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DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Décembre 2016, n°34 Droit Mort de l’anthropologue Malek Chebel, défenseur d’un « islam des Lumières » Algérie : Trois hypothèses budgétaires légères qui font de 2019 « hikayajamila » « L’ALGERIE: UNE MOSAIQUE DE CULTURES » Mémoire Philippe-Jean Catinchi Economie Loi sur la santé: Les médecins ne veulent pas d’un «code pénal bis» Yazid Alilat El Kadi Ihsane

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DossierDOSSIER

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[

NRP Février 2015, n°25NRP Décembre 2016, n°34

Droit

Mort de l’anthropologue Malek Chebel,défenseur d’un « islam des Lumières »

Algérie : Trois hypothèses budgétaires légères qui font de2019 « hikayajamila »

« L’ALGERIE: UNE MOSAIQUE DE CULTURES »

Mémoire

Philippe-Jean Catinchi

Economie

Loi sur la santé:

Les médecins ne veulent pas d’un «code pénal bis»Yazid Alilat

El Kadi Ihsane

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB, Mokhtar MEFTAH

Halima SOUSSI, Sid Ahmed ABED, Amine BAGHDADI, Laid Nasro OUENZAR, Sofiane BELKACEM

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Economie

Algérie : Trois hypothèses budgétaires légères qui font de

2019« hikayajamila » , El Kadi Ihsane, p.10

Une menace inflationniste ?,Ahmed Bouyacoub,p.11

Droit

Les demandes de kafala explosent…L’adoption, un si longchemin…, Bouredji Fella , p.12

Loi sur la santé: Les médecins ne veulent pas d’un «code pénalbis», Yazid Alilat, p.13

Mémoire

Mort de l’anthropologue Malek Chebel, défenseur d’un « islamdes Lumières »,Philippe-Jean Catinchi,p.14

Bibliographie,p.15

Dossier

« L’ALGERIE: UNE MOSAIQUE DE CULTURES »

Contribution, histoire et civilisation :Remarques et observationssur l’histoire de l’Algérie,Zahir Ihaddaden ,p.4-5

Souk Ahras, berceau multiculturel, Aliouat, p.6

BISKRA, sortilèges d’une oasis, p.7

Découverte Homo Sapiens ,p.7

Pyramides berbères, p.7

Y a-t-il encore des Juifs au Maghreb ?, Benjamin Roger,p.8

Langues et culture berbères ,A.A, p.8

L’identité algérienne, au-delà des frontières, Lobna Hadji,p.9

[email protected]

N° 34, Décembre 2016

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NRP, Décembre 2016, n°34

La NRP vous souhaite

une très bonne année 2017

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Editorial

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NRP, Décembre 2016, n°34

Omar Aouab

L’Algérie, elle est comme une couche de mille feuilles et si on ignore une seule feuille on gâche legoût. Des dizaines de civilisationssont passées sur cette magnifique terre depuis des millénaires :les berbères, les romains, les arabes, les espagnols, les ottomans et les français … Cette diversitéde civilisations a laissé des traces à travers le temps : ce que on l’appelle le patrimoine …

Mais il existe deux types de patrimoine. Le patrimoine matériel, celui des monuments des statutset des sites historiques et aussil’immatériel, celuides traditions et des cultures. Tous deux nousracontent la richesse de cette terre d’Algérie. Sans oublier l’existence des religions et descommunautés religieuses juives, chrétiennes et musulmanes. Même si aujourd’hui, on trouvebeaucoup plus de musulmans que des chrétiens et surtout de juifs.

Cependant, à travers les âges ces trois communautés ont vécu ensemble. Quand on parle de lareligion nous faisons allusion à l’histoire des débarquements religieux.

La première diaspora a fait fuir des juifs vers le nord de l’Afrique y compris l’Algérie. L’empireromain a ramené le christianisme en même temps que sa guerre coloniale et les arabes ont aussiramené l’islam. Chaque civilisation avait une culture une religion différente de celle des autres.Maisaujourd’hui on vit une accumulation d’une diversité ethnique, culturelle et religieuse. Ce qui fait del’Algérie une mosaïque de culture.

Alors, dans ce numéro de notre Revue de Presse, nous ferons le tourdes différents types depatrimoine matériel et immatériel à travers les nouvelles découvertes à Souk Ahras et les pyramidesde Tiaret. Nous évoquerons le jumelage entre les deux langues berbère et arabe et aussil’interculturalité franco-algérienne qui nous a donné un héritage de la civilisation française… etenfin une vision sur l’existence de la communauté juive en Algérie.

Peut-être qu’un seul numéro ne suffit pas à évoquer une telle richesse. Mais l’objectif de l’équipequi travaille à faire vivre la NRP, c’est de mettre en lumière un sujet que l’Algérie doit investir pouraméliorer l’état culturel du pays :reconnaître toute sa diversité.

Terminons par une ancienne citation : «c’est à travers la différence que l’on construit l’équilibre».

« L’ALGERIE: UNE MOSAIQUE DE CULTURES »

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L’histoire d’Algérie s’étend sur plusde 5000 ans. Sur cette longuepériode les historiens n’ont retenuque les périodes de dominationétrangère ce qui a donné uneprésentation étrange de notrehistoire. C’est ainsi que nous avonsles périodes suivantes : phénicienne,carthaginoise, romaine, arabe,turque etc.Cette présentation estfausse. Le gros travail à faire est delutter continuellement pour lacorriger. Les historiens occidentauxcroient fermement que l’Afrique duNord n’a pas d’histoire ou plutôt queson histoire est liée à celle desnations qui l’ont dominée. Ceshistoriens croient que les Berbèressont un peupleanarchique, qu’ils sontincapables de s’unir, qu’ilsn’ont pu jamais constituerune nation, encore moinsun Etat. C’est à partir dece constat erroné qu’ilsont commencé à établirdes contre véritéshistoriques qu’il faudraitrejeter et combattre. Cescontre vérités sont lessuivantes :

Concernant l’histoireancienne. Pour ceshistoriens cette histoirecommence avec lesPhéniciens, précisémentavec Carthage tout au moins pour laTunisie actuelle. Pour le reste del’A.N., cette histoire commenceavec les Romains. Avec étonnement,ces historiens découvrent qu’avantles Romains, trois royaumesexistaient déjà mais ils ne leuraccordent aucune importance etdécident arbitrairement de lesqualifier de vassaux aux Carthaginoiset aux Romains ce qui veut dire qu’ilsn’ont pas d’histoire. Et voilà, notrehistoire ne peut commencer qu’avecles Romains. Aujourd’hui, nosmédias et aussi beaucoup de noshistoriens, quand ils parlent d’Alger,de Tipasa par exemple, ils fontcommencer leur histoire à l’époqueromaine pour nous parler, avec unecertaine f ierté, d’Icosium enignorant que ce mot vient du motberbère aghoussim qui veut direnoyers et T ipasa vient du motberbère tafza qui est une roche quel’ont trouve dans la région. Il en estde même de Timgad, Teleghma,Télemly etc. Non, notre histoire ne

commence pas avec les Romains Ilfaut le crier fort.Concernantl’époque dite « arabe ». On se plaitpour cette période à mettre enévidence deux phénomènes, trèséphémères mais que les historiensprésentent comme durables etdéterminants : il s’agit del’antagonisme arabo berbère qui n’aduré que quelques années, aumoment de la pénétration de l’Islamet de l’invasion hilalienne qui a été, ilest vrai, dévastatrice mais qui s’estrésorbée avec l’action énergique deAbd el Moumen l’almohade. Il fautéviter de donner à ces deuxphénomènes l’importance qu’ils

