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Unité et diversité

La religion

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Ouvrages parus chez le même éditeur

Les Sciences humaines. Panorama des connaissances, Jean-François Dortier, 1998.L’Histoire aujourd’hui, Jean-Claude Ruano-Borbalan (coord.), 1999.Philosophies de notre temps, Jean-François Dortier (coord.), 2000.L’Economie repensée, Philippe Cabin (coord.), 2000.La Sociologie : histoire et idées, Philippe Cabin et Jean-François Dortier (coord.),2000.Eduquer et Former. Les connaissances et les débats en éducation et en formation,Jean-Claude Ruano-Borbalan (coord.), 2001 (2e éd. refondue et actualisée).Le Langage : nature, histoire et usage, Jean-François Dortier (coord.), 2001.Le Pouvoir : des rapports individuels aux relations internationales, Bruno Choc etJean-Claude Ruano-Borbalan (coord.), 2002.Familles : permanence et métamorphoses, Jean-François Dortier (coord.), 2002.La Culture : de l’universel au particulier, Nicolas Journet (coord.), 2002.Le Cerveau et la Pensée. La révolution des sciences cognitives, Jean-FrançoisDortier (coord.), 2003 (2e éd. actualisée et augmentée).L’Homme, cet étrange animal… Aux origines du langage, de la culture et de la pensée, Jean-François Dortier, 2004.Le Moi : du normal au pathologique, Gaëtane Chapelle (coord.), 2004.Identité(s) : l’individu, le groupe, la société, Catherine Halpern et Jean-ClaudeRuano-Borbalan (coord.), 2004.Le Dictionnaire des sciences humaines, Jean-François Dortier (dir.), 2004.Les Mutations de l’école : le regard des sociologues, Martine Fournier et VincentTroger (coord.), 2005.La Communication : état des savoirs, Philippe Cabin et Jean-François Dortier(coord.), 2005 (2e édition actualisée).Les Organisations : état des savoirs, Philippe Cabin et Bruno Choc (coord.), 2005 (2e édition actualisée).

Si vous désirez être informé(e) des parutions de Sciences Humaines Éditions

et de la revue mensuelle Sciences Humaines :Sciences Humaines, 38, rue Rantheaume,

BP 256, 89004 Auxerre Cedex.Tél. : 03 86 72 07 00/Fax : 03 86 52 53 26.

www.scienceshumaines.com

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La religion

Unité et diversité

COORDONNÉ PAR

LAURENT TESTOT ET JEAN-FRANÇOIS DORTIER

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Réalisation et diffusion de l’ouvrage

Cet ouvrage reprend des articles parus dans le mensuel Sciences Humaines,enrichis et actualisés, ainsi que des textes inédits. L’appareillage pédago-gique (bibliographie, mots clés, encadrés) a été également actualisé.

Conception : Laurent Testot et Jean-François Dortier

Coordination : Bruno Choc

Conception maquette, mise en pages intérieures, réalisation de la couverture : PolyPAO

Relecture : Marie-Agnès Jassionnesse

Conception de la couverture : Gilbert Franchi

Fabrication : Natacha Reverre

Secrétariat : Laurence Blanc

Diffusion : Nadia Latreche-Leal

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement, par photocopie ou tout autre moyen, le présent ouvrage sans

autorisation de l’éditeur ou du Centre français du droit de copie.© Sciences Humaines Éditions, 2005,

38, rue Rantheaume, BP 256, 89004 Auxerre Cedex

ISBN 2-912601-34-7

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9782361061562

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Partout et toujours, les humains ont inventé des dieux. Iciles dieux s’appellent Allah, Jésus ou Yahvé. Ailleurs c’est Vish-nou ou Ahura Mazdâ. Autrefois, c’était Jupiter, Aton ou Mithra.D’un bout à l’autre du monde, on peut rencontrer leurs adeptes.A Manhattan, se côtoient des protestants, des juifs et de pieuxmusulmans, des prophètes du New Age et même des prati-ciens du vaudou. A Pékin, on se rend au temple pour fairequelques offrandes à une divinité locale dans l’espoir d’obte-nir une guérison ou de favoriser une embauche. Non loin delà des adeptes du Falungong, à la recherche d’un nouvel artde vivre, s’adonnent à des techniques spirituelles et corpo-relles.Remontons le temps – Moyen Age, Antiquité, néolithique etpeut-être même avant – partout les humains se sont forgé un« au-delà », domaine où vivent les dieux, les esprits et l’âme desancêtres.Les dieux sont des personnages puissants. On les craint et onles sollicite. On leur demande quelques grands ou menus ser-vices : garantir le salut éternel ou amener la pluie, guérir unmalade ou absoudre d’une faute, apporter la paix ou fairegagner la guerre, etc.On attend aussi d’eux qu’ils servent de guides, qu’ils trans-mettent un idéal et des règles de vie. On ne trouve pas de reli-gion sans valeurs sacrées, sans lois, dogmes, interdits (qu’ilssoient sexuels ou alimentaires). Enfin, il n’est pas de religion

