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Diagnostic partagé de la mobilité européenne et
internationale des jeunes en Île-de-France
DRJSCS Île-de-France
AGENCE PHARE
Mars 2017
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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Sommaire
1. INTRODUCTION 5
1.1. LES ENJEUX DE LA MOBILITE INTERNATIONALE 5
1.2. UN CONTEXTE FRANÇAIS EN MUTATION 6
1.3. CONTEXTE ET OBJECTIFS DU DIAGNOSTIC 7
1.4. METHODOLOGIE 8
1.4.1. ANALYSE DOCUMENTAIRE 8
1.4.2. REALISATION D’ENTRETIENS AVEC LES PARTIES PRENANTES 8
1.4.3. CARTOGRAPHIE DES RESEAUX D’ACTEURS 8
1.4.4. ANALYSE DE BASES DE DONNEES QUANTITATIVES 9
2. L’OFFRE DE MOBILITE INTERNATIONALE : UN CHAMP DE MOINS EN MOINS SECTORISE 10
2.1. UNE PLURALITE D’ACTEURS EN ÎLE-DE-FRANCE 11
2.1.1. LES AGENCES EUROPEENNES ET OFFICES BI-GOUVERNEMENTAUX 11
2.1.2. LES ACTEURS INSTITUTIONNELS 14
2.1.3. LES ACTEURS DE TERRAIN : UNE FORTE FRAGILITE SUR LE FINANCEMENT DE LA MOBILITE 18
2.2. UNE HYBRIDATION DES APPROCHES DE LA MOBILITE 21
2.2.1. LES DIFFICULTES STRUCTURELLES DE LA MOBILITE 21
2.2.2. L’ACQUISITION DE COMPETENCES PAR LA MOBILITE : UN ENJEU PARTAGE 23
2.2.3. UN NOUVEAU CIBLAGE DES FINANCEMENTS VERS LES PUBLICS EN DIFFICULTE 26
2.3. DE FORTES DIFFERENCES ET INEGALITES SELON LES TERRITOIRES 29
2.3.1. LA FRAGILITE DE LA COOPERATION DEPARTEMENTALE 29
2.3.2. UN FAIBLE INTERET DES COMMUNES EN IDF 32
2.3.3. LE PORTAGE POLITIQUE DE LA MOBILITE : UN ENJEU EN CONSTRUCTION 34
3. LES CHIFFRES DE LA MOBILITE EUROPEENNE : UN ENJEU TRES PEU PARTAGE 37
3.1. UNE STABILISATION DE LA MOBILITE EN IDF 37
3.1.1. LES CHIFFRES JEUNESSE ET SPORT. 37
3.1.2. LES CHIFFRES PARTIELS DE L’EDUCATION NATIONALE 38
3.1.3. LES CHIFFRES DU CONSEIL REGIONAL : UNE INCONNUE 39
3.1.4. DES DISPOSITIFS FRAGILISES : LE CAS DU SVE 39
3.2. DE FORTES INEGALITES ENTRE DEPARTEMENTS 40
3.2.1. LE SVE UN EQUILIBRE 40
3.2.2. LE DISPOSITIF CGET/ANCV: UNE SURREPRESENTATION PARISIENNE 41
3.2.3. LE DISPOSITIF VVV-SI : UN MEILLEUR EQUILIBRE 41
3.2.4. LES SECTIONS INTERNATIONALES : LE CAS DE VERSAILLES 42
3.2.5. LES CHANTIERS INTERNATIONAUX 42
3.3. DES DONNEES INCONNUES OU INCOMPLETES 43
3.3.1. L’ABSENCE DE MOYENS ET LE MANQUE DE COMPETENCES 43
3.3.2. UNE EVOLUTION PROGRESSIVE DES OUTILS 44
3.3.3. UNE PRIORITE : EN L’ABSENCE D’EVOLUTION DES POLITIQUES DE SUIVI AU PLAN NATIONAL, OUTILLER LES
ACTEURS DE TERRAIN 45
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4. UNE COOPERATION TERRITORIALE PORTEE PAR DES RESEAUX THEMATIQUES 47
4.1. LES RESEAUX PROFESSIONNELS STRUCTURES 47
4.1.1. JEUNESSE ET SPORT : DES RESEAUX PLUS OU MOINS ENGAGES SUR LA MOBILITE 47
4.1.2. LE RESEAU IJ : UN ACTEUR CENTRAL AU NIVEAU LOCAL 48
4.1.3. LE RESEAU DES MISSIONS LOCALES 49
4.1.4. LE RESEAU EDUCATION NATIONALE/ERAEI 50
4.2. LES RESEAUX THEMATIQUES 51
4.2.1. UN RESEAU DE REFERENCE : ERASMUS+ 51
4.2.2. UN RESEAU STABILISE : COTRAVAUX 52
4.2.3. UNE DYNAMIQUE EN EMERGENCE : LE RESEAU OFAJ 52
4.2.4. LE RETRAIT DU CONSEIL REGIONAL IDF : UN AFFAIBLISSEMENT DE RESEAUX THEMATIQUES 53
4.3. LES RESEAUX TERRITORIAUX RARES, MAIS SOLIDES 54
4.3.1. L’IMPORTANCE DU PORTAGE POLITIQUE DEPARTEMENTAL 54
4.3.2. L’IDENTIFICATION DE COMPETENCES COMPLEMENTAIRES 55
4.3.3. UNE PRIORITE : CONSTRUIRE DES STRATEGIES ET DES PROJETS DE TERRITOIRES 56
5. LE COREMOB : UNE NOUVELLE DYNAMIQUE PARTAGEE 57
5.1. UNE DYNAMIQUE REUSSIE DE MISE EN RESEAU 57
5.1.1. UN RESEAU REGIONAL TRES POLYCENTRE 57
5.1.2. LA CENTRALITE DES ACTEURS AU SEIN DU COREMOB 61
5.1.3. LES RESEAUX DEPARTEMENTAUX : L’EXEMPLE DE L’ANIMATION DES RESEAUX 77 ET 91 62
5.1.4. L’ENJEU DE L’ASSOCIATION DES COLLECTIVITES LOCALES 63
5.2. LE COREMOB : UNE DEMARCHE DE CO-CONSTRUCTION A CONFIRMER 64
5.2.1. UNE REPONSE CLAIRE A UN REEL BESOIN DE COOPERATION 64
5.2.2. LES ATTENTES ET FACTEURS D’ADHESION DES PARTICIPANTS 65
5.2.3. UNE INSTANCE DE DIALOGUE DONT LE PORTAGE POLITIQUE DOIT ETRE RENFORCE 68
5.3. LES GROUPES DE TRAVAIL : UN VECTEUR DE COOPERATION 70
5.3.1. GROUPE DE TRAVAIL 1 : UN RECENSEMENT A APPROFONDIR 71
5.3.2. GROUPE DE TRAVAIL 2 : LA MISE EN SOMMEIL D’UNE THEMATIQUE CENTRALE 72
5.3.3. UN GROUPE 3 : DES RECOMMANDATIONS OPERATIONNELLES 73
5.4. LA PLATEFORME DE MOBILITE : UN MAILLAGE PLUS EFFICACE DU TERRITOIRE 74
5.4.1. UN GRAND NOMBRE D’ACTIONS SUR LES TERRITOIRES 74
5.4.2. LES POINTS D’AMELIORATION ET DE FAIBLESSE DE LA PLATEFORME 75
5.4.3. UNE ARTICULATION DU COREMOB ET DE LA PLATEFORME A PRECISER 76
6. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 77
6.1. L’OFFRE DE MOBILITE INTERNATIONALE EN IDF 77
6.1.1. UNE OFFRE DE MOBILITE MOINS SECTORIELLE 77
6.1.2. DES DONNEES INCONNUES OU INACCESSIBLES 78
6.1.3. UN TRAVAIL EN RESEAU A SOUTENIR 78
6.2. LA PRODUCTION DU COREMOB 78
6.2.1. UNE INSTANCE DE REFLEXION 79
6.2.2. APPROFONDIR LES PROPOSITIONS DES GROUPES DE TRAVAIL 80
6.2.3. UNE PLATEFORME REGIONALE DE MOBILITE PROMETTEUSE, MAIS FRAGILISEE 80
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6.3. PLAN DE DEVELOPPEMENT : DES RECOMMANDATIONS 80
6.3.1. PRECONISATION 1 : AMELIORER L’INFORMATION SUR L’OFFRE DE MOBILITE 81
6.3.2. PRECONISATION 2 : CONSTRUIRE UNE POLITIQUE DES DONNEES AUTOUR DE LA MOBILITE 81
6.3.3. STRUCTURER L’ANIMATION TERRITORIALE VIA DES BINOMES THEMATIQUES 81
6.3.4. ARTICULER LE COREMOB ET LA PLATEFORME DE MOBILITE 82
7. ANNEXE : 84
7.1. TERRAIN D’ENQUETE : ENTRETIENS 84
7.2. L’ORGANISATION DE CHANTIERS INTERNATIONAUX 85
7.3. LES ACTIONS DES DDCS SUR LES TERRITOIRES EN 2015 85
7.4. LES ACTIONS DE LA PLATEFORME DE MOBILITE EN 2015-2016 86
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1. Introduction
Le présent diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France
s’inscrit dans un contexte européen et français en mutation.
La création de Comités Régionaux de la Mobilité (COREMOB) et des plateformes régionales de
mobilité constitue un nouvel axe d’une politique partagée. Ce diagnostic doit permettre d’obtenir
une meilleure connaissance de la demande et de l’offre de mobilité sur les territoires, des réseaux
d’acteurs constitués, afin de construire un plan triennal de développement de la mobilité.
Ce présent diagnostic a été réalisé par l’Agence Phare, à la demande de la DRJSCS Île-de-France, qui
a activement soutenu sa réalisation et participé au travail de relecture.
1.1. Les enjeux de la mobilité internationale
La mobilité internationale et européenne est vue comme une expérience et une opportunité unique
dans la construction du parcours des jeunes1. Elle peut faciliter leur ouverture au monde, leur
éducation, leur engagement citoyen, l’acquisition de compétences, et être un levier pour l’insertion
sociale et professionnelle, voire un vecteur de développement pour les territoires2.
Une étude réalisée par la DRJSCS en partenariat avec l’INSEE, met en lumière les chiffres suivants
pour la région en 20153 :
- 21% des communes françaises de la politique de la ville ;
- 30% des habitants des quartiers en politique de la ville français résident en Ile-de-France ;
- 1,8 millions d’habitants y vivent sous le seuil de pauvreté, soit 15% de la population
régionale ;
- 33% de la population régionale a moins de 25 ans.
Dans ce contexte, il faut souligner que les freins à l’accès et à la valorisation de la mobilité des jeunes
sont récurrents : la mobilité demeure encore fortement limitée puisqu’elle ne concerne, par
exemple, que 16% des étudiants ; plus encore, elle touche les jeunes les mieux insérés – ayant un
diplôme ou futurs diplômés4.
Un rapport du CESE (Conseil Economique Social Environnemental) de 2011 rappelle ainsi que les
dispositifs de mobilité internationale sont peu ou mal connus du grand public, et qu’ils sont difficiles
d’accès (coût financier de la mobilité, complexité administrative du dossier)5. Ce rapport souligne
également que la reconnaissance des acquis de ce type d’expérience est faible.
A cet égard, un facteur explicatif du fait que les jeunes ne puissent pas avoir accès à la mobilité
internationale et européenne, c’est la faible efficacité ou insuffisance de développement de la
1 CESE, La mobilité des jeunes, Novembre 2011.
2 INJEP, « Gagner en compétences grâce au PEJA », n°15, Septembre 2013.
3 OFAJ, « Réunion du comité de pilotage Stratégie et Diversité », 30 mai 2016.
4 Bouchaud, N., Les obstacles à l’accès des jeunes au service volontaire européen : contribution à l’étude d’un dispositif de
volontariat, rapport d’étude AFPEJA, INJEP, Paris, 2012. 5 CESE, La mobilité des jeunes, Novembre 2011.
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coopération des acteurs de la mobilité6. Les acteurs politiques de la mobilité en Europe, en France et
en Île-de-France ont tout particulièrement axé leurs efforts sur ce point.
1.2. Un contexte français en mutation
La politique de la mobilité en France et en Île-de-France est fortement tributaire des grandes
orientations européennes en la matière. Dans le cadre de la stratégie « Éducation et formation
2020 »7, le développement de la mobilité est un des quatre objectifs stratégiques fixés par le Conseil
de l'Union Européenne :
« Elle constitue un élément essentiel de l'éducation et de la formation et moyen important
de renforcer l'employabilité, la mobilité devrait être progressivement accrue, de façon à ce
qu'elle devienne la règle et non l'exception ».
A l’échelle nationale, la politique de l’État sur la mobilité européenne a notamment pris la forme de
deux axes de travail en cherchant à la fois à améliorer l’accès des jeunes à la mobilité formelle et
non-formelle :
- le rapport annexé à la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École
de la République du 8 juillet 2013 s'inscrit explicitement dans le cadre de la stratégie
« Éducation et formation 2020 » en promouvant une plus grande ouverture sur l'Europe et
le monde au service de la réussite éducative de tous. Pour cela, il encourage le
développement des partenariats et plus encore de la mobilité, qui sera « développée pour les
élèves, individuellement et collectivement, comme pour les enseignants. [...] Il est souhaitable
que l'école permette que chaque élève ait l'occasion de partir en voyage scolaire à l'étranger
au moins une fois au cours de la scolarité obligatoire »8 ;
- depuis 2013, la mobilité est, également, un des principaux enjeux du Plan Priorité Jeunesse
(PPJ) : ce document-clé des politiques nationales de Jeunesse souligne que la diversité des
types de programmes et des acteurs ne facilite pas la lisibilité des offres. L’objectif 10 du PPJ
concrétise ainsi cette volonté : « Accroître et diversifier la mobilité européenne et
internationale des jeunes »9. Dans le cadre de l’action 2, un comité permanent est prévu
pour regrouper les principaux opérateurs, les ministères concernés et les principaux
partenaires (CNAJEP, CIDJ, Forum Français de la Jeunesse), afin que les opérateurs puissent
coordonner leur communication, repenser les conditions d’accès aux programmes et
développer une stratégie concertée.
Dans le plan priorité Jeunesse, il est également prévu que des Comités Régionaux de Mobilité
(COREMOB) soient mis en place et coordonnés par les Régions et les préfets de Région, pour
regrouper les acteurs de la mobilité, établir un diagnostic et construire un plan de développement de
la mobilité10. Le Comité Régional pour la Mobilité d’Île-de-France (COREMOB) est l’instance qui
6 Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse, « Premiers enseignements des expérimentations en matière de mobilité
internationale », Note thématique, Aout 2013, p.5. 7 Union Européenne, « Education et formation 2020 », cadre stratégique : http://ec.europa.eu/education/policy/strategic-
framework_fr 8 LOI n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République :
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027677984&categorieLien=id 9 Plan priorité Jeunesse, objectif 10.
10 Plan priorité Jeunesse, objectif 10.
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regroupe les principaux acteurs de la mobilité. Il est présidé par l’Etat (préfet de région et recteurs)
et le Conseil régional, et la DRJSCS en assure la coordination.
1.3. Contexte et objectifs du diagnostic
L’objectif majeur du COREMOB est de renforcer l’action des acteurs institutionnels et l’accès des
jeunes aux dispositifs sous plusieurs angles : fédérer les acteurs de la mobilité et du monde
professionnel ; donner plus de lisibilité et de cohérence aux dispositifs ; diversifier les profils des
jeunes en mobilité; soutenir la qualification et la professionnalisation des acteurs du réseau.
Premier enjeu, le COREMOB doit faciliter la mise en place et l’organisation d’une plateforme
régionale de mobilité, dans le cadre de la réponse à un appel à projet du Fonds d’Expérimentations
pour la Jeunesse de février 2015. Porté conjointement par le CIDJ et l’association Concordia, le projet
francilien rassemble 11 partenaires11.
Deuxième enjeu, la plateforme régionale de mobilité doit jouer le rôle de relais d’une partie des
actions prioritaires du COREMOB : permettre l’animation du territoire francilien, favoriser les liens
entre l’éducation formelle, non-formelle et la formation professionnelle, valoriser les projets et les
réseaux à travers la création d’outils, de contenus éditoriaux et d’actions de sensibilisation.
Troisième enjeu, trois groupes de travail, structuré par une thématique, avait pour objectif de
recenser des actions innovantes et de faire des recommandations d’action pour le COREMOB :
- groupe 1 : lisibilité de l’information et de l’orientation des jeunes vis-à-vis de l’offre en
mobilité en Île-de-France
- groupe 2 : valorisation des expériences de mobilité et des compétences
- groupe 3 : diversification des publics et des parcours de mobilité).
Si les acteurs ont déjà commencé à esquisser des analyses pouvant contribuer à un diagnostic
partagé, la DRJSCS Île-de-France a sollicité l’Agence Phare pour réaliser une étude diagnostique
complète.
Le diagnostic doit permettre aux acteurs du COREMOB :
- approfondir le pilotage régional de la mobilité européenne et internationale, notamment
dans sa dimension territoriale et intersectorielle : le diagnostic est un outil d’aide à la
décision quant aux orientations du plan de développement triennal de la mobilité ;
- mieux identifier les caractéristiques actuelles de l’offre de mobilité du territoire régional,
afin d’envisager des améliorations à apporter en termes d’information, de formation,
d’accompagnement et de valorisation ;
- déterminer les enjeux territoriaux de la mobilité européenne et internationale des jeunes,
notamment au regard de l’insertion et de l’emploi et des enjeux de la politique de la Ville.
Dans ce contexte, la demande faite à l’Agence Phare a porté tout particulièrement sur la nécessité,
pour les acteurs du COREMOB, de mieux comprendre la diversité des réseaux d’acteurs, notamment
11
Concordia, CIDJ, Itinéraire international, Inter-Echanges, Maison des volontaires, la Fédération des centres sociaux de Seine-Saint-Denis, Etudes et chantiers, Rempart Île-de-France.
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dans une perspective interdépartementale, et de l’offre et des données de la mobilité dans une
dimension intersectorielle.
1.4. Méthodologie
La DRJSCS a fait appel à l’Agence Phare pour réaliser ce diagnostic en raison de sa connaissance des
spécificités du secteur de la jeunesse (information et orientation des jeunes, engagement des jeunes
et, de manière transversale à ces questions, la mobilité des jeunes)12, et de son expérience dans
l’étude de la coopération des réseaux d’acteurs institutionnels.
Surtout l’Agence Phare a proposé de mobiliser la cartographie des réseaux d’acteurs pour identifier
des points de coopération sur les questions de mobilité. En nous appuyant sur la connaissance du
champ et de ses acteurs, nous avons mobilisé plusieurs outils pour réaliser un diagnostic global de la
mobilité internationale et européenne des jeunes en Île-de-France.
1.4.1. Analyse documentaire
Afin de faire reposer le diagnostic et le terrain d’enquête sur des bases scientifiques solides, nous
mobilisons une analyse documentaire des principaux questionnements sur l’accès à la mobilité
internationale et européenne des jeunes (littérature en sciences sociales sur le sujet, rapports des
expérimentations du FEJ, rapports des acteurs de l’Etat, comptes-rendus du COREMOB et de ses
groupes de travail, comptes-rendus d’évènements départementaux (expérimentations, etc.),
documentation des acteurs de terrain, et notamment des associations (communication, etc.). Cette
analyse documentaire a également permis de préparer la réalisation des guides d’entretiens et des
entretiens, des cartographies, ainsi que l’analyse des données statistiques.
1.4.2. Réalisation d’entretiens avec les parties prenantes
Le protocole d’enquête s’est également basé sur des entretiens semi-directifs avec un certain
nombre d’acteurs-clés des dispositifs de mobilité à l’échelle régionale et à l’échelle départementale.
A l’échelle régionale, nous avons réalisés 7 entretiens (DRJSCS, CIDJ, Concordia et l’Association
régionale des Missions locales, Rectorats de Versailles et de Créteil, DRIAAF) pour mieux comprendre
l’action du COREMOB, de la plateforme, et leurs liens avec l’échelle locale et départementale. Au
niveau départemental, nous avons mené un entretien avec chaque DDCS, ainsi qu’avec un
partenaire chargé d’animer les réseaux (association AOLF), soit également 7 entretiens13. Ces
entretiens a permis d’analyser les caractéristiques des différents partenaires, la nature de leurs
interactions et leurs différents rôles (opérateurs, spécialistes, relais auprès des jeunes, etc.) dans la
promotion des dispositifs de mobilité en Île-de-France.
1.4.3. Cartographie des réseaux d’acteurs
La cartographie des réseaux permet de répondre à la problématique de départ suivante: « Pourquoi
certains réseaux participent plus que d’autres aux dispositifs de la mobilité ? ». Nous mobilisons un
12
Agence Phare, Evaluation de l’expérimentation IJ-SPRO sur le rôle de l’Information Jeunesse dans le Service Public Régional de l’Orientation, Rapport pour le FEJ (Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse), 2015 ; Agence Phare, Le rôle du réseau Information Jeunesse sur les territoires : diagnostic et analyse, Rapport DJEPVA, 2015. 13
Les DDCS de Seine-Saint-Denis (93), Hauts-de-Seine (92), Val-de-Marne (94), Val d’Oise (95) et Yvelines (78) ont été enquêtées. La DDCS de l’Essonne (91) n’a pas répondu à nos sollicitations.
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logiciel d’analyse de réseau, GEPHI, nous permettant de comprendre les logiques de mise en réseau
des acteurs de la mobilité.
Pour réaliser cette cartographie, nous nous sommes appuyés sur plusieurs bases de données, et
notamment les comptes-rendus et les listes de participants aux évènements organisés par les
différentes instances liés au pilotage et à la coordination de la mobilité en Île-de-France (comités de
pilotage et groupes de travail du COREMOB et de la plateforme de mobilité ; évènements et/ou
comités de pilotage ou groupes de travail dans les départements, etc.).
- identifier et interpréter la structure du réseau représenté : densité, positionnement des
acteurs, existence de liens forts ou faibles entre acteurs, existence d’acteurs jouant le rôle
d’intermédiaires ;
- identifier l’existence de noyaux durs et de communautés particulièrement interconnectées
au sein du réseau pour mieux évaluer les types de synergies existantes ;
- identifier les logiques de regroupements des acteurs de la mobilité au sein des réseaux
étudiées (sectorielles, territoriales, ou bien thématiques) ;
- identifier le profil des acteurs centraux et périphériques afin de comprendre quels types
d’acteurs jouent un rôle moteurs sur certains territoires ;
- A partir de ces tendances et récurrences, tirer des enseignements sur leurs conditions de
possibilité et de succès d’une gouvernance territoriale de la mobilité internationale des
jeunes en d’Île-de-France.
Les résultats des cartographies produites permettent de comprendre la complexité des réseaux,
d’identifier la forme des réseaux de coopération, et la centralité de certains acteurs au croisement de
l’échelle régionale et départementale14.
1.4.4. Analyse de bases de données quantitatives
Afin d’identifier les enseignements et les points de faiblesse des bases de données sur l’accès des
jeunes aux dispositifs de la mobilité en Île-de-France, dont disposent les DDCS, nous avons procédé à
une analyse statistique des résultats d’un questionnaire conçu par la DRJSCS et envoyé auprès des
communes franciliennes de plus de 1500 habitants. Le travail de recherche documentaire et
d’obtention de données statistiques auprès des différents acteurs de la mobilité en Île-de-France
nous permet également de souligner les différences et les manques dans la construction des
données, et de faire des propositions pour harmoniser la collecte de données entre les différents
départements.
14
Trois types de mesures de centralité pourront être effectués : la centralité de degré (les acteurs possédant le plus de relations), la centralité de proximité (la capacité d’un acteur à se connecter rapidement avec les autres acteurs du réseau) et la centralité d’intermédiarité la capacité d’un acteur à mettre en relation d’autres acteurs).
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2. L’offre de mobilité internationale : un champ
de moins en moins sectorisé
L’offre de mobilité européenne et internationale pour les jeunes en Île-de-France recouvre un grand
nombre de dispositifs. Ces dispositifs sont très souvent très difficilement lisibles par les
professionnels et les jeunes pour plusieurs raisons.
