fv fevrier 2014

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  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    UN GOT AMER

    Le moins que lon puisse dire, cest que la confrence de

    presse de Franois Hollande, le 14 janvier, a laiss un got amer aux

    cologistes.

    Tout dabord, ELV dplore labsence de dimension environ-

    nementale du discours prsidentiel, dont le gros morceau fut le volet

    conomique, avec le Pacte de responsabilit. Lobjectif affich est de

    stimuler la croissance en rduisant les charges des entreprises. Lescontreparties (crations demplois) de cette baisse de charge sont

    floues et trop gnralistes. Guillaume Duval, dAlternatives cono-

    miques,nous dit qu' une bonne politique conomique doit tre la

    fois une politique de loffre ET une politique de la demande. Il

    semble improbable, continue-t-il, quune hausse des marges des

    entreprises suffise enclencher une reprise significative de linvestis-

    sement et des embauches. Attention : la politique conomique

    souhaite par les cologistes nest pas de soutenir tout prix la crois-

    sance des biens de consommation ; les ractions de notre secrtaire

    nationale, Emma Cosse, et de nos porte-parole sont clairs : La ba-

    taille pour lemploi et la sortie durable de la crise ne passeront que

    par lcologie: cest la transition nergtique qui crera les emplois

    de demain. [] Plutt que de croire au retour de la croissance comme

    au retour de la bonne fortune et de reconstituer le taux de marge des

    entreprises tout prix, limportant est de crer de vritables emplois

    durables, de qualit et non dlocalisables. Cest ce que propose ELV

    via le Plan Marshall pour lemploi, avec un million demplois via la

    transition nergtique.

    Nous savons que nos lus nationaux feront des propositions

    pour inflchir la politique conomique qui se dessine derrire les

    dclarations de Franois Hollande. Mais cette transition nergtique

    dont nous rclamons la mise en place au niveau national, noublions

    pas quelle est aussi un levier la disposition des collectivits locales.Un peu partout en Franche-Comt, les candidats cologistes rfl-

    chissent aux actions mener au cours de la prochaine mandature

    municipale. Les actions dj mises en uvre et souvent portes par

    des lus cologistes doivent tre dveloppes : rnovation nerg-

    tiques des btiments, dveloppement des transports en commun ou

    des modes doux de dplacement, bois nergie, agriculture de proxi-

    mit, etc. Militants, lus, montrons que toutes ces actions non seule-

    ment participent la transition nergtique, mais sont aussi un vivier

    demplois. Montrons, dmontrons, faisons comprendre aussi que la

    transition nergtique est un des grands dfis daujourdhui (1).

    (1) Deux bonnes nouvelles : lAssemble nationale vient dadop-ter le projet de loi Zo phyto dans les espaces publics lhorizon

    2020 propos par nos parlementaires cologistes ; et le promoteur

    de la ferme-usine des 1 000 vaches a t somm par la justice de

    suspendre la construction de son btiment, jug non conforme .

    FVRIER2014 / n193 / 1,70

    Corinne Tissier et

    Bernard Lachambre

    Cosecrtaires rgionaux

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    POUR UNE SOCIT QUI PRSERVE SESDROITS FONDAMENTAUX

    Sommaire

    2

    P 1 : Edito

    P 2 : Menaces sur lIVG

    P 4 : Le trait transatlantique de libre-change ou la fin de

    la dmocratie

    P 6 : Que reste-t-il de laccord EELV-PS?

    P 9 : Hcatombe dans le Dessoubre

    P 11 : Sales btes !

    P 13 : Il faut cultiver notre jardin

    P 15 : Science et cologie

    P 17 : Un mois, mois, et moi

    P 19 : Bulletin dadhsion

    P 20 : Appel manifester pour Notre-Dame-des-Landes

    Linterruption volontaire de grossesse (IVG) est dfi-

    nie comme un avortement provoqu et dcid pour des

    raisons non mdicales et sinscrivant dans un cadre lgal.Elle reprsente une avance considrable dans le combat

    fministe de la reconnaissance du statut de la femme

    comme un individu libre et disposant de la personnalit

    juridique, au mme titre que les hommes. Laccs libre

    lIVG symbolise une avance majeure dans la place des

    femmes dans une socit. En effet, il permet la femme

    dune part dtre la seule personne pouvant disposer de

    son corps, d'autre part de dcider librement de sa vie, en

    lui permettant de devenir parent ou non, et quand elle le

    veut. Il symbolise alors aussi la libert pour une femme

    dtre lunique personne responsable de sa propre vie et

    de choisir ses composantes (vie professionnelle, vie per-

    sonnelle). Le droit un accs libre lIVG est donc un droit

    fondamental constituant de la dignit humaine et de

    lmancipation de chacune.

    .

    Pour que laccs lIVG soit rellement libre, les

    femmes doivent avoir accs une information gratuite et

    non biaise par des considrations idologiques, desquipements mdicaux modernes, des praticiens for-

    ms, un accompagnement psychologique dans leur

    choix, ainsi qu' la possibilit dtre rembourses des frais

    de lintervention

    L'IVG : un droit, et point barre !

    Fruit d'un long combat de nombreuses femmes,

    mais aussi dhommes, connu-e-s ou anonymes, pour

    lesquel-le-s l'acte d'avorter clandestinement engageait la

    vie des femmes, mais aussi la libert (pour les femmes

    comme pour le praticien), lIVG libre est entre dans la

    lgislation comme dans les murs en France. La majorit

    des autres pays de lUnion europenne ont une lgisla-

    tion similaire celle de la France. Notre pays a d'ailleurs

    effectu dernirement un pas supplmentaire vers une

    socit plus galitaire, travers le projet de loi sur l'gali-

    t femmes-hommes. Par la suppression de la condition de

    situation d'urgence pour qu'une femme exerce son droit

    l'IVG, et par l'extension du dlit d'entrave au simple

    accs l'information, cette loi renforce la notion de choix

    personnel, individuel et libre.Or, le 20 dcembre 2013, le gouvernement de

    Mariano Rajoy (prsident du gouvernement espagnol) a

    adopt un projet de loi autorisant l'avortement unique-

    ment en cas de danger prouv pour la vie ou la sant

    Menaces sur l'IVG

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    physique ou psychologique de la femme, ou en cas de viol

    ayant fait l'objet d'une plainte antrieure. Ce projet de loi

    balaie les avances sociales quavait permises la loi vote

    en 2010 par le gouvernement socialiste, qui autorise

    l'avortement jusqu' 14 semaines de grossesse, et jusqu'

    22 semaines en cas de malformation du ftus. Selon un

    sondage publi par le quotidien El Pais, 78 % des

    Espagnols rejettent le nouveau projet de loi.

    Nunca mas !

    Les Jeunes cologistes de Franche-Comt se sont

    joints l'action de l'association Osez le fminisme, qui

    proposait de se prendre en photo avec les mots Nunca

    mas (plus jamais, en es-

    pagnol) et avec un cintre ou

    des aiguilles tricoter. Le

    message fait rfrence

    l'avortement clandestin qui,

    malgr les risques normesqu'il reprsente (strilit,

    mort), tait et est toujours

    pratiqu dans les pays o

    l'IVG n'est pas lgale, ou

    bien o des entraves son

    accs existent. Tout le

    monde peut contribuer au

    soutien des femmes espa-

    gnoles et la rvolte contre

    un gouvernement qui choisit de faire rgresser les droits

    humains fondamentaux : envoyez votre photo : mybo-

    [email protected] ou publiez-la directement sur les

    rseaux sociaux avec les mots-cls #AlertaFeminista et

    #abortolibre.

    Les Jeunes cologistes de Franche-Comt se joi-

    gnent aussi Osez le Fminisme, ainsi quaux autres asso-

    ciations fministes, quant leur exigence que lUnion eu-

    ropenne adopte la clause de lEuropenne la plus favori-

    se. Une telle disposition permettrait de faire bnficier

    chaque citoyenne europenne de la lgislation la plusavance existant dans lUnion pour chaque aspect de la vie

    des femmes (violence conjugale, parit en politique, cong

    parental, etc.). Ce serait la premire pierre de la construc-

    tion dune Union europenne sociale.

