dossier dossier - ovhcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/nrp38.pdf · la nrp est la...

16
Dossier DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Octobre 2017, n°38 [ Droit « Cybertechnologie en Algérie: c’est quoi ? » Mémoire Société Economie L’Algérie peine à amorcer son virage numérique Les entreprises nationales à la traîne Naima Benouaret Langue arabe : Influence des réseaux sociaux sur le langage de la jeunesse Mourad A Retrait par internet des expéditions ordinaires de jugements et décisions de la justice : 281 000 documents prêts depuis 2015 De rares photos de la joie des algériens le 5 juillet 1962 Hamid Mecheri HAMDI Baala

Upload: others

Post on 23-Jul-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

DossierDOSSIER

[[[

NRP Février 2015, n°25NRP Octobre 2017, n°38

[

Droit

« Cybertechnologie en Algérie: c’est quoi ? »

Mémoire

Société

EconomieL’Algérie peine à amorcer son virage numérique Les

entreprises nationales à la traîneNaima Benouaret

Langue arabe : Influence des réseaux sociaux

sur le langage de la jeunesseMourad A

Retrait par internet des expéditions ordinaires de jugements etdécisions de la justice : 281 000 documents prêts depuis 2015

De rares photos de la joie des algériens le 5 juillet 1962

Hamid Mecheri

HAMDI Baala

Page 2: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Société

Naqî houmtak, le bel exemple des jeunes, M. Tchoubane,p.10

Langue arabe : Influence des réseaux sociaux

sur le langage de la jeunesse, Mourad A.,P.11

Droit

Retrait par internet des expéditions ordinaires dejugements et décisions de la justice : 281 000 documentsprêts depuis 2015, Hamid Mecheri,p.12

«L’Algérie n’a toujours pas de loi sur les réfugiés» MohamedSaïb Musette. Directeur de recherche au Cread, spécialistedes questions migratoires, Mustapha Benfodil, p.12-13

Mémoire

MILA : Vers la restauration du moulin historique deSennaoua,p14

De rares photos de la joie des algériens le 5 juillet 1962,HAMDIBaala,p16

Evenements

Bibliographie

Dossier

« Cybertechnologie en Algérie: c’est quoi ? »

La transformation numérique en Algérie est une «urgence natio-nale» pour Nabni,Nes-Ali Mehmed, p.4

Sofiane CHAFAI, Directeur Conseil et Expert de la société Inter-valle Technologies déclare : «La Numérisation doit s’appuyer surun axe cyber sécurité» , p.5

Médias et cybertechnologie en Algérie : les Chinois à la rescousse,p.5

Les autorités ont acquis un système d’espionnage d’internet enAlgérie,Sofiane Ayache ,p.6

E-commerce : c’est quoi ? Et où en est l’Algérie ?, MohamedAniss AMRAH, p.6

La carte d’identité numérique permettra de moderniser les ser-vices publics en Algérie, FARID Farah,p.7

[email protected]

N° 38, Octobre 2017

2

NRP, Octobre 2017, n°38

Economie

L’Algérie peine à amorcer son virage numérique Les entreprisesnationales à la traîne, Naima Benouaret,p.8

«Quelle politique de l’emploi pour l’Algérie, face à la quatrièmerévolution technologique mondiale 2017/2020/2030 ?», Ali Akika,p.8-9

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer de la parution du N° 1 de la NRP en Arabe

Page 3: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

Editorial

3

NRP, Octobre 2017, n°38

Omar AOUAB

Il y a vingt ans, tout ce qui est technologie était réservé au domaine militaire,par rapport à l’accès utilitaire.

Vivant, comme nous le faisons aujourd’hui, dans un monde gouverné par lacybertechnologie, il nous faut trouver des moyens de rendre la mondialisationplus avantageuse pour la majorité de l’humanité. D’ailleurs c’est le vrai problèmequi se pose en Algérie : rendre la vie plus simple et plus facile à gérer. Il s’agitd’inscrire les nouvelles technologies dans l’école primaire, le collège, le cursusuniversitaire et les administrations, car les nouvelles technologies deviennentune nouvelle langue. Il s’agira également de doter les universités, écoles etinstituts et même le domaine public d’équipements et de plateformesd’apprentissage virtuels afin d’égaliser l’accès à ces outils à toutes les catégoriesde la population et d’engranger des gains de productivité.

Afin de promouvoir la cybertechnologie en Algérie, il faut d’abord mettre enplace une plateforme juridique, ce qui a été affirmé par des spécialistes en droitdes TICs : «la révolution numérique en Algérie est d’abord juridique avant d’êtretechnique «.Pour faire face aux cybercrimes, il faut d’abord renforcerl’infrastructure de cybersécurité pour garantir une meilleure sécurité auxutilisateurs ou consommateurs des TICs.

La chute du prix de pétrole a entraîné une crise financière en Algérie quioblige à passer rapidement au processus de diversification économique, commele tourisme, l’agriculture... Et les TICs peuvent présenter des perspectivesprometteuses dans le domaine numérique pour aider l’économie algérienne àse libérer de sa dépendance aux hydrocarbures.

Mais pour donner une vie à tout ce qui relève des TICs, c’est bien une volontépolitique qui doit s’impliquer dans le développement numérique et revoir sastratégie d’engagement dans la transformation numérique : une action quipermet d’avoir une vision claire et d’imaginer une véritable stratégie globalequi chapeaute toutes les actions et coordonne les différentes projets dans ledomaine dunumérique.

« Cybertechnologie en Algérie:

c’est quoi ? »»

Page 4: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

DOSSIER

4

Nes-Ali Mehmed

La transformation numérique en Algérieest une «urgence nationale» pour Nabni

Le succès de la 3G, qui a réussi à capterenviron 8,5 millions d’abonnés aprèsenviron une année de son lancement,cache mal le retard numérique del’Algérie. Le faible taux de pénétrationde l’Internet ADSL, mais surtout la timideadoption des e-services dans lesdifférentes branches économiques et del’administration interpellent Nabni. Lethink-tank algérien plaide pour unetransformation numérique au titred’»une urgence nationale». Le collectifcitoyen N.A.B.N.I (Notre Algérie Bâtie surde Nouvelles Idées) a publié de nouvellespropositions de réformes concernant lesecteur des TIC. Dans une feuille deroute de trois années, intitulée «D.I.G.I.TAlgérie», le think-tank dresse unconstat peu réjouissant del’évolution du numérique enAlgérie qui accuse un lourd retard.Nabni prône un ensemble demesures pour enclencher une«transformation numérique» qu’ilclasse au titre d’»urgencenationale», un «impératif pour unemue vers une économiemoderne». Nabni ne plaide paspour une simple «constructiond’infrastructure de réseaux etd’équipements». Il mise sur unprojet de numérisation beaucoupplus ambitieux, avec pour butd’aboutir à un véritableécosystème des TIC en Algérie. Celaboratoire d’idées s’esteffectivement fixé pour objectifde «bâtir les fondements nécessaires àl’essor du numérique» en Algérie, et dedévelopper une «f ilière industrielle desnouvelles technologies». Pour ce faire,Nabni a concentré l’énoncé des réformesproposés dans cinq axes, touchant au :«Développement des usages», àl’Innovation, à la Gouvernance du secteurdes TIC, à ses infrastructures, sansomettre les Talents (D.I.G.I.T).

L’Algérie aura-t-elle enfin sonécosystème TIC ?

Le collectif Nabni revient dans sespropositions sur l’inévitable question dupaiement en ligne. Malgré la volontéexprimée par la ministre des PTIC, Houda-Imane Ferouan, de contourner le e-paiement par le paiement par mobile,Nabni appelle à instaurer d’abord uncadre réglementaire permettant ledéveloppement de ce genre de servicesnumériques.

Si les membres de Nabni reconnaissentla responsabilité et le rôle du secteurprivé dans le développement de labranche e-commerce, ils insistent sur lanécessité du cadre réglementaire

«clarifiant les rôles et les responsabilitésdes banques, des opérateurs et desintermédiaires pour instaurer laconfiance et favoriser l’essor de cettetechnologie». Ingrédient incontournablede cette transformation numérique, lesstructures d’encadrement etd’accélération de talents manquent àl’appel. «De nombreuses start-upsémergent mais peinent à décoller parmanque de structures d’encadrement etd’accélération», déplore le think-tank.Celui-ci estime que le ministère des PTICdevrait instituer un programme nationalde financement et de coaching, dontpourraient profiter ces mêmes PME.

