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D o s s i e r p é d a g o g i q u e

Renseignements et réalisation du dossier Fondation de l’Hermitage Florence Friedrich 2, route du Signal Responsable de la médiation 1018 LAUSANNE ffriedrich@fondation-hermitage.ch info@fondation-hermitage.ch

www.fondation-hermitage.ch ++41 21 320 50 01

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Table des matières

L'exposition p. 3 Organiser une visite avec sa classe p. 4 Parcours dans les salles:

Rez-de-chaussée Zooms: Barocci, Liotard, La Tour, Vigée-Lebrun p. 5-9 Premier étage Zooms: Redon, Degas, Sisley

p. 10-13 Deuxième étage p. 13-14 Zoom: Giovanni Giacometti Sous-sol p. 14-18 Zooms: Manet, Klee, Party

FAQ p. 19

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L'exposition

Titre: Pastels du 16e au 21e siècle. Liotard, Degas, Klee, Scully... Dates : 2 février au 21 mai 2018 Contenu : Inspirée par les Danseuses au repos, célèbre pastel de Degas donné il y a vingt ans à la Fondation de l’Hermitage, l’exposition rassemble 150 pastels issus de collections suisses publiques et privées. Offrant une véritable histoire de ce médium fascinant, à la croisée du dessin et de la peinture, la présentation traverse près de cinq siècles de création, des maîtres de la Renaissance aux artistes contemporains. Débutant avec les premiers dessins rehaussés au pastel (Barocci, Bassano), le parcours fait ensuite la part belle à l’âge d’or du portrait au 18e siècle (Carriera, La Tour, Liotard, Perronneau, Tiepolo). Au renouveau du pastel dans le paysage au XIXe siècle (Boudin, Sisley) répond la virtuosité des figures impressionnistes (Degas, Manet, Morisot, Cassatt). Quant à l’engouement pour ce médium autour de 1900, il est illustré par les œuvres des nabis (Denis, Vuillard), les portraits mondains (Helleu, Tissot) et les explorations visionnaires de Redon et des symbolistes (Khnopff, Lévy-Dhurmer, Delville). Une salle témoigne de la vitalité de la création suisse à la même époque (Amiet, Biéler, G. Giacometti, Grasset, Segantini). Enfin, l’exposition met en lumière les avant-gardes du XXe siècle en quête d’abstraction et de modernité (A. Giacometti, Kirchner, Klee, Kupka, Miró, Picasso). Elle se termine par la scène contemporaine (Chamberlain, Haubensak, Samaras, Sandback, Serse, Stämpfli, Mangold, Nemours, Phillips, Szafran, Scully) avec, en point d’orgue, une intervention murale au pastel conçue spécialement pour l’événement par le jeune artiste suisse Nicolas Party. A travers ces chefs-d’œuvre, l’exposition met en évidence l’histoire de ce médium hors du commun. Elle offre aussi l’occasion de découvrir les outils du pastelliste, ainsi que les traités anciens donnant recettes et conseils aux artistes. Trois courts documentaires permettent en outre de comprendre le processus de fabrication artisanale des bâtons de pastel, la conservation de ces œuvres et leur réalisation. Avec cette sélection inédite, la Fondation de l’Hermitage offre au public un rendez-vous exclusif avec les splendeurs du pastel, à la découverte d’un médium qui a autorisé toutes les expérimentations, et qui allie la grâce à la puissance de la couleur pure. Le contenu de l'exposition est abordable pour toutes les classes, dès 4 ans jusqu'aux écoles professionnelles et gymnases. La responsable de la médiation se tient à la disposition des enseignant-e-s pour préparer une visite, selon le niveau scolaire des élèves et la ligne pédagogique choisie. Contact: Florence Friedrich, ffriedrich@fondation-hermitage.ch

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Organiser une visite avec sa classe

