etude sur les conditions de vie des menages ruraux …
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SynthèseD.PDFMINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE
LA
PECHE
PNUD
PROFIL DE LA PAUVRETE RURALE ET CARACTERISTIQUES SOCIO- ECONOMIQUES DES MENAGES RURAUX
SYNTHESE DES DEPARTEMENTS
INSTITUTIONNELLES ET DE GESTION (PRCIG)
ETUDE SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES RURAUX
(ECVR2)
ii
AVANT-PROPOS
L’étude sur le profil de la pauvreté et les caractéristiques socio-économiques des ménages ruraux s’inscrit dans le cadre des activités de l’Observatoire des ménages ruraux. L’Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages Ruraux (ECVR) a pour objectif de fournir aux décideurs des éléments de base nécessaires à la connaissance et à la quantification du phénomène de pauvreté en milieu rural. Elle se veut, un outil précieux dans la mise en œuvre de politiques en matière de lutte contre la pauvreté au Bénin.
Le présent document présente, pour la deuxième édition de l’ECVR réalisée entre Mars 1999 et février 2000, la version révisée de la synthèse des résultats des départements suivant le nouveau découpage administratif. Il a été rédigé en version préliminaire par Monsieur Yves AJAVON puis finalisé par Monsieur Cosme VODOUNOU avec la collaboration de Monsieur Ambroise AGBOTA qui a rédigé l’introduction. Le traitement informatique des données a été effectué par Monsieur Félix SESSOU puis repris par les consultants nationaux Cosme VODOUNOU, Epiphane ADJOVI et Assogba HODONOU.
Le document est le fruit des réflexions et concertations régulières et périodiques de nombreux cadres des directions techniques et des Directions de la Programmation, du Suivi et de l'Evaluation (DPSE) des six CARDER du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et la Pêche (MAEP), des cadres de la cellule technique de la Dimension Sociale du Développement (DSD) et de l'INSAE, du Ministère Chargé de la Coordination de l’Action Gouvernementale, de la Prospective et du Développement (MCCAG-PD), des consultants internationaux et nationaux avec le soutien technique et financier du PNUD et de la DANIDA.
Ont participé à ces séances de travail, de revue à mi-parcours et d'analyse des résultats de chacun des quatre passages :
- Messieurs les auteurs de ce document;
- Messieurs Soulé Manigui, Yves Ajavon, Edgard Didavi, Nazaire Ehoumi, Emmanuel Foudah, Luc Kpoffon et Sossou Biadja Grégoire de la DPP/MDR; Messieurs Pierre Basso et Roger N’kouei du CARDER Atacora; Messieurs Tabé Bio Séko, Taïrou Gnan Arouna Salifou du CARDER Atlantique; Messieurs Frédéric Biaou et Gaston Agossou du CARDER Borgou; Messieurs Nestor Gomido et Donatien Zola du CARDER Mono; Messieurs Séïdi Sahabi, Honoré Grimaud et Jean Kocou Tossa du CARDER Ouémé; Messieurs Hilaire Kotomalè et Jacques Davo du CARDER Zou;
- Messieurs Martin Gibril, Moussiliou Moustapha, de l'INSAE; Messieurs Ignace Allagnon et Ayi Padonou du MCCAG-PD;
Les auteurs tiennent à remercier Mesdames Rosine Coulibaly, Yvette Houngbo et Messieurs Eric Martin Corréa, Maurice Bankolé, Evariste Vigan, Eric Tossou et Eric Dadjo pour leurs commentaires et apports qui ont permis d'améliorer le contenu du document. Les remerciements vont également vers les nombreux enquêteurs et contrôleurs, le personnel du projet BEN/96/001 "Programme-Cadre de Renforcement des Capacités Institutionnelles et de Gestion" PRCIG du PNUD et tous les membres des nombreux ménages ruraux qui se sont prêtés à l'investigation.
iii
TABLE DES MATIERES
Pages Avant-propos ii Liste des tableaux. V Liste des graphiques et figures. Viii Listes des abréviations et sigles Viii Indicateurs de base de la pauvreté en milieu rural Ix Faits saillants Xi
0. INTRODUCTION 1 0.1. Contexte de l’ECVR.. …. 1 0.2. Objectifs ….. 2 0.3. Présentation du document 2
1. BREF APERÇU SUR LE BENIN …. 3 1.1. Délimitations.. 3 1.2. Caractéristiques démographiques 3 1.3. Caractéristiques agro-écologiques 3 1.4. Organisation administrative et vie économique. 4
2. INDICATEURS DE MESURE DE LA PAUVRETE EN MILIEU RURAL….. 4 2.1. RAPPEL METHODOLOGIQUE.. 4 2.1.1. Période de référence et Echantillon…. 4 2.1.2. Outils d’analyse.. 6
2.2. SEUILS DE PAUVRETE RURALE.. 7 2.2.1. Seuil de pauvreté alimentaire. 7 2.2.2. Seuil de pauvreté global. 11
2.3. INCIDENCE, PROFONDEUR ET SEVERITE DE LA PAUVRETE …..
15
15
2.3.2. Incidence de pauvreté rurale selon le SPG 20 2.3.3. Ratio du déficit des dépenses : Profondeur de la pauvreté. 24 2.3.4. Coefficient de contribution de chaque département à la pauvreté
nationale 25 2.3.5. Montant total de ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté
28 2.3.6. Pauvreté structurelle et pauvreté conjoncturelle sur la période
d’étude. 29
3. PROFIL DE PAUVRETE EN MILIEU RURAL ET CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES MENAGES AU REGARD DE LA PAUVRETE. 32
3.1. PROFIL DE PAUVRETE 32 3.1.1. Sexe du Chef de ménage 32 3.1.2. Taille du ménage 33 3.1.3. Age du chef de ménage 33 3.1.4. Statut de profession et branche d’activité du chef de ménage 34
iv
3.2. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES MENAGES AU REGARD DE LA PAUVRETE 36
3.2.1. Caractéristiques démographiques 36 3.2.2. Emploi des ménages ruraux 46 3.2.3. Revenus des ménages ruraux 48 3.2.4. Dépenses de consommation des ménages ruraux 49
4. ETATS NUTRITIONNEL ET SANITAIRE ET ACCES AUX SOINS DE SANTE DES MEMBRES DES MENAGES RURAUX 53
4.1. Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classification de Waterlow 53
4.2. Etat sanitaire des membres des ménages ruraux 60 4.3. Accès à l’eau potable et participation à la gestion et l’entretien des
infrastructures hydrauliques. 62
5. NIVEAU D’INSTRUCTION ET DE SCOLARISATION DES MEMBRES DES MENAGES RURAUX 68
6. CONCLUSION 70
LISTE DES TABLEAUX Pages
Tableau 2.1 Seuils de pauvreté alimentaire annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
9
Tableau 2.2 Seuils de pauvreté global annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
12
Tableau 2.3 Variation du seuil de pauvreté global entre 1994/95 et 1999/2000 par département
15
Tableau 2.4 Incidence de la pauvreté alimentaire par département et par passage 16
Tableau 2.5 Evolution de l’incidence de pauvreté selon le SPA entre 1994/1995 et 1999/00
17
Tableau 2.6 Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre 1994/95 et 1999/00
18
Tableau 2.7 Vulnérabilité à la pauvreté alimentaire par département et par passage 19 Tableau 2.8 Variation saisonnière de la vulnérabilité entre les deux périodes
d’édition de l’ECVR 20
Tableau 2.9 Incidence de la pauvreté globale par département et par passage 21
Tableau 2.10 Evolution de l’incidence de la pauvreté selon le SPG entre 1994/95 et 1999/00
22
Tableau 2.11 Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté entre 1994/95 et 1999/00
23
Tableau 2.12 Ratio du déficit des dépenses des pauvres par département et par passage
24
Tableau 2.13 Comparaison du ratio de déficit des dépenses entre 1994/95 et 1999/00 25 Tableau 2.14 Pauvreté, poids démographique et coefficient annuel moyen de
contribution du département à la pauvreté rurale globale 26
Tableau 2.15 Montant du déficit total à combler pour éliminer la pauvreté 29 Tableau 2.16 Pourcentage de ménages pauvres au cours d’un ou de plusieurs passages
par département 30
Tableau 2.17 Evolution de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les ménages retrouvés 31 Tableau 2.18 Dynamique de la profondeur de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les
ménages retrouvés 31
Tableau 3.1 Indices de pauvreté selon le sexe du chef de ménage 32 Tableau 3.2 Indices de pauvreté selon la taille du ménage 33 Tableau 3.3 Indices de pauvreté selon l’âge du chef de ménage 34 Tableau 3.4 Indices de pauvreté selon le statut de profession du chef de ménage 34 Tableau 3.5 Indices de pauvreté selon la branche d’activité du chef de ménage 35 Tableau 3.6 Indices de pauvreté selon le niveau d’instruction du chef de ménage 35 Tableau 3.7 Taille moyenne du ménage dans les départements selon la catégorie du
ménage 36
Tableau 3.8 Profil socio-démographique selon la taille au regard de la pauvreté 37 Tableau 3.9 Profil socio-démographique selon l’âge au regard de la pauvreté 39 Tableau 3.10 Nombre moyen d’actifs et d’inactifs et rapport de dépendance par
département selon la catégorie de ménage 41
Tableau 3.11 Comparaison des rapports de dépendance entre 1994 et 1999 42 Tableau 3.12 Profil socio-démographique selon le sexe du chef de ménage au regard
de la pauvreté 43
Tableau 3.13 Profil socio-démographique selon le niveau d’instruction du chef de ménage au regard d la pauvreté
45
Tableau 3.14 Répartition des membres de ménage de 8 ans et plus selon l’activité principale et les diverses catégories socio-économiques
46
Tableau 3.15 Principales activités et temps hebdomadaire moyen y consacré par les membres des ménages selon le département (en heure)
77
vi
Tableau 3.16 Revenu net annuel (FCFA nominal) par ménage et par équivalent - adulte selon le département
71
Tableau 3.17 Principales sources de revenu en milieu rural 73 Tableau 3.18 Dépenses globales trimestrielles (FCFA nominal) par équivalent -
adulte et par département 75
Tableau 3.19 Variation de la composition des dépenses globales de consommation entre 1994 et 1999 selon les catégories socio-économiques
50
Tableau 3.20 Niveau et composition des dépenses globales de consommation par équivalent – adulte selon les catégories socio-économiques
76
Tableau 3.21 Niveau et structure des dépenses de consommation non-alimentaire par équivalent-adulte des ménages ruraux
52
Tableau 3.22 Niveau et structure des dépenses de consommation non-alimentaire par équivalent-adulte selon les catégories socio-économiques des ménages ruraux
52
Tableau 3.23 Variation de la structure des dépenses de consommation non- alimentaire entre 1994/95 et 1999/2000 selon les catégories socio- économiques de ménage
53
Tableau 4.1(a)
Tableau 4.1(b)
Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classification de Waterlow Variation de l’état nutritionnel des enfants selon la classification de Waterlow entre 1994/1995 et 1999/2000 par département
55
57
Tableau 4.2 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans par le sexe et par département
59
Tableau 4.3 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon les catégories socio-économiques du ménage par département
59
Tableau 4.4 Pourcentage des membres des ménages ruraux ayant déclaré avoir été malades selon la catégorie socio-économique
61
Tableau 4.5 Recours aux soins en cas de maladie : type de choix de traitement 78 Tableau 4.6 Existence d’au moins un point d’eau public au village par département 63 Tableau 4.7 Sources d’approvisionnement en eau par catégorie de ménage selon la
saison en milieu rural 64
Tableau 4.8 Pourcentage de ménage selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio- économique et par département (saison des pluies)
64
Tableau 4.9 Pourcentage de ménage selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio- économique et par département (saison sèche)
65
Tableau 4.10 Contribution de la population dans la mise en place des infrastructures hydrauliques
66
Tableau 4.11 Principales raisons de non contribution de la population à la mise en place de l’infrastructure hydraulique
66
Tableau 4.12 Taux de participation des ménages dans l’entretien des infrastructures hydrauliques
67
Tableau 4.13 Principales raisons de non contribution de la population à l’entretien de l’ infrastructure hydraulique
67
Tableau 5.1 Niveau d’instruction des membres des ménages ruraux selon le sexe et par département
80
Tableau 5.2 Variation du niveau d’instruction des membres des ménages ruraux entre 1994/95 et 1999/00 selon la catégorie de ménage
68
Tableau 5.3 Taux de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des ménages ruraux 82 Tableau 5.4 Niveau de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des ménages ruraux
selon la catégorie socio-économique 83
Tableau 5.5 Niveau de scolarisation des membres de 5 à 14 ans des ménages ruraux selon la catégorie socio-économique
84
Tableau 5.6 Principales raisons de non scolarisation des enfants par sexe 85 Tableau 5.7 Principales raisons de non scolarisation des enfants selon la catégorie
socio-économique du ménage 86
Graphique 2.1 (a)
Graphique 2.1 (b)
Graphique 2.1 (c)
Graphique 2.1 (d)
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Nord-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Sud-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Centre-Bénin
9
9
10
11
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Nord-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Centre-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Sud-Bénin
12
12
13
13
Graphique 2.3 Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre 1994/95 et 1999/00
17
Figure 2.1 (a)
Figure 2.1 (b)
Figure 2.1 (c)
Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté globale entre 1994/95 et 1999/00
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P0
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P1
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P2
22
26
26
27
viii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
EBC Enquête Budget Consommation ECVR Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages Ruraux ELAM Enquête Légère Auprès des Ménages FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture INSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique MAEP Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement SPA Seuil de Pauvreté Alimentaire SPG Seuil de Pauvreté Global SPNA Seuil de Pauvreté Non Alimentaire UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
ix
1. Profil de pauvreté
Seuil de pauvreté alimentaire national 49257 FCFA/équivalent – adulte Incidence nationale de la pauvreté alimentaire 18.6% Départements les plus touchés Borgou, Atlantique, Plateau, Couffo Départements les moins touchés Zou, Mono Période critique : Septembre-Novembre 26.5%
Seuil de pauvreté global national 74297 FCFA/équivalent - adulte Incidence nationale de la pauvreté globale 31.2% Départements les plus touchés Couffo, Atlantique, Borgou, Plateau,
Donga Départements les moins touchés Mono, Zou, Atacora Période critique : Septembre-Novembre 51.6%
Ratio du déficit des dépenses 27.3% Départements ayant une forte profondeur de pauvreté Borgou, Couffo, Collines Départements contribuant plus à la pauvreté nationale Couffo, Borgou, Alibori Ressources nécessaires pour amener les pauvres au niveau du seuil de pauvreté global
58.1 milliards de FCFA
2. Démographie
Taille du ménage rural 7 personnes Taille moyenne du ménage rural non-pauvre 6 personnes Taille moyenne du ménage rural pauvre 8 personnes Taux de dépendance (proportion d’enfants de moins de 10 ans à charge/actif du ménage)
51.4%
Taux de dépendance du ménage non-pauvre 48.0% Taux de dépendance du ménage pauvre 53.0%
3. Emploi des ménages
Nombre moyen d’heures de travail dans un ménage rural 35 heures/seMaine par équivalent- adulte
Principales activités Par ordre décroissant : Agriculture (80% de ménages), Commerce (5%), Artisanat (4%)
4. Revenu net
Revenu net moyen dans le ménage rural 125491 FCFA/équivalent – adulte Département ayant le plus faible revenu net Donga (73393 FCFA/ équiv. Adulte) Département ayant le revenu net le plus élevé Atlantique (247498 FCFA/ equiv.
Adulte) Sources du revenu net Activités agricoles (41%), activités
non – agricoles (53%), autres sources (6%)
x
Dépense moyenne dans le ménage rural 100340 FCFA/équivalent-adulte Postes et importance des dépenses Dépenses alimentaires (70%)
Dépenses non alimentaires (30%)
20% 19% 19%
14% 14% 14%
7. Education Taux général d’analphabétisme 71% -Hommes 61% -Femmes 80% Proportion de la population ayant le niveau primaire 23% -Hommes 30% -Femmes 17%
Pauvre Non-pauvre Moyenne
Taux d’inscription des enfants dans l’enseignement primaire 41.5% 42.9% 42% -Garçons 49% -Filles 34% Raisons de non scolarisation des enfants -nécessité de travailler 27% -enfant jugé trop jeune pour aller à l’école 27% -Coût trop élevé des études 7% -Pas d’avenir 6%
xi
FAITS SAILLANTS
Evolution des seuils de pauvreté : le seuil de pauvreté global a augmenté plus vite dans les départements du Sud que dans ceux du Nord et du Centre
• En milieu rural, le seuil de pauvreté global (SPG) est estimé à 74297 FCFA par an par équivalent adulte. Il représente 1.51 fois le SPA.
• Dans les départements du Centre (Collines, Zou) , le SPG est en moyenne de 76987 FCFA, presqu’identique à la moyenne de ceux du Sud (Plateau, Ouémé, Mono, Couffo, Atlantique), et représente 1.21 fois celui du Nord (Alibori, Borgou, Donga, Atacora).
• Entre 1994/1995 et 1999/2000, le SPG a augmenté en moyenne de 15.5% ; l’accroissement du SPG est plus prononcé au Sud (22.7%) qu’au Centre (6.4%) et au Nord (5.1%). Le SPG a augmenté moins vite que le SPA. Celui-ci a augmenté de 24.3%.
