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BULLETIN DE JANVIER 1958SUPPLÉMENT A LA NOUVELLE N. R. F.

DU Ier JANVIER 1958

N° 61

Tïïf

PUBLICATIONS DU 1 5 NOVEMBRE

AU 15 DÉCEMBRE 1957(Renseignements bibliographiques.)

On trouvera ici tous les renseignements bibliographiques sur les ouvrages effec-tivement parus du 15 novembre au 15 décembre 1957.

COLLECTION « SOLEIL »

Reliure typographique en toile fine, maquette de MASSIN.

Décor à froid pour les filets et à l'or pour les titres. Typographie en deux couleurs.

Papier vélin supérieur. Jaquette en matière plastique transparente.

On dira des « Soleilcomme on dit des « Pléiade ».

GIONO Jean Le Bonheurfou. Reliure rouge écar-late, papier de garde bleu de coe-ruleum 1.650 fr.

PERRET Jacques. Rôle de Plaisance. Reliure bleu lu-mière, papier de garde tango 1.250 fr.

Tous les exemplaires de la Collection «SOLEIL» sont numérotés.

RÉCITS

GRENIER Jean. Les Grèves.. 448 p., in-8° soleil.Collection blanche. 1.150 fr.

25 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 4.500 fr.

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BULLETIN DE JANVIER 1958

« LA BIBLIOTHÈQUE BLANCHE»

BOSCO Henri Barboche. 240 p., in-16 doublecouronne, couverture illustrée encouleurs. Collection « La Biblio-

thèque blanche » 500 fr.30 ex. num. Hollande. Coll.blanche. 3.500 fr.

120 ex. num. pur fil Laf. Nav.Coll. blanche. 1.800 fr.

FORTON Jean Cantemerle. 208 p., in-16 doublecouronne, couverture illustrée encouleurs. Collection «La Biblio-

thèque blanche» 500 fr.

THÉATRE

AUDIBERTI Jacques. La Mégère apprivoisée, comédie en4 actes. 280 p., in-16 double cou-ronne. Collection « Le Manteau

d'Arlequin » 690 fr.40 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 2.500 fr.

AYMÉ Marcel La Mouche Bleue, pièce en 4 actes.272 p., in-16 double couronne.Collection « Le Manteau d'Arle-

quin » 690 fr.25 ex. num. Hollande. 5.000 fr.

100 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 2.500 fr.

CORRESPONDANCES

VALÉRY Paul Correspondance (1887-1933). In-FOURMENT Gustave troduction, Notes et Documents

par Octave Nadal. 272 p., in-8°carré. Collection blanche. 750 fr.

25 ex. num. Hollande. 6.500 fr.

150 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 3.000 fr.

ESSAIS LITTÉRATURE

GRENIERJean Sur la Mort d'un Chien. 64 p., in-16double couronne. Collection

blanche. 180 fr.

25 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre 750 fr.

GRENIERJean L'Existence malheureuse. 224 p.,in-16 double couronne. Collec-

tion « Les Essais » 550 fr.

25 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 1.600 fr.

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.BULLETIN DE JANVIER 1958

LA ROCHEFOUCAULD Edmée de. Pluralité de l'Etre. 96 p., in-16double couronne. Collection

MONDOR Henri. Précocité de Valéry. 448 p., in-16(de l'Académie française.) double couronne. Collection

HISTOIRE BIOGRAPHIE

LELY Gilbert Vie du Marquis de Sade, avec unexamen de ses ouvrages. Tome il

AUBERT DE LA RUE E. Brésil Aride. La vie dans la Caatinga.256 p., in-8° carré, 16 planches

L'AIR DU TEMPS

Collection dirigée par PIERRE LAZAREFF.

KEATING William J.et CARTER Richard. Meurtres sur la lOeAvenue. Tra-

duit de l'américain par Pierre

HAWKINS John et Ward. Alerte Traduit de l'américain parBruno Martin.

FLEMING lan. Chauds les Glaçons Traduit del'anglais par F. M. Watkins.

KEENE Day Ci-gît la Sorcière. Traduit de l'amé-ricain par Robert Hervé.

O. SABER Robert. La Veuve Minute. Traduit de l'amé-

ricain par J. Hérisson.

ROHDE William L. Interdit aux Nomades. Traduit de

l'américain par Bruno Martin.

Chacun de ces cinq volumes, nos 401 à 405, de la « Série Noire». 220 fr.

blanche. 300 fr.

20 ex. num. pur fil Lafuma Na-varre. 1.300 fr.

blanche. 1.250 fr.

20 ex. num. Hollande. 6.500 fr.

100 ex. num. pur fil LafumaNavarre. 4.000 fr.

Des Années libertines de La Coste au

dernier Hiver du Captif (1773-1814).

720 p., in-8° soleil, sous couver-ture illustrée d'une vignette tiréede l'édition originale d'Aline etValcour, hors série. 2.100 fr.

GÉOGRAPHIE

hors texte reproduisant des pho-tographies de l'auteur lui-même,et 2 cartes in texte. Collection

«Géographie Humaine » 990 fr.

Singer. 336 p., in-8° soleil. Col-lection « L'Air du Temps » 850 fr.

SÉRIE NOIRE

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BULLETIN DE JANVIER 1958

ÉCHOS PROJETS• Le Prix Goncourt a été décerné, le 2 décembre 1957, à Roger Vailland pour sonroman La Loi.

