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MEIGE Grégory Institut agricole de Grangeneuve Horticulteur-paysagiste Année 2012-2013 La permaculture Examen final eCG

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MEIGE Grégory

Institut agricole de Grangeneuve Horticulteur-paysagiste Année 2012-2013

Lapermaculture

Examen final eCG

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Contenu

Introduction 4

Notions de base 6

Les 3 éthiques fondamentales .................................................................................................. 6

Les principes ............................................................................................................................. 6

Ecologie 8

Planifier ..................................................................................................................................... 8

Les secteurs ............................................................................................................................... 8

Exemples de répartition des zones ......................................................................................... 12

Les effets de bordures ............................................................................................................ 15

Contours et gestion de l’eau ................................................................................................... 16

Techniques 19

Les 4 grandes « non-pratiques » du permaculteur ................................................................. 20

Ethique & Identité culturelle 24

La sobriété heureuse .............................................................................................................. 24

Les ACPs .................................................................................................................................. 25

Les SELs ................................................................................................................................... 26

Le Wwoofing ........................................................................................................................... 26

Incroyable comestibles, potagers urbains et Guerilla Gardening .......................................... 27

Conclusion 28

Sources 29

Annexes 30

Interview de Catherine Rouiller .............................................................................................. 30

Interview de Laurent Schlup ................................................................................................... 32

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Introduction

Nombreux sont ceux qui ont essayé de donner une définition courte, claire et précise de ce

qu’est la permaculture ; grand nombre d’entre eux ont échoué dans cet exercice.

Il y a pour cela une raison principale : la permaculture est un « ramassis » extrêmement vaste

(infini même) de techniques et de modes de vie qui puissent nous aider à nous préparer à un avenir

proche et incertain de descente énergétique et à présenter un ensemble de solutions au système

parfois irrationnel dans lequel nous vivons actuellement (tant sur le plan financier qu’agricole,

industriel, ou éthique,…)

Celui qui s’attend donc à trouver dans la permaculture une sorte de manuel du petit jardinier

écolo risque d’être surpris. C’est bien plus que cela.

Tout permaculteur qui se respecte a ressenti tôt ou tard dans sa vie le besoin et la nécessité de

« faire autrement », le sentiment que « ça ne peut pas continuer comme ça ». Il s’agit d’une

indignation légitime : l’être humain est à l’aube de changements climatiques et culturels tels qu’il

n’en aura jamais connu, et il faut s’y préparer sans tarder.

La majorité des ressources dont nous sommes actuellement dépendants sont pour la plupart

sur le point d’être épuisées, ou du moins en empruntent le chemin. On pensera bien évidemment au

pétrole et aux autres ressources fossiles comme le charbon, le gaz naturel, les gaz de schiste, les

sables bitumineux (…) mais aussi à l’eau potable, les minerais tels que cuivre, fer, uranium, terres

rares, etc. etc. Au passage, la diminution de ces ressources entraine :

� Des accroissements et complications non-prévus (et pourtant prévisibles) :

Pollution (chimique, lumineuse,…), dioxyde de carbone, méthane, réchauffement climatique,

disparition des espèces animales et végétales, désertification, gaspillage alimentaire, surpêche,

démographie, besoins en énergie, pauvreté, réfugiés climatiques, sentiment d’insécurité,…

� Des diminutions (ce sont les victimes directes et indirectes) :

Économie, fonte des glaces (glaciers, pôles, permafrost), terres arables, nourriture saine,

biodiversité, qualité de l’air, forêts, diversité génétique, diversité éthique/culturelle,…

Bien que la liste puisse s’étendre sur des pages entières, ce petit échantillon suffit largement à

constater la tendance.

« IL N’EST PAS NÉCESSAIRE DE SAVOIR SI CELA SE PRODUIRA EN 2030 OU EN 2100, OU QUE LE

NIVEAU DE LA MER AUGMENTERA DE 2 CM OU 1 M D’ICI LÀ. LE FAIT QUE NOUS SACHIONS QUE TOUT CELA

ARRIVE DÉJÀ – ET EXPONENTIELLEMENT SI NOUS NE CHANGEONS RIEN – DEVRAIT ÊTRE SUFFISANT (AVEC

UN MINIMUM D’HUMANISME), POUR QUE NOUS VOULIONS CHOISIR DES OPTIONS DIFFÉRENTES ET PLUS

POSITIVE, POUR NOUS-MÊMES, AINSI QUE POUR NOTRE DESCENDANCE. » LAURENT SCHLUP

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Aussi, il est forcé de constater à quel point tous ces obstacles auxquels nous faisons face sont

liés. Impossible d’avoir une économie saine sans satisfaire ses besoins énergétiques, sans prendre

soin de son environnement et sans subvenir aux besoins de la population. La moindre petite

difficulté rencontrée dans chacun des domaines empiétera forcément sur les autres. Il est dès lors

aisé de comprendre que d’agir séparément sur chacun de ces problèmes serait comme mettre un

emplâtre sur une jambe de bois. L’interconnectivité des problèmes majeurs demande à ce que ceux-

ci soient résolus en coopération.

De par sa conception, la permaculture se présente comme une science de design éthique et

holistique capable de soutenir les besoins de chacun et de résoudre les problèmes de manière

synergétique.

Dans un monde de descente énergétique et de gaspillage des ressources, pratiquer la

permaculture ne sonne pas seulement comme une alternative utile mais aussi comme une démarche

absolument logique.

« BIEN QUE LES PROBLÈMES DU MONDE SOIENT DE COMPLEXITÉS GRANDISSANTES, LES

SOLUTIONS DEMEURENT D’UNE SIMPLICITÉ EMBARRASSANTE. » BILL MOLLISON

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Notionsdebase1

Avant de rentrer dans les détails, essayons de tracer les grandes lignes de la permaculture.

Comme expliqué dans l’introduction, la permaculture n’est pas un manuel du parfait petit jardinier

bio. Elle ne s’arrête pas non plus à une pratique bien précise ou à une idéologie restrictive… Non : la

permaculture se définit plutôt comme une sorte de recueil d’alternatives éthiques et viables sur le

long terme.

Tout d’abord, l’origine du mot vient du néologisme issu de l’expression « culture

permanente ». Or, le terme « culture » se décline sous plusieurs formes. Elle peut être :

� L’action de cultiver le sol ou une plante,

� L’ensemble des connaissances acquises dans un domaine,

� L’ensemble des aspects intellectuels, artistiques et des idéologies d’une civilisation ou

d’un groupe particulier.

