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DOSSIER DE PRESSE Au 14 décembre 2012 Montparnasse, terre d’asile Eduardo Pisano, peintre espagnol Du 1 er février au 17 mars 2013 Musée du Montparnasse Relations avec la presse Agence Catherine Dantan Adeline Suzanne Tél : 01 40 21 05 15 Mail : [email protected]

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DOSSIER DE PRESSE Au 14 décembre 2012

Montparnasse, terre d’asile

Eduardo Pisano, peintre espagnol

Du 1er février au 17 mars 2013

Musée du Montparnasse

Relations avec la presse Agence Catherine Dantan

Adeline Suzanne Tél : 01 40 21 05 15

Mail : [email protected]

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Avant-propos / Présentation du Musée

Texte de Jean Digne « Montparnasse : terre d’asile, terre d’exil »

Communiqué de presse

Pisano, parcours d’un artiste exilé à Montparnasse

Sélection d’œuvres exposées

Visuels disponibles pour la presse

L’Institut Cervantes de Paris

L’équipe du musée / Informations pratiques

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Avant - propos / présentation du musée

Le musée du Montparnasse est avant tout un lieu de mémoire qui inscrit ses expositions et

manifestations autour des grandes aventures artistiques de ce célèbre quartier.

Une diversité et une richesse historiques que le musée a su mettre en valeur par ses multiples

expositions : Montparnasse Déporté, Les Saveurs de l’Orient, Le centenaire de la Ruche, Le

Voyage dans l’intimité de l’École de Paris, Les Heures Chaudes de Montparnasse, Paris-Bagdad

et Montparnasse Noir, Le dernier voyage d’André Malraux en Haïti et d’autres à suivre.

Loin de se limiter à un regard rétrospectif, le musée se veut aussi une passerelle vers la

modernité et l’international.

Les évènements proposés par le musée, ses nombreuses expositions « coups de cœur », ses

réceptions, rencontres et conférences, témoignent de son ouverture sur notre époque.

Ouverture sans conformisme, à toutes les expressions artistiques, des plus contemporaines et

novatrices aux plus intimistes.

Le musée offre à ses visiteurs une fenêtre sur les courants artistiques internationaux, sur la

diversité et les apports des cultures du monde ; sur ce quartier du Montparnasse, berceau de

peintres et sculpteurs, souvent immigrés, venus des quatre coins du monde ; un creuset de

cultures, d’influences, et d’idéaux d’artistes originaires de Russie, de Géorgie ou de Turquie

venus à Paris en quête de nouvelles valeurs et de liberté.

Le musée met à la disposition de ses visiteurs une source documentaire fondée sur les

brochures et les catalogues édités à l’occasion de chaque exposition. Un programme d’édition

multimédia est en cours de développement, en parallèle avec la création prochaine d’un

auditorium, « la salle Roger Pic », où les visiteurs pourront visionner les productions

audiovisuelles qui explorent la création, la vie des artistes et la multiplicité des cultures d’ici et

d’ailleurs.

Le musée est parrainé et soutenu par la Ville de Paris, mais aussi par ses nombreux adhérents,

Amis du Musée ou par les fidèles spectateurs des soirées et spectacles programmés tout au

long de l’année.

La fidélité de nos visiteurs, leur diversité et leur nombre progressant prouvent que notre

recherche d’ouverture et que notre programmation atteignent le public le plus large comme le

plus exigeant et que nous répondons aussi bien à des exigences de rigueur qu’à celles qui

mènent aux frontières du rêve et du dépaysement culturel.

Jean Digne,

Président du Musée du Montparnasse

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Paris - Montparnasse : terre d’asile, terre d’exil

Grâce à des rencontres d’immenses qualités que ce lieu provoque, anime et suggère, nous

construisons ce rendez-vous autour d’Eduardo Pisano, en accompagnant l’initiative d’Eric Licoys.