Rarement Prix Goncourt a-t-il ratifié une telle unanimité dans l'éloge. Voici, eneffet, parmi bien d'autres, presque textuellement semblables, quelques opinionsglanées dans la presse de ces derniers mois « un de nos meilleurs conteurs(JEANBLANZAT, Le Figaro Littéraire) « le meilleur roman de Roger Vailland» (KLÉberhaedens, Paris-Presse) « le meilleur roman qui ait paru depuis bien longtemps»(JEAN MISTLER, L'Aurore) « le meilleur roman de Roger Vailland(PIERRE DE BOIS-DEFFRE, Combat) « le meilleur roman qui ait paru depuis au moins un on» (JEANGUINAND, Dernières Nouvelles d'Alsace) « le meilleur roman français de l'année»(L'Express) « le meilleur ouvrage de Roger Vailland(JACQUES BRENNER. Paris-Nor-mandie) un des meilleurs romans que j'aie lus depuis longtemps » (ANDRÉ BILLY,Le Figaro) « le meilleur roman de Roger Vailland» (MAURICE NADEAU, France-Obser-voteur) <( l'un des meilleurs romans qui aient été publiés au cours de ces derniersmois» (JEAN-CLAUDE IBERT, Pages de France) « le meilleur roman de M. Vailland,et l'un des bons livres de l'année» (ÉMILE HENRIOT, Le Monde).

Le Comité des Prix Lénine Internationaux, réuni à Moscou du 5 au 11novembre,a désigné Louis Aragon pour le Prix Lénine de la Paix, à l'occasion de son soixan-tième anniversaire, et en raison des grands services rendus par l'écrivain,français àla cause « du maintien et du renforcement de la paix entre les peuples ».

• La Tribune de Lausanne a attribué, pour la seconde fois, en novembre dernier,son prix littéraire annuel. Lauréat Jean Duvignaud, pour son roman L'Or de laRépublique.

Quelques Projets en cours de réalisation pour l'Année 1958.

• La Bibliothèque de la Pléiade a inscrit à son programme de 1958 les titres sui-vants Les Arts et les Dieux, par Alain L'Ancien Testament (Tome II) de La Bible,publiée sous la direction d'Édouard Dhorme Les Papiers posthumes du Pickwick-Club et Oliver Twist, de Dickens Roman et Soties, d'André Gide les Romansde Montherlant le Tome VI des Mémoires de Saint-Simon les Œuvres Histo-

riques de Voltaire et les Romans du XVIIe Siècle (Sorel-Scarron-Furetière-Mme de La Fayette).

• Au cours de l'année 1958, l 'Encyclopédie de la Pléiade s'enrichira de trois nou-veaux volumes

Tout d'abord, le tome 1 1 1 de l'Histoire Universelle (de la Réforme à nos jours),sousla direction de M. E.-G. Léonard, et le tome III de l'Histoire des Littératures (con-

sacré à la littérature française, aux littératures associées et marginales et à l'histoirede l'histoire des littératures), sous la direction de Raymond Queneau. L'HistoireUniverselle et l'Histoire des Littératures seront ainsi achevées.

Le troisième volume publié dans l'année inaugurera la série scientifique il s'agitde La Terre. Cet ouvrage sera établi sous la direction de M. Jean Goguel, directeurde la Carte géologique de la France et membre de la Commission de l'Énergie ato-mique. Le lecteur y trouvera exposées les connaissances actuelles en géophysique eten géologie il y trouvera également des éclaircissements sur les problèmes qui fontl'objet des recherches de la présente Année Géophysique.

• Dans Lo Galerie de la Pléiade, paraîtra le Tome second et dernier de La Méta-morphose des Dieux, d'André Malraux, qui est actuellement sous presse.

• 1958 verra la parution du premier tome de notre Histoire Universelle de l'Art.Cette très importante collection, dirigée par André Malraux et Georges Salles,avec la collaboration des spécialistes mondiaux les plus éminents, se propose deprésenter en une quarantaine de volumes l'histoire des arts plastiques dans le tempset dans l'espace.

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BULLETIN DE JANV,IER 19588

Les premiers ouvrages à paraître seront La Mésopotamie (Sumer et Babylone),par André Parrot, conservateur en chef des antiquités orientales au Musée duLouvre L'Art de Rome (Les Étrusques Rome et Carthage), par le professeurBandinelli, de l'Université de Rome De l'Art antique au Moyen-Age (Byzance I),par André Grabar, membre de l'Institut.

Chaque volume, au format 22 X 28, comportera de 350 à 400 pages, illustrées de400 à 500 reproductions. Tous procédés d'impression typogravure, hélio, offset,

tant noir que couleurs.

• Lès premiers volumes de la Bibliothèque Idéale, collection dirigée par RobertMallet, paraîtront au début de 1958. Ce sont Paul Claudel, par StanislasFumetSaint-Exupéry, par Pierre Chevrier Paul Léautaud, par Marie Dormoy. Vien-dront ensuite Camus, par Jean-Claude Brisville Kafka, par Marthe RobertJouhandeau, par José Cabanis Lawrence, par Roger Stéphane.

Ces titres indiquent bien le sens dans lequel veut aller la Bibliothèque Idéaleréunir des écrivains français et étrangers du XXe siècle, aussi différents par leurstempéraments et par leurs écrits que Claudel et Léautaud, ou que Saint-Exupéry etLawrence, en mêlant à d'illustres morts des vivants de la garde montante. Chaquelivre sera divisé en plusieurs parties intitulées L'Homme, les jours, l'Œuvre, lesLivres, Pages, Phrases, Dialogues. Vues. Documents, de manière à offrir Une synthèse aussicomplète que possible d'une personnalité aussi bien que d'une oeuvre.

• Journal de Michelet.Nous nous sommes mis d'accord avec l'Institut de France pour publier le Journal

de Michelet. Le premier volume de cette édition est en cours de fabrication, Il ras-semble les notes de Michelet pour les années 1829 à 1848, en complétant le manus-crit de l'Institut par les papiers du même genre conservés à la Bibliothèque Histo-rique de la Ville de Paris. C'est M. Paul Viallaneix, ancien élève de l'École NormaleSupérieure, ProfesseuràlaFaculté des Lettres de Clermont-Ferrand, qui s'est chargéd'établir le texte, d'écrire l'introduction et les notes du volume. M. Paul Viallaneix

prépare sa thèse de doctorat sur le sujet de « Michelet En fant du Peuple ».L'édition sera présentée par M. Daniel Halévy.Elle sera complète en trois gros volumes, qui paraîtront à tirage limité sur beau

papier, format de bibliothèque in-8° carré, dans la même typographie et la mêmeprésentation qui ont déjà fait le succès des Lettres de Diderot à Sophie Volland,des Lettres d'Alsace de Voltaire (à Mme Denis), des Carnets de Léonard de Vinci,des Carnets de Joubert, et des Journaux Intimes de Benjamin Constant.

