Download - FV mai 2015
-
Loup, y-es-tu ?
Il sera question du loup dans cette dition de mai. Peu
danimaux pourraient disputer au loup le triste privilge dins-
pirer tant de haine et dpouvante. Et pourtant, on constate
que grce sa domestication, il y a au moins 36 000 ans,
Homo sapiens aurait supplant Nanderthal. Actuellement,
Sgolne Royal serait plutt encline autoriser les
prlvements de loups pour soi-disant aider les bergers
protger leurs troupeaux. Si vous allez voir le film de Jean-
Jacques Annaud, Le dernier loup , vous serez merveills
par la somptuosit des images et vous serez rvolts par la
barbarie de quelques hommes qui vont massacrer les louve-
teaux dans leur tanire, sans considration aucune pour le
fragile quilibre naturel que respectaient les Anciens.
Et les loups en politique, me direz-vous ? Nous en avons
de beaux exemples la tte dEELV national, qui ont provo-
qu des ractions indignes chez les militants. Des CPR de
toutes les rgions, remontent des motions pour demander
nos reprsentants nationaux de cesser leurs luttes striles et
de se concentrer sur les proccupations de nos concitoyens.
Alors, lheure o nous sommes en train de prparer les
lections rgionales, il est temps de nous rassembler, de ces-
ser nos rivalits et de nous centrer, enfin, sur lcologie !
Suzy Antoine
Membre du CLFV (1)
(1) Comit de lecture de la Feuille Verte
MAI 2015 / n207 / 1,70
-
ORNANS : UNE PRATIQUE MILITANTE D'UN TYPE NOUVEAU ?
Sommaire
2
P 1 : Edito
P 2 : Ornans : une pratique militante dun type nouveau ?
P 5 : Pour un dsarmement unilatral
P 6 : Rflexions critiques sur le terrorisme
P 8 : Crdit Impt Recherche
P 9 : Science et cologie
P 11 : Et maintenant, sus aux louveteaux !
P 12 : Un mois, mois et moi
P 14 : Bulletin dadhsion
Une candidature tardive
Le nouveau canton d'Ornans est une
rgion trs vaste qui va du voisinage de Be-
sanon (Tarcenay) la frontire suisse (Les
Allis). Il regroupe trois anciens cantons :
Amancey, Ornans, Montbenoit, plus le Val
d'Usiers qui faisait partie de l'ex-canton de
Levier. En tout 65 communes rurales tradi-
tion fortement conservatrice.
Vers la fin du mois de janvier, il n'y
avait toujours pas de candidature de gauche
et le risque tant grand que les lecteurs
n'aient choisir qu'entre la droite et
l'extrme droite. Christophe Garnier, maire
dlgu de Doulaize, une petite commune
de l'ex-canton d'Amancey, contacte alors
l'quipe de Claude Jeannerot et prend son
bton de plerin pour essayer de trouver les
trois autres membres du quadrinome ,
lections dpartementales
On n'a pas beaucoup entendu parler du canton d'Ornans lors des rcentes dpartementales. Pourtant il s'y est pro-
duit un petit vnement pass presque inaperu : dans un contexte politique national trs dfavorable, la gauche a t
prsente au second tour, ce qui n'tait pas arriv depuis 20 ans sur ce territoire. On peut sans doute en tirer quelques en-
seignements et envisager des perspectives.
-
si possible reprsentatifs de ce vaste canton.
La tche se rvle difficile dans cette terre de droite.
Et ds le dpart, la majorit dpartementale ne semble
pas trs enthousiaste : demi-mot, on comprend qu'il ne
faudrait pas que les candidats soient des opposants trop
dtermins M. Longeot, snateur-maire UDI d'Ornans.
C'est beaucoup plus tard, quand le soutien de celui-ci
deux candidats PS de Besanon sera rendu public, qu'on
comprendra pourquoi
La notion floue de majorit dpartementale
Disons-le d'entre de jeu : le bilan de Claude
Jeannerot tait globalement plutt bon, avec des points
forts comme une politique sociale dynamique et ambi-
tieuse, le soutien l'investissement des communes, la
gratuit des transports scolaires, un engagement la pro-
tection des rivires comtoises, etc., mme s'il y avait eu,
pour les cologistes, un saccage environnemental impor-
tant sur le Mont d'Or par l'installation destine fabriquer
de la neige artificielle. L'ide de continuer une politique
dpartementale de gauche pouvait donc se dfendre et
mme tre au cur d'une argumentation lectorale.