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JEAN-FRANÇOIS DORTIER

AVANT-PROPOS

LE PHÉNOMÈNE RELIGIEUX :UNITÉ ET DIVERSITÉ

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sans rites (baptême, initiation, mariage, funérailles…) et céré-monies collectives (messes, processions…) qui scandent lessaisons et les périodes de la vie.Dieux et mythes, prières et cérémonies, morale et loi, etc., lereligieux brode sur une gamme de croyances et de pratiquesque l’on retrouve, sous des formes différentes, dans toutes lessociétés et à toutes les époques.Il en va des religions comme des êtres humains : toutes se res-semblent et toutes sont particulières. Toute la difficulté est depenser à la fois l’unité et la diversité, avec ce dilemme. D’uncôté, le risque est de se noyer dans l’avalanche des détails etdes histoires singulières. Car les études religieuses nous four-nissent une masse infinie de données. L’autre danger est deconstruire a priori une religion universelle qui n’aide guère àcomprendre l’ancrage social, les fonctions diverses, les muta-tions, la variété des expériences personnelles, de l’engage-ment militant à la conversion.Dans ce livre, le phénomène religieux est abordé à partir dequatre éclairages qui apportent chacun une perspective dif-férente et complémentaire.• La première partie se préoccupe des causes et des fonde-ments du fait religieux. Face à la question : « Pourquoi la reli-gion ? », sociologues et anthropologues se tournent vers sesdimensions sociales : pour Emile Durkheim, elle est un cimentdu lien communautaire ; Max Weber s’intéresse à « l’éthiquede vie » de chaque grande religion. Psychologues et psycha-nalystes s’occupent plutôt des sentiments, des pulsions, desmodes de pensée qu’implique la ferveur religieuse. Quant àMircea Eliade, il cherche à restituer la vision du monde et lesstructures de pensée de l’Homo religiosus.• La deuxième partie est consacrée à l’évolution du phéno-mène religieux à travers l’histoire et les civilisations. Car lareligion se présente toujours sous une forme particulière : desreligions de la préhistoire aux Eglises et « grandes religions »modernes, l’histoire n’a cessé de recréer de nouvelles confi-gurations qui s’adaptent, se scindent, se figent, déclinent etrenaissent tour à tour.• La troisième partie aborde le thème de la religion et de lamodernité : sujet inépuisable d’étonnement. Longtemps lessociologues ont cru que les religions allaient disparaître,condamnées par le progrès de la science, de la raison, de lamédecine, de la technique, par les effets de la laïcisation dessociétés. Or, les voilà qui resurgissent de partout. On a parléde « renaissance » à propos de l’islam, du protestantisme évan-

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LA RELIGION

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gélique, mais aussi du néochamanisme, des cultes populairesen Chine… L’exploration de ces différentes renaissances inviteà s’interroger sur les fonctions qu’entretient la religion dansles sociétés actuelles : sociales, morales, idéologiques, théra-peutiques, etc.• La quatrième partie, « Aux frontières du religieux », donne àvoir la religion par des chemins de traverse. Sont abordées lesquestions de la laïcité, des sectes, de l’ésotérisme, de l’actiondes ONG religieuses ou encore des liens entre violence et reli-gion.Le livre se conclut par un copieux guide de lecture. Car l’édi-tion de livres sur la religion est une activité prospère et foi-sonnante. Mais alors, pourquoi un livre de plus ? Parce que,malgré l’abondante production éditoriale sur le sujet, il n’estpas d’ouvrage qui rassemble en un même volume les analysesdu phénomène religieux, son histoire et ses formes contem-poraines. Ce que ce livre propose justement de faire.