3 types de visite sont possibles: 1. Visites libres La Fondation de l’Hermitage accueille les classes, sur réservation. L’entrée est gratuite pour les élèves, ainsi que pour deux accompagnants par classe. Elle offre l’entrée à tout enseignant désirant venir individuellement préparer sa visite. Un audioguide est à disposition gratuitement, pour les visiteurs dès 14 ans (en français et en anglais): une quinzaine de spécialistes du pastel (artiste, conservateur, collectionneur, etc.) prennent la parole au fil de l'exposition. 2. Visites guidées Visites commentées interactives adaptées à l’âge des élèves (prix CHF 140.- par guide). Le nombre de participants est limité à 25 élèves par classe. Durée: environ une heure. Aussi possible en anglais et allemand. 3. Visites-ateliers Visite-découverte de l’exposition, suivie d’un atelier créatif à la découverte du pastel avec une médiatrice. Prix: CHF 8.- par écolier, comprenant la visite de l’exposition et le matériel. Durée: 2 heures. Le nombre de participants est limité à 25 élèves. Dès 4 ans et adaptable à tout niveau scolaire. Visite commentée destinée aux enseignants: mercredi 7 février 2018 à 16h Inscription au +41 (0) 21 320 50 01 ou sur info@fondation-hermitage.ch Pour toute visite, il est nécessaire de s'inscrire à l'avance ! Heures d'ouverture: mardi à dimanche de 10h à 18h, jeudi jusqu’à 21h Afin de faciliter l'organisation d'une visite, la Fondation de l'Hermitage ouvre ses portes aux classes inscrites du mardi au vendredi dès 9h30 (sauf le mercredi). Adresse: 2, route du Signal, 1018 Lausanne Réservation: +41 (0)21 320 50 01 (du mardi au vendredi, de 9h à 18h) ou reception@fondation-hermitage.ch

Accès bus tl n° bus 16: arrêt Hermitage Avant de commencer la visite, merci de rappeler les consignes de sécurité aux enfants et adolescents: respecter les œuvres, ne pas les toucher, ne pas courir, ne pas crier. Les élèves sont sous la responsabilité constante des enseignant-e-s. L'équipe de surveillance est là pour faire respecter les consignes. Il est toujours permis de s'asseoir par terre, de dessiner et de s'exprimer !

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Au musée

R e z - d e - c h a u s s é e

Salle 1 Aux origines du pastel Le mot « pastel » vient du latin « pastellus » qui signifie « pâte ». La fabrication d'un bâton de pastel sec commence en effet par la création d'une pâte, constituée de trois éléments: de la poudre de pigment pur, une charge (par exemple de la poudre d'argile blanche appelée du kaolin), un liant (souvent de la gomme arabique, dérivée de la sève d'acacia). Selon le volume de charge que l'on ajoute, on obtiendra des textures différentes: les pastels tendres (plus de pigment que de charge), les pastels durs (plus de charge que de pigment). Fabriqué à partir de poudre de pigment, le bâton redevient poudre lorsqu'il est posé sur un support. Volatile, le dessin au pastel est d'une très grande fragilité, et le problème de sa préservation a occupé tous les pastellistes. Comment conserver cette matière poudreuse sans en perdre l'éclat ? Au cours des siècles, plusieurs artistes élaborent leur propre recette et expérimentent ce médium: Jean-Etienne Liotard (18e) mélange de la colle de poisson, du vin et de la poudre de pierre ponce au pigment, Elisabeth Vigée-Lebrun (début 19e) applique une couche de gesso sous-jacent, Edgar Degas (fin 19e) développe toutes sortes d'expériences et trempe ses bâtonnets dans l'eau ou crée des fixatifs à base de caséine (protéine de lait), Paul Klee (20e) mélange de la colle d'amidon à la poudre de pastel. L'artiste suisse contemporain Nicolas Party est fasciné par la fragilité inhérente de ce médium, qui ajoute encore du mystère à son œuvre, et travaille souvent à même le mur. Certains artistes utilisent un fixatif mais cela ternit les couleurs. La seule protection efficace est la mise sous verre. C'est ainsi que les dimensions des pastels suivent le développement de l'art verrier: plus on arrive à produire de grands verres, plus les dimensions des pastels augmentent.