Une initiative à laquelle pourraientprendre part les «grands acteurs dusecteur des TIC», notamment lesopérateurs télécoms, les groupesindustriels algériens et les acteursinternationaux, sans omettre lesdispositifs de soutiens à l’emploi.

Dans son volet sur la «Gouvernance» dusecteur numérique de son rapport, Nabnia appelé l’Autorité de Régulation de laPoste et des Télécommunications (ARPT)ainsi que le MPTIC à l’ouverture de latéléphonie f ixe à la concurrence. Uneouverturequi devrait accélérer ledéveloppement des réseaux haut débit,estime Nabni, qui déplore que la questionsoit maintes fois évoquées sans jamais seconcrétiser.

A ce sujet, le collectif pointe égalementdu doigt la confusion qui règne dans lerôle et les responsabilités du trio : ARPT,MPTIC et Conseil de la concurrence.

Le défi de la formation

Nabni ne manque pas non plus desouligner l’ importance d’Algérie

Télécom (AT) dans ledéveloppement du réseauInternet.

L’opérateur historique, qui détientla plus grande infrastructuretélécom et Internet du pays, doitêtre renforcé à même depoursuivre son déploiementauprès des 8 ou 9 millions delogements et entreprises,estiment les membres experts dece collectif.

Dans sa feuille de route «D.I.G.ITAlgérie», le think-tank Nabnisuggère le renforcement d’AT sur

trois volets, touchant à laproximité client,l’efficacité opérationnelleet surtout la«modernisation de sonmode de managementavec de nouveaux talentsinternes ou externes àl’entreprise».

A propos des talents,Nabni aborde aussi laformation. Le think-tankprône une fois de plus lacréation d’écoles dédiéesaux TIC et au numérique,mais surtout d’inscrire lesnouvelles technologies etde les vulgariser auprèsdes enfants. «Les

nouvelles technologiesdeviennent une nouvelle langue,certains enfants sont exposés auxNTIC avant d’y être exposés dansle cadre de leur formationscolaire», estime Nabni dans safeuille de route.

Il s’agira aussi de doter lesuniversités, les grandes écoles etles instituts en équipements etformations TIC adéquates,notamment les plateformesd’apprentissage virtuelles(MOOC). De quoi «généraliserl’accès à ces outils à toutes lescatégories de population»,explique Nabni. Un «gros» chantierque les autorités ne sauraientmettre en œuvre sans la mise enplace d’une unité de pilotage duplan digital de l’Algérie.

19 Mars 2016

Page 5: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

DOSSIER

5

12 Juin 2017

Sofiane CHAFAI, Directeur Conseil et Expert de la société Intervalle Technologies déclare :

«La Numérisation doit s’appuyer sur un axe cyber sécurité»

SecurityDay Dakar sont deuxjournées qui ont pour objectifd’échanger et de partager lesexpériences de la cybercriminalitéen Afrique. Crée en 2012, c’est saquatrième version cette année. LeSecurityDay Dakar est structuré endeux parties. Un espaced’exposition d’entreprise decybersecurité et un forum avec desconférences pendant les deuxjournées sur tous […]

IT Mag : Intervalle Technologies estune entreprise spécialisée dans lasécurité informatique. Quelles sontles particularités de votreentreprise ?

Sof iane Chafai : IntervalleTechnologies est une société deservices informatique fournissantdes prestations de conseil, d’audit deformation dans le domaine de lacybersécurité. IntervalleTechnologies a tissé des partenariatsavec des organismes et éditeursinternationaux pour fournir uneexpertise pointue af ind’accompagner les clients dans leurprogramme de transformationnumérique, mise en place desystèmes de management de lasécurité, mise en conformité parrapport à des réglementationslocales ou à des normesinternationales

IT Mag : Vous nous parlez d’audit,conseil, réponse à incident maisaussi de formation. Comme vous lesavez, en Algérie, il n’existe pas decertification pour des entreprisescomme vous. D’après vous,

comment reconnaitre une bonned’une moins bonne entreprise ?

Sofiane Chafai : Vous touchez dudoigt un point très important quimalheureusement nous faitcruellement défaut en Algérie où iln’existe malheureusement pas deprocessus d’accréditation desociétés de services comme la notre(Sécurité informatique NDLR).Eneffet, il est important de disposerd’un mécanisme pouvant attesterd’un savoir faire, d’une expertised’une entreprise fournissant unservice de conseil, d’audit, ouintégrant une technologie. Il estégalement important de pouvoirdisposer d’un mécanismed’habilitation pour réaliser desmissions dans des secteurs sensiblesoù la criticité des informations resteprimordiale.Le maintient d’un savoirfaire ou d’une expertise au seind’une entreprise requiert de laressource humaine et matérielle quicoûte cher à l’entreprise. S’inscriredans ce processus vertueux demaintient de certif ication etd’accréditation auprès desorganismes internationaux supposede la formation continue, laparticipation à des congrès etséminaires internationaux, lepassage de certification, contracterdes assurances, investir de l’argentet du temps. Le client ne voit souventpas ces aspects. Pouvoir aff icherdans ses supports de communicationdes logos d’éditeurs de solutiontechnologies, de méthodologies surl’état de l’art suppose desinvestissements que devrait

consentir tout professionnelsoucieux de fournir un servicede qualité.Pour revenir à votrequestion, nous restonsaujourd’hui pénalisés parl’absence de ce processus decertif ication nécessaire quiaiderait les entreprises à avoirune idée beaucoup plusobjective sur les capacitéstechniques d’un fournisseur.

IT Mag : Vous parlez desécurité des systèmesd’information. Est-ce que vousêtes lié à un centre certif iéd’alerte et de réaction auxattaques informatiques ditCERT, en anglais ComputerEmergency Response Teamqui n’existe pas en Algérie oubien disposez-vous d’un CERTau sein de votre entreprise ?

Sofiane Chafai : De part notreactivité professionnelle, noussommes tenus de maintenir unniveau élevé de veille parrapport aux alertes et auxmenaces cyber, nous sommesen interne abonnés à des sitesd’alerte de nos partenaires etd’organismes internationauxavec qui nous sommesaccrédités. Nous ne manquonsd’ailleurs pas de répercuter cesalertes à nos clients…

Médias et cybertechnologie en Algérie : les Chinois à la rescousse

14 Juin 2017

L’ambassadeur de Chine en Algérie,Yang Yuangyu, a exprimé, hier, ladisponibilité de son pays àdévelopper davantage avec l’Algérieles partenariats dans le domaine desmédias qui offre, grâce auxcybertechnologies, desopportunités d’échanged’expériences, a indiqué uncommuniqué du ministère de laCommunication.

Lors de l’audience que lui a accordéele ministre de la Communication,Djamel Kaouane, le diplomatechinois a souligné la possibilité d’aller«beaucoup plus vite» que dans lesautres secteurs. A ce titre, de

nombreux domaines ont été cités,notamment la formation, ledéveloppement des équipements, lanumérisation, l’échange deprogrammes, le déploiementmédiatique en Chine et en Algérie,précise le communiqué.

De son côté, Djamel Kaouane quis’est réjoui de cette «grandedisponibilité» de la Chine enversl’Algérie, a insisté sur la nécessité derenforcer les échanges et lacoopération en matière deformation des journalistes et desprofessionnels des médias relevant,par ailleurs, que sur ce chapitre levolet relatif «à l’initiation linguistique

au chinois ne devrait pas êtreen reste», puisque elleconstitue «une véritablepasserelle pour une meilleurecompréhension entre nosdeux peuples».

L’entretien a également portésur «l’excellence» des relationsentre la Chine et l’Algérie etpermis de mettre en avant lesacquis du partenariatstratégique global qui unit lesdeux pays…

Page 6: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

DOSSIER

6

Les autorités

ont acquis un systèmed’espionnage d’internet

en Algérie

L’Algérie s’est payé un nouvel outilde cyber-surveillance de la toileauprès d’un groupe de défensebritannique.