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AVANT-PROPOS

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• Dieu et les sciences humainesJean-François Dortier 7

• La sociologie des religionsXavier Molénat 17

• Durkheim et Les formes élémentairesde la vie religieuse

Jean-François Dortier 23• La sociologie des religions de Max Weber

Sébastien Fath 29• Psychanalyse et religion :

la pensée de FreudDominique Bourdin 33

• Mircea Eliade (1907-1986). La permanence du sacré

Laurent Testot 41• Le christianisme est-il une science humaine ?

Entretien avec René Girard 47

PARTIE I

Pourquoi des religions ?

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JEAN-FRANÇOIS DORTIER*

DIEU ET LES SCIENCESHUMAINES**

LA SECTE DU MANDAROM s’est renduecélèbre pour avoir érigé près deCastellane (dans les Alpes-de-Haute-

Provence) une immense statue à l’effi-gie de son gourou, le « messie cosmo-planétaire » Gilbert Bourdin. Celui-ciprofessait une curieuse doctrine où ilétait question d’univers parallèles, d’ex-traterrestres lémuriens, d’atlantes etautres démons interstellaires à l’assautde la Terre qu’ils s’employaient à détruire.A la fin des années 90, l’ethnologue Mau-rice Duval, voulant comprendre quiétaient les adeptes de la secte, a entre-pris une enquête à leur sujet. Ses inves-tigations l’ont cependant conduit àquelques surprises: tout d’abord, le pro-fil des adhérents ne correspondait guèreà l’image qu’on s’en fait généralement.Les adeptes, pour la majorité d’entreeux, n’étaient pas des jeunes gens fra-giles en rupture de ban avec la société :

ils étaient des adultes, mariés, ayantune vie de famille, et continuaient à exer-cer une activité professionnelle. 43 %avaient fait des études supérieures. Eton trouvait parmi eux des cadres, pro-fesseurs et même quelques scienti-fiques… De plus, alors que l’emprise dugourou semblait la condition sine quanon de cohésion du groupe, la secte sur-vécut au décès de G. Bourdin… M. Duvalfut surpris aussi de constater que lesrésistances à son étude ethnologiquesont venues principalement du CNRS(«Vous allez vous faire manipuler ») plu-tôt que des dirigeants de la secte quiacceptèrent sans trop de résistancequ’un ethnologue pénètre dans leurcommunauté et interroge librement lesmembres [1].

* Rédacteur en chef du magazine Sciences Humaines.** Sciences Humaines, hors-série n° 41, juin 2003.

Voilà plus d’un siècle que les « sciences des religions » explorent l’uni-vers des religions et tentent d’en saisir le pourquoi et le comment. Tourd’horizon en quatre questions.

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Comme des milliers d’autres chercheursde par le monde, M. Duval fait profes-sion de comprendre cette énigmehumaine qu’est la religion. Le champest vaste. Des chrétiens aux adeptes deKrishna, des juifs orthodoxes aux ismaé-liens, des shintô aux adorateurs deMithra…, l’humanité a produit une infi-nité de cultes : tous sont différents, tousont quelque chose en commun.Chaque grande religion a son corps despécialistes – islamologues, historiensdu christianisme ancien, ethnologuesdu chamanisme, sociologues du pro-testantisme… Les objets d’études sontmultiples : représentations religieuses(mythes, cosmogonies, symboliques,icônes), pratiques (rituels, prières, céré-monies), organisation des communau-tés (mouvements, sectes, Eglises), moda-lités de croyance (mysticisme, dogma-tisme, bricolages conceptuels, etc.),liens entre religion et société (pouvoir,sexualité, guerre…).Une façon de parcourir cet univers foi-sonnant est de voir comment on s’estefforcé de répondre aux questions fon-datrices : qu’est-ce qu’une religion ? Ya-t-il plusieurs variétés de religions etde croyances? Pourquoi croit-on? Com-ment « marchent » les religions ?

Qu’est-ce qu’une religion ?Le premier écueil à éviter est d’essayerde trouver une bonne définition de lareligion. En cent ans d’études, personnen’a réussi à s’entendre sur le sujet [2].Globalement, deux conceptions extrêmess’affrontent.La première postule l’unité fondamen-tale du phénomène religieux. Par-delàl’histoire et la diversité de ses mani-festations concrètes, il existerait uneessence unique de la religion. Telle est