n’ont pas.Concernant l’époque dite« turque ». Elle est présentée par leshistoriens comme étant la plussombre de notre histoire. Ceshistoriens disent que les Turcsétaient des sanguinaires et descupides et qu’ils ont accablé lespopulations par l’impôt et l’injustice.Ces accusations ne sont pasfondées. Avant d’être pris encompte par les Français, il faut savoirqu’elles ont été formulées toutd’abord par les Espagnols et toutparticulièrement par l’historienHaedo qui comme on le sait, a étécaptif à Alger. Par ailleurs, il faudraitsavoir que les Espagnols ont étéempêchés d’occuper l’Algérie parArroudj et KheirEddine et qu’ils ontessayé trois fois de débarquer à Algeren essuyant de cuisantes défaites, ladernière, menée par Charles Quintqui a failli être capturé. C’est làl’origine de l’animosité desEspagnols à l’égard des Turcs et deshistoires invraisemblables qu’ils ont

inventées pour les salir et ternirleur image. Les Français n’ontfait que reprendre cesmensonges, en grande partiepour justifier leur agressioncontre l’Algérie.Les Turcs sontvenus en Algérie à la suite de lademande pressante despopulations pour les aider àlutter contre la menace desEspagnols qui venaientd’occuper Oran, Bejaia et sesont installés aux portesd’Alger. Cette période de notrehistoire est une des plusglorieuses. Elle n’est pas turquemais bien algérienne. HusseinDey était fier d’être Algérien. Ils’était farouchement opposé

au Khalife quivoulait le destituer.Rais Hamidou, levaleureux amiralqui était redoutépar tous lesoccidentaux étaitAlgérien et l’Algérieétait désignée partout le mondecomme le Royaumed’Alger. Cessonsdonc de considérercette période ded o m i n a t i o nt u r q u e . L ac o l o n i s a t i o nfrançaise n’a pas

duré 132 ans. C’était un constatavancé par le PPA et autres pourles besoins de la propagandenationaliste pour affirmer quela colonisation française avaittrop duré. En réalité, elle n’aduré que 70 ans au plus. En1830, les Français ont occupéAlger, le reste du pays étaitsouverain et cettesouveraineté a continuéd’exister jusqu’en 1881 avec ladéfaite des Ouled sidi Cheikh.En 1943, avec l’élaboration duManifeste et la constitution desAML, la souverainetéalgérienne réapparaît pours’affirmer militairement le 1ernovembre 1954. C’est de cettefaçon qu’il faudrait écrire et lirel’histoire de cette période 70ans de domination française,pas plus !

Les historiens occidentauxnous ont inculqués au sujet denotre histoire des contre

Contribution, histoire et civilisation :Remarques et observations sur l’histoire de l’Algérie

Zahir Ihaddaden

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vérités qu’il faut dénoncer avecvigueur. Pour eux, notre histoire estune succession ininterrompue dedominations étrangères. Or, entre ladomination carthaginoise etromaine, il y a des siècles que ceshistoriens ont occultés et entre ladomination romaine et les autres, ily a également des siècles que ceshistoriens n’ont pas vus. C’est là peutêtre la première contre vérité.Ensuite d’après eux, notre histoirese résume à ces dominations. Soitfaisons le calcul. Auparavant, ilfaudrait souligner que la durée decette domination varie selon lesrégions. En Tunisie, actuelle, sur latotalité du territoire ou une partieseulement, la domination étrangèrea duré, globalement, six siècles. Surl’Est algérien, elle a été de troissiècles. Sur le centre de l’Algérie, ellen’a été que de moins de deuxsiècles. Et sur l’ouest algérien et lenord du Maroc, cette domination n’apas duré un siècle. Enfin tout le sudalgérien et marocain, à partir de lafrontière libyenne, en passant au sudde Sour, en allant vers Oujda et lacôte atlantique, tout ce grand sud n’ajamais connu de dominationétrangère. A partir de ces données,nos calculs nous ont donné, pourl’Algérie, une domination étrangèreglobale de trois siècles environ.Quand on sait que notre histoires’échelonne sur 50 siècles, on sedemande comment la conscience deces historiens leur a permis des’intéresser uniquement à troissiècles et d’occulter 47 siècles. Enréalité, trois siècles dans notrehistoire ne sont qu’un accidentqu’on ne doit pas oublier, certes,mais ce n’est pasl’essentiel.Aujourd’hui nos enfants,les médias, les journalistes, deshistoriens, cherchent à ne pas utiliserle terme de domination et l’ontallègrement remplacé par le termede « civilisation ». On entend, donc ,parler de « succession de civilisationssur cette noble terre d’Algérie ».Que Dieu nous garde ! La dominationcoloniale est par conséquent unecivilisation. Nous sommes tout prêtsdu débat qui a eu lieu, en France, surles aspects positifs de la colonisationfrançaise ! Y a-t-il un aspect positifdans une domination coloniale ?Notre histoire nous apprend que ladomination coloniale n’apporte quedestructions, massacres, spoliations,exterminations. C’est la mortprogrammée pour tout un peuple.C’est tout le contraire d’unecivilisation. Encore une fois, cessonsde parler de « succession de

civilisations ».En Algérie, il ne peut yavoir qu’une seule civilisation : c’estla civilisation berbère qui a existédepuis la préhistoire et qu’on peutappeler, aujourd’hui, « civilisationalgérienne ». Un peuple ne peutavoir qu’une seule civilisation, celleélaborée consciencieusement etlaborieusement par les autochtones.Des apports étrangers peuventsurvenir mais rapidement assimilés etintégrés. Ce sont desenrichissements, certes, mais ils nemodifient pas l’originalité de lacivilisation. Quel apport, la civilisationromaine a apporté à la civilisationberbère ? Personne ne peut ledéterminer !Devant des ruines,nombreuses en Algérie, on s’écrietoujours « des ruines romaines ».Mais pourquoi voulez vous qu’ellessoient romaines ? Elles se trouventen Algérie, elles sont donc paressence algériennes. Combienmême l’architecte soit romain, lesouvriers, le f inancement sontalgériens. Mieux encore, il a étéérigé sur les décombres d’unmonument algérien. Unarchéologue français s’est écrié : «Où sont donc passés les palaisconstruits par Missipsa et Massinissa? » Encore une fois, cessons deconsidérer toutes ces ruines «romaines ». Surtout, évitons deretracer l’histoire de Rome, enfaisant parler ces pierres. Quelleabomination ! Elles font partie de lacivilisation berbère. Une civilisationauthentique, riche et enrichie.Soyons fiers de lui appartenir, à elle,seulement et uniquement !En ce quiconcerne la Révolution algérienne.Il me semble que tout a été fait pourconnaître l’histoire de cette période: les évènements importants etessentiels sont connus, très souventen détails. Les documents algériensexistent en abondance, parfoisinexploités, i l est vrai. Lestémoignages sont nombreux.Beaucoup d’acteurs sont toujoursen vie et s’expriment très souvent.Naturellement, cette abondance etprolifération donne l’impression dedésordre et surtout decontradictions. Mais il faut bien lesouligner, cela ne peut concernerque les détails de certainsévènements. La décantation viendrade la part d’historiens authentiques.Prenons l’exemple deAbaneRamdane, son assassinat estadmis maintenant par tout le monde.Reste les circonstances et lesraisons, elles ne peuvent être pourle moment que l’objet decontroverses et de contradictions

qui seront surmontées, unjour, certainement, par unhistorien avisé.Il me semblequ’il n’y a pas de quois’alarmer. Le problème qui sepose actuellement pour cettepériode a deux facettes :d’une part, les documentsalgériens sont écrits soit enfrançais, soit en arabe etmalheureusement lesarabisants ne prennent pasconnaissance des documentsrédigés en français et l’inverseest également vrai pour lesfrançisants. Nous avons deuxmondes qui ne secommuniquent pas et souvents’ignorent. D’autre part,beaucoup d’Algériens ne sontpas encore arrivés àdécoloniser leur esprit, ilsaccordent peu de crédit à toutce qui est algérien et serabattent sur les documentsétrangers pour porterf inalement un jugementnégatif sur notrerévolution. Les archivesfrançaises sont encombréespar les documents depropagande élaborés par lesservices spéciaux de l’intox etde la désinformation quiavaient pour objectif ladémoralisation et ladéstabilisation du FLN et del’ALN. Ces documents sont desmensonges et des contrevérités. Ces services sont allésjusqu’à falsifier le journal ElMoudjahid pour faire dire àFerhat Abbas ce qu’il n’a pasdit. Malheureusement desAlgériens, chercheurs ouhommes politiques, leuraccordent crédit et sepermettent d’élaborer desthèses fantaisistes qui n’ontrien à voir avec la réalitéhistorique.C’est ce complexedévastateur qu’il faudraitcombattre et détruire. Lemoyen le plus sûr pour y arriverest celui d’élaborer un espritcritique en installant unecritique littéraire quipermettrait de ne pass’attaquer aux individus quiécrivent ou qui témoignentmais d’analyser les faits qu’ilsrapportent. Cela pourrait peutêtre rétablir la confiance entrenous.