Nous nourrissons ce projet de liens avec l’université Paris 7, avec le centre culturel Cervantes

et des connaisseurs concernés par l’exil espagnol. L’âme de l’Espagne, l’âme de Montparnasse, la

qualité de nos hospitalités respectives feront de cette exposition un évènement de découvertes

insolites grâce à l’émotion que cette œuvre de Pisano nous fournira.

Jean Digne, Président du Musée du Montparnasse

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Communiqué de presse

Montparnasse, terre d’asile Eduardo Pisano, peintre espagnol

Du 1er février au 17 mars 2013 Musée du Montparnasse

Du 1er février au 17 mars 2013, le Musée du Montparnasse présente Montparnasse, terre d’asile; Eduardo Pisano, peintre espagnol première exposition de la série « Montparnasse, terre d’asile, terre d’exil ». Le musée continue ainsi d’inscrire sa programmation autour des grandes aventures artistiques de ce célèbre quartier et présente une collection inédite de peintures, dessins et monotypes du peintre de l’Ecole Espagnole de Paris, Eduardo Pisano (1912-1986). Cette exposition qui rassemble une soixantaine d’œuvres de l’artiste permet de redécouvrir un peintre de la génération d’Antoni Clavé, Manuel Angel Ortiz, Ginés Parra, Emilio Grau Sala, Pedro Flores. Ces artistes participèrent à l’essor de la peinture d’après-guerre à Montparnasse ainsi qu’à l’émergence d’une Ecole Espagnole de Paris. Il exposa dés 1946 des œuvres de style cubiste aux côtés de Pablo Picasso, Hernando Vines, Oscar Dominguez, Ginés Parra puis trouve son inspiration auprès des grands maîtres de la peinture espagnole : Goya par la force de ses thèmes picturaux évoquant l'Espagne profonde (gitans, saltimbanques, toreros), Le Greco par son maniérisme lyrique et coloré , et Georges Rouault par cette force dramatique préfigurant ainsi l’émergence d'un expressionnisme dit baroque dans lequel la couleur, le trait, l'énergie et le drame constituent les éléments d'un style profondément original. Soldat républicain pendant la guerre civile, expulsé de son pays en 1939, Pisano a subi l’humiliation des camps d’internements français, puis celle des travaux forcés par les troupes d’occupations nazies. Après un long exil, c’est à Bordeaux qu’il retrouve sa liberté. Il s’installe à Arcachon en 1945, puis à Paris en 1947. Malgré l’exil, le peintre n’a jamais abandonné ses racines espagnoles, pas plus que son folklore : ses toiles sont ainsi habitées par des figures de saltimbanques ou de gitans, évoquées par Baudelaire, Apollinaire ou Verlaine. Pour Pisano, créer c’est se souvenir. Cette tradition du folklore espagnol est très importante dans son œuvre, cela lui permet de se souvenir avec bonheur de son enfance entourée de ses parents (tauromachie, flamenco, cirque…), il peint aussi beaucoup de paysages et de nombreuses natures mortes, dans lesquelles, les compositions florales dominent. Le thème des femmes nues nourrit également son travail. D’un trait sur et hardi, il esquisse des silhouettes cernées avec force. Sensuelles et solides, opulentes et vivantes, elles montrent dans ce thème bien plus qu’ailleurs, la puissance créatrice de Pisano.

Dans les années 1970, Pisano élabore une nouvelle technique qu’il appelle « monotype ». Elle lui permet d’évoluer vers l'abstraction où sa palette s'éclaircit et devient plus lisse. A la différence de ses œuvres d’inspirations plus réalistes ou l'artiste commençait

… /…

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par le noir pour aller vers la couleur donnant ainsi une intensité dramatique à son travail, il crée autour du blanc qui devient alors, couleur et lumière. La couleur, disait Matisse, est une libération, Pisano, affranchi du poids de son passé, est-il en train de peindre avec plus de légèreté le retour de la démocratie dans son pays ?