la thèse de l’Homo religiosus, défenduepar tout un courant d’inspiration phé-noménologique (Rudolf Otto, Gerardusvan der Leeuw, Mircea Eliade, JulienRiès…). L’unité du phénomène religieuxs’exprimerait à travers la croyance enl’existence d’un monde invisible, trans-cendant et sacré, peuplé d’esprits oude dieux auxquels les hommes vouentdepuis toujours un même type de culte.Du chamanisme au christianisme, descultes sataniques au confucianisme,toutes les croyances ne sont que desmanifestations différentes d’une mêmeposture mentale, s’exprimant à traversun même schéma de représentation.A l’inverse, certains auteurs contestentl’usage du mot « religion » comme unartifice conceptuel qui tend à rassem-bler arbitrairement en une réalité uniquedes phénomènes très différents. Pourbeaucoup d’historiens, « il n’existe pasune religion mais des religions [3]». Cetteaffirmation est couramment celle duchercheur spécialisé qui tend toujoursà distinguer et particulariser son objetde recherche. De plus, la notion de reli-gion, rappelle Daniel Dubuisson, est uneinvention récente de la pensée occi-dentale [4]. Le terme de religion consisteà isoler la sphère du religieux – ses rites,ses croyances – du reste de la sociétéet à en faire un monde à part. Or, tousles éléments constitutifs de ce que l’onnomme religion peuvent se retrouverailleurs. Le culte des idoles ? On leretrouve dans le sport, le cinéma ou lamusique. Les messes, cérémonies,croyances messianiques? Elles sont pré-sentes en politique : on a même inventéle concept de « religion séculière » pourdésigner le communisme ou le fascisme,qui possédaient bien des caractéris-tiques d’une religion d’Etat [5]. Le culte

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LA RELIGION

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des morts ? Nul besoin de croire auxesprits pour célébrer ceux de la patrie.La quête de transcendance ? On peut laretrouver dans d’autres sphères d’ac-tivités : la musique ou la science parexemple.La religion est-elle donc un phénomènesui generis, ou un artifice conceptuel ?Le choix entre ces deux formules estaffaire de posture intellectuelle. Quoiqu’il en soit, tout le monde s’accorde àreconnaître que ce que l’on nomme la« religion » recouvre une réalité compo-site. Et c’est tout cet arsenal que s’em-ploient à étudier les chercheurs. Mêmeun tenant de l’unité fondamentale duphénomène religieux, comme le fut G. vander Leeuw, pensait qu’il fallait étudierune religion sous ses différentes com-posantes : croyances, rites, pratiques,clergé [6]… De ce point de vue, une religion, c’esttoujours, grosso modo : un système decroyances, avec son panthéon de divi-nités, sa cosmologie et ses mythes d’ori-gine ; une morale, avec ses interdits etses prescriptions, ses valeurs et sestabous ; des rituels et des cérémonies,avec ses prières et ses objets de culte ;des personnages spécialisés dans lamédiation avec les esprits. Que l’onobserve les Témoins de Jéhovah ou lescultes à mystères de l’Antiquité, la reli-gion égyptienne ou celle des Pygmées,on ne peut manquer de rencontrer laplupart de ces éléments liés entre euxcomme le sont les atomes d’une molé-cule.

Y a-t-il plusieurs types de religions ?Il y a un siècle, Edward B. Tylor (1832-1917) envisageait l’histoire du phéno-mène religieux comme une successiond’étapes ayant marqué le passé de l’hu-

manité. L’animisme (des esprits sontattribués aux éléments naturels et auxanimaux) serait la religion des premiershommes ; lui aurait succédé l’idolâtrie(adoration des totems), puis serait venule polythéisme (comme dans le pan-théon des dieux grecs ou romains, oucelui de l’hindouisme) et enfin le mono-théisme (judaïsme, islam et christia-nisme). Cette vision évolutionniste n’aplus cours aujourd’hui. On sait que lesreligions africaines, longtemps consi-dérées comme « fétichistes » et primi-tives, comprennent pour la plupart undieu créateur avec des divinités locales.A l’opposé, on peut se demander si lechristianisme est vraiment un mono-théisme avec sa panoplie de dieux (lePère, le Fils et le Saint-Esprit), le cultede Marie, les saints, le cortège des angeset la présence ambiguë du diable [7].Les sociologues allemands du début duXXe siècle, rompant avec l’évolution-nisme et la volonté de classer les cultesselon une progression chronologique,ont tenté d’établir différentes classifi-cations idéal-typiques des formes reli-gieuses. Ainsi, Max Weber a proposéune distinction devenue fameuse entreEglise et secte. L’Eglise se définit commeune institution religieuse bureaucrati-sée qui exerce sa domination sur unesociété. Elle est organisée par un corpsde prêtres professionnels et son dogmeest codifié dans des textes sacrés. A l’in-verse, la secte est une association volon-taire de croyants en rupture avec lasociété, et qui se sentent portés par unemission. On naît donc membre d’uneEglise alors que l’on adhère volontaire-ment à une secte. Ernst Troeltsch (1865-1922) approfondira la typologie de Weber.Par la suite, d’autres sociologues, commel’Anglais Bryan R. Wilson, distingueront

