Des épisodes deJoséphine ange gardien, 13 mil-lions de spectateurs ! »

Lionel se souvient être allé voirDon Juan dans le cadre scolaire.« On était très dissipés, on pensaitque ça serait l’occasion de faire duchahut… On est entré dans la salleet on n’a pas moufté ! J’étais immé-diatement fasciné, c’est arrivé d’uncoup. » Petit déjà, Lionel aimait segrimer, se déguiser et jouer, ra-

conter des histoires dans la peaud’un autre. Il avait 26 ans quand ils’est produit à la Filature, « chezlui », dans le rôle de Scapin.

« J’entrais sur scène par la salle.Quand on voit ce plateau immense,et le public… J’avais un trac fou et enmême temps, je me sentais à lamaison. Revenir dans ce vaisseau,dix ans après, en plus, dans le rôleprincipal… Mais j’étais confiant.C’était la plus belle date de la tour-née, juste avant le Japon. »

Il est revenu en mars dernier avecOh Boy ! « C’était aussi un grandmoment, notamment parcequ’avant, j’ai fait une soixantained’heures d’atelier dans des collèges etdes lycées et que les élèves sont venusvoir la pièce. »

En juin dernier, Lionel Lingelseret son complice Louis Areneétaient en résidence à la Filature.Ils préparent, en tant que met-teurs en scène cette fois, unecréation qui devrait être présen-tée lors de la saison 2014-15.

Lionel Lingelser, «à la maison»

Lionel Lingelser. Photo D. Poirier

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Anniversaire de la Filature 1524DEF

Voici une sélection en images de quelques temps forts de la 21e saison de la Filature qui offre plus de50 propositions en théâtre, danse, musique, ciné-concert, cirque, spectacle jeune public, expositions…Prenez date ! Pour le détail de la programmation, consultez le site, www.lafilature.org

Scène nationale, 21e saison

« Les Nuits », ballet Preljocaj (22 septembre), création pourMusica. Photo Jean-Claude Carbonne

Le chanteur kabyle Idir seproduira à l’Eden (16 janvier).

Photo Vincent Lignier« Seuls »,WajdiMouawad (14 et15mars). Photo Thibaut Baron

Quartet De Johnette (21mars).Photo Carlos Pericas

« Ourosboros », HandspringPuppet Company (26 et 27 nov.)

«Doppo la Battaglia», Pippo Delbono. Photo Lorenzo Porrazzini« Cyrano de Bergerac » (12, 13 et14 février). Photo Hervé All

Rabih Abou Khalil quintet(17 janvier). DR

« Enfant », de Boris Charmatz (17 avril). Photo Boris Brussey« Everest », spectacle jeunepublic (24 et 27 novembre).

« Cadet d’eau douce », BusterKeaton avec l’OSM (27 et 28 juin)