Sauf que l'quipe de Claude Jeannerot ne parlait pas
de politique de gauche, mais seulement de majorit d-
partementale On va s'apercevoir trs vite que cette
notion est beaucoup trop vague : la grande majorit des
personnes interroges autour de nous ne savait mme pas
si c'tait la gauche ou la droite qui tait aux commandes
du dpartement du Doubs. Nous n'avons toujours pas
compris pourquoi l'quipe de Claude Jeannerot attribuait
cette notion des vertus magiques Il faudra attendre le
deuxime tour pour voir fleurir, Besanon, des affiches
qui parlent clairement de l'objectif de conserver le dpar-
tement gauche.
Signalons d'ailleurs qu'il y a eu une erreur strat-
gique de campagne. La politique nationale de Franois
Hollande est tellement dcrie qu'on n'ose plus s'y rfrer,
et juste titre la campagne a t recentre sur les enjeux
dpartementaux, mais en mme temps, on a fait appel
des membres du gouvernement pour soutenir les candi-
dats. Cherchez l'erreur
Toujours est-il qu'il nous (1) a fallu batailler ferme
pour ne pas nous contenter de cette rfrence la
majorit dpartementale et imposer notre slogan
Pour un canton dynamique et solidaire , ajouter
Divers gauche sur l'affiche et la profession de foi et
passer du mot d'ordre trop paternaliste Agir pour vous
quelque chose de plus participatif : Agir avec vous et
pour vous . Bien sr, la bataille a t symbolique, mais
cela en dit tout de mme long sur certains fonctionne-
ments politiques
Une campagne riche d'enseignements
Ces points de friction ont, en quelque sorte, cristalli-
s deux conceptions de l'action politique : une conception
dmocratique et citoyenne, qui part de la base, et une
conception directive , qui part d'en haut et qui consi-
dre les militants surtout comme des colleurs d'affiches et
des distributeurs de tracts. En plus d'tre un choix idolo-
gique, l'exprience de notre groupe municipal d'Ornans
nous amne penser que c'est la conception dmocra-
tique et participative de l'action politique qui est la plus
mobilisatrice et donc la plus efficace.
Une campagne lectorale est aussi une bonne occa-
sion de sortir des petits cnacles de l'entre-soi et de se
confronter d'autres points de vue. Du ct des lus, ce
sont souvent les aberrations de la rforme territoriale qui
sont venues sur le tapis : organisation d'une lection avant
qu'on sache les comptences du dpartement, dcoupage
dont on a du mal de comprendre la logique, mme si le
souci de la parit et d'une plus grande galit dmogra-
phique tait lgitime. Comme il ne s'agit pas de grer un
canton mais bien un dpartement, l'instauration de la pro-
portionnelle aurait t une solution bien prfrable.
Nous avons aussi beaucoup entendu le dsarroi des
lecteurs de gauche des milieux populaires dus par les
promesses non tenues et les drives librales. Il est d'ail-
leurs totalement invraisemblable que nos dirigeants n'en-
tendent pas cette France qui souffre et qu'ils annoncent
qu'ils vont poursuivre la mme politique, celle qui a dj
fabriqu quelque 600 000 chmeurs de plus en 3 ans. Il
n'est donc pas tonnant que le taux d'abstention grimpe.
cet gard, rendre le vote obligatoire ne ferait que traiter
les symptmes, pas les raisons profondes : la perte de con-
fiance dans les responsables politiques, qui semblent d-
connects des ralits vcues au quotidien dans les mi-
lieux populaires.
3
-
Faire vivre un rseau citoyen
Il est donc ncessaire de repartir de la base et ce
sont ces principes que nous essayons d'appliquer. Ds le
dpart, notre groupe municipal d'Ornans a jou un rle
important. La candidate Colette Groleau et la remplaante
Heidi Fontaine en font partie et le groupe a servi aussi de
soutien logistique la campagne.
En ce sens, l'exprience des municipales a t rin-
vestie, avec le souci de rassembler tous les militants du
secteur, des sympathisants Front de Gauche aux quelques
rares adhrents PS en passant par les militants colos. Mais
ces lections ont t aussi l'occasion de nouvelles ren-
contres sur l'ensemble du nouveau canton, jusqu' la
Chaux-de-Gilley, o le remplaant du ticket lectoral, Gilles
Bolle-Reddat, est maire.