    Menaces en Suisse, aux tats-Unis...

    Malheureusement, lEspagne ne fait pas figure dex-

    ception en matire de rgression sociale. En effet, la

    Suisse aussi fait un pas de gant en arrire aprs avoir fait

    un petit pas en avant. En juin 2002, le code pnal suisse

    tait modifi pour accorder la femme la libert de choisir

    dinterrompre sa grossesse pendant les dix premires se-

    maines, le choix tant jusqu'alors soumis lapprobation

    mdicale. De plus, depuis 1981, les interruptions de

    grossesse sont rembourses par lassurance-maladie de

    base. Or, une initiative populaire fdrale sera soumise au

    vote le 9 fvrier 2014. Intitule Financer lavortement est

    une affaire prive , cette initiative populaire rclame la

    fin du remboursement des IVG par lassurance maladie

    obligatoire suisse (quivalent de la Scurit sociale en

    France). Une ptition a t organise pour que les ci-

    toyens suisses disent non des ides aussi scandaleuses.Les tats-Unis aussi ont cd aux chants des sirnes de la

    rgression sociale, car dans pas moins de trente tats, des

    projets de lois anti-IVG et/ou contraception menacent les

    droits des femmes. Pas plus tard que le dimanche 19 jan-

    -vier, en France aussi, ce

    droit fondamental a t

    remis en question lors de la

    Marche pour la vie .

    Les femmes ne sont plus

    aujourdhui des mineurespassant de la responsabilit

    de leur pre celle de leur

    mari. lheure o le monde

    se laisse envahir par une

    monte des ides conserva-

    trices, voire ractionnaires,

    les Jeunes cologistes de

    Franche-Comt affirment

    leur refus de la rgression

    de notre socit. Nous affirmons notre souhait de vivredans une socit o chacun a le mme droit au bonheur et

    o les rapports de domination nexistent plus. Les vne-

    ments actuels nous prouvent que si de nombreux progrs

    sociaux sont encore conqurir, il faut malheureusement

    rester vigilants pour ne pas perdre nos droits durement

    acquis et pour laisser chacun-e choisir librement sa vie.

    Les Jeunes cologistes de Franche-Comt

    3

    Dessin publi avec laimable autorisation de

    Charlie Hebdo

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    Le 14 juin 2013, les 27 gouvernements de l'Union

    europenne, y compris la France, ont approuv le mandat

    donn la Commission europenne pour ngocier un ac-

    cord de libre-change avec les tats-Unis. Comment les

    dirigeants europens peuvent-ils accepter que soient ngo-

    cis - en vrac - les services publics, les OGM, le buf aux

    hormones, la volaille chlore, les normes sanitaires et envi-

    ronnementales, les droits sociaux, etc., sans que les parle-

    ments nationaux et les citoyens aient t consults ?

    Comme on va le voir, les enjeux de cette ngociation sont

    considrables et il est encore temps que les citoyens

    s'informent et se mobilisent.

    De l'AMI l'APT (1)

    Entre 1995 et 1997, 29 pays de l'OCDE ont tent de

    ngocier, dans le plus grand secret, une libralisation ac-

    crue des changes entre les tats-Unis et l'Europe. Mais des

    fuites se produisent et des mouvements de citoyens amri-

    cains divulguent le contenu de l'accord en cours de ngo-

    ciation. Celui-ci met en cause certaines lois d'aide l'em-

    ploi, celles qui favorisent le dveloppement local comme

    les clauses permettant de choisir plutt des entreprises ouun approvisionnement proches, les lois de protection de

    l'environnement et le principe de souverainet nationale.

    Mais surtout, le projet d'accord prvoit que les mul-

    tinationales pourront assigner en justice les tats jugs res-

    ponsables de toute entrave leurs activits et leurs pro-

    fits et demander des indemnisations. L'accord introduit

    donc diverses obligations pour les gouvernements, mais

    aucune pour les investisseurs. C'en est trop ! L'accord est

    dclar non rformable par Lionel Jospin, alors Premier

    ministre, et abandonn en octobre 1998. Un chaud partisande l'AMI, David Henderson, conomiste l'OCDE, affirme

    mme que le retrait franais des ngociations de lAMI

    fut le catalyseur de la fin prcipite du projet (2).

    Mais les tenants du libralisme dbrid n'ont pas

    dit leur dernier mot et le lobbying redouble du ct des

    multinationales. L'ide est d'arriver ce qu'exprime as-

    sez clairement David Rockefeller en fvrier 1999 dans

    Newsweek : Quelque chose doit remplacer les gouver-

    nements, et le pouvoir priv me semble l'entit adquate

    pour le faire. L'AMI a chou. Quinze ans plus tard, on

    nous ressert un plat comparable : l'Accord de Partenariat

    Transatlantique (APT).

    Objectifs avous, objectifs cachs

    Le prambule du mandat de ngociation com-mence par du lubrifiant en raffirmant des grands

    principes : droits de l'Homme, liberts fondamentales,

    dmocratie, primaut du droit a ne mange pas de

    pain Puis on entre dans le vif du sujet : l'accord a pour

    but de libraliser au maximum les changes, la circula-

    tion des capitaux et de protger les investissements, en

    s'attaquant aux mesures tarifaires et non tarifaires qui

    sont des entraves. Bien sr, on nous promet que cela va

    dynamiser la croissance et l'emploi.

    Les mesures tarifaires, ce sont les taxes doua-

    nires, qui sont dj globalement trs faibles entre l'UE

    et les USA, mais qui sont encore non ngligeables dans

    des secteurs comme l'agriculture et le textile. Avec cet

    accord, l'agrobusiness amricain pourra plus facilement

    couler ses produits sur le march europen.

    Mais c'est surtout au niveau des mesures non tari-

    faires que l'accord va jouer. Cette partie concerne les

    normes sociales, sanitaires et environnementales. Seront

    interdites celles qui sont juges draisonnables, arbi-

    traires ou discriminatoires . Pour les Amricains, c'est

    draisonnable d'interdire les OGM, le buf aux hor-

    mones ou la volaille chlore. Le salaire minimum ou les

    avertissements sanitaires sur les paquets de tabac, c'est

    4

    Ngociations USA-UE

    LE TRAIT TRANSATLANTIQUE DELIBRE-CHANGE

    OU LA FIN DE LA DMOCRATIE

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    5

    draisonnable aussi. Il y a mme une clause qui pr-

    voit explicitement le libre accs aux matires premires.

    Fini donc l'interdiction d'exploiter les gaz de schistes.

    Si on voit bien les avantages pour les multinatio-

    nales des deux cts de l'Atlantique, on voit moins les

    avantages pour les citoyens europens. Un cabinet d'ex-

    pertise, le Centre For Economic Policy Research, a t

    mandat par la Commission pour valuer les effets de

    l'APT. Avec normment de prudence, les chercheurs

    avancent qu'il pourrait y avoir 0,5 % de PIB en plus et 400

    500 000 emplois crs en 2027. Rappelons qu'il y a

    actuellement prs de 27 millions de chmeurs en Europe.

    Comme avec l'ALENA (3), pouvoir attaquer les

    tats

    Mais la disposition pivot de l'accord est explique

    dans l'article 23 : Laccord devrait viser inclure un m-

    canisme de rglement des diffrends investisseur-tatefficace . Comme l'accord vise assurer le plus haut

    niveau de protection possible et de scurit des investis-

    seurs , les multinationales auront la possibilit d'attaquer

    les tats si elles considrent que leurs profits sont mena-

    cs ou simplement revus la baisse.

    Et il y a un prcdent avec l'ALENA. En confrence

    la Malcombe (Besanon), le 22 janvier,

    Raoul-Marc Jennar a donn des exemples pour montrer

    comment les diffrends seraient rgls. Dans le cadre de

    l'ALENA, en 20 ans, le Canada a t attaqu 20 fois par les

    firmes amricaines, et il a perdu 20 fois. Pendant la mme

    priode, le Mexique a t attaqu 5 fois, et il a perdu

    5 fois. Ce type de tribunal arbitral est le mme que

    celui qui a accord des centaines de millions d'euros

    Bernard Tapie. Il n'a donc pas grand chose voir avec les

    notions de justice ou d'quit

    D'ailleurs, comme le rappelle Lori Wallach dans

    Le Monde Diplomatique de novembre 2013, certains

    investisseurs ont une drle de conception de leurs droits

    inalinables. On a pu voir rcemment des entreprises eu-ropennes engager des poursuites contre l'augmentation

    du salaire minimum en gypte et contre la limitation des

    missions toxiques au Prou. (4)

    La fin de la dmocratie ?

