echo du nord

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Biométrie Ndongou légalise le vote des étrangers ECHOS DU NORD Hebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 7 e année Change. Believe” Barack Obama N°169 du Lundi 4 Mars 2013. Prix : 500 FCFA Ali Bongo Ondimba défi le PDG Lire en page 3 Lire en page 5 Lire en page 4 Dans ce numéro - Crimes rituels De qui Guy Nzouba Ndama se moque-t-il? P2 - Les projets transversaux de L’ANGT P7 - Haut-Ntem A propos du discours iconoclaste d'un boomerang de Bitam P8 Condoléances Ayant appris le décès sur- venu le 1er mars 2013 de Madame Nguema Ndong née Minto’O Edzang Marie, dit Mme JB, mère de Jean Christophe Owono Nguema, la direc- tion du journal Echos du Nord et tout le personnel adressent à ce dernier leurs condoléances les plus attristées et l’assurent de leur soutien moral. En approuvant le projet d’ordonnance qui modifie l’article 45 de la loi 7/96 du 12 mars 1996, sa petite majesté a pris la responsa- bilité d’introduire une clause qui permettra de galvauder le pro- cessus de naturalisation. Et donne libre cours à Ndongou de gonfler le fichier électoral biométrique des naturalisés sans autres critères que le service exceptionnel qu’ils vont rendre au régime de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba. D es membres de la société civile ou « race pure » bataillant pour la conférence natio- nale se sont engagés dans une croisade fort insolite : trouver un remplaçant à André Mba Obame. Leur sanction à l’endroit de l’ex-candidat aux présidentielles est sans appel. Ce dernier n’est plus valide et est disqualifié d’avance pour 2016. Aussi ont-ils engagé des contacts en pays Fang pour trouver du sang neuf. De certaines indiscrétions, « la race pure » aurait jeté son dévolu sur un ancien syndicaliste. Des mêmes indiscrétions ren- seignent que ce dernier aurait trouvé leur démarche cynique et malsaine, vu le jugement qu’ils portent sur AMO. Et dire que l’on croyait tout ce beau monde sincère et rivés sur le même agenda. Sur ce, un fin politique a lancé cette petite phrase : « ce n’est pas parce qu’on est entré à l’Elysée, qu’on y a bavardé quelques minutes avec un conseiller, qu’on doit s’improviser faiseur de rois ». Les fans d’AMO apprécieront. C’est à bon entendeur. Affaire à suivre. L es détenus du 15 août ont été libé- rés. Maître Paulette Oyane revient sur les circonstances de leur détention. A lire dans notre livraison de Lundi 11 Mars 2013. USA/Programme « Femmes leaders politiques » Maître Oyane Ondo privée d’Amérique « Faiseur de roi »

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Page 1: Echo du Nord

Biométrie

Ndongou légalise le vote des étrangers

ECHOS DU NORDHebdomadaire Gabonais d’informations paraissant le Lundi. 7e année

“Change. Believe”Barack Obama

N°169 du Lundi 4 Mars 2013. Prix : 500 FCFA

Ali Bongo Ondimba défi le PDGLire en page 3

Lire en page 5

Lire en page 4

Dans ce numéro

- Crimes rituels De qui Guy Nzouba Ndama semoque-t-il? P2

- Les projets transversaux deL’ANGT P7

- Haut-Ntem A propos du discours iconoclasted'un boomerang de Bitam P8

CondoléancesAyant appris le décès sur-venu le 1er mars 2013 deMadame Nguema Ndongnée Minto’O EdzangMarie, dit Mme JB, mèrede Jean ChristopheOwono Nguema, la direc-tion du journal Echos duNord et tout le personneladressent à ce dernierleurs condoléances lesplus attristées et l’assurentde leur soutien moral. En approuvant le projet d’ordonnance qui modifie l’article 45 de

la loi 7/96 du 12 mars 1996, sa petite majesté a pris la responsa-bilité d’introduire une clause qui permettra de galvauder le pro-cessus de naturalisation. Et donne libre cours à Ndongou degonfler le fichier électoral biométrique des naturalisés sans

autres critères que le service exceptionnel qu’ils vont rendre aurégime de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba.

Des membres de la société civile ou « race pure » bataillant pour la conférence natio-nale se sont engagés dans une croisade fort insolite : trouver un remplaçant à AndréMba Obame. Leur sanction à l’endroit de l’ex-candidat aux présidentielles est sans

appel. Ce dernier n’est plus valide et est disqualifié d’avance pour 2016. Aussi ont-ilsengagé des contacts en pays Fang pour trouver du sang neuf. De certaines indiscrétions, « larace pure » aurait jeté son dévolu sur un ancien syndicaliste. Des mêmes indiscrétions ren-seignent que ce dernier aurait trouvé leur démarche cynique et malsaine, vu le jugementqu’ils portent sur AMO. Et dire que l’on croyait tout ce beau monde sincère et rivés sur lemême agenda. Sur ce, un fin politique a lancé cette petite phrase : « ce n’est pas parcequ’on est entré à l’Elysée, qu’on y a bavardé quelques minutes avec un conseiller, qu’ondoit s’improviser faiseur de rois ». Les fans d’AMO apprécieront. C’est à bon entendeur.Affaire à suivre.

Les détenusdu 15 aoûtont été libé-

rés. MaîtrePaulette Oyanerevient sur lescirconstances deleur détention. Alire dans notrelivraison deLundi 11 Mars2013.

USA/Programme « Femmes leaders politiques »

Maître Oyane Ondoprivée d’Amérique

« Faiseur de roi »

Page 2: Echo du Nord

2ACTUALITÉ ECHOS DU NORD N°169 du Lundi 4 Mars 2013

JMS

AP

Bitam/Bikondom/Crime

De nombreuses zones d’ombre persistent

Ministère de l’Economie et de l’emploi Luc Oyoubi peu regardant

sur le volet emploi

Lutte contre les crimes rituels

De qui Guy Nzouba Ndama se moque-t-il?

Le président del’Assemblée nationaledu Gabon a profité de la

tribune que lui offre la rentréeparlementaire pour s’étendresur un sujet que les hommespolitiques gabonais n’osentaborder que du bout deslèvres. Il s’agit de ce véritablecancer de la société gabonaiseque constituent les crimesrituels. Un fléau qui est entrain de gangrener la nationgabonaise toute entière aupoint que, vu de l’extérieur lesGabonais apparaissent de plusen plus comme des canni-bales, des sacrificateurs etautres vampires d’un autreâge. Pas étonnant que plu-sieurs agences de tourisme àtravers le monde classe leGabon comme un pays à hautrisque. Qui serait assez foupour envoyer ses compa-triotes se faire « manger » parles cannibales gabonais ? Lediscours du président Nzouban’est passé dans les milieuxqui luttent âprement contre cefléau au Gabon ?Qu’à dit Guy Nzouba Ndamapour irriter ainsi ces compa-triotes? Plusieurs contrevéri-tés au point de se demander sile président de l’Assembléenationale a seulement uneidée de ce que représente laséparation des pouvoirs dansun régime démocratique. Leprésident de Nzouba demandele plus sérieusement dumonde au gouvernement, «bras séculier du pouvoir », detout mettre en œuvre pour lut-ter plus énergiquement contreles crimes rituels. Or, c’estjustement ce que le gouverne-ment fait. Notamment en met-tant à la disposition des pro-cureurs au sein des différents

Le ministre Luc Oyabi, quitiendrait pour « quantiténégligeable » le volet

emploi de son départementministériel, va-t-il se rendrecompte qu’une menace degrève générale plane à nouveausur le secteur de l’emploi ? Passi sûr ! Sinon il aurait constatéque les inspecteurs contestentavec vigueur la décision d’af-fectation qu’il vient de prendreau sujet de la cagnotte de 800millions de FCFA générés par levolet emploi de son départe-ment. En décidant d’affecterune partie de la manne à l’amé-lioration des conditions maté-rielles et de travail des agents etau paiement de la mutuelle, celaa suscité l’ire de ces derniers quine comprennent pas à quoi ser-vent les budgets votés par leParlement, et attribués au minis-

La famille de feuBilongo Richard,notamment sa veuve,

madame Oye Nnang Hélène,a saisi le 25 février 2013 leprocureur de la Républiqueprès le tribunal de premièreinstance d’Oyem. Par cetacte, elle veut amener lesautorités judiciaires à se sai-sir de l’affaire liée au meurtrede feu Richard Bilongo, de ladisparition de leur fils mon-sieur Elone Nkoro, et de ladestruction de maisonorchestrée par ses voisins.Pour la famille, le récit qui aété servi aux médias au sujetde la disparition tragique dusieur Richard Bilongo, attri-bué à son fils Elone Nkoro,est loin d’être authentique.Elle y voit une tentative dés-espérée des vrais assassinsde masquer leur forfait enl’attribuant à quelqu’un quetout le village savait attardémental et non violent.Mieux, la famille pensequ’après avoir éliminéRichard Bilongo, les mêmesassassins s’en seraient pris àson fils, Elone Nkoro. Sadisparition du village depuisces évènements laisse penserau pire. Car le jeune hommene peut survivre longtempssans assistance.En effet, lorsqu’on analyse lerécit fait par la famille sur cesévènements, on ne peutqu’être convaincu d’une ten-tative de dénaturer les faitstels qu’ils ont été publiés enmi-février 2013 par certainsjournaux de la place. Pour lafamille, les faits remontentau 15 janvier 2013. Ce jour làen matinée, madame HélèneOye Nnang avait dit aurevoir à son mari avant d’al-ler à ses travaux champêtres.L’intéressé, qui devait pour-suivre des travaux de menui-serie dans la propriété d’unfils de la localité, répondit àsa femme qu’il la rejoindraitsitôt sa tâche finie.

tère de l’Economie. Surtoutqu’il n’est inscrit nulle part dansce budget, un quelconque mon-tant correspondant à des fondspropres sensés être générés parle département. Ce qui dans leuresprit signifie que les produitsgénérés par leurs efforts doiventleur être redistribué en prioritéen guise de prime d’encourage-ment. Une façon de rappeler àl’intéressé que s’il veut amélio-rer les conditions de travail desagents, où bien souscrire unemutuelle pour ses agents, il fautpour cela qu’il sollicite, commetous les autres départementsministériels, le concours dubudget de l’Etat. Luc Oyabi est-il prêt à entendre ce langage?Pas sûr. Malheureusement pourles usagers, il y a fort à craindreun déclenchement de mouve-ment d’humeur dans ce minis-tère. A bon entendeur

L’affaire relative à l’homme décapité à Bikondom (Bitam) vient de connaître un nouveau rebondissement. La famille de la victimevient de saisir le procureur de la République auprès le tribunal d’Oyem pour meurtre et destruction de biens. Récit !