WC Accueil

et librairie

Casiers et vestiaires

Entrée

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Au musée

Le succès du pastel, dès son invention et jusqu'à aujourd'hui, s'explique par le fait qu'il s'agit de la seule technique qui permette de travailler avec du pigment pur, sans ajout chimique qui pourrait en modifier l'éclat, même au bout de plusieurs années. Son attrait réside aussi dans son immédiateté: l'artiste tient directement la matière dans sa main, sans l'intermédiaire d'un crayon ou d'un pinceau. Dès le 17e siècle, les avantages du pastel par rapport à la peinture à l'huile sont rapidement reconnus: pas d'odeur ni de temps de séchage, une exécution rapide et un matériel léger et prêt à l’emploi. Léonard de Vinci est l'un des premiers artistes à utiliser des matières friables dans ses dessins (fusain, sanguine), et si l'on se réfère au témoignage du grand maître, il aurait appris « l'art de peindre à sec » auprès de Jean Perréal, un artiste français. A l'origine, le pastel n'est qu'un accessoire du dessin: il sert à réaliser des esquisses et à rehausser des portraits dessinés au fusain ou à la pierre noire. Au fil du temps, la gamme des pastels s'enrichit, la technique évolue et perd son caractère graphique pour se rapprocher de la peinture. Très vite, la fragilité du pastel est relevée, mais cela n'empêche pas sa diffusion. L'un des artistes qui a véritablement lancé l'histoire de cette technique est l'Italien Federico Barocci. Zoom

Federico Barocci Tête de jeune femme, 1585-1590 fusain, sanguine et pastel sur papier vergé 25,5 x 21,8 cm collection Jean Bonna, Genève • Comment et où Barocci utilise- t-il le pastel dans ce dessin ? Le pastel est au cœur de la technique de l'artiste, qui modèle ses figures directement avec la couleur (les ombres ne sont plus rendues par un système de hachures, mais par une juxtaposition de couleurs). Ce sont ici les parties saillantes du visage (front, arête du nez, pommettes) qui sont rehaussées avec des pastels blanc et rose pâle.

• Qu'apporte l'emploi de pastel dans ce portrait ? Les couleurs claires du pastel rehaussent et illuminent tout le visage. Il semble véritablement éclairé par une lumière venant de la droite. Cette jeune femme est probablement en train d'assister à une scène religieuse, dont l'aura est la source lumineuse. La texture douce de la poudre augmente considérablement la qualité descriptive et émotive du visage. Le contexte historique explique l'attrait pour ce genre de portraits emplis d'émotion: ces œuvres répondent à la nécessité pour l'Eglise catholique, en pleine Contre-Réforme, d'adopter une iconographie didactique et aisément accessible aux fidèles.

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Au musée

Salle 2 L'âge d'or du pastel au 18e siècle A la fin du 17e siècle, on assiste à l'émergence de la « peinture au pastel » par opposition au dessin réalisé rehaussé de craies de couleur. Réalisées sur papier ou sur parchemin, ces œuvres autonomes, entièrement couvertes de pastel, présentent un aspect hautement pictural. Très en vogue au sein des cours européennes, le pastel séduit grâce à la vivacité de ses couleurs et à l’aspect velouté des pigments qui permettent de rendre somptueusement les matières (carnations, dentelles, soieries, …). L’éclat et la sensualité du pastel fascinent, et de nombreux artistes agréés par l’Académie royale de peinture et de sculpture se spécialisent dans ce médium. La consécration de la technique du pastel a lieu au 18e siècle: en 1701, l'artiste Joseph Vivien entre à l'Académie royale de peinture en tant que « peintre en pastels ». Dans les années 1720, les portraits de la Vénitienne Rosalba Carriera suscitent un engouement sans précédent à Vienne, Paris ou Londres: ses élégants portraits ouvrent la voie à une nouvelle appréciation du pastel, plébiscité pour la réalisation de portraits par les familles royales ou les riches bourgeois. Le jeu de l'illusion est soutenu car on utilise alors les mêmes matériaux et les mêmes techniques dans la peinture au pastel que dans le maquillage (le « fard blanc » très en vogue à la cour française). L'aspect poudré, velouté de la peau, la fraîcheur des couleurs expliquent le succès de cette technique pour la réalisation des portraits. La voie est désormais ouverte aux pastellistes portraitistes, comme Jean-Etienne Liotard et Maurice Quentin de La Tour. Zooms

Jean-Etienne Liotard Marie Liotard, née Fargues, 1757 pastel sur papier, 44,5 x 41 cm Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds, collection Renée et Madeleine Junod

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Au musée

Maurice Quentin de La Tour Madame Cailloux, 1740-1750

pastel sur papier 64 x 52 cm

collection privée

• Quelle est la principale différence entre ces deux portraits féminins, l'un réalisé par Liotard et l'autre par La Tour ? Liotard et La Tour sont tous deux maîtres du portrait au pastel au Siècle des lumières. Leur approche est cependant très différente: tandis que La Tour flatte ses modèles, Liotard ne fait aucune concession et dessine les traits de manière complètement objective, à tel point que certaines femmes hésitent à se faire portraiturer par lui, de peur de se voir sans filtre. Techniquement, les artistes diffèrent aussi: Liotard utilise beaucoup l'estompe, les couleurs se fondent les unes dans les autres et il opte souvent pour un support en parchemin (peau de mouton, d'agneau ou de veau) ou vélin (peau de très jeune veau); La Tour laisse les touches de pastel visibles et travaille sur du papier, souvent teinté.