    Quand on coute Raoul-Marc Jennar ou quand

    on se plonge dans les documents qu'on trouve sur in-

    ternet, on est effar. D'ailleurs, la fin de la confrence

    de la Malcombe, le public tait silencieux, comme en

    tat de sidration. Mais comment nos responsables

    politiques peuvent-ils se laisser embarquer dans une

    telle entreprise ? Ignorance, btise, navet, complai-sance ou complicit ?

    La mobilisation citoyenne a fait plier l'AMI, elle

    fera plier l'accord transatlantique de libre-change. Et il

    faut commencer par informer partout autour de nous

    de ce qui se trame dans notre dos, et interpeller les

    responsables politiques tous les niveau, y compris au

    niveau municipal, puisqu'il est prvu que l'accord sera

    contraignant aussi au niveau infragouvernemental :

    rgion, dpartement, municipalit.

    L'ultra-libral David Henderson explique que la

    dmocratie n'est pas menace puisque les gouverne-

    ments pourront continuer d'organiser les lections .

    Certes ! Mais les tats seront devenus des coquilles

    vides, avec encore moins de pouvoir qu'aujourd'hui. Et

    les multinationales seront encore plus puissantes pour

    mettre la plante en coupe rgle au dtriment des

    tres humains. La signature de cet accord signifierait

    tout simplement la fin de la dmocratie.

    Grard Mamet

    (1) AMI, Accord Multilatral sur l'Investissement -

    APT, Accord de Partenariat Transatlantique, en anglais

    TAFTA (TransAtlantic Free Trade Area, zone de libre-change transatlantique).

    (2) David Henderson, L'Accord Multilatral sur

    l'Investissement. Leons d'un chec, GEM de Sciences

    Po. (en franais).

    (3) ALENA, Accord de Libre-change Nord-

    Amricain.

    (4) Le trait transatlantique, un typhon qui me-

    nace les Europens, Le Monde Diplomatique, novembre

    2013, p.4.

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    Contrat de responsabilit

    QUE RESTE-T-IL DE L'ACCORD ELV-PS ?

    La rponse est vidente : pas grand chose Au

    cours de sa confrence de presse du 14 janvier,

    Franois Hollande a explicit le pacte de responsabili-t qu'il avait annonc dans son discours des vux, le

    soir du 31 dcembre. Les mdias applaudissent, Gattaz

    jubile, les responsables de la droite pris contre-pied se

    divisent et la droite de la gauche se flicite de ce bon

    coup politique. Mais il faut y regarder de plus prs et

    essayer d'analyser et de comprendre ce que signifie la

    confirmation de cette conversion la politique de l'offre

    et au libralisme. Et en tirer les consquences.

    Confirmation d'une politique ou tournant ?

    Les annonces du Prsident ne constituent pas,

    proprement parler, un changement d'orientation dans la

    politique conomique. Depuis son installation en 2012,

    le gouvernement Ayrault conduit une politique d'austri-

    t, la fois par l'augmentation des impts - qui, au pas-

    sage, ne touchent pas que les mnages les plus riches -

    et par la baisse de dpenses publiques. Et les efforts de-

    mands sont la fois impopulaires et inefficaces.

    Christian Chavagneux, d'Alternatives Economiques, es-

    time que les mesures d'austrit ont cot entre 2,2 et

    2,5 points de PIB en 2013. Il en rsulte que les cotisa-

    tions sociales et les recettes fiscales ont baiss en cons-

    quence. Le but affich - la rduction des dficits - n'est

    pas atteint et le chmage explose (2,5 points de PIB, a

    correspond des centaines de milliers d'emplois).

    En croyant rpondre l'augmentation du ch-

    mage, le gouvernement vote une premire loi en d-

    cembre 2012 : le CISE (1). Le CISE , en vigueur depuis

    janvier 2013, prvoit une baisse de cotisations sociales

    des entreprises sous la forme d'une rduction d'impts.

    Il est estim 10 milliards d'euros pour 2013 et

    20 milliards pour 2014. Il n'est pas prvu de contrepartie

    du ct patronal et Pierre Moscovici annonce mme qu'il

    n'y aura pas de contrle fiscal cibl sur l'utilisation du

    CISE. C'est un cadeau au patronat et, comme le dit le

    dicton populaire, donner c'est donner, reprendre c'est

    voler Avec le Contrat de responsabilit propos cette

    fois au patronat, c'est un peu diffrent puisqu'il doit y

    avoir des contreparties en matire d'emplois. Mais

    Pierre Gattaz, qui proposait depuis des mois un deal

    au gouvernement - la cration d'un million d'emplois

    contre la baisse des charges -, s'empresse de dire que le

    patronat refusera tout engagement chiffr.

    Les analyses d'Alternatives conomiques

    Aprs les vux du Prsident,Christian Chavagneux explique, par les chiffres, pour-

    quoi cette baisse de charges n'aura pas (ou aura peu)

    d'effets sur la comptitivit et les crations d'emplois.

    Le cot du travail ne reprsente, selon les secteurs, que

    20 25 % du cot de production total. Et les charges

    patronales ne reprsentent que 25 % du cot du travail,

    dont 5 % qui correspondent aux cotisations familles. La

    suppression des cotisations familles correspond donc

    une baisse de 5 % des 25 % du cot de production soit

    1,2 % comparer aux 2 % d'augmentation du taux de

    change de l'euro entre dcembre 2012 et dcembre

    2013. Il est donc temps de chercher ailleurs que dans le

    cot du travail les problmes de comptitivit des en-

    treprises franaises, en particulier dans un euro surva-

    lu et dans le manque d'innovation.

    L a d e u x i m e e x p l i c a t i o n d e

    Christian Chavagneux est encore plus facile com-

    prendre. L'argument est donn par Jean-Franois Rou-

    baud, le prsident de la CGPME, interrog par une jour-

    naliste du quotidien Les chos. Lorsque celle-ci lui faitremarquer que les allgements de cotisations ne se sont

    pas vraiment traduits dans le pass par des crations

    demplois, il sindigne et rpond :

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    7

    Encore faut-il que les carnets de commandes se remplis-

    sent ! Et Chavagneux d'ajouter : Ce qui incite les

    chefs dentreprise embaucher, cest dabord la perspec-

    tive davoir des commandes dans le futur, bref, pour par-

    ler comme les conomistes, davoir des perspectives

    stables et durables de demande. (2) Le mot est lch :

    c'est un problme de demande, pas d'offre.

    Crise de l'offre ou crise de la demande ?

    Franois Hollande a affich clairement qu'il inscri-

    vait ses propositions dans une politique de l'offre. On est

    donc oblig de rappeler ce qu'est la politique de l'offre,

    et il faut remonter pour cela aux annes 80 et la rvo-

    lution librale inspire par l'conomiste

    Milton Friedman. C'est ce moment, comme l'a rappel

    Pierre Larrouturou le 20 janvier au Kursaal Besanon,

    que Thatcher et Reagan font exploser le pacte social

    mondial rsultant des accords de Bretton Woods de

    1944. La doctrine de Friedman est simpliste : il faut d-

    barrasser l'conomie de toutes les contraintes - impts,

    rglementation, intervention de l'tat, etc. C'est le mar-

    ch qui va tout rgler et il va en rsulter une grande

    prosprit pour tous.

    La ralit qui est advenue est bien diffrente.