Le Journal de Michelet va jusqu'à 1873;la seconde moitié sera établie par M. ClaudeDigeon, ancien élève de l'École Normale Supérieure, Professeur à la Faculté desLettres de Sarrebruck sa seconde thèse, qu'il vient de soutenir, était consacréeaux dernières années de ce journal.

• La nouvelle collection Jeune Poésie N. R. F., qui vient de faire paraître PourMonia de R. Lafaye, Cellules de P. Dalle Nogare et Nature vive de R. Parisot, ainsique Si peu de temps, de Jacqueline Frédéric Frié, annonce, pour le premier trimestrede 1958, la publication de quatre autres recueils Hibernales, de Roland BouhéretLa Fraîche, de Lucienne Desnoues Bâtons rompus, de Michel Chapuis A toi,d'Alain Jouffroy.

Le 15 janvier 1958, Robert Mallet, au cours d'une conférence sous l'égide de laSociété de Poésie, salle Debussy-Pleyel, présentera Jeune Poésie N. R. F. et feralire des poèmes des quatre premiers auteurs.

Dans la Collection des Œuvres Complètes d'Alexis de Tocqueville, dirigée parJ.-P. Mayer, un septiè-ne volume est sous presse ce sont les notes de voyage deTocqueville sur l'Angleterre, l'Irlande, la Suisse et l'Algérie, qui comprennent denombreux textes inédits, d'un intérêt capital. Ainsi sera achevée la publication desCarnets de Voyage du grand écrivain.

• A l'occasion du 2.500e anniversaire de Bouddha, paraît un nouveau volume dansla Collection «Connaissance de l'Orient(Collection UNESCO d'Œuvres Représentatives)Les Vies antérieures du Bouddha, Choix de Récits traduits du pâli par Mlle Terrai.

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BULLETIN DE JANVIER 1958

• La nouvelle Collection« Aux Frontières de la Science », dirigée par Marcelle deJouvenel et Rémy Chauvin, publiera prochainement son quatrième volumeA la Conquête du Troisième Age ou Les Secrets de la Longévité, par Hugues Destrem.

• Roland-Manuel fait paraître le cinquième volume de sa nouvelle Collection «Pour laMusique » Les Opéras de Mozart, par E.-J. Dent, traduit de l'anglais parRené Duchac.

Sous le titre« Trente Journées qui ont fait la France », la N. R. F. entreprend-la publication d'une collection historique sous la direction de Gérard Walterpanorama en 30 volumes de l'histoire de France chacun des volumes étant cen-tré autour d'une journée capitale, marquant une étape décisive de notre histoire.

Il s'agit là d'une tentative pour présenter au public, sous un angle nouveau, unehistoire de France cristallisée autour de ses drames. Dans chaque ouvrage, uneimportante introduction et une conclusion, le rattachant à celui qui le précède et àcelui qui le suivra, assureront la continuité de l'ensemble. On ira ainsi du sacre deClovis à la libération de Paris.

Premiers volumes à paraître Le Bûcher de Montségur et l'Extermination desAlbigeois, par Zoé Oldenbourg La Chute de Turgot et l'Agonie de l'Ancien Régime,par Edgar Faure La Victoire de la Marne, par André Maurois, de l'AcadémieFrançaise Le Neuf Thermidor, par Gérard Walter.

Suivront L'Assassinat d'Henri IV et la Rupture de la Paix religieuse, par RolandMousnier, professeur à la Sorbonne La Journée du 10 aoûtet la Chute de la Royauté,par Marcel Reinhard, professeur à la Sorbonne Le Baptême de Clovis et la Nais-sance du Royaume des Francs, par Georges Tessier, de l'Institut Le Sacre de Napo-léon, par Marcel Dunan, de l'Institut Le Massacre de la Saint-Barthélemy, par Phi-lippe Erlanger Le Meurtre d'Étienne Marcel, par Jacques d'Avout Le Dix-huitBrumaire, par Albert Ollivier.

• Le Tome III de l'Atlas Aérien de la France, de Pierre Deffontaines et Mariel Jean-Brunhes Delamarre, est sous presse. Il survolera les Pyrénées, le Languedoc,l'Aquitaine et le Massif Central.

• Au programme du« Point du Jour », sous la direction de René Bertelé, unPanorama des Arts Plastiques Contemporains, par Jean Cassou, avec de nombreusesillustrations en.noir et en couleurs.

• En 1958, commencera la publication, en Collection de Bibliothèque au formatin-8° carré, des Œuvres Complètes de Jean Schlumberger, établie dans l'ordrechronologique et enrichie de notes et commentaires par l'auteur lui-même.

• Le Livre et la Scène.

C'est au début de l'année 1958 que Le Maître de Santiago, de Montherlant,entre au répertoire de la Comédie-Française. Henri Rollan y reprend le rôle de DonAlvaro-qu'il a créé il y a dix ans au Théâtre Hébertot entourépar Jean Marchat,Renée Faure et Andrée de Chaveron. Décors et costumes de Mariano Andreu.

Annie Girardot, transfuge toute fraîche de la Comédie-Française, est partie avec latournée Georges Herbert, qui représente Une Femme trop honnête, de Salacrouparmi les villes visitées entre le 10 janvier et le 10 février Montpellier, Perpignanet Béziers Le Mans Clermont-Ferrand Lyon, Grenoble et Chambéry Saint-Étienne, Besançon, et les principales villes de la Suisse romande.

