esteban sánchez oeconomo - mexico francia

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L’image de prosperité nationale du Mexique à l’Exposition universelle de Paris 1900 École des hautes études en sciences sociales Centre Alexandre-Koyré Mémoire de Master 2 Mention Histoire des sciences Dirigé par Christiane Demeulenaere-Douyère et par Liliane Hilaire-Perez Esteban Sánchez Oeconomo

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L’image de prosperité nationale du Mexique

à l’Exposition universelle de Paris 1900

École des hautes études en sciences sociales Centre Alexandre-Koyré

Mémoire de Master 2Mention Histoire des sciences

Dirigé par Christiane Demeulenaere-Douyère et par Liliane Hilaire-Perez

Esteban Sánchez Oeconomo

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ÉcoledeshautesétudesensciencessocialesCentreAlexandre-Koyré

MémoiredeMaster2MentionHistoiredessciencesDirigéparChristianeDemeulenaere-DouyèreetparLilianeHilaire-Perez

EstebanSánchezOeconomo

Note:19/20

L’imagedeprospériténationaleduMexiqueàl’ExpositionuniverselledeParis1900

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àOscar

àHélène

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Introduction 7Histoiresfrançaisesetmexicaines 7Historiographie:lesexpositionsuniverselles 9Présentationdelarecherche 18Sources 20Méthodologie 22

LeMexiqueetlesexpositionsuniverselles 25Lapolitiqueextérieureduporfiriat(1876-1910) 25LeMexiqueauxexpositiosnuniverselles 30Libéralismeetpositivismemexicains 36

LepavillonnéogrecduMexique 45L’expositionuniverselledeParis1900 45Leprojetdelacomissionmexicaine 52Constructiondupavillon 60Organisation,choixetinstallationdescontributions 68Récompensesobtenues 80Publicationsfrançaisessurlepavillon 84

Unenationmoderne 93Labibliothèqueduministèredelapromotion 96Connaissanceduterritoire 107Administrationpublique 115Présencedespositivistesmexicains 129Histoire,artetnation 137L’expositionretrospective 141Lesalondesbeaux-arts 147Architecture 152

ConclusionUneimagedeprospériténationale 161Annexes 175

1.Tableau:expositeursmexicainsàl’expositionuniverselledeParis1900 1772.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernés 1793.Tableau:dépensespourlaparticipationmexicaineen1900 1834.LalittératurepromotionnelleporfirienneenFrance 1855.Photographies:LepavillonnéogrecmexicainàParis1900 1896.Iconographie:constructiondupavillonmexicainde1900 1997.LespavillonsofficielsduMexiqueauxexpositionsuniverselles 2058.Photographies:objetsmexicainsàParis1900 2099.Photographies:l’artmexicainàParis1889 215

Bibliographie 223Archives 223Sourcesimprimées 225Bibliographiegénérale 229

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Introduction

Histoiresfrançaisesetmexicaines

Les expositions universelles, carrefours commerciaux, intellectuels et techniques

fédérant l’ensemble de l’activité humaine, furent des épisodes essentiels pour la

consolidation des principaux paradigmes culturels du XIXe siècle. De par leur

organisation encyclopédique des industries et du travail, elles constituaient des

espaces privilégiés pour formaliser et pour mettre en circulation des regards

compréhensifs sur le monde. Elles occupèrent une fonction essentielle dans la

diffusion des idéologies capitalistes européennes: leur mise en ordre du monde

hiérarchisait les civilisations selon des critères matériels, socio-culturels et

biologiques.Lesexpositionsvéhiculaientainsidesrécitsoùl’Occidentindustrielétait

lesommetdel’histoiredel’humanité,etsous-tendaientunegradationdespeupleset

deshommesselonlesignetéléologiqueduprogrès.

Leur volonté de cohérence générale était toutefois mise en suspension par la

multiplicitédesacteurs.Lesexpositeurscherchaientavanttoutàremplirlescritères

conventionnels pour être considérés comme modernes et subvenir ainsi à leurs

intérêtscommerciaux.Unevraieconcurrence,médiéepardiversesstratégiesdemise

enscène, incitait lespaysàconvoiterdespositionsconvenablesdans l’échellede la

modernité.

Des sciences vulgarisées aux images nationales présentées, les discours étaient

conditionnés par leurs fonctions multiples, entrelaçant des regards savants, des

objectifs publicitaires et les exigences de divertissement propre à ces évènements.

Plus est, le remaniement des critères par des acteurs subalternes du système

économique mondial impliquait des usages détournés d’instruments intellectuels

censésnaturaliserleurmarginalité.

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La présente recherche aborde le cas particulier du pavillon mexicain présenté à

l’ExpositionuniverselledeParis1900.Celui-cis’insèredanslecadred’unepolitique

nationale d’attraction de capitaux étrangers et dans une tradition en matière

d’expositionscultivéesurprèsdevingt-cinqans.S’ilfutconvenablementadaptéaux

critères demodernité de l’exposition et de l’époque, sa signification découlait plus

particulièrement de versions locales de doctrines empruntées principalement à la

France:en1900,lesidéesetlesvaleursdulibéralismeetdupositivismecirculaient

profusémentparmilesmilieuxcultivésdupays.Àtraversdecesgrillesdelecture,le

pavillon portait un discours qui visait à présenter une nation riche en ressources

offrant aux investisseurs la sécurité financière d’une administration scientifique

efficace. Ainsi, leMexique exposait une image nationale sélectivemais ajustée à la

compréhensionquesesélitesavaientdecequedevaitêtreunÉtat-nationmoderne.

Ce travail, qui cherche à aborder un évènement culturellement productif pour le

Mexique et à dégager sa relation avec la France, se situe sur un terrain pluriel. En

conséquence,lecorpsbibliographiquerassembléproposed’établirundialogueentre

des historiographies étrangères. Pour le reste, cette étude se situe au carrefour de

l’histoiredesidées,del’histoireculturelleetdel’histoiredessciences.

D’unepart,lesthèmesquicorrespondentàl’historiographiefrançaiseportentsurla

consécration d’idéologies, de théories et d’idées découlant de la tradition du

positivismeausenslarge.C’estaussidesthèmescorrespondantàl’expériencedela

modernitédanssasensibilité françaisepostrévolutionnaire, libéraleetrépublicaine.

En somme, on s’intéresse à l’importance culturelle de la France, et plus

particulièrementdeParis,danslemondeduXIXesiècle.

D’autre part, on réunit une littérature qui traite de l’avènement d’une modernité

mexicaineàlafinduXIXesiècleetduprojetéconomique,politiqueetculturelquila

porta.Notrebibliographiesignale laconstructionet l’historicitéd’imagesnationales

présentéesàl’étrangerpourintégrerlepaysauxcircuitséconomiquesmondiaux.Elle

insèrecesépisodesàl’histoirepluslargedunationalismeetdulibéralismemexicains.

Nousavonségalementrassemblédestravauxquitraitentdel’influencedelaFrance

sur leMexique: les élites locales furent durablementmarquées par les critères de

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l’arbitrecultureldelamodernité.Danscecadre,l’histoiredupositivismemexicainest

essentielle. Lecture originale et hétérodoxe d’idées provenant directement ou

indirectement de France, il devint un paradigme incontournable pour connaître,

penseretinventerlanationmexicaine.

Ces approches convergent dans le faisceau historiographique des expositions

universellesdeladeuxièmemoitiéduXIXesiècle1.Enfaisantunretoursurplusieurs

manières de les étudier, cette introduction cherchera à dégager des points de vue

théoriquesetthématiquesopératifspournotreétude.Nousprésenteronsparlasuite

lesproblématiquesetlesobjectifsfixésdanslecadredecetterecherche,lessources

etlesméthodesauxquelselleaurarecours,ainsiquesastructure.

Les expositions universelles fêtaient les dynamiques économiques, politiques et

culturellesdumondemoderne. Leur étudepermet ainsi de scruter ses idées et ses

valeurs:lascienceetl’industrie,leprogrèsetlaliberté(économiqueetpolitique),les

nationalismesetl’universalismeoccidental.Ellesserévèlentéloquentespoursaisirla

placequ’unpays comme leMexique,périphériquemais indépendant, trouvait et se

faisaitdansleshiérarchieséconomiquesetculturellesmondiales.

Historiographie:lesexpositionsuniverselles

En France, une reconduction de l’étude des expositions universelles a prit place

pendant les années 1980. Les débats suscités par l’avènement du centenaire de

l’exposition parisienne de 1889 ont stimulé un renouvellement des recherches

académiques sur le sujet, éveillant un intérêt pour des thématiques telles que les

enjeuxcommerciauxetpolitiquesdecesfêtes,leurl’impactsurlepaysageurbainde

lacapitale,ainsiquelepatrimoineartistiqueetarchitecturalquienarésulté.2

1Unebibliographiegénéraleetexhaustivesur lesexpositionsuniversellesaétéentrepriseaudébutdes années 2000 et rassemble plus de 1200 textes, dont 300 sur les exposition nationales,internationales et universelles françaises. Voir Jean COFFEY, Alexander GEPPERT et Tammy LAU,International Exhibitions, Expositions Universelles and World’s Fairs, 1851-2005: A Bibliography,Berlin/Fresno,FreieUniversität/CaliforniaStateUniversity,2000.2Pascal ORY, Les expositions universelles de Paris, Paris, Ramsay, 1982; Pascal ORY, Lamémoire dessiècles.L’Expouniverselle, Paris,Complexe,1989;MadeleineREBERIOUX, «Approchesde l’histoiredes

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Parallèlement,danslesillagedeL’Orientalismed’EdwardSaïd3etdanslavoguedes

cultural studieset despostcolonial studies,est apparue en ces années une approche

formellement intéresséepar ladimension culturellede ces évènements. Le courant

futporténotammentparlestravauxdePaulGreenhalghetdeTimothyMitchelldans

le monde anglophone et ceux de Sylviane Leprun en France4. Leurs thèmes de

prédilectionsont laconstructiondeculturescoloniales, lamiseenscènederegards

artistiquesetscientifiquessurl’autreetlesexpériencessubalternesdelamodernité

liésàcesprocessus.5

Ce terrain, qui correspond à la mise en circulation de discours savants

idéologiquementefficaces,estintimementliéàl’histoiredesscienceshumaines,dont

les expositions universelles sont un pôle essentiel. Ce furent les lieux de leur

institutionnalisation, de leur affermissement épistémique et de leur

patrimonialisationmuséographique.L’anthropologie, l’ethnographie, l’archéologieet

la préhistoire furent consolidées dans unmême élan scientifique à travers de leur

muséification. Les collections ethnographiques importées en France grâce aux

missions scientifiques financées par le Ministère de l’instruction publique furent

rassemblées autour d’institutions comme le Muséum ethnographique desmissions

scientifiques, le Muséum d’histoire naturelle et le Musée d’ethnographie du

expositionsuniversellesàParisduSecondEmpireà1900»,BulletinduCentreD’HistoireÉconomiqueetSocialedelaRégionLyonnaise,1,1979,p.1‑20;MadeleineREBERIOUX,«Miseenscèneetvulgarisation :L’Exposition universelle de 1889», Le mouvement social, numéro spécial, 149, 1989, p.160; AnneRASSMUSSEN etBrigitte SCHROEDER-GUDEHUS,Les fastesduprogrès : leguidedesexpositionsuniverselles,1851-1992, Paris,Flammarion,1992;LindaAIMONEetCarloOLMO,Lesexpositionsuniverselles :1851-1900,Paris,Belin,1993.3EdwardSAID,L’Orientalisme,L’Orientcrééparl’Occident,Paris,Seuil,1980.4PaulGREENHALGH,EphemeralVistas :TheExpositionsUniverselles,GreatExhibitionsandWorld’sFairs,1851-1939, Manchester, Manchester University Press, 1988; Timothy MITCHELL, Colonizing Egypt,Cambridge, 1988; Sylviane LEPRUN, Le théâtre des colonies : scénographie, acteurs et discours del’imaginairedanslesexpositions,1855-1937,Paris,L’Harmattan,1986;SylvianeLEPRUN,«PaysagesdelaFranceextérieure:lamiseenscènedescoloniesàl’ExpositionUniversellede1889»,Lemouvementsocial, 149, numéro spécial,Mise en Scène et Vulgarisation: L'ExpositionUniverselle de 1889, 1989,p.99‑128.5 Édouard VASSEUR, «Autour de l’exotisme et de l’altérité dans les expositions universelles etinternationales : premier bilan d’un renouveau historiographique», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositions universelles et les cultures extra-européennes,France,1855-1937,Paris,Archivesnationales/Somogy,2010,p.215.

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Trocadéro.6

Lepointdejonctionentrel’histoiredesexpositions,l’histoiredesscienceshumaines

etcelledesculturescolonialesestplus largement laquestiondelaraceentantque

processusdeconstructionde ladifférence7.Lanotionde«race»construiteetmise

en circulation à cette époque découlait du remaniement d’idées esthétiques,

théologiquesouappartenantàdesrégimesdeconnaissanceendéclinversdescadres

depenséescientifiquequibénéficiaientàpartirdeladeuxièmemoitiéduXIXesiècle

d’uneautoritésavanteincontestée.

Ce racisme scientifique, terrain où faisaient concurrencedes théories protéiformes,

avaitpourfonctionessentielled’attester,demesureretdecataloguerdesdisparités

biologiques etmorales entredes groupeshumains. L’entreprise, cristalliséedans le

cadredisciplinairedel’anthropologie,fournissaitdesgrillesdelecturequisignalaient

l’humanitécommeétantconstituéedepeuplesinégaux.

La relation idéologique entre le regard savant et l’exotisme est centrale dans les

travaux de Nicolas Bancel, de Pascal Blanchard et de Sandrine Lemaire sur les

exhibitionshumainesduXIXeetduXXesiècles.Leursétudess’intéressentsurlaplace

de la mise en scène ethnographique dans la consolidation institutionnelle et6Armelle LEGOFF, «À l’origine dumusée du Trocadéro : lesmissions scientifiques duministère del’Instruction publique», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Lesexpositions universelles et les cultures extra-européennes, France, 1855-1937, Archivesnationales/Somogy, 2010, p. 216; Bastien NOËL, «Exposition universelle de 1878. L’archéologie auservice des contestations contemporaines»,Diacronie, 18, Le esposizioni: propaganda e costruzioneidentitaria, 2014, p.13; Marie-Sophie CORCY, «Exposer l’invention, des expositions universelles auConservatoire des arts etmétiers»,LaRevue.Muséedesartsetmétiers.Numérospécial, Innovations,collections, musées, 51‑52, 2010, p.78‑87; Marie-Sophie CORCY, «La muséification des galeries duconservatoire des arts et métiers : le cas de l’exposition rétrospective du travail et des sciencesanthropologiquesdel’expositionuniversellede1889»,inChristianeDEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.), Les expositions universelles. Les identités au défit de la modernité, PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234;NéliaDIAS,LeMuséed’ethnographieduTrocadéro(1878-1908).Anthropologie et muséologie en France, Paris, CNRS, 1991; Raymond CORBEY, «EthnographicShowcases,1870-1930»,CulturalAnthropology,2,1992,p.338‑369.7Juan Pedro Viqueira considère la «race» comme une catégorie problématique, puisqu’il la définitcommeétantcadréeparlestraditionsscientifiquesduXIXesiècleetnonopérationnellepourd’autressystèmesdepensée(commelasqualitésd’AncienRégime).OnpréfèrecependantsuivreJean-FrédéricSchaub, qui considère que la catégorie de «race» est historiographiquement souhaitable en luidonnantunedéfinitionlargeenglobanttoutprocessusdeconstructiondeladifférenceetpouvantêtredonc adéquate pour analyser des régimes de connaissance très divers. Voir Juan pedro VIQUEIRA,«Reflexionescontralanociónhistóricademestizaje»,Nexos,https://www.nexos.com.mx/?p=13750,p.;Jean-FrédéricSCHAUB,Pourunehistoirepolitiquedelarace,Paris,ÉditionsduSeuil,2015.

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épistémologiquedel’anthropologiefrançaise8.Cependantdescritiquessuggèrentque

leurspositionshistoriographiquessonttournéesversuneappréciationmanichéenne

etsouventmisérabilisteàl’égarddelasituationintégraledesacteurssubalternes.9

Faceàceregardparfoisconsidéréstérile,ClaudeBlanckaertprojetteuneperspective

remarquablement nuancée, offrant une œuvre vaste sur l’histoire des sciences

humaines et sociales au XIXe siècle. Dans le cas de l’anthropologie française, il

proposeunehistoireinstitutionnellequiretracelacomplexitédesdébatsthéoriques

etdesrapportspolitiquesquiconstituaientleterreausurlequelellefutconstruite.10

Dansdestravauxrécents,poursuivantenlignedroitecetteperspective,AliceConklin

etnotammentCaroleReynaudPaligotseproposentdedépasser lamiseenrelation

conventionnelle du racisme scientifique avec le conservatisme réactionnaire pour

signaler l’alliance fécondeentre le républicanismeet l’anthropologie raciale11. Il est

eneffetindispensabledenoterl’affinitéidéologiqueentrelespolitiquescolonialesde

laIIIeRépublique,dontlesvaleursfurentmatérialiséesauseindesplusimportantes

expositions parisiennes, et les disciplines ethnographiques qui firent rentrer

l’humanité dans un régime de connaissance qui légitimait l’avènement des

dynamiquescoloniales.

Cependant, la prépondérance des imaginaires ethnologiques ne découlait pas d’un

circuitferméentrescienceetvulgarisationmuséale.Lesformesdedivertissementde

8NicolasBANCEL,PascalBLANCHARD,GillesBOETSCH,ÉricDEROOetSandrineLEMAIRE,Zooshumains,XIXeetXXesiècles:DelaVénushottentoteauxrealityshows,Paris,LaDécouverte,2002;NicolasBANCELetDavidTHOMAS(éd.),L’inventiondelarace :desreprésentationsscientifiquesauxexhibitionspopulaires,Paris,LaDécouverte,2014.9Claude BLANCKAERT, «Spectacles ethniques et culture de masse au temps des colonies», Revued’HistoiredesSciencesHumaines,7,2002,p.223‑232;ZahiaRAHMANI,MaureenMURPHY,ToddSHEPARD,Elvan ZABUNYAN et Rémi LABRUSSE, «Arts, violences, identités : l’apport des études postcoloniales»,Perspective.Actualitéenhistoiredel’art,1,30juin2012,p.56‑69.10Claude BLANCKAERT,De la race à l’évolution: Paul Broca et l’anthropologie française (1850 - 1900),Paris,Harmattan,2011;ClaudeBLANCKAERT,Lanaturedelasociété:organicismeetsciencessocialesauXIXe siècle, Paris, L’Harmattan, 2014; Claude BLANCKAERT, L’Histoire des sciences de l’Homme.Trajectoire,enjeuxetquestionsvives,Paris,L’Harmattan,1999.11 Alice CONKLIN, Exposer l’Humanité. Race, ethnologie et empire en France (1850-1950), Paris,PublicationsscientifiquesduMuséumnationald’Histoirenaturelle,2015;CaroleREYNAUDPALIGOT,Del’identiténationale. Science, race etpolitique enEuropeetauxÉtats-Unis. XIX-XX siècle, Paris, PressesUniversitaires de France, 2011; Carole REYNAUD PALIGOT, La République raciale (1860-1930), Paris,PressesUniversitairesdeFrance,2015.

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masse inaugurées par les expositions universelles furent un facteur commercial

déterminantdanslaconstructiondesculturescoloniales.Danscecadre,lesdiscours

sur l’autre étaientalimentésparunexotismerentablequi renforçait leshiérarchies

culturelles en montrant des lieux oniriques et incompatibles avec la modernité

occidentale.Lesobjetsarchéologiquesetethnographiquesprésentés, inclusdansun

vaste corpus d’éléments culturels extra-européens, servaient pour satisfaire la

curiositéorientalistepropreàlaculturecolonialemétropolitaine.CatherineHoideir

montreque lesenjeuxcommerciaux, souventà labasede luttes institutionnelleset

politiques pour construire des images coloniales, étaient le principal facteur de

tensionentreattractionetexhibitionscientifiquelorsdesexpositionsuniverselles.12

Destravauxtrèsvariésrendentcomptedeceprocessusdeconstructiond’images.De

l’avènement de l’égyptomanie13à l’orientalisation de l’Andalousie14, en passant par

lesimplicationspolitiquesetdiplomatiquesdesreprésentationsdelaTunisie15oula

création d’architectures exportables aux colonies africaines16, une historiographie

abondante montre les débordements complexes entre exotisme rentable, diffusion

12CatherineHODEIR,«Lesexhibitionshumainesdanslesexpositionsuniverselles :entrecatégorisationscientifiqueetexotisme ?World’sColumbianExposition,Chicago,1893»,inNicolasBANCELetDavidTHOMAS(éd.),L’inventiondelarace :desreprésentationsscientifiquesauxexhibitionspopulaires,Paris,LaDécouverte,2014,p.247‑259.13MarieStéphanieDELAMAIRE,«L’Égypteàl’Expositionuniversellede1867 :unenations’affirme?»,inJeanMarcelHUMBERT(éd.),Bonaparteetl’Égypte.Feuetlumières,Paris,Hazan,2008,p.376‑380.14ManuelVIERADEMIGUEL,«Absolutisme, fanatismeetorientalisme : l’imageexotiquede l’Espagneàtravers le Kaléidoscope des expositions universelles du XIXe siècle», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.),Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234.15Isbelle WEILAND, «Entre Tunisie fantasmée et Tunisie réelle : la présence tunisienne dans lesexpositions universelles. Paris, 1855-1900», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiquesexpositions... Les expositions universelles et les cultures extra-européennes, France, 1855-1937, Paris,Archivesnationales/Somogy,2010,p.215;IsbelleWEILAND,«LaTunisieauxexpositionsuniversellesde1851à1900»,thèsededoctorat,Écoledeshautesétudesensciencessociales,Paris,2013;IsbelleWEILAND,«Lesexpositionsuniverselles,instrumentsdel’actiondiplomatique:lesinvitationsfaitesàlaTunisie de 1851 à 1900», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ(éd.), Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234.16Hans-JürgenLÜSEBRINCK,«Imagesdel’AfriqueetmiseenscèneduCongoBelgedanslesexpositionscolonialesfrançaisesetbelges(1889-1937)»,inPierreHALENetJánosRIESZ(éd.),Imagesdel’Afriqueetdu Congo/Zaïre dans les lettres françaises de Belgique et alentour : actes du colloque international deLouvain-la-Neuve(4-6février1993),Bruxelles,Textyles/Kinshasa,1993,p.75‑88.

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d’idéologies,discoursscientifiquesetcultureslocales.17

Lespayspériphériquesquiseprésentaientauxexpositionspouvaientsetrouverdans

des situations diverses: certains n’étaient pas rattachés à des modalités formelles

d’assujettissementcolonial.Finalement,ledegréd’indépendanceetd’implicationdes

acteursconcernésétaitunfacteurconséquentdansl’agencementd’imagesnationales.

Un pays comme le Mexique, qui était souvent un participant majeur lors les

expositions, avait le champ libre pour constituer ses pavillons et ses contributions

officielles.

En France, les études sur la présence de l’Amérique latine aux expositions

universelles restent rares. Néanmoins, un intérêt pour ce terrain a été cultivé

récemment18,notammentavecunesériedemonographiesproduitesparChristiane

Demeulenaere-Douyère sur les participations mexicaines dans les expositions

parisiennes19. Dans l’un des ouvrages qu’elle a récemment dirigé et dans d’autres

publications, des historiens se sont intéressés aussi aux cas du Brésil 20 et de

17BenedictBURTON,«InternationalExhibitionsandNational Identity»,AnthropologyToday, 6,1991,p.5‑9;ChristelleLOZERE,«Expositionsprovincialeset identitéscolonialesauXIXesiècle»,Diacronie,numéro spétial, Le esposizioni: propaganda e costruzione identitaria, 18, 2014, p.17; ChristianeDEMEULENAERE-DOUYERE, «Avant les expositions coloniales. Les colonies dans les expositionsindustriellesetuniversellesduXIXesiècle», inDésirsd’ailleurs.LesexpositionscolonialesdeMarseille1906 et 1922, Marseille, Alors Hors du Temps, 2006, p. 23‑31; Zeynep CELIK,Displaying theOrient:ArchitectureofIslamatNineteenth-centuryWorld’sFairs,Berkeley,UniversityofCaliforniaPress,1992.18 Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE, «Expositions internationales et image nationale : les paysd’Amérique latine entre pittoresque « indigène » et modernité proclamée», Diacronie, 18, « Leesposizioni: propaganda e costruzione identitaria », 2014, p.14; Pascal RIVIALE, «Entre exotisme etpragmatisme :l’AmériquelatinedanslespremièresexpositionsuniversellesenFrance(1855-1889)»,in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositions universelles et lescultures extra-européennes, France, 1855-1937, Paris, Archives nationales/Somogy, 2010, p. 215;Florence PINOT DE VILLECHENON, «L’Amérique latine dans les expositions universelles», Revuehistorique,586,1993,p.511‑517.19Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE, «Le Mexique s’expose à Paris : Xochicalco, Léon Méhédin etl’exposition universelle de 1867», Histoire(s) de l’Amérique latine, 3, 2009, p.12; ChristianeDEMEULENAERE-DOUYERE,«1867:LosParisinosdescubrenelMéxicoantiguo»,Istor.RevistadeHistoriaInternacional, 50, 2012; Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE, «Entre archéologie savante, intentionpolitique et divertissement grand public : La Révélation du Mexique ancien dans les expositionsuniverselles (1867-1889)», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ(éd.), Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014,p.234.20DavidCIZERON,ReprésentationsduBrésillorsdesexpositionsuniverselles,Paris,L’Harmattan,2009;PauloCOELHOMESQUITASANTOS,AdilsonRODRIGUEZDACOSTAetFlávioLAYSCASSINO,«L’Écoledesminesd’Ouro Preto (Brésil) et l’exposition universelle de 1889. Entre science et affaires», in Anne LaureCARRE, Marie-Sophie CORCY, Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ(éd.), Les

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l’Argentine 21 , pays pour lesquels les expositions ont constitué des enjeux

commerciaux majeurs. La recherche sur les participations latino-américaines, en

rapportant les expériences d’États qui appartenaient à «un autre Occident»22, est

susceptible d’offrir des contributions pertinentes pour la compréhension générale

desexpositionsuniverselles.

Il est essentiel de noter que les images nationales construites étaient en dernière

instance un aspect culturel collatéral aux échanges commerciaux et techniques des

expositions. Elles étaient liées en grande mesure aux significations culturelles

internes de ces évènements. L’histoire des techniques offre des perspectives

fondamentales pour saisir les projets intellectuels qui les animaient 23 . Elles

permettent une compréhension substantielle sur le sens des catégories et des

nomenclatures portées par les expositions sur l’ensemble du travail humain. Leurs

organisateurs ont toujours établi des critères stricts pour ordonner les objets

exposés;cesstructuresmanifestentlestatutéconomique,politique,socialetculturel

destechniques,dessciencesetdesformesdeproduction.

«Universelles» depuis 1855, les expositions comportaient la technique commeexpositionsuniversellesenFranceauXIXesiècle.Techniques.Publics.Patrimoines,Paris,CNRS,2012,p.482;MariaElizaLINHARESBORGES,«L’expositionuniversellede1867,àParis,etlemuséecommercialde Rio de Janeiro (Brésil)», in Anne Laure CARRE, Marie-Sophie CORCY, Christiane DEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.),LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXesiècle.Techniques.Publics.Patrimoines,Paris,CNRS,2012,p.482.21MariaElizaLINHARESBORGESetPaulineRAQUILLET,«L’Argentineàl’Expositionuniversellede1889»,Équipe Histoire et Société de l’Amérique latine ALEPH, 1997; Barth VOLKER, «Nation et altérité :l’Argentine auxExpositions universelles de1867,1878 et 1889 àParis»,AmériqueLatineHistoireetMémoire.LesCahiersALHIM,15,2008.22 Marcello CARMAGNANI, El otro occidente: América Latina desde la invasión europea hasta laglobalización,Mexico,ElColegiodeMéxico/FondodeCulturaEconómica,2004;EdmundoO’GORMAN,La invención de América; el universalismo de la cultura de Occidente, Mexico, Fondo de CulturaEconómica,1958.23Ana CARDOSO DEMATOS, Irina GOUZEVITCH et Marta LOURENZO(éd.), Expositions universelles,muséestechniquesetsociétéindustrielle/WorldExhibitions,TechnicalMuseumsandIndustrialSociety,Lisbonne,Ediçoes Colibri/CIDEHUS-UE/CIUHCT, 2009; Ana CARDOSO DE MATOS, Christiane DEMEULENAERE-DOUYEREetMaríaHelenaSOUTO,«TheWorldExhibitionsand theDisplayofScience,TechnologyandCulture: Moving boundaries», Quaderns d’història de l’enginyeria, 13,http://upcommons.upc.edu/revistes/handle/2099/12864; Anne Laure CARRE, Marie-Sophie CORCY,ChristianeDEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ,LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques,publics,patrimoine,Paris,CNRS,2012.Pourunétatdeslieuxhistoriographiquesurlesexpositionsuniversellesàtraversl’histoiredestechniques,voirdanscetouvragel'introductiondeLiliane Hilaire-Perez, «Les expositions universelles en France au XIXe siècle. Lignes de tension etlignesd'horizondanslechamptechnologiqueàl'èredel'industrialisation»,p.13-34.

Page 17: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

16

élément fédérant l’industrie et l’art – celle-ci retrouverait ainsi le principe

étymologique de la technè aristotélicienne. On a à faire à un «modèle d’exposition

spécifiquement français qui place les différentes formes de production –industrie,

artisanat,agricultureetarts–sur lemêmeniveauettentederéunir l’ensembledes

artefactsissusdutravaildel’homme».24

L’Étatfrançaisdéployaitàtraversdecesdispositifsunepolitiqueculturellequivisait

àinstaureruncultedelatechniquehéritierduprojetdelatechnologiegénérale,dela

sociologie leplaysienne, ainsi que des utopies saint-simoniennes et comtiennes. Les

publics français étaient éduqués pour la consécration d’une culture technique

susceptibledecontribueraudéveloppementindustrieldontlepaysavaitbesoinpour

concurrencer les autrespuissances européennes.Mais si ladimensionpédagogique

des expositionsétaitdans ce cadre indispensable etprédominante, leurspublics se

montrèrent souvent réticents à des idées qui franchissaient difficilement le seuil

d’uneutopied’élite.

D’autrepart,latechniqueetletravailfurentlesélémentsclédanslaconstructionde

discours établissant une continuité historique du devenir humain, imbriquant de

manière organique passé, présent et futur25. Pendant les expositions universelles,

peuplées d’exhibitions rétrospectives et prospectives sur toutes les activités

humaines, l’anthropologie et l’archéologie permettaient une compréhension de

l’hommebaséesurlecatalogagedesoutilsqu’ilinventedansletemps:

«La culture technique, rameau de la pensée de synthèse, portée par les capacités

analogiquesmenantduconcretàl’abstraction(aureboursdetoutescienceappliquée)

[…]courtdesenquêtesdeLePlay,«promoteurd’uneanthropologiecomparée»pour

décrire «les ressorts réels d’action», à l’archéologie préhistorique qui reçoit sa

24Jean-CharlesGESLOT,«L’Empireetlatechnique.Lediscoursscientifiqueetlaplacedesexpositionsuniversellesdansl’actionculturelleduSecondEmpire»,inAnneLaureCARRE,Marie-SophieCORCY,ChristianeDEMEULENAERE-DOUYEREetLilianeHILAIRE-PEREZ(éd.),LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques,publics,patrimoine,Paris,CNRS,2012,p.347‑359.25Dominique PESTRE, Amir ALEXANDER, Luc BERLIVET, David AUBIN, Kapil RAJ et Heinz Otto SIBUM,Histoire des sciences et des savoirs. Tome 2 : Modernité et globalisation, Paris, Seuil, 2015. «Cetteexaltationéminemmentidéologiquedutravailàtraverslesâges,cettemiseenrelationdupasséetdufutur,estdoncunedestâchespremièresdel’archéologiepréhistoriquecommedisciplinescientifiqueenvoied’institutionnalisation».

Page 18: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

17

première consécration publique à l’Exposition de 1867. Dans les expositions

universelles,où«lessociétéssontexpliquéesparl’archéologie»,lapenséetechnique,

objetetmoyendeconnaissance,occupeuneplacecentraledanslapercéedessciences

del’homme.Latechnologierévèlesonhumanisme.»26

Larichessedel’historiographiesurlesexpositionsuniversellessedoitaucroisement

de perspectives exploitant un terrain qui comprime et qui miroite l’extrême

complexitédumondeoccidentaleauXIXesiècle,sesaspirationsà l’universalismeet

lapuissanced’unemiseenordredumondequiambitionnaitunecohérenceintégrale.

La fécondité des dialogues historiographiques, les compatibilités thématiques et

théoriques, sont attestées par des ouvrages collectifs récents sous la direction de

ChristianeDemeulenaere-DouyèreetdeLilianeHilaire-Perez27.Ellesyrassemblentet

entrelacentdestravauxquimettentenévidencel’artificeidéologiqueetl’agencement

politique de cultures techniques, scientifiques, nationales et coloniales. Celles-ci

résultaient de stratégies scénographique où la spatialité muséographique et

architecturalecomposaitla«dimensionfondamentaledelaconstructionsymbolique

et esthétique des expositions», théâtres où l’on bricolait «des fictions naturalistes

auxviséesanthropologico-historiques».28

26LilianeHilaire-Perez, «Les expositionsuniverselles enFranceauXIXe siècle. Lignesde tensionetlignes d'horizon dans le champ technologique à l'ère de l'industrialisation», dans Anne Laure Carré,Christiane Demeulenaere-Douyère, Lilliane Hilaire-Perez, Marie-Sophie Corcy, Les expositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques,publics,patrimoine,op.cit.,p.23.27Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositions universelles et lescultures extra-européennes,France,1855-1937, Paris, Archives nationales/Somogy, 2010; A.L. CARRE,M.-S.CORCY,C.DEMEULENAERE-DOUYEREetL.HILAIRE-PEREZ,LesexpositionsuniversellesenFranceauXIXsiècle,Techniques, publics, patrimoine..., op.cit.; Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE et Liliane HILAIRE-PEREZ,Lesexpositionsuniverselles.Lesidentitésaudéfitdelamodernité,Rennes,PressesuniversitairesdeRennes,2014.28SylvianeLEPRUN,«De l’amuletteaumonument.Lascénographiedans lesexpositions:unehistoirede proportions», in Christiane DEMEULENAERE-DOUYERE(éd.), Exotiques expositions... Les expositionsuniverselles et les cultures extra-européennes, France, 1855-1937, Paris, Archives nationales/Somogy,2010,p.215.

Page 19: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

18

Présentationdelarecherche

Ce travail propose de reconstruire et d’expliquer le pavillon que le Mexique a

présentéà l’expositionuniverselledeParis1900. Ilretracesesoriginesetsitueson

contenudanslescontexteséconomiques,politiquesetculturelsquil’ontconditionné.

ÀcetteoccasionlegouvernementautoritairedePorfirioDíaz,connusouslenomde

porfiriat (1876-1911), entreprit de se présenter avec un de ses pavillons les plus

ambitieux.Événementcapitaldelapolitiqueéconomiqueextérieuredurégime,cette

entreprise impliqua un effort budgétairemajeur et constitue unmoment privilégié

pourconstaterl’étatdelacultureintellectuelleettechniquemexicaineàlafinduXIXe

siècle.

Lacaractéristiqueprincipaledupavillonfutlaprésentationd’uneimagenationalede

prospéritébaséesurl’ostentationd’uneadministrationpubliquescientifiqueetd’une

culture intellectuellemoderne.Lescontributionsscientifiquesdediverses instances

gouvernementales offusquèrent la recherche d’un particularisme national qui avait

étérecherchéàtraversdelapromotiondetendancesculturellesoriginales.Lestyle

néogrec supplanta l’exploration de courants artistiques proprement mexicains et

écartalesstratégiesexotisanteexploitéesdanslesoccasionsantérieures.

L’histoire du pavillon néogrec du Mexique reste à faire: il n’a été abordée que

rarement dans l’historiographie et toujours de manière accessoire29. Si d’autres

pavillons plus excentriques ont servi à enrichir l’historiographies sur l’art, le

nationalismeet les identitésmexicaines30,nousconsidéronsquederrièreunformat

laconique se trouve une participation qui cristallise des éléments pertinents pour

l’histoireintellectuelleetculturellemexicaine,ainsiquepourunecompréhensiondes

29MaríadeLourdesHERRERAFERIA,«PueblaenlasexposicionesuniversalesdelsigloXIX :lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal»,thèsededoctorat,BeneméritaUniversidadAutónomadePuebla,Puebla,2015;MauricioTENORIOTRILLO,Artilugiodelanaciónmoderna.Méxicoenlasexposicionesuniversales,1880-1930,Mexico,FondodeCulturaEconómica,1998.30ClementinaDÍAZYDEOVANDO,«MéxicoenlaExposiciónUniversalde1889»,AnalesdelInstitutodeInvestigacionesEstéticas,61,1990,p.109‑171;FaustoRAMÍREZ,«Dioses,héroesyreyesmexicanosenParís,1889», inColoquioInternacionaldeHistoriadelArteXI.Historia,leyendasymitosdeMéxico:suexpresiónenelarte,Mexico,InstitutodeInvestigacionesEstéticas,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1998,p.205.

Page 20: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

19

critèresd’accèsàlamodernitédesexpositionsuniverselles.

Cetterechercheproposed’établircertainscontextesgénérauxetdefaireunrapport

exhaustif du contenu du pavillon néogrec afin de saisir sa signification culturelle.

Nouscherchonsàexplorerlestraductionsscientifiquesquedesidéesabstraites–la

nationetlamodernité–onttrouvédanscecadrescénographique.Nousanalyserons

l’imagenationaledeprospéritéde1900partirdesdeuxdimensionsprincipalesque

nous avons détectédans le pavillon : son objectif promotionnel et sont caractère

scientifique.

Nousvoudrionsinsistersurl’originalitédeslecturesqueleMexiquefaisaitd’idéeset

de doctrines provenant desmétropoles, c’est à dire sur sa puissance comme force

culturellement productive, et reprendre ainsi un axe fondamental des études

postcoloniales:«véhiculerdespointsdevuequirenversentleshabituelsparamètres

de centre et de périphérie–avec l’Occident au centre et le reste du monde

marginalisé».31

Nous chercherons à expliquer le sens de l’image présentée en 1900 et son degré

d’adéquationavec leprojetnational local.Nousporteronsun intérêtparticuliersur

l’analyse de l’équilibre établit entre sa dimension scientifique et ses contreparties

historiquesetartistiques.Nousexpliqueronsaussilamanièredontfurentmobilisées

lesdisciplinesscientifiquesconcernées,leshiérarchiesquifurentétabliesentreelles,

et la place de la production scientifique présentée dans la culture intellectuelle

porfirienne.Cetravail,quiportesuruneimagenationaleconstruiteprincipalementà

traversdelangagesscientifiques,sedonnecommeobjectifsprincipauxdevoirdans

quelle mesure celle-ci témoigne de l’état de la culture intellectuelle locale et des

relationsculturellesentretenuesaveclaFranceàlafinduXIXesiècle.

31Z.RAHMANI,M.MURPHY,T.SHEPARD,E.ZABUNYANetR.LABRUSSE,«Arts,violences,identités»...,op.cit.

Page 21: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

20

Sources

Les pavillons nationaux du Mexique aux expositions universelles véhiculaient des

imagesextravagantessusceptiblesdecaptiverl’attentiondupublic.Lepalaisnéogrec

de1900portaitletonaustèredelascientificité,maisrépondaitaumêmeprogramme

commercialetfaisaituneapologievigoureusedel’État-nationporfirien.

Une partie conséquente des sources disponibles pour reconstruire ce pavillon

consiste en une production à destination de plusieurs publics avec des objectifs

publicitaires.Non seulement lesdiscourset les contributionsexposéesvéhiculaient

des informations biaisées par la volonté d’impacter et d’intéresser les visiteurs: la

production éditorialemexicaine, les publications françaises relatives à l’exposition,

ainsiquelapresseparisiennefurenthautementsurveillés.

Si une comparaison critique permet de dégager certains faits, ces sources sont

éloquentes surtout du fait qu’elles mettent en évidence l’idéal mexicain de ce que

devait être une nation moderne. Plus qu’aux réalités mexicaines, ces discours

correspondaientauxpromessesetauxaspirationsdurégime.

D’autresélémentsdonnentdesinformationsplusconcrètessurlepavillonetsurses

résultats. Des catalogues, des règlements, de listes de prix32, qui furent édités et

diffusésenFrancecommeauMexiquenouspermettentdeconnaître lecontenudes

contributionsetlaprovenanceinstitutionnelledesobjetsexposés.

Ilexisteunequantitéimportantededocumentstémoignantdelacréationdupavillon

et donnant des points de repère solides pour envisager le caractère artificiel de

l’image nationale présentée. Les actes d’organisation permettent de connaître le

processus interneduprojet. Elles offrentdes élémentspour savoir àquels intérêts

spécifiquesrépondaient les imageset les informationsaffichésaupublic.Entreeux,

les organisateurs reconnaissaient ouvertement les objectifs économiques qui32JulioALVARADO,Comisióngeográfico-exploradorade laRepúblicamexicana.Catálogodes losobjetosque componen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos.,Mexico,OficinatipográficadelaSecretaríadeFomento,1900;SebastiánB.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901;Listade lasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosen laexposiciónuniversaldeParis1900,México,OficinatipográficadelaSecretaríadeFomento,1901.

Page 22: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

21

commanditaientleprojet.Pourtant,ilssefaisaientaussidesquestionnementssérieux

sursoncaractèrenationaletsur lesmanifestationsscientifiquesayant lieupendant

l’exposition. La diversité des sources, doublée d’une approche critique, permettent

d’évaluerlesensetlesnuancesdel’engagementintellectueldesresponsables.

L’Archive général de la nation (AGN) du Mexique possède un fond documentaire

complet pour reconstruire le pavillon. Les actes d’organisation, les publications

officielles (règlements traduits, listes des prix), les documents concernant la

construction du bâtiment, les rapports finaux des membres de la commission, les

correspondancesentre lesorganisateursetavec ladirection ;onpeut trouvercette

collection en son intégralité dans la section 165, «Exposiciones», du fond

«MinisteriodeFomento».

LaBibliothèquenationaleduMexiqueetlaBibliothèquedigitalehispanique(BHD)de

Madrid nous permettent d’accéder à des documents concernant les participations

mexicaines aux expositions universelles de Paris 1855, la Nouvelle Orléans 1884,

Chicago1893etParis1889.Pourleurpart,laBibliothèquenationaledeFrance(BnF)

etsabibliothèquenumérique(Gallica),lesbibliothèquesduQuaiBranlyetcelledela

Maison des sciences de l’homme, conservent une partie très importante des

nombreuses publications que le gouvernement diffusa à cette occasion. Elles

permettentaussid’accéderàtouteunesériedelivresdel’époquesurleMexiquequi

concernentdirectementouindirectementsaprésentationen1900.

Quant aux catalogues, rapports, revues et publications officielles l’exposition

universelle de Paris en 1900, ils peuvent être consultés en leur intégralité dans le

ConservatoirenumériquedesArtsetMétiers(CNUM)etdanslesarchivesduBureau

internationaldesexpositions(BIE)àParis.

LessourcesdisponiblesauMexiqueetenFrancesontdiverses.Ellesfurentcependant

produites ou encouragées, pour la plus grande partie, par les mêmes acteurs et

institutions. Elles offrent tout demême des informations qui peuvent êtremise en

contraste : les objets et publications constituant l’image nationalemexicaine et les

actes d’organisation témoignent des coulisses de la participation. Il est possible de

connaîtredemanièreprécisel’agencementdelaprésentationmaisaussideprendre

Page 23: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

22

un recul critiquepour faireune évaluationde la signification culturelledupavillon

néogrecde1900.

Méthodologie

Les expositions universelles, événements majeurs dans le processus de

mondialisation des échanges commerciaux et techniques, sont des conjonctures

appropriées pour comprendre les aspirations économiques des États-nations

modernes. Ce sont aussi des moyens de communication massifs assurant une

circulation fluide d’idées et d’images. Elles constituent un terrain idéal pour faire

l’histoireculturelled’unpays33:lacréationd’imagesnationalesétaitpromueparles

organisateursetexécutéparlesexpositeurs.

Cette recherche propose d’analyser la place du pavillon néogrec dans le projet

nationalauquelilrépondaitetdanslacultureintellectuellemexicainedel’époque.Il

enestunreflet,maisaussiunmomentfécond.Onl’aborderaàpartirdelaprincipale

stratégie avec laquelle le gouvernement a montré le Mexique: la diffusion d’une

imagescientifiquedeprospériténationale.

Pourcomprendrelasignificationhistoriquedupavillon,évènementéphémère,ilest

donc nécessaire de le situer au croisement de plusieurs contextes : celui du projet

économique et culturel porfirien et celui de la circulationdes doctrines et cannons

culturelseuropéens.

Situer le Palais néogrec dans la tradition expositoire porfirienne revient à le

comprendreentantqu’élémentdelapolitiqueextérieurdugouvernement,etdoncà

le placer dans le projet économique du régime. Il faisait partie des mesures qui

visaient faire la promotion des ressources nationales pour développer le pays à

traversdel’attractiondecapitauxétrangers.34

33ElfieREMBOLD,«ExhibitionsandNationalIdentity»,NationalIdentities,1-3,1999,p.221‑225.34GeneYEAGER,«PorfirianCommercialPropaganda:MexicointheWorldIndustrialExpositions»,TheAmericas,34,1977,p.230‑243.

Page 24: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

23

Le pavillon néogrec a aussi une signification qui correspond à son adéquation aux

paradigmes intellectuels et idéologiques mexicains de l’époque. La participation à

l’exposition de 1900 est survenue à un moment qui pour plusieurs auteurs

correspondàlaconsécrationd’uneculturepolitiqueetintellectuellepositivisteavec

des fonctions idéologiquesconcrètes35: ilsupplantaità la finduXIXesiècle laplace

occupéeparlerépublicanismelibéralcommefonddoctrinaldurégime36.HenriFavre

considère ainsi que «le libéralisme avec ses développements positivistes et ses

travestissements spencériensdomine l’horizon intellectuel du XIXe siècle

mexicain».37

Le projet de présenter le pays à l’exposition universelle de 1900 mobilisa une

quantité conséquente d’acteurs et d’institutions. Tracer le parcours intellectuel et

politique des organisateurs et de certains expositeurs est indispensable pour

reconnaître la spécificité de cet événement. Membres d’une oligarchie réduite,

puissante et relativement homogène, ils se situaient tout demême dans un champ

national de débats intellectuels et portaient des projets politiques et économiques

personnels. Le cadre institutionnel est également essentiel: l’importancematérielle

descontributions,leshiérarchiesscientifiquesettechniquesétabliesainsiquelesens

général du pavillon découlaient directement des marges d’action attribuées à une

série d’institutions étatiques, administratives, scientifiques, pédagogiques et

culturelles.

Nous expliquerons la participation du Mexique à l’Exposition universelle de Paris

1900dansceshorizonshistoriques,appuyésparunedémarchecomparative.Nousle

confronterons à des expériences expositoires mexicaines antérieures,

particulièrement à celle de 1889 à Paris, afin de souligner ses caractéristiques

distinctives. Ces pavillons présentaient en effet des configurations sensiblement35LauraAngélicaMOYALÓPEZ,«México.Suevoluciónsocial.Elcarácterylaidentidadnacionalesbajoelrealismopositivista»,thèsedemaîtrise,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,Mexico,1999;Charles HALE, The transformation of liberalism in late nineteenth-century Mexico, Princeton, N.J,PrincetonUniversityPress,1989.36LeopoldoZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia,Mexico,FondodeCulturaEconómica,2014.37HenriFAVRE,«RaceetnationauMexique.Del’indépendanceàlarévolution»,Annales.Histoire,SciencesSociales,4,1994,p.951‑976.

Page 25: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

24

différentes entre science, histoire et art, matières primes constituant les images

nationalesduMexique38.Ilscorrespondaienttousàleurscontingenceshistoriques:le

palais néogrec, moins extravagant que ses sœurs, se révèle néanmoins comme un

marqueur éloquent pour saisir les directions économiques, intellectuelles,

idéologiquesetculturellesprisesparlesélitesporfiriennesautournantdusiècle.

L’imagenationaleprésentéedanslepavillonnedépendaitpasexclusivementdeses

organisateurs : c’est dans un cadre règlementaire avec des formalités et des

conditions précises qu’elle prit forme. Les idées que les présentations mexicaines

véhiculaientàproposdelanationetdelamodernitéétaientcontinuellementsujettes

à des reconfigurations qui résultaient de négociations scientifiques, politiques,

économiques et culturelles39. Nous verrons qu’en 1900, l’image duMexique fut en

grandemesuredéterminéeparlesdispositionsculturellesdel’expositionuniverselle.

Cependant,mêmeen ladérivantdeprocessus larges, lesorganisateursarrivèrentà

produireuneimagenationalesynthétiqueetconvenable.Lagrilledelectureofferte

par les langages scientifiques et statistiques permettait d’inventer une nation qui

tenaitdansl’espaced’unpavillon.Finalement,l’imageduMexiquesefaisaituneplace

dans un microcosme qui, tout en affirmant représenter la réalité du monde,

l’idéalisait et produisait des simulations chimériques. En 1900, l’État porfirien

prétendait s’ajusterplusque jamais aux canons culturels et intellectuels européens

pourproclamerl’avènementd’unemodernitémexicaineglorieuse.

38M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.39JeannenePRZYBLYSKI,«VisionsofRaceandNationat theParisExposition,1900:AFrenchContextfor the American Negro Exhibit», in National Stereotypes in Perspective: Americans in France,FrenchmeninAmerica,Amsterdam,Rodopi,2001,p.209‑244;MichaelWILSON,«ConsumingHistory:The Nation, the Past, and the Commodity at l’Exposition Universelle of 1900»,American Journal ofSemiotics,8,1991,p.131‑153;WilliamSCHNEIDER,«Coloniesatthe1900WorldFair»,HistoryToday,31,1981,p.31‑36.

Page 26: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

25

LeMexiqueetlesexpositions

universelles

LaparticipationduMexiqueàl’ExpositionuniverselledeParis1900s’insèredansle

cadre d’une politique extérieure qui privilégiait la promotion internationale des

ressourcesdupayspourattirer les investissementsextérieurs.Ceprojet impliquait

deréhabiliterl’imagenationalefaceauxpuissancesmondiales,etcecifutassurépar

la diffusion d’une image de prospérité politique et économique qui soulignait la

consolidation d’une culture administrative et intellectuelle moderne. Les pavillons

mexicains valorisaient d’un coté les ressources naturelles et le développement

industriel du pays, de l’autre les institutions et les réalisations témoignant de

l’administrationscientifiquedespopulationsetduterritoire.

Les tendances idéologiques du régime influencèrent en grande mesure les images

nationales produites pour les expositions universelles. Elles correspondaient

notamment à l’affermissement d’un culte républicain nationaliste qui fut

progressivementécartéparlaconsécrationidéologiquedupositivismecomtienpuis

spencérien.

Lapolitiqueextérieureduporfiriat(1876-1910)

LerégimeautoritairedePorfirioDiaz,connucommePorfiriat (1876-1910),estune

période de l’histoire mexicaine caractérisée comme une étape de consolidation de

l’État-nation libéral, de modernisation des villes et des infrastructures de

communication et de stabilisation politique et économique, grâce à l’ouverture du

pays aux capitaux étrangers après un demi-siècle de guerres internes et

d’interventionsmilitairesexternes40.Richeentravauxsur l’intégrationéconomique,

40Certaines références classiques pour l’histoire du Porfiriat ont été éditées par El Colegio deMéxico.VoirAndrésLIRAetAnneSTAPLES,«ElPorfiriato»,inNuevaHistoriaGeneraldeMéxico,Mexico,ElColegiodeMéxico, 2010,p.; Elisa SPECKMAN, «ElPorfiriato», inNuevaHistoriaMínimadeMéxico,

Page 27: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

26

politiqueetculturelledupaysausystèmeinternational,l’étudeduMexiquependant

ce dernier tiers du XIXe siècle est un des terrains les plus prolifiques de

l’historiographienationale.41

LePorfiriat futunepériodedepaix sociale etpolitiquepermettant la revitalisation

des processus économiques et culturels nationaux. Ce fut aussi le moment de

formationd’uneéliteoligarchiqueetd’uneclassemoyenneurbainetirantprofitdela

modernisationdupaysaudétrimentd’unepopulationmajoritairementruralevivant

dansdesévèresconditionsdepauvreté.SouslaPaxporfiriana, legouvernementmit

enmarchedesprojetsdemodernisationdegrandeenvergurequiexcluaientdelarges

secteurs de la population et passa sous silence l’approfondissement des inégalités

sociales.42

Encanalisantdesintérêtsprivéslocauxetétrangers,l’Étatfutl’agentfondamentaldu

développementdupaysgrâceàlaconsolidationdemarchésrégionauxetd’industries

de matières premières, textiles et agricoles43. Dès son arrivée au pouvoir, Porfirio

Díazadoptaunepolitiquepermissivefaceauxcapitauxétrangers,particulièrementà

ceux provenant des États-Unis, de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne. Le

résultat immédiat fut l’affermissement d’une économie fortement dépendante des

intérêtsextérieursetbaséesurdesindustriesd’exportation.44

La théorie économique développée à cette époque au Mexique postulait que le

progrès matériel du pays dépendait de l’introduction de moyens d’exploitation

Mexico, El Colegio deMéxico, 2004, p.; «El Porfiriato», inHistoriaGeneraldeMéxicoVersión2000,Mexico,ElColegiodeMéxico.41Desétudesclassiquesanalysent l’historiographiequiaétéproduitesurcettepériode toutau longdescentdernièresannées.VoirDanielCOSÍOVILLEGAS,«Elporfiriato:suhistoriografía»,inExtremosdeAmérica, Mexico, 1949, p. 331; Benjamin THOMAS et Marcial OCASIO-MELÉNDEZ, «Organizing theMemory of Modern Mexico: Porfirian Historiography in Perspective, 1880s-1980s», The HispanicAmericanHistoricalReview,64-2,1984,p.323‑364.42DanielCOSÍOVILLEGAS,HistoriamodernadeMéxico,Mexico,Hermes,vol.8/.43 Sandra KUNTZ FICKER, Estudios sobre la historia económica de México : desde la época de laindependenciahastalaprimeraglobalización,Madrid,Iberoaméricana,2013.44PaoloRIGUZZI,Reciprocidadimposible? :lapolíticadelcomercioentreMéxicoyEstadosUnidos,1857-1938, Mexico/Toluca, El Colegio Mexiquense/Insituto Mora, 2003; Sandra KUNTZ FICKER, Historiamínimadelaeconomíamexicana,Mexico,ElColegiodeMéxico,2012.

Page 28: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

27

étrangersetde lacréationd’unmarché internationalpour lesproduitsmexicains45.

Pouryparvenir,legouvernementauraitàrectifierl’imageprofondémentnégativedu

pays circulant dans les cercles financiers et commerciaux internationaux depuis

l’échec de l’aventure impériale française (1862-1867): suite à l’arrêt du

remboursement de la dette extérieure à la France, à l’Angleterre et à l’Espagne

ordonné par le président Benito Juárez, Napoléon III envahit le pays et installa un

empireéphémère; leprixde la restaurationrépublicaine fut la reprisedes rupture

avec lespuissances européennes. LeMexique, perçu commeunpayspolitiquement

instable et socialement violent, était considéré comme un territoire risqué pour y

établirdesrelationscommerciales.

