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Extrait de la publication

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LES ILES

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Cette nouvelle édition diffère peu de celle qui a étépubliée autrefois. L'auteur, sans prendre entièrement àson compte les pensées involontaires qui lui sont venuesalors, croit qu'elles expriment une manière de sentirqui lui est commune avec d'autres hommes.

Il rappelle ici tout ce qu'il doit à l'amitié de JeanGuehenno, Louis Guilloux, André Malraux, Jean Pau-

lhan, Henri Petit, à l'intention de qui ces pages avaientété écrites.

Cette suite de symboles décrit un homme dépouilléde tout ce qui peut constituer dans sa vie l'épisode, ledécor, le divertissement.

Ce sont pourtant bien des réalités que la foi, la pitiéet l'amour et les temples antiques, les églises et lespalais, maintenant les usines sont de- sûrs asiles contrele désespoir. De ces acquisitions et de ces révélations ilne s'agit pas ici.

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L'ATTRAIT DU VIDE

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Il existe dans toute vie et particulièrement àson aurore un instant qui décide de tout. Cetinstant est difficile à retrouver; il est enseveli

sous l'accumulation des minutes qui sont pas-sées par millions par-dessus lui et dont tenéant effraie. Cet instant n'est pas toujours unéclair. Il peut durer tout l'espace de l'enfanceou de la jeunesse et colorer d'une irisationparticulière les années en apparence les plus ba-nales. La révélation d'un être peut être progres-sive. Certains enfants sont si ensevelis en eux-

mêmes que l'aube ne parait jamais se lever sureux, et l'on est tout surpris de les voir se dres-ser comme Lazare, secouant leur linceul quin'était que des langes. C'est ce qui m'est arrivémon premier souvenir est un souvenir de confu-sion, de rêve diffus s'étendant sur desi années.

On n'a pas eu besoin de me parler de la vanitédu monde j'en ai senti mieux que cela, la va-cuité.

Je n'ai pas connu d'instant privilégié à partirduquel mon être aurait pris un sens, un de cesinstants auxquels par la suite j'aurais rapportéce qui m'avait été révélé de moi-même. Mais dès

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LES ILES

l'enfance j'ai connu beaucoup d'états singuliersqui n'étaient, pour aucun d'entre eux, des pré-monitions mais des monitions. Dans chacun, il

me semblait (car peut-on employer d'autre motque celui-là) toucher quelque chose situé en de-hors du temps. Ma grande affaire aurait dû êtrede me demander ce que signifiaient exactementces contacts, d'opérer une liaison entre eux,bref*de faire comme tous les hommes qui veu-lent se rendre compte de ce qui se passe en euxet le confronter avec le monde, transformer mes

intuitions en système un système assez sou-ple pour ne pas stériliser ces intuitions. Mais aucontraire j'ai laissé ces fleurs se faner l'une aprèsl'autre. J'ai couru de l'une à l'autre dans des

voyages qui n'avaient guère d'autre but.Quel âge avais-je ? Six ou sept ans, je crois.

Allongé à l'ombre d'un tilleul, contemplant unciel presque sans nuage, j'ai vu ce ciel basculeret s'engloutir dans le vide c'a été ma premièreimpression du néant, et d'autant plus vivequ'elle succédait à celle d'une existence riche etpleine. Depuis, j'ai cherché pourquoi l'un pou-vait succéder à l'autre, et, par suite d'une mé-prise commune à tous ceux qui cherchent avecleur intelligence au lieu de chercher avec leurcorps et leur âme, j'ai pensé qu'il s'agissait dece que les philosophes appellent « le problèmedu mal ». Or c'était bien plus profond et bienplus grave. Je n'avais pas devant moi une' fail-lite mais une lacune. Dans ce trou béant, tout,

absolument tout, risquait de s'engloutir. De cettedate commença pour moi une rumination sur lepeu de réalité des choses. Je ne devrais pas dire« de oette datepuisque je suis convaincu queles événements de notre vie en tout cas les

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L'ATTRAIT DU VIDE

événements intérieurs ne sont que les révéla-tions successives du plus profond de nous-mêmes. Alors les questions de date importentpeu. J'étais un de ces hommes prédestinés à sedemander pourquoi ils vivaient plutôt qu'à vi-vre. En tout cas, à vivre plutôt en marge.

