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1 Concours national de la Résistance et de la Déportation 2018-2019 DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA RESISTANCE Répressions et déportations en France et en Europe, 1939-1945. Espaces et histoire Document Guide L’Europe nazie (p 2) Les répressions (p 4) Irène Marchessoux (p 4) Attaque de Montautre (p 6) Massacre du Bois du Thouraud (p 6) Lidice / Oradour sur Glane (p 8) Les camps de concentration (p 10 ) France (p 13) Belgique (p 16) Territoire britannique (p 18) Allemagne (p 20) Parcours de creusois déportés (p 21) Marguerite Lagrange (p 21) Juliette Salzer (p 25) Germain Ducluzeaud (p 28) Les camps de mise à mort (p 32 ) Conclusion (p 35) Annexe : Cartes L’Europe nazie (p 36) Ghettos (p 37 ) Camps et Kommandos (p 38 ) Théâtre du génocide (p 40)

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Concours national de la Résistance et de la Déportation 2018-2019

DOSSIER REALISE PAR LE COMITE CREUSOIS DU PRIX DE LA RESISTANCE

Répressions et déportations en France eten Europe, 1939-1945. Espaces et histoire

Document Guide

L’Europe nazie (p 2)

Les répressions (p 4) Irène Marchessoux (p 4)

Attaque de Montautre (p 6) Massacre du Bois du Thouraud (p 6) Lidice / Oradour sur Glane (p 8)

Les camps de concentration (p 10 ) France (p 13) Belgique (p 16) Territoire britannique (p 18) Allemagne (p 20)

Parcours de creusois déportés (p 21) Marguerite Lagrange (p 21)

Juliette Salzer (p 25) Germain Ducluzeaud (p 28)

Les camps de mise à mort (p 32 )

Conclusion (p 35)

Annexe : Cartes L’Europe nazie (p 36)

Ghettos (p 37 )

Camps et Kommandos (p 38 )

Théâtre du génocide (p 40)

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L’Europe NazieL'occupation allemande de l'Europe de 1939 à 1945, présenta plusieurs formes dues au statutschoisis par Hitler selon des critères différents. Ainsi, certains pays furent annexés, occupésd'autres devinrent des satellites.

Les pays annexésCe sont, l'Autriche, annexée dès 1938 par le processus de l'Anschluss, les régions occidentalesde la Pologne (1939), la Bohême-Moravie pratiquement annexée sous la forme juridique duProtectorat (1939), le Grand Duché de Luxembourg (1940), l'Alsace et la Moselle (1940) maisqui furent séparées administrativement, et la Slovénie. En effet, aux yeux d'Hitler tous ces payset régions avaient des populations germanophones.

Les pays occupésVaincus militairement, ces pays sont pour certains administrés directement par l'Allemagne :Pays-Bas, Belgique, Nord de la France (départements du Nord et du Pas de Calais). D'autres,conservent un gouvernement national : c'est le cas de la Norvège, du Danemark, de la Grèce,de la Serbie et bien sûr de la France. Il faut noter à part l'exemple de la partie occidentale de laRussie destinée à devenir après l'opération Barbarossa en 1941, « l'espace vital » allemand,qui va être soumise à des persécutions terribles visant la population civile et les Juifs et quirelèvera d'une administration allemande civile.

Les pays satellitesCes pays sont en théorie des alliés de l'Allemagne, donc officiellement, ils restent souverains,mais Hitler va les soumettre à une très forte pression et ils seront obligés d'accepter, à unmoment ou à un autre, la présence de troupes allemandes sur leur territoire. Ce sont laBulgarie, la Roumanie pour ses puits de pétrole, la Hongrie qui participera à l'invasion de laRussie, la Slovaquie qui a proclamé son indépendance en 1939 avec l'appui de l'Allemagne, laCroatie et la Finlande. Certains, comme cette dernière mais aussi la Roumanie, vont mêmeentrer en guerre au côté de l'Allemagne contre la Russie afin de récupérer des territoires. Mais,devant la poussée des Alliés à l'Ouest comme à l'Est, le Reich va purement et simplementoccuper l'Italie, pourtant son alliée de l'Axe, mais aussi, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

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Ainsi, dès 1941, toutes les capitales des démocraties européennes, hormis Londres, Stockholmet Berne, sont occupées par l'Allemagne nazie.

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Les RépressionsPresque tous ces pays occupés ou annexés ou même satellites, ont connu une résistance auxnazis, certes différente selon les cas, parfois davantage armée que civile, plus ou moinsimportante en moyens et effectifs, mais avec un point commun : la répression fut la mêmequasiment partout, avec internements, déportations, exécutions, massacres de populationsciviles, extermination des Juifs...

Dans le régime nazi, la répression s’abat sur celui qui n’est pas pareil, sur celui qui ne pensepas comme il faut, sur celui qui n’a pas la même religion ou la même philosophie, toutsimplement sur celui qui n’est pas d’accord et qui ose le dire.

La répression nazie évolue avec le temps, son ampleur et sa férocité ne vont cesser de croîtrependant quatre ans.En France c’est d’abord une répression à visage légal : abolition des droits à la propriété pourles juifs, fin des droits acquis par l’élection (dissolution de Conseils Municipaux), suppression dudroit au travail (déplacement d’office de certains fonctionnaires), interdiction de certains lieux…Puis arrivent les lois anti-juives, les ghettos, les rafles (commises avec l’aide de l’État Français),l’instauration du travail forcé, les camps d’internement...A partir de 1944, l’effondrement militaire entraîne un déchaînement de haine où toutes leshorreurs sont commises…

Irène Marchessoux (née Erb) habite en Alsace mosellane audébut de la guerre. Pour fuir l’annexion de l’Alsace au Reich, safamille se réfugie en Limousin, elle devient membre de l’équipepédagogique s’occupant des enfants accueillis au Masgelier, maisonde O S E (Œuvre de Secours des Enfants). Elle témoigne :« En septembre 1939, à la fin des vacances scolaires, l’évacuationdes habitants de la zone de la Ligne Maginot, estimée dangereuse, a

vidé partiellement Strasbourg et complètement les localités rurales tout le long de cettefortification construite sur 100 km de frontières.La guerre a surpris les familles juives réfugiées en France. Les enfants ont été cachés dans desfamilles aux nobles sentiments (ou ayant besoin de main d’œuvre auxiliaire), d’autres sontenvoyés dans des maisons d’enfants organisées dès avant les hostilités.Après la capitulation de Mai 1940, une grande partie du pays est occupée, la machine deguerre nazie devient maîtresse du terrain, la soumission à ses lois s’instaure. Les frontièressont bloquées, les réfugiés sont pris dans la souricière de l’institution d’un statut des juifs, larépublique est mise en sommeil. L’État Français, dirigé par Pétain, dépasse en raffinement lesordres même des autorités allemandes. Quand il fallait un convoi de déportation, les gendarmesallaient récupérer les enfants ! »

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Les instruments de la répression sont d’abord ceux de la Wehrmacht : sa police militaire(feldgendarmerie), ses divisions spéciales (S.S) unités militaires qui seront de plus en plusengagées contre la Résistance. La police politique, la Gestapo, qui dépend directement dugouvernement allemand de Berlin (Himmler) s’installe dès 1940, mais fort discrètement. Elleprend en main l’ensemble de la répression avec l’installation en France du S.S Karl Oberg en1942 et généralise les méthodes de terreur expérimentées en Allemagne.

Le rôle de l’État Français est essentiel. La police française possède des fichiers et connaît bienle terrain : elle est en bonne position pour repérer les suspects, trouver des informateurs, menerdes filatures… L’occupant face aux difficultés croissantes dans la guerre ne peut renforcersuffisamment ses propres instruments de répression, alors que la combativité de la résistanceaugmente. La police de Vichy, elle, bien organisée à l’échelle du pays, ne cesse d’être étendueet perfectionnée. Dès le 23 avril 1941, la loi qui réorganise les services de police institue unquadrillage policier sans précédent sous l’égide des préfets régionaux. A partir de l’été 1941, lechangement des conditions générales de la guerre et l’essor de la résistance entraînent uneprogression accélérée de l’appareil policier. Aux services traditionnels viennent s’ajouter despolices spéciales crées par le ministre de l’intérieur, Pierre Pécheu, notamment les BrigadesSpéciales de la Préfecture de Police. La Gendarmerie est de plus enplus orientée vers la chasse aux résistants, tandis qu’est crée un corpsde G.M.R (Groupe Mobile de Réserve) destiné à combattre le« terrorisme ». Des polices parallèles recrutées parmi les collaborateursles plus zélés complètent la panoplie, avec notamment la Milice, crééeen janvier 1943 par Joseph Darnand. Celui-ci est promu un peu plus tard« Secrétaire Général au maintien de l’Ordre ».