Indices de pauvreté rurale : une stabilité tant de l’incidence, de la profondeur que de la sévérité de la pauvreté
• L’incidence de la pauvreté est restée stable sur la période 1994-1999. Le taux de pauvreté fondé sur le SPG est passé de 30.4% en 1994 à 31.2% en 1999. Les départements du Borgou et du Couffo sont les plus affectés avec une incidence voisine de 48%. Les populations du Zou, du Mono et de l’Atacora sont les moins touchées par le phénomène.
• Contrairement à la pauvreté globale, l’incidence de la pauvreté alimentaire s’est accrue significativement de 14.1% passant de 16.3% en 1994 à 18.6% en 1999. En moyenne, les ménages des départements du Nord ont plus de difficulté pour faire face à leurs dépenses alimentaires. En 1999, le taux de pauvreté alimentaire y est de 21.0%. Dans les départements du Centre et du Sud, il est estimé à 14.6% et 18.5% respectivement.
• Quant à la profondeur et la sévérité, les indices y afférents sont respectivement de 0.076 et 0.028 en 1994 et de 0.085 et 0.034 en 1999 avec des taux d’accroissement statistiquement non significatifs.
Incidence de la pauvreté rurale par département : 5 départements sur 11 (sans le Littoral) sont des zones de forte concentration de pauvreté
• Les départements du Borgou, du Couffo, de l’Alibori, des Collines et de l’Ouémé constituent les principales zones géographiques dans lesquelles se concentrent la pauvreté. Leur contribution est évaluée à 70%. En revanche, le Zou, le Mono et l’Atacora sont considérés comme des zones de faible concentration.
• En général, l’aspect conjoncturel de la pauvreté prime sur l’aspect structurel, la pauvreté structurelle étant définie par référence aux ménages pauvres au cours de 3 ou 4 passages et la pauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiés comme pauvres au cours d’un ou de deux passages. Le taux de pauvreté est de 23.3% en moyenne sur un ou deux passages et de 10.8% sur trois ou quatre passages pour l’ensemble du milieu rural.
xii
Pauvreté rurale et taille du ménage : le phénomène de pauvreté est davantage intense et sévère lorsque la taille du ménage augmente.
• L’incidence de pauvreté des ménages de moins de trois personnes est de 22% contre 37% pour les ménages de six personnes et plus. L’effet de la taille du ménage est très significatif sur les trois indices de pauvreté retenus dans les départements de l’Atlantique, des Collines, de la Donga, et du Plateau. Du point de vue des indices de pauvreté, l’effet de la taille reste cependant globalement faible.
• La grande taille est donc une caractéristique des ménages pauvres ruraux avec un effet – région dominant : taille très élevée dans les départements du Nord avec une moyenne de 10 personnes contre 7 dans ceux du Sud et du Centre. Entre les éditions 1994/95 et 1999/2000, la taille des ménages, en particulier des ménages pauvres est restée relativement constante.
• Les ménages pauvres du Borgou, de l’Alibori et de l’Atacora sont de très grande taille avec respectivement 11, 10 et 9 personnes. En revanche, ceux de l’Ouémé, du Plateau et des Collines sont de taille relativement réduite (6 personnes).
• Chez les pauvres, le rapport de dépendance est de 53% en 1999 contre 51% pour l’ensemble de la population.
Pauvreté rurale et sexe du chef de ménage : Le sexe du chef de ménage n’est pas un déterminant significatif de la pauvreté en milieu rural
• Les ménages ruraux sont majoritairement dirigés par les hommes. Le phénomène est plus perceptible au Nord qu’au Sud et au Centre. En moyenne, 82% des ménages du Sud sont dirigés par les hommes ; la proportion est de 85% au Centre contre 91% au Nord. La moyenne nationale (86%) est restée constante de 1994 à 1999.
• Le sexe du chef de ménage n’a pas d’effet significatif sur la pauvreté en milieu rural. L’incidence de la pauvreté des ménages dirigés par les hommes est de 31.7% contre 26.4% pour les ménages dirigés par une femme. La différence entre ces deux taux n’est pas statistiquement significative. Trois départements ont rompu avec cette tendance et présentent une opposition très nette : d’une part l’Atacora et la Donga caractérisée par la prédominance de l’incidence de pauvreté masculine et d’autre l’Ouémé où le taux de pauvreté des ménages dirigés par une femme est 1.75 fois celui des ménages dirigés par un homme.
Pauvreté rurale et niveau d’instruction du chef de ménage : l’analphabétisme rime avec la pauvreté
• L’analphabétisme est une caractéristique du milieu rural. En moyenne deux ménages sur trois sont dirigés par un chef qui n’a aucun niveau d’instruction. Le niveau le plus souvent atteint parmi ceux qui sont alphabétisés est celui du cours primaire.
• Le niveau d’instruction du Chef de ménage a un effet faible sur la pauvreté en milieu rural. Au niveau régional, la relation est bien typée et laisse apparaître des profils de pauvreté
xiii
hétérogènes du sud au nord. Dans les départements du Sud (Couffo), les ménages dont le chef n’a que le niveau du primaire affichent le taux de pauvreté le plus élevé (68%) ; Viennent ensuite ceux dont le chef est alphabétisé en langue locale ou n’a aucun niveau d’instruction (entre 32% et 45%). Dans les départements du Centre, le primaire ou le lycée est caractéristique du niveau d’instruction des chefs des ménages les plus pauvres. Enfin au Nord (Alibori), c’est l’analphabétisme qui caractérise le niveau d’instruction des ménages les plus pauvres.
Pauvreté rurale et emploi des membres des ménages : Le commerce et l’artisanat sont l’apanage des ménages non-pauvres ou vulnérables
• L’agriculture est l’activité principale dominante des membres des ménages ruraux. Elle occupe 80% des membres des ménages. Le commerce et l’artisanat constituent les deux autres principales activités ; ils occupent respectivement 5% et 4% des membres des ménages. Par rapport à 1994, la proportion de la population exerçant dans l’agriculture est en baisse de 6 points du fait de l’exode rural.
• La catégorie socio-économique du ménage n’a pas d’influence sur l’exercice d’une activité agricole. Cependant le choix d’exercer dans le commerce ou l’artisanat est lié à la catégorie socio-économique. Ces activités caractérisent les ménages non-pauvres ou vulnérables. Le lien entre l’exercice d’une activité commerciale ou artisanale et la catégorie socio-économique des ménages s’explique par le besoin de fonds de roulement ou d’investissement nécessaire au démarrage puis à la survie de telles activités.
• En milieu rural, le nombre moyen d’heures de travail est estimé à 35 heures par semaine en 1999 contre 27 heures en 1994. Les membres des ménages consacrent en moyenne le tiers de leur temps à l’agriculture et les 48% aux prestations de services. Les départements du Nord- Est, Alibori et Borgou sont caractérisés par un nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires réduit (entre 25 et 31 heures) par rapport à la moyenne nationale. Dans chacun de ces départements, le temps est différemment alloué à l’agriculture et aux prestations de services. Les départements dont les ménages totalisent des heures de travail hebdomadaires très élevées (supérieures à 41 heures), consacrent au moins 49% de leur temps aux prestations de services. C’est le cas du département du Mono, zone de pêcherie par excellence, du département du Plateau caractérisé par la zone de terre de barre et de dépression où la production agricole ne constitue pas la principale source de revenu et enfin, du département du Zou dominé par la zone des terres de barre dans laquelle les revenus du commerce, des transformations agro-alimentaires et des petits métiers ont pris le pas sur ceux des cultures agricoles.
• Dans l’Atlantique et l’Ouémé, la prédominance du temps consacré aux prestations de services est plus accentuée du fait de la proximité d’une part, des villes de Cotonou, Porto-novo et Ouidah et d’autre part, du Nigeria pour l’Ouémé notamment ; proximité qui favorise le développement du commerce et des petits métiers au détriment de l'activité culturale.
xiv
Pauvreté rurale et revenu net du ménage : les transferts constituent une source non négligeable de revenu pour les ménages pauvres du Couffo
• En milieu rural, le revenu net annuel des ménages est en moyenne de 125491 Fcfa. Chez les ménages pauvres, il est évalué à 74055 Fcfa contre 150610 Fcfa pour les ménages non – pauvres. Les revenus les plus élevés sont observés dans l’Atlantique, l’Ouémé et le Zou. Ils représentent respectivement 2 fois, 1.5 fois et 1,4 fois le revenu net moyen du milieu rural.
• A l’opposé, les revenus les plus faibles représentent entre 0.50 et 0.70 fois le revenu moyen et sont observés dans les départements de la Donga, du Couffo, du Borgou et de l’Atacora. Le revenu observé dans la Donga représente le tiers du revenu le plus élevé observé dans l’Atlantique. Les départements du Nord apparaissent ainsi typés du point de vue de leur faiblesse de revenu et de leur forte incidence de pauvreté. Il en est ainsi aussi du Couffo, département du Sud, identifié comme zone de forte concentration de pauvreté et prioritaire dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
• Les revenus proviennent principalement de trois sources : activités non agricoles (53%), activités agricoles (41%) et transferts reçus en nature ou en argent (4%). Cette structure moyenne nationale masque les caractéristiques régionales fort différentes les unes des autres. A l’extrême – Nord (Alibori, Atacora), par exemple, les revenus proviennent essentiellement des activités agricoles (80%) et des activités non agricoles (entre 15% et 18%) ; les activités agricoles concernent les cultures de rente, les cultures vivrières et l’élévage. Dans le Borgou et la Donga, les activités non agricoles ont pris de l’importance et constituent notamment dans la Donga, la première source de revenu avec 49% (contre 28% dans le Borgou où elles occupent le second rang) ; suivent les activités agricoles avec 47%.
• Dans les départements du Centre, on observe comme au niveau de l’emploi des schémas différents entre la structure des revenus des ménages des Collines et ceux du Zou. Dans le Zou, près des 2/3 des revenus proviennent des activités non agricoles . En revanche, dans les Collines, ce sont les revenus agricoles qui dominent la structure des revenus avec une importance relative de 55%. Du point de vue de la catégorie socio-économique, les activités non – agricoles constituent au moins les 60% des revenus des ménages pauvres dans les deux départements. Chez les ménages non-pauvres par contre, les activités agricoles et non-agricoles représentent respectivement 52% et 44% des revenus des ménages des collines contre 38% et 56% pour les ménages du Zou.
• Au Sud, la proximité des grandes villes favorisent le développement du commerce et des petits métiers. Ainsi dans tous les départements, à l’exception du Couffo, les revenus des activités non agricoles représentent au moins les 70% du revenu total des ménages ruraux. Dans le mono, les revenus des activités agricoles et non agricoles se talonnent avec respectivement 45.7% et 46.2%. Dans le Couffo, zone de forte concentration de la pauvreté, les revenus proviennent des activités agricoles 57 fois sur 100, des activités non-agricoles 27 fois sur 100 et des transferts en nature ou en argent dans 15% des cas.
xv
Pauvreté rurale et dépenses globales des ménages : les pauvres consacrent une part plus importante des dépenses aux céréales et aux poissons et fruits de mer
• Un ménage rural dépense en moyenne par an 100340 FCFA par équivalent adulte ; ce qui représente 80% de ses revenus nets disponibles. La répartition spatiale montre que les ménages les plus dépensiers sont ceux du Zou avec 128185 FCFA par équivalent-adulte par an. En queue de liste se placent les ménages de l’Alibori et de la Donga dont les dépenses représentent en moyenne les 2/3 de celles du Zou.
• Les dépenses alimentaires représentent 70% des dépenses globales. La structure des dépenses des ménages pauvres diffèrent significativement de celle des ménages non pauvres. Ceux-ci consacrent en moyenne 66% de leurs dépenses totales à l’alimentation contre 76% pour les ménages pauvres. L’écart de 10 points est significatif et met en évidence la première loi d’Engel selon laquelle les pauvres consacreraient une part importante de leur budget à l’alimentation.
• Les structures régionales de consommation entre produits alimentaires et non alimentaires relativement constantes depuis 1994 sont peu dispersées chez les pauvres. Les structures moyennes des grandes zones géographiques (Nord, Centre, Sud) ne sont donc pas significativement différentes de la structure nationale selon laquelle les ménages pauvres consacrent 76% de leurs dépenses à l’alimentation. Sur le plan départemental, on note cependant que quatre départements (Atacora, Atlantique, Ouémé, Couffo) présentent des structures atypiques. Pour les ménages pauvres des trois premiers, les dépenses alimentaires représentent 78% des dépenses totales contre 70% dans le Couffo.
• Au niveau national, les groupes de produits les plus importants dans les dépenses alimentaires sont par ordre décroissant les céréales (35.5%), les racines et tubercules (14.1%), les fruits et légumes (12.6%), les huiles et oléagineux (8.9%), les poissons et fruits de mer (8.9%) et les viandes (5.2%). Sur les quatre passages, les parts des groupes de produits ont connu très peu de variation du fait des habitudes alimentaires. La comparaison des structures obtenues pour les deux éditions confirment aussi la rigidité des habitudes alimentaires.
• Pour certains groupes de produits, les ménages apparaissent typés selon la catégorie socio- économique. Les pauvres consacrent une part plus importante des dépenses aux céréales et aux poissons et fruits de mer. Les ménages non – pauvres accordent des poids plus importants aux racines et tubercules, aux viandes et aux fruits et légumes.
• S’agissant des dépenses non-alimentaires, les postes les plus importants sont par ordre décroissant le logement (36.8%), l’habillement (32.4%), la santé (16.5%), le transport (8.4%). Les postes « éducation » et « obligations sociales » sont relativement de faible importance. Sur les quatre passages, les principaux postes sont restés stables Mais leur importance relative a connu de substantielle variation. Ainsi les dépenses relatives au poste logement ont atteint leur maximum sur la période Septembre – Novembre, celles relatives au poste habillement en Décembre-Février, période des fêtes. Les dépenses relatives à l’éducation ont pris deux fois plus d’importance en période de rentrée scolaire (Septembre – Novembre). En 1994 et 1999, les comportements vis-à-vis des dépenses non – alimentaires sont relativement constants.
xvi
Pauvreté rurale et état sanitaire des membres des ménages : les ménages pauvres ont plus de préférence pour la médecine traditionnelle • En cas de maladie, les membres des ménages ruraux ont principalement recours à la médecine
moderne et à l’automédication pour se soigner. Le recours à la médecine moderne se fait 30 fois sur 100 et l’automédication 33 fois sur 100. L’automédication par la médecine moderne se fait en proportion de 19% et celle faite par les plantes médicinales de 14%. Les ménages utilisent dans une faible proportion la double thérapie médecine moderne et médecine traditionnelle (2,8%) ou l’association de la médecine moderne (respectivement médecine traditionnelle) avec l’automédication moderne (3,3%). L’association de l’automédication par les plantes médicinales avec la médecine moderne constitue un mode de traitement non négligeable (8,3%) au même titre que le recours à la médecine traditionnelle seule (7,7%).
• Le mode de traitement choisi est influencé par la catégorie socio-économique des membres des ménages. En effet, en dehors du recours courant à la médecine moderne, les ménages pauvres ont aussi une préférence pour la médecine traditionnelle (11.2% de ceux-ci ont déclaré y avoir recours contre 4,5 des non- pauvres). En revanche, ils associent moins la médecine moderne et l’automédication par les plantes médicinales.
• Sur le plan régional, on observe qu’en moyenne les ménages de l’extrême Nord ont une préférence pour la médecine traditionnelle et à l’automédication alors que ceux du Sud ont le plus souvent recours à la médecine moderne et l’automédication.
Pauvreté rurale et scolarisation des enfants : le taux de scolarisation des enfants est plus faible dans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres
• Le taux de scolarisation des garçons est nettement supérieur à celui des filles (32% contre 23%) et s’est aussi accru plus vite de 1994 à 1999 (le taux de croissance du taux de scolarisation des garçons est de 54% contre 47% chez les filles). Le même phénomène s’observe dans tous les départements mais d’ampleur variable. Les taux les plus faibles sont observés au Nord (Alibori et Atacora en particulier) à l’exception de la Donga. Ceux–ci s’opposent à l’Atlantique, au Mono et à l’Ouémé qui affichent des taux de scolarisation relativement élevés.
• Le poids des enfants non-scolarisés croît du Sud au Nord. Il est de 11.2% dans le Mono contre 58.5% dans l’Alibori, la moyenne nationale étant estimée à 36.4%. Celui des enfants déscolarisés est relativement faible (moins de 5%).
• L’analyse du lien entre niveau de scolarisation des enfants et catégorie socio-économique montre que dans la plupart des départements, le taux de scolarisation des enfants est plus faible dans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres. La relation s’inverse dans la Donga, les Collines et le Zou.
• Deux principales justifications sont données pour expliquer la non-scolarisation et la déscolarisation des enfants de 5 à 14 ans en milieu rural. Il s’agit de la nécessité de travailler (27%) et de l’âge trop jeune des enfants (27%). Le coût trop élevé de l’inscription et l’incertitude de l’avenir sont aussi des raisons évoquées, mais moins fréquemment ( 7%) .
xvii
Accès à l’eau potable : L’approvisionnement en eau potable exclusivement est faible quelle que soit la saison dans les départements du Zou, du Plateau et du Couffo
• Sur un échantillon de 165 villages, 89% ont au moins un point d’eau public. Sur le plan géographique, la totalité des villages de l’échantillon se situant au Nord (69) ont au moins un point d’eau. Dans le Centre et le Sud, les proportions des villages de l’échantillon ayant au moins un point d’eau sont respectivement de 73% et 83%
• Les sources d’approvisionnement en eau sont diversifiées et varient selon les saisons. En saison sèche, 80% des ménages utilisent l’eau potable (puits, robinet, fontaine, forage) et 13% l’eau non potable (marigot, eau de pluie). Dans les ménages pauvres, ces proportions sont 77% et 15% contre 80% et 13% dans les ménages non pauvres. En saison des pluies, la proportion des ménages qui utilisent exclusivement de l’eau potable tombe à 52%. En fonction de la catégorie socioéconomique, on observe 49% des ménages pauvres et 54% des ménages non pauvres. L’utilisation de l’eau non potable s’accroît au cours de cette saison : 24% des pauvres (au lieu de 15% en saison sèche) s’approvisionnent au marigot ou en eau de pluie contre 19% ( au lieu de 13% en saison sèche) des ménages non pauvres.