Le caractère illusoire des choses fut encore

confirmé en moi par le voisinage et la fréquenta-tion assidue de la mer. Une mer qui avait unflux et un reflux, toujours mobile comme ellel'est en Bretagne où elle découvre dans, certainesbaies une étendue que l'oeil a peine à embrasser.Quel vide Des rochers, de la boue, de l'eau.

Puisque tout est remis en question chaque jour,rien n'existe. Je m'imaginais la nuit sur unebarque. Aucun point de repère. Perdu, irrémé-diablement perdu; et je n'avais pas' d'étoiles.

Ces rêveries n'avaient rien d'amer; je les en-tretenais avec complaisance. Ce n'était pas un« mal littérairepuisque je n'avais rien lu quis'y rapportât. C'était un mal inné dont je faisaismes délices. Le sentiment de l'infini n'avait pasencore de nom pour moi, pas plus que n'en avaitcelui du néant. Il en résultait une quasi-parfaiteindifférence, une apathie sereine l'état dudormeur éveillé. Je parcourais jour après jources prairies mornes, ces grèves arides où rienjamais ne germerait. J'avançais porté par unflot qui, reculant et avançant, me laissait finale-ment sur place, pareil à une bouée accrochéeau fond de la mer par un dâble solide. Il estbien difficile de s'arracher à cette torpeur. Jene puis pas dire que je l'aimais; je la subissais,non sans plaisir. A quoi cela menait-il ? A rien.N'importe quoi mène à quelque chose; cela seuln'avait pas d'issue. Si la mort était au bout, ma

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LES ILES

vie lui ressemblait tellement que je n'en auraispas vu la différence, n'eût été cet instinctif sur-saut de l'animal.

A

Comment se fait-il qu'avec un pareil tempé-rament je n'aie pas été indifférent à tout ? Ortout me blessait parce que tout oe qui se passaithors de moi tendait à me faire sentir son peude valeur vis-à-vis de ce qui seul comptait pourmoi. Ma première analyse est incomplètej'avais un idéal. On peut se refuser aux chosesqui vous entourent et s'enfermer dans un do-maine neutre qui vous isole et vous protègecela signifie que l'on s'aime et qu'on peut êtreheureux par un égoïsme. Mais si l'on se metau même rang que n'importe quoi, et qu'onsente la vacuité du monde, on est tout disposéà prendre en dégoût les mille petits accidents dela vie qui viennent à la traverse. Une blessure,passe encore, on en prend son parti; mais despiqûres d'épingle tous les jours, c'est insuppor-table. Vue dans sa grandeur, l'existence esttragique; de près, elle est absurdement mes-quine. Elle inspire l'idée qu'il faut se défendrecontre elle et fait retomber dans des sentiments

qu'on n'aurait jamais voulu, connaître. Il arriveque ceci vous paraisse préférable à cela; qu'ilfaille même opter entre ceci et cela, renoncer àl'un à tout jamais pour posséder l'autre. Orceci vaut-il mieux que cela ? J'ai beau dire non,je suis forcé de dire oui. N'est-ce pas crucifiant ?Je passe malgré moi de l'instant de l'indiffé-rence à celui du choix. Je me prends au jeu, jecherche dans un éphémère un absolu qui n'y estpas; au lieu du silence et du dédain, j'entretiens

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L'ATTRAIT DU VIDE

en moi un tumulte. C'est bien cruel d'avoir à

opter entre deux marques de stylos la meil-leure n'est pas forcément la plus chère; et lamoins bonne peut être d'un grand usage parceque différente; il n'y a pas de meilleur et demoins bon il y a ce qui est bon à tel moment,ce qui est bon à tel autre. La perfection, je lesais, n'est pas de ce monde, mais dès qu'onentre dans ce monde, dès qu'on accepte d'y fairefigure, on est tenté par le démon le plus subtil,celui qui vous souffle à l'oreille puisque tu vis,pourquoi ne pas vivre ? Pourquoi ne pas obtenirle meilleur ? Alors ce sont les courses, le's voya-ges. Mais quels beaux instants que ceux où ledésir est près d'être satisfait.