Faisant suiteàla reprise du Paolo Paoli, d'Adamov, par le Théâtre de la Comédie, àLyon, la création de la pièce, à Paris, dans la même mise en scène de Roger Plan-chon, aura lieu au Théâtre du Vieux-Colombier, vers la mi-janvier.

Le Phœnix, l'un des plus importants théâtres « of Broadway », annonce un spec-tacle Ionesco, avec Les Chaises et La Leçon.

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BULLETIN DE JANVIER 1958

• Le Livre et l'Écran.

Le film de Clouzot, « Les Espions », dont le tournage est décrit dans Le PremierSpectateur, de Michel Cournot, va être projeté à Millau, Tournon, Libourne,Les Martigues, Charmes et Chamonix, au cours des prochaines semaines.

Parmi les films très attendus, tirés de livres de notre fonds, et qui sortent, oudoivent sortir prochainement, citons Le Soleil se lève aussi, d'après le romand'Hemingway, avec Mel Ferrer, Juliette Greco, Ava Gardner, Tyrone Power,Errol Flynn (mise en scène de Darryl Zanuck, à la Century Fox) Barrage contrele Pacifique, d'après le roman de Marguerite Duras, avec Silvana Mangano, AnthonyPerkins et Richard Conte (mise en'scène de René Clément), chez Columbia LaBonne Tisane, d'après la «Série Noirede John Amila, avec Bernard Blier, EstellaBlain, Raymond Pellegrin et Madeleine Robinson (metteur en scène Hervé Bromber-ger, producteur René Thévenet) et Ronde de l'Aube, d'après le roman deFaulkner Pylône, avec Rach Hudson, Robert Stack et Dorothy Malone (mise enscène de Douglas Sirk, Uni'versal Filin).

• Le Livre, la Radio et la Télévision.

Au moment où Marcel Jouhandeau publie ses Carnets de l'Écrivain, peut-être sonlivre le plus important, il donne à la R. T. F. une série de douze « Entretiens », dontl'interlocuteur est Jean Amrouche. Chaque vendredi, sur « France III », à 21 h. 55,à partir du 20 décembre.

Le même jour, 14 janvier, la pièce de Salacrou Histoire de rire, sera télévisée àParis, avec Danièle Delorme et Yves Robert,-et, par le Théâtre Royal du Gymnase,à Télé-Luxembourg.

• Le Livre et le Disque.

La plus haute récompense décernée par l'Académie du Disque, le Prix du Présidentde la République, a été accordée à l'enregistrement (Pathé-Marconi) du Port-Royal, d'Henry de Montherlant, interprété par les Comédiens du Théâtre-Français.Au cours d'une cérémonie, les disques de Port-Royal ont été scellés sous une dalle

du péristyle de la Comédie-Française par M. Le Troquer, Président de l'Assembléenationale. t

• Le Livre et l'Université.

Jacques Scherer, auteur du « Livre » de Mallarmé, donne à la Sorbonne (Amphi-théâtre Descartes) ses cours d'Histoire et Technique du Théâtre français le jeudià 16 h. sur la Bérénice de Racine,- et le vendredi à 15 h. sur Lo Double Incons-tance et Les Fausses Confidences, de Marivaux.

Les Cinq Grandes Odes de Paul Claudel sont inscrites au programme de licence àla Sorbonne. C'est Mme Marie-Jeanne Durry qui en traite, à partir du 7 janvier, lemardi à 16 h., à l'Amphithéâtre Descartes.

L'Université de Strasbourg vient de créer une maîtrise nouvelle, consacrée à lalittérature française du XXe siècle. Le titulaire, M. Guyard, a réservé ses confé-rences inaugurales à Albert Camus; il se propose, dans ses prochains cours, d'étudierClaudel et Apollinaire.

• Le numéro 400 de la Série Noire^ a paru le 10 novembre 1957. C'est une traduc-tion de Charles Williams Fantasia chez les Ploucs, faite par Marcel Duhamel.

• Octave Nadal, qui vient de publier avec un appareil critique important la Cor-respondance Valéry-Fourment, a été nommé (en remplacement de Marie Dor-moy, qui a pris sa retraite) directeur de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.Après la récente Exposition Léautaud, la Bibliothèque Doucet prépare, pour le

printemps 1958, une manifestation Supervielle.

· Mircea Eliade, auteur des Techniques du Yoga, du Mythe de l'Éternel Retour,d'Images et Symboles et de Mythes, Rêves etv-Mystères, vient d'être nommé titu-laire de la chaire d'histoire des religions à l'Université de Chicago.

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BULLETIN DE JANVIER 1958

• Voyages et Conférences.

Alain Gheerbrant, auteur de L'Expédition Orénoque-Amazone et de Congo noiret blanc, vient de rentrer en France après plus d'un an d'absence, et prépare unnouveau livre. Que reste-t-il dans la Turquie kémaliste, au masque laïque et positi-viste, des enseignements traditionnels de cette terre d'Anatolie où fleurirent,depuis l'antiquité, tant d'écoles philosophiques et mystiques ? Telle est la questionqu'il s'est posée et qui l'a conduit parmi les Derviches clandestins. Le Soufisme, lesSectes, leurs techniques d'extase, leurs enseignements, leur rôle dans l'histoire et lacité, autant d'aspects de cette aventure à laquelle il va nous convier, une aventure àvivre et surtout à méditer. ·

Robert Delavignette, auteur de Birama et de Service africain, parlera de l'évolutionde l'Afrique noire, du Ilau 14 janvier, à Bordeaux, Toulouse et Montauban.

• L'écrivain suédois Eyvind Johnson, dont nous avons publié en 1950 HeureuxUlysse. vient d'être élu membre de l'Académie suédoise.

Traductions.

Un grand succès a accueilli, en Allemagne, la nouvelle présentation, en un seulvolume (Éditions Hegner, à Cologne), de la Trilogie de Paul Claudel, comprenantL'Otage, Le Pain dur, Le Père humilié.