La mobilité internationale et européenne est au premier abord un champ d’action sectorisé en
raison de la grande multiplicité des dispositifs, portés par différents acteurs et structurés dans
différents domaines d’activité.
Ce diagnostic montre que les dispositifs de mobilité internationale s’articulent autour d’objectifs
distincts pour les jeunes s’ils mettent l’accent sur des principes de l’éducation formelle ou de
l’éducation non-formelle (encadré 1).
Encadré 1 : L’éducation formelle et non-formelle : une typologie européenne15
Le champ de la mobilité internationale des jeunes, tout comme le champ des politiques de Jeunesse,
est structurée par différentes approches éducatives, visant à atteindre différents objectifs pour les
jeunes.
La politique européenne d’éducation et de formation distingue alors trois types d’approches :
L’apprentissage formel est dispensé dans un contexte organisé et structuré (par exemple dans un
établissement d'enseignement ou de formation, ou sur le lieu de travail). Il est explicitement désigné
comme apprentissage (en termes d'objectifs, de temps ou de ressources) et débouche généralement
sur une validation et une certification.
L’apprentissage informel découle des activités de la vie quotidienne liées au travail, à la famille ou aux
loisirs. Il n'est ni organisé ni structuré (en termes d'objectifs, de temps ou de ressources).
L'apprentissage informel possède la plupart du temps un caractère non intentionnel de la part de
l'apprenant.
L’apprentissage non-formel est intégré dans des activités planifiées qui ne sont pas explicitement
désignées comme activités d’apprentissage (en termes d'objectifs, de temps ou de ressources) mais
qui comportent un important élément d’apprentissage. L’apprentissage non formel est intentionnel
de la part de l'apprenant.
Une question essentielle, et transversale à ces trois approches, porte sur la manière de faire prendre
conscience et de faire formaliser par les jeunes l’acquisition de certaines compétences : d’acquérir
une plus grande autonomie dans la compréhension d'un problème, la capacité à l'exprimer, etc.
Le diagnostic montre également comme les acteurs de l’éducation formelle et non-formelle peuvent
coopérer avec des acteurs de l’insertion sociale et professionnelle (Missions Locales, Pôle Emploi).
Ces acteurs peuvent être également fortement impliqués à l’échelle régionale, et dans une certaine
mesure à l’échelle locale, sur les questions de mobilité internationale des jeunes.
Cette première partie du diagnostic montre un premier grand enseignement : si le champ de la
mobilité internationale est, a priori, fortement sectorisé, dans les faits, les différents acteurs
15
Cedefop, Terminology of European education and training policy, Luxembourg : Publications Office of the European Union, 2014.
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peuvent avoir des priorités communes et adoptent une attitude très pragmatique: ils peuvent
mobiliser et articuler plusieurs types d’approches en fonction des moyens et de leurs partenaires.
2.1. Une pluralité d’acteurs en Île-de-France
Le diagnostic permet de distinguer trois types d’acteurs de la mobilité : des agences de la mobilité
spécialisées dans ce secteur, des acteurs institutionnels, et des acteurs « de terrain », directement au
contact des jeunes. Chaque acteur dispose d’une offre de mobilité spécifique, d’une capacité
d’action, mais également de contraintes propres qu’il convient d’expliciter.
2.1.1. Les agences européennes et offices bi-
gouvernementaux
Sur les dernières années, malgré des incertitudes autour du devenir du programme Erasmus, le rôle
des agences et offices bi-gouvernementaux a eu tendance à se renforcer.
2.1.1.1. L’importance du programme Erasmus+
L’Agence Erasmus+ donne accès, à travers un système d’appels à projets, au programme Erasmus+. Il
s’agit du programme de financement de l’Union Européenne pour l’éducation, la formation, la
jeunesse et le sport sur la période 2014-2020, faisant suite au Programme européen Jeunesse en
action (PEJA) existant entre 2007 et 2013.
L’Agence Erasmus+ occupe plusieurs rôles : elle est un opérateur, un financeur, un formateur et un
informateur de la mobilité européenne et internationale. L’Agence Erasmus+ est ainsi perçue
comme un acteur de référence par les autres acteurs de la mobilité (DRJSCS, Education Nationale,
DRIAAF, associations de la mobilité, collectivités territoriales engagées) (tableau 1).
Tableau 1 : L’action de l’Agence Erasmus+
Approche La mobilité internationale et européenne est un projet de structure. C’est une approche
généraliste.
Axes
Les anciens programmes (Leonardo, Comenius, Grundvigt) du PEJA ont été fusionnés
dans Erasmus+. On parle désormais d’actions clés transversales : mobilité à des fins
d’apprentissage (action 1), partenariats stratégiques (action 2), coopération politique
(action 3), dans lesquelles se retrouvent les anciens programmes.
Publics
Alors que la mobilité est restée pendant longtemps comme un enjeu sectoriel
(étudiants, demandeurs d’emplois, lycéens, enseignants,) mais « élitiste », le PEJA et
surtout le nouveau programme Erasmus+ mettent beaucoup plus l’accent sur la
nécessité de favoriser la mobilité des publics en difficulté.
Tendance
Après des incertitudes sur la prolongation du dispositif Erasmus et sa dotation
financière, il a été approuvé en 2013 et doté d’un budget prévisionnel de 14,7 milliards
d’euros, soit une augmentation de 40% par rapport à la période précédente.
Pour autant, au-delà d’un véritable rayonnement institutionnel, l’action de l’Agence Erasmus+
rencontre plusieurs freins en Île-de-France selon nos échanges avec les acteurs enquêtés. Erasmus+,
qui dispose de deux agences distinctes, d’une agence « Jeunesse et Sport » à Paris, et d’une agence
« Education et Formation » à Bordeaux, est également considérée comme un acteur éloigné des
territoires et des besoins des acteurs de terrain, qui éprouvent de réelles difficultés à remplir les
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dossiers de mobilité Erasmus+. L’agence Erasmus+ Jeunesse & sports à Paris bénéficie d’une plus
grande proximité géographique et d’un réseau de relais locaux dans les DRJSCS, DDCS et réseau
Information jeunesse. Enfin, les acteurs de terrain soulignent que les évolutions du programme
Erasmus+ sont peu connues, et les acteurs institutionnels soulignent qu’ils rencontrent de réelles
difficultés pour accéder aux données statistiques de la mobilité, qui ne sont pas agrégées ou pas
diffusées par l’Agence.
2.1.1.2. RMT : Un programme transversal
Le programme européen RMT (Renouveau de la Mobilité Transnationale), inscrit dans l’axe 2
(partenariats stratégiques) du programme Eramsus+. Il s’agit d’une action très spécifique portée par
un acteur associatif, l’IERF (Institut Européen de Recherche et de Formation), avec le soutien de
l’Agence Erasmus+.
Le chef de file de ce projet est l’IERF (Institut Européen de Recherche et de Formation), un opérateur
de mobilité européenne et internationale en faveur des demandeurs d’emplois crée en 1994. l’IERF
propose une aide à la recherche de dispositif et la construction de parcours de qualification
« innovants ».
Ce programme européen traduit l’intérêt grandissant pour la situation des jeunes en situation de
difficulté :
« Dans le nouveau programme Erasmus+, une attention particulière a été portée à la lutte
contre le chômage des jeunes et au soutien d’initiatives permettant la transition entre les
études et la vie professionnelle, en alliant la promotion de l’apprentissage sur le lieu de
travail, le développement de partenariats entre instances et organismes pluridisciplinaires,
et l’augmentation des investissements pour la mobilité des jeunes. »16.
Le projet RMT propose d’aboutir :« à la conception d’un kit méthodologique d’orientation à la
mobilité autour de deux enjeux :
- faire évoluer les pratiques de capitalisation des expériences de mobilité internationale ;
concourir à la certification des parcours de mobilité ;
- offrir aux demandeurs d’emplois bénéficiaires un dispositif d’orientation permettant une
meilleure insertion à l’issue d’une expérience professionnelle à l’étranger.
Au niveau opérationnel, l’IERF travaille en étroite collaboration avec un vaste réseau de
professionnels du secteur de l’insertion et de la formation. Une conférence tenue le 8 décembre
2016 a permis de dresser un constat commun sur la question de la valorisation des compétences
liées à la mobilité internationale17.
En principe, depuis 2014, la Région Île-de-France est en charge de l’évaluation continue du projet au
côté de la Maison de l’Emploi et de la Formation/Cité des Métiers de Nanterre et quatre opérateurs
européens de mobilité internationale. Pour autant, le retrait du Conseil Régional de ce dispositif suite
16
Erasmus+, RMT, « Avant propos », site Internet. 17
« Le constat est unanime : la mobilité est un accélérateur d’insertion qui permet de développer, entre autre, les compétences transversales de plus en plus recherchées par les recruteurs. Les outils de capitalisation sont fondamentaux pour permettre aux bénéficiaires de dispositifs de mobilité et aux employeurs potentiels, d’établir un langage commun afin de rendre lisibles et transférables, toutes les compétences et capacités issues des périodes de mobilité » RMT, « La mobilité internationale pour l’employabilité : retour sur la conférence de dissémination de Paris », 8 décembre 2016.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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après les élections régionales de 2016, comme nous allons le voir plus bas, fragilise grandement la
dynamique et la pérennité de cet axe de travail.
2.1.1.3. Les offices bi-gouvernementaux : un rôle essentiel
Les offices de coopération entre pays constituent un deuxième pilier de la mobilité en Île-de-France.
Ces offices peuvent soutenir et financer des programmes d’échange et de bourses de mobilité pour
les jeunes et les accompagnateurs, après appels à projet. Elles soutiennent des projets de mobilité
d’associations ou des projets d’établissements de l’Education Nationale18.
Les acteurs de la mobilité internationale soulignent qu’ils travaillent en particulier étroitement avec
l’OFAJ (Office Franco-Allemand pour la Jeunesse) et l’OFJQ (Office Franco-Québécois pour la
Jeunesse), et dans une moindre mesure, avec des programmes et bourses de mobilité vers le
Royaume Uni (Bourse Charles de Gaulle), l’Espagne ou l’Italie.
Le diagnostic montre que la place de l’OFAJ est cependant plus centrale et plus reconnue que les
autres agences bilatérales. Il est un opérateur, un financeur, un formateur et un informateur
reconnu de la mobilité européenne et internationale, et un acteur de référence pour les principales
institutions de la mobilité (tableau 2).
Tableau 2: L’action de l’OFAJ
Approche
La mobilité internationale et européenne est une des missions de l’OFAJ, dans le
contexte plus large de la coopération entre la France et l’Allemagne. C’est une approche
généraliste pour tous secteurs et pour tous les publics (recherche, formation, échanges
scolaire, stages).
Axes
Un soutien pédagogique ou financier : participation aux frais de voyage, de séjour, de
préparation de la rencontre) et des bourses (Bourse Voltaire, Bourse Brigitte Sauzay, ou
encore le programme « Travailler chez le partenaire » pour l’emploi par une association
d’un jeune du pays partenaire)
Publics
Une action qui concerne de façon globale des jeunes venant de la France et de
l’Allemagne. Les projets peuvent être retenus lorsqu’ils remplissent certains critères :
des objectifs pédagogiques bien définis, une dimension interculturelle et la
sensibilisation à la langue de l’autre pays. Public de 12 à 32 ans.
Tendance
Plus récemment, l’OFAJ a mis l’accent sur un objectif de diversification des publics,
notamment vers les jeunes en situation de difficultés, et plus spécifiquement des
groupes cibles bien définis (jeunes vivant dans des quartiers difficiles et dans des zones
désœuvrées, jeunes dans des situations de handicap)19
.
Dans l’ensemble, ces offices constituent un soutien important aux acteurs de la mobilité car ils
adoptent un positionnement ouvert et généraliste. Ils favorisent ainsi une mobilité dans le champ de
l’éducation formelle comme non-formelle (formation, stage, emploi, volontariat)20. Ces programmes,
tout comme les programmes européens financent les actions de mobilité en tant que telle. Les
financements des acteurs institutionnels portent sur le soutien aux acteurs (pour la DRJSCS : 400 000
18
OFAJ, Site Internet : https://www.ofaj.org/organiser-une-rencontre 19
OFAJ, « Point 4.4 : Stratégie destinée à renforcer le soutien de l’OFAJ aux jeunes ayant le moins d’opportunités», Compte rendu du Conseil d’Administration, Berlin, 2015. 20
OFAJ, « 10ième
rencontre du réseau ‘Diversité et Participation’ », Paris, 2015.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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€ en appui à l’accompagnement éducatif et à l’emploi associatif dédié, mais pas de financement de
mobilités en tant que telle).
2.1.2. Les acteurs institutionnels
La mobilité internationale est également encouragée en Île-de-France par différents acteurs
institutionnels, qui interviennent traditionnellement dans des secteurs d’activité très spécifiques, ce
qui de fait ne favorise pas automatiquement une forte coopération (Ville, Jeunesse et Sport,
Ministère de l’Education Nationale, Ministère de l’Agriculture, Formation Professionnelle).
2.1.2.1. Le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sport et
ses services : une forte implication du Ministère
L’action des services du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports sur la mobilité
internationale et européenne en Île-de-France est portée par la DRJSCS à l’échelle régionale, et les
DDCS (Direction Départementale de la Cohésions sociales) à l’échelle départementale.
Les services Jeunesse et Sports jouent en principe un rôle central d’information et de coordination
des autres acteurs de la mobilité : de financement, mais également d’impulsion et de mise en
relation des autres acteurs de la mobilité (tableau 3)21.
Tableau 3 : L’action du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sport et de ses services
Approche La mobilité internationale et européenne est un projet de structure. C’est une approche
généraliste pour tous secteurs (recherche, formation, échanges scolaires).
Axes
Opérateur d’Erasmus+, du Service Volontaire Européen (SVE), et du Ministère des
Affaires Etrangères (programme Ville Vie Vacances/Solidarité internationale). Partenaire
de l’Office Franco-Allemand pour la jeunesse et acteur responsable du programme des
chantiers internationaux bénévoles, et du Service civique (missions à l’international).
Publics
Les publics prioritaires de l’action du Ministère porte clairement sur les publics en
difficultés, ou JAMO (Jeunes ayant le Moins d’Opportunités), et depuis 2015, la DRJSCS
cherche notamment à initier une dynamique favorable à la mobilité des jeunes sur le
Service Volontaire Européen (SVE).
Tendance
A l’échelle régionale, la mobilité est une priorité et la DRJSCS souhaite d’avoir un rôle
correctif par rapport aux possibles baisses de financements de certains dispositifs. Le
pouvoir d’attribution de crédits (Erasmus+ et du SVE) de la DRJSCS a été élargi en 2015
par l’ouverture d’une ligne de crédit dans le cadre de la Politique de la Ville22
.
Dans l’ensemble, les acteurs du Ministère de la Ville, de la jeunesse et des sports travaillent
étroitement avec l’Agence Erasmus+ pour faire connaître et aider à la répartition des financements.
Plus encore, les services Jeunesse et Sport organisent, par exemple des évènements d’information
et un travail en réseau dans les territoires auprès des associations et des collectivités, ainsi
21
L’action sur la mobilité s’inscrit d’abord dans un schéma de la gouvernance de la mobilité internationale et européenne des jeunes. Il s’appuie, dans ce cadre, sur les recommandations du Plan Priorité Jeunesse 2013-2014, notamment le chantier n°10 : « Accroître et diversifier la mobilité » et les mesures 31, « Augmenter le nombre de jeunes et leurs profils », 32 : « Coordonner les acteurs, faciliter l’accès aux programmes », 33 : « Communiquer en concertation », DRJSCS, Schéma de la gouvernance de la mobilité internationale et européenne des jeunes, 2015. 22
Voir, par exemple, DRJSCS Île-de-France, « La mobilité européenne et internationale des jeunes dans les quartiers de la politique de la ville. Recommandations pour l’élaboration des contrats de ville en Île-de-France », avril 2015.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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qu’auprès des acteurs du COREMOB. A cet égard, la coopération de la DRJSCS et des services de
l’Education Nationale s’est renforcée au sein du COREMOB.
2.1.2.2. L’Education Nationale : une attention exclusive au
public scolaire
La question de la mobilité internationale dans l’Education Nationale est portée par Délégation
Académique aux Relations Européennes, Internationales et à la Coopération (DAREIC) dans les
Rectorats. Elle est chargée du pilotage et du développement de la politique européenne et
internationale de l'académie, en particulier de la promotion de la mobilité des élèves et du personnel
éducatif.
La DAREIC accompagne les établissements autour d’actions telles que : la communication autour des
programmes éducatifs européens et internationaux ; le conseil et l’accompagnement des équipes
éducatives dans la recherche de financements et de partenariats avec des établissements étrangers ;
le cofinancement de projets de mobilité ; la formation des équipes éducatives au montage et à la
conduite de ces projets (tableau 4).
Tableau 4: L’action du Ministère de l’Education nationale et de ses services
Approche
La mobilité internationale et européenne est un champ de compétence de la DAREIC
dans chaque Académie (Créteil, Paris, Versailles). C’est une approche spécialiste sur le
volet de la formation scolaire.
Axes
Financements de mobilité collective et de mobilité individuelle des élèves : appels à
projets sur fonds propres, co-financements avec les bourses de l’OFAJ (Bourses Brigitte
Sauzay, Bourses Voltaire), Bourses Charles de Gaulle, Heinrich Heine (non
subventionné).
Publics
La mobilité des écoliers, des collégiens, des lycéens (sections internationales) et des
élèves des classes professionnelles (BTS). La priorité est mise dans sur des publics des
filières professionnels et les publics les plus fragiles ou JAMO (Jeunes Ayant le Moins
d’Opportunités).
Tendance
La priorité de l’Education Nationale est de mobiliser la mobilité internationale contre le
décrochage scolaire. La mise en place, à partir de 2013, d’un statut spécial, les ERAEI
(Enseignants Référents pour l’action européenne et internationale) vise à soutenir la
création de projets de mobilité, notamment dans des territoires QPV.
Les deux Rectorats rencontrés lors de l’enquête réalisée pour le diagnostic soulignent une forte
ambition de mobilité internationale :
« Le projet de mobilité vient d’être renouvelé, avec un objectif de multiplication par 5 des
objectifs de mobilité d’ici 2019 – qu’elles soient entrantes ou sortantes. C’est un plan très
ambitieux ! On va inciter les établissements à déposer des dossiers auprès d’Erasmus+. Après
on n’est pas en croissance, on essaye de faire pareil à moyens constants » (Entretien avec un
acteur institutionnel).
Le diagnostic montre que les acteurs de la mobilité considèrent que l’Education Nationale joue un
rôle essentiel dans l’accès des jeunes à la mobilité. En effet, ils touchent un très grand nombre de
jeunes dans les écoles, les collèges, les lycées et les filières professionnels que les autres acteurs de la
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mobilité ne parviennent pas toujours à toucher. Il s’agit également du cas du Ministère de
l’Agriculture, qui est en charge d’établissements scolaires.
2.1.2.3. Le Ministère de l’Agriculture
L’action de la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la
Forêt (DRIAAF) en faveur de la mobilité internationale et européenne des jeunes s’appuie sur un
projet régional de l’enseignement agricole en Île-de-France23.
La DRIAAF est notamment responsable en Île-de-France de 20 établissements privés (lycées, CFA,
maisons familiales et rurales), et de neuf établissements publics (5 établissements agricoles, dont
trois lycées agricoles et un CFA ; deux établissements de l’Education Nationale et deux
établissements à enseignement adapté).
Dans ce contexte, la DRIAAF joue un rôle de financeur et d’informateur pour des établissements
souhaitant monter des projets de mobilité internationale (tableau 5).
Tableau 5 : L’action de la DRIAAF
Approche
La mobilité internationale et européenne est une mission du service « coopération
internationale » de la DRIAAF. C’est une approche spécialiste sur le volet de la
formation scolaire agricole.
Axes
Faire connaître et accompagner les établissements pour accéder aux dispositifs
existants : Erasmus+, appels à projets sur fonds propres, co-financements avec les
bourses de l’OFAJ (Brigitte Sauzay, Voltaire), Charles de Gaulle, Heinrich Heine (non
subventionné).
Publics
En 2013, l’enseignement agricole concerne 3700 élèves et étudiants ainsi que 2000
apprentis scolarisés. La DRIAAF considère avoir une approche globale de la mobilité,
avec une priorité sur la réussite des apprenants et l’élévation du niveau de formation et
de qualification, et sur le décrochage scolaire.
Tendance
Une approche territoriale de l’accompagnement des établissements de l’enseignement
agricole: mise en place de journées thématiques pour informer les jeunes et de
journées de formation pour accompagner les établissements vers la rédaction d’une
charte Erasmus.
Suite à la crise déclenchée par le virus de la grippe H1N1 en 2009 la DRIAAF a particulièrement
innové avec la mise en place en 2011 d’un outil de suivi des données sur la mobilité internationale,
HERMES, qualifié de « mémoire des mobilités ».
Alors qu’un rapport signalait des difficultés (lourdeur dans la saisie, problèmes informatiques liés à la
complexité des données, cet « outil de déclaration des mobilités sortantes des apprenants et des
agents des établissements d’enseignement agricole supérieur et technique, public et privé » est
désormais obligatoire 24.
Le diagnostic réalisé montre que la DRIAAF demeure un acteur peu connu par les autres acteurs de la
mobilité, bien que le Ministère développe une politique active sur la mobilité internationale. Plus
23
Projet Régional de l’Enseignement agricole en Île-de-France, PREA 2013-2018. 24
DRIAAF, Instruction technique, DGER/SDRICI/2017-32, 9 janvier 2017.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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encore, les logiques sectorielles sont fortes. Les services de l’Education nationale ne coopèrent pas
avec le Ministère de l’Agriculture dans le domaine de la mobilité internationale des jeunes.
2.1.2.4. Le Conseil régional Île-de-France : un acteur de plus
en plus en retrait
Historiquement, l’action du Conseil Régional en faveur de la mobilité internationale est importante.
Elle est définie dans le cadre de la politique régionale de l’enseignement supérieur et de la
recherche, ou bien dans l’axe formation et apprentissage du CREFOP (Comité Régional de l’Emploi,
de la Formation de l’Orientation Professionnelle).
En 2015, le Conseil Régional consacre par exemple plus de 16 millions d’euros à ses programmes de
mobilité. Il travaille notamment avec un réseau très important de prescripteurs (Information
Jeunesse, Pôle emploi, Missions locales) et des opérateurs (AFEC, APRECA, IERF) de la mobilité
internationale et européenne.
Depuis 2016 et le changement de majorité politique au Conseil régional, le Conseil Régional a
cependant mis fin à plusieurs dispositifs de mobilité (tableau 6):
Tableau 6 : L’action du Conseil Régional
Approche
La mobilité internationale et européenne est une mission transversale portée par
plusieurs services du Conseil Régional. C’est une approche généraliste pour tous
secteurs (recherche, formation et échanges scolaires).
Axes
En 2015, la Région propose 17 dispositifs d’accompagnement individuel des jeunes sous
deux formats (accompagnement pédagogique et aide financière). Elle propose par
exemple le dispositif AMIS pour les étudiants, et le dispositif Eurostart pour la mobilité
des apprentis en CFA.
Publics
Les dispositifs de la Région concernent un grand nombre de publics : lycéens, apprentis,
demandeurs d’emplois et jeunes de mission locales, avec en priorité la mobilité des
jeunes demandeurs d’emploi ou apprentis faiblement ou moyennement qualifiés, et des
jeunes issus des quartiers relevant de la Politique de la Ville.
Tendance
A la suite des élections régionales de 2016, le changement de majorité a
considérablement modifié le positionnement de la Région sur la mobilité. Les
programmes Eurodyssée et MobilAccess ne sont plus financés pour l’aide au départ des
jeunes en missions locales, des apprentis et des demandeurs d’emploi.
A l’heure de la réalisation de ce diagnostic, nous n’avons pu obtenir les raisons précises de ce retrait,
faute d’avoir pu enquêter auprès de l’institution.
La publication, par le Conseil régional, de son budget pour 2017, peut laisser transparaître deux
tendances : la mobilité des étudiants (stages et séjours d’étude) semble une priorité toujours
affirmée, à l’inverse de la mobilité des demandeurs d’emplois ou des jeunes des Missions Locales25.