• En saison des pluies, l’utilisation exclusive de l’eau potable concerne 52% des ménages contre 80% en saison sèche. L’approvisionnement en eau potable exclusivement est faible quelle que soit la saison dans les départements du Zou, du Plateau et du Couffo : en saison des pluies, les proportions de ménages observées sont respectivement 24%, 35% et 30% contre 66%, 60% et 79% en saison sèche.
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Encadré : Indice de Pauvreté de la Classe de Foster et al. (1984)
Soit P la classe des indices décomposables de pauvreté. Si X est un indicateur du niveau de vie (dépense ou revenu par équivalent adulte par exemple), alors P s’écrit pour une ligne de pauvreté z
)(1)/1( 1
α α
où a s’interprète comme le coefficient d’aversion à la pauvreté.
Si, α =0, P0 est l’incidence de pauvreté ; c’est-à-dire la proportion des pauvres ; Si α =1, alors P1=P0 I où I désigne l’intensité ou la profondeur de la pauvreté ; Si α =2, P2 est l’indice de sévérité de la pauvreté ; il sert à mesurer l’inégalité parmi les pauvres.
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0.1. Contexte de l’ECVR2
L’évolution rapide du contexte socio-économique au Bénin, caractérisé par un désengagement progressif de l'Etat des secteurs de la production et de la commercialisation, a conduit le gouvernement et ses partenaires au développement à porter une attention particulière aux groupes démunis. Un des problèmes auxquels ils font face pour définir leurs interventions est le manque de connaissances sur les conditions de vie des ménages. C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) et l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) ont réalisé, entre 1994 et 1995 pour le milieu rural et 1996 pour le milieu urbain, le premier profil de pauvreté au Bénin avec le soutien financier et technique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la collaboration de l’UNICEF pour les volets nutritionnel et sanitaire en milieu rural.
Le gouvernement et ses partenaires au développement ont ainsi initié depuis le milieu des années 90 plusieurs programmes ciblés de lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, suite à la publication des résultats de la première édition du profil national de pauvreté dont les données ont constitué l’essentiel des informations du premier Rapport national sur le développement humain du Bénin (1997), le dernier plan triennal d’orientation du Bénin (1998 –2001) a axé ses interventions sur la lutte contre la pauvreté. Les mesures préconisées par les programmes affectent les conditions de vie des individus, notamment celles des ménages vulnérables et pauvres des milieux urbain et rural. Il apparaît donc pertinent d’évaluer les effets engendrés par la réorientation des politiques et des programmes d’aide en faveur des plus démunis sur leurs conditions de vie et, proposer au besoin des correctifs aux actions et aux politiques en cours.
C’est dans ce contexte, qu’une fois encore le MAEP et l’INSAE avec l’appui du PNUD et de la Coopération danoise ont convenu de réaliser une deuxième édition du profil national de pauvreté au Bénin. L’objectif principal de cette étude est d’analyser l’évolution des conditions de vie des ménages au cours des dernières années, d’identifier et de hiérarchiser les causes et les pistes de solutions qui permettraient de réduire de manière durable la pauvreté et, d’évaluer l’impact des programmes et des politiques de développement mis en place pour lutter contre la pauvreté.
Une deuxième édition du profil national de pauvreté s’avère indispensable pour au moins quatre raisons :
• La nécessité de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse selon laquelle il y aurait ces trois dernières années un effet de déplacement du phénomène de la pauvreté du milieu rural vers le milieu urbain. En effet, certains observateurs pensent à tort ou à raison que la pauvreté s’accentue en milieu urbain au détriment du milieu rural.
• Dans le cadre de la décentralisation et du nouveau découpage territorial, il serait utile d’établir le profil de la pauvreté pour chacun des douze (12) nouveaux départements afin d’aider les autorités locales à mieux formuler leur politique de lutte contre la pauvreté.
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• La première édition a eu lieu tout juste au lendemain du changement de parité du franc CFA par rapport au franc français (dévaluation du franc CFA de 50%) en un moment de perturbation du marché et de fluctuation des prix des produits. Un nouveau profil de pauvreté, dans des conditions actuelles plus stables, permettra d’être fixé sur le phénomène et sa manifestation spatiale.
• Le besoin d’actualiser les données sur le phénomène de la pauvreté au Bénin.
0.2. Objectifs de l’ECVR2
La deuxième édition de l’ECVR poursuit plusieurs objectifs. Au nombre de ceux-ci, on mentionne principalement :
a) la connaissance du taux actuel de pauvreté rurale au Bénin. b) la détermination des zones de concentration de cette pauvreté ainsi que son
intensité. c) l’étude de l'évolution de la pauvreté rurale de 1994 à 1999. d) l’identification des périodes ou saisons agricoles les plus critiques de la campagne 1999-2000. e) l’analyse des caractéristiques des pauvres ruraux par des facteurs démographiques et socio-économiques. g) l’appréciation du patrimoine des ménages au regard des diverses catégories socio-économiques.
h) l’identification des pauvres à travers l'étude exploratoire de l'ensemble des variables par une méthode multivariée de type analyse des correspondances multiples. i) l’étude de l'évolution des conditions de vie des ménages ruraux entre les deux
éditions de l'ECVR. j) l’appréciation de l’impact de divers programmes ou projets mis en œuvre en milieu rural dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ; ce qui permettra de proposer des
stratégies d’action en vue d’améliorer les conditions de vie des pauvres.
0.3. Présentation du document
Ce document présente la synthèse des résultats des 11 départements (non compris le Littoral). Il est subdivisé en cinq grandes parties.
La première partie présente un bref aperçu sur le Bénin. La deuxième partie aborde les indicateurs de mesure de pauvreté ; rappel de la méthodologie est d’abord fait ; ensuite les seuils de pauvreté, les incidences de la pauvreté selon les seuils de pauvreté alimentaire et global ont été présentés de même que les divers indicateurs analysés pour mieux apprécier l'importance, la profondeur et la dynamique de la pauvreté.
La troisième analyse le profil de pauvreté en milieu rural et les caractéristiques socio- démographiques des ménages au regard de la pauvreté. On y présente les indices de pauvreté selon le sexe du chef de ménage, la taille du ménage, l’âge du chef de ménage, le niveau d’instruction du chef de ménage, le statut de profession et la branche d’activité du chef de ménage. Pour la caractérisation des pauvres par rapport aux autres catégories socio- économiques, on a comparé les diverses catégories de ménages en ce qui concerne:
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• leurs caractéristiques démographiques (taille du ménage, le ratio de dépendance, le sexe du chef de ménage);
• leurs caractéristiques économiques ( niveau de leur emploi et sa décomposition en activités; le niveau de leur revenu et sa décomposition par source ; le niveau de leurs dépenses globales et leur décomposition en dépenses alimentaires et non alimentaires ;
La quatrième partie analyse les états nutritionnel et sanitaire des membres des ménages ruraux. On y étudie l’état nutritionnel des enfants de 5 ans selon la classification de Waterlow et l’accès à l’eau potable. La dernière partie du document aborde les questions relatives au niveau d’instruction et à la scolarisation des membres des ménages.
1.0. BREF APERÇU SUR LE BENIN
1.1 . Délimitations
Situé en Afrique Occidentale, la République du Bénin s’étend sur une superficie de 114 763 km². Elle entretient des rapports très étroits avec ses voisins immédiats que sont le Nigeria, à l’Est et le Togo à l’Ouest. Limitée au Sud par une bande côtière de 125 kilomètres, elle constitue une précieuse ouverture sur la mer pour ses voisins du Nord que sont le Burkina Faso et le Niger.
1.2 . Caractéristiques démographiques
Le Recensement Général de la Population et de l’Habitation de Février 1992 a dénombré 4 915 550 habitants dont 51% de sexe féminin, 4% d’enfants de moins d’un an et 18% d’enfants de moins de 5 ans. Les femmes en âge de procréer (15-49 ans) constituent 44% de la population féminine totale.
Avec 48% des moins de 15 ans, la population du Bénin est très jeune. Le taux d’accroissement naturel (3.2%) est très élevé par rapport à la moyenne du groupe des pays les moins avancés (2%) dont fait partie le Bénin. En 2000, la population du Bénin est estimée à 6 169 084 habitants.
Le Bénin se situe dans une zone de fécondité élevée de l’Afrique subsaharienne avec un taux de natalité et un taux de fécondité générale estimés respectivement à 47.2%0 et 202%0
selon le recensement de 1992. L’indice synthétique de fécondité (ISF) des femmes est estimé à 6.1 enfants selon la même source.
1.3 . Caractéristiques agro-écologiques
Le relief du Bénin est constitué d’une bande côtière sablonneuse et de deux zones de plateau. La chaîne de l’Atacora dans le Nord est le lieu où les trois principaux fleuves du pays prennent leur source. L’Ouémé, le plus long des fleuves irrigue le territoire du Nord au Sud.
Deux types de climat sont observés au Bénin.
- au Sud, un climat subéquatorial qui permet d’enregistrer deux saisons des pluies dans l’année (avril à juillet et octobre à novembre) ;
- au nord, un climat tropical avec une saison des pluies (Mai à octobre).
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Administrativement, le Bénin compte douze départements (Alibori, Atacora, Atlantique, Borgou, Collines, Couffo, Donga, Littoral, Mono, Ouémé, Plateau, Zou) divisés en 77 Communes, elles-mêmes subdivisées en 569 arrondissements ayant des villages et des quartiers de villes.
Le Bénin est entré, depuis 1990, dans un processus démocratique et de libéralisation économique. Trois Programmes d’Ajustement Structurels successifs ont mis la priorité sur l’assainissement de la situation au niveau macro-économique et négligé les secteurs sociaux dont la situation s’est aggravée avec la dévaluation du F CFA par rapport au Franc français de 50% intervenue en Janvier 1994 et qui a pour conséquence la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
L’économie béninoise décolle de façon timide en raison d’une agriculture aux techniques culturales encore archaïques, d’une industrie encore embryonnaire et d’un secteur tertiaire hypertrophié et peu contrôlable.
Face aux mesures d’austérité observée par le gouvernement sous les divers Programmes d’Ajustement Structurels et à ses difficultés pour créer des emplois nouveaux, les Béninois ont réagi en développant un tant soit peu le secteur privé, notamment dans les domaines sanitaire et éducatif. Bien que fonctionnels depuis seulement quelques années, ces deux secteurs témoignent d’un dynamisme tel qu’on ne peut plus passer sous silence leurs activités.
De la même manière, le secteur informel s’est trouvé gonflé de personnes installées à leurs propres comptes, et leurs activités sur le plan économique ne sont pas des moindres, malgré les difficultés réelles qu’il y a à les saisir avec précision.
2. INDICATEURS DE MESURE DE LA PAUVRETE
2.1. RAPPEL METHODOLOGIQUE
2.1.1. Période de référence et échantillon
La deuxième édition de l’Etude sur les conditions de vie des ménages ruraux (ECVR2) a suivi non seulement le découpage en zones agro-écologiques élaboré par le MAEP pour tenir compte de la diversité des situations des ménages ruraux et mener des analyses sur des ensembles géographiques relativement homogènes mais également le nouveau découpage du Bénin en douze départements.
Huit zones agro-écologiques sont ainsi constituées du Nord au Sud. Il s’agit :
• Zone 1 : Zone de l’Extrême nord Bénin • Zone 2 : Zone cotonnière du nord Bénin • Zone 3 : Zone vivrière du sud Borgou • Zone 4 : Zone Ouest Atacora • Zone 5 : Zone cotonnière du centre Bénin • Zone 6 : Zone des terres de barre • Zone 7 : Zone de la dépression
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• Zone 8 : Zone des pêcheries.
Les onze départements comportant un milieu rural sont reconstitués comme il suit :
• Le département de l’Alibori (zones 1, 2) ; • Le département de l’Atacora (zones 2, 3, 4) ; • Le département de l’Atlantique (zones 6, 7, 8) ; • Le département du Borgou (zones 3, 5) ; • Le département des Collines (zone 5) ; • Le département du Couffo (zones 5, 6, 7) ; • Le département de la Donga (zones 4, 5) ; • Le département du Mono (zones 6, 8) ; • Le département de l’Ouémé (zones 6, 8) ; • Le département du Plateau (zones 5,6,7) ; • Le département du Zou (zones 5,6,7,8).
Le présent rapport ne prend en compte que le découpage en 11 départements, le 12ème
(Littoral) étant exclu des 12 départements que compte le Bénin en raison de son caractère exclusivement urbain.
Tout comme à la première édition, les données de la deuxième édition de l’ECVR2 ont été collectées en quatre passages pendant les mêmes périodicités que l’ECVR1 afin d’avoir les mêmes repères de temps pour l’analyse des évolutions. Il s’agit :
• De la période Mars – Mai correspondant à la période de soudure au sud et de paiement des ristournes aux producteurs de coton au nord. La collecte des données a été effectuée en fin Mai début Juin 1999.
• De la période Juin – Août correspondant à la période de soudure au nord et des récoltes pour la première saison au sud. La collecte des données a été effectuée en fin Août début Septembre 1999.
• De la période Septembre à Novembre correspondant à la période de récolte au nord et à la récolte de la petite saison au sud. La collecte des données a été effectuée en fin Novembre début Décembre 1999.
• De la période Décembre – Février correspondant à la période de la post-récolte de la petite saison au sud et de commercialisation du coton au nord. La collecte des données a été effectuée en fin Février début Mars 2000.
L’échantillon de l’ECVR2 est constitué de 2325 ménages. Il y a eu donc par rapport à l’ECVR1 une augmentation de la taille de l’échantillon (de 1350 à 2325) afin de s’assurer de la représentativité de l’ensemble des départements issus du nouveau découpage territorial. Il est important de mentionner que cet échantillon comprend l’échantillon de l’ECVR1 au complet sauf cas de déperdition – ce qui a permis d’avoir un échantillon de suivi.
En moyenne sur l’ensemble des quatre passages de l’ECVR2, environ 70% des ménages de l’ECVR1 ont été retrouvés. En effet, il a été retrouvé dans l’échantillon de l’ECVR2, 865 ménages de l’ECVR1 au premier passage (64,1%), 819 ménages de l’ECVR1 au deuxième passage (60,7%), 1115 ménages de l’ECVR1 au troisième passage (82,6%) et 1052 ménages de l’ECVR1 au quatrième passage (77,9%). C’est sur ces anciens ménages de l’ECVR1 retrouvés à l’ECVR2 que l’analyse de la dynamique de la pauvreté a été effectuée.
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2.1.2. Outils d’analyse
Du point de vue méthodologie d’appréciation de la pauvreté, la dépense globale du ménage, incluant la valorisation de l'autoconsommation, a été choisie comme indicateur de niveau de vie. Trois seuils de pauvreté ont été considérés :
• Le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) fait référence à la dépense minimale nécessaire à un individu ou à un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritionnelles d'un régime alimentaire équilibré et les habitudes de consommation de la population rurale considérée.
• Le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) fait référence à la dépense minimale nécessaire pour acquérir les biens non-alimentaires et les services publics essentiels à la population.
• Le seuil de pauvreté global (SPG) est obtenu simplement en faisant la somme des seuils de pauvreté alimentaire et non-alimentaire (SPA et SPNA).
En raison de la rigidité (changement très lent) des habitudes de consommation alimentaire des populations, les paniers alimentaires déterminés pour les diverses zones agro- écologiques à la première édition ont été maintenus. Les changements qui seront constatés dans le niveau des seuils de pauvreté alimentaires sont donc exclusivement liés aux prix des produits alimentaires sur les marchés. Tous les marchés de collecte des prix des produits alimentaires et non alimentaires de la première édition ont été maintenus. Il y a eu, certes, quelques ajouts pour tenir compte de certains marchés représentatifs de certains départements issus du nouveau découpage territorial du pays. Enfin, il est à noter que tout comme à l’ECVR1, les seuils ont été calculés par équivalent adulte et non par individu afin d’avoir une même base de comparaison des ménages quelles que soient la taille et la composition de ces derniers.
Trois catégories de ménages ont aussi été définies :
• la première catégorie, les Non pauvres, regroupe les ménages qui ont enregistré des dépenses moyennes supérieures à 100% du seuil de pauvreté considéré;
• la deuxième catégorie, les Vulnérables, regroupe les ménages non pauvres dont les dépenses réelles moyennes sont comprises entre 100 et 150% du seuil de pauvreté considéré;
• la troisième catégorie, les Pauvres, regroupe les ménages dont les dépenses réelles moyennes sont en dessous du seuil de pauvreté considéré.