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LA RELIGION

L’étude du religieux, un chantier éternel…A la fin du XIXe siècle, sous l’égide de quelques personnalités, dontle mythologue allemand Max Müller, les orientalistes Eugène Bur-nouf ou Ernest Renan, une « science des religions » a vu le jour.Cette science voulait s’affranchir de la théologie et laïciser le savoirreligieux. Plusieurs courants de pensée, dont la mythologie com-parée ou l’approche « historico-critique » de la Bible, se sont jointsdans cette entreprise.En Allemagne, c’est dans le cadre des universités de théologie pro-testante que la science des religions est née. En France, l’institu-tionnalisation d’une science des religions s’est faite dans un climatmarqué par l’anticléricalisme. En 1880, la première chaire d’histoiredes religions est créée au Collège de France. En 1885, l’Ecole pra-tique des hautes études (fondée en 1868) s’est dotée d’une cin-quième section dite « section des sciences religieuses ».

Domaines spécialisés…Mais pour l’essentiel, l’étude des religions s’est effectuée depuisun siècle dans le cadre des disciplines traditionnelles des scienceshumaines. En Grande-Bretagne, avec Edward B. Tylor, James G. Fra-zer et William Robertson Smith, en France avec Emile Durkheim etMarcel Mauss, une anthropologie du religieux prend corps aveccomme objet de prédilection les religions primitives. Les sociologuesallemands, Max Weber en tête, s’occupent plutôt d’explorer lesliens entre la religion et l’économie ou de comprendre les styles devie des grandes religions. La psychologie de la religion débute avecWilliam James et ses études sur la variété des expériences religieuses.L’histoire des religions va se structurer tout d’abord autour degrandes synthèses d’histoire comparée et de l’étude des grandesaires religieuses (bouddhisme, hindouisme, islam). Par la suite,l’étude des religions va connaître un émiettement des recherches– comme les autres sciences humaines. Historiens du christianisme,anthropologues des religions syncrétiques, psychologues de laconversion, sociologues du protestantisme, politistes de l’islam,etc., ils sont des centaines de par le monde à se pencher sur unaspect particulier des rites et croyances religieuses.

...et théories de moyenne portéeEntre les études généralistes et les recherches spécialisées, quelquesauteurs ont cherché à construire des théories de moyenne portéequi tentent de saisir globalement un versant du phénomène reli-gieux : Roger Bastide et le syncrétisme ; Bryan R. Wilson et la socio-logie des sectes ; Peter L. Berger a théorisé le pluralisme religieuxdes sociétés actuelles ; Joachim Wach a proposé une herméneu-tique des religions ; Henri Desroche, une sociologie de l’espérance ;Robert N. Bellah, une étude de la religion civile aux Etats-Unis.

J.-F.D.

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sept types : conversionniste (qui visele prosélytisme), révolutionnaire ouadventiste (qui croit en l’imminenced’une fin du monde), interventionniste(centré sur le seul salut de ses membres),gnostique (qui met l’accent sur les doc-trines ésotériques), réformiste, thau-maturgique, utopique.L’espoir de forger ainsi une typologiedes diverses formes religieuses selondes critères clairement établis a étécaressé par beaucoup. Mais les spécia-listes, c’est connu, s’accordent rarement.Il y a autant de définitions du chama-nisme, par exemple, que de spécialistesdu sujet. A défaut d’une conceptualisa-tion unique qui s’impose à tous, on estdonc conduit, par l’inventaire des étudesspécialisées, à constater l’extraordinairediversité des formes religieuses de parle monde, et à suspecter que derrièretout cela, il doit bien exister quelquesformes fondamentales qui les compo-sent.

Quelles sont les différentes formesd’expériences religieuses ?