Dans cette campagne, on a vu peut-tre se dessiner
une nouvelle forme d'engagement citoyen, avec trs peu
de gens encarts . Pourtant la cinquantaine de personnes
qui se sont retrouves pour faire le travail militant prou-
vent toutes le besoin de se rassembler et de se coordonner
pour agir. Nous devons tre attentifs ces nouvelles
aspirations qui mergent. Les partis politiques doivent
respecter strictement l'aspiration un fonctionnement
dmocratique et unitaire, tout en donnant un coup de
main quand c'est ncessaire. Il reste fdrer les nou-
veaux contacts pris pour en faire un rseau militant et
citoyen d'un type nouveau.
Mais un rseau militant actif ne doit pas fonction-
ner seulement au moment des lections. Il faut qu'il y ait
d'autres occasions, intervalles plus ou moins rguliers,
d'changes et de rencontres. Ornans, les conseils mu-
nicipaux sont systmatiquement prpars par
10-12 personnes alors que nous ne sommes que 4 con-
seillers d'opposition. Nous avons aussi le projet de pro-
poser, plusieurs fois dans l'anne, des cafs citoyens
pour discuter de sujets varis (socitaux, environnemen-
taux, conomiques et sociaux). Et nous avons dj pro-
gramm deux confrences-dbat plus ambitieuses,
invitation plus large, sur des sujets trs importants pour
la priode : le 5 juin sur la transition nergtique et le 26
septembre sur le drglement climatique.
Grard Mamet
(1) Un groupe s'est constitu pour organiser la
campagne avec le quadrinome runi autour de
Christophe Garnier. la base, des membres du groupe
municipal d'Ornans auquel j'appartiens (Ambitions et
Solidarit pour Ornans) et de l'association Pour un Can-
ton vivant.
4
Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comt
(14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)
Directeur de publication : Grard Roy
Comit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,
Grard Roy, Suzy Antoine, Franoise Touzot
CPPAP: 0518 P 11003
Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine
-
5
Pour un dsarmement unilatral
Voil vingt ans quune parole officielle a t pro-
nonce sur la guerre par une cologiste dELV.
Depuis, il semble que dautres soucis, parfois des
guerres picrocholines, aient mobilis les militants, les
lus, les porte-parole dune famille politique qui fut en
son temps le chantre du pacifisme.
La guerre est pourtant une brlante actualit :
elle fait chaque jour des victimes directes, et envoie sur
les routes les plus dsoles du monde un flot de rfugis
que les nantis prfrent ignorer.
La France est trs implique dans les enjeux
militaires internationaux, par des interventions directes
en Afrique et par une activit florissante dans larme-
ment de diffrents protagonistes, au Moyen-Orient en
particulier. La vente rcente davions Rafale lInde,
les dclarations de Franois Hollande sur la d-
fense nuclaire, la valorisation du Laser Mgajoule (1)
par un discours euphorique du Premier ministre (malgr
la signature par la France du trait de non-prolifration
des armes nuclaires), tout laisse penser que nous vi-
vons une re belliqueuse , et que larme nuclaire
redevient, comme au temps du gnral De Gaulle, loutil
mythique de la grandeur de la France, et sans doute plus
encore un argument prcieux dans le commerce de
la mort.
Je ne viens pas ici argumenter une nime
fois sur laberration de larmement nuclaire, crimi-
nel contre lhumanit, donc inutilisable, dangereux
par sa possession mme, et trs coteux pour un
budget national en grande difficult. Je demande
simplement qu'Europe cologie Les Verts se pro-
nonce en faveur du dsarmement unilatral de la
France, et que les instances rgionales en fassent la
demande au national.
Antoinette Gillet
(1) Le Laser Mgajoule (LMJ) a t mis en
service fin 2014, avec une premire campagne de
physique des armes. C'est une installation majeure
du programme Simulation. Il sert tudier, toute
petite chelle, le comportement des matriaux dans
des conditions extrmes similaires celles atteintes
lors du fonctionnement nuclaire des armes
LES COLOGISTES SONT-ILS ENCORE
DES PACIFISTES ?
Nous pensons quil ny a ni guerre sainte, ni guerre juste, ni bonne guerre.