Pendant les premières années de la décennie de 1880, les élites porfiriennes

formulèrentunepolitiqueextérieurequidemeurasanschangementsmajeursjusqu’à

la fin du régime46 .L’initiative avait pour but d’encourager les investissements

étrangers et les exportations pour allier économiquement le pays avec les grandes

puissances,ceciafindepermettresondéveloppementmatérieletinfrastructurel.47

Dès1877,PorfirioDíazseconsacraavecsesministresàl’améliorationdesrelations

diplomatiques avec les États-Unis. Face au danger interventionniste (le pays avait

perduplusdelamoitiédesonterritoireauprofitdesonvoisintoutaulongduXIXe

siècle), la stratégie adoptée fut de créer l’image d’un territoire idéal pour

l’investissement de capitaux: le Mexique ouvrait ses portes aux industriels, leur

garantissait desprivilèges juridiques etpromettait des exportations. LesÉtats-Unis

furentlepremierdestinataired’unevastelittératuredepublicationsscientifiqueset

publicitaires48qui exploitait l’image romantique duMexique comme terre riche en

45MarcelloCARMAGNANI,Estadoymercado.Laeconomíapúblicadelliberalismomexicano,(1850-1911),Mexico,ElColegiodeMéxico/FondodeCulturaEconómica,1994.46S.KUNTZFICKER,Historiamínimadelaeconomíamexicana...,op.cit.47Luis Nicolau D’OLWER, «Las inversiones extranjeras», in Historia Moderna de México, Mexico,Hermes,1958,vol.7,p.1157;MoisesGONZÁLEZNAVARRO,«Lapolíticacolonizadoradelporfiriato »»,inHomenajeaSilvioZavala,EstudiosHistóricosLatinoamericanos,Mexico,ElColegiodeMéxico,1952,p.786; Sandra KUNTZFICKER, Las exportacionesmexicanas durante la primera globalización, Mexico, ElColegiodeMéxico,2010.48La littérature de promotion porfirienne, qui oscille entre études scientifiques et des récitsromantiques, a été située dans une tradition plus large qui commence avec l’œuvre de Humboldt(EssaipolitiquesurleroyaumedelaNouvelleEspagne,1811)et les récitsdevoyagescommeceluide

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ressourcesnaturelles.

L’Étatréussitàse fairereconnaîtresur lascèneinternationalepar lesÉtats-Unisen

187849. La reprise du remboursement de la dette extérieure permit ensuite la

réhabilitationdiplomatiquedupaysavec lespuissanceseuropéennes. Il futreconnu

parlaFranceen1880etparl’Angleterreen188550.Lanouvelleimagedeprospérité

nationalefutdiffuséeàgrandeéchelleaumoyendepublicationssubventionnéespar

l’État etmisesen circulationenEurope.À cette entreprise s’ajouta laparticipation,

soutenuepardesinvestissementsmassifs,auxexpositionsuniverselles.

L’institution responsable de renouveler l’image du Mexique fut le Ministère de la

promotion,delacolonisationetdel’industrie(«SecretaríadeFomento,Colonización

eIndustria»).Crééen1853,sonobjectifétaitdeconsoliderl’espaceéconomiquedu

pays à partir de l’association de l’industrie et de l’agriculture nationales avec des

capitaux étrangers51. Il s’occupait aussi de questions économiques non fiscales:

l’industrie, l’exploitationminièreet lesressourcesnaturelles, lescommunicationset

lestransports,etl’explorationduterritoirepardesexpéditionsscientifiques52.Parmi

lesattributionsduministère,figuraientlesoutienàl’expansiondescheminsdeferet

deslignestélégraphiques,ainsiquedesprogrammesd’encouragementàl’exportation

William Bullock (SixMonthsResidenceandTravels inMexico, 1824), industriel et naturaliste qui futaussi un précurseur de la «tradition expositoire mexicaine» avec son exhibition de 1824 dansl’Egyptian Hall de Londres. Voir Paolo RIGUZZI, «México próspero. Las dimensiones de la imagennacionalenelporfiriato»,Historias,20,1988,p.137‑160;BenjaminKEEN,TheAztecImageinWesternThought, New Brunswick, Rutgers University Press, 1971; Harvey GARDINER, «Foreign Traveler’sAccountsofMexico,1810.1910»,TheAmericas,8-3,p.321‑351.49Paolo RIGUZZI, El surgimiento de la integración económica entre México-Estados Unidos : los añoscruciales,1878-1887,Mexico,ElColegioMexiquense,2000.50CosíoVillegasadédiédeuxvolumesdesonHistoriamodernadeMéxicoauxrelationsdiplomatiquesaveclesgrandespuissances.VoirD.COSÍOVILLEGAS,HistoriamodernadeMéxico...,op.cit.,vol.7et8.51MaríaCeciliaZULETA,«LaSecretaríadeFomentoyel fomentoagrícolaenMéxico(1876-1910).Lainvencióndeunaagriculturaprósperaquenofue»,Mundoagrario,1-1,2000,p.37.52Mireya BLANCOMARTÍNEZ, Moncada MAYA et José OMAR, «El Ministerio de Fomento, impulsor delestudio y el reconocimiento del territorio mexicano (1877-1898)», Investigaciones geográficas, 74,avril2011,p.74‑91.«Cabeseñalarqueapartirde1877,cuandoPorfirioDíazesdeclaradopresidenteconstitucional, se inicióunprocesodecentralizacióndelpodery las institucionesseconvirtieronenunadecididaherramientaparaello.Esteprocesoreconocíalaprioridaddecontrolaryadministrarelterritorio;conocersusrecursosparaunaóptimaexplotaciónyterminarconlosconflictosregionalesyfronterizos.Además, la relativaestabilidadpolíticaquesealcanzó,permitióqueelgobiernopudieraimpulsarlosproyectosemprendidosporFomento;enestecaso,lasexpedicionescientíficastambiénsefavorecieron».

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deproduitsmexicainsetàlacolonisationduterritoirepardesmigrantseuropéens53.

María Cecilia Zuleta établit schématiquement deux périodes dans les politiques du

ministère: «de 1877 à 1886, orientées à la consécution d’un réseau de

communicationsferroviairesetde1886à1900l’expansionducommerceextérieur

etlavariationdesculturesagricolesetdesindustries».54

Leministèredisposaitde l’imprimerie typographique laplus importantedupayset

publiaunetrèsgrandepartiedelalittératurepromotionnellemexicainedelafindu

XIXesiècle.Cespublicationsconstituaientdefaitlestravauxscientifiques,statistiques

et économiques les plus importants de l’époque. Outre la faculté de gérer les

ressources matérielles pour la modernisation, ce ministère supervisait en grande

partie la circulation des connaissances scientifiques sur le territoire et ses

populations.

Une part considérable de cette production scientifique et publicitaire fut éditée

expressément pour être exposée lors des expositions universelles 55 . Celles-ci

fonctionnaient commedesplateformesdepromotionetde consolidation localedes

institutions savantes. En particulier, des dépendances administratives duministère

delapromotion,commelaCommissiongéographiqueexploratrice,l’Institutmédical,

etl’Observatoirenationalastronomiquetirèrentprofitdecettesituation.

PaoloRiguzziconsidèreque«Lapropensionpromotionnelleseconsolidaentantque

structure permanente, faisant partie d’une tendance idéologique (et de philosophie

de l’histoire nationale) enracinée dans la culture gouvernementale du Porfiriat»56.

Comme branche de l’administration, la «promotion»tendait donc vers un

53Don COERVER, «The Perfils of Progress: The Mexican Department of Fomento During the BoomYears,1880-1884»,InteramericanEconomicAffairs,31,p.41‑62.54M.C.ZULETA,«LaSecretaríadeFomentoyelfomentoagrícolaenMéxico(1876-1910).Lainvencióndeunaagriculturaprósperaquenofue»...,op.cit.Traductionpersonnelle.«de1877a1886orientadasa la consecución de una red de comunicaciones ferroviarias y de 1886 a 1900 a la expansión delcomercioexteriorylavariacióndeloscultivosylasindustrias ».55G. YEAGER, «Porfirian Commercial Propaganda: Mexico in the World Industrial Expositions»...,op.cit.56P. RIGUZZI, «México próspero. Las dimensiones de la imagen nacional en el porfiriato»..., op.cit.,p.137.Traductionpersonnelle.«Lapropensiónpromocionalseconsolidóenestructurapermanente,comopartedeunavertienteideológica(ydefilosofíadelahistorianacional)yenraizadaenlaculturagubernamentaldelporfiriato. ».

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programme économique d’ouverture à l’international, tout en diffusant une culture

promotionnelleayantdesimpactssurlavienationale.Ilconditionnaladirectiondu

projetéconomique,maisaussiidéologiqueduPorfiriat.

LeMexiqueauxexpositiosnuniverselles

Leministèredelapromotionsechargeaitaussid’organiserdesexpositionsauniveau

national. Sa première exhibition de productions industrielles et artistiques

documentéeeutlieule1ernovembre1853àlavilledeMexico57.Il futdotéen1861

d’une deuxième section, «Expositions de produits agricoles, industriels, miniers et

manufacturés » («Sección Segunda: Exposiciones de Productos Agrícolas,

Industriales,Mineros y Fabriles»)58. En1865, cetteDeuxième section fut renforcée

par la création d’un Conseil permanent des expositions et protecteur de l’industrie

(«JuntaPermanentedeExposicionesyProtectorade la Industria»),qui se chargea

desprojetspendant l’EmpirenapoléoniendeMaximiliend’Habsbourg(1862-1867).

Finalement, en 1891, le Porfiriat consacra l’envergure internationale de cette

dépendance administrative en attribuant à la deuxième section la charge des

«Expositions nationales et internationales»(«Exposiciones Nacionales et

Internacionales»).59

Ce fut cependant avant, en 1855 et pendant le gouvernement du conservateur

Antonio López de Santa Anna, que le Mexique fit sa première participation à une

exposition universelle. Le lot envoyé à Paris était principalement composé

d’échantillonsbrutsdemétaux(surtoutdel’argent,dufer,dumercure,ducuivre,de

l’étainetduplomb),maisilcontenaitaussidesmachinesindustriellesetdesproduits

agricoles (céréales, haricots et variétés de maïs). Pedro Escandón, directeur de la

commissionmexicaine,témoignaitdansla«revuepréliminaire»ducatalogueofficiel

delaprécaireintégrationinternationaledupaysàcettepériode:

57ArchivoGeneraldelaNación(AGN),Fomento,SecciónExposiciones,Boîte23bis/dossier1.«Reseñahistóricaqueeltitulardeladependenciadirigealpresidente».58AGN,23bis/2.59Ibid.

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«L’expositionmexicaineestcellequi,aprèsl’expositiondesÉtats-Unis,offreleplusd’abondanceetlemeilleurassortimentdesproduitsducontinentaméricain.Elleestbienloinmaintenantde

correspondreauvéritableétatdesonindustrie,etsurtoutàl’étendue,àlavariétéetàlarichesse

desonmagnifiqueterritoire.Lacauseenestfacileàcomprendre.Lesparticuliersetlesfabricants

n’ont pas là le stimulant de l’exportation, et par conséquent n’ont point fait d’efforts pour

exposer.»60

Il énumérait les principales causes de cette situation: la jeunesse de la nation, son

instabilitépolitique, l’état avancéde l’industrialisationeuropéenne,mais également

lescontraintesgéographiques: l’altitudedupays, ladistanceetsurtoutl’inexistence

de moyens de communications adéquats. Son rapport de l’exposition universelle

montrequel’idéed’unimpactdécisifdelaparticipationàcesévènementscirculatôt:

il soulignait au ministre de la promotion «l’importance cruciale pour le

développement des jeunes nations qu’auront les foires internationales organisées

parlespaysindustrialisésdanslefutur».61

Cependant, entre 1855 et 1876, aucune source disponible dans les archives

nationales n’atteste d’une participation officielle dans des expositions

internationales62. À l’exception de la reproduction du temple de Xochicalco à Paris

1867,réaliséeauxfraisdeLéonMéhédin,archéologuedelacommissionscientifique

impériale du Mexique63, l’historiographie existante ne récence pas non plus de

participations privées. Qui plus est, uneHistoria de las exposiciones en el siglo XIX

éditée par le ministère de la promotion en 1899 signalait uniquement trois

participationsmexicainesantérieures:Philadelphie1876,Paris1884et laNouvelle

Orléans1884.64

60P.ESCANDÓN,Républiquemexicaine.Cataloguedesproduitsnaturels,industrielsetartistiquesexposésdanslasectionmexicaineàl’éxpositionuniversellede1855...,op.cit.61PedroESCANDÓN,Laindustriaylasbellasartesenlaexposiciónuniversalde1855,Paris, Imprimeriecentrale de Napoléon Chaix, 1856. Traduction personnelle. «La importancia crucial que para eldesarrollo de las jovenes naciones tendrán las ferias internacionales que los paises industrialisadostenganabienorganizarenelfuturo»62AGN,«Sección165,exposiciones.Catálogo».63C.DEMEULENAERE-DOUYÈRE,«LeMexiques’exposeàParis :Xochicalco,LéonMéhédinetl’expositionuniversellede1867»...,op.cit.64PaulBARRÉ,ComisiónMexicanaparalaExposiciónUniversaleInternacionaldeParísen1900,HistoriadelasexposicionesenelsigloXIX,Mexico,TipografíadelaSecretraríadeFomento,1899.

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Nous pouvons dès lors considérer que la présentation duMexique aux expositions

internationales futunprojet repriset consacréspécifiquementpendant lePorfiriat.

LaseuleparticipationconnueavantcerégimefutcelledelaCentennialExpositionde

Philadelphieen1876souslegouvernementlibéraldeSebastiánLerdodeTejada.Le

projetporfirienderenouvellementde l’imagenationalen’avaitalorspasencoreété

formulé et les responsablesmexicains affrontèrentdes opinions négatives: leNew

York Times commentaitque «tout le monde sait que le produit principal de ces

nouvelles républiques sont leurs fréquentes et régulières révolutions politiques.

Emballerunerévolutionetl’envoyeràPhiladelphieestimpossible».65

YeaneYeager,quiainaugurélesétudessurleMexiqueauxexpositionsuniverselles,

indiquequ’ilfiguraitparmilesexposantslesplusimportantsauxEtats-Unis,oùilse

distinguaparticulièrementparunpavillonmoresqueàlaNouvelleOrléansen1884.

En tant que précurseur de ce domaine d’études, l’approche de Yeager doit être

considéréeavecuncertainreculcarilconsidèrequecepavillonfutleplusimportant

durégimeetindiquequelepaysparticipademanière«significative»àParis1878.66

Legouvernementmexicainneparticipaqu’auxexpositionsuniversellesparisiennes

de1889etde1900.Cefurentcependantdesparticipationsd’uneenvergureinégalée.

MauricioTenorioTrilloindique,enégalisantlecoûtdelamonnaiemexicaineselonle

tauxde1889,quelespavillonscoutèrentrespectivement605318pesoset436644

pesos (soit 19,3% puis 46,8% des budgets correspondants du ministère de la

promotion).Suivaientlesparticipationsàl’expositiondePhiladelphie1876(300000

pesos) et à celle de la Nouvelle Orléans 1884 (198 020 pesos)67. Entre les deux

présentations à Paris, les archives nationales répertorient celles de Madrid 1892,

Chicago 1893, Atlanta 1895, Nashville 1896 et Omaha 189868 . Tenorio Trillo

65CitésansréférencesdansFernandoARECHAVALALASCURAIN,«Lasexposicionesinternacionales.Comopiedrasrodantes,postalesdeunlargoysinuosocamino».,p.4.Traductionpersonnelle.«Todomundosabequeelproductoprincipaldeestasnuevasrepúblicassonsusfrecuentesyregularesrevolucionespolíticas.EmpacarunarevoluciónyenviarlaaFiladelfiaesimposible».66G. YEAGER, «Porfirian Commercial Propaganda: Mexico in the World Industrial Expositions»...,op.cit.67M.TENORIOTRILLO,Artilugiodelanaciónmoderna.Méxicoenlasexposicionesuniversales,1880-1930...,op.cit.,p.348‑349.68AGN,«Sección165,exposiciones.Catálogo».

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considère que les participations les plus importantes après 1900 furent celles de

Buffalo 1901 (avec un bâtiment colonial), Saint Louis 1904 (un bâtiment de style

renaissance), Boston 1908 et San Antonio 1909. Après 1910, le régime

postrévolutionnaireseprésentaàRiodeJaneiro1922(unédificecolonial),àSéville

1929(unédificepréhispanique),Paris1937(unédificeenverre),etàNewYork1939

(un édifice moderne). Notons qu’il y eut des projets d’organisation d’expositions

universelles à Mexico69, mais que l’entreprise s’avéra financièrement impossible70.

Parcontre, lerégimefêtaleCentenairedel’Indépendanceen1910àlamanièredes

expositionsuniverselles,eninaugurantdesmonuments,enorganisantdesdéfiléset

enprésentantdiversesexpositionsdanslecentredelacapitale.71

Les pavillons de Paris mobilisèrent donc les plus gros efforts budgétaires et

intellectuelsdurégime.En1889,sur3653prixoctroyésauxpaysd’AmériqueLatine,

leMexiqueengagna87372.Onzeansplustard,sur1898prix,ilenrecevait103773

(notonscependantqueleBrésil,l’ArgentineetleChilineparticipèrentpasen1900).

Ces pavillons furent également desmarqueurs importants dans l’histoire culturelle

du pays: d’une part pour le développement de l’indigénisme esthétique et de

l’historiographie libérale, d’autre part pour le triomphe du positivisme et d’une

cultureintellectuellescientifique.74

En effet, leMexique présenta un palais aztèqueen 1889 puis un palais néogrecen

69Historia de las exposiciones desde los tiempos mas remotos hasta nuestros días; carta en que se demuestra la importancia y utilidad de inaugurar inmediatamente una exposición universal en Mexico, Mexico, Imprenta de B. Nichols, 1884 ; Iniciativa para celebrar el Primer Centenario de la Independencia de México con una exposición Universal, Mexico, Oficina tipográfica de la Secretaría de Fomento, 1893 ; Antonio de Medina y Ormaechea, La Exposición Universal del primer centenario Mexicano, Mexico, Oficina tipográfica de la Secretaría de Fomento, 1894 ; Gran Exposición Internacional de México que se abrirá el día 15 de septiembre de 1895 y que se clausurará el día 3 de abril de 1896, Mexico, 1894. 70Clementina DÍAZYDEOVANDO, Las ilusionesperdidasdel generalVicenteRivaPalacio: laExposiciónInternacionalMexicana,1880yotrasutopías,Mexico,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,2002.71Genaro GARCÍA, Crónica oficial de las fiestas del primer centenario de la Independencia de México,Mexico,1911.72Lista de los premios y recompensas obtenidos porMéxico en la Exposición de París de 1889, Paris,OficinatipográficadelaSecretaríadeFomento,1891.73ListadelasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosenlaexposiciónuniversaldeParis1900...,op.cit.74MUNAL, «México en París 1889, París 1900»,Munal : ExposiciónEl placer y el orden.Orsay en elMunal,http://www.munal.mx/micrositios/placeryorden/03_descargables.html,p.

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1900.Aveconzeansd’écart,cesbâtimentsetleurscontenustraduisentdesruptures

et des continuités importantes dans plusieurs domaines de la vie nationale. Ils

catalysent des tendances scientifiques, artistiques et idéologiques sensiblement

différenteset témoignentdedeuxstratégiesdistinctesdans laconstructiond’image

nationales.

Bien qu’il existe des travaux sur l’ensemble des participationsmexicaines dans les

expositionsuniverselles,cellede1889areçuuneattentionprivilégiéedelapartdes

chercheurs.Elle constitueàelle seule,par samonumentalitéet sonexcentricité,un

moment remarquable de l’histoire de l’art au Mexique 75 . Le palais soulignait

esthétiquementuncaractèrenationalfondésuruneépopéelibéraleenvéhiculantun

indigénismerenouveléetenproclamant laconsolidationnationaleselon lescanons

durécithistoriquerépublicaindelapremièrepériodeduPorfiriat.76

L’historiographie porfirienne trouva sa consécration dans un ouvrage collectif

monumental dirigé par l’historien et ancienministre de la promotion Vicente Riva

Palacio77,MéxicoaTravésdelosSiglos78,œuvreachevéeen1889etdont lepremier

volume fut écrit par l’archéologue Alfredo Chavero, «prototype de l’indigéniste

mexicaindefindesiècle».79

Lasignificationdupalaisaztèque,étroitementliéeaurécitdeMéxicoaTravésdelos

Siglos,découlaitdubesoindemontreruneentiténationaleconsolidée.Diviséencinq

75F.RAMÍREZ,«Dioses,héroesyreyesmexicanosenParís,1889»...,op.cit.;MontserratGALIBOADELLA,«México y la Exposición Universal de París de 1889», in La Torre Eiffel enMéxico, Mexico, MuseoUniversitario del Chopo; Marco Antonio SILVA BARÓN, «Pinturas mexicanas en París 1889», p.;«México en los pabellones y las exposiciones internationales (1889-1929)», in , Mexico, InstitutoNacionaldeBellasArtes/ConsejoNacionalparalaCulturaylasArtes,2010,p.184.76F. RAMÍREZ, «Dioses, héroes y reyes mexicanos en París, 1889»..., op.cit.; C. DÍAZ Y DE OVANDO,«MéxicoenlaExposiciónUniversalde1889»...,op.cit.77Clementina DÍAZ Y DE OVANDO, Vicente Riva Palacio y la identidad nacional, Mexico, UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1985.78 Vicente RIVA PALACIO(éd.), México á través de los siglos. Historia general y completa deldesenvolvimiento social, político, religioso, militar, artístico, científico y literario de México desde laantigüedadmásremotahastalaépocaactual,Barcelone,Espasaycompañía,1889.79M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.112.

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tomes, le récit commençait donc avec la période préhispanique80. La diversité des

peuplesmésoaméricainsétaitévacuéeauprofitdel’empireaztèque,centralisésursa

capitale Tenochtitlan, site de la ville de Mexico. Le passé glorifié des indiens était

adapté à l’antifédéralisme du régime, qui avait favorisé la modernisation de sa

capitale avant tout autre lieu. Le deuxième tome abordait les trois siècles de

colonialismeespagnoletlesassociaitauconservatismeetauxprivilègesdel’Église81.

Letroisièmetraitaitdelaguerred’indépendanceenetapportaitunsecondgroupede

héros nationaux82. Le tome IV peignait un premier XIXe siècle trouble83, pendant

lequel le combat contre les ennemismonarchistes, religieux,militaires et étrangers

(espagnols,nord-américainsetfrançais)futdirigéparleslibéraux,guidéseux-mêmes

parBenitoJuárez,lenouveletprincipalhérosnational.84

Dans le dernier tome, José María Vigil faisait une synthèse cohérente de l’histoire

mexicaineetlareliaitaurégimeenplace.Ilécrivaitdanssonintroductionque«peu

de peuples, en effet, présentent un ensemble historique aussi homogène, aussi

compacte, aussi harmonieux, peut-on dire, comme celui qu’offre le Mexique aux

regards de l’observateur»85. Vigil présentait le Porfiriat comme le summum de

l’histoiremexicaine.Lapaixsocialeetpolitiqueétaitassuréeparlafiguretutélairede

PorfirioDíaz(1830-1915),généralhéroïqueayantcombattucontrel’arméefrançaise.

IlétaitmontrécommelesuccesseurdirectdeJuárezetcommeleseulhommecapable

d’assumer une nouvelle étape historique où la guerre céderait à l’ordre.México a

Través de los Siglos consacrait ainsi un culte républicain qui fut investi en divers

degrésdanstouteslesprésentationsporfiriennesauxexpositionsuniverselles.

80Alfredo CHAVERO,Méxicoá travésde los siglos.Tomo I:Historiaantiguayde la conquista (desde laantigüedadhasta1521),Barcelone,1889.81Vicente RIVA PALACIO, México á través de los siglos. Tomo II: Historia del virreinato (1521-1807),Barcelone,1889.82Julio ZÁRATE, México á través de los siglos. Tomo III: La guerra de independencia (1808-1821),Barcelone,1889.83JuanDEDIOSARIAS et Enrique EOLAVARRÍAYFERRARI,Méxicoá travésde lossiglos.TomoIV:Méxicoindependiente(1821-1855),Barcelone,1889.84JoséMaríaVIGIL,Méxicoátravésdelossiglos.TomoV:Lareforma(1855-1867),Barcelone,1889.85Ibid.,p.2.

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Par contraste avec la signification culturelledupalais aztèque, le palais néogrecde

1900correspondàunepériodedemiseàl’écartdel’indigénismeetduromantisme

libéral au profit d’une adhésion à des courants comme le modernisme. Il reflète

égalementunhorizonintellectueldominéparunpositivismerenouvelé.Cepavillona

rarement été abordé par l’historiographie, quoique les fonds documentaires

disponibles ont été exploités par des historiens commeMaría de Lourdes Herrera

Feria,maistoujoursdemanièreaccessoire86.C’estaussilecasdel’analysequ’enfait

Mauricio Tenorio Trillo dans Artilugio de la nación moderna, ouvrage restant la

référence obligée sur les participations mexicaines aux expositions universelles87.

Cependant,lepalaisde1900représenteladeuxièmeparticipationlapluscoûteusedu

Mexique et il obtint plus de prix que son prédécesseur, avec une contribution

beaucoup plus réduite. Il résulte en fait d’une nette amélioration de la gestion

administrativedanslacollecteetdansl’organisationdescontenus.

Le palais néogrec correspond finement à une deuxième période intellectuelle et

culturelle durégime.Il futconçupardeshommesappartenantàunegénérationde

hauts fonctionnaires et de cadres formés par un système éducatif positiviste; il

témoigne de la consécration de ce que Charles Hale appelle la «politique

scientifique»88.Ilatteste,parcontrasteaupalaisaztèque,dupassagedulibéralisme

romantiqueversl’organicismecomtienetspencérien.Pourcomprendrecepavillon,il

est nécessaire de saisir ses significations culturelles et idéologiques en abordant la

relationhistoriqueentrelelibéralismeetlepositivismemexicains.

Libéralismeetpositivismemexicains

LepaysagepolitiquemexicainduXIXesièclesecaractérisaparlaconfrontationentre

deux factions: libéraux et conservateurs. Cette période d’instabilité politique et

86M.deL.HERRERAFERIA,PueblaenlasexposicionesuniversalesdelsigloXIX :lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal...,op.cit.87M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.88C.HALE,Thetransformationofliberalisminlatenineteenth-centuryMexico...,op.cit.

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économiquefutmarquéeparlaprédominancedupartilibéral,héritierdesLumières,

quiadoptaunprogrammeprônantunerépubliquedepetitspropriétairesagraires89.

Tout au longd’un sièclemarquéparune série de guerres civiles et d’interventions

étrangères, l’idéologie du libéralisme classique s’étoffa d’un républicanisme

nationalisteet combatif90.Après laGuerredeRéforme(1857-1860)déclenchéepar

lesréformeslibéralesradicalesduprésidentBenitoJuárezetaprèsleSecondEmpire

(1862-1867),larépubliquefutdéfinitivementrestaurée91.LerégimedePorfirioDíaz

se situait idéologiquement dans la continuité de celui de Juárez et consacra

l’associationentrenationet républicanismegrâceàunpanthéonnationaldehéros.

Pour la première fois dans le siècle, un gouvernement disposait de conditions

politiquesetdemoyensmatérielspermettantdecréerunconsensusgénéralautour

desondiscourssurl’histoireduMexique.92

Lepositivisme93futd’abord introduitauMexiquecommeunrenfort idéologiqueau

libéralisme.Importépardeshommesquiavaientnouédesrelationsaveclescercles

positivistesparisiensdès ladécenniede184094, la lecturelocaleducomtismeenfit

89CharlesHALE,ElliberalismomexicanoenlaépocadeMora,Mexico,SigloXXIEditores,1972;AndrésLIRA, «La recepción de la Revolución Francesa enMéxico 1821-1848 JoséMaría LuisMora y LucasAlamán»,Relaciones,ElColegiodeMichoacán,10-40,1989,p.5‑27.90CharlesHALE,«Continuidad,rupturaytransformacionesenelliberalismomexicano».91LuisGONZÁLEZ,«Elliberalismotriunfante»,inHistoriaGeneraldeMéxico,Mexico,ElColegiodeMéxico,2004,p.633‑701.92María DELA LUEZPARCERO, «El liberalismo triunfante y el surgimiento de la historia nacional», inInvestigacionescontemporáneassobrehistoriadeMéxico,Mexico,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico, 1971, p. 775; CharlesHALE, «Losmitos políticos de la naciónmexicana: el liberalismo y laRevolución»,HistoriaMexicana,46-4,1997,p.821‑837.93Le terme «positivisme» réfère à une orientation intellectuelle et à une position philosophiquerelativeà laconnaissancehumainequiproduitdesdescriptionset/oudesrèglesàproposdusavoir.Les doctrines positivistes classiques du XIXe siècle annonçaient le triomphe de la science et luiaccordaient la compétence exclusive comme moyen pour l’homme de connaître le monde. LeszekKolakowskidégagepourlepositivismelescaractéristiquessuivantes:lephénoménalisme(iln’yapasde différence entre l’essence et le phénomène et il est légitime de registrer ce qui se manifeste àl’expérience); le nominalisme (interdiction de supposer qu’un savoir quelconque ait d’autreséquivalentsdanslaréalitéquelesobjetsconcretsetsinguliers);lanégationdelavaleurcognitivedesjugements de valeur et des énoncés normatifs (comme les ordres ou les prohibitions); une foi enl’unité fondamentale de la méthode scientifique. Leszek KOLAKOWSKI, La filosofía positivista, Mexico,REI,1993.94Moises GONZÁLEZ NAVARRO, «Los positivistas mexicanos en Francia», Historia Mexicana, 9-33,septembre 1959, p.119‑129. Gabino Barreda assista aux cours de Comte au Palais Royal. CertainspositivistesorthodoxesmexicainsfurentprochesdelabranchedePierreLaffitte(lecontactavecÉmile

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unedoctrineliéeavanttoutàl’éducation.Cenefutqu’àpartirdesannées1890quele

positivisme,transposédanslechampdelapolitiqueparunenouvellegénérationde

dirigeantsplusprocheduspencerisme,pritledevantsurlelibéralismecommetoile

defondidéologiquedurégime95.

Une lecture historiographique classique voit dans le libéralisme et le positivisme

mexicainsdeuxphases idéologiquesde la consolidationde l’État-nation96.En1867,

dès la fin de l’intervention française, Gabino Barreda, «père du positivisme

mexicain»97, convaincu Benito Juárez que l’établissement d’un «fond commun de

vérités»98,assuréparunephilosophiesupposémentneutre,permettraitlapaixentre

les idéologiesconcourantesdu libéralismeetduconservatisme.Faceauxnécessités

dumoment,Barredaproposaunelecturedel’histoiremexicaineselonlaloidestrois

états d’Auguste Comte99et créa l’École nationale préparatoire, institution qui allait

Littréparaît avoir étéminimal). C’est le casdePorfirioParra etde sondiscipleAgustínAragón, quiavait une correspondance avec la Société positiviste de Paris. Il fut directeur d’une «SociedadPositivista de México», affiliée à celle de Lafitte. En 1898, pour l’érection à Paris du monument àComte,Aragónorganisaunecollectede8000francsprovenantde600personnes(c’étaitlegroupeleplusgranddetoutslespaysparticipants).95CharlesHALE, «Scientific politics and the continuity of liberalism inMexico», inDosrevoluciones.MéxicoylosEstadosunidos,Mexico,Jus,1976,p.219.96LeopoldoZeaconsidèrequel’avènementd’uneoligarchiebourgeoiseporfiriennefutjustifiéparunsystèmedevaleurstransposédulibéralismeverslepositivisme(leprogrès,l’ordre,unecertaineidéedelaliberté).CharlesHaleconsidèrequel’histoiredesidéesdeZeamanqued’unancragematérieletindique que ces doctrines étaient déployées dans un champ intellectuel et politique complexe lié àl’infrastructure éducative du pays et à son développement économique. Du fait du pluralismeintellectuel qui sous-tendait les sources du positivisme mexicain, des spécialistes tels que MoisésGonzález Navarro et Álvaro Matute regroupent sous le terme «positivisme» un ensemble dedisciplines qui incluent le comtisme, l’évolutionnisme darwinien, l’évolutionnisme spencérien etl’organicismecommemanifestationsd’unemêmetraditionphilosophique.VoirL.ZEA,ElpositivismoenMéxico: nacimiento, apogeo y decadencia..., op.cit.; William RAAT, «Leopoldo Zea and MexicanPositivism: A Reappraisal», The Hispanic American Historical Review, 48-1, 1968, p.1‑18; CharlesHALE,«TheHistoryofIdeas:SubstantiveandMethodologicalAspectsoftheThoughtofLeopoldoZea»,JournalofLatinAmericanStudies,3-1,1971,p.59‑70;C.HALE,Thetransformationofliberalisminlatenineteenth-century Mexico..., op.cit.; Alvaro MATUTE, «Notas sobre la historiografía positivistamexicana»,Secuencia,21,1991,p.49‑64.97ARAGÓN,Essaisurl’histoiredupositivismeauMexique.LedocteurGabinoBarreda.PréfacedeM.PierreLaffitte,directeurdupositivisme,Versailles,1898.98L.ZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia...,op.cit.99AugusteComte(1798-1857)théorisauneréformedelaviehumainequiimpliquaitd’organiseretdefixerdéfinitivementlaconnaissancepourconstruireunenouvellescience,la«sociologie».Danssaloidestroisétats,ilproposaitunethéoriequistructuraitl’histoiredel’humanitéenépoquesorganiques(lasociétécommeentitécollectiveconcrèteetsolidedansletemps)etcritiques(étapesdestructivesqui fonctionnent comme transition entre les moments organiques). L’humanité, ainsi que les

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formerunenouvellegénérationdecadressupérieurspourgouvernerlepays.

Barreda n‘était pas un comtiste orthodoxe. Sa lecture du positivisme était adaptée

aux circonstancesdu triomphe républicain qu’elle était sensée soutenir. Le 16

septembre1867,fêtedel’indépendanceetdateprincipaleducalendrierrépublicain,

ilprononçasacélèbre«OraciónCívica»100entantqueprésidentdelaCommissionde

réformeéducativedanslavilledeGuanajuato.Cediscoursintroduisait lesprincipes

du positivisme pour expliquer le triomphe libéral. Il voyait dans l’histoire «une

science[…]sujette,commetouteslesautres,àdesloisquiladominentetquirendent

possible la prévision des faits à venir, et l’explication de ceux qui sont déjà

arrivés»101. Il voulait «présenter cette série de faits, apparemment étranges et

exceptionnels,commeunensemblecompactethomogène,commelerésultatfatalet

nécessaire d’un programme latent» 102 mené inconsciemment par «le parti

progressiste».

Il interprétait ainsi l’histoire du Mexique comme un processus d’émancipation

politiqueparrapportàlathéologie.Lelibéralismen’étaitpasuneétapedetransition

dialectiquevers l’espritpositif,mais lui étaitdirectementassociée: il considérait la

constitution libéralede1857 comme«unphare lumineux»doubléde «ces loisde

réformequinousonmissur lechemindelacivilisation»103.Ainsi,Barredainsistait

plussurl’émancipationpolitiqueetéconomiquefaceàlareligionquesurl’avènement

connaissances,passaientpartroisétatssuccessifs: théologique(organique),métaphysique(critique)etpositif(organique).L’étatthéologiquecorrespondaitàunecohésionsocialeassuréeparlacroyanceenl’origineet lacausalitédivines.LesiècledesLumièresétaitunmoment«métaphysique»decrisepréalable à l’état positif, dans lequel la vraie connaissance assurerait un ordre social définitifconcrétisé par la «religion de l’humanité». Comte considérait la métaphysique révolutionnairecontractualiste comme une connaissance erronée et les individus comme des constructionsintellectuelles. La sociologiepositivedémontreraitque la sociétéétaituneunitéorganique.FrançoisCHÂTELET, Histoire de la philosophie, idées, doctrines. La philosophie et L’histoire. 1780-1880, Paris,Hachette,1973.100GabinoBARREDA,Oracióncívica,Mexico,1867.101Ibid.Traductionpersonnelle.«[Lahistoriaesuna]ciencia(…)sujeta,comotodaslasdemás,aleyesqueladominanyquehacenposiblelaprevisióndeloshechosporvenir,ylaexplicacióndelosqueyahanpasado».102Ibid.Traductionpersonnelle.«Presentarestaseriedehechos,alparecerextrañosyexcepcionales,como un conjunto compacto y homogéneo, como el resultado fatal y necesario de un programelatente».103Ibid. Traduction personnelle.« Esas leyes de Reforma que nos han puesto en el camino de lacivilización».

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d’unmondescientifique.Ilignoraitlareligiondel’humanitécomtienneetconsidérait

que l’Église catholique avait une place au sein de la sociétémexicaine: s’il niait sa

fonction politique, le clergé détenait le pouvoir spirituel pour assurer la paix. Son

positivismeadoptaitainsil’idéedelibertédeconsciencechèreauxlibéraux.104

Barreda insistait sur le besoin d’accéder, «selon le conseil de Comte […] [à] une

doctrine vraiment universelle qui réunisse toutes les intelligences en une seule

synthèse »105. Il reprenait la formule comtienne «amour, ordre et progrès» et la

transformait:«àpartirdemaintenantnotredeviseseraliberté,ordreetprogrès;la

liberté commemoyen, l’ordre commebase et le progrès comme fin»106. Il évacuait

par là une partie substantielle du comtisme et l’adaptait aux doctrines

«métaphysiques»originalementécartées.LePorfiriatrepritetsynthétisa laphrase

pour en faire son slogan officiel, «ordre et progrès». La liberté, qui était «le plus

éthéré des recours rhétoriques de l’élite porfirienne»107pour Tenorio Trillo, fut

investie de significations de plus en plus restreintes à mesure que le régime

s’affermissait.

Lepositivismemexicain fut cependant fidèleaucritèresépistémologiquescomtiens

etàl’immobilitédessciencesqu’ilspromouvaient.En1868,Juárezdécrétalacréation

de l’École nationale préparatoire et fit de Barreda son premier directeur. Celui-ci

élabora un plan d’études strictement ajusté aux principes comtiens. La lecture des

ouvragesdeComteetdeJohnStuartMillyétaitobligatoireetlecursusfutorganisé

selon la hiérarchie de complexificationmenant des sciences générales aux sciences

complexes:mathématiques,astronomie,physique, chimie,biologie, et finalement la

104L.ZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia...,op.cit.,p.481.105G.BARREDA,Oracióncívica...,op.cit.Traductionpersonnelle.«Sacar,conformealconsejodeComte,lasgrandesleccionessocialesquedebenofreceratodosesasdolorosascolisionesquelaanarquía,quereinaactualmenteenlosespíritusyenlasideas,provocaportodaspartes,yquenopuedecesarhastaqueunadoctrinaverdaderamenteuniversalreúnatodaslasinteligenciasenunasíntesiscomún».106Ibid.Traductionpersonnelle.«Queenlodeadelanteseanuestradivisalibertad,ordenyprogreso;lalibertadcomomedio,elordencomobaseyelprogresocomofin».107M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.55.Traductionpersonnelle.«[lalibertadera]elmásetéreodelosrecursosretóricosdelaéliteporfiriana».

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sociologie.108

L’École nationale préparatoire forma une partie substantielle de l’élite politique et

intellectuelle porfirienne. À la fin du XIXe siècle, le positivisme devint le sous-

bassement d’une culture politique plus ample que Charles Hale nomme «politique

scientifique»109.Ellefutmenéeparungrouped’intérêtayantuneforteinfluencesur

PorfirioDíaz, connu sous le nomdes «Scientifiques» («Los Científicos»)110. L’idée

essentielle du style de politique qu’ils allaient promouvoir était que les méthodes

scientifiquespouvaientêtreappliquéespourfavoriserledéveloppementéconomique,

lacohésionsocialeetl’unitépolitiquedupays.111

Les tendances comtiennes et libérales du positivisme furent progressivement

déplacéesparl’influencedestravauxdeHerbertSpencer112.Sesœuvresarrivèrentau

108WilliamRAAT,Elpositivismoduranteelporfiriato,1876-1910,Mexico,1975.109C.HALE,«ScientificpoliticsandthecontinuityofliberalisminMexico»...,op.cit.110Ilestdifficilededéterminersesintégrants,puisqu’hormisl’inexistencedecritèresidéologiquesouphilosophiquesformellementpartagés,ilneconstituaitpasungroupeorganiséetnesereconnaissaitpasentantquetel.AlfonsoDEMARÍAYCAMPOS,«Porfirianosprominentes.OrígenesyañosdejuventuddeochointelectualesdelgrupodelosCientíficos»,HistoriaMexicana,34,1985,p.610‑651.111CharlesHALE,LatransformacióndelliberalismoenMéxicoafinesdelsigloXIX,Mexico,Vuelta,1991,p.54.«Lapolitiquescientifiqueoupositivisteconsidéraitqu’ilfallaitvisualiserlesproblèmesdupaysetformulersespolitiquesd’actiond’unemanièrescientifique.Sescaractéristiquesprincipalesétaient:l’attaque au libéralismedoctrinaire ou «politiquemétaphysique» (…) les exposants de la politiquescientifique au Mexique ont trouvé une inspiration dans l’expérience concrète des républiquesconservatricescontemporainesdeFranceetd’Espagne,etdanssesprésidents,AdolpheThiers, JulesSimon et Emilio Castelar, dont les politiques étaient tenues pour ˝scientifiquement formulées˝»Traductionpersonnelle.« La política científica o positivista planteaba que había que enfocar los problemas del país formular sus políticas de acción de una manera científica. Sus principales características eran: el ataque al liberalismo doctrinario o « política metafísica » (…) los exponentes de la política científica en México hallaron inspiración en la experiencia concreta de las repúblicas conservadoras contemporáneas de Francia y España y en sus líderes, Adolphe Thiers, Jules Simon y Emilio Castelar, cuyas políticas se tenían por « científicamente formuladas ». 112La philosophie de Herbert Spencer rompait avec Comte. Il voyait dans l’évolution un processusmacrocosmiqueconstantrendanttoutefixitéimpossibleIlrefusâtexplicitementlaloidestroisétats,laclassification fixistedessciences,ainsique la religionde l’humanité.Sonreproche fondamentalétaitque Comte ait ignoré le point de vue biologique évolutionniste. Pour Spencer, l’évolution est unprocessus universel et une tendance unique. L’univers peut être expliqué par unemême loi commel’effet d’une même force. Elle consiste en une différentiation croissante du tout tendant vers sacomplexification, processus indéfini de l’homogénéité vers l’hétérogénéité. Kolakowski dégage lesprincipes suivants dans le système spencérien: le mécanisme (l’évolution est réduite à l’action deforcesmécaniques), la foi en l’unitéde l’univers, le naturalisme (une interprétationbiologiquede lasociété), l’empirisme et l’agnosticisme religieux. L’évolution ainsi comprise implique que l’«on peutfaireuneanalogieréelleetprofondeentrelescaractèresstructurauxetfonctionnelsdelasociétéd’uncôté,etlesqualitésrespectivesdesorganismesvivantsdel’autre».Traductionpersonnelle.«Podemosconservar una analogía real y profunda entre los caracteres estructurales y funcionales de la sociedad, por una

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Mexiqueparlebiaisdetraductionsfrançaisesetilneseraittraduitenespagnolqu’en

1878113. Il devint cependant le théoricien social le plus cité au Mexique et en

AmériqueLatine.114

Lacaractérisationspencériennedelasociétécommeunorganismelibéraitl’histoire

duMexiquedesontonromantiqueet ladéplaçaitsurunterrainoùl’évolutionet le

progrès devenaient les objets d’une appréciation expérimentale115. La civilisation

mexicainepouvaitconserversatotalitéhistorico-socialeetl’exprimeràtraversd’un

discoursscientifique.JustoSierra,l’intellectuelmexicainleplusinfluentdel’époque,

considérait que leMexique, sans une industrie forte, était un organisme anémique

auquelilmanquaitdufer,setrouvantsoumisàlavolontéd’un«merveilleuxanimal

collectif»,lesEtats-Unis,dontl’énormeintestinnepouvaitêtresatisfait116.Cetypede

métaphores était omniprésent dans la théorie sociale de l’époque et investi d’une

hautevaleurépistémique.

Le positivisme mexicain, renouvelé par l’organicisme spencérien, trouva sa

consécration dans le chef-d’œuvre intellectuel du Porfiriat : México: su Evolución

Social.117Publié entre1900et1902 sous ladirectiondeSierra, l’ouvrage réunissait

parte, y las cualidades respectivas de los organismos vivos por otra ». L. KOLAKOWSKI, La filosofíapositivista...,op.cit.,p.119.113C.HALE,LatransformacióndelliberalismoenMéxicoafinesdelsigloXIX...,op.cit.,p.338.«Trèspeudemexicains ont lu Spencer en anglais, et il est clair que lamajeurpartie d’entre eux l’ont connu àtravers France, où son œuvre est arrivée étonnamment tard». Traduction personnelle. «Sólo unospocosmexicanosleyeronaSpencereninglés,yparececlaroquelamayorpartedeellossupierondeélatravésdeFrancia,adondesuobrallegósorprendentementetarde»114 Carl HENRIK LANGEBAEK RUEDA, «Positivismo y Evolucionismo», in Utopías Ajenas, Tomo I:Evolucionismo, Indios e Indigenistas. Miguel Triana y el legado de Darwin y Spencer en Colombia,Colombia,UniversidaddelosAndes,2014,p.49‑54. 115 Héctor DÍAZ-POLANCO, «Evolución y Progreso en el Positivismo», Boletín de AntropologíaAmericana, 6, 1982,p.25‑35; SergioMARTÍNEZ, «Sobre los conceptosdeprogresoy evoluciónenelsiglo XIX», in Historia y explicación en biología, Mexico, Universidad Nacional Autónoma deMéxico/FondodeCulturaEconómica,1998,p.155‑167.116Justo SIERRA et Santiago SIERRA, LaLibertad : periódicopolítico, científico y literario, 3 septembre1879. «Junto a nosotros vive un maravilloso animal colectivo para cuyo enorme intestino no hayalimentaciónsuficiente».117Justo SIERRA, Augustin ARAGON et Santiago BALLESCÁ, México: su evolución social: síntesis de lahistoria política, de la organización administrativa y militar y del estado económico de la federaciónmexicana ;desusadelantamientosenelordenintelectual ;desuestructuraterritorialydeldesarrollodesu población, y de losmedios de communicación nacionales é internacionales ; de sus conquistas en elcampo industrial, agrícola,minero,mercantil, etc., etc. Inventariomonumental que resumeen trabajosmagistraleslosgrandesprogresosdelanaciónenelsigloXIX,Mexico,1900.

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destravauxportantunregardglobalsurlacivilisationmexicaine.

AngélicaMoyaLópezindiquequelastructuremêmedel’œuvres’inscrivaitdansdes

cadres organicistes. C’était cependant un ouvrage collectif hétérodoxe dont

l’envergure impliquait des croisements théoriques118. Certains auteurs véhiculaient

des idéescomtiennes : lesorthodoxesPorfirioParraet sondiscipleAgustínAragón

ontécritrespectivementleschapitres«ElTerritorioMexicanoysusHabitantes»et

«La Ciencia Mexicana». Le mélange entre les états discontinus comtiens et

l’évolutionnisme spencérien amenait les auteurs à considérer l’étape antérieure au

Porfiriatcommeunephase«d’incapacitéorganique».119

Le ton de l’ouvrage admettait un certain romantisme tardif dans les réflexions

relatives à la nation 120 . Celle-ci était vue comme un ensemble organique où

interagissaient histoire commune et homogénéité ethnique. Sierra concluait le

deuxièmetomeeninsistantsurl’importancedumétissageracialetculturel.

México:suevoluciónsocial(1900-1902) était l’alternativepositiviste au récit libéral

deMéxico a través de los siglos (1889). Les deux ouvrages s’efforçaient de rendre

compteducaractèrenationaldupaysettémoignaientdedeuxmomentsdistinctsde

la culture intellectuelle porfirienne. Leurs auteurs appartenaient tout de même à

«deuxgénérationsquiontpartagédesidéesmoralesetesthétiques[…]etunsystème

de croyances sur l’histoire, le temps et le progrès en commun»121. Avec des écarts

philosophiques, scientifiques et idéologiques sensibles, ils représentent les mêmes

ruptures et continuités que l’on peut repérer sur les deux principaux pavillons

mexicainsauxexpositionsuniverselles,lepalaisaztèquede1889etlepalaisnéogrec

de1900.

118 Laura Angélica MOYA LÓPEZ, «México: su evolución social. 1900-1902. Aspectos teóricosfundamentales»,RevistaSociológica,41,1999,p.127‑156.119Laura Angélica MOYA LÓPEZ, La nación como organismo: México, su evolución social, 1900-1902,Mexico,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico/Porrúa,2003.120L.A.MOYALÓPEZ,México. Suevolución social.El carácter y la identidadnacionalesbajo el realismopositivista...,op.cit.121L.A. MOYA LÓPEZ, «México: su evolución social. 1900-1902. Aspectos teóricos fundamentales»...,op.cit.p110.Traductionpersonnelle.«Dosgeneracionesquecompartieronideasmoralesyestéticas(…)ysistemadecreenciassobrelahistoria,eltiempoyelprogresocomún».

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LepavillonnéogrecduMexique

L’expositionuniverselledeParis1900

La France conclut le XIXe siècle avec la plus grande de ses exposition universelles

parisiennes.Cetévènement,traditionnellementorganisétoutslesonzeans,coïncidait

avecl’annéede1900etclôturasymboliquementl’époque.Ilassociaitunélogedela

grandeur industrielle avec un regard rétrospectif qui offrait un «bilan du siècle».

L’exposition centra son attention sur les bienfaits sociaux du développement

industriel et fut marquée par le retour de tendances culturelles conservatrices,

manifestantl’ambivalenceculturelleduParisfindesiècle122.Jean-ChristopheMabirey

voit une «mystique industrielle occidentale» traduisant une crise de la confiance

dansleprogrès.123

L’exposition laissadestracespérennessur lepaysageurbainde lacapitale.LePetit

Palais, le Grand Palais, le pont Alexandre III et la première ligne de métro

constituaient des prouesses techniques auxquelles s’ajoutait la consécration de

l’électricité, quimarqua l’événement en alimentant des pavillons et des attractions

qui restèrent célèbres: les fontaines du Château d’eau, le trottoir roulant de

l’esplanade des Invalides et le Palais de l’électricité avec ses monuments124. Des

espacesemblématiquescommelaRuedesnations, leVieuxPariset lagrandePorte

monumentale dotaient les lieux du pittoresque caractéristique des expositions

universelles. Seulement deux monuments construits pendant le centenaire de la

Révolutionfurentconservés:laTourEiffeletlaGaleriedesmachines.125

Dans lesactesofficiels,dans lesrèglementsetdans lescatalogues, l’expositionétait

122M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.253‑254.123Jean-ChristopheMABIRE,L’Expositionuniversellede1900,Paris/Montréal,L’Harmattan,2000.124FabienWARIN,«Réflexionssurl’électricitéàl’Expositionuniversellede1900»,Annaleshistoriquesdel’électricité,7,2009,p.25‑40.125LouisROUSSELET,L’expositionuniversellede1900,Paris,Hachette,1901.

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constammentcaractériséecommeunperfectionnementdel’expériencede1889.Son

envergure, son efficacité dans la classificationdes activités humaines, ainsi que ses

fondements philosophiques, étaient des éléments soulignés comme autant de

progrès.

L’Expositionuniversellede1900futinstituéeparledécretprésidentieldu13juillet

1892126etl’organisationdesesservicesétablieparledécretdu9septembre1893127.

Sonrèglementgénéral,proclaméle4aout1894128,inscrivaitl’événemententrele15

avriletle5novembre1900etluidestinait102hectaresrépartisentreleChampde

Mars,leTrocadéro,lequaid’Orsay,l’esplanadedesInvalidesetlesbordsdeSeine129.

Le Rapport général indique la participation officielle de 40 pays130et estime à 50

millions860801lenombred’entrées131.Ilrécenceautotal83047exposants,dont38

253françaiset44794étrangers.132

Le règlement reprenait engrandepartie lesdispositionsprisesen1889: le service

dépendraitduministreducommerce,del’industrieetdescoloniesetseraitdirigépar

un commissaire général; ils seraient à la têted’une commission supérieure avec le

ministre de l’instruction publique et le ministre de l’agriculture. Le document

prétendaitétablirdesmesuresstablesquipermettraientd’éviterlerecoursfréquent

à des actes complémentaires, contrainte qui aurait caractérisé l’expérience de

1889133.Lastructureorganisationnelledel’Expositionfutdoncétablietôtetdemeura

sanschangementsmajeurs.126ArchivoGeneralde laNación(AGN),Fomento,SecciónExposiciones,Boîte18/dossier2.«Decretdu13juillet1892instituantl’Expositionuniversellede1900».127AGN,18/3.«DecretorelativoalosserviciosdelaExposiciónUniversalde1900».128AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition»,129Ibid.Article6.130Le rapport officiel indique ce chiffre et liste les participants. Il indique aussi que 53pays furentinvités. Cependant,Mabire etHerrera Feria indiquent, sans références, que la quantité s’élève à 58.Expositionuniverselle internationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomepremier, Paris, Impimerie nationale, 1902, p.248; J.-C. MABIRE, L’Exposition universelle de 1900...,op.cit.;M.deL.HERRERAFERIA,PueblaenlasexposicionesuniversalesdelsigloXIX :lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal...,op.cit.,p.190.131Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers,Paris,Imprimerienationale,1902,p.883.132Ibid.,p.637.133AGN,18/5.«Règlementgénéraldel’ExpositionuniverselledeParis1900.RapportducommissairegénéralAlfredPicard.Paris,30Juillet1894».

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Pourdiviseretclassifierlesdomainesdel’activitéetdutravailhumain,lerèglement

instituait18groupes,divisésen120classes134pourorganiserlatotalitédesproduits

nationaux et internationaux. Alfred Picard, nommé commissaire général le 9

septembre1893, précisait dansplusieursdocumentsque «lesdifférentesbranches

de l’activité humaine ont tant de contacts et se pénètrent si souvent qu’aucune

ordonnance ne saurait être irréprochable»135, et il admettait la perméabilité des

frontières entre les groupeset les classes établies. Lanomenclature répondait àun

principe nouveau, le rapprochement des produits avec les agents de la production.

L’article4du règlement indiquaitque«Lesmachinesde toutenature serontmises

autant que possible en action sous les yeux du public, de manière à montrer leur

modedefonctionnementetàinitierlesvisiteursauxdifférentesfabrications».136

Danssonrapportdu30juillet1894relatifàlaclassificationgénérale,Picardsignalait

qu’elle découlait directement de celle de 1889137, dûment retouchée et améliorée

conformémentauxcritiquesetexpériencesaccumulées138.Lenouveauregroupement

octroyait une importance particulière aux systèmes et aux processus d’éducation

comme préalables au progrès humain: «c’est par là que l’homme entre dans la

vie»139. Suivait l’art, «œuvres de génie auxquelles devait être conservé leur rang

d’honneur »140 . Finalement, les «Instruments et procédés généraux des lettres,

sciences et arts» étaient le troisième groupe à occuper un grade distinctif141. Les

groupes suivants comportaient les activités productives, depuis les diverses

industries jusqu’à l’agriculture, l’économiesocialeet l’hygiène, lacolonisation,et les

134AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article13.135AlfredPICARD,Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Lebiland’unsiècle(1801-1900).Tome premier. Éducation et enseignement. Lettres. Sciences. Arts, Paris, Impimerie nationale, 1907.;AGN,18/8.«Classificationgénéraledesobjetsexposés.RapportducommissairegénéralAlfredPicard.Paris,30juillet1894».136AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article4.137L’expositionuniversellede1889comportait9groupesdivisésen87classes.138AGN, 18/8. « Classification générale des objets exposés. Rapport du commissaire général AlfredPicard.Paris,30juillet1894». 139Ibid. 140Ibid.141Ibid.Picard indiquait que le groupe III avait été regroupé avec l’enseignement en 1889 dans legroupeIIsousl’appellationincorrecte«matérieletprocédésdesartslibéraux».

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instruments militaires142. Finalement, certaines expositions spéciales réunissaient

des objets qui n’avaient pas été inclus dans la classification générale: l’exposition

historiqued’artancienetl’expositionanthropologiqueetethnographique.