Une autre façon d’aborder les formesde religion consiste à partir non des ins-titutions religieuses mais du vécu descroyants. Dans Les Variétés de l’expé-rience religieuse (1902), le psychologueWilliam James s’était intéressé auxconvertis (les « deux fois nés ») et avaitdistingué en leur sein plusieurs profilscaractéristiques : les bienheureux (quiont tendance à voir le monde commemerveilleux), les mystiques, les ascètes,les saints, etc.Par la suite, psychologues, sociologueset historiens vont se pencher sur lesdiverses modalités de la croyance.Gabriel Le Bras (1891-1970) a ainsi ini-tié de grandes enquêtes sur l’évolution

des croyances en Europe. Constatantle recul du catholicisme dans la sociétéfrançaise, il en est venu à distinguerquatre figures typiques de catholiquesclassés par ordre d’adhésion décrois-sante : les « bigots », les « pratiquantsréguliers », les « conformistes » et les« étrangers ». Par la suite, d’autresenquêtes conduiront à mettre au jourdeux pôles de l’identité chrétienne : unchristianisme ecclésial qui regroupeles croyants adoptant les dogmes del’Eglise et respectant les cérémonieset, à l’autre pôle, un christianisme déistedésignant ceux qui se disent religieux,mais ne croient pas aux attributs tra-ditionnellement conférés par l’Eglise àDieu (toute-puissance, omniscience,etc.) ni en la vie après la mort et ne pra-tiquent les cérémonies religieuses quepar pure convention. Selon le socio-logue Yves Lambert, les trente der-nières années ont vu un glissement duchristianisme ecclésial vers le déismechrétien [8].Les chrétiens, mais aussi les musul-mans ou les juifs, vivent aujourd’huileur religion de façon très différenciée.La recomposition des modes de croyanceest un des grands thèmes actuels de lasociologie des religions. Prenant actedu déclin des dogmes officiels, on n’endéduit pas forcément la disparition descroyances. C’est plutôt à un «bricolage»des croyances qu’on assiste, où cha-cun emprunte et se recompose unesorte de « religion à la carte » [9]. Ainsivoit-on aujourd’hui des chrétiens séduitspar la réincarnation, des mystiques duNew Age professer des croyances syn-crétiques où se côtoient allégrementJésus, Krishna et des néochamanesbouddhistes…Historiens et anthropologues se sont

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penchés eux aussi sur la diversité des« régimes de croyances ». Il est loin letemps où l’on assimilait allégrement lesdiscours officiels des religions avec lesconvictions effectives des populations.Dans Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes?(Seuil, 1983), Paul Veyne avait déjà souligné que des individus peuvent s’accommoder de plusieurs types decroyances : un Grec peut se déclarerrationaliste tout en croyant à l’existencedu Minotaure ou d’Athéna; il peut suivreun culte de façon formelle sans s’atta-cher avec certitude aux mythes asso-ciés. De même, aujourd’hui, lorsqu’ondemande à des villageois du sud de l’Indes’ils croient à la réincarnation, certainsrépondent qu’ils n’en savent rien, d’autresn’en sont pas sûrs ; et d’autres enfinrépondent : «Allez voir le brahmane : luiil sait… » [10]Dont acte. Au sein d’une même religion,il est différentes façons de vivre sa foi :de la simple bigoterie au mysticisme,de la pratique assidue à la vague convic-tion, de la ferveur illuminée au simpleconfort moral. Il est tout aussi remar-quable de constater qu’à travers ladiversité des religions, on retrouve desprofils typiques. On trouve des mystiques en terre d’is-lam comme en Inde ou en Occident ;des prophètes ont surgi sur tous lescontinents et à toutes les époques ; lessorciers, devins et autres mages ontexercé partout. Des expériences reli-gieuses similaires se retrouvent doncdans des lieux et des époques très dif-férents. La force de la religion est peut-être de pouvoir se greffer et renaîtresur quelques structures psychologiqueset bases sociales fondamentales. Etcela amène invariablement à se deman-der pourquoi.