    D'abord les ingalits sociales ont explos. L'ONG Oxfam

    (3) explique en ce moment que 1 % de la population

    mondiale dtient prs de 50 % des richesses, au point

    que mme le forum conomique de Davos, cette anne,

    identifie les disparits grandissantes de revenus comme

    un risque pour les progrs humains. C'est depuis des

    annes que les conomistes progressistes comme

    Krugman ou Stiglitz disent que c'est cette politique de

    l'offre, dite aussi ultra-librale, qui est l'origine de l'ag-

    gravation des ingalits, mais galement de la constitu-

    tion des bulles spculatives et des crises, dont celle de

    2008.

    Et ces trente ans de politique de l'offre, ce sont

    aussi, avec toutes les drgulations, l'puisement des

    nergies fossiles, la dforestation massive, la destruction

    des cosystmes, l'appauvrissement de la biodiversit et

    le drglement climatique. C'est donc bien cette poli-

    tique, qu'on l'appelle libralisme ou politique de l'offre,

    qui est l'origine de la grave crise conomique, sociale

    et cologique que nous vivons aujourd'hui.

    Et nous sommes plus dans une crise du type

    1930 que du type 1980. Une crise laquelle on doit r-

    pondre en augmentant la part des salaires et la de-

    mande publique, une crise keynsienne . Or Franois

    Hollande en est rest son credo : la politique de loffre

    au dtriment des salaris. Mais comme la crise colo-

    gique est passe par l, on ne peut pas faire une poli-

    tique de relance classique, fonde sur une relance de la

    consommation effrne dnergie polluante et de ma-

    tires premires. Il faut une relance cible, oriente vers

    la transition verte : conomies dnergie, nergies

    propres, conversion alimentaire, et cela demande,

    comme il aurait fallu le faire ds 1981, un norme effort

    public dans la formation et la recherche, mais aussi une

    masse de nouveaux investissements. Et aussi le partage

    du travail et des richesses, donc un autre partage de la

    valeur ajoute plus en faveur des salaris et des retrai-

    ts.

    La dmonstration de Pierre

    Larrouturou

    Cette question du partage du travail et des ri-

    chesses, elle est au cur de la crise actuelle. Pierre Lar-

    routurou l'a bien expliqu le 20 janvier

    Besanon : en 30 ans, dans la rpartition du gteau

    entre capital et travail, on est pass de 67 % 57 % pour

    le travail, soit 10 % de moins. Pendant la mme priode,

    les dividendes servis aux actionnaires se sont envols.

    Un petit calcul simple : sur les

    2 000 milliards de PIB annuel de la France, cela repr-

    sente 200 milliards par an. C'est norme ! Il y a de quoi

    rgler les problmes de dficit public, de financementde la Scu, d'augmentation du pouvoir d'achat des sala-

    ris. En fait, l'objectif des financiers est d'arriver la

    rpartition 50 / 50, qui serait encore plus dfavorable au

    travail.

    Dessin publi

    avec laimable

    autorisation de

    Charlie Hebdo

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

    8/20

    8

    Citons aussi le petit livre de Pierre Larrouturou

    (4) : En 2008, tout le monde affirmait que la crise ve-

    nait du capitalisme drgul et du niveau insupportable

    des ingalits. Joseph Stiglitz dnonait le triomphe de la

    cupidit. En 2007-2008 le diagnostic tait clair : comme

    la crise de 1929, la crise vient d'un niveau inacceptable

    d'ingalits. Elle vient de la drgulation et du nolibra-

    lisme .

    Et malgr tout, comme si la crise n'tait pas pas-

    se par l, on continue d'entendre le mme discours, la

    vieille rengaine : il faut augmenter les marges des entre-

    prises pour qu'elles investissent, et la croissance va reve-

    nir demain et l'emploi aprs-demain En ralit, depuis

    cette poque, la croissance est passe de 6 % 1 ou 0 %

    et le chmage, la prcarit et la pauvret ont augment

    dans des proportions dramatiques. Avec la politique de

    l'offre, il doit tout de mme y avoir un problme

    Mais que fait ELV dans cette galre ?

    Cette politique est aux antipodes de ce que les

    cologistes dfendent depuis trois dcennies. Si nous

    nous sommes tromps ce point pendant 30 ans, la pre-

    mire chose devrait tre de faire un mea culpa retentis-

    sant ! Mais alors cela veut dire qu'il n'y a plus que la pen-

    se unique, qu'on l'appelle librale, nolibrale ou social

    -librale. Ce n'est pas mon point de vue.

    L'accord Vert-PS constituait une base minimale

    pour tenter de rompre avec la politique de la droite. Il

    faut rappeler que Hollande ne s'est jamais senti engag

    par cet accord ; mais nous avons pens que nous allions

    pouvoir inflchir le cours des choses par notre participa-

    tion au gouvernement. Il faut reconnatre aujourd'hui

    que, malgr nos appels changer de cap , non seule-

    ment nous n'avons pas russi peser vritablement pour

    imposer l'accord ELV-PS, mais mme pas pu empcher

    les drives dans une direction oppose la ntre.

    ELV, il y a de bonnes mes qui arrivent tout

    justifier : Oui, mais il y a la dette qui rduit notre marge

    de manuvre, Oui, mais il y a la crise . C'est prcis-

    ment le problme : le gouvernement ne tire pas les en-

    seignements de la crise financire. On est loin de Mon

    adversaire, c'est la finance . D'autres ou les mmes di-

    sent aussi : Si on n'tait pas l, ce serait pire , ou en-

    core : On arrive obtenir certaines amliorations .

    Diable ! Europe cologie ne serait donc l que pour corri-

    ger, la marge, une politique conomique qui va dans

    une mauvaise direction ou pour faire avancer les ques-

    tions socitales !

    Je pense que nous assistons une

    guymolletisation de Hollande et du PS. (C'est un vi-

    lain nologisme, mais ceux qui s'intressent l'histoire

    comprendront.) Cette politique conomique, qui est une

    capitulation face aux banques et la finance, ne va rien

    rgler, en tout cas pas la question du chmage et des in-

    galits, et vraisemblablement pas non plus la question des

    dficits et de la dette. Cette orientation antisociale ali-

    mente la dsesprance et risque de pousser une partie

    importante de l'lectorat populaire vers l'abstention ou le

    vote FN, avec tous les dangers que reprsente le popu-lisme, y compris les drives xnophobes et racistes. Nous

    ne pouvons que souscrire l'ide dveloppe dans la mo-

    tion vote au dernier Conseil Fdral d'ELV : Inviter les

    forces politiques et de gauche, les mouvements associa-

    tifs, les syndicats, les ONG, ouvrir un dbat autour d'un

    changement de cap. Mais aprs la confrence de presse

    du 14 janvier, plutt qu'un changement de cap qui ne

    viendra plus, il s'agit plutt de prparer, avec la gauche du

    PS, les forces du Front de Gauche, les

    Alternatifs, une politique rellement alternative au libra-lisme ou sa variante social-librale. Et pour commencer,

    avec le mouvement social, il faudra bien entrer en rsis-

    tance contre la politique de ce gouvernement.

    Grard Mamet

    (1) Crdit d'Impts pour la Comptitivit et l'Emploi.

    (2) Christian Chavagneux, 6 janvier 2014.

    (3) Voir sur internet Oxfam France.

    (4) Pierre Larrouturou : C'est plus grave que ce qu'on

    vous dit, mais on peut s'en sortir.

    Extrait de l'article sign par l'conomiste Paul

    Krugman, Nobel d'conomie, dans The New York Times du

    16 janvier 2014 sous le titre La soumission :

    Franois Hollande a cess de m'intresser ds que

    j'ai compris qu'il n'allait pas rompre avec l'orthodoxie des-

    tructrice de l'Europe et son parti pris d'austrit. Mais,

    maintenant, il a fait quelque chose de vraiment scanda-

    leux.

    Je ne parle pas de l'aventure qu'il aurait avec une

    actrice [...] Non, ce qui me choque c'est qu'il souscrive

    dsormais aux doctrines conomiques de la droite, pour-

    tant discrdites. [...]

    Franois Hollande a dclar : C'est donc sur

    l'offre qu'il faut agir avant d'ajouter : C'est l'offre qui

    cre la demande.