Leregardrétrospectif futuncaractèreprimordialde l’exposition.Lesorganisateurs

répartissaient la totalité des œuvres et des produits entre deux grandes sections

définiesdansl’article3durèglement:«Àl’expositioncontemporaineserajointeune

expositionrétrospectivecentennale,répartieentrelesclassesetrésumantlesprogrès

accomplisdepuis1800danslesdiversesbranchesdeproduction»143.Ainsi,«chaque

groupe, et dans la mesure du possible, chaque classe, aura comme vestibule une

espècedepetitmuséeoucertainscadres»quineremonteraientpasaudelàduXIXe

siècle,exceptionfaitedel’artmilitaire144.Picardindiquait,danssonrapportde1894

sur la classification, que la section centennale, au lieu d’être «concentrée» pour

l’attentionprivilégiéedeséruditsetdeschercheurscommeen1889,seraitdisposée

en 1900 de telle manière que «la visite s’imposera, dès lors, à la masse du

publique»145.L’enverguredecetaspectestattestéeparlefaitquelesvingttomesdu

Catalogue général officiel, édités par l’Imprimerie Lemercier, et les huit tomes du

Rapportgénéraladministratifettechnique, éditéspar l’Imprimerienationale,étaient

complétés par quarante-deux volumes spécifiquement dédiés aux expositions

rétrospectives et cinq volumes consacrés auxmusées centennaux édités chezBelin

frères.146

Dès son institution en 1892, le ministre du commerce Jules Roche affirmait que

«L’exposition de 1900 constituera la synthèse, déterminera la philosophie du XIXe

siècle»147. Il témoignait de la signification de ces événements, intimement liées au

cultemoderneduprogrès,endisantqu’«ellesapparaissentdeloinenloincommedes142Voirannexe1143AGN,18/6.«Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article3.144AGN, 18/8. « Classification générale des objets exposés. Rapport du commissaire général AlfredPicard.Paris,30juillet1894».145Ibid. 146Ces ouvrages son disponibles en leur intégralité dans le Conservatoire numérique des arts etmétiers.147AGN,18/2.«Décretdu13juillet1892instituantl’Expositionuniversellede1900.1.Rapportduministreducommerceetdel’industrieauprésidentdelaRépublique».

Page 50: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

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sommetsd’oùnousmesurons le cheminparcouru»148.Huit ansplus tard,quand le

président de la République Émile Loubet inaugura l’Exposition le 14 avril 1900, il

invita «les gouvernements et les peuples à faire avec nous unesynthèse du travail

humain»149,autrementditàdresseruntableaucompletdesprogrèsaccomplisparla

science, l’artetl’industrieauXIXesiècle.L’Expositionde1900reliait lesaspirations

encyclopédiquesetutopiquesd’unecivilisationglobaleunifiéeàunrécithistorique

quisaisissaitladiversitédutravailhumainsouslesignetéléologiqueduprogrès.

Jean-ChristopheMabireconsidèrequel’évènementportatoutparticulièrement«cet

enthousiasme des premiers jours et cette notion du merveilleux qu’on trouve aux

écrits de vulgarisation saint-simoniens»150 . Il lie aussi son ton à la religiosité

scientifique portée dans l’épistémologie fixiste du positivisme comtien. Leministre

Roche,danssonrapportjointaupremierdécret,disaitdesexpositionsque

«L’homme en ressort réconforté, plein de vaillance, et animé d’une foi profonde dans l’avenir.

Cettefoi,apanageexclusifdequelquesnoblesespritsausiècledernier,serependaujourd’huide

plus en plus: elle est la religion générale des tempsmodernes, culte fécond où les expositions

universellesprennentplacecommedemajestueusesetutilessolennités.»151

A côté de cet optimisme affiché, l’exposition universelle devait concilier, dans ses

principes encyclopédiques et dans son organisation spatiale, l’ambivalence entre

l’universalité du travail humain et le particularisme des nations concurrentes. Un

système de regroupement «mixte» tentait de remédier aux défauts propres à

l’organisationdesobjetspargroupesouàleurdivisionparpays.Lerapportgénéral

indiquait que «poussé à l’extrême, le système de la concentration de chaque pays

cessed’obéiràaucuneidéephilosophique»152.Cependant,ils’avéraitnécessairepour

148Ibid.149Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomesixième,Paris,Impimerienationale,1902,p.87.«Inaugurationdel’Exposition(14avril1900)»150J.-C.MABIRE,L’Expositionuniversellede1900...,op.cit.,p.11.151AGN,18/2. «Décretdu13 juillet1892 instituant l’Expositionuniversellede1900.1.Rapportduministreducommerceetdel’industrieauprésidentdelaRépublique».152Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomepremier...,op.cit.,p.119.«ChapitreV:Concourssurlesdispositionsgénéralesdesbâtiments,jardinsetagencementsdel’exposition(partieurbaine).»

Page 51: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

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lesnationsquiprésentaientdescontributionsmoinsimportantes153.L’administration

pritlamesuresuivante:

«1º Pour les pays d’une importance industrielle secondaire, concentration de tous les produits

dans des pavillons spéciaux édifiés par leurs soins et à leurs frais; 2º pour les grands pays,

répartitiondesproduits,nonparclasse,maispargroupe;juxtapositiondecespaysetdelaFrance,

danschacundeslocauxaffectésauxgroupes.»154

Les édifices nationaux, disposés sur la rive gauche de la seine dans une rue des

nations,représentaienttoutdemêmedesgrandespuissancescommelesEtats-Unis,

la Grande Bretagne et l’Allemagne: l’arrêt administratif contemplait que tout pays

puisse bâtir des pavillons pour réunir des expositions spéciales ou des objets hors

classe. Ce fut le cas pour plusieurs expositions rétrospectives et d’art national.

Puisque les organisateurs encourageaient l’usage d’architectures comportant des

traits culturels locaux, cettemodalité de regroupement promouvait l’exhibition des

caractèresnationauxdespays.Lesvingt-troispavillonsdelaRuedesnations eurent

recours à divers styles d’architecture historique nationale, à l’exception des Etats-

Unis et du Mexique qui construisirent leurs bâtiments selon des modèles gréco-

romains.155

Lespublicationsextra-officiellesàviséepublicitairefaisaientunélogegénéralisédes

pavillons nationaux. Le sens de cette valorisation pouvait cependant varier selon

l’importance industrielle et culturelle assignée par conventionaux différentes

nations:pourdespayscommelaTurquie,lePérououlaPerse,c’étaitprincipalement

le caractère exotique qui retenait l’attention156. La dimension exotisante avait été

déterminante dans l’organisation spatiale même de l’exposition, puisque plusieurs

pays asiatiques et africains indépendants, comme la Chine, le Japon et l’Égypte,

avaient été relégués à l’Est du parc du Trocadéro, à côté des colonies des nations

153Ibid., p. 121. Le rapport indiquait qu’en 1889 «Le principe du groupement subit, d’ailleurs, desexceptionspourlespeuplestelsqueceuxdel’Amériquedusud,quinepouvaientavoiruneexpositionréellementintéressantesansconcentrertoutsleursproduitsdansdespavillonsspéciaux».154Ibid.,p.121.155L.ROUSSELET,L’expositionuniversellede1900...,op.cit.156Ibid.;AlbertQUANTIN,L’Expositiondusiècle,Paris,LeMondemoderne,1900.

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étrangères et face à la section des colonies françaises157. Un ouvrage extra-officiel

indiquaitqu’«ils’est forméainsi làsur lespentesombragéesdecetadmirableparc

touteunecitéexotique,quirivaliseparlepittoresquegroupementdesesédificesde

stylessivariésaveclecharmantensembledenosconstructionscoloniales».158

Lesactesetlesdiscoursofficiels,lesmanifestationsscientifiquesliéesàl’exposition,

la presse et les publications diverses associaient le développement industriel non

seulementauprogrèssocial,maisaussiaustatutcultureldesnations.Lesexpositions

universelles contribuaient à l’affermissement idéologique du capitalisme, du

colonialisme et des nationalismes par la mise en circulation d’idées qui

naturalisaientlesdynamiquesdumondeindustriel.L’Expositionuniversellede1900

offrait la synthèse de la diversité des nations et des hommes en une unité

correspondant à l’histoire universelle du travail. Le discours du ministre du

commerce Alexandre Millerand lors de son inauguration montre l’aspect

compréhensifdel’idéologiequel’expositionportait:

«L’univers s’est associé à la France dans cette entreprise gigantesque […] Le visiteur del’exposition[devraauxorganisateurs]cemiracledepouvoir,enquelquesminutes,faireletourdu

monde.Destypesdetouteslesarchitectures,groupéscôteàcôtesurlesdeuxrivesdelaSeineen

un chatoyant etharmonieuxdésordre, captiveront son imaginationen amusant sesyeux.Et, par

unenaturelleassociationd’idées,cedécorpittoresqueferanaitreensonespritcetteréflexionoù

se résumecomme lamoralitéde ces assises internationalesque, si éloignésqu’ilsparaissent les

uns des autres par l’éducation, la coutume et le préjugé, tous, fils de races variées, citoyens de

nationalitésdiverses,appartiennentàlamêmefamille,dontleurdevoircommeleurintérêtetde

travailleràgrossirlecommunpatrimoinedescienceetdebeauté.»159

Un pays indépendant mais périphérique comme le Mexique dut organiser sa

présentation en fonction de ces règles, de ces formalités et de ces conventions

philosophiquesetculturelles.Puisquelaparticipationauxexpositionsuniverselles

représentait un enjeu majeur dans le programme économique national, les

157Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième.,Paris,Impimerienationale,1902.158L.ROUSSELET,L’expositionuniversellede1900...,op.cit.,p.189.159Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Tomesixième...,op.cit.,p.85.«Inaugurationdel’Exposition(14avril1900)».

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organisateurs du pavillon mexicain de 1900 durent établir des stratégies

appropriées afin de créer et de diffuser une image nationale commercialement

efficace.Ilsoptèrentpourlaprésentationd’unÉtat-nationintégralementmoderne.

Leprojetdelacomissionmexicaine

À la fin du XIXe siècle, le régime porfirien disposait d’une expérience en matière

d’expositions acquise au long de vingt-cinq années. Il décida de présenter son

troisième pavillon à l’Exposition universelle de Paris 1900. L’entreprise, étalée sur

trois ans, témoigne de l’efficacité de la mobilisation administrative du régime. Du

pointdevueducoûtetdel’effortd’organisation,cefutlasecondeentrepriselaplus

importante dans l’histoire des expositions mexicaines. Selon les critères de la

commissionmexicaineetdujuryinternational, lesrésultatsfurentplussatisfaisants

qu’en1889.

Enseptembre1895,Leministèredesaffairesétrangèresfrançaisinvitaofficiellement

cinquante-trois«puissances»àparticiperàl’Expositionde1900160.LeMexiquereçut

l’invitationle16octobreparl’intermédiairedediplomatesfrançais.Lacirculaire,qui

rappelait «le succès brillant» des mexicains en 1889, incluait les dispositions

officielles, le règlement, la classification et les rapports leur étant associés. Le

gouvernementacceptaofficiellementl’invitationquelquesmoisplustard, le27avril

1896.161

LaDeuxièmeSection«Expositionsnationaleset internationales»duMinistèrede la

promotion ne commença les préparatifs qu’en août 1896. Comme pour lamajeure

partie des pays participants, le rôle de commissaire fut attribué à un diplomate162.

AntoniodeMieryCelis,ministreplénipotentiaireduMexiqueenFrance,futnommé

160Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier...,op.cit.,p.247‑248.161ArchivoGeneraldelaNación(AGN),Fomento,SecciónExposiciones,Boîte18bis/dossier1.«NotificacióndelencargadodenegociosadinterimBoularddePouqueville».162Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier...,op.cit.,p.249.

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le 16 août 1896 commissaire général de l’exposition mexicaine163. Ses premières

attributions, définies par Manuel Fernández Leal, ministre de la promotion entre

1891et1901,consistaientàréunirtouteslesinformationsetpublicationspossibles

sur l’exposition universelle et à choisir un terrain approprié pour édifier le

pavillon164.L’article12durèglementgénéralindiquaitqu’ilauraitlaresponsabilitéet

l’exclusivitédeséchangesaveclesorganisateursfrançais:«cedéléguéestseulchargé

detraiteravec leCommissairegénéral, lesdirecteursgénérauxet lesdirecteurs, les

questionsquiintéressentsesnationaux»,notammentcellesrelativesàlarépartition

desespaces,auxconstructions,àl’admissionetl’installationdesproduits.165

Dans sa lettred’acceptation,deMier yCelis assumait cette responsabilité, «malgré

ma santé fragile, et sans avoir auparavant accompli une mission comme celle qui

m’est confiée»166. Il mourut quelques mois avant l’inauguration du pavillon, en

décembre 1899167 , et fut remplacé le 25 janvier 1900 par son homologue en

Angleterre,SebastiánB.deMier,quisechargeadesdernierspréparatifsetrédigeale

rapport officiel récapitulant les travaux de la commission 168 . Du fait de ses

responsabilitésetdesescontraintesdiplomatiques, leministèredécidadenommer

commissaireadjointAntonioM.Anza,architectedupavillon,quiassumaladirection

destravauxàplusieursreprises.169

Ladeuxièmemesurepriseparleministèrefutl’éditionen1897d’unetraductiondes

actes officiels de l’exposition parisienne qui reprenait les documents joints à la

circulaire d’invitation170. Elle incluait la liste dupersonnel français, le décret du13

juillet 1892, le décret du 4 aout 1894, la classification générale et les rapports

correspondants.Cependant,sadiffusionn’estattestéequ’àpartird’avril1898,quand

163AGN,18bis/2.164AGN,18bis/3.165AGN,18/6.«Décretdu5aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».166AGN,18bis/2.Traductionpersonelle.«Aunquealgoquebrantadodesalud,ynohabiendohastaelpresentedesempeñadounacomisióncomolaquesemeconfía(…)».167LeFigaro,19décembre1899,«Deuil».168S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.169AGN,21/4.170ExposiciónUniversalInternacionalde1900,enParis.Actasdeorganización,Mexico,TipografíadelaSecretraríadeFomento,1897.

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ellefutjointeàunesériedecirculairesofficiellesdistribuéesauxgouverneursetaux

industrielsmexicainsafinderéunirlescontributions.171

Finalement, la deuxième section nomma officiellement les chefs de groupe le 18

janvier1898172.Onremarquequetousfurentdesmembreséminentsdel’oligarchie

porfirienne ayant participé à l’organisation des présentations mexicaines

antérieures173.LesgroupesI, IIetIIIétaientassignésàFernandoFerrariPérez,qui

fut aussi chargé de la section rétrospective 174 . Ferrari Pérez était un célèbre

naturalisteetphotographe,directeurdelaCommissiongéographiqueexploratricedu

Mexique au début des années 1880. En 1900, il dirigeait sa section d’histoire

naturelle. Cette commission avait apporté quelques unes des contributions les plus

importantesauxdeuxexpositionsparisiennes175,grâceàl’influencedeFerrariPérez

etaufaitqu’ellerelevaitdirectementduministèredelapromotion.

Luis Salazar, ingénieur de profession, fut chargé des groupes IV «Matériels et

procédés généraux de la mécanique» et VI «Génie civil. Moyens de transport». Il

avaitproposéunpavillonprécolombien,projetnonréalisé,en1889,etavaitparticipé

à l’édification du palais aztèque. Il était parmi les principaux défenseurs d’une

architecturenationalecombinantdesélémentspréhispaniquesetmodernes,etilétait

connuaussipourlaconstructionduchemindeferentreMexicoetVeracruz.Ildevint

directeur de l’École nationale d’ingénieurs en 1906 176 . Grâce à ses réseaux

professionnels, il put organiser avec les compagniesde cheminsde fer le transport

descontingentsdanstoutlepays.

Le groupe VIII «Horticulture et Arboriculture» fut confié à Mariano Barcena,

ingénieur et naturaliste qui dirigeait l’Observatoire météorologique de la ville de

171AGN,22/9.172AGN,18bis/5173Voirannexe2.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernées.174AGN,18bis/5.175J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradoradelaRepúblicamexicana.Catálogodelosobjetosquecomponen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos..,op.cit.176Luis SALAZAR, «La arquitectura y la arqueología», in La crítica de arte en México en el s. XXI,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1997,p.478–487.

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Mexico, autre institution avec une participation privilégiée. Suite à son décès le 10

avril1899,ilfutremplacéparJoséSegura,chargédesgroupesXII«Agriculture»etX

«Aliments».Seguraétaitingénieuragronomeetdirecteurdel’Écoled’agriculturede

Mexico. Cette institution envoya une importante contribution de documents,

d’échantillons,devariétédecéréales,decacao,decaféetdefruits.

LedernierchefdegroupeproéminentétaitManuelFlores,quidirigeait lesgroupes

XIV «Industries chimiques» et XV «Industries diverses». Pédagogue positiviste,

Flores avait posé les bases philosophiques d’un projet «d’éducation intégrale»

porfirien,àpartird’unelectureéclectiquedeComteetdeSpencer177.Avecledocteur

enpharmacieetchimisteFranciscoRíodelaLozacommeauxiliaire178,ilpréparaune

exposition qui montrait principalement la pharmacopée mexicaine basée sur les

plantes. Cette contribution provenait principalement de l’Institut médical,

établissement favorisé par le ministère de la promotion lors des expositions

universelles.

LegroupeV«Electricité»futdirigéparRafaelRamosArizpe,quipubliadeuxœuvres

largementdiffuséesdans lesquelles il compilaitdes statistiques sur lesapplications

urbainesetruralesdel’électricitéauMexique.CarlosSellerier, ingénieurdesmines,

s’occupaquantàluidepublierunouvragesurlegroupeXI«Mines.Métallurgie».Il

organisauneexpositionquimettait envaleur lesprogrèsaccomplis enunedizaine

d’annéesdansl’extractionminière,principalementcelledesminérauxmétalliqueset

du charbon. Quant à José Ramirez, secrétaire du Conseil supérieur de salubrité, il

organisauneexpositionpour legroupeXVI«Économiesociale.Hygiène.Assistance

publique» pour promouvoir l’une des réussites technologiques majeures du

Porfiriat: l’assainissement de la capitale par l’installation du tout-à-l’égout et d’un

systèmededrainagede40km.

EduardoZarate,procureurgénéralmilitaire,s’occupaitdesgroupesXII«Décoration

etmobilierdes édificespublics et habitations» etXIII «Fils. Tissus.Vêtements». Il

177Díaz ZERMEÑO et Héctor ANTONIO, «El PositivismoMexicano en la educación: Aportes deManuelFlores,entreComteySpencer»,RevistadePedagogía,24-70,mai2003,p.321‑334.178AGN25/3.

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avaitdirigé lemêmetypedegroupespour lesparticipationsmexicainesen1884et

1889179. L’exposition se concentra sur l’industrie du coton, depuis sa production

locale jusqu’àsontraitementmanufacturier.Finalement, leColonelducorpsspécial

d’État-major,RodrigoValdés,dirigea legroupeXVIII«Arméesde terreetdemer».

Sonexpositionexhibaitdesarmesetdesuniformes,desplansetdesphotographies

d’hôpitauxetd’écolesmilitaires«quimontrentquelegouvernementduMexiqueasu

amélioreretdéveloppersonorganisationmilitaire,enmêmetempsqu’ilmettaiten

valeurtouteslesrichessesdesonsolettouteslesressourcesdesonindustrie».180

Les caractéristiques de la participation mexicaine furent formellement débattues

après l’élection des chefs de groupe en février 1898181. Le compte-rendu de la

premièreréuniondu«conseildeconsultation»182forméàcetteoccasionindiqueque

la commission devait identifier les changementsmajeurs par rapport à 1889. Elle

conclut:«[…]en1900nousallonsluttersurunpiedd’égalitéaveclesautresnations

etnousnepouvonspascomptersurlabienveillancespécialedontnousfumesl’objet

en 89»183. La commission décida qu’il importait de montrer des améliorations

substantiellesdans lesmachines industriellesetmanufacturières,ainsiquedans les

procédésd’extractionsdematièrespremières.Ilétaitdoncnécessairededonnerun

«caractèresélectifetpluscirconscritauxproduitsd’intérêtmajeur».184

Le 29 février, une deuxième réunion eut lieu pour décider si l’organisation devait

releverplutôtdel’Étatoudel’initiativeprivée.Lerapportindiquequelesavisétaient

partagés. Ils résolurent que les particuliers étaient «les premiers intéressés à faire

valoir leurs marchandises» 185 , mais que la nature de l’exposition devait être

«primordialementofficielleet (qu’il fallait) s’efforcerde faireconnaître lepays, ses

éléments exportables, les produits qui puissent être matière à commerce, les179S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.60.180Ibid.,p.65.181AGN,54/11.LeJourdelaréunionn’estpasindiqué.182Ibid.Traductionpersonnelle.«Juntaconsultiva».183Ibid. Traduction personnelle. «en 1900 vamos a luchar bajo un pie de igualdad con las demásnacionesynopodemoscontarconlabenevolenciaespecialdequefuimosobjetoen89».184Ibid.Traductionpersonnelle.«uncarácterselectivoymascircunscritoa losproductosdemayorinterés».185AGN54/18.Traductionpersonnelle.«losprimerosinteresadosenhacervalersusmercancías».

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industriesquipuissentyêtreimplantées(…)promouvoirl’immigrationetaugmenter

lestransactionscommerciales».186

Lacorrespondanceentrelecommissairegénéraletleministredelapromotionnous

fournitdesinformationsessentiellessurledéveloppementducaractèrecommercial

de l’exposition.Au sujet des circulaires à imprimerpour inviter les gouvernements

desétatsfédérauxàparticiper,MieryCelisexpliquaitle14mars1898:

«Moietlesdirecteursdesdiversgroupessommesd’accordpourdéterminerque,s’ilestessentiel

de montrer les avancements de l’industrie, l’objectif du concours est d’attirer des intelligences

intéresséesparladéveloppementdesrameauxdelaproductionquileurconviennent.Ilparaîtdonc

nécessairedefaireconnaîtreaussilespossibilitésdenôtreterritoire[…][etle]développementdes

rameauxadministratifs[…]pourgarantirlasécuritéetledroitdeleursintérêts.»187

Lesmembresde la commissiondécidèrent ainsi qu’il était essentiel demontrer les

richessesduterritoireetl’existenced’unecultureadministrativemoderne.Lorsdela

troisièmeréunionduConseildeconsultation,FerrariPérez insistasur l’importance

desesgroupesenrappelantquel’Expositionuniverselle«afaituneplaced’honneur

à l’éducation, aux arts et aux sciences, et leprogrèsquenous serons enmesurede

présenterauxjurysdépendradenotrecapacitéàmontrerl’engagementdupaysdans

cesdomaines»188.Lerapportsignalequelesorganisateursdécidèrentdemodifierla

stratégiede1889,quisebasaitsurleprinciped’envoyertoutcequiétaitpossible,

« favorisant lamasseet leschiffresplusque lasélection[…]Dansde tellesconditions,présenter,

par exemple, dematièrespremièresd’excellentequalité, à cotédeproduitsdérivés imparfaits et

encorechers,revientàstimulerl’entrepreneurétrangeretintelligentàfonderdesindustriesplus

186Ibid.Traductionpersonnelle.«Laexposicióndebeserprimordialmenteoficial,yesforzarcepordaraconocerelpaís, suselementosexportables, losproductosquepuedensermateriadecomercio, lasindustriasquepuedanplantearse(…)promover inmigraciónyacrecentartransaccionescomerciales.Segúnotrocriterio,laexposicióndebeserprincipalmentedeparticulares(…)losprimerosinteresadosenhacervalersusmercancías».187AGN, 58/4. Traduction personelle. «Me he puesto de acuerdo con los directores de los diversosgruposparadeterminarquesibienesimportantemostrarlosadelantosdelaindustria,elobjetivodelcertamen es atraer inteligencias interesadas en desarrollar los ramos de producción que lesconvengan.Porello,parecenecesariodaraconoceranteslasposibilidadesdenuestroterritorio(…)[yel] desarrollo de los ramos administrativos (…) para garantizar la seguridad y el derecho de susintereses»188AGN58/6.Traductionpersonnelle.«Laexposiciónapuestoenplazadehonoralaeducación,alasartes y a las ciencias, y los progresos que tengamos a bien presentar a los jurados dependerán denuestracapacidaddedemostrarelcompromisoquetieneelpaísconesastareas».

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perfectionnées.»189

Lerapportconcluaitque«lanécessitéd’attirerdescapitaux,quiétaitessentielleen

1889,passeàunplanrelativementsecondairedans ledeuxièmeconcours», lequel

impliquerait avant tout «de rendre manifeste aux yeux de l’étranger le progrès

considérabledupays.Cesystèmeconduiraauxmêmesrésultatspardesmoyensplus

efficaces,mais indirects, puisque l’immigration de capitaux et de bras cherche des

paysprospèresets’éloignedesdécadents».190

Lescirculairesdistribuéesàpartird’avril1898auxgouverneursdesétatfédérésafin

d’initier la collecte témoignent de la préoccupation générale des organisateurs,

soucieuxquelepavillonde1900manifestedesaméliorationsparrapportàceluide

1889 dans le sens déterminé. La circulairenº1, dirigée aux gouverneurs des États,

insistaitsur«l’importancedefaireconnaîtredans[cesconcours]l’étatdesrameaux

administratifs et ceux de la production»191.Dans la circulaire nº9, les gouverneurs

demandaient aux citoyensde «démontrerdans ce concours le degréd’avancement

matérieletintellectuelatteintparlanation»192.

Les exposants étaient priés de prendre conscience du fait qu’ils n’allaient pas

bénéficier de l’impression favorable que la nouveauté de la présentation de 1889

avait causée. Les produits, déjà connus, seraient soumis à des examens plus

rigoureux,etlesexposantsdevaientêtreparticulièrementattentifsàlaqualitéetau

choix de leurs objets, «afin de s’assurer la préférence des responsables de

189Ibid. Traduction personelle. «El criterio (…) era el de enviar á París todo lomás que pudiera,atendiendo á la masa y al númeromás que á la selección (…) En tales condiciones, presentar, porejemplo,materiasprimasdeexcelentecalidad,alladodeproductos,derivadosdeellas,imperfectosycarostodavía,eslomismoqueestimularalextranjeroemprendedoréinteligenteáfundarindustriasmásperfeccionadas,paraproducirmejorymásbarato,conseguridadesdelucro.» 190Ibid. «Por estomismo, lanecesidadde atraer el capital, que era lomás imprescindible en1889,pasará á categoría relativamente secundaria en este segundo certamen, en el cual ocupará puestopreferenteeldehacermanifiestoá lasojosdelextranjeroelconsiderableprogresodelpaís.Sistemaque,porotraparte, conduciráalmismoresultadopormediosnomenoseficaces,aunque indirectos,pueslaemigracióndecapitalesydebrazosbuscalospaísesprósperosyseapartadelosdecadentes.» 191AGN, 21/9. «Circular 1». Traduction personnelle. «Ateniendo a la importancia que para elprogreso y desarrollo de la República tiene la concurrencia de México a estos certámenes y lanecesidadquehaydequesedeaconocerenelloselestadoqueguardanlosramosadministrativosylosdelaproducción».192AGN, 22/5. «Circular 9». Traduction personnelle. «Demostrar en aquel certamen el grado deadelantomaterialeintelectualquehaalcanzadolanación».

Page 60: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

59

l’assignation des récompenses»193. Le critère de sélection fondamental devait être

d’une part la possibilité de commercialiser les échantillons, et de l’autre, «comme

c’estlecaspourbeaucoupdeproduitsdenotreindustrieetdenotregénie»,queces

échantillons«donnent l’idéedudéveloppement incessant,duprogrès ininterrompu

etdel’étatprésentdel’activiténationale».194

Dans son rapport pour le grand public de 1901, Sebastián B. de Mier reliait la

diminution substantielle des échantillons à une volonté d’efficacité et de qualité. Il

reprenait et modifiait des formules provenant des rapports du conseil

d’administration pour commenter le succès du pavillon. Le palais aztèque aurait

tendu à la massivité, et non pas à la sélectivité, pour manifester les potentiels du

Mexique; mais en 1900 il avait été possible d’exposer la prospérité porfirienne. Il

écrivaitque«silaparticipationduMexiquefut,en1889,totaleetétendueàtousles

ordresdel’activitéhumainepourdémontrernotrepuissancevirtuelle,cellede1900

devait se limiter à mettre en évidence tout ce que nous avions réussi dans la

pratique».195

Mier faisait une appréciation élogieuse et subjective des participations mexicaines

auxexpositionsuniverselles.Sisonouvrageétaitbiaiséparlesoucidelapropagande,

il exprimait tout de même les attentes des organisateurs et la signification

193Ibid.Traductionpersonnelle. «LosexpositoresdebenpenetrarsedequeenelpróximocertamenvamosaserjuzgadosnobajolaimpresiónfavorabledequeporsunovedadpudieroncausarenEuropanuestraprimera exhibicióny lasdeotrospaísesque en circunstancias análogas se encuentran, sinoque siendo ya conocidos nuestros productos, van a ser examinados indudablemente con el mayorcuidadoEsta consideración debe sugerir al expositor la precaución de emplearmayor esmero en laelección,fabricaciónymododeexhibirsusproductos,afindeobtenersegurapreferenciadepartedelosencargadosdeasignarlasrecompensas».194Ibid. Traduction personnelle. «La segunda consideración es de importancia mayor aún. Losexpositoresdebenpenetrarsedelaconviccióndequelosinteresespersonalessuyosylosdelpaísengeneral están, en la especie, vinculados en la exhibición preferente de nuestrasmaterias primas, detodosaquellosartículosque,porunaparte,puedanserobjetosdetransaccionescomerciales,motivarvasta y remuneradora exportación, interesar el consumido extranjero y, por la otra, como pasa conmuchosproductosdenuestra industriaydenuestro ingenio,den la ideadel adelanto incesante,delprogresonointerrumpidoydelestadopresentedelaactividadnacional». 195S.B. DEMIER,México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p.26. Traductionpersonnelle.«Si la participación de México fue en 1889 total y extensiva á todos los órdenes de la actividad humana, para demostrar nuestra potencia virtual, la de 1900 necesitaba limitarse á hacer patente todo lo que habíamos ya conseguido en la práctica ».

Page 61: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

60

conventionnelle attribuée aux participations. L’auteur considérait que l’objectif

classiquedespavillonsmexicains était dedissiper les inquiétudesdes financiers et

des industriels étrangers résultant d’une ignorance généralisée sur les conditions

matérielles,politiquesetsocialesdupays.196

Selon lui, chaque pavillon avait eu un impact positif sur l’image générale que le

Mexique offrait au monde et il entrevoyait un rapport direct entre cette nouvelle

image et le développement économique du pays. L’exhibition «exceptionnellement

brillante» de minéraux à la Nouvelle Orléans en 1884 aurait entrainé une

convergenceinéditeversleMexiquedecapitauxdestinésàl’exploitationminière.Le

mêmeprocessusauraiteulieuen1889pourl’industrieducuivre.197

En 1900, il s’avérait nécessaire de montrer un pays intégralement moderne. Ceci

convenait à l’image internationale d’un régime instauré depuis vingt-quatre ans et

capable d’établir unbilan favorable sur sonprojet demodernisation. La prospérité

nationale, découlant de l’industrie aussi bien que des politiques scientifiques

permettant de connaître et d’administrer le territoire, était associée aux valeurs

classiques portées par des sensibilités positivistes et républicaines. Mier en

témoignait quand il disait que «les personnes réflexives» étaient de plus en plus

impressionnéespar«leseffortsdugouvernementetdupeuplemexicain[…]visantà

créer des institutions politiques stables et robustes, gardiennes du progrès dans

l’ordre,encourageantlaprospériténationalesousl’ombredelalibertéetdudroit».198

Constructiondupavillon

La commission du Mexique présentait la synthèse comme une stratégie délibérée.

Cependant, certaines contraintes imposèrent d’elles-mêmes l’organisation d’une

196Ibid.,p.6.197Ibid.,p.8.198S.B. DEMIER,México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p. 6. Traductionpersonnelle. «(…) Los esfuerzos del gobierno y del pueblo mexicanos (…) para crear institucionespolíticas estables y robustas, amparadoras del progreso dentro del orden, y que fomentasen laprosperidadnacionalálasombradelalibertadydelderecho».

Page 62: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

61

expositionmoinsambitieusequecellede1889.Danssonrapport,Mierexpliquaitque

la Trésorerie fédérale, «diminuée» par une crise agricole et monétaire, était

cependant en cours de reconstitutionet que la participation pourrait jouir d’un

financement convenable199. Mauricio Tenorio Trillo indique que la présentation

mexicaine en 1889 coûta 605 318 pesosmexicains, représentant 11,3% et 8%du

budgetduministèredelapromotionpourlesannéesfiscalesde1888-1889et1889-

1890.Ilindiquequelaparticipationen1900coûta523972pesos,correspondantà

46,8%dubudgetpourl’année.200

Lescomptesdisponiblesdanslasection«exposiciones»desArchivesgénéralesdela

nation indiquent, entre juillet 1898 et août 1900 (trois mois avant la clôture de

l’exposition), un coût totalde109839,78pesos.Cette somme,qui correspondaux

frais survenus à Paris, est adaptée au coût final de 1 186 301, 50 francs queMier

recensaitdanssonrapport201.Lescomptesenpesosetenfrancsorganisentlesfrais

demanière différente, mais permettent d’établir que le ministère de la promotion

évaluaapproximativementletauxdechangeàraisond’unpesopour10,8francs202.

Ce tauxcorrespondavec les sommesdestinéesau remboursementducréditouvert

par le service des sections étrangères. Le président Porfirio Díaz approuva des

versementsdelaTrésoreriegénéraledelaFédérationauministèredelapromotion,

«pour situer à Paris», les quantités suivantes: 40,000 (aout 1900), 20,000

(décembre 1900), 10 000 (février 1901), 10,000 (avril 1901), 10,600 (avril 1901),

soit90,600pesos.203

MierindiquedanssonrapportquelaparticipationàParisen1889avaitcoûté2179

144,17francs. Ilestimaitdoncque lacommissionavaitpayé lamoitiédeceprixen

1900, et il considérait que le pavillon néogrec était le deuxième pavillon le plus

199Ibid., p. 7. Traduction personnelle. «El Tesoro Federal, tanmermadono hamuchopor las crisisagrícola ymonetaria, había entrado ya en un período de reconstitución, y todo hacía prever que elcreciente florecimiento de nuestra Hacienda permitiría soportar desahogadamente los gravámenesquenosimpusiéramos».200M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930...,op.cit.,p.348‑349.201S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.238.202VoirAnnexe3.Tableau:Dépensespourlaparticipationmexicaineen1900.203AGN,61/3. « Gastos generales de la delegación, para la exposición de 1900 ».

Page 63: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

62

importantdansl’histoiredesprésentationsmexicaines204.Lerapportadministratifde

l’expositionuniversellenesignalepaslecoûtdespavillonsdelaRuedesnations:le

règlement sur les dispositions générales des bâtiments décrétait que les pavillons

seraient érigés aux fraisdes commissionsnationales205. Cependant, le créditouvert

parleservicedessectionsétrangèresàvingt-neufpaysmontrequeceluiduMexique

futlecinquièmeleplusélevé(2000,000defrancs),aprèslesEtats-Unis(7112,500),

laRussie(6650,000),laHongrie(3675,000)etlaGrandeBretagne(2500,000).206

Le coût du bâtiment représenta une partie substantielle des dépenses totales. La

commissiondemandaàplusieursprestatairesfrançaisd’établirdesbudgetspoursa

construction le 24 octobre 1898 207 . Etant donné les contraintes pesant sur

l’assignationdu terrain, cene futque le25aout1899que leprésidentDíaz choisit

d’établiruncontratavecMr.L.Dior,quiproposaitleprixlemoinsélevé.208

Le président Díaz demanda de consulter José Yves Limantour, son ministre de

l’économie,pourprépareruncontrat.Celui-ci futmisenplaceentreMieryCeliset

Dior le 31 aout 1899 209 et établissait que la Compagnie se chargerait de la

construction,laconservationetladémolitiondupavillon.Diors’engageaitàsuivreles

plans et le cahier des charges, ainsi qu’à terminer les travaux au plus tard le 31

janvier1900.Leprixaccordéfutde380000francs,payésensixmensualités,dontla

dernièreendécembre1900.Enincluantlescoûtsdelaplateforme,desinstallations,

du système électrique, les salaires des employés auxiliaires et des ouvriers, et tout

autrefraisrelatifàlaconstruction,leprixtotals’élevaità609958francs.210

L’architecte en chef du pavillon, AntonioM. Anza, était l’un des ingénieurs les plus

prestigieuxdu régime. Sonprojet depalais aztèque l’avait emportédevant celui de

204S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.238.205Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier…,op.cit., p.119. «ChapitreV: Concours sur les dispositions générales des bâtiments,jardinsetagencementsdel’exposition(partieurbaine).206Ibid.,p.256.207AGN,31/2.208S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.96.209AGN,32/2.«Contratocelebradoparalaconstruccióndelpabellón».210S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.237.

Page 64: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

63

LuisSalazaren1889etilfutchoisisansconcoursdèsjanvier1898pourl’exposition

de1900211.Ileutuneinfluenceconsidérabledanslechoixduterrain,duprestataire

etdansl’établissementdesconditionsducontrat212.Quiplusest,ilfutresponsablede

la dimension symbolique du pavillon et occupa une place essentielle dans toute

l’organisationdelaparticipation;eneffet,aprèslamortd’AntoniodeMieryCelis,il

fut nommé commissaire adjoint et remplaça Sebastián B. De Mier à plusieurs

reprises213. IlarrivaàParis le27Mars1898214pours’assurerduchoixd’un terrain

convenable,mais certainescontraintes retardèrent sonacquisition. Il futdisponible

qu’en septembre et les travaux prirent eux aussi du retard. Le pavillon ne fut

officiellement terminé que le 14 avril 1900215, le jour même de l’inauguration de

l’expositionuniverselle.

Laruedesnationsavaitétéétabliesurlequaid’Orsay,entrelepontdesInvalideset

lepontdel’Alma.LespavillonsétaientdistribuéssurdeuxaxesparallèlesàlaSeineet

séparésparune chaussée.Grâce à l’additiondedeuxplateformesdemêmeniveau,

l’uneencimentpourrecouvrirlatranchéeduchemindeferquipassaitlà,l’autreen

bois pour mettre à niveau la berge de la Seine, une superficie de 23 100mètres

carrésfutobtenuepourvingt-cinqpavillons.L’espace,longde600mètres,accordait

28,50 mètres de largeur pour la chaussée juxtaposée à la Seine et 10 mètres de

largeur pour l’autre. Ceci permit d’aménager des sous-sols qui seraient

postérieurementdestinésàaccueillirdesrestaurants,ainsiqu’unpassageservantde

promenoircouvertsurlabergebasse.216

AntoniodeMieryCelissollicitaàAlfredPicardunterrainde3000mètrescarrésle18

avril 1898217 ; la concession fut refusée. Ceci nous indique que la commission

211AGN,18bis/5.212AGN,31/10.213AGN,20/5;21/4.214AGN,31/10.215S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.97.216Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tometroisième. ChapitreXIX.Pavillonsetouvragesdiversde l’enceinteurbaine.3.Terrasseduquaides nations», pp. 146-151.; S.B. DEMIER,México en la ExposiciónUniversal Internacional de 1900…,op.cit.,p.97.217AGN,58/10.

Page 65: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

64

comptaitconstruireunpavillonplusgrandquelepalaisaztèque,quiavaitoccupéun

espacede2100mètrescarréssurleChampdeMars218.MieryCelisargumentaquele

pavillondevraitcontenir,outredeuxexpositionsspéciales, lescontributionsdedix-

septgroupes219.Le25janvier1900,ladirectiondel’expositionproposaauMexique

unterrainsituédel’autrecotédupontdel’Alma,àcôtéduPalaisdesarméesdeterre

etdemer.Dansunpremiertemps,l’espaceattribuéétaitde75mètresdelonget28,5

mètresdelarge,soit2137,5mètrescarrés.Maislaconstructionetlamodificationdu

palaisvoisinréduisirentfinalementl’espaceà60mètresdelongueuret25mètresde

largeur,soit1315mètrescarrés220.

En effet, le rapport administratif et technique de l’Exposition universelle indique

qu’«ungrandescalierde10mètresde largeur,reliant laplateformeà laberge,prit

placeentrelePalaisduMexiqueet lePalaisdesarméesdeterreetdemer»221.Ses

balustrades étaient juxtaposées au palais néogrec222. Lemême rapport indiqueque

«lesarchitectesduPalaisdesarméesdeterreetdemeronteuàcouvrirlecheminde

fer des Moulineaux, non seulement sous cet édifice, mais encore aux abords et

notamment sous le palais du Mexique»223. Le décompte des coûts est cependant

effectué «en laissant de côté la zone […] qu’occupait le palais duMexique»224. La

correspondancegénéralemontrequelaDirectiongénéraledel’exploitationimposaà

lacommissionmexicainedepayerl’espacequ’iloccupaitsurcetteplateformedèsle

27janvier1899,deuxjoursaprèsl’attributionduterrain.Dufaitdelaréductiondesa

surface,lasommeinitialede52275francsfutréduiteà41820francs.225

218J. GODOY,México en París : reseña de la participación de la República Mexicana en la ExposiciónuniversaldeParísenl889…,op.cit.219AGN,58/10..220Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième..,op.cit.,p.69.221Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomedeuxième,Paris,Imprimerienationale,1902,p.236.«ChapitreIX.Palaisdesarméesdeterreetdemer.15.Travauxextérieurs».222VoirAnnexe6.Tableau:Iconographierelativeàlaconstructiondupavillonmexicainde1900.223Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomedeuxième…,op.cit.,p.227.224Ibid.,p.237.225AGN,31/10

Page 66: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

65

Le 10 juillet 1899, Antonio Anza présenta auministère de la promotion huit plans

pour le pavillon, qui furent approuvés par Picard le 25 juillet226. En raison de

restrictionssécuritairesconcernantleséchageducimentdelaplateforme,lestravaux

necommencèrentofficiellementquele25septembre1899227,aumêmemomentque

ceux de l’édifice contigu. Mier y Celis indique qu’un hiver «exceptionnellement

rigoureux» compromit la vitesse de construction du pavillon, qui fut officiellement

achevéele14avril1900228,soitdeuxmoisetdemiaprèsladatelimitestipuléedans

lecontrat.

En décembre 1899, Anza dirigea au ministère de la promotion un rapport sur les

travaux229. Comme pour la majorité des pavillons nationaux, le palais néogrec fut

construitàpartird’unestructuredecolonnesetdepoutrellesenacier, sur laquelle

furent installés des piliers en bois. L’ossature fut recouverte et décorée par une

application de staff fabriqué avec du plâtre et des fibres qui permettait de donner

«l’apparencedematériauxsolides».230

L’espacenetoccupéparlabaseétaitde41,75mètredelongueuretde25mètresde

largeur, avecdeuxhexaèdres aux rayonsde8,90mètres sur les côtés. Le rectangle

centralfutinvestidevingt-quatrecolonnesioniques«dontlechapiteauétaitprisdu

temple d’Erechthée à Athènes, une des plus belles constructions du siècle de

Périclès»231. Ces colonnes soutenaient le premier étage et formaient une loggia

italiennequidégageaitdeszonesouvertes.Lacornicheétaitcouronnéesurlescôtés

pardesobélisques;Anzaprécisaitquesadécorationétaitdestylenéogrec,«dontles

formes courbes sont elliptiques, hyperboliques ou paraboliques, mais jamais

circulairescommechez lesromains». Il indiquaitque lestyledupavillon«rappelle

celuidecertainsédificespubliquesquiseconstruisentactuellementenAllemagne»

et qu’il consistait en une «architecture de la Renaissance de Florence virilisée par

226VoirAnnexe6.227AGN,31/10.228S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.97.229AGN,31/8.«DescripcióndelafachadadeledificiodeMéxicoparalaexposicióndeParís».230VoirAnnexe6231S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.108.

Page 67: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

66

l’influencesaxonne»232.Ildisaitqu’ilavaitprivilégiélanécessitéd’éviteruncontraste

désagréable avec le Palais des armées de terre et de mer; mais ses esquisses de

projetsmontrentquelechoixdustylenéogrecdataitaumoinsdedécembre1898.233

L’intérieurdupavilloncomprenaitdeuxétagesetunsous-solavecunesallede34,60

mètres de longueur et de 5,90mètres de largeur. La commission établit vingt-cinq

contrats, principalement par l’intermédiaire de L. Dior et de M. Beaulieu, pour

aménager et décorer l’édifice234. Tous les meubles acquis seraient par la suite

transférés à la ville de Mexico, pour le ministère de la promotion235. Beaulieu se

chargead’aménager lesalondesBeaux-Artspour lasommede21mille francset le

sous-sol pour celle de cinq mille francs. Cependant, le contrat le plus coûteux se

montaità65millefrancs,pourM.deCheminaisquilouapourl’ensembledupavillon

desvitrinesnoiresquiseraientrepeintesenblanc.Lesdépensespourl’installationet

lecourantélectriquesfurentrespectivementde20milleetde40millefrancs236.Mier

yCeliscomptemille lampespourl’intérieuret983lampespourl’extérieur237,dont

trentechandeliersquidonneraient,selonlesmotsd’Anza,«uncaractèreféérique»à

laloggia.238

Le salon des Beaux-Arts, situé sur l’un des hexagones latéraux (l’autre hexagone

comprenait l’escalier principal), était en même temps un salon de réceptions. Il

comprenait les deux étages et recevait un éclairage zénithal. Le mur circulaire fut

doté d’une base en bois imitation acajou avec des applications de bronze doré, sur

lequel futposéungrandmiroir, etqui fut couvertd’une tapisserieprovenantde la

Manufacture des Gobelins. Il comportait un canapé, deux fauteuils, quatre chaises

232AGN,31/8.Traductionpersonnelle.«Losperfilesdesuscornisassondeestiloneo-greco,enelquetodas las formas curvas son elípticas, hiperbólicas ó parabólicas ; pero nunca circulares como en elromano.»;«SuestilorecuerdaeldealgunosdelosedificiospúblicosqueseconstruyenactualmenteenAlemania»;«ArquitecturarenacentistadeFlorenciavirilizadoporlainfluenciasajona». 233Ibid.234Ibid.235AGN,31/3.236AGN,68/25,«InstalacionesenelPabellónmexicano,informes,reglamentaciones».237S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.238.238AGN, 68/25. «Los treinta candelabros que decoraran el pórtico de la fachada iluminaran estaprofusamentedándoleuncarácterfeérico».

Page 68: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

67

tapissées, trentechaiseset trois tablesrondes, le toutenacajouavecdesdécorsen

bronzedoré«styleEmpire».239

Outre les contributions réparties en groupes dans les deux étages principaux, la

commission avait prévu d’installer un restaurant au sous-sol. Le ministère de la

promotion établit le 15 novembre 1899 un contrat240avec Sylvain Daumont, qui

installerait le restaurant sur un espace de 204 mètres carrés et verserait 3% des

entréesbrutes.Ce contrat stipulaitque les ingrédients seraientdebonnequalité et

qu’ilpréparerait«selonlegoûtdupublicdesplatsdestylenettementnational»241.Il

fut convenu qu’il vendrait du café mexicain promu avec des affiches, ainsi que du

chocolat et des friandises traditionnelles des États du Jalisco, du Michoacán, de

Querétaro et de Puebla. Afin de promouvoir l’exportation de vins nationaux et de

boissonsalcoolisées,DumontferaitvenircesproduitsduMexiqueetlesvendraitau

public.

Cependant, aumoment de l’installation, quand le terrain se révéla trop petit pour

recevoir la totalité des contributions, la commission décida d’utiliser le sous-sol

comme annexe de l’exposition et le contrat fut finalement résilié le 22 décembre

1899242 . Le sous-sol fut utilisé pour les plus lourds et volumineux, ainsi que

l’expositiondelaRépubliqueduSalvador.

Le 2 novembre 1899,Mier y Celis accepta la demande queRafael Zaldivar, envoyé

extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Salvador à Paris, lui avait fait pour

exposerdesobjetsdanslepavillonmexicain.Cependant,Anzamanifestadescraintes

quandàlaperted’espacequecelaimpliqueraitpourleMexique,etle14novembrele

directeur de l’exploitation Delauney Belleville refusa la sollicitude du Salvador en

invoquant son caractère tardif. La résiliation du contrat du restaurant permit

cependantderenouvelerlademande,quifutacceptéele9janvier1900.Anzaattribua

239AGN,31/3.240AGN,32/5.241Ibid.Traductionpersonnelle.«Prepararsegúnlosgustosdelpublicoplatillosdeestilonetamentenacional».242AGN,32/4.

Page 69: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

68

au Salvador une vitrine de 2,60mètres sur 1,60mètres. Cependant, le contenu de

cetteexpositionnefutpasrecensédanslecatalogueduMexique.243

Danslecatalogueofficieldel’expositionuniverselle,lanoticesurleMexiqueindiquait

que«M.Anzaavaittiréunexcellentpartidubelemplacementdontildisposait»244.

Les coulisses de l’organisation révèlent que la commissionmexicaine dut affronter

unesériedecontraintesprincipalementliéesàlagestiondesterrainsparladirection

générale de l’exposition. La taille dupavillon, qui passait des3millemètres carrés

souhaités à 2137,5 mètres carrés, aurait permis au Mexique d’avoir le troisième

pavillon le plus grand dans la Rue des nations, juste après celui de l’Italie (2852

mètres)etceluidesÉtats-Unis(2421mètres)245.Maisl’agrandissementduPalaisdes

arméesdeterreetdemerentraînauneréductiondelasurfaceà1315mètrescarrés.

Decefait,leMexiquepassaàavoirleseptièmepavillonnationallepluspetitduquai

d’Orsay246. La situation obligea à la commission de reconsidérer ses critères de

sélectionpourobjetsetleurdisposition.

Organisation,choixetinstallationdescontributions

Aprèslanominationdeschefsdegroupesenjanvier1898247,ladeuxièmeSectiondu

ministère et la commission commencèrent à organiser la collecte des objets des

exposantsmexicains.Ellesdiffusèrentl’événementdanstoutlepaysetorganisèrent

le recueil des contributions avec la collaboration des administrations des états, et

grâceauréseaudecheminsdefers’étendantsur13615kilomètres248.Chaquechef

était responsable de concevoir le contenu des expositions de ses groupes, de

contacterlesexposantsoffrantlespièceslesplusintéressantesetdesuperviserleurs243AGN,68/17.244 Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel, Paris, ImprimerieLemercier,1900,p.129.«LaRépubliqueduMexiqueàl’ExpositionUniversellede1900».245Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers, Paris, Imprimerie nationale, 1902, p.671‑704.«Tableaunº4.Répartitiondesespacesaffectésauxsectionsétrangères».246Ibid.,p.688.247AGN,18bis/5.248E.SPECKMAN,«ElPorfiriato»…,op.cit.

Page 70: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

69

propositions. Certaines institutions scientifiques, proposant des contributions

considéréescommeparticulièrementpertinentes, furentdirectementcontactéespar

leministreFernándezLealetlecommissaireMieryCelis.Uneimportantepartiedes

recherches, des expéditions et des publications scientifiques sélectionnées fut

financéeparleministèredelapromotion.

Entre mars et avril 1898, la Deuxième Section distribua une série de circulaires

destinées aux gouverneurs des États, aux institutions publiques, aux compagnies

privées concernées, aux industriels, aux intellectuels et aux citoyens, invités par le

gouvernementàparticiperàlaconstitutiondel’exhibitionmexicaineàParis.Ladate

limitepour lesdemandes («lospedimentos») était le15décembre1898249, cequi

permettaità lacommissiondedisposerd’uneannéepoursuperviser les travauxen

connaissantlecontenudescontributions.

La première de ces circulaires, expédiée le 24 mars 1898 et rendue officielle le 5

avril250,initiaitleprocessusdecollecteensollicitantlacollaborationdesgouverneurs

desvingt-sept états.Elle futdistribuéeaccompagnéede cinqéditionsdu règlement

traduitenespagnoletdedeuxversionsenfrançais.Ellediffusaitlesnomsdeschefs

de groupes et ordonnait la mise en place de commissions locales chargées de

communiquer avec la commission de Paris, en suggérant une répartition des

responsabilitéssimilaire.Lescommissionslocalesdevaientétablirlecontactavecles

«agriculteurs, miniers et autres industriels», préparer une exhibition officielle de

chaque état «pour que tous les rameaux de l’administration soient dûment

représentés».251

Lescirculairesnº2etnº3du6avril1898étaientdestinéesauxagentsdesminesainsi

qu’aux agentsde l’agriculture et les chargeaient d’inviter et de stimuler la

participation des personnes concernées252. La circulaire nº4 du 4 mai 1898 fut

249AGN,11/9.250DiarioOficialdelaNación,5deabril1898.251AGN,21/9.Traductionpersonnelle.«Agricultores,minerosydemásindustrialesdeeseestado»;«quetodoslosramosdesuadministraciónquedendebidamenterepresentados».252AGN,21/11.

Page 71: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

70

distribuée directement aux entreprises industrielles, minières et d’exploitation des

eaux253.

Les chefs de groupes eurent recours à des modalités d’organisation similaires.

Fernando Ferrari Pérez, pour les groupes I, II, III et la Section rétrospective, fit

parvenirdenombreusescirculairesauxéditeursdejournaux,auxartistes,historiens,

écrivains,photographesetarchitectesmexicains.Ildemandaitaussiauxgouverneurs,

à travers un formulaire standardisé, d’envoyer des informations concernant

l’instructionpubliqueetlesécoles.Enseptembre1898,RafaelRamosArizpe,pourle

groupe V, demandait notamment aux gouverneurs une liste de personnalités

éminentes de l’industrie électrique, afin de les inviter personnellement. Comme les

autreschefs, ildemandaitdesplans,desnotices,desphotographiesetaffirmaitaux

exposants qu’il était «persuadé qu’une complète exhibition des applications faites

parcerameaudessciences[…]seraunmoyenefficacedefaireconnaîtreledegréde

cultureoùsetrouvecetimportantétat»254.JoséSegura,danssonrapportfinalpour

les groupes VII et IX, précise avoir envoyé des circulaires aux «propriétaires

d’haciendasetdefermesagricoles,auxindustriels[…]etplusgénéralementàtoutes

les personnes qui, par leur illustration, patriotisme et position sociale, pourraient

m’aider».255

Parmilescirculairesgénéralesdelacommissionmexicaine,lescirculairesnº5etnº6

du 6 avril 1898 concernaient soixante-six compagnies de chemins de fer. Elles

sollicitaient des données statistiques, des plans et des photographies,mais surtout

elles demandaient les «concessions spéciales» à offrir pour le transport du

personneldescommissionsetdesobjets256.DansunelettreàAntonioM.Anzadu23

avril 1900, Sebastián B. de Mier lui rappelait que «plus de cinquante» avaient

253AGN,21/10.254AGN, 22/9. Traduction personnelle. «(…) persuadido de que una completa exhibición de lasaplicacionesquesehanhechodeesteramodelasciencias(…)seráunamediosegurodedaraconocerelgradodeculturaaqueseencuentraeseimportanteEstado».255AGN,68/35.«Mandécircularesapropietariosdehaciendasyfincasagrícolas,industriales(…)yengeneral a todas aquellas personas que por su ilustración, patriotismo y posición social creí quemepodríanayudar».256AGN,21/12.