L’ouverture de la nouvelle session parlementaire a été l’occasion pour le président del’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, d’aborder l’épineuse question des crimesrituels au Gabon. Sauf que l’homme semble avoir botté en touche.

parquets de la République, leséléments des forces de sécu-rité pour procéder aux arresta-tions desdits assassins. Saufque, une fois l’affaire trans-mise au tribunal au sens juri-dique du terme, le pouvoirjudiciaire peine à prendre lesbonnes décisions malgré l’ar-senal répressif en la matièreque l’on retrouve dans leCode pénal gabonais. C’estainsi que plusieurs affairesreconnues comme entrantdans la catégorie de crimesrituels sont souvent classéessans suites, sans pourtantqu’une quelconque enquêteait été diligentée. C’est le casde cet homme, monsieurMartin Pandy, disparu depuisplus de six ans, originaire duvillage Mouila Pouibi dans lecanton Lolo Wagno, cher à uncertain Guy Nzouba Ndama.L’enquête à son sujet est res-tée au point mort. Personne nesemble s’en soucier outremesure en dehors de safamille. Même Nzouba, l’éludu coin, ne donne l’impres-

sion d’en faire une priorité, aunom de la sécurité et du bien-être de ses électeurs. Il en estde même pour cet autre casd’assassinat de monsieurJean Pierre Abogho Ndong,au regroupement de villagesde la Remboué. La plaintedéposée par la famille le 29août 2011, avec des noms despersonnes à entendre danscette procédure, a connu 5renvois sans qu’aucuneinvestigation ne démarre.Mieux, la demande d’inter-vention « pour l’interpella-tion et audition des princi-paux témoins.. » cette affaire,introduite par courrier au par-quet de Libreville le 4 janvier2013, n’a jamais connu desuite. Le cabinet d’instructionen charge de l’affaire a ren-voyé le plaignant à deuxreprises les 16 et 25 janvier2013. Avant de classer le dos-sier sans suite.Le discours de Nzouba, dèslors aurait eu plus de sens s’ils’adressait au vrai goulotd’étranglement dans l’assai-

AP

En partant à ce « chantier »dans le village, sieur RichardBilongo croisera ses compa-triotes camerounais vivantdans le même village, ainsiqu’un équato-guinéen résidantdans le même village. Cesderniers, croit savoir lafamille, venant de tuer un san-glier, proposèrent à monsieurBilongo de prendre un pot aubar de l’un d’entre eux, ledénommé Otout. Ce sont là,aux dires de la famille, lesdernières personnes avoir vuRichard Bilongo vivant.De retour de plantation où sonmari n’est finalement pasvenu la retrouver, madameHélène Oye Nnang s’est toutde suite mise à la recherche decelui-ci. Elle s’est donc ren-due en premier au domicile dufils du village où son maridevait faire de la menuiserieintérieure. Malheureusementil ne l’y trouvera pas. Deuxpersonnes, parmi celles quiavaient partagé un verre aveclui chez Otout, diront àmadame Oye Nnang Hélènequ’ils étaient bien avec sonmari, mais qu’ils ne savaientpas où il se trouvait. Avantd’émettre l’hypothèse qu’ilserait peut-être parti à Bitam,pour raboter le bois. Sauf que

le bois qu’utilisait la victimesur son chantier du villageavait été entièrement rabotéplusieurs jours auparavant.Madame Hélène Oye prit sonmal en patience et attendit lelendemain dans l’espoir devoir réapparaître son mari.Le lendemain, les mêmes per-

sonnes avec qui son défuntmari se trouvait la veille vontrevenir à la charge auprès dela dame. Pour eux, ce dernierse trouvait bien à Bitam où,affirmeront-ils, il aurait uneliaison avec une autre femme.Non convaincu par les diresde ces derniers, madameHélène Oye Nnang va pour-suivre ses recherches. Pendanttout ce temps, son fils EloneNkoro, malade mental, quisera présenté plus tard commele présumé meurtrier, se trou-vait toujours au village. Le 17 janvier 2013 tôt dans lamatinée, alors que madameHélène Oye Nnang étaitencore dans sa maison, elleentendit sa voisine, une came-rounaise gérante d’un bar duvillage, affirmer à un interlo-cuteur à haute voix qu’elleavait vu Elone Nkoro, lemalade mental, poursuivre ledéfunt Richard Bilongo, arméd’une machette. Elle a mêmeindiqué la direction où seserait produite cette coursepoursuite. L’interlocuteurconcerné n’était autre que ledénommé Otout. Intriguée par

de telles révélations, madameHélène Oye Nnang ira tout desuite demander des explica-tions à M. Otout qui, aprèsavoir essayé de nier la subs-tance de cette conversation,finira par indiquer la directionrévélée par la gérante. C’estainsi que madame HélèneOye Nnang ira alerter la bri-gade de gendarmerie du vil-lage. Les recherches entre-prises permettront de décou-vrir le corps de RichardBilongo, décapité et dévêtu.Après l’enterrement de cedernier, la thèse du malademental meurtrier va subite-ment surgir. Et au mêmemoment, l’intéressé disparaî-tra lui aussi sans que safamille ne sache où il setrouve. Un groupe de villa-geois, croyant que l’intéresséétait caché dans la maisonfamiliale va entreprendre dela détruire. Malheureusementsans retrouver le malade. Lagendarmerie du village saisiede la question transféreradame Oye Nnang et l’un deses fils à Bitam où ils serontgardé à vu pendant 5 jours.

Restent alors plusieurs ques-tions pour l’instant sansréponse et que l’enquête duparquet devra élucider. Où setrouve le malade mentalaccusé par le village?Pourquoi a-t-il fallu 3 jourspour que l’on vienne subite-ment indiquer à madame Oyeque son mari avait été pour-suivi par son fils Elone Nkorodans cette direction ?Pourquoi les dernières per-sonnes avec qui la victime setrouvait ont-elles servi plu-sieurs versions à sa femmepour tenter de justifier sa dis-parition ? Tout ceci laissecroire à un crime, dont lecaractère rituel est évident,perpétré par quelqu’un d’au-tre que l’actuel accusé.Surtout que la même dame adéjà perdu un de ses fils dansla foret de Remboué près deKango en 2011. Son corpssans vie et sans plusieursorganes vitaux avait étédécouvert dans une rivièrede la localité. Pourvu que lajustice fasse véritablementson travail.

nissement de ces mœursd’une autre époque au Gabon,que représente la justice. Celaa cependant un corolaire : queles magistrats soient suffi-samment à l’abri des pres-sions de toutes sortes et detous azimuts. , au lieu de demander desefforts au gouvernement quicertes pourrait faire plus engarantissant réellement l’in-dépendance des juges, tout enrespectant la séparation despouvoirs pour lutter contre lescrimes rituels, Guy NzoubaNdama devrait plutôt deman-der à tous les puissants de cepays, au bénéfice desquelsseraient commis lesditscrimes de cesser de croire quel’ascension politique ou lemaintien au sommet s’obtientpar le sang, de cesser d’inti-mider les magistrats.D’encourager les magistrats àne pas hésiter d’aller au boutdes procédures pour que jus-tice soit rendue. Le Parlementqui a, avec le gouvernement,l’initiative des lois peut trèsbien imaginer un cadre juri-dique particulier, qui assureplus de liberté et de sécuritéprofessionnelle aux magis-trats appelés à connaître cescrimes. Le vote d’une telle loià l’initiative de Guy NzoubaNdama, comme il a pu le fairepar le passé – loi Nzouba surla polygamie, introduction del’élection à un tour - auraitbeaucoup plus convaincu dela volonté réelle de l’intéresséd’inscrire la lutte contre cecancer dans l’action politiqueen cours. Au lieu de cela, GuyNzouba Ndama a servi à l’as-sistance un discours plat surla lutte contre les crimesrituels. De qui se moque-t-ilen définitive ?

Nzouba, résident de l’Assemblée Nationale

Feu RichardBilongoAwouna

Photo DR

Page 3: Echo du Nord

3ACTUALITÉECHOS DU NORD N°169 du Lundi 4 Mars 2013

Le prochain congrès du Parti démocratique gabonais (PDG) se prépare sans le concours de son secrétariat général. Ali BongoOndimba a préféré confier cette tâche à des très proches dont certains officient au palais. Défiance ou désir d’en découdre ?

L’Université Omar Bongo a été à nouveau bousculée le lundi 25 février 2013. Le véné-rable maître de la loge espérance 12 Séraphin Moundounga a du pain sur la planche.Las d’attendre les promesses, les étudiants sont remontés au créneau pour une ren-gaine qui traduit le statu quo de leurs sempiternelles revendications.

JMS

L’appareil du Partidémocratique gabonais(PDG), du moins ce qui

en reste, est en émoi. Le dis-tingué camarade président apris la décision de préparer lefutur congrès du PDG sans enassocier l’appareil du parti. ALouis, siège du PDG, c’estcarrément une ambiancefunèbre qui y règne.Personne ne sachant àl’avance, comme c’est decoutume dans tous partis poli-tiques en pareilles circons-tances, la place qui lui revien-dra à l’issue des travaux.C’est en tout début desemaine dernière que FaustinBoukoubi, secrétaire généraldu PDG, aura la surprise derecevoir dans ses bureaux deLouis, Pacôme Moubele, ledirecteur de cabinet du prési-dent du PDG, un certain AliBongo Ondimba, accompa-gné d’Alain Claude Bilie BiNzé, conseiller politique,porte-parole du président dela République. Les deux indi-vidus sont entrés dans lebureau de Faustin Boukoubipour se procurer le document« des statuts et règlementintérieur » de ce parti. « Aquelles fins? », s’est risquéBoukoubi à l’attention desintéressés ? Il va apprendreséance tenante qu’ils sont lesémissaires du distingué cama-rade président du parti. Que

celui-ci vient de leur confierla mission de préparer lecongrès du PDG qui devra setenir à la fin du mois. Etqu’ils ont été nommés par cedernier aux postes de prési-dent et vice-président ducomité d’organisation de cesassises.Boukoubi qui n’en croyaitpas ses oreilles et s’estopposé sur le champ en refu-sant de remettre aux intéres-sés, comme ils le souhai-taient, les textes constitutifsdu PDG. Mal lui en pris carquelques instants plus tard,selon plusieurs témoins ren-contrés, le SG du PDG auraitreçu un appel glacial du dis-tingué camarade, Ali BongoOndimba. Le président duPDG lui exigera de remettreimmédiatement les textesdemandés à ses émissaires.La tentative de justifier sarésistance en se basant sur lefait qu’Alain Claude Bilié BiNzé, promu vice-président ducomité d’organisation ducongrès d’un parti dont iln’est pas membre aurait étébalayée par Ali BongoOndimba en ces termes, selonles mêmes sources : « mon-sieur Alain Claude Bilié BiNzé est mon conseiller poli-tique. Je suis le président dece parti… ». FaustinBoukoubi, après une tellecharge n’eut d’autre choixque de laisser faire.Cet épisode de Louis a fait

l’effet d’une bombe dans lesmilieux Pdgistes. Car demémoire d’anciens membresdu parti des masses, pareille «offense » ne s’est jamais pro-duite à l’endroit de l’appareilcentral, lorsqu’il s’est agid’aller au congrès. C’était aucontraire un moment appréciédes barons, tant ils profitaientgénéralement de cette occa-sion pour étaler l’étendue deleur pouvoir en cooptant cer-tains cadres de leurs circons-criptions politiques respec-tives dans les organes duparti. Ces manœuvres avaienttoujours lieu lors de la phasepréparatoire. Or, les priver dece conclave préparatoire, auprofit des seuls membres ducabinet présidentiel commecela se dessine, revientconcrètement à les mettrehors de ce qu’ils considèrent

comme leurs plates-bandesrespectives. Une situation queles intéressés ne vont sûre-ment pas regarder sans réac-tion. Il en va de leur survie.Surtout que ce serait ladeuxième fois que leur distin-gué camarade les traite ainsi àchaque fois qu’un évènementpolitique d’ampleur se pré-pare. L’épreuve de la Cité dela démocratie, à l’ouverturede la concertation politiquesur la biométrie, en est unparfait révélateur. FaustinBoukoubi, comme un moinesoldat a dû s’exprimer, nonsans avoir marqué sa surprise,devant un auditoire composéde partis politiques de lamajorité et de l’opposition,sans préparation préalable. Cette mise à l’écart du PDGdans cette phase préparatoiredu futur congrès se comprend

mieux lorsqu’on découvrel’étendue des réformes queson président veut faire subirau PDG. Il pourrait s’agird’une vraie révolution danscette maison où tout semblaitfigé depuis le 12 mars 1968.Aux soucis de son prédéces-seur Omar Bongo Ondimbade jouer les équilibristes encréant des instances à l’infinipour « caser » tout le mondeet ne pas en faire de jaloux,Ali Bongo Ondimba comptetrancher dans le vif. Ainsi,selon certaines sourcesproches du dossier, le comitépermanent qui réunit des «dinosaures » pourrait ainsiêtre supprimé de l’organi-gramme du parti. Il devraitemporter avec lui tous cesmembres actuels si aucunchangement ne survient d’icila fin du mois. Ali BongoOndimba pourra ainsi « régler» le compte de quelquesanciens qui lui pourrissentencore la vie.Outre cette innovation, le pré-sident du parti s’apprêterait àconfier à un ami de longuedate ce qui fera office de

secrétariat général à l’issue ducongrès. Le pressenti au postea l’avantage de bien connaîtrele chef de l’Etat, pour l’avoirservi au début de son mandat,même si ce fut de courtedurée. A cette personnalité quireprésenterait le « premierchoix », on adjoindra unancien ministre, qui retrou-vera là une tribune, lui quiexcelle dans le domaine poli-tique. Ce dernier qui sembleavoir des troupes en nombreimportant, et que tous recon-naissent comme « bagarreur», peut très bien emporter lemorceau. Reste que pour legrand public, ces personnali-tés certes estimables, n’ontpas forcément une bonneimage dans l’opinion. Enoutre leur promotion amènera– géopolitique oblige - àrevoir de fond en comble larépartition des prébendesdans toutes les principalesinstitutions de la République.Ali Bongo Ondimba aura-t-ille courage d’aller jusque là ?Réponse après le 31 mars2013.