Les quatre volumes des Jeunes Filles, de Montherlant (Les Jeunes Filles, Pitié pourles Femmes, Le Démon du Bien, Les Lépreuses) ont paru en un seul tome, traduit enallemand, chez Kiepenheuer et Witsch. C'estlatroisième traduction parue en alle-mand du roman de Montherlant.

Lecture pour tous-tel est le titre de l'ouvrage que va publier en janvier Domi-nique Aury. Fénelon, Colette, La Fontaine, Balzac, Proust, Constant et l'AbbéPrévost, et Vigny et Chateaubriand voilà, entre autres, de bonnes lectures. On lesait cependant, personne ne lit le même livre, mais nous y cherchons toujours lemême secret, différent pour chacun et le même pour tous. L'angoisse, le courage, lapaix, la joie, peu importe le secret est là. Le paradis, c'est la lecture.

Roger Caillois publie en janvier Les Jeux et les Hommes (Le Masque et le Vertige)où (après Schiller et Huizinga) il montre dans le jeu une des facultés qui définissentle mieux l'être humain les jeux sont créateurs de culture,- mais ils ne créentpas tous la même culture. Caillois nous propose ici un outil (ou un jeu?.) nou-veau pour connaître et comprendre les peuples et leurs cultures « Dis-moià quoi tu joues, et je te dirai qui tu es. »

• Sous presse, un album de Maurice Henry A bout portant (Portraits-Charges),où l'aimable, mordant et spirituel dessinateur a « croqué» 86 auteurs de nos édi-tions. On se souviendra peut-être que quelques-uns de ces portraits ont figuré sur despages de couverture de notre Bulletin.

• Pour paraître en février, de Jean-Paul Sartre Questions de Méthode, avec letexte de bande suivant pour les vitrines de librairie « Existentialisme etMarxisme ».

• Jacques de Bourbon-Busset corrige actuellement les dernières épreuves de sonnouveau roman Le Remords est un luxe, avant d'entreprendre un voyage d'étudesen Afrique Noire.

• Raymond Queneau retient un titre Villégiatures et Manufactures.

• Paraîtront en janvier, entre autres la Correspondance d'Alain avec Élie et Flo-rence Halévy des poèmes de Philippe Jaccottet L'Ignorant les Aventures d'unJeune Homme, de Dos Passos, et la Béatrice Cenci, de Prokosch; Le Prince Consort,

roman de Pierre Humbourg; la suite d'Une Chronique de Famille Un Lycéen deKazan, de Serge Aksakov, traduite et présentée par Sylvie Luneau le journal dePavese Le Métier de Vivre.

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Z./tNOU~BL~.ELA NOUVELLE

NOUVELLE

REVUE Française

I/ENVERS ET I/ENDROIT

Les essais qui sont réunis dans ce volumeont été écrits

en 1935 et 1936 (j'avais alors vingt-deux ans) et publiés

un an après, en Algérie, à un très petit nombre d'exem-

plaires. Cette édition est depuis longtemps introuvable et

j'ai toujours refusé laréimpression deL' Envers et l'Endroit.

Mon obstination n'a pas de raisons mystérieuses. Je

ne renie rien de ce qui est exprimé dans ces écrits, mais

leur forme m'a toujours paru maladroite. Ies préjugés

que je nourris malgré moi sur l'art (je m'en expliquerai

plus loin) m'ont empêché longtemps d'envisager leur

réédition. Grande vanité, apparemment, et qui laisserait

supposer que mes autres écrits satisfont à toutes les

exigences. Ai-je besoin de préciser qu'il n'en est rien ?

Je suis seulement plus sensible aux maladresses de

L'Envers et l'Endroit qu'à d'autres, que je n'ignore pas.

Comment l'expliquer sinon en reconnaissant que les

premières intéressent, et trahissent un peu, le sujet quime tient le plus à cœur ? La question de sa valeur litté-

raire étant réglée, je puis avouer, en effet, que la valeur

de témoignage de ce petit livre est, pour moi, considé-

1. Le texte que nous publions sert de préface à une réédition deL'Envers et L'Endroit.

1

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I,A NOUVEU,E REVUE FRANÇAISE

rable. Je dis bien pour moi, car c'est devant moi qu'iltémoigne, c'est de moi qu'il exige une fidélité dont jesuis seul à connaître la profondeur et les difficultés. Je

voudrais essayer de dire pourquoi.

Brice Parain prétend souvent que ce petit livrecontient ce que j'ai écrit de meilleur. Parain se trompe.Je ne le dis pas, connaissant sa loyauté, à cause de cette

impatience qui vient à tout artiste devant ceux qui ontl'impertinence de préférer ce qu'il a été à ce qu'il est.Non, il se trompe parce qu'à vingt-deux ans, sauf génie,on sait à peine écrire. Mais je comprends ce que Parain,

savant ennemi de l'art et philosophe de la compassion,veut dire. Il veut dire, et il a raison, qu'il y a plus devéritable amour dans ces pages maladroites que danstoutes celles qui ont suivi.

Chaque artiste garde ainsi, au fond de lui, une source

unique qui alimente pendant sa vie ce qu'il est et ce

qu'il dit. Quand la source est tarie, on voit peu à peul'œuvre se racornir, se fendiller. Ce sont les terres

ingrates de l'art que le courant invisible n'irrigue plus.I,e cheveu devenu rare et sec, l'artiste, couvert de

chaumes, est mûr pour le silence, ou les salons, quireviennent au même. Pour moi, je sais que ma source est

dans L'Envers et l'Endroit, dans ce monde de pauvreté etde lumière où j'ai longtemps vécu et dont le souvenir

me préserve encore des deux dangers contraires quimenacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction.