Plusieurs indicateurs ont été calculés pour mesurer la pauvreté rurale1, soit :
• l' incidence de la pauvreté alimentaire , c'est à dire le pourcentage de la population rurale en dessous du seuil de pauvreté alimentaire ;
• l' incidence de la pauvreté globale, c'est à dire le pourcentage de la population rurale en dessous du seuil de pauvreté global ;
1Ces indicateurs sont basés sur la méthodologie proposée par Foster, Greer et Thorbecke (1984) "A Class of Decomposable Poverty Measures" Econometrica et utilisés par exemple dans les profils de pauvreté réalisés en Côte d'Ivoire et au Ghana par Boateng, Ewusi, Kabour et McKay (1992) Un profil de pauvreté au Ghana Document de travail n° 5, Projet Dimensions Sociales de l'Ajustement, Banque mondiale, Washington, D.C.
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• le ratio du déficit de dépenses, indicateur de profondeur de la pauvreté, défini par le quotient de l'écart entre les dépenses moyennes des pauvres et le seuil de pauvreté sur le seuil de pauvreté en question ;
• le coefficient de contribution de chaque département à la pauvreté rurale nationale. Ce coefficient est calculé pour un département donné en multipliant la part de ce département dans la population totale par le ratio de l'incidence de pauvreté dans le département sur l'incidence nationale de pauvreté ;
• l’indicateur de sévérité de la pauvreté estimé par l’indice P2 de Foster [voir encadré ci-après].
• le montant total des ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté rurale si le ciblage sur les pauvres était parfait. Ce montant est calculé en multipliant l'écart entre la dépense moyenne des pauvres et le seuil de pauvreté par le nombre de pauvres.
• l'incidence de la pauvreté structurelle et de la pauvreté conjoncturelle. La pauvreté structurelle est définie en considérant les ménages pauvres au cours de 3 ou 4 passages et la pauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiés comme pauvres au cours d’un ou de deux passages. L’incidence de la pauvreté structurelle et de la pauvreté conjoncturelle permet d’étudier la dynamique de la pauvreté.
2.2. SEUILS DE PAUVRETE RURALE
. En vue d’étudier les indices de pauvreté, trois seuils de pauvreté sont retenus : le seuil de pauvreté alimentaire (SPA), le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) et le seuil de pauvreté global2 (SPG) qui résulte de la somme des deux premiers.
Dans cette section, on s’intéresse aux seuils de pauvreté alimentaire et global par département et par passage. On y analyse leur dynamique en les comparant à ceux calculés pour la première édition de l’ECVR en 1994/1995.
2.2.1. Seuils de pauvreté alimentaire
Pour les ménages ruraux, le seuil de pauvreté alimentaire est en moyenne de 49257 FCFA par an et par équivalent-adulte en 1999. Il fluctue tant dans la dimension spatiale que dans la dimension temporelle. Sur la période allant de février 1999 à Mars 2000, le tableau 2.1 présente dans l’ordre décroissant des SPA un classement Centre-Sud-Nord des zones géographiques et indique que le SPA des départements du Centre est en moyenne 1,26 fois celui du Nord et 1,03 fois celui du Sud. Il en résulte qu’il faut pour un ménage du Centre, 1.26 fois la somme nécessaire à un ménage du Nord pour satisfaire à ses besoins alimentaires.
Sur les quatre passages, le SPA connaît des fluctuations dont l’ampleur varie d’une zone géographique à une autre. Les départements du Nord ont connu en moyenne un accroissement de 2.5% par rapport au premier passage. Ceux du Centre et du Sud ont, par 2 Le SPG est la somme du SPA et du SPNA. Il est aussi défini comme le rapport du SPA et de la part de la dépense alimentaire dans la dépense totale des ménages situés en dessous de la médiane des dépenses totales.
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contre, connu en moyenne des baisses respectives de 1.5% et 2.2% en raison notamment des chutes importantes de SPA enregistrées au 4ème passage [tableau 2.1].
Deux effets expliquent les variations observées. En premier lieu, l’effet-volume qui provient des différences des habitudes alimentaires entre les départements du Nord et ceux du Centre et du Sud. En second lieu, l’effet-prix résultant entre autres, de la loi économique classique de l’offre et de la demande, des effets saisonniers et des marges de transport. Pour l’effet-prix en particulier, il est facile de constater que dans les zones agro-écologiques 1, 2, 3, 4 caractéristiques des départements du Nord, le prix du sorgho a augmenté en moyenne de 0.2% sur les quatre passages, celui du mil, du maïs, du haricot, de l’arachide et de l’igname respectivement de -0.8%, 0.9%, 23.4%, 19.7% et 3.9%.
Dans la zone 5 caractéristique du département des Collines, le prix de l’huile de palme a augmenté en moyenne sur les quatre passages de 6.9%, le manioc de 23.1%, le poisson et le maïs respectivement de –7.1% et –2.8%. La hausse du prix du manioc dans les collines résulte du renchérissement des coûts de production de ce produit lequel s’inscrit dans le cadre du projet FAES (Femmes et Activités Economiques et Sociales) qui fait la promotion du manioc en vue de la fabrication du gari de qualité supérieure. Dans le même temps, l’effet- revenu dû à la vente de l’anacarde (produit de rente) fait jouer à la loi de l’offre et de la demande le rôle qui lui est dévolu. Il en résulte des prix élevés qui fluctuent en fonction des périodes.
A l’intérieur des grandes zones géographiques, les fluctuations du SPA sont essentiellement dues à l’effet-prix. C’est le cas des départements de l’Alibori, de l’Atacora et ceux du Sud et du Centre. Bien entendu, cet effet-prix n’est pas dissocié des caractéristiques agro- écologiques des zones qui constituent ces départements. A cet égard, le graphique 2.1 qui présente l’évolution par grande zone géographique du SPA de chaque département montre des allures différentes selon les zones. Au Centre, la courbe est concave dans les collines indiquant la période Septembre-Novembre ( période de récolte) comme le point culminant du SPA. Au Nord et au Sud, la courbe retraçant l’évolution du SPA est en général d’abord convexe puis concave. Dans ces zones et notamment dans les départements du Borgou, de l’Alibori, de l’Atlantique et des plateaux, le SPA atteint un minimum relatif entre Juin et Août et un maximum entre Septembre et Novembre. L’étude du prix de certains produits (mil, sorgho, igname) dans la zone agro-écologique n° 1 par exemple confirme pour l’Alibori la tendance qui vient d’être décrite.
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Tableau 2.1 : Seuil de pauvreté alimentaire annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
Département Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00 Mars99-Fév.00 Rang
Alibori 36943 38980 42744 41574 40060 11ème
Borgou 42121 39461 43814 44495 42473 9ème
Atacora 37324 42580 38638 43013 40389 10ème
Donga 40145 48271 41732 45293 43860 8ème
Collines 53876 57126 59285 52046 55583 1er
Zou 54106 55318 54016 49451 53223 4ème
Atlantique 53831 55264 53199 48911 52801 5ème
Couffo 54044 56085 54507 48968 53401 2ème
Mono 51989 52032 52568 53205 52449 6ème
Ouémé 52179 53778 53034 51369 52590 7ème
Plateau 55502 54649 53935 49565 53413 3ème
Ensemble Milieu rural 48665 50057 50317 47991 49257
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000.
La comparaison des seuils de pauvreté alimentaires calculés pour les deux éditions de l’ECVR indique que le SPA a augmenté plus vite dans le Sud (25.1%) que dans le Nord (23.6%) et le Centre ( 23.5%). L’évolution des SPA est liée à celle des prix et du niveau de vie des ménages ruraux. De 1994 à 1999, le niveau de vie dont l’indicateur est les dépenses par équivalent-adulte, a augmenté de 3.9%.
Graphique 2.1(a) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Bénin et zones géographiques
SPA: Bénin et zones géographiques
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
E n
F C
F A
10
Graphique 2.1(b) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Nord Bénin
Graphique 2.1 (c) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Sud Bénin
SPA: NORD
E n
F C
F A
E n
F C
F A
11
Graphique 2.1 (d) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Centre Bénin
Sur les deux périodes on note des tendances quasi-similaires dans toutes les zones géographiques, avec toutefois une nette différence entre le Nord et les zones du Sud et du Centre. Au sud et au Centre, les tendances indiquent la période Juin-Août comme un minimum relatif du SPA et Septembre-Novembre comme un pic relatif. La période Juin-Août correspond à la période de récolte de la grande saison des pluies au Sud et Septembre- Novembre, la période de récolte de petite saison. Pour le Nord, on obtient une allure inverse, le SPA atteint son maximum relatif en Septembre-Novembre.
2.2.2. Seuil de pauvreté global
Le seuil de pauvreté globale (SPG) est la somme du SPA et SPNA. Il indique la dépense minimale nécessaire à un adulte pour satisfaire ses besoins alimentaires et non alimentaires. En 1999, le SPG est évalué en moyenne à 74297 FCFA par an pour un adulte du milieu rural. Il représente 1.51 fois le SPA. Dans les départements du Centre (Collines, Zou) , le SPG est en moyenne de 76987 FCFA, presqu’identique à la moyenne de ceux du Sud (Plateau, Ouémé, Mono, Couffo, Atlantique), et représente 1.21 fois celui du Nord (Alibori, Borgou, Donga, Atacora). On obtient suivant l’ordre décroissant des SPG un classement Sud-Centre-Nord quasi-analogue à celui obtenu pour le SPA.
Les départements du Centre et du Sud apparaissent comme des départements à forts seuils de pauvreté. La corrélation positive entre niveau de vie et seuil de pauvreté laisse présager que le niveau de vie des ménages ruraux du Sud et du Centre serait plus élevé que celui des ménages du Nord.
SPA : Centre
E n
F C
F A
Collines Zou
12
Le SPG a connu sur les quatre passages, une faible variation pour l’ensemble du milieu rural (0.42%). Cependant deux contrastes sont relevés dans deux départements : Atacora et Atlantique avec pour le premier une baisse moyenne de 2.5% et une hausse de 2.6% pour le second. Dans tous les autres départements la variation est restée faible.
Tableau 2.2 : Seuil de pauvreté globale annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
Département Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99- Fév.00
Mars99- Fév.00
Ensemble Milieu rural 73364 78428 73898 73249 74297
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
Les fluctuations du SPG sont attribuables à celles du SPA et du SPNA. L’évolution de ce dernier indicateur est liée à celle du niveau de vie. Le seuil de pauvreté non alimentaire s’est en moyenne fortement accru sur les quatre passages dans les départements du Centre (22.3%) et du Sud (7.0%) et a baissé en moyenne au Nord (-3.0%).
L’analyse des taux de croissance moyens qui vient d’être faite voile les périodes caractéristiques de l’évolution temporelle du SPG. Pour mettre en lumière celles-ci, le graphique 2.2 présente par zone géographique et pour l’ensemble du Bénin l’évolution dans le temps du SPG. Il fait ressortir deux périodes critiques sur les quatre passages : Juin-Août et Décembre –Février. La période Juin-Août correspond à un pic dans tous les départements à l’exception de l’Alibori et de l’Atacora. Celle allant de Décembre à Février correspond selon les départements à une période de hausse ou à une période de baisse du SPG.
13
Graphique 2.2 (a) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Bénin
Graphique 2.2 (b) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Nord-Bénin
SPG : Bénin
E n
E n
FC FA
14
Graphique 2.2 (c) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Centre-Bénin
Graphique 2.2 (d) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps
SPG : Sud
E n
FC FA
SPG: Centre
E n
F C
F A
Collines Zou
15
Entre 1994/1995 et 1999/2000, le SPG a augmenté en moyenne de 15.5% ; ce qui signifie que les ménages ruraux doivent dépenser un peu plus pour satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires en considérant comme référence leur situation de 1994/1995 [tableau 2.3]. L’accroissement du SPG est plus prononcé au Sud (22.7%) qu’au Nord (5.2%) et au Centre (6.4%). Le SPG a augmenté moins vite que le SPA. Celui-ci a augmenté respectivement de 24.3%.
Tableau 2.3 : Variation du seuil global de pauvreté entre 1994/95 et 1999/2000 par département
ECVR1, 1994/95 ECVR2, 1999/00Département Moyenne Etendue Moyenne Etendue Variation
moyenne en %
Nord 60479 17191 63616 10698 5.19 Alibori 64200 30660 61676 1385 -3,93 Borgou 61212 18741 73808 12528 20,58
Atacora 50293 13083 58863 14484 17,04 Donga 51161 7727 60118 14396 17,51
Centre 72351 12841 76987 7183 6.41 Collines 76583 14954 76871 9367 0,37
Zou 67152 11581 77103 4999 14,82 Sud 63717 15404 78207 9768 22.74
Atlantique 65341 11635 72367 9553 10,75 Couffo 67291 11979 85162 11561 26,56 Mono 67449 23477 81085 13518 20,22
Ouémé 66398 16901 78255 7763 17,86 Plateau 68118 10728 74168 6446 8,88
Ensemble Milieu rural 64511 12291 74297 5179 15,17 Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000.
2.3. INCIDENCE, PROFONDEUR ET SEVERITE DE LA PAUVRETE
L’incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté sont analysées à travers cinq principaux indicateurs : le seuil de pauvreté global (SPG), le seuil de pauvreté alimentaire (SPA), le ratio du déficit des dépenses qui est un indicateur de profondeur ou d’intensité de pauvreté, les indices synthétiques de Foster (P0, P1, P2) et le coefficient de contribution du département à la pauvreté rurale nationale.
2.3.1. Incidence de la pauvreté rurale selon le SPA
L’incidence de la pauvreté fondée sur le SPA mesure la proportion de la population rurale qui n’arrive pas à subvenir à ses dépenses alimentaires. En 1999, elle est de 18.6% contre 16.3% en 1994. En moyenne, les départements du Nord (21.0%) sont plus affectés par la pauvreté alimentaire. Ceux du centre le sont moins avec 14.6%. L’incidence dans les départements du Sud correspond à la moyenne nationale.
16
Ces tendances moyennes cachent les disparités intra-zones. En effet, le tableau 2.4 montre qu’au Nord, les départements les plus affectés par la pauvreté alimentaire sont le Borgou et la Donga avec respectivement des taux de 26.8% et 21.3% se situant au dessus de la moyenne nationale, le taux le plus faible (15.8%) étant observé dans l’Alibori. Au Centre, le département des Collines contraste avec celui du Zou avec respectivement 20.8% et 8.7%. De la même façon, au Sud, les départements de l’Atlantique, du Plateau, du Couffo contrastent avec celui du Mono. Dans les zones géographiques du Sud et du Centre, les taux de pauvreté faibles s’observent au sud contrairement au Nord. En somme, les départements les plus affectés par la pauvreté alimentaire sont le Borgou, l’Atlantique, le Plateau et le Couffo. Les départements du Zou et du Mono apparaissent comme ceux qui sont les moins touchés en terme de pauvreté alimentaire.
Tableau 2.4 : Incidence de la pauvreté alimentaire par département et par passage (en %)
Département Mars - Mai 99
Alibori 16,9 7,3 22,2 17,0 15,8 9ème
(1,8) (1,3) (2,0) (1,9) (0,9) Borgou 10,2 32,6 39,1 25,8 26,9 1er
(2,2) (3,4) (3,5) (3,2) (1,6) Atacora 17,1 20,8 22,6 13,6 18,5 8ème
(2,4) (2,6) (2,7) (2,3) (1,3) Donga 12,5 21,2 41,2 10,3 21,3 5ème
(3,2) (4,0) (4,9) (3,1) (1,9) NORD 14,1 21,2 30,5 18,0 21,0
(1,2) (1,2) (1,5) (1,3) (0,6) Collines 10,5 22,8 25,9 23,9 20,8 6ème
(2,3) (3,2) (3,4) (3,3) (1,6) Zou 5,8 7,2 16,9 5,0 8,7 11ème
(1,5) (1,7) (2,5) (1,5) (0,9) CENTRE 8,1 14,8 21,3 14,2 14,6
(1,3) (1,7) (2,0) (1,7) (0,9) Atlantique 12,4 30,4 31,3 17,8 23,0 2ème
(2,2) (3,1) (3,2) (2,7) (1,4) Couffo 25,7 24,5 28,6 8,6 21,9 4ème
(3,4) (3,4) (3,5) (2,2) (1,6) Mono 13,2 2,8 21,0 7,2 11,1 10ème
(2,7) (1,6) (3,3) (2,1) (1,2) Ouémé 15,3 14,4 29,0 18,3 19,3 7ème
(2,4) (2,4) (3,1) (2,9) (1,4) Plateau 10,1 29,2 26,3 23,5 22,3 3ème
(2,6) (3,9) (3,8) (3,6) (1,7) SUD 16,2 17,6 25,7 14,4 18,5
(1,2) (1,4) (1,5) (1,2) (0,7) BENIN 13,8 18,3 26,5 15,6 18,6
(0,7) (0,8) (0,9) (0,8) (0,4) Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
Comme le SPA, l’incidence de la pauvreté alimentaire varie d’un passage à l’autre. La période de forte incidence est Septembre-Novembre dans tous les départements à l’exception
17
du Plateau où elle se situe entre Juin et Août. La période de faible incidence varie en fonction des zones géographiques : au nord, elle correspond à Décembre-Février dans l’Atacora et la Donga, à Juin-Août dans l’Alibori et Mars-Mai dans le Borgou. Dans la zone du centre, la faible incidence est observée entre Mars et Mai dans les Collines et Décembre- Février dans le Zou. Dans le Sud, elle correspond à Juin – Août dans l’Ouémé, à Décembre- Février dans le Couffo et à Mars-Mai dans l’Atlantique et le Plateau.
