etymologie du romanche dschember pinus c

1
Abstract 19.08.2012 CILPR XXVII, Nancy 2013 Rémy Viredaz, Genève Étymologie du romanche dschember “Pinus cembra” (résumé 18.11.2014) L’article complet (9 p.) paraîtra en 2016 dans la version en ligne des Actes du Congrès. D’où viennent le romanche ladin dschember /ǧembər/, sursilvan schiember /žiəmbər/ ‘arole’ et les formes nord-italiennes apparentées (AIS III, 571) ? La réponse commence par une restitution phonétique correcte du prototype. La voyelle tonique était *Ĕ et non *Ĭ, car le produit sursilvan est parallèle à celui de GĔNERUM et non de CĬNEREM ou CĬNGULUM. La consonne initiale était *G (et non *J ou *Z) au vu du romanche ǧ/ž. La finale était *-MBRUM (mot paroxyton) au vu de produits valtelinois comme Grosio ǧémbru (vs. ǧéner ‘gendre’), Livigno žembro (vs. téndar ‘tendre’ adj., d analogique). Le roumain zâmbru, zimbru ‘arole’ impose une restitution *GIĔMBRUM (et non *GĔ-) pour le romanche et les parlers italiens voisins ; cf. AXUNGIAM > osinză, suondscha/sunscha. Pour le roumain, nous n’avons pas pu déterminer si la forme ancienne est zâmbru < *GIAMBRUM ou zimbru <*GIĔMBRUM. En allemand, les formes normale zirbel(kiefer) et méridionale zirm ne sont pas parentes. zirbel n’apparaît pas avant le 16 e s., d’abord en composition (zirbelbaum, pour divers conifères, 1540+), puis isolément d’abord au sens ‘cône (de conifère)’ (1598+). Ce dérivé récent d’un verbe rare signifiant ‘tourner’ nous semble être un calque savant du grec στρόβιλος. zirm est attesté depuis le 14 e s., d’abord dans le composé cirnus ‘cône ou graine de pin’. Ce mot a subi diverses altérations, explicables si elles sont apparues dans des composés. Il serait étonnant que le roman alpin *ǧęmbru, ou plus tard *ǧiembru (type romanche) ou *ǧẹmbro (type dolomitique), n’ait été emprunté nulle part par l’allemand régional. Nous pensons donc que zirm n’est autre que cet emprunt (avec métathèse). Nous ne savons pas si la diphtongue des variantes zierm(e), zier(n) est ancienne. L’allemand zirm a été réemprunté au sud du Brenner, d’abord en *čirmo. Les formes romanes à initiale sourde, dont čembro (adopté par Mattioli et adapté par Linné en cembra), résulteront de compromis entre la forme indigène attendue *ǧẹmbro et l’emprunt *čirmo, puis entre les (nouvelles) formes locales et diverses formes allemandes. En résumé, le prototype latin régional doit être restitué comme *GIEMBRUM (Alpes orientales) et peut-être *GIAMBRUM (Carpates). Il reste maintenant à trouver son origine. Le mot rappelle le celtique *giam- ‘hiver’. L’arole est l’arbre qui supporte le climat le plus froid. On restituera peut-être un adjectif celtique *giam-ro- ‘celui du froid’, bien que l’on ne connaisse pas d’autres mots celtiques en roumain (à part ceux apportés par Rome). Le phytonyme a un homonyme en roumain, zâmbru/zimbru ‘bison’, identique à son tour au slavon zǫbrъ ‘id.’. Il est tentant de penser que l’étymologie est la même, auquel cas c’est le mot slave qui sera emprunté au roumain, par le bulgare, et non l’inverse.

Upload: kamy-g

Post on 27-Jan-2016

218 views

Category:

Documents


2 download

DESCRIPTION

Etymologie Du Romanche

TRANSCRIPT

  • Abstract 19.08.2012

    CILPR XXVII, Nancy 2013 Rmy Viredaz, Genve

    tymologie du romanche dschember Pinus cembra (rsum 18.11.2014) Larticle complet (9 p.) paratra en 2016 dans la version en ligne des Actes du Congrs.

    Do viennent le romanche ladin dschember /embr/, sursilvan schiember /imbr/ arole et les formes nord-italiennes apparentes (AIS III, 571) ? La rponse commence par une restitution phontique correcte du prototype. La voyelle tonique tait * et non *, car le produit sursilvan est parallle celui de GNERUM et non de CNEREM ou CNGULUM. La consonne initiale tait *G (et non *J ou *Z) au vu du romanche /. La finale tait *-MBRUM (mot paroxyton) au vu de produits valtelinois comme Grosio mbru (vs. ner gendre), Livigno embro (vs. tndar tendre adj., d analogique). Le roumain zmbru, zimbru arole impose une restitution *GIMBRUM (et non *G-) pour le romanche et les parlers italiens voisins ; cf. AXUNGIAM > osinz, suondscha/sunscha. Pour le roumain, nous navons pas pu dterminer si la forme ancienne est zmbru < *GIAMBRUM ou zimbru