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Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles West and Central African Council for Agricultural Research and Development Etat des lieux sur l’agrobusiness et les systèmes mixtes agriculture-élevage en Afrique de l’Ouest et du Centre Charlotte FONTAN SERS

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Conseil Ouest et Centre Africain

pour la Recherche et le Développement Agricoles

West and Central African Council for

Agricultural Research and Development

Etat des lieux sur l’agrobusiness et les systèmes mixtes agriculture-élevage en Afrique de l’Ouest et du Centre

Charlotte FONTAN SERS

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Sommaire

I. INTRODUCTION .................................................................................................................................................. 3

I.1.Contexte de l’étude ........................................................................................................................................ 3

I.2 .Objectif de l’étude ......................................................................................................................................... 4

I.3. Annonce du plan ........................................................................................................................................... 4

II. Débat autour du concept d’agrobusiness ............................................................................................................ 5

II.1. Agrobusiness et agriculture familiale ............................................................................................................ 5

II. 2. Définition retenue de l’agrobusiness et conditions requises pour son développement ............................... 6

II.2.1. Concept d’agrobusiness ....................................................................................................................... 6

II.2.2. Conditions de développement de l’agrobusiness.................................................................................. 9

II.3. Atouts et contraintes du développement de l’agrobusiness ......................................................................... 8

II. 3.1. Avantages de l’agrobusiness ............................................................................................................... 8

II. 3.2. Contraintes du développement de l’agrobusiness en AOC ............................................................... 10

III. Caractérisation et typologie des systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness ................... 12

III.1. Les systèmes mixtes agriculture-élevage ................................................................................................. 12

III. 1.1. Définition ........................................................................................................................................... 12

III. 1.2. Rôle et place des systèmes mixtes agriculture-élevage en Afrique de l’Ouest et du Centre ........... 14

III. 1.3. Atouts de ce type de système ........................................................................................................... 15

III. 2. Typologie des systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness ...................................... 16

IV. Défis, contraintes et appui des systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness ............. 19

IV. 1. Défis ......................................................................................................................................................... 19

IV.1.1. Urbanisation croissante ..................................................................................................................... 19

IV.1. 2. Libéralisation des marchés et problème d’écoulement des produits locaux face aux produits importés ........................................................................................................................................................ 20

IV.2. Contraintes des systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness .............................. 21

IV.3. Leviers d’amélioration face aux contraintes .............................................................................................. 22

V. CONCLUSION .................................................................................................................................................. 25

VI. BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................................. 27

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I. INTRODUCTION

I.1. Contexte de l’étude Plusieurs raisons justifient une action plus marquée en faveur du secteur rural. La volonté de

réduire l’insécurité alimentaire et la pauvreté constitue la justification essentielle de privilégier une intervention vigoureuse en milieu rural.

La hausse des prix des denrées alimentaires qui a sévi à la fin de l’année 2007 et jusqu’à l’été 2008 pour les céréales a provoqué des ravages dans les pays en développement (PED) où les émeutes liées à ce phénomène se sont multipliées. Celles-ci ont eu le mérite de réveiller la conscience internationale sur l’urgence de la garantie de la sécurité alimentaire. Même avec la crise économique et financière actuelle et l’arrêt de la hausse vertigineuse des prix, les appels pour replacer la question alimentaire en tête des priorités internationales s’élèvent, formulés par des États, des ONG ou des institutions internationales.

Depuis le début du vingt et unième siècle, avec la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et des cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP), la volonté politique internationale de développer le milieu agricole dans les pays en développement semble réelle. Elle s’est notamment traduite par le rapport sur le développement de 2008 de la Banque mondiale entièrement consacré au rôle spécifique de l’agriculture. Depuis la parution de ce rapport, des efforts ont été menés et le total des prêts par les institutions internationales et les efforts financiers des pays et autres partenaires destinés à l’agriculture ne cesse d’augmenter.

Dans ce contexte, les documents de politique agricole que sont le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA), la Politique Agricole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) et la Politique Agricole de l’Union (PAU) pour l’Afrique de l’Ouest cherchent à identifier les meilleures stratégies pour augmenter la production agricole, améliorer la productivité et la compétitivité. Cette initiative qui traduit donc la vision africaine de l’agriculture a été approuvée par les chefs d’Etats et de gouvernements et adoptée par les Communautés économiques sous-régionales (CER) qui deviennent les centres de coordination de ce Programme. Le PDDAA et ses quatre piliers étant dorénavant le principal cadre des interventions pour induire les changements nécessaires à l’atteinte de l’objectif commun d’un taux de croissance de 6% du PIB agricole, le CORAF/WECARD se devait d’adapter sa stratégie. C’est ainsi que son plan stratégique a été révisé pour une meilleure articulation aux orientations du PDDAA, notamment à celles du pilier 4 qui traite de la Recherche Agricole, la génération et la dissémination des technologies, dont les directives de mise en œuvre sont définies dans le FAAP. Des domaines prioritaires de recherche, un cadre logique d’intervention, les changements institutionnels nécessaires et un plan opérationnel ont été ainsi définis pour répondre au mieux aux nouveaux défis du secteur agricole africain. Pour l’opérationnalisation de sa stratégie, le CORAF/WECARD est appuyé par plusieurs partenaires dont l’Australian Agenciy for International Development (AusAID) à travers le Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO). L’Australie qui a un climat similaire à celui de plusieurs pays africains entend partager son expertise en matière de connaissance des systèmes agricoles des zones sèches et semi-arides et aider ces pays africains à améliorer leur sécurité alimentaire. Avec le CORAF/WECARD, cet appui se focalisera sur trois composantes principales alignées également sur les priorités définies par le PDDAA : (1) Investissement dans la recherche et le développement agricoles ; (2) Accroissement de l’accès des producteurs ruraux au marché ; (3) Amélioration de l’accès des populations les plus vulnérables à la nourriture, et vise à améliorer la productivité et la durabilité des systèmes agricoles africains.

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Les actions qui seront identifiées pour l’atteinte de cet objectif nécessitent des connaissances approfondies sur les systèmes de productions concernés. C’est dans que cette étude sur l’état des lieux systèmes mixtes agriculture-élevage et agrobusiness en Afrique de l’Ouest a été commanditée par le CORAF/WECARD. L’agrobusiness joue un rôle important pour l’agriculture africaine. Le développement des agroindustries et de l’agrobusiness participe à doter l’Afrique d’un secteur agricole qui comprendra des chaines de valeur hautement productives et rentables, qui pourront établir un lien efficace entre les petits et moyens producteurs et les marchés. L’agrobusiness est un concept qui prend en compte l’ensemble des opérations impliquées dans la production et la distribution de produits agricoles. En d’autres termes, il concerne des activités qui sont directement ou indirectement liées à la production, à la transformation, au stockage ou à la distribution des produits agricoles.

L’étude porte plus précisément sur les systèmes mixtes agriculture-élevage qui occupent une place de plus en plus importante dans les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), comme la seconde partie le montrera.

I.2. Objectif de l’étude

Cette étude cherche à établir un état des lieux de l’agrobusiness et des systèmes mixtes agriculture-élevage en AOC. Elle permettra en particulier de définir la place et le rôle dans l’agrobusiness des petits producteurs opérant dans un système mixte agriculture-élevage.

I.3. Annonce du plan Le rapport comporte trois parties distinctes permettant de définir les différents concepts et le

rôle de l’agrobusiness et des systèmes mixtes agriculture-élevage en AOC puis de mettre en exergue leurs contraintes de développement.

La première partie sera consacrée à la définition et aux conditions de développement de l’agrobusiness en AOC. La littérature oppose très souvent l’agriculture familiale et l’agrobusiness, pourtant la définition retenue dans ce rapport montre que les petites exploitations sont aussi concernées par l’agrobusiness. Ce point de départ est important pour la base de notre analyse. De plus, les principaux atouts (sur la croissance et la sécurité alimentaire) et les contraintes du développement de l’agrobusiness seront présentés.

La deuxième partie sera axée sur la caractérisation des systèmes mixtes agriculture-élevage et sur la précision de leur rôle et leurs atouts dans les pays d’AOC. Puis il sera procédé à une typologie de ces systèmes en distinguant les grandes et les petites exploitations qui pratiquent l’agrobusiness.

Enfin, la troisième partie reviendra sur le contexte d’urbanisation et de libéralisation croissante où les systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness ont un rôle important à jouer. Les principales contraintes des systèmes mixtes pratiquant l’agrobusiness seront également présentées et il s’agira enfin de mettre en exergue les options politiques qui permettraient d’y faire face.

Nous verrons qu’il existe très peu de données quantitatives sur le développement de l’agrobusiness en AOC, ainsi que sur la place des systèmes mixtes agriculture-élevage au sein des différents pays.

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II. Débat autour du concept d’agrobusiness L’objectif de cette partie est de définir le concept d’agrobusiness afin d’avoir un cadre précis de

l’étude. D’abord, il sera question de revenir sur l’opposition courante faite dans la littérature entre

l’agrobusiness et l’agriculture familiale. Ensuite, il sera donné la définition retenue de l’agrobusiness et les conditions nécessaires pour son développement. Enfin, les atouts et contraintes de l’agrobusiness seront présentés.

II.1. Agrobusiness et agriculture familiale

Cette partie traite du clivage souvent rencontré dans la littérature entre l’agriculture familiale et l’agrobusiness et de la conception de l’agrobusiness retenue dans le cadre de cette étude.

La littérature existante oppose très souvent l’agrobusiness et l’agriculture familiale. Cependant, il sera démontré dans la suite du rapport que l’agrobusiness concerne toutes les exploitations qui commercialisent leurs productions ou achètent des intrants, ce qui inclut aussi les petites exploitations.