La collaboration, sans cesse plus étroite, entre les deux systèmes répressifs allemand etfrançais, démultiplie leur efficacité. En août 1942, les accords passés entre Oberg et Bousquet(Secrétaire Général de la Police) établissent des liaisons permanentes pour l’action communedes deux polices. A partir de 1943, les mailles du filet répressif sont tellement resserrées qu’iln’y a pas une seule forme de résistance qui ne soit frappée. Or un résistant arrêté ce n’est passeulement un homme qui perd sa liberté, un combattant qui va manquer à la résistance.

L’arrestation débouche sur les coups et sur la torture, domaine où lesagents de la Gestapo sont maîtres, bientôt rejoints par leurs émulesfrançais. Dès l’été 1941, le résistant arrêté sait qu’il est menacé de mort.C’est alors qu’apparaissent les fameux Avis du Gouverneur Militaireannonçant les condamnations à mort de résistants.

C’est alors aussi que se met en place le système des otages qui frappe essentiellement lesrésistants puisque ces otages sont choisis parmi les internés considérés commeparticulièrement dangereux. Le cas échéant les autorités vichystes guident ce choix comme cefut le cas à Châteaubriant. De toute façon ce sont essentiellement les internés entassés parVichy dans ses camps qui sont livrés à l’occupant pour le peloton d’exécution ou les convois dedéportation.

L’État français pratique aussi directement la répression. Les Sections Spéciales, crées par la loidu 14 août 1941, jugent de façon expéditive et sans appel « l’activité communiste ouanarchiste ». Les premiers condamnés sont guillotinés à Paris le 25 août 1941. Le contre

Joseph Darnand

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espionnage de Vichy (le bureau des menées antinationales) traque les agents allemands etitaliens en zone sud mais traque aussi les « propagande anglo-gaulliste, communiste, judéo-maçonnique ». Parmi les résistants ainsi arrêtés, un certain nombre sera déporté aprèsl’occupation de la zone sud en novembre 1942.

La déportation constitue une forme de plus en plus utilisée pour se débarrasser des résistans.Elle est systématisée par le décret N.N (Nacht et Nebel / Nuit et Brouillard) signé en décembre1941.

Attaque de Montautre

En juin 1943 dans le bois de Montautre, près de Saint-Maurice-la-Souterraine, un camp de réfractaires est crée. Dans les mois suivants deuxgroupes de F.T.P (Francs Tireurs et Partisans) commencent la lutte armée.En sabotant la voie ferrée Paris-Toulouse, ils réussissent de nombreuxdéraillements. Le gouvernement de Vichy réagit et le camp de Montautre estattaqué le 19 août 1943 par le 5ème escadron de la garde mobile de Montmorillon et le GMR dela Marche.Extraits du « Temps du Maquis » de Marc Parrotin :« Il fait à peine jour et le brouillard est tellement épais que… sous le couvert on ne voit pas àplus de trois pas……Un maquisard prend sa faction. Il s’ennuie… quand un reflet métallique luit, suivi d’une formequi bouge… Il pointe sa mitraillette et met le doigt sur la détente :

Qui va là ?La Garde MobileHalte !

Le maquisard tire… Brusquement, des cris farouches s’élèvent autour du bois, et aussitôt lafusillade retentit. L’ennemi attaque. Les maquisards font feu de toutes les armes dont ilsdisposent… Devant eux des centaines de gardes mobiles, bien armés, bien entraînés…. Lechef des maquisards donne l’ordre de se préparer au repli…Le repli s’effectue en bon ordremais quelques gars ont préféré prendre une autre direction… ils sont fait prisonniers…. »

Le 12 octobre, un jugement, rendu par la section spéciale de la cour de Limoges, condamne les6 prisonniers de Montautre aux travaux forcés. Après la révolte de la Centrale d’Esses, ils sonttous déportés en Allemagne.

Massacre du Bois du ThouraudEn 1943, seize jeunes réfractaires, pour échapper au S.T.O trouventrefuge dans le bois du Thouraud (près de Maisonnisses) difficile d’accès.Ils bénéficient de l’appui d’une partie de la population qui leur assure leravitaillement.

Dénoncés par deux miliciens infiltrés, leur abri est cerné le 7 septembre1943, à l’aube, par une centaine de membres de la Gestapo et de soldats de la Wehrmacht(parachutistes venus de La Courtine).

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Treize jeunes sont présents, ils tentent de s’échapper mais sept tombent sous le feu del’ennemi. Leurs corps sont rassemblés sur le toit du refuge et les allemands les font sauter.

Six survivants et deux paysans (arrêtés chez eux) accusés d’assistance sont transférés à laprison de Limoges où ils sont interrogés par la Gestapo.

Ils sont transférés à la prison de Fresnes avant d’être, en avril 1944, déportés vers l’Allemagne(Auschwitz, Nemengamme, Buchenwald, Dora). Seuls trois d’entre eux reviendront.

Après la Libération, l’un des indicateurs responsables du massacre du Bois du Thouraud estarrêté. C’est un milicien du S.D (Gestapo) qui avait été vu dans les environs de Sardent.Reconnu formellement il est condamné à mort, à la dégradation national et à la confiscation deses biens.

Ainsi, résister c’est affronter personnellement, volontairement, les plus hauts risques : celui deperdre sa liberté, celui de perdre la vie.

Les résistants assumèrent ces risques car la situation qui s’instaurait en France, sous le doublejoug d’un occupant étranger et d’un régime réactionnaire et collaborateur, en totalecontradiction avec les valeurs qui les faisaient vivre, leur était insupportable.

Le monument est réalisé grâce à une souscriptionpublique en 1947, il se trouve à l'intérieur du bois àl'endroit où se tenait le camp des maquisards.

Le 7 septembre, lapopulation célèbrela mémoire desrésistants du Boisdu Thouraud.

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Villages martyrs de LIDICE (1942) et d'ORADOUR (1944)

Le massacre de civils lors d'un conflit militaire constitue, en droit international, un crime deguerre. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les forces armées de l'Allemagne nazie –Wehrmacht et Waffen SS – ont commis en très grand nombre de tels crimes : dans la seuleBiélorussie plus de 5000 villages ont été incendiés, dont plus de 600 entièrement détruits avectoute leur population.

En France, c'est surtout le nom d'Oradour-sur-Glane qui symbolise le crime de guerre, maisd'autres villages français ont connu en 1944 un sort comparable : des villages du Vercors,Maillé en Touraine, Dortan au pied du Jura. Oradour a été martyrisé le 10 juin 1944 : deux ansplus tôt jour pour jour, le 10 juin 1942, près de Prague, le village tchèque de Lidice (« lidiytsè »)avait été lui aussi anéanti.

Le martyre de Lidice fait suite à l'attentat commis par des résistants tchèques le 27 mai 1942 àPrague contre Reinhardt HEYDRICH, un des plus hauts dirigeants nazis. Furieux qu'on aitattenté à la vie d'un successeur potentiel, HITLER exige l'arrestation immédiate de 10 000otages parmi lesquels une centaine d'intellectuels sont exécutés. Quand, le 4 juin, HEYDRICHsuccombe à ses blessures, les représailles s'amplifient. Le Führer ordonne la destruction du

village de Lidice dans lequel des résistants tchèquesparachutés depuis Londres auraient prétendument trouvérefuge (on découvrit plus tard que cela était faux). Leshommes du village âgés de plus de 15 ans sont tous exécutés.Les femmes sont déportées dans des camps de concentration– beaucoup n'en revinrent pas. La plupart des enfants sontdéportés en Pologne, où ils périrent dans les camions à gaz du

camp d'extermination de Chelmno. Les 95 maisons du village sont incendiées avant d'êtrerasées.Au total, 340 habitants de Lidice perdirent la vie : 192 hommes, 60 femmes et 88 enfants.

Lidice devint le symbole de la domination de l'Allemagne nazie par la terreur et par lasouffrance de victimes innocentes.

*Le 10 juin 1944, le village limousin d'Oradour-sur-Glane est anéanti par la division SS DasReich. Revenue du front russe et stationnée dans la région de Montauban elle avait quitté sescantonnements dans la nuit du 7 au 8 juin avec pour mission de mener une « frappe immédiateet brutale » contre les maquis de la Résistance – qualifiés de « bandes de terroristes ». Desmesures violentes d'intimidation sont prévues pour dissuader la population d'aider les maquis :trois pendaisons pour un Allemand blessé, dix pour un mort.Après avoir livré combat lors de divers accrochages et semé la terreur sur sa route, undétachement de 500 hommes du régiment Der Führer arrive dans la soirée du 8 juin à Tulle oùil délivre la garnison allemande attaquée depuis la veille par les forces de la Résistance. Le 9juin, en représailles des morts allemands, 99 hommes de 18 à 46 ans sont pendus aux balconset réverbères de Tulle. Vingt autres sont fusillés. Sur 360 personnes arrêtées, 200 serontdéportées – 101 ne reviendront pas.Le même jour, une autre unité du Der Führer massacrait 31 jeunes maquisards à Combeauvert,sur la route de Guéret à Bourganeuf.