26 Septembre 2016

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Taghaste, ville romaine, finira parretourner à ses origines berbères, dutemps où un marché se tenait devantune forêt peuplée de lions. Ce quidonnera son nom à la ville : SoukAhras signifie le marché des lions.Cette ville a donné d’illustres fils àl’Algérie. De saint Augustin à AntarYahia, celui-là qui fit sortir toute l’Al-gérie dans la rue un soir de novem-bre 2009, en passant par MustaphaKateb, illustre homme de théâtre,Tahar Ouettar... Pour dire que denombreuses personnalités ont vu lejour dans cette cité située à l’ex-trême Est, carrefour d’échanges en-tre le Nord et le Sud et surtout entrel’Algérie et la Tunisie. Cette ville estavenante et quel que soit le point oùon se place, la vue est dégagée, don-

nant sur des montagnes ou degrands espaces verdoyants… Lesgens vaquent à leurs occupationsdans le froid terrible du matin, celui-là qui gèle les doigts. Pourtant cessilhouettes anonymes qui déambu-lent dans la ville, emmitouflées dansleurs épaisses kachabias, marchentsur un site multimillénaire qui connutson temps de splendeur et en traver-sant toutes les périodes numide, ro-maine, vandale, byzantine, islami-que, berbère... jusqu’à la périodecoloniale où elle joua un rôle majeurdans la guerre de Libération. Commetoutes les régions du pays d’ailleurs.Economiquement, la wilaya comptetrois activités principales, les ressour-ces minières, l’élevage — c’est unbassin laitier important — et le grandtrafic qui a lieu avec la Tunisie, vu saposition très proche de la frontièreoù le carburant, les effets vestimen-taires et les produits alimentaires

ainsi que le cheptel sont quotidien-nement l’objet de contrebande.Dans les principales avenues de laville, des camionnettes chinoisesvont et viennent, chargées de pro-duits alimentaires, de fruits et légu-mes et même de matériaux de cons-truction. Comme dans tout le pays,ces dispositifs d’aide à l’emploi, s’ilsont été d’un apport considérabledans le recul du chômage, n’ont paspour autant relevé le fameux défi dela production nationale. Paradoxale-ment, la wilaya de Souk Ahras, quireprésente un important bassin lai-tier, manque cruellement de moyensde collecte et il y a parfois de dom-mageables déperditions. Pour direque des bénéficiaires locaux des dis-positifs d’aide à l’emploi auraient pu

investir ou simplement être orientésvers la collecte du lait cru avec cesvéhicules aménagés qui le redistri-bueraient dans les régions avoisinan-tes qui manquent justement de lait.El Hadi est un jeune qui a décrochéune camionnette pour « bouger »comme il dit. Autour d’un café, ilnous confie qu’il lui arrive de s’adon-ner à la contrebande et précise quecelle-ci tourne surtout autour de« l’exportation » de produits algé-riens vers la Tunisie, celle-ci n’ayantpas grand-chose à nousvendre. Nécessité faisant loi, les chô-meurs recourent à cet échange illé-gal transfrontalier. « Pour vivre », ditEl Hadi. C’est l’heure du déjeuner etnotre interlocuteur nous indique unrestaurant réputé pour sa gastrono-mie. Ce n’est pas le summum de l’artculinaire mais on y mange bien unecuisine algéro-tunisienne parce qu’à

l’évidence elle tient de ce payset de l’autre vu la position de laville. Alors, les plats sont épicéset la sauce rouge est domi-nante. Bien sûr, l’inévitablemloukhia est dans tous les me-nus et on retrouve le couscousalgérien différent du tunisienparce qu’il est servi avec lasauce à part, le bourek d’An-naba, les ragoûts bien de cheznous... sans oublier la spécialitéde Souk Ahras, le sfendj, bei-gnet salé ou sucré. Nous pre-nons le café sur une des nom-breuses terrasses de café quilongent la principale avenue.Celle qui abrite la magnifiquebâtisse de la mairie au toit endôme recouvert d’ardoise ainsique le Square, jardin tout deverdure aux massifs savam-ment tracés. Non loin, se situela gare ferroviaire qui connutses moments de gloire quandSouk Ahras jouait pleinementson rôle de ville carrefour detout l’est algérien notammentquand l’industrie du phosphateet du minerai de fer était floris-sante. Mais c’est sur le planculturel que la ville et ses com-munes ont marqué toutes lesépoques. De saint Augustin,natif de Taghaste, à l’écrivainprolifique Tahar Ouettar, celui-là qui signa le magnifique ro-man « Ezzilzel » et la piècethéâtrale « Les martyrs revien-nent cette semaine », en pas-sant par l’inusable Kateb Ya-

cine dont les origines remon-tent à Sedrata où il venait sou-vent se ressourcer en jouantaux dominos, coiffé du largechapeau de paille des paysans,Souk Ahras a toujours enfantéd’illustres personnages. Nousquittons la ville au petit matinet, sortie de la brume, elle tientdans une cuvette cernée demontagnes et de champs ver-doyants qu’avoisinent des bar-res d’immeubles anonymes...

Souk Ahras, berceau multiculturel

Aliouat

05 Janvier 2016

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DOSSIER

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BISKRA, sortilèges d’une oasisL’Institut du monde arabe dévoilel’histoire et le charme de Biskra, oa-sis algérienne et terre d’électiond’artistes européens et américainsau tournant du XXème siècle, à tra-vers une exposition sans précédent.Biskra, ville carrefour oubliée Lieud’échanges tant économiques qu’in-tellectuels et artistiques, Biskra ajoué le rôle de « révélateur » chez defortes personnalités du monde artis-tique à partir des années 1880. Situéeà quelques kilomètres de sourceschaudes et accessible par chemin defer dès 1888, l’oasis algérienne sé-duit et envoûte peintres, photogra-phes, écrivains, musiciens et cinéas-tes, de l’orientalisme au futurisme :Eugène Fromentin, GustaveGuillaumet, Henri Matisse, MauriceDenis, Oscar Kokoschka, HenryValensi… Rendez-vous d’une avant-garde internationale, Biskra de-meure une destination incontourna-ble tout au long du XXème siècle. La

Guerre d’Algérie et les « années deplomb » ont pourtant éclipsé son sou-venir dans les mémoires. Un regardneuf sur un mythe oriental …L’ex-

position révèle une Biskra cosmopo-lite où les intellectuels se posent laquestion du rapport avec les Algé-riens. L’histoire de cette ville unique,sans équivalent dans le monde arabepar l’impact qu’elle a eu sur la cul-ture internationale sont retracés

PyramidesberbèresDécouverte Homo Sapiens

Des chercheurs britanniques et tunisiensont mis au jour des pièces attestant de laprésence de l’Homo sapiens, l’hommemoderne, dans l’actuel sud de la Tunisie ily a près de 100 000 ans. Une informationqui en dit plus sur la mobilité de l’HomoSapiens.