Les 3 éthiques fondamentales

Ainsi, au centre de la permaculture, il y a trois éthiques fondamentales, que l’on retrouve

d’ailleurs dans la plupart des sociétés traditionnelles ; elles sont issues de notre évolution culturelle.

Ces préceptes sont essentiels dans la tempérance de nos égoïsmes instinctifs et permette la

compréhension des conséquences de nos actes.

� Prendre soin de la Nature : Le sol, les forêts, l’eau,…

� Prendre soin de l’Humain : Soi-même, les autres, les générations futures

� Le partage équitable : Limiter la consommation et la production, partager le surplus

Ces trois éthiques forment le socle de la conception permaculturale. Les projets

d’aménagement, de terrassement, et les différents éléments de notre système vont directement s’en

inspirer.

Les principes

Conjointement utilisés, les douze principes permaculturels sont des outils qui permettent

l’établissement d’un système stable du point de vue écologique et humain. Bien que ces principes

soient universels, les procédés seront très différents du moment que l’on se trouve dans un climat

tempéré, tropical, méditerranéen, etc.

1 Le contenu de ce chapitre est essentiellement tiré des travaux de David Holmgreen, l’un des initiateurs

de la permaculture, via le site http://permacultureprinciples.com

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Si les éthiques fondamentales forment un socle, les principes, quant à eux, constitueront la

charpente de notre système afin que celui-ci soit solide, cohérent, et tienne debout.

En voici la liste :

1) Observer et interagir

2) Collecter et stocker l’énergie

3) Créer une production

4) Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction

5) Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelable

6) Ne pas produire de déchets

7) Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails

8) Intégrer plutôt que séparer

9) Utiliser des solutions à petites échelles, et avec patience

10) Utiliser et valoriser la biodiversité

11) Utiliser les interfaces et valoriser les éléments de bordures

12) Utiliser le changement et y réagir de manière créative

Au fil des chapitres, chaque principe deviendra de plus en plus explicite au travers d’exemples

concrets.

Figure 1 – Ethiques et principes (www.permacultureprinciples.com)

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Ecologie2

En quoi la permaculture peut-elle se présenter comme un système 100% durable ?

Actuellement, il n’existe que très peu de système de production alimentaire qui soit résiliant et

capable de soutenir nos besoins sans porter atteinte à notre environnement – et donc à l’avenir de

nos enfants.

Cela est pourtant possible. Il n’y a rien besoin d’innover, il suffit juste de mettre en lien la

masse faramineuse de connaissances, de savoir et de techniques que l’Homme a accumulé au fil des

siècles dans un système sain et respectueux des sols, de l’air, de toute forme de vie, et des

générations qui s’apprêtent à vivre après nous.

« NOUS DEVONS CRÉER LE FUTUR QUE NOUS DÉSIRONS, ICI ET MAINTENANT, ET LAISSER LE PASSÉ

OÙ IL EST, N’EN CONSERVANT TOUT AU PLUS QUE L’EXPÉRIENCE ACQUISE DES CHOSES À NE PLUS FAIRE, ET

LE SOUVENIR MOTIVANT DES CHOSES À RÉPÉTER. » LAURENT SCHLUP

Planifier

Le maître-mot de tout système de permaculture, c’est le design. Voilà (encore !) un mot

anglais ne trouvant pas sa traduction explicite en langue française ! Un design est une manière de

planifier un terrain en se focalisant sur la préservation, l’utilisation, et la mise en valeur des

ressources à disposition. Un design est donc chargé d’une réelle force intentionnelle, et nécessite

parfois des travaux de terrassement bien spécifiques. Comme chaque terrain est différent, et il est

primordial de s’y adapter le plus possible.

Les secteurs

Une des premières choses à faire lors d’un design, c’est observer et analyser les différentes

influences externes et internes sur le site. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est qu’un terrain est

traversé par différents canaux d’énergies environnementales, que l’on nomme « secteurs » :

� Dans quel type climat se situe mon terrain ?

� Ai-je un bon ensoleillement ?

� Où sont les vents dominants ? Comment puis-je en profiter (ou m’en protéger) ?

2 Le contenu de ce chapitre est entièrement tiré de l’ouvrage « Permaculture, Introdution &

Guide Pratique » de Laurent Schlup (CH), paru en automne 2012 (y compris les images) : http://kangaroots-permaculture.weebly.com/publication.html

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� Qu’en est-il du relief ? Mon terrain est-il pentu ? Se situe-t-il sur une crête ou dans une

combe ?

� Où ruisselle l’eau ? Comment vais-je pouvoir la récupérer passivement ?

� Quelle est la qualité du sol ? Est-il argileux ? Sableux ?

� Mon terrain se situe-t-il dans un quartier d’habitation ? Dans un endroit reculé ? À côté

d’une route ?

Figure 2 – Analyse de secteurs (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Définition des zones

Une fois les secteurs définis, il s’agira de planifier les différentes zones, prévues pour

l’organisation et le placement réfléchi des différents éléments à l’intérieur du système.

On distingue cinq zones allant de la plus intensive à la plus extensive, de la plus proche de

l’habitation à la plus éloignée, etc. Le but de ces zones est donc d’avoir un agencement logique et

pratique en fonction de nos besoins. De cette manière, le rucher, le verger de fruitiers ou encore les

pâtures se situeront suffisamment loin de l’habitation ; à l’inverse, le potager d’annuelles, les œufs

(poulaillers) ou encore les herbes aromatiques seront placées le plus près possible de la cuisine. Et

ainsi de suite.

Par sa conception réfléchie et fonctionnelle, un bon zonage permet d’économiser une quantité

énorme d’énergie au quotidien.

Les zones sont définies en fonction :

� De la disposition des secteurs

� De la topographie du terrain

� De la dépense d’énergie nécessaire à l’entretien (nombre de visites par semaine)

� De la végétation déjà existante

� Des caractéristiques des sols sur le terrain

Voici, dans l’ordre, les 5 zones :

� La zone 0, ou autrement dit : la maison. Elle agit comme un centre névralgique vers

lequel toutes les énergies de notre système (eau, nourriture, chauffage, électricité,…)

convergent pour soutenir le lieu d’habitation.