I,a pauvreté, d'abord, n'a jamais été un malheur pourmoi la lumière y répandait ses richesses. Même mes

révoltes en ont été éclairées. Elles furent presquetoujours, je crois pouvoir le dire sans tricher, des révoltes

pour tous, et pour que la vie de tous soit élevée dans la

lumière. Il n'est pas sûr que mon cœur fût naturelle-

ment disposé à cette sorte d'amour. Mais les circon-

stances m'ont aidé. Pour corriger une indifférencenaturelle, je fus placé à mi-distance de la misère et du

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L'ENVERS ET L'ENDROIT

soleil. Ia misère m'empêcha de croire que tout est biensous le soleil et dans l'histoire le soleil m'apprit quel'histoire n'est pas tout. Changer la vie, oui, mais nonle monde dont je faisais ma divinité. C'est ainsi, sans

doute, que j'abordai cette carrière inconfortable où jesuis, m'engageant avec innocence sur un fil d'équilibreoù j'avance péniblement, sans être sûr d'atteindre le

but. Autrement dit, je devins un artiste, s'il est vrai

qu'il n'est pas d'art sans refus ni sans consentement.

Dans tous les cas, la belle chaleur qui régnait sur monenfance m'a privé de tout ressentiment. Je vivais dans

la gêne, mais aussi dans une sorte de jouissance. Je mesentais des forces infinies il fallait seulement leur

trouver un point d'application. Ce n'était pas lapauvreté qui faisait obstacle à ces forces en Afrique, la

mer et le soleil ne coûtent rien. L'obstacle était plutôtdans les préjugés ou la bêtise. J'avais là toutes les

occasions de développer une « castillanerie » qui m'afait bien du tort, que raille avec raison mon ami et mon

maître Jean Grenier, et que j'ai essayé en vain de

corriger, jusqu'au moment où j'ai compris qu'il y avaitaussi une fatalité des natures. Il valait mieux alors

accepter son propre orgueil et tâcher de le faire servir

plutôt que de se donner, comme dit Chamfort, des

principes plus forts que son caractère. Mais, aprèsm'être interrogé, je puis témoigner que, parmi mesnombreuses faiblesses, n'a jamais figuré le défaut leplus répandu parmi nous, je veux dire l'envie, véritablecancer des sociétés et des doctrines.

Le mérite de cette heureuse immunité ne me revient

pas. Je la dois aux miens, d'abord, qui manquaient depresque tout et n'enviaient à peu près rien. Par son seul

silence, sa réserve, sa fierté naturelle et sobre, cette

famille, qui ne savait même pas lire, m'a donné alors

mes plus hautes leçons, qui durent toujours. Et puis,j'étais moi-même trop occupé à sentir pour rêver d'autre

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

chose. Encore maintenant, quand je vois la vie d'unegrande fortune à Paris, il y a de la compassion dansl'éloignement qu'elle m'inspire souvent. On trouve dans

le monde beaucoup d'injustices, mais il en est une dont

on ne parle jamais, qui est celle du climat. De cette

injustice-là, j'ai été longtemps, sans le savoir, un desprofiteurs. J'entends d'ici les accusations de nos féroces

philanthropes, s'ils me lisaient. Je veux faire passer lesouvriers pour riches et les bourgeois pour pauvres, afinde conserver plus longtemps l'heureuse servitude desuns et la puissance des autres. Non, ce n'est pas cela.

Au contraire, lorsque la pauvreté se conjugue avec cettevie sans ciel ni espoir qu'en arrivant à l'âge d'homme j'aidécouverte dans les horribles faubourgs de -nos villes,alors l'injustice dernière, et la plus révoltante, est

consommée il faut tout faire, en effet, pour que ceshommes échappent à la double humiliation de la misère

et de la laideur. Né pauvre, dans un quartier ouvrier,je ne savais pourtant pas ce qu'était le vrai malheuravant de connaître nos banlieues froides. Même l'extrême

misère arabe ne peut s'y comparer, sous la différence

des ciels. Mais une fois qu'on a connu les faubourgsindustriels, on se sent à jamais souillé, je crois, et respon-sable de leur existence.

Ce que j'ai dit ne reste pas moins vrai. Je rencontreparfois des gens qui vivent au milieu de fortunes queje ne peux même pas imaginer. Il me faut cependant

un effort pour comprendre qu'on puisse envier ces for-

tunes. Pendant huit jours, il y a longtemps, j'ai vécucomblé des biens de ce monde nous dormions sans toit,

sur une plage, je me nourrissais de fruits et je passaisla moitié de mes journées dans une eau déserte. J'ai

appris à cette époque une vérité qui m'a toujours pousséà recevoir les signes du confort, ou de l'installation, avec

ironie, impatience, et quelquefois avec fureur. Bien

que je vive maintenant sans le souci du lendemain,

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L'ENVERS ET l'endroit

donc en privilégié, je ne sais pas posséder. Ce que j'ai,et qui m'est toujours offert sans que je l'aie recherché,je ne puis rien en garder. Moins par prodigalité, il mesemble, que par une autre sorte de parcimonie je suisavare de cette liberté qui disparaît dès que commence

l'excès des biens. Ie plus grand des luxes n'a jamaiscessé de coïncider pour moi avec un certain dénuement.J'aime la maison nue des Arabes ou des Espagnols. Le

lieu où je préfère vivre et travailler (et, chose plus rare,

où il me serait égal de mourir) est la chambre d'hôtel.Je n'ai jamais pu m'abandonner à ce qu'on appelle lavie d'intérieur (qui est si souvent le contraire de la vie

intérieure) le bonheur dit bourgeois m'ennuie etm'effraie. Cette inaptitude n'a du reste rien de glorieuxelle n'a pas peu contribué à alimenter mes mauvaisdéfauts. Je n'envie rien, ce qui est mon droit, mais je

ne pense pas toujours aux envies des autres et celam'ôte de l'imagination, c'est-à-dire de la bonté. Il estvrai que je me suis fait une maxime pour mon usage

personnel « Il faut mettre ses principes dans lesgrandes choses, aux petites la miséricorde suffit. » Hélas 1on se fait des maximes pour combler les trous de sa

propre nature. Chez moi, la miséricorde dont je parles'appelle plutôt indifférence. Ses effets, on s'en doute,sont moins miraculeux.