Avec la police dans la rue, les limiersde la contre-subversion sur la toile,les autorités dorment sur leurs deuxoreilles. Le joujou de technologieque s’est payé l’Algérie fait dans lapêche au chalut captant les donnéesnumériques à une échelleindustrielle.

Si l’on en croit, en effet, lesrévélations faites par BBC Arabic etle journal danois Dagbladet dans uneenquête publiée hier, l’entreprisedanoise ETI a doté l’Algérie, leMaroc, la Tunisie, les monarchies duGolfe comme l’Arabie saoudite, lesEmirats arabes unis, le Qatar, lesultanat d’Oman, d’outils puissantsqui auraient été utilisés «pourespionner des millions de personneset contrecarrer tout signe dedissidence» grâce au logiciel delbaptisé «Evident». Ce dernier «apermis aux gouvernements desurveiller en masse lescommunications de leurs citoyens».

Ce n’est pas Big Brother, mais ça yressemble fortement. Un ancienemployé d’ETI, interrogé par la BBC,a révélé que «Evident» permet«d’intercepter tout trafic Internet»,«localiser des personnes sur la basedes données cellulaires» et «suivreles gens». Ce système d’espionnageet de «décryptage», dit-il, est «trèsavancé en matière dereconnaissance vocale».

Il est vrai que la sécurité numériqueet la lutte contre les cyber-menacessont un enjeu stratégique pour le XXesiècle, mais cela dépend à quelle fincette technologie de flicage à toutva est utilisée. En Afrique du Nord etdans les pouvoirs autoritaires, lecontrôle du flux d’information sur latoile est devenue une préoccupationmajeure pour le maintien despouvoirs en place et le contrôle desactivistes.

15 Juin 2017

Sofiane Ayache

E-commerce : c’est quoi ? Et où en est l’Algérie ?Le commerce électronique c’est quoi ?

Le e-commerce comme on l’appelle pluscommunément, consiste à échanger desbiens, des services, de la valeur engénéral, par l’intermédiaire des réseauxinformatiques, principalement internet.Les terminaux (supports) utilisés sontmultiples, nous pouvons citer à titred’exemple : latéléphonie mobiledepuis l’avènementdu smartphone, lestablettes (iPad,Android), les SmartTV etc... Lec o m m e r c eélectronique couvretrois aspectsdifférents qui sont : ·L’information sur leproduit. · La prise decommande (achat) ·La f idélisation. Leprincipe est relativement simple,l’utilisateur passe commande via un siteinternet spécialisé (un réseau engénéral) et se fait livrer par son fouisseurvia différents moyens (entreprises delivraison, courrier, etc...). Le payementpeut être effectué avant ou après lalivraison selon le fournisseur.

Quelle est la valeur du e-commerce dansle monde ?

Le marché du e-commerce a été estiméà 2050 milliard de $ pour l’année 2016,selon eMarketeur, un chiffreastronomique qui démontre bien la forcede ce segment dans le monde. Toujoursselon la même source, le commerceélectronique devrait dépasser les 3500milliards de $ d’ici 2019. (À savoir que ceschiffres ne concernent que lestransactions de fournisseur àconsommateur : BtoC).En France, l’e-commerce toucherait les 71 milliards d’€ en 2016 (selon BFMbusiness) soitenviron 40% du PIB Algérien en 2015.Chez notre voisin Marocain le marché due-commerce avoisinait les 2,2 milliard de$ en 2015(selon le centre monétaireinterbancaire : CMI). Enfin aux USA leschiffres sont à leur image c’est-à-dire horsnormes, les estimations prédisentenviron 548 milliards de $ avant 2019.

Quels moyens sont mis à la dispositiondu consommateur ?

Le paiement électronique a faitofficiellement ses débuts le 04 Octobredernier, tandis que de son côté Algérieposte vient tout juste de lancer sonpropre service de paiementélectronique. Le procédé estrelativement simple, le consommateurdevra se rapprocher de sa banque ou àprésent de la poste afin de demanderune carte interbancaire ou CIB. Un codelui sera fourni qui lui permettra Rédigépar : Mohamed Aniss AMRAH de valider

sa commande auprès de sonfournisseur. Autre détail importantavant de transmettre voscoordonnés bancaires, assurez-vous que le fournisseur utilise unepage cryptée en HTTPS, et non pasHTTP comme c’est le cashabituellement. La différenceentre les deux est simple mais

extrêmement importante, lespages en HTTPS util isent unprotocole de navigation sécuriséeet spécialement développé pourvous protéger quand vous faites vosachats en ligne. Vous pouvezvérif ier cette information etregardant sur votre navigateurinternet, en haut à gauche devotre barre d’adresse doit êtrespécif ié le type de cryptage.D’autres moyens de paiement sontmis à la disposition duconsommateur, tel que PayPal parexemple. Ce genre de servicespermet à l’internaute de ne pastransmettre ses vrais coordonnésbancaires au fournisseur. Il suffitjuste de créer un compte sur le sitede PayPal, et le créditer via votrecompte et le tour est joué.

Un vide juridique qui tarde à êtrecomblé

En marge de la cérémonied’oblitération de deux timbres-poste consacrés à l’enseignementsupérieur et à la recherchescientif ique qui s’est tenue enseptembre dernier, madame laministre de la Poste et desTechnologies de l’information etde la communication, Iman HoudaFeraoun, a déclaré, que le projetde loi relatif au e-commerce serasoumis au gouvernement avant lafin de l’année. Le projet de loi ayantpour but de régir les opérations decommerce électronique. Ce textea été présenté à tous les secteursconcernés par le e-commerce afinqu’il soit enrichi, a-t-elle précisé...

16 Décembre

2016

Mohamed Aniss AMRAH

Page 7: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

DOSSIER

7

Karima Direche Slimani

La carte d’identité numériquepermettra de moderniser les services publics en Algérie

Aujourd’hui, partout dans le monde,les titres d’identité numériques àcarte à puce se déploientmassivement. Des pays comme laMalaisie, la Russie, la France, laPologne, le Brésil, et l’Inde ont déjàremplacé les cartes d’identitéclassiques de leurs citoyens par descartes d’identité numériquesconnues sous le nom technologique« eID ».

Selon le « Rapport mondial del’industrie nationale de la carted’identité électronique », édition de2014, publié par AcuityMarketIntelligence, plus de 3,5 milliardsidentités électroniques nationales à

puce ont été émises par 95 pays. EnAlgérie, le Ministère de l’Intérieur etdes Collectivités Locales a annoncé,la semaine dernière, que la premièreeID biométrique sera livrée au débutdu mois de janvier prochain. Lesdemandeurs non détenteurs depasseports biométriques, seprésenteront aux sièges des APCpour procéder au prélèvement desdonnées personnelles etbiométriques, (empreintes digitalesencryptées, nom, adresserésidentielle, sexe, état civil, numérod’identité et photographied’identité). Les eID seront délivréesautomatiquement aux personnesqui disposent déjà de passeportsbiométriques. C’est l’opération dedigitalisation la plus importante del’histoire numérique du pays. Selondes déclarations à la presse dudirecteur de la modernisation, de ladocumentation et des archives auministère de l’Intérieur, AbderrazakHenni, cette carte sera intelligenteet pourvue de plusieurs usages aussibien dans le monde réel quenumérique. La création, par cet

organisme, de la base des donnéesnumériques relatives à l’identiténationale et l’attribution à chaquecitoyen d’un numéro d’identificationnational unique à 18 chiffres ontaccéléré l’opération de lanumérisation de la carte d’identiténationale.

Quelle utilité ?