� Puis en s’éloignant de la zone 0 se trouve la zone I dans lequel se trouvera les éléments

qui nécessitent un passage quotidien, comme les herbes aromatiques et médicinales, le

jardin potager d’annuelles (« kitchen garden »), la serre, les composts, le poulailler (pour

les œufs), la salle de traite (pour le lait), le dépôt d’outils, l’atelier, etc

� Encore plus loin, il y aura la zone II, qui demandera des passages moins fréquents que

ceux de la zone I. Dans cette zone, nous placerons un potager de plus grande taille à

l’entretien plus extensif (plantes vivaces, bulbeuses, graminées,… en anglais : « crop

garden »), ainsi que des couvertures de sols (légumineuses et plantes pionnières), des

ronces fruitières, des arbustes à petits fruits, des plantes grimpantes, sous oublier les

arbres fruitiers (ne dépassant si possible pas les 4-5 mètres de hauteur3). Les animaux

s’y trouvant seront les oies, canards, le « tracteur à poule », les chèvres et les moutons.

3 Voir « effet de bordure » en page 15

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Il y a également possibilité d’y installer les premiers étangs ainsi que des baissières4

(« Swale »)

� La zone III sera l’endroit idéal pour le verger (appelé aussi « forêt comestible »),

contenant des arbres de plus grandes tailles et de plus longue longévité. Il sera

entretenu et fertilisé par les oies, les dindons, ou encore les moutons. Cette zone

s’apprête parfaitement aux ruchers pollinisateurs, ainsi qu’aux animaux en pâture de

plus grande taille (chevaux, vaches). S’y trouveront également : étangs de plus grande

taille, baissières, plantations brise-vent ou pare-neige.

� Vient le tour de la zone IV, mi-gérée / mi-sauvage. Elle servira de corridor et de zone

d’habitat pour les animaux sauvage. Les arbres plantés ici serviront à la récolte annuelle

de noix diverses ainsi que pour le bois de construction, de chauffage, BRF. (Noisetier,

noyer, châtaigner, marronnier, ainsi que des espèces locales de conifères et de feuillus

divers)

� La zone V est un écosystème naturel (généralement un « bout » de forêt) où l’on ne

mettra les pieds que très peu souvent. Elle sera laissée dans son état originel et ne sera

pas dérangée. Elle sera constituée uniquement de plantes pionnières typiques de la

région, de l’altitude, etc. C’est ici que se trouvera notre « école », où l’on cherchera à

comprendre les subtilités d’un écosystème stable et diversifié.

4 Voir « contours » en page 16

Figure 3 - Répartition théorique des zones (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Exemples de répartition des

zones

En permaculture, les « exemples-type »

n’existent pour ainsi dire pas du tout. En effet, les

exemples des répartitions seront autant variés qu’il y

aura de terrains différents. Néanmoins, la logique reste

la même : s’épargner de l’énergie. Les trois pages qui

suivent illustrent des cas très différents.

Aussi, force est de constater que la

permaculture est applicable presque partout.

Evidemment, certains types d’habitation auront un

espace insuffisant à l’insertion des cinq zones,

cependant, il y possibilité de créer des zones I

extrêmement productives sur des balcons

d’immeuble…

Figure 4 – Zonage d’un immeuble (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Figure 5 – Répartition des zones dans un « perma-quartier »

(Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Figure 6 – Zonage pur une parcelle de 2500 mètres carrés (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Les effets de bordures

Les milieux les plus productifs et diversifiés se trouvent très souvent dans les enjambements

de deux écosystèmes différents. On les retrouve par exemple naturellement dans les lisières de

forêts, les bords de rivières, les rives des lacs ou des étangs, les oasis dans les déserts, les mangroves,

les récifs de corail, les carrières abandonnées, etc.

Dans ces zones où la biodiversité explose, des plantes de différentes tailles s’entrelacent et

s’agencent en couches successives :

En permaculture, on appelle ce phénomène « l’effet de bordure ». Le permaculteur peut ainsi

bénéficier de la productivité d’écosystèmes en créant des forêts comestibles : mélanger les

différentes couches lui permet d’être ultra-productif tout en établissant un écosystème qui se suffise

à lui-même. Son entretien est géré « automatiquement » par la faune et la flore qui la composent.

Figure 7 (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

Figure 8 (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Contours et gestion de l’eau

En permaculture, établir un contour signifie que l’on va

se baser sur les courbes de niveau naturelles d’un terrain afin

d’en retirer certains avantages évidents.

L’établissement d’un contour est fortement lié à la gestion de l’eau sur un terrain. Comme tout

fluide qui se respecte, l’eau possède plusieurs caractéristiques intrinsèques en lien avec la

topographie d’un site :

� En toute logique, l’eau s’écoule par gravité, du haut vers le

bas (et oui).

� Vu de profil : un relief est formé de formes concaves et de

formes convexes. La jonction entre ces 2 courbes s’appelle

le point clé. L’eau aura la propriété de ruisseler sur

la portion convexe d’un site et a contrario d’infiltrer

le sol sur les parties concaves.

� Vu du ciel : l’eau s’écoule toujours à 90° d’une

pente. Elle aura donc tendance à s’accumuler dans

les combes et à se disperser sur les crêtes. (On

remarquera d’ailleurs que les vallons/vallée sont

verdoyantes et humides tandis que les crêtes sont

généralement plus nues et dépouillées)

En se basant sur ces particularités, il sera possible de créer un design fonctionnel capable de

retenir l’eau le plus longtemps sur terrain avant qu’elle ne le quitte, même sans la présence originelle

de ruisseau. On appelle cela la « néguentropie hydrologique » d’un site.

La mise en place de baissières (peut-être plus connues sous son anglicisme « swale ») est sans

doute la méthode la plus efficace de rétention en infiltrant des millions de litres d’eau par année de

manière équitable sur tout sa longueur. Elles peuvent à moyen terme créer des sources en aval

(remplissage des nappes phréatiques). (Attention cependant si vous habitez un quartier d’habitation, car

l’infiltration de très grande quantité d’eau peut infliger de gros dégâts aux fondations des maisons voisines en aval…)

Une baissière peut relier des étangs, des rivières, ou encore remplir des citernes de réserve (…) et

ainsi favoriser la néguentropie de l’eau sur le site. Une baissière est également un support de culture

de reboisement rapide5. Sur la page suivante, on constate que son élaboration est assez simple en

pratique.