Président du musée : Jean Digne Exposition conçue à l’initiative d’Eric Licoys

Partenariats avec l’Institut Cervantes et l’Université Paris 7 à l’occasion de cette exposition.

Une brochure sur le Montparnasse Espagnol des années 1920 à 1980 sera éditée. Auteur : Juan Manuel Bonet, Directeur de l’Institut Cervantes-Paris

Documentation : photographies et films sur l’exil et sur Montparnasse.

Un livre sur Pisano est édité par le musée du Montparnasse/Arcadia Editions.

Auteur : Anne Egger / 73 pages / 20 euros / ISBN : 979-10-90167-094

Informations pratiques Horaires et tarifs Relations avec la presse

Musée du Montparnasse 21, avenue du Maine 75015 Paris Tél. : 01 42 22 05 64 Mail : [email protected] site : www.museedumontparnasse.net Contacts presse musée Caroline Larroumet - Chef de projet Tél. : 01 42 22 91 96 Delphine Demaison Tél. : 01 42 22 05 64

Horaires d’ouverture (uniquement expositions temporaires) Tous les jours, sauf lundi, de 12h30 à 19h Tarifs de l’exposition Normal : 6 € Réduit : 5 € (étudiants, seniors, chômeurs, - de 18 ans, carte Amis du Louvre, carte maison des artistes) Gratuit : - de 12 ans, carte ICOM, presse Groupes : renseignements au 01 42 22 91 96

Agence Catherine Dantan Adeline Suzanne 7 rue Charles V - 75004 Paris Tél.: 01 40 21 05 15 Mail : [email protected]

Nature morte aux fruits Huile sur carton, 46x55 cm © Pisano - collection privée

Femmes Bleues Huile sur papier, 61 x 46 cm © Pisano – collection privée

Le concert Huile sur papier, 46x 55 cm © Pisano – collection privée

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Pisano, parcours d’un artiste exilé à Montparnasse

Eduardo Pisano est né le 2 mai 1912 dans les environs de Torrelavega, appartenant à la province de Santander, le port le plus actif de l’Espagne. Eduardo Lopez, son père est arboriculteur et horticulteur. Sa mère, Joaquina Pisano est une femme dévouée qui aide son mari aux travaux de la ferme. Elle compose également des bouquets et des couronnes mortuaires. C’est dans cet environnement familial que Pisano trouve sa vocation d’artiste. Il apprend tout des fleurs cultivées par son père et reste admiratif et contemplatif des gerbes réalisées par sa mère.

En 1920, la famille de Pisano ne vit qu’avec très peu de moyens. Eduardo est alors envoyé à la Congregation de los Sagrados corazones de Jesús y Maria, un collège tenu par les religieux. Le jeune garçon est rétif à l’école et au catéchisme. Elève médiocre et déconcentré, il se surprend à dessiner de mystérieuses fleurs dans les marges de son cahier. Bien que leur qualité laisse à désirer, c’est une révélation.

L’adolescent retrouve son environnement familial en 1926. Un tout autre apprentissage s’offre à lui : la traite des vaches, la culture des fleurs ; tout en travaillant aux côtés de ses parents, Eduardo rêve de peinture. Devant cette passion, sa famille lui permet de suivre les cours de l’Escuela de Artes y Oficios. Fondée et dirigée par Hermilio Alcade del Rio depuis 1892, ce maître à la personnalité atypique est à la fois éducateur, peintre, chercheur, écrivain… Il enseigne en respectant la personnalité de ses élèves et cherche à les guider. Eduardo suit un enseignement classique dans cette école hors du commun pendant quatre ans.