L’assimilation entre l’agrobusiness et les grandes exploitations provient d’une opposition courante entre agriculture familiale et agriculture de marché. Si la finalité première de l’agriculture familiale est de garantir l’autosuffisance alimentaire des membres de la famille, il faut dans un second temps développer un cadre favorable à la vente des produits pour augmenter les revenus et avoir des activités plus rémunératrices pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

L’Organisation de Coopération et de développement économiques (OCDE) insiste sur le fait que l’agrobusiness repose sur de grandes exploitations utilisant des moyens de production modernes et oppose l’agrobusiness et l’agriculture familiale : « Le terme agrobusiness fait référence aux exploitations dont la logique de production est orientée vers le marché. Ce type d’exploitations utilise généralement d’importants capitaux et entretient des liens étroits avec les chaînes d’approvisionnement en intrants, de transformation et de marketing ou est même impliqué dans ces activités. L’agro-business ne se confond pas avec le type d’agriculture familiale orientée vers le marché. Celui-ci, bien que produisant essentiellement pour le marché, représente des exploitations dont la main d’œuvre est essentiellement familiale et l’utilisation de capitaux reste modeste » (OCDE, 2005). Un autre document de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’OCDE donne également une définition de l’agrobusiness : « A côté de l’agriculture familiale s’est développé l’agrobusiness. Ce dernier fait référence aux exploitations de grande taille orientées vers la commercialisation, utilisant d’importants capitaux et entretenant des liens étroits avec les chaînes d’approvisionnement en intrants, de transformation et des circuits de commercialisation. L’industrie de transformation agroalimentaire est un des aspects de l’agrobusiness » (FAO, OCDE, 2007). Ces définitions considèrent donc, comme la plupart des documents consultés, que l’agrobusiness ne concerne que les grandes exploitations détenant du capital et des moyens modernes et se développe à côté de l’agriculture familiale qui utilise des techniques traditionnelles. Derrière ces considérations, l’agrobusiness est associé à une agriculture industrielle et capitaliste. Différents documents opposant l’agrobusiness et l’agriculture familiale donnent des exemples vécus démontrant le partenariat entre l’agrobusiness et l’agriculture familiale et ainsi le rôle joué par les sociétés agricoles privées d’agrobusiness dans l’accès des petites exploitations à l’innovation agricole. Le partenariat entre la petite agriculture familiale et les grandes exploitations plus modernes représente alors une opportunité de répondre aux préoccupations en matière de productivité, de compétitivité et aux exigences de standards de qualité requis pour les produits orientés vers le marché international.

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Ainsi, l’entreprise horticole gambienne (Gambia Horticulturalist Entreprise) est une grande société agricole travaillant avec de petites exploitations via les organisations de producteurs pour disposer de la qualité et des quantités nécessaires à l’exportation (OCDE, 2005). Il existe ici un lien entre l’agrobusiness et les petits producteurs de l’agriculture familiale permettant à ces derniers un meilleur accès à l’innovation grâce : (i) à la fourniture par les sociétés d’agrobusiness des services nécessaires pour la production (engrais, semences, crédit…) ; (ii) à la garantie de marchés offerte par les sociétés d’agrobusiness aux produits des exploitants familiaux impliqués dans ce partenariat. L’OCDE prend également l’exemple du Nigeria à travers la « Okomu oil Palm Company » qui a une approche tournée vers la contractualisation avec des exploitations familiales pour la production des fruits de palmier à huile (OCDE, 2007). Ce partenariat Agrobusiness/Exploitants familiaux, tout en offrant une garantie de marché, assure également aux petits producteurs l’accès aux intrants et au crédit. Après avoir repris les éléments opposant l’agrobusiness et l’agriculture familiale dans la littérature, il est alors important de donner précisément la définition retenue de l’agrobusiness. Il sera démontré que l’agrobusiness ne concerne pas uniquement les grandes exploitations et que le rôle des petites exploitations dans la commercialisation des produits agricoles peut être très fort en AOC.

II. 2. Définition retenue de l’agrobusiness et conditions requises pour son développement

II.2.1. Concept d’agrobusiness

Il semble très important d’avoir une définition claire et précise de l’agrobusiness. La première étape consiste à voir que l’agrobusiness peut concerner les petites exploitations. Puis il s’agira de revenir sur le concept de chaîne de valeur qui est un élément fondamental de la notion d’agrobusiness. Enfin, à partir de tous les éléments précédents, la notion d’agrobusiness sera définie.

II.2.1.1. Agrobusiness et petites exploitations

Le clivage souvent retrouvé entre agriculture familiale et agrobusiness provient du fait que l’agriculture familiale est présentée dans la plupart des analyses comme étant associée à une culture extensive, utilisant systématiquement des techniques traditionnelles, reposant sur une absence de professionnalisme, ou encore comme étant caractérisée par une économie de subsistance. Pourtant, il apparaît que des petits producteurs familiaux ont montré leur capacité à accroître de manière significative leur productivité en utilisant des techniques modernes comme la mécanisation (culture attelée, motoculteur, tracteur…), des engrais minéraux, des semences sélectionnées et des méthodes intégrées de lutte contre les ravageurs, la maîtrise des circuits et des réseaux d’irrigation plus ou moins complexes, etc. L’agriculture familiale n’est pas inconciliable avec une agriculture moderne et commercialisant les surplus de production.

Un document de Belières et alii (2002) a étudié les capacités d’innovation, d’adaptation ainsi que l’efficacité des exploitations familiales, en prenant les exemples du Delta du fleuve Sénégal et de l’Office du Niger au Mali. Il ressort de l’étude que l’agriculture familiale s’est adaptée au contexte de libéralisation et de mutations institutionnelles et a amélioré la productivité des facteurs de production.

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L’agriculture familiale peut utiliser des techniques relativement modernes et commercialiser les surplus de production.

L’agrobusiness concerne toutes activités qui vont du processus de production à celui de la commercialisation des produits. L’agrobusiness regroupe différents types d’exploitations, qu’elles soient grandes, moyennes ou petites. Il est susceptible de soutenir l’ensemble d’une filière agricole en apportant plus à la chaîne de valeur globale et profite donc à tous les acteurs, y compris les petits producteurs et les populations plus vulnérables. Il est important de revenir sur cette notion de filière et de chaine de valeur.

II.2.1.2. Définition d’une filière agricole et de la chaîne de valeur La notion de filière s’est construite avec le temps et les travaux des différents auteurs s’intéressant à ce sujet. Selon Garrouste (1984), ce concept n’est pas évident à appréhender puisque les notions sont aussi nombreuses que le nombre de chercheurs qui s’y intéressent. La filière est définie comme une succession d’opérations permettant de produire un bien, mais il faut aussi considérer l’ensemble des techniques et technologies nécessaires, les relations de complémentarité, de cheminement entre ces étapes, les résultats économiques, l’ensemble des acteurs ainsi que leurs stratégies et les relations (de complémentarité, de dépendance, de hiérarchie) existant entre eux. C’est à partir de la deuxième moitié des années soixante-dix que le concept de filière a été utilisé dans le domaine de l’économie agricole. Selon Fraval, « une filière agricole est centrée sur un produit agricole de base et sur tout ou partie de ses transformations successives. En analyse économique, une filière peut être considérée comme un mode de découpage du système productif privilégiant certaines relations d’interdépendance. Elle permet de repérer des relations de linéarité, de complémentarité et de cheminement entre les différents stades de transformation » (Fraval, 2000).

L’analyse par la « chaîne de valeur » a été introduite en 1986 par Michael Porter et consiste à décomposer une activité en étapes d'opérations élémentaires et à identifier les sources d'avantages de chacune d’elles. On retrouve donc la même logique qu’avec l’analyse par filière. La communauté scientifique s’attache aujourd’hui plus à ce concept qu’à celui de filière.

Etant donné que les transformations et transactions des produits ont lieu du producteur au consommateur, au sein d'une filière d'activités interdépendantes, leur valeur augmente successivement. Selon le site de la FAO, le terme « chaîne de valeur » est donc utilisé pour caractériser cet ensemble de liens et de réseaux interconnectés et coordonnés, qui se mettent en place en continu de la production primaire jusqu’au consommateur. La production agro-alimentaire, la transformation et la distribution dans le monde sont de plus en plus organisées en chaînes de valeur étroitement reliées, où les flux d'intrants, de produits, d'information et de ressources financières sont coordonnés de manière étroite entre les agriculteurs, les transformateurs, les distributeurs et les autres acteurs économiques.

II.2.1.3. Définition retenue de l’agrobusiness En reprenant tous les éléments précédents, l’agrobusiness regroupe des opérateurs économiques dont l'activité est de générer un surplus important de production agricole commercialisable. En d'autres termes, il concerne ceux qui investissent ou qui cherchent des opportunités d'investissement dans le secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance alimentaire.

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Tous les types d’exploitations, qu’elles soient grandes ou petites, peuvent être concernés par cette définition de l’agrobusiness. La petite exploitation familiale n’est pas toujours associée à des techniques de production traditionnelles et rudimentaires. Des exemples nous ont montré sa capacité à s’adapter à la libéralisation et à la mondialisation en augmentant les rendements et les productivités des facteurs de production. L’agrobusiness est lié à la commercialisation des produits agricoles et regroupe toutes les activités nécessaires, de la production à la vente (transformation, stockage, transport, etc.). Les opérations de transformation et de commercialisation des produits représentent les étapes les plus importantes quand on parle d’agrobusiness.

II.2.2. Conditions de développement de l’agrobusiness Le développement de l’agrobusiness nécessite de tenir compte de l’ensemble des étapes allant

de la production à la commercialisation des produits. La liste présentée ne cherche pas à être exhaustive mais donne quelques éléments prioritaires à partir des problèmes décelés les plus importants en AOC pour l’appui aux filières agricoles. Les mesures de soutien à l’agrobusiness peuvent concerner les activités de production (en favorisant la mécanisation et la recherche et développement), le stockage des produits (en privilégiant des dispositifs de chaîne du froid et d’entreposage), la transformation ou la vente (avec l’installation de marchés ruraux et de gros). Les contraintes introduites dans la partie suivante et les leviers d’amélioration qui seront présentés pour les systèmes mixtes agriculture-élevage dans la suite de ce rapport permettront de revenir sur certains de ces éléments.