Cette situation témoigne de la vulnérabilité des acteurs de terrain, qu’ils soient des opérateurs de
programmes institutionnels, ou bien porteurs de projets. En dépit du soutien des services Jeunesse
et Sport, notamment sur le volet politique de la Ville, la situation financière de certains acteurs de
25
Le budget ne fait plus apparaître d’actions fléchées mobilité internationale dans les chapitres « Jeunesse vie associative » (Annexe 2), « Action internationale et Tourisme » (Annexe 3), et dans le chapitre « Formation professionnelle, apprentissage et emploi » (annexe 4) https://www.iledefrance.fr/projets-deliberation
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terrain s’est ainsi dégradée suite au retrait du Conseil Régional. Ces acteurs de terrain ne disposent
pas d’un grand nombre de leviers flexibles pour remobiliser des financements sur un temps court.
2.1.3. Les acteurs de terrain : une forte fragilité sur le
financement de la mobilité
Les acteurs de terrain de la mobilité agissent à l’échelle régionale et locale pour mettre en place et
promouvoir auprès des jeunes des projets de mobilité internationale. Ces acteurs de terrain peuvent
jouer un rôle d’opérateurs spécialistes de la mobilité (accompagnement au montage de dossiers,
portage de dispositifs spécifiques) ou de structures plus généralistes. Il s’agit principalement ici des
associations, des Missions locales et des collectivités.
2.1.3.1. Les associations régionales: des acteurs
financièrement fragilisés
A l’échelle régionale, les associations régionales de la mobilité jouent un rôle important dans la
promotion des chantiers internationaux et du volontariat international. Il existe une dizaine
d’associations, regroupées notamment autour de la plateforme du COREMOB, dont Concordia, co-
porteur de la plateforme avec le CIDJ (Centre d’Information et de Documentation Jeunesse, et tête
de réseau du réseau Information Jeunesse)26.
Les associations régionales sont à la fois des informateurs avec une compétence généraliste
(Information Jeunesse), des opérateurs de dispositifs (quand ils mettent en place des programmes
de mobilité), ou bien des prestataires de service ayant une compétence d’expert de la mobilité sur
des programmes : des chantiers internationaux, service civique à l’international, etc. (Parcours Le
Monde pour le Conseil Régional avant 2016).
Les associations régionales peuvent coopérer avec des associations locales et clubs sportifs, pour
faire participer des jeunes en décrochage scolaire, notamment lorsqu’elles peuvent accéder à des
financements fléchés dans le cadre de la politique de la ville. A l’échelle locale, certaines associations
sont également très actives dans le soutien à la mobilité des jeunes (associations sportives,
associations thématiques, fédérations de centres sociaux).
Pour les associations locales, la mobilité est une activité centrale, tandis que pour d’autres c’est une
mission spécifique, parmi d’autres. C’est, par exemple, le cas de l’association Contrôle Z basée à
Rueil-Malmaison, dont le cœur de métier relève d’activités liées à l’utilisation du multimédia. Un des
5 pôles de l’association est l’Europe, via le « renforcement de la dynamique européenne des projets
de l’association. Service volontaire Européen, sessions de sensibilisation et de formation au PEJA »27.
Au cours des dernières années, la situation financière des associations s’est dégradée avec la baisse
de financements publics des pouvoirs publics (Ministères, Conseil Régional, collectivités locales). Les
associations, pour ces différentes raisons, travaillent surtout avec les services de l’Etat, notamment
dans le cadre de la politique de la ville, et le réseau Information Jeunesse pour informer et toucher
les jeunes. En revanche, elles ont des relations plus complexes avec l’Agence Erasmus+, considérée
comme un acteur très institutionnel. Il faut toutefois souligner, s’agissant du ministère en charge de
26
En collaboration avec Itinéraire international, Inter-Echanges, la Maison des volontaires, la Fédération des centres sociaux de Seine-Saint-Denis, Etudes et chantiers Île-de-France, et Rempart Île-de-France. Itinéraire International, suite à son dépôt de bilan, a été remplacé par Solidarités Jeunesse. 27
http://www.controle-z.net/europe-2.html
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la jeunesse, une augmentation importante des aides dédiées à la mobilité, via crédits des budgets
jeunesse et politique de la ville des DRJSCS et DDCS d’ile-de-France28.
2.1.3.2. Les missions locales : un acteur de la mobilité en
émergence
Le terrain d’enquête réalisé montre que certaines Missions locales peuvent être très actives sur la
thématique de la mobilité internationale lorsque la mobilité est perçue comme une expérience qui
compte dans un parcours professionnel. Certains projets de mobilité de missions locales ont été
ainsi déposés et acceptés par l’Agence Erasmus+.
Il existe en Île-de-France plus de 70 Missions locales, réunies en réseaux départementaux et au
niveau régional (ARML). Chaque Mission Locale porte des missions thématiques, la mobilité
internationale n’étant pas vue comme une mission en soi mais un moyen d’insertion sociale et
professionnel.
Leur engagement sur les questions de mobilité internationale est très variable selon les territoires.
Pour autant, les missions locales jouent alors un rôle d’information et de prescription des
dispositifs de mobilité auprès des jeunes (tableau 7).
Tableau 7 : Les actions des missions locales
Approche
La mobilité internationale et européenne est une action ponctuelle ou une mission
spécifique en fonction des priorités locales. C’est une approche spécifique sur l’insertion
sociale et professionnelle, « pour travailler sur un parcours ».
Axes
Une offre très large en fonction du profil des jeunes : développement personnel,
citoyenneté, et employabilité. Plus l’accent est mis sur le développement personnel,
plus les Missions Locales proposent des voyages en groupe29
. Elles peuvent aussi
proposer des informations sur le Service Civique et le Service Civique Européen30
.
Publics
Des jeunes en situation d’insertion sociale et professionnelle, notamment issus des
quartiers populaires. Les missions locales visent à remobiliser les jeunes peu ou pas
qualifiés, pour renforcer leur capacité à s’insérer socialement et professionnellement. Ils
s’inscrivent a priori largement dans une définition des jeunes en tant que JAMO (Jeunes
Ayant le Moins d’Opportunités).
Tendance
Moins de mobilité individuelle, et plus de mobilité collective, sur des thématiques de
compétences psychosociales, citoyennes ou professionnelles. Le retrait du Conseil
Régional ampute les Missions Locales d’un soutien financier pour les voyages collectifs
et permettre aux jeunes d’accéder à Erasmus.
Dans l’ensemble, si les Missions locales sont un acteur de la mobilité en émergence, le diagnostic
montre que les acteurs de la mobilité sont dans l’attente d’un plus grand engagement de celles-ci, et
que parallèlement à cette attente, leur offre de mobilité demeure encore très peu connue des
partenaires. Cela va de pair avec une faible présence des Missions locales dans les réseaux d’acteurs
de la mobilité internationale. Le maintien de leur positionnement est rendu plus incertain avec le
28
Compte-rendu, COREMOB, 9.10.2015, p.7 29
Kaleido’scope, « Actions innovantes pour développer la mobilité internationale des jeunes en mission locale et en apprentissage », Rapport d’expérimentation FEJ. Etude transversale, Juillet 2012. 30
Kaleido’scope, « Actions innovantes pour développer la mobilité internationale des jeunes en mission locale et en apprentissage », Rapport d’expérimentation FEJ. Etude transversale, Juillet 2012.
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désistement d’un financeur comme le Conseil Régional, qui contribue traditionnellement au soutien
de projets de mobilité.
2.1.3.3. Les collectivités locales : un engagement inégal et
incertain
Les collectivités locales sont impliquées de manière très variable dans la mobilité des jeunes.
L’enquête par questionnaire menée montre qu’il ne s’agit pas toujours d’une priorité et que le
dynamisme des associations locales sur la question peut être un facteur décisif dans l’implication des
collectivités.
Les collectivités sont principalement des financeurs de dispositifs de mobilité, quand elles ont mis en
place des actions ou une politique Jeunesse en ce sens, et donc d’associations sur ce thème. Elles
peuvent aussi financer l’activité du réseau Information Jeunesse (tableau 8) :
Tableau 8 : Les actions des collectivités locales31
Approche
La mobilité internationale et européenne est une action ponctuelle ou une mission d’un
service jeunesse. C’est une approche généraliste pour tous secteurs (recherche,
formation, échanges scolaires). Pour les collectivités, il s’agit également d’un enjeu pour
l’emploi associatif.
Axes
Organiser la mobilité non-formelle des jeunes ; coordonner les acteurs de la mobilité
non-formelle ; renforcer les capacités, encourager la coopération ; favoriser la
compréhension mutuelle entre jeunes de pays différents ; promouvoir le dialogue
structuré avec les jeunes.
Publics
Les communes peuvent chercher à aider une grande diversité de publics en fonction des
demandes locales (lycéens, apprentis, demandeurs d’emplois et jeunes de mission
locales), avec en priorité, dans certains territoires, des jeunes issus des quartiers
relevant de la Politique de la Ville.
Tendance
Une seule commune dans le 77 a structuré sa politique jeunesse autour de la mobilité
internationale. A cet égard, l’objectif prioritaire des services régionaux et
départementaux Jeunesse et Sport est de travailler sur des politiques de Jeunesse ou de
politiques éducatives locales avec les villes dans les contrats de ville.
Les travaux sur le sujet montrent que les collectivités sont souvent centrées sur leurs propres projets
locaux, avec des associations ou des missions locales, et s’inscrivent rarement dans des logiques de
coopération départementales ou interdépartementales32.
Dans ce contexte, les entretiens avec les structures enquêtées permettent également d’identifier de
nombreux freins : le manque de budget pour soutenir et communiquer sur les projets et les
dispositifs, l’absence de connaissance de l’action et de l’expertise des DDCS, la charge administrative
que représente le montage des dossiers, le décalage entre les attentes des associations et celles des
jeunes, l’absence de visibilité sur les chiffres et l’impact de la mobilité au niveau départemental.
Cependant, le terrain d’enquête du diagnostic permet d’identifier trois leviers de l’investissement
des collectivités : l’existence d’un jumelage entre deux communes, l’action locale d’une structure du
31
Analyse qualitative des réponses au questionnaire envoyé par la DRJSCS aux collectivités locales de la Région IDF, 2016. 32
Kaleido’scope, « Actions innovantes pour développer la mobilité internationale des jeunes en mission locale et en apprentissage », Rapport d’expérimentation FEJ. Etude transversale, Juillet 2012.
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réseau Information Jeunesse (BIJ, PIJ), ou bien l’action plus départementale d’un relais Erasmus+
(DDCS, association) et notamment l’existence d’un réseau d’acteurs sur ces questions.
2.2. Une hybridation des approches de la mobilité
Si l’analyse de la pluralité des acteurs de la mobilité fait clairement apparaitre l’existence de
différentes approches de la mobilité, le diagnostic montre ici que les frontières entre ces différentes
approches sont très poreuses car les acteurs de la mobilité tendent à articuler de façon très
pragmatique ces approches en fonction des besoins des jeunes et des partenaires33.
2.2.1. Les difficultés structurelles de la mobilité
Le diagnostic montre que l’ensemble des acteurs de la mobilité est globalement confronté à
plusieurs contraintes structurelles : une approche par les dispositifs, le caractère technique des
dossiers, et le coût de la mobilité l’accueil et l’hébergement des jeunes.
2.2.1.1. Une approche par les dispositifs
Le manque de visibilité et de lisibilité des dispositifs s’explique en grande partie par le fait que les
acteurs de la mobilité adoptent très souvent différentes approches et différents objectifs de la
mobilité internationale des jeunes (tableau 9).
Tableau 9: Les dispositifs de la mobilité : une forte sectorisation
Référentiel Objectifs Axes d’intervention Financeurs
Transversal
PEJA (Erasmus, Comenius,
Leonardo Da Vinci, Service
Volontaire Européen)
devenu Erasmus+ en 2014
Agence Erasmus+
« Epanouissement,
engagement »
Construction de la
personnalité, éveil à la
dimension
interculturelle de la
citoyenneté
Chantiers internationaux
et projets de volontariat,
Service Civique, Politique
de la ville (CGET/ANCV,
VVV-SI)
DRJSCS, DDCS,
collectivités,
associations
« formation
scolaire »
Acquisition de
compétences
spécifiques (langue,
etc.)
Echanges individuels ou en
groupe, bourses de
mobilité binationale pour
élèves, collégiens, lycéens
Ministère de
l’Education Nationale
(Rectorats), Ministère
de l’Agriculture
(DRIAAF)
« Formation et
insertion
professionnelle »
Acquisition de
compétences
professionnelles
Stages, formations,
dispositifs régionaux
(Mobil’Access)
Région Île-de-France,
Missions Locales, Pôle
Emploi
Hors cadre Objectifs spécifiques
aux porteurs de projet Mobilité projets
individuels ou collectifs
Collectivités,
associations
La comparaison de ces différentes approches montre, au premier abord, que la politique de la
mobilité peut être très facilement segmentée lorsque chaque acteur informe, dans son champ
33
CERQ, « La mobilité internationale des jeunes avec le moins d’opportunité : retour sur expérience », Note, 2011, pp.1-4 ;
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d’activité, sur ses propres dispositifs. En ce sens, les travaux sur le sujet montre qu’un frein important
de la coopération s’explique par le fait que des acteurs adoptent une approche dite « par les
dispositifs » de l’information sur la mobilité, centrée sur la promotion de ce dispositif34.
2.2.1.2. Le caractère technique de la démarche
Une deuxième difficulté structurelle de l’offre de mobilité, d’après les personnes enquêtées, porte
clairement sur le caractère technique de la démarche de réponse à appels à projets. Plusieurs
aspects sont soulignés : la connaissance des appels à projets, montage des projets, remplissage des
dossiers. Dans ce contexte, les associations prestataires de la mobilité sont considérées comme des
relais importants pour le conseil, l’accompagnement et l’aide au montage de projet, ou la
coordination de réseaux d’acteurs.
2.2.1.3. Les difficultés financières des opérateurs (coût de
l’accueil et de l’hébergement).
Un troisième frein, enfin, porte sur le coût même de la mobilité, notamment sur le volet de l’accueil
et de l’hébergement de jeunes, qui pénalise certains dispositifs comme le Service Volontaire
Européen et les chantiers de Jeunesse.
C’est d’une part le cas pour les Missions Locales, dont la mobilité n’est pas le cœur de métier. Elles
peuvent considérer que la mobilité est une solution beaucoup trop coûteuse sur le plan des
ressources humaines, pour un résultat faible concernant le nombre de jeunes touchés :
« Il y a des directeurs qui sont juste sur le cœur de l’activité, et qui ne veulent pas se
diversifier. D’autres ne sont pas convaincus que la mobilité est un facteur d’insertion sociale
et professionnelle ; Et puis la plupart du temps, c’est un savoir complexe qui demande de
connaitre les dispositifs et les acteurs. Et surtout cela prend beaucoup de temps dans la
construction et l’accompagnement du projet: ateliers de mobilisation, détachement d’un
conseiller pendant le voyage, et pendant ce temps les conseillers n’accueillent pas de public.
Donc les missions locales les plus petites le font seulement si appel à projet. » (Entretien
avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
La situation des associations, par rapport au manque de soutien des communes, est également
complexe. Elles tendent alors à se concentrer sur la réponse à appels à projets permettant d’avoir
une ligne de financement plus claire, quand elles en ont les moyens :
« Les associations sont en difficulté financière et ne peuvent plus assumer le coût du Service
Volontaire Européen. Moi je constate qu’elles n’ont plus les moyens de mettre 500 euros par
jeune pour les héberger. Et ce n’est pas une priorité pour les communes. Les nouveaux
contrats de ville, pourrait aider, mais peu de communes ne s’en saisissent. Et dans les
contrats de ville, il n’y a pas d’orientation sur l’Europe. On ne sait pas suffisamment
comment parler aux communes ». (Remarque d’un participant institutionnel lors d’une
observation pendant le terrain d’enquête).
Le diagnostic montre que dans l’ensemble, en raison de ces difficultés techniques, mais surtout
financières, l’offre de mobilité évolue actuellement selon deux axes : elle concernerait désormais,
pour certains acteurs (Missions Locales, etc.), moins de projets individuels et plus de projets
34
Kaleido’scope, « Actions innovantes pour développer la mobilité internationale des jeunes en mission locale et en apprentissage », Rapport d’expérimentation FEJ. Etude transversale, Juillet 2012.
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collectifs de mobilité ; elle viserait également plus des projets de départ des jeunes vers l’étranger
que des projets d’accueil. Ce constat, valable à l’échelle régionale, est cependant à nuancer puisqu’il
recouvre des réalités bien différentes selon les départements de la région Île-de-France.
2.2.2. L’acquisition de compétences par la mobilité : un
enjeu partagé
Depuis 2009 et le lancement du PEJA (2009-2013), la question des compétences acquises par les
jeunes lors de la mobilité, et de leur valorisation, est une priorité grandissante. Le diagnostic constate
effectivement que les différentes approches de la mobilité (engagement, éducation formelle,
insertion sociale et professionnelle) sont de plus en plus traversées par le souci de de renforcer et
valoriser les compétences acquises par les jeunes grâce à l’expérience la mobilité internationale.
2.2.2.1. Une mobilité d’initiation et d’engagement redéfinie
Le diagnostic montre d’abord que les acteurs faisant la promotion de l’épanouissement et
l’engagement des jeunes (chantiers internationaux, volontariat) s’interrogent de plus sur la
contribution de ce type de mobilité à l’employabilité des personnes.
La mobilité d’initiation et d’engagement des jeunes est d’abord de plus en plus considérée sous
l’angle de l’acquisition de compétences non-formelles ou formelles en raison de la redéfinition des
appels à projets (types de publics visés, objectifs à atteindre).
« Dans les orientations ministérielles et le programme Erasmus, les questions d’insertion et
de compétences sont devenues des priorités. Nous mettons l’accent dessus dans des appels
à projets. Donc oui c’est devenu un sujet central pour tout le monde ». (Entretien avec un
acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
La diffusion du questionnement sur les compétences de la mobilité est donc accélérée par les
services Jeunesse et Sport, qui considèrent la mobilité pour les publics en difficultés comme un
vecteur d’engagement et de citoyenneté pouvant ensuite être valorisé dans un contexte d’insertion
sociale et professionnelle :
« La mobilité internationale des jeunes constitue pilier de leur citoyenneté, et un facteur
déterminant de leur insertion sociale, voire professionnelle (…) en Île-de-France pour les
services de l’Etat»35.
L’objectif de développement de compétences sociales et professionnelles constitue ainsi de plus en
plus, dans les faits, un questionnement et une priorité plus important pour les associations, qui
dépendent des financements existants :
« Assez récemment, on s’est interrogé sur les compétences des jeunes dans la mobilité, et ce
n’est que récemment que l’on dit que les chantiers contribuent à l’employabilité ».
(Entretien avec acteur associatif de la mobilité, 2016).
Le terrain d’enquête montre ainsi que les acteurs de la mobilité s’interrogent de plus en plus sur la
nature des compétences à acquérir et acquises par les jeunes lors de différentes expériences de
mobilité. Les acteurs de différents secteurs cherchent ainsi de plus en plus à faire dialoguer
comment l’acquisition de compétences non-formelles (développement personnel, confiance en soi)
35
DRJSCS Île-de-France, « La mobilité européenne et internationale des jeunes dans les quartiers de la politique de la ville. Recommandations pour l’élaboration des contrats de ville en Île-de-France », avril 2015.
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renforce l’acquisition de compétences dans l’insertion sociale et professionnelle, au prisme de
l’employabilité des jeunes, et vice versa.
2.2.2.2. Une mobilité de formation scolaire de plus en plus
« apprenante »
Au-delà du secteur de l’éducation « non-formelle », le questionnement autour des compétences
devient également un enjeu de plus en plus central dans le champ de l’éducation « formelle »,
notamment pour l’Education Nationale.
L’évolution des circulaires, qui guide l’action des Rectorats franciliens, est d’abord révélatrice de
cette évolution. Depuis 2009 et la mise en place d’une stratégie européenne « Education et
Formation 2020 », la question des compétences clés de la mobilité a été affirmée :
« La mobilité apprenante, et particulièrement celle des jeunes, constitue en effet un
investissement éducatif efficace au service du développement des compétences clés, de la
lutte contre le décrochage scolaire, de l'employabilité, de la croissance et de l'inclusion
sociale »36.
La politique de mobilité dans un contexte scolaire a une longue tradition d’échanges structurée
notamment par les sections internationales des établissements, et des voyages scolaires. L’évolution
des circulaires mettent l’accent avec le temps sur une dimension plurielle des compétences :
« La mobilité européenne et internationale des élèves constitue un investissement éducatif
efficace au service du développement des compétences clés, de l'employabilité, de la
croissance et de l'inclusion sociale, ainsi que du renforcement de l'estime de soi et des
valeurs citoyennes de tolérance et de compréhension mutuelle. La mobilité est dans tous les
cas une mobilité « apprenante », qui s'accomplit à des fins d'apprentissage et s'inscrit dans
un projet pédagogique. Elle s'intègre, dans la mesure du possible, dans le cadre d'un
partenariat scolaire. D'ici 2017, 100 % des établissements d'enseignement du second degré
sont invités à nouer un partenariat scolaire et à engager des activités conjointes »37.
La réflexion sur ces compétences s’est affinée au cours du temps, en s’élargissant à l’idée de
compétences « citoyennes », « de tolérance et de compréhension mutuelle » issus du référentiel de
l’engagement. Pour autant, le référentiel scolaire reste ancré dans « les programmes officiels » :
« On a beaucoup de voyages scolaires qui ne sont pas forcément des pratiques de mobilité
internationale avec une plus-value pédagogique majeure. Et une des missions de la DAREIC
c’est d’essayer de faire une montée qualitative des pratiques pédagogiques dans la mobilité.
Cela consiste à considérer que la mobilité n’est pas une fin en soi, mais un projet plus global.
On leur demande de plus en plus de trouver un établissement partenaire à l’étranger : pour
que les jeunes rencontrent d’autres élèves là-bas, fassent des visites ensemble, etc. L’idée
étant que le plus possible, c’est modalités s’insèrent dans l’acquisition des compétences dans
les programmes officiels. » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
La dimension apprenante des échanges internationaux (lien social, apprentissage des langues)
devient désormais une priorité plurielle, éducative et professionnelle, alors qu’il ne s’agissait pas
nécessairement le cas des échanges scolaires des établissements jusqu’alors. La mobilité dans le
36
MENESR, Circulaire n°2011-116, du 3 novembre 2011. 37
MENESR, Circulaire n°2016-091, du 15 juillet 2016.
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champ scolaire dépend dans une large mesure du volontariat des enseignants, du travail en équipe
des enseignants. A cet égard, la question de la valorisation des expériences et des compétences
acquises durant la mobilité dans le cursus de formation est un enjeu clé identifié par les Rectorats.
2.2.2.3. Une mobilité professionnelle en questionnement
Les acteurs de l’insertion sociale et professionnelle s’interrogent depuis longtemps sur l’acquisition
de compétences dans la mobilité (notamment par l’existence de dispositifs d’accompagnement des
jeunes avant, pendant, après le voyage, et dans son évaluation)..
Pour autant, le diagnostic montre que la mobilité n’est ainsi pas seulement pensée comme un
vecteur d’acquisition de compétences professionnelles, mais aussi, pour les jeunes, comme un
moyen de prendre du recul sur leur parcours professionnels :
« Les jeunes peuvent découvrir un métier du tertiaire avec un voyage en Allemagne,
Angleterre, etc. Un travail avec l’AFPA permet de préparer ces jeunes sur la formation
linguistique. La Mission Locale fait aussi une préparation des jeunes sur l’interculturel, et
après ils partent en mobilité pendant 3 mois – après il y en a pas mal qui restent là-bas !
C’est une expérience efficace dans la découverte que ça génère. » (Entretien avec un acteur
institutionnel de la mobilité, 2016).