Mais je veux seulement souligner que la pauvreté nesuppose pas forcément l'envie. Même plus tard, quand

une grave maladie m'ôta provisoirement la force de viequi, en moi, transfigurait tout, malgré les infirmitésinvisibles et les nouvelles faiblesses que j'y trouvais, je

pus connaître la peur et le découragement, jamaisl'amertume. Cette maladie sans doute ajoutait d'autres

entraves, et les plus dures, à celles qui étaient déjà lesmiennes. Elle favorisait finalement cette liberté du

cœur, cette légère distance à l'égard des intérêts humains

qui m'a toujours préservé du ressentiment. Ce privilège,

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LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

depuis que je vis à Paris, je sais qu'il est royal. Maisj'en ai joui sans limites ni remords et jusqu'à présent,du moins, il a éclairé toute ma vie. Artiste, par exemple,

j'ai commencé à vivre dans l'admiration, ce qui, dans

un sens, est le paradis terrestre. (On sait qu'aujourd'huil'usage, en France, pour débuter dans les lettres, et

même pour y finir, est au contraire de choisir un artiste

à railler.) De même mes passions d'homme n'ont jamaisété « contre ». Les êtres que j'ai aimés ont toujours été

meilleurs et plus grands que moi. Ia pauvreté telle que je

l'ai vécue ne m'a donc pas enseigné le ressentiment, maisune certaine fidélité, au contraire, et la ténacité muette.

S'il m'est arrivé de l'oublier, moi seul ou mes défauts

en sommes responsables, et non le monde où je suis né.

C'est aussi le souvenir de ces années qui m'a empêché

de me trouver jamais satisfait dans l'exercice de mon

métier. Ici, je voudrais parler, avec autant de simplicitéque je le puis, de ce que les écrivains taisent générale-ment. Je n'évoquerai même pas la satisfaction que

l'on trouve, paraît-il, devant le livre ou la page réussis.

Je ne sais si beaucoup d'artistes la connaissent. Pour

moi, je ne crois pas avoir jamais tiré une joie de la

relecture d'une page terminée. J'avouerai même, en

acceptant d'être pris au mot, que le succès de quelques-

uns de mes livres m'a toujours surpris. Bien entendu,

on s'y habitue, et assez vilainement. Pourtant, aujour-

d'hui encore, je me sens un apprenti auprès d'écrivains

vivants à qui je donne la place de leur vrai mérite, et

dont l'un des premiers est celui à qui ces essais furent

dédiés, il y a déjà vingt ans 1. I/écrivain a, naturelle-

ment, des joies pour lesquelles il vit et qui suffisent à lecombler. Mais, pour moi, je les rencontre au moment de

la conception, à la seconde où le sujet se révèle, oùl'articulation de l'œuvre se dessine devant la sensibilité

soudain clairvoyante, à ces moments délicieux où

i. Jean Grenier.

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i/envers ET L'ENDROIT

l'imagination se confond tout à fait avec l'intelligence.Ces instants passent comme ils sont nés. Reste

l'exécution, c'est-à-dire une longue peine.Sur un autre plan, un artiste a aussi des joies de

vanité. Ie métier d'écrivain, particulièrement dans lasociété française, est en grande partie un métier de

vanité. Je le dis d'ailleurs sans mépris, à peine avec

regret. Je ressemble aux autres sur ce point qui peutse dire dénué de cette ridicule infirmité ? Après tout,dans une société vouée à l'envie et à la dérision, un jour

vient toujours où, couverts de brocards, nos écrivains

payent durement ces pauvres joies. Mais justement, en

vingt années de vie littéraire, mon métier m'a apporté

bien peu dejoies semblables, et de moins en moins à

mesure que le temps passait.

N'est-ce pas le souvenir des vérités entrevues dans

L'Envers et l'Endroit qui m'a toujours empêché d'être

à l'aise dans l'exercice public de mon métier et qui

m'a conduit à tant de refus qui ne m'ont pas toujours

fait des amis ? A ignorer le compliment ou l'hom-

mage, en effet, on laisse croire au complimenteur

qu'on le dédaigne alors qu'on ne doute que de soi.

De même, si j'avais montré ce mélange d'âpreté et de

complaisance qui se rencontre dans la carrière littéraire,

si même j'avais exagéré ma parade, comme tant d'autres,

j'aurais reçu plus de sympathies car, enfin, j'aurais

joué le jeu. Mais qu'y faire, ce jeu ne m'amuse pas

L'ambition de Rubempré ou de Julien Sorel me décon-

certe souvent par sa naïveté, et sa modestie. Celle deNietzsche, de Tolstoï ou de Melville, me bouleverse, et

en raison même de leur échec. Dans le secret de mon

cœur, je ne me sens d'humilité que devant les vies les

plus pauvres ou les grandes aventures de l'esprit. Entre

les deux se trouve aujourd'hui une société qui fait rire.