L’agrobusiness Forum 2009 dont le thème était de « renforcer le secteur privé pour accroitre la productivité et la croissance en Afrique » s’est déroulé à Cape Town, en Afrique du Sud, du 14 au 17 juin 20091

Ces différents éléments permettraient de soutenir le développement de l’agrobusiness.

. L’AgriBusiness Forum est un évènement annuel organisé sous le patronage du Département de l’agriculture de la République d’Afrique du Sud et en partenariat avec Agricultural Business Chamber of South Africa, Rabobank et la FAO. Ce forum a mis en avant différentes pistes pour le développement de l’agrobusiness comme : (i) la création de partenariats tout au long de la filière, des producteurs de matières premières en passant par les transformateurs jusqu’aux revendeurs. Ces liens, qui peuvent aussi être tissés entre secteur public et privé, renforcent la filière et l’industrie agro-alimentaire dans son ensemble ; (ii) le développement des infrastructures qui doit permettre aux produits agricoles de circuler et d’être disponibles sur les marchés ; (iii) l’appui à la recherche et au développement car la biotechnologie contribue fortement à améliorer la productivité agricole, ainsi que la qualité des produits et leur valeur ajoutée. Le besoin de soutenir la Recherche-Développement (R&D) demandera des efforts conjoints des secteurs public et privé, pour entreprendre des mesures encourageant l’innovation et des nouvelles approches permettant d’améliorer la croissance agricole ; (iv) l’amélioration de l’accès au marché.

II.3. Atouts et contraintes du développement de l’agrobusiness

II. 3.1. Avantages de l’agrobusiness

1 Consulter http://www.emrc.be/en/media/emrc-news-to-know/agribusiness-forum-2009---south-africa.aspx.

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II.3.1.1. Impacts sur la croissance

De façon générale, un soutien à l’agriculture joue un rôle très fort pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Beaucoup de théories, dans les années 1960, ont considéré que la croissance agricole est un préalable indispensable pour la croissance économique et, à plus long terme, la part de l’agriculture dans une économie finit par diminuer à mesure que celle-ci se développe. Rostow (1960), par exemple, en définissant la deuxième étape nécessaire à la croissance, insiste sur le rôle moteur du secteur agricole qui, par les gains de productivité qu’il enregistre, permet de nourrir une population croissante, d’assurer les exportations pour équilibrer la balance extérieure, et surtout favorise la réunion des conditions nécessaires au développement industriel. La croissance agricole est vue ici comme une condition essentielle pour l’industrialisation. Pour Bairoch (1963), la révolution agricole est aussi un préalable nécessaire à la révolution industrielle : pour lui ce sont les transformations de l'agriculture qui ont permis les progrès de l'industrialisation.

La FAO (2001a) a décrit l’importance de la croissance agricole et rurale pour la réduction de la pauvreté. En effet, pour cette institution, l'expérience nationale des efforts de promotion d'expansion économique et d'atténuation de la pauvreté montre que : (i) la croissance de l'agriculture dans les PED a un impact plus marqué sur l'atténuation de pauvreté que la croissance des autres secteurs ; (ii) l'expansion de l'agriculture atténue la pauvreté principalement par le biais du marché du travail ; (iii) l'expansion économique en milieu rural réduit la pauvreté en milieu aussi bien rural qu'urbain. Une autre de ses études a montré, à partir de l’analyse de onze pays, que l’agriculture peut avoir des retombées spectaculaires sur la pauvreté, et qu’elle peut réduire la faim et la pauvreté, en zones rurales comme en zones urbaines, plus efficacement que les autres secteurs (FAO, 2004a).

Un appui à l’agrobusiness, qui comprend un soutien à l’ensemble des activités allant de la production à la commercialisation, doit donc permettre de contribuer à la croissance économique d’un pays (World Bank, 2008). Une approche en termes de filière a des interactions et des effets d’entraînement sur les territoires et échelles concernés, de la production agricole jusqu’aux autres étapes : stockage, transformation agroalimentaire, artisanat, distribution et commercialisation. Une initiative a été lancée en 2010 par l’Union africaine et des institutions comme l’IFAD ou la FAO pour soutenir le développement de l’agrobusiness en Afrique. En théorie, grâce à leurs effets en aval et en amont, les investissements dans l’agrobusiness doivent produire d’importants effets multiplicateurs, générer de la demande pour les produits agricoles, les intrants et les services qui leur sont connexes, créer des emplois agricoles et non agricoles, améliorer les revenus, contribuer à créer plus de valeur ajoutée et enfin accroître les recettes publiques (Union africaine et al., 2010). Grâce au développement de l’agrobusiness, l’accès aux marchés, au financement et à l’assistance technique peut être facilité pour les petits agriculteurs, permettant ainsi leur implication dans des chaînes de valeur modernes et efficaces. Par rapport aux systèmes mixtes agriculture-élevage qui seront étudiés dans la suite de ce rapport, il est évident qu’un soutien à de tels systèmes, qui se développent de plus en plus en AOC, serait un moyen efficace de contribuer à la croissance économique des pays concernés par un appui financier plus fort pour l’agriculture et l’élevage. II.3.1.2.Impacts sur la sécurité alimentaire Par un soutien à l’agrobusiness, un effet est attendu sur la sécurité alimentaire avec une diminution des pertes post-récolte. Le directeur exécutif du Conseil ouest-et-centre africain pour la recherche et le développement (CORAF), Paco SEREME, a révélé que 40% de pertes post récoltes sont enregistrés chaque année en AOC à cause des mauvaises pratiques agricoles et l'absence de

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technologies appropriées de conservation des récoltes2

II. 3.2. Contraintes du développement de l’agrobusiness en AOC

. Une amélioration des techniques post-récolte permettrait d’augmenter la quantité de produits agricoles commercialisés et contribuerait à une meilleure sécurité alimentaire.

Selon un document de l’Union africaine (2010), l’agro-transformation des denrées alimentaires augmente la sécurité alimentaire de quatre façons principales: (i) en réduisant les pertes après- récolte, dont les estimations montrent qu’elles pourraient atteindre les 30% pour les céréales, 50% pour les racines et tubercules, et jusqu’à 70% pour les fruits et légumes ; (ii) en allongeant la durée de conservation des aliments, ce qui permet d’atteindre plus facilement les zones urbaines où la majorité de la population se trouve concentrée; (iii) en valorisant les produits, les revenus s’améliorent et le niveau d’emploi augmente le long de la chaîne alimentaire, de la production à la consommation, et (iv) en améliorant la qualité et la salubrité des aliments à travers l’établissement de systèmes de certification et de traçabilité appropriés et une harmonisation des normes, accroissant ainsi l’accès aux marchés.

Une meilleure valorisation des produits agricoles ou d’élevage au sein des pays d’AOC serait une façon de lutter contre l’insécurité alimentaire (FAO, 2007). Pour beaucoup de produits comme la viande, les exportations concernent des produits bruts qui ne sont pas valorisés en AOC. La valeur ajoutée créée par la suite par les pays importateurs ne profite donc pas aux pays africains. L’Afrique doit encore faire des progrès significatifs au niveau local en valorisant ses produits agricoles de base et en assurant leur conformité aux normes internationales. Ainsi les revenus des acteurs augmenteraient de façon importante, ce qui contribuerait à la croissance et à la lutte contre la pauvreté.

Le problème de manque de valorisation des produits sur le sol africain sera à nouveau abordé notamment dans la dernière partie de ce rapport où il sera établi que ce manque représente l’une des principales contraintes des systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness.

Il s’agit ici de définir les contraintes principales du développement de l’agrobusiness en AOC de façon générale et la dernière partie du rapport reprendra spécifiquement celles qui concernent les systèmes mixtes agriculture-élevage.

L’agrobusiness existe dès que les produits issus de l’agriculture ou de l’élevage sont commercialisés. Par commercialisation alimentaire et agricole, on entend le mouvement de la production agricole entre l'exploitation, lieu d'origine, et le consommateur (ou l'industriel). Ce terme peut ainsi comprendre la manutention et le transport, la transformation, le classement et le contrôle de qualité pour faciliter les opérations de vente et répondre aux besoins des différents consommateurs, le stockage pour équilibrer les récoltes de caractère saisonnier avec la demande à la consommation de caractère continu. On cherche à sécuriser les modes d’accès aux marchés, afin de garantir des débouchés et donc des revenus pour les producteurs et l’ensemble des acteurs qui interviennent au sein d’une filière, ainsi que l’approvisionnement en produits pour les consommateurs. Améliorer l’approvisionnement des marchés en produits agricoles permet de garantir la distribution alimentaire des produits, même si de nombreux problèmes interviennent, comme l’insuffisance des équipements marchands, la carence en infrastructures de base (eau, électricité) ou l’inorganisation des marchés.

2 Communication lors d’un atelier en juillet 2010 à Dakar. Pour plus de renseignements, consulter le site suivant : http://www.afriquejet.com/actualites/agriculture/afrique:-des-pertes-post-recoltes-enregistrees-par-an-2010071652916.html

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Si les obstacles au développement de l’agrobusiness sont nombreux (FAO, 2004b ; Union africaine et alii, 2010), il apparaît trois contraintes majeures pour la commercialisation des produits en AOC : le problème des infrastructures routières et de transport (Tyner, 2001 ; Union africaine et alii, 2010), le manque de valorisation des produits sur le sol africain et le respect des normes et règles sanitaires (Union africaine et alii, 2010).