Ainsi, le numérique débarqueral’année prochaine dans la vieadministrative quotidienne desalgériens. A quoi doivent-ilss’attendre ? Ayant le format d’unecarte de paiement électronique, lacarte eID biométrique englobe des

circuits électroniques appartenant àla même famille que ceux utilisésdans les cartes SIM commercialiséespar les opérateurs de la téléphoniemobile. La carte d’identiténumérique contient un espacemémoire découpé en plusieurssecteurs dans lesquels les donnéespeuvent être stockées af in degarantir un niveau de sécuritéacceptable et élargir l’utilisation del’eID à des applications annexes.Pour cela, elle devrait contenir unespace mémoire consistant pourrépondre aux besoins de toutes lesapplications et pouvoir identifier letitulaire de la carte et les certificatsnumériques. Une capacité minimumde 80 Ko est donc plus quenécessaire. Les informationsd’identité traditionnelles sontimprimées à la surface du support enPVC (polychlorure de vinyle). Lecœur de la carte à puce insérée estconstitué d’un microprocesseur,d’une mémoire ROM util iséeprincipalement pour la technologiede clé publique (PKI) de la signatureélectronique et le cryptage, d’une

mémoire RAM, d’une mémoireEEPROM destinée au stockagedes applications annexes etéventuellement d’unemémoire Flash.Les donnéespersonnelles utiles àl’identif ication du détenteursont donc séparées,généralement par un pare-feu,de celles liées aux applicationsannexes (accès auxuniversités, aux servicesadministratifs et bancaires,transactions électroniques).L’eID intervient à chaque foisque l’identification du citoyenest nécessaire. En clair, àchaque requêted’authentification enregistréepar le microprocesseur quiémane généralement d’unlecteur biométrique, la carterenvoie l’identité et toutes lesinformations concernant lesapplications annexes à unsystème de sécurité qui gèrela base de données desidentités numériques.

Un débat pour aider àcomprendre les enjeux

Les applications annexes sontd’une importance vitale pourréussir le saut numérique del’Algérie. L’eID peut contenirune ou plusieurs applicationsmultidimensionnelles, selon lataille de l’espace mémoire dela carte à puce. Par exemple,cette carte peut servir de relaisentre des organismes desservices publics et les identitésnumériques des personnes. Enclair, les données biométriquespeuvent créer un lien entre lesnuméros de vérif icationbancaire d’un client et sonidentité, et ce lors d’unpaiement électronique ou uneopération f inancièrequelconque nécessitant uneidentif ication de l’usager.D’autres applications pourrontégalement avoir la possibilitéd’utiliser l’authentif icationbiométrique pour les besoinsde contrôle d’accès que ce soitpour la sécurisation desservices liés à la téléphoniemobile, au transport public, àla santé ou auxdivertissements….

14 Novembre 2015

FARID Farah

Page 8: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

[ECONOMIE]

8

L’Algérie peine à amorcer son virage numérique

Les entreprises nationales à la traîneAvec à peine 15% d’entreprises connectées à internet,moins de 8% qui sont dotées de leur propre site-web,(données publiques de 2014), notre économie, àl’inverse de ses voisines immédiates (Maroc et Tunisie)et tant d’autres du monde arabe ou d’ailleurs, n’estpas près de devenir moins étanche au monde dunumérique. Nous ne sommes pas en retard, nous sommes endécalage de phase», ce constat de Hakim Cherfaoui,responsable de la commission TIC au Forum des chefsd’entreprises (FCE), s’applique merveilleusement à lafilière sidérurgique : «Le groupe Imetal, propriétaire deSider El Hadjar, ne dispose toujours pas de son propresite internet.Un manque de visibilité numériqueaveuglant qui pourrait avoir de fâcheuses conséquencessur certaines activités sensibles. La sécurité del’information semble être le dernier souci de sesdirigeants, qui utilisent des comptes Gmail pourcommuniquer et partager les courriers électroniques etles décisions, à caractère hautement sensible etstratégique, avec tous les risques de piratage que celasous-entend. […] A leurs yeux, le cas du géant del’industrie sidérurgique, à l’instar de beaucoup d’autres,incarne, parfaitement, la peur du changement, d’oser lebond vers le développement numérique, dont nosdécideurs semblent être incapables de se libérer. […]En effet, «la transformation numérique des entreprises -digitalisation- offre de nouvelles opportunités de créationde valeurs. Actuellement, les entreprises tirent leurperformance de la combinaison de trois facteurs:l’automatisation des processus de production induite parla fabrication assistée par ordinateur, la dématérialisationpar l’usage de logiciels et la réorganisation des schémasd’intermédiation à travers l’instantanéité des échangessur les réseaux, et pour les plus performantes, les objetsconnectés…», souligne Nadia Chettab, professeur de

sciences économiques à l’université Badji Mokhtar deAnnaba. […]Et la consultante dans le domaine de lagrande industrie, dont l’expertise est sollicitée parnombre d’organismes publics et institutions, en Algérieet à l’étranger, d’insister sur le besoin urgent de trouvercomment transformer le choc négatif de la conjonctureactuelle en choc positif et orienter les politiqueséconomiques publiques vers une réindustrialisation, touten tenant compte des grandes mutationstechnologiques et numériques en cours, en tirant lemeilleur parti des chaînes de valeur mondiales, sans selaisser enfermer dans des modèles de développementintrovertis qui ont montré toutes leurs limites. «C’est parle croisement des compétences et dans le travailcollaboratif que peut se construire le futur de l’industriealgérienne», estime-t-elle.

Naima Benouaret14 Octobre 2017

« Quelle politique de l’emploi pour l’Algérie,face à la quatrième révolution technologique mondiale

2017/2020/2030 ? »[…] Le rapport préliminaire du Fondsmonétaire international (FMI) du 19avril 2017 sur les perspectiveséconomiques mondiales est négatifpour l’Algérie, comme conséquencedirecte du ralentissementéconomique, en 2016, la croissancedu PIB réel a été très solide, à 4,2%,mais la situation devrait fortement sedégrader. […] le solde extérieurcourant de l’Algérie devraitsensiblement se réduire en 2017 et2018. Déficitaire à hauteur de 16,4%du PIB en 2016, ce solde extérieurdevrait se réduire à 12,3% cetteannée. En 2018, le déf icit devraitencore se résorber à 10,2%, maisresterait néanmoins équivalent à unpeu plus de 15 milliards de dollars,avec deux hypothèses, de laréduction du déficit extérieur, uneréduction drastique desimportations et une légère

remontée relative des cours deshydrocarbures. […] L’inflationaccélère la concentration excessivedu revenu national au profit d’uneminorité rentière au détriment desprofits productifs et des revenusfixes avec la détérioration du pouvoird’achat de la majorité. Pour seprémunir contre cette dépréciationqui engendre inéluctablementl’inflation, et donc la détérioration dudinar algérien, l’Algérien ne placepas seulement ses actifs dans lefoncier, l’immobilier ou l’or, mais unepartie de l’épargne est placée dansles devises. C’est un choix desécurité dans un pays où l’évolutiondes prix pétroliers est décisive. Sansles subventions, mal ciblées et malgérées, le plus pauvre bénéficiantautant que le riche, et facilitant le

traf ic aux frontières, l’Algérie étantun des plus gros importateurs aumonde de céréales, grâce auxhydrocarbures, le taux d’inflationserait beaucoup plus élevé que letaux off iciel. La perception del’inflation est différente d’unménage qui perçoit le SNMG environ200 euros consacrant plus de 70% deson revenu aux produits depremière nécessité que celui quiperçoit 10 000 euros ou plus net parmois.

3.-Population-emploi et chômage

Le fondement de toute politiquesocio-économique est de satisfaireles besoins d’une population etconstitue le facteur clef. Lapopulation algérienne connait unaccroissement constant passant de12,6 millions d’habitants en 1966 à

Page 9: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

[ECONOMIE]