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Le 10 juin vers 14 heures, le village d'Oradour, à 22 kilomètres au nord-ouest de Limoges, estencerclé et investi par une unité de la Das Reich. La population tout entière est invitée à serassembler sur le champ de foire. L'attitude des Waffen-SS, agissant dans le calme, n'ayantrien d'inquiétant, et se considérant à l'abri de tout reproche (il n'y avait au village ni armes nimaquisards), les habitants d'Oradour rejoignent dans leur quasi-totalité le lieu derassemblement : jusqu'au dernier moment ils n'ont pu soupçonner qu'un massacre se préparait.

Après une attente d'une heure environ, les hommes sont séparés des femmes et des enfants.Bientôt, divisés en quatre groupes, ils sont conduits et enfermés dansdes granges. Peu après, ils y sont mitraillés, puis les granges sontincendiées.Les femmes et les enfants sont emmenés à l'intérieur de l'église. Là, lesSS mettent le feu à une caisse qui explose en répandant une fuméenoire et suffocante puis ils mitraillent la foule prise de panique. Ils jettentensuite sur les corps inertes de la paille, des fagots, des chaises... et ymettent le feu. Il n'y eut qu'une seule survivante : une femme qui avait pu s'échapper par unefenêtre dont les vitraux avaient été brisés par l'explosion.Pendant les heures suivantes, les SS parcourent le village à la recherche de survivants en fuiteet abattent systématiquement tous ceux qu'ils rencontrent. Dans le groupe de la grange Laudy,qui comprenait cinquante à soixante personnes, cinq jeunes hommes seulement survécurent.

En l'espace de quelques heures, 642 personnes ont été massacrées : 221 femmes et 161hommes de tous âges, 260 mineurs de moins de vingt-et-un ans (parmi lesquels 147 écoliers etécolières de six à quatorze ans et 68 enfants de moins de six ans). C'est le nombre officiel des« décès reconnus judiciairement » en janvier 1947 . Il est sans doute proche de la vérité, maisforcément en dessous. Les documents d'état-civil avaient brûlé dans l'incendie. Tous leslogeurs, tous les employés de mairie avaient été massacrés. Rien ni personne ne put attester laprésence des gens de passage, des clandestins étrangers, des jeunes réfractaires au STO quipouvaient se cacher là comme dans d'autres villages du Limousin. L'état des corps des victimesne permit que cinquante-deux identifications : on ne put donc dresser que cinquante-deux actesde décès. Les noms des autres suppliciés furent inscrits sur une « liste nominative des victimesdu massacre portées officiellement « disparues » qui reste incomplète. *« La France a son Lidice » : par ces mots, le porte-parole du GPRF à Radio Londresrapprochera Oradour des représailles exercées en 1942 à l’encontre du village tchèque.Comme à Lidice, l'explication avancée par les tueurs d'Oradour est fausse : il n'y avait pas de« bande » dans le village limousin.Comme à Lidice, le but était de terroriser la population civile afin d'isoler complètement lesforces de la Résistance.

A Oradour comme à Lidice, on a bâti unnouveau village à proximité du villageanéanti. Sur chacun des sites, un centre de lamémoire renseigne sur la tragédie qu'ils ontconnue.

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Les camps de concentrationUn camp de concentration est une installation de détention où l'on enferme, sur simpledécision de la police ou de l'armée, des gens considérés comme gênants pour le pouvoir etcela généralement dans de très mauvaises conditions.

La population détenue peut se composer d'opposants politiques, de résidents d'un pays ennemiau moment de la déclaration des hostilités, de groupes ethniques ou religieux spécifiques, decivils d'une zone critique de combats, ou d'autres groupes humains, souvent pendant uneguerre. Les personnes sont détenues en raison de critères généraux, sans procédure juridique,et non en vertu d'un jugement individuel.

Un sort dramatique attendait les prisonniers des camps de concentration nazis, il n'y avait quepeu de chance de survie : manque constant d'eau, de nourriture ; travail harassant dans desconditions plus que précaires ; hygiène déplorable ; maladies ; expériences menées surcertains détenus ; et enfin ceux qui ne pouvaient plus travailler étaient envoyés dans leschambres à gaz.

Mais ce ne sont pas les nazis qui ont inventé le concept. Celui-ci est dû à … l’invention du filbarbelé dès la fin du XIXème siècle !

En Afrique du Sud, en octobre 1899, la guerre éclate entre les Britanniques et lesdescendants des premiers colons néerlandais, appelés Boers. Pour se débarrasser de larésistance de ces Boers, le général anglais Kitchener utilisa une invention récente, le fil de ferbarbelé, pour créer à peu de frais des camps (vastes espaces clos) où il enfermait, sansjugement, les Boers. 200 000 seront ainsi internés. On estime qu'il y eut 30 000 morts dans cescamps.

L'U.R.S.S. de Staline a, dans les années 1930, multiplié les camps de concentrationsous la direction d'un organisme central : le Goulag.

A la fin de la guerre d'Espagne (1939), il y a des camps de concentration français pourles républicains espagnols qui se réfugient en France (camp de Gurs, créé en mars 1939).

Les premiers camps nazis furent créés dès 1933, à l'arrivée d’Hitler au pouvoir, pourenfermer les Allemands opposés à Hitler : communistes, sociaux-démocrates, syndicalistes...mais aussi les populations ne répondant pas aux « critères moraux ariens » : homosexuels,« réfractaires » au travail….

Les premiers camps construits sont en Allemagne, ce sont Dachau et Oranienburg.

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Mais les camps de concentration nazis ont existé sur tous les territoires occupés ouannexés par eux.

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Dans leurs camps deconcentration, les nazismettent sur pied unevéritable politique dedéshumanisation.

Dès leur entrée au cample prisonnier perd sonnom : un numéro lui estattribué (et tatoué sur unbras).

Les prisonniers sontcatalogués en différentescatégories pourlesquelles il est attribuéun triangle de couleur àcoudre sur lesvêtements.

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France La France, dès 1940, a été coupée en deux :

La « zone occupée », gérée par les nazis, comprenant le nord et l’est du pays ainsi quela façade atlantique.

La « zone libre », transformée en État Français avec le Maréchal Pétain à sa tête.

Les deux zones de France sehérissent de différents camps :camps pour les tsiganes,camps pour les juifs, campsde rassemblement avantdéportation (ainsi le camp deNexon à côté de Limoges) maisaussi camps de concentration(ainsi le Struthof en Alsace,zone annexée au Reich).

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StruthofAprès l'Armistice du 22 juin 1940, l'Alsace et la Moselle sont annexées par le IIIème Reich. Desfonctionnaires du Reich arrivent pour diriger les administrations restées en place, la monnaie etle droit coutumier germanique sont imposés ; l'usage du français est interdit. Les "nonAllemands" et les Juifs envoyés vers la zone française non occupée. À partir de 1942, lesAlsaciens sont astreints au service militaire obligatoire, dans la Wehrmacht.

Le lieu-dit du Struthof, sur le Mont-Louise, étaitune station touristique très appréciée depuis ledébut du XXe siècle, en particulier par lesStrasbourgeois qui y trouvent un hôtel et despistes de ski. Le site, qui abrite un filon de granitrose, est repéré par le colonel SS Blumberg,géologue. Himmler, chef de la Gestapo et de lapolice lui a demandé de trouver desemplacements pour créer des camps à proximitéde carrières.

Les premiers déportés arrivent dans deux convois en provenance de Sachsenhausen, fin mai1941. Ce sont eux qui construisent les premières baraques. Le camp est achevé en octobre1943.La plus grande partie du camp est construite sur les flancs escarpés du Mont Louise."Être prisonnier à Natzweiler-Struthofrevient ainsi à monter sans arrêt desmarches, lesquelles sontparticulièrement hautes. Sachant qu'aubout d'un certain temps, les prisonniersn'ont plus suffisamment de force pourlever normalement les jambes, ilsfinissent bientôt par adopter unedémarche curieuse : devant chaquemarche, ils prennent leur élan, placentles mains sous un genou et le soulèventpour poser le pied sur la marchesuivante. Après avoir posé l'autre pied,ils recommencent, et ainsi de suitejusqu'au block" a écrit le déporténorvégien Kristian Ottosen.