Parfois, dans ces « premières» de théâtre, qui sont le

seul lieu où je rencontre ce qu'on appelle avec insolence

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I.A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

le Tout-Paris, j'ai l'impression que la salle va disparaître,

que ce monde, tel qu'il semble, n'existe pas. Ce sont lesautres qui me paraissent réels, les grandes figures qui

crient sur la scène. Pour ne pas fuir alors, il faut se sou-

venir que chacun de ces spectateurs a aussi un rendez-vous avec lui-même qu'il le sait, et que, sans doute,il s'y rendra tout à l'heure. Aussitôt, le voici de nouveau

fraternel les solitudes réunissent ceux que la sociétésépare. Sachant cela, comment flatter ce monde,

briguer ses privilèges dérisoires, consentir à félicitertous les auteurs de tous les livres, remercier ostensible-

ment le critique favorable, pourquoi essayer de séduirel'adversaire, de quelle figure surtout recevoir ces compli-ments et cette admiration dont la société française

(en présence de l'auteur du moins, car, lui parti !)

use autant que du Pernod et de la presse du coeur ? Jen'arrive à rien de tout cela, c'est un fait. Peut-être y

a-t-il là beaucoup de ce mauvais orgueil dont je connais

en moi l'étendue et les pouvoirs. Mais, s'il y avait cela

seulement, si ma vanité était seule à jouer, il me semble

qu'au contraire je jouirais du compliment, superficiel-

lement, au lieu d'y trouver un malaise répété. Non, la

vanité que j'ai en commun avec les gens de mon état,

je la sens réagir surtout à certaines critiques qui

comportent une grande part de vérité. Devant le compli-

ment, ce n'est pas la fierté qui me donne cet air cancre

et ingrat que je connais bien, mais (en même temps que

cette profonde indifférence qui est en moi comme une

infirmité de nature) un sentiment singulier qui me vient

alors « Ce n'est pas cela. » Non, ce n'est pas cela et

c'est pourquoi la réputation, comme on dit, est parfois

si difficile à accepter qu'on trouve une sorte de mauvaise

joie à faire ce qu'il faut pour la perdre. Au contraire,relisant L'Envers et l'Endroit après tant d'années, pour

cette édition, je sais instinctivement devant certaines

pages, et malgré les maladresses, que c'est cela. Cela,

Extrait de la publication

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L'ENVERS ET L'ENDROIT

c'est-à-dire cette vieille femme, une mère silencieuse,

la pauvreté, la lumière sur les oliviers d'Italie, l'amour

solitaire et peuplé, tout ce qui témoigne, à mes propresyeux, de la vérité.

Depuis le temps où ces pages ont été écrites, j'ai

vieilli et traversé beaucoup de choses. J'ai appris surmoi-même, connaissant mes limites, et presque toutesmes faiblesses. J'ai moins appris sur les êtres parce que

ma curiosité va plus à leur destin qu'à leurs réactionset que les destins se répètent beaucoup. J'ai appris du

moins qu'ils existaient et que l'égoïsme, s'il ne peut serenier, doit essayer d'être clairvoyant. Jouir de soi est

impossible je le sais, malgré les grands dons qui sont

les miens pour cet exercice. Si la solitude existe, ce que

j'ignore, on aurait bien le droit, à l'occasion, d'en rêver

comme d'un paradis. J'en rêve parfois, comme tout le

monde. Mais deux anges tranquilles m'en ont toujours

interdit l'entrée l'un montre le visage de l'ami, l'autre

la face de l'ennemi. Oui, je sais tout cela et j'ai appris

encore, ou à peu près, ce que coûtait l'amour. Mais sur

la vie elle-même, je n'en sais pas plus que ce qui est dit,avec gaucherie, dans L'Envers et l'Endroit.

« Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir

de vivre », ai-je écrit, non sans emphase, dans ces pages.

Je ne savais pas à l'époque à quel point je disais vrai

je n'avais pas encore traversé les temps du vrai désespoir.

Ces temps sont venus et ils ont pu tout détruire en moi,

sauf justement l'appétit désordonné de vivre. Je souffre

encore de cette passion à la fois féconde et destructrice

qui éclate jusque dans les pages les plus sombres deL'Envers et l'Endroit. Nous ne vivons vraiment quequelques heures de notre vie, a-t-on dit. Cela est vrai

dans un sens, faux dans un autre. Car l'ardeur affamée

qu'on sentira dans les essais qui suivent ne m'a jamais

quitté et, pour finir, elle est la vie dans ce qu'elle a depire et de meilleur. J'ai voulu sans doute rectifier ce

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1,A NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

qu'elle produisait de pire en moi. Comme tout le monde,j'ai essayé tant bien que mal de corriger ma nature par

la morale. C'est, hélas ce qui m'a coûté le plus cher.Avec de l'énergie, et j'en ai, on arrive parfois à seconduire selon la morale, non à être. Et rêver de morale

quand on est un homme de passion, c'est se vouer àl'injustice dans le temps même où l'on parle de justice.L'homme m'apparaît parfois comme une injustice en

marche je pense à moi. Si j'ai, à ce moment, l'impression

de m'être trompé ou d'avoir menti dans ce que parfoisj'écrivais, c'est que je ne sais comment faire connaîtrehonnêtement mon injustice. Sans doute, je n'ai jamaisdit que j'étais juste. Il m'est seulement arrivé de dire

qu'il fallait essayer de l'être, et aussi que c'était une

peine et un malheur. Mais la différence est-elle si grande ?

Et peut-il vraiment prêcher la justice celui qui n'arrive

même pas à la faire régner dans sa vie ? Si, du moins,

on pouvait vivre selon l'honneur, cette vertu des

injustes Mais notre monde tient ce mot pour obscène

aristocrate fait partie des injures littéraires et philo-

sophiques. Je ne suis pas aristocrate, ma réponse tient

dans ce livre voici les miens, mes maîtres, ma lignée

voici, par eux, ce qui me réunit à tous. Et cependant, oui,

j'ai besoin d'honneur, parce que je ne suis pas assez

grand pour m'en passer!

Qu'importe Je voulais seulement marquer que, si

j'ai beaucoup marché depuis ce livre, je n'ai pas telle-

ment progressé. Souvent, croyant avancer, je reculais.

Mais, à la fin, mes fautes, mes ignorances et mes fidé-

lités m'ont toujours ramené sur cet ancien chemin quej'ai commencé d'ouvrir avec L'Envers et l'Endroit, dont

on voit les traces dans tout ce que j'ai fait ensuite et

sur lequel, certains matins d'Alger, par exemple, jemarche toujours avec la même légère ivresse.

Pourquoi donc, s'il en est ainsi, avoir longtemps

refusé de produire ce faible témoignage ? D'abord parce

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