De ce fait, tous les acteurs de l’insertion professionnelle ne se limitent pas à une approche
uniquement centrée sur l’employabilité des jeunes. Dans les faits, le positionnement dépend de la
manière dont cette question est priorisée :
« Nous sommes beaucoup sur la question de l’épanouissement et de l’engagement, et celle
de l’insertion sociale et professionnelle. Cela dépend après des partenaires, et cela oriente le
choix des partenaires. On peut utiliser un voyage en Allemagne sur les radios livres, un
thème de découverte, pour travailler sur le deuxième volet. On prend des thèmes de
découverte, mais qui permettent de travailler l’engagement et la citoyenneté ; ou bien
l’insertion sociale et professionnelle. On va faire appel à des prestataires pédagogiques, et
des associations de jeunesse et d’éducation populaire. On est sur de l’informel, on n’est pas
sur des étudiants, qui sont habitués à être cadrés. » (Entretien avec un acteur associatif de
la mobilité, 2016).
La question des compétences professionnelles est alors centrale, mais les acteurs de l’insertion
sociale et professionnelle peuvent également chercher à donner aux jeunes la possibilité d’acquérir
des compétences « citoyennes » :
« Pendant longtemps, les Missions locales ont fait des groupes sur des opportunités de
voyage, passer quelques jours ou quelques semaines, et maintenant cela s’est plus
professionnalisé, sur des thématiques de compétences psycho-sociales, citoyenneté, ou
professionnelles. C’est aussi ce sur quoi les pouvoirs publics insistent ». (Entretien avec un
acteur associatif de la mobilité, 2016).
Les acteurs de la mobilité professionnelle s’interrogent sur la manière de toucher deux types
d’entreprises : les secteurs professionnels traditionnellement sensibilisés à la thématique de la
mobilité (secteur de l’hôtellerie, secteur du commerce/de la vente) ; et les entreprises du secteur de
l’ESS, qui sont considérées de plus en plus comme des acteurs pouvant proposer un grand nombre
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d’emploi, et qui peuvent valoriser par des expériences de mobilité internationale et compétences
non-formelles (engagement, épanouissement).
2.2.3. Un nouveau ciblage des financements vers les
publics en difficulté
La politique de mobilité en Île-de-France, bien que très sectorisée, a connu progressivement un
deuxième changement avec une forme de convergence des priorités des acteurs sur le ciblage de
publics en difficultés. L’incertitude liée à la redéfinition des programmes et des priorités de
financements, en ce sens, doit être nuancée. On constate en Île-de-France un ciblage plus spécifique
des publics en difficulté, en partie supporté par les financements de la Politique de la ville.
2.2.3.1. Les publics en difficulté, une catégorie de plus en plus
ciblée
Les dispositifs de mobilité sont généralement peu accessibles pour les jeunes en difficulté. Si les
dispositifs de mobilité sont nombreux, les études montrent qu’ils profitent surtout à un public très
qualifié (étudiants, jeunes diplômés, jeunes en recherche de stage), et qu’ils sont complexes et peu
lisibles pour que les jeunes les plus en difficulté (encadré 2).
Encadré 2 : Les JAMO et les quartiers prioritaires en Île-de-France38
Depuis les programmes européens de jeunesse, le Programme Jeunesse (2000-2006), et le Programme
Européen Jeunesse en Action (2007-2013), la notion de Jeunes avec le moins d’opportunités (JAMO)
s’est imposée dans les discours comme une nouvelle cible de politique publique, au départ
essentiellement portée par les services du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Sur le
plan théorique, elle concerne les jeunes ayant le moins d’accès à des opportunités économiques,
sociales, et également les jeunes en situation de handicap. La définition de cette catégorie varie
beaucoup selon les pays. En France, l’approche des JAMO en France est très territoriale, le territoire
étant considéré comme un facteur de situations économiques et sociales dégradées. L’approche des
Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) s’en inspire. De ce point de vue, sur les 700 communes
métropolitaines qui ont au moins un quartier prioritaire, 147 sont situées en Ile-de-France, et ce
chiffre est en augmentation dans les départements de Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise. A
l’échelle nationale, l’Île-de-France représente ainsi 30% des habitants des nouveaux quartiers
prioritaires39
. Cette catégorie a cependant été critiquée pour être relativement floue (puisque sur
chaque territoire, les jeunes peuvent avoir des caractéristiques très différentes) et peu opératoire
pour comprendre les difficultés individuelles des jeunes, mais pragmatique pour faciliter la
coopération d’acteurs institutionnels40
.
L’attention portée en Ile-de-France sur les jeunes en difficulté peut s’expliquer en partie par les
orientations européennes et nationales sur la question. De fait, les acteurs de la mobilité prennent
de plus en plus conscience des fortes inégalités autour de l’accès des jeunes à la mobilité
38
CEREQ, « La mobilité des Jeunes Ayant le Moins d’Opportunité. Retour sur expérience », n°293, octobre 2011. 39
DRJSCS, « Contribution de la DRJSCS : éléments d’introduction et de cadrage du dossier AP FEJ « Plateforme de mobilité », 2014. 40
INJEP, « L’accompagnement de jeunes ayant le moins d’opportunités. L’exemple du programme Envie d’agir », Cahiers de l’action, n°33, 2011.
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internationales41. Le diagnostic montre que les acteurs de la mobilité s’emparent de manière
pragmatique de la question des jeunes en difficultés.
2.2.3.2. Une adhésion des acteurs de la mobilité au ciblage
des jeunes en difficulté
Le diagnostic montre en effet la catégorie JAMO, critiquée pour son flou, est devenue une priorité de
plus en plus partagée entre les services de l’Etat, l’Education Nationale, l’OFAJ42, ou encore des
opérateurs soutenus par le Conseil Régional, au premier rang desquels certaines Missions Locales.
Cette priorité se trouve au cœur des préoccupations des services de l’Etat dans le contexte du
programme Erasmus+. Les critères varient alors selon le contexte (suivi par une mission locale,
niveau d’étude et résidence en quartier Politique de la Ville en règle générale, décrochage scolaire) :
« Les jeunes faiblement qualifiés, en particulier ceux inscrits dans les Missions locales, ainsi
les jeunes dont la situation sociale ou géographique (QPV) constitue, un obstacle sont des
publics prioritaires en Ile-de-France pour les services de l’Etat. Le contexte est favorable : les
budgets sont stables ou en augmentation (Erasmus+ : +40% 2014-2020) »43.
Elle peut être également partagée par des acteurs de l’Education Nationale, sur le prisme de la lutte
contre le décrochage scolaire :
« Cela s’est très clair pour le coup. Comme nous sommes une petite équipe, nous ne pouvons
pas nous occuper de tout le monde et les établissements et les élèves qui ont des facilités de
mobilité n’ont pas nécessairement besoin de notre aide. Donc nous avons clairement défini
une double priorité : les JAMO, ce que le Ministère de la Jeunesse appelle les JAMO, pour
nous clairement qui sont sur des territoires REP +, et les jeunes dans la voie professionnelle.
Dans cette voie pro, il y a clairement une obligation de stage, et c’est souvent un enjeu de
mobilité. » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
Le ciblage des jeunes en difficultés était également considéré explicitement comme un enjeu
mobilisateur pour la Région IDF jusqu’aux élections de 2016 :
« La participation de la Région Ile-de-France au programme Erasmus+ répond à plusieurs
enjeux : l’amélioration des compétences linguistiques et professionnelles (…), le
développement des compétences interculturelles et des savoir-être (…), l’accès des jeunes en
difficultés d’insertion sociale et professionnelle. Aussi la Région Ile-de-France sera-t-elle
particulièrement attentive à encourager prioritairement la mobilité : des jeunes
demandeurs d’emploi ou apprentis faiblement ou moyennent qualifiés, publics
traditionnellement éloignés des programmes de mobilité ; des jeunes issus des quartiers
relevant de la Politique de la Ville »44.
Dans ce contexte, la catégorie des « jeunes en difficulté » ou ayant le moins d’opportunités/de
facilitées, prise dans un sens très large, constitue un terrain de dialogue de plus en plus central
41
INJEP, « Le programme européen ‘Jeunesse en Action’ au défi de l’équité », n°32, 2016 42
OFAJ, JAMO : définitions selon les directives de l’OFAJ, 2015. 43
DRJSCS, « Contribution de la DRJSCS : éléments d’introduction et de cadrage du dossier AP FEJ « Plateforme de mobilité », 2015. 44
Conseil Régional IDF, « Rapport pour le Conseil Régional », Rapport CR 35-15, Juillet 2015, pp.5-6
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entre les différents acteurs institutionnels et associatifs de la mobilité. Autrement dit, elle facilite
une plus grande porosité entre les approches sectorielles des acteurs de la mobilité.
2.2.3.3. La recomposition des financements : une source
d’inquiétude
Certains diagnostics régionaux de la mobilité constatent qu’il existerait un recul des mobilités de
l’engagement au profit d’une mobilité professionnelle de plus en plus prégnante, liée à une évolution
du programme Erasmus+, des acteurs, et des demandes des jeunes45. Le diagnostic est ici plus
nuancé, puisque c’est d’abord la question de la recomposition des financements qui est en jeu.
Un certain nombre d’acteurs souligne ainsi que les conditions d’accès à des financements de
mobilité portent désormais plus sur des enjeux de mobilité professionnelle que des enjeux de
mobilité d’engagement :
« Globalement l’accès aux dispositifs s’améliore. Mais en 2015, certains financements de
Erasmus ont été coupés. Donc on va avoir tendance à réussir à monter des dossiers pour des
publics qui ont déjà suffisamment de financements, des publics plus aisés. On fait les
dossiers quand on peut, avec les moyens qu’on a. » (Entretien avec une association de la
mobilité, 2016).
Les acteurs s’interrogent en particulier sur le fait que les programmes européens, nationaux ou
régionaux puissent à terme favoriser la mobilité de demandeurs d’emplois ou des apprentis, au
détriment d’une mobilité étudiante considérée comme moins prioritaire :
« Il y a tout de même une baisse de dotation de Erasmus+, avec un financement de
dispositif de mobilité professionnelle Erasmus plus, de 6 à 8 semaines pour les jeunes ou
publics jeunes, et avec le retrait de la Région, les porteurs de projets ne voudront plus
demander ou s’exposer à des demandes notamment pour des publics qui ont besoin
d’aide. » (Témoignage d’un acteur de la mobilité lors d’un comité de pilotage du COREMOB,
2016).
Si la question de l’employabilité des personnes s’impose comme une priorité explicite ou implicite de
ce questionnement sur les compétences, cette situation ne signifie pas que la mobilité
professionnelle devienne l’unique prisme de lecture des acteurs de la mobilité :
« Je poserai pas les choses de façon aussi franche. Oui c’est un sujet central et dans les
orientations ministérielles et du programme Erasmus, les questions liées à l’insertion et aux
compétences sont des priorités. Mais la mobilité de l’engagement et la mobilité
professionnelle sont liées. Les deux sont liés. Et le rôle de l’Etat, c’est de jouer un équilibre.
Avec les financements de la politique de la ville, nous pouvons le faire. » (Entretien avec un
acteur de la mobilité, 2016).
Il apparaît alors ici que le rôle de l’Etat peut être central pour assurer un équilibre dans le
financement des différentes mobilités, notamment en raison des incertitudes ou des fluctuations
des financements Erasmus+ ou du Conseil Régional. La mise à disposition de crédits de la politique
de la ville, en 2015, pour financer des projets de mobilité internationale, constitue une opportunité
45
Diagnostic de la mobilité internationale Rhône-Alpes, 2015.
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supplémentaire de soutenir les publics en difficultés pour les opérateurs de mobilité (collectivités,
associations)46.
2.3. De fortes différences et inégalités selon les
territoires
La dynamique de l’offre de la mobilité internationale et européenne en IDF fait donc face à un
contexte difficile. Malgré un plus grand consensus sur le fait de cibler les jeunes en difficulté, la
question du financement se pose à l’échelle régionale, et de manière encore plus forte à l’échelle
départementale et infra-départementale. Il apparaît en effet très clairement que, en IDF, à l’échelle
régionale comme à l’échelle locale, la mobilité internationale et européenne est loin d’être
considérée comme une priorité politique partagée par les différentes parties prenantes.
2.3.1. La fragilité de la coopération départementale
Une première difficulté porte sur le fait que de nombreux acteurs opérateurs de la mobilité sont
davantage positionnés à l’échelle nationale ou régionale, que structurellement en capacité
d’accompagner localement les projets de mobilité.
2.3.1.1. Des acteurs surtout régionaux
Un premier constat est que les acteurs de niveau régional sont financés pour intervenir dans les
territoires – c’est le cas de l’ensemble des membres de la plateforme régionale qui ont reçu
240 000 € de subvention de la plateforme régionale autour des cet objectif ; c’est le cas également
des crédits de la politique de la ville.
Un deuxième constat est que les principaux acteurs de la mobilité, et notamment des acteurs de
terrain associatifs, sont principalement ancrés à Paris. Ils éprouvent de fait des difficultés à se
projeter sur les territoires :
« Le problème, c’est que les gros opérateurs, les associations, sont sur Paris. Ils ont des lieux,
qu’ils font des trucs, etc. Mais les projets sont portés par des associations nationales. Vous
verrez : l’IDF, c’est un concept – en réalité tout est parisien » (Entretien avec un acteur
institutionnel de la mobilité, 2016).
Il faut alors nuancer le constat d’une déconnexion entre le niveau régional et le niveau département,
en analysant comment leur situation géographique spécifique peut constituer un facteur
d’éloignement, et peser dans cette déconnexion :
« Il y a la focale sur les quartiers de politique de la ville, et nous cherchons à informer en
collaboration avec plusieurs associations en Île-de-France. Nos interventions couvrent
l’ensemble des 8 départements. Le 95 est en grande partie rural donc c’est un peu difficile.
Les forums ils durent une demi-journée, et c’est le bout de la région. Pour aller dans les
communes, c’est plus compliqué » (Entretien avec un acteur associatif, 2016).
De fait, il apparaît que si les acteurs nationaux ou régionaux (Agence du Service Civique, DRJSCS,
Rectorat, Associations) sont uniquement capables d’intervenir ponctuellement dans les
46
« La mobilité des jeunes constitue un axe essentiel dans le cadre de la mise en œuvre du contrat de ville », voir CGET, Cadre de référence sur la jeunesse dans les contrats de ville, 2014.
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départements, et principalement sur un volet d’information des acteurs de terrain et des jeunes, la
capacité des départements dépend fortement de la dynamique des systèmes d’acteurs locaux (DDCS,
Missions Locales, associations, collectivités) et de leurs moyens47.
2.3.1.2. Des réseaux départementaux plus ou moins forts
L’explication des tendances ci-dessus suppose de questionner l’existence ou non de dynamiques
départementales concernant l’offre de mobilité internationale, ou bien si les logiques sont situées à
des niveaux plus locaux (par exemple en raison du prisme de la politique de la ville).
Les entretiens avec les DDCS des départements permettent d’identifier des dynamiques
départementales différentes (tableau 10).
Tableau 10: Les moyens et ressources des départements48
Départements Nombre
de QPV49
Centralité géographique
Dynamique des réseaux
d’acteurs selon les DDCS50
Paris (75) 20 Forte – Capitale « Forte » (politique de la
commune)
Seine-et-Marne
(77) 24
Grande Couronne –Territoires
ruraux enclavés
« Soutenue »
(expérimentation AOLF)
Yvelines (78) 22 Grande Couronne - Territoires
ruraux enclavés. « Fragile »
Essonne (91) 39 Grande Couronne - Fort
éloignement du centre
« Soutenue »
(expérimentation AOLF)
Hauts-de-Seine
(92) 21 Petite Couronne
« Forte « (coopération
DDCS-associations)
Seine-Saint-Denis
(93) 63
Petite Couronne – Nombreux
territoires urbains enclavés « Fragile »
Val-de-Marne
(94) 43
Forte – Petite Couronne –
Nombreux territoires urbains
enclavés
« Forte » (coopération
DDCS-Mission Locale)
Val d’Oise (95) 41 Grande Couronne -Territoires
ruraux enclavés
« Pratiquement
inexistante »
Les entretiens avec les DDCS font émerger le constat suivante : la dynamique des réseaux d’acteurs
de la mobilité serait particulièrement forte dans certains départements (75, 92 94), soutenue dans
47
Ce qui est souvent une caractéristique des politiques sectorielles. 48
DRJSCS, Expertise Erasmus + J&S : contribution de la DRJSCS Île-de-France, Eléments de contexte régional francilien à l’attention de l’Agence Erasmus+, 17 novembre 2016. 49
Décret n°2014-1750, « Annexe : liste des Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville dans les départements métropolitains », Journal Officiel de la République Française, 31 décembre 2014. 50
Selon le croisement des déclarations faites lors des entretiens avec les différents enquêtés.
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d’autres départements (77-91), et beaucoup plus fragile dans d’autres départements (78, 93), voire
pratiquement inexistante (95).
2.3.1.3. Une réalité départementale très fragmentée
Ces facteurs peuvent apporter certaines explications concernant des dynamiques départementales
fortes : la situation socio-économique des personnes et du territoire (taux de chômage, familles
monoparentales), ou bien la proximité géographique avec le département de Paris, où se trouvent
les acteurs nationaux et régionaux de la mobilité.
Pour autant, la plupart des acteurs rencontrés dans le cadre de ce diagnostic partagé soulignent qu’il
est trompeur de parler de dynamiques départementales à proprement parler compte tenu de leur
grande hétérogénéité :
« L’échelle départementale n’est pas vraiment pertinente pour nous. C’est beaucoup du très
local et du très régional. Au niveau local, on travaille directement les communes, par
exemple avec les services jeunesses ou les associations de l’Information Jeunesse. C’est eux
qui organisent des forums, ils invitent, on discute des modalités. Ils mettent en place un
paquet de choses. Et c’est aussi cela que l’on partage avec les autres associations qui
travaillent sur les chantiers ». (Entretien avec un acteur associatif, 2016).
Ainsi, certains acteurs adoptent un point de vue plus contrasté avec les acteurs des DDCS, et les
points de vue peuvent être très différents selon les acteurs rencontrés et les types de dispositifs
concernés :
« Selon nous, le 77 c’est très loin derrière. Il y a peu de mobilité. En revanche, les
départements du 75, 93 et 94 sont les plus impliqués. Et pour les autres, notamment le 78,
95, 91, c’est en fonction des opportunités. Certains acteurs locaux n’ont pas les mêmes
budgets que les autres. La Ville de Paris, par exemple, a une politique très active. Dans le 94,
c’est le conseil général joue un rôle important. Par contre, dans le département du 91 nous
avons peu de projets, et dans le 78, c’est surtout de la mobilité individuelle. La dynamique
du 94, avec le conseil général, c’est vraiment un enjeu très politique, c’est un cas à part. On
le retrouve partout ». (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
De fait, les acteurs de la mobilité constatent le plus souvent qu’il n’est pas pertinent de penser les
dynamiques de mobilité en fonction de chaque département, mais bien plus à l’échelle de réalités
territoriales plus spécifiques, voire communales :
« Si l’on compare quatre départements : les Yvelines 78 dans le 78, les Hauts-de-Seine dans
le 92, l’Essonne 91 et le Val d’Oise dans le 95. Quand on regarde la sociologie et les
statistiques, on a une dynamique forte dans le 92, et en partie dans le 78. Mais le 78 est
iimmense ! Il est plus rural et plus difficile. Il y a les Muraux et Mantes la Jolie. Pour nous,
c’est plus compliqué dans le 91 et surtout le 95, qui ont moins de richesses. Mais le le 92, qui
doit être l’un des plus riches de France, il existe aussi des poches de pauvreté, sans
beaucoup de mobilité. Le territoire est riche, mais on a des disparités énormes ». (Entretien
avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016».
De fait, un des enseignements du diagnostic est qu’il est préférable de s’intéresser au
positionnement des communes, plutôt qu’aux réalités départementales très hétérogènes, pour
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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mieux comprendre les réalités des territoires : le niveau d’intérêt des acteurs, les besoins des
territoires, et les priorités d’actions.
2.3.2. Un faible intérêt des communes en IDF
L’analyse d’un questionnaire envoyé par la DRJSCS à l’ensemble des collectivités de plus de 1500
habitants de la région Île-de-France, soit plus de 600 collectivités locales, a permis de mieux préciser
les contours de l’offre de mobilité à l’échelle locale, avec 130 réponses obtenues auprès des
communes51.
2.3.2.1. Une priorisation très inégale
La question de la priorité accordée à la mobilité internationale des jeunes, pour les collectivités,
apporte une réponse beaucoup plus claire sur les tendances du portage politique de la question.
Il apparaît globalement que l’intérêt des collectivités pour la mobilité internationale des jeunes est
globalement peu important, puisqu’il dépasse la moyenne des répondants seulement dans un
département sur sept (64% dans le Val de Marne). Autrement dit, la mobilité internationale
n’apparaît pas comme une priorité majeure pour les communes de l’Île-de-France.
Il apparaît ensuite que l’intérêt effectif des collectivités varie fortement selon les départements,
(graphe 3).
Graphe 2: La priorité accordée à la mobilité internationale par les collectivités
A la lecture du graphique, il apparaît que l’intérêt des collectivités est globalement plus important
dans les départements du Val d’Oise (95) et Seine Saint Denis (93), et dans un degré moindre, dans
les Hauts de Seine (92) et dans les Yvelines (78).
Surtout, l’analyse du questionnaire montre que, contrairement à la vision des départements portée
par les DDCS, qui considère les départements du 92 et du 94 comme les plus actifs, et les
départements du 78, 93 et 95 comme les moins dynamiques, les résultats du questionnaire montre
51
Soit un taux de réponse de 21%.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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que les communes qui considèrent le plus la mobilité comme une priorité viennent justement du 78,
du 93, et du 95.
2.3.2.2. Une bonne connaissance des dispositifs
Les entretiens, lors du diagnostic, soulignent que le manque de visibilité et de lisibilité des dispositifs
auprès des communes est souvent une des raisons avancée pour expliquer le manque d’offre de
mobilité sur des territoires, notamment pour des jeunes situés dans des quartiers appartenant à la
géographie prioritaire.
A rebours de ces représentations, l’analyse des réponses au questionnaire permet d’abord de
constater que les collectivités locales en IDF disposent d’une connaissance relativement bonne des
différents dispositifs de la mobilité internationale des jeunes, du moins pour plus de la moitié d’entre
elles (graphique 2).
Graphique 2 : Taux de connaissance des programmes de la mobilité par les collectivités
La connaissance des dispositifs par les communes est particulièrement forte en ce qui concerne
certains d’entre eux : les chantiers internationaux de jeunes, le programme Erasmus+, les chèques-
vacances ANCF/CGET, et l’OFAJ, et plus faible concernant les programmes du Conseil Régional et de
l’OFQJ.
Une comparaison plus fine des résultats du questionnaire permet de constater que les dispositifs les
plus connus sont ceux qui sont portés directement par des associations (chantiers internationaux)
ou bien par les services Jeunesse et Sport (Erasmus+, chèque vacance ANCF/CGET), qui sont en
principe des acteurs plus ancrés à l’échelle locale que l’OFAJ, l’OFQJ, et le Conseil Régional.
Ce graphique a une signification importante pour comprendre le positionnement des communes. Il
signifie également que les collectivités, du moins dans le cas des chantiers internationaux et du
programme Erasmus+, peuvent considérer ou non la mobilité internationale comme une priorité
pratiquement en connaissance de cause.
Le diagnostic montre donc que dans l’ensemble, les communes connaissent relativement bien les
dispositifs de mobilité internationale, tout en considérant que la mobilité ne constitue pas une
priorité. Nous proposons d’interpréter ce résultat de la façon suivante : les communes ne sont
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absolument pas convaincues de la plus-value de la mobilité internationale pour des jeunes, et
notamment pour des jeunes ayant le moins d’opportunités.
2.3.3. Le portage politique de la mobilité : un enjeu en
construction
Promouvoir la mobilité internationale repose donc bien sur un double enjeu : valoriser des
expériences de mobilité internationale à l’échelle locale, et accompagner techniquement la
possibilité d’un portage politique. La question de dynamiser ce portage politique est un enjeu en
construction, pour le moment surtout porté par certains services Jeunesse et Sport, les associations
spécialistes de la mobilité et certaines Missions Locales.
2.3.3.1. La valorisation : un enjeu local
Si les réponses au questionnaire et la plupart des entretiens montrent que les communes perçoivent
rarement la mobilité internationale comme ayant une plus-value pour des jeunes sur un territoire
local, c’est bien la question de la valorisation de la mobilité internationale qui est en question.