Toute guerre est illgitime. (Dominique Voynet, Oser lcologie et la solidarit, d. de
lAube, 1995, p. 103).
-
6
REFLEXIONS CRITIQUES SUR LE TERRORISME
Les attentats de janvier Paris ne doivent pas d-
former notre perception : ce sont les populations civiles
des pays musulmans qui sont les premires touches par
les exactions des islamistes. Dans Le Monde Diplomatique
d'avril, Alain Gresh, qui
est un spcialiste du
Moyen-Orient, livre
quelques explications
sur les conditions qui
favorisent le dvelop-
pement du terrorisme.
Question de vocabulaire
Rien ne peut justifier les actes de barbarie
comme la dcapitation de journalistes ou d'otages. Mais il
est important aussi de ne pas oublier la terreur seme par
les drones et les bombardiers amricains ni les innom-
brables bavures qui alimentent la haine contre
l'Occident dans les populations touches. Ensuite, selon le
camp auquel on appartient, on n'utilise pas le mme lan-
gage : on parle de rsistants ou de barbares, de combat-
tants de la libert ou de dlinquants, etc. Le qualificatif de
terroriste s'applique toujours l'Autre. Le Hamas est
qualifi de terroriste pour avoir tu 3 civils israliens
pendant la guerre de Gaza de l't 2014, mais pas l'tat
d'Isral qui, avec ses chars et ses avions, a pourtant tu
entre 800 et 1 000 civils, selon l'arme isralienne elle-
mme, dont plusieurs centaines d'enfants. La notion de
guerre asymtrique est sans doute plus approprie
que celle de terrorisme .
En effet, selon Alain Gresh, le concept flou de
terrorisme tend dpolitiser les analyses et par l
rendre impossible toute comprhension des problmes
soulevs : nous luttons contre l'empire du Mal et
la seule solution tiendrait donc dans l'limination
physique des barbares. Entre 2001 et 2013, le
nombre d'attentats a tripl. Ne faut-il pas s'interroger
sur les consquences des politiques menes par les
tats-Unis et leurs allis depuis plusieurs dcennies
en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Pakistan et plus
gnralement au Moyen-Orient ?
Chaos constructif ?
C'est l'expression employe en 2005 par
Condoleezza Rice pour justifier la politique de Bush
dans la rgion. Chaos est bien le mot qui convient
pour parler du rsultat des politiques occidentales :
L'tat libyen a disparu, l'tat irakien sombre dans le
confessionnalisme et la guerre civile, le pouvoir
afghan vacille, les talibans n'ont jamais t aussi puis-
sants au Pakistan. (1)
Et la lecture religieuse que certains dirigeants
occidentaux, autant que les islamistes, veulent nous
imposer est trs dangereuse parce qu'elle alimente la
guerre des civilisations chre aux noconserva-
teurs amricains et Netanyahou. Alain Gresh fait
rfrence un livre crit par un ancien de la CIA,
Graham Fuller : Un monde sans islam (2).
Point de vue
-
7
L'auteur rsume lui-mme sa conclusion : Il
existe un douzaine de bonnes raisons en dehors de l'Islam
pour lesquelles les relations entre l'Occident et le Proche-
Orient sont mauvaises : les croisades (une aventure cono-
mique, sociale et gopolitique occidentale), l'imprialisme,
le colonialisme, le contrle occidental des ressources du
Proche-Orient en nergie,
la mise en place de dicta-
tures pro-occidentales, les
interventions politiques et
militaires occidentales sans
fin, les frontires redessi-
nes, la cration par l'Occi-
dent de l'tat d'Isral, les
invasions et les guerres
amricaines, les politiques
amricaines biaises et
persistantes par rapport
la question palestinienne,
etc. Rien de tout cela n'a de rapports avec l'Islam. En
fait, compte tenu de la prgnance du fait religieux dans
cette rgion, il n'est pas surprenant que les ractions
soient, effectivement, reformules en termes religieux ou
culturels. Mais ce n'est pas l'islam qui est l'origine des
conflits.
Oui, il faut dnoncer les discours de haine
propags par certains prcheurs musulmans radi-
caux, mais entrer dans une problmatique d'affron-
tement religieux ou de guerre de civilisation serait
faire le jeu des islamistes et de l'extrme droite. Et
de notre ct, nous devons nous battre pour infl-
chir les politiques occidentales qui alimentent, de-
puis des dcennies, le chaos et la haine.