En AOC, les infrastructures routières sont particulièrement négligées, en particulier dans les zones rurales, par lesquelles on accède souvent par des pistes. Les infrastructures constituent un instrument essentiel de politique agricole et en particulier pour le développement de l’agrobusiness (Tyner, 2001). L’accessibilité des zones rurales permet aux agriculteurs d’être reliés aux marchés, elle stimule la productivité, la commercialisation des produits et l’emploi rural. La faiblesse et l’inadaptation des infrastructures rurales constituent des obstacles majeurs à la compétitivité des agricultures africaines, tant sur les marchés intérieurs qu’internationaux. L’amélioration, le développement et l’entretien des routes rurales sont essentiels, ainsi que la fourniture d’infrastructures de base pour favoriser l'investissement du secteur privé dans la commercialisation, le stockage et la transformation des aliments.

En outre, un autre problème se pose car l’essentiel de la production agricole et animale d’AOC est commercialisé à partir des produits bruts, sans valorisation. En matière de commerce, en dépit de la demande mondiale croissante en produits agro-industriels de haute valeur, l’Afrique doit encore faire des progrès significatifs au niveau local en valorisant ses produits agricoles de base et en assurant leur conformité aux normes internationales (Union africaine et alii, 2010). En effet, les pays africains contribuent pour moins de 10% de la valeur ajoutée globale créée (Union africaine et alii, 2010). La création de la valeur joutée est souvent réalisée en dehors du territoire africain. Il s’agit donc d’augmenter sensiblement la part des produits agricoles des pays d’AOC transformés en produits différenciés à forte valeur ajoutée, de sorte qu’il y ait une plus forte proportion des produits alimentaires de cette région vendus sur les marchés locaux et nationaux qui soient des produits transformés. Dans ce contexte, la transformation de l’agriculture en AOC, et plus spécifiquement pour les petites exploitations, est indispensable pour augmenter la production et la productivité, et satisfaire les besoins de ses populations. L’innovation agricole est essentielle pour répondre à ce défi et constitue la base d’une amélioration de l’efficience, de la productivité et de la création de la valeur ajoutée dans l’agriculture.

Enfin, la qualité des produits agricoles est importante et dépend des normes techniques standard établies souvent à l’aval de la filière. La qualité peut être un critère de différenciation pour les filières agricoles, et ainsi être un facteur de compétitivité face aux importations alimentaires. Dans la plupart des pays d’AOC, il faut noter que la maîtrise de la qualité des aliments n’est pas inscrite dans les priorités des ministères de la Santé et que la présence de textes spécifiques consacrés à la question de la qualité des aliments est rarement vérifiée. La satisfaction d’une certaine sécurité alimentaire dépend notamment de la qualité nutritionnelle, qui renvoie à la composition des aliments en nutriments utiles pour se maintenir en bonne santé, compte tenu de la fréquence et de la façon dont ils sont consommés, et de la qualité sanitaire, qui renseigne sur l'innocuité des aliments compte tenu là encore de leur mode et de leur fréquence de consommation. Des systèmes d'assurance qualité peuvent être appliqués dans les pays et permettent de vérifier les mesures de contrôle destinées à garantir la qualité et la sécurité sanitaire des aliments. Ils doivent s'appliquer à chaque étape de la chaîne de la production alimentaire et être conformes aux dispositions réglementaires, ainsi qu’aux besoins des consommateurs. La FAO et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont créé, en 1963, la Commission du « Codex Alimentarius » afin d'élaborer des normes alimentaires, des lignes directrices et d'autres textes, tels que des Codes d'usages, dans le cadre du Programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires. Les buts principaux de ce programme sont la protection de la santé des consommateurs, la promotion de pratiques loyales dans le commerce des aliments, et la coordination

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de tous les travaux de normalisation ayant trait aux aliments entrepris par des organisations aussi bien gouvernementales que non gouvernementales. Les règles fondamentales en matière de sécurité sanitaire sont énoncées dans un accord distinct sur l’innocuité des produits alimentaires et les normes sanitaires pour les animaux et les végétaux (l'Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires ou mesures SPS

III. Caractérisation et typologie des systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness

). L’accord permet aux pays d’établir leurs propres normes mais il dispose aussi que les réglementations doivent avoir un fondement scientifique. Celles-ci ne doivent être appliquées que dans la mesure nécessaire pour protéger la santé et la vie des personnes et des animaux ou pour préserver les végétaux. Elles ne doivent pas non plus entraîner de discrimination arbitraire ou injustifiable entre les pays où existent des conditions identiques ou similaires.

Un appui au développement de l’agrobusiness devra donc mettre l’accent en priorité sur ces trois éléments. Cependant il est évident que d’autres appuis seront nécessaires en particulier pour aider les petits producteurs à faire face à la mondialisation et à la libéralisation des échanges.

Cette première partie a permis de définir le concept d’agrobusiness, qui peut être aussi associé aux petites exploitations puis d’insister sur les principales contraintes qui entravent son développement en AOC. Si les éléments introduits étaient généraux autour du concept d’agrobusiness, il s’agit maintenant de s’intéresser plus précisément à son rôle dans les systèmes mixtes agriculture-élevage.

Un autre concept clé de l’étude doit être caractérisé de façon précise : celui des systèmes mixtes agriculture-élevage. D’abord, il sera intéressant de rester dans un cadre général pour caractériser les systèmes mixtes puis une seconde partie tentera, selon les documents disponibles, d’établir un lien entre les systèmes mixtes et l’agrobusiness.

III.1. Les systèmes mixtes agriculture-élevage

III. 1.1. Définition

La FAO définit les systèmes d'exploitation mixte comme des systèmes régis par des ménages ou des entreprises où la culture végétale et l'élevage d'animaux forment à eux deux les composantes intégrées d'un système agricole unique. Ils incluent les systèmes de petits élevages hors-sols, qui comptent sur la culture agricole des fermes avoisinantes.

Dans les systèmes agricoles mixtes, la culture et l’élevage sont des activités liées. Il s’agit de systèmes dans lesquels plus de 10% de la matière sèche qui alimente les animaux proviennent de sous-produits végétaux ou de chaumes, ou dans lesquels plus de 10% de la valeur totale de la production est issue d’activités agricoles qui ne sont pas liées à l’élevage (FAO, 2009).

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Dénommés aussi systèmes paysans, ou systèmes agropastoraux, les systèmes mixtes agriculture-élevage sont les plus répandus et dominent le paysage des savanes subhumides en Afrique de l’Ouest (OCDE, 2008). Les systèmes agropastoraux utilisent une combinaison de pâturage sur des terres non cultivées, de cultures fourragères, de sous-produits agricoles et agroindustriels et d’aliments achetés, dans une exploitation de polyculture et d’élevage. En combinant agriculture et élevage pour l’autoconsommation et pour la vente, ces systèmes ont connu une croissance importante, en raison de la poussée démographique. Plusieurs auteurs, notamment Seré (1994) et Bonfiglioli (1992), constatent la progression des systèmes d’élevage agropastoraux au détriment des systèmes purement pastoraux. Il est de plus en plus rare de trouver des pasteurs qui ne pratiquent pas une certaine agriculture. On observe un développement des systèmes agropastoraux, résultant de pasteurs nomades qui se sédentarisent et d’agriculteurs qui associent l’élevage à leurs activités.

Comme l’indique le graphique suivant, ces systèmes sont très divers, sédentaires, et peuvent être basés sur : (i) la culture de plantes annuelles (vivrières, de rente ou d’exportation) ; (ii) les cultures pérennes (cacao, fruitiers, bananiers, etc.) ; (iii) l’exploitation de bas-fonds, vallées des fleuves et bourgoutières (OCDE, 2008). Graphique 1 : Typologie des systèmes agriculture-élevage (Source : OCDE, 2008)

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L’intégration agriculture-élevage a pris une plus grande envergure avec l’usage plus important de la traction animale, particulièrement là où elle a été associée à la culture du coton, devenue le moteur du développement agricole dans les savanes africaines (Kamuanga, 2002). Selon la FAO (2001b), le système mixte agriculture-élevage peut se pratiquer au sein d’une même exploitation mais aussi entre deux ou plusieurs exploitations. En fait, la coexistence entre activités agricoles et activités pastorales peut avoir lieu à différentes échelles : pays, région, village, unité de production. A chacune de ces échelles, différents niveaux d’intégration de ces activités existent avec des incidences foncières spécifiques. Alari et Lhoste (2002) expliquent l’essor des systèmes mixtes agriculture-élevage par l’augmentation de la population qui se traduit par une pression accrue sur les ressources, en premier lieu sur la terre, et induit de nouvelles pratiques agricoles et d’élevage. On passe donc progressivement d’une spécialisation relative des activités d’élevage et de culture, permise par une faible densité humaine, à une association voire une intégration de l’agriculture et de l’élevage. Quand la contrainte foncière s’accroît fortement, deux mécanismes sont observés (Alari et Lhoste, 2002) : (i) les agriculteurs intègrent de plus en plus de productions animales dans leur exploitation, à commencer par des animaux de trait pour le travail du sol et le transport ; (ii) les éleveurs, souvent en difficulté économique en raison de la diminution de l’effectif de leur cheptel, de problèmes climatiques ou d’accès aux ressources, sont amenés à sécuriser leur situation en cultivant de plus en plus. La production des cultures vivrières, rarement suffisante, est complétée par des achats alimentaires financés par les produits de l’élevage. Ces systèmes mixtes concernent une proportion désormais très importante de cultivateurs qui ont introduit l’élevage comme élément de diversification économique mais aussi d’amélioration des systèmes techniques (fertilité des sols, traction animale, capital assurant la couverture de certains risques) et de leur productivité. De même, beaucoup de pasteurs ont du se sédentariser et diversifier leur économie domestique en développant la culture (descente des pasteurs vers les zones cultivables). Après avoir défini les systèmes mixtes agriculture-élevage, il semble important d’insister sur leur rôle et leur place en AOC.