Enseignement/Crise

L’enseignement gabonaisen état stationnaire

Course à la Primature

Les affaires se compli-quent pour Séraphin

Moundounga

Dès 10 heures, le boule-vard Léon Mba quipasse devant l’univer-

sité Omar-Bongo (UOB) étaitde nouveau pris d’assaut parles étudiants de cet établisse-ment supérieur. L’objectifétait, comme de coutume, defaire entendre certainesrevendications qui, pour laplupart, étaient les mêmesque celles du 11 février 2013dernier. Si la dernière grèveavait pour principales causesles nombreuses promessesnon tenues, aussi bien par lesautorités universitaires quepar l’Agence nationale desbourses du Gabon (ANBG) etles traitements inégaux quantà la distribution des boursesaux étudiants, la nouvelleébullition de l’UOB est l’ex-pression de l’augmentationdes frais de scolarité des étu-diants du second cycle qui estpassée de 9000FCFA à20000FCFA, et l’observationd’un certain nombred’«incertitudes» plus oumoins justifiées par la lenteurobservée quant à la réaction

Séraphin Moundounga, docteur en droit public par procuration,vénérable de la loge maçonnique espérance 12, et accessoire-ment ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement

supérieure, de la Recherche scientifique, des Sports, de la Jeunesse etde la Culture, caresserait le doux rêve de devenir Premier ministre duGabon. C’est la révélation qu’un dénommé « Prospère », sujet béni-nois actuellement au Benin, aurait faite à notre source. Cet hommen’est pas inconnu de tous ceux qui ont suivi la campagne du vénéra-ble dans son siège de Moabi, lors des dernières élections législatives.Tant il était au four et moulin. Cerise sur le gâteau, selon certainespersonnes de l’entourage du futur Premier ministre, l’homme avaitson mot à dire sur toutes les décisions qui se prenaient.L’intéressé qui voyageait beaucoup entre le Gabon et le Benin,serait subitement rentré dans son pays sans avoir un projet de retoursur le Gabon. Ce qui du coup peut contribuer à ruiner les espérancesde Moundounga à occuper les bureaux de l’immeuble du 2 décem-bre, siège de la Primature.Pourquoi cette séparation brutale au point de ruiner l’espoir de pro-motion sociale placé en lui par le vénérable? Nos sources affirmentque le « conseiller » de Moundounga aurait évoqué les conditions «difficiles » qui prévalent actuellement au Gabon. Cela veut-il direque l’intéressé a été broyé par ce que le professeur Alain Comlan aappelé « le syndrome gabonais » de retour à Paris, à savoir le refussystématique des tenants du pouvoir d’honorer leurs créances à destiers ? Personne pour l’heure n’a pas pu répondre à cette question.La seule certitude est que le « conseiller » de Moundounga projettede s’installer en France pour y effectuer « de bonnes affaires ». Il apeut-être eu plus de chance que son compatriote, le professeurComlan, parti sur la pointe des pieds sans avoir de quoi pourvoirpayer son personnel domestique ici, à savoir une secrétaire domici-liée à Ondogo, une femme de ménage de nationalité camerounaisequi assurait également la fonction de cuisinière et domiciliée au basde Gué Gué, ainsi que son chauffeur ouest africain.

des autorités interpeléesdepuis deux semaines. Ainsi,en battant à nouveau le pavéle 25 février, les étudiants ontsouhaité «dénoncer avec téna-cité que la dignité de l’étu-diant s’est progressivementdégradée» et réitérer par lamême occasion le besoin devoir les choses enfin s’arran-ger dans cette université oùles cours sont pour la plupartarrêtés depuis quelquessemaines en raison de la grèveinitiée par le Syndicat nationaldes enseignants chercheurs(SNEC). Pour le président desétudiants, les exigences sontvitales : « exigence d’unebibliothèque assez comblée,exigence d’abriter de plus enplus les étudiants car le cam-pus universitaire ne répondplus aux normes d’une univer-sité moderne. La nécessitéd’augmenter la bourse à150000 FCFA/mois. En plus,le recteur doit s’arranger àrembourser l’argent perçu enplus des 9000 FCFA».Aussi, le versement intégraldes bourses aux étudiantsbénéficiaires aura encore été,sans surprise, la principalerequête des étudiants, alors

que 11 jours auparavant, ilsavaient déployé le même scé-nario pour déplorer quel’ANBG payait désormais enplusieurs tranches le trousseauscolaire de 90 000 francsCFA, au lieu d’un seul verse-ment comme toujours. Demême, ils se plaignaient desretards de traitements des dos-siers de bourses de certains deleurs condisciples et du mau-vais fonctionnement du res-taurant universitaire. Un cycledevenu interminable. Il esttemps de se poser des ques-tions sur le ministre del’Education national. Caralors que les enseignantsmembres de la Conventionnationale des syndicats del’éducation nationale(Conasysed) observent depuisle lundi 25 février une grèved’avertissement de trois joursen vue de bousculer le gou-vernement avec lequel desnégociations ont été enta-mées, on apprend que denombreuses recrues, récem-ment affectés, se retrouventsans présalaire ni toit pourdormir dans leur lieu d’affec-tation. L’éducation doit êtreau centre du processus

d’émergence d’un pays. Il esttemps de s’arrêter pour suivrece problème d’éducation deplus près. Le président de laRépublique doit maintenantdiscuter avec son ministre del’Education nationale et faireun vrai bilan, sans publicitémensongère, car à la fin c’estAli Bongo Ondimba qui ren-dra compte au peuple. Le maldu Gabon c’est que ses diri-geants manquent de patrio-tisme véritable : Si lePrésident met en avant lesrelations de copinages,maçonniques, la médiocratieau lieu de la méritocratie, il vade soi que le pays sera géré «à la je m’en fou », car tousautant qu’ils sont, ils n’ontpas de respect pour le peuplegabonais. Comment un minis-tre de l’Education nationalequi a prouvé son incompé-tence à gérer un départementaussi sensible et importantreste le même interlocuteur.On ne peut que faire du surplace. Mais comme le Gabonest le seul pays où l’incompé-tence apporte des promotions,on continue comme si toutallait pour le mieux.

Sophie Beuve Merry

PDG/Préparatifs du congrès

Ali Bongo Ondimba défi le PDG

Séraphin Moudounga posant avec la playmatebrésilienne Jacqueline Faria

Page 4: Echo du Nord

apparue dans la presse qui apolitisé de façon inexacte etinutile son voyage et a portéatteinte aux objectifs principauxdu programme… ». Cette justi-fication de monsieur l’ambassa-deur, malheureusement ne tientpas. D’une part, on ne peut pasinviter une femme politique,dans un programme intitulé «Femmes Leaders politiques »,et s’étonner que cette décisionsoit « politisée ». Le contraireaurait été étonnant. Si l’ambas-sadeur voulait qu’il en soitainsi, il fallait qu’il « invite »d’autres femmes ayant d’autrescompétences – agricultrices,artistes, conductrices d’autobus,garde du corps, commerçantesau marché Mont Bouët, etc. -D’autre part, aucun média localn’a fait état de ce séjour améri-cain de maître Paulette OyaneOndo avant le 22 février 2013,le jour même où l’annulation aété signifiée à l’intéressée dansun grand hôtel du nord deLibreville. La presse nationale,notamment nos confrères « LeTemps », et « Gabonreview »,se sont emparés du sujet à partirdu 25 février 2013. Quel estdonc ce média qui a « politiséde façon inexacte et inutile… »,la participation de PauletteOyane Ondo au ProgrammeFemmes Leaders politiques au

point de faire paniquer l’ambas-sadeur? Les milieux gouverne-mentaux approchés par nosreporters évoquent un articleparu dans « La Lettre duContinent », journal françaisvendu exclusivement par abon-nement et auquel quelques raresGabonais, généralement deshauts cadres de la République,ont accès. Dans son édition no653 du 20 février 2013, en effet,ce journal annonce le séjouraméricain de l’avocate avec unluxe de détails. Cet élément a-t-il suffi pour convaincre l’am-bassadeur de la politisation del’évènement au Gabon ?Personne ne peut le croire. Amoins que l’ambassadeurveuille faire croire au peuplegabonais que le gouvernementaméricain ajuste actuellementson fonctionnement sur lespoints de vue de la presse. Cequi apparaît surprenant pourquelques connaisseurs de lapolitique américaine rencon-trés. Pour ces derniers, l’ambas-sadeur, au vu des élémentspubliés par « La Lettre duContinent », se serait contentéd’un communiqué de démenti,qui indiquait au public en quoil’article publié par ce journalétait sans fondement et laissermaître Oyane Ondo effectuer samission. Ne pas l’avoir fait, ont-

ECHOS DU NORD N°169 du Lundi 4 Mars 2013 4POLITIQUE

Paulette Oyane Ondon’ira plus au Etats-Unisd’Amérique comme

prévu, prendre part au pro-gramme « Femme Leaderspolitiques ». L’ambassadeur desEtats-Unis au Gabon en adécidé ainsi. Pourtant, par cour-rier en date du 5 février 2013, leporte-parole de l’ambassadedes Etats-Unis au Gabon, mon-sieur Kevin Krapf, informaitl’avocate, défenseur des droitsde l’Homme au travers de sonONG le Centre pour la promo-tion de la démocratie et ladéfense des droits de l’Homme(CDDH), qu’elle avait « étésélectionnée par le départementd’Etat américain….pour pren-dre part à sonprogramme….intitulé FemmesLeaders politiques… ». Le 11février 2013, un entretien dansles locaux de ladite ambassades’est déroulée entre le staff duservice culturel de l’ambassadeUS et maître Oyane Ondo. Aucours de cet échange, les ser-vices concernés ont donné àl’avocate les motivations decette sélection. Quelques joursplus tard, un programmedétaillé du déroulement de cettemission lui a été envoyé. Asavoir, une étape à WashingtonDC du 2 au 6 mars, une autre àDenver dans le Colorado du 6au 10 mars, une autre ensuite àMinneapolis dans le Minnesotadu 10 au 14 mars, suivie d’uneétape dans l’Etat de New York àNew York du 14 au 19 mars, etenfin une dernière étape àWashington DC du 19 au 23mars.

Que s’est-il passé pour quel’ambassadeur des Etats-Unisau Gabon annule ce périple audernier moment ? Pour le porte-parole de l’ambassade, dans uncommuniqué très officiel qu’ila fait parvenir au journal, l’am-bassadeur a pris cette décision «…en raison d’une information

USA/Programme « Femmes Leaders politiques »

Maître Oyane Ondo privée d’AmériqueL’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Gabon vient d’annuler au dernier moment le séjour que devait effectuer maîtrePaulette Oyane Ondo au pays de l’Oncle Sam, à l’invitation du département d’Etat en qualité de « Femme Leader politique ».L’ambassadeur parle de « politisation » de l’évènement pour justifier sa décision. Une bourde de plus ?

Journée Internationale de la Femme: Tribune du CDDH

Quelques réflexions d’actua-lité sur la femme gabonaise :

état des lieux et enjeux

Ministère de l’Habitat/Guichet unique

L’impossibilité de faire duneuf avec du vieux

Créée à Saint-Pétersbourg en 1917au cours de la révo-

lution russe par les femmesouvrières et officialisée en1977 par la communauté desEtats membres des NationsUnies qui ont marqué leurvolonté de reconnaître le rôledes femmes dans la société,la journée internationale de lafemme, 35 ans après sa pre-mière célébration gardeencore toute sa pertinence.Car l’égalité, l’idée si chère àJean Jacques Rousseau, tardetoujours à se concrétisernotamment pour la recon-naissance des mêmes droitsentre les hommes et lesfemmes au Gabon.

Si la célébration tous les 8mars de cet événementrelève de la prise de

Le changement inter-venu à la tête del’Agence nationale de

l’urbanisme et des travauxtopographiques va-t-il sonnerle glas de ce qui apparaissait deplus en plus aux yeux des usa-gers comme un retour auxbonnes vieilles méthodes duministère de l’Habitat de lagrande époque ? Cela paraîtpossible car le directeur généralentrant, monsieur AugusteAkomezogo, jouirait d’uneexcellente réputation dans laprofession et de préjugés favo-rables d’homme intègre, pourplusieurs personnes rencon-trées, et qui ont eu à collaboreravec ce dernier par le passé.Sauf que la seule volonté, voirela bonne image a priori du nou-vel entrant, ne suffiront pas àelles seules pour endiguer cequ’il faut bien appeler le retourà l’ordre ancien au guichetunique de l’Habitat.