• A la vue de ces deux portraits, peut-on deviner lequel des deux artistes aura le plus de succès auprès de la cour de France ? Ce sont surtout les portraits de La Tour qui connaissent un énorme succès à la cour de France. Le traitement méticuleux des soieries et des dentelles, les visages arrondis et poudrés répondent parfaitement aux attentes des riches commanditaires. Pourtant l'engouement pour la technique du pastel menace l'Académie et la hiérarchie des genres mise en place: le triomphe du genre du portrait fait de l'ombre à la peinture historique. De plus, la technique du pastel ne distingue plus le dessin et la couleur (puisque l'on dessine et l'on peint en même temps, or traditionnellement le dessin prépare la peinture). Une cabale contre La Tour et son immense popularité, doublée d'une cabale contre le pastel, se déclenche à la fin du 18e siècle, mettant fin provisoirement au goût pour ce médium. La mort de La Tour en 1788, suivie l'année suivante de celle de Liotard, puis la Révolution française, finissent de reléguer cette technique aux oubliettes, désormais méprisée et décriée.

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Au musée

Salle 3 Dès 1830, on assiste à un retour des portraits au pastel, avec la volonté pour les nobles et les bourgeois de la monarchie de Juillet de retrouver l'esprit aristocratique d'antan. Mais c'est aussi dans le genre du paysage que cette technique fait maintenant ses preuves. En effet, sa rapidité d'utilisation, son aspect pratique et léger, sont autant d'atouts pour croquer une vue en plein air. Pastelliste portraitiste, Elisabeth Vigée-Lebrun adopte cette technique dans le domaine du paysage, notamment lors de son voyage en Suisse entre 1807-1809. Contrastant avec ses portraits de commande, les pastels que l'artiste réalise en pleine nature sont des dessins faits pour elle-même et pour le plaisir, d'où leur liberté et leur vivacité: « Ces sommets étaient couleur de feu; les autres montagnes plus près de nous, plus basses, étaient dans l'ombre; cet effet mélancolique me charma tellement vite que je pris mes pastels pour les peindre. » Zoom

Elisabeth Vigée-Le Brun Paysage des Alpes, 1808 pastel sur papier 29 x 43,5 cm collection privée

• De quelle manière Vigée-Lebrun a-t-elle appliqué ses pastels ? Sur le motif, c'est-à-dire en plein air devant le paysage, l'artiste travaille les premières couches avec le bout des doigts ou l'estompe. Puis elle juxtapose des traits de couleur, qui structurent et rehaussent les surfaces.

• La volonté de l'artiste de transcrire les variations de lumière et d'atmosphère rapproche ses recherches d'un autre mouvement du 19e

siècle. Lequel ? L'intérêt pour les changements de lumière et leurs reflets sur la nature sera au centre des préoccupations des peintres impressionnistes vers 1870. La palette de bleus de Vigée-Lebrun traduit les instants d'une scène de petit matin ou de début de soirée. L'écriture légère et vibrante des arbres annonce elle aussi celle des artistes à venir.

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P r e m i e r é t a g e Salle 1 Odilon Redon Après la Révolution française, le pastel perd en popularité, notamment en raison de son association avec l’Ancien régime. Il connaît un renouveau durant la seconde moitié du 19e siècle, lorsque des artistes d’avant-garde l’adoptent pour en explorer les potentialités expressives. Autant son aspect frémissant et raffiné correspondait à l'expression de l'élégance extérieure au 18e siècle, autant cette même fragilité et sa douceur traduisent à merveille le monde intérieur qui fascine les symbolistes. Abandonnant le fusain et l'estampe (ses fameux « noirs »), Odilon Redon, artiste inclassable, adopte lui aussi la pratique du pastel. Sa conversion à la couleur, qui n’est pas une rupture mais une évolution, lui permet de donner à sa vision un prisme nouveau, car s’il y avait de la lumière dans la noirceur de ses lithographies, il persiste de l’ombre dans ses pastels. Utilisant avec plus de liberté qu’aucun autre la gamme chromatique et la matière insaisissable du pastel, l’artiste crée un espace qui défie le regard par sa construction, ses échappées et la vie intense qui y règne. « Mes dessins inspirent et ne se définissent pas, écrit Redon, ils ne déterminent rien. Ils nous placent, ainsi que la musique, dans le monde ambigu de l’indéterminé ».