En 1930, Eduardo doit faire face au décès de son père. Suite à ce drame, son projet de rejoindre la France pour un séjour linguistique est annulé. La fin de la dictature de Primo de Rivera ne le console pas. Il va finalement décider de poursuivre sa formation à Madrid, avec l’accord et le soutient de sa famille. Il s’y installe en 1931, date à laquelle la IIe République espagnole sort des urnes. La droite revendique ce vote et s’oppose aux nouvelles réformes. Alors que Pisano vient de rejoindre la capitale culturelle et littéraire de l’Espagne où foisonnent les avant-gardes et les différents courants (vibracionismo, ultraismo, cubisme, surréalisme, expressionisme, rationalisme…), il reste insensible à ces théories. Pisano doit travailler pour subvenir à ses besoins. Ainsi naissent ses premières œuvres : des gravures sur marbre. Il se forme aux techniques de lithographie, de burin ou encore de l’eau-forte le soir à l’Escuela de Artes Grafica dirigée par Castro Gil. Il suit ces cours pendant deux années. Ils lui permettent de maitriser le dessin et son pouvoir d’expression. L’amour de la couleur le poussera par la suite, à abandonner ces cours pour la peinture.

Le 30 janvier 1933, Hitler est nommé chancelier du Reich avant de mettre en place les premières lois antisémites. En Espagne, les élections replacent la droite au pouvoir pour trois années. Cette droite fait marche arrière sur les réformes et se radicalise. Après deux ans d’absence, Pisano souhaite un retour aux sources et s’installe chez sa mère à Torrelavega tout en sachant qu’il sera bientôt appelé sous les drapeaux. L’année 1933 et ce retour à la terre natale, sera pour lui, l’opportunité de réaliser sa première exposition personnelle à la Bibliothèque Populaire de Torrelavega. Peu de temps après, l’heure du service militaire arrive. En endossant l’uniforme et le port de l’arme, Pisano se dit antimilitariste. Après ses classes, il est affecté dans l’aviation.

Pisano est envoyé sur la base militaire de Getafe (au sud de Madrid) où il pense suivre des cours de pilotage et espère pouvoir profiter des permissions pour retrouver les tertulias du centre-ville. La déception sera double : il n’apprendra jamais à voler et se contentera d’accompagner les pilotes dans leur sortie quotidienne. Après une mutation à l’Academia Basica del Aire de Léon, région montagneuse au nord-ouest, le pacifiste se fait remarquer, frise l’insoumission, la désertion. Au printemps 1934, il est renvoyé dans ses foyers et rejoint sa mère. En 1936, la victoire du Front Populaire est suivie d’une vague de réformes, mais les oppositions de droite ripostent, causant des troubles de plus en plus violents.

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Le 18 juillet 1936, advient le Pronunciamiento : le soulèvement militaire antirépublicain mené par Franco, qui éclate au Maroc espagnol, et l’invasion de la péninsule. C’est le début de la guerre civile. Le gouvernement du Front Populaire est mal armé et mal préparé tandis que les nationalistes soutenus par Hitler et Mussolini sont violents et intraitables. En trois jours, un tiers du pays est conquis par les franquistes mais le putsch échoue à Madrid et à Barcelone qui résistent. A peine arrivé à Torrelavega, Pisano reçoit un ordre de mobilisation dans l’Armée Républicaine.

Après un bref séjour en Asturies, Pisano doit rejoindre Barcelone. Il passera ses dernières années de guerre dans la capitale catalane. Cette période, Pisano ne souhaite pas en parler. Pour clore toute discussion à ce sujet, il évoquait le million et demi de morts, les seuls qui importaient pour lui. La guerre civile n’est pas seulement une tragédie humaine mais l’arrêt brutal de toute création culturelle.

Le 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains des franquistes. L’armée républicaine est en déroute, les soldats vaincus et les civils fuyant la ville en feu et la répression qui les attendent, sont talonnés jusqu’à la frontière. 440 000 Espagnols sont jetés hors de la patrie. La Retirada (la retraite) rassemble une population affaiblie et meurtrie. Sur la route de l’exil, Argelès abrite le premier camp de concentration, passage obligé des réfugiés espagnols, selon la loi-décret du 1er janvier prévoyant l’internement des étrangers indésirables.