Car le sieur YannickMokanga et sa chef de servicedu guichet unique, dame AgnèsEkoto, épouse Ango, avaiententrepris des mutations dansledit service, qui pouvaient res-sembler à un retour à l’ordreancien. Ces mutations étaientperceptibles d’abord au niveaude la gestion du personnel. Lachef de service guichet unique,qui a eu le privilège de bénéfi-cier au même moment de deuxnominations – ministère del’Urbanisme et à l’Agence - faitrégner au sens propre commeau figuré une terreur qui ne ditpas son nom. Ceci est d’autantplus facilité par le fait que lesagents recrutés pour faire partiede l’agence, sont des novices etpresque tous en contrat pré-

Le gouvernement vient de lancer les activités du guichetunique en matière d’urbanisme. Sauf que les vieilles habitudesqui ont conduit à la fermeture du ministère de l’Habitat refontsurface. On ne fait pas du neuf avec du vieux.

conscience nécessaire quidoit être celle des gouver-nants et plus généralement detoute la collectivité, en mêmetemps elle nous rappelle lebesoin pressant qu’il y a àagir dans ce domaine.

Le Centre pour la promo-tion de la démocratie et ladéfense des droits del’Homme se sent interpellé àprendre part à ce débat. Passeulement pour respecter samission de défense de toutesles vulnérabilités qui sontconstitutives d’atteintes auxdroits de l’Homme, maisencore parce que nous res-pectons profondément lafemme qu’elle soit gabonaiseou autre.

Et cette journée vient nousrappeler que la femme gabo-naise vit encore sous le joug

d’inégalités structurelles à lafois verticales (juridiques,économiques, politiques etsociales) au sens où c’estl’Etat qui en est responsable.Mais également horizontalesdans la mesure où la sociétédans son ensemble se réfu-giant derrière une certaineidée que la culture gabonaiseadmettrait des inégalitésentre les hommes et lesfemmes, alors que ceux-cisont égaux en droit.

La célébration d’une tellejournée n’aurait aucun sens,ni aucune portée si l’on secontentait de sacrifier à undérisoire exercice formel dedéclamation des principesdéjà énoncés les annéesantérieures.

Suite en page 5

caire, contrat à durée détermi-née. Ce qui fait qu’aucun d’euxn’a la possibilité de lever le petitdoigt sans risque de voir soncontrat non prolongé.D’ailleurs, sur les huit agentsrecrutés au départ, deux seule-ment ont vu leur situation évo-luer en CDI. Naturellement per-sonne ne sait le critère objectifqui a prévalu à cette distinction.Autant dire que les autres doi-vent plus que jamais rentrerdans leurs petits souliers pourespérer bénéficier des « faveurs» de la dame. Avec un personnelaussi à sa solde, tous les excèssont permis.

Comme si cela ne suffisaitpas, le duo Mokanga - Ango,avait entrepris de « couper »toutes têtes qui dépassent, ycompris parmi les fonction-naires du Trésor qui ne dépen-dent normalement pas de la hié-rarchie de l’agence. C’est ainsiqu’un ancien agent du Trésornommé à l’accueil des usagerspar décret, a eu la surprise deconstater que le trésorier payeurgénéral venait de la « rappeler »au sein des services centraux.Cette personne, selon le témoi-gnage de plusieurs de ses col-lègues était la cheville ouvrièrede ce service. En ce sens qu’ellea su encadrer l’équipe à l’arri-vée et a pris une part active àleur formation. La jeune femmequi n’a pas voulu nous recevoirpour confirmer nos informa-tions, aurait, aux dires de sesanciens collègues, reçu cettedécision d’affectation sansmême que l’agent comptable del’agence et le chef hiérarchiquede l’intéressé en soient infor-més. Au point que l’idée deconstituer un collectif pourdénoncer cet abus de pouvoiravait même été envisagée par

ses collègues.Qu’est-ce qu’elle a bien pu

faire pour mériter un tel traite-ment expéditif ? A cette ques-tion, ses collègues rencontrésrépondent qu’elle aurait peut-être refusé « une propositionmalhonnête », elle qui est unefemme aux convictions reli-gieuses affirmées. D’ailleurs, sesouviennent les collègues, elles’était opposée à l’idée de fairepayer des pénalités aux per-sonnes qui avaient construitleur maison sans autorisation,en restant ainsi conforme,disent-ils, à l’arbitrage duministre à ce sujet.

Sur un tout autre plan, le cou-ple Mokanda - Ango, a introduitune taxe de 5000 FCFA pouravoir le droit d’entrer en posses-sion de l’imprimer sur lequell’usager doit consigner desinformations relatives à sademande de Titre Foncier. Or,soutiennent les sources, audémarrage des services, cettefiche était fournie gratuitement.D’ailleurs, cette ressourceserait, aux dernières nouvelles,au centre d’une vive polémiqueau sein de l’agence. DameAngo aurait, apprend-on, debonnes sources, entrepris decommander la fabrication des-dits imprimés auprès d’unimprimeur « du quartier », audétriment de leur ancien four-nisseur. Les usagers, d’ailleurssurpris par la mauvaise qualitédu document, rechigneraientde plus en plus à payer lasomme demandée.

Monsieur Akomozogo auraplus que besoin de ses talentsde manager pour ramener lasérénité dans cette maison,mise à mal par la vision deson prédécesseur.

AP

SYA ils poursuivi, signifie que la rai-son véritable de cette annulationse trouve ailleurs. Il ne seraitplus dès lors infondé de croirecet argumentaire développédans certains milieux nationaux,qui présente l’actuel représen-tant des USA au Gabon, commeun « lobbyiste » aux Etats-Unisen faveur du régime d’AliBongo Ondimba. Car, commel’indique « La Lettre du conti-nent » citée plus haut, les inter-ventions que Paulette OyaneOndo devait faire durant sonséjour, axées sur « la santé de ladémocratie au Gabon »,auraient pu battre en brèche lesefforts entrepris par monsieurl’ambassadeur pour faire accep-ter le pouvoir actuel du Gabonpar l’élite de Washington. Ilvalait mieux pour lui ne pasprendre ce risque à quelquessemaines d’une visite de travaild’Ali Bongo Ondimba auxUSA.

Maître Oyane Ondo, à quicette vision de l’affaire a été

présentée, a voulu éviter toutepolémique. En plein préparatifspour Arusha en Tanzanie où elledevra suivre un stage de plu-sieurs jours avec une poignée dejuristes africains, à l’invitationde la Cour africaine des droitsde l’homme et des peuples dèsla fin de cette semaine, elle s’estvoulue précise. « J’avais étéinformée par l’ambassade desEtats-Unis d’une sélection enma faveur par le départementd’Etat américain pour suivre unprogramme en qualité defemme leader politique. Celle-civient d’être annulée. Je n’ai pasd’autre commentaire à faire à cesujet d’autant que je n’avais riendemandé. D’ailleurs cette annu-lation me permet d’assister à unstage sur la Cour africaine desdroits de l’homme, hautementplus bénéfique pour mon par-cours professionnel… ».

Reste que pour le public, l’at-titude de l’ambassadeur desUSA au Gabon intrigue. C’estpeut-être l’intrigue de trop.

Venant après avoir conseilleraux dirigeants de l’Union natio-nale, parti dissous par le gouver-nement, de changer de nom. Cequi veut dire d’une certainemanière qu’il a approuvé ladécision prise par le gouverne-ment du Gabon de dissoudre unmouvement politique. Pourquelqu’un qui vient des USA,où le Ku Klux Klan, mouve-ment raciste par excellence,n’est pas dissous au nom du 1eramendement de leur constitu-tion, c’est un comble.

Le peuple gabonais est doncavisé. Cet ambassadeur donnele sentiment d’avoir définitive-ment choisi son camp-celui,d’Ali Bongo Ondimba, dans labataille politique qui se dérouleau Gabon. Passant ainsi outre laneutralité que doit observertoute personne qui occupe unetelle fonction. Pas si sûr que lesvrais américains, apôtres de ladémocratie et de la liberté, lelaissent longtemps continuer cetravail de sape.

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L’EDITORIALde Désiré ENAME

5ANALYSE & COMMENTAIRE

Le dernier Conseil des ministres a « approuvé le projetd’ordonnance modifiant et complétant certaines disposi-tions de la loi n°7/96 du 12 mars 1996 portant dispositions

communes à toutes les élections politiques ». L’article concernéest l’article 45 qui se lira désormais comme suit : « L’enrôlementd’un citoyen donne lieu à la délivrance d’un récépissé d’enrôle-ment. » L’alinéa suivant concerne le moyen pour être enrôlé. Ilparaît anodin. Mais il crée un véritable problème. Il dit : «L’enrôlement se fait sur présentation : pour les citoyens gabonaisd’origine d’un acte de naissance légalisé, d’un jugement supplétif,de la carte nationale d’identité ou d’un passeport ordinaire biomé-trique. » Permettre que l’acte de naissance, pour certains cas nonprécisés, soit la pièce principale ouvre la voie à des enrôlementsmultiples et donc à des votes multiples. Il suffit de se souvenirqu’en 2006, une décision similaire avait été prise par la Courconstitutionnelle à la veille de l’élection pour permettre aux déten-teurs du seul acte de naissance de voter. La porte fut ouverte pourque les actes de naissance permettent aux états-majors du PDG defaire voter des électeurs à plusieurs reprises. C’est, à quelquechose près, ce qui est en train de se profiler. Rien ne garantit quele détenteur d’un acte de naissance soit celui dont l’identité yfigure. Car un acte de naissance ne présente aucun élément d’iden-tification du possesseur qui va s’en servir pour s’enrôler. Le mêmeélecteur peut dès lors se retrouver avec plusieurs identités et autantd’actes de naissance. Le PDG n’a-t-il pas fait le coup de la multi-plication des passeports en 1998 ?

Le projet que Ndongou a fait approuver en Conseil des minis-tres, jeudi 28 février dernier, contient d’autres anomalies qui vontouvrir la voie aux votes des étrangers alors qu’aucune dispositionlégale ne prévoit ce vote. A la faveur d’une astuce glissée dans leprojet de modification, le droit de vote va leur être accordé. Unnouvel alinéa dit ce qui suit s’agissant de l’enrôlement de ceuxqu’on appelait les Gabonais d’adoption. Pour l’enrôlement des «citoyens gabonais naturalisés », ils devront présenter « outre ledécret de naturalisation et le certificat d’authenticité délivré par leprésident de la République, ou le jugement de nationalité et le cer-tificat de conformité délivré par la juridiction compétente, la cartenationale d’identité ou le passeport ordinaire biométrique ». Cequi voudrait dire que le Gabonais naturalisé présentera en plus dudécret de naturalisation et du certificat d’authenticité délivré par laprésident de la République, une carte nationale d’identité (CNI) ouun passeport ordinaire biométrique ; ou alors un jugement denationalité et le certificat de conformité avec l’une ou l’autre cartel’identifiant (passeport ou CNI). A partir de là, quelques questionssont à poser à sa petite majesté Ali Bongo Ondimba, qui a priscette ordonnance : combien d’étrangers vivent-ils à ce jour sur lesol gabonais ? Parmi ceux-là, combien ont été naturalisés au coursdes dix dernières années et sur quels critères ?

En réalité, tout est prêt pour que le fichier biométrique, quebeaucoup ont cru en mesure de sécuriser les élections à venir, àcommencer par les élections locales, affiche les mêmes tares quecelles décriées au cours des vingt dernières années. Dès lors, l’oncomprend toutes les réticences de Ndongou et du PDG à prendreen compte les étapes proposées par l’opposition, dont l’intercon-nectivité. Tout le stratagème de fraudes va reposer sur l’enrôle-ment. Parce que, à ce niveau, un flou artistique est savammentmaintenu sur les « Gabonais d’adoption » ou « naturalisés ». Undésordre est dénoncé sous cape depuis deux ans sur l’octroi de ceprécieux sésame qu’est la naturalisation.