Voilà une découverte quidevrait permettre de mieux cerner lamobilité de l’Homo sapiens, apparu il y a200 000 ans en Afrique de l’Est et qui seserait aventuré au-delà de ce continentaux alentours de 65000 ans avant notreère, selon lese s t i m a t i o n sgénéralement admises.Ici, des fouilleseffectuées durantune année et demieprès de Tozeur,au sud-ouest de laTunisie, ont permisd’identifier un site« prometteur » de 6000 m², a déclaré àl’AFP Nabil Guesmi, co-responsable duprojet avec l’Institut tunisien dupatrimoine (INP) et des chercheursd’Oxford.« Nous avons trouvé desossements témoignant de la présenced’une faune typique de la savane(rhinocéros, zèbres…),….… le recours àla datation par thermoluminescence, unetechnique scientifique communémentutilisée pour dater des objets de laPréhistoire, a notamment permis dedater certaines de ces découvertes à« 92 000 ans avant notre ère« , une

grâce à de nombreux docu-ments d’époque inédits….Muse de tous les arts, l’oasis al-gérienne a suscité une produc-tion foisonnante de photogra-phies, peintures, cartes posta-les, romans, pièces de théâtreet films. Grâce à des prêts in-ternationaux, Biskra, sortilègesd’une oasis présente ainsi lechef-d’œuvre de GustaveGuillaumet, Habitation saha-rienne, qui n’avait pas été vu enFrance depuis plus d’un siècle.La projection d’extraits du filmThe Garden of Allah avecMarlene Dietrich met, elle, enlumière une Biskra fantasméejusqu’à Hollywood.

« première » pour l’Atérien, une cultureprésente en Afrique du Nord dont il étaitjusque-là admis qu’elle ne s’étirait pas au-delà de 65 000 ans avant J.C.Cette périodea été définie il y a près d’un siècle par unpréhistorien français dans le cadre de sestravaux en Afrique du Nord. Le nom decette culture provient du site de Bir el-Ater, en Algérie. Ici, la zone fouillée parl’équipe de chercheurs tunisiens etbritannique se situe entre l’oasistunisienne de Nefta et la frontière

algérienne. Lesp i è c e sd é couv e rt e sfont de ce sitetunisien le plusancien où laprésence del ’ h o m m emoderne estattestée.Dansl’ensemble del’Afrique duNord, les plusanciens restes

humains ont été trouvés au Maroc, àHarhouraTémara, datés à quelque 160000 ans. D’après l’INP, le site de Neftaest susceptible de fournir des indicationssur l’une des « voies de passage »empruntée par l’Homo sapiens dans larégion. « On peut imaginer aller plus loin,car le site est relativement vaste« , aconclu Nabil Guesmi.

Non, les pharaons ne sont les seulsqui ont construit des pyramides ma-gistrales dans l’histoire de l’Afriquedu Nord. Les berbères ont égale-ment marqué de leur empreinte laterre dans laquelle ils ont vécu, ….Et nos ancêtres ont bâti égalementdes pyramides majestueuses surnos terres. Ces pyramides berbèressont connus sous le nom desDjeddars de Frenda, situées à unetrentaine de kilomètres deTiaret. Construites, selon les ar-

chéologues, durant la même pé-riode que les pyramides pharaoni-ques, ces pyramids obéissent à unearchitecture propre à la cultureberbère. Treize pyramides ont uni-quement survécu aux troubles del’histoire. Les autres ont été détrui-tes, en grande partie, par les Ro-mains, les Vandales et l’armée colo-niale française.

08 Octobre 201616 Septembre 2016

28 Septembre

2016

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DOSSIER

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Y a-t-il encore des Juifs au Maghreb ?

Le pèlerinage de la Ghriba vient des’achever à Djerba, dimanche 28 avril. Unrare moment de rassemblement pour lesJuifs maghrébins, dont le nombre n’acessé de décroître au cours de la secondemoitié du XXe siècle.Vendredi 26 avril,comme chaque année depuis des siècles,des centaines de Juifs tunisiens etmaghrébins ont afflué à Djerba, àl’occasion du célèbre pèlerinage de laGhriba.Ce pèlerinage, qui honore lamémoire des rabbins Meïr Baal Hanesset Shimon Baar Yohaï, est l’une des plusimportantes fête religieuse pour lacommunauté juive d’Afrique du nord.Mais aujourd’hui, cet évènement estsurtout un des derniers vestiges del’ancienne et importante présence des

Juifs dans la région.Depuis le milieu duXXe siècle, le nombre d’israélites auMaghreb a inexorablement chuté.Environ 500 000 au sortir de la Secondeguerre mondiale, ils ne seraient pas plusde 5 000 aujourd’hui. D’un pays à l’autre,cet exil trouve différentes explicationshistoriques.

Maroc

Le nombre de Juifs marocains est estiméà environ 250 000 en 1945. À l’époque, ils’agit de la plus grosse communauté juivedu Maghreb et du monde arabe…

Algérie

Moins nombreux que leurs voisinsmarocains, les Juifs algériens ont surtoutune trajectoire très différente, intimentliée à l’histoire franco-algérienne. En1870, le décret Crémieux – du nom deson auteur, Adolphe Crémieux – déclarecitoyens français les « israélites indigènes» d’Algérie. Lorsque la guerred’indépendance éclate, en 1954, oncompte environ 130 000 Juifs dans lesdépartements français d’Algérie. Commele résume Albert Camus dans L’Express,la communauté est alors « coincée entrel’antisémitisme français et la méfiance

arabe ». Ne choisissant aucun camp, ellesubira ensuite de nombreuses attaques,qu’elles soient l’œuvre des extrémistesfrançais de l’Organisation armée secrète(OAS) ou des indépendantistes arabo-musulmans du Front de libérationnational (FLN). Dans les mois qui suiventl’indépendance, environ 120 000 Juifsd’Algérie, Français depuis quatregénérations, embarquent pour lamétropole aux côtés des pieds-noirs.Lesquelques milliers restant partirontprogressivement, au gré des vaguesd’immigration vers Israël dans les années1960 et 1970. La « décennie noire », dansles années 1990, fera fuir la plupart desderniers membres de la communautéencore installés en Algérie. Aujourd’hui,

personne n’est capable de fournir unchiffre précis sur le nombre de Juifsrésidant toujours dans le pays. Aucun ?Une vingtaine ? Une cinquantaine ? « Ilne sont plus qu’une poignée. Ils viventtrès discrètement et sont surtoutinstallés à Alger », indique l’historienBenjamin Stora. Ce flou entourant lesisraélites algériens entretient toutessortes de fantasmes. « Il y a une sorted’idée de «juifs clandestins», parfoisrelayée par la presse algérienne, s’amuseJoëlle Allouche, juive de Constantinedont la famille a émigré en France. J’aipar exemple lu des articles, dans desjournaux sérieux, qui affirmaient que descommunautés juives vivaient cachéesdans les montagnes des Aurès ! ».