    Eh ! bien, dites donc, le voil qui reprend, presque

    mot pour mot, cette faribole discrdite qu'on appelle la

    loi de Say, ou loi des dbouchs , selon laquelle il ne

    peut y avoir d'insuffisance globale de la demande puisqueles gens doivent bien dpenser leurs revenus quelque part.

    C'est tout simplement faux, et particulirement faux, en

    pratique, en ce dbut de 2014.

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    9

    HCATOMBE DANS LE DESSOUBRE

    Et les poissons mouraient, mouraient...

    Aprs les Assises de la Loue...

    Comme explication de cette forte mortalit, on

    voque une mycose saprolegnia. Or depuis 1973,

    partir des recherches menes l'cole vtrinaire de

    Maison-Alfort, on sait que ce champignon s'attaque

    surtout aux animaux affaiblis par un mauvais tat des

    rivires et ayant ainsi perdu leur rsistance naturelle,

    dj rduite en priode de frai. Effet secondaire de la

    pollution, la maladie serait donc en corrlation directe

    avec la dgradation de l'environnement aquatique.

    Depuis quelques dcennies, la situation des

    rivires comtoises s'est, en effet, fortement dgrade.

    Sur la Loue, par exemple, on observe un colmatage du

    fond par les algues, les insectes aquatiques meurent et

    la biomasse des poissons a t divise par 20. Les

    causes sont maintenant suffisamment connues : trop

    grande quantit de nitrates et de phosphates provenant

    d'une l'agriculture toujours plus intensive, insuffisance

    de l'assainissement, pollutions diverses (comme celles

    qui proviennent des mdicaments et du traitement du

    bois), mais aussi augmentation de la consommation

    d'eau et de la production d'effluents polluants par une

    population qui s'accrot.

    Pourtant, en octobre 2012, les Assises de la

    Loue, organises l'initiative du Conseil gnral du

    Doubs et de la Prfecture, ont avanc quelques prconi-

    sations intressantes:

    - renforcer la coordination de la surveillance

    scientifique, des actions et de l'information du public,

    - mettre la priorit sur l'amlioration de l'assai-

    nissement et sur les changements de pratiques agri-

    coles,

    - envisager une rglementation spcifique plus

    restrictive pour les milieux calcaires (le karst), qui sont

    particulirement fragiles, en matire d'pandages,

    d'utilisation des engrais, des dtergents et des pesti-

    cides.

    Passer l'action

    Le communiqu du Prfet annonce de nou-

    velles tudes. Les causes, pourtant, sont maintenantsuffisamment connues : le moment n'est-il pas venu de

    passer l'action ? La presse a rendu compte des tra-

    vaux du groupe franco-suisse qui travaille sur le Doubs

    et qui s'est runi Saint-Ursanne le

    22 janvier, en prsence du Prfet de rgion et de repr-

    sentants des cantons suisses du Jura et de Neuchtel.

    Le canton du Jura va entreprendre court

    terme un important travail d'agrandissement et de r-

    novation des stations d'puration (Saignelgier, Saint-

    Ursanne). Le canton de Neuchtel semble un peu

    moins press, mais il voque le traitement futur des

    micropolluants par les stations du Locle et de la Chaux-

    de-Fonds et la construction d'une nouvelle station

    d'puration aux Brenets.

    Ct franais, les choses tranent. Les associa-

    tions trouvent que l'on parle beaucoup, que l'on fait

    des tudes (23 sur le Dessoubre depuis 1990 !) mais

    que des quantits trop importantes d'effluents d'le-

    vage (3) ou d'eaux incorrectement assainies continuent

    de polluer nos rivires. Dans un communiqu dat du

    17 janvier, l'association SOS Loue et Rivires comtoises

    (4), rpondant au Prfet, exprimait une nouvelle fois sa

    colre : Nous demandons solennellement que cesse

    Dbut janvier, la presse rgionale a rendu compte d'une forte mortalit chez les truites et, dans une moindre mesure,

    les ombres, en plusieurs points du Dessoubre (1), notamment au Moulin Girardot. Les pcheurs et les dfenseurs de l'environ-

    nement se sont mus et ont eu l'impression de revivre les pisodes de la Loue en 2009 -2011. Des agents de l'ONEMA (2) se

    sont rendus sur place les 9 et 13 janvier pour procder des constatations. Un lien a t immdiatement voqu entre cette

    mortalit et les pandages agricoles pratiqus sur la neige. Dans son communiqu du 15 janvier, le Prfet du Doubs crit : La

    situation est juge suffisamment proccupante pour que des observations complmentaires et des prlvements pour analyses

    soient ralises dans les prochaines semaines.

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    10

    le verbiage pour passer aux actes concrets et si lappro-

    fondissement des connaissances scientifiques ne doit pas

    tre remis en cause, il ne doit pas tre une excuse pour

    linaction, comme cest le cas actuellement.

    Grard Mamet

    (1) Pour ceux qui ne connaissent pas, le

    Dessoubre est un affluent du Doubs, qui s'coule du

    Cirque de Consolation Saint-Hippolyte.

    (2) Office National de l'Eau et des Milieux Aqua-

    tiques.

    (3) La fin des quotas laitiers induit dj des aug-

    mentations de production. Alors que, sur les premiers

    plateaux, la production de matires organiques (fumier

    et lisiers) est dj trs excdentaire par rapport la ca-

    pacit de rtention des sols et au maintien de la diversit

    floristique, deux dossiers d'extension de troupeaux ont

    dj t prsents au CoDERST, Conseil de l'Environne-

    ment et des Risques Sanitaires et Technologiques.

    (4) L'association SOS Loue et Rivires comtoises

    organise le 12 avril (sur une journe),

    Besanon, au Centre diocsain, ses premires Assises : le

    matin, une table ronde sur le bilan de l'action publique ;

    l'aprs-midi, une discussion sur l'tat des lieux de nos

    rivires.

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  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    11

    Il me semble qu'il y a longtemps qu'on n'a pas

    parl de nos amis les chasseurs. Mais voil que cette

    stupide engeance vient de se rappeler notre souvenir

    mu.

    On le sait, dans la hirarchie des crtins fusil, la palme revient sans conteste aux sauvaginiers,

    c'est--dire aux chasseurs d'oiseaux sauvages - de terre,

    de mer, de marais. Ils sont particulirement nombreux et

    excits dans le Mdoc, ainsi que dans le Nord-Pas-de-

    Calais et en Picardie, o ils ont fait, entre autres, main

    basse sur la baie de Somme. Ces

    braves gens sont trs malheureux et

    se sentent incompris car - le croiriez-

    vous ? - il existe des lois, des rgle-

    ments, des arrts qui prtendentles empcher de s'adonner leur

    passion 24 heures sur 24 et

    365 jours par an. l'instar des

    motards en colre (1) qui, parce

    que a heurte [leur] mentali-

    t (2), refusent l'ventualit de

    devoir payer pour le stationnement

    de leurs machines en ville, les sauva-

    -giniers estiment que leur droit imprescriptible de tirer

    sur tout ce qui a des ailes ne saurait souffrir aucune con-

    trainte lgale - a contrarierait leur primitive

    mentalit .

    Cette anne, ils taient censs raccrocher leur

    ptoire le 31 janvier, date de fermeture de la chasse au

    gibier d'eau. C'tait mal les connatre : devant une aussi

    insupportable atteinte ce qu'ils nomment leur juste

    cause et le ras-le-bol de dizaines de milliers de chas-

    seurs qui ne demandent qu' en dcoudre , ils ont an-

    nonc qu'ils flingueraient l'oie sauvage et le canard sif-

    fleur jusqu'au 16 fvrier - pourquoi pas jusqu'au 14 juil-let ?...

    Que croyez-vous qu'il arriva ? Si vous rpondez

    que la force publique est mobilise, qu'on prend des

    mesures prventives pour dissuader ces braconniers et

    que force reste la loi, c'est que vous tes dcidment

    d'une dconcertante navet. Car non seulement il n'en

    est rien, mais en outre le fringant

    Philippe Martin, ci-devant ministre PS de l'cologie (je

    pouffe...), a dcid de leur accorder une drogation :

    croyant sans doute mnager la chvre et le chou - en

    l'occurrence l'oie cendre et le tartarin -, celui qu'ELV,

    bouche en cur, a couvert de louanges lors de sa nomi-

    nation la place de la pvrette Delphine (oubliant qu'il

    tait un fervent partisan de la chasse et de la tauroma-

    chie) a... repouss au 10 fvrier la date

    de clture de la chasse l'oie sauvage !