Dans ce contexte complexe, même le recours aux contrats de ville et aux financements de la
politique de la ville ne constitue pas toujours un argument suffisant pour convaincre les communes
de soutenir des projets de mobilité.
« A un moment dans la cadre des contrats de ville, on voulait fixer des objectifs aux
communes : « on va vous financer X séjours ». Mais cela n’a pas du tout fonctionné, sauf
dans un territoire qui s’est donné un vrai objectif. Mais la plupart du temps, pour la plupart
des porteurs de projets, la mobilité n’est pas une priorité ». (Entretien avec un acteur
institutionnel de la mobilité, 2016).
Cependant, comme permet de le souligner l’extrait d’entretien ci-dessus, c’est en agissant sur la
perception de la mobilité internationale à l’échelle locale, en démontrant la plus-value des
expériences de mobilité, que le portage politique peut être renforcé :
« Après, en ce moment, dans le département, il y a une ville très demandeuse de la
politique jeunesse nationale. Ils ont vu que le Service Civique apporte des choses positives, et
maintenant ils vont, sur ce volet, vers la mobilité européenne des jeunes, ils vont essayer de
faire de l’accueil et même de l’envoi. Pour Les Mureaux, c’est plutôt la DRJSCS qui s’en
occupe ». (Entretien avec un acteur institutionnel, 2016).
Dans les quartiers de la politique de la ville, il semble que ce sont surtout les Missions Locales qui
permettent de rendre accessible la mobilité aux jeunes des quartiers prioritaires :
« Certaines Missions Locales sont très actives. Ce sont des gros porteurs de projets. Il y en a
une quinzaine dans le département, et certaines sont vraiment actives quand elles
considèrent la mobilité un véritable axe de travail pour elles, notamment avec du Service
Volontaire Européen. La mobilité est vue comme une expérience formatrice» ((Entretien
avec un acteur institutionnel, 2016).
A cet égard, il semble bien que, plus que la simple question des financements, c’est d’abord la
question des représentations (positives/ou bien négatives) de la mobilité par les élus et les services
techniques des communes qui est un facteur clé du portage du projet. Or ce portage politique peut
impacter de différentes manières l’offre de mobilité. Ce diagnostic propose de préciser alors les
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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différents leviers d’intéressement des communes à la question de la mobilité internationale des
jeunes.
2.3.3.2. Les facteurs politiques de la mobilité
Le diagnostic montre que dans de nombreux cas, la dynamique de l’offre de la mobilité dépend de la
qualité du portage politique de la question par les collectivités territoriales (communes et
départements).
A l’inverse, le portage politique de la question de la mobilité peut structurer une dynamique forte de
réseaux :
- la couverture du territoire par des collectivités locales engagées dans des logiques de
coopération internationale (jumelage, etc.) ;
- la mobilisation des associations et des Missions Locales sur l’information et l’accessibilité des
jeunes à la mobilité.
- un partenariat privilégié avec des acteurs départementaux de la mobilité, comme la DDCS,
qui peuvent s’appuyer sur des réseaux actifs ;
Le manque de portage politique peut impacter négativement l’offre de mobilité pour les jeunes à
plusieurs niveaux :
- un manque de financements pour l’accueil et l’hébergement de jeunes ;
- un manque d’intérêt plus global de l’ensemble des acteurs associatifs financés par les
collectivités (dont les Missions Locales) pour la question de la mobilité internationale ;
- un manque d’intérêt de la part de certains services de l’Etat vis-à-vis du manque de
dynamisme des réseaux d’acteurs locaux ;
Dans ce contexte, les entretiens avec les acteurs de la mobilité permettent de constater que
l’expertise des associations ou des services de l’Etat demeure encore très méconnue des collectivités
pour trois raisons majeures
2.3.3.3. La communication sur les territoires : un enjeu
collectif
Alors que de nombreux outils d’information existent déjà, ils sont surtout utilisés de manière
sectorielle, par chaque acteur, en fonction des dispositifs dont il a la charge. De fait la couverture
géographique des actions d’information très inégale selon les territoires concernés ;
La plateforme de mobilité constitue une réponse intéressante. Dans l’ensemble des forums organisés
par les acteurs associatifs et impliquant les DDCS/DRJSCS, dans les journées académiques avec les
rectorats, le témoignage par les pairs est systématique. Toutes les formations auprès du réseau IJ
insistent sur ce point.
Il manque cependant c’est un recensement / une accessibilité des outils d’information non
institutionnels, et de mieux définir les messages cibles de l’information. Cela peut se traduire, à
l’échelle régionale, par la volonté de mieux définir quelle est la plus-value des différents dispositifs de
mobilité, pour différents types de publics, et de repenser sous cet angle les outils de communication.
En nous appuyant sur les résultats des entretiens avec les acteurs régionaux et départementaux de la
mobilité internationale, et l’analyse croisée de leurs besoins, nous recommandons de mettre en
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œuvre plusieurs propositions pour « renforcer l’offre de mobilité internationale des jeunes »
(préconisation 1 du diagnostic).
A partir d’un problème clairement identifié, nous avons identifié le constat d’un contexte favorable
ou d’une opportunité pour agir, et une proposition (tableau 11).
Tableau 11 : Préconisation 1 : « Améliorer l’offre de mobilité internationale »
Objectifs Problème Opportunité Proposition Calend
rier
Enjeu 1
Un portage politique
très faible ou très inégal
de la mobilité
Les communes
connaissent, mais ne sont
pas convaincues de l’utilité
des dispositifs pour
l’engagement et l’emploi
des jeunes
Mieux identifier la plus-value
des expériences de mobilité
(quelles compétences pour
quels projets de jeunes), afin
de mieux informer les
opérateurs (communes) de
soutenir des demandes de
jeunes
2017
Enjeu 2
Une approche de la
mobilité sectorielle
« par les dispositifs »
Il existe un ciblage de plus
en plus fort des
financements sur les
publics en difficulté ou
ayant le moins
d’opportunité, les critères
de définition demeurant
flou
Elaborer progressivement un
référentiel partagé des
projets de mobilité, des types
de publics, des compétences
acquises, et des
caractéristiques pertinentes
pour le suivi de la mobilité.
2018
Enjeu 3
Un manque de
connaissance des outils
d’information non-
institutionnels
Le travail autour de la
définition des publics a
largement progressé, mais
demeure un enjeu clé de
la coopération des acteurs
Améliorer les outils de
communication qui valorisent
les projets de mobilité des
opérateurs (expériences et
témoignages de jeunes, par
exemple sous format vidéo).
2019
Pour alimenter la réflexion sur le plan de développement régional, un calendrier de réalisation des
propositions est proposé en partant de la proposition la plus réalisable à la plus complexe.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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3. Les chiffres de la mobilité européenne : un
enjeu très peu partagé
La région Île-de-France est la plus jeune de France : 20 % des jeunes de France habitent en Île-de-
France (soit près de 4 millions de jeunes), et 33 % de la population francilienne a moins de 25 ans. Le
diagnostic présente ici des données de la mobilité internationale des jeunes obtenues auprès des
différents acteurs de la mobilité internationale en Île-de-France, et le fait qu’il existe une très
grande disparité entre les départements. Plus encore, il existe une grande méconnaissance des
données de la mobilité en Île-de-France en raison du manque d’outils, notamment d’outils
partagés, et du manque de coopération des acteurs de la mobilité sur cette question.
3.1. Une stabilisation de la mobilité en IDF
La mobilité internationale pourrait concerner environ plus de 40 000 jeunes sur le territoire, en
tenant compte des estimations réalisées par la DRJSCS (6500 jeunes), des données partielles de
l’Education Nationale (plus de 16 500 jeunes pour l’Académie de Créteil sans les données des
Académies de Paris et de Versailles), et du Conseil Régional (plus de 18 000 jeunes).
3.1.1. Les chiffres Jeunesse et Sport.
Les statistiques globales de la DRJSCS Île-de-France pour 2014 et 2015 permettent d’avoir une vue
plus global des tendances de la mobilité des jeunes pour le secteur de la mobilité dite « non-
formelle » :
- Elles font état d’environ 5 000 jeunes franciliens concernés en 2014 par les différents
programmes de mobilité du secteur « non formel » autour de plusieurs tendances : 2500
au titre du programme Erasmus+ volet jeunesse et sports, 1800 de l’OFAJ ; 600 jeunes dans
40 chantiers internationaux ; et 350 JSI-VVVSI). La carte des chantiers internationaux est
présentée en annexe de ce diagnostic partagé.
- En 2015, la mobilité internationale « non-formelle » concernerait alors plus de 6 500 jeunes
franciliens. L’augmentation est due à une légère hausse du nombre de chantiers
internationaux (48 chantiers et 677 jeunes52) l’intégration dans les calculs : des chiffres du
programme ANCV/CGET, expérimenté en 2011 en Île-de-France et étendu à 1 000 jeunes
bénéficiaires franciliens en 2015 ; ainsi qu’au Service civique à l’international, qui tend à se
développer (220 missions portées par des associations d’IDF agrées ont été portées).
Un bilan du PEJA réalisé en 2015 met en évidence une activité en augmentation régulière,
fortement tournée vers l’envoi de jeunes: avec entre 2 et 3 fois plus de projets d’échanges financés
« hors France » par les partenaires, et 5 fois plus de jeunes envoyés qu’accueillis. Ces chiffres de la
mobilité européennes sont cependant « gonflés » par l’activité nationale des réseaux associatifs :
16% des projets portés par les acteurs de la région IDF ont un caractère national. Selon la DRJSCS, la
52
Cotravaux, Chantiers de bénévoles et de volontaires, Chiffres 2015.
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part de la Région IDF, bien qu’en progression constante, reste sous-représentée53. S’agissant des
programmes européens (secteur jeunesse), la Région IDF ne pèse en effet que 14 % du budget
national alors qu’elle représente 20% des jeunes (2014).
3.1.2. Les chiffres partiels de l’Education Nationale
Malgré plusieurs relances, les chiffres de la mobilité internationale des jeunes n’ont pas pu être
obtenus auprès des services de l’Education Nationale.
Seule l’Académie de Créteil a cependant permis d’obtenir des données pour l’année 2015 (tableau
X)54.
Tableau 12 : La mobilité internationale des jeunes dans l’Académie de Créteil en 2015-2016
Mobilités élèves Dpt. 93 Dpt. 94 Dpt.77 Total
Collèges publics 1691 1386 3456 6 533
Collèges privés 395 690 1267 2 352
Lycées publics 1210 1505 2710 5 425
Lycées privés 365 296 612 1 273
TOTAL 1 3 661 3 877 8045 15 583 élèves
Mobilités avec financement OFAJ
OFAJ - échanges domicile partenaire (DP)
n.c n.c n.c 972 élèves
OFAJ - échanges tiers-lieu (TL) n.c n.c n.c 59 participants
OFAJ - programme de motivation n.c n.c n.c 25 participants
OFAJ - programme B. Sauzay n.c n.c n.c 19 participants
OFAJ - programme Voltaire n.c n.c n.c 13 participants
TOTAL 2 n.c n.c n.c 1 088
TOTAL n.c n.c n.c 16 671
Il faut également souligner que d’autres mobilités ont été rendues possibles dans l’Académie de
Créteil : 9 projets de mobilité Erasmus et formation professionnelle, 9 projets de mobilité Erasmus et
BTS, 17 projets pédagogiques avec un soutien de la DAREIC, et 2 projets de mobilité franco-
allemande avec des financements SFA.
Au total, ce sont donc plus de 16 500 jeunes qui ont pu connaître une expérience de mobilité
internationale dans l’Académie de Créteil. L’absence de données en provenance des Académie de
53
DRJSCS, Expertise Erasmus + J&S : contribution de la DRJSCS Île-de-France, Eléments de contexte régional francilien à l’attention de l’Agence Erasmus+, 17 novembre 2016. 54
Source : Académie de Créteil, Mobilité des élèves 2015-2016.
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Paris et de Versailles ne permet pas d’avoir une vue globale de la mobilité internationale des jeunes
dans l’Education Nationale.
3.1.3. Les chiffres du Conseil Régional : une inconnue
L’analyse doit prendre en compte la contribution de la mobilité financée par le Conseil Régional, mais
sur ce point, nous ne disposons pas de sources fiables pour établir un constat argumenté55.
D’après les chiffres disponibles en ligne, il faut noter que la politique de la Région IDF sur la mobilité
internationale à permis en 2013 à plus de 18 600 personnes d’accéder à la mobilité, pour un budget
de 24 millions d’euros56. Plus précisément, le bilan concerne, pour les lycéens : 1320
bénéficiaires/1,183 M€, pour les étudiants : 18 600 bénéficiaires/9,191 M€, pour les apprentis : 5900
bénéficiaires/3,542 M€, et pour les demandeurs d'emploi/jeunes de missions locales : 1025
bénéficiaires/1,7 M€.
Dans l’ensemble, ces chiffres reposent sur des déclarations et non des bases de données, et ne sont
pas actualisés pour l’année 2015-2016.
3.1.4. Des dispositifs fragilisés : le cas du SVE
Le financement partiel du SVE par l’Agence Erasmus+ a connu des variations fortes entre 2014 et
2015 (tableau 13).
Tableau 13 : les projets financés en 2015 et 2016 par l’Agence Erasmus+ France et Jeunesse et Sports57
Projets financés 2013 2014 2015 2016
SVE (envois) 137 50 35 90
Jeunes suivis par une
Mission Locale
30 17 12 30
Au-delà de ces variations annuelles, il faut noter que l’envoi de jeunes en SVE par des Missions
Locales constitue une part importante des départs, qui constitue environ un tiers des départs,
indépendamment de la variation globale du nombre de départ.
La baisse du nombre de SVE peut s’expliquer par plusieurs facteurs : d’une part, la diminution du
budget SVE national entre la fin du PEJA et les premières années du programme Erasmus+, ainsi que
le taux de sélection important des dossiers qui peut décourager les acteurs ; d’autre part, le
désengament partiel du dispositif par le CIDJ en 2014/2015, et l’abandon du dispositif par
l’association Léo-Lagrange et par l’association Itinéraire International..
La dynamique du SVE s’améliore cependant en 2016 avec la reprise du dispositif du SVE par le CIDJ,
une montée en charge de l’association Solidarité Jeunesse, et la création d’une nouvelle association,
Parcours le Monde, née suite à la fin de Itinéraire International. Cette évolution entre 2013 et 2016
témoigne de la fragilité du dispositif.
55
Certains chiffres sont notamment évoqués dans certains documents, Conseil Régional, Rapport pour le Conseil Régional, 35-15, juillet 2015. 56
Entretien avec Gilles Bonnet, chargé de mission Partenariats Européens et Internationaux, Source site Web : Lesmétiers.net. 57
Pour les sources, voir : DRJSCS, Les chiffres clés Région IDF, 2015, DRJSCS, Bilan DU SVE 2014, DRJSCS, Bilan provisoire du SVE 2016 au 6 février 2017.
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3.2. De fortes inégalités entre départements
Ce constat général masque cependant de fortes disparités entre les départements, en raison de
nombreux facteurs : accès difficile à l’autonomie et au logement, forte proportion de jeunes
déscolarisés – notamment en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise et à Paris.
La principale difficulté est que les bilans de l’agence sont systématiquement faussés : ils
comptabilisent sur Paris, des projets des antennes régionales des grandes associations (Solidarités
jeunesse Midi-Py, PACA, Centre, Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Franche-Comté…, idem
Concordia…). Ces chiffres de la mobilité européennes sont cependant « gonflés » par l’activité
nationale des réseaux associatifs : 16% des projets portés par les acteurs de la région IDF ont un
caractère national. Autrement dit, les projets portés par les structures parisiennes intègrent
également des jeunes d’autres départements.
Les échanges avec les différents partenaires de la mobilité, lors de l’enquête menée pour ce
diagnostic, confirme cette analyse : il existerait à la fois, du point de vue de la mobilité des jeunes
et des moyens mis à disposition des acteurs, une forte inégalité entre les départements de l’Ouest
et de l’Est de l’Île-de-France.
3.2.1. Le SVE un équilibre
Sur le plan du SVE, il apparaît que la répartition est relativement équilibrée entre les différents
départements, du moins en se basant sur les chiffres du SVE datant de 201358 (graphique 1) :
Graphe 1 : La répartition des envois SVE par département en 2013
Cette situation s’explique par le fait qu’il s’agit du dispositif sur lequel l’Etat a le plus de moyens
d’action (financement et accréditation des structures), ce qui illustre l’effet d’équilibre joué par les
services de l’Etat. L’intervention de l’Etat, de ce point de vue, contribue à diminuer les inégalités de
territoires.
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DRJSCS, Les chiffres clés Région IDF, 2015.
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3.2.2. Le dispositif CGET/ANCV: une surreprésentation
parisienne
Certains efforts sur la mobilité des QPV n’ont pas, sur le court terme, facilité un meilleur équilibrage
de la mobilité sur ces territoires, comme en témoigne le programme CGET (Commissariat Général à
l’Egalité des Territoires)/ANCV (Agence Nationale des Chèques Vacances).
Mis en place depuis 2010, le programme visant ici à permettre une mobilité aux jeunes âgés de 16 à
25 ans, issus des quartiers défavorisés. Il s’agit de financements de séjours collectifs autonomes
(quatre jeunes maximum).
Le nombre de bénéficiaires du partenariat CGET/ANCV illustre également les inégalités
départementales fortes dans l’accès des jeunes à la mobilité (tableau 14).
Tableau 14 : le nombre de jeunes bénéficiaires du partenariat CGET/ANCV en 201559
Nombre de QPV Nombre de
projets
Nombre de
jeunes
% total de
jeunes
Hauts-de-Seine (92) 21 4 29 2,97 %
Paris (75) 20 47 496 50,81 %
Seine-et-Marne (77) 24 NC 25 2,56 %
Seine-Saint-Denis (93) 63 17 229 23,46 %
Val de Marne (94) 43 9 86 8,81 %
Val d’Oise (95) 41 6 111 11,37 %
Total Île-de-France 202 83 976 100%
L’absence, dans ce tableau, des départements de l’Essonne (39 QPV) et des Yvelines (22 QPV)
s’explique par le fait qu’ils n’ont pas déposé de dossiers pour bénéficier de ce dispositif.
Si l’Île-de-France a vu partir presque 1 000 jeunes en 2015 grâce à ce programme, le déséquilibre
entre les départements est particulièrement significatif, puisque la moitié d’entre eux vit à Paris, et
un quart en Seine-Saint-Denis qui permet à plus de 200 jeunes des quartiers politique de la ville de
partir en vacances.
Les jeunes des 6 autres départements franciliens, où existent de réelles difficultés socio-
économiques, se partageant le quart restant. Il est particulièrement notable de constater que les
Hauts-de-Seine (92) et le département de la Seine-et-Marne (77) sont particulièrement en retrait
concernant le nombre de projets et de jeunes concernés.
Cette différence peut s’expliquer par la priorité donnée à la mobilité internationale de jeunes dans
les territoires QPV. Ainsi, ce nombre est plus important en Seine-Saint-Denis que dans les autres
départements, et si le département de Paris dispose d’un nombre équivalent de QPV, la densité de
population fait que le nombre de jeunes concernés est probablement plus important.
3.2.3. Le dispositif VVV-SI : un meilleur équilibre
59
DRJSCS, Les chiffres clés Région IDF, 2015.
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Le dispositif VVV (Villes, Vie, Vacances)-SI (Solidarité Internationale) présente par exemple une
répartition plus équilibrée de la mobilité selon les départements (tableau 15):
Tableau 15 : le nombre de jeunes bénéficiaires du programme VVV-SI en 2015
Nombre de
filles
Nombre de
garçons Total % des jeunes
Hauts-de-Seine (92) 15 24 39 16,18 %
Paris (75) 17 17 34 14, 11 %
Seine-et-Marne (77) 20 4 24 9,96 %
Seine-Saint-Denis
(93) 31 27 58 24,07 %
Val d’Oise (95) 7 7 14 5,81 %
Val de Marne (94) 22 15 37 15,35 %
Yvelines (78) 25 10 35 14,52 %
Essonne (91) NC NC NC NC
Total Île-de-France 137 104 241
Si l’équilibre entre les différents départements n’est pas parfait, le programme VVV-SI cible de
manière beaucoup plus importante les départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Val de
Marne et Seine-Saint-Denis). Il s’agit cependant d’un « petit » dispositif de mobilité, ne faisant partir
que 241 jeunes en 2015.
3.2.4. Les sections internationales : le cas de Versailles
La comparaison de la répartition des sections internationales des lycées permet d’avoir un autre
regard sur cette question en fonction des moyens donnés aux établissements scolaires (tableau 16).
Tableau 16: Nombre de sections internationales
Académie Ecole Collège Lycée Nombre de
sections
Créteil 2 9 9 20
Paris 6 16 14 36
Versailles 25 31 23 79
Total IDF 33 57 46 135
Ainsi, la comparaison offre un regard très différent des autres données. L’académie de Versailles
dispose d’un nombre beaucoup plus important de sections internationales que les académies de
Paris et de Créteil, avec plus de 50% des sections internationales de la Région IDF. Cette différence se
constate autant au niveau des écoles, que des collèges et des lycées.
3.2.5. Les chantiers internationaux
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La comparaison des données concernant le nombre de chantiers internationaux organisés dans
chaque département (carte des campagnes 2014, 2015 et 2016 présentées en annexe 2) montre
également une forme d’équilibre entre les départements (tableau 17) :
Tableau 17 : Les chantiers internationaux en Île-de-France
Département 2014 2015 2016 Total
Hauts-de-Seine (92) 0 0 1 1
Paris (75) 2 3 4 9
Seine-et-Marne (77) 17 18 13 48
Seine-Saint-Denis
(93) 7 4 3 14
Val d’Oise (95) 3 4 2 9
Val de Marne (94) 6 4 2 12
Yvelines (78) 5 3 3 11
Essonne (91) 4 8 3 15
Total Île-de-France 44 44 31 62
A l’exception du département de la Seine et Marne (77), qui constitue une forte priorité, cette
situation d’équilibre peut s’expliquer par le fait que les associations régionales de la mobilité
chercher à créer des opportunités de mobilité avec des porteurs de projets (associations,
communes), situées dans la petite couronne.
3.3. Des données inconnues ou incomplètes
L’analyse de la mobilité internationale des jeunes en IDF est complexe en raison de l’absence de
bases de données fiables sur le nombre de départs et d’arrivées par dispositif, et selon chaque
département. Plusieurs facteurs sont à l’œuvre, notamment l’absence de moyens et le manque de
compétences de la part des acteurs institutionnels régionaux, ce qui affaiblit le pilotage d’une
politique de la mobilité et rend d’autant plus nécessaire un outillage des acteurs de terrain.
3.3.1. L’absence de moyens et le manque de
compétences
Le diagnostic permet de constater que les différents acteurs de la mobilité, dans une très large
mesure, ne disposent pas – ou ne souhaitent pas diffuser – de données sur la mobilité internationale
des jeunes.
A l’échelle européenne, le passage du programme PEJA au programme Erasmus+ s’est traduit par un
changement de politique : l’entrée « par programme » a été remplacé par une entrée
« thématique », l’Agence Erasmus+ n’étant pas dotée des moyens statistiques depuis 2013 pour
comptabiliser les départs et les entrées dans cette nouvelle formule du dispositif.
Plus spécifiquement, plusieurs raisons peuvent être avancées. Elles sont très différentes selon les
acteurs concernés :
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- les outils sont des outils nationaux ou européens. Leur harmonisation devrait se faire au
niveau national.
- certaines données sont uniquement détenues par des organismes extérieurs (Agence
Erasmus+, OFAJ) qui ne communiquent pas ou peu sur ces données aux autres acteurs parce
qu’elles ne disposent pas des outils ou des ressources humaines pour le faire ;
- la plupart des acteurs producteurs de données (Erasmus+, OFAJ, CGET,… Rectorats, DRJSCS)
ne proposent pas un outillage spécifique aux acteurs de terrain, à l’exception de certains
dispositifs (SVE).
- il s’agit, bien souvent, d’une question de moyens et de compétences en internes : les
structures ne disposent pas des ressources humaines pour traiter les flux de mobilité (mise
en forme des données, l’extraction de ressources et l’analyse des données).