9

41,2 millions au 01 janvier 2017 etatteindra 50 millions horizon 2030.En 2016, la population active a atteintles 12,117 millions de personnessachant que la population active estl’ensemble des personnes en âge detravailler et disponibles sur le marchédu travail, qu’elles aient un emploiou qu’elles soient en chômage. Lesalariat constitue la forme d’emploidominante et touche en moyennesept occupés sur dix (69,7%). Cettepart reste nettement plusimportante auprès des femmes,puisqu’elle atteint 77,5% contre68,0% auprès des hommes. Nousassistons à une quasi-stagnation duvolume de l’auto emploi ( lesemployeurs et les indépendants) parrapport à la même période 2015, unrecul du volume des salariés

permanents, une progressionsignif icative des salariés nonpermanents. La structure de l’emploiselon le secteur d’activité faitressortir que le secteur des servicesmarchands et non marchandsabsorbe 61% de la main d’œuvretotale, suivi par le BTP (17,5%),l’industrie (13,5%) et enf inl’agriculture (8%). La ventilation selonle secteur juridique fait ressortir quele secteur privé absorbe 59,8% del’emploi total, avec un volume de 6490 000, soit une augmentation de158 000 par rapport à avril 2016.D’importantes disparités sontobservées selon le sexe ; l’emploiféminin se concentreessentiellement dans le secteur

public (62,1% de l’emploi féminintotal). […] Le taux de chômageauprès des personnes sansqualification a connu une régressionpuisqu’il a baissé de 8,3% à 7,7% entreavril et septembre 2016. Quant à celuides diplômés universitaires, il s’estétabli de 13,2% à 17,7%. La populationdéfinie comme celle qui se situedans le «halo du chômage a atteint,en septembre 2016, un volume de797 000 personnes et les femmes enconstituent 54,6%. Les moins de 30ans constituent 51,8% de cettepopulation, alors que 76,8% sont âgésde moins de 40 ans. Cette populationest caractérisée par son faible niveaud’instruction ; 68,8% n’ont aucundiplôme, alors que 61,3% n’ont pasdépassé le cycle des étudesmoyennes. La part des chômeurs qui

accepte des emplois inférieurs àleurs aptitudes professionnelles estde 71,6%, ne correspondant pas à leurprof il pour 68,4%, des emploispénibles pour 28,7% et des emploismal rémunérés pour 73,1%.Récemment, le rapport préliminairedu Fonds monétaire international(FMI) du 19 avril 2017 sur lesperspectives économiquesmondiales est négatif pour l’Algérie,comme conséquence directe duralentissement économique, le tauxde chômage devrait passer de 10,5%en 2016, à 11,7% en 2017, avantd’atteindre 13,2% en 2018, indique leFMI.

4.- Quelles perspectives

Concernant l’aspect macro-économique global analyséprécédemment, il existe une loiuniverselle : le taux d’emploi estfonction du taux de croissance et desstructures des taux de productivitérelevant d’entreprises compétitivesà valeur ajoutée. L’on ne crée pas desemplois par décret, la solution defacilité étant la création d’emploisdans l’administration. Le taux dechômage off iciel est fortementbiaisé incluant les sureffectifs tant deadministrations que des entreprisespubliques, des emplois temporairesfictifs ( 5 mois non créateur de valeurajoutée comme par exemple pourfaire et refaire des trottoirs) et lesemplois dans la sphère informelle.Paradoxalement du fait del’allocation sectorielled’investissement via la dépensepublique, fortement biaiséeprivilégiant les emplois à très faiblesqualification comme le BTPH (70% dela dépense publique), les diplômésont plus de chance d’être chômeursexpliquant le faible taux decroissance et de productivité. Ilfaudra créer entre 300.000/400.000postes de travail par an entre 2017/2020, qui s’ajoute au taux actuel duchômage, sous estimée, du fait de lapression démographique, del’entrée sur le marché du travail dela population féminine sous estiméedans les statistiques, afin de résoudrele lancinant problème du chômageet deviendront les 2 mill iond’étudiants sortis des universitésentre 2018/2020 ?

D’une manière générale, le constatest que certains responsables viventencore l’’ère matérielle des années1970, pouvant conduire le pays droitau mur sans vision stratégiques’adaptant au nouveau monde. Parailleurs, les organismes chargés del’investissement et l’emploi agréentun maximum de projets avec denombreux avantages f inanciers etf iscaux.Or, il convient de sedemander si ces projets s’insèrentdans une vision globale dudéveloppement du pays, s’ilsconcernent des segments porteursde croissance durable ou nes’assimilent-ils pas à un replâtrage ?L’Algérie selon les observateursinternationaux a toutes lespotentialités, sous réserves deprofondes réformes, pour asseoirune économie diversifiée garante dela stabilité de la régionméditerranéenne et africaine.

19 Avril 2017

Abderrahmane Mebtoul

Page 10: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

[SOCIETE]

10

Naqî houmtak, le bel exemple des jeunesL’état de déchéance dans lequel sevautre la commune a fait sortir,finalement, de leur torpeur certainesbonnes volontés, jalouses de leurcité. Grâce à un sursaut d’orgueilcitoyen et responsable qui a germédans les réseaux sociaux, des jeunesde quartiers, résolus à redorer leblason terni au fil des ans de cettebourgade littorale, ont pris le taureaupar les cornes pour sensibiliser lacollectivité sur le cadre de vie etl’hygiène publique. Le quidam quiarpente les axes principaux, lesboulevards Abdelkader Ziar et Emir

Khaled peut relever ce constat quise résume en l’éradication de pasmoins de six points noirs quiternissaient le décor urbain, dontcertains sont aménagés en espacesverts. Certaines ruelles briquées,leurs façades rafraichies ou peintesne donnent pas moins fière allure àla cité.

La Toile mobilise les jeunes

La page Facebook Bologhine ex-St-Eugène a enflammé les internauteset mobilisé les synergies autour dumot d’ordre «Naqî houmtak»(nettoie ton quartier). Cetteconsigne d’action commune, qui avite fait le tour de la Toile, renseignesi besoin est que «ce qui n’a pas étéfait l’espace de 20 ans par lesgestionnaires de la cité est réalisé enun laps de temps extrêmementcourt avec les moyens du bord, loind’être colossaux. Pour peu que lasociété civile s’emmêle à tous lesniveaux et soit aidée par certainsresponsables de la commune, qui seterrent dans leurs bureaux», tient à

souligner Nabil Mouhoub, un dessouscripteurs à cette action louable.Une manière de signifier en termesvoilés, que l’apathie criante des éluslocaux est mise à nu par ceux quiprônent l’action efficiente pour unmeilleur cadre de vie. L’air à succèssusurré par la vox populi ne tarde pasà faire effet boule de neige pourembrasser cette salutaire entreprisedont l’initiateur n’est autre qu’unenfant de la commune, ingénieurd’Etat en écologie marine,fraîchement promu au poste decontrôleur principal d’hygiène et de

salubrité à la mairie, en l’occurrenceAbdelaali Berkani.

Opération pilote réussie

Le jeune ingénieur, mû par la volontéde changer le look lugubre etinsalubre que traîne comme unboulet la commune depuis desdécades, a réussi à changer la donne.Du moins un début qui prête àl’optimisme en matière d’hygiènepublique. Mais quelque part, cetécologiste pragmatique et désirantmatérialiser son savoir sur le terrainde la commune dérange. On tient àl’étouffer, apprend-on de sesproches amis, car il refuse decautionner le fonctionnementdésuet et les habitudes amorphesdans lesquels se plaisent certainsélus. Ne dit-on pas que l’habitude estune seconde nature ? Diff icile, eneffet, de changer les mœursréfractaires à la belle ouvrage,inhibitrices de toute actionbienfaisante. S’il est des élus qui luireprochent de porter deuxcasquettes – celle de la commune,

où il est fonctionnaire, et celleassociative, à travers son action deproximité avec les citoyens-,d’autres craignent qu’ils soienteffacés par l’effet qu’entraînera sonaura populaire. Toutefois, les jeunessemblent saisir la portée de lasalubrité publique et sont résolus àse battre à fer émoulu contre laparesse. «Nous sommes apolitiques,ce qui nous tient à cœur, c’est demettre en œuvre le process proposépar l’initiateur, en matière de bien-être public et nous espérons quenotre action ne soit pas court-circuité

par des responsables tapis dansl’ombre dans la commune», confientdes jeunes qui, les manchesretroussées, s’affairent à lustrer leurquartier dans les alentours dutéléphérique et le lieudit le Plateau.A débarrasser l’environnement danslequel évoluent les citoyens du décordécati. «Et ce n’est qu’une premièreétape pilote, car nous envisageonsd’autres actions dans la durée etredorer le blason de Bologhine»,renchérissent Chakib Touati etYoucef Tamzi, deux jeunes qui,parmi le groupe qui met du cœur àl’ouvrage, ambitionnent de rendrepropre la commune de Bologhine.Une invite adressée à tous lesadministrés et surtout aux élus priésà «se frotter» au terrain et aller à larencontre du citoyen, insistent nosinterlocuteurs qui refusent, parailleurs, que leur initiative soitrécupérée à des f ins politiques ouélectoralistes à l’approche à grandspas des municipales.