    Et attendez, ce n'est pas tout ! Comme

    un dput UMP du Nord pleurnichait

    que les chasseurs de gibier d'eau taient obligs d'arrter leur passion le

    31 janvier , M. Martin, drap dans sa

    dignit offense, lui a rtorqu que les

    dix jours supplmentaires accords aux

    chasseurs , c'tait quand mme autre

    chose que le rien du tout concd prc-

    demment par la droite et a conclu :

    Vous, vous n'avez jamais rien fait pour

    les chasseurs ! Et toc !

    Bref, dans ce domaine comme dans d'autres, la

    gauche fait pire que la droite... et elle s'en vante ! (3)

    Toujours dans la riante rgion NPdC, une

    gigantesque tuerie de renards se prpare dans le dpar-

    tement du Nord, du 17 au 23 fvrier. Sans aucune justifi-

    cation sanitaire ou scientifique, chasseurs, pigeurs et

    dterreurs vont dtruire, par simple loisir, jour et nuit,

    tous les renards quils pourront choper : a s'appelle lesCh'tis fox days, et a promet d'tre un beau carnage. Si

    vous pensez qu'il y a encore quelque chose faire

    contre la connerie et la barbarie, vous pouvez toujours

    Ce ne sont pas forcment celles qu'on pense

    SALES BTES !

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    crire au Prfet de la rgion en question et signer la pti-

    tion lance entre autres par l'ASPAS et la LPO (vous trouve-

    rez sans peine tous les dtails sur le net).

    Mais changeons de rgion : la secte des nuisibles

    adorateurs de la cartouche fait parler d'elle chez nous aus-

    si, et tout particulirement en Haute-Sane. Depuis l't

    dernier, c'est un vritable scandale qui secoue la Fdra-

    tion des chasseurs du dpartement. Dans une rserve g-

    re par ladite Fdration Noroy-le-Bourg, prs de Vesoul,

    ont t extermins entre 2010 et 2013 des animaux appar-

    tenant des espces protges : chats sauvages, buses

    variables, autours des palombes, chouettes hulottes, en

    tout plus d'une centaine de sales bestioles qui faisaient

    rien qu' s'en prendre aux gentils faisans et lapins de ga-

    renne lchs dans la nature, les veilles d'ouverture de la

    chasse, par des nemrods juste titre indigns par tant de

    sanguinaire cruaut. D'o l'emploi par ces derniers, pour

    venir bout des voyous, de toute une panoplie de fusils,de piges, d'appts empoisonns (au stade actuel de l'en-

    qute, il semble nanmoins que n'aient t utiliss ni AK-

    47, ni bombe fragmentation). Un juge d'instruction de

    Vesoul a dj mis en examen plusieurs personnes pour

    destruction d'espces protges en bande organise :

    parmi elles, quatre tudiants qui avaient t rmunrs

    pour faire le boulot, mais aussi divers cadres de la Fdra-

    tion, dont le prsident.

    Cette affaire porte un prjudice considrable

    l'image du monde fdral et de la chasse en gnral ,

    estime dans un communiqu la Fdration nationale

    des Chasseurs. Je me marre : comme s'il y avait besoin

    de a pour porter prjudice l'image d'un

    million de pithcanthropes qui s'arrogent le droit, au

    nom de leur passion , de s'approprier les campagnes

    aux risques et prils des autres utilisateurs de la nature(4) !...

    Grard Roy

    (1) Ils me plaisent bien, ceux-l aussi...

    (2) Dclaration authentique d'un de leurs repr-

    sentants !

    (3) J'en connais quelques-uns qui cela doit rap-

    peler l'attitude d'un socialiste jurassien, devenu dput,

    parce qu'il tait le supplant de Dominique Voynet,

    quand celle-ci a t nomme ministre de l'Environne-

    ment, et qui s'est sans vergogne vautr dans le lobbying

    pro-chasse.

    (4) Et s'il vous plat, vitez-moi le sempiternel

    argument selon lequel il y a plus important et plus

    urgent que la question de la chasse (idem pour la tauro-

    machie).

    Europe Ecologie Les Verts de Franche omt(14, rue de la Rpublique, 25000 Besanon)

    Directeur de publication : Grard Royomit de lecture : Michel Boutanquoi, Grard Mamet,

    Grard Roy, Suzy Antoine

    CPPAP: 0518 P 11003Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    IL FAUT CULTIVER NOTRE JARDIN

    Une exprience concrte

    Temps libre consacr entreprendre enfin ce que

    lon aime pour certains, longue priode dennui pour

    d'autres, la retraite saccompagne toujours, en tout cas,

    dune baisse de revenu, aggrave par la dcote qui com-

    mence affecter certaines personnes qui nont pas le

    nombre de trimestres requis. Cest le cas de mon compa-

    gnon, qui a choisi de prendre sa retraite partir de sep-

    tembre 2014, prfrant gagner moins mais vivre sans

    stress professionnel, mais que sa situation financire in-

    quite (prts rembourser...). Il sest donc demand

    comment sen sortir sans avoir trop besoin de se serrer la

    ceinture.

    Ayant fait le tour des conomies raliser, nous

    nous sommes dit que nous pourrions agrandir le potager,

    lever quelques poules et lapins. Mais dans notre jardin,

    dont la surface est certes intressante, les plantations

    sont dj nombreuses : haies varies servant de cltures,

    fruitiers, arbres dornement, massifs de fleurs, une petite

    mare et un gte insectes, afin de favoriser la biodiversi-

    t. Il est trs apprci des oiseaux, des hrissons, des

    couleuvres et des cureuils et par consquent de tout ce

    qui leur sert de garde-manger. Il est difficile dagrandir la

    surface du potager car le rseau racinaire de toutes nos

    plantations est devenu trop important.

    Jardinier cherche terrain

    Nous avons donc cherch proximit du village de

    petites parcelles transformer en potager : sans succs.

    Un peu dpits, nous en avons discut avec nos voisins,

    un couple de personnes ges... qui nous ont spontan-

    ment propos leur jardin, qu'ils ne se sentent plus gure

    capables d'entretenir ! Comme ils ne voulaient pas de

    loyer, nous leur avons propos de partager nos rcoltes,

    de tondre lherbe et de prendre soin des arbres fruitiers.

    Nous avons tabli ensemble un contrat crit, qui stipule

    notamment que cet accord est rput valide par tranche

    dune anne civile, afin que celui qui a plant puisse r-

    colter les fruits de son travail, mme si un changement est

    intervenu entre temps chez les propritaires, un dcs par

    exemple.

    Crer du lien social

    Depuis cet arrangement, nous avons commenc

    investir ce nouveau lieu en dlimitant une premire

    tranche de potager, puis en taillant les fruitiers. Nos

    voisins viennent regarder, proposer des outils, donner unpetit coup de main dans la mesure de leurs forces dcli-

    nantes. Nous discutons avec eux de choses et dautres

    mais aussi de ce que nous aimerions planter, en leur expli-

    quant les meilleures associations (1), les raisons qui nous

    poussent ne pas utiliser de pesticides. Nous leur avons

    propos de rhabiliter leur composteur et de rcuprer

    leau du toit pour les arrosages.

    Lavenir nous dira si ctait une bonne ide. Pour

    linstant, elle fait plaisir tout le monde. Carpe diem

    quam minimum credula postero ! (2)

    Suzy Antoine

    (1) Lire Le poireau prfre les fraises, de Hans Wa-gner, coll. Terre vivante,Les meilleures associations au

    potager, chez Artmis, Plantes amies du jardin bio, chez

    Larousse.

    (2) Cueille le jour prsent sans te soucier du lende-

    main - Horace, Odes.

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    Jardin partag ? Jardin solidaire ?