Page 72: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

71

«adjudiqué d’importantes concessions en bénéfice de ce ministère»257. Gabriel

Mancera, ingénieur et entrepreneur, répondait le 14 avril 1898 que sa compagnie

feraituneremisede50%pourlesobjetsetpermettraitàtoutlepersonneldevoyager

gratuitement. Mancera avait représenté le Mexique à l’Exposition universelle de

Philadelphie en 1876, et y avait établit des liens qui lui permirent de construire le

chemindeferd’HidalgoetduNordeste.258

Leréseaumexicaindecheminsdefers,symboledelamodernitéporfirienne,étaitun

secteurd’excellencedelaprésencemexicaineauxexpositionsinternationales.Dansla

pratique, ce réseau fut fondamentalpourmeneràbien lesprojets.Lescompagnies,

qui étaient enmajoritédes concessionsprivées, assuraient la communication entre

les différents agents de l’organisation, le transport d’objets et de personnel, mais

aussil’exécutiond’expéditionsscientifiques.QuandPorfirioDíazarrivaaupouvoir,il

n’yavaitque640kmdevoies ferrées,principalemententre lacapitaleet leportde

Veracruz.Àlafindurégime,lepayscomptait19280kmdevoiesreliantlesvilleset

les régions avec les ports et la frontière du Nord. Le développement du réseau,

préalable fondamental pour l’amélioration des participations mexicaines aux

expositions internationales, fournissait5582kmdecheminsde feren1885,8544

km en 1890, puis 13 615 km en 1900259. Les rapports du Jury du groupe VI de

l’Expositionuniversellede1900 indiquent578kmen1875,10897kmen1892,et

environ13000en1900.260

Le ministère de la promotion rembourserait les compagnies selon les concessions

accordées, de façon à ce que leurs responsables aient seulement à recevoir des

indications télégraphiques pour faciliter le transport d’objets et de personnes. Le

ministère s’occuperait aussi des transports en dehors du territoire national. Le

rapport administratifde l’expositionuniverselle signale,dans le tableaudes crédits

257AGN, 58/4. Traduction personnelle. «Más de cincuenta de estas compañías han tenido a bienadjudicarimportantesconcesionesenbeneficiodeesteministerio».258M. de L. HERRERA FERIA, Puebla en las exposiciones universales del siglo XIX : la inserción de unaregiónenelcontextoglobal…,op.cit.259E.SPECKMAN,«ElPorfiriato»…,op.cit.260Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportsdujuryinternational.GroupeVI.Géniecivil.Moyensdetransport.Premièrepartie.Classes28à32,Paris,Imprimerienationale,1902,p.400.

Page 73: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

72

accordésauxpays,quelesfraisdetransportdesobjetsverslaFrancerevenaientsoit

auxexposants,soitaucommissariatgénéral,àl’exceptionduMexiqueetdelaCorée,

lesdeuxseulspaysdontlesgouvernementsfinancèrenteux-mêmescettedépense.261

Les «pedimentos», formulaires de candidature pour les contributions, étaient

disponibles gratuitement dans les bureaux locaux de tous les états et dans les

dépendances ministérielles relevant de l’agriculture et de l’administration du

territoire 262 . Ils signalaient les principales dispositions auxquelles devait se

soumettretoutexposant:

«Lescoûtsd’emballageetdetransportjusqu’àlastationdechemindeferlaplusprocheoujusqu’à

la capitale, s’il n’y a pas de voie ferrée, seront payés par le particulier, le territoire ou l’état qui

effectue l’envoi.Lesexposantsn’aurontpasàpayerdechargespour l’occupationdes locauxdans

l’édificeduMexiqueàParis,nipourletransportenchemindeferouennavireàvapeur,jusqu’au

lieudel’Exposition,maisdevrontpayerlesinstallationsspéciales».263

Lescandidatsdevaientindiquerplusieursinformationssurleursobjets,dontleprix

courant, le volume de production, ses propriétés et applications, et ils devaient

mentionnersi lapièceavaitétéproduitespécialementpour l’exposition264.Pour les

exposants les plus importants, la demande n’était qu’une formalité, car ils furent

recherchésetcontactésaupréalableparlescommissions.

Plusieurs institutions participantes furent elles aussi directement contactées par le

ministredelapromotionetparlecommissairegénéral.Ellesavaienttoutesconcouru

à des expositions universelles antérieures et se trouvaient pour la plupart

administrativement liées au ministère. Elles furent convoquées à participer entre

févrieretmars1898,soitdeuxmoisavant ladiffusiondescirculairesgénérales.En

décembre, Fernández Leal les invita à envoyer des sollicitudes d’admission, ce qui

261Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier…,op.cit.,p.256.262AGN,11/9.263AGN,67/6.Traductionpersonnelle.«Losgastosdeempaqueyconducciónhasta laestaciónmáspróximadeferrocarril,óhastalaCapital,sinohubiesevíaférrea,correránporcuentadelparticular,delterritorioódelEstadoquehacíaelenvío(…)LosexpositoresnotendránquesufragargastoalgunoporarrendamientodelocaleneledificiodeMéxicoenParís,niportransporteporferrocarrilóbuquedevapor,hastaellugardelaExposición,perosítendránásucargolosdeinstalacionesespeciales».264AGN,67/6.

Page 74: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

73

permettraitdecataloguerleursobjetsuneannéeàl’avance265. LadeuxièmeSection

finança la recherche de ces entreprises ainsi que la fabrication des objets qu’elles

allaientexhiber.

La Commission géographique exploratrice envoya sa participation complète le 5

février 1900. La contribution la plus importante fut celle de sa section d’histoire

naturelle, directementdirigéeparFernandoFerrari Pérez (chef des groupes I, II et

III),quienétaitledirecteur.Ildemandaenmars1899àl’ÉtatduGuerrerodefournir

des chasseurs pour tuer des oiseaux, des reptiles et des mammifères qui seraient

ensuitetraitésparuntaxidermisteaufraisduministère266.Àpartirdejuin,ilengagea

desauxiliairesde laCommissionen tantqu’«agentsvoyageurs»pour collecterdes

échantillons dans tout le pays et enrichir ainsi la section d’histoire naturelle.

Francisco Rio de la Loza acheta des peaux à Tepic et Otto Krieger rassembla de

nombreux insectes. La collection s’accrut au point d’excéder les possibilités de

rangementdisponibles,etladeuxièmeSectiondûacheter300boîtespourinsectes267.

D’autresagentsvoyageurs,commeJoséRivera,profitèrentdeleursexcursionsetde

la gratuité des transports pour distribuer des prospectus et des sollicitudes de

participationdanslesÉtatsdeVeracruz,CampecheetYucatán.268

L’InstitutGéologiqueenvoyale22août1898unedemandedebudgetpoureffectuer

des analyses géologiques et des relevés topographiques entre les ports d’Acapulco

(côtepacifique)etdeVeracruz(côteatlantique).Leministèreluioctroyales10760

pesos demandés et fit les démarches nécessaires auprès de trois compagnies de

chemin de fer pour faciliter les déplacements des topographes entre le Veracruz,

Puebla, Oaxaca et le Guerrero. La deuxième section demanda aussi aux

gouvernements locaux de contacter les maires et les propriétaires des terrains

265AGN,54/11.266AGN,42/2267Ibid.268AGN,20/11

Page 75: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

74

concernés, pour obtenir l’autorisation de ses travaux. L’institut géologique envoya

toutessesproductionsle2février1900.269

L’Institut médical, spécialisé dans les plantes médicinales mexicaines, notifia le

commencement de ses travaux le 23 septembre 1898. Il reçut 3 200 pesos pour

financerdesexcursionsdanslesÉtatsduMorelosetduGuerrero, letransportétant

assuréentreavriletmars1899parlaCompagniedescheminsdeferdeCuernavaca

etduPacifique.Ilremituninventairefinalavecsesobjetsle12janvier1900.270

L’Observatoiremétéorologiquecommençaàpréparersacontributionenaoût1898.

Le11novembre1899,ilfitparvenirauministèreuneboite,reçueparFerrariàParis

le 18 novembre, contenant des publications, des cartes climatologiques et des

tableaux en partie effectués à la demande du ministère271. Ses employés avaient

bénéficiédedéplacementsgratuitsdanstoutlepaysetfurentassistésparaumoins

quatre municipalités (Cuernavaca, Guadalajara, Morelia, et Puebla), préalablement

contactéesparFernándezLeal272.Finalement, l’ObservatoiredeTacubaya,àMexico,

et le Département des poids et mesures commencèrent leurs travaux le 8 février

1898 et demandèrent au ministère de financer des postes auxiliaires pour 2000

pesos.Ilsenvoyèrentleurstravauxenjanvier1900.273

Cesparticipationsinstitutionnellesmontrentqueleministèredelapromotionétablit

une coordination efficace des diverses instances publiques et privées en vue de la

production des objets présentés à l’exposition universelle. Par ailleurs, d’autres

projets bénéficièrent de ressources importantes tout en provenant d’institutions

indépendantes au ministère. C’est le cas du Conseil supérieur de salubrité et de

l’Académiedejurisprudence,exposantshabituelsdesexpositionsinternationales,qui

n’informèrent pas de l’état de leurs contributions en dehors des demandes

d’admission 274 . L’avancement des travaux d’autres exposants importants, des

269AGN,54/12.«ParticipacióndelInstitutoGeológico».270AGN,54/10.«ParticipacióndelInstitutoMédicoNacional».271AGN,43/13.«ParticipacióndelObservatoriometeorológicoMagnético».272AGN,54/15.273AGN,54/8.274Ibid.

Page 76: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

75

institutionsfédéralestellesquelaSociétémexicainedegéographieetdestatistiques

et laSociétémexicained’histoirenaturelle,ne futpasenregistrépar lacommission.

Enfin, de nombreuses autres institutions régionales et municipales concoururent

également par le biais du processus de sélection officiel en communicant avec les

commissionslocales.

Si le rapport final de l’Exposition de Sebastián B. deMier recense 2143 exposants

mexicainseffectifs275,leministèreavaitreçuuntotalde3500demandesd’admission,

à la fermeture du concours le 15 décembre 1899276. Entre janvier 1899 et février

1900277, ladeuxièmesectionentreposalesobjetsdans l’entrepôtdesBetlemitas,un

ancien hôpital appartenant auministère et dont le réaménagement s’éleva à 1000

pesos278 . Mier signale qu’une partie des contributions, «pour certains groupes

considérables»,arrivaàlavilledeMexicotrèstardivement279,etlacorrespondance

entreAnzaetFerrariPérezindiquequ’àlafindefévrier1900lacommissionrecevait

encore des boîtes à Paris280. Manuel Flores, dans son rapport final transmis à

FernandezLealle1eraout1900,préciseque,dufaitduretard,«beaucoup»deboites

furent envoyées à Paris sans avoir été ouvertes au préalable au Mexique et qu’en

conséquenceunepartiedelasélectiondûtêtreeffectuéesurplace.281

Lacommissionreçutautotal337boîtes282.Enraisonduretarddanslaconstruction

dupavillon,l’installationnecommençaquedansladeuxièmequinzained’avril1900.

Miersignalequ’unebonnepartiedesobjetsn’avaitpasencoreétéexaminéeetqueles

chefsdegroupesne connaissaientpas leurs caractéristiquesphysiques283.Eneffet,

surlesvingt-quatrequestionsduformulairededemandedeparticipation,aucunene

275S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.247.276AGN,58/13.277AGN,42/2.278Ibid.279S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.280AGN,54/23.281AGN,67/6. Seulement certainesdesboîtesqui furentouvertes àParis sontmentionnéesdans lacorrespondance.282AGN,68/25.283S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.

Page 77: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

76

portaitsur lepoidset la tailledesobjetsàexposer284.Enavril1900, lacommission

savait seulement «que les produits prédominants étaient ceux de l’agriculture, les

mineraisetleslivresetcollectionsscolaires».285

LerécitdeMierfaituneapologiedesexploitsdelacommissionetprincipalementdes

exploits des chefs de groupe. Son rapport sur la construction et sur les travaux

d’installationestengrandemesureunechroniquedesrusesetastucesconçuespour

contourner certaines contraintes. Ces contraintes sont indirectement mais

systématiquement liées à la direction générale de l’exposition et aux expositeurs

mexicains, et le texte ne signale presque aucunedifficulté dans l’organisation de la

commissionetentresesmembres.Les lettresflatteusesadresséesauministrede la

promotion et au président Díaz ne mentionnent aucun désagrément ou conflit

interne. Le circuit de communication entre les acteurs, tel que le montrent les

archives,estverticaletnecontientpasdetracedecontactsentreleschefsdegroupe,

endehorsdesréunionsgénérales.Cecircuitmontreavant tout laprédominancede

codes de comportement de cordialité entre les membres. Par exemple, il est

impossible de déterminer à quel moment l’ignorance des dimensions et poids des

produits s’avéra être un problème ou une erreur, ni quelle instance ou quelle

personneenfutresponsabilisée.

Si l’onpossède lesélémentspourcomprendre le retardementde laconstructionde

l’édifice et celui de la livraison des boîtes, il reste difficile d’évaluer l’efficacité des

chefsdegroupesqui,selonlesrapports,nepouvaientprocéderàlasélectiondécisive

qu’au moment où les objets arrivaient à Paris. Cependant, le transport des

contributions institutionnellesmontrequepour les processus internes leministère

mit en place une organisation efficace et qu’il fut capable de produire ses

contributionsdanslesdélaisimposés: lesinstitutionsrelevantdeluiremirentleurs

travauxauplustardenfévrier1900.

QuandàMier, ilexpliquait leretarddesopérationspar latailledupavillon :«Jene

peux pas cacher au ministère qu’un local plus grand aurait été plus favorable à

284AGN,67/6.285S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.

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77

l’expositionmexicaine; que l’inévitable retard que l’inauguration a souffert émane

principalementdelanécessitédecirconscrireunevastecontributionàunlocalréduit

pourlecontenir»286.Eneffet,l’espaceneserévélalargementinsuffisantqu’àl’étape

delasélectionréaliséeàParis.Dansunelettredu5marsauministreFernándezLeal,

Anza expliquait que «les 3 000mètres sollicités au début ne suffiraientmêmepas

pour que l’exposition soit complète». Il notifiait qu’une réunion aurait lieu pour

«établir surquels critères l’onchoisira lesmeilleursobjets»287.L’alternative finale

fut «sacrifier des exposants ou réduire chaque contribution»288. Selon Mier, les

commissaires optèrent pour une diminution équitable des pièces. Cependant, une

comparaison du catalogue définitif avec les demandes d’admission révèle que les

institutionsprochesduministèrefurentprivilégiées.

Lesboîtesconcernant laparticipationde1900,auxArchivesgénéralesde lanation,

ne contiennent que quelques exemples de «pedimentos». Cependant, une liste de

touteslesdemandesfaitesjusqu'àdécembre1900futproduiteinvolontairement.Le

rapport de Mier recensait 2143 exposants289, tandis que le rapport général de

l’exposition indiquait la quantité de 3478, en spécifiant les classes290. Le 15 février

1900, la direction générale avait demandé au Mexique d’envoyer son catalogue

complet291. La commission, qui n’avait pas encore effectuée d’inventaire définitif,

formaunelisteprovisoireetl’envoyale17février292.Dansunelettredumêmejour

adressée à Fernandez Leal, Mier expliquait qu’elle avait du envoyer une liste

contenantles3500demandesd’admission,sanstripréalable.Mierexpliquedansson

rapportfinalquecettelistecirculalargemententrelesjurysetqu’ellenefutrectifiée286AGN,68/24.«Nodeboocultaraesasecretaríaqueunlocalmasvastohubierasidomasfavorableala exposición mexicana; que el inevitable retardo que la inauguración a sufrido han dimanadoprincipalmentede lanecesidaddecircunscribiruncontingentemuyvastoenun local reducidoparacontenerlo».287AGN, 54/23. «Ni los 3000 metros solicitados previamente alcanzarían para que la exposiciónquedecompleta(…)lacomisiónsereuniráparaestablecerbajoquécriteriosseescojeranlosmejoresobjetos».288S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.114.289Ibid.,p.247.290Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit.,p.659.291AGN,58/13.292Ibid.

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78

qu’avec la publication du Catalogue officiel spécial du Mexique293 à l’imprimerie

Lemercier294. Cependant, le Catalogue général officiel de l’exposition295, édité au

préalableparlamêmemaisond’édition,indiquelesmêmesquantitésparclasseque

lerapportgénéraladministratif,soituntotalde3478exposants.Ceciveutdireque,

tandisquelelivredeMieretlecataloguespécialduMexiquecontiennentleschiffres

actualisés, les deux ouvrages français utilisèrent la liste des demandes d’admission

antérieure à l’épuration finale effectuée par les chefs de groupes296. Cette liste

contient des objets qui ne furent pas présentés et exclut en même temps des

participantsquin’avaientpasétéprévusaumomentdesonexpédition.

Lacomparaisonentrelalistedesdemandesetlecataloguedéfinitifpermetd’établir

certainsconstats.D’abord,s’iln’estpasexcluquelescollectionsaientétéréduites,la

commissionchoisitdeprésenterlatotalitédescontributionsinstitutionnellesquele

ministère de la promotion avait financées, à l’exception d’une exposition d’art

indigène.Demême, lagrandemajoritédesobjetsduministère (principalementdes

livresetpublications)restaitsur la liste finale.Deuxièmement, ilyeutdesproduits

d’institutions municipales filtrés, tandis que ceux des niveaux régional et fédéral

furent retenus dans leur presque totalité. L’exposition conserva cependant sa

diversité et les exposants particuliers ayant perdu des objets se trouvaient être

surtoutceuxquienavaientleplus.Finalement,lacommissiondécidadegardertous

lesproduitsdestinésàlavente,notammentletabacetlescigarettesmanufacturées,

ainsiquedesobjetsenonyx.297

L’exhibitionfutinauguréele8mai,bienquelesous-soln’aitétéouvertaupublicque

le9 juin298. Lepaysparticipaitdans97des120classes et exposaitdesobjetsdans

293CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900…,op.cit.294S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.132.295Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel…,op.cit.296Lerapportgénéraladministratiffutpubliéen1902,maisilestcompréhensiblequelessourcesdesestableauxd’ensemblesoientprochesousimilaireàcellesutiliséeparlecataloguegénéral,etqu’ellesexcluentuncatalogueparticuliercommeceluiduMexique. Il sembleraitque lacommissionn’aitpasprévuoun’aitpaspuéviterquelerapportfinalreprennelalisteprovisoirelargementdiffuséecommedéfinitive:larectificationfutfaitechezunparticulieretpasavecladirectiongénérale.297AGN,68/19.298AGN,68/24.«Inauguracióndelpabellónmexicanoydemásfiestasenlaexposición».

Page 80: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

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touslesgroupes299.Lacollectionfutdiviséeentroispartiescorrespondantauxétages

de l’édifice. Au premier, des vitrines furent installées pour contenir les objets de

petite taille. Le rez-de-chaussée, doté d’étagères destinées aux objets de taille

moyenne,hébergeaaucentredesmachinesélectriquespourfabriquerdescigarettes

de la compagnie «El Buen Tono», opérées par des «ouvrières pittoresques et

richement vêtues»300. Le sous-sol était destiné dune part aux objets lourds ou

requérantplusieurspointsd’observation,etd’autrepartàunepartiesubstantiellede

l’exhibitiondelaCommissiongéographiqueexploratrice.301

Le 9 août 1900, les chefs de groupe reçurent l’instruction de rédiger des rapports

pour contribuerà lapublicationdu livredeMier. Ils y indiquent lesobjets lesplus

importantsdanschacundeleursgroupes,selondescritèrestelsquelesrécompenses

reçues, l’intérêt manifesté par les visiteurs et les industriels, leur qualité et leur

originalité.302

CarlosSellerierfitétatdesventesd’objetsenOnyx«présentéspourlapremièrefois

demanièreintéressanteetartistique»303.Ilmentionnaégalementlaforteimpression

produiteparlescompagniesminières«ElBoleo»,«Pachuca»et«RealdelMonte»,

dufaitde«l’importanceetexacteclassificationdeleursproduits»304.L’expositionde

«ElBoleo»montraittouteslesphasesd’exploitationducuivreetétaitillustréeavec

desphotographiessursesdiversétablissement305.

Pour le groupeVII «Agriculture» et VIII «Aliments», José Segura avait réuni 670

exposants,ainsiqu’uneexpositionduministèrede lapromotionsur3000produits.

Ceuxquiobtinrentleplusdesuccèsfurentlavanille,l’henequenetlecafé.Legroupe

IXprésentaitunecollectiondeboisdetouteslesespèces,surtoutd’ébèneetd’acajou,

299 Voir Annexe 1. Tableau: expositeurs mexicains et prix obtenus par groupe à l’expositionuniverselledeParis1900.300AGN,68/24.Traductionpersonnelle.«obreraspintorescayricamenteataviadas».301AGN,68/24.302AGN,68/35303Ibid.Traductionpersonnelle.«Presentadosporprimeravezdemanerainteresanteyartística».304Ibid.Traductionpersonnelle.«LaspoderosascompañíasdelboleoydePachucayrealdelmontellamanlaatenciónporlaimportanciayexactaclasificacióndesusproductos».305AGN,68/24.

Page 81: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

80

provenantdesÉtatsdeColima,TabascoetYucatán.Pour le groupe IV, Luis Salazar

insistaitparticulièrementsuruncompresseurd’airconçuparFranciscoArevaloqui,

bienquenonprimé,avaitintéressédesindustrielsaméricainsetallaitêtreprésenté

danslarevueaméricaine«L’aircomprimé».

Ferrarisoulignal’importancedescontributionsinstitutionnellesenindiquantqu’elles

relevaient de deux domaines: la collaboration pour développer la connaissance du

territoiremexicain;lesprogrèsdansl’éducationetl’administrationpublique.Seulle

groupeXVII«Colonisation»futfaiblementillustré,avecunseulouvrage306,quireçut

tout de même une mention honorable et dont l’importance est attestée par la

distributiongratuitede500copiesparlecommissaire.307

Récompensesobtenues

L’organisation et les stratégies d’exposition déployées par le Mexique paraissent

avoir été fécondesdans lamesureoù le pays obtint davantagedeprix qu’en1889,

avec une participation substantiellement plus réduite. L’Exposition universelle de

1900 établit un système de récompenses hiérarchisé dont la distribution serait

assuréeparunjuryinternationalcomposédemembresdetouteslescommissions308.

Commeen1889,ilétaitdiviséentroisniveaux:jurysdeclasses,jurysdegroupeset

jurysupérieur.Lesrécompenses,sousformedediplômessignés,serépartissaienten

cinqcatégories:grandsprix,médaillesd’or,médaillesd’argent,médaillesdebronze

etmentionshonorables309.Lesexpositionscollectivesnerecevaientqu’unprix(pour

lesplurinominales,undiplômeétaitdistribuéà chaquemembre). Les travauxpour

l’assignation des prix commencèrent à la fin demai 1900 et la distribution en fut

effectuée le 18 août. Au total 45 944 récompenses furent dispensées, dont 3 156

306CatalogueSpécial.GroupeXVII/Classe113.AlbertoCorrea.Ouvragesurlasituationéconomiquedel’étatduTabasco.307AGN,59/1.«Obrasqueseremitenalcomisariogeneralparasudistribuciónenlaexposición»308Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit. «Décretdu4aout1894portantRèglementgénéralpourl’Exposition».Article76.309Ibid.Article88.

Page 82: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

81

grands prix, 8 889médailles d’or, 13 330médailles d’argent, 12 108médailles de

bronze et 8 422mentions honorifiques. La France et ses colonies reçurent 23 632

récompenses. Suivaient les Etats-Unis (2378), l’Italie (2019) et la Grande-Bretagne

(1865).310

LeMexiqueoccupait la9emeplace,avec1088311récompenses,dont33grandsprix,

114médaillesd’or,242médaillesd’argent,342médaillesdebronzeet357mentions

honorables. En 1889, il avait reçu 873 récompenses, dont 14 grands prix et 114

médailles d’or. C’est à dire qu’en 1900, 51% des exposants furent récompensés,

tandisqu’en1889iln’yenavaiteutque31%.

Quant aux jury mexicain, il comptait douze titulaires et cinq suppléants, parmi

lesquelssetrouvaientFerrari(classe3),LuisSalazar(classe29),JoséSegura(classe

41),CarlosSellerier(classe63),EduardoZarate(clase84),FranciscoRiodelaLoza

(classe 87) et Manuel Flores (classe 91)312. Finalement, le gouvernement français

accorda pour la première fois la Légion d’honneur auxmembres des commissions

étrangères. Mier fut nommé Commandeur, Antonio Anza, Officier et les auxiliaires

RamónFernándezetManuelGarcíaTorres,Chevaliers.313

DanssondernierrapportàParis,dirigéauprésidentDíazetrelatifauxrécompenses,

Mier établissait quels étaient les trois groupes avec lesmeilleures exhibitions, «les

trois grandes sources de richesse du pays»314. Le groupe VII «Agriculture» fut

couronnéavec10grandsprix,dont9concernantlaclasse39(Produitsalimentaires

d’originevégétale).Cette classe reçut144prix surun totalde209prixassignésau

groupe VII. Il s’agissait principalement d’échantillons de café, de céréales et de

310Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit.«Tableaunº7.Statistiquesdesrécompensesd’exposantsparpays,parclasseetparnaturederécompense».311Les actes officiels indiquent 1037 prix. Pour les récompenses distribuées au Mexique, nousutilisons la liste éditéepar leministèrede lapromotion.VoirListadelasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosenlaexposiciónuniversaldeParis1900,México,Tipografíade laSecretraríadeFomento,1901.312AGN,68/35313AGN,55/6.«distincioneshonoríficasalacomisión».314AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«Lastresgrandesfuentesderiquezadelpaís».

Page 83: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

82

légumineuses.LeMexiquefutletroisièmepaysleplusrécompensédanscegroupe315.

LerapportduJuryinternationalindiqueque,danslaclasse39, lepaysmanquaitde

documentation relative à l’avenir de son agriculture. Il signalait que, sur les 350

exhibitions mexicaines, les plus intéressantes étaient celles du ministère de la

promotion,cellesdesÉtatsduChiapas,duVeracruz,duNayaritetduGuerrero,ainsi

quecelledelaSociétéagricolemexicaine316.NotonsqueMieravaitparticipéetgagné

un grand prix ainsi qu’une médaille d’or pour les céréales de ses haciendas.

Cependant,sanominationcommemembreduJurysupérieurleplaçaobligatoirement

horsconcours.317

LegroupeXI«Mines.Métallurgie» fut le secondàgagner leplusde récompenses :

quatregrandsprixet13médaillesd’or.LesrapportsduJuryindiquentqueseule la

compagnie duBoleo apportait des informations intéressantes318, que la production

du plomb avait quadruplé depuis 1889319et que les exposants avaient rapporté

d’excellentséchantillonsdefer.320

LegroupeIII«InstrumentsetProcédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts»gagna

trois grands prix et dix médailles d’or grâce à la bibliothèque composée par le

ministèredelapromotion.MierexpliquaitquelesuccèsdugroupeIIIsedevait«àla

profusionetsupérioritédelacontributionlittéraire,scientifiqueetphotographique;

à la contribution bibliographique du ministère de la promotion et en général à la

hautecultureintellectuelledupays».321

315Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportgénéraladministratifettechnique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers…,op.cit.«Tableaunº7.Statistiquesdesrécompensesd’exposantsparpays,parclasseetparnaturederécompense».316Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe VII.Agriculture.Classes35à42,Paris,Imprimerienationale,1902,p.570.317AGN,55/8.318Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe XI.Minesetmétallurgie.Deuxièmepartie.Classe63(TomeII),Paris,Imprimerienationale,1902,p.274.319Ibid.Premièrepartie.Classe63(TomeI),p.64. 320Ibid.Quatrièmepartie.Classes64et66,p.86.321AGN, 68/35. Traduction personnelle. « Debió su éxito a la profusión y superioridad del contingente literario, científico y fotográfico; al bibliográfico de la secretaria de fomento y en general a la alta cultura intelectual del país ».

Page 84: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

83

La distribution de récompenses était un facteur déterminant pour établir des

consensussurlaqualitédesobjetsexhibésetelleavaitunimpactnonnégligeablesur

leursuccèscommercial.Lesverdictsexprimaientlareconnaissancegouvernementale

internationale et accordaient un prestige utile aux exposants décorés. Les prix ne

reflètent cependant qu’indirectement le sens des échanges commerciaux et

industriels effectués lors des expositions universelles et le processus d’attribution,

depuis le choix desmembres du jury jusqu’à la délivrance des diplômes, est aussi

politique et diplomatique. La commission mexicaine de 1900 fournissait des

informations, dans sa correspondance, sur des négociations entreprises pour pour

obtenir des prix. Ainsi,Mier expliquait auministre Fernandez Leal lesmanœuvres

qu’ilavaitentreprisentantquemembreduJurysupérieur322.IlnégociaavecPicard

l’attributiondedouzeplacesaulieudedixauxjurystitulaires,ainsiquelafacultéde

choisir les classes correspondantes. Ildéfendit, sans succès,unparticuliermexicain

quiavaitexposédes sucres jugésdequalité, sans recevoirdeprix323.Finalement, il

assurait avoir convaincu Mr. Bartholdi et Mr. Bourguereau, membres du jury du

groupe II «Œuvresd’art»,dedéfendre leMexique. Il lesmiten relationavec Jesús

Contreras,quileurmontral’expositionmexicained’artetquifutrécompenséavecun

grandprixetnomméChevalierdelaLégiond’honneur.324

Le succès du Mexique, en termes de récompenses reçues à l’Exposition de 1900,

résulteenpartiedel’expérienceaccumuléeparsacommissionaufildesexpositions

précédentes,enpartiedesnégociationsavecladirectionetlesjuryspourobtenirdes

résultats favorables, et aussi de la stratégiede synthèse choisie. Paradoxalement, il

résulte aussi de l’obligation imposée à la commission de sélectionner sur place les

meilleursobjetspourlesdistribuerdansunespacesubstantiellementplusréduitque

celuide1889.

322AGN,68/35323CatalogueSpécial.GX/C29.LuisGarcíaPimentel.Janletelco,ÉtatdeMorelos:Sucres.324CatalogueSpécial.GII/C9.JesúsContreras.México..«Malgrétout»,sculptureenmarbre.

Page 85: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

84

Publicationsfrançaisessurlepavillon

Les journalistes français et étrangers circulant à Paris pendant l’Exposition

universelle de 1900 firent la chronique de son déroulement et de ses évènements

spéciaux en adoptant généralement un ton festif et élogieux sur les célébrations.

L’imagenationaleduMexiqueélaboréeparsacommissionfutbienreçueetassimilée

parlapresse,danslamesureoùdenombreuxarticlesdiffusèrentdesinformationset

des opinions répondant exactement aux objectifs du projet promotionnel mis en

œuvreparleministèredelapromotion.

Les journaux avaient comme sources principales le pavillon, les membres de la

commissionetleslivresdistribuésetreproduisaientsouvent–parfoistextuellement–

le contenu des publications officielles et publicitaires éditées ou financées par le

ministère.Si les idéesdiffuséesparces journauxfaisaient largementéchoaux idées

constitutivesdelaculturepromotionnelleporfirienne325,ilfautcependantdistinguer

la presse et les publications françaises de la production proprementmexicaine. En

effet, comme les discours coïncidaient et que le régime de Porfirio Díaz

subventionnait depuis ses débuts des publications françaises sur leMexique326, les

frontières restaient troubles. De plus, les archives témoignent d’une possible

influencedelacommissionsurlecontenudecertainsjournauxetouvragesfrançais

concernantl’Expositionuniverselle.

Lespublicationsfrançaisesetmexicainessontcependantdesélémentsdistinctsdans

lecircuitpromotionnelporfirien,concrètementséparéesdufaitdeleurproductionet

leurdistribution.Lesouvragesduministère,offertsouvendussurlepavillon,étaient

en grande partie des objets exposés. Certains furent commandés et les contrats

établis avec leurs auteurs montrent que leurs contenus avaient été supervisés.

D’autres étaient des ouvrages classiques, sélectionnés pour leur importance et

réimprimés au Mexique327 . Par contre, aucun projet officiel ne fut établi pour

325G. YEAGER, «Porfirian Commercial Propaganda: Mexico in the World Industrial Expositions»…,op.cit.;P.RIGUZZI,«Méxicopróspero.Lasdimensionesdelaimagennacionalenelporfiriato»…,op.cit.326VoirAnnexe4.LittératurepromotionnellesurleMexiquecirculantenMexiquejusqu’à1900.327VoirAnnexe4.

Page 86: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

85

contrôler les articles de presse. Tout en diffusant l’image souhaitée, leurs auteurs

dépendaient d’instances organisationnelles et financières étrangères au

gouvernementmexicain.

La distinction était opérée par les organisateurs eux-mêmes. Mier, qui d’une part

reconnaissait dans son rapport public l’importance de la littérature publicitaire et

évoquait ladistribution,en1889eten1900,de livrescommandéspar leministère,

soulignaitparailleurslanon-interventiondelacommissionausujetdespublications

périodiques: «il neme correspondait pasd’intervenirdans la rédactiondes études

publiées par la presse, ni de déterminer le sens que celle-ci imprimerait à ces

appréciations»328.Ilselimitaà«fourniràtouslesrédacteursquilesouhaitaientles

donnéeset informationsqu’ilsdemanderaientparrapportauxsujetsetproduitsdu

Mexique;etjeduleurdonneruneampleliberté[…]»329.Ilajoutaitque,mêmesicette

libertéavaitpu«porterpréjudiceauprogrammepublicitaire,perçucommeporteur

de certaines incohérences, elle imprimait à leurs appréciations une marque

d’impartialité spontanée» 330 . Finalement, Mier considérait que «l’ensemble

correspond,engrandemesure,auprogrammequej’auraisentrepris».331

Leministère était attentif à la presse et aux publications des autres pays. Antonio

Anza se chargea d’envoyer à Fernández Leal, entre novembre 1899 et juillet 1899,

certains articlesmentionnant le pavillonmexicain: cinq exemplaires duFigaro (29

novembre 1899), cinq de La revue de Paris (décembre 1899) et douze de La

IlustraciónEspañolayAmericana(1erjanvier1900)332.Ilenvoyaaussiunexemplaire

328S.B.DEMIER,Méxicoen laExposiciónUniversal Internacionalde1900…,op.cit., p.184. Traductionpersonnelle. «No me era dado inmiscuirme en la redacción de los estudios que publi- cara la prensa, ni tampoco determinar el sentido que esta imprimiera á sus apreciaciones, favorables ó contrarias»..329Ibid.Traductionpersonnelle.«Suministraryámandarquesesuministrasenátodoslosredactoresquelodesearan,cuantosdatoséinformessolicitasenrelativosáasuntosóproductosdeMéxico;ytuvequedejarlesamplialibertad,lomismoenlaeleccióndetemas,queenlamaneradecomentarnuestrascosas». 330Ibid.Traduction personnelle. «Esta libertad de acción, en que forzosamente tuve que dejar á laprensa,sienalgopudodañarálacomposicióndelprogramadepublicidad,queseresentíadeciertaincoherencia,encambioimprimíaásusapreciacionesunsellodeespontáneaimparcialidad»..331Ibid.Traductionpersonnelle. «(…)numerosos artículos y ecos relativos áMéxico, cuyo conjuntocorresponde,engranparte,alprogramaqueyohubieraqueridosesiguiese».332AGN,59/1.«Publicacionesdiversassobrelaexposición».

Page 87: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

86

duJournalofficieldelaRépubliquefrançaisedu15avril1900aulendemainde

l’inaugurationgénérale,puisdestranscriptionsdesdiscoursd’ÉmileLoubetet

duministreducommerceMillerandle8mai.Le19, il fitparveniràFernándezLeal

cent exemplaires de la Revue technique de l’exposition universelle de 1900, qui fut

distribuéaupremierministreetauxministresdesrelationsétrangères,delajustice,

desfinancesetdelaguerre333.Ilenvoyaégalementle23maiunguidedelalibrairie

Chaixcontenantunarticlesur lepavillonmexicain.Finalement,dansune lettrenon

datée,Anzafaisaitunelisteexhaustivedetouslescataloguesetpublicationsspéciales

des pays étrangers, envoyés au Mexique pour être conservés à la bibliothèque du

ministèredelapromotion.334

Quantàlacommissionmexicaine,Ferrariproposaunesouscriptionau«Courrierde

la presse». Cette compagnie, qu’il avait engagée pour l’Exposition de 1889, se

chargeaitdedécouperetréunirdesarticlestraitantuncertainthèmepouruncoûtde

25francspourdeslotsde100335.Lacommissionréunitainsi722articlesentrele4

avril 1898 et février 1901. Puisque le Courrier de la presse envoyait

systématiquement tout article comportant lemot-clé «Mexique», plus de lamoitié

des 722 articles est constituée, soit de coupures de presse plus générales, soit de

notesbrèvessur lesactivitésetmouvementsde lacommission.Lesarticles traitant

de façon plus détaillée de la participationmexicaine reprenaient généralement les

thématiques fondamentales établies par le ministère lors de la définition des

caractéristiques de la présentation: qualité des matières premières, sécurité

découlant du progrès des institutions, améliorations depuis 1889. D’autres thèmes

secondairessontrécurrents:legoûtpourl’architecturenéogrecquedanslesédifices

publics du pays, la somptuosité des fêtes organisées dans le pavillon, l’intérêt et le

respect des mexicains pour la culture française. Les évènements qui firent le plus333Ibid.Sans indiquer le tome, Anza disait que la revue contenait un article long et détaillé sur laparticipationmexicaine.Nous n’avons pas retrouvé cet article dans les tomes deLarevuetechniquenumérisésparleCNUM.334Ibid. Les pays en question sont les Mexique, la Servie, l’Mexique, le Guatemala, la Finlande,l’Angleterre, le Danemark, la Roumanie, le Mexique, la Norvège, la Mexique, la suisse, la Russie, laSuède,leJapon,laMexique,laBulgarie,laHongrie,laPrusse,l’Mexique,leSiam,Hawaï,leNicaragua,laBosnieetl’Mexique.335Ibid.«artículosdeperiódicosfrancesessobreMéxico.Setomaunasubscripcióna100recortes»

Page 88: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

87

parlerfurentlafêtedelacoloniemexicainedeParispendantl’inaugurationgénérale

(36 articles), la fête nationale du 16 septembre (38 articles) et la mort du

commissaireAntoniodeMieryCelis(51articles).Les journauxayantpublié leplus

d’articlessurleMexiqueétaientLeVoltaire,LeFigaro,L’EchoagricoleetLeNouveau

monde.

Nousavons réunidesexemplesd’articles conventionnels,maisaussi lesarticles les

plus élogieux. Certains reprennent des phrases écrites dans le catalogue spécial ou

contiennent des informations qui ne pouvaient provenir que directement des

membres de la commission. Avant l’Exposition universelle, The Nineteen Hundred

annonçait déjà en octobre 1898 que le pavillon mexicain donnerait une idée «du

progrès accompli par son pays dans les divers domaines de l’administration

publique»336.Undespremiersarticlesdétaillésqui furentcollectés,publiéenmars

1899dansL’Échoagricole,parlaitde«l’initiativeindustrielle,agricoleetcommerciale

peu ordinaire» du pays. Il mentionnait les minerais, l’onyx, les chemins de fer du

Mexique et invitait les français à y émigrer enqualitéde colons337. Pour sapart, le

journal1900rapportaitle10octobre1899queleMexiqueexhiberaitunecollection

d’oiseaux«tuésetnaturalisés».338

Plusieurs journaux parlèrent de la venue de José Yves Limantour, ministre des

financesmexicain,quivisita tous leschantiersde l’expositionenquatre jours. Ils le

louaientd’avoiratteintl’équilibredelabalancefiscaledupays,unexploitquil’avait

conduitauxcôtésdePorfirioDíaz339.LeFigaroillustrécommentaitlavisiteetincluait

une photographie du commissaire, en ajoutant que lesmexicains avaient «déployé

uneactivitéquifaitd’eux,àl’heureactuelle,l’undesétatslesplusrichesdumonde.Il

leur fallait, pour développer cette richesse, la paix dont ils avaient rarement joui

depuisleXVIsiècle»340.Encequiconcernelafêtedelacoloniemexicainedu14avril

336TheNineteenHundred,octobre1898.337L’Échoagricole,«notessurleMexique»,signéG.F.31mars1899.3381900,10octobre1899.Cetteinformationdevaitprovenirdelacommissionetpeut-êtredeFerrariPerezouundesesauxiliairestravaillantsurl’expositiondelasectiond’histoirenaturelle.339LeFigaro;LeJournaldesdébats;Lesdroitsdel’homme;LeTemps;LeNouveaumonde.18octobre1899.340LeFigaroillustré,18octobre1899.

Page 89: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

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1900,plusieurs journauxsignalaient leshonneursqu’elleavait rendusauprésident

Émile Loubet lors de son passage sur la Seine, et commentaient, au sujet de

l’illumination du palais, que «les couleurs nationales s’y entremêlent avec les

couleursfrançaises».341

De son côté, LaRevuedenavigationanticipait, avantmême sa construction, que le

pavillon néogrec serait «un remarquable exemple de monument moderne

mexicain»342 ; un journal montréalais indiquait qu’après son palais aztèque, le

Mexiqueallaitmontrer«leprogrèsaccomplien11ans»343.Lagrandemajoritédes

articlesquidécriventlepalaisaprèssoninaugurationinsistentdefaçonunanimesur

labeautédesloggias,lafinessedesdécorationsetlesassocientaugoûtpourlestyle

néogrecdesconstructionscontemporainesdesvillesmexicaines.LeVoltaireindiquait

que le pavillon «se distingue par la pureté de ses lignes et la sobriété de son

ornementation»344, phrase qui fut réutilisée par plusieurs journaux dans les mois

suivantl’inauguration.LeVoltairepoursuivaitendisantque«lepalaisdeVenise,que

le poète nous dépeint brillant demille feux, est largement dépassé, car le pavillon

mexicain,lui,étincelledanslanuitdetroismildeux-centlampesblanches,rougeset

vertes, dont les reflets sur la seine sont féeriques». Il ajoutait: «rappelons que le

Mexique,encoreimparfaitementconnuenEurope,estenpleineprospérité».Avecun

territoire «cinq fois plus étendu que celui de la France et jouissant de tous les

climats», et après un quart de siècle guidé par Porfirio Díaz, le pays possédait le

deuxième crédit du nouveau monde après les Etats-Unis et avait «un bel avenir

assuré». En constatant les «pas de géants faits par le Mexique dans la voie du

progrès», l’article concluait en disant que Porfirio Díaz, grâce aux «excédents

annuelsderecettesdeplusenplusélevés»,avaitfinancéletransportetl’installation

de troismille exposants: «aucun autre gouvernement ne s’estmontré aussi libéral

avecsesnationaux».

341Le Figaro, 15 avril 1900; Le Voltaire, 16-17 avril 1900. Cette phrase fut reprise par d’autresjournauxpourparlerdelafêtenationaledu16septembre.342Revuedenavigation,11octobre1899.343Sanstitre,sansdate.Provenance:Montréal.344LeVoltaire,sansdate.«Inaugurationdupavillonmexicain».

Page 90: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

89

Detouslesjournaux,LeVoltairepublialesarticleslespluslongs.Unarticledu16juin

1900 rappelait que les membres mexicains du jury international étaient aussi des

commissionnésetdescongressistes.Leurspairsfrançaisn’avaientpasétésurprisde

trouver «chez leurs collègues mexicains, une connaissance approfondie de notre

langue[…] C’est que, au Mexique, les études scientifiques et littéraires se font

principalement en français» 345 . L’article, qui notait que Carlos Sellerier avait

«conservé le type gaulois», finissait en signalant que Ferrari, Luis Salazar et José

Ramirez«ontfaitdansnotrelanguedevéritablescoursetcaptivéleurscollèguesdes

heuresdurant».

Il est probable que Le Voltaire ait publié des articles commandés ou du moins

influencés par la commission; celui cité sur l’inauguration du pavillon, celui du 16

juinetunautredu24juin,avaientétéenvoyésàMierparsonadjoint,AlbertHans346.

Le dernier article prétendait «reproduire et compléter» un article de L’Expressde

Mulhouse347,quisoulignaitqueleMexiquefabriquaitsespropresobjetsdeluxe:des

marbres, des jades «qui retiennent longuement le regard des femmes, extasiées

devant les perles noires, blanches, jaunes». Il parlait aussi de l’impression positive

produiteparlasectiondescéréalesetdesproduitsagricoles,maisfinissaitavecune

critiquesévère:«leschaussureset lesgants,enrevanche, sontd’une laideur….Oh,

maisonnepeutrienimaginerdepluslaid![…]Lesgantssontaffreux,ondiraitdes

appareils pour protéger les mains des piqûres des abeilles». Le Voltaire ajoutait

qu’«ilfautrappelerquelesfabricantssontaussihabilesàMexicoqu’àParis»,etque

les chaussures en question avaient été fabriquées en province par des personnes

admises à l’exposition «par trop de bienveillance […] Lamexicaine a le pied aussi

biencambré–etencorepluspetit–quelaparisienne».Quantauxgants,ilsservaient

pour tenir des amarres et n’avaient pas de fonction esthétique: «ces rectifications

faites, l’article de L’Express deMulhouse reste vrai, puisqu’il constate le progrès de

l’industriemexicaine».

345LeVoltaire,16juin1900.346AGN,59/1.347LeVoltaire,24juin1900.

Page 91: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

90

Les divers guides et ouvrages sur l’Exposition universelle édités en France

comportent des articles sur leMexique très semblables aux articles de la presse et

utilisentégalementcommesourceslesdocumentsofficielsetpublicitairesmexicains.

Les lignes consacrées au Mexique dans L’Exposition du siècle d’Albert Quantin

indiquaientquedans lepavillon,«lacuriositéallaitsurtoutàdegentillescigarières

contrastant par leur élégance avec l’air malheureux des ouvrières qui travaillaient

plus loin, dans le pavillon des tabacs français»348. L’article prétendait traiter avant

toutduprogrèsdupays:

«Il ne s’agissait plus d’édifier un temple babylonien, commémorant le passé aztèque, comme on

l’avait fait avec tant demajesté en 1889. La jeune République voulait cette fois s’affirmer en un

palais rappelant les constructionsnouvellesdeMexico[…]Depuisunevingtained’annéessous la

présidencedeM.PorfirioDíaz,lepaysdesancienspronunciamientosjouitd’unetranquillitéquia

permisundéveloppementéconomiquepresquecomparableàceluidesEtats-Unis[…]Pourdonner

une idéede laprospéritéduMexique ilsuffiradedireque,sans impôtsnouveaux, lesrevenusde

l’Étatontpresquedoublédepuisquinzeans».349

Leseulguidequ’AnzaavaitenvoyéàMexicocontenaitunarticlesignéA.Coffington

qui reprenait presque toutes les thématiques du projet promotionnel défini pour

l’Exposition de 1900. Il évoquait la transition effectuée depuis 1889, en partant

égalementdupalaisaztèque:

«Les mexicains réclamaient […] comme leur patrimoine les traditions les plus reculées, les

luttesetlessouffrancesdelanationindienneetaffirmaientl’unification,aprèstroissiècles,de

laracemexicaine.[…]Cesontlàdesmanifestationsqu’onnerecommencepas,souspeined’en

amoindrirlaportée,aupointdevueethnique,toutaussibienqu’àceluidel’art[…]Ilyaonze

ans,nousavonseulaglorificationdupassé.Aujourd’huileMexiquetientànousfaireapprécier

leprésent,constituéparledéveloppementéconomiquedupaysqui[…]estentrédepuistrente

années dans une période de calme, de progrès, de prospérité, dont il faut faire remonter en

partie tout l’honneur à la sage administration du président M. Porfirio Díaz. […] La ville de

Mexico[…]voit toussesnouveauxédificesconstruitsdans lestylenéogrec,sicherauSecond

Empire[…]Iln’estpasdepavillonquiprésenteraunevariétéplusgrande,enraisonmêmedela

multiplicité des produits de son sol, qu’il s’agisse d’agriculture ou de minéralogie. Faut-il

rappelerquel’oret l’argentabondentauMexique,quelesminesdel’unetdel’autremétalse348Ibid.349A.QUANTIN,L’Expositiondusiècle…,op.cit.,p.158‑159.

Page 92: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

91

comptent par milliers, dont beaucoup même ne peuvent être exploitées, faute de main

d’œuvre.»350

Même certains passages des publications officielles de l’exposition universelle

présentaientce typedecommentaire.Àcotédecritiquesetde jugementsvariables

surlaqualitédesobjetsmexicains,onretrouvedebrèvesmisesencontextesignalant

laprospéritédupays.LerapportdujuryinternationalsurlegroupeIIIintroduisaitla

sectiondédiéeauMexiqueendisantquedepuisqu’ilestentré,«ilyaprèsd’unquart

desiècle,dans l’èredepaixetderéorganisationoùiln’apascessédesemaintenir,

une vive impulsion a été donnée dans le pays aux travaux intellectuels et

techniques». Sur le caractère approximatif de certaines cartes de la Commission

géographique exploratrice, il commentait que «c’est une représentation qui est en

rapportavecl’étatmêmedupaysetquiseranécessairementperfectionnéeàmesure

queleMexiques’avanceradanslavoieduprogrèsoùilmarchesirésolument»351.Le

rapportdesclasse28à32dugroupeVIintroduisaitlasectionduMexiqueavecdes

formules semblables. Le tome V du rapport général indiquait au sujet du pavillon

qu’«au lieu de faire revivre cette fois comme en 1889 l’architecture aztèque si

robusteetsi imposante, legouvernementmexicainc’étaitrattachéaustylenéogrec,

qui est aujourd’hui celui de la plupart des constructions modernes du pays»352.

Finalement, l’annexeducatalogueofficiel contientdescirculairessur lesministères

du pays qui furent directement produites par la deuxième Section. Intégrées au

cataloguespécialduMexique,ellesavaientmisencirculationplusieursdesformules

quel’onretrouvedanslapresseetdanslespublicationsfrançaises.

Onconstatedoncque tant lapresseque lesdocumentspublicitaireset lesrapports

officielsontpuiséunequantiténonnégligeabled’informations sur leMexiquedans

les publications produites par le ministère de la promotion. Ces ouvrages à visée

promotionnelleavaientétésupervisésparlesmembresdelacommissionetportaient350L’ExpositionUniversellede1900,Paris,Chaix,1900,p.167.351Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe III.Instrumentsetprocédésgénérauxdeslettres,dessciencesetdesarts.Classes11à19,Paris, Imprimerienationale,1902,p.328.352Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième..,op.cit.,p.69.

Page 93: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

92

lesidéesqu’ilsavaientconvenudediffuser.Siaucunprojetnefutétabliofficiellement

au sujet des publications extérieures au ministère, le ton de certains articles, qui

circulèrentdans lescorrespondancesdesorganisateurs, faitpenserqu’ilspouvaient

avoir une influence plus ou moins directe sur l’agencement de certains contenus.

Tous ces divers circuits éditoriaux, bien que distincts, facilitèrent la diffusion de

l’imagenationaleconstruiteparlesorganisateursdelaparticipationmexicaine.

Page 94: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

93

Unenationmoderne

La fonction première des présentationsmexicaines aux expositions internationales

duXIXe siècleétait la captationde capitauxétrangers.Lemoyen fondamentalpour

accomplir cet objectif était la promotion des ressources naturelles nationales et

chaqueopportunité depromotion impliquait le déploiement de stratégies adaptées

auxnécessitéslocalesetauxexigencesdesexpositions.

Pour l’exposition universelle de Paris en 1900, le gouvernement mexicain suscita

l’intérêtdesindustriels,desentrepreneursetdescolonsétrangersenfaisantvaloirla

sécurité financière et juridique que pouvait offrir une administration publique

moderne.Ilfutconvenuquel’exhibitiondevaitavanttoutaffirmerlaconsolidationde

l’étatàtraversdiversesproductionsdémontrant laqualitédelagestionscientifique

dupays,ainsiquel’existenced’unecultureintellectuellemoderne.

L’engagement promotionnel de la production intellectuelle et culturelle destinée à

des publics étrangers impliquait un certain effacement des frontières entre savoir

scientifiqueetpropagande353.Dans ce contexte, tout le contenudupavillonvisait à

soulignerlaprospériténationaleaumoyendeparamètresanalytiquesdedisciplines

scientifiquesmobiliséesenfonctiondeleurcapacitéàcontribueràlaconstructionde

l’imagesouhaitée.

LecommissaireAntoniodeMieryCelis,dansseslettresauministredelapromotion,

désignait les contenus du pavillon, et particulièrement certaines publications

financées par le ministère, comme de la «publicité». Dans son rapport de la

deuxième réunion du conseil de consultation visant à définir le projet, il concluait

que:

«La publicité destinée à appeler des bras et des capitaux vers un pays doit englober d’un côté

l’indicationet l’étudedesrichessesexploitables,etde l’autreunedescriptioncomplèteduclimat,

353Paolo RIGUZZI, «México próspero. Las dimensiones de la imagen nacional en el porfiriato»,Historias,20,1988,p.137‑160.

Page 95: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

94

desinstitutions,descoutumes,delasituationéconomiqueetfinancièredupayscorrespondant,tels

quel’acréélanatureetqueseshabitantsl’ontmodifié.»354

Cet extrait fut repris par son successeur Sebastián B. de Mier, dans la publication

finalesurlaparticipation.Cedernierajoutait,enutilisantaussileterme«publicité»,

que:

«Pour éveiller l’attentionpublique et attirer versnotrepavillondes visiteursdésirant jugernos

produits,ilétaitnécessairedefairerecoursàunepublicitéméthodiqueetordonnée,surtoutsil’on

nesecontentaitpasd’inspirerunvagueetéphémèreintérêtetsil’onaspiraitàpromouvoirl’étude

de nos richesses pour persuader le capitaliste et l’hommed’entreprise de la convenance de leur

exploitation.»355

Mieravaituneidéetrèsprécisedurôlequedevait jouerl’imaged’unÉtatprospère.

Unextraitdesonrapportfinalauministre,reprisaussipourlapublicationofficielle,

signalaitque:

«Quant à la publicité […] mon souhait était que [les contributions] manifestent les différences

fondamentales qui séparaient le Mexique d’hier du Mexique d’aujourd’hui, non seulement en

marquant soigneusement les étapes que le pays a parcouru, mais aussi en accentuant la

démonstrationdesexcellencesdesonétatactuel,delapaixdontiljouit,desgarantiesqu’iloffreà

la vie et à la propriété, des possibilités de profit qu’il offre au capital entrepreneur et au bras

laborieux,delaprospéritésanspareildanslemondeetsansprécédantdansnotrehistoire,deses

finances,des institutions libreset tolérantesqui legouvernent,dudéveloppementdesesréseaux

de communication, des grandes œuvres publiques menées à bien […] et, en complément, (la

démonstration) du progrès des lettres, des sciences et des arts, de la performance de

l’enseignementetdel’assistancepubliqueetlabiographiedenoshommeslesplusremarquableset

denosgouvernantslespluséminents.»356

354AGN,54/18.Traductionpersonnelle.«lapublicidaddestinadaállamaraunpaísbrazosycapitales,debe abarcar, por una parte la indicación y estudio de las riquezas explotables, y por otra unadescripción completa del clima, de las instituciones, de las costumbres, de la situación económica yfinancieradelpaíscorrespondiente,talcomolecreólanaturalezaysushabitanteslemodificaron».355SebastiánB.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ. Dumoulin, 1901, p.181. Traduction personnelle. «Para despertar la atención pública y atraer ánuestro departamento visitantes deseosos de juzgar nuestros productos, era forzoso recurrir á unapublicidadmetódicayordenada,sobretodosinonoscontentábamosconinspirartansólounvagoymomentáneointerés,yaspirábamosápromoverelestudiodenuestrasriquezasparapersuadirdelaconvenienciadesuexplotaciónalcapitalistayalhombredeempresa».356Ibid., p. 183.;AGN,68/35.Traductionpersonnelle. «En cuanto a lapublicidad (…) eramideseo

Page 96: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

95

Ilestimportantdenoterquelescaractéristiquesdelaparticipationmexicainefurent

décidées à la suite de l’édition en espagnol des règlements de l’exposition

universelle357.Lacommissiondirigealaproductionetlacollectedescontributionsen

s’adaptantàlahiérarchieétabliedanslaclassificationofficielle,laquelledonnaitune

placed’honneurauxgroupesI«Éducationetenseignement»II«Œuvresd’art»etIII

«Instrumentsetprocédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts».

FernandoFerrariPérez,responsabledecesgroupes,supervisalacompositiond’une

bibliothèqueexhaustivepourl’ensembledupavillonetprivilégialescontributionsde

l’instruction publique tout en intégrant les autres exhibitions traditionnelles du

Mexique: la connaissance du territoire, les services publics, l’assainissement des

portsetdesvilles,lesréseauxdecommunication.