Pisano raconte n’avoir comme seul abri, vêtement et couche, qu’un « manteau de cavalerie humide ». Pisano, comme les autres exilés, s’enterrent dans le sable pour se protéger des intempéries, avant d’être engagés à construire eux-mêmes les baraques des malades, les latrines, et s’occuper de l’acheminement de l’eau. La survie s’organise au jour le jour. En mai 1939, trois mois plus tard, Pisano est conduit à Gurs, le plus grand camp d’internement des Pyrénées-Atlantiques. Dans ce camp, plus de 23 000 combattants républicains, prisonniers, politiques, basques, aviateurs, anciens de brigades internationales, vivent là dans une « désolation absolue ». En septembre, après la mobilisation générale, les Espagnols deviennent indispensables à l’effort de guerre… Pisano est affecté au ministère de l’air. Enrôlé dans un bataillon de marche, il effectue des travaux du génie : route et champs de mines. Pour ce travail, il reçoit une solde de cinquante centimes. Pendant les rares moments d’inactivité, Pisano peint à l’encre et au doigt, sur des supports de fortune.

Après la défaite de juin 1940, Pisano, en plein exode, détruit tout ses dessins compromettants, avant d’être à nouveau interné dans un camp de la zone libre. Sous le gouvernement de Vichy, les CTE se transforment en Groupements de Travailleurs Etrangers (GTE) et sont rattachés au ministère de la production industrielle et du travail. Devant le déficit des prisonniers de guerre français, ils sont livrés aux allemands. C’est ainsi que Pisano devient un travailleur forcé pour la construction du Mur de l’Atlantique. En 1941, il est affecté à la base sous-marine du Croisic, près de Saint Nazaire, encadrée par des allemands du génie. « Nous étions de la tête aux pieds couverts de ciment. Un enfer qui durera la bagatelle de quatre années », écrira t-il, sans jamais en dire plus. Le Débarquement des alliés offre la possibilité à Pisano de s’enfuir. Il va jusqu’à Nantes, puis Bordeaux. Au moment de la libération, il refuse de participer aux exactions de l’épuration contre lesquelles il s’élève avec force et tristesse. De juin 1944 à juillet 1945, il est encore incorporé dans l’Ariège. Il y attendra sa démobilisation officielle.

Après neuf ans de guerre, de contraintes et d’emprisonnement, l’homme ne dit n’avoir ni ressentiment, ni esprit de vengeance envers Franco ou Hitler. Pisano, bien au contraire prône la non-violence. Il déclare : « j’irai vers les misérables, les petits, les simples, les humbles, mes frères. Je ferai fi de toutes les contraintes, conventions, grimaces et comédies, de tous les artifices, apparats et déguisements, pour n’aimer et déceler que l’équité d’évidence et la vérité sans fard. Je tenterai d’être, en toute circonstance, aussi loyal et honnête envers moi-même que je promets de l’être envers autrui. Je préfèrerai la certitude d’être dupé au risque de tromper mon prochain le moins du monde ». Neuf année de guerre et d’atrocité ont forgé le caractère du peintre qui, ne supporte plus les ordres, ni les contraintes ; « je peindrai comme je l’entendrai et selon mon seul tempérament ».

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A peine démobilisé en 1945, Pisano s’installe à Bordeaux et recherche un atelier. Il vit une sorte de période post-traumatique : il doit se réhabituer à la liberté, renoncer à l’idée de libérer l’Espagne du franquisme, se sentir étranger et s’intégrer. Le peintre décide de trouver un travail et de reprendre activement la peinture. De 1945 à 1947, il vit à Arcachon où il trouve un emploi dans une entreprise de bois et d’allume-feux. Cette activité lui permettra de reprendre la peinture après plus de dix ans d’interruption. Il participe à différentes expositions collectives dans le Sud-ouest. Malgré des œuvres évoquant une certaine violence dans ses coloris, le rythme de ses traits ou l’aspect d’un paysage, Pisano ne fait jamais références aux atrocités de la guerre, il s’intéresse seulement à l’homme et sa souffrance dans un style expressionniste aux accents baroques.

