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celle qui traverse les mondes

Des pages

secrètes

à découper

pour prolonger

l’aventure !

Direction : Guillaume Arnaud

Direction éditoriale : Sarah Malherbe

Édition : Raphaële Glaux, assistée d’Anne Castaing

Direction artistique : Élisabeth Hebert, assistée de Magali Meunier

Illustration de la couverture : Marianne Alexandre

Logo du titre : Nathalie Tousnakhoff

Direction de fabrication : Thierry Dubus

Fabrication : Gwendoline da Rocha

© Fleurus, Paris, 2016Site : www.fleuruseditions.com

ISBN : 978-2-2151-2875-5Code MDS : 652 242

Tous droits réservés pour tous pays.« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949

sur les publications destinées à la jeunesse. »

Achevé d’imprimer en Chine par Toppan LeefungPhotocompositeur : Text’oh !

N° d’édition : 16001Dépôt légal : janvier 2016

Billie Cairn

Illustrations de Marianne Alexandre

celle qui traverse les mondes

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P ersonne n’avait jamais entendu Goldie Loques fredonner la moindre mélodie.

Qu’elle passe le chiffon à poussière, qu’elle récure les casseroles, qu’elle cire les bottes d’Ursus ou qu’elle désherbe les plates-bandes du jardin potager, elle le faisait dans le plus grand silence. Une fois ses corvées terminées, quand, enfin, Goldie avait le droit de se rendre au collège, pas

pour Goldie LoquesPas de chanson

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Les Cercles de Goldie

une seule note, pas le moindre refrain ne venait à ses lèvres.

Goldie n’était pas une fille comme les autres. Douze ans plus tôt, elle avait été découverte sous un buisson enneigé dans un parc de la triste ville de Revland. Qui aurait pu se douter alors, que ce bébé roux et gazouillant malgré le froid était Celle qui traverse les mondes, l’espoir du Petit Peuple que le Grand Saccage avait dispersé ? À dire vrai, Goldie elle-même avait encore du mal à y croire.

Âgée de quelques jours, elle avait été confiée aux mauvais soins de Gloria Kodiak, la pire nour-rice de Revland. Et depuis, à La Tanière, Goldie n’avait aucune raison de pousser la chansonnette ! La nourrice s’ennuyait de son mari qui travaillait au loin, elle passait son temps à vernir ses ongles en regardant des documentaires sur les abeilles. Ursus, son fils aîné, se montrait brutal, paresseux et glouton. Quant à la petite Grizzely, elle était si

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Pas de chanson pour Goldie Loques

molle qu’on avait envie de bâiller dès qu’on restait plus de deux minutes avec elle.

Blotti contre le bébé, on avait trouvé un chaton. Ce chat semblait s’être donné pour mission de veiller sur l’orpheline. Gloria avait beau le chasser de la maison à coups de balai, le matou était toujours là, douze ans plus tard. Goldie l’avait appelé Deneb. La fillette pensait parfois qu’il ne lui manquait que la parole. Et, en vérité, ce drôle de minet cachait bien des secrets.

Les années avaient passé. En grandissant, Goldie s’était vue charger de plus en plus de travaux ménagers. L’orpheline n’avait jamais un moment pour souffler, ni même pour chantonner. D’ail-leurs, Gloria lui en aurait vite ôté l’envie par quelques corvées de nettoyage, et Ursus lui aurait fait ravaler sa chanson, couplets compris, par une claque bien pesée.

Goldie redoutait les vacances et les dimanches. La petite adorait son collège : l’institution Dora King était un havre de paix comparée à La Tanière.

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Goldie était une excellente élève. Elle aimait étudier, surtout depuis sa rencontre avec la fée Lugdivine. Oh, cela ne faisait ni chaud ni froid à Gloria ! La nourrice ne jetait pas un regard aux résultats scolaires de la collégienne. Elle trouvait pratique de découper ses bulletins de notes en plusieurs bandelettes pour écrire, au verso, la liste des courses. Chez les Kodiak, il n’y avait pas de petites économies.