Grard Mamet
(1) Pour en finir (vraiment) avec le terrorisme, Alain
Gresh, Le Monde Diplomatique, avril 2015, p. 17.
(2) A World Without Islam, Little Brown and Co, New
York, 2010. Cit par Alain Gresh.
Comment recevoir La Feuille Verte ?
Vous ntes pas adhrent dEurope Ecologie Les Verts de Franche-Comt ?
Et du mme coup, vous ne recevez pas systmatiquement
La Feuille Verte, le mensuel des colos comtois ?
Abonnez-vous ! Rabonnez-vous! Et faites abonner les gens autour de vous !
Ainsi, vous serez sr de ne rater aucun numro, et cela pour la modique somme
de 16,00 euros seulement (11 numros par an).
Nom : . Prnom : ...
rue : .
CP : Ville : .
Chque lordre dEELV-FC, adresser :
EELV-FC 14, rue de la Rpublique 25000 Besanon
-
8
Sans vouloir alimenter de manire excessive le
Hollande bashing, sans vouloir toujours crier au loup et
renforcer la dsesprance et les craintes d'un avenir non
pas bleu marine mais noir de rancur, il nous faut bien
regarder en face des faits.
L'association Sciences en marche , qui avait
t, au mois de juin 2014, l'initiative d'une marche pour
dfendre la recherche publique et avait demand la ro-
rientation de 4 milliards du Crdit d'Impt Recherche
(CIR), sur les 6 qu'il cote, vers les organismes de re-
cherche et les universits, a t auditionne par une
commission snatoriale et a publi un rapport : CIR et
Recherche & Dveloppement : efficacit du dispositif de-
puis la rforme de 2008 (1).
Certes, le CIR n'a pas t mis en place l'arrive
de Hollande la prsidence de la Rpublique, mais sa
drive s'est poursuivie et amplifie depuis le dbut de
son mandat.
Son cot est pass d'environ 1 milliard d'euros en
2008 6 milliards en 2014 ; pour quels rsultats ? Le rap-
port indique : Il nexiste aucune corrlation entre la
cration demplois en R&D et la crance de CIR pour
l'ensemble des entreprises (p. 9). Certes, des emplois ont
t crs par les entreprises de moins de 500 salaris (ce
qui tait la cible vise), mais les entreprises de plus de
500 salaris, qui bnficient de 63 % des sommes en jeu,
n'ont cr que 18 % des emplois. Pire, les secteurs les
plus gourmands en crdit (Sanofi par exemple) ont d-
truit 2 400 emplois. Pire encore, le CIR a cr un effet
d'aubaine, une fraude avre (p. 21). Pour le dire vite,
des emplois classiques sont dclars comme emplois
Recherche et Dveloppement pour bnficier de la
manne publique. : Le CIR a visiblement dclench un
comportement opportuniste chez certaines entre-
prises ,qui tentent den bnficier sans rellement investir
dans la recherche ou linnovation (p. 28) ; cot du d-
tournement : 6 milliards d'euros.
Autrement dit, les grandes entreprises se gavent
d'argent public sans rel effet sur la recherche et l'em-
ploi. Nous sommes dans la mme logique que le CICE (2),
dans l'absence de conditionnalit et de contrle. Et cela
finit par coter cher aux finances publiques ! Et la
dette.
Dans le mme temps, la jeunesse, dont Franois
Hollande voulait faire une priorit, cette jeunesse qui
s'est investie dans des formations doctorales, se retrouve
sans perspectives d'emploi, que ce soit l'universit (gel
des postes) ou dans les organismes publics, tel le CNRS
qui recrute de moins en moins ; cette jeunesse se prca-
rise de petits contrats en petits contrats.
Et long terme, la baisse du nombre d'tudiants
dsireux d'investir le monde de la recherche aura proba-
blement un effet catastrophique sur nos capacits pro-
duire non seulement de l'innovation, mais aussi de la
connaissance.
Alors, quand Sciences en marche demande
que, sur les 6 milliards du CIR, 2 soient consacrs aux
PME et 4 la recherche publique (le tout budget cons-
tant, donc sans effet sur la dette), pourquoi n'est-elle pas
coute ? Il ne s'agit mme pas d'tre plus gauche,
juste de regarder en face les faits et d'avoir le courage de
bouger la ligne pour rpondre l'attente : celle de jeunes
chercheurs ou futurs chercheurs, celle des chercheurs en
place qui n'en peuvent plus de chercher de quoi faire de
la recherche.