III. 1.2. Rôle et place des systèmes mixtes agriculture-élevage en Afrique de l’Ouest et du Centre

Dans la réalité, la contribution du secteur élevage au PIB serait plus élevée en Afrique de l’Ouest si l’on comptabilisait la valeur de la traction animale et de la fumure organique dans les systèmes mixtes agriculture-élevage, largement représentés dans la région (Winrock International, 1992). Smith et alii (1997) indiquent que la prise en compte de la force de travail et la fumure organique en tant que produits de l’élevage ferait passer la contribution du secteur au PIB agricole de 25 % à 35 % pour l’Afrique subsaharienne et à près de 50 % pour l’Afrique de l’Ouest.

Selon Herrero et d’autres auteurs (2010), les systèmes mixtes agriculture-élevage contribuent de façon importante à la sécurité alimentaire des pays en développement. En effet, il apparaît que les systèmes mixtes participent à la moitié de la production agricole mondiale.

A l’échelle de l’Afrique subsaharienne, la production au sein des systèmes agriculture-élevage représente 35 % de la production totale de viande bovine, 20 % de la production de viande de petit ruminant, 35 % de la production de viande de volaille, 40 % de la production de viande de porc, 15 % de la production de lait et 10 % de la production d’œufs (OCDE, 2008).

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Bonfoh et alii (2007) prennent l’exemple de la filière laitière et montrent que la production de lait en Afrique de l’Ouest s’inscrit de plus en plus dans ces systèmes mixtes. Ainsi, « sous l’effet des retombées économiques de l’agriculture (par exemple, la production de coton) et de l’amélioration des revenus en milieu urbain (par exemple, liés au commerce ou aux emplois de fonctionnaires), la propriété du bétail en milieu périurbain se généralise à toutes les couches socioprofessionnelles et n’est plus du seul ressort des pasteurs » (Bofoh et alii, 2007). D’autres personnes investissent dans l’élevage et contribuent ainsi de manière significative à l’approvisionnement des villes en lait. En AOC, il apparaît en effet que la collecte de lait est effectuée en grande majorité par des agriculteurs et pas par des éleveurs : « Les agriculteurs du bassin arachidier sénégalais, cotonnier malien et des systèmes rizicoles irrigués (vallée du fleuve Sénégal, delta intérieur du Niger) ont thésaurisé dans l’élevage bovin. Même lorsqu’ils confient leurs troupeaux, ils sont eux aussi devenus des agroéleveurs. Sédentarisés, situés à proximité du lieu de la transformation, disposant d’un potentiel animal laitier et de possibilités d’affouragement toute l’année, ils représentent les candidats idéaux pour la laiterie. Ainsi, à Niono, là même où le potentiel animal est considérable avec la proximité du Macina, haut lieu de transhumance et d’élevage au Mali, la collecte de lait est exclusivement issue de producteurs dont l’activité dominante est l’agriculture » (Corniaux et alii, 2005). Une enquête réalisée par la FAO auprès de plusieurs agropasteurs dans le plateau Mossi au Burkina Faso donne des indications sur l’importance des revenus d’élevage dans la vie des populations rurales. Au Niger, une enquête budget–consommation des ménages indique que le secteur élevage contribue à plus de 15% au budget des ménages et sa contribution à la satisfaction des besoins alimentaires se situerait à hauteur de 25% (Ministère des Ressources Animales MRA, 2004). Dans la zone sahélienne du Sénégal, Delagado et Kelly (1993) ont démontré que parmi les ménages agricoles pauvres, la majorité tire essentiellement leurs revenus de l’élevage.

III. 1.3. Atouts de ce type de système

Selon la FAO (2001b), les raisons principales de l'exploitation mixte sont les suivantes:

• la répartition des risques sur les deux types de production : végétale (primaire) et animale (secondaire) ;

• la complémentarité entre l'agriculture et l'élevage ; • la flexibilité permettant l'ajustement des rapports agriculture/élevage pour anticiper les risques,

les opportunités et les besoins.

L'élevage joue un rôle multiple dans les systèmes mixtes, pouvant servir : (i) de source de revenus par la vente d'animaux et de produits issus des activités de l’élevage ; (ii) à la consommation domestique de produits animaux, y compris celle du fumier comme combustible ; (iii) à l'amélioration de l'agriculture (par exemple grâce à la traction et au fumier) ou de moyen permettant d'exploiter le pâturage communautaire et les jachères pour l'élevage et la production agricole ; (iv) à l’amélioration de l’environnement en réduisant les effets de la dégradation des sols particulièrement à travers le recyclage des nutriments par les animaux domestiques ; (v) de fonds de sécurité alimentaire (vente des animaux en échange de nourriture de base).

En effet, selon Alari et Lhoste (2002), les interactions sont importantes et positives dans ces systèmes mixtes. Ainsi, les animaux fournissent aux systèmes de culture de l’énergie (traction animale) et des éléments fertilisants (déjections, fumier...). Les animaux bénéficient d’apports alimentaires de

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l’espace cultivé : résidus de culture, adventices, sous-produits des produits vivriers (son de céréales, épluchures de tubercules etc.), végétation des jachères. A un stade d’intensification supérieur, les cultures fourragères peuvent rentrer dans l’assolement, apportant aux animaux des compléments alimentaires de qualité.

Pour Alari et Lhoste (2002), à ces flux énergétiques (travail) ou de matière organique (fourrages, fumier), il faut ajouter les complémentarités économiques essentielles entre culture et élevage. Le produit financier de la culture est souvent la source de financement des animaux, mais ces derniers peuvent se reproduire et dégager de nouveaux revenus ; ils seront exploités en fonction des besoins de la famille soit pour l’autoconsommation soit pour la vente. La diversité des espèces animales (animaux de basse-cour, petits ruminants, animaux de trait, bovins d’embouche ou d’élevage) semble permettre une réelle souplesse à ce système.

III. 2. Typologie des systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness

A partir des recherches bibliographiques effectuées, il n’a pas été possible de trouver dans la littérature une typologie des systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness. En effet, seules des typologies générales sur les systèmes mixtes agriculture-élevage sont réalisées. A partir de ce constat, il semble adapté de différencier les types d’exploitation par leur taille, en distinguant les petites exploitations familiales des plus grandes exploitations, qui utilisent dans la plupart des cas des techniques plus modernes. Ainsi, le critère de taille de l’exploitation pourrait permettre de définir une typologie adaptée.

La définition retenue dans la première partie du rapport montre que l’agrobusiness regroupe les opérateurs économiques dont l'activité est de générer un surplus important de production agricole commercialisable. Une grande partie de ces acteurs est formée de grands industriels qui disposent de moyens techniques et financiers élevés.

Quelques caractéristiques générales des exploitations pratiquant l’agropastoralisme et commercialisant leurs productions agricoles et animales vont être présentées. Pour avoir des éléments plus précis, il s’agirait d’effectuer une typologie à partir de données d’enquêtes agricoles des pays d’AOC, comme l’exemple d’une typologie réalisée pour les riziculteurs en Guinée qui est repris dans l’encadré suivant.

Encadré 1 : Typologie des riziculteurs en Guinée

A partir d’une enquête agricole de la FAO en Guinée, la réalisation d’une typologie par la méthode de classification ascendante hiérarchique (CAH) a permis de distinguer quatre catégories pour les riziculteurs : (i) une première, ne regroupant qu’un nombre limité de ménages, caractérisée par des agriculteurs ayant des moyens très élevés, en termes de superficie, de détention de capital moderne (ils en ont tous) et du montant de dépenses qu’ils font. Ils sont ainsi très productifs (par rapport à la moyenne) et vendent leurs surplus en très grande majorité ; (ii) la seconde classe pourrait définir la base de l’échantillon puisqu’elle regroupe 67% de l’ensemble des riziculteurs. La plupart des cultivateurs guinéens pratiquent une agriculture de subsistance en disposant de moyens très limités, en ayant hérité de leurs terres et en étant peu productifs ; (iii) le troisième type de cultivateurs a eu la démarche de s’approprier une terre mais est nettement défavorisé au niveau des facteurs de production (terre ayant une superficie nettement plus faible que les autres, quasiment pas de capital moderne, montant des dépenses effectuées significativement inférieures aux autres classes), et ils ne vendent quasiment pas. On se rapproche ici de la base en termes de moyens en étant même

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moins favorisés au niveau de la superficie cultivée, du capital moderne et des dépenses qu’ils peuvent engager. Par contre, les riziculteurs de cette classe sont plus nettement plus productifs que la moyenne et par rapport à la base ; (iv) enfin une dernière catégorie se rapproche de la troisième car, en détenant des moyens très limités, elle est très productive. Une différence importante repose sur le fait que tous les riziculteurs de cette catégorie vendent leurs surplus.

La quatrième classe est celle qui est la plus intéressante si l’on veut avoir l’objectif de relancer la filière rizicole en Guinée afin de satisfaire la demande locale dans les villes et le milieu rural. En effet, alors qu’elle dispose de facteurs de production très limités, comme la très grande majorité des riziculteurs (contrairement à la première catégorie), elle parvient à être très productive et à ne pas se consacrer uniquement à l’autosubsistance. L’introduction de variables de contrôle permet de voir si des facteurs sont susceptibles de mieux caractériser les différentes classes et d’expliquer un tel résultat pour le dernier groupe en particulier. Cette catégorie constituerait alors le modèle de riziculteurs que l’on recherche pour permettre d’appuyer cette filière et de développer « le vivrier marchand ». Par la suite, l’introduction de variables de description des groupes établis a permis d’observer si les riziculteurs ont des caractéristiques différentes (pour les chefs de ménage) ou des besoins distincts pour sortir de leur situation. Ainsi, il n’apparaît quasiment aucune différence entre les types de riziculteurs au regard des critères retenus. Donc si certains agriculteurs ont des résultats plus favorables au niveau de la productivité ou de la vente par exemple, ils ont tous par ailleurs sensiblement les mêmes caractéristiques (sexe, âge, religion) et les mêmes besoins. Pour la dernière catégorie, qui apparaît comme étant l’objectif à atteindre pour développer la production de riz, aucune spécificité ne la distingue des autres, au moins par rapport aux variables retenues. En d'autres termes, celle-ci regroupe, avec les agriculteurs de la première et de la troisième catégorie, les riziculteurs les plus productifs et ce qui justifie leur productivité n’est pas lié au fait qu’ils soient des hommes, des personnes plus éduquées ou ayant plus accès au crédit. Ils sont alors surtout productifs pour des raisons de modes de production. Les agriculteurs appartenant à cette catégorie, tout comme ceux de la troisième classe prouvent ainsi que les guinéens sont capables, malgré leurs faibles dotations initiales en termes de capital, d’accès au crédit, aux techniques ou à la formation, de développer de façon soutenue leur culture.