L'administration SS gère la vie du camp, environ 250 SS ont été en poste à Struthof.

Les déportés du camp de Natzweiler viennent de toute l'Europe (les premiers sont Allemands,puis on trouve des Soviétiques, Polonais, Tchèques, Alsaciens, Lorrains mais aussi desBelges, Néerlandais, Norvégiens et Français). Pour tous, le processus d'admission au camp estle même : descente à la gare de Rothau, montée au camp à pied ou en camion, enregistrementsous un numéro matricule, dépouillement de toute identité et affaires personnelles, épouillage,désinfection et distribution de vêtements dépareillés et parfois de tenues rayées.

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Les déportés sont entraînés dans un processus de destruction et de déshumanisation, ils sontvoués à une mort lente par le travail, l'épuisement, la faim, les maladies.La première épreuve à laquelle ils sont confrontés est l'appel. Deux fois par jour au minimum,les SS comptent et recomptent les déportés vivants ou morts. Les vivants doivent attendredehors par tous les temps, pluie, neige, vent, forte chaleur, le droit de regagner leur baraque oule départ en kommando de travail. Les déportés sont sous-alimentés. La faim devient uneobsession. Ils finissent par envier le contenu des gamelles des chiens des SS.

Véritables forçats, les déportés travaillentde 6 heures à 18 heures ou de 18 heures à6 heures. Après avoir bu un ersatz de café,ils rejoignent leur kommando de travailsitué à l'intérieur ou à l'extérieur du camp.L'immense majorité d'entre eux travaille à lacarrière, à l'extraction de pierres ou degravier.Le soir, au retour du travail, ils regagnentleur block où ils reçoivent leur maigreration, dorment entassés dans des châlitsen bois. Le matin, avant l'appel, ils font unetoilette sommaire autour de lavabos ennombre insuffisant.

Ils souffrent de blessures dues aux coups que leur administrent les Kapos et les SS, ainsi quedes morsures des chiens dressés pour les attaquer. Ils peuvent également être punis etcondamnés à des coups de fouet. Squelettiques, épuisés, blessés, malades, sans soins,beaucoup meurent.

La Gestapo de Strasbourg utilise aussi le camp comme lieu d'exécution. Ainsi, en 1943, treizejeunes gens originaires de Ballersdorf dans le Haut-Rhin sont fusillés à la carrière pour avoirrefusé leur incorporation dans la Wehrmacht et tenté de quitter la zone annexée

Comme les autres camps de concentration, le camp de Natzweiler administre des campsannexes au nombre d'environ 70, créés dès 1942, situés en Allemagne, en Alsace annexée, etmême pour deux d'entre eux, en France occupée.Les camps annexes, sont exclusivement au service de la SS. Les conditions de travail sontd'autant plus pénibles que la plupart de ces camps sont enterrés dans des mines et des tunnelsafin d'être à l'abri des bombardements alliés. La mortalité peut y atteindre 80 %.

En septembre 1944, devant l'avance des armées alliées, les nazis décident d'évacuer le campprincipal. La plupart des déportés sont transférés vers Dachau, mais quelques-uns restent àNatzweiler sous la garde d'un petit nombre de SS. Le 23 novembre, jour de la libération deStrasbourg, l'armée américaine pénètre dans le camp, premier témoignage de l'universconcentrationnaire nazi découvert par les Américains.

Sur les 52 000 personnes déportées à Natzweiler-Struthof ou dans l'un de ses camps annexesentre 1941 et 1944, plus de 20 000 sont mortes.

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BelgiqueLe 10 mai 1940, les forces armées allemandes déclenchent une offensive surprise de grandeenvergure, dirigée simultanément contre les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France.Les forces allemandes réussissent une avance foudroyante qui aboutit à la défaite presqueimmédiate. L’armée belge se rend le 28 mai 1940.

Les Allemands veulent placer les pays conquis sous leur contrôle.En Belgique, le roi Léopold III est prisonnier de guerre dans son pays, retiré des affaires, alorsque le gouvernement belge se réfugie à Londres. Il ne reste plus aucune autorité politique belgeen Belgique.Une administration militaire allemande est établie en Belgique, mettant le territoire sous lecontrôle direct de la Wehrmacht. Des milliers de soldats belges sont fait prisonniers de guerre etbeaucoup ne sont pas libérés avant 1945. L'administration allemande a pour tâche de combinerdeux objectifs concurrents : maintenir l'ordre tout en extrayant les minéraux du territoire afin desoutenir l'effort de guerre.

L'administration est assistée par le service public belge, qui estime qu'une coopération limitéeavec l'occupant peut réduire les dommages aux intérêts belges. Les partis fascistes belges enFlandre et en Wallonie, établis avant la guerre, collaborent avec les occupants et permettent lala constitution de deux divisions de la Waffen-SS (une en Flandre, une en Wallonie).

Fort de Breendonk

Le fort de Breendonk, situé à une vingtaine de kilomètres ausud d’Anvers est le seul camp de concentration implantépar les nazis en Belgique, utilisé dès le 20 septembre 1940.

Durant l’année 1940, ce sont principalement des juifs qui ysont détenus. Le dessinateur Jacques Ochs est chargé parle commandant du camp de faire des portraits de certainsgardiens allemands et il en profite pour exécuter clandestinement des portraits de prisonniers etdes images de sévices qui furent publiées après la guerre.

L’entrée du camp s’ouvre sur le corps degarde abritant la Wehrmacht officiant pour

la surveillance extérieure du fort. Il donne surl’entrée du fort, voûtée et sombre.

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Breendonk sert aussi de centre d’internement pour les contrevenants aux mesures antijuives etles « asociaux », au sens nazi du terme. Avec la prolongation du conflit et de l’occupation, desotages et des résistants y sont internés, le nombre de prisonniers politiques et de résistantsaugmente.

Avant d’être transférés vers d’autres camps, lesrésistants sont interrogés, maltraités et torturés dans le «bunker » ; un ancien magasin à poudre reconverti ensalle de supplices mise en place en 1942. En général, ledétenu est conduit le soir ou la nuit devant sesbourreaux. Ses cris traversent alors mieux les parois deschambrées et terrorisent ses compagnons. « Ce qui faitde Breendonk le plus dur des camps, c’est la terreurjudiciaire systématiquement entretenue. On savait qu’onétait là « pour parler » et que la discipline du camp devait« nous faire parler ». »

Le « repas » des prisonniers est préparé à la cantine desSS avec, sur le mur principal la devise :« Mon honneurs’appelle fidélité »..« Au déjeuner, à 5 heures 30 : deux tasses de jus de glandstorréfiés et 125 grammes de pain. Au dîner, à 15 heures 30 :un litre de soupe claire. Au souper, à 18 heures : deuxtasses de jus de glands torréfiés et 100 grammes de pain. »

À cette maigre pitance se rajoute le travail forcé: pousser des chariots, casser les pierres, porterdes sacs de ciment… Un travail lourd qui amaigrit encore les prisonniers et les rend faméliques.C’est de cette manière qu’ont été débarrassés les 250 000 m3 recouvrant en grande partie lefort : à grands coups de fouet sur les prisonniers.

À l’intérieur d’une autre aile il y a quelques cachots et cellules.Ce sont des enclos dans lesquels il est impossible de se mouvoiret dans lesquels il n’y a pas de lumière. Ces « cages» sontdestinées aux prisonniers mis aux secret ou les punis.

Enfin, la place d’appel, lieu de rassemblement mais aussi surlaquelle donnent les latrines, les douches et l’entrée deschambrées.

Breendonk comptera au moins 3 532 détenus jusqu’enseptembre 1944. 1 733 ne survivront pas aux maltraitances.

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Territoire britannique

L'île anglo-normande d'Aurigny (ou Alderney), territoire de seulement 8 km² de superficie,se situe au large des côtes normandes, elle est sous protection de la Couronne britanniquedepuis le XIIIème siècle mais garde son statut de bailliage normand du duché de Normandie.La reine Elisabeth II règne en tant que duchesse de Normandie, titre hérité de Guillaume leConquérant.

Le 23 juin 1940, sentant l'avancée allemande inéluctable,la population d'Aurigny décide d'évacuer totalement l'île.Chaque habitant, une valise à la main, embarque à bordde six navires à destination de Weymouth en Angleterre.