Si les groupes VII «Agriculture» et XI «Mines. Métallurgie» furent les plus

importants, ils étaient suivispar lesgroupes I et III, dont le succès sedevait selon

Ferrari Pérez «à la profusion et à la supériorité de la contribution littéraire,

scientifiqueetphotographique; à la (profusion)bibliographiqueduministèrede la

promotionet,engénéral,àlacultureintellectuelleélevéedupays»358.Cettepartiede

l’expositionobéissaitenquelquesorteàunelogiquedecompensation:d’uncôtéles

exhibitions agricoles etminérales diffusaient l’idée classique selon laquelle le pays

manquait de capital et de main d’œuvre; de l’autre, les ministères et leurs

institutions, ainsi que les gouvernements locaux, exhibaient une administration qui

protégeaitetencourageaitl’initiativeprivée.

pusieranbiendemanifiestolasfundamentalesdiferenciasqueseparanalMéxicodeayerdelMéxicodehoy, no sólo marcando detenidamente las etapas que el país ha recorrido, sino acentuando lademostracióndelasexcelenciasdesuestadoactual,lapazdequedisfruta,lasgarantíasqueotorgaálavidayálapropiedad(…)las posibilidades de lucro que ofrece al capital emprendedor y al brazo laborioso, la prosperidad, sin ejemplo en el mundo y sin precedente en nuestra historia, de su Hacienda., las instituciones libres y tolerantes que le rigen, el desarrollo de sus vías de comunicación, las grandes obras públicas llevadas á buen fin (…) y, como complemento, el progreso de las-letras, las ciencias y las artes, el desenvolvimiento de la enseñanza y de la asistencia pública y la biografía de nuestros hombres más conspicuos y gobernantes más eminentes ». 357ExposiciónUniversalInternacionalde1900,enParis.Actasdeorganización,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1897.358AGN, 68/35. Traduction personnelle. « Debió su éxito a la profusión y superioridad del contingente literario, científico y fotográfico; al bibliográfico de la secretaria de fomento y en general a la alta cultura intelectual del país ».

Page 97: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

96

Finalement, les institutions fédérales occupèrent une place privilégiée face aux

organismesdesétatsfédérésetauxparticuliers.L’importancedeleurscontributions

estattestéeparlefaitqu’ellesfurentprivilégiéeslorsdelasélectionfinaleetqu’elles

remportèrentunepartmajeurederécompensesdehautniveau.

Ferrari Perez, qui se chargeait des groupes I et III, s’occupa aussi de l’exposition

rétrospective et de la section artistique, composantes de l’image nationale quelque

peureléguéesausecondplanen comparaisonavec laprésentationde1889.D’une

part, l’adhésiondesartistes locauxauxcanonsesthétiqueseuropéensdémontrait la

modernité mexicaine. De l’autre, le pavillon écartait la volonté d’exprimer le récit

nationalofficiel. Il évacuait le romantisme indigéniste, historiqueounaturalistequi

avait caractérisé le regard historique et les contributions artistiques du palais

aztèque, au profit dumodernisme et du style néogrec, dont le choix fut justifié en

oppositionàlarecherched’unartnational.

Labibliothèqueduministèredelapromotion

La circulaire du Mexique annexée au catalogue général indiquait qu’après la

constructiondescheminsdefer,aprèsl’exploitationdesmineset ledéveloppement

industrielquiendécoulait,«lesarts,lessciences,l'enseignementontpréparéaupays

desgloiresnouvellesetdesgénérationsardemmenttournéesversl'avenir»359.Dans

son livre,Mier note que derrière les produits de l’agriculture, lesminerais et «les

travaux de femme»360, les objets prédominants parmi les boîtes envoyées à Paris

étaient «les livres et collections scolaires». En effet, une partie substantielle des

objets recensés dans le catalogue de l’exposition consistait en des publications

éditorialesetdesalbumsphotographiques,présentsdanslesdix-huitgroupesetdans

presquetouteslesclasses.Laplupartétaientrassemblésdansdescorpusrelevantdes

359 Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900, Paris, ImprimerieLemercier, 1900; Exposition internationale universelle de 1900. Catalogue général officiel, Paris,ImprimerieLemercier,1900.360S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.115.«(…)trabajosde mujer». La commission envoya une grande quantité d’objets pour le groupe XIII «Fils. Tissus.Vêtements.».

Page 98: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

97

groupesIetIII,maislatotalitédespublicationsfutréunieenunmêmeespacesitué

«danslecouloirsemi-circulairederrièrel’escalierprincipal»,où«aétéinstallé:une

bibliothèqueconsidérableavectouslesdocumentsofficielspubliésetenvoyésparles

ministèresdel’État,avecdenombreuxouvragesscientifiquesetlittérairesd’écrivains

mexicains;la collection dematériel et de travaux scolaires des écoles primaires et

cellesdesartsetmétiers».361

Labibliothèquerassemblaitdescollectionsdocumentaires incluantdespublications

dediversesimprimeriesmexicainesselonlescontributeurs,maislamaisond’édition

«Tipografía delministerio de Fomento» y occupait une place privilégiée. C’était la

maison la plus importante du pays et d’après le catalogue, elle avait «contribué

grandementàfacilitersousuncertainpointdevueledéveloppementintellectueldu

pays, en ouvrant largement ses portes aux auteurs, pour l'impression gratuite de

leurs travaux scientifiques et littéraires»362. La «gratuité» des publications est

mentionnée par Ferrari Pérez dans son rapport final et elle concernait les

contributeurs ayant présenté des travaux dans le cadre de l’exposition universelle.

Danscetexte,ildécritlabibliothèquecomme«unegrandecollectiondepublications

d’auteurs mexicains imprimées dans le but exclusif de protéger et promouvoir le

développementdessciencesetdesbeaux-artsdanslaRépublique».363

Àpartir du18 août1898, à la suggestiondeFerrari Pérez, laDeuxième sectiondu

ministère conserva deux exemplaires de chaque publication et prospectus produit

par l’imprimeriepour lepavillonde1900,«afindedonnerune idéede l’impulsion

donnéeauxsciences,àl’industrieetàl’agriculture».Le27août,leministredécidait

361AGN, 68/24. Carte de Ferrari Pérez à Fernández Leal, sans date. Traduction personnelle. «En elcorredor semicircular detrás de la escalera reina(…)se han instalado: una biblioteca muyconsiderable con cuanto documento oficial publicado han enviado las secretarías de Estado y connumerosasobrascientíficasy literariasdeescritoresmexicanos ;Lacoleccióndematerialy trabajosescolarestantodelasescuelasprimariascomodelasartesyoficios.»362CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900…,op.cit.363AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«UnagrancoleccióndepublicacionesdeautoresmexicanosquehaimpresoporelúnicoobjetodeprotegereimpulsareldesarrollodelascienciasydelasbellasartesenlaRepública».

Page 99: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

98

delesprotégeravecdesreliuressolidessurlesquellesseraitgravé,aprèsjuillet1899,

unnumérocorrespondantausystèmedeclassificationproposéparFerrari.364

Il avait envoyé à Fernández Leal enmars 1899 un numéro de laRevuescientifique

danslequelEd.Sauvagepromouvaitlaclassificationdécimalepourlesbibliothèques

deMelvilDewey.UnautrearticledeCharlesRichet,directeurdelarevue,critiquaitla

classification du Musée britannique qui n’avait pas adopté ces principes. Ferrari

Pérez,quidisaitavoirutilisécesystèmepoursabibliothèquepersonnelle,envoyale3

avriluneextensionde la classificationpourouvragesdegéologieetdeminéralogie

proposéeparleMinistèredel’industrieetdutravaildelaBelgique.Ilajoutaitquele

systèmedeDewey,universel,avaitété recommandépar le congrèsbibliographique

de Bruxelles en 1895. Fernández Leal accepta de classifier selon ce système non

seulement lesouvragesdupavillonmexicain,maisaussi ceuxde labibliothèquedu

ministèredelapromotion.Ilfittraduirelesarticles,ainsiqu’unlivresurDewey,pour

lesenvoyerauxbibliothèquespubliquesetprivéesdupays.365

Concernant lenombretotald’ouvragesrassemblés, leseul indicedisponibledans la

section«exposiciones»desArchivesgénéralesdelanationestunelettredu19juillet

1899 dans laquelle Ferrari Sollicitait 150 pesos pour acheter 10 000 «cartes

spéciales»366quipermettraientdeformeruncatalogueàpartirdusystèmedécimal

deDewey: la traductiondu livreéditéepar leministère recommandaitd’intercaler

dans les livres des cartes indiquant leur numéro367. Cependant, la même lettre

indiquait qu’après cette date les ouvrages du ministère reliés pour l’exposition

comporteraient le numéro gravé, ce qui pourrait les avoir dispensé de l’usage de

cartes.

LecatalogueofficielduMexiqueindiquedenombreuxnomsd’auteursdepublications

pourpresque toutes lesclasses,mais ilnesignaleni les titresde leursouvrages,ni

364AGN,54/6.Traductionpersonnelle.«Paradarideadelimpulsodadoalasciencias,alaindustriayalaagricultura».365AGN,42/2.366Ibid.«Tarjetasespeciales».367LaClasificaciónGeneraldeMelvilDeweyParaBibliotecas.Pubicadapor laOficinaInternacionaldeBibliografíadeBruselas.Traducción,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1900.

Page 100: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

99

leurquantité368.Pourlereste,lamajoritédeslivresétaientintégrésdansdescorpus

correspondant à des institutions en tant qu’unités collectives. Le ministère de la

promotionprésentaitdeuxgrandsensembles:ildisposadanslaclasse13«Librairie;

Éditions musicales. Reliure (matériel et produits). Journaux. Affiches» des

publications officielles (principalement des lois et des règlements) ainsi que des

livressurlavilledeMexico369.Danslaclasse3«Enseignementsupérieur.Institutions

scientifiques»,ilexposadesouvrages«ayantpourbutledéveloppementintellectuel

et artistique du pays»370. La liste des prix concernant cette classe signale que les

deuxcontributionsgagnèrentdesgrandprixetqueledeuxièmeémanaitdel’Institut

médical,del’InstitutgéologiqueetduMuséeNationalréunis.Elleindiquaitégalement

quel’«expositioncollectivedugouvernementmexicain»gagnaitelleaussiungrand

prix 371 . Cependant, ces institutions ainsi que les états présentèrent d’autres

publications individuelles ou regroupées parmi d’autres classes. Le ministère

exposait aussides spécimensde typographie372,mais ses contributionsdépassaient

largementledomainedel’édition,carilexhibaittoutesorted’échantillonsagricoles,

minérauxetindustrielsdanstoutslesgroupes.373

Silescataloguesetlesactesdel’organisationnedressentpasuninventaireexhaustif

de la production littéraire disponible dans cette bibliothèque, il est tout de même

possible de connaitre ses éléments les plus pertinents. La totalité des livres du

ministère publiés entre le 18 août 1898 et novembre 1900 fut disposée dans le

pavillon,mais lacollections’étendaitàtoussesouvragespostérieursà1889dont il

368Unexempleest:Cataloguespécial.GroupeIII/Classe13.AntonioPeñafiel,Mexico:«Livres».Lesactesd’organisationnouspermettentdesavoirquePeñafielexposaaumoinsquatreouvrages.369Ibid.,GIII/C13.MinistèredeFomento,delaColonisationetdel’Industrie,Mexico:«Publicationsofficielles.LivresdescriptifsdeMexico».370Ibid.,G I/C 3. Ministère de Fomento, de la Colonisation et de l’Industrie, Mexico: «Publicationsd’auteurs mexicains publiées par ce ministère et ayant pour but le développement intellectuel etartistiquedupays».371Listaderecompensas.«Grandespremios:ExposicióncolectivadelGobiernoMexicano;MinisteriodeFomento(InstitutoMédico,InstitutoGeológicoyMuseoNacional)».372Catalogue spécial. G III/C 11. Imprimerie du ministère de Fomento, Mexico: «Spécimens detypographie».373Àl’exceptiondugroupeXVIII.Ilgagnaitparexempleungrandprixpoursonexpositionchimique:Cataloguespécial.GXIV/C87.MinistèredeFomento,Mexico:«Sels,acides,alcalins,gommes,baumes,corpsgras,goudronsetproduitsdérivés,etc.».

Page 101: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

100

restait des exemplaires. Une lettre du 13 mars 1900 de Mier à Fernández Leal

indiquait que «la dernière boîte provenant de la bibliothèque du ministèreest

arrivéeàParis»374,cequimontrequelacollectionfutéquipéeaveclesouvragesd’un

organisme qui devait posséder une grande majorité des publications existantes.

L’institutionquiconservelefondslepluscompletdepublicationsduministèredela

promotionpourlapériodede1898à1900estlaBibliothèquenationaleduMexique

qui récence 98 ouvrages, dont la totalité de ceux que nous citons. Ce sont

principalement des statistiques régionales, des rapports agricoles, des traités

scientifiquesetdesréimpressionsdeloispromulguéespendantlerégime,éditéspour

laplupartàl’occasiondel’expositionuniverselle.

Deplus, ilestpossibledeconnaîtrecertainsdesouvrages lesplus importantsde la

bibliothèque, toutes imprimeries confondues, du fait qu’ils furent distribués à des

«visiteursdistingués»375.Finalement,AntoniodeMieryCelisavaitsignaléàFerrari

Pérez le 7 juillet 1899 que «cette commission devra assurer que nos hommes de

science et de lettres les plus éminents soient représentés avec la totalité de leurs

œuvres»376.Cecinouspermetd’entrevoir laprésencedesouvrageslesplusréputés

desmembresdel’éliteintellectuelleporfiriennequifiguraiententantqu’expositeurs

delivres,oudumoinslavolontédelesafficher,toutennecitantquelesœuvresdont

laprésenceestconfirmée.

La bibliothèque du ministère de la promotion proposait aux visiteurs du pavillon

mexicain des contenus bibliographiques très variés.Mis appart les contribution du

ministère,elleétaitconstituéeprincipalementdelivresenvoyéspartreizeétatsdela

fédération377et par les ministères des affaires étrangères, des finances et de la

guerre; il s’agissait principalement de statistiques, de bulletins, de journaux et de

publications officielles. Mier écrivait que la bibliothèque réunissait «un grand

nombre de nos plus célèbres écrivains, poètes,musiciens, statisticiens, hommes de374AGN,58/13.375AGN,68/25.«Obrasqueseremitenalcomisariogeneralparasudistribuciónenlaexposición».376AGN, 58/13. Traduction personnelle. «Esta comisión deberá asegurarse de que nuestros máseminenteshombresdecienciaydeletrasseanrepresentadosconlatotalidaddesusobras».377AGN,68/35.Aguascalientes,Chihuahua,Guanajuato,Hidalgo,Mexico,Michoacán,Morelos,NuevoLeón,Puebla,Querétaro,Sonora,YucatánetZacatecas.

Page 102: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

101

science», ainsi que «les principales maisons d’édition d’œuvres scientifiques,

littérairesetmusicalesdetoutelaRépublique».378

Labibliothèquecomprenaitdesœuvresdesprincipauxreprésentantsdelalittérature

porfirienne, notamment SupremaLey (1896) et Impresiones y Recuerdos (1893) du

naturaliste et chargé d’affaires ad interim au Guatemala Federico Gamboa379, ainsi

que plusieurs livres d’Irineo Paz380, dont Leyendas Históricas de la Independencia

(1894) et Doña Marina (1883). Irineo Pazexposa aussi son journal La Patria, et

participa officiellement comme membre de la commission mexicaine, en tant

qu’assistantauxcongrès.381

Enmatièredejurisprudence,leministèredelapromotionavaitéditédesrèglements

et des lois,mais presque toutes les institutions avaient contribué avec leurs codes

respectifs. L’Académie de jurisprudence édita une publication contenant la

Constitutionde1857etlescodescivil,ducommerceetpénal382,ainsiqu’unouvrage

en collaboration avec le ministère, distribué pendant l’exposition et considéré par

Ferrari comme l’une des pièces de valeur dans son rapport final383: La Procédure

pénaleauMexique,deRicardoRodríguez.384

Mierécrivaitquelabibliothèquefutdotéedelivresprovenantde«presquetoutesles

sociétés et instituts scientifiques du pays». Le catalogue signale les organismes

suivants: L’Académie des sciences exactes385, l’Académie demédecine386, leMusée

378S.B. DEMIER,México en la ExposiciónUniversal Internacional de 1900…, op.cit., p.39. Traductionpersonnelle. «Las principales casas editoras de obras científicas, literarias y musicales de toda laRepública, entre ellas las de Nevé Clemente Antonio, Nagel sucesor,Wagner y Levien ymuchos denuestrosmásconocidosliteratos,poetas,músicos,estadistasyhombresdeciencia,completaronestaclaseconsusmejoresproducciones».379Cataloguespécial.GIII/C13.FedericoGamboa,Mexico.«Livres»;AGN,68/35.380Ibid.GIII/C13.IrineoPaz,Mexico.«1ºLaPatrie,journal.2ºlivres»;AGN,68/35.381IrineoPazestrestécélèbredufaitdedeuxanecdotes:cefutlegrand-pèreduprixNobelOctavioPazetiltuaenduelSantiagoSierra,frèredeJustoSierra,l’intellectuelleplusrenommédel’époque.382AGN,54/16.383AGN,68/35.384Catalogue spécial. G III/C 13. Ricardo Rodríguez, Mexico: «Livres».; RODRIGUEZ Ricardo, LaProcédurepénaleauMexique.385Ibid.GI/C3.Académiemexicainedesciencesexactes,physiquesetnaturelles,Mexico:«Annuairedel’Académie.Brochurerelativeàl’inaugurationdel’Académie.»386IbidGI/C3.Académienationaledemédecine,Mexico:«Journaldel’Académie».

Page 103: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

102

national387 , la Sociétés agricole388 , la Société pharmaceutique389 , la Société de

géographie et de statistique 390 , la Société d’histoire naturelle 391 et la Société

scientifique«AntonioAlzate»392,ainsiquel’Institutmédical, l’Institutgéologique,la

Commission géographique exploratrice, les observatoires astronomiques et

météorologiquesetlaSectiondespoidsetmesuresduministèredelapromotion393.

Les institutions scientifiques régionales envoyèrent surtout des travaux relatifs à

l’instructionpublique:onretrouve,entreautres,l’Institutdessciences394etl’Institut

des sciences et arts de Oaxaca395, l’Institut scientifique et littéraire de Toluca396et

l’InstitutSinaloense.397

Finalement, la bibliothèque comportait au moins quarante-deux albums

photographiques,dontceluidel’Écolenationaledesbeaux-arts398,desalbumssurdes

monumentshistoriques399etplusieurscollectionssurlepatrimoinearchéologiquedu

pays.

AntoniodeMier yCelis avait écrit à FernándezLeal le 18 juillet 1899: «parmi les

ouvragesdelabibliothèque,commevouslesavez,lesplusessentielsserontceuxque

le ministère aura commandé ou choisi pour les distribuer aux visiteurs

387IbidGI/C3.MuséenationaldeMexico:«Publicationsscientifiques».388IbidGVII/C39.Sociétéagricolemexicaine,Mexico:«Statistiqueagricole.Bulletindelasociété».389IbidGI/C3.Sociétépharmaceutiquemexicaine,Mexico:«LaFarmacia,journaldelaSociété».390IbidGI/C3.Sociétémexicainedegéographieetdestatistique,Mexico:«Bulletindelasociété».391IbidGI/C3.Sociétémexicained’histoirenaturelle,Mexico:«Journaldelasociété».392IbidGI/C3.Sociétéscientifique«AntonioAlzate»,Mexico:«MémoiresetrevuedelaSociété».393Ibid.GI/C3.Sectiondespoidsetmesures,Mexico:«Législationettravauxofficielsdubureaupourl’emploietlavulgarisationdusystèmemétriquedécimal».394Ibid.GI/C3.Institutdessciencesdel’Étatd’Oaxaca,Oaxaca:«Rapportettravauxscolaires».395Ibid. G I/C 3. Institut des sciences et arts de l’État d’Oaxaca, Oaxaca.: «Rapport et travauxscolaires».396Ibid.GI/C3.InstitutscientifiqueetlittérairedeToluca,Toluca:«Livresd’instruction».397Ibid.GI/C3.InstitutSinaloense,Mazatlán:«Journauxdel’Institutettravauxscolaires.»398Ibid.GI/C4.ÉcolenationaledesBeaux-ArtsdeMexico,Mexico:«Peintures,Sculpturesetgravures.Photographiesdel’école».399Ibid.GI/C4.Secrétariatd’ÉtatetduDépartementdesCommunicationsetTravauxpublics,Mexico:«Palais du pouvoir législatif, convocations et projet primé au concours. Monuments publics.MonumentàHidalgo.Monumentauxmartyresd’Uruapan.AlbumdesstatuesplacéesdanslachausséedelaReformaetbrochureexplicativeavecphotographiesdespersonnesquilesreprésentent.PalaisdeChapultepec.Monumentauxhérosdel’IndépendancedeMexico.Modèle,mémoireetphotographies.»

Page 104: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

103

distingués»400. Au moins vingt titres portant sur des thématiques variées furent

offerts au public: rapports statistiques de l’administration publique, recherches

scientifiques, ouvrages sur l’histoire nationale, et publications de propagande pour

l’investissementdecapitaux.401

Certainsétaientofferts,d’autresvendus.Lesquantitésdeslotsvariaient,ainsiqueles

instructions pour leur distribution: par exemple, on trouvait 2000 exemplaires

disponiblesenfrançaiset500enespagnol402d’unlivredepropagandecommerciale

commandéàRafaeldeZayasEnríquez,LesÉtats-Unismexicains403.Àl’autreextrême,

leministrede lapromotionavait faitparveniràParisdixexemplairesd’unouvrage

classiquedel’historienconcepteurdupalaisaztèque,AntonioPeñafel :Monumentos

Antiguos del Arte Mexicano404 . À cause de son coût «excessif», il priait de le

«distribueràdesgensquienprofiteraient».405

Ladistributiondesouvragesdevait donc être effectuée selondes critères variables

d’un livre à l’autre. Certainspourraient avoir étédonnés àdehauts fonctionnaires,

auxmembresdescommissionsétrangères,àdesindustrielsetàdescapitalistesouà

despersonnalitésprestigieusesetàd’éminentsexposants.SebastiánB.deMierétait

libredechoisir lesdestinataires,maisaucundesrapportsetdes lettresdisponibles

nementionne lespersonnes enquestion. L’attributiondut être sélectivepuisque le

400AGN,68/25.«Obrasquese remitenal comisariogeneralparasudistribuciónen laexposición».Traduction personnelle. «De entre todas las obras de la biblioteca lasmás esenciales, cómo tiene abiensaberusted,seránaquellasqueesteministeriohayapedidooescogidoparaserdistribuidasalosvisitantesdistinguidos».401Voir Annexe 4. Littérature promotionnelle sur leMexique circulant enMexique à la fin du XIXesiècle.402AGN,68/25.Lacommissionavaitprévuinitialement3000exemplairesenfrançais.403RafaeldeZAYASENRIQUEZ,LesÉtats-unismexicains : leursressourcesnaturelles, leurprogrèset leursituationactuelle,Mexico,MinistèredeFomento,1899;RafaeldeZAYASENRIQUEZ,LosEstadosUnidosMexicanos: sus progresos en veinte años de paz 1877-1897 : estudio histórico y estadístico, Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1900.404Antonio PEÑAFIEL, Monumentos del arte mexicano antiguo: ornamentación, mitología, tributos ymonumentos,Berlin,A.Asher,1890.405AGN, 68/25. Traduction personnelle. «Para distribuir a personas que le aprovechen, sobre todoPeñafiel,porsuexcesivocosto».

Page 105: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

104

stock revenait à 6190 exemplaires pour dix des ouvrages concernés406et Mier

estimaitqueletotaldesentréesaupavillonmexicains’élevaitàunmillion.407

Les trois publications le plus largement distribuées furent celles de Gustave

Gostkowski (2000 exemplaires), de Ricardo de María y Campos 408 (1000

exemplaires) et de Zayas Enriquez. Gostkowski était un publiciste franco-mexicain

ayantdéveloppéuneexpertiseenmatièredepropagandemexicaineenFrancedepuis

1889.Àcetteépoque,ilavaitsignéuncontrataveclecommissaireDíazMimiagaafin

defairepublierdesarticlesfavorablesauMexiquedanslapresse409.C’estleseuldes

publicistes mentionnés dans le livre de Mier, et il le décrivait comme un homme

«habituéàdonnerletonleplusconvenableenFranceàuneœuvredepropagandeet

de vulgarisation»410. Le livre était court et avait été conçu en opposition aux deux

principales publications publicitaires de la présentation de 1889, commandées à F.

Bianconi.Ils’agissaitd’unlivreetd’unecartecommerciale411dont«lemanqued’un

plan d’ensemble qui leur aurait permis de laisser une trace plus profonde dans

l’espritpublique»auraitétéperçuparlapresse.412

Cependant, la propagande la plus influente fut sans doute celle de Zayas Enríquez,

dans la mesure où son livre contenait des circulaires qui furent annexées au

CataloguespécialduMexique.Certainspassagescorrespondaientaussiàceuxmisen

annexe au Catalogue général officiel de Lemercier. Comme nous l’avons vu, ces

documents circulèrent amplement parmi les jurys et furent utilisés par la presse

comme sources d’information. L’image de prospérité nationale qu’ils diffusaient,

406AGN,68/25.407S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.87.408Ricardo de MARIA CAMPOS, Renseignements commerciaux: sur les Etats-Unis Mexicains, Mexico,ImprimerieduMinistèredeFomento,1899.409Mauricio TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales,1880-1930,Mexico,FondodeCulturaEconómica,1998,p.97.410S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900…,op.cit.,p.183.411F. BIANCONI, LeMexiqueà laportéedes industriels, des capitalistes, desnégociants importateurs etexportateursetdestravailleurs,Paris,Chaix,1889;F.BIANCONI,TexteetcartecommercialeduMexique,Paris,1889.412S.B.DEMIER,Méxicoen laExposiciónUniversal Internacionalde1900…,op.cit., p.182. Traductionpersonnelle.«Resentíansede la faltadeunplandeconjunto,que leshubierapermitidodejarhuellamáshondaenelespíritupúblico».

Page 106: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

105

concernant l’administration publique et particulièrement le développement de

l’éducation,dominaitdèslespremièrespages:

«Ledéveloppementdes cheminsde fer, des ports et de toutes les communications intérieures asuiviunemarcherationnellesûrequiimpressionne[…]Peuàpeu,l’industrieestvenueàsontouroffrirdesressourcesvariéesàlarichessenationale;puis,lesarts,lessciences,l'enseignementontpréparé au pays des gloires nouvelles et des générations ardemment tournées vers l'avenir.L’impression est vraiment imposante et même grandiose […] Les documents, statistiques etphotographiesexposéesmontrentlesgrandssacrificesconsentisparleGouvernementenfaveurdel'instruction primaire et supérieure. Comme en France, l'instruction primaire est obligatoire etgratuite au Mexique, et la loi se montre rigoureuse envers les parents ou chefs d'industrie quinégligent d’envoyer aux écoles les enfants […] Des écoles spéciales sont affectées aux jeunesindiens, et le Gouvernement votait encore récemment un crédit d'un million de piastres pourl’édificationde nouveauxbâtiments scolaires […] Il possèdedes établissements universitaires depremierordre.»413

Le catalogue et le livre de Zayas faisaient une introduction fondamentale pour les

diverspublicsdupavilloncarilsprésentaientlefonctionnementministérieldel’état

porfirien, ce qui permettait de cartographier rapidement les institutions publiques

qui avaient contribué à l’exhibition. La présentation du ministère des finances

établissait une vue schématique sur la prospérité économique du pays: après

indiquerqu’ils’occupaitdesimpôtsfédérauxetdelagestiondesdépensespubliques,

la circulaire indiquait les montants en argent mexicain correspondant aux

importations (107 619 441 pesos) et aux exportations (148 453 834 pesos) pour

l’année fiscale 1898-1899. Un «tableau des recettes et dépenses ordinaires

effectives»indiquaitauxextrêmes43945699pesosderecetteet41472264pesos

dedépensesen1894-95contre60139212pesosderecetteset53499541pesosde

dépensesen1898-99.

Suivait laprésentationduministèredescommunicationsetdestravauxpublics,qui

listaitsesdépendances(lacommissionhydrographique, l’administrationdespostes,

la directions générale des télégraphes) ainsi que ses domaines d’intervention: les

monuments, l’assainissement de la capitale, les travaux des ports. Il était lié par la

questiondelasalubritépubliqueauministèredel’intérieur,quidirigeaitlesservices413Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900…, op.cit.; R. de ZAYASENRIQUEZ,LesEtats-unismexicains…,op.cit.

Page 107: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

106

d’hygiène et leur surveillance par le biais du Conseil supérieur de salubrité. La

mission de ce ministère était d’assurer le respect «des droits de l’homme et du

citoyen,delalibertédescultes»etils’occupaitdelapoliceurbaine,del’étatcivil,de

l’assistancepublique,desprisonsetdesfêtesnationales.Letexteassuraitqu’ilavait

réussi à garantir la «sureté publique»: «Les progrès réalisés à ce sujet sont

extrêmementremarquableseton leurdoitengrandepartie l'évolutionéconomique

réalisée par le Mexique, à cause de la confiance qu'ils inspirent à l'industrie, au

commerceetàtoutessortesd'entreprisesmexicainesouétrangères».

Le«ministèredeFomento,colonisationetindustrie»étaitdécritcommeayantpour

but de «contribuer à sauvegarder les intérêts matériels du pays (…) quoique

certainesdesesfonctionssoientintimementliéesavecleshautesmanifestationsdela

vie intellectuelle d’une peuple». Entre autres, le texte signalait qu’il s’occupait du

développement industriel, des poids et des mesures, de la propriété minière, de

l’agriculture,del’immigration,delagéographiedupays,desbrevetsd’invention,des

expositions nationales et internationales, des propriétés thérapeutiques de la flore

mexicaine et des statistiques du pays. Il indiquait tout particulièrement qu’«au

Mexique,lesinventeurssontprotégésparuneloispécialequirépondlargementaux

besoins du pays» et que «sous l'égide du Code actuel, qui facilite la concession et

donnelasécuritépour l'exploitationdesmines,cette industrie,quiestunedesplus

prospèresduMexique,estarrivéeàl'apogéedesasplendeur».

Finalement, laprésentationduministèrede la justiceetde l’instructionpubliquece

concentrait sur les questions d’éducation, et indiquait que le système mexicain

comprenait «l’instruction primaire, l’instruction «préparatoire» (secondaire) et

l’instruction professionnelle». Les deux dernières se partageaient en plusieurs

branchescorrespondant aux établissementssuivants : les écoles normales de

professeurs et de jeunes filles, l’École nationale préparatoire, ainsi que les écoles

nationalesdejurisprudence,demédecine,desingénieursetdesbeaux-arts.

LetextedeZayas,conçupoursonouvrageetpourlescataloguescommepréalableà

lavisitedupavillon,expliquaitlefonctionnementdupayseninsistantsurtoutesles

thématiques définies par la commission comme relevant de l’image nationale qui

Page 108: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

107

devait être présentée. Par extension, la bibliothèque portait le même esprit et

prétendaitoffrirunportraitexhaustifdesprogrèsmatérielset intellectuelsdupays

depuis le début du régime porfirien. Elle conformait une partie substantielle de

l’exposition, dans laquelle les institutions et les gouvernements, fédéraux et locaux,

furentenmêmetempsexpositeursetobjetsd’étude.

De plus, en cartographiant la division institutionnelle du travail scientifique, la

bibliothèque liait l’éventail des disciplines subsidiées par le gouvernement à un

projet national qui solidarisait la connaissance du territoire à l’administration

publique.Laprojectionstatistiqueetscientifiquedesrichessesagricolesetminérales

du pays, ainsi que celle d’une administration publique robuste, doublées de

l’ostentation d’une culture intellectuelle moderne, avaient été conçues comme

élémentsprimordiauxduprojetpromotionneldupavillonmexicain.

Connaissanceduterritoire

Les institutions et les disciplines scientifiques engagées dans la production de

connaissances sur le territoire avaient une place primordiale dans l’exposition

mexicaine.LaCommissiongéographiqueexploratrice futparticulièrement favorisée

parleministèredelapromotion,quiéditapourelleleseulcatalogueauxiliairedela

présentationenraisonde l’importancedesescontributions414.Expositeurclassique

du Mexique lors des expositions universelles, sa section d’histoire naturelle fut

avantagée en 1900 du fait que son directeur, Fernando Ferrari Pérez, était un des

organisateurslesplusimportantsparmileschefsdegroupe.

L’envergure de l’exhibition géographique et les conditions institutionnelles qui ont

permissaprééminencedécoulentde l’importanceque legouvernementattribuaità

ce rameaux dès le début du régime. Le catalogue de la Commission géographique

introduisaitsonassortimentdecartesetd’objetsavecunerevuehistorique:

414Ilyavaitaussiuncataloguegénéralpourlabibliothèque,maiscelui-cinefutpaséditéetimpriméentantquepublicationofficielleduministère.

Page 109: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

108

«Pendant le long intervalle occupé par nos convulsions politiques et par nos guerres civiles et

étrangères, l’urgence de former une carte du pays qui puisse remplir ses principales urgences

politiquesetmilitairesfutpatente.Mais,unefoisqueleMexiqueeutentrédanslapériodeactuelle

depaixetderéorganisation,cetteurgencerevêtitlecaractèred’unenécessitéimpérieuse».415

Le porfiriatmit en place unprocessus de centralisationdupouvoir dans lequel les

institutions occupèrent une fonction essentielle. Mirreya Blanco Martínez indique

que«ceprocessusreconnaissaitlaprioritédecontrôleretd’administrerleterritoire;

deconnaîtresesressourcespouruneexploitationoptimaleetpourtermineravecles

conflits régionaux et frontaliers»416. Avec la pacification intérieure du pays et sa

réhabilitationinternationale,Legouvernementpossédaitlesmoyensmatérielsetles

conditions propices pour continuer des projets expéditionnaires qui avaient été

particulièrementfavoriséspendantl’interventionnapoléonienne.

Deplus, la territorialitéétaitunélément fondamentalde la figurationnationalequi

fut exploité en abondance lors les expositions universelles. L’image du Mexique

circulant en Europe à cette époque découlait en partie d’une tradition d’images

pittoresquesetallégoriquessur lesrichessesnaturellesdupays,entretenuetoutau

longduXIXesièclesuiteàl’influencedelasensibilitéphysiocratiqueetdel’œuvrede

Humboldt417.C’étaitunlieucommundeconsidérerqueleterritoireavaitété

«Doté ainsi par la divinité (quand lamentalité scolastique prédominait), ou par la nature (avec

l’influencedesLumières),ouqu’ildépendaitdesadécouverteetmiseauprofitparseshabitants

(aumomentdupositivismeetdulibéralisme)[…]Danslesdiscoursrelatifsaudéveloppementet415JulioALVARADO,Comisióngeográfico-exploradorade laRepúblicamexicana.Catálogode losobjetosque componen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganización y trabajos., Mexico, Tipografía de la Secretaría de Fomento, 1900, p.3. Traductionpersonnelle. «Duranteel largo intervaloocupadopornuestrasconvulsionespolíticasypornuestrasguerrascivilyextranjeras,sehizopatentelaurgenciadeformarunacartadelpaísquepudierallenarlasprincipalesurgenciaspolíticasymilitares.PeroapenasentradoMéxicoenelactualperiododepazyreorganización,esaurgenciarevistióelcarácterdeunanecesidadimperiosa».416Mireya BLANCOMARTÍNEZ,MoncadaMAYA et José OMAR, «ElMinisterio de Fomento, impulsor delestudio y el reconocimiento del territorio mexicano (1877-1898)», Investigaciones geográficas, 74,avril2011,p.74‑91.Traductionpersonnelle.«Cabeseñalarqueapartirde1877,cuandoPorfirioDíazes declarado presidente constitucional, se inició un proceso de centralización del poder y lasinstituciones se convirtieron en una decidida herramienta para ello. Este proceso reconocía laprioridaddecontrolaryadministrarelterritorio;conocersusrecursosparaunaóptimaexplotaciónyterminarconlosconflictosregionalesyfronterizos».417IrmaBeatrízGARCÍAROJAS,«Elcuernodelaabundancia:mitoeidentidadeneldiscursosobreelterritorioylanaciónmexicanos»,RevueHISTOIRE(S)del’AmériqueLatine,1,2005,p.28.

Page 110: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

109

au projet de nation du Mexique au XIXe siècle était présente l’idée de la richesse et sa

représentationiconographiqueoccidentale,lacornedel’abondance.»418

Le projet promotionnel porfirien prolongeait la tendance territorialiste du

nationalismemexicain en l’investissantdans laproduction scientifique et culturelle

desesinstitutions.Lesexpositionsuniversellesfurentdesplateformesprimordiales

dansladéfinitiondeladirectionetducaractèredecetaspectdel’entiténationale.En

1889,laterritorialitémexicainefutportéparlesdisciplinesgéographiquesmaisaussi

par la consécration de l’école artistique paysagiste et naturaliste de José María

Velasco. Celle-ci était liée à la connaissance scientifique du territoire, mais lui

accordait un caractère romantique et intégrait les allégories libérales du récit

nationalofficiel.

En 1900, La propagande mexicaine continuait à signaler un pays «doué

prodigieusement de richesses naturelles, et faible en capitaux propres pour les

exploiter»419.Cependant,l’imagegénéralevéhiculéeévacuaitpresqueintégralement

l’aspect pittoresque précédemment exploité. La territorialité fut abordée

essentiellementàtraversdedisciplinesquipermettaientdecernerscientifiquement

l’espace national: la géographie, la cartographie et la géologie. Elles rendaient des

représentationsgraphiquesduterritoirequil’abordaiententantqu’objetàmaîtriser

danslecadreduprojetdeconsolidationdel’État-nation.

Le catalogue spécial du Mexique indiquait qu’une des attributions essentielles du

ministèredelapromotionétaitd’encadrer«touslestravauxrelatifsàlaformationde

lacartedupays,soitsurleterrain,soitdanslesbureaux»,principalementàtravers

de la Commission géographique exploratrice qui «d’accord [sic] avec sa

dénomination et les besoins actuels du pays, lève par des procédés expéditifs une

418Ibid.,p.2.Traductionpersonnelle.«Seconsiderabaqueelmexicanohabíasidounterritoriodotadodetalformaporladivinidad(cuandopredominabalamentalidadescolástica),oporlaNaturaleza(conla influencia de la Ilustración) o que dependía de su descubrimiento y aprovechamiento por sushabitantes (en momentos del Positivismo y del Liberalismo) (…) En los discursos relativos aldesarrolloyalproyectodenacióndelMéxicodelsigloXIXestabapresentelaideadelaabundanciaysurepresentacióniconográficaoccidental,lacornucopia».419S.B. DEMIER,México en la ExposiciónUniversal Internacional de 1900…, op.cit., p.21. Traductionpersonnelle. «Países como el nuestro, poco poblados relativamente á su extensión, dotadospródigamentederiquezasnaturales,yescasosdecapitalespropiosparaexplotarlas».

Page 111: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

110

premièrecartegéographiquedelaRépublique».420

Le catalogue des contributions de la Commission contenait un texte du colonel et

ingénieur Julio Alvarado qui présentait son histoire et ses fonctions. Alvarado

expliquaitqu’ilyavaitune«immensedisproportionentrel’ampleurdelasuperficie

duterritoirenationaletlesressourceslimitéesdontdisposaitlacommission»421,ce

qui impliquait que sa production scientifique ne vise aucunement le degré de

précisiondesétudesgéodésiqueseuropéennes.Ilajoutaitcependantqu’ilétaitprévu

que les données collectées soient utilisées par une commission géodésique qui

approfondiraitlaqualitédestravaux,etinsistaitsurlefaitquel’institutionétaitdigne

dereconnaissanceinternationaledufaitdesconditionsd’adversitéqu’elleaffrontait.

Parcontraste,lecatalogueauxiliairedelacommissionéditéen1889,justifiantavec

lesmêmesargumentslaqualitédescontenus,assumaittoutdemêmequeleMexique

occupait«unrangdecultureinférieuràlaFranceetàd’autresnationsquiprennent

partàl’exposition».422

Julio Alvarado signalait que les triangulations géodésiques étant impossibles, la

commission faisait ses relevés géographiques par des procédés astronomiques. La

section de cartographie, qui exposait la majorité des objets présentés, opérait des

réductions de ces données à diverses échelles selon un système de distribution

propre à la commission. Celui-ci permettait, entre autres, de garder les noms

multiples de certains endroits et populations en langue «indigène, vulgaire,

religieuse,légale».

Il indiquait que la section préférait produire ses cartes générales en fractions

permettant des rectifications subséquentes. Lamajeure partie des cartes recensées

420CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.421J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradoradelaRepúblicamexicana.Catálogodelosobjetosquecomponen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos..,op.cit.,p.4.Traductionpersonnelle.«(…)inmensadesproporciónqueexisteentre la gran superficie del territorio nacional y los limitados recursos de que la comisión podíadisponer».422Agustín DIAZ, Commission géographique exploratrice de la République Mexicaine. Catalogue desobjetscomposantlecontingentdelacomission,Paris,1889,p.3.

Page 112: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

111

étaientdoncdesatlasdisposésdanslabibliothèqueduministèredelapromotion423.

Les principaux travaux présentés furent des cartes des villes et des régions dont

l’échellevariaitde1:2000000à1:20000.À l’exceptiond’unecartedePapantla

(étatVeracruz)quiprésentaitlarégionselonlesespacesoccupéspardespopulations

indigènes en utilisant des critères ethnographiques424, tous les atlas suivaient les

divisionsadministrativesetfédéralesduterritoire.

Lasectionprésentaitaussi70cartesgénéralesdelaRépubliqueàl’échellede1:100

000 produites depuis la création de la commission en 1877. La plus importante

d’entreellesétaitunatlasauxfractionslithographiéesetdisposéessurvingtvolumes

de dix feuilles chacun425 . Finalement, la section ajoutait dix-sept «manuscrits

originaux de calculs géodésiques et astronomiques pour la détermination de

coordonnéesgéographiques».426

Lecataloguede lacommissionnementionnequedescarteset travauxdirectement

liés à la section cartographique. Les travaux géologiques, les itinéraires

topographiques et l’exposition d’histoire naturelle, considérés comme les plus

importants par Ferrari427, ne sont pas répertoriés. Alvarado donnait tout demême

desrenseignementshistoriquesetpratiquessurlasectiond’histoirenaturelle,quise

chargeaitdela«collectionetpréparationdesexemplairescorrespondantauxzones

explorées»428. Pendant l’exposition de la Nouvelle Orléans en 1884, sesmembres

avaientcollaboréavecdes professeursdelaSmithsonianInstitutionpouridentifier

desspécimensetpour«corroborerlanouveautéd’espècesinconnues»429.ÀParisen

1889,ilsavaientcomparéleurséchantillonsbotaniquesàceuxduJardindesplantes

puislesavaienttransportéauMuséebritannique,cequipermitdefairede«bonnes

423AGN,68/25424Cataloguedelacommissiongéographique.Cartenº52.425Ibid.Cartenº87.426Ibid.nº74à81.«Manuscritosoriginalesdecálculosgeodésicosyastronómicosparadeterminarcoordenadasgeográficas».427AGN,68/35,428J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradoradelaRepúblicamexicana.Catálogodelosobjetosquecomponen el contingente de la expresada comisión, precedido de una reseña abreviada sobre suorganizaciónytrabajos..,op.cit.,p.30.429Ibid.,p.32.

Page 113: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

112

classifications».430

La section naturelle avait établi les mêmes critères de classification pour ses

spécimensqu’en1889,àl’exceptiondelapartiezoologiquequiintégraitlesdivisions

du systèmedeClausau lieude cellesdes catalogues spéciauxpubliéspar leMusée

Britannique 431 . Les insectes coléoptères étaient arrangés selon la Genera de

Lacordaire,lapartiebotaniquesuivaitleGeneraPlantarumdeBenthametdeHooker,

et les échantillons géologiques et paléontologiques étaient accordés au système du

nord-américain J. D. Dana 432 . Les collections avaient été formées grâce aux

expéditions des «agents voyageurs» Francisco Río de la Loza pour les plantes, et

d’Alfredo Notni pour les reptiles, mammifères et insectes, mais seul ce dernier

apparaissaitcommeexpositeursdanslecataloguespécial.433

La commission géographique réunissait la totalité de ses contributions en trois

grandes sectionsrepartiesdans les classes3«Enseignement supérieur. Institutions

scientifiques» 434 , 14 «Cartes et appareils de géographie et de cosmographie.

Topographie»435et 119 «Cartographie. Hydrographie. Instruments divers»436. Elle

obtint deux grands prix pour les groupes I et II, ainsi qu’unemédaille d’or pour le

groupe XVIII437. En 1889, elle avait concentré ses contributions dans la classe 16

«Classes et appareils de géographie et Cosmographie. Topographie» du groupe II

«Educationet enseignement.Matériauxetprocédésdesarts libéraux», gagnantun

grand prix pour cette participation438. Alvarado notait dans son catalogue de 1900

430Ibid.431A. DIAZ, Commission géographique exploratrice de la République Mexicaine. Catalogue des objetscomposantlecontingentdelacomission...,op.cit.,p.51.432J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradora…opcit.,p.30.433CatalogueSpécial.GI/C3.AlfredoNotni,Mexico:«Papillons».434Ibid.,GI/C3.Commissiongéographiqueexploratrice,Xalapa (Veracruz):«Travauxscientifiques,astronomiques,topographiquesetd’histoirenaturellesurleMexique».435 Ibid., G I/C 14. Commission géographique et exploratrice, Xalapa (Veracruz): «Cartestopographiquesetgéographiques».436 Ibid., G XVIII/C 119. Commission géographique exploratrice, Xalapa (Veracruz): «Grandecollectiondecartesettravauxtopographiques,géodésiques,cartographiques,albumsdecartes,etc.».437Lista de las recompensas obtenidas por expositores mexicanos en la exposición universal de Paris1900,México,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1901.438ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine, Paris, Imprimerie Générale Lahure, 1889. G II/C 16. Commission géographique

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113

quelacommissionavaitaussigagnéun«prixextraordinaire»àlaNouvelleOrléans

en1884439.Àcetteépoque, leministèrede lapromotionobtintaussiungrandprix

relatifàlarecherchegéographiquepoursacartechorographiquedelacapitale.440

Lesautres institutionsduministèrede lapromotionprésentèrentdescontributions

moins ambitieuses. Cependant, l’organisation de leurs travaux avait impliqué la

mobilisationderessourceshumainesetéconomiquesimportantes,et lacommission

mexicaine décida de garder la totalité de leurs objets pendant le filtrage final de

l’exposition441.Lesdeuxobservatoiresgérésparleministère,l’unmétéorologiqueàla

villedeMexico442etl’autreastronomiqueàTacubaya443,reçurentdesmédaillesd’or

pour leurs publications correspondant à leurs sections magnétique et

météorologique.

L’Institut médical, qui fut récompensé avec un grand prix pour l’ensemble de ses

travaux444,avaitétéfondéen1888etprésentéàParispourlapremièrefoisen1900.

L’institutionétaitdanslesmotsdeFerrariPérez«uniqueaumonde»445:spécialisée

dans les plantes médicinales mexicaines, elle exposait des préparations

pharmaceutiques, des herbiers et ses publications446. La commission distribua mil

catalogues de ses quarante-trois herbiers les plus importants447 ainsi que 500

exemplaires de La vie sur les hauts plateaux448, ouvrage traduit en français pour

exploratrice:«Collectiond’albums,livresdecalcul,atlas, itinéraires,cataloguesdenombresdoubles,atlasdesignes, impressionsdiverses.Travauxdestinésàdonnerune idéedesprocédésemployésetdesrésultatsobtenus».439J.ALVARADO,Comisióngeográfico-exploradora…opcit.,p.30.440Ibid., G I/C 3. Section des Cartes du Ministère de Fomento, Colonisation et Industrie, Mexico:«CartegéographiquedelaRépubliqueMexicaine.Carteorographiquedudistrictfédéral.»441AGN,68/24.442Ibid.,GI/C3.Observatoiremétéorologiquecentral,Mexico:«Publications».443Ibid.,GI/C3.Observatoireastronomiquenational,Tacubaya:«Publications». 444Lista de las recompensas obtenidas por expositores mexicanos en la exposición universal de Paris1900...,op.cit.445AGN,68/35.446 Catalogue Spécial. G I/C 3. Institut médical national, Mexico: «Publications. Préparationspharmaceutiques.Herbier.Préparationschimiques.Herbierdeplantesmédicinales». 447AGN,54/10.448VoirAnnexe8.HERRERAAlfonsoLuisetDanielVERGARALOPE,Laviesurleshautsplateaux:influencede la pression barométrique sur la constitution et le développement des êtres organisés, traitement

Page 115: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

114

l’expositionetannoncécommeayantgagnéunprixdelaSmithsonianInstitution.

Pour sa part, l’Institut géologique était un organisme investi avec la commission

géographiquedanslamissiondeconstruireune«cartegénéraledelaRépublique».

Ceprojetscientifiqueetledéveloppementdesindustriesd’extractionétaientliésen

tant que fonctions duministère: le catalogue spécial présentait l’institut en disant

que «l'action duMinistère sur les mines ne se borne pas à ce qui en concerne la

propriété,carsasphèred'activitéembrassetouslestravauxscientifiquesquirévèlent

l'état du sous-sol du pays». Lesmembres de cette institution avaient réalisé pour

l’expositionunrelevéstratigraphiqueentrelesportsd’Acapulco(côtepacifique)etde

Veracruz (côte atlantique) qui fut remarqué par le jury international, ainsi qu’une

carte géologiquequi fut reproduitedans le rapport final du groupeXI449. L’institut,

qui présentait aussi des cartes des volcans et des dépôts d’onyx ainsi que ses

publications scientifiques450 , gagna un grand prix en raison de son expédition

interocéanique.

Lescataloguesdel’expositionmexicaineconcevaientlaconnaissancegéographiqueet

géologiqueduterritoirecommeunpréalableouuncorolaireàl’exploitationefficace

de ses ressources nationales. Ces disciplines s’alliaient aux expositions

minéralogiques publiques et privées pour montrer l’intérêt d’investir dans le

développementdesindustriesminièresmexicaines.Lerapportdujurypourlegroupe

XI signalait que «les nombreux échantillons envoyés de tous les états duMexique

montraientfortbienlarichesseminéraledecepays»451,etlacompagniefrançaisedu

Boleo, décrite comme la seule à donner «des renseignements intéressants sur son

exploitation»452,obtintdeuxgrandsprixpoursescontributions453.Pourleurpart,la

climatérique de la tuberculose. Ouvrage couronné par l’Institut Smithsonien deWashington (ConcoursHodgkins,1895),Mexico,Mexique,ImprimeriedeI.Escalante,1899.449Expositionuniverselleinternationalede1900àParis.Rapportsdujuryinternational.GroupeXI.Minesetmétallurgie.Deuxièmepartie.Classe63(TomeII),Paris,Imprimerienationale,1902,p.274‑275.450 Catalogue Spécial. G I/C 3. Institut géologique, Mexico: «Cartes. Coupes. Photographies etcollectionminière,géologique,stratigraphiqueetpétrographiqueduMexique».451Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe XI.Minesetmétallurgie.Deuxièmepartie.Classe63(TomeII)...,op.cit.,p.274.452Ibid.

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115

Compagnie minière de Pachuca et Real del Monte 454 , ainsi qu’une exposition

collectiveduministèredelapromotion455obtinrentégalementdesgrandsprixpour

l’expositiondemineraisdivers.

La connaissance du territoire était une fonction gouvernementale que l’exposition

mexicaineliaitàl’industrieminière,maisaussiàl’administrationpubliqueengénéral.

IrmaBeatrízRojasconsidèrequ’àlafinduXIXesièclelecaractèreculturel,politique

et juridiquedelanationmexicainefutparticulièrementassociéàsaterritorialité456.

Lorsdel’expositionuniversellede1900,lacartographieduprogrèsnationalfutune

stratégie privilégiée pour insister sur la modernisation intégrale du pays. Les

contenus du pavillon mexicain étaient reliés en dernière instance par la volonté

d’afficher l’étalement du pouvoir public sur un espace national matériellement et

juridiquementpropiceàl’initiativeprivée.

Administrationpublique

Lepavillonmexicaindel’expositionuniverselledeParis1900présentaitsescontenus

principalement sur deux fronts : l’un correspondait aux compagnies privées et aux

particuliers qui exposaient un éventail d’échantillons concentrés sur les groupes

d’agriculture, de mines et de produits textiles. L’autre revenait aux expositions

gouvernementales, qui recouvraient l’ensemble de la nomenclature mais se

centraientprincipalement sur l’administrationpublique.Elles concernaient tous les

niveaux du gouvernement (fédéral, régional et local) et mobilisaient une vaste

gammed’acteursinstitutionnels.

453Cataloguespécial.GXI/C63.CompagnieduBoleo,SantaRosalia(Basse-Californie):«Mineraisdecuivre. Photographies. Installations électriques. Société française.»; G XI/C64: «Barres de cuivrepoliesetbrutes.Unmorceaudemattepauvreà60p.100environ.Unmorceaudemattericheà70p.100environ.Statistiques.Photographies.Sociétéfrançaise».454Ibid., G XI/C 63. Compagnie minière Pachuca et Real del Monte, Pachuca (État d'Hidalgo):«Mineraisdivers.Plantopographiqueetminier.Vuesphotographiques».455Ibid.,GXI/C63.MinisteriodeFomento,Mexico:«Expositioncollectiveplurinominale».456IrmaBearízGARCÍAROJAS,«HistoriadelavisiónterritorialdelEstadomexicano :representacionespolítico-culturales del territorio», thèse de doctorat, Universidad de Guadalajara/UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,Guadalajara/Mexico,2009.

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116

Laprééminencede l’expositiongéographiqueprovenaitdu faitqu’elleétait liéeaux

rameauxduministèredelapromotion,maisellen’offraitqu’unefractiond’unregard

global sur leprojetnationalporfirien,dont ledéploiementdépendaitde l’ensemble

des ministères et de leurs institutions. Les ministères des communications et des

travaux publics, de l’intérieur, et de justice et instruction publique eurent une

fonction primordiale dans l’agencement de l’image nationale exposée. Lors de ses

conseilsdeconsultation,lacommissionmexicaineavaitdéfinilaprioritédemontrer

ledéveloppementdupaysàtraversdestatistiquessurlesservicesetlespopulations,

de l’ostentation de l’assainissement des villes et des ports,mais aussi à travers de

l’éducation,qui serait ledomaine fondamental traitépar lespouvoirsdécentralisés.

Ainsi, les objets contribuant à construire une image de prospérité étaient

principalement rattachés aux groupes III «Éducation et enseignement», V

«Électricité», VI «Génie civil. Moyens de transport» et XVI «Économie sociale.

Hygiène.Assistancepublique».

Le ministère de la promotion était responsable de la Direction générale des

statistiques de la République Mexicaine, qui présentait des publications457parmi

lesquellessedistinguaitlepremierrecensementdémographiquenationaleffectuéen

1895458. Ce travail, qui constituait l’undes grandsprojets statistiquesdu régime et

avaitvaluunemédailled’oràladirection,n’étaitpascataloguéindividuellementmais

futmentionnédansplusieursdespublicationsdistribuées(notammentdansleslivres

deGustaveGostkowski et deRafael de Zayas Enríquez ainsi que dans leCatalogue

spécial). Entrepris sous la direction de l’historien Antonio Peñafiel, concepteur du

palaisaztèque,ilintégraitdescritèresvariés(âge,genre,étatcivil,lieudenaissance,

langue, religion, éducation, occupation) et fut considéré comme un outil

457Cataloguespécial.GIII/C14.DirectiongénéraledeStatistiquedelaRépubliqueMexicaine,Mexico:«Publicationsdeladirection».458AGN,68/35;DIRECCIÓNGENERALDEESTADÍSTICA,CensogeneraldelaRepúblicaMexicanaverificadoel20octubrede1895.,México,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1899.