Les caractéristiques des périodes citées ci-dessus couplées avec la forte corrélation entre zones agro-écologiq
PECHE
PNUD
PROFIL DE LA PAUVRETE RURALE ET CARACTERISTIQUES SOCIO- ECONOMIQUES DES MENAGES RURAUX
SYNTHESE DES DEPARTEMENTS
INSTITUTIONNELLES ET DE GESTION (PRCIG)
ETUDE SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES RURAUX
(ECVR2)
ii
AVANT-PROPOS
L’étude sur le profil de la pauvreté et les caractéristiques socio-économiques des ménages ruraux s’inscrit dans le cadre des activités de l’Observatoire des ménages ruraux. L’Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages Ruraux (ECVR) a pour objectif de fournir aux décideurs des éléments de base nécessaires à la connaissance et à la quantification du phénomène de pauvreté en milieu rural. Elle se veut, un outil précieux dans la mise en œuvre de politiques en matière de lutte contre la pauvreté au Bénin.
Le présent document présente, pour la deuxième édition de l’ECVR réalisée entre Mars 1999 et février 2000, la version révisée de la synthèse des résultats des départements suivant le nouveau découpage administratif. Il a été rédigé en version préliminaire par Monsieur Yves AJAVON puis finalisé par Monsieur Cosme VODOUNOU avec la collaboration de Monsieur Ambroise AGBOTA qui a rédigé l’introduction. Le traitement informatique des données a été effectué par Monsieur Félix SESSOU puis repris par les consultants nationaux Cosme VODOUNOU, Epiphane ADJOVI et Assogba HODONOU.
Le document est le fruit des réflexions et concertations régulières et périodiques de nombreux cadres des directions techniques et des Directions de la Programmation, du Suivi et de l'Evaluation (DPSE) des six CARDER du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et la Pêche (MAEP), des cadres de la cellule technique de la Dimension Sociale du Développement (DSD) et de l'INSAE, du Ministère Chargé de la Coordination de l’Action Gouvernementale, de la Prospective et du Développement (MCCAG-PD), des consultants internationaux et nationaux avec le soutien technique et financier du PNUD et de la DANIDA.
Ont participé à ces séances de travail, de revue à mi-parcours et d'analyse des résultats de chacun des quatre passages :
- Messieurs les auteurs de ce document;
- Messieurs Soulé Manigui, Yves Ajavon, Edgard Didavi, Nazaire Ehoumi, Emmanuel Foudah, Luc Kpoffon et Sossou Biadja Grégoire de la DPP/MDR; Messieurs Pierre Basso et Roger N’kouei du CARDER Atacora; Messieurs Tabé Bio Séko, Taïrou Gnan Arouna Salifou du CARDER Atlantique; Messieurs Frédéric Biaou et Gaston Agossou du CARDER Borgou; Messieurs Nestor Gomido et Donatien Zola du CARDER Mono; Messieurs Séïdi Sahabi, Honoré Grimaud et Jean Kocou Tossa du CARDER Ouémé; Messieurs Hilaire Kotomalè et Jacques Davo du CARDER Zou;
- Messieurs Martin Gibril, Moussiliou Moustapha, de l'INSAE; Messieurs Ignace Allagnon et Ayi Padonou du MCCAG-PD;
Les auteurs tiennent à remercier Mesdames Rosine Coulibaly, Yvette Houngbo et Messieurs Eric Martin Corréa, Maurice Bankolé, Evariste Vigan, Eric Tossou et Eric Dadjo pour leurs commentaires et apports qui ont permis d'améliorer le contenu du document. Les remerciements vont également vers les nombreux enquêteurs et contrôleurs, le personnel du projet BEN/96/001 "Programme-Cadre de Renforcement des Capacités Institutionnelles et de Gestion" PRCIG du PNUD et tous les membres des nombreux ménages ruraux qui se sont prêtés à l'investigation.
iii
TABLE DES MATIERES
Pages Avant-propos ii Liste des tableaux. V Liste des graphiques et figures. Viii Listes des abréviations et sigles Viii Indicateurs de base de la pauvreté en milieu rural Ix Faits saillants Xi
0. INTRODUCTION 1 0.1. Contexte de l’ECVR.. …. 1 0.2. Objectifs ….. 2 0.3. Présentation du document 2
1. BREF APERÇU SUR LE BENIN …. 3 1.1. Délimitations.. 3 1.2. Caractéristiques démographiques 3 1.3. Caractéristiques agro-écologiques 3 1.4. Organisation administrative et vie économique. 4
2. INDICATEURS DE MESURE DE LA PAUVRETE EN MILIEU RURAL….. 4 2.1. RAPPEL METHODOLOGIQUE.. 4 2.1.1. Période de référence et Echantillon…. 4 2.1.2. Outils d’analyse.. 6
2.2. SEUILS DE PAUVRETE RURALE.. 7 2.2.1. Seuil de pauvreté alimentaire. 7 2.2.2. Seuil de pauvreté global. 11
2.3. INCIDENCE, PROFONDEUR ET SEVERITE DE LA PAUVRETE …..
15
15
2.3.2. Incidence de pauvreté rurale selon le SPG 20 2.3.3. Ratio du déficit des dépenses : Profondeur de la pauvreté. 24 2.3.4. Coefficient de contribution de chaque département à la pauvreté
nationale 25 2.3.5. Montant total de ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté
28 2.3.6. Pauvreté structurelle et pauvreté conjoncturelle sur la période
d’étude. 29
3. PROFIL DE PAUVRETE EN MILIEU RURAL ET CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES MENAGES AU REGARD DE LA PAUVRETE. 32
3.1. PROFIL DE PAUVRETE 32 3.1.1. Sexe du Chef de ménage 32 3.1.2. Taille du ménage 33 3.1.3. Age du chef de ménage 33 3.1.4. Statut de profession et branche d’activité du chef de ménage 34
iv
3.2. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES MENAGES AU REGARD DE LA PAUVRETE 36
3.2.1. Caractéristiques démographiques 36 3.2.2. Emploi des ménages ruraux 46 3.2.3. Revenus des ménages ruraux 48 3.2.4. Dépenses de consommation des ménages ruraux 49
4. ETATS NUTRITIONNEL ET SANITAIRE ET ACCES AUX SOINS DE SANTE DES MEMBRES DES MENAGES RURAUX 53
4.1. Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classification de Waterlow 53
4.2. Etat sanitaire des membres des ménages ruraux 60 4.3. Accès à l’eau potable et participation à la gestion et l’entretien des
infrastructures hydrauliques. 62
5. NIVEAU D’INSTRUCTION ET DE SCOLARISATION DES MEMBRES DES MENAGES RURAUX 68
6. CONCLUSION 70
LISTE DES TABLEAUX Pages
Tableau 2.1 Seuils de pauvreté alimentaire annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
9
Tableau 2.2 Seuils de pauvreté global annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
12
Tableau 2.3 Variation du seuil de pauvreté global entre 1994/95 et 1999/2000 par département
15
Tableau 2.4 Incidence de la pauvreté alimentaire par département et par passage 16
Tableau 2.5 Evolution de l’incidence de pauvreté selon le SPA entre 1994/1995 et 1999/00
17
Tableau 2.6 Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre 1994/95 et 1999/00
18
Tableau 2.7 Vulnérabilité à la pauvreté alimentaire par département et par passage 19 Tableau 2.8 Variation saisonnière de la vulnérabilité entre les deux périodes
d’édition de l’ECVR 20
Tableau 2.9 Incidence de la pauvreté globale par département et par passage 21
Tableau 2.10 Evolution de l’incidence de la pauvreté selon le SPG entre 1994/95 et 1999/00
22
Tableau 2.11 Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté entre 1994/95 et 1999/00
23
Tableau 2.12 Ratio du déficit des dépenses des pauvres par département et par passage
24
Tableau 2.13 Comparaison du ratio de déficit des dépenses entre 1994/95 et 1999/00 25 Tableau 2.14 Pauvreté, poids démographique et coefficient annuel moyen de
contribution du département à la pauvreté rurale globale 26
Tableau 2.15 Montant du déficit total à combler pour éliminer la pauvreté 29 Tableau 2.16 Pourcentage de ménages pauvres au cours d’un ou de plusieurs passages
par département 30
Tableau 2.17 Evolution de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les ménages retrouvés 31 Tableau 2.18 Dynamique de la profondeur de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les
ménages retrouvés 31
Tableau 3.1 Indices de pauvreté selon le sexe du chef de ménage 32 Tableau 3.2 Indices de pauvreté selon la taille du ménage 33 Tableau 3.3 Indices de pauvreté selon l’âge du chef de ménage 34 Tableau 3.4 Indices de pauvreté selon le statut de profession du chef de ménage 34 Tableau 3.5 Indices de pauvreté selon la branche d’activité du chef de ménage 35 Tableau 3.6 Indices de pauvreté selon le niveau d’instruction du chef de ménage 35 Tableau 3.7 Taille moyenne du ménage dans les départements selon la catégorie du
ménage 36
Tableau 3.8 Profil socio-démographique selon la taille au regard de la pauvreté 37 Tableau 3.9 Profil socio-démographique selon l’âge au regard de la pauvreté 39 Tableau 3.10 Nombre moyen d’actifs et d’inactifs et rapport de dépendance par
département selon la catégorie de ménage 41
Tableau 3.11 Comparaison des rapports de dépendance entre 1994 et 1999 42 Tableau 3.12 Profil socio-démographique selon le sexe du chef de ménage au regard
de la pauvreté 43
Tableau 3.13 Profil socio-démographique selon le niveau d’instruction du chef de ménage au regard d la pauvreté
45
Tableau 3.14 Répartition des membres de ménage de 8 ans et plus selon l’activité principale et les diverses catégories socio-économiques
46
Tableau 3.15 Principales activités et temps hebdomadaire moyen y consacré par les membres des ménages selon le département (en heure)
77
vi
Tableau 3.16 Revenu net annuel (FCFA nominal) par ménage et par équivalent - adulte selon le département
71
Tableau 3.17 Principales sources de revenu en milieu rural 73 Tableau 3.18 Dépenses globales trimestrielles (FCFA nominal) par équivalent -
adulte et par département 75
Tableau 3.19 Variation de la composition des dépenses globales de consommation entre 1994 et 1999 selon les catégories socio-économiques
50
Tableau 3.20 Niveau et composition des dépenses globales de consommation par équivalent – adulte selon les catégories socio-économiques
76
Tableau 3.21 Niveau et structure des dépenses de consommation non-alimentaire par équivalent-adulte des ménages ruraux
52
Tableau 3.22 Niveau et structure des dépenses de consommation non-alimentaire par équivalent-adulte selon les catégories socio-économiques des ménages ruraux
52
Tableau 3.23 Variation de la structure des dépenses de consommation non- alimentaire entre 1994/95 et 1999/2000 selon les catégories socio- économiques de ménage
53
Tableau 4.1(a)
Tableau 4.1(b)
Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classification de Waterlow Variation de l’état nutritionnel des enfants selon la classification de Waterlow entre 1994/1995 et 1999/2000 par département
55
57
Tableau 4.2 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans par le sexe et par département
59
Tableau 4.3 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon les catégories socio-économiques du ménage par département
59
Tableau 4.4 Pourcentage des membres des ménages ruraux ayant déclaré avoir été malades selon la catégorie socio-économique
61
Tableau 4.5 Recours aux soins en cas de maladie : type de choix de traitement 78 Tableau 4.6 Existence d’au moins un point d’eau public au village par département 63 Tableau 4.7 Sources d’approvisionnement en eau par catégorie de ménage selon la
saison en milieu rural 64
Tableau 4.8 Pourcentage de ménage selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio- économique et par département (saison des pluies)
64
Tableau 4.9 Pourcentage de ménage selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio- économique et par département (saison sèche)
65
Tableau 4.10 Contribution de la population dans la mise en place des infrastructures hydrauliques
66
Tableau 4.11 Principales raisons de non contribution de la population à la mise en place de l’infrastructure hydraulique
66
Tableau 4.12 Taux de participation des ménages dans l’entretien des infrastructures hydrauliques
67
Tableau 4.13 Principales raisons de non contribution de la population à l’entretien de l’ infrastructure hydraulique
67
Tableau 5.1 Niveau d’instruction des membres des ménages ruraux selon le sexe et par département
80
Tableau 5.2 Variation du niveau d’instruction des membres des ménages ruraux entre 1994/95 et 1999/00 selon la catégorie de ménage
68
Tableau 5.3 Taux de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des ménages ruraux 82 Tableau 5.4 Niveau de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des ménages ruraux
selon la catégorie socio-économique 83
Tableau 5.5 Niveau de scolarisation des membres de 5 à 14 ans des ménages ruraux selon la catégorie socio-économique
84
Tableau 5.6 Principales raisons de non scolarisation des enfants par sexe 85 Tableau 5.7 Principales raisons de non scolarisation des enfants selon la catégorie
socio-économique du ménage 86
Graphique 2.1 (a)
Graphique 2.1 (b)
Graphique 2.1 (c)
Graphique 2.1 (d)
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Nord-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Sud-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Centre-Bénin
9
9
10
11
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Nord-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Centre-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Sud-Bénin
12
12
13
13
Graphique 2.3 Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre 1994/95 et 1999/00
17
Figure 2.1 (a)
Figure 2.1 (b)
Figure 2.1 (c)
Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté globale entre 1994/95 et 1999/00
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P0
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P1
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P2
22
26
26
27
viii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
EBC Enquête Budget Consommation ECVR Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages Ruraux ELAM Enquête Légère Auprès des Ménages FAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture INSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique MAEP Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement SPA Seuil de Pauvreté Alimentaire SPG Seuil de Pauvreté Global SPNA Seuil de Pauvreté Non Alimentaire UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
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1. Profil de pauvreté
Seuil de pauvreté alimentaire national 49257 FCFA/équivalent – adulte Incidence nationale de la pauvreté alimentaire 18.6% Départements les plus touchés Borgou, Atlantique, Plateau, Couffo Départements les moins touchés Zou, Mono Période critique : Septembre-Novembre 26.5%
Seuil de pauvreté global national 74297 FCFA/équivalent - adulte Incidence nationale de la pauvreté globale 31.2% Départements les plus touchés Couffo, Atlantique, Borgou, Plateau,
Donga Départements les moins touchés Mono, Zou, Atacora Période critique : Septembre-Novembre 51.6%
Ratio du déficit des dépenses 27.3% Départements ayant une forte profondeur de pauvreté Borgou, Couffo, Collines Départements contribuant plus à la pauvreté nationale Couffo, Borgou, Alibori Ressources nécessaires pour amener les pauvres au niveau du seuil de pauvreté global
58.1 milliards de FCFA
2. Démographie
Taille du ménage rural 7 personnes Taille moyenne du ménage rural non-pauvre 6 personnes Taille moyenne du ménage rural pauvre 8 personnes Taux de dépendance (proportion d’enfants de moins de 10 ans à charge/actif du ménage)
51.4%
Taux de dépendance du ménage non-pauvre 48.0% Taux de dépendance du ménage pauvre 53.0%
3. Emploi des ménages
Nombre moyen d’heures de travail dans un ménage rural 35 heures/seMaine par équivalent- adulte
Principales activités Par ordre décroissant : Agriculture (80% de ménages), Commerce (5%), Artisanat (4%)
4. Revenu net
Revenu net moyen dans le ménage rural 125491 FCFA/équivalent – adulte Département ayant le plus faible revenu net Donga (73393 FCFA/ équiv. Adulte) Département ayant le revenu net le plus élevé Atlantique (247498 FCFA/ equiv.
Adulte) Sources du revenu net Activités agricoles (41%), activités
non – agricoles (53%), autres sources (6%)
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Dépense moyenne dans le ménage rural 100340 FCFA/équivalent-adulte Postes et importance des dépenses Dépenses alimentaires (70%)
Dépenses non alimentaires (30%)
20% 19% 19%
14% 14% 14%
7. Education Taux général d’analphabétisme 71% -Hommes 61% -Femmes 80% Proportion de la population ayant le niveau primaire 23% -Hommes 30% -Femmes 17%
Pauvre Non-pauvre Moyenne
Taux d’inscription des enfants dans l’enseignement primaire 41.5% 42.9% 42% -Garçons 49% -Filles 34% Raisons de non scolarisation des enfants -nécessité de travailler 27% -enfant jugé trop jeune pour aller à l’école 27% -Coût trop élevé des études 7% -Pas d’avenir 6%
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FAITS SAILLANTS
Evolution des seuils de pauvreté : le seuil de pauvreté global a augmenté plus vite dans les départements du Sud que dans ceux du Nord et du Centre
• En milieu rural, le seuil de pauvreté global (SPG) est estimé à 74297 FCFA par an par équivalent adulte. Il représente 1.51 fois le SPA.
• Dans les départements du Centre (Collines, Zou) , le SPG est en moyenne de 76987 FCFA, presqu’identique à la moyenne de ceux du Sud (Plateau, Ouémé, Mono, Couffo, Atlantique), et représente 1.21 fois celui du Nord (Alibori, Borgou, Donga, Atacora).
• Entre 1994/1995 et 1999/2000, le SPG a augmenté en moyenne de 15.5% ; l’accroissement du SPG est plus prononcé au Sud (22.7%) qu’au Centre (6.4%) et au Nord (5.1%). Le SPG a augmenté moins vite que le SPA. Celui-ci a augmenté de 24.3%.
Indices de pauvreté rurale : une stabilité tant de l’incidence, de la profondeur que de la sévérité de la pauvreté
• L’incidence de la pauvreté est restée stable sur la période 1994-1999. Le taux de pauvreté fondé sur le SPG est passé de 30.4% en 1994 à 31.2% en 1999. Les départements du Borgou et du Couffo sont les plus affectés avec une incidence voisine de 48%. Les populations du Zou, du Mono et de l’Atacora sont les moins touchées par le phénomène.