Tunisie

Au début des années 1950, ondénombre environ 100 000 Juifsen Tunisie. Comme au Maroc, certainssont déjà partis pour Israël depuis1948, poussés au départ par dediscrets agents sionistes…

Langues et cultureberbères

20 Janvier 2009

La phase d’études dans laquelle lalangue, la culture, l’histoire berbè-res semblent s’éterniser commethèmes d’analyse, de curiosité dediverses sciences sociales (la socio-logie, l’anthropologie, l’ethnogra-phie, la préhistoire) tend à rendrele sujet totalement inerte pourdevenir un vague souvenir d’unecivilisation égarée dans les tumul-tes et les tourbillons de l’histoire.La société berbère passe ainsi pourn’être seulement qu’une sociétéétudiée sur laquelle s’exercent desessais et des interventions. Ellessont le plus souvent d’un aspectexpérimental. Cette situationdonne la nette impression que laquestion s’embourbe dans unoblong axe de réflexion pour de-venir enfin une curiosité sousforme d’objet muséologique. Pourlever toute équivoque, il est cer-tes évident que les sciences socia-les, quand elles éclairent et ren-seignent le public sur le parcoursd’une société, sa situation actuelle,son évolution et ses projectionssur l’avenir, sont utiles et mêmenécessaires. C’est plutôt le fait dela figer dans le temps et dans l’es-pace comme organe pour labora-toire au service d’intentions idéo-logiques et politiciennes qui est icidéploré. Il est notoire que pourmieux cerner et contrôler ungroupe social, il n’y a rien de mieuxque de pénétrer dans les entraillesde son fonctionnement social etrepérer tout ce qui est fragile enlui. Le reste est une question detemps. Juste le temps de mettreen application les stratégiesd’usage déjà effroyablement exer-cées ailleurs et dont les résultatssont assurés. Lorsque la sociologieinterprète le bout de la fourched’un pilier vertical dans lequel vientse loger normalement la poutremaîtresse d’un faîtage d’une mai-son ancienne de Kabylie commeétant une partie «de jambes enl’air» diantre ! Quelle transgressionde ce qui saute aux yeux commelogique technique de construction?

23 Avril 2013

A.A

Benjamin Roger

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NRP, Décembre 2016, n°34

DOSSIER

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L’identité algérienne,au-delà des frontières

Lors d’une interview intitulée « Bleu--blanc--rage », le journaliste NadirDendoune raconte la difficulté degrandir entre deux mondes, entredeux cultures : la France et l’Algérie.A ce sujet, il raconte « Je ne me senspas rebeu. Je ne me sens pas plusFrançais que ça non plus.» A traversces débats sur l’identité nationale, laFrance oblige ses citoyens àappartenir exclusivement à ungroupe et de ce fait, crée un malaiseidentitaire. Ce concept françaisd’assimilation étouffe la multiplicité

d’identités. Il faut être l’un ou l’autrece qui amène à une lutte interne. Or,l’assimilation oublie que l’être peutenglober plusieurs identités à la foiset être en parfaite symbiose avec lereste de sa personne…

Selon le gouvernement algérien, les132 années de colonisation françaiseont provoqué un « génocide » del’identité. Les effets de l’occupationsont incontestables mais cettequestion n’a été abordée qu’auniveau de la population vivant enAlgérie. Les individus tiraillés entredeux continents sont négligés.

Durant l’époque coloniale etpostcoloniale, cette identité s’estredessinée non seulement àl’intérieur du territoire algérien maisaussi au delà de ses frontières. Eneffet, les flux d’immigration vers laFrance et vers d’autres pays ontmodif ié l’essence même del’identité algérienne. Aujourd’hui,l’Algérien ne ressemble plus

seulement à l’Algérien de «souche»et les critères uniquementgéographiques sont obsolètes. LesAlgériens sont des personnescomme mes parents qui ont quittél’Algérie pour s’installer en Franceou des personnes comme moi quisont nées en France et qui vivent àl’étranger. A travers cette toileidentitaire, de nombreux Algériensvivant à l’extérieur du territoire sequestionnent sur leur rôle au seind’une société algérienne en pleinessor économique. Un débat sur

l’identité algérienne serait doncnécessaire.

L’institut Montaigne souligne lorsd’une étude sur l’identité nationalefrançaise, qu’un débat est importantet même plus important que d’yapporter des réponses car il permetde « mieux comprendre l’autre etdonc d’accepter la diversité, lesspécificités de chacun. » De manièreidentique, un débat sur l’identitéalgérienne donnerait l ieu àl’acceptation de l’hétérogénéité dupeuple algérien et à l’inclusion d’unepopulation

qui ne répond pas uniquement à uncritère géographique.

Pendant longtemps, l’émigration aété perçue comme nuisible audéveloppement du pays d’origine.Or, plusieurs études sur les diasporasafricaines ont démontré que cescommunautés devraient être vuescomme un gain plutôt qu’une perte.Lorsque j’utilise le terme diaspora, je

fais référence à unecommunauté d’individusinstallée à l’étranger, où ilstravaillent et vivent. Si nousprenons le cas de l’Algérie, sadiaspora est une réelle plus--value puisqu’elle peut êtremobilisée au profit du pays.

La colonisation a certes laissédes blessures profondes enAlgérie mais elle a aussi donnénaissance à une communautédynamique et surtout instruite

qui pourrait participer àl’émancipation politique et audéveloppement économiquedu pays. Dans ce contexte demondialisation, cettepopulation pourrait apporter unregard nouveau dans le paysmais également partager sescompétences et ses expertises.Elle jouerait un rôle clé dans latransmission de savoir.

L’Algérie de demain devrait seconstruire avec les Algériensvenant de tout horizon. Al’aube des présidentielles de2014, les candidats potentielsaux élections devraientreconnaître la diversité de lapopulation algérienne et menerune campagne au--delà desfrontières.

11 Février 2013

Lobna Hadji

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[ECONOMIE]Algérie : Trois hypothèses budgétaires légères qui font de 2019

« hikayajamila »El Kadi Ihsane

01 Mai 2016

Le gouvernement algérien a innové dansson projet de loi de finances pour 2017. Ila cadré sa politique budgétaire sur lestrois prochaines années. C’était là un deschantiers de la Task Force auprès dupremier ministre. Réfléchir sur un termemulti-annuel. C’est donc fait. Et c’est unprogrès. Seulement la trajectoire dusolde budgétaire proposé sur entre 2017et 2019 pose problème. Trop optimiste.Elle prévoit de passer à moins 1,9% dedéficit budgétaire (rapporté au PIB) en2019. Performance hypothétique. Pourillustrer la difficulté, petit retour au pointde départ de la trajectoire. Le déficitbudgétaire de 2016, révisée à la baisse,n’en est pas moins à 11,6% du PIB. Ils’agirait donc de le diviser par quasimentdix en trois ans. Pour y arriver, legouvernement a pris le parti d’agir unpeu sur les dépenses et beaucoup sur lesrecettes. […] Il existe ici de sérieusesraisons de rester sceptiques. Non pasparce que « le rapport de présentationdu projet de la loi de finances pour 2017et prévisions 2018-2019 » soumis auxparlementaires, ne dit comment ce bondde recettes va avoir lieu. Mais parce qu’ille dit.

Trois hypothèses de travail dugouvernement suggèrent une prévisionde fonte très optimiste du déficitbudgétaire en 2019. Elles sont toutes lestrois légères.

La première hypothèse est liée auredressement de la fiscalité pétrolière.Le document du gouvernement sur unprix du baril à 50 dollars en moyenneannuelle en 2017, puis à 55 dollars en 2018et à 60 dollars en 2019.[…] Ce quen’intègre pas la prévision algérienne

c’est l’effet volume sur les revenus dugaz naturel. 2019 est, dans denombreuses projections, l’année où laconsommation domestique de gazdevrait passer devant les exportations sison rythme de croissance n’est passérieusement ralentit. Or, ce qui peutralentir ce rythme est toujours dansl’ornière : une rapide montée d’unmodèle non énergétivore et uneémergence tout aussi rapide de lagénération électrique verte. Les recettesde la fiscalité pétrolière sont exagéréesen 2018 et en 2019 si rien ne se passe surces deux fronts. Et le délai est trop courtpour capter un effet palpable sur troisans.