Malgré tout, Goldie était d’un naturel optimiste et se disait que tout finirait par s’arranger. La fée Lugdivine lui avait révélé que son père était un humain et sa mère une Faerienne. Et un jour, elle en était sûre, elle retrouverait ses parents. N’était-elle pas devenue amie, cet hiver, avec un lutin nommé Sam le Trickster ? Ce fripon avait partagé avec elle toute la fantaisie de Faery. Grâce à lui, elle avait découvert que des gens du Petit Peuple se cachaient dans les maisons grises de Revland. Elle s’était bien amusée ! Mais le lutin avait été rappelé auprès de la reine des fées. Reviendrait-il ?

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Pas de chanson pour Goldie Loques

Voilà à quoi songeait Goldie ce mardi matin en se rendant au collège. Cela lui évitait de réfléchir à l’épreuve terrifiante qui l’attendait aujourd’hui : chanter toute seule devant la classe entière, juste accompagnée au piano par le professeur Bécarre ! Goldie avait tout essayé pour y échapper…

En vérité, Goldie détestait se donner en spec-tacle. Elle redoutait que ses camarades se moquent d’elle. Rien qu’à y penser, elle en avait la bouche sèche et les jambes tremblantes ! Un vrai cauchemar !


La collégienne avait toujours réussi à échapper à l’attention de M. Bécarre en se cachant derrière ses camarades. Mais aujourd’hui, elle serait la dernière à passer l’épreuve.

La journée s’écoula dans un brouillard. Goldie s’imaginait le pire : elle était sûre d’oublier les paroles, elle perdrait la cadence, elle ne saurait pas quand reprendre le refrain… Le trac la paralysait. Puis ce fut l’heure du cours de musique.

M. Bécarre consulta la liste de ses élèves. Sa voix prononça les mots fatidiques :

– Goldie Loques. À toi !

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Une bonne surprise

Chapitre 1

La tête basse, Goldie s’approcha du piano. La collégienne se racla la gorge et ouvrit sa

partition. La feuille tremblait entre ses mains. Alors, comme on se jette dans le vide, elle entonna le premier couplet.

Et tout le monde le regretta aussitôt. Il était impossible de reconnaître l’air que Goldie chan-tait. Les mains sur les oreilles, grinçant des dents, la classe entière frémit d’horreur.

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En étant indulgent, la voix de Goldie pouvait être comparée au cri d’un corbeau qui serait tombé dans un chaudron bouillant. Dans les aiguës, elle était pire que le crissement d’une craie sur le tableau, ou que le bruit d’une fourchette rayant une assiette !

On n’avait qu’une envie… que cela cesse !M. Bécarre laissa échapper une rafale de fausses

notes. Il hurla :– Par le grand Soldofa, tais-toi !Le musicien ferma son piano d’un coup sec.– Va t’asseoir, Goldie !Penaude, la collégienne retourna à sa place. Ses

camarades ricanaient en la montrant du doigt. Elle avait envie de pleurer.

M. Bécarre lui sourit avec effort et précisa :– Je ne noterai pas cette épreuve. Puis il marmonna pour lui-même : « Cette voix

est une véritable arme de guerre ! »La remarque du professeur attrista Goldie.

Dans ses rêves secrets, elle s’imaginait flânant dans

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Une bonne surprise

les prés fleuris, vêtue d’une jolie robe de mous-seline. Elle se voyait fredonnant une chanson d’amour tout en cueillant un bouquet de margue-rites et de boutons d’or. Un rêve idiot, car on ne profitait guère du printemps à Revland, et la ville grise s’étendait à perte de vue.

Plongée dans ces sombres pensées, Goldie sursauta quand un projectile ricocha sur sa main et roula sur la table.

Une noisette !Les soucis de Goldie furent balayés en un

instant. Dans l’arbre proche de la fenêtre ouverte, sur la même branche que Deneb le chat, son ami Sam le Trickster faisait des acrobaties.