Et ce, malgré les dispositions de l’article 30 de la loi n°37/98 du20 juillet 1999 portant Code de nationalité gabonaise sur l’acqui-sition de la nationalité par l’effet de la naturalisation. Cet articledispose : « La naturalisation est accordée par décret du chef del’Etat, sur demande de l’intéressé, après enquête des services com-pétents et avis de la Cour administrative. Elle n’est jamais dedroit… » L’article est clair. C’est par décret présidentiel que lanaturalisation est octroyée. Or, dans l’ordonnance, nous apprenonsqu’une juridiction compétente peut délivrer « un jugement denationalité et un certificat de conformité ». Une disposition quin’existe pas dans l’article 30 du Code de nationalité. Sauf à croireque cet article contient des subtilités peu évidentes.

En approuvant ce projet d’ordonnance, sa petite majesté a doncpris aussi la responsabilité d’introduire une clause qui permettra degalvauder le processus de naturalisation. Que d’autre fera la « juri-diction compétente » ? Ainsi, le fichier électoral sera gonflé denaturalisés à qui les critères d’adoption ne seraient pas exigés vule service exceptionnel qu’ils vont rendre au régime de sa petitemajesté Ali Bongo Ondimba. Qui a dit que ce dernier était subite-ment devenu un démocrate et qu’il était prêt à céder des pans deson pouvoir, vu son obsession à tout concentrer entre ses mains ?Ali Bongo Ondimba a pris ses responsabilités. Aux Gabonais deprendre les leurs.

Ndongou légalise levote des étrangers

ECHOS Du NordUne publication de la SARL Nord Edition

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D.L.B.N N°2359/01/2011

Directeur de la PublicationDirecteur de la Rédaction

Désiré ENAMETel: 05.02.50.73

Rédacteur en ChefJean Michel Sylvain

06-41-22-49Rédacteur en Chef AdjointMIHINDOU BISSIELOU

Suite de la page 4

Elle doit au contraire être pour nos gouvernants, l’occasion demesurer le chemin parcouru depuis la dernière célébration, lemoment de faire le bilan et de réévaluer les moyens et les straté-gies, ainsi que le temps de la réflexion pour l’avenir.

Certes, on peut créditer l’Etat gabonais d’une volonté tâton-nante dans la réduction d’un certain nombre de vulnérabilités quiaffectent la situation de la femme gabonaise. Le constat vaut sur-tout s’agissant de la situation des veuves avec notamment lacréation d’un certain nombre de missions de service publicvisant à prendre en charge les problématiques spécifiques de laveuve. Ainsi que les projets d’élimination des dispositifs qui par-ticipent à la spoliation de la veuve gabonaise s’agissant en parti-culier des questions de captation d’héritage et de l’attribution ducapital décès. C’est heureux !

Cependant, outre que ces projets et volontés d’action ont uneeffectivité plus ou moins fantomatique. Surtout ces projets et ini-tiatives restent globalement insuffisants pour changer de façondéterminante la situation de la femme gabonaise. Car, la femmegabonaise ne se réduit heureusement pas à un statut de veuve.

Les questions toutes aussi importantes sur lesquelles l’Etatpeut jouer directement un rôle décisif sont, soit totalement occul-tées, soit que les outils qui leur sont consacrés ne sont pas adap-tés traduisant ainsi d’une prise en compte insuffisante des exi-gences de reconnaissance et de valorisation de la femme gabo-naise et de son image dans le monde.

Comment par exemple ne pas s’indigner devant cette situationinacceptable pour notre si riche pays de ce ratio trop élevé – etlargement au-dessus de la moyenne africaine – de mortalitématernelle (519 pour 100.000 naissances selon le ministre de lasanté lui-même) ?

Sur un registre similaire, on trouve la problématique concer-nant les jeunes filles mères ( l’ONU elle même trouvant cettedénomination rabaissante pour cette catégorie de femmes lesappelle maintenant : les mères célibataires) et de leur scolarisa-tion, qui n’est pas traitée en amont de façon satisfaisante, alorsqu’il s’agit d’un vrai fait social qui compromet l’avenir de pansentiers de notre jeunesse.

Il en est de même des sévices sexuels et corporels qui sont unphénomène structurel dont les femmes gabonaises sont l’objetde la part de leurs compagnons.

À quoi s’ajoute le harcèlement sexuel qui bénéficie d’uneimmunité sauvage faute d’un traitement adéquat.

Toutes choses qui participent à la dévalorisation de l’image dela femme gabonaise.

Combien de femmes se soumettent aux chantages de leurssupérieurs hiérarchiques dans l’administration ou de leursemployeurs dans le secteur privé ?

Combien mettent de côté leur dignité pour se soumettre sem-ble-t-il, aux obligatoires et affligeants droits dits de cuissage ?

Cet excès de tyrannie que s’arrogent les hommes sur lesfemmes est destructeur pour notre société puisqu’elle introduit etconforte l’idée répandue dans notre pays qu’une femme n’a pasbesoin de faire des efforts pour réussir, ou qu’elle ne peut réus-sir malgré ses efforts (ce qui revient au même), sans s’acquitterau préalable de « son » devoir de « cuissage ».

La société gabonaise rabaisse tellement la femme qu’il est debon ton de ne jamais lui reconnaître son intelligence, son cotéindustrieux, sa capacité de faire face aux difficultés de la vie enétant le pilier de la famille où l’homme a démissionné, et songout de l’effort au travail; mais de l’avilir, dés qu’elle tente desortir «la tête sous l’eau» ou «des sentiers battus», en lui attri-buant un nombre aussi bien inimaginable qu’imaginaired’amants qui justifierait sa réussite, aussi minime soit elle.

De telles violences qui tiennent lieu de coutumes et qui sontbanalisées doivent être combattues parce qu’elles dénigrent lafemme gabonaise, hypothèque son avenir et inscrivent les jeunesgénérations dans une circularité, un esprit, une mentalité quisape les valeurs morales dont toute société a besoin pour se ras-sembler et se régénérer par le haut.

Sur un tout autre registre où l’Etat peut assez facilement agir,

on peut mentionner la représentativité des femmes dans l’es-pace politique et en particulier au Parlement et dans les collec-tivités territoriales. On peut très bien imaginer qu’on introduiseune loi qui impose aux partis politiques d’avoir parmi leurs can-didats un pourcentage acceptable et significatif de femmes. Unetelle initiative participerait davantage à la valorisation de lafemme gabonaise et à sa dignité plutôt que quelques nomina-tions en trompe-l’œil répondant à des desseins autres que lecombat en faveur de la reconnaissance des femmes et de la pro-motion de l’égalité des chances qui doit par ailleurs rester unevaleur fondamentale des politiques publiques transcendant lesquestions de genre. Les nominations de cette nature font du malà la femme gabonaise et confirment l’idée assez répandue quej’entends souvent dans les colloques et les séminaires et quin’est pas si inexacte que la femme gabonaise n’a que des res-ponsabilités octroyées et non conquises, en comparaison avecses soeurs de l’Afrique de l’ouest ou du sud par exemple qui ontsouvent été le porte flambeau du changement dans leur pays.

Toutes ces questions appellent de la part de l’Etat et de lasociété dans son ensemble des réponses appropriées et urgentes.

Le droit a donc de ce point de vue un rôle prépondérant àjouer.

Mais il ne faut pas ériger la femme exclusivement en objetjuridique.

Elle doit demeurer comme les autres, un sujet de droit. Et s’il y a des discriminations, nombreuses, que la société

cause à la femme gabonaise et qui méritent donc un traitementpar le droit. Il y a aussi sûrement une forme de passivité, d’iner-tie, certaines habitudes horripilantes intégrées dans l’éducation,le raisonnement et la vision de la femme gabonaise qui lui fontcroire avoir la vocation de ne vivre que pour l’homme.

Et le problème de ce point de vue n’est pas de revendiquerl’égalité. Car si on s’attache à l’identification des différentsplans sur lesquels on peut faire exister l’égalité dans une société,on se rend compte que d’un point de vue opérationnel, l’égalitépeut s’appréhender sur quatre plans.

D’un point de vue juridico-politique, elle signifie le droit dejouir des mêmes droits.

D’un point de vue socio-économique, l’égalité se résume à lajouissance des mêmes conditions d’existence.

En troisième lieu l’égalité des capacités qui est la prétentionde posséder objectivement les mêmes compétences techniquesou autres dans un domaine particulier.

Et enfin l’égalité subjective qui est le fait, la prétention, lafierté légitime de se sentir l’égal d’une ou d’autres personnes.

À partir de ce constat, ce que la femme gabonaise est en droitde revendiquer à l’Etat et à la collectivité dans son ensemble,c’est d’un point de vue juridico-politique de jouir des mêmesdroits, de la même égalité de statut civique et culturel. Et aussidans le prolongement de cette première catégorie, sous réservesde situations objectivement équivalentes, une égalité socio-éco-nomique.

Quant aux deux autres plans de l’égalité, c’est à la femmegabonaise elle-même, à titre individuel ou collectif, de les impo-ser par son intelligence, son travail, son action, sa ténacité, sonambition et son engagement dans la société qui inverseront lasituation et feront échec à tous les préjugés et clichés dont elleest actuellement victime.

C’est ici le lieu de lancer à nos filles, à nos sœurs, à nos mères,un appel solennel au changement de perspectives. D’autant quela République gabonaise elle-même est symbolisée en sonsceau, par « la maternité allaitante ». Il n’est, à cette aune, pasconcevable pour la femme gabonaise de se réduire à un destinfragile, à vivre que pour n’être que l’épouse de tel, la maîtressed’un tel, et de n’imaginer s’élever socialement qu’au prix depratiques d’un autre temps et d’un renoncement à sa fierté.

Le moment est venu de s’inscrire, par un engagement person-nel et militant dans un autre schéma de citoyenneté à partentière.

Car, et c’est ma conviction profonde : la femme gabonaise aun rôle à jouer, elle a quelque chose à dire à la société, elle aquelque chose à proposer au monde.

Et elle doit pouvoir le faire sans avoir besoin d’être encaser-née dans les groupes d’animation, sans avoir à succomber audevoir pervers et convaincue d’être un objet de distraction et uninstrument de désirs et de fantasmes pour les hommes. Autantde choses qui rétrécissent ses horizons et lui ferment les issuesde la respectabilité et de la considération.

Cela étant, rien sur le plan de l’égalité des droits, de l’égalitédes chances ne devrait être interdit aux femmes au Gabon, et enmême temps elles-mêmes ne devraient rien s’interdire si ellesveulent s’affranchir de la tutelle oppressante de la société etcelle de leurs maris et même souvent de leurs compagnons enunion libre, un concept qui devrait d’ailleurs être aboli car ilrabaisse la femme et ne lui reconnait aucun statut juridique.

Sans remettre en cause l’altérité, la femme gabonaise doits’assumer en tant qu’être humain, d’une égale humanité auxautres. Elle ne saurait se réfugier perpétuellement derrière sadifférence, sa féminité, sa sensibilité et sa fragilité fantasméepour éviter d’assumer ses responsabilités dans la société.

La différence des sexes ne saurait être affectée en elle-mêmed’un coefficient de valeur positive ou négative.

Ce qui interpelle, c’est que l’on puisse s’appuyer sur cette dif-férence pour fonder une hiérarchie et justifier des inégalités.

Me Paulette OYANE ONDOPrésidente du CDDH

Quelques réflexions d’actualité sur la femmegabonaise : état des lieux et enjeux.

Page 6: Echo du Nord

ECONOMIE/POLITIQUE & SOCIETE 6ECHOS DU NORD N°169 du Lundi 4 Mars 2013

«N’avons-nous pasappris que deuxdroites paral-

lèles ne se rencontrentjamais?».C’est la questionque Mme Sylvie Nkogue-Mbot, présidente du syndi-cat Hippocrate, s’est poséedevant les nombreux jour-nalistes présents. Et depoursuivre, « le patrimoinede la CNSS est constitué parles cotisations des agents dusecteur privé et de celui decertains du secteur public,notamment les collectivitéslocales. Pendant que celuide la Caisse nationale d’as-surance maladie et degarantie sociale est consti-tué des cotisations desagents du secteur public ».Et de s’interroger encore, «comment le gouvernementva-t-il s’y prendre pourconfondre ces deux droitesparallèles?» Selon la coali-tion des syndicats de laCNSS, le gouvernement,semble-t-il, a pris cettedécision en toute ignorancedes implications juridiques,organisationnelles ethumaines qu’elle comporte.