La seconde hypothèse du gouvernementqui enjolive 2019 est tout aussi aléatoire.Il s’agit du décollage prévu des recettesfiscales ordinaires. : 2722,6 milliards dedinars pour l’année de référence, 3505,8milliards de dinars en 2019. La aussi unbond de l’ordre des 28% sur trois ans. Unepartie de cette hausse des recettesdevrait provenir de la hausse de lapression fiscale. Le relèvement de deuxpoints du taux normal de la TVA, demême pour taux réduit, en est uneillustration. De nouvelles taxes sur lestransactions entre particuliers, et lahausse de celles existantes sur lescarburants et les tabacs en particulierconstituent l’armature de cetteamélioration attendue des recettesfiscales de l’Etat. Le PLF 2017 prévoitégalement un élargissement del’assiette fiscale par l’encouragement àl’investissement. Et c’est là ou la prévisionbalbutie. Les commandes publiqueschutent de plus de 8% avec la réductiondu budget d’équipement en 2017. C’est

le principal indicateur sur l’évolution del’activité dans le pays sur la période 2017-2019. Ce freinage de l’investissementpublic n’est pas compensé par unelibération des activités. Le périmètre del’investissement restant quasi constant,le risque est plus grand de voir l’assiettefiscale se tasser. Sa hausse de 28% en troisans est, là aussi, une « prévisionaugmentée ».

La 3e hypothèse qui rend jolie l’année2019, n’est pas plus réaliste que les deuxpremières. Il s’agit du contexte macro-financier de la croissance. Le documentoff iciel prévoit une inflation à 4%soutenue notamment par une paritédinar-dollar inchangée à 108 dinars ledollar. Cette prévision ignore lamonétisation du financement du déficitbudgétaire à partir de 2017. Mécanismedéjà lancé en 2016 avec le refinancementpar la banque d’Algérie à la fois du trésorpublic (avance) que des banquescommerciales (réescompte). Latrajectoire du solde budgétaire n’est pasdu tout la même si l’inflation est prochede 10% en 2019, au lieu des 4% intégréegénéreusement dans les prévisions 2017-2019.

L’histoire ne dit pas encore si le documentproposé par le gouvernementcorrespond vraiment aux prévisions dela Task Force auprès du premier ministre.Difficile de le croire tant il raconte une «hikayaJamila » peu rigoureuse. Mais alorsque va t’il se passer si la trajectoirebudgétaire sort de son orbite à la fin del’année 2017 ? Le gouvernement s’estlaissé une marge de manœuvre du côtédes dépenses. Le seul versant à sa main.En 2017, une première baisse historiquedu budget de fonctionnement estproposée dans le projet de loi definances. Plus rien ensuite. En fonctionde l’évolution de la conjoncture, de larésistance sociale aux mesuresimpopulaires, l’exécutif avancera denouveaux pions pour réduire lesmontants des transferts sociaux dans lescatégories ou ils se justifient le moins.

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[ECONOMIE]Une menace inflationniste ?

03 Novembre 2016

L’Algérie enregistre de grandsdéséquilibres f inanciers depuisplusieurs années (budget et trésor),et avec la chute du prix du baril depétrole, son commerce extérieurdevient déficitaire en 2015, alors quesa balance des paiements a déjàenregistré un déficit important, en2014. Il apparaît, très vite, que cesdéséquilibres ne sont pasconjoncturels. (…..)

Une inflation à deux chiffres pour2017 ?

Il faut rappeler aux lecteurs que ledernier taux d’inflation à deuxchiffres a été enregistré, en Algérie,il y a exactement vingt ans, en 1996,avec 18,68 %. A ce moment, l’Algérieétait en pleine application duProgramme d’ajustement structurel(P.A.S) avec ses diff icilesconditionnalités, au planéconomique et social. Par ailleurs,notre pays qui tentait de sortir del’économie administrée a échappé àl’hyper-inflation que tous les ancienspays socialistes ont enregistrée aucours de cette période (1990-2000).Au cours de cette décennie, l’indicedes prix à la consommation a étémultiplié par 4,5 en Algérie, par 6,2en Hongrie, par 11 en Pologne et par770 en Russie. Oui, les prix ont étémultipliés par 770 fois dans ce grandpays pétrolier entre 1990 et 2000.

En Algérie, tous les économistes quiont étudié, sérieusement, cettepériode, avaient reconnu que sinotre pays a pu libérer totalementses prix (grâce à la loi sur les prix de1989, aux réformes qui s’en suivirentet au P.A.S) sans trop de dégâtséconomiques et sociaux, c’est engrande partie, sur le plan purementéconomique, grâce à l’autonomie dela Banque d’Algérie, instituée en1990, mais remise en cause, en partie,depuis plusieurs années. Car lasurveillance de l’ inflation et saréduction relèvent, principalement,de ses missions puisqu’elle estgarante du pouvoir d’achat de lamonnaie nationale. Actuellement,est-elle en situation de résister auxsollicitations des puissants acteurséconomiques (producteurs,importateurs, investisseursnationaux et étrangers,spéculateurs, …) qui poussent àl’ouverture de l’économie, dans tousles sens, y compris en vue de laconsommation rapide de ses

réserves de change, et contestenttoute forme de régulation? (…..)

Inflation élevée et subventions decertains prix ?

L’analyse de l’inflation comme celledes déséquilibres financiers (budgetet trésor) ont immédiatemententraîné, chez les experts, laquestion des subventions. Il fautpréciser que les subventions sont deplusieurs natures et touchent desbiens et services très différents quireprésentent des poids différentsdans la consommation des ménageset surtout des catégories deménages à faible revenu (déciles 1et 2 des enquêtes sur laconsommation).

(…)

De plus, il y a une forme demystif ication de la notion desubvention. Selon les données duministère des F inances, lasubvention qui sert à soutenir les prixdes produits alimentaires tels quelait, sucre, farine, blé, huile, légumessecs… a représenté, en 2015, lasomme de 225,5 milliards de dinars,soit au total, 13,7 % des transfertssociaux de l’Etat. La loi de Financesde 2016 prévoit de faire passer cetaux à 12,8%. Quant à la subventionqui concerne les prix de l’énergie etde l’eau, elle a atteint la somme de73,6 milliards de dinars, en 2015, etpassera à 62,8 milliards de dinars en2016. Pour rester, seulement, dansle domaine de l’ inflation, lessubventions totales concernant lesoutien des prix (alimentation eténergie) représentent, donc, 1,7 % duPIB et « seulement » 4,4% de la valeurde la consommation totale desménages, en 2015. Ce faible

pourcentage doit être comparé auxautres types de transferts sociaux,dont la totalité représente 9,6% duPIB. A titre d’exemple, les seuls «soutiens à l’habitat » dépassent en2015, de 20%, la somme dédiée auxsubventions des prix.

En conclusion, on ne peut pas mettre« dans le même sac » toutes lessubventions directes et indirectes.Elles sont destinées à des catégoriessociales différentes et leursjustif ications ne relèvent pas,seulement, du champ économiqueou du champ social.

Lutter contre l’inflation : quellespistes ?

Bien sûr, la lutte contre l’inflationpasse par le renforcement d’unedynamique de croissance desprincipaux secteurs d’activité(agriculture et pêche, industrie,BTPH..) et la levée de toutes lescontraintes qui freinent cettedynamique. L’éliminationprogressive des déséquilibres quicaractérisent cette période(commerce extérieur, budget,trésor, balance des paiements, …)permettraient de redresserl’économie et de lui éviter une criseprofonde.

En fin de compte, la lutte contre lespoussées inflationnistes qui semanifestent, passe par la lutte contreles principaux facteurs de la criseéconomique actuelle.

Ahmed Bouyacoub

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Les demandes de kafala explosent…

L’adoption, un si long chemin…

Les candidats à l’adoption, de plusen plus nombreux, font face à desprocédures longues et fastidieuses.Pourtant, dans les pouponnières,beaucoup d’enfants vivent sansfamille. Faute de place, desnourrissons sont même gardés dessemaines dans les hôpitaux.Pourquoi ne sont-ils pas placésrapidement dans des famillesd’accueil ? Pourquoi certains parentsarrivent à adopter plus facilementque d’autres ? Comment vivent cesnourrissons abandonnés et mis soustutelle de la DAS ?