• Contrairement à la pauvreté globale, l’incidence de la pauvreté alimentaire s’est accrue significativement de 14.1% passant de 16.3% en 1994 à 18.6% en 1999. En moyenne, les ménages des départements du Nord ont plus de difficulté pour faire face à leurs dépenses alimentaires. En 1999, le taux de pauvreté alimentaire y est de 21.0%. Dans les départements du Centre et du Sud, il est estimé à 14.6% et 18.5% respectivement.
• Quant à la profondeur et la sévérité, les indices y afférents sont respectivement de 0.076 et 0.028 en 1994 et de 0.085 et 0.034 en 1999 avec des taux d’accroissement statistiquement non significatifs.
Incidence de la pauvreté rurale par département : 5 départements sur 11 (sans le Littoral) sont des zones de forte concentration de pauvreté
• Les départements du Borgou, du Couffo, de l’Alibori, des Collines et de l’Ouémé constituent les principales zones géographiques dans lesquelles se concentrent la pauvreté. Leur contribution est évaluée à 70%. En revanche, le Zou, le Mono et l’Atacora sont considérés comme des zones de faible concentration.
• En général, l’aspect conjoncturel de la pauvreté prime sur l’aspect structurel, la pauvreté structurelle étant définie par référence aux ménages pauvres au cours de 3 ou 4 passages et la pauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiés comme pauvres au cours d’un ou de deux passages. Le taux de pauvreté est de 23.3% en moyenne sur un ou deux passages et de 10.8% sur trois ou quatre passages pour l’ensemble du milieu rural.
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Pauvreté rurale et taille du ménage : le phénomène de pauvreté est davantage intense et sévère lorsque la taille du ménage augmente.
• L’incidence de pauvreté des ménages de moins de trois personnes est de 22% contre 37% pour les ménages de six personnes et plus. L’effet de la taille du ménage est très significatif sur les trois indices de pauvreté retenus dans les départements de l’Atlantique, des Collines, de la Donga, et du Plateau. Du point de vue des indices de pauvreté, l’effet de la taille reste cependant globalement faible.
• La grande taille est donc une caractéristique des ménages pauvres ruraux avec un effet – région dominant : taille très élevée dans les départements du Nord avec une moyenne de 10 personnes contre 7 dans ceux du Sud et du Centre. Entre les éditions 1994/95 et 1999/2000, la taille des ménages, en particulier des ménages pauvres est restée relativement constante.
• Les ménages pauvres du Borgou, de l’Alibori et de l’Atacora sont de très grande taille avec respectivement 11, 10 et 9 personnes. En revanche, ceux de l’Ouémé, du Plateau et des Collines sont de taille relativement réduite (6 personnes).
• Chez les pauvres, le rapport de dépendance est de 53% en 1999 contre 51% pour l’ensemble de la population.
Pauvreté rurale et sexe du chef de ménage : Le sexe du chef de ménage n’est pas un déterminant significatif de la pauvreté en milieu rural
• Les ménages ruraux sont majoritairement dirigés par les hommes. Le phénomène est plus perceptible au Nord qu’au Sud et au Centre. En moyenne, 82% des ménages du Sud sont dirigés par les hommes ; la proportion est de 85% au Centre contre 91% au Nord. La moyenne nationale (86%) est restée constante de 1994 à 1999.
• Le sexe du chef de ménage n’a pas d’effet significatif sur la pauvreté en milieu rural. L’incidence de la pauvreté des ménages dirigés par les hommes est de 31.7% contre 26.4% pour les ménages dirigés par une femme. La différence entre ces deux taux n’est pas statistiquement significative. Trois départements ont rompu avec cette tendance et présentent une opposition très nette : d’une part l’Atacora et la Donga caractérisée par la prédominance de l’incidence de pauvreté masculine et d’autre l’Ouémé où le taux de pauvreté des ménages dirigés par une femme est 1.75 fois celui des ménages dirigés par un homme.
Pauvreté rurale et niveau d’instruction du chef de ménage : l’analphabétisme rime avec la pauvreté
• L’analphabétisme est une caractéristique du milieu rural. En moyenne deux ménages sur trois sont dirigés par un chef qui n’a aucun niveau d’instruction. Le niveau le plus souvent atteint parmi ceux qui sont alphabétisés est celui du cours primaire.
• Le niveau d’instruction du Chef de ménage a un effet faible sur la pauvreté en milieu rural. Au niveau régional, la relation est bien typée et laisse apparaître des profils de pauvreté
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hétérogènes du sud au nord. Dans les départements du Sud (Couffo), les ménages dont le chef n’a que le niveau du primaire affichent le taux de pauvreté le plus élevé (68%) ; Viennent ensuite ceux dont le chef est alphabétisé en langue locale ou n’a aucun niveau d’instruction (entre 32% et 45%). Dans les départements du Centre, le primaire ou le lycée est caractéristique du niveau d’instruction des chefs des ménages les plus pauvres. Enfin au Nord (Alibori), c’est l’analphabétisme qui caractérise le niveau d’instruction des ménages les plus pauvres.
Pauvreté rurale et emploi des membres des ménages : Le commerce et l’artisanat sont l’apanage des ménages non-pauvres ou vulnérables
• L’agriculture est l’activité principale dominante des membres des ménages ruraux. Elle occupe 80% des membres des ménages. Le commerce et l’artisanat constituent les deux autres principales activités ; ils occupent respectivement 5% et 4% des membres des ménages. Par rapport à 1994, la proportion de la population exerçant dans l’agriculture est en baisse de 6 points du fait de l’exode rural.
• La catégorie socio-économique du ménage n’a pas d’influence sur l’exercice d’une activité agricole. Cependant le choix d’exercer dans le commerce ou l’artisanat est lié à la catégorie socio-économique. Ces activités caractérisent les ménages non-pauvres ou vulnérables. Le lien entre l’exercice d’une activité commerciale ou artisanale et la catégorie socio-économique des ménages s’explique par le besoin de fonds de roulement ou d’investissement nécessaire au démarrage puis à la survie de telles activités.
• En milieu rural, le nombre moyen d’heures de travail est estimé à 35 heures par semaine en 1999 contre 27 heures en 1994. Les membres des ménages consacrent en moyenne le tiers de leur temps à l’agriculture et les 48% aux prestations de services. Les départements du Nord- Est, Alibori et Borgou sont caractérisés par un nombre moyen d’heures de travail hebdomadaires réduit (entre 25 et 31 heures) par rapport à la moyenne nationale. Dans chacun de ces départements, le temps est différemment alloué à l’agriculture et aux prestations de services. Les départements dont les ménages totalisent des heures de travail hebdomadaires très élevées (supérieures à 41 heures), consacrent au moins 49% de leur temps aux prestations de services. C’est le cas du département du Mono, zone de pêcherie par excellence, du département du Plateau caractérisé par la zone de terre de barre et de dépression où la production agricole ne constitue pas la principale source de revenu et enfin, du département du Zou dominé par la zone des terres de barre dans laquelle les revenus du commerce, des transformations agro-alimentaires et des petits métiers ont pris le pas sur ceux des cultures agricoles.
• Dans l’Atlantique et l’Ouémé, la prédominance du temps consacré aux prestations de services est plus accentuée du fait de la proximité d’une part, des villes de Cotonou, Porto-novo et Ouidah et d’autre part, du Nigeria pour l’Ouémé notamment ; proximité qui favorise le développement du commerce et des petits métiers au détriment de l'activité culturale.
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Pauvreté rurale et revenu net du ménage : les transferts constituent une source non négligeable de revenu pour les ménages pauvres du Couffo
• En milieu rural, le revenu net annuel des ménages est en moyenne de 125491 Fcfa. Chez les ménages pauvres, il est évalué à 74055 Fcfa contre 150610 Fcfa pour les ménages non – pauvres. Les revenus les plus élevés sont observés dans l’Atlantique, l’Ouémé et le Zou. Ils représentent respectivement 2 fois, 1.5 fois et 1,4 fois le revenu net moyen du milieu rural.
• A l’opposé, les revenus les plus faibles représentent entre 0.50 et 0.70 fois le revenu moyen et sont observés dans les départements de la Donga, du Couffo, du Borgou et de l’Atacora. Le revenu observé dans la Donga représente le tiers du revenu le plus élevé observé dans l’Atlantique. Les départements du Nord apparaissent ainsi typés du point de vue de leur faiblesse de revenu et de leur forte incidence de pauvreté. Il en est ainsi aussi du Couffo, département du Sud, identifié comme zone de forte concentration de pauvreté et prioritaire dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
• Les revenus proviennent principalement de trois sources : activités non agricoles (53%), activités agricoles (41%) et transferts reçus en nature ou en argent (4%). Cette structure moyenne nationale masque les caractéristiques régionales fort différentes les unes des autres. A l’extrême – Nord (Alibori, Atacora), par exemple, les revenus proviennent essentiellement des activités agricoles (80%) et des activités non agricoles (entre 15% et 18%) ; les activités agricoles concernent les cultures de rente, les cultures vivrières et l’élévage. Dans le Borgou et la Donga, les activités non agricoles ont pris de l’importance et constituent notamment dans la Donga, la première source de revenu avec 49% (contre 28% dans le Borgou où elles occupent le second rang) ; suivent les activités agricoles avec 47%.
• Dans les départements du Centre, on observe comme au niveau de l’emploi des schémas différents entre la structure des revenus des ménages des Collines et ceux du Zou. Dans le Zou, près des 2/3 des revenus proviennent des activités non agricoles . En revanche, dans les Collines, ce sont les revenus agricoles qui dominent la structure des revenus avec une importance relative de 55%. Du point de vue de la catégorie socio-économique, les activités non – agricoles constituent au moins les 60% des revenus des ménages pauvres dans les deux départements. Chez les ménages non-pauvres par contre, les activités agricoles et non-agricoles représentent respectivement 52% et 44% des revenus des ménages des collines contre 38% et 56% pour les ménages du Zou.
• Au Sud, la proximité des grandes villes favorisent le développement du commerce et des petits métiers. Ainsi dans tous les départements, à l’exception du Couffo, les revenus des activités non agricoles représentent au moins les 70% du revenu total des ménages ruraux. Dans le mono, les revenus des activités agricoles et non agricoles se talonnent avec respectivement 45.7% et 46.2%. Dans le Couffo, zone de forte concentration de la pauvreté, les revenus proviennent des activités agricoles 57 fois sur 100, des activités non-agricoles 27 fois sur 100 et des transferts en nature ou en argent dans 15% des cas.
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Pauvreté rurale et dépenses globales des ménages : les pauvres consacrent une part plus importante des dépenses aux céréales et aux poissons et fruits de mer
• Un ménage rural dépense en moyenne par an 100340 FCFA par équivalent adulte ; ce qui représente 80% de ses revenus nets disponibles. La répartition spatiale montre que les ménages les plus dépensiers sont ceux du Zou avec 128185 FCFA par équivalent-adulte par an. En queue de liste se placent les ménages de l’Alibori et de la Donga dont les dépenses représentent en moyenne les 2/3 de celles du Zou.
• Les dépenses alimentaires représentent 70% des dépenses globales. La structure des dépenses des ménages pauvres diffèrent significativement de celle des ménages non pauvres. Ceux-ci consacrent en moyenne 66% de leurs dépenses totales à l’alimentation contre 76% pour les ménages pauvres. L’écart de 10 points est significatif et met en évidence la première loi d’Engel selon laquelle les pauvres consacreraient une part importante de leur budget à l’alimentation.
• Les structures régionales de consommation entre produits alimentaires et non alimentaires relativement constantes depuis 1994 sont peu dispersées chez les pauvres. Les structures moyennes des grandes zones géographiques (Nord, Centre, Sud) ne sont donc pas significativement différentes de la structure nationale selon laquelle les ménages pauvres consacrent 76% de leurs dépenses à l’alimentation. Sur le plan départemental, on note cependant que quatre départements (Atacora, Atlantique, Ouémé, Couffo) présentent des structures atypiques. Pour les ménages pauvres des trois premiers, les dépenses alimentaires représentent 78% des dépenses totales contre 70% dans le Couffo.
• Au niveau national, les groupes de produits les plus importants dans les dépenses alimentaires sont par ordre décroissant les céréales (35.5%), les racines et tubercules (14.1%), les fruits et légumes (12.6%), les huiles et oléagineux (8.9%), les poissons et fruits de mer (8.9%) et les viandes (5.2%). Sur les quatre passages, les parts des groupes de produits ont connu très peu de variation du fait des habitudes alimentaires. La comparaison des structures obtenues pour les deux éditions confirment aussi la rigidité des habitudes alimentaires.
• Pour certains groupes de produits, les ménages apparaissent typés selon la catégorie socio- économique. Les pauvres consacrent une part plus importante des dépenses aux céréales et aux poissons et fruits de mer. Les ménages non – pauvres accordent des poids plus importants aux racines et tubercules, aux viandes et aux fruits et légumes.
• S’agissant des dépenses non-alimentaires, les postes les plus importants sont par ordre décroissant le logement (36.8%), l’habillement (32.4%), la santé (16.5%), le transport (8.4%). Les postes « éducation » et « obligations sociales » sont relativement de faible importance. Sur les quatre passages, les principaux postes sont restés stables Mais leur importance relative a connu de substantielle variation. Ainsi les dépenses relatives au poste logement ont atteint leur maximum sur la période Septembre – Novembre, celles relatives au poste habillement en Décembre-Février, période des fêtes. Les dépenses relatives à l’éducation ont pris deux fois plus d’importance en période de rentrée scolaire (Septembre – Novembre). En 1994 et 1999, les comportements vis-à-vis des dépenses non – alimentaires sont relativement constants.
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Pauvreté rurale et état sanitaire des membres des ménages : les ménages pauvres ont plus de préférence pour la médecine traditionnelle • En cas de maladie, les membres des ménages ruraux ont principalement recours à la médecine
moderne et à l’automédication pour se soigner. Le recours à la médecine moderne se fait 30 fois sur 100 et l’automédication 33 fois sur 100. L’automédication par la médecine moderne se fait en proportion de 19% et celle faite par les plantes médicinales de 14%. Les ménages utilisent dans une faible proportion la double thérapie médecine moderne et médecine traditionnelle (2,8%) ou l’association de la médecine moderne (respectivement médecine traditionnelle) avec l’automédication moderne (3,3%). L’association de l’automédication par les plantes médicinales avec la médecine moderne constitue un mode de traitement non négligeable (8,3%) au même titre que le recours à la médecine traditionnelle seule (7,7%).
• Le mode de traitement choisi est influencé par la catégorie socio-économique des membres des ménages. En effet, en dehors du recours courant à la médecine moderne, les ménages pauvres ont aussi une préférence pour la médecine traditionnelle (11.2% de ceux-ci ont déclaré y avoir recours contre 4,5 des non- pauvres). En revanche, ils associent moins la médecine moderne et l’automédication par les plantes médicinales.
• Sur le plan régional, on observe qu’en moyenne les ménages de l’extrême Nord ont une préférence pour la médecine traditionnelle et à l’automédication alors que ceux du Sud ont le plus souvent recours à la médecine moderne et l’automédication.
Pauvreté rurale et scolarisation des enfants : le taux de scolarisation des enfants est plus faible dans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres
• Le taux de scolarisation des garçons est nettement supérieur à celui des filles (32% contre 23%) et s’est aussi accru plus vite de 1994 à 1999 (le taux de croissance du taux de scolarisation des garçons est de 54% contre 47% chez les filles). Le même phénomène s’observe dans tous les départements mais d’ampleur variable. Les taux les plus faibles sont observés au Nord (Alibori et Atacora en particulier) à l’exception de la Donga. Ceux–ci s’opposent à l’Atlantique, au Mono et à l’Ouémé qui affichent des taux de scolarisation relativement élevés.
• Le poids des enfants non-scolarisés croît du Sud au Nord. Il est de 11.2% dans le Mono contre 58.5% dans l’Alibori, la moyenne nationale étant estimée à 36.4%. Celui des enfants déscolarisés est relativement faible (moins de 5%).
• L’analyse du lien entre niveau de scolarisation des enfants et catégorie socio-économique montre que dans la plupart des départements, le taux de scolarisation des enfants est plus faible dans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres. La relation s’inverse dans la Donga, les Collines et le Zou.
• Deux principales justifications sont données pour expliquer la non-scolarisation et la déscolarisation des enfants de 5 à 14 ans en milieu rural. Il s’agit de la nécessité de travailler (27%) et de l’âge trop jeune des enfants (27%). Le coût trop élevé de l’inscription et l’incertitude de l’avenir sont aussi des raisons évoquées, mais moins fréquemment ( 7%) .
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Accès à l’eau potable : L’approvisionnement en eau potable exclusivement est faible quelle que soit la saison dans les départements du Zou, du Plateau et du Couffo
• Sur un échantillon de 165 villages, 89% ont au moins un point d’eau public. Sur le plan géographique, la totalité des villages de l’échantillon se situant au Nord (69) ont au moins un point d’eau. Dans le Centre et le Sud, les proportions des villages de l’échantillon ayant au moins un point d’eau sont respectivement de 73% et 83%
• Les sources d’approvisionnement en eau sont diversifiées et varient selon les saisons. En saison sèche, 80% des ménages utilisent l’eau potable (puits, robinet, fontaine, forage) et 13% l’eau non potable (marigot, eau de pluie). Dans les ménages pauvres, ces proportions sont 77% et 15% contre 80% et 13% dans les ménages non pauvres. En saison des pluies, la proportion des ménages qui utilisent exclusivement de l’eau potable tombe à 52%. En fonction de la catégorie socioéconomique, on observe 49% des ménages pauvres et 54% des ménages non pauvres. L’utilisation de l’eau non potable s’accroît au cours de cette saison : 24% des pauvres (au lieu de 15% en saison sèche) s’approvisionnent au marigot ou en eau de pluie contre 19% ( au lieu de 13% en saison sèche) des ménages non pauvres.