Henri Gauthier

FK

Fam Kesley

CNSS/Transfert des hôpitaux CNSS dans le secteur public

Le mutisme du gouvernement inquiète

CNOU

Le nouveau directeur double saprime de rendement

Le pont de Kango

Les travaux au point mort

La coalition des syndicats de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), constituée des syndicats Hippocrate Snich-CNSS,Syna-CNSS et Sap-CNSS, a tenu un point de presse le vendredi 1er mars 2013, au siège de la Cosyga, dans le troisième arron-dissement de Libreville. A cette occasion, le gouvernement a été invité à se ressaisir par rapport à son projet visant à insérer lescentres hospitaliers de la CNSS dans le secteur public.

Le gouvernement avait annoncé l’aménagement des axes Kougouleu/Medouneu/Sam,Sam/Mitzic et Sam/Bibass, en perspective de la coupure du pont de Kango depuis le5 janvier dernier. Jusqu’à ce jour, rien n’est fait. Le directeur du Centre national des

œuvres universitaires, à peine arrivé, faitpasser sa prime personnelle de rende-ment de 2 à 5 millions par mois, au grandmépris des textes qui régissent cettestructure de l’éducation nationale.

Du point de vue juridique,l’on apprendra que des ques-tions restent sans réponses.Il en est ainsi des attendus etdes modalités du transfert;des dispositions statutaires;sur celles des agents, surleurs droits et sur ceux destravailleurs qui ont cotisépendant des dizaines d’an-nées pour disposer de soinsqu’ils devront bientôt payer.Tout comme la coalition dessyndicats se demande si lestravailleurs devront payerles consultations et les soinsaprès avoir cotisé justementpour ne rien avoir à débour-ser dans l’urgence de lamaladie. Seront-ils rembour-sés? Si oui, quelles seront lesmodalités de rembourse-ment? Autant d’interroga-tions sans réponses. Aussi, lanationalisation des hôpitauxde la CNSS implique quetout le personnel aura le sta-tut de fonctionnaire.Seulement, des dispositionsont-elles été prévues? Lepersonnel hospitalier de laCNSS verra-t-il sa carrièreévoluer, comme le veut lanorme? Au cas où le statutdu personnel hospitalier res-terait toutefois maintenu,quelle sera l’ambiance de

travail lorsque des collèguesà qualification égale, et dansle même service, présente-raient des disparités sala-riales? Les salaires desagents seront-ils alignés surla grille indiciaire de laFonction publique ou surcelle des agents de la CNSS?Encore des interrogationssans réponses sur ces points.Sur le plan organisationnel,l’on retiendra que les défen-seurs de la nationalisation dela CNSS ont illustré leurignorance de la professionmédicale. A ce sujet, la pre-mière règle du Code dedéontologie est l’obligationd’informer le patient. Auconstat, cette exigence n’apas été respectée. Les pro-fessions médicales et les ins-titutions de santé sont cellesqui engagent la plus lourderesponsabilité, car elles ontpour mission d’entretenir lavie et l’intégrité physique etmentale de tout le peuple.Les obligations de moyenset d’informer sont les deuxpendants de cette responsa-bilité. La coalition des syn-dicats de la CNSS est outréede constater à quel point, auGabon, le nivellement se faittoujours par le bas. Dans ces

conditions, quel développe-ment pouvons-nous attendrede nos dirigeants? s’inter-roge-t-elle. En outre, lacoalition s’insurge contre lefait que sans en êtreinformé, le personnel de laFondation Jeanne Ebori avu des ouvriers débarquerafin d’effectuer des travaux.Ce n’est qu’après avoir louéles services d’un huissier dejustice qu’il apprendra qu’ils’agit du désamiantage dubâtiment. Alors que depuis

1997, l’amiante est interditedans tous les pays euro-péens. Tout porte donc àcroire que depuis laconstruction de cetteFondation, le personnel etles patients ont été exposés àce matériau extrêmementtoxique. Respirer les fibresd’amiante cause desfibroses pulmonaires, descancers broncho-pulmo-naires, des cancers de lalèvre et des cancers desvoies digestives.

M. Obert Ndjila, arrivé à la tête du Centre national desœuvres universitaires après avoir jumelé les bud-gets du COU, (UOB et USS) car selon lui, il ne

voyait pas la nécessité de laisser à ces deux structures unegestion autonome. Pour lui, il n’existe que le CNOU,comme pour dire que ceux qui sont passés avant lui n’étaientque des incompétents. Même la décision gouvernementalequi dote ces structures d’un budget, est, à son goût, falla-cieuse.Tous les directeurs qui sont passés avant lui avaient uneprime de rendement trimestrielle de 6 millions. Mais pour lebrave Obert Ndjila, ce montant ne peut lui convenir. Aussi a-t-il simplement décidé d’augmenter ce dernier à la coquètesomme de 15 millions par trimestre, malgré les textes lais-sés par son prédécesseur, M. Mboukiki qui fixait lesditesprimes.Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, il a procédé der-nièrement à un recrutement spécial dans son cabinet d’unequinzaine de personnes, ainsi que l’achat de voitures. Auxdernières nouvelles, le ministre Moudounga refuserait devalider ces actes.Obert Ndjila semble vouloir marquer à tout prix son passageà la tête du CNOU. C’est lui qui a emmené un nouveau pres-tataire au restaurant universitaire, Sodexho. Mais depuis sonarrivée, rien n’a changé dans l’ordinaire des étudiants mal-gré l’augmentation du budget qui est passé de 2 à 5 milliardssans un aménagement du plan social des anciens employésdu restaurant universitaire. La question qui taraude ces der-niers est de savoir si M. Ndjila fera embaucher les autresagents comme il a fait pour son petit-frère, Sissou qui, desimple agent se retrouve aujourd’hui à la direction centraledes affaires financières (DCAF). Attendons voir !

Depuis un mois, lesentreprises Entraco,Socoba, Somicep,

STE et Mika Service sont àpied d’œuvre pour permet-tre aux usagers se rendant àl’intérieur du pays de pas-ser par Medouneu etMitzic, puisque le vieuxpont de Kango devait êtrecoupé pour faire place aunouveau qui a été construitpar les Chinois.Au PK63, après la ville deMedouneu, Somicep estencore en train de faire dusur place malgré le délaidépassé depuis le mois denovembre dernier, alors quecette entreprise a bénéficiéde 9 mois pendant que lesautres n’en avaient eu que 5.Du coup, les travaux deréhabilitation du pont deKango sont toujours repor-tés sans que le gouverne-ment ne puisse taper dupoint sur la table ou simple-ment disqualifier cettesociété qui se montre inca-pable de réaliser des travauxde cette envergure.On se demande pourquoi leministre des travaux publicsne va pas se rendre comptede la réalité sur le terrain aulieu de se contenter descomptes rendus erronés ?Depuis le mois de janvier, le

gouvernement avait annoncéla coupure du pont deKango. En raison du retardoccasionné par Somicep, ladate est repoussée indéfini-ment. Alors, puisque cettesociété n’arrive pas à rem-plir la tâche selon le cahierde charge, pourquoi le mar-ché ne lui est-il pas retiré ?Dans le quotidien « Gabon

Matin » du 14 février der-nier, les responsables decette société annonçaientque les travaux sont en voied’achèvement. Mais lesdélais étant largementdépassés, la question resteentière. Pourquoi le ministredes travaux publics ne leurretire pas le marché pourincompétence ? Peut-être

que M. Ngambia et les chefsde ces entreprises se voientailleurs, qui sait ? En atten-dant, les Chinois tournent enrond à Kango pour acheverles travaux du pont, au granddam des usagers et surtoutdes camions qui se battentencore sur le bac en offrantun spectacle affligeant.

A noter que la situationfinancière catastrophiquedes hôpitaux de la CNSS estmoins due à des facteursconjoncturels qu’à une ges-tion prédatrice des budgetspar des individus affectés àla direction générale, parreconnaissance politicienneou par clientélisme. En lieuet place de procéder à unaudit qui identifierait lesresponsables de la mal gou-vernance et de prendre dessanctions vis-à-vis des per-sonnes qui ont mis à sac lepatrimoine de la CNSS, legouvernement prend ladécision inique d’intégrerles centres hospitaliers de laCNSS dans le secteur publicpour épargner ceux qui l’ontdépouillée. La coalition des syndicatsde la Caisse nationale desécurité sociale (CNSS)reste déterminée à défendreses droits, les vies de sesadhérents et à toujours veil-ler à la santé des Gabonais.Le gouvernement gagneraità communiquer sur toutesles zones d’ombres quiémaillent ce projet et à plusde sérieux dans sadémarche.

Les agents de la Cnss, quel sort?

Ce nouveau pont construit par les chinois attend toujours sa mise en place sur le Komo

Page 7: Echo du Nord

7ECONOMIE/POLITIQUE ECHOS DU NORD N°169 du Lundi 4 Mars 2013

Ali Bongo Ondimba s’est donc vurappelé au bon souvenir de lajeunesse ce lundi 25 février

2013. Ces derniers, qui veulent voir lamatérialisation des engagements prispar le chef de l’Etat lors de la dernièrecampagne présidentielle, auraient prisl’initiative de cette rencontre afin deprésenter au président de la Républiquele fruit de leur réflexion qu’ils ont consi-gné dans un document dit ‘politiquenationale de la jeunesse du Gabon’(PNJG). L’une des mesures phares quepréconisent les jeunes en vue de leurinsertion économique dans la sociétégabonaise, est la mise en place d’unincubateur d’entreprises à leur profit. Un incubateur d'entreprises, faut-il lerappeler, selon plusieurs spécialistes enla matière rencontrées « est une struc-ture d'accompagnement de projets decréation d'entreprises. L'incubateur peutapporter un appui en termes d'héberge-ment, de conseil et de financement, lorsdes premières étapes de la vie de l'entre-prise. À la différence d'une pépinièred'entreprises ou d'un hôtel d'entreprises,un incubateur s'adresse à des sociétéstrès jeunes ou encore en création, et leurpropose un ensemble de services adap-tés. Les incubateurs peuvent se différen-cier entre eux par les services qu'ils pro-posent, leur caractère lucratif ou non, ouencore le type de projets qu'ils ciblent.La plupart des incubateurs sont desstructures à but non lucratif, liées à desorganismes publics ou parapublics. » Vutel quel, c’est véritablement un projetque le pouvoir se doit bien de sortir dela sphère simplement politicienne pouren faire une réalité. Car, bien mené, ilpeut effectivement permettre de boosterl’esprit créatif de la jeunesse gabonaise,et peut-être parvenir à ce que la questiondouloureuse du chômage des jeunes auGabon trouve enfin une solution.Cette vision peut-elle prévaloir dans lamise en œuvre de ce projet ? Les jeunesrencontrés –lire ITW ci-contre - sontoptimistes et veulent voir dans l’enga-gement présidentiel, l’appui suffisant etnécessaire qui leur permettra de passer à

Echos du Nord : Vousavez pris part à l’élabora-tion du document dit depolitique nationale de lajeunesse au Gabon. Enquelle qualité ? Par ail-leurs, le président de laRépublique a annoncé àcette occasion son soutienau projet de création d’unincubateur d’entreprises.Pouvez-vous nous en direplus ?Marius Assoum:Je tienstout d’abord à remercier lejournal « Echo du Nord».Nous avons pris part à lacérémonie solennelle deremise du document relatifà la politique nationale dela jeunesse en tant qu’asso-ciation issue du forumnational de la jeunesse de

Pierre DurandJean Michel Sylvain

Gabon/Politique

Ali Bongo Ondimba rappelé au bon souvenir de la jeunesse

ITW Marius Assoum, secrétaire général de l’association Agir pour une jeunesse autonome (APJA)

« Il est important aujourd’hui dans notre pays que la jeunesse sache queseul l’entreprenariat peut nous rendre maîtres de notre économie »,

clame le secrétairegénéral de l’APJA, Marius Assoum.

Les projets transversaux de L’ANGT

Le président de la République a reçu en grande pompe à la présidence de laRépublique le lundi 25 février 2013, plusieurs jeunes venus officiellement luiprésenter « leur vision » de leur avenir. Parmi les projets retenus, celui de créerau Gabon un incubateur d’entreprises au bénéfice des jeunes. S’agit-il d’uneautre promesse sans lendemain.