L’année 1947 marque un tournant dans la vie de l’artiste. Eduardo Pisano ne résiste pas à l’effervescence de la ville lumière et quitte le Sud-ouest pour Paris et plus particulièrement le quartier de Montparnasse où de nombreux artistes espagnols, depuis 1908 sont déjà installés. Pisano fait partie de la troisième vague d’artistes installés dans le quartier. La première vague est arrivée dès 1904 (Picasso, Grís, Manolo…), puis la seconde vague dans les années 1920 (Dominguez, Miro, Bores…). La troisième vague est celle des Républicains en exil. Ces artistes, malgré des manières de s’exprimer très différentes, vont former l’Ecole Espagnole de Paris.

Pour survivre dans ce quartier, où il n’a ni argent, ni recommandation, Pisano vend quelques nus sous le manteau aux terrasses des cafés. Ainsi, il se fera remarquer par des amateurs et des collectionneurs qui lui permettront de s’installer dans un minuscule rez-de-chaussée au 33 rue Vercingétorix. Malgré l’effervescence culturelle de son quartier d’adoption, ses rencontres et ses découvertes, l’artiste reste fidèle à son hispanité. En revanche, pendant ces années passées en France, la palette de Pisano s’éclaircit… Tout en restant fidèle au bleu, au rouge et au jaune, il la diversifie avec le temps en intégrant à sa peinture des touches de blanc. Les tons sombres de ses premières œuvres laissent apparaître des tonalités plus vives, contrastées et plus lumineuses. Ces expériences chromatiques, s’inscrivent dans une démarche personnelle et isolée. En 1953, il retourne en Espagne pour être au chevet de sa mère qui est mourante. Alors que l’Espagne est en pleine dictature, Pisano arrive dans sa ville natale avec l’image de l’exilé et du bohème de Montparnasse.

Dans les années 1970, le quartier de Montparnasse est éventré par les travaux de la Tour Eiffel. Les travaux liés à cette construction plongent le peintre dans une période sombre. Les démolitions de nombreux bâtiments annoncent le déclin de ce quartier mythique. Il écrit « La douce bohème s’en est allée. Les cafés ont changé, et perdu tout caractère, à l’exception du Sélect et de La Coupole… Progrès, pioche et démolisseurs ». Désintéressé et impécunieux de nature, il manque d’argent pour se retourner. Il finit par être exproprié de son atelier en 1977. Grâce à une prime et à l’aide d’amis, il s’achète un petit local qui lui servira d’atelier et de lieu de rencontres. Depuis son mariage en 1974 avec la cubaine Amalia Arevalo Vieite, il vit à Enghien.

A partir de 1969, Eduardo retourne régulièrement en Espagne qui retrouve la voie de la démocratie. Plusieurs expositions sont organisées à Santander. Le peintre est fébrile mais le succès est au rendez-vous. Le quartier de Montparnasse reste sa terre d’attache, malgré les bouleversements du quartier et la destruction de son principal lieu de création.

Le peintre décède le 18 avril 1986. Pisano, généreux et fidèle, n’a jamais recherché les honneurs ou la richesse. Il ne se reconnaissait d’aucune école, ni d’aucun courant, si ce n’est celui des beaux-arts.

Source :

Anne Egger « Pisano, un espagnol à Montparnasse » – Éditions Musée du Montparnasse / Arcadia Éditions

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Sélection d’œuvres exposées

Les femmes sensuelles et les femmes déesses Autrefois interdit en Espagne, l'étude du corps de la femme par le nu est un sujet essentiel dans l'œuvre d'Eduardo Pisano. Il en ressort une impression de mystère car les visages de ces femmes sont souvent esquissés et jamais réellement personnalisés. D'un trait sûr et rapide il peint ces silhouettes sensuelles aux courbes opulentes. Les formes sont mises en relief par une matière travaillée et épaisse. Ces femmes sont représentées dans une nudité quasi mystique ou les objets de la réalité quotidienne sont absents du décor. Dans d'autres œuvres, le peintre semble donner à ces femmes, des corps de déesses primitives; portant des couronnes de fleurs, aux formes presque schématisées, elles représentent ces déesses mères liées à la fertilité de la terre.