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indispensablepourundiagnosticintégraldespopulations459.Ilestimait13,6millions

d’habitantsauMexiquedont476413pourlacapitale.460

Leministèreexposadeuxautrestravauximportantseffectuésspécifiquementpourle

pavillon.Lepremierétaitun«tableaucomparatifdesprogrèsréalisésparlesEtats-

Unismexicains,durantlesquinzedernièresannées»461quiintégraitdesdonnéessur

le développement des industries agricoles et d’extraction, ainsi que sur le

développementéconomiqueet infrastructureldesportsetdescentresrégionaux462.

L’autreétaituncadrecomparatifdel’administrationpubliqueauMexiquecommandé

à Inocencio Cucalón463. Il cartographiait le développement des télégraphes, des

réseaux électriques et des établissements publics (principalement les écoles, les

hôpitauxet lesprisons)464suruneplageelleaussidequinzeans.Cela témoignedu

lienintimequelaprésentationétablissaitentreledéveloppementindustrieldupays

et la consolidation du pouvoir public. L’importance de cet aspect de la prospérité

nationale est attestée aussi par le fait que le ministre Fernández Leal envoya dix

exemplaires du tableau de Cucalón pour être distribués en demandant qu’il fut

encadréetexposédansunendroitvisible.465

Leministèredescommunicationsetdes travauxpublics futomniprésentparmi les

contributions relevant de l’administration du fait que ses domaines d’intervention

correspondaitàceuxdesautres.Ilpartageaitlaprésentationdestravauxpublicsdans

le groupe VI, mais était le seul à s’occuper du groupe V. Des huit contributions

conformant legrouped’électricité, cinqprovenaientdecompagniesprivéesetdeux

d’institutionsfédérales;aucungouvernementrégionalnilocalcollabora.Lacirculaire

envoyéepar le chefdugroupeRafaelRamosArizpepourorganiser laparticipation

459125añosdelaDirecciónGeneraldeEstadística1882-2007,Mexico,InstitutoNacionaldeGeografíayEstadística,2009.460CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.461Cataloguespécial.G III/C14.MinistèredeFomento,Colonisationet Industrie,Mexico :«TableaucomparatifdesprogrèsréalisésparlesÉtats-UnisMexicains,durantlesquinzedernièresannées».462AGN,68/35.463Catalogue spécial. G III/C14. Inocencio Cucalón, Mexico.: «Tableau statistique des progrès deMexico».464AGN,68/35.465Ibid.

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118

signalait que les publications statistiques officielles seraient élaborées à partir des

données fournies par ces entreprises. Il leur déléguait la responsabilité de

représenter leurs régions respectives et écrivait qu’il était «persuadé qu’une

complète exhibitiondes applications faites par ce rameaudes sciences […] sera un

moyen efficace pour faire connaître le degré de culture où se trouve cet important

état».466

Lescinqcompagniesquiconcoururentàl’exposition,établiesàMexicoetdansl’état

d’Hidalgo, présentèrent essentiellement des plans et des photographies pour les

classes 23 «Production et utilisation mécanique de l’électricité»467, 25 «Éclairage

électrique»468et 27 «Applications diverses de l’électricité»469. On y retrouve la

compagnieminièredeRealdelMonteyPachucaquiavaitgagnéungrandprixdansle

groupeXI.470

En plus de cartes décrivant les réseaux électriques 471 , le ministère des

communicationsprésentaitdeuxorganismesqu’iladministrait,laDirectiongénérale

destélégraphesfédéraux472etl’Administrationgénéraledespostes473,quigagnèrent

touteslesdeuxdesmédaillesd’ordanslaclasse26«Télégraphie.Téléphonie».Dans

sonrapportfinalàSebastiánB.deMier,RamosArizpedisaitavoirconstruitunecarte

générale qui indiquait toutes les lignes télégraphiques et téléphoniques du pays,

466AGN, 22/9. Traduction personnelle. «(…) persuadido de que una completa exhibición de lasaplicacionesquesehanhechodeesteramodelasciencias(…)seráunamediosegurodedaraconocerelgradodeculturaaqueseencuentraeseimportanteEstado».467CatalogueSpécial.GV/C23.Compagniemexicained'électricité,Mexico:«Plansetphotographiesd'installations pour le service de la forcemotrice» ; GV/C23. Compagnie de transmissionde forcemotriceélectrique,Régla (Étatd’Hidalgo): «Plansetphotographiesdes installationsdemachinesetdesinstallationshydrauliques».468Ibid., G V/C 25. Société mexicaine d'électricité, Mexico: «Installations pour fournir la lumièreélectriqueàMexico.Plans.Photographies».469Ibid.,GV/C27.CompagniedeGuadalupe,Pachuca(Etatd’Hidalgo):«Plansetphotographiesdesinstallationsdesmachinesélectriquespourlebrouillagedesminéraux».470Ibid.,GV/C27.CompagnieminièredeRealdelMonteyPachuca:«Photographiesd'installationdemachinesélectriquespourl'épuisementdeseauxdesmines».471Ibid., G V/C 26. Direction générale des Télégraphes fédéraux, Mexico: «Carte du Mexiqueindiquantlesboisemployésdanslaconstructiondeslignestélégraphiquesfédérales».472Ibid., G V/C 26. Direction générale des Télégraphes fédéraux, Mexico: «Repetidor Gutierrez.Organisationgénérale.Lois.Règlements.Bulletintélégraphique.Cartes,etc.».473Ibid.,GV/C26.AdministrationgénéraledesPostes,Mexico:«Organisationgénérale.Tableauxdestatistique.Collectiondetimbres.Lois.Règlements.Matériel».

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qu’elles furent privées (pour les compagnies électriques et de chemins de fer) ou

publiques(fédéralesouétatiques).Ellemarquaitaussitouteslesmunicipalitésayant

un service d’éclairage publique ou des installations hydroélectriques474 . Ramos

Arizpeécrivaitque«ceréseau,longde116800km,montreledéveloppementdenos

communicationsetparleauxyeuxdesentrepreneurs».475

Il publia une brochure avec les données collectées par les entreprises et les

directions, Estadística de las aplicaciones de la electricidad 476 , puis une étude

historiquesurleserviced’éclairagedanslavilledeMexico477.Malgrélefaitqu’elles

étaient écrites en espagnol, Mier signale dans son rapport qu’elles furent

«profusémentdistribuéesàParisparmilespersonnescapablesdelesapprécieretde

lesutiliser»,etqu’ellesauraientvaluàleurauteurde«notablesrécompenses».478

PourlegroupeVI, l’ingénieurLuisSalazaravaitétéchargéaveclaresponsabilitéde

coordonnerl’expositiondeschampsd’interventionduministèredestravauxpublics.

IlétaitlechefdudépartementdestravauxmaritimesàMexicoetavaitparticipédans

laconstructiondelavoieferréeentreMexicoetVeracruz(côteatlantique).En1900,

il organisa la collaborationdes compagnies de cheminde fer pour le transport des

contributions à l’exposition universelle et pour le déplacement desmembres de la

commission. Si plus de cinquante compagnies avaient soutenu le ministère de la

promotion479, leurparticipationàl’expositionfutencontrasteminimale.Iln’yavait

queseptexpositeurspour laclasse32«Matérieldescheminsde feret tramways»,

dontcinqcompagnies.Lesplus importantesétaient leCheminde fercentral480et le

474Cettecarten’apparaîtpasindividuellementdanslecatalogue,maispourraitavoirétéintégréeàlacontribution de la Direction générale des télégraphes fédéraux dans le groupe 26 sous la rubrique«cartes».475AGN,68/35. Traduction personnelle. « Esta red, cuya longitud total es de 116,800 kilómetros, muestra el desarrollo de nuestras comunicaciones y habla á los ojos de los hombres de empresa. »476RafaelRAMOSARIZPE,Estadísticadelasaplicacionesdelaelectricidad,Mexico,1900.477RafaelRAMOSARIZPE,ElalumbradopúblicoenlaciudaddeMéxico:Estudiohistórico,Mexico,1900.478S.B. DEMIER,México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p.43. Traductionpersonnelle.«[obras] que se distribuyeron profusamente en París entre las personas capaces de apreciarlas y utilizarlas, y que por sí solas hubieran valido á su autor notables recompensas, si hubiera figurado como expositor ». 479AGN, 58/4. Traduction personnelle. «Más de cincuenta de estas compañías han tenido a bienadjudicarimportantesconcesionesenbeneficiodeesteministerio».480Cataloguespécial.GVI/C32.Chemindefercentralmexicain,Mexico:«Renseignementsdiverssur

Page 121: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

120

Chemindeferinternational481mexicainsqui,demêmequelerestedesparticipants,

présentèrent essentiellement des photographies, des statistiques, et des

renseignements techniques et historiques482 . Seule une compagnie du Yucatán

participaitcommeexpositeurendehorsdelaclasse32.483

Danssonrapport,Mierindiquaitqu’ilyavaitunecartedescheminsdeferimportante

danslaclasse29«Modèles.Plansetdessinsdetravauxpublics»,maisellenefigure

sur aucun des catalogues et aucun travail préparatoire de la classe VI ne la

mentionne484 . Malgré le fait que cette exhibition était mineure, les principales

publications publicitaires ainsi que le catalogue spécial et le catalogue officiel

mentionnaientledéveloppementdesvoiesferrésparrapportà1889.

Leministèredescommunicationsetdestravauxpublicsorganisadesexhibitionsplus

importantesencequiconcernesesautresattributions.L’uned’ellesétaitlagestionet

connaissancedesressourcesaquifèresàtraversdelaCommissionhydrographique485

et de la Commission d’inspection du fleuve Nazas486, qui présentèrent une carte

hydrographiqueduMexiqueetdesétudesscientifiquesqueSalazarconsidéraitdans

sonrapport final commedescontributionsmajeures487.Leministèregéraitaussi la

Directiongénéraledesphares488,quireçutunemédailled’orpourson«approchetrès

complèteetintéressantesurl’équipementdenoscôtes».489

lematérielroulant,machines,personnel,etc.Itinéraires,photographies».481Ibid.,GVI/C32.Chemindeferinternationalmexicain,Mexico:«Photographies».482Ibid., G VI/C 32. Chemin de fer de Merida (Yucatán), Mexico: «Renseignements historiques etstatistiques, photographies»; G VI/C 32. Chemin de fer de Jalapa à Teocelo (Veracruz), Mexico:«Règlement,photographies,sectiondurail»;GVI/C32.ChemindeferdeTorresàMinasPrietas(ÉtatdeChihuahua),Mexico:«Photographies»;GVI/C32.Gouvernementdel'ÉtatdeMichoacán,Morelia:«Photographiesdescheminsdefer».483Ibid.,GIX/C50.CheminsdeferSud-OrientauxdeYucatán,Merida:«Collectiondebois».484S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.41.485Catalogue spécial. G VI/C 29. Commission hydrographique des États-UnisMexicains, Mexico:«Albumphotographiquedespointsderepère fixésdans les travauxdenivellementpratiquéspar ladivisiondelavalléedeMexico.Étudesurl'explorationdelacouchephréatiquedel'Ajusco.Curvesdesvitesses,débits,etcruesdesrivièresdelavalléedeMexico».486Ibid., G VI/C 29. Commission d'inspection du fleuve Nazas, Ciudad Lerdo (État de Durango):«Mémoireetplans.Règlementspourladistributiondeseaux». 487AGN,64/35.488Cataloguespécial.GVI/C29.Directiongénéraledesphares,Veracruz;«Plansdespharesen1891et en 1900. Projet général d'éclairage dans les côtes de la RépubliqueMexicaine. Projet d'éclairage

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121

Cependant, la fonction principale du ministère –et celle qui fut prioritairement

publicisée dans le pavillon– était la prise en charge des actions d’assainissement

urbain et côtier dans tout le pays. Son exposition insistait particulièrement sur les

travaux effectués dans les ports et dans la ville de Mexico. La majeure partie des

ingénieurs responsables de ces projets faisaient partie d’un organe associé au

ministère de l’intérieur, le Conseil supérieur de salubrité. L’exposition hygiénique

mexicaine était en conséquence conformée par les contributions de ces deux

ministères et montrait essentiellement les grands travaux publics porfiriens de

salubritéavecsescorolairesinstitutionnelsetjuridiques.Elleétaitrépartieentreles

groupesVIetXVIetseconfondaitavecl’administrationdeshôpitaux,desprisonset

desinstitutionsd’assistancepublique.

La gestion des ports était assurée par le Département des travaux maritimes du

ministèredestravauxpublics.Sacontribution,quigagnaungrandprixdanslaclasse

29,contenaitdesmonographies,desdessins,desphotographiesetdesmodèlesdes

portsmexicains490.Lescirculairesducataloguemettaientenavantlestravauxrelatifs

aux installations de Mazatlán et de Veracruz, et le livre de Mier soulignait

entre Veracruz et Anton Lizardo. Éclairage provisoire dans la côte orientale de Yucatan. Plans,rapports, et photographies des phares à Sacrificios, Isla de Enmedio, Santiaguillo, Arcas, Selvaplaya,Alacranes,Progreso, IsladeLobos,SalinaCruz,Zapotitlan,PuertoAngel,etCaboCorrientes.Balisagedans les ports de Isla del Carmen et La Paz. Étude sur la visibilité des phares dans les environs deVeracruz.ÉtudesurlatransparenceatmosphériqueàVeracruz.Règlementpourleservicedesphares.Personneletdépensesdansleservicedesphares.Tableauxsurlaconsommationdecombustibledansles phares. Modèle du phare de Salina Cruz. Modèle du phare de Santiaguillo. Modèle du phare deZapotitlan.ModèledebalisepourVeracruzetAntonLizardo.AppareilpourlephareduCapSanLucas(Basse-Californie).AppareilàfeupermanentpourlerécifdeMadagascar».489AGN,64/35.490Catalogue spécial. G VI/C 29. Ministère des Communications et des Travaux publics, Mexico:«Rapportsurlestravauxd'améliorationduportdeVeracruz.Photographies.Projetd'assainissementdelavilledeVeracruz.Mémoires,dessins,etphotographies surlesportsdeSantaRosalía,Mazatlán,Altata,SalinaCruz,Coatzacoalcos,IsladelCarmen.Frontera,Progreso,etSanJuanBautista.TravauxdelaCommissionduSuchiate.MémoiresurlestravauxdedéfensecontreleseauxduRioBravodelNorte.Mémoire sur l'assainissement de LagunoMadré.Mémoire sur les travaux de dessèchement dans lavallée de Mexico. Rapport sur les travaux de canalisation à l'embouchure du fleuve Panuco pourl'améliorationduportdeTampico-Modèlesetdessinsdelabarreetdesjetées.Vueducanaletduport.Photographies. Routes de Guadalajara à Tepic et à San Blas. Contrat de reconstruction et entretien.RoutedeTrinidadàSaltodeAgua(ÉtatdeChiapas).Contratdeconstruction.RoutedeCiudadVictoriaàTula(ÉtatdeTamaulipas).Contratpoursonachèvementetmaintien.»

Page 123: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

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l’importance d’un ouvrage d’Alejandro Prieto sur l’assainissement du port de

Tampicoayantgagnéunemédailled’argent.491

Poursapart,l’assainissementdelacapitaleaumoyend’unlongsystèmededrainage

relevait d’une collaboration entre leministère des travaux publics, leministère de

l’intérieur, le Conseil supérieur de salubrité, le Conseil municipal et le conseil

d’assainissementdelavilledeMexico.L’entrepriseconstitualeprojetd’ingénieriele

plus ambitieuxdu régimeet fut inauguré le17mars1900par leprésidentDíaz492.

«L’œuvregrandiosedudrainagede lavalléedeMexico»493consistait enun réseau

d’égoutsdequarantekilomètres inspirédutout-à-l’égoutparisienquipermettaitde

nettoyerleslacsintérieursdelavallée,deviderl’eaudescrues,d’assécherlesmarais

et de remédier aux fréquentes inondations. Les travaux furent présentés par le

conseil d’assainissement494avecdesplans, desphotographies etdesmonographies.

Leprincipalconcepteurdusystème,l’hygiénisteRobertoGayol495,reçutunemédaille

d’orpoursestravauxtechniques.

Lapartie de l’expositionhygiéniquequi correspondait spécifiquement auministère

de l’intérieur se circonscrivait au groupe XVI. José Ramirez, chef du groupe et

secrétaire général du Conseil supérieur de salubrité, s’occupa surtout d’organiser

l’exposition de cette institution. «Courte,mais intéressante»496, la contribution du

conseilgagnaungrandprixpoursespublicationsettableauxgraphiquesrelatifsàla

mortalité par maladies et à ses programmes de vaccination contre la rage497. Les

491Ibid.,GVI/C29.AlejandroPrieto, ingénieur,Tacubaya:«Etudesurl'assainissementdelavilledeTampicoetterrainsenvironnants».492Claudia AGOSTONI,Monuments of Progress. Modernization and Public Health inMexico City, 1876-1910, Mexico, 2003. De ce fait, les publications de l’exposition universelle contenaient desinformationscontradictoiresursonétatd’avancement.493Ibid.494Ibid.,GXVI/C112.Conseild'assainissement,Mexico:«Photographiesdesédificesetdes travauxd'assainissementdelaVilledeMexico».495Ibid., G VI/C 29.Roberto Gayol, ingénieur, Mexico: «Plan, dessins et mémoire sur les travauxd'assainissementdelavilledeMexico».496S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.497Cataloguespécial. GXVI/C111.Conseil SupérieurdeSalubritéduMexique: «Photographiesdesinstallations sanitaires du Conseil Supérieur de Salubrité, tableau graphique de la mortalité par letyphus,tableaugraphiqueprésentantlerésultatobtenuparl'applicationdesinjectionscontrelarage,plansde laVilledeMexicoavec ladistributiondesmaisonsde santépour lesmaladies infectieuses,

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123

circulaires du catalogue prenaient soin de noter que la législation sanitaire

développéeparleconseil,concentréedanslecodesanitairede1894,concordaitavec

laconventioninternationaledeDresdepourlapréventiondemaladiesépidémiques.

Le catalogue concluait que ces «intelligentesmesures contribueront à diminuer la

mortalité dans des proportions considérables et à rendre les quelques endroits

insalubresduMexiqueabsolumentinoffensifspourlesEuropéensquionttantàfaire

danscerichepays».498

JoséRamirezindiquaitdanssonrapportfinalquetroisprospectusfurentlargement

distribuésauxvisiteursdupavillon:«DescriptionabrégéeduProjetd'asséchement

delavilledeMexico»,«ÉtablissementsetAsilesdel'AssistancePubliquedeMexico»

et«RésuméduProjetdel'HôpitalgénéraldeMexico»499.Ilsattestentdel’importance

que la santé et l’hygiène publiques avaient au sein de l’exposition. Au Mexique,

c’étaient des dimensions fondamentales de l’administration porfirienne et furent

portées par certains de intellectuels les plus célébrés du régime; l’hygiénisme

françaiset lepasteurismedevinrentdesparadigmesincontournablesdès lesdébuts

des années 1880. Eduardo Liceaga, président du Conseil supérieur de salubrité et

adhérantprécoceàlabactériologie,maintenaitunecorrespondancepersonnelleavec

Louis Pasteur et avait rapporté directement de France des échantillons de lapins

infectésde la ragepourproduiredesvaccins. Il avait étudié le systèmeparisiende

cloaques et il commença à implémenter le tout-à-l’égoutdans la ville de Mexico à

partir de 1887500 . Il présenta à l’exposition parisienne de 1889 des bouteilles

contenantdeseaux ferrugineusesnaturelles501eten1900 ilgagnaunmédailled’or

poursestravauxscientifiques.502

publicationsduConseilSupérieurdeSalubrité».498Ibid.499AGN,64/35.500EduardoLICEAGA,Misrecuerdosdeotrostiempos,Mexico,1949.501Catalogueofficiel,1889.GVI/C 64.Eduardo Liceaga,Mexico: «12 siphons et 12 bouteilles, eauxferrugineusesnaturelles».502Cataloguespécial.GIII/C13.EduardoLiceaga,Mexico:«Publicationssurlamédecine».

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124

En dehors de la classe 111, dans laquelle il participait par le biais du Conseil

supérieurdesalubrité,leministèredel’intérieurfaisaitsescontributionsrelevantde

la santé publique dans la classe 112 «Assistance publique». Il présentait des

photographiesdesesétablissementetgagnaunemédailled’orpoursesdessinsetses

plansdel’Hôpitalgénéraldelacapitale503.ConçuparLiceagaetparRobertoGayol,il

réunissait l’Écoledemédecineet l’Écoledepharmacieetcomprenaitvingtpavillons

oùétaientaffectésdeslaboratoires,dessallesd’opérationsetunasiled’aliénés.

Le catalogue de l’exposition mentionnait un grand établissement pénitentiaire qui

réunissait toutes les conditionsdésirablesd’hygièneetqui serait inaugurédans les

plusbrefsdélais.Cette«institutionqueréclamaientimpérieusementl'étatdeculture

dupayset l'esprithumanitaireetprogressistedenotreépoque»504n’estmentionné

nullepartailleurs.IlestfortprobablequecesoitlePalaisdeLecumberri,inauguréle

19 septembre1900parPorfirioDíaz.Cetteprison,qui comportaituncorps central

polygonal conçu selon le modèle du panoptique du philosophe anglais Bentham,

devait figurer à coup sûre parmi les publications de la bibliothèque. Elle avait été

construiteaveclacollaborationd’AntonioM.Anzaetfutconsacréecommel’unedes

grandesréférencesdustylenéogrecauMexique.505

Quant aux gouvernements des états, la collaboration pour l’exposition de

l’administration porfirienne concerna presque exclusivement l’instruction publique.

La bibliothèque contenait des publications sur les administrations régionales qui

traitaient d’autres domaines, mais le catalogue les classifiait comme ayant été

soumisesparlesministèresetpardesexpositeursparticuliers.Ilestpossiblequ’elles

aientétéenvoyéespar lesgouvernements locaux,maisseuls lesdocumentstraitant

de l’éducation furent associés aux états et aux municipalités. La circulaire

d’organisation envoyée aux gouverneurs en avril 1898 les priait de préparer une

503Ibid., G XVI/C 112. Secrétariat de l'Intérieur, Mexico: «Médicaments divers, élaborés dans lesdépartements de l'assistance publique, photographies des divers départements de l'assistancepublique.Photographiesdesdivershôpitaux,dessinduprojetd'hôpitalgénéral,dresséparMr. leDr.EduardoLiceagaetl'ingénieurRobertoGayol».504Ibid.505Le Palais de Lecumberri accueille les Archives générales de la nation depuis 1976.ElPalaciodeLecumberri,Mexico,ArchivoGeneraldelaNación,1990.

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125

exhibitionofficielledel’état«pourquetouslesrameauxdesonadministrationsoient

dument représentés»506. Cependant, parmi toutes les circulaires envoyées, la seule

qui leur demandait formellement des contributions pour ce qui relevait de

l’administrationpubliqueétaitcelledeFernandoFerrariPérezpourlegroupeI,avec

unformatstandardisépourcollecterdesinformationssurlesservicesd’instruction.

Dans la classe10«Architecture»,dans laquelle leshôpitauxet lesprisonsdupays

étaient convenablement représentés507, seul le gouvernement de San Luis Potosí

présentaitdesédificespubliques508.Danslaclasse111«Hygiène»,iln’yavaitquele

gouvernementdeZacatecasà transmettredesdocumentssursesétablissementsde

bienfaisance et sur son hôpital civil509, et les seules institutions régionales non

éducatives qui envoyèrent des objets furent les prisons des états d’Hidalgo et de

Monterrey510 . Pour le groupe VI, il y avait sept participations provinciales et

municipales, dont cinq relevaient de la classe 31 «Sellerie. Bourrellerie» et une

consistait en des photographies de chemins de fer du Michoacán, soit aucune

expositionsurdestravauxpubliques.511

En contraste avec cette lacune, la plus grande partie des objets relevant de

l’instruction publique, recensés dans les groupes I et III, provenaient des

gouvernements des états et des institution d’enseignement régionales. Fernando506AGN,21/9.Traductionpersonnelle.«Agricultores,minerosydemásindustrialesdeeseestado»;«quetodoslosramosdesuadministraciónquedendebidamenterepresentados».507Cataloguespécial.GII/C10.DépartementduCorpsmédicalduMinistèred'EtatdelaGuerreetdelaMarine,Mexico:«Plansd'hôpitaux»;GII/C10.Emilio,López,Puebla:«Projetdereconstructiondel'hospice de Puebla»; G II/C 10. Carlos y Antonio Medina y Ormachea, Mexico: «Projet depénitentiaire».508Ibid.GII/C10.GobiernodelEstadodeSanLuisPotosi,SanLuisPotosi:«Photographiesetplandupénitentiaire de l'Étal. Photographies et plan du théâtre de « La Paz ». Photographies et plan del'Institutcivildel'État».509Ibid.GXVI/C111.Gouvernementdel'ÉtatdeZacatecas,Zacatecas:«Documentsetphotographiesdel'hôpitalcivil,mémoireetphotographiesdesétablissementsdebienfaisance».510Ibid.GXIII/C70.Prisondel'Étatd’Hidalgo,Pachuca:«Tabledenuit.»;GXIII/C86.PénitencierdeMonterrey,Monterrey:Souliers».511Ibid.GVI/C28.Municipalitéd’Atotonilco,Hidalgo:«Chaux»;GVI/C30.ÉcoledesArtsetMétiersde Guadalupe, Zacatecas: «Diverses pièces pour chariot»; G VI/C 30. Gouvernement de l’état deMexico,Toluca:«Sellebrodée»;GVI/C30.Gouvernementdel’ÉtatdePuebla,Puebla:«Sellegarnie,freinetharnachements»;GVI/C30.MunicipalitéTepetitlan,Hidalgo:«Fûtpourselle»;GVI/C30.Gouvernement de l’État de Zacatecas: «Frein»; G VI/C32. Gouvernement de l’État de Michoacán,Morelia:«Photographiesdescheminsdefer».

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FerrariPerezincluaitdanssonrapportfinalunelistedanslaquelleilsignalait,parmi

touteslescontributions,cellesquiauraientétévaloriséesoùdistinguéesparlesjurys

etparlesmembresdelacommissionmexicaine512.Cettelistepermetdechoisirdes

exemples pertinents dans le catalogue, qui listait 110 contributions relatives à

l’éducationpourlegroupeIenplusdesgrandscorpusdesministères.

Les contributions des gouvernements des états et des institutions régionales se

concentrèrentexclusivementsurlegroupeI.FerrariPérezremarquaitpourlaclasse

1 «Éducation de l’enfance. Enseignement primaire. Enseignement des adultes» les

travaux des états deMorelos, de San Luis Potosi, deMonterrey et de Zacatecas513.

Dans la classe 2 «Enseignement secondaire», il notait les contributions du

gouvernement de Oaxaca et de Jalisco514, et pour à la classe 3 «Enseignement

supérieur.InstitutionsScientifiques»illistaitcellesdesgouvernementsdeOaxaca,de

Querétaro,deSanluisPotosíetdeTabasco515.Pourl’essentiel,lesdocumentsremis

étaient des législations régionales, des statistiques et des renseignement sur

l’organisationgénéraledesécoles.

Quant aux établissementsmunicipaux, SebastiánB. deMier insistait dans son livre

sur l’importancedesécolesnormalesetdesécolesd’artsetmétiers516. Il indiquait

512AGN,68/35.513Catalogue spécial. G I/C 1. Gouvernement de l’État de Morelos, Cuernavaca: «Statistique del'Instructionpubliquedansl'ÉtatdeMorelos»;GI/C1.Gouvernementdel’ÉtatdeSanLuisPotosi,SanLuisPotosi: «Histoirede l'Instructionpubliquedans l'ÉtatdeSanLuisPotosi»;G I/C1.Conseildel'Instruction publique de Monterrey, Nuevo León: «Mémoires sur l'Instruction publique (1892-1895)»;GI/C1.Directiondel'InstructionprimairedeMonterrey,NuevoLeón.«Bulletind'Instructionprimaire, statistique scolaire»; G I/C 1. Direction Générale de l'Instruction publique de Zacatecas:Organisation.statistiqueetaméliorationdel'Instructionpubliquedansl'ÉtatdeZacatecas».514Ibid.,GI/C2.Gouvernementdel’ÉtatdeOaxaca,Oaxaca:«Législation,organisationetstatistiquedel'enseignementsecondaire;GI/C2.Gouvernementdel’ÉtatdeJalisco,Guadalajara:«Statistiquedel'Instructionpublique».515Ibid.,GI/C3.Gouvernementdel’ÉtatdeOaxaca,Oaxaca:«Législation,organisationetstatistiquede l'enseignement supérieur de l'État»; G I/C 3. Gouvernement de l’État de Querétaro, Querétaro:«Loietorganisationdel'enseignementprofessionnel.Planetfaçadeducollègecivildel'État»;GI/C3.Gouvernementdel’ÉtatdeSanLuisPotosí,SanLuisPotosí.:«Histoiredel'instructionpubliqueclansl'État»; G I/C 3. Gouvernement de l’État de Tabasco, San Juan Bautista: «Règlement de l'institutJuarez.Loissurl'instructionpublique».516S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.37.

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127

que les écoles pour professeurs de Mexico517et de Oaxaca518avaient obtenu des

récompensespourleurstravauxmanuels,maiscelles-cinesontpassignaléesdansla

listeofficielle.UncollectifdetroisécolesdeOaxaca519gagnaunemédailledebronze

danslaclasse1,demêmequel’écoledesartsetmétiersdePuebla520pourlaclasse6

«Enseignement spécial industriel», et l’écoledes arts etmétiers de l’établissement

pénitencierdeZacatecas521obtintunemédailled’argent.

Il y eut aussi beaucoup d’auteurs qui exposèrent individuellement des méthodes

d’écritureetdelecture,destravauxcalligraphiques,desprogrammesscolairesetdes

étudesstatistiques.JesúsSánchezécrivitunlivresurlesétablissementsrattachésau

gouvernement fédéral522 qui fut distribué au public et dans lequel il indiquait

l’existencede425écolesélémentaires,de23écolesd'instructionprimairesupérieure

etde16écolesnocturnesquicomptaientautotal55752élèvesen1898.

L’administration fédérale participa à l’exposition d’instruction publique avec trois

grands corpus de documents intégrés à la bibliothèque. Le Ministère de justice et

d’instruction publique présenta en deux parties la législation nationale de

l’enseignement accompagnée de statistiques pour tous les niveaux. La première

partie correspondait à l’enseignement primaire523et gagna une médaille d’or. La

deuxième traitait le secondaire524et obtint une médaille d’argent. L’exposition fut

complétée par le ministère de la promotion, qui disposa dans la classe 1 une

collection de documents sur l’instruction publique et privée entre 1898 et 1899525

517Cataloguespécial.GI/C3.Écolenormalepourprofesseurs,Mexico:«Travauxscolaires».518Ibid.GI/C3.Écolenormaledeprofesseurspourdames,Oaxaca:«Travauxscolaires».519Ibid.GI/C3.Écoleofficielle«DelfinaOrtegadeDiaz»,Oaxaca:«Travauxscolaires»;GI/C3.ÉcolePestalozzi,Oaxaca:«Travauxscolaires»;GI/C3.ÉcoleOfficielle,Oaxaca:«Travauxscolaires».520Ibid.GI/C6.ÉcoledesArtsetMétiers,Puebla:«Différentstravaux».521Ibid.G I/C 3. École des Arts et Métiers du pénitencier, Zacatecas: «Travaux typographiques etscolaires».522JesúsSÁNCHEZ,Brevenoticiadelosestablecimientosdeinstrucción,dependientesdelasecretariadeestado,México,TipografíaLaEuropea,1900.523 Ibid. G I/C 1. Ministère de la Justice et de l'Instruction publique, Mexico: «Législation etorganisationdel'InstructionprimairedépendantduGouvernementfédéral2°Travauxscolaires».524 Ibid. G I/C 2. Ministère de la Justice et de l'Instruction publique, Mexico: «Législation etorganisationdel'instructionsecondairedépendantduGouvernementfédéral.Travauxscolaires».525Ibid.G I/C1.MinistèredeFomento,de laColonisationetde l’Industrie,Mexico: «Collectiondesdocumentssurl’Instructionpubliqueofficielleetparticulière,1898-99,auMexique».

Page 129: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

128

pourlaquelleilobtintungrandprix.Lesgrandesécolesnationales,quidépendaient

du ministère de justice, furent présentées dans ces trois corpus fédéraux sous la

rubrique«travauxscolaires».Lesécolesnationalesde jurisprudence,demédecine,

desingénieurs,d’agricultureetdesartsetmétiersétaientlesinstitutionsd’éducation

lesplusprestigieusesdupays.Ellesavaientcommeconditiond’accèslepassagepar

l’écolenationalepréparatoire,dontl’objectifétaitdeformerlesélitesadministratives

et intellectuelles du pays selon un programme d’études qui adoptait la hiérarchie

épistémologiquedupositivismecomtien.526

En 1900, aucun de ces établissements fédéraux d’éducation ne participa en tant

qu’expositeur individuel. Comme pour la plus grande partie de l’exposition sur

l’administrationpubliquedupays,lesministèresetleursdirectionss’étaientoccupés

d’organiser et de regrouper leurs travaux dans leurs contributions collectives.

L’exception faite pour les établissements d’instruction publique décentralisés,

présentés un à un dans le catalogue et associés à leurs localités, témoigne de

l’importance attribuée à ce rameau et d’une division précise du travail dans

l’agencementglobaldel’exhibition.

L’image de prospérité nationale présentée en 1900 était liée en grande mesure à

l’ostentation d’une administration basée sur des politiques scientifiques. Celles-ci

étaientsujettesauxvaleursclassiquesdupositivismeetdurépublicanismeetfurent

mises en avant du fait de leur adéquation aux principes philosophiques de

l’expositionuniverselle,qui solidarisaient ledéveloppement industriel et leprogrès

social. Le gouvernement établissait un bilan du projet porfirien qui prétendait

affirmer,pourlapremièrefois,queleMexiqueétaitunpaysintégralementmoderne

aumême titreque le restedesnations civilisées. Mier témoignait de cette volonté

danssonlivrequandilparlaitdes«effortsdugouvernementetdupeuplemexicain

[…]pourcréerdesinstitutionspolitiquesstablesetrobustes,gardiennesduprogrès

526LeopoldoZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia,Mexico,FondodeCulturaEconómica,2014.

Page 130: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

129

dans l’ordre, encourageant la prospérité nationale sous l’ombre de la liberté et du

droit».527

Présencedespositivistesmexicains

L’exposition de l’administration publique et de la culture intellectuelle mexicaine

correspondàlaconsécrationlocaledela«politiquescientifique»528,tendancemenée

par une génération de fonctionnaires éduqués sous les préceptes du positivisme.

L’avènementdecestyledepolitiqueest liéà laconsolidationd’ungrouped’intérêt

connucomme«losCientíficos»(«LesScientifiques»),conformépardesmembresde

l’éliteintellectuellemexicainequiprônaientuneadministrationscientifiquedupays.

Leur idéologie se détacha progressivement de la lecture mexicaine libérale du

comtisme pour se tourner vers des postures plus proches de l’organicisme et de

évolutionnismespencériens.

Cependant, les «Científicos» ne constituaient pas un groupe organisé et ne se

reconnaissaientpas en tantque tel529. Les intellectuelsporfiriensne sedésignaient

pas non plus par l’appellation «positiviste» et ne partageaient pas de manière

formelle leurs principes philosophiques. Les hygiénistes, pédagogues, ingénieurs,

médecins, avocats et économistes porfiriens possédaient néanmoins une sensibilité

commune qui peut être caractérisée comme positiviste 530 . Ils assumaient des

postures scientifiques généralement compatibles, engageaient leurs débats au sein

d’unmêmechamp intellectuel,etcollaboraientactivementen tantquepartisansdu

mêmeprojetnational.

527S.B. DE MIER, México en la Exposición Universal Internacional de 1900..., op.cit., p. 6. Italiquesajoutées.Traductionpersonnelle. «(…)Los esfuerzosdel gobiernoydelpueblomexicanos (…)paracrear instituciones políticas estables y robustas, amparadoras del progreso dentro del orden, y quefomentasenlaprosperidadnacionalálasombradelalibertadydelderecho». 528Charles HALE, The transformation of liberalism in late nineteenth-century Mexico, Princeton, N.J,PrincetonUniversityPress,1989.529L’appellation,àl’originesatirique,estconventionnelledansl’historiographiemexicaine.AlfonsoDEMARÍA Y CAMPOS, «Porfirianos prominentes. Orígenes y años de juventud de ocho intelectuales delgrupodelosCientíficos»,HistoriaMexicana,34,1985,p.610‑651.530WilliamRAAT,Elpositivismoduranteelporfiriato,1876-1910,Mexico,1975.

Page 131: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

130

Laparticipationmexicaineàl’expositionuniversellede1900futimprégnéeparcette

sensibilité. Le projet et les expositions produites concordaient étroitement avec la

tendance intellectuelle et idéologique de la politique scientifique. De plus, on peut

constater l’affinité positiviste d’une partie importante des personnesmobilisées en

tant qu’organisateurs ou en tant que contributeurs à travers de leurs parcours

éducatifs, scientifiques ou politiques. La présence des positivistes mexicains à

l’expositionuniversellerésultedeleurrattachementformelàlaparticipationentant

quemembresdelacommissionouentantqu’exposants,maisaussideleurconcours

auxcongrèsetaupavillonentantquevisiteurs.

L’assistanceauxcongrès internationauxde1900futunemissionscientifiquequine

relevaitpasde lapromotion.Dece fait,elletémoignede l’engagementduministère

de la promotion dans le développement des institutions scientifiques du pays. Le

ministre écrivait à Mier y Celis dans une lettre du 13mars 1898 que les Congrès

servaient «à collecter des savoirs utiles aux aspirations nationales» et a «récolter

des documents inédits, des publications originales et récentes, des travaux et des

étudesinconnuesauparavant».531

Les congrès tenus lors des expositions universelles parisiennes étaient des

évènements scientifiques internationaux dirigés à des publics spécialisés. Ils furent

systématiquementorganisésaprèsl’expositionparisiennede1878etconsacrésavec

celles de 1889 et de 1893 à Chicago532. En 1900, ils furent soumis au règlement

instituéparl’arrêtministérieldu11juin1898533quilesdistribuaitendouzesections

etlesrattachaitaupatronagedugouvernementfrançais.Cedocumentfuttraduitpar

le ministère de la promotion mexicain et distribué avec une liste des congrès en

531AGN, 58/4. Traductionpersonnelle. «Recoger enseñanzas y leccionespropias para satisfacer lasnecesidades o aspiraciones nacionales; y cosechar documentos inéditos, publicaciones originales yrecientes,trabajosyestudiosnoconocidosantes».532Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomesixième,Paris,Imprimerienationale,1902,p.3.533Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actesofficiels.Tableauxstatistiquesetfinanciers,Paris,Imprimerienationale,1902,p.481.«Règlementpourlescongrèsdel’expositionuniversellede1900»

Page 132: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

131

décembre 1898. Il était consultable dans les bureaux locaux des états qui

distribuaientlesformulairesdecontribution.534

La commission ne fit cependant aucune incitation pour présenter des travaux et

aucunmexicainneparticipaauxcongrèsde1900commeconférencier.SebastiánB.

Mier écrivait sur son rapport que «peu de personnes ontl’autorité suffisante pour

collaborer de manière active» avec les «éminences scientifiques, littéraires,

artistiques,politiquesetfinancièresdumondeentier»535.Ilconsidéraittoutdemême

qu’ilétaitindispensabled’assisterofficiellement,raisonpourlaquelleilorganisades

commissions spéciales pour 82 des 127 congrès tenus536. Leurs membres furent

parfoisinscritsauxcomitésd’honneuretilsbénéficièrentduremboursementdeleurs

cotisationspersonnelles.537

Mierfitparticiperplusieurschefsdegroupeetleursauxiliaires,maisileutégalement

recoursàdespersonnesexternesàlacommission.Cecinouspermetded’apercevoir

la présence à Paris de certains contributeurs de la bibliothèque. Amado Nervo,

célèbrepoèteetécrivainmoderniste,futrequispourlecongrèsdethéâtre.L’écrivain

naturalisteIrineoPazassistaàneufcongrèset l’urbanisteMiguelÁngeldeQuevedo

se présenta à huit. Entre autres, ils assistaient aux congrès d’enseignement des

sciencessociales,d’électricitéetd’assistancepubliqueetbienfaisanceprivée.

Danssonrapportfinal,FernandoFerrariPerezlistait«certainsdescongrèsauxquels

lacommissionaccordaleplusd’importance»538:ceuxd’enseignementprimaire(Paz,

Quevedo),d’hygièneetdémographie(Paz,Quevedo),debibliographie(Ferrari,Paz,

GustavoBaz,AlfredoChabert), d’agriculture (Chabert), d’éducation sociale (Salazar,

Quevedo, Sellerier), de méthodes d’essai des matériaux de construction (Anza,

534AGN,42/2.535S.B. DEMIER,Méxicoen laExposiciónUniversal Internacionalde1900...,op.cit., p.155. Traductionpersonnelle.«Pocas son las personas con autoridad suficiente para colaborar de un modo activo (…) [con] las eminencias científicas, literarias, artísticas, políticas y financieras del mundo entero ». 536AGN,57/2.537AGN,57/8.538AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«Algunosdeloscongresosaloscualesestacomisiónacordómayorimportancia».

Page 133: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

132

Salazar, Quevedo), des bibliothécaires (Ferrari, Chabert) et des architectes (Anza,

Salazar,Quevedo,Contreras).539

Enplusdel’assistanceàcesévènements,ilestpossibledeconnaîtrelacirculationdes

élites mexicaines à l’exposition universelle à travers de la presse. Elle enregistra

notamment un élément écarté dans les actes officiels: les invités aux fêtes du

pavillon.Le17avril1900,leVoltairechroniquaitl’assistancedelacoloniemexicaine

à l’inauguration du pavillon et notait la présence d’Ignacio Altamirano, écrivain

renomméet diplomatequi appartenait à la Sociétéde géographie et statistique. Ce

journal indiquait également la présence à Paris de trois grands représentants du

positivisme mexicain communément considérés comme des «Científicos»: Pablo

Macedo, JoaquínCasasúsetCarlosDíazDuffoo540.Lapresseavaitaussiremarquéla

visiteàParisduministredesfinancesJoséYvesLimantour541,leaderdugroupeayant

œuvrépourconsoliderson influenceauprèsduprésidentDíazaudébutdesannées

1890.542

Ilyavaitd’autrespositivistesporfiriensprésentsdanslabibliothèque,dontcertains

avaient organisé la participation ou assisté aux congrès. Leurs domaines d’études

concernaientsurtoutl’hygiénismeetlapédagogie,etcertainsd’entreeuxétaientles

représentantslespluscélèbresducomtismeetduspencérismeauMexique.

LeshygiénistesEduardoLiceagaetLuisE.Ruizavaientétéformésàl’Écolenationale

préparatoire par Gabino Barreda, «pèredu positivismemexicain»543. Liceaga avait

fondéavecBarredal’AcadémienationaledemédecineetdirigealeConseilsupérieur

de salubrité de 1884 jusqu’á 1914. Pour sa part, Ruiz fut à la tête de la Direction

généraledel’InstructionpubliquedeMexicodèssacréationen1896.Leministèrede

lapromotionpubliaen1900sonœuvrelaplusinfluenteetlaprésentaàParis544.Ce

539AGN,57/8.540LeVoltaire,16-17avril1900,«LeMexiqueàl’exposition».541AGN, 68/15 ; Le Figaro; Le Journal des débats; Les droits de l’homme; Le Temps; Le Nouveaumonde;LeFigaroillustré,18octobre1899.542A.DEMARÍAYCAMPOS,«Porfirianosprominentes.OrígenesyañosdejuventuddeochointelectualesdelgrupodelosCientíficos»...,op.cit.543L.ZEA,ElpositivismoenMéxico:nacimiento,apogeoydecadencia...,op.cit.544Cataloguespécial.GIII/C13.LuisE.Ruiz,Mexico:«Livres».

Page 134: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

133

Traitéélémentairedepédagogie,dédiéàDíazetauministredejusticeetd’instruction

publique JoaquínBarranda, établissait des principes pour l’administration sanitaire

desétablissementsd’éducation.LelivreévoquaitlaphilosophiedeGabinoBarredaet

affirmaitque la santépubliqueprésentaitundéveloppement analogueà celuide la

pensée, divisé selon les trois phases comtiennes théologique, métaphysique et

scientifique.545

Quant à José Ramírez, chef du groupe XVI et secrétaire du Conseil supérieur de

salubrité, ilassistaauxcongrèsdebotaniqueetàceluid’hygièneetdémographie. Il

avaitparticipéàl’élaborationducodesanitairede1894etfutnommémembredela

Société française d’hygiène546. En 1900, il présentait à l’exposition son livre La

VegetaciónenMéxico.Finalement,MiguelÁngeldeQuevedo,assistantàhuitcongrès,

était considéré comme le plus grand urbaniste de la ville de Mexico. Il s’était

spécialisé dans la dotation d’espaces verts pour assainir et embellir la capitale et

contribuaàconstruireplusieursquartiersrésidentielsetouvriersausuddelaville.547

LesdeuxcomtiensorthodoxesmexicainslesplusimportantsdelafinduXIXesiècle,

Porfirio Parra et son disciple Agustín Aragón, furent commissionnés comme

assistantsauxcongrès.Parrapritpartàceluid’hygièneetdémographie. Ilavaitété

forméparGabinoBarredaetprésentaitdanslabibliothèquedupavillonnéogrecun

texte dont le titre était « Caracteres generales o unidad del método positivo o

científico» («Caractères généraux ou unité de la méthode positive ou

scientifique») 548 . Aragón, pour sa part, assistait aux congrès d’enseignement

populairegratuit549,dureposdudimanche, etd’aquicultureetpêche.Ilétatproche

de la Société positiviste de Paris, à laquelle il affilia sa «Sociedad Positivista de

México»,etentretenaitunecorrespondanceprivéeavecPierreLaffitte.Ilsechargea

545LuisE.RUIZ,Tratadoelementaldepedagogía,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1900.546Hilda Flores OLVERA et Helga OCHOTERENA-BOOTH, José Ramírez (1852-1904): vida y obra, UNAM,1991.547MiguelAngeldeQUEVEDO,Relatodemivida.,S.l.,1943.548AGN,68/35.549Ce congrès, noté comme «Enseñanza popular gratuita» dans le livre de Mier, ne correspond àaucun de ceux qui sont recensés dans le rapport français des congrès. CHASSELOUP-LAUBAT, Rapportgénéralsurlescongrèsdel’expositionparM.deChasseloup-Laubat.Expositionuniverselleinternationalede1900àParis,Paris,Imprimerienationale,1906.

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134

en1898decollecterhuitmilfrancspourcontribueràlaconstructiond’unmonument

à Comte, projet dans lequel s’investirent Ezequiel Chávez et Pablo Macedo,

participantsde l’exposition.Cedernier fitundiscours le2septembre1900, jourde

l’inauguration,danslequelilinsistasurl’importancedeComteauMexiquesuiteàla

restauration républicaine 550 . Aragón et Parra furent les derniers grands

représentants mexicains du comtisme et s’efforcèrent de maintenir le programme

originaldel’écolenationalepréparatoirependantlesdernièresannéesdurégime.

D’autres intellectuels, principalement des pédagogues, adoptaient des postures

hétérodoxes.Manuel Flores, chef des groupes XIV et XV et exposant dans la classe

13551,avaitétécondiscipledeParrasouslatutelledeGabinoBarredamaisproposait

un projet «d’éducation intégrale» à partir d’une lecture éclectique de Comte et de

Spencer.Sa théorie justifiait lapolitiquesocialeetéconomiquedugouvernementet

mettait l’individu au servicede l’État et dudéveloppement industriel552. EnriqueC.

Rébsamen553etEzequielA.Chávez554setrouvaientaussiparmilesauteurséminents

de l’exposition d’instruction publique. Ils avaient participé au projet porfirien de

refondation du système d’éducation national et développèrent des conceptions

pédagogiquesprincipalementinfluencéesparlesécolesdepenséedePestalozzietde

Spencer.555

Malgrésonimportance,iln’existeaucunindicedelaprésencedanslabibliothèquedu

chef-d’œuvre intellectueldupositivismemexicain,México:suEvoluciónSocial556,qui

550Moises GONZÁLEZ NAVARRO, «Los positivistas mexicanos en Francia», Historia Mexicana, 9-33,septembre1959,p.119‑129.551Cataloguespécial.GIII/C13.ManuelFlores:«Livre».552Díaz ZERMEÑO et Héctor ANTONIO, «El PositivismoMexicano en la educación: Aportes deManuelFlores,entreComteySpencer»,RevistadePedagogía,24-70,mai2003,p.321‑334.553Catalogue spécial.G I/C 1. Enrique Rébsamen, Xalapa (Veracruz): «Publications scolaires»; GIII/C13.EnriqueRébsamen,Xalapa:«MexicoIntelectual,journal».554Ibid.GIII/C13.EzequielChavez,Mexico:«Livresscolaires».555ElssiéNUÑEZCARPIZO,«ElPositivismoenMéxico :impactoenlaeducación».556Justo SIERRA et Agustín ARAGON,México: su evolución social: síntesis de la historia política, de laorganización administrativa y militar y del estado económico de la federación mexicana ; de susadelantamientosenelordenintelectual ;desuestructuraterritorialydeldesarrollodesupoblación,ydelos medios de communicación nacionales é internacionales ; de sus conquistas en el campo industrial,agrícola, minero, mercantil, etc., etc. Inventario monumental que resume en trabajos magistrales losgrandesprogresosdelanaciónenelsigloXIX,Mexico,SantiagoBallesca,1900.

Page 136: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

135

futéditéàBarceloneen1900.Cependant,desdouzeauteursquiavaientcontribuéà

l’ouvrage,onpeutconfirmerlaparticipationdesixàl’expositionuniverselle:Agustín

Aragón et Porfirio Parra (qui avaient assisté à des congrès et présenté des textes),

EzequielA.Chavez(quiprésentaitdeslivrescolaires),CarlosDíazDuffoo(quiassista

au congrès de Crédit populaire), Gilberto Crespo y Martinez (qui présentait des

livres557,dontunéditéparleministèredelapromotion558)etPabloMacedo(dontle

Voltairementionnaitlaprésenceàlafêted’inaugurationdupavillonetquiparticipaà

l’hommageparisienàComte).

Il est possible que des œuvres appartenant aux reste des auteurs de México: su

EvoluciónSocialaientétédisposésdans lapartienoncataloguéede labibliothèque.

Dans tout les cas, une traduction en français fut imprimée en 1902 par le même

éditeur559, cequi témoignede lavolontéde fairecirculer l’ouvrageenFrance. Ilest

intéressantdenoterqu’aucundesdouzeauteursn’estmentionnédans le catalogue

delaprésentationde1889,quipoursapartdénombraitlatotalitédescontributions

éditoriales560. Il est aussi remarquable que Justo Sierra, directeur de l’ouvrage,

ministre d’instruction publique entre 1905 et 1911, et l’une des grandes figures

historiquesde l’instructionpubliquemexicaine,n’aitétémentionnédansaucundes

ouvragesetdocumentsrelatifsàlaparticipationmexicainede1900.

Mais la grande lacune du pavillon néogrec relevait du regard scientifique sur la

questionraciale.Enpremierlieu,pasunseulcontributeurfédéralnetouchalesujet

(endehorsduministèrede lapromotionquipréparauneexhibition indigénistequi

fut finalement écartée). Il n’était pas évoqué non plus dans les publications

commandées.Deplus,aucuntitred’ouvragedanslecataloguespécialnecorrespond

au thème, mais il faut noter que la majeure partie de la bibliothèque ne fut pas

recensée.Ilesttoutdemêmeévidentqu’aucunepartiedel’expositionetqu’aucundes

travauxmisenavantnetraitèrentformellementlaquestion.557Cataloguespécial.GIII/C13.GilbertoCrespoyMartínez,Mexico:«Livres».558GilbertoCRESPOYMARTINEZ,Datosparavariosestudiosrecogidos,México,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1899.559J.SIERRAetA.ARAGON,México:suevoluciónsocial...,op.cit.560ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.

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136

Noterl’absenced’undiscoursofficielougénéralsurlaraceestpertinentdufaitqu’à

cette époque le thème était un aspect omniprésent dans la vie intellectuelle du

Mexique.Virtuellement,touslespositivistesmexicainsavaientengagédesréflexions

àunmomentouunautre sur l’ethnicitémexicaineet sur le «problème indien»561.

Pour traiter la question, ils opéraient divers croisements théoriques entre les

paradigmes de l’anthropologie européenne et le comtisme, le spencérisme et le

darwinisme. Les théories résultantes s’accordaient généralement sur une idée

essentiellequidonnaitauxcaractèrestransmissiblesdeseuropéenslaprioritéfaceà

ceux inférieurs des indiens. Lemétissage, qui tendrait vers un blanchissement des

populations,avaitétéabordédanslecadreduprojetnationalporfirien562.Unouvrage

comme México: su Evolución Social définissait la nation comme un ensemble

organiqueoù interagissaient l’histoirecommuneet l’homogénéitéethnique,et Justo

Sierraleconcluaiteninsistantsurl’importancedumétissageracialetculturel.563

Plusieurs des positivistes mexicains présents à l’exposition universelle de 1900

avaient produit des travaux ou véhiculé des idées localement influentes sur la

questionraciale,notammentAgustínAragón,PorfirioParra, JoséYvesLimantouret

Manuel Flores564. De plus, la participation aux congrès internationaux témoigne du

fait que les membres de la commission n’étaient pas indifférents à ces questions.

L’anthropologueGustavoBaz,officierdelalégiond’honneuretmembredelasociété

d’américanistes à Paris, fut accompagné par l’archéologue Francisco del Paso y

Troncosoaucongrèsd’américanistesetaucongrèsethnographique.

Cependant, l’exposition de l’administration publique et de la culture intellectuelle

était centrée sur des aspects relevant de l’utilité industrielle et commerciale sans

561Henri FAVRE, «Race et nation auMexique. De l’indépendance à la révolution»,Annales.Histoire,SciencesSociales,4,1994,p.951‑976.562Ibid.; Salomón NAHMAD, «Las ideas sociales del positivismo en el indigenismo de la épocaprerrevolucionariaenMéxico»,AmericaIndígena,33-4,1973,p.1772.563LauraAngélicaMOYALÓPEZ,«México.Suevoluciónsocial.Elcarácterylaidentidadnacionalesbajoelrealismopositivista»,thèsedemaîtrise,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,Mexico,1999.564MoisesGONZÁLEZNAVARRO, «Las ideas raciales de los científicos»,HistoriaMexicana, 37-4, 1988,p.575; Martin STABB, «Indigenism and Racism in Mexican Thought: 1857-1911», Journal of Inter-American Studies, 1, 1959, p.406; William RAAT, «Los intelectuales, el positivismo y la cuestiónindígena»,HistoriaMexicana,20-3,1971,p.412‑427.

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137

rendrecomptedesproblématiquesracialesqui,auMexique,leurétaientassociées.La

faculté des indiens à devenir des citoyens à travers de l’instruction publique et

civique, aussi bien que la nécessité de colons européens racialement aptes à

industrialiserlepays,étaientdesthématiqueslocalesquinefurentpasabordéespar

les contributions statistiques et scientifiques du pavillon. Le catalogue mexicain

mentionnait seulement que «des écoles spéciales sont affectées aux jeunes

indiens» 565 sans préciser les établissements concernés et, hors de l’exposition

rétrospective,iln’yavaitqu’unobjetdeprovenanceindigène.566

En 1900, l’ethnicité et l’élément indien furent relégués au domaine des regards

rétrospectif et artistique. Cependant, ces présentations suivirent une tendance à

écarter lesmanifestationsd’originaliténationale(historique,artistiqueetraciale)et

sepenchèrentsurlaprojectiond’uneculturemoderneajustéeauxcanonseuropéens.

Histoire,artetnation

Le traitement historique et artistique de l’entité nationale opéré par le pavillon

néogrecduMexiquedivergeaitparrapportauxprésentationsantérieures.En1900,

ledéclindecertainestendancesesthétiquescoïncidaitavecunestratégieexpositoire

quiécartaitlerecourstraditionnelaupittoresque.Larevendicationdemodernitéde

l’administration publique porfirienne trouvait à cette occasion un corolaire

esthétique dans l’adéquation aux tendances stylistiques françaises. Plusieurs

propriétés classiques de l’image nationale mexicaine se retrouvaient sensiblement

atténuées: la figuration romantique de la territorialité, La recherche du

particularisme national à travers du regard archéologique et ethnographique, ainsi

quel’énonciationdel’épopéenationaledulibéralisme.