Plus de 86 milliards de francs pour l’Agencenationale des grands travaux, c’est le montantalloué à ce groupe de surdoués par les deuxchambres du Parlement dans le budget 2013.Objectif de cette dotation financière: pondre leprojet du Gabon émergent en 2025. Destructionde la Cité de la démocratie et réfection de l’axeBoulevard triomphal - Port Môle. Autre missionpour les génies, développer le tourisme culturelet d’affaires. A la clé, 3 milliards 500 millionspour les missions de planification.

Trois ans après son parachutage à la tête du Gabon par les lobbies affai-ristes, le chantre de l’émergence en est encore à la planification destravaux transversaux pour l’émergence, c’est dans ce sens que plu-

sieurs milliards sont alloués à cette activité. Depuis trois ans, rien de bienconcret n’a été encore réalisé, tout reste dans les discours et les déclarationsde bonnes intentions. Pendant que les Gabonais crient famine et meurentd’un simple accès palustre, à l’ANGT, on se frotte les mains en attendant delancer la course à la manne financière prévue par le budget 2013. Quand lesdéputés pédégistes avaient exprimé leur inquiétude de voir le « machin »d’agence se muer en gouvernement bis, les observateurs avaient cru à uneblague. Sauf qu’en dehors d’aller murmurer au quartier, les pédégistesn’avaient pas suffisamment de courage pour démissionner de leurs postes,tant les intérêts financiers sont importants et se croisent. C’est le croisementd’intérêts qui fait penser que les députés ont accordé autant d’argent à cegroupe de prestidigitateurs, qui jouent aux équilibristes avec le développe-ment économique et social d’un pays, jonglent avec les institutions et pen-sent que l’émergence se décrète. Plus de 86 milliards, c’est le montant quele contribuable gabonais devra payer pour financer des apprentis sorciersafin qu’ils aillent se pavaner dans les rues de Londres et autres villes euro-péennes. Tenez, pour 801 millions, le « machin » a en charge le développe-ment du tourisme culturel et des affaires, et 500 millions de francs pour laconstruction de la chaîne hôtelière Hammams et hôtels cinq étoiles. Maisaucune indication sur les sites choisis pour la construction des hôtels. S’iln’y a rien de surprenant à ce qu’Ali confie la construction des palais prési-dentiels de la Cité de la démocratie et de Franceville à son « machin », cequi est démentiel c’est l’attribution à l’ANGT de la subvention réservée auxorganismes publics personnalisés, une subvention qui s’élève à 30 milliardsde francs. Un terme fourre-tout qui permet à ce groupe d’affairistes et mem-bres du clan de se servir à volonté. Alors que les Gabonais attendent de voirla construction des 3800 logements, avec les 100 milliards promis à l’Etatpar la banque familiale BGFIBank, l’ANGT se tape 86 milliards 686 mil-lions de francs au titre des projets dits transversaux. Pourtant, on n’est pastrès loin du montant demandé à la banque pour construire les logements.Alors que les maisons tant attendues tardent à sortir de terre, les hommes du« machin » vont s’occuper du réaménagement de l’axe qui va du Boulevardtriomphal au Port môle, et de la construction d’un centre conventionné.Aucune notion de priorité, aucun sens de l’urgence dans le programmed’Ali. Les démiurges de l’émergence vont s’occuper à mettre aux normes,prisons et résidences, y compris les missions diplomatiques à l’étranger.Rien n’indique que l’hôtel acquis à Paris pour un montant de 65 milliardssera aussi mis aux normes. Et pour réaliser ces travaux d’Hercules, les illu-minés du « machin » ont eu droit à une importante dotation budgétaire, autitre des missions de planification des projets transversaux. Avec vos calcu-lettes, en additionnant les sommes qui reviennent dans ce paragraphe, voustrouverez la modique somme de 3 milliards, 519 millions de francs CFA.Autant d’argent pour des villégiatures en Europe et ailleurs ! Quand onpense que ceux qui ont voté ce budget sont des Gabonais, qu’ils ont laissépasser toutes ces inepties, et à l’idée que l’ANGT jouit d’une autonomie degestion, on s’accorde sur une chose : c’est la manière la plus subtile de sefaire plein les poches pour les affairistes au pouvoir au Gabon.

2011. Le projet incubateurd’entreprises, qui est notrepremier projet, arrive dansun contexte bien favorable àla politique de créationd’entreprise au Gabon. Lechef de l’Etat, dans son pro-jet de campagne prometdans l’axe 9 un forum natio-nal de la jeunesse. Alors ausortir de ce forum, et auregard des maux qui minentla jeunesse gabonaise, nousnous sommes constitués enassociation et avons montéce premier projet. Le fait quele chef de l’Etat donne sonaccord pour la mise à exécu-tion de notre projet d’incu-bateur ne nous réjouit etnous renforce dans la visionque nous avons de ce projet.Ce dernier une solution

parmi tant d’autres pouraider les jeunes à être auto-nomes, responsables et jouird’une démocratie écono-mique.

Ali Bongo Ondimba a

demandé leconcours d’uncabinet inter-national pourvous accom-pagner. Celan’est-il pas lesignal que ceprojet faitpour lesjeunes, estencore loin devoir le jour dem a n i è r econcrète ?Nous croyonsen notre projet

et aux instructions que lechef de l’Etat a formulées àl’endroit de Monsieur lePremier Ministre, chef dugouvernement pour sa miseen œuvre. Aussi, en ce qui

concerne le cabinet interna-tional, son arrivée au Gabonn’est nullement la volonté duchef de l’Etat, mais la nôtre.Car il ne faut pas perdre devue que nous ne disposonspas au Gabon d’établisse-ment de ce type disposantdes compétences nécessairespour pouvoir mettre enplace une structure de cettedimension. Nous ne réinven-tons pas la roue, carlorsqu’on désire du travailbien fait, il faut se donner lesmoyens, et nous pensons quefaire venir un cabinet d’ex-pertise internationale seraitle bienvenu.

Comment allez-vous pro-céder pour éviter que lecritère de choix des projets

échappe à l’influence despolitiques ?Nous avons parfaitementconscience de ce genre depratique traditionnelle dansnotre pays. Cependant, auregard de la déterminationdont nous faisons preuvedepuis le début, et vu l’enga-gement moral, patriotique ethistorique nous avons par-tialement pris auprès de noscongénères, il est exclu quenous permettions que desprojets soient volés ou sélec-tionnés par affinité. Pour cefaire, nous comptons mettreen place une commissiond’étude et de sélection desprojets. Cette commissionsera constituée d’expertsinternationaux et sera auto-nome.

la phase concrète de leur projet.Malheureusement, cet enthousiasme biencompris de cette jeunesse, doit être tem-péré par l’expérience de l’exercice dupouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Carl’homme a habitué ses compatriotes à degrandes annonces sans nécessairement lesfaire suivre d’effets – l’abandon en rasecampagne du projet de construction de5000 logements par an en est la parfaiteillustration ; les projets annoncés dans lecadre des Conseils des ministres délocali-sés… Il faut espérer qu’au regard de ladétresse de la jeunesse gabonaise, le pou-voir tiendra ses engagements. Car ce n’estpas du tout garanti.Ali Bongo Ondimba vient publiquementd’« instruire » son Premier ministre de «mettre immédiatement à la disposition desjeunes, un bâtiment devant abriter ce pro-jet et à lancer un appel d’offre pour lerecrutement d’un cabinet internationaldevant l’accompagner dans sa mise enœuvre effective. De même, le gouverne-ment devra dans les plus brefs délais met-tre en œuvre le dispositif permettant ledéveloppement de la formation profes-sionnelle, l’apprentissage et l’insertionprofessionnelle des jeunes à la recherched’un emploi.» Vaste programme serait-on

tenté de dire. Et un brin démagogiqueaussi. Le chef de l’Etat, au mois de sep-tembre dernier, a soumis au Parlement unprojet de loi des finances pour l’année2013. Gouverner c’est prévoir, a-t-on cou-tume de dire. L’intéressé a-t-il seulementpensé au projet incubateur d’entreprisespour insérer des lignes budgétaires y rela-tives, dans cette loi des finances que leParlement vient d’adopter ? Si cela n’avaitpas été prévu au moment de l’élaborationde la loi, alors qu’Ali Bongo Ondimbasavait bien qu’il allait recevoir les jeunesquelques mois plus tard, son adresse augouvernement ressemblerait dans ce cas àde la pure démagogie. Où voudrait-il qu’iltrouve un immeuble pour abriter le projetd’incubateur ? Ce qui suppose financer lesloyers et frais de fonctionnement ? Surquel financement va-t-il solliciter un cabi-net international pour accompagner lesjeunes dans ce projet ? En gros, sans ins-cription budgétaire en 2013, où le gouver-nement va-t-il trouver de l’argent pour «… traduire dans les faits l’ensemble deces mesures en faveur des jeunes… »Ce sont autant de questions qui méri-tent des réponses pour rendre crédiblece projet qui a fait ses preuves sousd’autres cieux.

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ECHOS DU NORD N°169 du Lundi 4 Mars 2013ICI ET D’AILLEURS 8

Sous le thème « Bitamface à son avenir sousl'ère de l'émergence »,

l'hebdomadaire « Echos duNord » vient de publier une «communication » fracassantedans le numéro 166 du 11Février 2013.Point n'est besoin qu'il failleêtre un grand clerc pours'apercevoir qu'un tel « dis-cours assez dur », prononcépar un secrétaire général duPDG vise une nominationpolitique, soit comme minis-tre, soit comme candidat «officiel » aux prochaines - etmultiples – « élections »locales en vue.Il ne paraît donc pas, de cefait, utile d'assemblerquelques auditeurs au siègenational de la Chambre decommerce de Libreville. Il nesied pas non plus - surtoutquand on omet ses véritablesorigines nationales - des'acharner à faire contre autruile bilan politique négatif d'undemi-siècle, sans faire lamoindre allusion au dernierélu à qui le « communicateur» doit son ascension au faitedu «parti des masses ».Loin de moi l'idée de susciterune vaine polémique ignare,une brève mise au points'avère cependant nécessaire.Assez connu dans mon pays,comme partout ailleurs, et vul'intérêt grandissant et justifiéaccordé à « Echos du Nord »,je crois de bon aloi et légitimed'éclairer la lanterne floued'un jeune partisan immergédans sa recherche effrénéed'un « nouveau leadership àBitam ».Voici, pour cela un brefaperçu du vécu d'un humble «agent » politique octogénairede Meyo-Kyè, né à Nkok-Oloa en 1929.En qualité de jeune contempo-rain de Jean Mengo (1915-1957), alias JeanNdoutoumou, le brillant servi-teur de Bitam, il convient derappeler d'abord que ce fonc-

tionnaire-là, le premier admi-nistrateur colonial indigène del'A.E.F. (Afrique EquatorialeFrançaise) fut mon prédéces-seur à l'Assemblée territorialedu Gabon.Ensuite, qu'avant le 17 Aout1960, le Gabon était encore undes quatre territoires de lacolonie fédérale de l'AfriqueEquatoriale Française, admi-nistré par un gouverneur, chefde territoire, sous l'autoritéd'un gouverneur général rési-dant à Brazzaville, au Moyen-Congo.Puis survint une loi françaiseédictant un processus ration-nel et accéléré d'évolutionpolitique favorable à la déco-lonisation de l'Afrique noire.Gaston Defferre, député-mairede Marseille et ministreS.F.I.O. de la France d'Outre-mer fut l'auteur de cette loidite « Loi-cadre Defferre ».Dès les années 1955-56, l'ap-plication de la « Loi-cadre »préconise la promotion pro-gressive de quelques « nota-bles évolués » indigènes à desfonctions de plus en plus éle-vées. On trouve ces notablesévolués, Gabonais pour la plu-part, autour de Félix Eboué,Guyanais et gouverneur géné-ral de l'AEF depuis les années1940: Jean Hilaire Aubame (lepremier maire indigène depotopoto), Jean-Rémy Ayounéet René-Paul Souzatte consti-tueront ainsi, avec Jean-Vérin(Dahoméen) et Ekoto-Nkulu-Essam (Camerounais), ungroupe de cadres supérieursindigènes dynamiques, orga-nisés dans une « Union de lajeunesse africaine ».Manifestations culturelles etsportives diverses : tellesétaient leurs activités princi-pales, rapportées régulière-ment dans un périodique dontle titre échappe déjà à mamémoire rebelle, hélas!Ce groupe semble avoir pro-bablement inspiré plus tardGaston Defferre qui favorisel'érection de 14 aggloméra-tions d'Afrique centrale enmunicipalités autonomes :