Pourquoi y a-t-il des religions ?Au début des années 60, l’anthropo-logue Edward E. Evans-Pritchard pro-posait de classer les théories du phé-nomène religieux en deux catégories :les théories psychologiques et les théo-ries sociologiques [11].• Les théories psychologiques se répar-tissent elles-mêmes en deux :1. Les théories affectives qui partent desémotions des hommes : le besoin decroire naît de la souffrance et d’un besoinde consolation qui en résulte. Karl Marxvoyait dans la religion « le soupir de lacréature opprimée », un « bonheur illu-soire», en bref « l’opium du peuple» [12].Dans Totem et Tabou, Sigmund Freuddéfend l’idée que la religion provient dusentiment de culpabilité.2. Les théories intellectualistes expliquentla religion par une formation particu-lière de l’esprit. L’anthropologue anglaisE.B. Tylor, par exemple, expliquait l’ani-misme par la projection sur les créa-tures naturelles de la notion d’âme (quel’homme primitif éprouvait en lui). LesAllemands comme Max Müller ou R. Ottorendaient compte de l’émotion religieusepar un sentiment mêlé de surprise, decrainte et d’émerveillement face à lanature.Ce type d’explications a été par la suitedélaissé : E.E. Evans-Pritchard fait jus-tement remarquer que ces théories sontde pures spéculations sur la pensée desprimitifs, qu’elles ne peuvent être niconfirmées ni infirmées.Récemment pourtant, l’anthropologiecognitive a remis sur le devant de lascène ce type d’explication psycholo-gique. Pascal Boyer avec Et l’hommecréa les dieux et Scott Atran avec In GodsWe Trust avancent une théorie similaire.La croyance dans les esprits est uni-

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verselle. Elle provient d’une mobilisa-tion de modules mentaux inscrits defaçon innée dans le cerveau humain.C’est l’activation de modules innés quinous permet d’attribuer un esprit auxhumains (même quand ils sont morts),qui nous fait appeler à l’aide en cas debesoin, et qui nous pousse à nous puri-fier pour éviter les contaminations [13].• L’autre grande voie d’explication desreligions est la théorie sociologique.Alexis de Tocqueville ou Auguste Comtel’avaient déjà noté en leur temps : la reli-gion contribue au « ciment moral » dessociétés. Elle soude les communautés.Sa raison d’être est donc à chercher ducôté de l’ordre social. Emile Durkheim,dans Les Formes élémentaires de la viereligieuse (1912), propose une analyseglobale de la naissance des sociétéshumaines à partir de la religion. S’ap-puyant sur le cas australien, il voit dansle totémisme le prototype de la religionprimitive. Religion d’un clan, le totemfournit un emblème, crée des solidari-tés entre les membres d’un groupe. C’estau cours de cérémonies collectives quele groupe prend conscience de lui, ren-force ses liens. Les représentations col-lectives se traduisent par une émotioncommune qui subjugue le groupe. E. Dur-kheim pense ici incontestablement auxgrandes manifestations politiques deson époque qui mobilisent les foules.Cette idée selon laquelle l’idéal com-mun est constitutif des groupes humainsse retrouvera par la suite chez de nom-breux sociologues. Tocqueville avaitdéjà bien perçu le rôle de la religiondans l’unité du peuple américain. Ceque l’on nomme la religion civile auxEtats-Unis, étudiée par le sociologueRobert N. Bellah, a pour but de décrirela façon dont la société américaine sacra-

lise son être collectif, comme une com-munauté unie autour de valeurs com-munes. Cette idée est même devenueune idée courante. On la retrouve parexemple dans un ouvrage de RégisDebray (Le Feu sacré. Fonctions du reli-gieux, Gallimard, 2003).Mais par quel mécanisme précis le lienentre religion et société opère-t-il? L’idéalcommun suffit-il à créer du lien social ?Sont-ce la morale, les rituels, l’organi-sation de l’Eglise qui jouent le rôle deciment communautaire ? Arrivé à cestade de la réflexion, les théories géné-rales sur les liens entre religion, société,croyance, n’y suffisaient plus : il fallaitaller voir de plus près par quels méca-nismes précis les religions agissent surle monde.

Comment « marche » une religion ?La spécialisation de la recherche, enreligion comme ailleurs, a conduit àdélaisser les grandes théories pour s’in-téresser à des mécanismes plus précissur le fonctionnement des religions :comment s’opèrent les conversions ?Comment sont évangélisées les popu-lations ? Sur quel terreau social s’im-plante un mouvement religieux ? Com-ment s’organisent les Eglises ? Sur cesquestions, on dispose désormais d’unmatériau très riche. Trop riche même.Pas un sujet sur la Réforme protestanteou la diffusion du bouddhisme, sur lesécrits bibliques ou le chamanisme quin’ait fait l’objet de milliers de recherches,de publications, de colloques.Arrêtons-nous sur un exemple. La conver-sion religieuse est à elle seule un objetd’étude très actif où interviennent his-toriens, anthropologues, psychologues,sociologues et spécialistes de littéra-ture. Il s’agit de comprendre comment