Il n'est pas étrange que l'attrait du vide mèneà une course, et que l'on saute pour ainsi dire àcloche-pied d'une chose à une autre. La peur etl'attrait se mêlent on avance et on fuit à la

fois; rester sur place est impossible. Cependantun jour vient où ce mouvement perpétuel estrécompensé la contemplation muette d'unpaysage suffit pour fermer la bouche au désir.Au vide se substitue immédiatement le plein.Quand je revois ma vie passée il me semblequ'elle n'a été qu'un effort pour arriver à cesinstants divins. Y ai-je été déterminé par le)souvenir de ce ciel limpide que je passais silongtemps dans mon enfance, couché sur le dos,à regarder à travers les branches et que j'ai vuun jour s'effacer ?

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LE CHAT MOULOUD

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Le monde des animaux est fait de silences el

de bonds. J'aime les voir couchés, alors qu'ilsreprennent contact avec la Nature, recevant enéchange de leur abandon une sève qui les nour-rit. Leur repos est appliqué autant que notretravail. Leur sommeil est confiant autant quenotre premier amour. Cette ancienne allianced'Antée avec la Terre, ce sont eux qui la renou-vellent avec lé plus de gravité. Dans l'hôtel oùj'habite, je ne me réveille jamais la nuit, mais sije me réveille comme cette nuit, 15 novembre,3 heures, j'entends tousser, parler, etc. Quandmon chat dort, tout en lui respecte son sommeil.Il cherche longuement la meilleure place, se pe-lotonne et s'endort à moitié presque aussitôt.Puis, il dort plus profondément. On dirait qu'ilcalcule. Le voici qui passe à des rêves heu-reux grimpé dans un arbre, il guette un oiseauqu'il voudrait tenir de près. Ce qui est agréabledans cet oiseau, ce n'est pas qu'il soit de cou-leurs vives, mais c'est qu'il est gros et lourd.Mouloud aime les oiseaux. Comme on com-

prend qu'il veuille posséder l'objet de son

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LES ILES

amour Mais, plus Mouloud approche, plus l'oi-seau recule. Mouloud essaie de le fasciner,

peine perdue. A la fin l'oiseau s'envole, le chat seréveille à demi en gémissant et s'étire. Un nou-veau sommeil commence, plus léger, plus agréa-ble, pareil à celui qu'ont les femmes dans lesgrandes villes entre 9 et 11 heures du matin.

C'est à ce moment que les chats aiment à êtrecaressés doucement. Il faut passer la main der-rière l'oreille pour qu'ils rejettent (la tête enarrière. Alors, on leur caresse le menton et lapoitrine entre les pattes de devant. Les chats quiont un collier, comme Mouloud, aiment qu'onpasse les doigts entre les poils et le collier.

Un chat digne du nom de chat doit porter uncollier. Tout de suite il obtient auprès des chat-tes un succès extraordinaire, il prend une plushaute idée de lui-même et de la maison à la-

quelle il appartient. Le voilà anobli pour la vie.Ses enfants auront à leur naissance un air de

dignité que n'ont pas les autres petits chats. Ilsrefuseront le ragoût et n'accepteront que le bif-teck. Ils ne fréquenteront que les gens de leurclasse et concluront des mariages avantageux.C'est le collier qui rend les chats très humains.Essayez de parler à un chat qui n'ait pas decollier, vous verrez la différence. Le collier n'in-

dique pas une supériorité de race puisque tantd'Angoras, de Persans et de Siamois n'en por-tent pas, mais une supériorité d'éducation. Lanaissance ne compte pas. Tout est donné ouver-tement par faveur, rien ne dépend que du ca-price individuel. Telle qu'elle existe actuelle-ment, l'institution du collier est comme beaucoupd'autres l'intelligence n'y a aucune part.