Le lutin était revenu de Brocéliande !Sam lui fit un clin d’œil et tira de sa chevelure

rousse une rose qu’il lança sur le bureau de Goldie. Bien sûr, la fillette était seule à la voir. Il fallait être un peu Faerien, pour cela.

Le cœur de Goldie bondit dans sa poitrine.

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Si Sam était de retour, cela voulait dire de belles aventures en perspective et, qui sait, peut-être des nouvelles de ses parents ?

Dès que la cloche sonna, Goldie se précipita dans la cour. Mais le grand tilleul était désert. Où était donc passé ce farceur de trickster ? Et Deneb ?

Quelques minutes plus tard, la collégienne retrouva Sam : il était perché sur la statue de la générale Dora King, la fondatrice du collège. Personne ne le voyait, car les lutins ne se rendent visibles qu’à ceux qui croient en leur existence.

Goldie s’écria :– Sam ! Qu’est-ce que tu fais là ? Ça fait des

semaines que je t’attends !Mais la collégienne se calma car des élèves en

récréation se demandaient à qui elle parlait. Le lutin la rejoignit en trois cabrioles, suivi par Deneb qui vint se frotter contre les jambes de Goldie. La fillette récupéra son chat et murmura entre ses dents :

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Une bonne surprise

– On réglera ça plus tard, Sam. Filons d’ici, je n’ai plus cours.

M. Lynx contrôlait la sortie des élèves. Il inter-pella Goldie :

– Les animaux sont interdits dans l’enceinte du collège !

Ni vu ni connu, Sam se fit un malin plaisir de nouer ensemble les lacets du surveillant.

Goldie se retint de rire en voyant M. Lynx trébucher. Elle gronda le lutin pour la forme. Sam s’excusa :

– C’est dans ma nature de faire des farces. Mais trêve de plaisanterie. L’heure est grave. La reine m’envoie…


Goldie fronça les sourcils. Les Faeriens s’y entendaient pour lui demander des services. En revanche, après avoir obtenu ce qu’ils voulaient, ils n’étaient guère reconnaissants.

– Que se passe-t-il, cette fois-ci ?– La musique ! La musique a disparu !Encore humiliée par sa performance en chant,

Goldie grommela :– Je sais, je chante comme un cruchon fêlé !Mais le trickster ne l’écoutait pas. Il marchait

vite. Goldie cria :– Sam ! On va où ? Attends-moi !Les passants se retournaient sur cette fille rousse

qui parlait toute seule car, bien sûr, ils ne pouvaient voir le lutin.

Près de la Grand-Place, les engins de chantier se retiraient, les ouvriers installaient des panneaux de signalisation. Un nouveau rond-point venait de voir le jour.

– Tu vois ? L’opéra est prisonnier du Cercle magique !

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de RevlandLe nouveau rond-point

Chapitre 1

Goldie haussa les épaules.– C’est pour me montrer ça que tu m’as fait

courir ? Il faut que je rentre à La Tanière, moi ! Grizzely ne peut pas rester seule !

Sam la rassura :– J’ai demandé à Mado la licorne de veiller sur

elle.Goldie poussa un soupir de soulagement. Les

licornes étaient d’excellentes nounous. Quand les

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hommes avaient bâti Revland, dévastant sans le savoir le pays de Faery, nombre de créatures merveilleuses s’étaient retrouvées coincées ici. Fées, nymphes, trolls et elfes avaient dû revêtir une apparence humaine pour passer inaperçus à Revland. Mado n’avait gardé de son origine licorne qu’une belle crinière de cheveux blancs et un nez un peu long. La nounou connaissait mille jeux passionnants. Avec elle, la petite Kodiak ne verrait pas le temps passer !

Libérée du souci de Grizzely, Goldie pouvait se pencher sur les ennuis de Sam. La fillette s’aperçut que le lutin était au bord des larmes. Elle se souvint que, pour les membres du Petit Peuple, les ronds-points n’étaient pas de simples carrefours. Sur les terre-pleins, des miettes de leur pays magique étaient emprisonnées par les routes humaines. Malheureusement pour les Faeriens, ils étaient incapables de franchir ces Cercles ensorcelés, ni dans un sens ni dans l’autre.