• En saison des pluies, l’utilisation exclusive de l’eau potable concerne 52% des ménages contre 80% en saison sèche. L’approvisionnement en eau potable exclusivement est faible quelle que soit la saison dans les départements du Zou, du Plateau et du Couffo : en saison des pluies, les proportions de ménages observées sont respectivement 24%, 35% et 30% contre 66%, 60% et 79% en saison sèche.
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Encadré : Indice de Pauvreté de la Classe de Foster et al. (1984)
Soit P la classe des indices décomposables de pauvreté. Si X est un indicateur du niveau de vie (dépense ou revenu par équivalent adulte par exemple), alors P s’écrit pour une ligne de pauvreté z
)(1)/1( 1
α α
où a s’interprète comme le coefficient d’aversion à la pauvreté.
Si, α =0, P0 est l’incidence de pauvreté ; c’est-à-dire la proportion des pauvres ; Si α =1, alors P1=P0 I où I désigne l’intensité ou la profondeur de la pauvreté ; Si α =2, P2 est l’indice de sévérité de la pauvreté ; il sert à mesurer l’inégalité parmi les pauvres.
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0.1. Contexte de l’ECVR2
L’évolution rapide du contexte socio-économique au Bénin, caractérisé par un désengagement progressif de l'Etat des secteurs de la production et de la commercialisation, a conduit le gouvernement et ses partenaires au développement à porter une attention particulière aux groupes démunis. Un des problèmes auxquels ils font face pour définir leurs interventions est le manque de connaissances sur les conditions de vie des ménages. C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) et l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) ont réalisé, entre 1994 et 1995 pour le milieu rural et 1996 pour le milieu urbain, le premier profil de pauvreté au Bénin avec le soutien financier et technique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la collaboration de l’UNICEF pour les volets nutritionnel et sanitaire en milieu rural.
Le gouvernement et ses partenaires au développement ont ainsi initié depuis le milieu des années 90 plusieurs programmes ciblés de lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, suite à la publication des résultats de la première édition du profil national de pauvreté dont les données ont constitué l’essentiel des informations du premier Rapport national sur le développement humain du Bénin (1997), le dernier plan triennal d’orientation du Bénin (1998 –2001) a axé ses interventions sur la lutte contre la pauvreté. Les mesures préconisées par les programmes affectent les conditions de vie des individus, notamment celles des ménages vulnérables et pauvres des milieux urbain et rural. Il apparaît donc pertinent d’évaluer les effets engendrés par la réorientation des politiques et des programmes d’aide en faveur des plus démunis sur leurs conditions de vie et, proposer au besoin des correctifs aux actions et aux politiques en cours.
C’est dans ce contexte, qu’une fois encore le MAEP et l’INSAE avec l’appui du PNUD et de la Coopération danoise ont convenu de réaliser une deuxième édition du profil national de pauvreté au Bénin. L’objectif principal de cette étude est d’analyser l’évolution des conditions de vie des ménages au cours des dernières années, d’identifier et de hiérarchiser les causes et les pistes de solutions qui permettraient de réduire de manière durable la pauvreté et, d’évaluer l’impact des programmes et des politiques de développement mis en place pour lutter contre la pauvreté.
Une deuxième édition du profil national de pauvreté s’avère indispensable pour au moins quatre raisons :
• La nécessité de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse selon laquelle il y aurait ces trois dernières années un effet de déplacement du phénomène de la pauvreté du milieu rural vers le milieu urbain. En effet, certains observateurs pensent à tort ou à raison que la pauvreté s’accentue en milieu urbain au détriment du milieu rural.
• Dans le cadre de la décentralisation et du nouveau découpage territorial, il serait utile d’établir le profil de la pauvreté pour chacun des douze (12) nouveaux départements afin d’aider les autorités locales à mieux formuler leur politique de lutte contre la pauvreté.
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• La première édition a eu lieu tout juste au lendemain du changement de parité du franc CFA par rapport au franc français (dévaluation du franc CFA de 50%) en un moment de perturbation du marché et de fluctuation des prix des produits. Un nouveau profil de pauvreté, dans des conditions actuelles plus stables, permettra d’être fixé sur le phénomène et sa manifestation spatiale.
• Le besoin d’actualiser les données sur le phénomène de la pauvreté au Bénin.
0.2. Objectifs de l’ECVR2
La deuxième édition de l’ECVR poursuit plusieurs objectifs. Au nombre de ceux-ci, on mentionne principalement :
a) la connaissance du taux actuel de pauvreté rurale au Bénin. b) la détermination des zones de concentration de cette pauvreté ainsi que son
intensité. c) l’étude de l'évolution de la pauvreté rurale de 1994 à 1999. d) l’identification des périodes ou saisons agricoles les plus critiques de la campagne 1999-2000. e) l’analyse des caractéristiques des pauvres ruraux par des facteurs démographiques et socio-économiques. g) l’appréciation du patrimoine des ménages au regard des diverses catégories socio-économiques.
h) l’identification des pauvres à travers l'étude exploratoire de l'ensemble des variables par une méthode multivariée de type analyse des correspondances multiples. i) l’étude de l'évolution des conditions de vie des ménages ruraux entre les deux
éditions de l'ECVR. j) l’appréciation de l’impact de divers programmes ou projets mis en œuvre en milieu rural dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ; ce qui permettra de proposer des
stratégies d’action en vue d’améliorer les conditions de vie des pauvres.
0.3. Présentation du document
Ce document présente la synthèse des résultats des 11 départements (non compris le Littoral). Il est subdivisé en cinq grandes parties.
La première partie présente un bref aperçu sur le Bénin. La deuxième partie aborde les indicateurs de mesure de pauvreté ; rappel de la méthodologie est d’abord fait ; ensuite les seuils de pauvreté, les incidences de la pauvreté selon les seuils de pauvreté alimentaire et global ont été présentés de même que les divers indicateurs analysés pour mieux apprécier l'importance, la profondeur et la dynamique de la pauvreté.
La troisième analyse le profil de pauvreté en milieu rural et les caractéristiques socio- démographiques des ménages au regard de la pauvreté. On y présente les indices de pauvreté selon le sexe du chef de ménage, la taille du ménage, l’âge du chef de ménage, le niveau d’instruction du chef de ménage, le statut de profession et la branche d’activité du chef de ménage. Pour la caractérisation des pauvres par rapport aux autres catégories socio- économiques, on a comparé les diverses catégories de ménages en ce qui concerne:
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• leurs caractéristiques démographiques (taille du ménage, le ratio de dépendance, le sexe du chef de ménage);
• leurs caractéristiques économiques ( niveau de leur emploi et sa décomposition en activités; le niveau de leur revenu et sa décomposition par source ; le niveau de leurs dépenses globales et leur décomposition en dépenses alimentaires et non alimentaires ;
La quatrième partie analyse les états nutritionnel et sanitaire des membres des ménages ruraux. On y étudie l’état nutritionnel des enfants de 5 ans selon la classification de Waterlow et l’accès à l’eau potable. La dernière partie du document aborde les questions relatives au niveau d’instruction et à la scolarisation des membres des ménages.
1.0. BREF APERÇU SUR LE BENIN
1.1 . Délimitations
Situé en Afrique Occidentale, la République du Bénin s’étend sur une superficie de 114 763 km². Elle entretient des rapports très étroits avec ses voisins immédiats que sont le Nigeria, à l’Est et le Togo à l’Ouest. Limitée au Sud par une bande côtière de 125 kilomètres, elle constitue une précieuse ouverture sur la mer pour ses voisins du Nord que sont le Burkina Faso et le Niger.
1.2 . Caractéristiques démographiques
Le Recensement Général de la Population et de l’Habitation de Février 1992 a dénombré 4 915 550 habitants dont 51% de sexe féminin, 4% d’enfants de moins d’un an et 18% d’enfants de moins de 5 ans. Les femmes en âge de procréer (15-49 ans) constituent 44% de la population féminine totale.
Avec 48% des moins de 15 ans, la population du Bénin est très jeune. Le taux d’accroissement naturel (3.2%) est très élevé par rapport à la moyenne du groupe des pays les moins avancés (2%) dont fait partie le Bénin. En 2000, la population du Bénin est estimée à 6 169 084 habitants.
Le Bénin se situe dans une zone de fécondité élevée de l’Afrique subsaharienne avec un taux de natalité et un taux de fécondité générale estimés respectivement à 47.2%0 et 202%0
selon le recensement de 1992. L’indice synthétique de fécondité (ISF) des femmes est estimé à 6.1 enfants selon la même source.
1.3 . Caractéristiques agro-écologiques
Le relief du Bénin est constitué d’une bande côtière sablonneuse et de deux zones de plateau. La chaîne de l’Atacora dans le Nord est le lieu où les trois principaux fleuves du pays prennent leur source. L’Ouémé, le plus long des fleuves irrigue le territoire du Nord au Sud.
Deux types de climat sont observés au Bénin.
- au Sud, un climat subéquatorial qui permet d’enregistrer deux saisons des pluies dans l’année (avril à juillet et octobre à novembre) ;
- au nord, un climat tropical avec une saison des pluies (Mai à octobre).
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Administrativement, le Bénin compte douze départements (Alibori, Atacora, Atlantique, Borgou, Collines, Couffo, Donga, Littoral, Mono, Ouémé, Plateau, Zou) divisés en 77 Communes, elles-mêmes subdivisées en 569 arrondissements ayant des villages et des quartiers de villes.
Le Bénin est entré, depuis 1990, dans un processus démocratique et de libéralisation économique. Trois Programmes d’Ajustement Structurels successifs ont mis la priorité sur l’assainissement de la situation au niveau macro-économique et négligé les secteurs sociaux dont la situation s’est aggravée avec la dévaluation du F CFA par rapport au Franc français de 50% intervenue en Janvier 1994 et qui a pour conséquence la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs.
L’économie béninoise décolle de façon timide en raison d’une agriculture aux techniques culturales encore archaïques, d’une industrie encore embryonnaire et d’un secteur tertiaire hypertrophié et peu contrôlable.
Face aux mesures d’austérité observée par le gouvernement sous les divers Programmes d’Ajustement Structurels et à ses difficultés pour créer des emplois nouveaux, les Béninois ont réagi en développant un tant soit peu le secteur privé, notamment dans les domaines sanitaire et éducatif. Bien que fonctionnels depuis seulement quelques années, ces deux secteurs témoignent d’un dynamisme tel qu’on ne peut plus passer sous silence leurs activités.
De la même manière, le secteur informel s’est trouvé gonflé de personnes installées à leurs propres comptes, et leurs activités sur le plan économique ne sont pas des moindres, malgré les difficultés réelles qu’il y a à les saisir avec précision.
2. INDICATEURS DE MESURE DE LA PAUVRETE
2.1. RAPPEL METHODOLOGIQUE
2.1.1. Période de référence et échantillon
La deuxième édition de l’Etude sur les conditions de vie des ménages ruraux (ECVR2) a suivi non seulement le découpage en zones agro-écologiques élaboré par le MAEP pour tenir compte de la diversité des situations des ménages ruraux et mener des analyses sur des ensembles géographiques relativement homogènes mais également le nouveau découpage du Bénin en douze départements.
Huit zones agro-écologiques sont ainsi constituées du Nord au Sud. Il s’agit :
• Zone 1 : Zone de l’Extrême nord Bénin • Zone 2 : Zone cotonnière du nord Bénin • Zone 3 : Zone vivrière du sud Borgou • Zone 4 : Zone Ouest Atacora • Zone 5 : Zone cotonnière du centre Bénin • Zone 6 : Zone des terres de barre • Zone 7 : Zone de la dépression
5
• Zone 8 : Zone des pêcheries.
Les onze départements comportant un milieu rural sont reconstitués comme il suit :
• Le département de l’Alibori (zones 1, 2) ; • Le département de l’Atacora (zones 2, 3, 4) ; • Le département de l’Atlantique (zones 6, 7, 8) ; • Le département du Borgou (zones 3, 5) ; • Le département des Collines (zone 5) ; • Le département du Couffo (zones 5, 6, 7) ; • Le département de la Donga (zones 4, 5) ; • Le département du Mono (zones 6, 8) ; • Le département de l’Ouémé (zones 6, 8) ; • Le département du Plateau (zones 5,6,7) ; • Le département du Zou (zones 5,6,7,8).
Le présent rapport ne prend en compte que le découpage en 11 départements, le 12ème
(Littoral) étant exclu des 12 départements que compte le Bénin en raison de son caractère exclusivement urbain.
Tout comme à la première édition, les données de la deuxième édition de l’ECVR2 ont été collectées en quatre passages pendant les mêmes périodicités que l’ECVR1 afin d’avoir les mêmes repères de temps pour l’analyse des évolutions. Il s’agit :
• De la période Mars – Mai correspondant à la période de soudure au sud et de paiement des ristournes aux producteurs de coton au nord. La collecte des données a été effectuée en fin Mai début Juin 1999.
• De la période Juin – Août correspondant à la période de soudure au nord et des récoltes pour la première saison au sud. La collecte des données a été effectuée en fin Août début Septembre 1999.
• De la période Septembre à Novembre correspondant à la période de récolte au nord et à la récolte de la petite saison au sud. La collecte des données a été effectuée en fin Novembre début Décembre 1999.
• De la période Décembre – Février correspondant à la période de la post-récolte de la petite saison au sud et de commercialisation du coton au nord. La collecte des données a été effectuée en fin Février début Mars 2000.
L’échantillon de l’ECVR2 est constitué de 2325 ménages. Il y a eu donc par rapport à l’ECVR1 une augmentation de la taille de l’échantillon (de 1350 à 2325) afin de s’assurer de la représentativité de l’ensemble des départements issus du nouveau découpage territorial. Il est important de mentionner que cet échantillon comprend l’échantillon de l’ECVR1 au complet sauf cas de déperdition – ce qui a permis d’avoir un échantillon de suivi.
En moyenne sur l’ensemble des quatre passages de l’ECVR2, environ 70% des ménages de l’ECVR1 ont été retrouvés. En effet, il a été retrouvé dans l’échantillon de l’ECVR2, 865 ménages de l’ECVR1 au premier passage (64,1%), 819 ménages de l’ECVR1 au deuxième passage (60,7%), 1115 ménages de l’ECVR1 au troisième passage (82,6%) et 1052 ménages de l’ECVR1 au quatrième passage (77,9%). C’est sur ces anciens ménages de l’ECVR1 retrouvés à l’ECVR2 que l’analyse de la dynamique de la pauvreté a été effectuée.
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2.1.2. Outils d’analyse
Du point de vue méthodologie d’appréciation de la pauvreté, la dépense globale du ménage, incluant la valorisation de l'autoconsommation, a été choisie comme indicateur de niveau de vie. Trois seuils de pauvreté ont été considérés :
• Le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) fait référence à la dépense minimale nécessaire à un individu ou à un ménage pour se procurer un panier de biens alimentaires qui respecte à la fois les normes nutritionnelles d'un régime alimentaire équilibré et les habitudes de consommation de la population rurale considérée.
• Le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) fait référence à la dépense minimale nécessaire pour acquérir les biens non-alimentaires et les services publics essentiels à la population.
• Le seuil de pauvreté global (SPG) est obtenu simplement en faisant la somme des seuils de pauvreté alimentaire et non-alimentaire (SPA et SPNA).
En raison de la rigidité (changement très lent) des habitudes de consommation alimentaire des populations, les paniers alimentaires déterminés pour les diverses zones agro- écologiques à la première édition ont été maintenus. Les changements qui seront constatés dans le niveau des seuils de pauvreté alimentaires sont donc exclusivement liés aux prix des produits alimentaires sur les marchés. Tous les marchés de collecte des prix des produits alimentaires et non alimentaires de la première édition ont été maintenus. Il y a eu, certes, quelques ajouts pour tenir compte de certains marchés représentatifs de certains départements issus du nouveau découpage territorial du pays. Enfin, il est à noter que tout comme à l’ECVR1, les seuils ont été calculés par équivalent adulte et non par individu afin d’avoir une même base de comparaison des ménages quelles que soient la taille et la composition de ces derniers.
Trois catégories de ménages ont aussi été définies :
• la première catégorie, les Non pauvres, regroupe les ménages qui ont enregistré des dépenses moyennes supérieures à 100% du seuil de pauvreté considéré;
• la deuxième catégorie, les Vulnérables, regroupe les ménages non pauvres dont les dépenses réelles moyennes sont comprises entre 100 et 150% du seuil de pauvreté considéré;
• la troisième catégorie, les Pauvres, regroupe les ménages dont les dépenses réelles moyennes sont en dessous du seuil de pauvreté considéré.