L’attente et l’incompréhension

Actuellement, 500 demandes dekafala traitées et approuvéess’empilent sur lesbureaux de la directionde l’action socialed’Alger, organismechargé de recueillir lesenfants abandonnés etde les placer dans desfamilles d’accueil. Il y enaurait tout autant danschaque wilaya du pays.Les personnes et lescouples désirant adopterdes enfants sont de plusen plus nombreux.Certains viennent toutjuste de déposer leursdemandes, d’autresattendent depuis deux,trois, jusqu’à cinq ans.Pourtant, dans lespouponnières, beaucoup d’enfantsabandonnés vivent sans famille.

Derrière les abandons, des drames

Cette longue attente s’expliqueraitpar le nombre de demandes quiexplose et auquel l’institution (laDAS) peine à répondre. «De plus enplus de parents, qui plus estrécemment mariés, demandent àrecueillir des enfants par voie dekafala. Il y a beaucoup trop dedemandes et pas assez de bébés»,répond Saliha Mayouche, directricede la DAS d’Alger.

Mais pas seulement, elle évoque unautre obstacle. «Il n’est pas toujoursévident de placer les bébés en familled’accueil parce que les abandonsdéfinitifs sont rares», ajoute-t-elle.Explication : à la naissance,

lorsqu’une mère met au monde unenfant hors mariage qu’elle décidede confier à la DAS, elle disposed’une durée légale de trois mois pourchanger d’avis et récupérer sonenfant.

Une fois le délai passé, elle signe oupas l’abandon déf initif. La loin’autorise les placements en famillesd’accueil, que lorsque les abandonssont définitifs (signature de la mèrefaisant foi quand la mère estconnue). D’après la directrice de laDAS, beaucoup d’enfantsabandonnés vivent en pouponnièresmais ne peuvent être placés enfamille d’accueil parce que leurs

mères biologiques gardent l’espoirde pouvoir les récupérer.

Elles refusent de signer l’abandondéfinitif. «Les pouponnières seretrouvent donc parfois à jouer lerôle de garderies où les mamansviennent rendre visite à leurs bébésen attendant de pouvoir lesrécupérer un jour», explique encoreSaliha Mayouche en précisant qu’iln’y a aucun passe-droit dans letraitement des dossiers qui respecteformellement les dates de dépôt.Elle souligne qu’en 2015, 83 enfantssur 103 abandons définitifs ont étéplacés dans des familles d’accueil.Parmi eux, 20 enfants attendenttoujours des «parents» quivoudraient bien d’eux.

Ces enfants, des survivants

«C’est une réalité cruelle, mais lespersonnes qui désirent adopter sonten général très exigeantes, ellesveulent de beaux bébés, des bébésen bonne santé», explique SalihaMayouche. Elle précise, qu’il y aactuellement dans les pouponnières,des enfants qui présentent quelquessoucis de santé, ou d’autres qui sontde couleur et dont personne ne veut.

Dans cette logique sélective, les fillessont ainsi très demandéescontrairement aux garçons que lesparents adoptant craignent souventet n’acceptent parfois que par dépit.L’écho de certains récits mettant enscène des garçons adoptés quiposent problème à l’adolescence ou

une fois leur adoptiondécouverte résonnentdans la société. Le rejet sefait par anticipation. Aprèsle choc de l’abandon à leurnaissance, ces petits êtresentrent dans les rouagesd’un système procédurierqui les gardent coûte quecoûte à l’abri des regards.

La maltraitance estdouble. Ils sontabandonnés par leursmères biologiques parceque nés hors mariage ouencore suite à unplacement judiciaire pourcause de prostitution, demaladies mentales, dedivorce, de litiges ou

d’incarcération des parents. Cesenfants grandissent ensuite dans lemensonge ou dans le rejet d’unesociété qui verse dans le déni pourpréserver son ordre moral.

Les enfants adoptés qui échappentà ces affres restent rares. Il estdifficile de connaître le nombreexact de naissances illégitimes, maisdes associations l’estiment entre3000 et 4000 chaque année. Dans laseule wilaya d’Alger, une moyennede 500 enfants naissent chaqueannée hors mariage. 512 nourrissonsen 2014. 471 nourrissons en 2013.

Bouredji Fella

11 Mars 2016

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08 Novembre 2016

Loi sur la santé:

Les médecins ne veulent pas d’un «code pénal bis»Les dysfonctionnements sont«multiples» dans le secteur publiquede la santé qui a perdu la confiancedes citoyens, a estimé hier lundi dansun entretien à la radio nationale leDr BekkatBerkani, président del’ordre des médecins.Pour lui, la nouvelle loi sur la santé,qui sera soumise au Parlement pourexamen et adoption, devrait«contribuer à redéf inir certainesmissions de l’Etat et un certainnombre de notions d’éthique, quinous manquaient tant, et dedéontologie», ainsi que «desmissions des praticiens en eux-mêmes et de tous les professionnelsde santé». «De l’aveu même despraticiens, les dysfonctionnementssont multiples, en particulier dans lesecteur public», a-t-il ajouté.Sur l’efficacité de cette nouvelle loisanitaire, il a rappelé que «la loi nevaut que par son applicabilité sur leterrain.» «Aucune loi n’est parfaite,mais il y a des avancées introduitespar cette loi», a t-il expliqué, avantde relever que dans cette loisanitaire, «il y a quelques correctionsà faire, et on attend que cette loipasse devant les assemblées éluespour quelques correctifs.« Ainsi, ildénonce certaines dispositions decette loi, estimant qu’ «on ne peutfaire un code pénal bis pour lesmédecins.»«Nous sommes dans un Etat de droit,la loi pénale est au-dessus de toutesles lois civiles. Par conséquent, on nepeut faire un code pénal bis pour lesmédecins». Il prévient qu’ «il n’estpas question de donner un tarifpersonnel aux médecins ou auxpersonnels de santé’’ à travers lesnombreuses dispositions pénalescontenues dans cette loi sanitaire.Car pour les erreurs médicales, dontcelles ayant entraîné la mort depatients, le Dr Bekkat estime qu’ils’agit de «la responsabilitéindividuelle du médecin qui estprévue par la loi.» «La médecinen’est pas une science exacte, lemédecin n’est pas responsable desrésultats, mais des dommages»,ajoute-t-il, «s’il y a aggravation, il estcondamné au niveau pénal.»Le président de l’ordre desmédecins a expliqué qu’il y a eu«pratiquement près de 200 affairesen matière de juridiction, l’acte

médical est une chaîne de soins. Ilfaut déterminer les responsabilitéscertes, mais il ne faut pas l’accuserde tous les maux.«Par ailleurs, le DrBekkat estime que cette nouvelle loisanitaire n’a pas prévu la mise enplace d’un institut de veille sanitairepour faire face aux grandesépidémies.Car «la veille sanitaire englobe dessituations de risque par rapport auxépidémies auxquelles le monde estsoumis régulièrement. Il faut qu’il y

ait un organisme qui puisse mettreen garde les autorités et les citoyenspour parler le langage de la vérité ety faire face». Il rappelera que «l’Etatest là pour prendre des dispositionspour éviter la propagation desmaladies.» Il faut donc mettre enplace une institution de veillesanitaire, préconise le Dr Bekkat,«nous sommes confrontés à un défides grandes épidémies mondiales etil faut pouvoir déterminer desconstats précis et des conduites àtenir face à ces épidémies.»Sur l’article 12 de la nouvelle loisanitaire, relative aux soins et leurprise en charge dans les structurespubliques, cet article, même «s’ilstipule l’accès aux soins à tous lescitoyens, l’Etat veut maintenir leniveau de soins, mais compte sessous pour être efficace», explique-t-il pour souligner que certains actesde santé seront payants, même dansles structures publiquescomme les hôpitaux. «Il est clair quel’aspect social de la lutte contre lesmaladies chroniques est maintenu.