Le 2 juillet, les Allemands prennent possession de l'île. Elle est rebaptisée île Adolf par sesoccupants. Les Allemands y installent quatre camps de travail et de concentration (rattachés aucamp de Neuengamme, en Allemagne)..Le camp de Nordeney est ouvert en 1941 à l'intention d'un millier de déportés soviétiques, puisce sont des déportés espagnols qui arrivent en février 1942 depuis la France. En août 1943,arrive de Drancyun convoi de déportésjuifs, des Africains duNord en septembre1943 mais aussi desNormands en mai 1944.On estime que lapopulation du campatteint son maximum aumilieu de l’année 1943avec près de 5 000détenus. Le dernierconvoi, arrivé le 5 juin1944, se composait derépublicains espagnols,anciens des Brigadesinternationales enprovenance du campde Vernet en Ariège.

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L’Organisation Todt est un groupe de génie civil et militaire du Troisième Reich. L'Organisationa été chargée de la réalisation d'un grand nombre de projets de construction tant en Allemagneque dans les pays d'Europe sous domination nazie. Dès 1941, l’Organisation Todt est chargée

de la construction du mur de l'Atlantique, uneligne de fortifications qui doit protéger les côtesde la France occupée, de la Belgique, des Pays-Bas, du Danemark et de la Norvège ainsi que lafortification des îles Anglo-Normandes.

Pour cet énorme travail l'Organisation Todt « sesert » dans chaque camp d’Aurigny et utilise letravail forcé pour construire des bunkers, desabris anti-aériens et diverses fortifications qui

font que l'île détient la plus forte densité de béton coulée à l'Ouest.

De nombreux prisonniers trouvent la mort au coursdes travaux. L'insalubrité, la malnutrition, lesviolences physiques, les exécutions sommaires sontle lot commun et font que l'île d'Aurigny estsurnommée "l'île du diable", "le Buchenwald del'ouest", ou encore "le petit Auschwitz"..

Le port de Cherbourg est libéré le 25 juin 1944, le ravitaillement de l’île par voie maritimedevient problématique. Les autorités allemandes décident de transférer les survivants dansd'autres camps en Allemagne et le camp de Nordeney est démantelé.

La marine britannique reprend possession de l'île le 16 mai 1945. Le 30 septembre 1945, lesAurignais retrouvent leur île, dévastée.

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Allemagne

BuchenwaldLe camp de concentration est mis en service à la fin juillet 1937 près de la colline del'Ettersberg près de Weimar.Les premières baraques sont construites sur le versant nord, entièrement boisé, d'unesuperficie de 190 hectares. Le 15 juillet 1937, 149 prisonniers qualifiés pour les travaux deconstruction sont amenés pour défricher, installer les canalisations d’eau, poser les installationsélectriques et construire les voies d'accès et de circulation, les bâtiments du camp, un manègepour chevaux, les villas des SS etc. Les conditions de travail causent de nombreuses victimes.La clôture du camp est parcourue par un fil électrique de 380 V de tension, tandis que le portaild'entrée s'orne de l'inscription de fer forgé : Jedem das Seine (« À chacun son dû »).

Parmi les prisonniers de près de 30 pays, les Français constituent, au début de 1944, le groupele plus important. De juin 1943 à août 1944 arrivent 10 convois transportant plus de 13 000prisonniers. Au total le nombre des Français déportés à Buchenwald est estimé à 25 000. Deplus, environ 1 000 Français se trouvent dans des commandos extérieurs.

André REIX est né le 30 juin 1924 à Bourganeuf. Capturé le 16 juillet 1944 par la ColonneJesser au Mas Baronnet (près de Bourganeuf), déporté à Buchenwald il devient le matricule81682. Envoyé au commando de Langenstein (construction d’un tunnel), c’est là où il seralibéré en 1945…

Sa fille se souvient comment il «racontait sa déportation», voilà son témoignage :« Dans les camps de concentration tout est fait pour déshumaniser, humilier, casser l’être humain.Il n’existe pas un instant de répit, tout est brutalité, cruauté, certains deviennent fous.Dès l’arrivée dans le camp : un déferlement de cris, d’insultes, de coups, d’aboiements des chiensdestinés à créer d’emblée le réflexe de la peur et de la soumission.Ensuite les détenus sont dépossédés de toutes leurs affaires personnelles, tondus de la tête aux pieds,ils reçoivent une tenue rayée de bagnard et des galoches en bois.Dans le camp, on n’est plus personne, on n’a plus de nom, on est plus qu’un numéro matricule (àapprendre ou tatoué sur l’avant bras gauche). C’est un dépouillement total.Le travail (environ 12 h par jour, à un rythme infernal) est épuisant. Les appels interminables sont devéritables supplices.

La nourriture insuffisante fait ressembler les déportés à dessquelettes, la faim agit sur le comportement des détenus quiparfois se battent pour s’emparer d’une épluchure ou laper un peude soupe répandue sur le sol, comme des animaux.Les punitions, pour des peccadilles, entraînent des tortures : 25coups de bâton sur les fesses comptés par la victime en allemand.

Dans les camps tout est fait pour créer une terreur permanente etempêcher toute résistance à cet enfer. Les déportés ont perdu leurqualité d’Homme, ils sont devenus des choses à détruire sanslaisser de trace, ils ont été chosifiés. »

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Parcours de creusois déportésMarguerite LAGRANGE

La Belgique occupée

L'occupation de la Belgique commence le 28 mai 1940 lorsque celle-ci dépose les armesdevant les armées allemandes. Le roi Léopold III est en résidence surveillée après une attitudeambigüe, tandis que le gouvernement choisit l'exil en Grande-Bretagne d'où il va continuer àrésister. L'administration travaille alors sous le contrôle des Allemands qui vont s'appuyer surles Flamands dont ils vont libérer 106 000 prisonniers. L'opposition à l'occupation allemande vaaugmenter de jour en jour et va rapidement prendre la forme d'une véritable résistance. Dèslors, la répression devient terrible avec des milliers d'arrestations et de déportations. Le paysest dans le ressort du Commandement militaire allemand (Militärbefelshaber) de Bruxelles quia aussi autorité sur les départements du Nord et du Pas de Calais. Le 11 mai 1940 dès la prisede fonction du général Von Falkenhausen, l'occupant annonce que les actes de résistanceseront sévèrement punis. En juillet 1944, l'administration militaire devra passer la main, surordre d'Hitler, à une administration civile SS.

Les services de répression allemands en Belgique

A l'image des autres pays occupés, l'on varetrouver en Belgique les mêmes services : àsavoir, la Feldgendarmerie, la police militairede l'armée qui opère en uniforme et estchargée du maintien de l'ordre et du contrôlequotidien de la population, la GPF (GeheimeFeldpolizei) police secrète de l'armée quiassure sa protection, et est très active contreles réseaux d'espionnage comme celui dontfera partie Marguerite Lagrange, et qui vacoopérer avec l'Abwehr , et bien sûr la Sipo-SD dont la branche la plus connue est laGestapo dont la lutte est ciblée envers lesmouvements de résistance et lescommunistes. Et bien sûr ces servicesrecevront l'aide d'autochtones(collaborateurs, certains membres de lapolice belge...)

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Un service de renseignements allié en Belgique : le SRA AIR 40

Jusqu'en juin 1940, le SRA AIR 40, réseau auquel appartenait Marguerite Lagrange, était unebranche du SR Armée (Service de renseignement de l'Armée). Dès août 1940, son chef, lecolonel Ronin, décide de créer une organisation clandestine destinée à lutter contre l'Allemagneau moyen de réseaux dépendant officieusement du 2e bureau dont le siège était à Vichy et àRoyat. La section aéronautique (SR AIR) devient indépendante et maintient le lien avecl'Intelligence Service. Parmi les 1546 agents recensés, il y a 6% de femmes et dans la sectionbruxelloise, 48% de ces femmes avaient une profession comme Marguerite Lagrange qui étaittailleuse.

Marguerite Lagrange et son long calvaire

Marie-Marguerite, Thérèse Lagrange est née le 13 mars 1889 à Chénérailles. Son père, Jean-Baptiste, est clerc de notaire et sa mère, Léa Puech couturière. Marguerite va peu connaîtreson père décédé en 1892. Le 6 février 1905, elle épouse à Guéret, Elie Bertrand, coiffeur. En1912, nous la retrouvons à Paris où un jugement de divorce est rendu le 10 janvier. Nous nesavons rien de son existence entre 1912 et 1941, sauf qu'au moment de son arrestation, elleréside avenue Legrand à Ixelles, banlieue résidentielle de Bruxelles. Elle exerce alors le métierde tailleuse. Elle entre au réseau SRA AIR le 1er juillet 1941 en qualité d'agent permanent(agent P2), ce qui signifie qu'elle a signé un engagement et qu'elle est rétribuée (un documenten date du 28 août 1944 atteste de son appartenance aux Forces Françaises Combattantes).Marguerite Lagrange est arrêtée pour espionnage à Bruxelles le 14 avril 1942.