Plusieurs indicateurs ont été calculés pour mesurer la pauvreté rurale1, soit :
• l' incidence de la pauvreté alimentaire , c'est à dire le pourcentage de la population rurale en dessous du seuil de pauvreté alimentaire ;
• l' incidence de la pauvreté globale, c'est à dire le pourcentage de la population rurale en dessous du seuil de pauvreté global ;
1Ces indicateurs sont basés sur la méthodologie proposée par Foster, Greer et Thorbecke (1984) "A Class of Decomposable Poverty Measures" Econometrica et utilisés par exemple dans les profils de pauvreté réalisés en Côte d'Ivoire et au Ghana par Boateng, Ewusi, Kabour et McKay (1992) Un profil de pauvreté au Ghana Document de travail n° 5, Projet Dimensions Sociales de l'Ajustement, Banque mondiale, Washington, D.C.
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• le ratio du déficit de dépenses, indicateur de profondeur de la pauvreté, défini par le quotient de l'écart entre les dépenses moyennes des pauvres et le seuil de pauvreté sur le seuil de pauvreté en question ;
• le coefficient de contribution de chaque département à la pauvreté rurale nationale. Ce coefficient est calculé pour un département donné en multipliant la part de ce département dans la population totale par le ratio de l'incidence de pauvreté dans le département sur l'incidence nationale de pauvreté ;
• l’indicateur de sévérité de la pauvreté estimé par l’indice P2 de Foster [voir encadré ci-après].
• le montant total des ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté rurale si le ciblage sur les pauvres était parfait. Ce montant est calculé en multipliant l'écart entre la dépense moyenne des pauvres et le seuil de pauvreté par le nombre de pauvres.
• l'incidence de la pauvreté structurelle et de la pauvreté conjoncturelle. La pauvreté structurelle est définie en considérant les ménages pauvres au cours de 3 ou 4 passages et la pauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiés comme pauvres au cours d’un ou de deux passages. L’incidence de la pauvreté structurelle et de la pauvreté conjoncturelle permet d’étudier la dynamique de la pauvreté.
2.2. SEUILS DE PAUVRETE RURALE
. En vue d’étudier les indices de pauvreté, trois seuils de pauvreté sont retenus : le seuil de pauvreté alimentaire (SPA), le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) et le seuil de pauvreté global2 (SPG) qui résulte de la somme des deux premiers.
Dans cette section, on s’intéresse aux seuils de pauvreté alimentaire et global par département et par passage. On y analyse leur dynamique en les comparant à ceux calculés pour la première édition de l’ECVR en 1994/1995.
2.2.1. Seuils de pauvreté alimentaire
Pour les ménages ruraux, le seuil de pauvreté alimentaire est en moyenne de 49257 FCFA par an et par équivalent-adulte en 1999. Il fluctue tant dans la dimension spatiale que dans la dimension temporelle. Sur la période allant de février 1999 à Mars 2000, le tableau 2.1 présente dans l’ordre décroissant des SPA un classement Centre-Sud-Nord des zones géographiques et indique que le SPA des départements du Centre est en moyenne 1,26 fois celui du Nord et 1,03 fois celui du Sud. Il en résulte qu’il faut pour un ménage du Centre, 1.26 fois la somme nécessaire à un ménage du Nord pour satisfaire à ses besoins alimentaires.
Sur les quatre passages, le SPA connaît des fluctuations dont l’ampleur varie d’une zone géographique à une autre. Les départements du Nord ont connu en moyenne un accroissement de 2.5% par rapport au premier passage. Ceux du Centre et du Sud ont, par 2 Le SPG est la somme du SPA et du SPNA. Il est aussi défini comme le rapport du SPA et de la part de la dépense alimentaire dans la dépense totale des ménages situés en dessous de la médiane des dépenses totales.
8
contre, connu en moyenne des baisses respectives de 1.5% et 2.2% en raison notamment des chutes importantes de SPA enregistrées au 4ème passage [tableau 2.1].
Deux effets expliquent les variations observées. En premier lieu, l’effet-volume qui provient des différences des habitudes alimentaires entre les départements du Nord et ceux du Centre et du Sud. En second lieu, l’effet-prix résultant entre autres, de la loi économique classique de l’offre et de la demande, des effets saisonniers et des marges de transport. Pour l’effet-prix en particulier, il est facile de constater que dans les zones agro-écologiques 1, 2, 3, 4 caractéristiques des départements du Nord, le prix du sorgho a augmenté en moyenne de 0.2% sur les quatre passages, celui du mil, du maïs, du haricot, de l’arachide et de l’igname respectivement de -0.8%, 0.9%, 23.4%, 19.7% et 3.9%.
Dans la zone 5 caractéristique du département des Collines, le prix de l’huile de palme a augmenté en moyenne sur les quatre passages de 6.9%, le manioc de 23.1%, le poisson et le maïs respectivement de –7.1% et –2.8%. La hausse du prix du manioc dans les collines résulte du renchérissement des coûts de production de ce produit lequel s’inscrit dans le cadre du projet FAES (Femmes et Activités Economiques et Sociales) qui fait la promotion du manioc en vue de la fabrication du gari de qualité supérieure. Dans le même temps, l’effet- revenu dû à la vente de l’anacarde (produit de rente) fait jouer à la loi de l’offre et de la demande le rôle qui lui est dévolu. Il en résulte des prix élevés qui fluctuent en fonction des périodes.
A l’intérieur des grandes zones géographiques, les fluctuations du SPA sont essentiellement dues à l’effet-prix. C’est le cas des départements de l’Alibori, de l’Atacora et ceux du Sud et du Centre. Bien entendu, cet effet-prix n’est pas dissocié des caractéristiques agro- écologiques des zones qui constituent ces départements. A cet égard, le graphique 2.1 qui présente l’évolution par grande zone géographique du SPA de chaque département montre des allures différentes selon les zones. Au Centre, la courbe est concave dans les collines indiquant la période Septembre-Novembre ( période de récolte) comme le point culminant du SPA. Au Nord et au Sud, la courbe retraçant l’évolution du SPA est en général d’abord convexe puis concave. Dans ces zones et notamment dans les départements du Borgou, de l’Alibori, de l’Atlantique et des plateaux, le SPA atteint un minimum relatif entre Juin et Août et un maximum entre Septembre et Novembre. L’étude du prix de certains produits (mil, sorgho, igname) dans la zone agro-écologique n° 1 par exemple confirme pour l’Alibori la tendance qui vient d’être décrite.
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Tableau 2.1 : Seuil de pauvreté alimentaire annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
Département Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00 Mars99-Fév.00 Rang
Alibori 36943 38980 42744 41574 40060 11ème
Borgou 42121 39461 43814 44495 42473 9ème
Atacora 37324 42580 38638 43013 40389 10ème
Donga 40145 48271 41732 45293 43860 8ème
Collines 53876 57126 59285 52046 55583 1er
Zou 54106 55318 54016 49451 53223 4ème
Atlantique 53831 55264 53199 48911 52801 5ème
Couffo 54044 56085 54507 48968 53401 2ème
Mono 51989 52032 52568 53205 52449 6ème
Ouémé 52179 53778 53034 51369 52590 7ème
Plateau 55502 54649 53935 49565 53413 3ème
Ensemble Milieu rural 48665 50057 50317 47991 49257
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000.
La comparaison des seuils de pauvreté alimentaires calculés pour les deux éditions de l’ECVR indique que le SPA a augmenté plus vite dans le Sud (25.1%) que dans le Nord (23.6%) et le Centre ( 23.5%). L’évolution des SPA est liée à celle des prix et du niveau de vie des ménages ruraux. De 1994 à 1999, le niveau de vie dont l’indicateur est les dépenses par équivalent-adulte, a augmenté de 3.9%.
Graphique 2.1(a) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Bénin et zones géographiques
SPA: Bénin et zones géographiques
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
E n
F C
F A
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Graphique 2.1(b) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Nord Bénin
Graphique 2.1 (c) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Sud Bénin
SPA: NORD
E n
F C
F A
E n
F C
F A
11
Graphique 2.1 (d) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Centre Bénin
Sur les deux périodes on note des tendances quasi-similaires dans toutes les zones géographiques, avec toutefois une nette différence entre le Nord et les zones du Sud et du Centre. Au sud et au Centre, les tendances indiquent la période Juin-Août comme un minimum relatif du SPA et Septembre-Novembre comme un pic relatif. La période Juin-Août correspond à la période de récolte de la grande saison des pluies au Sud et Septembre- Novembre, la période de récolte de petite saison. Pour le Nord, on obtient une allure inverse, le SPA atteint son maximum relatif en Septembre-Novembre.
2.2.2. Seuil de pauvreté global
Le seuil de pauvreté globale (SPG) est la somme du SPA et SPNA. Il indique la dépense minimale nécessaire à un adulte pour satisfaire ses besoins alimentaires et non alimentaires. En 1999, le SPG est évalué en moyenne à 74297 FCFA par an pour un adulte du milieu rural. Il représente 1.51 fois le SPA. Dans les départements du Centre (Collines, Zou) , le SPG est en moyenne de 76987 FCFA, presqu’identique à la moyenne de ceux du Sud (Plateau, Ouémé, Mono, Couffo, Atlantique), et représente 1.21 fois celui du Nord (Alibori, Borgou, Donga, Atacora). On obtient suivant l’ordre décroissant des SPG un classement Sud-Centre-Nord quasi-analogue à celui obtenu pour le SPA.
Les départements du Centre et du Sud apparaissent comme des départements à forts seuils de pauvreté. La corrélation positive entre niveau de vie et seuil de pauvreté laisse présager que le niveau de vie des ménages ruraux du Sud et du Centre serait plus élevé que celui des ménages du Nord.
SPA : Centre
E n
F C
F A
Collines Zou
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Le SPG a connu sur les quatre passages, une faible variation pour l’ensemble du milieu rural (0.42%). Cependant deux contrastes sont relevés dans deux départements : Atacora et Atlantique avec pour le premier une baisse moyenne de 2.5% et une hausse de 2.6% pour le second. Dans tous les autres départements la variation est restée faible.
Tableau 2.2 : Seuil de pauvreté globale annuel par département et par passage (FCFA, valeur nominale)
Département Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99- Fév.00
Mars99- Fév.00
Ensemble Milieu rural 73364 78428 73898 73249 74297
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
Les fluctuations du SPG sont attribuables à celles du SPA et du SPNA. L’évolution de ce dernier indicateur est liée à celle du niveau de vie. Le seuil de pauvreté non alimentaire s’est en moyenne fortement accru sur les quatre passages dans les départements du Centre (22.3%) et du Sud (7.0%) et a baissé en moyenne au Nord (-3.0%).
L’analyse des taux de croissance moyens qui vient d’être faite voile les périodes caractéristiques de l’évolution temporelle du SPG. Pour mettre en lumière celles-ci, le graphique 2.2 présente par zone géographique et pour l’ensemble du Bénin l’évolution dans le temps du SPG. Il fait ressortir deux périodes critiques sur les quatre passages : Juin-Août et Décembre –Février. La période Juin-Août correspond à un pic dans tous les départements à l’exception de l’Alibori et de l’Atacora. Celle allant de Décembre à Février correspond selon les départements à une période de hausse ou à une période de baisse du SPG.
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Graphique 2.2 (a) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Bénin
Graphique 2.2 (b) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Nord-Bénin
SPG : Bénin
E n
E n
FC FA
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Graphique 2.2 (c) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Centre-Bénin
Graphique 2.2 (d) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps
SPG : Sud
E n
FC FA
SPG: Centre
E n
F C
F A
Collines Zou
15
Entre 1994/1995 et 1999/2000, le SPG a augmenté en moyenne de 15.5% ; ce qui signifie que les ménages ruraux doivent dépenser un peu plus pour satisfaire leurs besoins alimentaires et non alimentaires en considérant comme référence leur situation de 1994/1995 [tableau 2.3]. L’accroissement du SPG est plus prononcé au Sud (22.7%) qu’au Nord (5.2%) et au Centre (6.4%). Le SPG a augmenté moins vite que le SPA. Celui-ci a augmenté respectivement de 24.3%.
Tableau 2.3 : Variation du seuil global de pauvreté entre 1994/95 et 1999/2000 par département
ECVR1, 1994/95 ECVR2, 1999/00Département Moyenne Etendue Moyenne Etendue Variation
moyenne en %
Nord 60479 17191 63616 10698 5.19 Alibori 64200 30660 61676 1385 -3,93 Borgou 61212 18741 73808 12528 20,58
Atacora 50293 13083 58863 14484 17,04 Donga 51161 7727 60118 14396 17,51
Centre 72351 12841 76987 7183 6.41 Collines 76583 14954 76871 9367 0,37
Zou 67152 11581 77103 4999 14,82 Sud 63717 15404 78207 9768 22.74
Atlantique 65341 11635 72367 9553 10,75 Couffo 67291 11979 85162 11561 26,56 Mono 67449 23477 81085 13518 20,22
Ouémé 66398 16901 78255 7763 17,86 Plateau 68118 10728 74168 6446 8,88
Ensemble Milieu rural 64511 12291 74297 5179 15,17 Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000.
2.3. INCIDENCE, PROFONDEUR ET SEVERITE DE LA PAUVRETE
L’incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté sont analysées à travers cinq principaux indicateurs : le seuil de pauvreté global (SPG), le seuil de pauvreté alimentaire (SPA), le ratio du déficit des dépenses qui est un indicateur de profondeur ou d’intensité de pauvreté, les indices synthétiques de Foster (P0, P1, P2) et le coefficient de contribution du département à la pauvreté rurale nationale.
2.3.1. Incidence de la pauvreté rurale selon le SPA
L’incidence de la pauvreté fondée sur le SPA mesure la proportion de la population rurale qui n’arrive pas à subvenir à ses dépenses alimentaires. En 1999, elle est de 18.6% contre 16.3% en 1994. En moyenne, les départements du Nord (21.0%) sont plus affectés par la pauvreté alimentaire. Ceux du centre le sont moins avec 14.6%. L’incidence dans les départements du Sud correspond à la moyenne nationale.
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Ces tendances moyennes cachent les disparités intra-zones. En effet, le tableau 2.4 montre qu’au Nord, les départements les plus affectés par la pauvreté alimentaire sont le Borgou et la Donga avec respectivement des taux de 26.8% et 21.3% se situant au dessus de la moyenne nationale, le taux le plus faible (15.8%) étant observé dans l’Alibori. Au Centre, le département des Collines contraste avec celui du Zou avec respectivement 20.8% et 8.7%. De la même façon, au Sud, les départements de l’Atlantique, du Plateau, du Couffo contrastent avec celui du Mono. Dans les zones géographiques du Sud et du Centre, les taux de pauvreté faibles s’observent au sud contrairement au Nord. En somme, les départements les plus affectés par la pauvreté alimentaire sont le Borgou, l’Atlantique, le Plateau et le Couffo. Les départements du Zou et du Mono apparaissent comme ceux qui sont les moins touchés en terme de pauvreté alimentaire.
Tableau 2.4 : Incidence de la pauvreté alimentaire par département et par passage (en %)
Département Mars - Mai 99
Alibori 16,9 7,3 22,2 17,0 15,8 9ème
(1,8) (1,3) (2,0) (1,9) (0,9) Borgou 10,2 32,6 39,1 25,8 26,9 1er
(2,2) (3,4) (3,5) (3,2) (1,6) Atacora 17,1 20,8 22,6 13,6 18,5 8ème
(2,4) (2,6) (2,7) (2,3) (1,3) Donga 12,5 21,2 41,2 10,3 21,3 5ème
(3,2) (4,0) (4,9) (3,1) (1,9) NORD 14,1 21,2 30,5 18,0 21,0
(1,2) (1,2) (1,5) (1,3) (0,6) Collines 10,5 22,8 25,9 23,9 20,8 6ème
(2,3) (3,2) (3,4) (3,3) (1,6) Zou 5,8 7,2 16,9 5,0 8,7 11ème
(1,5) (1,7) (2,5) (1,5) (0,9) CENTRE 8,1 14,8 21,3 14,2 14,6
(1,3) (1,7) (2,0) (1,7) (0,9) Atlantique 12,4 30,4 31,3 17,8 23,0 2ème
(2,2) (3,1) (3,2) (2,7) (1,4) Couffo 25,7 24,5 28,6 8,6 21,9 4ème
(3,4) (3,4) (3,5) (2,2) (1,6) Mono 13,2 2,8 21,0 7,2 11,1 10ème
(2,7) (1,6) (3,3) (2,1) (1,2) Ouémé 15,3 14,4 29,0 18,3 19,3 7ème
(2,4) (2,4) (3,1) (2,9) (1,4) Plateau 10,1 29,2 26,3 23,5 22,3 3ème
(2,6) (3,9) (3,8) (3,6) (1,7) SUD 16,2 17,6 25,7 14,4 18,5
(1,2) (1,4) (1,5) (1,2) (0,7) BENIN 13,8 18,3 26,5 15,6 18,6
(0,7) (0,8) (0,9) (0,8) (0,4) Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
Comme le SPA, l’incidence de la pauvreté alimentaire varie d’un passage à l’autre. La période de forte incidence est Septembre-Novembre dans tous les départements à l’exception
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du Plateau où elle se situe entre Juin et Août. La période de faible incidence varie en fonction des zones géographiques : au nord, elle correspond à Décembre-Février dans l’Atacora et la Donga, à Juin-Août dans l’Alibori et Mars-Mai dans le Borgou. Dans la zone du centre, la faible incidence est observée entre Mars et Mai dans les Collines et Décembre- Février dans le Zou. Dans le Sud, elle correspond à Juin – Août dans l’Ouémé, à Décembre- Février dans le Couffo et à Mars-Mai dans l’Atlantique et le Plateau.
Les caractéristiques des périodes citées ci-dessus couplées avec la forte corrélation entre zones agro-écologiq