La gratuité des soins est en jeu, et àl’avenir les citoyens vont payer leurssoins. Ceux qui sont chômeurs et quisont dans une détresse quelconque,l’Etat leur garantit la gratuité dessoins», soutient-il. Il précisera qu’ «ilfaut absolument faire ses comptespour que les organismes de sécuritésociale puissent faire ce que l’onappelle la contractualisation dans leshôpitaux publics.»«Sur le plan pratique, au lieu deprofiter de nos services publics, on

demandera des comptes, mais il esthors de question de ne pas prendreen charge un individu qui neprésente pas de garantiefinancière», ajoute le Dr Bekkat.Les soins de santé dans le secteurpublic doivent être payants. «Il fautredonner la confiance au citoyenpour al ler aux structures deproximité, et même réhabiliter lemédecin de famille, pour que lemalade ait conf iance en sonmédecin de proximité», souligned’autre part le président de l’ordredes médecins selon lequel il y a uneforte demande sur les servicesspécialisés des hôpitaux, alors queles structures de proximité sont làpour les prendre en charge, maisavec plus de «flexibilité» dans leurhoraire.

Yazid Alilat

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Mort de l’anthropologue Malek Chebel,

défenseur d’un « islam des Lumières »

fatigable champion d’un islam des Lumières,l’an-thropologue et psychanalyste algérien Malek Chebelest mort à Paris, samedi 12 novembre, à l’âge de 63 ans.

Né sur les rives de la Méditerranée à Skikda (qui s’appelaitalors, aux dernières heures de la colonisation française,Philippeville) le 23 avril 1953, Malek Chebel, après desétudes secondaires au lycée de Skikda, s’inscrit àl’université Aïn El-Bey de Constantine (1973). Puis ilgagne la France, grâce à une bourse accordée par leconsulat de France, major de sa promotion pour sonmémoire de psycho-logie clinique (1977).

Universitaire atypique

A Paris, où il fréquente tant les universités Paris-VII-Jussieu, -Paris-V-René-Descartes et l’Institut d’étudespolitiques, ce travailleur infatigable, d’une curiosité etd’une vivacité qui resteront sa signature, collectionneles doctorats : psychopathologie clinique et psychanalyse(1980), ethno-logie (1982), sciences politiques (1984). Defait, cet universitaire atypique, par sa polyvalencecomme par son implication dans la vie de la cité et ledébat d’idées, s’il est dès 1995 habilité à diriger desrecherches en Sorbonne, multiplie les interventions,chargé de cours et de séminaires ou conférencier, tanten Europe (Bruxelles) qu’en Amérique (Berkeley etStanford en Californie ; UCLA à Los Angeles,RockfellerUniversity à New York, et Chicago) ou dansles pays arabes (Maroc et Tunisie).

Fort de ses compétences croisées, cet anthropologueest soucieux de défendre la liberté sous toutes sesformes, liberté de vivre, de penser, d’aimer aussi – avantmême son essai Du Désir (Payot, 2000), l’éloge de lasensualité le conduit à proposer une Encyclopédie del’amour en Islam. Erotisme, beauté et sexualité dans lemonde arabe, en Perse et en Turquie (Payot, 1995) queprolonge un Kama Sutra arabe. 2000 ans de littératureérotique en Orient (Pauvert, 2006).

Traducteur du « Coran »

Mais si ses nombreuses publications insistent sur lavolupté et le raffinement d’une culture musulmane bienpeu mise en avant au tournant du XXIe siècle, saconnaissance encyclopédique de l’islam et de ses valeursl’a conduit aussi à multiplier les anthologies et lessynthèses éclairantes, des plus sévères (Dictionnaire dessymboles musulmans, Albin Michel, 1995) aux plusaccessibles (il cosigne ainsi en 2008 dans une collectionpopulaire Le Coran pour les nuls et L’Islam pour les nuls,dont la terrible actualité de 2015 fit un best-seller).

S’il se fait, de livres de vulgarisation en essais personnels,le champion d’un islam des Lumières, Malek Chebel necraint pas les sujets tabous. Depuis Le Corps enislam(PUF, 1984), on sait qu’il ne redoute aucun débat,et quand il propose une pionnière Histoire de lacirconcision des origines à nos jours (Balland, 1992),s’essaie à une Psychanalyse des Mille et Une Nuits (Payot,1996) ou révèle les pratiques d’asservissement dansle monde musulman et leur inquiétante persistance(L’Esclavage en terre d’islam, Fayard, 2007), prolongeantle maître-livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau (Les Traitesnégrières. Essai d’histoire globale, Gallimard, 2004),Malek Chebel s’inscrit dans une démarche de mise à plat,loin des interdits comme des fantasmes, qui permetd’entendre l’apport de l’islam sans œillères ni parti pris.

Il est dès lors logique qu’il ait tenu à proposer une leçonnouvelle du Coran en traduisant lui-même le texte sacré.Un défi dont il vient à bout en 2009 (Fayard). Au termed’années de labeur, la version qu’il en donne, précise etrespectueuse de la lettre, fondée sur une connaissanceintime de la langue arabe comme sur une expertisescientifique du monde musulman, évite les écueils d’unepoétisation suspecte comme toute surenchère denéologismes. Respecter l’esprit du livre en le rendantaccessible au lecteur d’aujourd’hui est une gageure quiexige une humilité que ce grand lettré rieur et malicieux,d’une élégance morale comme physique jamais prise endéfaut, incarnait au mieux.

Malek Chebel en sept dates

23 avril 1953 : naissance à Philippeville (aujourd’huiSkikda), en Algérie.

1984 : Le Corps en islam (PUF).

2004 : Dictionnaire amoureux de l’islam (Plon).

2009 : propose, en marge d’un Dictionnaireencyclopédique du Coran, une nouvelle traductiondu Coran (Fayard).

2013 : Création de Noor, « revue pour un islam deslumières ».

2015 : L’Islam en 100 questions (Tallandier).

12 novembre 2016 : mort à Paris.

12 Novembre 2016

Philippe-Jean Catinchi

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Page 15: NRP Décembre n°34 - OVHcdesoranai.cluster021.hosting.ovh.net/document/NRP34.pdfNRP, Décembre 2016, n 34 DOSSIER 4 L’histoire d’Algérie s’étend sur plus de 5000 ans. Sur

[BIBLIOGRAPHIE]

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« Eveline Safir Lavalette, moudjahida d’origine euro-péenne, ayant fait le choix, très tôt, et évident pour elle,d’être Algérienne au point d’en payer le prix fort (arrê-tée en novembre 1956, elle est condamnée à trois ansde prison, torturée, abusivement internée dans un ser-vice psychiatrique aura attendu l’âge de 86 ans pourenfin publier ces textes que l’on reçoit comme un don»»

JUSTE ALGERIENNEEveline Safir Lavalette

Editions Barzakh, 2013

Idir

Adrar Inu, 2013

La Méditerranée , mer de nos langues

Louis Jean Calvet

Editeur APIC 2016

[FILM]

Phénicien, araméen, hébreu, grec, latin, étrusque, berbère,arabe, turc, espagnol, italien, français : ces langues du pour-tour méditerranéen nous parlent de l’histoire de ce conti-nent liquide. Elles sont d’abord la trace des empires etpuissances qui se sont succédé en Méditerranée, mais aussicelle du commerce des hommes, des idées et des denrées,qui ont constitué cet espace en un ensemble homogène.

Numéro double 65-66 Juillet-Décembre 2014

INSNIYAT

Algérie 1962

[REVUE]

Parfums d’Alger

Réalisateur(s) : Benhadj, Rachid 2012

C’est l’histoire d’une femme, Karima, une photographealgérienne qui vit à Paris depuis plusieurs années et quiest obligée de rentrer précipitamment à Alger pour as-sister à l’agonie de son père ...

[MUSIC]