L’application des contours ne s’arrête pas à l’élaboration de baissières : elles sont également

applicables aux plates-bandes d’un jardin potager, à des cheminements d’accès au sein de la

propriété (comme le chemin est plat, on dépense très peu d’énergie), à des routes, etc

5 Implantation de forêts comestibles (voir p.15)

Figure 9 (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

Figures 10 et 11 (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction &

Guide Pratique »)

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Figures 12 – Excavation d’un swale (baissière) (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Évidemment, la gestion de l’eau sous-entend également de corriger sa consommation

personnelle. Là aussi, un grand nombre d’alternatives existent : toilettes sèches, roselières (phyto-

épuration des eaux noires et grises),…

Il est également important de faire des réservoirs d’eau en prévision des périodes plus sèches

(en évitant au passage de gaspiller de l’eau potable). Ils peuvent être de différentes formes : citernes

de récupération d’eau du toit, étangs,… Comme l’illustre l’image suivante, la gestion de l’eau laisse

une grande part d’imagination et de liberté d’action tout en obéissant à des lois physiques :

Figure 13 – Roselière à gravier (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

Figure 14 – Utilisation de l’eau par la gravité (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Techniques

Techniques permaculturales : anticipation ou retour en arrière ?

La permaculture semble parfois paradoxale dans sa manière d’envisager ce qu’on pourrait

appeler le « progrès technique » en se montrant à la fois innovante et rétroactive. Innovante dans la

manière d’aborder les problèmes et les solutions ; rétroactive dans la manière de les pratiquer.

Se préparer à l’après-pétrole

Il est vrai (même évident) que la permaculture renverse significativement les dogmes de

l’agriculture moderne industrialisée. Celle-ci (étant presque totalement mécanisée) est inféodée à

l’utilisation de pétrole. Suivant les cas, on estime une dépense moyenne de 10 calories fossiles pour 1

calorie alimentaire cultivée. Pas besoin d’être éminent scientifique pour comprendre que baser tout

son système alimentaire sur une ressource polluante sur le point de disparaître (aux environs de

2050 suivant les études) risque de nous mener à des situations désastreuses et complexes dont il

sera difficile de sortir6…

La permaculture est l’une des raisons d’espérer en une civilisation de l’après-pétrole. Car non

seulement elle éradique (ou du mois, elle limite fortement) l’utilisation d’engins mécaniques, mais

elle nécessite également beaucoup moins de main-d’œuvre. Dans un écosystème productif achevé,

la principale intervention des permaculteurs se fera lors de la récolte. Tout le travail de fertilisation et

d’entretien se fera par l’écosystème lui-même (animaux, plantes, insectes, etc.)7

La biodiversité amène la stabilité

La vision classique que l’on se fait souvent d’une production alimentaire est celle d’une

agriculture séparatiste. Le verger, le poulailler, le champ de céréales ou encore la porcherie : tout est

rangé en compartiments bien distincts. L’agriculture productiviste moderne ne fait qu’exacerber la

tendance.

Or, une monoculture est par définition un terrain propice à l’apparition des phytophages, et

donc à l’utilisation des pesticides. Quand un doryphore voit s’étaler devant lui plusieurs hectares de

pomme de terre, il se lèche les babines et « fonce dans le tas »… Même un simple alignement dans

un potager risque d’attirer les prédateurs. De plus, les traces de pesticides dans l’alimentation est un

sujet qui fait la rage de beaucoup, sans compter leur implication dans l’effondrement des

6 Conférence de Jean-Marc Jancovici le 9.2.2012 à l’ENS : « Gérer la contrainte carbone : un jeu

d’enfant ? » : http://savoirsenmultimedia.ens.fr/expose.php?id=572 et http://youtu.be/ujMeB7irXcs 7 Comme expliqué dans « définition des zones » en page 10

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populations d’abeilles. L’image d’ouvriers chinois « pollinisateurs » a déjà provoqué l’indignation

d’une grande partie de l’opinion publique8.

En mélangeant allégrement toutes les plantes cultivées, le prédateur ne sait plus où donner de

la tête : l’assortiment des différentes couleurs et odeurs sur un petit espace lui complique vraiment

la tâche… De plus, la diversité de plantes favorise l’apparition d’autres insectes, et c’est tout un

mécanisme d’autorégulation naturel qui va se mettre en place. Malgré le chaos apparent, la stabilité

règne.

Les 4 grandes « non-pratiques » du permaculteur

Pas de labour

Quand on parle de travail du sol, la première image qui nous vient à l’esprit est celle du labour

et autres bêchages laborieux et pénibles. Il existe pourtant une alternative outrageusement simple à

ce travail fatiguant : ne pas le faire.

Le sol n’est pas un support minéral inerte. C’est un milieu organo-minéral d’un équilibre fragile

qu’il est très simple de rompre. Dans un sol, l’activité des micro-organismes, insectes, champignons,

vers, et rongeurs constitue un rôle crucial de cet équilibre. Tout a un rapport entre ce qui est digéré

et ce qui est excrété. Les plantes ne pouvant absorber que des éléments minéraux, elles dépendront

donc directement de toute la vie qui se déroule autour d’elle dans le sol, via la décomposition.

8 Documentaire captivant au sujet des abeilles : « More Than Honey » (automne 2012) de Markus

Imhoof (CH)

Figure 15 - Comparatif visuel (photo de couverture de la page Facebook de « permaculture Magazine » : https://www.facebook.com/PermacultureMag)

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C’est cette partie organique qui fera le travail d’aération et de fertilisation du sol. En faisant

confiance à ses habitants et en laissant la matière organique se décomposer sur place (feuilles

mortes, brindilles sèches,…) le sol devient de plus en plus fertile chaque année.

En revanche, le labour profond perturbe l’activité des micro-organismes anaérobies (ceux

résidant en profondeur et ne consommant pas d’oxygène) et aérobies (ceux de la superficie qui

quant à eux ont besoin d’oxygène pour vivre). Le contact direct avec l’air, le soleil et la pluie

provoque également une minéralisation rapide de l’humus9 (dégageant du CO2) ainsi qu’un fort

lessivage10.

Pas d’engrais chimiques

La faune du sol peut travailler de manière optimale et enrichir la terre sii elle n'est pas

perturbée par des apports extérieurs. Les engrais (chimiques) ont de nombreux effets pervers :

� Ils ne respectent pas la physiologie et la vitesse de croissance des végétaux. Si on

augmente leur vitesse de croissance, ils se trouvent fragilisés et donc plus sensibles aux

maladies et insectes, d'où la nécessité de recourir à une protection extérieure artificielle.