L’image du Mexique ne perdait pas ces attributs, mai la présentation porta une

attention diminuée envers la caractérisation culturelle du pays. Lesmembres de la

565CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.566Ibid. G XIII/C 82. Luis Trejo, Querétaro: «Filatures et tissus de fabrication indienne en fibred’agaveetfibrelechugilla».

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138

commissionmirentenvaleurlesmanifestationsconformesauxcanonseuropéenset

adoucirentconsidérablementlescontenusrelevantdesthématiquesconventionnelles

dunationalismemexicain.

L’importance donnée lors de la présentation de 1889 à l’originalité culturelle

contraste avec la sobriété du pavillon néogrec. Le palais aztèque avait connu le

triomphed’unpaysagismequiétaitscientifiquemaisaussinationaliste,l’approbation

gouvernementale de l’indigénisme pictural et architectural, ainsi qu’une promotion

vigoureusedudiscourshistoriqueofficiel.En1900,lemodernismeetlestylenéogrec

sesuperposaientàcestendancesetréclamaientleurprotagonismedanslafacturede

l’imagenationale.

MauricioTenorioTrilloconsidèreque«l’indigénismeporfirienfutfondamentaldans

laconstructiondel’imagenationale»etqu’ilestimpossibledecomprendrelaculture

mexicainedelafinduXIXesièclesanslui.Puisqu’ilsetrouvait«aucroisement[…]de

discussions esthétiques, anthropologiques, arquéologiques, sociologiques et

médicales»567,laplacedel’indiendanslanationétaitambiguë568.Cependant,lerécit

national du porfiriat revalorisait la période préhispanique. Les expositions

universelles furent des moments propices pour la mise en valeur du patrimoine

archéologique national ainsi que pour la peinture et l’architecture historiques à

thème indigéniste. Presque toutes les participations furent des marqueurs

567M. TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930..., op.cit., p.333. Traduction personnelle. « El indigenismo porfiriano fue fundamental en laconstrucción de la imagennacional no sólo porqueno hay formade entender la cultura delMéxicofinisecularsinél, sinoporque lejosdeseruncomponentenacionaleraunelementocosmopolitadelnacionalismo en general. El indigenismo porfiriano se ubica en la encrucijada de universalesdiscusiones estéticas, antropológicas, arqueológicas, sociológicas ymédicas. Nunca antes la epopeyanacional había sido a tal grado parte de la civilización occidental. Por ello era tan científica comoracista;estabatancargadadeinteresessocialesyfilantrópicos,comodeexotismoyorientalismo;eraetnografíayautoetnografía».568LuisVILLORO,LosgrandesmomentosdelindigenismoenMéxico,Mexico,ElColegiodeMéxico,2014.LephilosopheLuisVilloro considèrequedepuis la conquêteet jusqu'auXXe siècle, l’indienaétéunsujet d’appropriations permettant de définir les identités mexicaines. Le terme «indigénisme»correspondà«unensembledeconceptionsthéoriquesetdeprocessusconscientielsqui,àtraverslesépoques, ontmanifesté cequiest indien». Il signale ainsi, dans une périodisation historiographiqueconventionnelle,troisgrandsmomentsdel’indigénismeauMexique:«cequiestindienmanifestéparlaprovidence », « cequi est indienmanifesté par la raison universelle » (c’est le cas des Lumières, dulibéralismeetdupositivisme),et«cequiestindienmanifestépar l’actionet l’amour»(quiréfèreauprojetpostrévolutionnaire).

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139

importants pour ces domaines : les commissions mexicaines organisèrent des

contributions ethnographiques conséquentes pour la Nouvelle Orléans 1884 ainsi

quepourChicago1893,quifurentdemêmequ’en1889desmomentsderatification

nationaldel’artindigéniste.

L’autregrandetendanceartistiqueétaitlafigurationnaturalistedelaterritorialitéet

des ressources du pays. Celle-ci était intimement reliée aux représentations

scientifiques de l’espace national, qui participaient à la «génération d’une culture

visuelle sur la construction de l’état national positiviste»569. Pendant la deuxième

moitié du XIXe siècle, les formats privilégiés pour énoncer la connaissance du

territoireétaientlesdisciplinescartographiquesainsiquelapeinture,lalithographie

etlaphotographie.AuMexique,«Lespaysagistes,dessinateursetgraveurssemirent

auservicedelacirculationcommercialeetdeladiffusiondesimagesspécialiséesen

thèmesscientifiquestoutenenvariantleurdegréd’engagementaveclavéracitéoula

libre idéalisation»570du patrimoine archéologique, de la flore, de la faune et de la

géologiedupays.

Les grands représentants de la territorialité mexicaine lors des expositions

universelles furent le célèbre cartographe Antonio García Cubas (qui exposa ses

travaux en 1876, 1884, 1889, 1893 et en 1900) ainsi que le peintre José María

Velasco, qui consacra le triomphede son école paysagiste en1889 et fut couronné

aveclalégiond’honneur.Parcontraste,aucundespeintrespaysagistesprésentsdans

l’exposition artistique mexicaine de 1900 ne gagna de prix. La mise en valeur du

territoire se trouva en quelque sorte bornée à la cartographie des sections

scientifiques des ministères. Leurs travaux correspondaient à une transition de

l’encyclopédisme pittoresque représenté par l’œuvre de García Cubas vers des

569Museo Nacional de Arte, «Territorio ideal. José María Velazco: perspectiva de una época »,expositionpermanente,Mexico.Taductionpersonnelle.«(…)generacióndeunaculturavisualsobrelaconstruccióndelestadonacionalpositivista».570Ibid.Traductionpersonnelle.«Lospaisajistas,dibujantesygrabadoressepusieronalserviciodelacirculacióncomercialyladivulgacióndelaimágenesespecializadasenasuntoscientíficos,variandoelgradodecompromisoconlaveracidadolalibreidealizacióndelasruinasyobjetosarqueológicos,delos estudios de arboles o la interpretación de la flora y fauna marina y continental o de la erasgeológicas».

Page 141: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

140

langages foncièrement statistiques propres à l’administration publique

scientifique.571

En 1900, les styles et les thèmes traditionnellement exploités furent proscrits à la

faveur de postures esthétiques que les organisateurs considéraient conformes à

l’imaged’unemodernisation infrastructurelleet intellectuelle intégraleduMexique.

Les membres de la commission, les jurys et la presse se concentrèrent presque

exclusivement sur la sculpture moderniste de Jesús Contreras et de ses pairs, qui

furentlesseulsartistesfinancésparleministèredelapromotionpourproduireleurs

œuvres. Par ailleurs, l’ingénieur Antonio M. Anza conçut son projet de pavillon

néogrecdès1898etabandonnacertainesréférencesconcrètesàl’histoirenationale

qu’ilavaitoriginalementprévu.Iljustifiasonchoixenexpliquantl’inutilitéd’explorer

unartproprementmexicaineteninsistantsurlaconvenancedustylenéogrecpour

projeterlamodernitéporfirienne.

Contreras et Anza, principaux responsables de la dimension artistique de la

participationde1900,assumaientdesposturesesthétiquesradicalementdifférentes

decellesqu’ilsavaientappuyé1889.Ilsétaient,avecAntonioPeñafiel,lesprincipaux

responsablesdupalaisaztèque:Anzaen fut l’ingénieuretContreras ledécoraavec

deshauts-reliefsenbronzereprésentantdesgouvernantspréhispaniques.

Si en 1900 le traitement esthétique de l’entité national explorait des alternatives

radicalement différentes, il n’évacuait pas pour autant les éléments conformant

l’image classique du Mexique. Les ouvrages de la bibliothèque et les contenus

disséminésdanslepavillon,particulièrementdanssasectionrétrospectiveetdansle

salon des beaux-arts, évoquaient les héros nationaux, la richesse du patrimoine

archéologiqueetlabeautéduterritoire.

Les publications officielles présentaient de manière méthodique l’industrie et

l’administrationpubliquemexicaines,mais elles faisaient constamment recours aux

élocutions du romantisme libéral républicain. La première phrase de la notice

571CaseyWALSH,«StatisticsandAnthropology:TheMexicanCase»,inACompaniontoLatinAmericanAnthropology,Blackwell,2008,p.352‑371.

Page 142: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

141

concernant le Mexique dans le catalogue officiel de l’exposition universelle en

témoigne:

«Après de longues et douloureuses années de discussions politiques, de troubles et de révoltes,

après avoir connu les tristesses de la guerre el de l'invasion, leMexique a sumettre à profit la

libertéet lapaixconquisesà forced'héroïsmepar lesdéfenseursdeson indépendance. L'œuvre

accompliedepuisvingtansdanscepaysméritel'admirationdespeuplescivilisés.»572

IlestsignificatifqueLechefd’œuvredel’historiographielibérale,MéxicoaTravésde

los Siglos, n’ait pas été distribué parmi les visiteurs distingués et qu’il ne soit pas

recensé dans le catalogue. Entre les publications offertes, on trouve cependant un

livre de 1890 d’Antonio Peñafiel, Monumentos del Arte Mexicano573, ainsi que les

Biographies des mexicains illustres 574 dont les statues ornementaient l’avenue

principaledelacapitale.

Les contributions à vocation indigéniste furent principalement des albums

photographiquesderuines,despublicationsd’historienscélèbresetdeséchantillons

ethnologiquesetarchéologiques.L’aspectromantiquede la territorialitéquantà lui

était porté par les quelques photographies, lithographies et peintures de paysage

présentées.L’histoireet l’art,enjeuxmajeursdanslaprojectiondel’entiténationale

lors des expositions universelles, furent des dimensions sensiblement atténuées en

1900.

L’expositionretrospective

Le15décembre1898,FernandoFerrariPérezécrivaitauministrede lapromotion

FernándezLealqu’ilavaitreçudeplusieursétatscertainsobjetsqui,«dufaitd’être

572Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel...,op.cit.573A.PEÑAFIEL,Monumentosdelartemexicanoantiguo:ornamentación,mitología,tributosymonumentos...,op.cit.574FranciscoSOSA,Biographiesdesmexicainsillustresdontlesstatuesontétéérigéesparlesétatsdelafédérationsur lacalzadade laReforma,Mexico, Imprimeriede laDirection généraledes télégraphesfédéraux,1900.

Page 143: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

142

anciens et spéciaux, ne peuvent être classifiés convenablement» 575 . Comme il

proposait de les utiliser pour créer une section spéciale, Fenández Leal le chargea

d’organiseruneexpositionrétrospectivepourlepavillonnéogrec.

Le catalogue mexicain décrivait l’exposition comme «une foule de documents

concernantl’histoirepolitiqueetsocialeduMexique»576.Siellepouvaittrouverune

certainecohérencedanslesensdelarétrospectiontechnique,lasectionétaitsurtout

un regroupent éclectique constituée par des objets inclassables, par les collections

personnellesdecertainsmembresdelacommission,ainsiquepar lescontributions

desétatsetdesparticuliersàvocationproprementrétrospective.Brèveetgénérale,

elle exposait des objets indigènes préhispaniques et modernes, des produits et

manufactures de la période coloniale et divers éléments du syncrétisme religieux

mexicain. Jesús contreras577, Manuel Flores578, Sebastián B. de Mier579et d’autres

expositeurs580présentaientdiversgroupementd’objets,dontdes«petitstableauxde

sainteté»,desécharpes,desbroderiesetdesfaïencesdel’étatdePuebla.Lemairede

575AGN,36/11.Traductionpersonnelle.«Herecibidodevariospuntosdelpaís,algunospedimentosdeexpositorescuyosobjetos,porserantiguosyespeciales,nopuedenclasificarseconvenientementeenlaclasificaciónfrancesaporfaltadeunaclaseadecuada».576ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.577 Catalogue spécial. Exposition rétrospective. Jesús F. Contreras, Mexico: «Plateaux laqués,commencement[sic]duXIXesiècle.VaseenfaïencedePuebla,XVIIIesiècle.PlatenfaïencedePuebla,XVIII siècle. Pictural peint surmétal, XVIII siècle. Petits tableaux de sainteté peints surmétal, XVIIIsiècle.Monnaied'or».578Ibid.ManuelFlores,Mexico:«Écharpe».579Ibid.SebastiánB.deMier,Mexico:«1cabinetincrustéd'ivoire,XVIIIesiècle.2fauteuilsincrustésd'ivoire,XVIIIesiècle.1 fauteuilenchênesculpté,commencement[sic]duXVIIIsiècle.2 tableauxdesainteté, XVIIIe siècle. 3 panneaux brodés de soie et applications, commencement du XVIII siècle. 1chasuble,broderiesenreliefetor,commencementduXVIIIesiècle.1chapeet1chasubleenbrocart,XVIIIsiècle.13plaquesenbronzedoré,bas-relief,XVIIIsiècle.1petitbraseroenargent,XVIIIesiècle.1coffretenécaille,XVIIIsiècle.2vasesàcouvercle,enfaïencedePuebla,XVIIIsiècle.2pectorauxensoiebrodée, cadres ovales, XVIII siècle. 1 petit tableaude sainteté, cadre écaille avec incrustations, XVIIIsiècle.3bandesdebroderiesoie,oretargent,XVIIIsiècle».580Ibid.M. de Escandón, Mexico: «Groupes de figures en relief, en argent, l'un du XVIIIe siècle etl'autreducommencement[sic]duXIXesiècle.Echarpesensoiededifférentescouleurs,XVIIIsiècle»;HermenegildoGarcía,Zitacuaro(Michoacán):«Métalancien»;RosaZayasdeMalo,Paris:«Tableaudesainteté,cadreenargentduXVIIIsiècle.Petitcoffretécailleetargent».

Page 144: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

143

Ixtlán, à Oaxaca, avait envoyé une photographie de «lamaison où naquit le digne

BenitoJuárez»581,hérosultimedulibéralisme.

LecartographeAntonioGarcíaCubasfaisaitsesseulescontributionspourl’exposition

dans cette section: une carte de la vallée deMexico au XVI siècle et une carte de

terres découvertes et conquises par les espagnoles au XVI siècle582. Il présentait

l’année suivante des cartes arquéologiquespour la section XVI «Ethnologie» de

l’expositionpanaméricainedeBuffalo1901583etavaitprésentéen1889quatrecartes

dontune«oro-hydrographique»etunplandelacapitaleàl’échelle1:50000584.Les

travaux de García Cubas, d’habitude promus comme éléments distingués des

expositions, n’étaient pasmentionnésdans les circulaires du cataloguede1900ni

danslelivredeMier.

Quantauxobjetsarquéologiquesetethnographiques,lesgouvernementsdesétatsde

Mexico,deMorelosetdeOaxacacontribuèrentàlabibliothèqueavecdesalbumsde

photographies des monuments et d’objets anciens585. Le gouvernement de Oaxaca

envoyauncabinetarchéologiqueappartenantaudocteurFernandSologurenqui fut

placéaveclescollectionsdeNatalicioArellanoetdudocteurGregorioBarroeta.586

581Ibid.PrésidentMunicipalde Ixtlán,Oaxaca:Photographiede lamaisonoùnaquit ledigneBenitoJuarez».582Ibid.AntonioGarcíaCubas,Mexico:«CartedelavalléeetdelavilledeMexicoaumilieuduXVIesiècle.CartedesterresdécouvertesetconquisesdanslaRépublique,parlesEspagnolsauXVIesiècle».583Listade lasRecompensasObtenidasporExpositoresMexicanos en laExposiciónPan-AmericanadeBuffalo,NuevaYork,EstadosUnidosdeAmérica,1901.,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1902.584ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine..., op.cit. Il avait aussi présenté six livres dont des cours de géographie universelle, desstatistiques de la république et des Atlas pour écoles. Ces objets furent disposés dans les classes 8«Enseignementsupérieur»et16«cartesetappareilsdegéographie».585 Catalogue spécial. Exposition rétrospective. Gouvernement de l’état de Mexico, Toluca:«PhotographiesdesruinesetantiquitésdeXilotepecetvuesdeTenancingo»;Gouvernementdel’étatdeMorelos,Cuernavaca:«Albumdephotographiesdemonumentsantiques,panoramasetpaysagesdel'ÉtatdeMorelos»;Gouvernementdel’étatdeOaxaca,Oaxaca:«Albumphotographiquedespalaisde Mitla, Arbol del Tule et cabinet archéologique du Dr. Femand Sologuren. Photographies d'in-strumentsanciensdeCalvanja».586Ibid. Natalicio Arellano, Zinapécuaro (Michoacán): «Pipes en argile. Sculpture antique. Piècesd'obsidienne»;GregorioBarroeta,SanLuisPotosi:«Collectionsethnologiques».

Page 145: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

144

Leministèreavaitprévudeparticiperavecuneexpositiond’artindigène587quiserait

la contribution la plus importante de la section. Ferrari proposa au ministre de

financer le projet le 23 septembre 1898. Soumis parM. Durand, il servirait «pour

renforcer l’exposition mexicaine et pour faire connaître le goût artistique de nos

indigènes»588.Durandreçutunegratificationde800pesoset leremboursementde

sesfraisdevoyagelorsdequatreexcursionsdanslesquellesilfutaccompagnéparsa

femmeetparun traducteur. Ils sedéplacèrentdans les régionsdeMexico,Morelia,

Morelos et Oaxaca entre octobre 1898 et mai 1899 et réunirent une collection

importantequimélangeaitdemanièreéclectiquedesreproductionsd’objetsanciens,

desphotographiesdemonuments, deshabits préhispaniques, desmodèlesd’armes

anciennes,desobjetstissésdel’artisanatcontemporainetdesobjetsdela«salledu

calendriertoltèque»duMuséenational.

Entreautres,l’assortimentcontenaitdesphotographiesde«touslestemplesanciens

deMexico, de Guatemala, duHonduras et de toutes les Amériques du centre, dont

l’œuvre de la race mexicaine est la plus grande»589. L’exposition décrivait avec

précision la diversité des dieux aztèques à travers de photographies de statues et

intégraitdestableauxélaborésàpartirdesrecherchesd’AntonioPeñafiel.

Cettecontributionfutcependantécartéependantlasélectionfinaled’objetsàParis:

Ferrari signalait à Fernández Leal en novembre 1900 que les trente boîtes qui la

contenaient avaient été gardées intactes dans des entrepôts à la Villette590. Cette

exhibitiondevait être installéedans le sous-sol, qui fut réservé auderniermoment

pour les objets lourds et pour la participation de la commission géographique

exploratrice.

587 Ibid. Ministère de Fomento, Mexico: «Objets et reproductions de l’art indigène antique etmoderne».588AGN,42/2.Traductionpersonnelle.«paradarrealcealaexposiciónmexicanayparadaraconocerelgustoartísticodenuestrosindígenasqueesloqueelsr.Durandseproponeprincipalmente».589Ibid. Traduction personnelle. «Una colección de fotografías ampliadas de todos los templosantiguosdeMéxico,Guatemala,HondurasytodaslasAméricasdelCentro,siendolasobrasdelarazamexicanagrande,delacualMéxicoeralafuenteprincipal».590Ibid.

Page 146: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

145

Les organisateurs de la participation mexicaine avaient financé une importante

exhibition archéologique et ethnologique pour le pavillon néogrec. Cependant, les

prioritésdel’expositionétaientautresetlacontributionfutécartéeensatotalité.Ceci

témoignedupoidsdesprérogativesdéfinies lorsdes conseilsde consultation,mais

l’ont peut aussi remarquer qu’il n’y eut aucune réticence formelle envers

l’organisationd’uneexpositionindigéniste.

Parmi les titres disponibles de la bibliothèque, on trouve plusieurs ouvrages qui

abordaient le thème. Alfredo Chavero, auteur du chapitre sur le Mexique

préhispanique dansMéxico aTravés de los Siglos, présentait un livre en 1900591. Il

avait contribué en 1889 avec neuf publications dans la classe 8, dont sonHistoria

Antigua de México, son discours prononcé aux funérailles de Benito Juárez et des

tragédies à thème indigéniste592. En 1900, il y avait également une publication de

Francisco del Paso y Troncoso593 , archéologue commissionné pour les congrès

d’américanistes etd’ethnographie. Leministèrede lapromotionpublia etdistribua

aussi un livre de Leopoldo Batres 594 , inspecteur général des monuments

archéologiquesentre1885et1911.Finalement,parmilesouvragesduministère,on

trouve une édition en espagnol d’un extrait de laDescriptive Sociologyde Herbert

Spencer,ElAntiguoYucatán.595

Poursapart,AntonioPeñafielprésentaiten1900plusieurspublications596dontune

éditée par le ministère, Nomenclatura Geográfica de México. Il y avait aussi

MonumentosdelArteAntiguoMexicano,quifutdistribuéeen10exemplaires.Peñafiel

étaitomniprésentauxexpositionsuniverselles,maiscontrairementauxprésentations

antérieures,neformapaspartiedelacommissionen1900.PourlaNouvelleOrléans

en 1884, il avait préparé une collection de 25 objets parmi lesquels il y avait des

591CatalogueSpécial.GIII/C13.AlfredoChavero,Mexico:«CódiceBorgiano».592ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.593CatalogueSpécial.GIII/C13.FranciscodelPasoyTroncoso,Mexico:«Livre».594Leopoldo BATRES, Mida, Álbum descriptivo é ilustrado, Mexico, Tipografía de la Secretaría deFomento.595HerbertSPENCER,ElAntiguoYucatán,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1898.596CatalogueSpécial.GIII/C13.AntonioPeñafiel,Mexico:«Livres».

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146

tableauxsurl’écritureetsurlesdieuxaztèques597.Ilavaitaussicollaboréentantque

professeurduMuséenationalpourpréparerlacontributiondesasectiond’histoireet

d’archéologie598(en 1900, le musée contribuait seulement à la bibliothèque599).

Peñafiel participa aussi comme chef du groupe d’ethnographie et d’archéologie à

Chicago1893600.UnanaprèsParis1900,lacommissionmexicainepourl’exposition

panaméricaine de Buffalo 1901 organisa une importante exhibition indigéniste.

Peñafiel,chefde lasectionXVI«Ethnologie»,gagnaunemédailled’argentpourses

«publications,idoles,moulages»etleministèredelapromotionreçutunemédaille

d’or pour son «exhibition collective d’ethnologie et d’archéologie». Antonio García

Cubas participait aussi avec des cartes archéologiques pour lesquelles il reçut une

mentionhonorable.601

Ces évènements montrent qu’au moment de l’exposition universelle de 1900, le

Mexique organisait toujours des expositions ethnologiques pour ses participations.

On peut remarquer que lemobile de fond était le pragmatisme: les exposition de

Chicago et de Buffalo comportaient des groupes d’ethnologie, ce qui impliquait la

nécessité de produire des contributions relatives à ce domaine. Pour sa part, le

pavillonnéogrecde1900allaitprésenteruneexposition indigéniste importantequi

fut intégralement financée par le ministère puis écartée en raison des problèmes

d’espace et des priorités de la commission. Ces épisodesmontrent à quel point les

classificationsetlesconditionsinternesdesexpositionsuniversellesdéterminaientla

direction que les images nationales des pays pouvaient prendre. Dans le cas du

Mexique, les commissions formées se donnaient l’objectif de répondre

minutieusement aux circonstances spécifiques de chaque exposition, raison pour

laquelle l’image de prospérité nationale de 1900 fut intimement liée aux principes

philosophiques,auxclassificationsetauxrèglementsétablisparladirectiongénérale.

597AGN,75/10.«ElseñorAntonioPeñafielremiteunacoleccióndeantigüedadesmexicanas».598AGN,75/2.«ElseñorJesúsSánchez,directordelMuseoNacional,remiteobjetosarqueológicos».599CatalogueSpécial.GIII/C13.MuséenationaldeMexico:«Publicationsscientifiques».600AGN,82/3.«AntonioPeñafiel.Sustrabajos,programa,etc.comoencargadodelgrupoetnografíayarqueologíamexicanasparalaexposicióndeChicago».601Listade lasRecompensasObtenidasporExpositoresMexicanos en laExposiciónPan-AmericanadeBuffalo,NuevaYork,EstadosUnidosdeAmérica,1901..,op.cit.

Page 148: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

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Lesalondesbeaux-arts

L’exhibition des artistes mexicains de 1900 se caractérisa par le triomphe du

modernisme602surtouteslestendancesstylistiquesclassiquementcultivéeslorsdes

expositions universelles. L’expérience contrastait particulièrement avec l’exposition

de1889,qui avait consacréepour sapart lepaysagismenaturaliste etprésenté les

grandesœuvresdelapeinturehistorique603.Lesdeuxoccasions,considéréescomme

des moments forts de l’histoire de l’art mexicain604, relèvent de deux conceptions

différentesdelaplacedel’artdansleprojetnational.

Il est fondamental de noter que les dispositions réglementaires des expositions

universellesconditionnèrentlaformeetlecontenudechacunedecesprésentations,

dont les configurations furent opposées. L’article 19 de du règlement général pour

l’exposition de 1900 statuait que «l’exposition contemporaine est ouverte aux

œuvresdesartistesfrançaisetétrangersexécutéesdepuislepremiermai1889»,et

l’article 21 dictait que «le nombre d’ouvrages que peut exposer chaque artiste est

limité à 10»605. Tous les objets présentés remplissaient ces conditions et aucun

artisteneprésentaplusdequatrepièces.Lesœuvresrécompensées,notammentles

sculpturesmodernistes,avaientétéexécutéesaprès1898.

Pour sa part, le règlement pour l’exposition de 1889 ne signalait pas de limite

quantitativepourlesœuvresprésentées,cequipermitàJoséMaríaVelascod’exposer

quatre-vingtdesespeinturesetdessins.Parcontre,l’article22interdisaitl’admission

depiècesexécutéesavant lepremiermai1878606.Malgré laclause, leséléments les

602VoirAnnexe8.Photographiesd’objetsrelatifsàlaprésentationmexicaineàl’expositionuniverselledeParis1900.603 Voir Annexe 9. Photographies relatives aux courants artistiques mexicains représentés àl’expositionuniverselledeParis1889604MUNAL, «México enParís 1889, París 1900»,Munal :ExposiciónElplaceryelorden.OrsayenelMunal,http://www.munal.mx/micrositios/placeryorden/03_descargables.html,p.605Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers..., op.cit., p.61. «Décret du 5 aout 1894 portantRèglementgénéralpourl’Exposition».606AlfredPICARD,Expositionuniverselleinternationalede1889àParis.Rapportgénéral.Piècesannexes.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers, Paris, Imprimerie nationale, 1892. «Arrêté duministre du commerce et de l’industrie en date du 26 aout 1886, portant règlement général del’exposition».

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148

plusimportantsdel’expositionartistiquemexicaineavaientétépourlaplupartpeints

avant cette date. Ceci implique d’abord que c’était des objets non admissibles et

explique la pénurie de récompenses. Deuxièmement, la commission de 1889 avait

décidé de former une collection avec des œuvres qui constituaient une culture

visuellenationalequin’étaitpasencadréechronologiquementparleporfiriat(1876-

1910).

Unapartieconséquentedesœuvresavaientétéproduitedansladécenniede1870et

certaines dataient de la période de la restauration républicaine (1867), moment

pendant lequel l’École nationale des beaux-arts développa un usage renouvelé des

thèmespréhispaniques:«l’académieparticipadans leschangementsopéréspar les

libéraux,quiconsolidèrentunprojetculturelquiexaltaitlanarrationdelamémoire

historiqueàtraversdecertainsaspectsdescivilisationsprécolombiennes».607

Dans lacontributiondeonzepeinturesde l’école,deuxœuvressedistinguèrent:El

Descubrimiento del Pulque (1869) de José Obregón et El Senado de Tlaxcala de

RodrigoGutierrez(1875)608.Ilsreprenaientdesépisodesdelamythologietoltèqueet

tlaxcaltèque et les dépeignaient dans des formats néoclassiques avec des tons

romantiques. La pièce de Gutierrez avait été commandée pour décorer un cabinet

archéologique et fut présentée postérieurement à Chicago en 1893, où une autre

œuvreindigéniste,ElSupliciodeCuauhtémoc(1893)deLeandroIzaguirre,obtintune

médailled’or.609

Lapartiesubstantielledel’exposition,constituéeparlespeinturespaysagistes,sortait

aussi du cadre établi par l’exposition et allait au moins jusqu’à 1875. José María

Velasco,chefdugroupeI«Beaux-arts.Architecture.Gravure»,organisal’exposition

demanièreàprésenter soixante-sixde sespeinturesdans la classe1«Tableauxet

607MUNAL,«MéxicoenParís1889,París1900»...,op.cit.Traductionpersonnelle.«DeestamaneralaAcademiaparticipóenloscambiosquetrajeronconsigolosliberales,loscualesafianzaronunproyectoculturalenelqueseexaltabalanarracióndelamemoriahistórica,atravésdealgunosaspectosdelascivilizacionesprecolombina».608ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.«Classe1:Tableauxetaquarelles»609FaustoRAMÍREZ,«Dioses,héroesy reyesmexicanosenParís,1889», inColoquioInternacionaldeHistoriadelArteXI.Historia, leyendas ymitosdeMéxico: su expresión en el arte, Mexico, Instituto deInvestigacionesEstéticas,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1998,p.205.

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aquarelles»etquatorzepiècesdans la classe2 «peinturesdiverseetdessins».Le

catalogue spécifiât qu’encore sept tableaux avaient été exécutés par ses disciples,

pouruntotalde147objetsdanslasectionartistique.610

Velasco fut le plus grand représentant porfirien d’une culture visuelle naturaliste

fondamentale dans la construction de l’entité nationale. Celle-ci englobait tous les

domaines liés à la territorialité, s’étendait au delà du XIXe siècle et absorbait les

œuvres de personnages comme Humboldt ou Désiré de Charnay. Velasco eut une

formation scientifique, fut membre de la société mexicaine d’histoire naturelle et

devint illustrateur pour le Musée national. En plus d’un contenu botanique et

géologique à caractère scientifique, ses œuvres intégraient des symboles et des

allégoriesdel’étendueterritorialedurépublicanismeetdelamodernitéporfirienne,

notammentàtraversdelafigurationdecheminsdefer.611

En 1889, il obtint une médaille d’argent et fut nommé chevalier de la légion

d’honneur. Il avait désigné commeauxiliairesdu groupe I l’historienAntonioRivas

Mercado,directeurdeMéxicoaTravésdelosSiglos,ainsiqueJesúscontreras,quien

plusdedécorerlepalaisaztèqueprésentadesbustesenmarbredePorfirioDíazetdu

commissairemexicainManuelDíazMimiaga.Onze ans après,Velasconeprésentait

aucune peinture et Contreras fut commissionné par le chef du groupe d’art pour

superviserlestravauxdesartistesmexicains.

Dans l’exposition artistique mexicaine de 1900, la classe 7 «Peintures. Cartons.

Dessins»eutseulementunepeintureàthèmereligieux612àrecevoirunemédaillede

bronze. La peinture de paysage était représentée par quatre œuvres613, dont un

tableau de Rosalio Balverna intituléCerrode las campanas614. Cette pièce était une

610ExpositionUniverselleInternationaledeParis1889,catalogueofficieldel’ExpositiondelaRépubliqueMexicaine...,op.cit.611María Elena ALTAMIRANO PIOLLE, Rafael DONIZ et Rafael PIERA, JoséMaría Velasco paisajes de luz,horizontesdemodernidad,Mexico,Equilibrista,2014.612Cataloguespécial.GII/C7.LeonardoMurilloRome:Tableauaupastel,«Tentation».Étuded'aprèsnature.Portrait.Tableauàl'huile.613Ibid.GII/C7.MercedSamoraSenorina,Colima(Mexico):Tableauàl'huile,«leVolcandeColima»;JoséCleofasAlmanza,Zacatecas:tableauxál'huile.Paysages.Tableauxàl'huile.614RosalioBalvanera,Querétaro.Dessinàlaplume,«Têted'étude».Tableauàl'huile,«CerrodeLasCampanas».

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150

référence à l’histoire de la restauration libérale, puisqu’il dépeignait la colline où

l’EmpereurMaximilien d’Habsbourg fut fusillé par ordre deBenito Juárez en1867.

Les autres références au républicanisme furent apportées par des miniatures

d’«hommes illustresde»de lavilledeQuerétarode JoséFriasyFrias615etpardes

portraitsàl’huiledeJesúsEscuderoyEspronceda,affichésàlasuite,dePorfirioDíaz

etdesprésidentsfrançaisFelixFaureetÉmileLoubet616.Laseuleœuvreartistiqueà

thème indigéniste du pavillon futDerniersmoments d’un guerrier aztèque de Jesús

GarcíaCoromina.617

Lapartieessentiellede l’exposition,couronnéepar lesorganisateursaussibienque

parlesjurys,futlasculpturemodernisteenmarbredesartistesmexicainsrésidantà

Paris,disposéedans laclasse7«Sculpturesetgravuresenmédailleset surpierres

fines».GuillermoCárdenas reçutunemédailledebronzepourLaSoif618etAgustín

Ocampounemédaille d’argent pouruneœuvre intituléeDésespoir619, qui faisait un

traitement irrégulier du marbre «à la Rodin»620. Jesús contreras présentait une

sculpture en bronze de Gabino Barreda, «père du positivisme mexicain», ainsi

qu’une sculpture du poète Manuel Acuña. Il Conféra à l’exposition d’art sa perle,

Malgrétout,quifutprisepouruneallégoriedel’épreuvequel’artisteavaitenduréen

perdantsonbrasdroitetpourlaquellenonseulementilreçutungrandprixmaisfut

aussinomméchevalierdelalégiond’honneur.621

Contreras avait été nommé inspecteur des étudiants boursiers («Inspector de los

alumnos pensionados») enmars 1898. Le catalogue duMexique rappelait que «le

615Ibid. G II/C 7. José Frias y Frias, Querétaro: Miniature à l'aquarelle, « Hommes illustres deQuerétaro».616Ibid.GII/C7.JesúsEscuderoyEspronceda,Mexico.Portraitàl'huile:«PorfirioDiaz«,«SaMajestélaReineRégenteetleRoid'Espagne»,«M.EmileLoubel».»M.FélixFaure».617Ibid.GII/C7.JesúsGarciaCoromina,Morelia(Michoacán):Tableauàl'huile:«Derniersmomentsd'unguerrieraztèque». 618Ibid.GII/C9.GuillermoCárdenas,Paris:sculptureenmarbre,«LaSoif».Étudeenplâtre.619Ibid.G II/C 9 Agustín Ocampo, Paris: sculpture enmarbre, « Désespoir ». Émail sur porcelaine.Portrait.Motifdedécoration.620Fausto RAMÍREZ,Museo Nacional de Arte. Una ventana al Arte Mexicano de cuatro siglos, México,MuseoNacionaldeArte,1994,p.120,Mexico,MuseoNacionaldeArte,1994.621Ibid.G II/C 9. Jesús Contreras, Mexico: sculpture en bronze de M. Gabino Barreda. Groupe enmarbredupoèteManuelAcuña.Epéeavecpoignéed'or.«Malgrétout»,sculptureenmarbre.

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151

gouvernementvoteannuellementdescréditspourl’entretienàParisetàRomed’une

centainequantitédejeunesgenssedestinantàlacarrièreartistiqueetprésentantdes

aptitudes sérieuses»622. Le ministère de la promotion subventionna en décembre

1899lestravauxdeGuillermoCárdenasavec1600francsetceuxd’AgustínOcampo

avec1000francs,laconditionétantquelesrésultatsdevraientêtrejugés«dignesde

la subvention»623. Contreras fut gratifié avec 300 pesos mensuels dès mars 1898,

quand il fut commissionné pour étudier «tous les rameaux des beaux-arts» à

l’exposition universelle624 . Le 27 octobre 1898, le commissaire Mier y Celis le

présentaàAlfredPicardafindel’aiderdanslatâche625.LerapportdeContrerasn’est

pasdisponibledans la section«exposiciones»desArchivesgénéralesde lanation,

mais il est clair qu’il fut appuyé par les organisateurs français. Il participa à

l’inaugurationducongrèsd’enseignementdudessinavecuntoastdanslequelilfitun

éloge de la France, «la sainte, l’idéale, l’éternellemère latine», ainsi que de Paris,

«l’ineffableJérusalemdeceuxquipensent».626

UnarticleduVoltairedu16juin1900témoigneduprocessusparlequelilobtintsa

récompense, ainsi que de l’enthousiasme avec lequel la presse aborda sa

contribution:

«Le jury de sculpture c’est présenté [le jeudi 14] au pavillon. En prévision de cette visite, Mr.

SebastiánMier,avaitpriéBartholdi, l’éminentauteurdelastatuedelalibertééclairantlemonde

[…]dereprésenterencetteoccasionsongouvernement.Lemaîtreavaitaccepté,avecautantplus

d’empressement, qu’un de ses meilleurs élèves, Mr. Jesús contreras, est mexicain et exposant.

Après leur examen, les artistesmaitres, français et étrangers composant le jury, ont exprimé le

désir de voir personnellement M. Jesus F. Contreras, ainsi que la photographie de ses œuvres

antérieures[…][Il]aétérappeléetareçulesfélicitationslesplusflatteuses.C’estunhommejeune

encore,quiaétécruellementéprouvéparsuitedelapertedubrasdroit,maisàqui,malgrétout,un

magnifiqueavenirsembleréservé,car,chezlui,laconceptionnobles’allieàl’exécutionvivante.»

622CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900...,op.cit.623AGN,36/12.624AGN,66/18. « Jesús Contreras. Se le comisióna para que estudie todos los ramos de las bellas artes »625AGN,36/12.20/3,626Premier congrès international de l’enseignement du dessin tenu à Paris en l’hôtel du Cercle de lalibrairie du 29 août au 1er septembre 1900. Exposition universelle internationale de 1900. Titre VII :receptionsetfêtes,Paris,CercledelaLibrairie,1902,p.294.

Page 153: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

152

L’adéquationdelaparticipationmexicaineauxcanonsdumodernismefutfructifère.

Elle témoigne du pragmatisme des commissions lors de l’organisation des

expositions. Contrairement aux autres expériences, les tendances stylistiques qui

avaient été développées localement avantmême le début du régime ne furent pas

exploitées. Leministère concentra ses ressources pour financer les travauxque les

étudiants mexicains développaient à Paris même. La supervision du projet fut

attribuée à Jesús Contreras, qui entre 1889 et 1900 avait opéré un tournant de

l’indigénismeverslemodernisme.

Architecture

L’urbanisme porfirien, largement influencé par l’héritage haussmannien, reprit des

tendances françaises pour le tracé urbain et pour l’implémentation de mesures

d’hygiène dans les principales villes du Mexique. La capitale fut le scénario

d’importantestransformationsquiconsistèrentdansl’assainissementdelaville,dans

la création de nouveaux quartiers et dans la construction d’édifices publics627. Le

régimeinstalladanssesavenuesprincipalesunréseaudemonumentsquiracontait

chronologiquement les grands évènements du récit historique officiel. Mauricio

Tenorio Trillo considère que la ville de Mexico devint «un livre d’histoire» qui

disposait spatialement l’épopéenationale depuis la périodepréhispanique jusqu'au

triompherépublicain.628

Àl’expositionuniverselledeParis1900, leministèredestravauxpublicssechargea

d’organiser la présentation du développement infrastructurel du pays. Ses

contributionsaugroupeVI«Géniecivil.Moyensdetransport»présentaient,enplus

des travaux d’assainissement, des édifices à caractère public de tout le pays: des

écoles,deshôpitaux,deshospicesetdesprisons.

627C. AGOSTONI,MonumentsofProgress.ModernizationandPublicHealth inMexicoCity,1876-1910...,op.cit.628MauricioTENORIOTRILLO,«1910MexicoCity:SpaceandNationintheCityoftheCentenario»,JournalofLatinAmericanStudies,28,1996,p.75‑104.

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153

Le ministère s’occupait aussi de la construction des monuments fédéraux629 . Il

présentait pour la classe 10 «architecture» desmodèles des statues des héros de

l’Indépendance placées dans la «Calzada de la Reforma». Cette avenue avait été

construitependantl’interventionnapoléonienneselonlemodèledesChamps-Élysées

et fut transformée en symbole républicain par les libéraux630. L’exposition était

complétéedanslabibliothèquepardesalbumsphotographiquesainsiqueparlelivre

de Francisco Sosa distribué au public, Biographies des mexicains illustres dont les

statuesontétéérigéesparlesétatsdelafédérationsurlaCalzadadelaReforma631.Le

ministèreprésentaitaussi leChâteaudeChapultepec, résidenceprésidentielle,ainsi

que le projet de Palais législatif initié par Porfirio Díaz en 1897 et accordé à

l’architecte Émile Bénard, qui serait évoqué dans le cataloguemexicain comme un

«palaisdescongrèsremarquable»dontlesdimensionsseraientsupérieuresàcelles

ducapitoledeWashington.632

Laclasse10contenaitaussiunprojetdeprisonélaboréparCarlosAntoniodeMedina

yOrmachea,unarchitectequis’étaitdistinguéparlapromotion,àplusieursreprises,

d’unprojetd’expositionuniverselleàMexico.Ilprétendaitl’organiserselonl’exemple

des expositions françaises, «nation qui marche au devant de l’évolution

progressiste»633.Jesúscontrerasexposaitpoursapartunprojetpourlepavillonqu’il

avait soumis auministèrede la promotion et qui ne fut paspris en comptedu fait

629Cataloguespécial.GII/C10.Secrétariatd'ÉtatetdudépartementdesCommunicationsetTravauxpublics,Mexico:«Palaisdupouvoir législatif,convocationsetprojetpriméauconcours.Monumentspublics.MonumentàHidalgo.Monumentauxmartyresd'Uruapan.Modèlesdesstatuesplacéesdanslachaussée de la Reforma et brochure explicative avec photographies des personnes qui lesreprésentent. Palais de Chapultepec. Albums de photographies. Monument aux héros del'IndépendancedeMexico.Modèle,mémoireetphotographies».630Verónica ZÁRATE, «El Paseo de la Reforma como eje monumental», inMiradas Recurrentes. LaciudaddeMéxicoen lossiglosXIXyXX,Mexico, InstitutoMora/UniversidadAutónomaMetropolitanaAzcapotzalco,2004,p.62‑82.631F.SOSA,Biographiesdesmexicainsillustres...,op.cit.632Díazposa lapremièrePierrependant les fêtesducentenairede l’Indépendanceen1910,mais leprojetfutabandonnésuiteàl’éclatementdelaRévolutionmexicaine.633AntonioDEMEDINAYORMAECHEA, IniciativaparacelebrarelPrimerCentenariode laIndependenciadeMéxicoconunaexposiciónUniversal,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1893;AntonioDEMEDINAYORMAECHEA,LaExposiciónUniversaldelprimercentenarioMexicano,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1894.

Page 155: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

154

d’être reçu après la nomination d’Antonio M. Anza comme architecte 634 .

Significativement,ils’agissaitd’unédificenéogrec635.Finalement,Anzamontraitdes

photographies des deux pavillons qu’il avait érigé aux expositions universelles

parisiennes:lepalaisaztèqueetlepalaisnéogrec.636

LesstylesarchitecturauxdéveloppésauMexiqueàlafinduXIXesièclefurentreliés

au débat sur la recherche du caractère national. Dans ce cadre, la construction de

pavillonspour lesexpositionsuniversellesétaitun thèmeessentiel,dans lamesure

où elle impliquait la ratificationdu gouvernement envers les styles explorés et les

architecteschoisis.Puisquel’architecturedespavillonsformaitendernièreinstance

l’imagegénéraleprésentéeàl’international,laquestionétaitprisetrèssérieusement

parl’administrationetlechoixultimeétaitopéréparPorfirioDíaz.

Le palais aztèque de 1889 fut conçu par l’historien Antonio Peñafiel, construit par

l’ingénieurAnza et orné de hauts-reliefs par Contreras. Ce dernier avait revêtu ses

hérosenbronzeavecdescouronnesetdestuniquesgréco-romainesquirelevaientde

la tendance néoclassique de l’indigénisme libéral. Pourtant, Peñafiel fit publier un

prospectus en français, en anglais et en espagnol dans lequel il insistait sur

l’authenticitédesonpavillon.637

Lapublicationcommençaitpar signalerque«L’édificeest construitd’après le style

aztèquelepluspuretaveclesmatériauxdemonouvrageL’artmexicainancien»,et

qu’ilavaitétéapprouvépardes«savantsetéminentsarchéologues».Lebâtiment,de

70mètresdelongueuret30mètresdelargeur,étaitforméparunepartiecentralequi

symbolisantlareligionaztèqueetpardeuxpavillonslatérauxquifaisaientréférences

mythologiques.Laformedupavillonavaitétéempruntéeàunmuredel’ancienpalais

HuexotlaetauxtempledeXochicalcodansl’étatduMorelos.638

634AGN,31/8.635Cataloguespécial.GII/C10.JesúsContreras,Mexico:«Projetd’édificepouruneExposition».636Ibid. G II/C 10. Antonio M. Anza, Mexico. Édifice pour l’Exposition de Mexico à l’ExpositionuniverselledeParis1889et1900.637AntonioPEÑAFIEL,Explicationdel’édificemexicainàl’ExpositionInternationaledeParisen1889,Barcelone,1889.638Le temple de Xochicalco avait était reproduit à l’exposition universelle de 1867 aux frais d’unancien membre de la commission scientifique du Mexique, Léon Méhédin. DEMEULENAERE-DOUYERE

Page 156: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

155

Quant aux bronzes de Contreras, Peñafiel indiquait qu’ils symbolisaient «l’histoire

préhispaniquedanscesévènementsfondamentaux»:

«Lapartiehistoriquereprésentéeentre lesdeuxpavillons latérauxet leportiquesecomposede

six figures: à droite les rois Izcoatl, Nezahualcoyotl et Totoquihuatzin, la Triple alliance des

monarchies de Mexico, Texcoco et Tlacopan; à gauche du portique Cacama, Cuitlahuac et

Cuauhtémoc,lespersonnagesdelachutetragiquedel’empiremexicain.»639

Le livre concluait en énonçant qu’«aujourd’hui, devant toute l’Europe, le Mexique

élèveunmonumentauplusbravedesesaztèques,àItzcoatl,auplusinfortunédeces

défenseurs,àCuauhtémoc».

Sien1900lechoixdurégimefutdiamétralementdifférent,ledébatsurlecaractère

nationaldel’architectureainsiquel’alternativepréhispaniquen’étaientpasépuisés.

Luis Salazar, chef du groupe VI en 1900, faisait encore à cemoment l’apologie de

l’architecturehistorique. Il avaitproposéunprojetd’édificepréhispaniqueen1889

qui ne fut pas sélectionné et collabora avec Anza pour construire le sien. Salazar

publiaen1899unarticleintitulé«Laarquitecturaylaarqueología»640danslequelil

prônait une combinaison pragmatique des techniques anciennes et modernes. Il

soutenait aussi que l’ornementation mésoaméricaine pouvait offrir au Mexique un

styleauthentiquementnationaletconsidéraitqu’ilavaitétécorrectementappliquéau

pavillonde1889etaumonumentàCuauhtémocdansla«CalzadadelaReforma».

Cependant,lespublicationsofficiellesdel’expositionmexicainede1900portaientdes

opinions négatives envers les architectures nationales des pavillons étrangers. Le

catalogueindiquaitquelestylenéogrecavaitété«soutenudanstouteslespartiesde

l’édificeavecunehomogénéitéquisembleoriginale,comparéeaudéliredecouleurs

etdestylesbigarrésqu’ontrouveencemomentsurlesbordsdelaSeine».Ilassurait

aussique«l’aspectenestimposantetd'ungrandeffet,obtenuavecunesobriétéde

Christiane, «Le Mexique s’expose à Paris : Xochicalco, Léon Méhédin et l’exposition universelle de1867»,Histoire(s)del’Amériquelatine,vol.3,2009,p.12. 639A.PEÑAFIEL,Explicationdel’édificemexicainàl’ExpositionInternationaledeParisen1889...,op.cit.,p.8.640Luis SALAZAR, «La arquitectura y la arqueología», in La crítica de arte en México en el s. XXI,UniversidadNacionalAutónomadeMéxico,1997,p.478–487.

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156

moyens qui s'éloigne résolument de ce que nous appellerions volontiers le ˝Style

Exposition˝».641

Le pavillonmexicain de 1900 s’inscrivait dans une tendance qui avait été cultivée

pour certains bâtimentsmexicains, notamment dans le «CentroMercantíl» achevé

en1898etdanslaprisondeLecumberriinauguréeen1900.Anza,danssonrapportà

Fernández Leal en tant que commissaire adjoint, rappelait que le style néogrec

provenait de l’école d’Athènes créée pendant le Second Empire et qu’il avait été

importéauMexiquepar l’architecteRodríguezArangoiti. Ilsignalaitaussiqu’ilétait

«complément nouveau, […] basé dans les formes helléniques d’harmonie et de

proportion que, comme dit Taine, aucun peuple du monde n’a été capable de

surpasser»642. Anza, qui considérait que le néogrec avait donné à la France ses

édifices modernes les plus importants, listait comme principales références la

BibliothèqueSainte-GenevièvedeLabrouste, laGareduNorddeReynaudet l’Opéra

Garnier.

Son projet original pour le pavillon mexicain comptait afficher des éléments de

l’histoire mexicaine. Dans une description qu’il faisait parvenir au ministre de la

promotion le 14 décembre 1898, il indiquait que «la façade comprend un corps

central et deux latéraux qui rappellent les trois époques de l’histoire duMexique:

l’Indépendance,laRéformeetlaPaix».Ilallaitdisposerauxlesextrémitéslesfigures

proéminentesdesdeuxpremièrespériodes,MiguelHidalgoetBenitoJuárez,«etdans

les lieuxd’honneur sont inscrits avec des lettres en or, les nomsdes héros qui ont

contribué avec leurs écrits ou leur épée au triomphe de l’idée». Finalement,

l’emblèmenationaldevraitêtreinstallédanslesfrisesdestroisparties643.Cependant,

àl’exceptiondel’emblèmedisposésurlafriseaudessusdelaloggia,aucunélément641Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel...,op.cit.642AGN,65/35.Traductionpersonnelle. «Unestilo completamentenuevo (…)basadoen las formashélénicas de proporción y armonía que, como dice Taine, ningún pueblo del mundo a podidosobrepasar»643 AGN, 31/8. «Descripción de la fachada del edificio». Traduction personnelle. «La fachadacomprendeuncuerpocentralydos lateralesquerecuerdanlastresgrandesépocasde lahistoriadeMéxico: la Independencia, la reforma y la paz. (…) Las figuras prominentes de los dos primerosperiodos, Hidalgo y Juárez, coronan los cuerpos laterales del edificio y en los lugares de honor, sehayaninscritosconletrasdeoro,losnombresdeloshéroesquecontribuyeronconsusescritosoconsuespadaaltriunfodelaidea».

Page 158: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

157

nationalnefutgardé.Laseulecaractérisation«mexicaine»quefaisaitAnza,reprise

par la presse, était que la loggia ouverte octroyait «le ton typiqueméridional qui

caractériseparfaitementleclimatdenotrepays».644

Anza fit aussi un rapport en tant qu’architecte en chef du bâtiment. En dehors des

descriptions techniques de l’édification, il proposait une justification argumentée

pour défendre le choix du style néogrec645. Son texte commençait par rappeler

l’importance accordée par la direction de l’exposition à lamanifestation des styles

nationaux des pays qui s’exposaient: «Les architectes puisèrent dans la riche

collection des monuments de leur nationalité, ce qui, selon leur tempérament,

caractérisait le mieux leurs matériaux de construction, leur race, leur moyen, leur

genre,leuridéal».646

Entre autres, il donnait l’exemple de l’Italie, qui avait regroupé des fragments du

Palaisducaletde laBasiliquedeSanMarcdeVenise.Cependant, il considéraitque

dans ce cas le pavillon ne symbolisait pas l’Italie de l’Empire romain, mais l’art

«˝abstrait, infini, silencieux˝qui relie les formes du Moyen âge à celles de

l’antiquité»647. Cet art aurait été développé en Europe spécifiquement dans des

contextesdebienêtreéconomique:Anzavoyaitunrapportentreleprogrèsmatériel

d’unenationetsafacultéàcultiverunstylearchitecturalsatisfaisant.

Ilposait immédiatementunproblème:«commenttraitercettequestionpournotre

pays?». Dans le cas du Mexique, il voyait trois grandes périodes stylistiques: la

période primitive, la domination espagnole et l’indépendance. La première, menée

par des races complémentent différentes de celles qui peuplaient l’Europe, eut un

moment de splendeur attesté par les ruines archéologiques du pays. La deuxième,

exécutéepardesarchitectesprovenantdelamétropole,constituaitl’héritageurbain644AGN,31/8.Traductionpersonnelle.«(…)Eltonotípicomeridionalquecaracterizaperfectamenteelclimadenuestropaís».645AGN,65/35;S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.AnnexeD.646Ibid.Traductionpersonnelle.«Losarquitectostomarondelaricacoleccióndelosmonumentosdesu nacionalidad, aquello que, según su temperamento, caracterizaba mejor sus materiales deconstrucción,suraza,sumedio,sugénero,suideal». 647Traduction personnelle «Simboliza Italia el arte « abstracto, infinito, silencioso », que liga lasformasdelaEdadmediaálasdelaantigüedad».

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mexicain. Il ajoutait que ce style se rapprochait de l’art romain, dont les

manifestations «impressionnent par leur caractère colossal, contrairement à l’art

grec qui, avec des petits monuments, éveillait dans l’âme l’idée de beauté et de

grandeur».648

Ladernièrepériodeenglobaitl’Indépendance,lelibéralismeetlerégimeporfirien.Le

pays était sur la voie du progrès et jouissait d’une prospérité commerciale qui

permettrait d’engendrer un style authentiquement national. Cependant, du fait que

cesconditionsétaientrécentes,lesécolesdebeaux-artsn’avaientpaseuletempsde

créer une architecture nationale : «tout cela sera l’œuvre de demain,mais jusqu’à

aujourd’hui, auMexique, onnepeutpas signalerun seul immeuble en architecture

entièrementnationale».649

Anza pensait que les arts «marquent parfaitement les évolutions des peuples,

signalentleurstendances,accentuentleursidéesetsuiventleursmodes»650.Pourle

Mexiquemoderne, l’architecture idéalen’étaitpasnationale,puisquecelle-ci était à

venir. Le pays pouvait toutefois avoir recours à un style universel qui parlerait du

caractèredesongouvernementmieuxqued’autrestentativesépuiséesparl’histoire:

«Tous les pavillons dans la rue des nations […] ont préféré l’emploi d’architectures graves et

nouvelles.LeMexique,quicommeonl’avun’apasunearchitecturequilecaractérise,quirappelle

auregardportésurlafaçadedupavillonsanationalité,commel’ontl’Italie,l’Espagne,laNorvège,

etc.devaitadopterunstylesérieuxquirévèlelecaractèredugouvernementquirégitsondestinet

lestylenéogrec,quisatisfaisaitcescondition,futadopté.»651

Le texte d’Anza s’accouplait avec le ton accordé à l’exposition de 1900 par la

648Ibid. Traduction personnelle. « Sorprenden por lo colosal á diferencia del arte Griego que conpequeñosmonumentosdespertabaenelalmalaideadelobelloydelogrande».649Ibid.Traductionpersonnelle.«Todoestoseráobrademañana,perohastahoy,enMéxico,nosepuedeseñalarunsoloedificiodearquitecturaenteramentenacional». 650 Ibid. Traduction personnelle. «Las artes que son influenciadas por tantas causas, marcanperfectamente las evoluciones de los pueblos, señalan sus tendencias, acentuando sus ideas ysiguiendosusmodas».651Ibid.Traduction personnelle. «Todos los Pabellones de la calle de las naciones, en que estas están representadas, prefirieron primero emplear arquitecturas graves y nuevas. México, que como hemos visto no tiene una arquitectura que lo caracterice, que á la simple vista de la fachada de su Pabellón, recuerde su nacionalidad, como la tienen Italia, España, Noruega, etc., debía adoptar un estilo serio que revelara el carácter del Gobierno que rige su destino y el estilo Neo-Greco, que satisfacía estas condiciones, fue el adoptado ».