Michel Boutanquoi
(1) http://tinyurl.com/mgnocmn
(2) Crdit d'impt pour la comptitivit et l'emploi.
Crdit Impt Recherche
CARAMBA, ENCORE RAT !
-
9
RETOUR DE L'OBSCURANTISME, DOMESTICATION DU LOUP
ET ECONOMIE COLLABORATIVE
Science et cologie
1. Le rveil de l'obscurantisme
Au XVIIe sicle, par le postulat d'objectivit, Gali-
le et Descartes avaient libr la science du joug de la
thologie et de la religion. Depuis quatre sicles s'est donc
construite la ncessaire distinction entre savoir et croire.
Or aujourd'hui, des mouvements inquitants se dvelop-
pent autour du crationnisme. Les crationnistes, qui
sont particulirement actifs aux tat-Unis et en Arabie
saoudite, cherchent ravaler la science de l'volution au
rang de simple discours hypothtique en concurrence
avec la thse crationniste. (La Recherche n498, avril
2015, pp. 56-59)
Commentaire : La construction de la science ne
s'est pas faite sans rsistance. Ce sont les dcouvertes, les
observations et les expriences qui ont progressivement
fond la science et sont venues bout des explications
thologiques. Les crationnistes du dessein intelli-
gent (1) rtablissent la confusion entre croire et savoir.
On revient quatre sicles en arrire, aux formes de su-
perstition et de fanatisme. Cette guerre idologique se
joue contre la science, mais aussi contre la libert de pen-
ser, au profit d'une rgression intellectuelle, sociale et
politique. Il s'agit donc d'intgrisme politique autant que
religieux, qui vise interdire la libert de pense et d'ex-
pression.
2. L'volution de l'homme sur la piste du
loup
Le chien est un loup domestiqu et il n'y a que
0,2 % de diffrence gntique entre les deux espces.
Par ailleurs, le loup est le premier animal a avoir t
domestiqu par l'homme, il y a au moins 36 000 ans,
bien avant le cheval ou le mouton, par des tribus no-
mades de chasseurs-cueilleurs. Entre 40 000 et
30 000 ans, les Homo sapiens ont supplant les
Nanderthaliens. L'ide avance par certains cher-
cheurs, c'est que l'utilisation du loup domestiqu
comme auxiliaire de chasse aurait donn un avantage
Homo sapiens, qui aurait pu ainsi mieux nourrir ses
enfants et l'emporter au niveau dmographique sur les
Nanderthaliens. (La Recherche n498, avril 2015,
pp. 60-65)
La science pour clairer les choix de l'cologie politique.
La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.
-
10
Commentaire : Les causes de la domestication
du loup ont t l'aide la chasse et la garde du camp. L'uti-
lisation pour la garde des troupeaux n'est venue que prs
de 25 30 000 ans plus tard, avec l'apparition de l'levage.
L'intrt de nos anctres pour cet animal a sans dout t
sa capacit de coopration dans la meute pour chasser
collectivement le gros gibier et pour se dfendre contre les
grands prdateurs. Ce compagnonnage particulier entre le
loup et l'homme est un argument supplmentaire en fa-
veur la protection de cet animal.
3. Le partage des biens n'est pas toujours
cologique
L'conomie de partage dcolle surtout parce
qu'internet offre, grande chelle, des services de prt, de
location et de revente. Une tude rcente value l'cono-
mie collaborative 12 milliards d'euros par an dans le
monde, mais cela reste un march de niche, comme
l'exemple emblmatique BlaBlaCar (2). L'effet peut tre
positif sur l'environnement, condition que les biens par-
tags soient de meilleure qualit et rellement durables.
On rduit alors l'utilisation de ressources et la production
de dchets. (La Recherche n498, avril 2015, pp. 78-81)
Commentaire : L'conomie de la location peut
aussi pousser la consommation et nuire l'environne-
ment. Par exemple, les loueurs de tlphone poussent
leurs clients changer d'appareil tous les ans. Il y a une
incitation acclrer le cycle de consommation et
d'innovation. Autre exemple : le covoiturage, qui peut
devenir une relle concurrence pour le train parce que
la voiture partage est moins chre que le rail. Mais cela
vient d'une distorsion de concurrence parce que la voi-
ture, contrairement au train, ne finance pas des infras-
tructures onreuses. Les politiques publiques peuvent
agir sur le verdissement de l'conomie collaborative en
mettant en place des outils financiers et fiscaux ad-
quats.