� De plus, les engrais ne se contentent souvent que d'apporter des composants majeurs

(NPK) en négligeant les éléments secondaires (oligo-éléments) qui sont pourtant

nécessaires à la plante et à la qualité de la production.

� Ils sont issus de la pétrochimie, donc non durables11.

� Épandre des engrais chimiques, c’est rompre ces liens précieux entre le sol et les

végétaux. Certes ils nourrissent les plantes, mais paradoxalement, ils dégradent le sol en

rompant les liaisons chimiques et biologiques à l’équilibre délicat. À long terme, la terre

est dépouillée, lessivée, morte, et ne retient plus l’eau. Conséquence : quand il ne pleut

pas, il y a sécheresse ; et quand il pleut, il y a des inondations et les rivières sont

souillées par la boue issue de l’érosion des terres. C’est un exode des composants

précieux du sol

Pour cultiver sans engrais, il faut ainsi pratiquer le retour à la terre des parties des plantes

inutilisées après la récolte. Tout ce qui sort du sol doit retourner au sol pour respecter le cycle12.

9 Substance noirâtre issue de la décomposition partielle de la matière organique

10 Livre : « Guide du nouveau jardinage sans travail du sol, sur couvertures et composts végétaux » de

Dominique Soltner, ayant donné le nom à la méthode dite « Soltner » 11

Cf. p.19 12

Conférence de Claude Bourguignon le 10 déc 2010 : « Où va le monde ? Un état des lieux de la planète en 2010 » à l’invitation d’Yves Cochet, député de Paris. http://youtu.be/CGZtf_Srkqo

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Pas de pesticides

Comme expliqué en page 19, l’utilisation forcenée de pesticides a été induite par le

déséquilibre des grandes monocultures industrielles. Les pesticides chimiques posent de nombreux

problèmes bien connus : accumulation et concentration des résidus le long de la chaine alimentaire,

induction d'une sélection d'insectes résistants aux traitements nécessitant des épandages toujours

plus fréquents, pollution de l'eau et de l'air...

Dans un système polycultural et diversifié, la population de ravageurs est auto régulée car

ceux-ci ne sont que le maillon de la chaine alimentaire. Les haies, mares et autres refuge permettent

aux auxiliaires (les « prédateurs » des ravageurs) de jouer leur rôle. Une rotation judicieuse et une

association intelligente des cultures permettent bien souvent à la population de ravageurs de rester

sous le seuil de nuisance réel.

Pas de sarclage

Existe-t-il vraiment des mauvaises herbes ? La pratique du non-labour nous montre qu’une

couverture du sol est toujours bénéfique. En effet, comme toutes plante normalement constituée, la

« mauvaise herbe » possède des racines qui pénètrent le sol, l'aèrent, l'ameublissent et

l'enrichissent.

L'observation est de mise : les « mauvaises herbes » peuvent être d'excellents indicateurs à

différents titres (structure, humidité et pH du sol, type de culture favorable sur cette parcelle...).

Lorsque les mauvaises herbes posent des problèmes réels, il convient de les éliminer grâce à d'autres

herbes qui les concurrencent plutôt que de gaspiller de l'énergie à les arracher à la main. Comme

pour les ravageurs, les équilibres entre les différentes espèces viennent réguler les débordements.

Afin d’éviter l’ambiguïté et la dévalorisation des « mauvaises herbes », l’utilisation du terme

« végétation spontanée », désignant une flore locale s’implantant sans intervention humaine, semble

plus justifiée.

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Figure 16 – Comparatif explicatif (Laurent Schlup, « Permaculture, Introduction & Guide Pratique »)

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Ethique&Identiteculturelle

Compétition VS coopération : quel chemin choisir ?

À une époque où la réussite personnelle et l’esprit de compétition sont devenus le principal

moteur de notre économie et de notre standard de vie actuel, la permaculture donne quant à elle

une vision neuve de notre manière de fonctionner en société, en privilégiant des systèmes

coopératifs.

La nature est elle-même fortement coopérative, et beaucoup plus qu’on ne le pense. Les

systèmes compétitifs sont en fait des processus d’autorégulation qui ont lieu surtout dans le règne

animal (c’est la loi dite « du plus fort »). Par exemple : Les lions se nourrissent d’antilopes, mais ils

sont entièrement dépendant d’elles. Si les lions les mangent toutes, ils mourront logiquement de

faim. Ainsi, la compétitivité ne doit pas être malsaine, mais contrôlée. Tout le reste, c’est de

l’entraide à l’état brut, au travers de symbioses et de mise en place d’écosystèmes par exemple.

Sur le plan humain, chacun dépend de l’autre, et chaque connaissance particulière est

bénéfique pour tous. La personne qui sait semer n’est pas forcément bon cuisinier, et vice versa.

C’est sur cette piste-là que va fonctionner notre système sociétal en permaculture.

Des centaines d’alternatives concernant nos modes de vie existent déjà, et la plupart sont

applicables à un système permacole ! Dans ce chapitre, seulement certaines d’entre elles seront

abordées.

La sobriété heureuse

Appelée aussi « simplicité volontaire », « décroissance » ou encore

« frugalité choisie », la sobriété heureuse est une philosophie (et un mode

de vie) consistant à se défaire des valeurs matérielles et consuméristes dans

lesquelles nous baignons en vue de mener une vie davantage ciblée sur des

valeurs dites essentielles en privilégiant la richesse intérieure.

La sobriété heureuse part du constat que l’on peut tout à fait vivre mieux avec moins, c’est un

processus individualisé pour s’alléger la vie de ce qui nous encombre.

Réduire sa consommation domestique, cultiver un potager, privilégier le temps gagné plutôt

que son compte en banque, se déplacer à vélo, diminuer l’éclairage, (…) sont autant de démarches

relatives à une sobriété heureuse13.

13 Quelques ouvrages s’y rapportant : « Vers la sobriété heureuse » de Pierre RABHI, « La simplicité

volontaire, plus que jamais… » de Serge MONGEAU, « La voie de la simplicité » de Mark A. BURCH

Figure 17 - Pierre Rabhi (Google image)

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Les ACPs

Les ACPs (Agriculture Contractuelle de Proximité) sont un bon

exemple du respect des valeurs humaines. L’ACP est un partenariat entre

une ou plusieurs ferme(s) locale(s) et un groupement de consommateurs

qui désirent manger autrement et soutenir une agriculture de proximité.