Prison Saint-Gilles à Bruxelles ( 14.04.42 au 28.08.42)La prison Saint-Gilles de Bruxelles fut déjà pendant la Première Guerre le lieu de détention desmembres des réseaux alliés d'espionnage. Sous l'occupation allemande, elle va fonctionner du17 mai 1940 au 3 septembre 1944. Marguerite Lagrange est incarcérée d'avril à août 1942. Lespersonnes destinées à être fusillées ou déportées occupaient les cellules du rez-de-chausséeet du 1er étage. Beaucoup de Juifs furent détenus à Saint-Gilles avant leur transfert à Malines,le Drancy belge.

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Parties de Saint-Gilles, les femmes étaient transférées en Allemagne à Aix la Chapelle, puis àEssen. Dans cette ville, se trouvait en effet le Sondergericht, tribunal spécial qui avaitcompétence pour appliquer le décret N.N, procédure dont relèvera Marguerite Lagrange. Cedécret mis en place le 7 décembre 1941, permettait d'arrêter les résistants jugés dangereuxpour le régime nazi et qui devait disparaître dans la « Nuit et le brouillard » (Nacht und Nebel) ;.Le tribunal d'Essen avait autorité sur les départements du Nord et du Pas de Calais, ainsi quesur la Belgique. Après jugement, les condamnés étaient envoyés dans des prisons ou mêmedirectement dans des camps.

Prison d'EssenMarguerite Lagrange est internée après jugement dans cette prison de Rhénanie-Nord-Westphalie où 105 places sont réservées aux femmes. La prison est bombardée les 4 et 28 mai1943.

Prison de ZweibrückenAprès les bombardements d'Essen, les prisonnières sont transférées dans cette prison située à30 km de Sarrebrück.

Prison de MessumSituée au nord de Münster, la prison de Messum accueille les déportés N.N jusqu'à leurtransfert à Gross-Strehlitz

Gross-StrehlitzCette prison est située au sud-est de Breslau en Pologne. C'est la prison d'exécution despeines pour les N.N de Belgique et du nord de la France. Elle est évacuée début 1945.

RavensbrückSitué à 80 km de Berlin,Ravensbrück est uncamp de concentrationouvert en mai 1939 etréservé exclusivementaux femmes. LorsqueMarguerite Lagrange yarrive le 2 janvier 1945,elle reçoit le matricule97 915 et est mise aublock 32 avec sescamarades N.N.L'évacuation du campcommence début mars1945.

Déportées au travail à Ravensbrück

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Mauthausen

Ce camp réservéhabituellement aux hommes,est situé en Autriche sur la rivegauche du Danube, à 25 km deLinz. Marguerite Lagrange faitpartie des 469 françaises quiarrivent au camp le 7 mars1945. Ces femmes sont logéesau block de quarantaine oudans un hall désaffectédisposant en tout pour tout dequelques balles de foin.Marguerite Lagrange estimmatriculée une deuxième foissous le matricule 1271. Le 22avril 1945, suite à un accordentre les autorités allemandeset la Croix Rouge

internationale, des camions évacuent les survivantes vers la Suisse avant leur rapatriement parla Savoie. Le calvaire de Marguerite Lagrange et de ses camarades s'achève enfin.

Après la guerreMarguerite Lagrange revient en Belgique où elle épouse un Mr De Maertelaere, et devient en1957, professeur à l'école de commerce Funck à Bruxelles. Sa tenue de déportée prêtée par leCentre d'histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon, a été prêtée pour une expositiontemporaire à Mauthausen.

Elle décède à Anderlecht le 17 mars 1958.

SOURCES Livre mémorial des déportés de France (FMD)www. monument-mauthausen.orgArchives départementales de la Creuse 4E 74/18 et 4E 116/52Direction générale des victimes de la guerre - Bruxelleshttp:// warvictims.fgouv.bel Sabrina TornicelliArchives d'Arolsen« referatnurtzservice » [email protected] Elfi Rudolph

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Julienne SALZER

Signe distinctif de déportée politique Française Médaille de la Résistance

D’origine creusoise Julienne SALZER est née le 8 novembre 1890 au lieu-dit Lubeixcommune de Fransèches (Creuse) de Théophile SALZER maçon et de CélestinePOUTONNET cultivatrice.

Transcription de son décès à l’état civil de Besançon (Doubs)

Au recensement de 1911, elle est domiciliée à Fransèches (Creuse).

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Lors de son arrestation en 1944, elle est domiciliée 10 rue de Dole à Besançon avec une deses sœurs, Marie SALZER veuve MARTIAL. Julienne SALZER, célibataire, est secrétaire,chef de Bureau de Préfecture au Tableau pour le grade de Chef de Division, tante maternellede l’Abbé Robert BOURGEOIS résistant Et déporté.

Le 5 janvier 1944, elle rend visite à son neveu incarcéréà la maison d’arrêt de la Butte à Besançon (Doubs)pour faits de résistance.

Le 6 janvier 1944 elle est arrêtée par les autoritésallemandes, la gestapo ayant trouvé une lettredissimulée dans un colis destiné à son neveu. Elle estaussitôt incarcérée à la prison de Besançon (Doubs)

Et à partir du 8 mars 1944, elle est détenue pendant 2 mois au Camp de Romainville en attentede son transfert en déportation qui se fera le 13 mai 1944 par le convoi liste212. Parti de Paris,Gare de l’Est, celui-ci n’arrivera que le 18 mai 1944 au KL de Ravensbruck pour deux mois debagne, neuf mois de camp de travail et d’extermination à Orianienburg et un mois au bagnedes hommes à Sachenhausen.

L’entrée du fort de Romainville Plaque interne du fort de RomainvilleUn Camp allemand en France (1940-1944)1943-1944 l’antichambre des camps nazis

Les femmes françaises au camp de Ravensbruck (destination la plus fréquente des déportées par mesure de répression provenant de laFrance occupée) sont particulièrement maltraitées : les Polonaises leur en veulent d’avoir abandonné la Pologne en 1938.

Façade principale de la maisond’arrêt de Besançon

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L’entrée du camp d’orianienburg le plan du camp de Sachenhausen (Ces deux camps étaient associés dans la liste des camps de concentration)

Elle fait la marche forcée sur les routes. Plusieurs fois malade, Juliette ZALZER est épuisée parune forte dysenterie. Elle décline de jour en jour.

En 1945 elle est libérée par les américains. Des médecins et infirmiers français lui ont prodiguédes soins, en vain, d’après le témoignage de l’aumônier, Joseph FLAJOLLET, de l’hôpitalprovisoire. Elle parlait volontiers de son neveu l’Abbé Robert Bourgeois mais ignorait qu’il étaitdécédé et elle voulait lui laisser ses biens, elle avait encore deux sœurs en vie.

Julienne SALZER est décédée le 26 mai 1945 à 20H15 à l’hôpital français de Sulingen, lescauses de sa mort sont la cachexie et l’épuisement. L’aumônier a célébré la Sainte Messe pourelle le lendemain de sa mort et présidé l’enterrement le 28 mai 1945 au cimetière de Sulingen,où elle est inhumée (tombe Reich 16 N°13).

Elle est déclarée Morte pour la France sur la transcription de son acte de décès, puis reconnueMorte en Déportation après avis du Ministre des Anciens Combattant en date du 4 mai 1999(arrêté du 10 décembre 1997-Journal Officiel N°91 du 18 avril 1998 page 6016).Son matricule de déportée est inconnu. Déportée politique, elle a été décorée de la Médaillede la Résistance.

Sources : Etat civil de Fransèches (Creuse).Etat civil de Besançon pour la transcription de son décès Son dossier N°21P 535 344 classé aux archives de Caen qui contient plusieurstémoignages.Mémoral de la Déportation à Besançon (Doubs)Le livre de la Fondation de la Mémoire et de la Déportation tome 2page 652J.O.R.F. n°091du 18/04/1998 Mention « Morte en Déportation»

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Germain DUCLUZEAUD

Signe distinctif des déportés Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze

Germain DUCLUZEAUD est né le 7 aout 1912 à Bétête 23 (Creuse), fils unique de JeanDUCLUZEAUD et Félicie BOUYAUX.Il devient pupille de la Nation suite au décès de son père le 29 juillet 1917 au Chemin desDames.