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Le nouveau rond-point de Revland

Goldie regarda avec attention le nouveau rond-point. En son centre se dressait un bâtiment tout en sculptures et en vitraux : le vieil opéra de Revland. Goldie fronça les sourcils.

– Quel est le problème ? C’est juste une vieille salle de spectacle. Qu’est-ce qui t’empêche d’y aller ?

– Stanhope Cussets ! C’est lui qui a ensorcelé la route pour nous couper de l’opéra. C’est une catastrophe !

Devant l’air d’incompréhension de Goldie, Sam expliqua que l’orchestre de Revland était formé de Faeriens exilés par le Grand Saccage. Maintenant que Stanhope Cussets avait enclos l’opéra dans un Cercle magique, ils ne pouvaient plus le traverser.

– Stanhope Cussets ! Encore lui ! gronda Goldie.

– Oui, Cussets est devenu le conseiller du maire de Revland. Il l’a persuadé de créer ce rond-point.

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Goldie avait espéré ne plus jamais entendre parler de l’infâme sorcier. Mais on ne se débarras-sait pas si facilement de Stanhope Cussets ! Grâce à sa puissante magie, il avait tout pouvoir de se déplacer entre Revland et Faery en passant par son portail enchanté.

La fillette n’avait guère envie de l’affronter. Elle grommela :

– Qu’est-ce que ça fait, après tout ? Tes elfes ne peuvent pas jouer leur spectacle ailleurs ? Et puis, on peut se passer de musique !

Sam éclata en sanglots.– Comment oses-tu dire une chose aussi

horrible ? La musique, la danse, c’est notre vie !Le lutin se moucha avec un bruit de trompette,

puis il se reprit.– Cussets a dû faire quelque chose à la source

d’Harmonie qui est cachée sous l’opéra : on ne l’entend plus glouglouter ! Sans elle, tout Faery est menacé de disparaître. Il faut qu’on aille voir ce qui se passe sur le rond-point !

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Le nouveau rond-point de Revland

Goldie fronça les sourcils. Elle ne comprenait rien à ce que racontait le lutin. Mais la tristesse de Sam était si contagieuse que les petites feuilles nouvelles des arbres de l’avenue se recroquevil-laient sur son passage.

Goldie réfléchit. Elle était Celle qui traverse les mondes ! Ses pouvoirs lui permettaient de circuler librement entre Revland et Faery, et quiconque l’accompagnait, pouvait pénétrer avec elle dans ces deux univers.


– D’accord, déclara-t-elle gentiment en prenant son chat dans les bras. Mais nous risquons de nous faire remarquer en traversant… Une enfant qui va se balader sur un rond-point, bonjour la discré-tion !

– Je vais te rendre aussi invisible que moi aux yeux des Revlandais !

Les deux amis se prirent par la main et, en trois sauts, ils atterrirent sur le terre-plein central.

Dès qu’elle prit pied sur le rond-point, Goldie lâcha Deneb ; le chat en profita pour faire une petite toilette. Sa jeune maîtresse ne fut pas surprise qu’il se transforme en chat volant car, dès que Deneb mettait les pattes sur un rond-point enchanté, le minet voyait des ailes splendides lui pousser sur le dos et il volait comme un hibou !

Mais Sam s’impatientait, il la tirait par la main.– Faisons vite !

Chez les Faeriens, la musique est sacrée !Alors, quand l’opéra est menacé

de destruction, Sam, le lutin facétieux, n’a pas d’autres choix que de demander

à nouveau l’aide de Goldie... Accompagnée de son chat Deneb,

des elfes et des fées musiciens, la jeune orpheline va traverser les mondes

pour sauver la source d’Harmonie.

Mais, chut... à toi de découvrir tout ça.Alors, à l’aide de ta plus belle paire

de ciseaux, découpe les pages secrètes pour découvrir tous les mystères

de Goldie Loques !

Vite ! L’aventure t’attend au-delà des Cercles !

13,90 � France TTCwww.fleuruseditions.com

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