Ce type d’organisation existe dans beaucoup de pays sous des formes plus ou moins proches :

� Association pour le Maintien d’un Agriculture Paysanne (AMAP) en France

� Community Supported Agriculture (CSA) pour les pays anglophones

� Agriculture soutenue par la communauté (ASC) au Québec

� Groupes d'achats solidaires de l'agriculture paysanne (GASAP) en Belgique

� Teikeis au Japon

� Landwirtschaftsgemeinschaftshof en Allemagne

Objectifs pour les consommateurs et les producteurs

� Participer au développement d'une agriculture durable basée sur le concept de

la souveraineté alimentaire (productive, locale, rentable, socialement et

économiquement équitable et préservant l'environnement).

� Renforcer les liens entre les producteurs et consommateurs.

� Proximité géographique et humaine.

Comment ça marche ?

Une fois par mois (par exemple), le producteur prépare ses « paniers », et les partage

équitablement en fonction de la récolte à l’aide de bénévoles de l’association en question, puis les

consommateurs viennent acheter chacun leur tour leur panier de légumes frais.

Le consommateur est donc tributaire des produits de la récolte. En revanche il (ré)apprend à

manger « de saison » et découvre des saveurs et des variétés de fruits et légumes que l’on ne trouve

que très (trop ?) peu dans les supermarchés.

Dans un système où les réseaux de distribution se jouent de ses producteurs (on pensera par

exemple à la problématique du lait), l’AMAP se présente comme une alternative respectueuse des

valeurs humaines, tant pour le producteur que pour le consommateur.

� http://www.acpch.ch/ (Suisse)

� http://www.reseau-amap.org/ (France)

Figure 18 – Panier (lamapcaudaise.e-monsite.com)

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Les SELs

Les Système d’Échange Local (ou SELs) sont des associations dont le but est de s’échanger des

services et de compétences de manière souple et conviviale. Les offres et les demandes sont

coordonnées et permettent aux membres de se rencontrer et de valoriser leur savoir-faire. La

particularité d’un tel système est que les services sont rémunérés à l’intérieur de l’association par

une monnaie créée à cet effet et dont la valeur est fixée par rapport au temps (1h = 60 « grains » de

SEL par exemple)

Les SELs sont nés au Canada dans les années 80. Le but recherché par les initiateurs était de

réinsérer dans la vie économique des personnes laissées pour compte. De cette manière, tout le

monde peut accéder à un certain nombre de services en échange du leur, tout en renforçant le lien

social. Tout cela malgré la précarité et le chômage omniprésents.

Le premier SEL de France vit le jour en 1994 à Ariège. À ce jour, des centaines de SELs virent le

jour, regroupés en associations et chacun d’entre eux a son propre mode de fonctionnement.

Quelques adresses utiles en région fribourgeoise :

� www.sel-suisse.ch

� enlien.ch

� www.selbulle.ch

� seljogne.ch

� seldelamoliere.ch

Le Wwoofing

WWOOF est l’acronyme de « World-Wide Opportunities on Organic Farms », à savoir

« opportunités dans des fermes bio du monde entier». Le principe du wwoofing est très simple : il

permet de partir dans un pays étranger et d’y être nourri et logé en échange d’un petit coup de main

au sein d’une ferme bio ou permacole. C’est une manière de voyager autrement et de façon

économe, car aucune transaction financière n’est en jeu. Né en Angleterre, ce mouvement alternatif

s’est développé dans le monde entier. Une aventure où les maîtres mots sont l’échange, les

rencontres et la protection de l’environnement.

� http://www.wwoof.org (organisme internationnal)

� http://zapfig.com/wwoof (Suisse)

� www.wwoof.at (Autiche)

� www.wwoof.fr (France)

� www.wwoof.it (Italie)

� etc

Figure 19 – Wwoofing à Terenos, Bolivie (marieraph.blogspot.ch)

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Incroyable comestibles, potagers urbains et Guerilla

Gardening

Les démarches citoyennes de reverdissement des villes sont nombreuses. Parmi elles, on

retrouve le mouvement des Incroyables Comestibles (« Incredible Edibles » en anglais), les potagers

urbains, et la pratique de la Guerilla Gardening.

« Incroyables Comestibles » n’est pas à proprement parlé de la permaculture, mais elle mérite

une attention particulière.

Le mouvement est né en Angleterre, dans une petite ville du nom de Todmorden, où un

groupe de citoyens sans terre commencèrent à remplacer les géraniums et autres chrysanthèmes par

des légumes et des plantes comestibles, l’idée étant de transformer les aménagements stériles de la

ville en potager.

Aidés par le maire de l’époque (qui trouva l’idée géniale), des légumes poussent maintenant

partout où cela est possible : sous les arbres d’avenue, dans les parcs, devant les bâtiments

administratifs, dans les écoles, et même… dans le cimetière !

Désormais, une grande partie de la population cultive son petit carré de terre accompagné

d’une pancarte « Food to share » (« nourriture à partager »), laissant librement les passants se servir

et se servant librement chez ses voisins. Todmorden est aujourd’hui autosuffisant alimentairement

et a généré une économie locale à 83% (!) via un système d’auto-alimentation éthique, transparent,

solidaire et co-responsable.

Dans la même ligne d’idée, créer potagers urbains consiste à re-végétaliser des terrains vagues

à l’abandon à l’aide de matériaux de récupération. La pratique de la guerilla gardening (guérilla

jardinière) consiste quant à elle à se regrouper entre amis, sacs de semences à la main, et de rétablir

la biodiversité dans la ville.

� www.incredible-edible.info/ (site pilote)

� Google Map dynamique (voir figure 20 ci-dessous)

Figure 20 – Les Incroyables comestibles sont très actifs en Angleterre et en France https://maps.google.co.uk/maps/ms?hl=en&ie=UTF8&source=embed&oe=UTF8&msa=0&msid=202531131044232307167.00047a6716e90d2b443d4

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Conclusion

Au terme de ce travail personnel, je ne cache pas ma frustration vis-à-vis de tous les sujets que

j’aurais pu encore aborder. En effet, il y aurait encore beaucoup à parler :

� les types d’habitation (maisons en paille, « earthships », chauffage solaire passif,…)

� les associations de plantes, les jardins mandala (rotation des cultures)

� les plantations brise-vent

� la construction de mini-éoliennes à axe vertical (à bas prix)

� les composts (actif, passif, thermophile, vermicompost…)

� les bois raméaux fragmentés (BRF)

� La méthode « Jean Pain » (biogaz et chauffage passif à l’aide d’un compost)

� les toilettes sèches

� etc. etc.