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Zoom Odilon Redon

Rêverie, vers 1900 pastel et fusain sur papier

54,5 x 37,8 cm collection privée

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Au musée

• Cacher à son regard le haut de l'œuvre. Que reste-t-il ? Puis regarder

l'ensemble du dessin: quel effet cela crée-t-il ? Sans les formes colorées autour et au-dessus de lui, le personnage paraît fermé, éteint, inexpressif. Une fois la partie colorée découverte, le spectateur comprend l'attitude de la figure: elle est toute entière tournée vers l'intérieur, c'est au-dessus d'elle que se trouve le véritable sujet !

• Comment Redon a-t-il appliqué le pastel dans la partie supérieure du dessin ? Les formes colorées n'ont pas de contour. Il y a plusieurs couches de pastels, les couleurs se superposent sans se mélanger. Redon procède par zones de petites hachures, qu'il rehausse parfois de petites touches compactes. L'aspect flou, léger et vibrant du pastel représente parfaitement le rêve du personnage: l'explosion de poudre de pastel est la matérialisation de sa rêverie. Salle 2 Edgar Degas Edgar Degas est certainement l'un des artistes qui ont tenté le plus d'expériences avec le pastel. Transformant son atelier en véritable laboratoire, il ne cesse de faire des essais: il teste les bâtons, les mouille, les met au soleil afin d'être sûr que leur couleur ne changera pas avec le temps. Il élabore différentes méthodes pour fixer le pastel, avec de la vapeur ou de la caséine et garde ses recettes secrètes. C'est surtout la pureté du matériau qui séduit cet artiste exigeant: contrairement aux peintures à l'huile qui contiennent des produits chimiques, le pastel est constitué uniquement d'éléments naturels. Le pigment est donc presque brut lorsqu'il est déposé sur son support, et ne perdra pas de son éclat avec le temps. L'un des sujets de prédilection de Degas est le monde des danseuses, sur scène, en coulisse ou en salle de répétition. Le marchand d'art Ambroise Vollard rapporte en 1924 ces paroles de l'artiste: « On m'appelle le peintre des danseuses, on ne comprend pas que la danseuse a été pour moi un prétexte à peindre de jolies étoffes et à rendre des mouvements ». Les tutus en tulle, la blancheur de la peau des ballerines, sont autant de sujets parfaits à rendre au pastel.

Zoom Edgar Degas

Danseuses (Danseuses au repos), vers 1898 fusain et pastel sur cinq feuilles de papier calque

83 x 72 cm Lausanne, Fondation de l'Hermitage

legs de Lucie Schmidheiny, 1998

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Au musée

• Pourquoi ce pastel est-il composé de cinq feuilles de papier calque ?

La surface de la composition a été agrandie à partir de la feuille centrale à l'aide de quatre bandes de papier calque. C'est une procédure de travail fréquente chez Degas, qui lui permet de développer son sujet comme il le souhaite. Le thème des Danseuses au repos occupe beaucoup Degas entre 1890 et 1901. Il trace ces figures au fusain sur du papier calque, et peut ainsi les transférer dans une autre composition en cours, voire les décalquer sur une autre feuille. Une fois satisfait de sa composition au fusain, sur une ou plusieurs feuilles de calque assemblées, Degas demande à un encadreur de les coller sur un carton, pour stabiliser le tout.