- les données sont rarement comparables car les organisations ne disposent pas d’une même
culture statistique, et elles ne disposent pas des mêmes indicateurs (critère de définition des
publics, etc.). De fait, les croisements de données sont relativement pauvres.
- la nature des relations qu’entretiennent les différentes institutions avec les publics et
acteurs de terrain n’est pas la même : public captif et connu des établissements scolaires et
lien hiérarchique avec les rectorats d’un côté ; acteurs associatif évolutif, « aveugle », et
absence de lien hiérarchique avec les DRJSCS/ DDCS de l’autre
L’absence de données, de données partagées et d’outils de qualité pour comprendre les flux de
mobilité peut se traduire par plusieurs conséquences : les acteurs rencontrent de réelles difficultés
pour identifier et faire remonter les informations du terrain, pour comprendre les tendances de la
mobilité des jeunes, les besoins existants et les pratiques de financement de la mobilité (co-
financements de projets) en fonction des territoires, et pour mettre en place des actions partagées
pour répondre aux besoins des jeunes, notamment des jeunes les plus en difficultés :
3.3.2. Une évolution progressive des outils
Dans le cas de l’Education Nationale, le système de recensement de la mobilité des jeunes a
d’ailleurs évolué pour des raisons liées à la sécurité sociale, et aux risques d’attentats terroristes sur
le territoire.
Dans le cas du SVE, les données sont collectées par la DRJSCS sur la base d’un outillage propre à l’Île-
de-France, co-élaboré par la DRJSC et les associations d’envoi du SVE les plus représentatives
(Itinéraire International et le CIDJ). Dans le cas du SVE, un questionnaire est envoyé par la DRJSCS
aux structures d’envoi du SVE deux fois par an. Cette collecte de données est rendue possible par le
fait d’un nombre réduit de structures concernées (une vingtaine), et d’un système d’accréditation et
de financement qui relie les structures à la DRJSCS.
Pour autant, les structures concernées ne manquent pas de souligner la difficulté technique du
processus de collecte des données (manque de moyens et de ressources), ainsi que « la lourdeur du
processus administratif », considéré comme très chronophage. Certains acteurs locaux regrettent
surtout que les éléments « qualitatifs » de ces bilans ne soient pas mieux valorisés60.
60
Echanges informels avec certaines de ces structures lors de la restitution du diagnostic, mars 2017.
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3.3.3. Une priorité : en l’absence d’évolution des
politiques de suivi au plan national, outiller les
acteurs de terrain
La question des outils de suivi se pose en premier lieu au plan national : accès aux informations des
programmes Erasmus+ et de l’OFAJ ; harmonisation des indicateurs qualitatifs de suivi au plan
national afin d’évaluer la politique ministérielle.
Toutefois, alors que les acteurs régionaux et nationaux ne sont pas engagés ou bien outillés pour
mener une logique de partage des données de la mobilité, la priorité est davantage d’outiller les
acteurs de terrain pour qu’ils puissent permettre de faire remonter des données.
L’analyse croisée des entretiens avec les acteurs de la mobilité, et notamment de leurs besoins
partagés, nous permet de suggérer plusieurs propositions d’action pour « construire une politique
des données » (préconisation 2 du diagnostic) (tableau 19).
Tableau 19 : Préconisation 2: « Construire une politique des données »
Enjeux Problème Opportunité Proposition Calendrier
Enjeu 1
L’absence de
formations sur
l’évaluation
Les acteurs de terrain n’ont
que très peu temps/et de
compétences statistiques
Proposer des formations
pouvant démontrer l’intérêt
de partager des données et
favorisant la montée en
compétence des acteurs sur le
recueil et la mise en forme de
données.
2017
Enjeu 2
L’absence
d’indicateurs
sur les publics
La faible harmonisation des
indicateurs qui
permettraient de définir les
flux et les caractéristiques
des publics de la mobilité*
Identifier les critères et les
pratiques de production et de
gestion de données (jeunes
dans les territoires QPV,
jeunes aidés par des Missions
Locales, etc.).
2018
Enjeu 3
L’absence
d’outils de
qualité pour le
suivi de la
mobilité
Il existe des « bonnes
pratiques » sur la
construction d’outils, qui ne
sont pas mise en commun
Favoriser la co-construction
d’outils de suivi
(questionnaires et
formulaires) avec les acteurs
de terrain, simples à remplir
pour assurer un suivi des
profils et des flux de jeunes
2019
A cet égard, il existe des caractéristiques de publics qui peuvent se recouper : le nombre de jeunes
dans les sections internationales ; le nombre de jeunes dans les QPV ; le nombre de jeunes suivis par
une Mission Locale ; le nombre de jeunes en situation de décrochage scolaire. S’agissant du volet
Education non formelle, les indicateurs Erasmus+ et OFAJ sont ceux de l’UE (JAMO dans ses
différents éléments de définition) qui sont renseignés dans les bases de données E+, mais non
communiqués aux DRJSCS).
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La construction d’indicateurs communs peut être confrontées à la réalité de la diversité des
contextes et des acteurs concernés : 475 lycées en Id, mais 1 300 communes et 14 000 associations
(dont 25% du champ culturel, 10% sport, 10% loisirs, 6% éducation, 10 % social. La gestion d’un
questionnaire en IDF pour le secteur jeunesse et sport est difficilement réaliste.
Pour autant, le travail ne porte pas tant sur la création de nouveaux indicateurs que l’harmonisation
des indicateurs existants.
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4. Une coopération territoriale portée par des
réseaux thématiques
Cette troisième partie du diagnostic propose d’analyser les freins et les leviers de la coopération des
acteurs de la mobilité internationale en Île-de-France. Elle montre que l’action des réseaux de
professionnels (DDCS, IJ, Missions Locales, ERAEI) est trop hétérogène pour porter une politique
cohérente et efficace d’information et de coopération sur les territoires61. Le diagnostic montre que
la dynamique de coopération sur les territoires dépend de la capacité d’acteurs professionnels à
identifier des thématiques et des compétences complémentaires autour de la mobilité.
4.1. Les réseaux professionnels structurés
Les réseaux de professionnels sont structurés par des têtes de structurés par des acteurs centraux
(Etat, CIDJ, Rectorat).
4.1.1. Jeunesse et Sport : des réseaux plus ou moins
engagés sur la mobilité
La DRJSCS, décline à l’échelle régionale les priorités de la mobilité internationale Ville, de la Jeunesse,
et Sports. Elle entretient des relations régulières avec les services départementaux (DDCS), dont le
rôle, depuis 2011, a été recentré sur l’animation territoriale des politiques de jeunesse, et donc de
mobilité (conseil, formation, sensibilisation et contrôle de la qualité des dossiers).
Les DDCS doivent notamment contribuer à l’information sur la mobilité internationale à travers la
constitution, la formation et la professionnalisation d'un réseau de "relais d'information du
programme européen jeunesse en action", labellisés, dont les deux tiers sont membres du réseau
Information Jeunesse62. Pour autant, ce réseau a été abandonné en 2012, pour mieux directement
centrer l’action des DDCS sur le renforcement de l’animation et la formation du réseau IJ.
La mobilisation des DDCS est plus ou moins forte pour plusieurs raisons selon les départements
cependant :
- la question de la mobilité peut-être ainsi mise en concurrence avec d’autres dossiers, ou
déclassée, au sein de la DDCS ;
- la capacité d’action des DDCS, notamment sur l’animation territoriale, dépend largement du
temps qui y est consacré (de 10% à 30% selon les services) ;
- l’engagement des DDCS sur d’autres sujets (Information Jeunesse et Service Civique) permet
une plus grande transversalité de la politique Jeunesse car la DDCS rencontre plus
régulièrement ses interlocuteurs.
Lorsque les DDCS ne considèrent pas la mobilité comme une priorité, elles considèrent que cette
thématique est davantage une prérogative régionale. Dans ce cas de figure, la DRJSCS est une
61
Le Galles, P., Thatcher, M., Les réseaux de politiques publiques. Débat autour des policy-networks, 1997. 62
La DRJSCS n’a pas souhaité conserver le système de "labellisation (depuis 2012), Source : plan régional de développement 2012-2015
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variable d’ajustement : elle intervient ponctuellement à l’échelle départementale pour réduire les
inégalités de fait, et propose une animation de la question moins bilatérale que collective (journées
de formation sur les dispositifs, invitation à participer à des évènements, etc.)
4.1.2. Le réseau IJ : un acteur central au niveau local
L’action du réseau Information Jeunesse est un acteur généraliste de l’information des jeunes. Il
informe ainsi sur sept à huit thématiques (emploi, études, orientation, santé, mobilité internationale
culture et vie quotidienne, engagement et bénévolat). Le CIDJ, tête de réseau, est la tête de réseau
de l’Information Jeunesse, et l’interlocuteur privilégié des autres acteurs nationaux et régionaux63.
Le réseau Information-Jeunesse est animé et coordonnée à l’échelle régionale par le CIDJ (Centre
d’Information et de Documentation des Jeunes), qui fonctionne comme une tête de réseau, un
centre de ressources pour l’Information-Jeunesse, ainsi qu’une structure d’envoi en Service
Volontaire Européen (SVE) :
« Nous travaillons beaucoup avec l’Agence Erasmus plus et Agence Erasmus Plus jeunesse.
On les rencontre. Je vais à une rencontre de tous les acteurs de Ersamus+, et plus
régionalement on connait des acteurs (Mission Locales du bord de Marne). OFQJ, ESN, des
associations comme IERF, parcours le monde dans le cadre de la plateforme ». (Entretien
avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
Le CIDJ labellise et anime notamment le réseau Eurodesk, visant à proposer des informations
actualisées des dispositifs européens, et à accompagner les jeunes dans leur recherche
d’information. Il s’adresse aux professionnels de la Jeunesse, du réseau Information Jeunesse, et in
fine des jeunes :
« Le réseau Eurodesk existe dans 34 pays, et ne repose en France que sur le réseau
Information Jeunesse. Je travaille avec les DDCS dans le rôle de coordination du réseau
Eurodesk. Je contacte des personnes des DDCS pour avoir un avis labelliser des structures
Eurodesk. Qu’en pensez vous ? Est-ce qu’ils sont actifs ? » (Entretien avec un acteur
associatif de la mobilité, 2016).
De fait, la plus-value du réseau Information-Jeunesse est tout particulièrement efficace lorsque les
relations avec les services de l’Etat et avec les établissements scolaires sont bonnes, pour intervenir
dans des lycées et des collèges, même si les structures IJ tendent à avoir un rayonnement surtout
local :
« Dans notre département, les BIJ PIJ font des actions, mais en dehors de tout cadre. Ce
sont des structures municipales, donc c’est financé par la Ville. C’est le problème de la
mobilité : on dit « on va faire un schéma général », mais on raisonne toujours à l’heure des
dispositifs financés par l’Etat. Or il y a plein de jeunes qui partent sans argent, ou alors avec
des financements locaux. » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
Les entretiens avec les acteurs de la mobilité montrent alors que la mobilisation du réseau
Information Jeunesse est très aléatoire, et se traduit surtout par un rayonnement local. Si le réseau
Eurodesk est un centre de ressources jugé globalement compétent, il ne serait pas très dynamique –
63
Site du CIDJ: http://www.cidj.com/
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notamment parce qu’il manque de moyens car il ne constitue pas une priorité claire au sein CIDJ. Le
rôle, les missions et le réseau des structures IJ demeure ainsi relativement méconnu.
4.1.3. Le réseau des Missions Locales
Le réseau des Missions Locales est structuré à deux niveaux Dans chaque département, il est animé
par une association locale ayant une dimension départementale – donc sans statut spécifique, et à
l’échelle de la Région, il est animé par l’Association Régionale des Missions Locales (ARML). Les
missions thématiques sont alors principalement portées ou non par des acteurs locaux.
L’intérêt des missions locales pour la thématique de la mobilité est relativement inégal selon les
territoires, et les missions locales les plus mobilisées tendent à s’insérer dans des réseaux
thématiques ou territoriaux existants :
« Il y a des directeurs qui sont juste sur le cœur de l’activité, et qui ne veulent pas se
diversifier. D’autres ne sont pas convaincus que la mobilité est un facteur d’insertion sociale
et professionnelle. Et puis la plupart du temps, c’est un savoir complexe qui demande de
connaitre les dispositifs et les acteurs. Et surtout cela prend beaucoup de temps dans la
construction et l’accompagnement du projet: ateliers de mobilisation, détacher le conseiller
pendant le voyage, et pendant ce temps les conseillers n’accueillent pas de public. Donc les
missions locales les plus petites le font seulement si appel à projet. C’est un manque de
connaissance, d’envie, et de moyens, pour résumer. » (Entretien avec un acteur associatif de
la mobilité, 2016).
De ce point de vue, le point de vue est à nuancer car certaines association soulignent un certain
manque d’implication des missions locales sur la mobilité internationale, alors qu’il existe pourtant
une vraie attente des associations pour travailler plus avec les publics des missions locales :
« Notre attente, ce sont les missions locales. Clairement. Ils ne travaillent pas avec nous pour
deux raisons : souvent on part de très loin dans les explications pour les jeunes sur le fait du
volontariat plutôt que de trouver un emploi. Les missions locales cherchent surtout à placer
leurs jeunes. Un peu mieux depuis qu’il y a le service civique. On serait bien pour les publics
qu’ils accueillent. Je ne prétends pas que le volontariat amène à l’emploi, mais on pense que
sans compétences sociales, sans réseau, on ne peut pas accéder à l’emploi, et la mobilité peut
aider à cela. Cela contribue à l’employabilité aussi de faire des chantiers internationaux, car tu
rencontres des gens différents. » (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
Le réseau des Missions Locales est surtout animé et porté par des associations départementales très
actives sur la dynamique (dans le 93 et le 95). Elles font alors valoir une forte compétence dans
l’accompagnement technique des porteurs de projet pour monter des dossiers de financement :
« Ce qu’on cherche et qu’on trouve à la Mission Locale, c’est l’expertise technique du
dispositif Erasmus+ : ils savent monter des dossiers, obtenir des financements, etc. Ce qu’on
leur demande c’est de faire passer le message. Nous on ne leur demande pas de travailler
sur les jeunes, on leur demande de travailler pour convaincre des partenaires. » (Entretien
avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
Les relations entre les Missions Locales sont alors guidées par une logique d’horizontalité. La force du
réseau des Missions Locales est alors de fonctionner comme un réseau permettant d’identifier des
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priorités transversales, et de favoriser la circulation de l’information, plus que d’un réseau pouvant
proposer une offre unique sur la mobilité internationale des jeunes.
4.1.4. Le réseau Education Nationale/ERAEI
L’Education Nationale, dont l’action est structurée par les Rectorats à l’échelle académique, et les
DSDEN (Direction Académique des Services de l’Education Nationale) a également structuré un
réseau d’acteurs autour des ERAEI (Enseignants Référents pour l’Action Européenne et
Internationale) depuis 2009.
La logique des ERAEI, à l’origine, est de pouvoir mieux couvrir le territoire et les besoins en formation
des enseignants volontaires sur les questions de mobilité européenne et internationale. Ils
constituent plus de 170 personnes en 2016.
Les ERAEI peuvent jouer un rôle de relais de l’information pour identifier des besoins, des questions,
des problèmes afin de diffuser l’information de manière plus fine sur l’ensemble des territoires. Ils
peuvent également travailler en réseau entre eux, voir avec des acteurs du territoire :
« Ils travaillent déjà avec les collègues dans les établissements, le corps administratifs, les
comptables, car surtout dans le cadre du programme Erasmus plus, il y a un audit européen
très strict. C’est important d’être très blindé à ce niveau là. Je ne l’ai pas à l’esprit pour
l’instant de leurs réseaux locaux, c’est surtout des collectivités locales : communes, EPCI,
département, région » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
De fait, le travail en réseau des ERAEI demeure encore peu connu par l’ensemble des acteurs de la
mobilité, compte tenu de leur faible nombre, et de la faible culture du partenariat de l’Education
Nationale qui autorise peu les interventions d’acteurs extérieurs dans les collèges et les lycées :
« On intervenait dans des écoles assez ponctuellement. C’est difficile d’intervenir dans les
écoles à cause des agendas, et pour une deuxième raison, l’enseignement public voit d’un
mauvais œil des organisations privées ou des associations venir dans les écoles. On est une
association de droit privé, loi 1901.Les chances plus compliquées, c’est sur le champ de
l’orientation, mais même sur le champ de mobilité ce n’est pas évident. Tant que cela n’est
pas dans un cadre » (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
La coopération des acteurs de la mobilité avec les réseaux de professionnels de l’Education Nationale
se fait alors au cas par cas. Cette situation s’explique aussi par l’approche spécifique des publics de
l’Education Nationale, qui considère que
« La coopération n’est pas vraiment dans l’ADN de l’Education Nationale, qui considère que
les jeunes, c’est un élève dans une classe d’âge. C’est donc une vision assez impérialiste des
jeunes. Les CIO ont l’impression d’avoir le monopole des jeunes, alors que l’Etat a une vision
des jeunes plus comme une globalité. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, c’est que
l’Education Nationale pense qu’il est l’alpha et l’oméga de la jeunesse, et donc nous avons
peu d’appétence naturelles pour travailler le milieu associatif hors établissement. Après cela
dépend des sensibilités de chacun » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité,
2016).
Ainsi, le diagnostic témoigne d’un décalage important entre les attentes des acteurs de la mobilité
pour travailler avec l’Education Nationale, et la volonté de coopération qui est très variable selon les
établissements. De ce point de vue, il existe une inertie structurelle de la coopération entre
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l’Education Nationale et les autres acteurs, en dépit d’une forte demande (associations, autres
acteurs de la mobilité de formation).
4.2. Les réseaux thématiques autour de la mobilité
Le diagnostic montre que la vitalité des réseaux professionnels dépend largement de la manière dont
la mobilité est considérée comme une priorité par les têtes de réseaux, à l’image de la DRJSCS et de
l’ARML. La force des réseaux dépend également de l’adhésion des structures locales à cette
orientation, l’implication des DDCS étant très hétérogène sur la mobilité. La situation est plus
complexe du point de vue des réseaux thématiques, qui sont principalement structurés autour de la
question de l’accès à des dispositifs et leurs financements (Erasmus+, chantiers internationaux et
OFAJ)
4.2.1. Un réseau de référence : Erasmus+
Le réseau Erasmus+ est partiellement animé par l’action de l’Agence Erasmus+ et la DRJSCS à
l’échelle régionale, et par les DDCS, en coopération avec des associations, à l’échelle
départementale.
Les réunions sont organisées sous la forme de conférence ou de formations par l’Agence Easmus+ et
la DJRSCS. Ces réunions permettent aux participants d’échanger sur la transformation des
programmes, le Youth Pass, le SVE. Les réunions autour du SVE, par exemple, ont lieu deux fois par
an, et les structures porteuses reçoivent une accréditation tous les trois ans.
Ces réunions constituent un espace d’échange et d’information important pour l’ensemble des
acteurs de la mobilité (témoignages de porteurs de projets, ateliers pour identifier les freins et les
leviers, identifier les ressources documentaires, accompagnement à des projets d’écriture).
Dans ce réseau Erasmus+, l’Agence Erasmus+ joue surtout un rôle d’impulsion, de formation et de
centre ressource pour les autres acteurs. Le réseau Erasmus+ fonctionne donc avec une forte
fréquence de rencontre, et une déclinaison départementale lorsque les DDCS s’en emparent, comme
dans le 92.
La principale difficulté demeure, pour les acteurs de ce réseau, de parvenir à identifier les opérateurs
de mobilité (associations et collectivités), et d’accompagner les porteurs de projets intéressés dans la
réponse d’appels à projets.
La deuxième difficulté est d’informer de l’évolution du dispositif auprès des acteurs « non-
spécialistes » de la mobilité, notamment les collectivités et les associations :
« Il faut au moins deux ans pour la mise en place du programme, et ce n’est pas facile à
comprendre. L’agence Erasmus+ a une entrée par programme, mais nous on a une entrée
par publics, et c’est difficile de comprendre quels publics peuvent prétendre à quels types de
programmes. C’est comme cela qu’on travaille sur le terrain » (Entretien avec un acteur
associatif de la mobilité, 2016).
La coopération, dans les réseaux Erasmus+, est clairement structurée par des échanges et des
rencontres de réseaux professionnels distincts. Autrement dit, le programme Erasmus+ peut
constituer une dynamique de coopération à l’échelle départementale suffisamment forte pour
qu’elle rassemble des acteurs provenant de secteurs professionnels très différents. Le diagnostic
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n’identifie pas, cependant, de coopération interdépartementale sur cette thématique. Les logiques
de coopération sont plus interlocales.
4.2.2. Un réseau stabilisé : Cotravaux
Le réseau constitué autour des chantiers de jeunesse s’est structuré autour de la demande des
pouvoirs publics, réunis chaque année dans une logique interministérielle (DRAAC, DRIEU, DRJSCS),
et des associations et des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire constitués parfois
depuis la période de l’après-guerre.
Le réseau Cotravaux a été crée en 2007 en IDF et regroupe pratiquement tous les acteurs des
chantiers internationaux de l’IDF64. Il regroupe notamment les associations Jeunesses IDF, Service
Civil International, études ET Chantiers IDF, Concordia IDF, ainsi que les 25 associations du
Groupement REMPART IDF.
Le réseau Cotravaux constitue un espace de dialogue et d’échange pour les associations expertes de
la mobilité. Il bénéficie notamment de l’expertise d’un observatoire des mobilités internationale,
Observo, pour agréger des données sur les résultats des actions collectives menées en France, et
notamment dans la Région IDF.
Le réseau des associations est à la fois très dynamique et très actif à l’échelle locale, et très
dépendant du soutien financier des pouvoirs publics, notamment des services du Ministère de la
Ville, de la Jeunesse et des Sports, et de leur capacité à aller solliciter et convaincre des communes
de proposer ou d’accueillir des chantiers internationaux.
4.2.3. Une dynamique en émergence : le réseau OFAJ
Créé en 2005, suite aux émeutes dites « des banlieues », le réseau national « Diversité et
Participation » est né de la coopération entre les deux territoires régionaux de Paris/IDF et
Berlin/Brandebourg, lesquels sont liés par des accords de coopération.
Le réseau a notamment été porté à ses débuts, pour le côté français, par la Mission Locale des Bords
de Marne et la Mission Locale de Taverny. Les rencontres ont lieu chaque année alternativement en
France et en Allemagne, et sont portées par différents acteurs locaux (Mission locale des Bords de
Marne (94), ville d’Aubervilliers (93) et l’association Espoir 18 (Paris).
La coordination de ce réseau est assurée par l’OFAJ et par le Centre Français de Berlin. Son principal
atout repose sur sa capacité à mettre en relation des acteurs autour de thématiques transversales
telles que : l’identité et la perception de soi, la valorisation de la diversité, la formation
interculturelle, les cultures urbaines et l’engagement citoyen. Il est soutenu financièrement par la
DRJSCS depuis 2012 et participe au COREMOB
Avec un budget en hausse de 13,6% depuis 2009, le réseau génère de nombreux projets autour de
l’éducation formelle et non-formelle. Il a notamment contribué au lancement de 350 projets en 10
ans, pour toucher plus de 5000 jeunes65.
Pour cette raison, la DRJSCS, en partenariat avec l’association Union Peuple et Culture, a pour
objectif de mieux faire connaître les orientations pédagogiques, les actions et les réseaux de l’OFAJ,
64
Depuis 1959, le réseau Cotravaux est une coordination nationale qui regroupe pratiquement tous les acteurs des chantiers internationaux. 65
OFAJ, « Les 10 ans du réseau Diversité et Participation », Magazine, pp.8-9.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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notamment le réseau « Diversité et Participation », pour renforcer la dimension et le rayonnement
francilien du réseau.
4.2.4. Le retrait du Conseil Régional IDF : un
affaiblissement de réseaux thématiques
Le retrait du Conseil Régional et l’abandon de certains dispositifs a enfin impacté négativement la
coopération de plusieurs réseaux, notamment le réseau Information Jeunesse, des structures de Pôle
Emploi et des Missions locales, l’IERF, APRECA, AFEC, UEFO et Itinéraire International.