    Un jardin partag, cest lappellation commune

    dun jardin communautaire. Il est gr en commun par

    un groupe dhabitants. Il est l'hritier des jardins ou-

    vriers, qui s'inscrivent galement dans un phnomne

    historique d'appropriation de friches pour leur trans-

    formation en jardins potagers pendant les priodes de

    crise conomique ou les guerres. Ils permettaient desfamilles aux revenus modestes de se procurer lgumes

    et fruits frais en les cultivant eux-mmes.

    Le jardinage collectif dun terrain, parfois laiss

    labandon, amliore le cadre de vie et permet des

    changes entre personnes dorigine gographique, de

    milieu social et d'ge diffrents. Les jardins communau-

    taires, souvent crs en ville, existent aussi en milieu

    rural.

    Le respect de lenvironnement est une valeur

    forte des jardins communautaires : les jardiniers choi-

    sissent des vgtaux adapts au sol et au climat et vi-

    tent les produits phytotoxiques (engrais chimiques,

    pesticides de synthse). Le compostage, la rcupration

    de leau de pluie et la technique des cultures associes

    y sont trs souvent pratiqus. Ce sont galement des

    lieux dducation lenvironnement pour enfants et

    adultes, qui y apprennent la botanique ou y observent

    la faune urbaine. Nombreux sont les jardins commu-

    nautaires qui attribuent des parcelles aux coles du

    voisinage pour y mener des projets pdagogiques.

    Certains jardins communautaires ont une voca-

    tion dinsertion. On les appelle alors jardins solidaires.

    Ils accueillent des personnes en situation de handicap,

    des bnficiaires du revenu de solidarit active (RSA)

    ou des personnes victimes dexclusion sociale. Lieux de

    convivialit et de nature au cur de la ville, ces sites

    sont galement propices aux rencontres et lduca-

    tion lenvironnement.

    Actuellement, on rencontre frquemment des

    jardins solidaires et partags. En effet, il sagit de remo-

    biliser des personnes en difficult par le biais du jardi-

    nage tout en rendant ces sites propices aux rencontres

    avec les habitants, en proposant un certain nombre

    danimations lies lducation lenvironnement.

    Certains considrent maintenant les jardins soli-

    daires et/ou partags comme des alternatives ou des

    rponses aux difficults engendres par les crises. En

    garantissant un accs une alimentation de qualit, lesjardins solidaires et/ou partags reprsentent une s-

    curit alimentaire de proximit.

    14

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    1. Le retour du loup en Europe occidentale

    Aprs avoir t limin d'Europe occidentale au

    dbut du XXe sicle, le loup est officiellement de retour

    en France depuis 1992. La raison principale est la dprise

    agricole et la reconstitution qui en rsulte de milieux con-venant au prdateur. Cette recolonisation par le loup

    s'est faite partir de l'Italie, o l'animal n'avait pas com-

    pltement disparu, et c'est dans le parc du Mercantour

    qu'il a t repr en premier. Mais c'est notre change-

    ment de point de vue sur le loup qui est noter aussi. Du

    statut de nuisible radiquer, il est pass celui d'espce

    protge. Mais les prjugs n'ont pas compltement dis-

    parus et les rticences restent tenaces, en particulier

    dans les zones rurales et le milieu agricole. Et les lus

    locaux commencent obtenir des prfets des tirs droga-

    toires qui rendent fragile cette rinstallation. (Pour la

    Science n 435, janvier 2014, pp. 64-70)

    Commentaire : Le loup est maintenant une es-

    pce protge par la convention de Berne (1979) et par

    la directive Habitats faune flore de l'UE (1992). C'est une

    bonne nouvelle pour la biodiversit : les grands prda-

    teurs, comme le loup et le lynx, participent une rgula-

    tion fine des populations d'onguls sauvages (sangliers,

    cerfs, chevreuils et chamois) que l'homme est incapable

    de raliser. Sans cette rgulation, les herbivores sau-

    vages, devenus trop nombreux, peuvent faire de gros

    dgts dans les forts et les cultures. Ils empchent aussi

    la propagation des pidmies en consommant les

    animaux malades et en faisant clater les hardes. Mais

    c'est un problme pour les leveurs de moutons et de

    chvres. C'est la puissance publique de contribuer

    rendre possible la cohabitation entre le prdateur et les

    levages. On en connat les moyens : chien Patou, clture

    lectrique, parc de nuit, etc. Et ce n'est pas aux leveurs,

    c'est la collectivit d'en payer le prix en assumant le cot

    des mesures de prvention et d'indemnisation. Quant aux

    propos ritrs de Jos Bov en faveur de l'limination du

    loup, ils sont totalement inacceptables.

    2. Que deviendra l'eau de Fukushima ?

    Actuellement, 300 000 tonnes d'eau contamines

    sont stockes dans prs d'un millier de rservoirs. Cer-

    taines cuves, montes la hte, sont peu fiables. Tous

    les jours, 350 tonnes d'eau sont dverses pour refroidirles trois racteurs en fusion. cela s'ajoutent, quotidien-

    nement, 400 tonnes d'eau d'infiltration qui entrent en

    contact, sous la centrale, avec les eaux radioactives pro-

    venant des arrosages de 2011. C'est l'quivalent, chaque

    semaine, d'une piscine olympique d'eau empoisonne

    qui doit tre stocke, et le total devrait atteindre 800

    000 tonnes en 2016. Tepco, l'oprateur de la centrale,

    cherche dcontaminer les eaux en vue de les rejeter en

    mer. Les eaux stockes ont t dbarrasses de leur

    csium radioactif, mais il reste encore 62 autres radio-lments Les fuites, avaries ou incidents sont nom-

    breux, souillant davantage les sols et l'Ocan Pacifique.

    (La Recherche n 483, janvier 2014, pp. 94-95)

    15

    Science et cologie

    RETOUR DU LOUP, EAU DE FUKUSHIMA,ALLAITEMENT SANS VIH ET

    ABEILLES SAUVAGES

    La science pour clairer les choix de l'cologie politique.

    La rflexion politique pour dvelopper la critique de la science.

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    16

    Commentaire : Les tentatives des Japonais pour

    limiter les dgts s'avrent tous les jours un peu plus pro-

    blmatiques. Ils envisagent maintenant de congeler le sol

    autour de la centrale sur 12 mtres de profondeur pour

    empcher l'eau de se propager, en faisant circuler des

    fluides rfrigrants dans des milliers de tuyaux. Une bar-

    rire sous-marine de 30 m de haut et 780 m de long est

    en construction pour isoler le bord de mer le long de lacentrale. Mais tout est la merci des alas sismiques et

    des typhons. Conclusion : si on veut viter d'tre un jour

    face ce genre de problme, il faut absolument en finir le

    plus vite possible avec l'industrie nuclaire.

    3. Allaitement et VIH : vers le risque zro de

    transmission

    Un rcent rapport des Nations Unies montre qu'en

    2012, 260 000 bbs ont t contamins par le virus du

    Sida, un tiers pendant l'accouchement et deux tiers aucours de l'allaitement. On pourrait donc penser qu'il suffi-

    rait de remplacer l'allaitement maternel par l'allaitement

    artificiel, comme on le fait dans les pays riches, pour am-

    liorer grandement la situation. Mais ce n'est pas si simple.

    En Afrique par exemple, l'allaitement artificiel augmente

    fortement le risque de maladies et de dcs, notamment

    pour des questions d'hygine. L'allaitement maternel

    reste donc la meilleure protection contre la malnutrition

    et les maladies, sauf le Sida. La solution propose, aprs

    les recherches menes en Afrique par des quipes de

    l'Universit de Montpellier et de Bergen (Norvge), est de

    traiter par des antirtroviraux (1) non seulement la mre,

    mais aussi l'enfant pendant toute la dure de l'allaite-

    ment. (La Recherche n 483, janvier 2014, pp. 46-49)

    Commentaire : Le traitement des mres sroposi-

    tives pendant la dure de l'allaitement ne divise que par

    deux les risques de transmission au bb. Ce n'est pas

    suffisant. Les tudes montrent que les antirtroviraux

    administrs la mre agissent sur les particules virales

    libres, mais pas sur les cellules maternelles contenues

    dans le lait. Or certaines de ces cellules contiennent du

    VIH. Il faudrait donc combiner le traitement des nourris-

    sons celui des mres, en utilisant deux antirtroviraux

    diffrents pour viter le surdosage. Malheureusement,

    en juin 2013, l'OMS (2) a retenu l'option du seul traite-

    ment maternel.