• Comment Degas adopte-t-il la technique du pastel ? Pour le fond, Degas applique le pastel au pinceau humide, à la manière d'un lavis coloré. Puis il pose une multitude de couches de pastel, qu'il fixe à chaque fois. L'utilisation d'humidité et de fixatif est nécessaire pour travailler sur un support aussi lisse que le papier calque. Cela lui permet en outre de faire des superpositions et de réaliser des empâtements de pastel, comme les petites taches jaunes sur les tutus. Auteur de plus de 700 pastels, l'artiste combine ainsi diverses techniques, afin de varier à l'infini les effets de texture. Il qualifiera d'ailleurs ses pastels d'« orgies de couleurs ». Salle 3 Alfred Sisley L'attrait pour la technique du pastel au sein du groupe impressionniste coule presque de source. En effet l'utilisation de ce médium, vaporeux et léger, convient à merveille à son esthétique qui repose sur l'expression de l'aspect transitoire de la nature. C'est ainsi que les ciels, notamment, prennent une place considérable et sont traduits par une touche légère et vibrante à l'aide de pastels. Les impressionnistes doivent cependant se battre pour que leur nouvelle vision soit reconnue aux yeux des critiques conservateurs. Ils ne quittent donc pas le domaine de la peinture à l'huile, car c'est dans celui-ci qu'ils doivent imposer leurs idées. Tout comme il existe une hiérarchie des genres, il existe une hiérarchie des techniques, où le pastel est clairement en dessous de la peinture à l'huile. Les pastels de Sisley représentent presque uniquement des vues de l’Ile-de-France. On distingue deux tendances dans sa production: l’une, datée des années 1880 à 1886, est composée de paysages dans la plus pure tradition impressionniste, dans lesquels les variations atmosphériques et les reflets sur les surfaces aquatiques concentrent toute l’attention de l’artiste. L’autre veine, probablement plus tardive (1890-1894), se caractérise par une iconographie pastorale (gardienne d’oies, vachères…) et par un style volontairement simplifié, fait d’aplats de couleur intense.

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Au musée

Zoom Alfred Sisley Les oies, 1890-1894 pastel sur papier contrecollé sur carton 30,5 x 40,2 cm collection privée

• Quels sont les différents moyens que Sisley utilise pour traduire la

diversité du ciel dans les huit pastels de cette salle ? Le ciel occupe toujours la moitié de la feuille, voire plus. Pour exprimer le temps qu'il fait,

nuageux, gris ou ensoleillé, Sisley choisit différentes touches: dans le dessin Les oies, il trace de manière libre et légère des volutes au pastel blanc sur des nuages gris clair, créant ainsi une impression de mouvement. Dans Gardeuse d'oies au bord du Loing, il choisit d'appliquer une couche presque uniforme de bleu clair, animée par la présence de quelques petits nuages tracés au pastel blanc. Dans Jardin à Moret en hiver, c'est un système de hachures obliques, dans un enchevêtrement de gris, bleu et blanc. D e u x i è m e é t a g e

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Salles 1 & 2 Le pastel en voyage D'un prix accessible, légers et faciles d'emploi, les pastels s'imposent comme la technique idéale des artistes voyageurs, en Suisse notamment. Dans le val Bregaglia et en Engadine Giovanni Giacometti les utilise avec fougue pour construire des compositions aux couleurs vives. La douceur et le moelleux du pastel lui inspirent aussi des portraits très tendres de sa famille: ses enfants Alberto, Diego, Ottilia et Bruno, et sa femme Annetta. Zoom

Giovanni Giacometti Ottilia, vers 1913 pastel sur carton, 31 x 24,5 cm collection privée

Giovanni Giacometti Diego, sans date pastel sur carton, 27 x 20 cm collection privée

• Les quatre enfants de l'artiste Giovanni Giacometti sont représentés

dans cette salle. En quoi le portrait d'Ottilia diffère-t-il des trois autres ? Le contour et les traits du visage d'Ottilia sont marqués par un cerne bleu, et l'artiste remplit tout le papier avec le pastel. Par son style, ce portrait pourrait se rapprocher de l'école de Pont-Aven (Paul Gauguin). L'artiste a ici beaucoup utilisé la technique de l'estompe, absente des autres portraits.

• Giacometti a choisi un papier beige pour la réalisation de ses portraits. Pourquoi ? L'artiste joue avec la couleur beige du papier, en le laissant transparaître. Il l'utilise comme couleur de la peau et n'ajoute que quelques hachures ou légers traits au pastel pour indiquer la lumière. La légèreté de la touche et le papier laissé nu donnent à ces portraits une forte impression de vie et de mouvement, qui convient parfaitement à la représentation d'enfants.