Les acteurs prescripteurs partenaires de la Région (Info-Jeunesse, Pôle Emploi et Missions Locales), et
leurs partenaires locaux, suite à l’annulation de financement, ont suspendu des projets de mobilité :
« Cela impacte le deuxième semestre des missions locales pour les voyages prévus,
beaucoup de voyages devront être annulés et on n’a pas vraiment de leviers pour
remobiliser des financements, à part des appels à projet. » (Entretien avec un acteur
associatif de la mobilité, 2016).
De fait, la coopération de ces acteurs a été directement touchée par la fin de certains programmes
de mobilité permettant aux jeunes d’accéder à des sources de financement (Mobil’Access,
Eurodyssé) :
« Avant, nous avions une convention avec les Pôles Emplois International. On faisait
intervenir les personnes dans nos évènements, et puis sur le premier forum du premier
parcours professionnel, avec la Région. Il y avait des interlocuteurs, les organismes d’envoi
soutenus par la région. Et les Mobil’Access. Mais il n’y a plus de convention, plus de
financement. » (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
Le retrait de la Région a également touché des associations jouant le rôle d’opérateurs de politiques
du Conseil Régional, désignées dans le cadre de marchés publics (IERF, APRECA, AFEC, Itinéraire
International) :
« Nous sommes dans une situation difficile, car nous avions un partenariat avec la Région
pour valoriser les parcours de mobilité, créer des outils d’orientation, afin de réduire le gap
entre mobilité et parcours de travail. Mais les marchés en cours ne sont pas renouvelés.
Notre légitimité est remise en cause, nous n’avons pu d’interlocuteur. » (Intervention d’un
acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
La baisse des financements a de fait contribué à diminuer la logique d’implication des réseaux
associatifs sur les questions de mobilité internationale au-delà des programmes abandonnés par le
Conseil Régional (par exemple l’association Léo Lagrange) :
« Le grand absent du programme Erasmus+, c’est région Nord IDF, c’est Léo Lagrange, qui
ne s’est pas présenté. Il y a vraiment des absents. » (Intervention d’un acteur institutionnel
de la mobilité lors du COREMOB, 2016).
Le diagnostic témoigne donc, avec le retrait du Conseil Régional, d’une fragilisation des réseaux
d’acteurs de la mobilité à différentes échelles qui impacte autant les réseaux professionnels, les
réseaux thématiques, que les prolongement de ces réseaux à l’échelle des territoires. Elle pose
également, avec le transfert de la compétence Jeunesse, pour les collectivités territoriales, de l’Etat
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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vers le Conseil Régional, la question de la capacité d’action future du réseau Information Jeunesse et
du CIDJ sur cette thématique de la mobilité internationale66.
4.3. Les réseaux territoriaux rares, mais solides
Dans ce contexte de fragilisation régionale des acteurs et des réseaux de mobilité, le terrain
d’enquête montre qu’il existe, dans certains départements, une réelle dynamique de coopération
entre des acteurs selon des logiques thématiques très territorialisées. La comparaison de trois
réseaux territoriaux dans des départements, deux réseaux dynamiques sur la mobilité internationale
des jeunes (92 et 94) ou un département moins actif sur la question (78), permet de préciser les
freins et les leviers de leur implantation.
4.3.1. L’importance du portage politique départemental
La question du portage politique au niveau du département constitue un facteur important de
coopération des réseaux, surtout lorsque ce portage est assuré par une personne historique du
territoire (connaissance des enjeux, « maturité » et contacts »).
La situation du département du Val de Marne illustre un autre exemple de coopération
départementale autour du programme Erasmus+. Elle repose sur un travail entre la DDCS et un
opérateur de mobilité, la MLBM (Mission Locale Bords de Marne), qui a une expertise historique sur
la thématique de l’insertion professionnelle. Le partenariat est d’abord rendu par une forte
implication de la DDCS sur la mobilité, au nom d’une approche « globale » des questions de jeunesse,
et d’une forte implication de la Mission locale, « tête de réseau » des ML du 94 sur la question de la
mobilité européenne.
La question du portage politique peut également impacter le positionnement des acteurs associatifs
locaux. Ainsi, certains acteurs sont considérés comme plus rassembleurs, car plus légitimes, sur
certains territoires, pour jouer un rôle de relais de la mobilité. Le diagnostic montre que le
positionnement « Jeunesse ». Dans le département du 78, c’est le réseau Information Jeunesse qui
anime des rencontres, et les jeunes ont surtout la possibilité d’accéder à des dispositifs de mobilité
autre que Erasmus+ : le Service Volontaire Européen, et les chantiers internationaux. Ce n’est pas le
cas dans le 94 :
« Quand on a lancé la dynamique Erasmus+, on a créé un réseau. Mais pas avec des
structures Jeunesse, parce que le problème des conseillers, c’est qu’ils ne travaillent que
dans le champ Jeunesse. La question qui s’est posée, c’était comment développer E+ dans sa
globalité sans se cantonner à notre petit pré carré Jeunesse. Donc on a réuni beaucoup de
réseaux, la Mission Locale, le Rectorat, la DSDEN. Ça marche parce que ça permet de
partager des informations, même si chacun est autonome dans son champ d’action. On a un
pilotage départemental : on se rencontre deux fois par an, c’est une réunion plénière, une
sorte de COPIL» (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
La comparaison de la situation des départements montre que le portage politique est une
construction avant tout collective. L’engagement d’une collectivité n’est pas sans une forte
implication de la DDCS. Autrement les actions d’information sont beaucoup plus rares, les
66
Loi Citoyenneté et Egalité, 22 décembre 2016.
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candidatures sont beaucoup moins fréquentes, et l’intérêt général des acteurs pour la mobilité en est
affecté.
4.3.2. L’identification de compétences
complémentaires
La capacité des professionnels à identifier des points de convergence entre les différents référentiels
de la mobilité (engagement, formation continue, insertion et formation professionnelle) prend
surtout corps dans leur capacité à identifier des compétences et des rôles complémentaires.
Les logiques départementales sont également plus fortes lorsque les acteurs les plus actifs de
réseaux professionnels et thématiques parviennent à identifier des compétences et des rôles
complémentaires.
- Le réseau Erasmus+ dans les Hauts de Seine (92) : une collaboration DDCS/IJ/associations
locales.
Cette coopération s’est structurée autour d’un relais départemental Erasmus+, piloté et coordonnée
par la DDCS autour d’un bilan annuel et d’un plan d’action. Ce positionnement multiple de la DDCS
permet alors de produire une plus grande transversalité dans la production et la circulation de
l’information à l’égard de l’évolution des dispositifs européens de mobilité. L’existence du réseau se
structure autour de la production d’outils. Ces quatre associations sont les suivantes : Contrôle Z à
Rueil-Malmaison (activités liées à l’utilisation du multimédia)67, la Fédération des Centres sociaux à
Nanterre, le réseau Information Jeunesse 92 hébergée à la DDCS, qui gère les BIJ et PIJ du
département ; et le Plus petit cirque du Monde à Bagneux. La coordination du relais est régulière,
formellement tous les 2-3 mois, pendant la mise en place d’action, et sur d’autres thématiques de
Jeunesse (animation du réseau Information Jeunesse et du dispositif du Service Civique).
- Dans le réseau Erasmus+ dans le Val de Marne (94) : la complémentarité des compétences
entre la Mission Locale et la DDCS
Le réseau dans le 94 témoigne de l’importance de la complémentarité des expertises des acteurs
départementaux ou locaux. La DDCSPP fait le développement d’un réseau d’opérateurs autour de
plusieurs tâches: « faire du contact, des forums, des réunions, identifier des partenaires, les mettre en
réseau, les mettre en contact, et après apporter une expertise administrative qui va leur permettre de
sortir des projets, concrètement. Donc notre expertise, elle est administrative ». La DDCSP considère
alors que la Mission Locale des bords de Marne dispose d’une forte expertise technique sur le
dispositif : monter des dossiers, obtenir des financements, pour accompagner les opérateurs
associatifs ou les communaux de monter des projets. Sous cet angle, les deux acteurs ont pu
construire une dynamique d’échange élargie en travaillant avec des associations, des communes, et
des acteurs de l’Education Nationale.
Il faut alors noter que dans certains cas de figure, que les acteurs de la mobilité dans les
départements manque de l’existence d’un acteur de terrain spécialisé sur la mobilité – à l’inverse des
départements du 92, avec les associations, et du 94, avec l’action de la Mission Locale. Plus encore, il
montre que le travail d’expertise des relais de la mobilité internationale fonctionne beaucoup
mieux en binômes, voir sous le format de collectifs de la mobilité.
67
Le site Internet de contrôle 2 : http://www.controle-z.net/europe-2.html
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4.3.3. Une priorité : construire des stratégies et des
projets de territoires
La construction de stratégies et de projets de territoire apparaît au comme un vecteur important
de mobilisation des réseaux territoriaux de la mobilité. Elle repose par exemple sur des
thématiques pertinentes avec les associations et communes locales du territoire.
C’est le cas, par exemple autour du sport et des clubs de foot dans le 94 pour l’accueil de SVE. Le
projet d’accréditation de l’accueil des SVE concerne alors plusieurs associations de football, afin de
mutualiser la dynamique de l’accompagnement.
L’analyse croisée des entretiens avec les acteurs de la mobilité, et notamment de leurs besoins
partagés, nous permet de suggérer plusieurs propositions d’action pour « structurer l’animation
territoriale de la mobilité» (préconisation 3 du diagnostic).
A partir d’un problème clairement identifié, nous avons identifié le constat d’un contexte favorable
ou d’une opportunité pour agir, et une proposition. Pour alimenter la réflexion sur le plan de
développement régional, un calendrier de réalisation des propositions est proposé en partant de la
proposition la plus réalisable à la plus complexe (tableau 20).
Tableau 20 : Préconisation 3: « Structurer l’animation territoriale en IDF »
Enjeux Diagnostic Constat Proposition Calendrier
Enjeu 1
Les réseaux
professionnels
ont une
mobilisation
inégale
Des acteurs ont des
compétences complémentaires
(partenariat et
communication/accompagneme
nt à la constitution de dossiers).
Identifier un réseau des
relais territoriaux sous la
forme, pour chaque
département, de binômes
ayant des rôles
complémentaires
2017
Enjeu 2
Les réseaux
thématiques
sont un niveau
de mobilisation
stabilisé
Les réseaux thématiques sont
trop dépendants d’une approche
par les « dispositifs »
Outillage d’une logique
d’accompagnement de
projet pour le réseau des
relais (liste de diffusion
commune, outil de
partage de documents)
2018
Enjeu 3
Les réseaux
territoriaux
sont rares, mais
thématiques
Les réseaux territoriaux ont
besoin d’un portage politique et
d’acteurs ayant des rôles
complémentaires
Permettre aux relais de la
mobilité de construire des
stratégies et des projets
territoriaux sur des
thématiques locales
(sport, etc.) en y associant
les parties prenantes les
plus pertinentes.
2019
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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5. Le COREMOB : une nouvelle dynamique
partagée
La création du COREMOB s’inscrit dans une logique de changement de « gouvernance » régionale
des politiques en faveur de la mobilité internationale des jeunes dans le cadre du chantier 10 du plan
priorité jeunesse et de la circulaire interministérielle (DJEPVA/DREIC/DGEFP/DGER) du 23.02.2015
relative à la mise en place des COREMOB).
Cette instance s’inscrit dans une logique interministérielle et un co-pilotage Etat/Région, la
coordination étant assurée par la DRJSCS. Les services de l’Etat ont notamment pour objectif de
soutenir la mobilité comme un axe prioritaire de développement de la Politique de la ville :
inscription de la mobilité internationale des jeunes dans la nomenclature de la politique de la ville et
dans les contrats de villes68.
Le diagnostic montre que si le COREMOB s’est bien intégré à la dynamique des acteurs et des
réseaux existants, son portage politique demeure problématique après le retrait du Conseil Régional
après les élections de 2016. Un autre enjeu de la dynamique du COREMOB porte sur la nécessité de
préciser l’articulation du COREMOB, ses axes d’intervention, et des actions de la plateforme
régionale de mobilité
5.1. Une dynamique réussie de mise en réseau
La cartographie des réseaux montre que le COREMOB apparaît comme une dynamique pertinente,
car partagée et concertée avec un grand nombre d’acteurs, même si des dynamiques de groupes ou
« clusters » peuvent exister. Dans ce contexte, le COREMOB est parvenue à capitaliser sur l’existence
de réseaux régionaux et départementaux existants. Pour autant, la question de son portage politique
et de son articulation avec la plateforme de mobilité, notamment à l’échelle départementale,
demeurent des points à questionner et renforcer.
5.1.1. Un réseau régional très polycentré
La cartographie du COREMOB s’est appuyée sur la construction d’une base de donnée à partir des
comptes-rendus et les listes de participants de différentes instances ou bien de différents
évènements (comités de pilotage et groupes de travail du COREMOB ou dans les départements, etc.).
5.1.1.1. La forme du COREMOB comme réseau
Les réseaux d’acteurs peuvent prendre plusieurs formes en fonction de deux grandes
caractéristiques : le degré d’intégration des acteurs (avec un fort centre de gravité, ou bien
polycentré), et le degré de segmentation des acteurs (format fracturé en étoile, ou bien dense sous
la forme d’un cercle).
A cet égard, il apparait clairement que le réseau d’acteurs autour du COREMOB est un réseau
polycentré, avec une faible segmentation des acteurs (graphe 2).
68
Cadre de référence CGET août 2014 ; circulaire SGCMAS du 21.10.2014 relative à la DNO 2015 ; instruction DJEPVA du 17.03.2016 relative aux COREMOB, document stratégique régional 2016 DRJSCS.
Graphe 2 : Le réseau du pilotage du COREMOB et de la plateforme de mobilité (2015-2016)
Cette configuration du réseau du COREMOB s’explique principalement par le fait d’avoir mis en place
une instance de pilotage et des groupes de travail ouverts aux acteurs régionaux institutionnels
classiques (Jeunesse et Sport, Rectorats, Conseil Régional, ARML, CIDJ), mais également aux
associations régionales de la mobilité et aux acteurs départementaux (DDCS) et locaux (collectivités
locales). En revanche, le réseau IJ est faiblement représenté, ce qui laisse à supposer que le CIDJ
centralise la participation du réseau Information Jeunesse dans le COREMOB.
5.1.1.2. Des communautés thématiques
Le travail de cartographie réalisé permet également de distinguer, certaines logiques de
regroupement des acteurs, regroupements appelés « sous-groupes » ou « communautés » (clusters),
en mesurant la densité de leurs relations (ici de la fréquence de leur rencontre dans le COREMOB).
La cartographie indique que les acteurs désignés par une même couleur ont tendanciellement
participé aux mêmes réunions ou bien aux mêmes évènements, sur l’ensemble des évènements
recensés dans notre base de données.
La cartographie ci-dessous représente plusieurs communautés au sein du COREMOB, identifiées par
calcul statistique de la densité de leurs relations, et caractérisée sur le graphe par une même couleur
(Bleue, Verte et Rouge).
- les types de communautés (Verte, Bleue et Rouge) regroupent des acteurs provenant
d’horizons très divers. Autrement dit, les communautés au sein du COREMOB ne
regroupent pas des acteurs selon une logique sectorielle ;
- ces communautés ne sont pas non plus structurées par des logiques territoriales claires,
même si certains acteurs de territoires identiques sont proches (DDCS 93 et Fédération des
Centres Sociaux 93).
Ce constat signifie que le COREMOB a bien permis aux acteurs d’aller à la rencontre de nouvelles
structures, dans des espaces de dialogues ouverts. Il est probable que l’organisation du COREMOB
autour de groupes de travail a contribué à structurer ces communautés.
Autrement dit, ce travail de cartographie ne signifie pas que ces acteurs ont nécessairement des
points de vue différents sur la mobilité, mais qu’ils ont pu être intéressés par les mêmes types
d’enjeux et de thématiques (graphe 3).
Graphe 3 : Les communautés du COREMOB et de la plateforme de mobilité69
69
Le travail de l’association Itinéraire International est désormais remplacé par Parcours Le Monde.
5.1.2. La centralité des acteurs au sein du COREMOB
La cartographie des réseaux d’acteurs permet également de mesurer statistiquement la centralité
des acteurs.
Nous proposons ici de mesurer deux types de mesures de centralité pourront être effectués : la
centralité de degré (les acteurs possédant le plus de relations), et la centralité d’intermédiarité (la
capacité d’un acteur à mettre en relation d’autres acteurs). Ces résultats permettent de tirer des
observations importantes pour l’animation du réseau de la mobilité.
Il faut d’abord souligner que les acteurs de la mobilité sont nombreux à avoir un grand nombre de
contacts (centralité de degré). En comptant le nombre de contact de chaque acteur, il est possible de
constater que, en moyenne, chaque acteur est relié à 30 autres acteurs. Les 10 premières structurent
disposent d’un score entre 35 et 42 contacts.
Une comparaison plus fine des mesures de centralité montre que les acteurs les plus centraux en
termes de contacts sont de nature variée et qu’il n’existe pas une forte centralisation du COREMOB.
Il s’agit bien d’un portage politique large et partagé (tableau 21).
Tableau 21 : Centralité de degré des acteurs du COREMOB
N° Acteur
(centralité de degré) Catégorie
Membre de la
plateforme
1 Concordia (46) Association Oui
2 DRJSCS (46) Ministère JEPVA Oui
3 ARML (42) Service public de l’emploi Non
4 IERF (42) Association Non
5 Rectorat Versailles (42) Education nationale & Ens. Sup. Non
6 CIDJ (41) Réseau Information jeunesse Oui
7 Région IDF (41) Collectivité locale Oui
8 Solidarités jeunesse (41) Association Non
9 DDCS 77 (40) Ministère JEPVA Oui
10 DDCS 93 (40) Ministère JEPVA Oui
Cette analyse comparée des acteurs les plus centraux confirme l’idée qu’il existe une grande diversité
de structures particulièrement impliquées dans le réseau.
En moyenne, pourtant, l’analyse de la centralité des acteurs/opérateurs de l’Education nationale et
de l’enseignement supérieur montre qu’ils ont une centralité de degré bien plus faible que les autres
(22 contre 32 en moyenne – soit 10 contacts noués de moins). Ce résultat souligne qu’ils sont
probablement dans une logique de réseau avec un petit nombre d’acteurs sélectionnés.
A l’inverse, les acteurs du Service Public de l’Emploi (SPE), tels que Pôle Emploi et les Missions
Locales, ont une très forte centralité de degré (12,3 contre moyenne de 6,4) et à l’inverse les
associations très faible (0,9). La présence de Pôle Emploi (PE) est fragmentée (PE International,
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National, Île-de-France) parce que ses différents acteurs utilisent des outils communs et qu’ils
souhaitent articuler les différents niveaux (national, francilien, etc.).
5.1.3. Les réseaux départementaux : l’exemple de
l’animation des réseaux 77 et 91
Pour réaliser la cartographie de réseaux départementaux, nous nous sommes appuyés sur la
construction de plusieurs bases de données à partir des comptes-rendus et les listes de participants
de différentes instances ou bien de différents évènements.
L’analyse de la cartographie de l’animation des réseaux départementaux par AOLF et les DDCS 77 et
91, permet d’éclairer sous un autre jour les logiques de réseaux à l’échelle interdépartemantale
(graphe 4).
Graphe 4 : Les réseaux de l’animation par AOLF et les DDCS 77 et 91
Cette cartographie montre que les acteurs du COREMOB peuvent être impliqués dans des réseaux
départementaux : elle permet d’identifier des acteurs déjà présents dans le COREMOB (AOLF, mais
également DRJSCS, DDCS 91, Jeunesse pour le Monde, Itinéraire International et Le Plus Petit Cirque
du Monde).
Il est possible de comprendre à travers cette cartographie départementale, comment mieux
articuler échelle régionale et échelle départementale, mais également par quels acteurs régionaux
identifier des acteurs locaux, puisque certains acteurs régionaux peuvent jouer un rôle de relais
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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pour des acteurs régionaux vers des acteurs du territoire. Il faut cependant noter que l’association
AOLF a arrêté son activité au début de l’année 2017.
5.1.4. L’enjeu de l’association des collectivités locales
La comparaison des deux cartographies (COREMOB et expérimentation AOLF) fait apparaître deux
résultats principaux concernant la nature des acteurs impliqués, et la nature de leurs relations ;
Il faut d’abord noter que si les acteurs institutionnels et associatifs sont des acteurs centraux,
certains réseaux et groupes d’acteurs rassemblent des communes engagés sur des dispositifs de
mobilité :
- à l’échelle régionale, les acteurs mobilisés sont avant tout des acteurs institutionnels et des
têtes de réseau associatives. Il y a une réelle mise en lien, notamment grâce au Comité
régional de la mobilité qui favorise les rencontres entre acteurs qui, traditionnellement,
agissent plutôt de manière sectorielle (Education nationale pour les élèves, Missions locales
pour les jeunes en insertion, etc.).
- à l'échelle départementale (Essonne et Seine-et-Marne), une animation de réseau par une
association mandatée à cet effet (AOLF), faisant intervenir un nombre élevé de collectivités
locales et des associations locales (participation à des formations, des temps d'échanges,
etc.).
De fait, la question de la coopération avec les communes peut être approfondie sous plusieurs
angles. Deux grands enseignements peuvent en être tirés concernant les logiques de coopération
d’acteurs, et surtout l’articulation de l’échelle régionale et de l’échelle locale :
- l’échelon régional est le niveau institutionnel : les têtes de réseau s’y mêlent. C'est là où se
partage l'information, où se construisent les plans d'action. Il s'agit aussi du lieu d'où sont
impulsées les décisions. L’échelon départemental est, en comparaison, le niveau où se
développent et se mélangent les réseaux des associations et des collectivités locales. C'est le
réseau des acteurs "de terrain", qui sont en contact direct avec les jeunes et peuvent les
accompagner dans la construction de leur projet de mobilité ;
- l'articulation entre les acteurs locaux et régionaux se fait, en grande partie, par
l'intermédiaire des réseaux déjà institués et structurés, avec un système de représentation
des acteurs locaux au sein du Conseil régional de la mobilité (le CIDJ y représente les BIJ et
PIJ, l'Association régionale des Missions locales y représente les différentes Missions locales,
les Rectorats y représentent les établissements scolaires, etc.).
Cependant, alors que les communes et intercommunalités s'impliquent, à l'échelle locale, dans les
réseaux de la mobilité - démontrant un réel intérêt pour ces enjeux - elles ne sont pas représentées
au niveau régional et sont donc éloignées des canaux de diffusion de l'information, voire peu au fait
des possibilités d'accompagnement technique au montage de projets pour les jeunes.
Les collectivités ayant des champs de compétences distincts, il n’existe pas de représentants des
collectivités territoriales pouvant contribuer à structurer un réseau de collectivités engagées sur des
dispositifs de mobilité.
Cette comparaison de deux cartographies permet donc d’identifier des pistes de partenariats. Il
s’agira, probablement, d’un enjeu fort à travailler pour améliorer l’efficacité des politiques régionales
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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de mobilité internationale des jeunes : comment ouvrir les réseaux existants de mobilité aux
collectivités territoriales? Par quel intermédiaire les associer?
5.2. Le COREMOB : une démarche de co-construction à
confirmer
En plus de fédérer différents acteurs et réseaux de la mobilité, comme nous venons de le voir, la
création du COREMOB, à bien des égards, vient également donner une nouvelle impulsion politique
aux enjeux de la mobilité internationale. Depuis sa création, le COREMOB est devenu une instance de
dialogue et de coopération reconnue (groupes de travail et plateformes régionale), bien que le
retrait du Conseil Régional ait déstabilisé le portage politique de l’instance, et provoqué un effet
démobilisateur et une forme d’inertie parmi les participants.
5.2.1. Une réponse claire à un réel besoin de
coopération
La co-construction territoriale est un mouvement en émergence qui irrigue les politiques publiques
depuis quelques années et se définissent autour de trois critères : lorsque les acteurs identifient des
priorités pour un dialogue territorial régional, pour des partenariats entre organisations, et pour des
expérimentations collectives70.
En tenant compte de cette grille de lecture, il est possible de noter que le COREMOB vient relancer
une dynamique d’échange et de coopération après le passage du programme PEJA au programme
Erasmus+ surtout sur le premier, et dans une certaine mesure, sur le deuxième volet. En revanche, il
ne s’agit pas encore d’une instance porteuse d’expérimentations et d’innovations spécifiques.