Grard Mamet
(1) Le dessein intelligent est une thorie crationniste
prtendant que la complexit du vivant rsulte d'une
intelligence suprieure : Dieu.
(2) BlaBlaCar : site de covoiturage ; on rserve et on
rgle sa participation par internet.
Nos trois candidats en lice pour les rgionales
ric DURAND
Ccile PRUDHOMME
Franois LOTTEAU
-
11
Prcisons-le tout de suite pour viter les malenten-
dus : non seulement on veut bien admettre que la cohabi-
tation entre les troupeaux d'ovins et le loup ne soit pas
toujours vidente grer par les leveurs, mais on est ga-
lement favorable aux diverses subventions destines les y
aider. Comme le rappelle justement l'ASPAS (1), le salaire
des bergers, l'achat de cltures, de chiens de protection et
de leur nourriture sont subventionns 80 % .
On est dj nettement moins emball - et c'est un
euphmisme ! - par le fait que les pertes de moutons soient
indemnises l'leveur mme dans les cas o celui-ci n'a
pas pris les ncessaires mesures de protection de son trou-
peau, et mme si on ne peut pas affirmer que l'attaque est
due au loup : cela s'est pass il y a quelques annes dans
ma commune haut-jurassienne, le sous-prfet ayant imm-
diatement accus un loup d'avoir croqu quelques brebis,
et cela en l'absence de toute trace gntique probante. Il
faut prciser que dans le cas d'une attaque par Canis lupus,
l'indemnisation est immdiate, alors que si on incrimine un
ou des chiens errants, l'leveur a intrt tre patient...
Et on apprcie encore moins que tant de respon-
sables d'associations d'leveurs, oubliant que l'levage ovin
est subventionn de toute faon 50, voire 80 %, dcla-
rent qui veut les entendre qu'ils ne veulent plus tre in-
demniss, mais vivre de leur mtier , ce que le loup,
les entendre, leur interdirait.
Quand en plus ces (ir)responsables rclament,
comme en novembre dernier, qu'on fasse appel l'ar-
me (2) pour dzinguer l'animal honni, ou dclarent -
ce fut le cas fin avril - qu' il faut aller prlever les
jeunes loups dans les tanires (3), on peut lgitime-
ment se demander au nom de quoi l'argent public (c'est-
-dire le ntre) devrait subventionner les lobbys agri-
coles et cyngtiques les plus borns, alors que les
fonds en question aideraient tellement mieux les le-
veurs responsables qui cherchent adapter leurs m-
thodes la prsence des grands prdateurs.
Si tant est qu'elle est encore capable d'entendre
des paroles senses, il serait grand temps que Mme
Royal, au lieu de fayoter auprs des pires ennemis de la
faune sauvage, en prenne conscience et interdise toutes
les mesures visant au prlvement (!!) de loups, me-
sures qui ont, de toute faon, largement montr leur
inanit (4).
Grard Roy
(1) Association pour la Protection des Animaux sauvages
www.aspas-nature.org
(2) Ren Laurens, prsident de la FDSEA des Hautes-
Alpes.
(3) Yves Derbez, prsident de l'association leveurs et
Montagnes.
(4) Sans parler de leur illgalit, le loup tant une espce
protge.
Tanires
ET MAINTENANT, SUS AUX LOUVETEAUX !
-
12
Ne pas confondre. Kaboul, une jeune
femme accuse ( tort, en plus !) d'avoir brl un coran
est lynche, jete d'un toit et brle par la foule. Rap-
pelons que ce regrettable excs n'a rien voir avec
l'islam.
Pas d'amalgame. Les Chabab revendiquent
le massacre de quelque 150 tudiants, presque tous
chrtiens, dans une universit kenyane au nom de la
lutte contre les infidles . Rappelons que ce regret-
table excs n'a rien v... Ah ! merde, je l'ai dj dit.
Nulle. Non seulement elle ne lit pas, mais elle
fait aussi de la pub sur Twitter et Instagram pour qu'on
prenne des selfies dans les muses. Rappelez-moi : elle
est ministre de quoi, dj, Fleur Pellerin ?