14 Juin 2017

M. Tchoubane

Page 11: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

[SOCIETE]

11

Langue arabe :Influence des réseaux sociauxsur le langage de la jeunesse

Réduit, simplifié, voire «malmené»par les jeunes algériens, le langagedes réseaux sociaux peine à rassu-rer les gens, dont leurs parents, lesenseignants de langues et aussi,nombre d’utilisateurs lesquels, sehâtent de trouver une parade à cephénomène qui menace sérieuse-ment les langues nationales du pays.Pour avoir une idée sur le sujet, le

Haut conseil de la langue arabe, sisBd Franklin Roosevelt (Alger), aabrité hier, une conférence débatsur l’influence des réseaux sociauxsur le langage de la jeunesse, animéepar l’enseignante Souhila Bouazza,du centre universitaire de Tipasa.Face à une assistance moyenne,composée de personnalités nationa-les, d’universitaires et de cadres del’institution, la conférencière aabordé le sujet de manière académi-que en procédant d’abord à la défi-nition des termes «réseaux sociaux»,«la langue», avant d’arriver à l’inti-tulé de son travail de recherche: «l’in-

fluence des réseaux sociaux sur lelangage de la jeunesse. Elle ad’abord présenté une fiche techni-que des réseaux sociaux les plusconnus comme Facebook, Twitter,YouTube Instagram et Snapchat, no-tamment, sans oublier de relever aupassage le nombre d’abonnés ou uti-lisateurs dont ils disposent en Algé-rie et dans le monde.

L’universitaire devait ensuite parlerdes langues utilisées par les jeunessur les réseaux sociaux, de manièregénérale, avant de relever les ten-dances enregistrées dans ce do-maine, sur la base d’un sondagequ’elle a effectué précédemment auniveau de la faculté de journalismede l’université d’Alger 3. Partant delà, elle a déploré l’utilisation de «mé-langes» linguistiques entre les lan-gues arabes et françaises avec leparler algérien, selon les régions dupays, les chiffres à la place des mots,également, sans oublier aussi de re-lever la «défiguration» de la languearabe sur ces réseaux sociaux, au

nom de la modernité, du pragma-tisme et tout ce qui s’ensuit. Selonle même sondage, les étudiants re-prochent à la langue arabe son inca-pacité à évoluer, son manque de con-cision et autres arguments qui netiennent pas la route. Dans ce con-texte, la conférencière a rappelé leprincipe de la concision des messa-ges adopté par Twitter, pour citer

nombre de termes, expressions et«tweets» qui illustrent clairementses propos. Elle a critiqué aussi l’utili-sation par les abonnés de certainesicônes «smiley» disponibles sur laplateforme pour exprimer leurs sen-timents. Elle a conclu en souhaitantque les chercheurs et spécialistes dela langue arabe se penchent sur cephénomène social et apportent dessolutions pratiques et rapides au pro-blème de la langue.

Mourad A.

28 Avril 2016

Page 12: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

[DROIT]

12

Retrait par internet des expéditions ordinaires de jugementset décisions de la justice :

281 000 documents prêts depuis 2015

L’introduction des technologies de l’information et de la télé-communication (TIC) dans le domaine de la justice constituel’un des axes principaux de la réforme de la Justice dans notrepays. Visant à gagner en temps et à réduire le poids de la bu-reaucratie, l’introduction de ces nouvelles technologies, selonl’avis les experts, sont incontournables pour améliorer la rela-tion entre l’administration et les citoyens. C’est le constat qu’afait, lundi, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, TayebLouh, durant son exposé en rapport avec laréforme et la modernisation du système judi-ciaire, devant les députés au siège du Sénat.En effet, le ministre a souligné que plus de 281000 expéditions ordinaires de jugements etdécisions de justice étaient prêtes, depuis 2015au 23 décembre courant, au retrait surInternet. Le ministre qui s’exprimait devant lacommission des affaires juridiques, administra-tives et des droits de l’Homme du Conseil de laNation a précisé que 281 195 expéditions dejugements et décisions de justice, portant si-gnature électronique, étaient prêtes au re-trait sur Internet entre le 20 août 2015 et le 23décembre courant. Il a ajouté que les expédi-tions avec signature électronique émanant dela Cour suprême et du Conseil d’État s’éle-vaient pour la même période à 219 022, soit191 108 expéditions pour la Cour suprême, et27 914 pour le Conseil d’État. Le représentant du gouverne-ment a qualifié les réformes contenues dans le projet de loi,relatif à la réforme de la justice, de «saut qualitatif», vu le gainen temps et en moyens financiers qu’elles offrent. Dans cesens, le ministre s’est axé sur l’introduction de la légalisationet de la signature dans le domaine de la justice. Cela vise, selonle ministre, à être sur le même niveau avec les standards inter-nationaux en le domaine. Cette technique, utilisée déjà dans lesecteur de l’assurance sociale, permettra beaucoup plus defluidité dans le processus de délivrance des documents judi-ciaires (certificat de nationalité et casier judiciaire) pour lecitoyen, à distance. Pour cela, le ministre a évoqué la mise en

place d’un centre informatique pour la personnalisation et con-ception des puces numériques, les supports utilisés dans cesens. Le centre, en sorte de base de données, attaché au minis-tère de la Justice, est doté des installations modernes et sécu-risées. Parmi les fonctions qui seront assignées à ce centre, leministre cite, notamment,«l’’inscription et l’enregistrementdes employés et agents dépendant du ministère de la Justice,la personnalisation des puces numériques pour le système in-

formatique de la justice, assurer la véracitéet l’authenticité de ces puces numériques,sauvegarder l’archive numérique, et veillerà ce que l’accès à ces données soit contrôlé».Dans le volet de la modernisation du sys-tème judiciaire, le ministre a évoqué aussil’utilisation des techniques de «Skype» dansles procès en justice. Cette technique per-mettrait aux magistrats d’auditionner destémoins, à distance, sans nul besoin de sedéplacer. Cela, quel que soit l’emplacementdes personnes auditionnées, y compris cequi résident à l’étranger. Par ailleurs, le mi-nistre a affirmé que son secteur a vu la réa-lisation et le développement de plusieursstructures judiciaires. Louh a fait savoir quele secteur de la justice se dotera en 2017 denouveaux sièges pour 7 Cours, 27 tribunaux,6 tribunaux administratifs, 3 annexes de tri-

bunaux et 6 centres régionaux d’archives judiciaires. Il a an-noncé aussi le lancement, en 2018, des travaux des nouveauxsièges de 9 Cours de justice, 12 tribunaux, 7 tribunaux adminis-tratifs et deux annexes. Sur la même lancée, le ministre arappelé que 21 structures ont été réceptionnées en 2016, dont17 pour les services judiciaires (9 sièges de tribunaux). Il a étéprocédé, ajoute-t-il, durant cette année au réaménagementde 6 locaux, 3 sièges de Cours, 2 tribunaux et une annexedurant cette même année.

27 Décembre 2016

Hamid Mecheri

«L’Algérie n’a toujours pas de loi sur les réfugiés» Mohamed Saïb Musette. Directeur de recherche au Cread, spécialiste

des questions migratoiresMohamed Saïb Musette est sociologueet directeur de recherche au Cread. C’estun fin spécialiste du fait migratoire. Danscet entretien, il analyse avec acuitél’évolution des mobilités humaines quitransitent par notre pays. Il souligne quel’Algérie continue de résister à lapolitique de l’Union européenne enmatière de gestion des flux migratoiresen refusant d’installer des «centres detri» sur son territoire. Le sociologue salueles dernières mesures prises en faveurdes migrants tout en les considérantinsuff isantes en l’absence d’unelégislation claire sur les réfugiés et ledroit d’asile. Le chercheur plaide pourune politique plus «offensive» en Afriqueen appelant notamment à capter lescompétences issues du continent

africain, sachant que notre pays compte,dit-il, 8000 étudiants étrangers, dont 90%d’Africains qui sont boursiers de l’Etatalgérien.

- Vous avez consacré une part importantede vos travaux à l’étude et l’analyse dufait migratoire. Une petite précisionsémantique pour commencer : quelle estla différence entre «migrants» et«réfugiés» ?