Une partie de l’explication pourrait être liée à la motivation de certains agriculteurs de produire certes d’abord pour subvenir aux besoins de la famille, mais aussi afin d’avoir des revenus en vendant les surplus qu’ils réussissent à dégager. Une prise de conscience de leur potentiel, qu’elle soit individuelle ou faisant suite à une implication au sein d’une organisation, semble être un élément essentiel pour expliquer un tel résultat.

Source : Fontan, 2008

L’exemple précédent montre bien que de petites exploitations peuvent avoir la capacité de commercialiser leurs produits et ce constat concerne aussi les acteurs du système agropastoral.

De façon générale, pour les systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness, deux types d’exploitations peuvent être distingués : les grandes exploitations et les petites exploitations de type familial. Il s’agit de donner les caractéristiques principales de ces deux types.

Les grandes exploitations industrielles : ce sont des exploitations en général de grande taille où la propriété, la gestion et le travail agricole sont réalisés par des individus sans lien de parenté. Le propriétaire fournit le capital et emploie des salariés pour la gestion de l’exploitation et le travail de l’élevage et des champs, il cherche donc à rémunérer le capital investi, et non le travail investi comme dans le cas de l’agriculture familiale. Au début de la partie 1 de cette analyse, il a été démontré que dans la plupart des articles consultés, l’agrobusiness est associé à de grandes exploitations utilisant des moyens et des techniques

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modernes. Ces grandes exploitations sont ainsi orientées vers la commercialisation et utilisent d’importants capitaux. Les petites exploitations familiales : la différence principale avec les grandes exploitations commerciales, en dehors de la taille et de la technique des moyens utilisés, repose sur la priorité des objectifs. Si la vente des produits issus de l’agriculture et de l’élevage représente le premier objectif des grandes exploitations commerciales, les petits exploitants pratiquant les systèmes mixtes agriculture-élevage commercialisent leurs produits après avoir satisfait la sécurité alimentaire de leurs familles. La primauté de la consommation sur la commercialisation subit toutefois des changements dans de nombreuses régions face aux besoins financiers grandissants, ce qui entraîne des réorientations importantes de la manière dont les terres et la main d’œuvre se distribuent entre cultures vivrières et de rente (Toulmin et Gueye, 2003). Dans les faits, les agriculteurs familiaux ont prouvé leur capacité à augmenter leur production pour répondre à la hausse de la demande, liée à la croissance démographique, dans un premier temps en augmentant les surfaces cultivées, puis en optant pour des techniques plus intensives, dès lors qu’ils ont les moyens suffisants pour investir (Toulmin et Gueye, 2003). L’organisation et la pratique des systèmes agricoles varient fortement selon les zones agro-écologiques, les pays, ainsi que les différents groupes socioculturels. En dépit de cette diversité, il existe certaines caractéristiques clés propres à l’agriculture familiale. Toulmin et Gueye (2003) ont établi une classification à partir de l’éventail de situations que l’on trouve dans différentes régions AOC qu’il faut adapter par rapport aux acteurs des systèmes mixtes agriculture-élevage. Seuls les deux premiers types sont concernés par l’agrobusiness. Type 1 : les exploitations agropastorales orientées vers le marché, organisées autour d’une des principales cultures de rente (telles que le coton, le cacao, le café, les fruits et légumes) et des produits de l’élevage. Souvent fortement spécialisées, elles sont exposées à d’importants risques face aux fluctuations des prix du marché mondial. Au sein de ce groupe on trouve aussi des exploitations en milieu urbain et péri-urbain, spécialisées dans la production destinée au marché. Type 2 : les exploitations dans lesquelles l’importance relative de la production vivrière et des ventes de produits agricoles et d’élevage est plus ou moins équilibrée. De tels agropasteurs connaissent souvent une diversification considérable, comme moyen de se protéger contre les risques climatiques et du marché et le niveau de diversification dépend des conditions locales, de l’accès aux terres et de la taille du ménage. Type 3 : les exploitations orientées vers la production céréalière et pratiquant l’élevage à des fins de subsistance, une partie de la récolte étant vendue pour recueillir des fonds. Elles constituent les ménages les plus pauvres disposant d’un accès limité aux intrants et aux marchés, avec un matériel réduit et peu de bétail. Dans de nombreux endroits, ces ménages peinent particulièrement pour subsister et subissent un processus de décapitalisation qui les amènera finalement à disparaître. Ce dernier type d’exploitation ne correspond pas à notre étude centrée sur l’agrobusiness. Il faut reconnaître qu’au sein de chacune de ces catégories on trouve un vaste éventail de ménages en termes de taille, d’activités, de dépendance par rapport aux sources de revenus hors exploitations, de régime foncier, etc. De plus, ces catégories ne sont pas immuables. Faute d’informations et de données précises, la typologie des systèmes mixtes agriculture-élevage n’a pu être réalisée qu’en fonction du critère de taille, sans introduire des caractéristiques plus précises.

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Cette seconde partie du rapport a permis de définir les systèmes mixtes agriculture-élevage et de voir leur poids grandissant en milieu rural des pays d’AOC. Par la suite, une typologie de ces systèmes a été établie lorsqu’ils sont associés à l’agrobusiness. Enfin, les défis et les principales contraintes des systèmes mixtes pratiquant l’agrobusiness vont être présentés, ainsi que les leviers d’amélioration qui permettraient de mieux les appuyer.

IV. Défis, contraintes et appui des systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness

Cette dernière partie définira les opportunités des systèmes mixtes agriculture-élevage pratiquant l’agrobusiness. Ensuite, les principales contraintes de ces systèmes seront présentées et il s’agira enfin de mettre en exergue les politiques qui permettraient d’y faire face.

IV. 1. Défis Le principal défi des pays d’AOC concerne la volonté de soutenir la sécurité et la souveraineté

alimentaires dans un contexte d’urbanisation croissante et de libéralisation des marchés. Les systèmes mixtes agriculture-élevage associés à l’agrobusiness jouent alors un rôle important.

IV.1.1. Urbanisation croissante

Pour la première fois dans l’histoire du monde, plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes, résultat dû essentiellement à une croissance impressionnante des zones urbaines dans les PED. Plus que l’urbanisation en elle-même, c’est sa vitesse très rapide qui pose des problèmes. La production agricole doit augmenter suffisamment, surtout au niveau de la productivité, pour nourrir un nombre croissant de citadins, la plupart du temps non producteurs d’aliments. Sinon, les pays devront recourir de plus en plus aux importations alimentaires.

En 2004, deux auteurs ont essayé d’établir un bilan des différents articles consacrés à la question de l’approvisionnement des villes (Bricas et Seck, 2004). Ainsi, on apprend que l’expansion urbaine, dans les années 1980, faisait craindre notamment parce que beaucoup pensaient qu’elle privilégiait les modes de consommation occidentaux, et donc accentuait les importations de produits alimentaires. Ensuite, l’urbanisation a été vue autrement en reconnaissant qu’elle pouvait avoir un effet d’entraînement important pour l’agriculture, en offrant des débouchés3

3 Requier Desjardins (1991) parle de réévaluation du rôle de la ville dans le développement.

. Les auteurs affirment d’ailleurs que « les cultures vivrières deviennent des cultures de rente pour les marchés urbains ». Ce sont particulièrement les activités informelles qui se développent, essentiellement avec les femmes, pour l’approvisionnement des villes (transformation des produits, stockage ou distribution).

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L’urbanisation induit des changements de modes de vie et de consommation. Le défi de nourrir les villes n’est pas seulement quantitatif, mais aussi qualitatif, puisque la demande alimentaire s’oriente aussi vers des produits plus diversifiés, de meilleure qualité. Ainsi, sous l’effet conjugué de l’urbanisation, de la croissance de certains revenus en milieu urbain et des nouvelles attentes socioculturelles des populations, on assiste en AOC à l’émergence d’une demande croissante en produits d’origine animale, concentrée surtout dans les villes (Mankor, 2009). Le lait et la viande sont particulièrement touchés par ces évolutions, du fait de leur statut alimentaire (la viande est un produit de luxe et le lait est ancré dans les habitudes alimentaires), et de leur importante fragilité (périssabilité, sensibilité à la chaleur).

Le ravitaillement des villes constitue donc un enjeu socioéconomique et politique majeur, en particulier pour les centres urbains africains. La capacité des systèmes d’approvisionnement nationaux à satisfaire les consommateurs urbains est primordiale. On peut considérer que la nécessité d’approvisionner les villes représente un formidable défi pour les exploitations agricoles (cultures pures et élevage) des zones rurales. Certains auteurs parlent de la croissance urbaine comme d’un moteur de développement pour le milieu rural, si on privilégie les cultures locales au lieu des importations de céréales, par exemple (voir notamment Bastien, 2010 ; Duccommun et alii, 2004 ; Matuschke, 2009 ou World Bank, 2009). L’urbanisation rapide porte au premier plan l’importance de la transformation et du commerce des produits alimentaires (FAO, 2002).

Il faut noter que l’agriculture rurale n’est pas la seule à pouvoir jouer un rôle face au contexte d’urbanisation croissante. En effet, une agriculture périurbaine se développe par ailleurs, pour répondre à cette demande urbaine, non seulement aux abords immédiats des villes, mais aussi plus loin, en suivant les routes.