Classe 1933, il est incorporé au 3ème régiment d’aviation et nommé soldat de 1ère classe le 16avril 1934. Le 1er décembre 1936, il est affecté à la base de Chateauroux suite à laréorganisation territoriale de l'Armée de l'Air.Il est nommé élève garde à pied le 9 décembre 1938, affecté à la 1ére Légion de GardeRépublicaine. Titularisé le 5 juillet 1939, il passe à la 22ème Légion de Garde républicainemobile. Le 1er août 1939 il est affecté avec son unité aux forces de Gendarmerie de Paris-Est.Suite à la dissolution de la 22ème Légion de GMR du 1er novembre 1940, il est affecté à la 9ème

Légion de gendarmerie brigade motorisée de Montrésor (Indre et Loire).Il est nommé sous-officier de carrière le 9 décembre 1942 par décret du 9 janvier 1943.A compter du 1er octobre 1943, la 9ème Légion bis devient Légion du Berry.

Le 27 juillet 1944, le Maréchal des Logis chef, Germain DUCLUZEAUD est en poste à laBrigade motorisée de Villeloin-Coulangé (Indre et Loire) lorsqu’il est arrêté dans la rafle deLoches avec un groupe de 64 personnes :« A l’aube, un kommando allemand venu de Tours est accompagné d’agents de la gestapo etde Français membres des partis collaborationnistes. Ceux-ci investissent la ville et arrêtent tousceux qu’ils rencontrent dans la rue, y compris le sous-préfet. Ils vont chercher à leur domiciletoutes les personnes, dont il possède la liste, suspectées d’aider plus ou moins activement laRésistance. Parmi elles des civils, un des responsable de l’Armée secrète de Loches, desentrepreneurs dont les maquisards utilisent les camions, tous les membres de la Police ettrente-cinq gendarmes présents à Loches, auxquels ils reprochent leur inertie et leur passivitédans la recherche des jeunes gens réfractaires au S.T.O. En effet depuis le 12 juin 1944, tous

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les gendarmes des brigades de la section de Loches avaient, sur ordre du commandant, étérassemblés au chef-lieu : les gendarmes de la brigade de Loches, ceux des brigades dePreuilly-sur-Claise, de Montrésor, de Saint-Flovier, de Boussay, de Villeloin-Coulangé,d’Abilly. »

Le Gendarme Germain DUCLUZEAUD était membre de la Résistance ORA/ Armée secrète. Ala fin de la journée il est emprisonné à Tours et rejoint un groupe de prisonniers venus deRennes.Il fait partie du convoi du 3 août 1944, parti le 10 août vers Belfort, il est ensuite transféré le 29août 1944 vers Neuengamme où il arrive le 1er septembre 1944. Il devient le matricule 43762.Son lieu de déportation est le kommando de travail de Wilhemshaven, sur les chantiers navalsde la ville pour la Kriegsmarine et il est également employé à des taches de déblaiement aprèsles bombardements aériens alliés. Il meurt au cours de l’évacuation du camp à Lünebourg(Allemagne) le 7 avril 1945.Il laisse une Veuve Simone NOUZIER qu’il a épousé en 1939 au Moutiers-Malcard, au décèsde Germain DUCLUSEAUD elle est enceinte de son premier enfant.

le wagon de Neuengamme

Neuengamme camp de la mort par le travail et la base navale Wilhelmshaven Allemagne en 1944, lieu du Kommandode travail pour la Kriegsmarine du Gendarme Ducluzeaud

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Récit du Gendarme Noël HAPPE, témoin de l’arrestation du 27 juillet 1944, lui-mêmeDéporté (Matricule 43572 au KL Neuengamme)

• Arrestation. « J'ai été arrêté, avec mes collègues, parce qu'on laissait faire les réfractairesau STO, on ne pouvait pas les trouver, on ne voulait pas les trouver. Les miliciens nous l'ontreproché. […] J'ai été arrêté à la gendarmerie de Loches le 27 juillet 1944 à 6 h 30 du matin. Delà, on a été emmené à l'école des filles et on a été allongé à plat ventre avec une surveillancede fusil-mitrailleur. Et c'est là que l'adjudant allemand nous a dit : elle est belle la gendarmeriefrançaise, le nez dans la poussière. […] A 20 heures on nous a embarqués pour la maisond'arrêt de Tours. »

• Déportation. « On est parti (le 10 août) en direction de Belfort mais la Résistance essayait debloquer le convoi. […] Notre voyage a duré une dizaine de jours. On est arrivé à Belfort, on aété logé au fort Hatry. […] Le 1er septembre, il a fallu déménager en vitesse, […] parce qu'ilsavaient eu bruit que la résistance voulait faire un assaut du fort Hatry. […] Arrivé enAllemagne, le train a fait un détour par Buchenwald, il n'y avait plus de place, alors ils nous ontemmenés à Neuengamme. Là, on nous a débarqués, on nous a mis tout nu, on nous a raséstous les poils, sur la tête, sous les bras, et tout le reste. […] On nous a donné les fameusestenues rayées. Avec le numéro matricule sur la poitrine, sur la jambe gauche, et une petiteplaque autour du cou tenue par une toute petite ficelle. 43.729. Je l'ai toujours gardé en têtecelui-là. […] On n'est resté que trois jours à Neuengamme. Après on est partis en commandoà Wilhelmshaven. Là, on travaillait à l'arsenal. […] J'ai travaillé à la menuiserie, de jour. »

• Punitions. « Il ne fallait pas dire qu'on était policier ou gendarme parce que là, c'était laraclée. […] (Au travail) Il fallait rester debout. Une fois j'ai essayé de m'asseoir sur un morceaude bois mais j'ai reçu à mon tour deux morceaux de bois en travers de la figure. […] Il fallaittravailler sans cesse. […] Ils avaient trouvé un pou sur le dessus de ma veste alors j'ai eu droità 25 coups. »

• Bombardements. « Les avions alliés venaient bombarder. L'arsenal n'a pas été bombardétout de suite mais ils avaient bombardé plus loin, sur Hambourg. […] Ils (les Allemands) ontd'abord embarqué tous les malades, dans un train qui a été bombardé à Lunenbourg, il y a eupas mal de morts. Moi, j'avais eu de la chance, on était parti à pied. […] Le train est alléjusqu'au cap Arcona. Ils ont été mitraillés là-bas. […] On a dit que c'était les Anglais qui avaientbombardé, mais ça peut aussi être les Allemands qui l'ont fait pour se débarrasser de ceux quiles encombraient. »

• Libération. « Les Suédois sont venus nous chercher et on a débarqué à Malmö. C'était lamission Bernadotte. Là, on a été soignés comme il faut, désinfectés et nourris petit à petit. […]Je pesais 38 kg. Je suis resté jusqu'au 16 juillet. On a été rapatrié jusqu'au Bourget en avion. »

• Retour. « On est allé jusqu'à Loches puis chez moi vers Ecueillé et Villeloin Coulangé oùétaient ma femme et mes enfants, chez mes beaux-parents. Ils ne savaient pas si j'étais encorevivant ou pas. […] Ma plus jeune fille, qui avait deux ans, j'ai voulu la soulever mais je n'enavais pas la force. »

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Germain Roger DUCLUZEAUD est Mort pour la France, reconnu « Mort en déportation »(arrêté du 21 novembre 2012), il est cité dans le livre Mémorial des Déportés de France de laF.M.D. (tome3 page 270).Il a été cité à titre posthume à l’ordre de la Légion le 21 mars 1947, Croix de guerre avec étoilede bronze.

Son nom est inscrit sur :Le Monument de Moutiers- Malcard (Creuse)La plaque commémorative de la Gendarmerie à Loches 37La plaque commémorative de Montrésor 37

Sources : Registre Matricule aux Archives Départementales 23 classe 1933Mémoire des Hommes-Service Historique de la Défense à Caen cote AC21 P 175637Mémorial Gen webMémoire de Guerre-La rafle de Loches.Témoignage du Gendarme Noël HAPPE déportéJ.O.R.F. n°020 du 24 janvier 2013 page 1541 référence n° D-33025

Montrésor (37) monument spécifique auxDéportés de la Brigade de GendarmerieStructure en marbre blanc.

Loches (37) monument spécifique aux Déportés,plaque commémorative en marbre rivée sur un murde la cour interne de la Caserne :« A la mémoire des 29 officiers gradés Gendarmede la Section de Loches déportés au camp deNeuengamme le 27 juillet 1944 » « Morts pour la France » 50ème anniversaire célébré le 27 juillet 1994

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Les camps d'exterminationUn camp d’extermination est un centre de mise à mort dont le but est de tuer industriellement,sans aucune espèce de jugement, les gens qui y sont amenés.

Créés et organisés dans le seul but d'exterminer un maximum de victimes dans un minimum detemps, ils firent près de trois millions de victimes assassinées au moyen de chambres à gaz.