Quand il est réveillé, Mouloud descend du lit

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LE CHAT MOUI.OVI)

où il était couché et saute à la fenêtre. Alors il

s'accroupit dans l'embrasure. Sinon, il gagne lestoits, s'allonge sur une terrasse, descend dansle jardin grâce aux branches d'un lauriet' quiavoisine le mûr. Quand les branches viennentd'être coupées, il est obligé de remonter par lestoits jusqu'à une chambre et de descendre parl'escalier.

Dans son enfance il n'avait aucune peur. Ilmarchait le long des gouttières, sans vertige etgrimpait jusqu'au plus haut de l'abricotier, lors-qu'il y avait des gens dans le jardin, pour sefaire admirer. Maintenant, il ne fait plus quedes efforts utiles, connaissant le prix des choses,;il a moins le goût du jeu, et plus celui du con-fort. Ses affections sont plus sûres. Le matin ilse roule aux pieds de ma mère, en signe dereconnaissance et d'amour, jusqu'à ce que mamère pose le pied sur lui. Satisfait de ce riteféodal, il va dans la cuisine boire son lait et

goûter le repas froid qu'on lui a préparé laveille.

L'après-midi, étendu sur un lit, il ronronneles pattes en avant. Il est venu tôt ce matin et ilva rester toute la journée parce qu'il a menéhier la grande vie. Le voici plus affectueux quede coutume il est fatigué. Je l'aime ilabolit cette distance qui, à chaque réveil, renaîtentre le monde et moi.

Au crépuscule, à cette heure d'angoisse où lejour use ses dernières forces, j'appelais le chatauprès de moi pour apaiser mon inquiétude.A qui l'aurais-je confiée? Rassure-moi, lui disais-je, la nuit approche et avec elle se lèvent messpectres familiers j'ai peur. Trois fois': quand

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L ES ILES

le jour tombe, quand je m'endors et quand jem'éveille. Trois fois ce que je croyais acquism'abandonne. J'ai peur de ces moments quiouvrent une porte sur le vide quand la nuitmontante cherche à t'étouffer, quand le sommeil

t'engloutit, quand au milieu de la nuit tu faisle compte de ce que' tu es, quand tu pensesà ce qui n'est pas. Le jour t'abuse, mais la nuitn'a pas de décor.

Mouloud se taisait obstinément. Je m'ap-puyais sur lui du regard et sa présence meredonnait confiance (une présence qui conte-nait tout).

Pensons aux moments bénis en regardantMouloud. L'autre soir, passant sous des peu-pliers, j'ai vu leurs hautes branches se confon-dre. Tel midi, devant une plaine éblouie de soleil,j'ai vu et j'ai accepté; devant des ruines éclai-rées par la lune, j'ai cru que l'homme pouvaithériter de l'homme et que ce don fragile suf-fisait. Ce matin en ouvrant la porte une chaleurm'a saisi. C'est tout.

Tu ne dis rien, mais je crois t'entendre« Je suis cette fleur, ce ciel et cette chaise.

J'étais ces ruines, ce vent, cette chaleur. Ne me

reconnais-tu pas sous mes déguisements ? Tume crois un chat parce que tu te crois unhomme.

Comme le sel dans l'Océan, comme le cri dans

l'espace, comme l'unité dans l'amour, je suisrépandu dans toutes mes apparences. Si tu leveux elles rentreront en moi comme les oiseaux

fatigués rentrent le soir au nid. Détourne la tête,nie l'instant. Pense sans donner d'objet à tapensée. Abandonne-toi comme fait le jeune chatpour que sa mère puisse le saisir dans sa gueule

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