La commercialisation des produits issus des systèmes mixtes agriculture-élevage a donc un rôle très fort à jouer avec l’urbanisation croissante des pays d’AOC. La croissance urbaine est un avantage potentiel pour l’agrobusiness et les systèmes mixtes parce qu’elle offre aux producteurs et aux transformateurs l’accès à des marchés urbains en expansion et à une demande accrue en produits agricoles notamment transformés (Union africaine et alii, 2010). En AOC

IV.1. 2. Libéralisation des marchés et problème d’écoulement des produits locaux face aux produits importés

, le défi majeur reste de réussir à nourrir convenablement, en produits agricoles et d’élevage, une population de plus en plus nombreuse, fortement urbanisée, mais relativement pauvre. Mettre en adéquation l’offre et la demande, tout en tenant compte des nouvelles exigences des consommateurs, impose d’accroître la productivité et la production des ressources agricoles et animales, de moderniser les filières nationales, et d’intensifier le commerce sous-régional du bétail et des produits animaux.

Le processus de libéralisation commerciale a été entamé dès 1947, avec la mise en œuvre du GATT mais, au départ, et jusqu’en 1986, l’agriculture était exclue des négociations internationales. En effet, elle était perçue comme un secteur à part, pouvant bénéficier d’une forte protection et d’un appui important des Etats. Un accord agricole, compris dans l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), est entré en vigueur le 1er

Au niveau agricole, les détracteurs du libre échange estiment que la libéralisation du commerce va compromettre la sécurité alimentaire, car elle ne profite en fait qu’aux grandes exploitations

juillet 1995. Il tend à instaurer une plus grande discipline dans les échanges agricoles, sur la concurrence des exportations ou sur les mesures de soutien internes (classées dans trois boîtes, selon le degré de distorsion qu’elles entraînent), un accès plus grand aux marchés, en diminuant les protections et en ouvrant davantage les marchés intérieurs aux importations.

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essentiellement tournées vers les exportations, ce qui marginalise les petits producteurs et accentue la pauvreté. La FAO abonde dans ce sens en affirmant que cette libéralisation agricole peut pénaliser les pays à faibles revenus, si elle n’est pas accompagnée de mesures spécifiques, qui sont discutées lors des négociations du cycle de Doha avec l’OMC, comme un traitement spécial et différencié (FAO, 2007).

La libéralisation des échanges a conduit à une extension des importations africaines, essentiellement pour les produits alimentaires (agricoles et issus de l’élevage). Les pays concernés sont de plus en plus tributaires de leurs importations pour couvrir leurs besoins en produits alimentaires de base. Les céréales dominent la facture des importations de produits alimentaires avec 52% du total. De plus, la concurrence entre produits locaux et produits importés est de plus en plus féroce au niveau des prix.

Les agricultures familiales des pays du Sud, et en particulier les petites exploitations des systèmes mixtes qui commercialisent leurs productions, sont confrontées aux défis de la mondialisation dans un environnement libéralisé, marqué par la disparition des soutiens publics et l’ouverture des marchés à la concurrence. Les PED doivent maintenant opérer sur des marchés mondiaux où la concurrence est beaucoup plus intense. Cela affecte la compétitivité des producteurs des PED, aussi bien sur les marchés nationaux ou internationaux, avec l’élimination des barrières commerciales, le coût d’application de nouvelles règles commerciales, l’application de normes rigoureuses pour la grande distribution ou les marchés d’exportation (normes de qualité, exigences de fiabilité).

Pour les petits producteurs opérant dans des systèmes mixtes agriculture-élevage, le défi de faire face à la libéralisation croissante est particulièrement difficile à surmonter car il faut être de plus en plus compétitif.

IV.2. Contraintes des systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness

La mondialisation pourrait favoriser les petits producteurs, mais il faudrait les aider à exploiter au mieux leurs relations marchandes avec des entreprises privées pratiquant l’agrobusiness qui sont infiniment plus puissantes. Ici, l’accès à l’information permettrait aussi aux petits exploitants des systèmes mixtes d’acheter ou de vendre en connaissance de cause car dans de nombreux pays d’AOC, ils n’ont souvent pas de renseignements sur l’état du marché ou le niveau des prix.

La compétitivité des produits issus des systèmes mixtes est donc primordiale pour faire face à cette libéralisation des marchés et permettre aux pays d’AOC de satisfaire eux-mêmes leurs besoins alimentaires.

Face à ce contexte d’urbanisation et de libéralisation croissante, les systèmes mixtes

agriculture-élevage ont un rôle important à jouer au niveau de la commercialisation de leurs produits mais ils doivent faire face à certaines contraintes.

Différentes contraintes peuvent être mises en exergue tout au long de la chaine de valeur, tant au niveau de la production (accès aux intrants, sécurisation foncière…) qu’à l’aval de la filière (au niveau de la valorisation et de la transformation des produits, de la commercialisation, de la qualité des produits vendus…).

Dans une analyse sur l’agropastoralisme au Burkina Faso, la FAO (2005) identifie différentes contraintes. Ainsi, les principales contraintes et difficultés rencontrées par les agropasteurs concernent globalement trois grands domaines:

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• la sécurisation des accès et des disponibilités en ressources (pastorales, eau et terres de cultures) avec comme principaux problèmes : (i) le déficit de capacités de négociation des agropasteurs dans un contexte de compétition croissante pour l’utilisation des ressources et de concentration des décisions en matière de gestion des ressources au niveau des collectivités décentralisées; (ii) les déficits d’investissement en matière de réhabilitation, d’aménagement et de protection des parcours et des voies/pistes de commercialisation; et (iii) l’absence de système de prévention et de gestion des effets néfastes des sécheresses adapté aux conditions et réalités des agropasteurs. • la sécurisation des marchés et la valorisation des produits avec comme principales entraves : (i) le déficit d’organisation et le manque de professionnalisation des acteurs; (ii) la faiblesse des investissements publics et privés de modernisation des infrastructures de commercialisation et de transformation; (iii) les difficultés du maintien et du suivi sanitaire et épidémiologique du cheptel; (iv) les déficits de formation et de sensibilisation des producteurs, transformateurs et commerçants en matière de sécurité et d’hygiène alimentaire et les difficultés des services publics à assurer les contrôles des produits et denrées d’origine animale. • le développement de l’intensification et l’optimisation économique des activités de production et de traitement des produits de l’élevage avec comme principales faiblesses : (i) les difficultés d’accès aux intrants, en particulier aux intrants alimentaires et sanitaires en raison de déficit dans les disponibilités et de faibles capacités financières; (ii) les déficits d’accès aux services d’appui conseil et, par conséquent, de formation en matière de gestion technico–financière optimale des opérations de production et de traitement des produits; (iii) la faiblesse des capacités d’investissements des producteurs et des transformateurs; (iv) le déficit de solutions techniques viables et durables proposées par la recherche en matière de production d’aliments pour animaux et de propositions concrètes pour une valorisation optimale et durable des ressources existantes. Ces difficultés entravent le développement des activités des agropasteurs en AOC et un appui des systèmes mixtes est donc nécessaire, en particulier pour leur permettre de soutenir la commercialisation de leurs produits et ainsi l’agrobusiness. A partir de la documentation parcourue, il n’apparaît pas d’autre auteur ayant abordé la question relative aux contraintes des systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness.

IV.3. Leviers d’amélioration face aux contraintes

De façon générale, les instruments les plus importants pour lutter contre la pauvreté rurale et favoriser le développement d’une filière agricole en AOC sont les suivants : (i) privilégier l’accès au crédit ; (ii) améliorer la productivité ; (iii) agir sur le foncier ; (iv) encourager la formation d’organisations paysannes ; (v) assurer un système de protection pour les productions locales face aux importations ; (vi) garantir des prix rémunérateurs ; (vii) améliorer l’efficacité des services de commercialisation pour tenter de satisfaire l’approvisionnement des marchés urbains et ruraux ; (viii) garantir la qualité du produit obtenu ; et (ix) agir sur les problèmes d’inorganisation des échanges sur les marchés des produits en améliorant la coordination des relations entres les agents.

Les différentes contraintes développées dans la partie précédente seront reprises et, pour chacune d’entre elles, des pistes de politiques qui pourraient améliorer la situation seront données.

D’abord, il existe un problème d’accès et de disponibilités de ressources en terres, animaux ou eau. Dans les systèmes mixtes agriculture-élevage, ces difficultés sont d’autant plus importantes que la