La terre nourricière : les champs et la mer Le souvenir de sa terre natale, la Cantabrie, reste profondément encré dans le cœur de Pisano. Ce lien vital qui l'unit à son pays et à sa région, le peintre va lui donner vie dans ses peintures. Renforcé par des années d'exil et de guerre, ce retour aux sources va s'exprimer au travers de ces hommes et femmes, paysans, pêcheurs, pour qui les produits de la terre et de la pêche sont leurs seules richesses.

Cette nature quelque fois sauvage et pourtant silencieuse, comme figée dans un passé éternel prend alors forme dans ces paysages côtiers, ces champs où s'affairent des silhouettes de paysans le dos courbé et ces marines baignées de lumières boréales, printanières ou automnales. Pisano accorde une attention particulière à la lumière qui en fonction de ses tonalités, jaunes, roses, ou bleues, donne ces atmosphères si différentes à ses peintures.

Femmes bleues 61 x 46 cm, huile sur papier © Pisano – collection privée

Les nymphes 55 x 46 cm, huile sur papier, © Pisano – collection privée

Femme nue dans la nuit 25 x 19 cm, huile sur carton © Pisano – collection privée

Femme allongée 63x42 cm, encre de Chine gouache sur papier © Pisano – collection privée

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Avec ce coup de pinceau qui suggère plus qu'il ne décrit avec précision, Pisano nous transporte dans son univers et nous incite à la rêverie et à la contemplation.

Le cirque, la danse et les musiciens de rues : Le folklore traditionnel

Ce monde de forains, de fête, de lumière et de joie, Pisano le représente à de très nombreuses reprises dans ses peintures. Ces personnages, humbles artistes de rues, jouent un rôle important dans la représentation de cette quête d'images du passé, cette recherche du souvenir si chère à Pisano.

Elles lui rappellent aussi ces moments heureux passés en compagnie de sa mère. Dans ces scènes festives ou plus silencieuses, il fait revivre ces spectacles où saltimbanques, aux costumes bigarrés, aux masques souriants ou grimaçants, musiciens et danseurs amenaient de la vie et de la joie dans les rues.

Les personnages de clowns si récurrents dans sa peinture sont-ils des autoportraits de l'artiste ? Une facette sombre du personnage qui se cache derrière la grimace ou le maquillage ?

Les toiles de Pisano, autrefois plus sombres et aux tons plus sourds laissent au fil du temps la place à la couleur presque pure. Le jaune, le rouge et le bleu sont baignés de lumière et apportent cette impression de joie autrefois plus mélancolique dans ces scènes de rues et ces personnages de cirque.

Le pêcheur près de la montagne 35x27 cm, gouache et encre de chine sur papier © Pisano – collection privée

Les pêcheurs 27x35 cm, huile sur papier © Pisano – collection privée

Le village 98x128 cm, huile sur toile © Pisano – collection privée

Les voiliers 46x55 cm, huile sur papier © Pisano – collection privée

Le cheval de cirque 47x56 cm, huile sur papier © Pisano – collection privée

Le concert 46x55 cm, huile sur papier © Pisano – collection privée

Le couple 63x48 cm, huile sur carton © Pisano – collection privée

Les artistes au cirque 55x45 cm, huile sur toile © Pisano – collection privée

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Visuels disponibles pour la presse

Les légendes et crédits sont obligatoires

Chevaux aux gardiennes sans voiles Huile sur toile, 98 x 78 cm © Pisano – collection privée

Femme allongée Encre de chine, gouache sur papier, 63 x 42 cm © Pisano – collection privée