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Au musée

S o u s - s o l

Salle 1 La gloire retrouvée du pastel à la fin du 19e siècle Durant la première moitié du 19e siècle, le pastel n’est plus à la mode. Il faut dire qu’il est considéré comme l’art d’une époque aristocratique et frivole désormais révolue, ou comme un passe-temps facile prisé des amateurs. Le retour en grâce du pastel auprès des artistes et du public a lieu au début des années 1880. La création de la Société de pastellistes français, en 1885, offre une visibilité officielle au pastel et encourage les vocations. La renaissance du pastel à Paris a des échos à l'échelle internationale, si bien que des sociétés de pastellistes se créent à New York, Londres et Bruxelles. A la toute fin du siècle, les artistes en quête de nouveaux moyens expressifs adoptent ce médium, qu’ils soient attirés par l’éclat du pigment allié à la finesse du trait ou par la franchise des couleurs offrant les combinaisons chromatiques les plus singulières. Salle 2 Le pastel fin-de-siècle, du symbolisme au portrait mondain Désireux de s'affranchir du naturalisme, et en particulier des études en plein air et des portraits réalistes chers aux impressionnistes, les symbolistes s'emparent du pastel pour leurs compositions oniriques et visionnaires. Son aspect poudreux et son caractère à la

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fois flou, précieux et fragile, s’accordent avec la liberté suggestive que recherchent ces artistes. A la fin du siècle, le pastel mondain s'exprime principalement par le portrait, qui s'impose au sein de l'élite aristocratique et bourgeoise, et par des scènes de genre. Exécutées sur de grands formats, ces œuvres défient ainsi la peinture à l'huile.

Zoom Edouard Manet

La Viennoise Irma Brunner 1880-1882

pastel sur toile 57 x 36 cm

collection privée

• Que peut-on dire de l'utilisation du noir par Manet dans ce portrait ? Manet utilise le noir de façon magistrale dans ce portrait, comme dans toute son œuvre. Admirateur de Vélasquez et Franz Hals, l'artiste développe des nuances de noir profond et intense, de l'anthracite au bleu foncé, qui occupent ici une très grande partie de la toile. La présence de cette gamme très foncée met parfaitement en valeur la pâleur du visage.

• La force de ce portrait repose sur une série de contrastes. Lesquels ? Le noir et le blanc, comme mentionné ci-dessus, mais aussi le voilé et le dévoilé: le manteau fermé jusqu'au cou, strict et austère s'oppose à la sensualité du visage de la jeune femme. Le visage est lui-même en partie dissimulé par une voilette, dont les pois ne font que révéler plus encore le velouté et la douceur de la peau.

• Pourquoi avoir choisi de dessiner au pastel sur une toile plutôt que sur du papier ? Manet choisit presque exclusivement la toile pour réaliser ses dessins au pastel, et il la laisse volontairement transparaître à plusieurs endroits (dans les coins notamment). C'est une façon claire de placer la technique du pastel au même niveau que la peinture à l'huile. C'est aussi pour Manet une manière d'esquiver les commentaires négatifs, car le côté non fini que l'on reprochait à ses peintures est moins critiqué dans ses pastels.

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Au musée

Galerie 3 Aux avant-gardes du 20e siècle

Au début du 20e siècle, les avant-gardes en quête de nouveauté et de modernité explorent à leur tour les potentialités du pastel, que ce soit dans un registre figuratif ou abstrait. Libérée progressivement de toute fonction descriptive, la couleur suit les méandres de l'imagination pour devenir de plus en plus lyrique, comme chez Paul Klee. Ce dernier, friand d’expérimentation, commence à explorer le pastel dans les années 1920, mais c’est surtout entre 1930 et 1940 qu’il se concentrera sur ce médium. N’hésitant pas à mélanger le pastel en poudre à de la colle d’amidon appliquée au couteau sur fond sombre, il réalise des œuvres abstraites particulièrement expressives. On lui doit également des pastels sur tissus plus ou moins grossiers, dont la texture dégage une luminosité inédite.

Zoom Paul Klee buntharmonisch, 1925, 256 (Z6) pastel sur papier, sur carton 22,2 x 28,8 cm collection privée

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• A première vue, ce pastel semble être purement géométrique. L'est-il vraiment ?

Aucune ligne n'est droite, aucun carré n'est régulier, et tout semble flotter. Réalisé alors qu’il enseigne au Bauhaus, buntharmonisch est une œuvre décisive pour l’évolution de la pratique de Klee. Ainsi, avec une grille à la géométrie irrégulière, qu’il reprend également dans la production à l’huile de cette époque, et l’usage de pigments fragiles et éphémères, Klee dépasse les théories du Bauhaus et du groupe De Stijl, basées sur un art rationnel, froid et rigoureux.