Pour opérer une distinction entre cesdeux concepts, notez qu’un réfugié peutêtre considéré comme étant un migrantdans la mesure où c’est quelqu’un quipasse d’une frontière à une autre, d’unpays à un autre. C’est ce qui donne lanotion de migrant. Le fait qu’on

franchisse une frontière fait de nous unmigrant, d’un pays à un autre ou d’unezone à une autre, parce qu’on peut êtremigrant même à l’intérieur d’un mêmepays. En passant d’une wilaya à une autre,on a migré. Ça, c’est le sens littéral dumot, et c’est applicable aux réfugiés.Cependant, pour être considéré commeréfugié, c’est-à-dire obtenir le statutjuridique et social du réfugié, là c’esttoute une procédure qui va déterminersi la personne qui a traversé la frontièrepeut obtenir ce statut qui va lui assurerune protection internationale. Cela a étédécidé depuis 1951 avec la Convention deGenève. Il y a des protocoles additionnelsqui ont été mis en œuvre par la suite –parce que la Convention de Genève àl’époque ne considérait comme réfugiés

Page 13: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Octobre 2017, n°38

[DROIT]

13

que les Européens impliqués dans laSeconde Guerre mondiale –, par exemplele protocole de 1967 relatif au statut desréfugiés. Ces protocoles additionnels ontété étendus, y compris aux pays africains,aux pays qui étaient engagés dans ladécolonisation. Il faut savoir que durantla Guerre de Libération nationale, lesAlgériens n’avaient pas accès au statutde réfugié parce que la loi ne s’appliquaitpas à eux. Il a fallu une grosse bataillejuridique pour donner aux militantsnationalistes algériens, aux combattantsqui étaient à l’étranger, le statut deréfugiés af in qu’ils bénéficient d’uneprotection internationale. Et aujourd’hui,l’Algérie n’a toujours pas de loi sur lesréfugiés.

- Concrètement, qu’est-ce qui empêche,selon vous, la promulgation d’une loi quioctroie clairement le droit d’asile ?

Je pense que c’est un problème lié aucontexte. Moi, quand j’ai commencé àétudier la situation des étrangers enAlgérie, j’ai constaté que la majoritéd’entre eux sont des Sahraouis. Sur les250 000 ou 300 000 étrangers présentsen Algérie, la moitié sont des Sahraouis.Deuxième cas dans lequel l’Algérie s’estengagée depuis très longtemps : lesréfugiés palestiniens. Les Palestiniens quisont chez nous ont bénéficié d’un statutde réfugié, mais pas encore d’uneprotection des Nations unies, ils sont sousune protection spéciale. La majorité despopulations (d’origine étrangère)présentes en Algérie ont un statut deréfugiés politiques, généralement parceque les Etats dont ils sont issus sont enconflit, ou bien des groupes sont enconflit sur leur territoire, et ils sont prisen charge par les Nations unies, ce quiveut dire qu’il y a une reconnaissanceinternationale de leur statut et qu’il y abeaucoup de pays qui font des donations.Maintenant, si on regarde les nouvellesvagues de personnes qui arrivent et quiréclament le statut de réfugié, de quellemanière va-t-on s’y prendre ? La donnese complique davantage avec les Syriens.L’Algérie a pris une position vis-à-vis dece problème en disant que c’est unesolution politique qui réglera le confliten Syrie, et que les opérations militairesne peuvent qu’aggraver la situation. Est-ce que l’Algérie peut leur octroyer lestatut de réfugiés ? Il faut noter, parailleurs, que le statut de réfugié reposeaussi sur le HCR qui doit démontrerqu’effectivement ces personnes sontmenacées ou se sentent menacées.Toutes ces personnes déplacées ontbesoin de vivre et de vivre dignement.Que faut-il faire ? Quel statut doit-on leuraccorder ?

Voilà une troisième complexité, ce quifait que chaque fois qu’on avance dans larédaction de la loi (sur les réfugiés, ndlr),on se retrouve avec d’autres facteurs,d’autres situations complexes dont ilfaudra tenir compte. Parce qu’il faut

sortir avec un texte juridique qui seraitappliqué à tout le monde, ce ne sera pasun texte fait pour une populationdonnée. Les Libyens qui fuient leur payspourraient demander l’asile eux aussi,quelle que soit leur tendance. Unislamiste libyen peut demander l’asiledans ces conditions parce qu’il se sentmenacé. Une loi est ouverte à tous lescas d’espèce, il n’y a pas de dispositionparticulière. Que doit-on faire dans ce cas? On sera obligé d’accepter. Parconséquent, il faut un texte d’une hautematurité pour pouvoir se donner lesmoyens de régler ce problème. Donc,voilà un peu la situation et ce n’est paspropre à l’Algérie. L’Europe a connu aussisa crise des réfugiés. Schengen a failliéclater, s’il n’a pas déjà éclaté pourcertains pays. Les Nations unies ont tenuune réunion l’année dernière pour direattention, nous allons vers uneproblématique des réfugiés quicommence à devenir polysémique.Chacun veut donner sa signif ication,poser des contours, des limites…Revenons maintenant au cas desSubsahariens qui viennent ici. Il y en aqui viennent demander l’asile politique.Et ceux-là, ils savent bien à qui s’adresser.Ils vont au HCR pour déposer leurdemande. Le HCR met six mois ou uneannée pour déterminer si réellement lapersonne est menacée dans son pays.

- Vous avez constamment rappelé queles flux migratoires et les mouvementsde populations avec les pays du Sahelsont anciens, notamment chez lesTouareg. Quelle lecture faites-vous del’immigration en Algérie aujourd’hui, etparticulièrement la migrationsubsaharienne au cours de ces dernièresannées ?

Moi j’avais daté cela autour du début desannées 2000 et la crise en Côte d’ivoire.Quand on regarde la carte de l’Afrique,c’était la Côte d’Ivoire qui captait lamajorité des migrants africains dans lacôte Ouest. Il y avait également la Libyequi attirait beaucoup de migrants. ElGueddafi en faisait d’ailleurs une cartepolitique avec les pays de la région del’Est. Après le déclenchement de la criseen Côte d’Ivoire, beaucoup d’immigrantsont perdu leur travail, sont partis surd’autres voies, d’autres circuits, pourchercher du boulot. Il y avait près de deuxmillions de migrants en Côte d’Ivoire àl’époque, vous imaginez ? Notez quecertaines tribus en Afrique ont une fortetradition migratoire. Ce sont des tribusentières parfois qui se déplacent.Certains responsables africains nousdisaient que l’émigration dans certainestribus est un phénomène socialpratiquement inévitable. Si un hommeadulte ne quitte pas sa tribu pour allerailleurs et ramener de quoi nourrir lessiens, ce n’est pas un homme.

- Les nouvelles mesures dugouvernement prévoient la possibilité

d’offrir des emplois en règle auximmigrés subsahariens, notamment dansle BTP. D’aucuns se demandent :pourquoi l’Algérie ne les régularise toutsimplement pas ? Même ceux qui sontinstallés ici depuis plusieurs années, quiont un emploi régulier, peinent à obtenirun titre de séjour et un permis detravail… En dehors des réfugiés, il y a unprocessus de régularisation. L’Algérie nerefuse pas la régularisation. Mais ça sefait disons au cas par cas. C’est vrai quel’Algérie ne régularise pas massivement.D’ailleurs, beaucoup de pays hésitent d’yaller. Le Maroc vient d’en faire les frais.C’est la deuxième vague derégularisation qu’il a lancée, mais pourune régularisation d’une année. Celaveut dire qu’on reste dans le travailtemporaire. On le sait très bien, tous lespays qui ont utilisé la régularisationtemporaire ont échoué.

- Pour quelle raison ?