Chacun des sujets évoqués dans ce travail aurait de quoi remplir plusieurs livres à eux seuls,

raison pour laquelle tous n’ont pas pu trouver leur place ici. J’espère néanmoins que ce petit ouvrage

aura pu susciter le même intérêt que moi à pratiquer la permaculture.

À partir du moment où l’on jette un œil à la permaculture, difficile d’en détourner le regard.

On se met alors à réfléchir plus sérieusement à un système basé sur l’entraide communautaire et

l’autosuffisance alimentaire sans craindre d’avoir l’air d’un « petit utopique » considéré souvent

comme trop éloigné de la réalité… L’abondance et la réussite des alternatives permaculturelles sont

justement la preuve de leur fonctionnalité et de leur efficacité.

Au vu des problèmes que rencontre notre société actuelle, la permaculture nous donne une

véritable bouffée d’optimisme !

Grégory Meige

Figure 21 – Institut de permaculture des Kootenay Image trouvée sur Google image

(http://www3.telus.net/permaculture/InstitutdePermaculture.html)

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Sources

Toutes les sources ont été citées au fil des pages.

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Annexes

Interview de Catherine Rouiller

En plus d’être ma marraine, Catherine est également diplômée de l’Ecole Lyonnaise des

Plantes Médicinales. Elle nous fait part de son intérêt pour ces plantes, nous explique leur utilité et

nous parle de ses expérience. Bien qu’elle n’en sache que très peu sur la permaculture au moment

de l’interview, je fus étonné de constater qu’elle en applique cependant les principes tous les jours

dans son jardin d’herbes médicinales (inconsciemment et de toute bonne foi !)

Grégory : D’où vient ton intérêt pour les plantes médicinales (PM) ?

Catherine Rouiller : Mes premiers souvenirs remontent à ceux de ma grand-mère valaisanne

qui partait chercher quelques plantes (dont le casse-lunette, l’ortie,..) lorsqu’elle montait aux

mayens. Vient ensuite un grand « vide ». J’avais cependant toujours un intérêt pour les plantes

ornementales, il y avait des plantes partout chez moi. Passé mes trente ans, j’ai habité un immeuble

où j’ai abandonné mes tagettes et autres pétunias pour agrémenter mon balcon d’arbustes, tomates,

salades, et autres petits légumes. Puis, quand je me suis installé ici à Chatonnaye, je suis tombée

totalement amoureuse à l’idée de faire un jardin qui joigne l’utile à l’agréable. C’est ainsi qu’a grandi

mon intérêt pour les PM. J’ai donc passé un diplôme à l’École Lyonnaise des Plantes Médicinales. J’ai

fait beaucoup de marchés depuis (pratique illégale aux yeux de la loi [rire])

G. : Vendre des PM est illégal ? Peux-tu m’en dire plus ?

CR : Il se trouve qu’en Europe, les entreprises pharmaceutiques et chimiques ont commencé à

« breveter le vivant ». Par exemple, il y a eu tout un scandale en France avec Eric Petiot, qui vendait

ses purins d’ortie et qui a été mis en poursuite. Il n’avait pas le droit d’en vendre, car c’était de la

« concurrence déloyale » envers les grandes entreprises de la chimie… À quelque part, continuer à

faire ses purins – même à petite échelle – c’est lutter contre ces entreprises qui ne nous propose que

leur gamme de produits néfastes (contre les plantes, les abeilles, les coccinelles et nous-mêmes). En

Suisse par exemple, il existe une plante du nom d’aubépine (grande PM pour le cœur), et s’il te

venait l’idée d’en vendre, tu peux être poursuivi avec des amendes allant jusqu’à 500'000, parce que

cette plante « apartient » à SwissMedic. De la même manière, tu n’aurais pas d’y mettre l’étiquette

« tisane », car le terme (même s’il est dans le dictionnaire) est aussi leur propriété…

Personnellement, je trouve la situation à la fois absurde et catastrophique…

G. : Quel serait l’intérêt de cultiver des PM chez soi ?

CR : Le premier intérêt – le plus logique – c’est pour se soigner soi-même. Avec les plantes

(même sauvages) qui poussent dans un jardin, il y a de quoi soigner presque toute les maladies

connues. Le deuxième intérêt est que ces plantes ne vont pas seulement soigner les humains, mais

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aussi les autres plantes, et de manière très efficace. À partir de plantes, on peut par exemple faire

des purins (ortie, consoude, absinthe, tanaisie…), ou encore des infusions, des décoctions que l’on va

pulvériser sur les autres plantes. Le troisième intérêt est qu’il y aura beaucoup de plantes destinées à

l’amélioration du compost. Un intérêt de plus sera pour les abeilles, car les PM sont très mellifères.

Et puis également un intérêt purement visuel : les PM, c’est vraiment beau !

G. : En permaculture, on recherchera toujours à mettre en valeur toutes les qualités et les

caractéristiques d’un élément que l’on place dans le jardin. Est-ce le cas dans un jardin de PM ?

CR : Alors prenons l’exemple de l’ortie : elle se mange (ça fait une très bonne soupe), c’est une

très bonne PM au niveau des sels minéraux, c’est une très bonne plante pour faire des purins, c’est

une très bonne plante pour nourrir les chenilles (les papillons sont d’excellents pollinisateurs), c’est

une très bonne plante pour faire un compost, et à grande échelle, on fabriquait dans le temps des

cordes car elle est riche en fibre. Toujours chercher plus loin, plus loin, plus loin… Chaque plante a

son rôle à jouer !

G. : Que penses-tu du jardin conventionnel de « monsieur tout-le-monde » ?

CR : J’ai fait mon mémoire sur les PM dans les jardins paysans, et j’ai été surprise de constater

que les gens en avaient de moins en moins. Ce que l’on trouve de plus en plus en revanche, c’est des

jardins tirés au cordeau, bien carrés, bien symétriques, style « Versailles », très esthétiques (et

encore, ça se discute…) et très peu productifs. J’ai tout de même rencontré quelques paysannes qui

plantaient des médicinales au milieu des carottes, qui mélangeaient les plantes et ça rendait leur

jardin beau et en bonne santé. À mon avis, il y aurait beaucoup de choses à réapprendre comme

réintégrer les plantes sauvages… Probablement à l’image des jardins du Moyen-Âge, car sous

Charlemagne, il y a eu une obligation de planter un certain nombre de PM chez tous les propriétaires

de jardin. (Mais bon, c’est le Moyen-Âge ! [rire])

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Interview de Laurent Schlup

Laurent Schlup, auteur de « Permaculture, Introduction & Guide Pratique » (paru en

novembre 2012, disponible ici : http://kangaroots-permaculture.weebly.com/publication.html),

nous explique son point de vue sur la permaculture et sur la situation actuelle de l’agriculture.