    4. Les abeilles sauvages butineuses mena-

    ces

    Diffrentes tudes menes dans le monde

    prouvent que les abeilles sauvages sont de bien meil-leures pollinisatrices que les abeilles domestiques. Or

    on assiste une trs forte mortalit des colonies

    d'abeilles domestiques ces dernires annes. : 19

    30 % en Europe et en Amrique du Nord. Les causes

    sont multifactorielles : virus et parasites, rduction de

    la biodiversit par la monoculture, usage des pesticides.

    Mais les recherches entreprises montrent que les

    abeilles sauvages butineuses sont aussi en dclin. Il y a

    un risque grave pour la production de fruits et de

    graines parce que la fructification des plantes cultivesdpend de l'importance des visites des pollinisateurs

    domestiques et sauvages. (La Recherche n 483, janvier

    2014, pp. 24-29)

    Commentaire : L'INRA (3) a montr que la

    disparition des insectes pollinisateurs ferait baisser de

    30 % en moyenne les rcoltes alimentaires mondiales,

    soit une perte d'environ 153 milliards d'euros. Ce sont

    les pratiques agricoles qui sont en cause dans le dclin

    des insectes pollinisateurs, ce sont donc les pratiques

    agricoles qu'il faut rviser. En mai 2013, l'Union Euro-penne a dcid d'interdire pour deux ans les trois no-

    nicotinodes (4) les plus utiliss. La mesure n'est que

    temporaire et n'est pas suffisante. Les auteurs mon-

    trent que c'est la mise en place de pratiques agro-

    environnementales qui augmente la richesse et l'abon-

    dance des pollinisateurs sauvages : conservation des

    talus, des haies et des bosquets, cration de jachres

    fleuries, etc. Ces mesures rendent aussi nos paysages

    des services inestimables, impossibles chiffrer,

    comme le fleurissement printanier.

    Grard Mamet

    (1) Mdicaments efficaces contre une catgorie de

    virus appels rtrovirus.

    (2) Organisation Mondiale de la Sant.

    (3) Institut National de Recherche Agronomique

    (4) Insecticides utiliss pour le traitement des se-

    mences : clothianidine, imidaclopride et thiam-

    thoxame.

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    17

    Rseaux. Rouverture le 1er janvier du compte

    Twitter et de la page Facebook de Franois Hollande. a

    nous manquait..

    Cassoulet. Deux Toulousains de quinze ans par-tent s'engager dans le djihad en Syrie. Qui a dit que les

    jeunes n'avaient plus d'idal ?

    Vertueux. Bercy sort les Bermudes et Jersey de

    la liste des paradis fiscaux tablie par la France : parat

    que ces les ont fait de gros efforts. Si c'est Mosco qui le

    dit...

    Sportifs. Aprs Michael Schumacher, c'est AngelaMerkel qui s'esquinte en faisant du ski. Quels lourdauds,

    ces Allemands !

    Nathalie. Frdric Beigbeder son frre Charles,

    candidat dissident aux municipales Paris : Cest dom-

    mage que tu ne puisses pas tentendre avec NKM. Elle

    est mignonne et elle est venue au lancement de Lui.

    Enfin des arguments srieux !

    Mpris. Un conseiller de NKM estime que le

    match entre cette dernire et Anne Hidalgo sera une

    bataille entre la star et la concierge . Comment ne pas

    har la droite ?

    Tournant (1). Selon un collaborateur de Fran-

    ois Hollande, les plus ennuys [par la politique cono-

    mique de celui-ci] sont l'UMP. Ils voient que nous fai-

    sons ce qu'ils ont beaucoup annonc mais jamais fait.

    Et il s'en vante, l'enclume !

    Tournant (2). Hollande n'a plus qu' adhrer

    l'UMP , se marre ric Woerth. Pour quoi faire ? Pour

    mener une politique de droite, on est aussi bien au PS.

    Tournant (3). Lu dans Le Monde du 17 janvier

    que, du ct des partenaires cologistes, la tendance

    gnrale n'est pas la rsistance . a m'a toujours fasci-

    n, dans Le Monde, cet art de manier la litote.

    Discrimination. Selon le CNRS, les lves por-

    tant des noms consonance maghrbine sont refuss

    par des tablissements privs catholiques. Veinards, ces

    petits Maghrbins !

    Particules. Aux tats-Unis, pays du tout-

    essence, les ventes de voitures diesel explosent : + 25 %

    en 2013 ! L'tranger commence comprendre que nous

    avons eu raison avant tout le monde.

    Mondanits. Il parat que la visite d'un prsi-

    dent franais au Vatican, c'est un passage oblig. un

    moment donn, il faut aller voir le pape. Pourquoi ?

    C'est un rite de passage ? On va au pape comme on va

    aux putes ?

    Pacte. Peu dsireux de prendre des engage-

    ments en matire d'emplois en change d'une baisse

    des charges, le patronat franais ne veut parler que

    d' objectifs . Aboule le fric et on verra aprs.

    Croissance. Lu et entendu partout la mi -janvier que la France a gagn 9,4 millions d'habitants

    entre 1982 et 2011. Faudra qu'un jour on m'explique ce

    qu'on a gagner tre toujours plus nombreux.

    UN MOIS, MOIS, ET MOI

    Dessin publi avec

    laimable autorisa-

    tion de

    Charlie Hebdo

    Dessin publi

    avec laimable

    autorisation de

    Charlie Hebdo

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    sation de

    Charlie Hebdo

  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    Abrutis. Devant le Znith de Nantes o

    Dieudonn ne peut pas se produire, ils font des

    quenelles au systme et l' establishment ,

    mais brandissent des drapeaux tricolores et chantent La

    Marseillaise. Plus con, tu meurs !...

    Morale (1). Face aux difficults, juge le dput

    UMP du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle, le prsident de la

    Rpublique ne peut avoir qu'une seule matresse : la

    France ! Vu la tronche de ladite matresse en ce mo-

    ment, on comprend qu'il cherche son bonheur ailleurs.

    Morale (2). Pour Georges Fenech, dput UMP

    du Rhne, la question de la dmission de Franois

    Hollande doit tre pose, avant que les valeurs qui

    fondent une nation ne soient dfinitivement d-

    truites . C'est vrai, quoi : batifolage et cocufiage ne

    sont pas les deux mamelles de la France !

    Bateaux. Contrairement ses promesses, le

    gouvernement australien n'a pas envoy de vaisseaux

    pour empcher les Japonais de chasser illgalement la

    baleine dans un sanctuaire austral. Il ne peut pas tout

    faire la fois : il en envoie dj assez pour pourchasser

    l'immigr clandestin.

    Kamikazes. Pour venger la mort de civils

    afghans dans la province de Parwan, les talibans tuent

    - entre autres - des civils afghans Kaboul. Logique.

    Prcaution. Les dputs prohibent le Wi-Fi

    pour les moins de 3 ans, dans les crches et les garde-

    ries. Une telle audace laisse sans voix : c'est vrai, ils

    auraient pu ne l'interdire qu'aux moins de 3 mois,

    dans les couveuses.

    Neurones. Prs d'un Franais sur deux juge que

    le FN est utile . Prs d'un Franais sur deux rflchit

    avec son croupion.

    Web. D'aprs le pape Franois, internet est

    une bonne chose, un don de Dieu , permettant de

    porter l'homme bless [] l'huile et le vin. Nomd'un petit crucifix ! Dieu propose-t-il ses produits sur

    eBay ou PriceMinister ?

    Grard Roy

    Dessin publi

    avec laimable

    autorisation de

    Charlie Hebdo

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    Charlie Hebdo

    Encore un peu de Charlie Hebdo?

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  • 8/13/2019 FV fevrier 2014

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    Notre-Dame-des-Landes

    Sites de rfrence :

    http://acipa.free.fr

    http://zad.nadir.org

    http://

    naturalistesenlutte.overblog.com