La migration obéit à des facteurshumains. Prenez le plus simple des fluxmigratoires : les étudiants. Vous nepouvez pas dire à un étudiant qui suitses études dans un autre pays et quirencontre une copine et se marie avecelle : «Toi, tu étais programmé pourretourner dans ton pays au bout dequatre ans». Les travailleurs, c’est lamême chose. Le premier pays qui l’autilisé massivement, c’est l’Allemagneavec le système des «guest workers».Des Turcs principalement. Lestravailleurs invités sont autorisés à resterune année. Maintenant, on a inventé lamigration circulaire : tu peux venir pourdeux ou trois ans et tu repars avec lapossibilité de revenir. Pour moi, ce sontdes dispositifs hypocrites. Si onrégularise, il faut adopter un processusd’installation normal et non pas unerégularisation d’une année. En Algérie,comme au Qatar et en Arabie Saoudite,nous avons aussi des «guest workers» quisuivent leur entreprise. L’entreprise quivient ramène ses travailleurs, et quandelle repart tous ses travailleurs partentavec elle. Leurs passeports sont bloqués.C’est ce qu’on a fait avec les travailleurschinois. Tous les pays du Golfe utilisentce procédé. L’entreprise devient letuteur de l’individu. Le travailleur nereçoit que la moitié de son salaire, et cen’est qu’au terme de son contrat qu’ilperçoit la totalité de sa rémunération,et qu’on lui rend son passeport pourretourner dans son pays. Ce que nous,les sociologues, dénonçons. Nousconsidérons ces travailleurs comme lesesclaves des temps modernes. Dans lecas des travailleurs chinois en Algérie, ilssont recrutés sur le tas, sans dossier,parfois uniquement sur l’apparencephysique. Il y a un cas qui m’est restégravé dans la mémoire…

Mustapha Benfodil

09 Juillet 2017

Page 14: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

NRP, Juin 2017, n°37

[MEMOIRE]MILA :Vers la restauration du moulin

historique de SennaouaMila- La batisse du vieux moulin à grains, située àSennaoua à l’est de la ville, dont « l’histoire resteindissociable de celle du mouvement national » faitl’objet d’efforts pour sa restauration. Ce moulin quiappartenait durant la période colonial à un couple decolon, les Verges, avait été loué entre 1948 et 1950 parLakhdar Bentobal, un des dirigeants historiques duMouvement national qui l’avait d’abord transformé enlieu clandestin de réunions des militants du Mouvementpour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) puiss’en était servi pour cacher les armes collectées après lacréation de l’Organisation spéciale (OS) en 1947. Selonle Moudjahid Abdelmalek Boulmerka, président del’association culturelle 8 mai 1945, le moulin de Sennaoua

jouissait d’un emplacement «parfait» pour tenir son rôle.Se situant sur la ligne des bus venant de Constantine, ilpermettait aux militants de se déplacer sans se faireremarquer par la police française. La bâtisse avait abrité,entre 1948 et 1950, de nombreuses rencontres secrètesauxquelles avaient participé de grands noms de laRévolution algérienne tels que Abdelhafid Boussouf,Didouche Mourad, Zighoud Youcef, Mohamed Boudiaf,Hocine Aït Ahmed et Lakhdar Bentobal, se souvient M.Boulmerka. Situé à proximité de la nouvelle résidencede la wilaya, en construction dans la localité deSennaoua, «l’historique meunerie a failli être démolieavant que les autorités de la wilaya ne décident de laconserver et de la restaurer» pour protéger la mémoiremilitante de la région…

De rares photos de la joiedes algériens le 5 juillet 1962

En consultant les archives des photos des agences depresse, on tombe sur des images rarement vues dans lapresse algérienne, datant du 5 juillet 1962 et des joursqui l’ont précédé et suivi. Un jour historique qui acouronné la plus grande révolution du 20e siècle, mis finà l’occupation française et a abouti à l’indépendance del’Algérie. Le peuple algérien, qui a longtemps souffertdes affres du colonialisme, a voté massivement en faveurde l’indépendance lors du référendumd’autodétermination, et est descendu dans les ruescélébrer sa liberté arrachée au prix d’innommablessacrifices.

Pour beaucoup d’Algériens aujourd’hui, jeunes et moinsjeunes, il est diff icile de se mettre dans la peau de leursconcitoyens de 1962 et d’imaginer leur état d’esprit cejour là. Les échecs de l’indépendance, les désillusions etle contexte politique et économique en 2017 favorisent

plutôt un révisionnisme pessimiste de l’histoire. Cesclichés donnent néanmoins un aperçu de ce qu’étaitl’effervescence populaire ce jour-là. Dans les yeux desfemmes et des hommes, jeunes et moins jeunes, on peutlire la confiance en la promesse de l’indépendance et duprojet national.

On voit la joie d’un peuple qui reprend sa liberté 132 ansaprès. Un sentiment plus fort que tous lesmots...indescriptible!

29 Aout 2017

HAMDI Baala

05 Juillet 2017

14

Page 15: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

15

QUELQUES EVENEMENTS

QUI ONT FAIT LA « UNE » DE LA PRESSE

- 06/09/17 : Rentrée scolaire : Quand l’austérité touche l’école.

- 07/09/17 : Appel d’universitaires et d’intellectuels pour une électionprésidentielle anticipée.

- 08/09/17 : Oran se souviendra de l’été 2017.

- 14/09/17 : Ouyahia face à la crise financière ça passe ou ça casse !

- 21/09/17 : Années 70 : les Algériens nostalgiques de cette époque « la belleépoque», vraiment ?

- 22/09/17 : Zaki project : un projet musical ouvert, sans garde-fou.

- 26/09/17 : Voitures autonomes :»Intel et Wayno renforcent leur collaboration».

- 02/10/17 : Ouyahia donne le signal pour l’exploitation du gaz de schiste « leshydrocarbures encore et toujours».

- 03/10/17 : référendum pour l’indépendance de la Catalogne vue d’Algérie :autonomie ou sécession ?

- 22/10/17 : Algérie- Maroc « La tension monte d’un cran «.

- 23/10/17 : milieux d’affaires et pouvoir politique : Ali Haddad, l’argent et lasuccession.

- 30/10/17 : Marche imposante à Bejaia « Cessez de bloquer Cévital !»

NRP, Octobre 2017, n°38

Avis de naissance :le cdes a le plaisir de vous informer de la parution du N° 1 de la NRP en Arabe

Page 16: DOSSIER Dossier - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP38.pdf · La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines

[BIBLIOGRAPHIE]

16

Issue de la grande et riche famille des Bouakkaz, établiedans la petite oasis de Sidi Khaled, pas loin de Biskra, dela puissante tribu des Dhouaouda, descendants desBanou Hilal, Hiziya, qu’on dit princesse, voit le jour en1855, huit siècles après les invasions des troupeshilaliennes, composées d’hommes essentiellement dontles survivants prirent épouse dans les tribus berbères etse fondirent en eux

Hiziya Princesse d'amour des ZibanLazhari Labter

Editions El Ibriz, Alger 2017

Zabor ou Les psaumesKamel DAOUD

Barzakh et Actes-Sud Éditions, Alger-Paris, 2017[FILM]

Fable, parabole, confession vertigineuse, le deuxième ro-man de Kamel Daoud célèbre l’insolente nécessité de lafiction en confrontant les livres sacrés à la liberté de créer.Telle une Shéhérazade ultime et parfaite, Zabor échappeau vide en sauvant ses semblables par la puissance suprêmede l’écriture, par l’iconoclaste vérité de l’imaginaire.

Kaouther Adimi

Editions Barzakh Actes-Sud, Alger Paris 2017

Nos richesses

EN ATTENDANT LES HIRONDELLES

Réalisateur : Karim Moussaoui 2017

En 1935, Edmond Charlot a vingt ans et il rentre à Algeravec une seule idée en tête, prendre exemple surAdrienne Monnier et sa librairie parisienne. Charlot lesait, sa vocation est d'accoucher, de choisir de jeunesécrivains de la Méditerranée, sans distinction de langueou de religion. Placée sous l'égide de Giono, sa minus-cule librairie est baptisée Les Vraies Richesses. Et pourinaugurer son catalogue, il publie le premier texte d'uninconnu : Albert Camus. Charlot exulte, ignorant encoreque vouer sa vie aux livres, c'est aussi la sacrifier auxaléas de l'infortune. Et à ceux de l'Histoire. Car la révoltegronde en Algérie en cette veille de Seconde Guerremondiale.

Aujourd’hui, en Algérie. Passé et présent s’entrechoquentdans les vies d’un riche promoteur immobilier, d’un neuro-logue ambitieux rattrapé par son passé, et d’une jeunefemme tiraillée entre la voie de la raison et ses sentiments.Trois histoires qui nous plongent dans l'âme humaine de lasociété arabe contemporaine.