• Quel effet l'emploi de pastel dans cette composition produit-il ? Sur un papier préparé à la détrempe noire, l’artiste crée une composition de carrés colorés en aplats, dont les zones claires et sombres, finement délimitées, forment par leur juxtaposition un jeu de nuances lumineux et raffiné. En choisissant le pastel, Klee dépose les pigments presque en poudre sur la surface, ce qui crée une pellicule mate et veloutée, d’une saturation intense et chatoyante.

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Au musée

Galerie 4 De l'abstraction géométrique au minimalisme Les métamorphoses de la forme et de la facture se poursuivent avec les pastels minimalistes qui voient le jour dans les années 1950. La scène contemporaine, américaine en particulier, se montre particulièrement réceptive aux possibilités du pastel et révèle non pas un style graphique, mais des pratiques individuelles multiples. Galerie 5 Du Pop art au retour à la figuration Le retour à la figuration que connaît le pastel à la fin du 20e siècle s'inscrit dans le sillage du Pop art, mouvement émergeant dans les années 1950 où prédominent images en gros plan, cadrages insolites et couleurs acidulées. Dès les années 1980, le recours au pastel correspond à la volonté de retourner à l’atelier après la domination d’un art conceptuel dématérialisé. Point d’orgue de l’exposition, une intervention murale au pastel a été spécialement conçue à la Fondation de l'Hermitage par le jeune artiste suisse Nicolas Party, qui se réapproprie les genres traditionnels du portrait, de la nature morte et du paysage, en les revisitant de manière synthétique et originale.

Zoom Nicolas Party Portrait, 2017

pastel sur toile 140 x 110 cm

Courtesy Galerie Gregor Staiger, Zurich

• Femme ou homme ? Avec un visage aux traits fins et une chevelure rousse, Party entretient le doute à dessein. L'artiste ne réalise aucun portrait d'après un modèle vivant. Il ne s'agit pas d'un portrait d'une personne en particulier, mais d'un archétype irréel. « Ce que j’aime, quand je regarde un portrait peint, c’est sa présence physique. Une peinture de visage n’est pas le témoignage d’une personne réelle mais plutôt la création d’un nouveau personnage, qui a une vie indépendante de son modèle. »

• Donner quelques adjectifs pour décrire l'univers singulier de Nicolas Party

Naïf, coloré, étrange...

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FAQ

• Combien coûte un bâton de pastel ?

Le pastel est un médium qui coûte relativement cher (de CHF 2.- à 5.- pour un bâton, voire 20.- pour les plus coûteux). La fabrication des bâtonnets reste plus ou moins artisanale et nécessite un grand savoir-faire. La qualité des ingrédients, notamment le pigment, influe également sur le prix. Il existe plusieurs marques de pastel, du plus tendre (Rembrandt, Roché, Sennelier par exemple) au plus dur (Caran d'Ache, Faber-Castell par exemple).

• Quel support choisir pour faire un dessin au pastel ? Rugueux, teinté, lisse, veiné, tout support est intéressant à tester car sa texture accrochera

différemment le pastel.

• Comment fixer un dessin au pastel ?

Actuellement le plus simple et le plus efficace des fixatifs est le spray de laque à cheveux. Mais attention, les couleurs peuvent s'altérer.

• Quelle est la différence entre le pastel sec et le pastel à la cire ?

Inventé au 20e siècle, le pastel à la cire (le fameux Néocolor) diffère du pastel sec par sa composition: pour agglutiner le pigment, on a en effet remplacé la gomme arabique par de la cire. La technique et l'effet obtenu sont totalement différents, et l'adhérence est meilleure.

• Quelles sont les techniques possibles avec le pastel sec ? Toutes les techniques sont possibles ! Pour appliquer la couleur, on utilise le bâtonnet de toutes les manières - droit, penché, à plat - pour obtenir différents effets. On peut aussi utiliser ses doigts, en écrasant un peu de poudre de pastel que l'on étale sur le support. Pour estomper la couleur, le coton, le pinceau ou le doigt sont utiles. Les mélanges de couleurs s'obtiennent par superpositions ou hachures. Il est possible de mélanger de la poudre de pastel avec de l'eau et de l'appliquer au pinceau.

• Quel âge recommander pour l'utilisation du pastel sec ? Le pastel sec tendre est fragile, et une trop grande pression du bâtonnet risque de l'écraser. Il est donc préférable d'utiliser un pastel assez dur avec de petits enfants. Les expériences avec ce médium, sous toutes ses formes et sur tous les supports possibles, sont intéressantes et créatives à tous les âges !