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culture agricole et l'élevage entrent en compétition pour les mêmes ressources rares, comme la terre, le travail, le capital ou l’eau. Sur le plan foncier, la Déclaration finale du Forum Praia relatif au foncier rural et développement durable au Sahel et en Afrique de l’Ouest constitue le seul cadre de référence régionale. Il s’agit alors d’une charte foncière sous-régionale, favorisant la sécurisation des investissements, la préservation des droits des communautés locales et la garantie des intérêts nationaux de chaque État. Il n’existe donc pas de texte réglementaire de portée régionale relatif au foncier agropastoral en Afrique de l’Ouest et du Centre (OCDE, 2008). De plus, les conditions climatiques de l’AOC, de sa partie sahélienne en particulier, connaissent des variations chroniques et de grande ampleur depuis le début des années 70. Les cycles de sécheresse ont pris la forme d’une baisse de la pluviosité, d’une plus grande variabilité spatio-temporelle des précipitations, la chute des débits des cours d’eau, etc (OCDE, 2008). La dégradation des conditions climatiques affecte négativement les capacités de cultures et de pâturage des parcours ainsi que les possibilités d’abreuvement du bétail. Ensuite, la contrainte de sécurisation des marchés et de valorisation des produits a été soulignée. Ce problème est d’autant plus important qu’il concerne toutes les exploitations pratiquant l’agrobusiness. La partie 1 est déjà revenue sur les difficultés liées aux infrastructures routières et au manque de valorisation des produits agricoles ou animaux sur le sol africain. La transformation des produits de l’élevage est une activité qui implique des établissements (abattoirs, mini laiteries, boucheries). La viande et autres produits carnés obéissent à la loi physique et physiologique ; par conséquent ils sont altérables à une certaine température. Il est nécessaire d’avoir des moyens de conservation et de transport appropriés. Cette amélioration passe par une réhabilitation des infrastructures existantes en vue non seulement de les moderniser mais également d’accroître leur capacité de transformation. En effet, selon l’OCDE (2008), dans la majorité des pays d’AOC, les abattoirs sont obsolètes et/ou de faibles capacités et ne permettent pas de réaliser les abattages nécessaires à même de satisfaire la consommation nationale. Il n’est donc pas possible à l’état actuel d’envisager une exportation significative des produits carnés dans la région. Les potentialités existent et l’expérience montre que l’exportation des produits carnés est faisable et peut être rentable. Dans la perspective du commerce régional, des pôles de transformation pourraient être créés dans les pays ayant un avantage comparatif industriel. Des pays tels que le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana pourraient servir de pôles de transformation des ruminants du Sahel (OCDE, 2008). De même, la transformation des produits agricoles doit être améliorée pour diminuer les pertes post-récolte. L’innovation joue un rôle décisif dans la promotion d’une transformation rapide, équitable et durable de l’agriculture. Il faut donc améliorer l’accès à l’innovation agricole à toutes les catégories d’exploitants familiaux, et en particulier celles des systèmes mixtes agriculture-élevage, afin de tirer profit des avantages comparatifs qu’offre le marché régional de l’AOC et de générer de la valeur ajoutée. Enfin, la dernière contrainte concerne le développement de l’intensification et l’optimisation des activités de production et de traitement des produits de l’élevage. Les pouvoirs publics ont une part importante dans ce processus d’intensification. Il s’agira pour eux par exemple de rendre accessibles les intrants à travers des politiques de réduction des taxes sur les intrants zootechniques et vétérinaires, et les équipements d’élevage (OCDE, 2008) ou en subventionnant les engrais et semences agricoles. De même, il faut mettre l’accent sur l’exploitation des races plus performantes en matière de production laitière ou sur la sécurisation alimentaire des aliments et du bétail, ce qui implique des programmes de vulgarisation et de formation des exploitants familiaux et privés et des politiques adaptées.

Dans les trois contraintes majeures identifiées précédemment deux problèmes interviennent à

chaque fois : celui de la formation et de l’organisation des agropasteurs ainsi que l’accès au crédit.

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La formation est encore trop négligée dans les politiques agricoles alors que le capital humain est essentiel au développement agricole et rural. Dans le contexte des pays d’AOC, la formation s’opère de façon diffuse, dans des lieux très divers : dans les projets, quelques structures privées et professionnelles, les ONG et de moins en moins dans des organismes publics, obsolescents (Lesueur et alii, 2008). À quelques rares exceptions près, il est aujourd’hui admis que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne n’ont pas de politique nationale de formation agricole et rurale globale et cohérente. La formation des agropasteurs englobe des fonctions très diverses qui vont de l’apprentissage des techniques de production ou de transformation à celui de la gestion financière et comptable des activités des acteurs.

Au niveau du problème d’inorganisation des échanges sur les marchés des produits en AOC et de la nécessité de coordonner les relations entre acteurs des systèmes mixtes agriculture-élevage, on peut voir que les marchés locaux des pays d’AOC souffrent du manque de régularité dans l’approvisionnement des produits. La commercialisation des produits agricoles et issus de l’élevage est caractérisée de risquée puisque les productions sont souvent saisonnières et de qualité irrégulière, l’offre et les prix sont instables, la demande est inélastique par rapport aux prix. Une organisation peut être un moyen de faire face au risque et à l’incertitude en permettant la stabilisation des débouchés, la garantie des approvisionnements ou celle des prix. Selon Moustier4

Vu les défaillances au niveau du marché de type classique, la coordination entre les acteurs ne pourra se faire uniquement par les prix. Ainsi, il faudra considérer les intrants agricoles, le foncier, la main d’œuvre, le savoir-faire, le pouvoir de négociation des acteurs, mais aussi prendre en compte l’ensemble des aléas et risques, ainsi que la capacité des opérateurs d’y faire face. Cette coordination peut alors permettre de sécuriser l’accès aux ressources. Moustier insiste aussi sur les mécanismes qui permettent de sécuriser cet accès : la confiance pouvant exister entre certains acteurs, la mise en place de compromis face aux difficultés liées aux intérêts divergents

, une organisation doit permettre de pallier aux difficultés en assurant la concurrence, qui n’est pas présente sur les marchés, en centralisant les différentes transactions et en coordonnant l’ensemble des acteurs. L’auteur insiste surtout sur cette dernière dimension de l’organisation comme coordination. Ainsi, cette dimension regroupe trois aspects : (i) l’organisation spatiale, pour améliorer la circulation des produits entre l’offre et la demande (problème essentiel des infrastructures routières) ; ( ii) l’organisation fonctionnelle, afin de gérer, à chaque étape de la filière, les différentes fonctions : production, commercialisation, crédit, etc. ; (iii) l’organisation socio-économique, pour améliorer les relations entre les opérateurs, en confrontant leurs différents intérêts.

5

Le manque d’accès au crédit est une autre difficulté qui entrave les activités des agropasteurs (pour l’approvisionnement des intrants, l’accès au foncier…). Les agropasteurs doivent avoir accès à l’épargne et au crédit pour profiter des possibilités en matière de commercialisation et d’investissement, pour régulariser leur consommation, ou pour gérer les risques. Cependant, de nombreux obstacles

, la hiérarchie ou la centralisation des décisions à travers une organisation de producteurs par exemple. Pour résumer, l’organisation doit intervenir au niveau de la commercialisation des produits vivriers si elle est définie comme la coordination des activités de production, de commerce et de l’ensemble des services nécessaires à l’échange. Il n’existe pas de mode coordination unique à favoriser car tout dépend du contexte des pays.

4 Moustier, « Offre vivrière et organisation des échanges : problématique générale », dans Coste et alii, 1998.

5 Les intérêts de quelques acteurs peuvent être ainsi caractérisés : (i) pour les petits producteurs : volonté de survivre et de garantir des débouchés ; (ii) pour les gros producteurs : maximisation des profits recherchée ; (iii) pour les consommateurs : volonté de s’approvisionner au moindre coût mais avec une certaine qualité ; (iv) pour l’Etat : volonté d’améliorer les recettes fiscales et de développer le pays.

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interviennent ici : coûts élevés d’exploitation et de transaction dans les zones rurales, absence de garantie pour les ruraux ou risques élevés. Une autre difficulté intervient aussi très régulièrement à partir du moment où les taux d’intérêt sont souvent extrêmement élevés, et ne permettent pas aux plus pauvres de rembourser leurs emprunts. Enfin, des asymétries d’information très fortes peuvent exister entre le prêteur et l’emprunteur. La finance rurale semble être un outil essentiel pour la réduction de la pauvreté et le développement rural. L’accès aux services financiers a une incidence sur la productivité, la formation du capital, les revenus ou la sécurité alimentaire, surtout des petits producteurs. Le manque d’accès aux capitaux, requis pour financer des activités rémunératrices, payer les frais de scolarité, faire face aux situations d’urgence est un des principaux obstacles qui s’oppose à l’amélioration du sort des agropasteurs en AOC.

La liste présentée des contraintes et des pistes d’appui aux systèmes mixtes ne peut être exhaustive et les agropasteurs d’AOC souffrent globalement d’un contexte national et international difficile.

V. CONCLUSION

Cette étude a cherché à réaliser un état des lieux de l’agrobusiness et des systèmes mixtes agriculture-élevage en AOC, en tenant compte plus particulièrement des petites exploitations. Dans cette optique, plusieurs étapes étaient nécessaires. D’abord, une première partie a permis de revenir sur le concept d’agrobusiness : il concerne aussi bien les petites que les grandes exploitations. Il regroupe les acteurs des filières agricoles qui investissent ou qui cherchent des opportunités d'investissement dans le secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance alimentaire. L’agrobusiness est lié à la commercialisation des produits agricoles et regroupe toutes les activités nécessaires, de la production à la vente (transformation, stockage, transport, etc).

Ensuite, l’attention a été focalisée sur les systèmes mixtes agriculture-élevage en les définissant et en introduisant leur rôle croissant dans les pays d’AOC. Le fait de pratiquer l’agriculture et l’élevage permet de répartir les risques et les besoins sur les deux types de production. De plus, la complémentarité entre l'agriculture et l'élevage est un atout essentiel des systèmes mixtes. De façon générale, pour les systèmes mixtes agriculture-élevage concernés par l’agrobusiness, deux types d’exploitations peuvent être distingués : les grandes exploitations et les petites exploitations de type familial. Les caractéristiques principales de chaque type ont été introduites.

Enfin, une dernière partie a défini les opportunités des systèmes mixtes agriculture-élevage

pratiquant l’agrobusiness. Ainsi, ces systèmes ont un rôle important à jouer face à l’urbanisation, qui implique un besoin croissant pour alimenter les villes, et la libéralisation croissante des marchés. Les principales contraintes de ces systèmes ont également été présentées en insistant sur les problèmes de sécurisation des accès et des disponibilités en ressources, de sécurisation des marchés et de valorisation des produits ainsi que sur celui d’intensification des activités de production et de traitement

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des produits de l’élevage. A partir de ces difficultés, quelques pistes de politiques qui permettraient d’y faire face ont été mises en évidence.

L’étude réalisée, faute de données agricoles précises par pays, est restée générale pour les pays d’AOC. Une prochaine étape importante pour caractériser plus précisément l’agrobusiness et les systèmes mixtes serait d’exploiter les enquêtes agricoles opérées au niveau national (voire régional). Ainsi par exemple une typologie bien plus précise des acteurs commercialisant leurs productions dans les systèmes mixtes agriculture-élevage pourrait être définie.

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