Douala et Yaoundé auCameroun; Fort Lamy et Fort-Archambault au Tchad;Bangui en Oubangui-Chari;Brazzaville, Dolisie et Pointe-Noire au Moyen-Congo;Libreville, Lambaréné,Mouila, Oyem et Bitam auGabon.Il convient de retenir quel'érection en municipalité de 6agglomérations gabonaisessur les 14 en Afrique centralereflète le niveau d'évolution

du Gabon à l'époque (1956) autriple plan politique, social etsurtout économique ; cetteprécision est d'autant plussignificative que le Gabon estencore, sur les 5 pays concer-nés, le plus petit et le moinspeuplé ( environ 350 000 habi-tants); sur cette liste, Bitam estle seul chef-lieu de départe-ment. Voire!La Loi-cadre envisage aussil'autonomie de la gestionadministrative des territoiresfédérés: cela se traduit parl'éclatement, la décentralisa-tion et la déconcentration del'A.E.F.Entre-temps, pour permettreaux cadres secondaires indi-gènes de la fédération (A.E.F.)d'accéder au rang d'adminis-trateurs des colonies, unconcours est organisé àBrazzaville. Deux candidats

A propos du discours iconoclaste d'un boomerang de BitamPar Jean-Marc Ekoh

Les pétroliers ont transmis un préavis degrève générale illimitée au Premierministre, chef du gouvernement,

Raymond Ndong Sima, le 23 février 2013. Cepréavis court jusqu’au mardi 05 mars à 23heures 59. Passé ce délai, le mercredi 06 marsà 00 heures 01, si aucune réaction n’est enre-gistrée dans le sens des attentes de la puis-sante organisation des pétroliers, le pétrolearrêtera de sortir des pipelines. Le syndicat demande que cesse « l’utilisationillégale et abusive de la main-d’œuvre étran-gère ainsi que les violations répétées desrègles de constitution et de fonctionnementdes entreprises en République gabonaise ».Le syndicat estime aujourd’hui avoir épuisétoutes les règles de courtoisie et toutes lesvoies de discussion possibles. Pour constater« l’incapacité du gouvernement » à « fairerespecter les lois et règlements en vigueur enRépublique gabonaise ». Toute chose qui aamené l’ONEP à durcir le ton. D’où la pro-duction d’un cahier des charges qui contientdes préalables « dont la satisfaction totale estla condition sine qua non pour l’entame d’unequelconque négociation ». Parmi ces préala-bles figurent : l’expulsion du territoire dudirecteur général et du directeur des res-sources humaines du groupe Schlumberger ;

la réintégration immédiate avec interdictionde toutes actions répressives des 17 employéslicenciés ayant participé à la grève et ce, surune durée de 5 ans ; la réintégration de neufsemployés de la SGEPP… ; l’informatisationde la commission nationale pour l’admissionà l’emploi de la main d’œuvre étrangère ;l’audit de la CNSS par un cabinet indépen-dant avec publication des résultats dans undélai n’excédant pas trois mois ; la cessationd’activité immédiate de tous les salariésnationaux et étrangers ayant atteint l’âge de laretraite et le refoulement de tous les travail-leurs étrangers en situation régulière ou irré-gulière, dans toutes les entreprises du secteurpétrolier etc. Parmi ces préalables ont étéintroduits des points de droit comme la miseen application de l’article 140 de la loin°21.2010 du 27 juillet 2010 portant ratifica-tion de l’ordonnance n°018/PR/2010 du 25février 2010 portant modification de certainesdispositions du Code du travail enRépublique gabonaise, etc.Ce sont là autant de points sur lesquelsl’ONEP ne transigera pas. Le ministre dupétrole, l’omniscient Etienne Ngoubou, a dupain sur la planche. C’est l’heure de démon-trer ses très hautes compétences. Nous yreviendrons.

Grève de l’ONEPLes pétroliers dénoncent les violations

répétées de la loi

seront admis à l'école colo-niale en 1956 : JosephPouabou du Moyen-Congo, etJean Ndoutoumou du Gabon.Jusque là conseiller territorialdu Gabon pour le compte duWoleu-Ntem, élu sur une listeconduite par Yves-HenriEvouna, Jean Ndoutoumoudevra renoncer à son mandatpolitique et, pou lui succéder,il proposera le nom d'un cer-tain jeune moniteur d'écoleprimaire prostestant : Jean-

Marc Ekoh Ngyema, queJean-Ndong Ngyema (unEbah) et François Okpwé Mba(un Esseng) surnommeront LETESTAMENT (deNdoutoumou).Jean Ndoutoumou aura ainsiquitté un département duNtem très prospère, pour laFrance. Bitam lui doit en effetun bilan considérable: un aéro-port international, le troisièmedu territoire après Libreville etPort-Gentil, aéroport qui fut,en 1940 hélas! le théâtre del'accident mortel du colonelParent, qui au Gabon fut, avecPhilippe Leclerc, futur maré-chal de France, un des hérosd'une guerre franco-françaiseignoble perpétrée par le gou-verneur Masson et l'évêqueLouis Tardy.600 km de routes vicinalescarrossables permettaient auxhabitants des cantonsd'Ekorété, du Nord et du Sud,de se rendre à Bitam en trèspeu de temps; la populationrurale avait accès à des dispen-saires proches, fournis enmédicaments courants et diri-gés par des infirmiers compé-tents, presque tous « prépara-teurs en pharmacie »; déjà sco-larisés à 80%, les enfants fré-quentaient une quarantained'écoles primaires, protes-tantes pour la plupart ouvertespar le pasteur Félix Ombaghodepuis 1929; la COPECA(Coopérative des Planteurs deCacao du Woleu-Ntem) tenaitses Conseils d'administrationet d'Assemblées générales àNkolmengbwa, le grand carre-four situé au débouché de laroute départementale de des-serte du Haut-Ntem ( le plusimportant producteur de larégion).Plaque tournante du nord duGabon, Bitam était aussi lesiège de « La Cabosse », lemensuel illustré de liaison etd'information concernanttoutes les activités sociales etéconomiques des producteursde 50 000 tonnes de cacao paran ; la villa en pisé blanchie àla chaux, avec le toit de zincrouge à quatre pentes faisait lafierté des grands planteurs qui,tous, se déplaçaient à vélo,coiffés d'une casquette bleu-

nuit « commandée » àMarseille.Signe des temps : MonsieurOlomo Edzang, le beau-frèrede Ndoutoumou et jeune insti-tuteur sorti de l'Ecole descadres de Brazzaville, quittases prestigieuses fonctionspour s'installer à Ayiborville,un petit village qu'il fonda àl'orée de sa cacaoyère!Simple question : En quoi lesélus qui se sont succédés àBitam sont-ils, tous, coupablesdu marasme général actueld'un département désormaisvictime consentante la plus «soumise » au sottisier quin-quénaire du parti dont le com-municateur se veut le seul etmeilleur porte-étendard dansson inflation verbale?Après le départ de JeanNdoutoumou, et avant l'ère oùla médiocrité se veut unevertu, malgré la turbulence deson bref mandat politique,depuis son élection àl'Assemblée territoriale le 31mars 1957 en qualité de repré-sentant du Woleu-Ntem, surune liste de 7 personnesconduite par Yves-HenriEvouna Mba, Jean-Marc EkohNgyema, pour ne parler que delui, n'aura-t-il pas doté sonpays d'importantes infrastruc-tures de base, tant locales quenationales, jusque là inexis-tantes?(Je tiens à rappeler que,contrairement à la situation «tribaliste » actuelle, chacun demes collègues représentait uneprovince et pas un village; onétait ministre d'un domaineadministratif pour l'ensembledu territoire national, pas pourle canton de quelques campe-ments, ni pour un obscur quar-tier urbain!).A qui doit-on l'hôpital départe-mental de Bitam, jadis animéparfois par deux médecins,dont la réputation dépassaitnos frontières? Je pense iciaux consultants tels queMengue-me Mbo-Nkumu,grand chef « zomo » de Zok,de Guinée Equatoriale; jepense à la jeune épouse stérilede notre ambassadeur duCongo Brazzaville, etc.A qui doit-on la défunte délé-gation régionale de laChambre de Commerce etd'Agriculture, dont le magni-fique siège jouxte monimmeuble à Bitam?A qui doit-on les réseauxurbains de distribution d'eau etélectricité de Bitam?A qui doit-on le réseau de télé-phone fixe, le lycée SimonOyono Abaga et le lycéeJésus-Marie?Au niveau national, à qui doit-on les tout premiers lycéespublics de nos 9 chef-lieux deprovince, le lycée technique deGué-Gué (devenu « lycéenational » Paul-MarieGondjout), et le lycée tech-nique de Moanda?A qui doit-on les multiplesécoles « Peace-Corps »implantées dans tous lesgrands villages du pays?A mon retour en 1969 d'unevisite en Cote d'Ivoire, visite àlaquelle j'avais associé 18 pay-sans gabonais (2 par pro-vince), j'avais obtenu sur lesconseils du « président paysan» Houphouet Boigny, l'intro-duction au Gabon des bovinsde race « ndama », distribués àdes Gabonais de partout; desranches de « ndamas » impor-tants avaient même été instal-lés dans le Haut-Ogooué et la

Ngounié.Durant les années 1968 à1970, le Gabon devient la terred'asile pour des centaines demilliers de réfugiés accourusde plusieurs pays africainsébranlés par des crises poli-tiques. Le spectacle inouï dudébarquement des familleséperdues d'Ethiopiens,Angolais, Équato-guinéens, etsurtout Biafrais squelettiques,œdémateux ou exsangues, nusou agonisants, est on ne peutplus effroyable. Les Eglises etl'Etat gabonais offrent sponta-nément leur accueil tradition-nel et charitable.Voila dans quelles conditionsje suis invité à Abidjan par laCETA (Conférence desEglises de Toute l'Afrique)réunie en Assemblée générale,pour y prononcer un discoursde circonstance, en remplace-ment du ministre kenyan TomMboya, victime récente d'uncrime politique.« Les Eglises (africaines)aujourd'hui en action avec leChrist, au plan social, écono-mique et politique», tel est lethème qui me fut proposé. Lesdébats et commentaires quisuivirent l'exposé m'amenè-rent à mettre en place un «Comité gabonais de survie desenfants du Biafra».A l'étranger, les Eglises évan-géliques d'Allemagne semobilisèrent pour financer laconstruction de l'actuel grandhôpital de Melen, dont CaritasInternational (catholique)assuma une gestion multi-forme très saine.La garde, les soins de santé etl'éducation des enfants biafraisfurent confiés à l'hôpital A.BSchweitzer de Lambaréné etaux bienveillantes paroissescatholiques de Sainte-Marie,Saint-André et Saint-Michel(Libreville), Saint-Louis(Port-Gentil), Sainte-Anne(Fernan Vaz), Sainte-Therèse(Angon/Oyem) et Jésus-Marie(Bitam).Michalon, agronome français,tentera de vulgariser l'avicul-ture dans les villages duWoleu-Ntem à partir d'un futurcollège agricole prévu àAyananga.Quelques années plus tard,mes fonctions œcuméniquesm'amèneront à co-présider,avec un pasteur français et P.-C. Damiba, directeur généralde la BOAD (Banque OuestAfricaine de Développement)un Comité d'aide au Sahel.Voilà, en ce qui concerne, lesurvol de mes services accom-plis dans un passé assez peuflatteur, certes, en qualité d'élubitamois, chrétien et moniteurd'écoles privées protestantes.Je ne dirai rien d'autre en lieuet place de mes successeurs.Car il me semble indécent defaire leurs bilans.Par contre, j’exhorterais volon-tiers mon jeune concitoyen deMeyo-Kyé à franciser son pré-nom et le patronyme de sonvénérable géniteur, avant des'élancer dans sa quête (légi-time?) d'un quelconque leader-ship; l'iconoclasme peut,comme le ridicule, tuer lesmeilleures aspirations : pour-quoi donc « Carlos », au lieude « Charles »? Pourquoi «Ella », au lieu d' « Ela »?« Ella » est un prénom person-nel féminin castillan, qui seprononce « élia ».A bon entendeur...

Jean Marc Ekoh à l’inauguration du Lycée Léon Mba en 1961