Le Bain Huile sur papier, 56 x 46 cm © Pisano – collection privée

Femmes Bleues Huile sur papier, 61 x 46 cm © Pisano – collection privée

Les Nymphes Huile sur papier, 55 x 46 cm © Pisano – collection privée

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Le Notable Huile sur bois, 55 x 37 cm © Pisano – collection privée

La Danse Huile sur carton, 49 x 64 cm © Pisano – collection privée

L’Etalon Provoqué Huile sur toile, 55 x 46 cm © Pisano – collection privée

Feu sur la plage Huile et lavis d’encre de Chine sur papier, 40 x 49 cm © Pisano – collection privée

Pêcheurs au bord de l’eau Huile sur papier, 55 x 46 cm © Pisano – collection privée

Nature morte aux fruits Huile sur papier, 46x 55 cm © Pisano – collection privée

Le pot d’étain Huile et lavis d’encre de Chine sur papier, 36 x 42 cm © Pisano – collection privée

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L’Institut Cervantes

L'Institut Cervantes est une institution à but non lucratif créée par l'Espagne en 1991 pour

promouvoir l'enseignement de la langue espagnole et pour diffuser la culture de l'ensemble des pays

hispanophones. Son siège social est situé à Madrid ainsi qu'à Alcalá de Henares, lieu de naissance de

l'écrivain Miguel de Cervantes, et ses centres sont implantés sur les quatre continents.

Ses missions et objectifs :

Sa mission première est d'enseigner l'espagnol langue générale à tous les niveaux, ainsi que de

dispenser des cours de langue de spécialité.

Il délivre des certificats et des diplômes attestant du niveau de langue acquis et gère les épreuves

visant l'obtention des Diplômes officiels d'Espagnol comme Langue Etrangère (D.E.L.E.).

Il met à jour les méthodes d'enseignement et de formation des professeurs et soutient les travaux de chercheurs, notamment ceux des hispanistes. Il participe aux programmes de diffusion de la langue espagnole.

Il organise des activités culturelles en collaboration avec des institutions des pays hôtes et avec

d'autres organismes espagnols et hispano-américains.

Il offre au public les services d'une bibliothèque dotée des moyens technologiques les plus avancés.

Dans le cadre de l’exposition Montparnasse, terre d’asile ; Eduardo Pisano, peintre espagnol et du

partenariat avec le Musée du Montparnasse, Juan Manuel Bonet, Directeur de l’Institut Cervantes

Paris est l’auteur d’une brochure sur le Montparnasse Espagnol des années 1920 à 1980.

Page 15: Eduardo Pisano, peintre espagnoleduardo-pisano.fr/wp-content/uploads/pdf/Dossier_press... · 2015-10-26 · Un livre sur Pisano est édité par le musée du Montparnasse/Arcadia Editions

Equipe du musée / Informations pratiques

L’équipe du Musée du Montparnasse

Jean Digne, Président François Vignaux, Administrateur Delphine Demaison, Assistante du Musée Abby Ben Brahim, Assistante du Musée

L’équipe de l’exposition

Eric Lycois, Initiateur du projet, Caroline Larroumet, Chef de projet Anne Egger, Historienne de l’art et auteur

Les informations pratiques

Musée du Montparnasse 21, avenue du Maine 75015 Paris Tél : 01 42 22 91 96 Fax : 01 42 22 91 00 Site : www.museedumontparnasse.net Site : à partir de fin décembre : www.eduardo-pisano.fr

Horaires d’ouverture (uniquement pour les expositions temporaires) Tous les jours, sauf lundi, de 12h30 à 19h

Tarifs de l’exposition Normal : 6 € Réduit : 5 € (étudiants, seniors, chômeurs, - de 18 ans, carte Amis du Louvre, carte maison des artistes) Gratuit : - de 12 ans, carte ICOM, presse Groupes : renseignements au 01 42 22 91 96

Accès Métro : Montparnasse-Bienvenüe (sortie n°2 : place Bienvenüe) Lignes : 4, 6, 12, 13 Bus : 28, 48, 58, 89, 91, 92, 94, 95, 96