Lescampsde miseà mortsontdans la

Les camps de mise à mort sont dans la continuité des camps de concentration : lorsque cesderniers sont en surcharge de détenus, ou quand certains détenus ne peuvent plus travailler,des convois sont organisés vers les camps d’extermination afin de libérer de la place. Lesprisonniers envoyés dans ces camps n’y arrivent pas pour travailler mais pour être assassinés.

Les camps nazis de mise à mort sont organisés de la même manière, sur le modèle de Belzec.

Belzec est situé le long de la ligne de chemin de fer Lublin-Lvov, dans le sud-est de laPologne, à la frontière actuelle entre la Pologne et l’Ukraine. Le site est utilisé en 1941 pouraccueillir un centre de mise à mort, modèle à partir duquel sont conçus et construits les campsde Sobibor et Treblinka.

L'historiographie s'accorde sur uneliste de six camps d'exterminationsitués très à l’Est des territoiresoccupés par le IIIème Reich :Chełmno, Bełżec, Sobibor, Treblinka,Auschwitz–Birkenau et Majdanek,les deux derniers étant intégrés àdes camps de concentrationpréexistants.

L'anéantissement des Juifs et desTziganes est voulu par Hitler dès1941.

Progressivement les nazis évoquentla solution finale : les centres demises à mort.

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Les Allemands divisent Belzec en deux secteurs :le camp n° 1, lui-même divisé en deux parties

d’une part les bâtiments administratifs et le baraquement réservé aux gardesd’autre part la zone de réception des déportés et les baraques des prisonniers

le camp n° 2 comprend les chambres à gaz, les fosses communes où sont enterrés lescorps et les bûchers sur lesquels ceux-ci seront plus tard brûlés pour faire disparaîtretoute trace.

Les opérations de gazage à Belzec commencent à la mi-mars1942.Des trains de 40 à 60 wagons, avec 80 à 100 personnesentassées par wagon et de 3 à 6 000 personnes par convoi,arrivent à la gare puis sont amenés, vingt par vingt, de la garedans le camp.Ordre est donné aux victimes de débarquer sur la plate-forme de lazone de réception. Les officiers allemands annoncent aux déportésqu’ils sont arrivés dans un camp de transit, qu’ils doivent remettretous les objets de valeur qui sont en leur possession et qu’ils vontpasser à la douche avant leur transfert vers l’Est.

Les hommes sont brutalement séparés des femmes et desenfants.

Tous sont forcés de se déshabiller, les femmes sont tondues et les déportés sont contraints decourir dans le « boyau » qui conduit directement aux chambres à gaz camouflées en douche.Le processus s’enchaîne vite et violemment de manière à ne pas laisser aux victimes le tempsde réagir. Une fois les portes des chambres fermées hermétiquement, les gardes démarrent unmoteur installé dans une cabane à l’extérieur. Le monoxyde de carbone, produit par le moteuret acheminé par des tuyaux dans la chambre à gaz, tue lentement toutes les personnesenfermées. Par la suite le procédé est « amélioré » et, à Auschwitz, est testé le Zyklon B, gaztoxique, rapidement mortel à de faibles concentrations et donc beaucoup plus efficace.

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Une petite partie des déportés est conservée provisoirement en vie pour effectuer les tâches defonctionnement du camp, en particulier retirer les corps des chambres à gaz et les fairedisparaître mais aussi trier les objets des déportés et stocker leurs effets personnels (car rienne se perd, pas même les cheveux !)

De l’arrivée des wagons à la fin des opérations de triage, l’opération dure environ trois heures.

Entre mars et décembre 1942, entre 500 et 600 000 personnes ont été acheminées à Belzecpour y être assassinées. La plupart des victimes sont des Juifs mais plusieurs centaines deTsiganes y sont également tuées.

entrepôt

cheveux

lunettes

chaussures

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Conclusion

L’univers nazi et ses camps s’est étendu, sous différents statuts, dans toute l’Europe.

A Buchenwald et à Mauthausen, réunis sur les places d’appel, les rescapés prononcèrent unserment :« (…)Nous voulons, après avoir obtenu notre liberté et celle de notre nation, garder le souvenirde la solidarité internationale du camp et en tirer la leçon suivante : nous suivons un chemincommun, le chemin de la compréhension réciproque, le chemin de la collaboration à la grandeœuvre de l’édification d’un monde nouveau, libre et juste pour tous. (…) »

Aujourd’hui, alors que les conditions historiques sont totalement différentes, le seul moyen dedonner sens à la notion d’avenir est de consolider la collaboration pacifique des Etats et despeuples et de toujours privilégier la solidarité internationale.

Les ennemis de la démocratie tentent, encore aujourd’hui, de détourner à leur profit lesfrustrations liées à l’aggravation des inégalités sociales, du chômage et de la misère sociale, endénonçant les « étrangers » comme responsables de tous les maux.

Pourtant ceux qui connaissent le passé le savent bien, le seul avenir possible c’est encore ettoujours rechercher le progrès social, la promotion de l’égalité et la défense des droits pour touspour redonner des forces aux valeurs de la République et promouvoir une Europe messagèrede paix et de respect de la dignité humaine.

Notre devoir est de faire vivre la connaissance et la mémoire de ces événements quipeuvent paraître lointains pour les générations nouvelles mais pourtant nous devons êtreconscients que l’époque récente appelle à la vigilance. La lutte n’est jamais terminée.

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ANNEXE : Cartes

De 1939 à 1945, tous les pays de l’Europe se déterminent par rapport à l’Allemagne Nazie,avec différents statuts : Annexés(Alsace Lorraine) ; Occupés (France) ; Alliés (Hongrie) ;Neutres (Espagne).

Europe Nazie

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Le mot ghetto désigne originellement un quartier réservé et imposé aux Juifs où ils peuventvivre selon leurs lois et coutumes particulières au milieu de peuples étrangers.Le terme de "ghetto" tire son origine du nom du quartier juif de Venise, créé en 1516...

Le nazisme utilise le système des ghettos comme étape intermédiaire vers la «Solution finale».Les ghettos regroupent des Juifs, rendant ainsi la situation plus facile à contrôler. Les nazisenferment les Juifs dans des quartiers à part qu'ils clôturent et surveillent, coupés de toutcontact avec l'extérieur, transformés en vastes prisons à ciel ouvert souvent surpeuplées, malapprovisionnées, avant d'appliquer le transfert systématique vers les centres d'extermination.

Ghettos

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Dès le début, en 1933, le travail est un moyen de brimer, de punir, les opposants que le régimenazi a fait arrêter, d’ailleurs les camps eux-mêmes sont construits par des déportés.

Pour faire fonctionner les camps, les nazis utilisent le travail des déportés. Dès son arrivée, ledéporté est soumis au travail, aux corvées.

Un kommando désigne un camp de travail forcé qui dépend d'un camp de concentrationprincipal...

Les travaux les plus divers sont faits par les déportés : travaux de terrassement, sur les routes,dans les carrières, puis même les usines de guerre travaillent avec de la main d’œuvreconcentrationnaire.

Le travail forcé dure des heures, du lever du jour à la tombée de la nuit. Les déportés, sous-alimentés, doivent marcher vers le lieu du travail, puis travailler des heures sous les coups, quelque soit le temps : sous le soleil d'été qui crée une soif incroyable, sous la neige et dans le froidde l’hiver polonais. Les kommandos reviennent le soir en portant les cadavres de ceux qui sontmorts dans la journée.

Camps et Kommandos

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Les hommes sont sur le front. L'Allemagne manque de bras pour faire sa guerre, cela modifie lastructure du système concentrationnaire.

Les détenus sont envoyés pour travailler dans des usines, des chantiers… Des centaines deKommandos extérieurs sont crées : 80 en décembre 1942 et plus de 660 en janvier 1945.

Buchenwald possède, au 31 décembre 1940, deux grands kommandos extérieurs qui emploient7 440 détenus. Au 31 mars 1945, ils sont au nombre de 107 et emploient 80 436 détenus.

De nombreux kommandos dépendent du Struthof, tant en Alsace et Moselle qu'en Allemagne.En septembre 1944, il y avait plus de 20 000 détenus dans ces kommandos.

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La quasi totalité des presque six millions de juifs tués par les nazis l’ont été en Europe orientale allant des pays baltes à la Mer Noire : grosse partie de la Pologne, la Biélorussie, l’Ukraine.

Les juifs d’URSS (Russie) sont tués par des équipes mobiles de tueurs, les Einsatzgruppen,appuyées par la S.S et la Wehrmacht.

Les juifs d’Ukraine sont liquidés par les autorités roumaines.

Les juifs polonais meurent dans les ghettos, puis dans les camps de mise à mort.

La majorité des juifs d’Europe occidentale sont convoyés par chemin de fer dans le camp géantd’Auschwitz-Birkenau pour y être gazés.

Théâtre du génocide