Grégory : Quel est, selon toi, la définition de la permaculture ?

Laurent Schlup : La permaculture est une science de design qui se base sur des éthiques

humaines. C’est une caisse à outils qui nous permet d’organiser tous les concepts de notre vie, qu’il

s’agisse de la production alimentaire, la consommation d’eau, d’énergie pour les bâtiments… Ça

touche au social, à l’économie, à la politique. C’est une manière d’organiser tous ces sujets en

synergie, à l’inverse du conventionnel où ces sujets sont en fait séparés et traités individuellement, et

ne s’intéressent finalement pas aux autres. L’agriculture – telle qu’elle est pratiquée actuellement – a

des demandes d’intrants incroyables, alors qu’en organisant justement cette synergie, on arrive à

avoir un système qui se suffise à lui-même. Les déchets d’un élément peuvent subvenir au besoin

d’un autre naturellement.

G : Pour quelles raisons un agriculteur conventionnelle aurait actuellement intérêt à se lancer

dans un design de perma-culture ?

LS : La première chose qui me vient à l’esprit, c’est le fait qu’on attend des paysans qu’ils

puissent sauver la monde de la famine, alors qu’un agriculteur n’est même pas capable de subvenir

de sa ferme lui-même… Le fait aussi que l’agriculture actuelle se définit généralement comme une

production, sur un terrain, avec une récolte ; la permaculture c’est une diversification de production,

des périodes de récoltes variées, une démultiplication des rendements sur les surfaces (car on ne

travaille pas uniquement sur des surfaces horizontales, mais aussi sur les verticales) dans un système

qui soit justement autogéré. On va suivre l’exemple des écosystèmes forestiers, qui sont les plus

productifs de la planète, et qui fonctionnent depuis des millions d’années. L’agriculture

conventionnelle cherche à garder la nature en-dehors du système pour une production unique,

tandis qu’un écosystème a une production constante d’une multitude de produits.¨

G : On entend beaucoup parler de ces agriculteurs désireux de passer au bio, se rendant

compte des quantités faramineuses d’intrants à acheter, à épandre… Est-ce suffisant ? En quoi le bio

diffère-t-il de la permaculture ?

LS : Ici en Suisse, beaucoup de personnes se sont mises à acheter du bio au supermarché.

Seulement, il s’agit pour la plupart de produits importés, dont les agriculteurs (bios, certes) se

trouvent de l’autre côté de la planète… Ils produisent des fruits et légumes hors saison sous nos

latitudes. Aussi – malgré le fait que ce soit bio, produit sans chimie, etc – ça reste d’immenses

monocultures travaillées mécaniquement. Il faut compter aussi le transport, le stockage et la

transformation du produit (où a lieu un gaspillage faramineux…). De plus, on produit en Suisse les

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mêmes fruits et légumes que l’on exporte ailleurs. Mais le plus dingue dans tout ça, c’est que ça

coûte moins d’acheter le produit importé que le produit de la région… Nous sommes faces à une

situation complétement paradoxale.

La permaculture aura également l’étiquette « bio ». La différence réside dans le fait que le bio

conventionnel s’arrête à une production alimentaire, alors que la permaculture prendra en compte

toute l’énergie des bâtiments, celle qui traverse les terrains, sans pour autant oublier les aspects

sociaux et éthiques… donc ça englobe énormément de sujets, alors que le bio se résume à la simple

production alimentaire. La permaculture est un recueil de techniques (et d’éthiques) dont le bio en

fait partie.

G : Tu as dit au début de l’interview que la permaculture touchait également au « social ».

Pourrais-tu m’en dire plus ?

LS : Une des premières choses dont il faut se rendre compte est qu’en permaculture, les

travaux seront effectués manuellement, le but étant de recourir le moins possible aux machines. Si la

fin du pétrole est inéluctable, mieux vaut s’en passer tout de suite pour mieux s’adapter quand cela

arrivera. Cela demande forcément plus de travail (lors des récoltes principalement), et va donc

naturellement générer de l’emploi. De plus, grâce à la diversité des récoltes que peux produire une

seule ferme, on va pouvoir créer un système plus ou moins autonome, et ainsi relocaliser des

productions diversifiées sur de petits territoires, en valorisant les échanges de marchandises, de

connaissances, de matériaux, de semences, de techniques particulières… L’établissement de telles

« bio-régions » freine aussi drastiquement les importations longues distances et le travail à bas prix

que l’on trouve sur les autres continents. On peut également partir sur d’autres choses, comme les

jardins communautaires ou les fermes urbaines, où des personnes de tout bord se vont se rencontrer

et faire des échanges. En fait, l’aspect social réside surtout au niveau des échanges.

La notion de rendement est également à redéfinir : en permaculture, on ne va pas s’arrêter à

une quantité de tel produit que l’on aura récolté sur une telle surface, il y aura pleins d’éléments sur

notre terrain qui serviront d’abord l’intérêt de la pérennité naturelle du système que l’on a mis en

place. Le rendement sera certes un surplus de production, mais ce sera aussi ce qu’on laisse à notre

voisin, à la nature, à nos arrière-petits-enfants…

G : Nous vivons dans un monde régit par l’argent. Peut-on vivre d’un système permacultural ?

LS : À mon avis, la question n’est pas de savoir comment on peut vivre de la permaculture,

mais comment on fait pour vivre sans. Si l’argent a effectivement pris une importance primordiale

dans la vie des gens, il est en revanche essentiel d’axer le développement sur des systèmes

permaculturaux afin de couvrir leurs besoins primaires plutôt que sur des biens financiers spéculatifs

et éphémères, surtout en vue des périodes de crises qui risquent de s’installer. De plus, comme je l’ai

dit avant, les systèmes permaculturaux permettent la création d’économies locales. La permaculture

est non seulement possible, mais aussi absolument logique !

Page 34: Examen final eCG - Veille permacultureveille-permaculturelle.fr/wp-content/uploads/2017/08/tpa...10 Définition des zones Une fois les secteurs définis, il s’agira de planifier

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