Bye ! Aprs la dculotte des dpartemen-
tales, Christophe Perny, ex-prsident PS du Conseil g-
nral du Jura, annonce son retrait de la vie politique. Si
on m'avait dit qu'un jour j'applaudirais une dcision de
Perny...!
JVP. Incontestablement, nous donnons une
mauvaise image de la politique , reconnat
Jean-Vincent Plac propos des bisbilles au sein d'ELV.
Orfvre en la matire...
Bb. Alain
Joyandet, qui se voit dj
prsident de Bourgogne-
Franche-Comt, raconte
qui veut l'entendre
qu'il est n, Dijon, sur
la table de la salle
manger de ses parents .
S'ils avaient pu se douter
de ce qu'il deviendrait, ils
en
auraient peut-tre fait le gigot du dimanche
Caoutchouc. Un groupe chinois rachte le fabri-
cant de pneus Pirelli, l'un des fleurons de l'industrie ita-
lienne. Le calendrier prfr des routiers ne montrera
dsormais plus que des Pkinoises poil.
Trafic. 8 000 euros et une BMW (d'occase, d'ac-
cord, mais quand mme) pour acheter un bb rom
Marseille. a fait bien cher pour tre emmerd aprs pen-
dant des annes par un sale gosse.
Patrimoine. Une enqute de l'INED (1) le prouve :
pouser un ou une riche hritire est une utopie. Depuis
le temps que je cherche, je me disais bien, aussi...
Pratique. L'Inde commande Dassault 36 Rafale
prts voler . D'habitude, le Rafale, c'est comme le
Meccano : tu achtes une bote de pices et tu montes
tout avec ton petit tournevis.
Gaulois. 63 % des Franais seraient favorables
une limitation de leurs liberts individuelles au nom de la
lutte contre le terrorisme . Les mmes qui gueulent
qu' on n'a plus le droit de rien faire parce qu'ils doivent
aller fumer dehors ou rouler 90 maxi.
UN MOIS, MOIS ET MOI
Rafale en pices dtaches !!!
-
13
Runion. Un ado qui surfait dans une zone inter-
dite la baignade se fait bouffer par un requin. Moi, je
serais requin, vu l'extermination qui se prpare, je me
grouillerais d'en becqueter un maximum, des surfeurs.
Sarko II. L'ex-UMP va s'appeler Les Rpubli-
cains . Non seulement c'est l une scandaleuse opra-
tion de dtournement politique (2), mais vu le fonction-
nement monarchique de notre fichue Ve, Les
Royalistes , ce serait plutt mieux, non ?
Najat. Un nouveau calendrier scolaire aux petits
oignons pour le lobby des sports d'hiver. Je sais pas vous,
mais moi, un tel souci pdagogique, a m'meut...
Bagnole. Il se vend des voitures de plus en plus
grosses, de plus en plus sophistiques, de plus en plus
chics et chres (gros boum sur les SUV), des acheteurs
de moins en moins nombreux. L'galit progresse pas
de gants.
Bcasses. En
Savoie, une associa-
tion de chasse au
fminin, LChasse,
proteste contre le
nouveau statut du
renard, retir dans
ce dpartement de la
l i s t e d e s
nuisibles . Dans le
domaine de la con-
nerie, la parit pro-
gresse plus vite
qu'en politique.
Craintes. Le dput UMP Pierre Lellouche
s'inquite de voir la loi Renseignement tomber un
jour dans de mauvaises mains . C'est vrai qu'avec le
retour probable de la droite en 2017...
Flau. La rage tue chaque anne 59 000 per-
sonnes dans le monde. Dommage que leur rage ne tue
pas les lecteurs du Front national.
Varitoche. Aprs Demis Roussos, Richard
Anthony : 2015 a mal commenc pour la grande chanson
texte. Pourvu que Cline Dion ne nous lche pas !
Chutes. Les glises parisiennes sont si dlabres
que plusieurs ont dj perdu des morceaux de portail ou
de clocher. Morceaux jamais tombs sur personne ! Et y
a encore des mcrants pour ne pas croire aux miracles !
Grard Roy
(1) Institut national d'tudes dmographiques.
(2) Jean-Nol Jeanneney, dans Le Monde du 15 avril.
-
14, rue de la Rpublique 25000 Besanon / 03 81 81 06 66 / http://franchecomte.eelv.fr/