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159

commission. Par contre, il entrait en franche contradiction avec les postures qui

avaientfournilesmatièrespremièresdel’imagenationaleen1889.Sontexte,inséré

dans la publication officielle et coïncidant avec le ton du catalogue, contredisait

ouvertementlesidéesqueSalazaravaitformuléàlamêmeépoque:pendantquel’un

considérait qu’une architecture nationale était inexistante, l’autre prônait le retour

pragmatique au passé archéologique. Les actes d’organisation ne laissèrent aucune

trace des tensions qui auraient pu surgir au sein de la commission, pour ce thème

commepourlechoixdesartistesmodernistesoupourlamiseàl’écartdel’exposition

indigéniste.

Lapostureesthétiqued’Anza,etplus largement les tendancesartistiquesqui furent

promues au sein du pavillon néogrec, s’accordaient au projet de la commission et

complétaient l’image nationale qui fut officiellement encouragée. Celle-ci montrait

d’abord un pays prometteur et en développement industriel, administré

scientifiquement et possédant une culture intellectuellemoderne. LeMexique était

aussiencomplèteadéquationaveclesgoûtsartistiquesdesmétropoles,avecParisen

premierlieu.

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160

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161

Conclusion

Uneimagedeprospériténationale

Cetravailaproposéderestituerlaparticipationmexicaineàl’expositionuniverselle

de Paris 1900 en mettant à jour le rôle de diverses instances officielles dans son

organisation et dans l’agencement de ses contenus. Il a aussi proposé d’expliquer

l’expérienceenlasituantdansdescontexteséconomiquesetculturelspluslargeset

enlacontrastantavecdesparticipationsantérieures.L’exhibitionexposaitplusieurs

aspects primordiaux de la vie nationale au Mexique et synthétisait le projet de

modernisationduporfiriat (1876-1910)enundiscoursqui réussit àmaintenirune

cohérenceglobale.

Cette participation recouvrait les thèmes classiques de la culture promotionnelle

porfirienne: la publicisation des richesses minérales, agricoles et textiles du pays

ainsi que l’existence de conditions institutionnelles favorables au développement

industriel. Elle se distingua par la projection d’une image de prospérité nationale

singulièrement appuyée sur l’ostentationd’une administration scientifique et d’une

cultureintellectuellemoderne.Lesinstitutionsconcernéesfirentunecartographiedu

progrès national qui solidarisait la connaissance du territoire avec l’administration

publique. Le régime établissait en somme un bilan favorable de son projet de

modernisationdupaysaprèsunquartdesiècleaupouvoir.

Cetravailacommencéparévoquerl’importancedesexpositionsuniversellesdansla

mondialisationdeséchangescommerciaux,techniquesetindustrielsàlafinduXIXe

siècle. Elles fédéraient, dans une démarche encyclopédique, l’ensemble de l’activité

humaine et diffusèrent de discours qui naturalisaient les dynamiques du monde

capitalisteetcolonial.Unaspectcollatéraldeceséchangesfutlacirculationd’images

nationales construites pour répondre à des intérêts commerciaux selon diverses

modalités. Dans ce sens, les expositions universelles sont des conjonctures

appropriéespourfairel’histoireculturelledesÉtats-nationsmodernes.

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162

Le régime autoritaire de Porfirio Díaz donna à ces évènements une place

fondamentaledanssonprojetéconomiqued’ouvertureàl’international.Leministère

delapromotionfutchargéd’assurerdesfluxdecapitauxétrangersparlebiaisd’un

programmedepropagandequicherchaitàréhabiliterl’imagedupaysetàpubliciser

ses ressources. Dans ces circonstances, les images nationales produites par le

Mexique furentprincipalementdérivéesdes ressources intellectuelleset culturelles

offertesparlelibéralismeetparlepositivisme.

Lacommissionmexicainepourl’expositionuniverselledeParis1900futintégréepar

des membres de l’oligarchie porfirienne ayant contribué aux présentations

antérieures652. Afin demanifester les progrès accomplis par le pays, Leur projet se

proposait une diminution quantitative et une amélioration qualitative des

contributionsparrapportà laprésentationmexicainede l’expositionuniversellede

Paris 1889653. Ils décidèrent que l’exhibition insisterait tout particulièrement sur

l’existence d’une culture administrativemoderne afin de garantir aux investisseurs

étrangersqu’ilsjouiraientdesécuritéfinancièreetjuridique.

La sélectivité fut affichée comme une stratégie délibérée, mais le commissaire

AntoniodeMieryCelisdemandaaudirecteurgénéraldel’expositionAlfredPicardun

terrainde3000mètrescarrés654.Cecidémontrelavolontédeconstruireunpavillon

plusgrandquelepalaisaztèquede1889,quiavaitoccupépoursapartunesurfacede

2100mètres carrés. Une série de contraintes principalement liées à la gestion des

terrains par la direction générale impliquèrent de réduire l’espace à 2137 mètres

carrés puis à 1315mètres carrés655. LeMexique, qui prétendait avoir le troisième

652VoirAnnexe2.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernées.653SebastiánB.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ. Dumoulin, 1901, p.26. «Si la participation duMexique fut, en 1889, totale et étendue à tous lesordresdel’activitéhumainepourdémontrernotrepuissancevirtuelle,cellede1900devaitselimiteràmettreenévidence toutcequenousavionsréussidans lapratique».Traductionpersonnelle.«Si laparticipacióndeMéxicofueen1889totalyextensivaátodoslosórdenesdelaactividadhumana,parademostrar nuestra potencia virtual, la de 1900 necesitaba limitarse á hacer patente todo lo quehabíamosyaconseguidoenlapráctica».654AGN,58/10.18avril1898.655Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomecinquième.,Paris,Imprimerienationale,1902,p.69.

Page 164: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

163

pavillonleplusgranddanslaruedesnations656,passaàavoirleseptièmelepluspetit

parmivingt-troispays.657

L’organisation d’une présentationmoins ambitieuse découlait aussi de la réduction

danslebudgetduministèredelapromotion658.ÀParis,lacommissionenregistrades

dépenses pour 109,839.78 pesos659, soit 1 186,301.50 francs660(le même rapport

indiquait que le coût en 1889 avait été de 2 179,144.17 francs). Le service des

sections étrangères de l’exposition ouvrit pour le Mexique un crédit de 2 500,000

francs, lecinquièmeleplusélevéparmilesparticipants661.Lepaysinvestit380000

francs dans la construction de son pavillon, somme qui s’élevait à 609,958 francs

aprèslestravauxd’installation.662

Quant à la captation des contenus du pavillon, la commission et leministère de la

promotion recueillirent des contributions dans tout le pays en mobilisant et en

coordonnant des instances gouvernementales fédérales, régionales et locales ainsi

que des compagnies privées et des expositeurs particuliers. Plus de cinquante663

entreprises de chemin de fer collaborèrent en mettant à disposition un réseau de

communications qui s’étendait sur 13 615 kilomètres en 1900. Ces compagnies

assurèrentletransportd’objetsetdepersonnelainsiquel’exécutiondenombreuses

expéditionsscientifiquesentreprisespourl’exposition664.LeMexiquefutundesdeux

656Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Actes officiels. Tableaux statistiques et financiers, Paris, Imprimerie nationale, 1902, p.671‑704.«Tableaunº4.Répartitiondesespacesaffectésauxsectionsétrangères».657Ibid.,p.688.658Mauricio TENORIO TRILLO, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales,1880-1930,Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1998, p.348‑349.Mauricio Tenorio Trillo indiquequelaprésentationmexicaineen1889coûta605318pesosmexicains,représentant11,3%et8%dubudgetduministèredelapromotionpourlesannéesfiscalesde1888-1889et1889-1890.Il indiquequelaparticipationen1900coûta523972pesos,correspondantà46,8%dubudgetpourl’année.659VoirAnnexe3.Tableau:dépensespourlaparticipationmexicaineen1900.660S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.238.661Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier, Paris, Imprimerienationale, 1902,p.119. «ChapitreV: Concours sur lesdispositionsgénéralesdesbâtiments,jardinsetagencementsdel’exposition(partieurbaine),p.256.662Ibid.,p.237.663AGN,58/4.23avril1900.Lettred’AntonioM.AnzaàSebastiánB.deMier.664 Le développement du réseau, préalable fondamental pour l’amélioration des participationsmexicainesauxexpositionsinternationales,fournissait5582kmdecheminsdeferen1885,8544km

Page 165: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

164

seuls pays à financer intégralement le transport des objets de ses expositeurs en

dehorsduterritoirenational.665

Laconstitutiondescontributionsfutsuperviséeparlacommissionetlecontactavec

lesexpositeursfutassuréparl’intermédiairedecommissionsrégionales.Leministère

diffusadanstoutlepaysunesériedecirculairesdestinéesauxgouverneursdesétats,

auxinstitutionspubliques,auxcompagniesprivées,auxindustriels,auxintellectuels

et aux citoyens pour les inviter à participer avant le 15 décembre 1898. Certains

organismes publics furent contactés directement par le ministre de la promotion

Manuel Fernández Leal ou par Mier y Celis, et une partie importante de leurs

recherches, de leurs expéditions et de leurs publications scientifiques furent

financées directement par le ministère. Le rapport final recensa 2143 expositeurs

mexicainseffectifspouruntotalapproximatifde3500demandesd’admission.666

Du fait du retard dans le transport des contributions, la majeure partie des 337

boîtes667envoyéesnefutexaminéequ’unefoisarrivéeàParis668.Lesmembresdela

commissionmanquaientd’informationspréalablessurlesdimensionsdesobjets669et

en avril 1900, mois de l’inauguration de l’exposition universelle, ils savaient

seulement«quelesproduitsprédominantsétaientceuxdel’agriculture,lesminerais

en1890,puis13615kmen1900.Les rapportsdu JurydugroupeVIde l’Expositionuniversellede1900indiquent578kmen1875,10897kmen1892,etenviron13000en1900.Expositionuniverselleinternationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe VI. Génie civil. Moyens detransport.Premièrepartie.Classes28à32,Paris,Imprimerienationale,1902,p.400.665 Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique.Tomepremier...,op.cit.,p.256.;AGN,67/6.«Lescoûtsd’emballageetdetransportjusqu’àlastationdecheminde fer la plus proche ou jusqu’à la capitale, s’il n’y a pas de voie ferrée, seront payés par leparticulier, le territoire ou l’état qui effectue l’envoi. Les exposants n’auront pas à payer de chargespourl’occupationdeslocauxdansl’édificeduMexiqueàParis,nipourletransportenchemindeferouennavireàvapeur, jusqu’au lieude l’Exposition.Traductionpersonnelle.«Losgastosdeempaqueyconducciónhasta la estaciónmáspróximade ferrocarril, óhasta laCapital, si nohubiesevía férrea,correránporcuentadelparticular,delterritorioódelEstadoquehacíaelenvío(…)LosexpositoresnotendránquesufragargastoalgunoporarrendamientodelocaleneledificiodeMéxicoenParís,niportransporteporferrocarrilóbuquedevapor,hastaellugardelaExposición,perosítendránásucargolosdeinstalacionesespeciales».666AGN,58/13.667AGN,68/25.668AGN,67/6.669S.B.DEMIER,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900...,op.cit.,p.115.

Page 166: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

165

etleslivresetcollectionsscolaires»670.Lepavillonserévélatroppetitpourcontenir

la totalité des objets et les organisateurs durent modifier la répartition spatiale

prévue. Ils annulèrent un contrat de restaurant et écartèrent une exposition d’art

indigène afin d’utiliser le sous-sol comme annexe pour disposer les objets les plus

lourds.

Lacommissionentrepritdefiltrerdesobjetsetoptapourleurdiminutionéquitable.

Unecomparaisonentre lecataloguedéfinitifet la listedesobjetsenvoyésàParis671

révèle cependant que les institutions gouvernementales furent privilégiées: à

l’exceptionde l’expositiond’art indigène, la totalitédes contributionsministérielles

furentconservées.Tandisquecertainsobjetsdesgouvernementsmunicipauxfurent

écartés, ceux des instances régionales furent presque tous retenus. L’exposition

définitivefaisaitparticiperleMexiquedans97des120classesetdansles18groupes

del’expositionuniverselle.672

LasélectionopéréeparaîtavoirétéfécondedanslamesureoùleMexiqueobtintplus

deprixqu’en1889.Ilfutleneuvièmepaysleplusprimé,avec1088récompenses673

dont 33 grands prix, 114médailles d’or, 242médailles d’argent, 342médailles de

bronze et 357mentions honorables. En 1889, le pays avait reçu 873 récompenses,

dont14grandsprixet114médaillesd’or,soit31%desexpositeurscontre51%en

1900.

Lesgroupesaveclesmeilleuresexhibitions,«lestroisgrandessourcesderichessedu

pays» 674 selon le commissaire Sebastián B. Mier, furent Le groupe VII

670Ibid.671Lalisted’expositeurspubliéeparlecataloguefrançaisetutiliséeparlesrapportsofficielscontenaitles3500demandesd’admissionoriginalesetnonpasles2143expositeurseffectifs.CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900,Paris,ImprimerieLemercier,1900;Expositioninternationaleuniversellede1900.Cataloguegénéralofficiel,Paris,ImprimerieLemercier,1900.672 Voir Annexe 1. Tableau: expositeurs mexicains et prix obtenus par groupe à l’expositionuniverselledeParis1900.673Les actes officiels indiquent 1037 prix. Pour les récompenses distribuées au Mexique, nousutilisons la liste éditéepar leministèrede lapromotion.VoirListadelasrecompensasobtenidasporexpositoresmexicanosenlaexposiciónuniversaldeParis1900,México,Tipografíade laSecretraríadeFomento,1901.674AGN,68/35.Traductionpersonnelle.«Lastresgrandesfuentesderiquezadelpaís».

Page 167: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

166

«Agriculture»675(10 grands prix, dont 9 pour la classe 39 «Produits alimentaires

d’originevégétale»),legroupeXI«Mines.Métallurgie»(4grandsprix)etlegroupe

III«InstrumentsetProcédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts»(3grandsprix).

Laréussitedecederniersedevaitàlabibliothèquecomposéeparleministèredela

promotion,etselonMier,«àlaprofusionetsupérioritéde lacontributionlittéraire,

scientifiqueetphotographique;àlacontributionbibliographiqueduministèredela

promotion et en général à la haute culture intellectuelle du pays»676. Le succès du

Mexique à l’exposition universelle résulte de l’expérience accumulée au fil des

présentations précédentes, des négociations avec la direction et avec les jurys afin

d’obtenir des résultats favorables, et de la synthèse des contributions, fut elle

stratégiqueouimposée.

L’imagenationaleduMexiqueconstruiteparlacommissionetportéeparlepavillon

futlargementassimiléeetrediffuséeparlapresseetparlespublicationsofficielleset

extra-officielles françaises. Les journaux reproduisaient souvent le contenu des

publicationséditéesoufinancéesparleministère.Sicesouvragesétaientsupervisés

danschaqueétapedeleurfacture,aucunprojetofficielnefutétablipourcontrôlerles

articles journalistiques. La presse propagea tout de même l’image souhaitée en

reprenant sesthèmesfondamentaux: laqualitédesmatièrespremières, lasécurité

découlantduprogrèsdesinstitutionsetlesaméliorationsdepuis1889.

Cetteimagedonnaitunrôlefondamentalàl’administrationpubliquepourgarantirla

sécurité financière et juridique que l’État pouvait offrir aux investisseurs. La

prospériténationalefuténoncéeàtraversdesparamètresanalytiquesdesdisciplines

scientifiques mobilisées par l’exposition, dont l’engagement promotionnel eut

tendanceàeffacerlesfrontièresentrescienceetpublicité.

675LeMexiquefutle3èmepaysleplusrécompensépourcegroupe.Expositionuniverselleinternationalede 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique. Actes officiels. Tableaux statistiques etfinanciers...,op.cit.«Tableaunº7.Statistiquesdesrécompensesd’exposantsparpays,parclasseetparnaturederécompense».676AGN, 68/35. Traduction personnelle. « Debió su éxito a la profusión y superioridad del contingente literario, científico y fotográfico; al bibliográfico de la secretaria de fomento y en general a la alta cultura intelectual del país ».

Page 168: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

167

Lacommissionavaitdirigélaproductionetlacollectedescontributionsens’adaptant

à lahiérarchieétabliedans laclassificationofficiellede l’expositionuniverselle.Elle

attribuaainsiuneplaceprivilégiéeauxgroupesI«ÉducationetEnseignementetIII

«InstrumentsetProcédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts».L’undesprincipaux

élémentsdupavillonfutunebibliothèquequiréunissaitl’ensembledespublications

exposéesetquiprivilégialescontenusdel’instructionpublique,toutenintégrantles

élémentstraditionnelsdelaculturepromotionnelleporfirienne: laconnaissancedu

territoire,l’existencedeservicespublicsetderéseauxdecommunicationefficaceset

l’assainissementdesportsetdesvilles.

Du fait d’être directement administrées par le ministère de la promotion, des

institutions engagées dans la production de connaissances territoriales comme la

Commissiongéographiqueexploratrice, l’Institutmédical, l’Institutgéologiqueet les

observatoires astronomiques eurent une place primordiale dans l’exposition. Le

projet promotionnel du ministère prolongeait la tendance territorialiste du

nationalisme mexicain en l’investissant dans la production de ses institutions

scientifiques.Lescataloguesdel’expositionmexicaineconcevaientlaconnaissancedu

territoirecommeunpréalableouuncorolaireàl’exploitationefficacedesressources

nationales. Ils alliaient ainsi les contributions géographiques et géologiques aux

expositionsminéralogiques,publiquesetprivées,afindemontrerl’intérêtd’investir

dansl’industrieminièremexicaine.

L’exposition liait aussi la connaissance du territoire à l’administration publique en

général. La cartographie du progrès national fut une stratégie privilégiée pour

insister sur lamodernisation intégraledupays. Cet aspectde l’exposition concerna

tous les niveauxdu gouvernement (fédéral, régional et local) etmobilisa une vaste

gammed’acteursinstitutionnels.Lacommissionmexicaineavaitdéfinitôtlapriorité

demontrerledéveloppementdupaysàtraversdestatistiquesetdetravauxsurles

services publics, sur l’assainissement des villes et des ports et sur l’éducation, qui

seraitunedomainetraitéessentiellementparlespouvoirsdécentralisés.

Lesexhibitionslesplusimportantesfurentorganiséesparlesministèresdejusticeet

d’instructionpubliqueetparleministèredel’intérieur.Ilstraitèrentnotammentles

Page 169: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

168

actionsd’assainissementurbainetdesports,eninsistantenparticuliersurleprojet

de drainage de la ville deMexico. Leministère de l’intérieur, à travers du Conseil

supérieur de salubrité, présenta une exposition qui abordait les dimensions

scientifiques et juridiques de l’hygiénisme. En somme, la salubrité publique fut

répartieentre lesgroupesVI«Géniecivil.Moyensdetransport»etXVI«Économie

sociale. Hygiène. Assistance publique» et se confondait avec l’administration des

hôpitaux,desprisonsetdesinstitutionsd’assistancepublique.

Lacollaborationdesétatspourl’expositiondel’administrationporfirienneconcerna

presque exclusivement l’instruction publique. La plus grande partie des objets

recensésdanslesgroupesIetIIIprovenaientdesgouvernementsetdesinstitutions

régionales d’enseignement. En 1900, les contributions relatives à l’administration

publique furent principalement intégrées aux présentations collectives des

ministères,à l’exceptiondesétablissementsd’instructionqui furent présentésunà

undanslecatalogueetassociésàleurslocalités.

Laparticipationmexicaineàl’expositionuniversellede1900,etplusparticulièrement

les expositions de l’administration publique et de la culture intellectuelle, furent

imprégnéesparunesensibilitépositivistequiémanaitdelaconsolidationlocaledela

«politiquescientifique»677.Celle-civéhiculaitdestendancesidéologiquesfortement

influencéesparlesphilosophiesd’AugusteComtepuisdeHerbertSpencer.Àtravers

de leurs parcours éducatifs, scientifiques ou politiques, on constate l’affinité

intellectuelleaveclepositivismemexicaind’unepartieimportantedesorganisateurs,

descontributeursetdesparticipantsauxcongrèsinternationaux.

Lors de cette présentation, la caractérisation scientifique de l’entité nationale se

superposa à ses figurations historiques et artistiques, dimensions largement

exploitées lors de présentations antérieures. L’image de 1900 évacuait les

romantismesindigéniste,historiqueetnaturalistetoutparticulièrementinvestisdans

le palais aztèque de 1889 au profit du modernisme et du style néogrec. Les

contributions scientifiques des instances gouvernementales offusquèrent la

677Charles HALE, The transformation of liberalism in late nineteenth-century Mexico, Princeton, N.J,PrincetonUniversityPress,1989.

Page 170: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

169

rechercheduparticularismenationalqui avait été traité auparavantà traversde la

promotiondetendancesculturellesoriginales.

La revendication demodernité de l’administration publique porfirienne trouva un

corolaire esthétique dans l’adéquation aux tendances stylistiques françaises.

Plusieurspropriétésclassiquesde l’imagenationalemexicainese retrouvaientainsi

sensiblementatténuées:lafigurationromantiquedelaterritorialité,Larecherchedu

particularisme national à travers du regard archéologique et ethnographique, ainsi

quel’énonciationdel’épopéenationaledulibéralisme.

Lesorganisateursde laparticipationmexicaineavaient financéuneexhibitiond’art

indigène pour le pavillon néogrec. Cependant, les priorités de l’exposition étaient

autres et la contribution fut écartée quand il se révéla nécessaire de filtrer des

contenus. Pourtant, le Mexique avait préparé des contributions indigénistes

importantes pour les expositions de la Nouvelle Orléans 1884, Chicago 1893 et

Buffalo1901.Lefaitquecesévénementsaientcomportédansleursclassificationsdes

groupesd’ethnologiemontreque lemobilede fondétait lepragmatisme,etque les

conditions imposées par les expositions déterminèrent profondément les images

nationalesqueleMexiquepouvaitexposer.

Quant à sa section artistique, l’exhibition mexicaine de 1900 se caractérisa par le

triomphedumodernisme678.L’expériencecontrastaitparticulièrementaveccellede

1889, qui avait consacrée pour sa part le paysagisme naturaliste et présenté les

grandesœuvres de la peinture historique indigéniste679. Une partie de l’exposition

artistique de 1889 exhibait une culture visuelle nationaliste exécutée lors de la

consolidation libérale antérieure au régime. Quant au reste, plus de la moitié des

contributionsavaientétéproduitesparlechefdegroupeJoséMaríaVelasco,quien

futrécompenséaveclalégiond’honneur.

678VoirAnnexe8.Photographiesd’objetsrelatifsàlaprésentationmexicaineàl’expositionuniverselledeParis1900.679 Voir Annexe 9. Photographies relatives aux courants artistiques mexicains représentés àl’expositionuniverselledeParis1889

Page 171: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

170

Par contraste, toutes les pièces primées en 1900, notamment les sculptures

modernistes,avaientétéexécutéesaprès1898.Leministèredelapromotionfinança

les projets que certains artistesmexicains développaient à Paris même et chargea

Jesús Contreras de superviser l’exhibition. Ce dernier gagna un grand prix et fut

nomméchevalierdelalégiond’honneurpoursasculptureenmarbreMalgrétout.680

La présentation mexicaine traduisait aussi une inclination pour l’architecture

européenne. Les publications et la presse diffusèrent l’idée d’un goût local pour le

style néogrec, qui fut choisi pour le pavillon dès les débuts du projet. L’architecte

Antonio M. Anza écarta les références historiques qu’il avait prévu initialement et

justifiaseschoixenargumentantque leMexiquen’avait toujourspasdéveloppéun

styleproprementnational.Celui-ciémaneraitnaturellementdu faitde laprospérité

économique,maisen1900l’architectureidéaleétaitunstyleuniverselsusceptiblede

s’accorderà lamodernitéporfirienne.Lapostured’Anzas’accouplaitautongénéral

de l’exposition,mais entrait en franche contradiction avec celles qui avaient fourni

l’imagede1889.Lepalaisaztèque,qu’il avait construitetque Jesúscontrerasavait

décoré,évoquaitl’épisodepréhispaniquedel’épopéenationaleetdonnaitauMexique

uncaractèreexotique.

Les tendances artistiques promues au sein du pavillon néogrec s’accordaient au

projet de la commission et complétaient l’image nationale qui fut officiellement

encouragée. Celle-ci montrait un pays prometteur et en développement industriel,

administré scientifiquement, détenteur d’une culture intellectuelle moderne et en

complèteadéquationaveclesgoûtsartistiquesdesmétropoles.

L’image de prospérité nationale duMexique relevait surtout des aspirations et des

promessesdurégime,etelle répondait spécifiquementàdes intérêtscommerciaux.

Cependant,l’expériencepermitlacréationetladiffusionderessourcesintellectuelles

etartistiquesenrichissantespourlepays.Dufaitdeleurcapacitédemobilisation,les

participations mexicaines aux expositions furent des dispositifs de promotion qui

donnèrentauMexiquecertainesdesesressourcesculturellesleplusimportantes.

680CatalogueSpécial.GII/C9.JesúsContreras.México..«Malgrétout»,sculptureenmarbre.

Page 172: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

171

Finalement,lerégimecherchaitàsynthétisertoutslesaspectsdelavienationaleen

undiscourscohérent.Cetravailacherchéàexplorerlestraductionsscientifiquesque

des idées abstraites – la nation et la modernité – ont trouvé dans le cadre de la

présentationmexicaineà l’expositionuniversellede1900.Nousavonssuggéréqu’il

était en adéquation avec les tendances idéologiques et philosophiques du projet

nationallocal.Nousavonsaussianalysélamanièredontlesdisciplinesscientifiques

concernées furent mobilisées et nous avons expliqué leur place dans la culture

intellectuelle porfirienne: le pavillon néogrec liait la connaissance du territoire à

l’administrationpubliquepourcartographierleprogrèsnational.Ainsi,lesprincipaux

éléments de l’exposition gouvernementale furent les contributions des disciplines

géographiques, l’exhibitiondestravauxetdesservicespublics,et laprésentationde

publicationssurlesystèmed’éducationnational.Finalement,nousavonssoulignéle

déséquilibre inédit entre la dimension scientifique de l’image produite et ses

contreparties historiques et artistiques: en 1900, le particularisme national fut

atténuéparl’adéquationauxcanonsculturelseuropéens.

Ce travail a insisté sur l’importancedes lecturesque leMexique faisait demodèles

intellectuels et culturels provenant desmétropoles. Les tendances idéologiques du

régime influencèrent en grande mesure les images nationales produites pour les

expositions universelles. Elles correspondaient notamment à un culte libéral et

républicainprogressivementécartéparlespositivismescomtienpuisspencérien:le

palais néogrec fut conçu par des hommes appartenant à une génération de hauts

fonctionnaires formés dans un système éducatif positiviste. En 1900, le Mexique

exposaituneimagedeprospériténationaleajustéeàlacompréhensiondesesélites

decequedevaitêtreunÉtat-nationmoderne.

Notre étude s’est limitée à analyser une image construite par des agents

institutionnels et officiels. Plus encore, elle ne s’est occupée que de ses éléments

exécutés, financés ou promus par des acteurs gouvernementaux, et nous n’avons

traitéque superficiellement son impact sur lespublics étrangers.Nousn’avonspas

abordé la partie substantielle de l’exposition, qui consistait dans les contributions

publiquesetprivéespourlesgroupesd’agriculture,desminesetdesproduitstextiles.

Page 173: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

172

Nous n’avons pas abordé non plus l’influence des expositions universelles sur les

cultures techniques et sur la production agricole et industrielle locales. Cette

rechercheamisdecotélaquestionfondamentaledesreconfigurationstechniqueset

identitaires à l’œuvre dans les régions qui devaient répondre aux exigences du

gouvernement central. C’est des thèmes qui comprennent l’organisation des

contributions régionales, l’impact des classifications et des techniques exportées et

standardisées,mais aussi les négociations politiques et culturelles avec les acteurs

locaux.

Cetravails’inscritdansunterrainhistoriographiquequiatraditionnellementanalysé

la facture fédérale des représentations internationales du Mexique. La recherche

récente insiste sur l’importance d’une analyse régionale pour saisir la structure

globaledecesévénements.LacontributiondeMaríadeLourdesHerreraFeriasurla

placedel’étatdePuebladanslesexpositionsuniversellesestdanscesenséclairante.

Elle démontre que «la négociation était obligée, car elle impliquait une constante

transformation,destructionetréinventiondesidentités locales,desesmythesetde

ses traditions, et surtout de ses systèmes de loyauté». L’état de Puebla, renfort du

protectionnisme économique national, n’offrit jamais de réponses immédiates ou

homogènes et «passa de l’indifférence, avec des vues de résistance, à une

collaborationnégociée».681

Finalement, le retard dans la captation des contributions régionales en 1900, que

nous n’avons pas cherché à caractériser au delà du contraste avec l’efficacité des

institutions fédérales, relève aussi de négociations sur la manière dont la nation

devait être représentée.Lesexpositeursadoptèrentdesattitudesenvers lepouvoir

fédéralquiévoluèrentaufild’unquartdesiècle.Lamissiond’unorganismecommele

ministèredelapromotion,quivisaitl’adaptationdupaysàdesmodèleséconomiques

et culturels internationaux, aurait été impossible à combler sans la médiation

681María de Lourdes HERRERA FERIA, «Puebla en las exposiciones universales del siglo XIX : lainsercióndeunaregiónenelcontextoglobal»,thèsededoctorat,BeneméritaUniversidadAutónomadePuebla, Puebla, 2015, p.347‑349. Traductionpersonnelle. «La negociación era obligada en tantoqueimplicabalaconstantetransformación,destrucciónyreinvencióndelasidentidadeslocales,desusmitosytradiciones,y,sobretodo,sussistemasdelealtades.»;«Pasódelaindiferencia,convistosderesistencia,aunacolaboraciónnegociada».

Page 174: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

173

d’instancesrégionalesetlocalesadaptéesàdescirconstancesextrêmementvariables.

Il est essentielde reconnaîtreque lesorganisateursde laparticipationmexicaineà

l’expositionuniversellede1900ne formaientqu’unpôledans le réseaupermettant

deconfectionneruneimagenationaleglobale.Sesmatièrespremièresfurentfournies

parunemultiplicitéd’acteursirréductibleàl’uniténationalepromuefaceauxpublics

étrangers.

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174

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175

Annexes

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176

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177

1.Tableau:expositeursmexicainsàl’expositionuniverselledeParis1900

Source:CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900,Paris,ImprimerieLemercier,1900

Groupes

Nombredeclasses

Classescomportantdes

objetsmexicains

Expositeursmexicains

Prix,médaillesetmentionsobtenues

1.Éducationetenseignement 6(1-6) 5 235 392.Œuvresd’art 4(7-10) 4 55 113.Instrumentsetprocédésgénérauxdeslettres,sciencesetarts

8(11-18)

8

277

61

4.Matérielsetprocédésgénérauxdelamécanique

4(19-22) 1 4 3

5.Electricité 5(23-27) 4 8 56.Géniecivil.Moyensdetransport.

7(28-34) 6 40 42

7.Agriculture 8(35-42) 12 408 2098.Horticulture.Arboriculture. 6(43-48) 6 32 209.Forêt.Chasse.Pêche.Cueillettes.

6(49-54) 4 106 64

10.Aliments 8(51-61) 8 262 21811.Mines.Métallurgie. 3(62-64) 3 221 9012.Décorationetmobilierdesédificespublicsethabitations

10(65-74)

8

88

6

13.Fils.Tissus.Vêtements. 11(85-75) 7 280 14314.Industriechimique 5(86-90) 5 134 8315.Industriesdiverses 9(91-99) 7 48 3616.Économiesociale.Hygiène.Assistancepublique

12(100-111) 2 11 5

17.Colonisation 3(112-114) 1 1 118.Arméesdeterreetdemer 6(115-120) 6 29 22

Total 121 97 2239 1088

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178

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2.Tableau:Membresdelacommissionmexicaineetpersonnesconcernés

Nom Fonction Profession/domaine

Participations Salaire(mois)

Activités,publications,ouvragesprésentés

ManuelFernándezLeal(1831-1909)

Ministredelapromotion

Ingénieur Chicago1893 DE -México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901.

AntoniodeMieryCelis

Commissaire(16-08-1896/18-12-1899)

MinistreplénipotentiaireduMexiqueen

France

Paris1889 DE -México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901.

SebastiánB.deMier

Commissaire(25-01-1900)

MinistreplénipotentiaireduMexiqueenAngleterre

Paris1889Chicago1893

DécorécommandantdelaLégiond’honneur- México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901.

AntonioM.Anza(1847-

1925)

Commissaireadjoint

(25-01-1899)

Ingénieur Paris1889Chicago1893

373pesos

PEÑ Architecte des pavillons de 1889 et 1900

DécoréofficierdelaLégiond’honneur -Explication de l’édifice mexicain à

l’Exposition Internationale de Paris en 1889, Barcelone, 1889 (avec Antonio Peñafiel)

FernandoFerrariPérez(?-1927)

GroupesI,II,III,V,XIVsectionrétrospective

Jurydelaclasse3

Ingénieur

Nouv.OrléansParis1889Chicago1893

333pesos

Directeurdelasectiond’histoirenaturelledelaCommissiongéographiqueexploratrice

LuisSalazar(1849-?)

GroupesIV,VI Ingénieur Paris1889SaintLouis1904

150pesos

RafaelRamosArizpe

GroupeV Ingénieur Paris1889 -Estadística de las aplicaciones de la electricidad, Mexico, 1900. -El alumbrado público en la ciudad de México: Estudio histórico, Mexico, 1900.

JoséSegura(1845-?)GroupeVII,X,VIIIJurydelaclasse41

Ingénieuragronome

Philadelphie1876Nouv.Orléans1884

Paris1889Chicago1893

166pesos

MarianoBarcena(1842-1899)

GroupeVIII Ingénieur Philadelphie1876Nouv.Orléans1884

Chicago1893

JoséRamirez(1852-1904)

GroupesIX,XVI MédecinSecrétairedu

Conseilsupérieurdesalubrité(positiviste)

Nouv.Orléans1884Paris1889Chicago1893

150pesos

Fondateurdel’Institutmédical

CarlosSellerier

GroupeXIJurydelaclasse63

Ingénieurdesmines

Chicago1893Buffalo1901

252pesos

-Data Referring to Mexican Mining Prepared in View of the Participation of Mexico on the Universal Exposition of paris in 1900, Mexico, Hoeck, 1901.

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180

EduardoZarate(1853-1913)

GroupesXII,XIIIJurydelaclasse84

Avocat Philadelphie1876Nouv.Orléans1884

Paris1889Chicago1893

375pesos

ManuelFlores(1853-1924)

GroupesXIV,XVJurydelaclasse91Assistantauxcongrès

Pédagogue(Positiviste)

Paris1889 100pesos CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902

RodrigoValdez GroupeXVIII Colonel Paris1889 235pesos

FranciscoRíodelaLoza AdjointGroupesXIV,XV

Jurydelaclasse87Assistantauxcongrès

Pharmacien/chimiste

133pesos

JesúsContreras(1966-1902)

AdjointgroupesI,II,III,

ExposantAssistantauxcongrès

Sculpteur Paris1899 Gratification11710pesos

Sculpteurdereliefsenbronzeindigénistesen1889Grandprix:«Malgrétout»,sculptureenmarbreDécoréchevalierdelaLégiond’honneur

AntonioPeñafiel(1839-1922)

Exposant Ethnologue,archéologue,historien

Nouv.Orléans1884Paris1889Chicago1893Paris1900Buffalo1901

Concepteurdupalaisaztèquede1889Responsabledesexpositionsd’ethnologie/archéologieen1884,1893et1901.-Monumentosdelartemexicanoantiguo:ornamentación,mitología,tributosymonumentos,1890

EduardoLiceaga(1839-1920)

Exposant Médecin,hygiénistePrésidentdu

Conseilsupérieurdesalubrité(positiviste)

Paris1889Chicago1893

EnriquedeZayas propagande Paris1889 Gratification8000pesos

-Los Estados Unidos Mexicanos: susprogresosenveinteañosdepaz1877-1897,Mexico,,1900.-Les États-unis mexicains : leursressources naturelles, leur progrès etleursituationactuelle.Mexico,1899.

GustaveGostowski Propagande -Exposition Universelles Internationale

de 1900. Mexique, Études, notes et renseignements utiles au capitaliste, Paris, Brunoff, 1901.

PaulBarréExposant

PublicationauMexique

-Historia de las Exposiciones en el Siglo XIX, Mexico, Tipografía de la Secretraría de Fomento, 1899.

JoaquínCasasús(1858-1916)

ExposantVisiteurdistingué

Économie(Positiviste)

Paris1889

JulioAlvarado

PublicationauMexique

ColonelProfesseuraucollègemilitaire

-Comisión geográfico-exploradora de la República mexicana. Catálogo, 1900.

JoséYvesLimantour(1854-1935)

Gestiondubudget

Visiteurdistingué

Ministredesfinances

(Positiviste)

Page 182: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

181

IrineoPaz(1836-1924)

AssistanceauxCongrèsExposant

Écrivainnaturaliste

Paris1889

CarlosDíazDufoo(1861-1941)

AssistanceauxCongrès,adjointhonorairedesgroupesI,II,III

EconomisteEcrivain

(Positiviste)

Chicago1893 CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902

EmilioPimentel(1855-1929)

AssistanceauxCongrès

GouverneurduOaxacaAvocat

(Positiviste)

AgustínAragón(1870-1954)

AssistanceauxCongrèsExposant

IngénieurPédagogue(Positiviste)

CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902

PorfirioParra(1854-1912)

AssistanceauxCongrèsExposant

Médecin(Positiviste)

CollaborateurdansMéxico:suevoluciónsocial,1900-1902

MiguelÁngeldeQuevedo

AssistanceauxCongrès

UrbanisteHygiéniste(positiviste)

GabrielMancera(1839-1925)

Transportd’objets

EntrepreneurIngénieur

Propriétairedecheminsdefer

Philadelphie1876

Sources:

ArchivoGeneraldelaNación,section«Exposiciones».

DEMIERSebastiánB.,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901.

Catalogue officiel spécial du Mexique, Exposition universelle de Paris 1900, Paris, Imprimerie Lemercier, 1900.

TENORIO TRILLO Mauricio, Artilugio de la nación moderna. México en las exposiciones universales, 1880-1930, Mexico,FondodeCulturaEconómica,1998.

Page 183: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

182

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183

3.Tableau:dépensespourlaparticipationmexicaineen1900

Prixenpesosmexicains

jusqu’enaout1900

Prixenfrancsjusqu'àdécembre

1900GroupesI,II,IIIetsection

rétrospective4622

GroupesIV,VI 1732 GroupeV 983

GroupesVIIetX 1473.80 GroupeVIII 3830.01

GroupesIX,XVI 2173.14 GroupeXI 3240.02

GroupesXIIetXIII 2804.03 GroupesXIVetXV 2839.56

Fraisdelacommissionjusqu’enjuin1900

2593.22

GratificationJesúsContreras 11,710.66 Salaired’AntonioM.Anzajusqu’en

aout19005600

Fraisdeconstructiondupavillon 24,961.90 342,000682Télégrammesentrelecommissaire

etlaministère639.77 7322

Fraismineurs 393.42 4315.7Livresetpublicationsdiverses,

suscriptionsàlapresse11,078.85

(dont8000pourZayas)88,552

Fraisdesemployés 268.30 Employésauxiliaires 2860.84 31,310Employésdelasection

cartographique187.13 2103

contributiondel’InstitutGéologique

7388.74

contributiondel’InstitutMédical 1479.07

contributiondelacommissiongéographicoexploratrice

5926.02

Transportenchemindeferdesagentsduministère

53.54

Stockagedansl’entrepôtdeBetlemitas(Mexique)

1000

Total 109,839.78 1,186,301.50682AGN, 32/2. «Contrato celebrado para la construcción del pabellón». Le contrat de constructionpour 380,000 francs établissait le dernier paiement en décembre 1900 ; en aout 1899, la quantitépayéerevenaità342,000francs.

Page 185: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

184

Note: Les prix en pesos mexicains et en francs indiqués ne correspondent pasdirectement. Les comptes disponibles dénombrent le coût total selon des critèresdifférents et correspondent à des tranches de dates différentes. Par exemple, lescomptes en francs associent la majeure partie des salaires aux frais généraux dupavillon,quisontrepartieentrelesfraisdesgroupespourlescomptesenpesos.

Nousavonsreproduitlescritèresdescomptesenpesosetindiquélesprixenfrancsquileurcorrespondentapproximativement.

Ces coûts, ainsi que le contraste entre lesprixde certains éléments remboursés aucrédit de l’exposition, nous permettent d’estimer que leministère de la promotionévalualetauxdechangeàraisonde1pesopour10.8francs.

Sources:

Archivo General de la Nación, Sección exposiciones, Boîte 61, dossier 3. « Gastos generales de la delegación, para la exposición de 1900 ». DE MIER Sebastián B., México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris, Imprimerie de J. Dumoulin, 1901, p. 238.

Page 186: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

185

4.LalittératurepromotionnelleporfirienneenFrance

I.PublicationsfrançaisessurleMexiqueéditéesavecdessubventionsdel’État

mexicain(1884-1903)

Chroniquesdevoyages

LeclercqJ.,VoyageauMexique,Paris,Hachette,1885.

LejeuneL.,TerresMexicaines,Paris,1886.

BertieMarriott,UnParisienauMexique,Paris,Dentu,1887.

CastetsE.,MexiqueetCalifornie,souvenirsetdescriptions,Paris,1887.

ChambrantE.,DeBarcelonnetteauMexique,Paris,Plon,1892.

ChambonL.,UngasconauMexique,Paris,P.Dupont,1892.

Imagenationale

DupindeSaintAndré,LeMexiqueaujourd'hui,Paris,PlonNourret&Co.,1884.

Sainte-CroixL.,OnzemoisauMexique,Paris,LibrairiePlon,1897.

GostkowskiG.,DeParísaMéxico,Paris,1899.

ArnaudP.,L'émigrationetlecommerceauMexique,Paris,Boyer,1902.

StephanC.,LeMexiqueéconomique,Paris,LibrairieduNouveauMonde,1903.

LejeuneL.,AuMexique,Paris,LéopoldCerf,1892.

Source: Apéndice bibliográfico, dans Riguzzi, Paolo, «México próspero. Lasdimensionesde la imagennacionalenelporfiriato»,Historias,n°20,1988,pp.137-160.

Page 187: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

186

II.Publicationsdistribuéespendantl’expositionuniversellede1889

BIANCONI F., Le Mexique à la portée des industriels, des capitalistes, des négociants

importateursetexportateursetdestravailleurs,Paris,Chaix,1889.BIANCONIF.,TexteetcartecommercialeduMexique,Paris,1889.

DIAZAgustín,CommissiongéographiqueexploratricedelaRépubliqueMexicaine.Catalogue

desobjetscomposantlecontingentdelacomission,Paris,1889.BUSTO Emiliano, L’administration publique au Mexique : étude comparative et succincte

entrelessystèmesadministratifsdesfinancesdeFranceetduMexique :avecuneétudesommairesurl’administrationpubliquedanslesdeuxpays,Paris, ImprimeriedePaulDupont,1889.

INSTITUTOMEDICONACIONAL,Travaux,Paris,ElEstudio,1892.OLAGUIBEL Manuel, Memoria para una bibliografía científica de México en el siglo XIX,

Mexico, 1889.

PAZ Irineo, Los hombres prominentes de México, 1889.

PEÑAFIELAntonio,Explicationdel’édificemexicainàl’ExpositionInternationaledeParisen1889,Barcelone,1889.

SECRETARÍA DE FOMENTO, La Comisión Mexicana en la Exposición Internacional de Paris,Mexico,TipografíadelaSecretaríadeFomento,1889.

BESTAlberto,AlbertoBest,NoticiasobrelasaplicacionesdelaelectricidadenlaRepúblicamexicana,Mexico,TipografíadelaSecretraríadeFomento,1889.

ZAYAS ENRIQUEZ Rafael de, Statistique de l’État de Veracruz dressée par M.R. de ZayasEnriquez,...,Paris,Impr.deL.Beillet,1889

Sources:GODOY José,México en París : reseña de la participación de la República Mexicana en laExposiciónuniversaldeParísenl889,Mexico,TipografíadeAlfonsoE.López,1889.Exposition Universelle Internationale de Paris 1889, catalogue officiel de l’Exposition de la République Mexicaine, Paris, Imprimerie Générale Lahure, 1889.

Page 188: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

187

III.Publicationsdistribuéespendantl’expositionuniversellede1900

BATRESLeopoldo,Mida,Álbumdescriptivoé ilustrado,Mexico,Tipografíade la SecretaríadeFomento.

CatalogueofficielspécialduMexique,ExpositionuniverselledeParis1900,Paris,ImprimerieLemercier,1900.*

MARIA CAMPOS Ricardo de, Renseignements commerciaux: sur les Etats-Unis Mexicains,Mexico,ImprimerieduMinistèredeFomento,1899.*

(1000exemplairesofferts)

CUCALÓN Inocencio, Cuadro comparativo de la administración publica en México en losúltimos15años,Mexico,1899.

(10exemplairesofferts)

CORREAAlberto,ReseñaeconómicadelestadodeTabasco(RepúblicaMexicana).porAlbertoCorrea,México,OficinatipográficadelaSecretaríadefomento,1899.*

(500exemplairesofferts)GOSTKOWSKIGustave,AuMexique :études,notesetrenseignementsutilesaucapitaliste,à

l’immigrantetautouriste,Paris,Brunoff,1901.(2000exemplairesofferts)

HERRERAAlfonsoLuisetDanielVERGARALOPE,Laviesurleshautsplateaux:influencedelapression barométrique sur la constitution et le développement des êtres organisés,traitementclimatériquedelatuberculose.Ouvragecouronnéparl’InstitutSmithsoniende Washington (Concours Hodgkins, 1895), Mexico, Mexique, Imprimerie de I.Escalante,1899.

LEMCKE Heinrich, Mexico, das Land und seine Leute.: Ein Führer und geographischesHandbuch unter besonderer Berücksichtigung der gegenwärtigen wirtschaftlichenVerhältnissedesLandes.,Berlin,1900.

(50exemplairesofferts)

MEDINA Y ORMACHEA Antonio, Legislación de los pueblo Latin-Americanos (100 exemplaires en vente, 150 francs) MOLINA,«cartasyplanos»(80exemplairesofferts). PEÑAFIELAntonio,Monumentosdelartemexicanoantiguo:ornamentación,mitología,

tributosymonumentos,Berlin,A.Asher,1890.* (10exemplairesofferts)

RAMOSARIZPERafael,ElalumbradopúblicoenlaciudaddeMéxico:Estudiohistórico,Mexico,1900.*

RAMOS ARIZPE Rafael, Estadística de las aplicaciones de la electricidad en la RepúblicaMexicana,Mexico,1900.*

RODRIGUEZRicardo,LaProcédurepénaleauMexique(BSG)

Page 189: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

188

SÁNCHEZ Jésus, Breve noticia de los establecimientos de instruccion, dependientes de lasecretariadeestado,México,TipografíaLaEuropea,1900.*

SELLERIERCarlos,DataReferringtoMexicanMiningPreparedinViewoftheParticipationofMexicoontheUniversalExpositionofparisin1900,Mexico,Hoeck,1901.*

SOSA Francisco,Biographiesdesmexicains illustresdont les statuesont été érigéespar lesétatsdelafédérationsurlaCalzadadelaReforma,Mexico,ImprimeriedelaDirectiongénéraledestélégraphesfédéraux,1900.*

ZAYASENRIQUEZRafaelde,LosEstadosUnidosMexicanos:susprogresosenveinteañosdepaz1877-1897 : estudio histórico y estadístico, Mexico, Tipografía de la Secretaría deFomento,1900.*

(500exemplairesofferts)

ZAYASENRIQUEZRafaelde,LesÉtats-unismexicains :leursressourcesnaturelles,leurprogrèsetleursituationactuelle.TraductionparAugusteGénin,Mexico,MinistèredeFomento,1899.*

(2000exemplairesofferts)

Prospectus

«DescriptionabrégéeduProjetd'asséchementdelavilledeMexico»

«ÉtablissementsetAsilesdel'AssistancePubliquedeMexico»

«RésuméduProjetdel'HôpitalgénéraldeMexico»

Cataloguede43herbiersdel’InstitutMédical(1000exemplairesdistribués)

Sources:

ArchivoGeneraldelaNación,32/12;54/6;58/1;59/1;68/25.DE MIER Sebastián B., México en la Exposición Universal Internacional de 1900, Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901.

*OuvragesdisponiblesàlaMédiathèqueduQuaiBranly.

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189

5.Photographies:LepavillonnéogrecmexicainàParis1900

Vuelatéraledel’édificeduMexique

Illuminationàl’électricitépendantlafêtedu16septembre

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ProduitsChimiques

Produitsindustrielsetmanufacturesdiverses

Page 192: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

191

Tabacetparfumerie

Galerieavecvuesurlaseine

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192

Salondebeaux-artsetderéception

Salondebeaux-artsetderéception

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193

Partiebassedel’escalierPartiehautedel’escalier

Cuirsetpeaux

Page 195: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

194

Produitsnaturels

VinsetliqueursGrainesetproduitsnaturels

Page 196: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

195

Sectionrétrospective

Page 197: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

196

Ministèredelaguerre

Galeriesupérieureetprojetdemonument

Page 198: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

197

Source:

DEMIERSebastiánB.,MéxicoenlaExposiciónUniversalInternacionalde1900,Paris,ImprimeriedeJ.Dumoulin,1901.

Numérisation:

RafaelFierroGossman.Imagesdisponiblessur:https://grandescasasdemexico.blogspot.com/2015/12/mexico-en-paris-1900.html

Datedeconsultation:25aout2018.UniversidadAutónomadeNuevoLeón.DireccióngeneraldeBibliotecas(imagesavecmarqued’eau)

Page 199: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

198

Page 200: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

199

6.Iconographie:constructiondupavillonmexicainde1900

Photographie.Vuedusquelettedupavillonmexicainde1900.AGN,31/8.

Photographie.Vuedupavillondepuislesalondesbeauxarts.AGN,31/18.

Page 201: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

200

Photographie:moluresenstaffetenplâtre.AGN,31/18.

Photographie:intérieurdulocallouépourconstruirelesmouluresdupavillon

mexicain.AGN,31/18.

Page 202: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

201

AntonioM.Anza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.

AntonioM.Anza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.

Page 203: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

202

AntonioMAnza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.

AntonioMAnza.Planpourlepavillonmexicainde1900.AGN,32/2.

Photographiespersonnelles

Page 204: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

203

Revue technique de l’exposition universelle de 1900. 1. Première partie. Architecture et construction. Tome I, Paris, 1900.

Page110,fig.72.«CouverturedelatranchéedescheminsdeferdesMoulineauxsousle palais des armées de terre et de mer et de l’Hygiène et sous le pavillon duMexique».

Numérisation:Conservatoirenumériquedesartsetmétiers.

Page 205: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

204

Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapport général administratif et technique. Tome deuxième, Paris, Imprimerie nationale, 1902.

Page 224. «Palais des armées de terre et de mer. Rotonde d’extrémité vers le pont del’Alma.»Numérisation:Conservatoirenumériquedesartsetmétiers.

Page 206: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

205

7.LespavillonsofficielsduMexiqueauxexpositionsuniverselles

NewOrleans,1884.LekiosquemoresqueouMexicanAlhambra,JoséRamónIbarrola.

Numérisation:INAH,FototecaNacionalDigital

Page 207: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

206

Paris,1889.LePalaisaztèque,AntonioPeñafieletAntonioM.Anza.

Numérisation:INAH,FototecaNacionalDigital

Page 208: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

207

Paris,1900.LePalaisnéogrec,AntonioM.Anza.

Numérisation:INAH,FototecaNaciolDigital

Page 209: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

208

Page 210: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

209

8.Photographies:objetsmexicainsàParis1900

Jesús F. Contreras, à Mexico. « Malgré tout ». 1898, marbre. 160x173x69 cm. Groupe II, clase 9 : « Sculptures et gravure en médailles et sur pierres fines. »

Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.

Page 211: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

210

Agustín Ocampo, à Paris. « Désespoir ». 1900, marbre. 54x104x53 cm. Groupe II, clase 9 : « Sculptures et gravure en médailles et sur pierres fines »

Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.

x 53 cm Sala 25

Page 212: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

211

Antonio García Cubas, à Mexico. « Carta histórica y arqueológica » Exposition rétrospective du Mexique Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.

Page 213: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

212

Commission géographique exploratrice, à Xalapa (état de Veracruz) « Valée de Mexico » Groupe III, clase 14 : « Cartes et appareils de géographie et de cosmographie. Topographie »

Source : MUNAL, Museo Nacional de Arte. Photographie personnelle.

Page 214: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

213

Institut médical national, à Mexico. « La vie sur les hauts plateaux » Groupe I, clase 3 : « Enseignement supérieur. Institutions scientifiques »

Source : Archivo General dela Nación, boîte 54/dossier 10. Photographie personnelle.

Page 215: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

214

Cartesd’exposantsmexicains.Source:Archivo General dela Nación, boîte 22/dossier 2. Photographie personnelle.

Page 216: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

215

9.Photographies:l’artmexicainàParis1889

José María Velazco, à Mexico. « Catedral de Oaxaca ». 1887, Huile sur toile. Groupe I, clase 1 : « Tableaux et Aquarelles ».

Source : MUNAL, Museo Nacional de arte. Photographie personnelle.

Page 217: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

216

José María Velazco, à Mexico. « Valle de México ». 1878, Huile sur toile. Groupe I, clase 1 : « Tableaux et Aquarelles ». Source : MUNAL, Museo Nacional de arte. Photographie personnelle.

Page 218: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

217

José Obregón, à Mexico. « El descubrimiento del pulque » ou « Xochitl présente au roi Tépancalzin le pulque qu’elle vient de découvrir ». 1869, Huile sur toile. Groupe I, clase 1 : « Tableaux et Aquarelles ».

Source : MUNAL, Museo Nacional de arte. Photographie personnelle.

Page 219: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

218

PEÑAFIEL Antonio, Explication de l’édifice mexicain à l’Exposition Internationale de Paris en 1889, Barcelone, 1889.

«ProyectodeEdificioMexicanopara laExposición InternacionaldeParis1889,presentadopor los doctores señor Antonio Peñafiel e ingeniero Antonio M. Anza y aprobado por laSecretaríadeFomento».

Source:ArchivoGeneraldelaNación.«SecciónExposiciones».Photographiepersonnelle.

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219

Jesús Contreras, à Paris. « Izcoatl : serpiente de obsidiana ». 1888-1889, Haut relief en bronze. 360x225 cm. Source : Jardín de la Triple Alianza, Mexico. Photographie personnelle.

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220

Jesús Contreras, à Paris. « Nezahualcoyotl : coyote en ayuno, o coyote al asecho ». 1888-1889, Haut relief en bronze. 360x225 cm. Source : Jardín de la Triple Alianza, Mexico. Photographie personnelle.

Page 222: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

221

Jesús Contreras, à Paris. « Totoquihuatzin : entrada de aves ». 1888-1889, Haut relief en bronze. 360x225 cm. Source : Jardín de la Triple Alianza, Mexico. Photographie personnelle.

Page 223: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

222

Page 224: Esteban Sánchez Oeconomo - Mexico Francia

223

Bibliographie

Archives

FranceBDHBibliotecadigitalhispánicaBIEBureauinternationaldesexpositionsBnFBibliothèquenationaledeFranceCNUMConservatoirenumériquedesartsetmétiersMQBMédiathèqueduQuaiBranlyMexiqueBNMBibliotecaNacionaldeMéxicoINAHFototecadigitaldelInstitutoNacionaldeAntropologíaeHistoriaUANLUniversidadAutónomadeNuevoLeónAGNArchivoGeneraldelaNación/InstitucionesGubernamentales:épocamodernaycontemporánea/AdministraciónPúblicaFederalS.XIX/Fomento/Sección165:Exposiciones

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225

Sourcesimprimées

Publicationsfrançaises

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