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et pourquoi on se convertit au boud-dhisme ou à l’islam dans l’Occidentactuel, pourquoi on adhère à une secte.Ou encore comment s’est implanté lechristianisme des origines. La conver-sion de l’apôtre Paul, le premier grandconverti chrétien, est devenu un sec-teur de recherche à lui tout seul avecses érudits, ses débats, ses dizaines d’articles. Par exemple dans Paul leconverti [14], l’historien Alan F. Segaltente de comprendre comment Paul apu se rallier aussi soudainement au mes-sage de Jésus, qu’il avait combattujusque-là. A.F. Segal passe en revue descentaines de travaux d’histoire et depsychologie sur la conversion, qui mon-trent qu’une révélation, vécue indivi-duellement comme une soudaine trans-formation intérieure, ne survient jamaissur un terreau vierge. La plupart desconvertis ont un profil comparable : laconversion est précédée d’une périoded’insatisfaction et le converti a été préa-lablement en contact avec les idées oules membres du groupe auquel il va serallier. Les vagues de conversions, commeil y en a eu aux premiers temps de l’Eglisechrétienne, sont préparées par des condi-tions sociales et historiques précises :le climat apocalyptique au temps duchristianisme primitif en est une.On pourrait étudier l’adhésion religieuseau christianisme sous une autre facette :l’évangélisation des masses par exemple.Ici, il ne s’agit plus d’adhésion volon-taire, mais de techniques de propagandeemployées ultérieurement par l’Eglisepour encourager la ferveur de sesouailles. Là encore, le matériau est plusqu’abondant. Comme le note l’historien

Olivier Christin, « depuis une vingtained’années, les historiens ont décrit, avecdes instruments d’analyse fort divers, [...]l’immense effort d’évangélisation despopulations européennes accompli à par-tir de la fin du Moyen Age et l’émergenced’une nouvelle culture de la prière. » [15]O. Christin s’est précisément occupéde la mise en scène visuelle des dix com-mandements à une époque où la plu-part des gens ne savaient pas lire, et oùil fallait diffuser le dogme sous formed’une imagerie simple et populaire des-tinée à rappeler aux fidèles les interditsmajeurs. D’autres auteurs se sont inté-ressés à la vulgarisation des sept péchéscapitaux.L’effort des chercheurs est sans limitepour tenter de décrire comment l’Eglisea progressivement établi le dogme, lesmécanismes d’encadrement des masses,les voies de pénétration du christianisme,les résistances, les techniques de la prière,la transformation des dévotions, la for-mation du clergé, l’institutionnalisationdu pouvoir de l’Eglise, etc. [16].Etablie il y a un siècle, l’ambition de fon-der une «science de la religion» a laisséplace à une myriade d’études spéciali-sées. Pas une période de l’histoire desreligions qui n’ait été étudiée dans ledétail ; pas un mot des grands textessacrés qui n’ait fait l’objet d’examensminutieux, pas un domaine de la symbo-lique sacrée qui n’ait son spécialiste, pasune facette de la modalité des croyancesou l’organisation des Eglises qui n’ait étéexplorée. Et celui qui voudrait aujour-d’hui affronter cet immense corpus pouressayer d’en dégager une vérité défini-tive aura besoin d’avoir la foi…

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• Le candomblé au Brésil, ou l’Afrique réinventéeStefania Capone 225

• Le vaudouJérôme Souty 233

PARTIE IV – AUX FRONTIÈRES DU RELIGIEUX• La laïcité, une singularité française

Martine Fournier 241• Europe : à chacun sa laïcité

Jean-Paul Willaime 245• Les sectes : religiosité dévoyée ou religions du futur ?

Jérôme Souty 251• Nouvelles religiosités et croyances parallèles

Françoise Champion 261• L’ésotérisme aujourd’hui

Pierre A. Riffart 269• Mais comment peut-on croire une chose pareille ?

Laurent Testot 277• De la modernité du «sacré sauvage»

Entretien avec Bertrand Hell 285• La transmission des identités religieuses

Danièle Hervieu-Léger 295• Religion et identité : le cas yougoslave

Jean-François Gossiaux 303 • Les «martyrs», violence sacrificielle en Palestine

Pénélope Larzillière 311• Les ONG évangéliques américaines

Sébastien Fath 317

ANNEXES

• Guide de lecture 327

• Index thématique 343

• Index des noms de personnes 349

• Liste des auteurs 355

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TABLE DES MATIÈRES

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Achevé d’imprimer en octobre 2005Imprimé en Belgique par Walleyn Graphics

Dépot légal 4e trimestre 2005

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