5.2.1.1. La disparition du comité régional du PEJA et ses
conséquences
Entre 2007 et 2013, le PEJA (2007-2013) était animé par un comité régional travaillant avec des
partenaires associés, dont le Conseil Régional, avec pour mission de sélectionner des dossiers de
financement lors des jurys (connaissance fine des dossiers dans les départements, traitement
statistiques), et permettait une formation in extenso des acteurs de la mobilité.
Avec la mise en place du programme Erasmus+ et la constitution de jury nationaux, cette dynamique
régionale a perdu de son ampleur. Le traitement des dossiers est désormais réalisé dans des jurys
nationaux, auxquels peuvent participer la DRJSCS et les DDCS, mais la dynamique de collaboration
régionale n’existe plus.
« Il y avait le PEJA (programme de la jeunesse en action, qui avait un rôle de coordination
dans le secteur, d’analyse croisée des dossiers des uns et des autres). Depuis cela a changé,
maintenant ce sont des experts externes. Maintenant, avec le COREMOB, on est autour de
la table pour se mettre d’accord. » (Entretien avec une association de la mobilité, 2016).
Le COREMOB constitue, à cet égard, pour un grand nombre de participants, une réponse claire à un
besoin de coopération autour de plusieurs axes qui ont été définis conjointement par les principaux
partenaires institutionnels lors des premières rencontres. Jusqu’à présent, il constitue davantage une
70
Le RAMEAU, Le référentiel de la co-construction territorial, 2016, p.35.
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phase de dialogue et de coopération des organisations dans les axes de coopération tels qu’ils ont
été définis.
5.2.1.2. Les axes de coopération du COREMOB71
Au moment de sa création, les objectifs du COREMOB sont clairs: fédérer les acteurs de la mobilité,
donner plus de lisibilité et de cohérence aux dispositifs, diversifier les profils de jeunes effectuant
une mobilité, et soutenir la qualification et la professionnalisation des acteurs du réseau.
Un premier objectif du COREMOB est de favoriser une meilleure connaissance et coopération des
acteurs au croisement de leurs logiques sectorielles : « Faciliter une approche intersectorielle de la
mobilité des jeunes ».
« Cet enjeu passe la programmation d’actions communes (comme c’est déjà le cas pour les
actions conduites par le CIDJ en lien avec la Région, ou celles de la DRJSCS et des rectorats…)
et par une meilleure connaissance réciproque des programmes, et la formation des
membres du Comité régional. »
La question de l’information sur les financements est clairement un objectif de mise en œuvre du
COREMOB lors de sa création : « Approfondir le suivi des actions et des financements des grands
programmes ».
« Il s’agit d’améliorer l’accès aux informations relatives aux financements des grands
programmes– Erasmus+ notamment- qui fait défaut jusqu’à présent afin de rendre compte
et valoriser l’action régionale et de pouvoir mieux justifier de l’impact des politiques
conduites. Il s’agit d’autre part de mettre en place l’ensemble des indicateurs de suivi qui
doivent par ailleurs alimenter l’élaboration du diagnostic régional. »
Un troisième enjeu du COREMOB porte clairement sur la capacité des acteurs à développer des
actions communes sur les territoires, auprès des professionnels et des jeunes : « Articuler les moyens
des services, ceux des collectivités et de la plateforme ».
« Il est important que les actions conduites par la plateforme régionale- qui concernent
l’ensemble des secteurs éducatifs et de la mobilité - viennent compléter les missions des
réseaux départementaux. Deux axes ont été privilégiés dans le projet francilien : - assurer
l'équité territoriale en intervenant dans des territoires non couverts, ou prioritaires -
prioriser les publics ayant moins d’opportunités. »
Pour les participants du COREMOB, la création de l’instance vient apporter une nouvelle dimension
intersectorielle aux questions de mobilité. Les motivations des acteurs sont alors relativement
similaires, indépendant de leur positionnement institutionnel. De ce point de vue, le COREMOB a
rencontré l’adhésion d’un certain nombre d’acteurs en raison de plusieurs facteurs.
5.2.2. Les attentes et facteurs d’adhésion des
participants
Par rapport à ces objectifs de départ, force est de constater une forte adhésion des acteurs de la
mobilité internationale lors de la mise en place et de la première année de fonctionnement. Les
71
Compte rendu du COREMOB, 9 octobre 2015.
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motivations des participants recouvrent des enjeux et des intérêts multiples, qui donnent alors
naissance à des usages multiples.
5.2.2.1. Les facteurs de l’adhésion au COREMOB
Les facteurs de l’adhésion au COREMOB sont au nombre de trois : mieux identifier des points de
complémentarité, identifier des financements, et construire une réflexion politique partagée sur les
leviers d’une politique de mobilité plus partagée.
Certains acteurs considèrent que le COREMOB doit permettre de mieux se connaître, pour trouver
des points de consensus, de priorités et d’actions entre les différentes approches des secteurs de la
mobilité:
« On a une attente de mise en cohérence des acteurs ; on est beaucoup d’acteurs à
différents niveaux. Voir comment on peut être plus coopératif sur certains sujets. Après on a
tous nos objectifs. Car la difficulté, la plupart du temps, c’est qu’on ne communique pas. »
(Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
La création du COREMOB donne la possibilité aux acteurs de la mobilité, notamment aux têtes de
réseaux régionales, de mieux identifier les opportunités de financement de la mobilité, dans un
contexte de réduction des financements publics :
« Nous avons cette sensibilité de la coopération, et puis soyons francs et lucides. L’entrée est
économique sur cette problématique là. Face à la baisse des crédits, il faut s’unir pour avoir
une force de frappe suffisante. On se dit qu’on peut accéder à plus de financements »
(Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
De ce point de vue, les attentes ont pu également concerner au début les dispositifs de
financement du Conseil Régional, ce qui a pu constituer un élément de démobilisation lorsque celui-
ci s’est retiré du COREMOB :
« Nos attentes au sein du COREMOB : connaître les dispositifs de financement du Conseil
Régional, et les personnes à contacter, d'y inclure les filières de l'enseignement agricole afin
que nos apprenants puissent bénéficier de ces dispositifs, bénéficier d'une aide à l'écriture
de dossiers. »72
Certains acteurs peuvent également voir le COREMOB comme un espace pour porter des
revendications sur la reconnaissance de formes non-formelles de mobilité, et des leviers de
mobilité. C’est notamment le cas des associations :
« Il faudrait des subventions plutôt qu’un appel à projet. Qu’on fasse confiance aux
structures associatives qui connaissent les jeunes. Cette crainte de ne pas pouvoir justifier
politiquement les choses renforce une logique administrative qui nous écrase. Le travail de
la construction du parcours du jeune, par exemple, le COREMOB est utile pour faire passer
ce genre de messages. » (Entretien avec une association de la mobilité, 2016).
Le terrain d’enquête montre, de ce point de vue, que la reconnaissance du COREMOB est au premier
abord un enjeu politique à l’échelle des institutions et des personnes: reconnaissance de la volonté
gouvernementale de renforcer la politique régionale de mobilité, implication des professionnels au
service de la transversalité de la coopération, perçue comme une valeur en soi. Cette logique
72
Compte rendu du COREMOB, DRIAAF, 9 octobre 2015.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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politique peut alors se doubler d’une logique économique, mais également d’une logique technique
de connaissance des acteurs.
5.2.2.2. Les usages thématiques et pratiques du COREMOB
De fait, les acteurs sont notamment intéressés par le fait de pouvoir mutualiser des moyens
permettant d’organiser des évènements communs d’information et de formation des acteurs de
terrain, afin de mieux faire connaître auprès des jeunes et des professionnelles l’offre de mobilité,
ses dispositifs et ses opportunités.
Il faut d’abord noter que la création du COREMOB a permis la rencontre d’une offre et d’une
demande de coopération, bien que les contours de cette rencontre ne sont pas toujours précis pour
les participants :
« Non, avant il n’y avait pas de coopération, parce que il y avait ni offre, ni demande à mon
avis, ni conjonction des deux. Le COREMOB a changé cela, pour nous du moins. Nous avons
le sentiment que nous pouvons plus travailler dans une logique interministérielle (Entretien
avec un acteur institutionnel de la mobilité 2016».
L’intérêt pour le COREMOB, de plus, est suscité par un intérêt pour les thématiques des groupes de
travail (amélioration de l’information sur les dispositifs, diversification des parcours de mobilité,
valorisation de la mobilité dans un contexte scolaire ou professionnel), qui sont mobilisatrices :
« On a surtout la volonté de travailler sur la valorisation de la mobilité. On a constaté que
les mobilités sont parfois vécues comme un obstacle ou un handicap, qui peut entrainer des
redoublements. Donc on veut trouver des solutions.» (Entretien avec un acteur
institutionnel de la mobilité, 2016).
Pour certains acteurs, et notamment les acteurs locaux et départementaux (associations, DDCS),
l’intérêt du COREMOB est clairement de pouvoir identifier les associations qui travaillent à l’échelle
des territoires :
« J’apprécie de pouvoir de croiser les pratiques et rencontrer tous les interlocuteurs ; c’est
essentiel pour moi d’identifier tous nous partenaires ; c’est aussi appréciable aussi le fait de
faire un groupement d’associations qui peuvent nous soutenir dans nos actions et qui
peuvent être un lieu ressource. » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité,
2016).
Face au désengagement de la Région, le travail de la DRJSCS est également de contribuer à une
meilleure connaissance des financements de la politique de la ville, pouvant notamment intéresser
les associations et l’Information Jeunesse :
« Nous pouvons également contribuer à financer des projets de mobilité, s’ils s’inscrivent
dans des projets avec des jeunes issus des quartiers politiques de la ville. Mais ce sont des
modalités d’accès un peu complexe. » (Prise de parole lors du COREMOB d’un acteur
institutionnel de la mobilité).
Il apparaît clairement que le COREMOB est à la fois une instance politique et technique de
représentation et d’identification des acteurs de la mobilité. Il constitue à la fois un espace de
dialogue et un centre de ressource pour que les acteurs de la mobilité puissent imaginer des actions
sur les territoires avec de nouveaux acteurs, dans le prolongement des réseaux thématiques et
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territoriaux existants. Le COREMOB, en ce sens, constitue bien un espace de concertation partagé. Il
a cependant été fragilisé par le retrait du Conseil Régional.
5.2.3. Une instance de dialogue dont le portage
politique doit être renforcé
Le COREMOB est au premier abord en une réponse pertinente pour fédérer les acteurs de la
mobilité, renforcer le dialogue entre les partenaires, pour développer une coopération plus
territoriale et transversale d’information et de formation des acteurs de terrain. Cependant, sur le
volet des séances plénières et des groupes de travail, elle demeure fortement traversée par des
logiques sectorielles de représentation institutionnelle. Plus encore, elle reste affaiblie par le retrait
du Conseil Régional sur plusieurs plans.
5.2.3.1. Des complémentarités naissantes
Les participants sont globalement très satisfaits de l’existence du COREMOB comme instance de
dialogue, et de son prolongement par des groupes de travail pour s’interroger sur les besoins et des
pistes d’actions :
« Oui, grandement. La DRJSC a su avoir un spectre large d’intervenants, une couverture
régionale et certains acteurs locaux. Cela nous a permis de se connaitre pour échanger sur
des sujets, et de mener une réflexion commune dans les groupes de travail. C’était vraiment
bien. Tous les acteurs ont pu participer aux groupes de travail. C’était dynamique, et bien
mené, avec du partage et du contenu. » (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité,
2016).
Pour d’autres acteurs, notamment les acteurs les plus faibles, la participation a permis d’obtenir une
plus grande visibilité et une plus grande reconnaissance sur les questions de mobilité internationale
de la part des partenaires institutionnels les plus forts :
« On se connait mieux, mais je ne sais pas si c’est la même chose pour toutes les structures
du COREMOB. Les groupes de travail sont censés apporter de l’analyse, mais je suis assez
frustré pour le moment. Cela a changé notre image, j’espère en bien. On a eu les
félicitations pour le travail en amont accompli pour la formalisation de la plateforme. »
(Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
Pour certains, le COREMOB a des effets sur la connaissance des acteurs à l’échelle régionale, mais
également départementale, du moins dans certains départements comme le 92, pour envisager des
actions communes :
« Cela vient consolider ce qu’on fait à l’échelle des territoires. Je peux identifier des
interlocuteurs pour monter des projets en lien avec l’Europe sur le 92 – par exemple la
Maison des Volontaires. C’est vraiment un lieu ressource, il y a un bus de la mobilité qu’on
peut obtenir ponctuellement. C’est important de montrer aux jeunes les potentialités que
peut avoir ce réseau. » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
Les complémentarités naissantes peuvent être observées entre les participants du COREMOB autour
de plusieurs points : connaissance et reconnaissance de la légitimité de certains acteurs,
connaissance des dispositifs de mobilité, connaissance des pratiques et des problématiques des
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participants, identification de possibles partenaires pour mener des actions concertées à l’échelle
départementales sur des publics spécifiques.
5.2.3.2. L’absence du Conseil Régional, un facteur de blocage
et de démobilisation
La question de la divergence des intérêts des acteurs en fonction du secteur de politique publique
dans lequel ils s’inscrivent pèse sur leur positionnement, (objectifs, publics, dispositifs et échelles
d’action).
De ce point de vue, le retrait d’un acteur majeur comme le Conseil Régional a eu des effets directs
sur le portage politique de la plateforme après quelques mois de fonctionnement, en limitant les
logiques des échanges à du dialogue en attendant que le contexte se précise.
« Le COREMOB n’a pas été très clairement installé… Pour le moment, nous constatons que
la Région a des positionnements qui ne vont pas de soi. Le COREMOB est donc plus un
espace de dialogue qu’autre chose, mais c’est intéressant. » (Entretien avec un acteur
institutionnel de la mobilité, 2016).
L’absence de la Région a considérablement fragilité le COREOMB : elle a d’abord ralenti les débats
puisque la question de l’absence, et des raisons de l’absence du Conseil Régional ont occupé une
partie de l’agenda des réunions.
« Moi je suis interrogatif sur le fonctionnement, sur les objectifs, et sur le degré
d’investissement des différents acteurs dans le contexte. Donc là nous on est plutôt en
position d’attente et d’observation – même si on participe. » (Entretien avec un acteur
institutionnel de la mobilité, 2016).
Elle pèse sur le manque de légitimité de la plateforme régionale, fragilise certains participants dont
les financements dépendent de la Région, et limite le champ et les bénéfices d’une coopération
régionale.
« Le retrait du Conseil Régional a pu diviser le budget par deux pour les opérateurs de la
mobilité qui participent au COREMOB. C’est un manque à financer important. Avant on
travaillait beaucoup sur l’OFQJ, qui est maintenant en difficulté, faute de financement.
L’IEREF et Parcours le monde souffrent de cela, et nous avons des projets de mobilité
individuelle ou collective qui ont été annulé.» (Entretien avec un acteur associatif de la
mobilité, 2016).
Le retrait du Conseil Régional a notamment eu un impact fort sur l’animation du groupe de travail sur
la valorisation de la mobilité (groupe de travail 2).
« Au niveau du COREMOB, la Région était un acteur important, avec une personne à Temps
Plein. Le travail réalisé est perdu. L’absence de la Région cela a ralenti l’atelier sur la
valorisation des compétences. » (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
De fait, l’absence de la Région a eu un effet d’inertie et de démobilisation pour les participants du
COREMOB : elle a pesé particulièrement sur les relations entre les acteurs présents.
Pour cette raison, certains acteurs importants préfèrent garder une posture d’observation et
d’attente d’un contexte politique plus favorable et plus stable pour décider de la pertinence de la
plateforme, et de leur participation aux groupes de travail. Le retrait de la Région a crée du retard
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dans la dynamique de travail, l’engagement du Rectorat de Versailles ayant progressivement comblé
ce manque.
5.2.3.3. Deux enjeux : élargir le COREMOB, et structurer le
passage à l’action
L’instance du COREMOB a permis, dans un premier temps, de réaliser un état des lieux efficace des
dispositifs et des actions existantes sur la mobilité internationale, et d’identifier les premières
recommandations pour renforcer l’offre de mobilité sur les territoires.
De fait, si les acteurs ont du mal à évaluer l’impact du COREMOB, il faut bien constater que le
COREMOB constitue un lieu de production d’un réseau d’acteurs qui souhaitent continuer et
approfondir le travail collectif engagé, tout en élargissant le cercle des partenaires :
« Ce que nous voulons maintenant, c’est que des acteurs qu’on ne voyait pas autour de la
table puissent venir. Mais pour le moment les nouveaux ne sont pas venus par exemple les
entreprises. J’insiste ici pour qu’on ait des entreprises représentées dans le COREMOB, car le
pilotage Etat et Région n’ont pas cette vision. J’ai proposé des entreprises de l’ESS. »
(Entretien avec un acteur associatif de la mobilité, 2016).
Les participants constatent clairement que jusqu’à présent, le COREMOB demeure une instance de
représentation politique de dispositifs et donc d’intérêts différents, plutôt qu’un espace de
coopération et surtout d’expérimentation :
« Je le vois comme une solution, mais pour l’instant c’est surtout une instance de
représentation et de diagnostic. Pas une instance d’innovation, et pas une instance
d’expérimentation et de diffusion de l‘innovation. » (Entretien avec un acteur associatif de
la mobilité, 2016).
Les acteurs soulignent bien le rôle des groupes de travail dans la construction d’action, notamment
partagées, mais ils tendent à souligner que la réflexion politique sur les priorités et la convergence
des approches de la mobilité n’est pas suffisamment menée :
« Nous par exemple…ce qui nous intéresse, ce n’est pas que les gens s’identifient. C’est pas
le sujet. LE sujet c’est qu’ils travaillent ensemble, qu’ils partagent des diagnostics, des
actions, c’est qu’ils aient des réflexions sur des priorités politiques. C’est ça l’objectif. Et sur
le COREMOB, on en n’est pas là. Chacun cherche surtout à dire ce qu’il fait, en réalité. »
(Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
En raison de ce blocage au sein du COREMOB, l’essentiel de la dynamique partagé s’est
principalement réalisée à travers les groupes de travail. Moins figés dans des enjeux de
représentations, ils ont été l’occasion pour les acteurs d’approfondir des points de diagnostic et
d’actions plus intéressants.
5.3. Les groupes de travail : un vecteur de coopération
L’organisation de groupes de travail a permis de dynamiser le travail du COREMOB. Les trois groupes
ont été structuré autour de trois thématiques : les moyens et outils d’information sur la mobilité
(groupe 1), la valorisation de la mobilité (groupe 2), et la diversification des parcours de mobilité
(groupe 3). Ces groupes ont permis aux participants de recenser des actions et des outils existants,
de produire des recommandations, et surtout d’avoir des temps de connaissance, de
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sensibilisation et de recherche plus constructifs, typique d’une co-construction territoriale plus
avancée qu’une simple phase de diagnostic73.
5.3.1. Groupe de travail 1 : un recensement à
approfondir
Le groupe de travail 1 a notamment produit un recensement des actions d’information sur l’offre de
la mobilité internationale de la part des acteurs (sites Internet, kits d’information et témoignages de
jeunes).
Il a également a été acté que tous les acteurs puissent remplir sur le site du CIDJ une rubrique
commune, « partir à l’étranger au départ de l’IDF »74. L’objectif de cette page est de permettre à
chaque acteur de présenter ses caractéristiques, et d’atteindre plusieurs objectifs :
- être une vitrine de la « plateforme IDF de mobilité internationale des jeunes » en valorisant
les acteurs, leurs actions et leurs outils (géolocalisation, agenda des actions) ;
- les dispositifs et les organismes ne touchant que 10 personnes seront aussi mentionnés ;
- fournir des données statistiques franciliennes : nombre de jeunes aidés pour une mobilité à
l’étranger par an ;
- être un moyen d’atteindre tous les jeunes sur tout le territoire : milieu rural et quartiers
prioritaires compris.
La page « partir à l’étranger au départ de l’IDF » du CIDJ peut constituer une étape importante de
mise en commun des informations sur les acteurs de la mobilité, et surtout pour actualiser la
connaissance et l’interconnaissance des acteurs dans le temps.
- Le travail a impliqué des jeunes dans la construction de la rubrique lors d’une phase de test,
phase indispensable pour faire correspondre l’outil avec les besoins des jeunes75. Une
première réserve est que cette page prétend s’adresser et répondre aux besoins
d’information des jeunes et des professionnels alors que les études sur le sujet montre que
les jeunes n’ont pas les mêmes besoins et les mêmes façons de s’informer que les jeunes.
- Surtout, elle n’a pas connu un succès important auprès des autres acteurs du COREMOB. Si la
page se veut un outil collaboratif et participatif, rempli par les professionnels eux-mêmes, le
travail de recensement a du faire face à un manque d’implication des autres acteurs de la
mobilité :
« Le remplissage de la rubrique s’effectue difficilement et très lentement. La contribution en
autonomie des organismes ne se réalise pas, des relances et un suivi sont nécessaires. C’est
le CIDJ qui créera les comptes et qui intégrera les données descriptives, il demandera ensuite
aux organismes de compléter les parties « Agenda » et « Outils »76.
L’animation de cette page sera pour autant garantie par un poste financé par la DRJSCS sur
l’animation de la plateforme, dans une volonté de renforcer la connaissance des acteurs. Dans les
73
Le RAMEAU, Le référentiel de la co-construction territorial, 2016, p.52. 74
Compte-rendu, Groupe de travail 1 du COREMOB, 23 aout 2016. 75
Voir pour une réflexion transversale sur la question de l’accès des jeunes à l’information, Agence Phare, Le réseau Information Jeunes : Analyse et préconisations, Rapport pour la DJEPVA, 2015. 76
Compte-rendu, Groupe de travail 1 du COREMOB, 23 aout 2016.
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prochains mois la DRJSCS et le CIDJ organiseront également dans le cadre du groupe 1 un
regroupement régional thématique de l’Information Jeunesse ouvert aux COREMOB et à la
plateforme consacré à la valorisation des outils d’information et aux bonnes pratiques d’animation
territoriale du réseau IJ.
5.3.2. Groupe de travail 2 : la mise en sommeil d’une
thématique centrale
Les participants du groupe 2, suite à sa création, ont commencé un travail de recensement des
initiatives et bonnes pratiques de valorisation de la mobilité77. L’objectif était d’identifier des points
de diffusion et d’harmonisation de ces pratiques sur le territoire.
De manière général, les acteurs de ce groupe de travail se sont mis d’accord sur la volonté de
valoriser la mobilité autour d’une même convergence d’idée, selon laquelle les approches de la
mobilité sont plus perméables:
« Un complément de formation professionnelle et de connaissance de soi, dans un contexte
où les frontières entre acquis formels et non formels sont de plus en plus perméables et
concourent tous à une insertion socio-professionnelle plus rapide et plus qualitative. »78
Les acteurs ont pu exprimer leurs besoins sur les enjeux de la valorisation de la mobilité, et le fait que
les outils européens de valorisation de la mobilité sont inopérants, car déconnectés d’un
questionnement sur les besoins des entreprises :
« Il existe un hiatus entre les acquis de la mobilité, les outils existants de valorisation et les
attentes (méconnues) des entreprises. Outil quasi inconnu et inutilisé par l’entreprise,
l’Europass demeure à ce jour le seul outil commun de valorisation des acquis.»79
La question de la mobilisation des entreprises, pour questionner les leviers de la valorisation de la
mobilité sur le marché de l’emploi, demeure le principal point d’incertitude concernant la production
du groupe 2 :
« Il faudrait démontrer que les entreprises ont un intérêt économique à venir au COREMOB:
un besoin RH, un besoin de compétences, ou bien sur des publics, avec un allègement de
charge. Pour le recrutement oui, mais si c’est juste pour échanger, cela ne va pas les
intéresser. Ils ont des services RH déjà avancés dans le recrutement des candidats. Si on
travaille sur des secteurs, cela peut-être des branches professionnelles. Il faut que cela
corresponde à certaines problématiques. Ou bien toucher les syndicats employeurs. Cela
peut-être en deux temps. D’abord les syndicats, puis les entreprises. LA DIRRECTE a un
réseau, mais c’est aussi l’inspection du travail donc les entreprises ne vont pas considérer
que c’est un avantage pour venir. (Entretien avec un acteur associatif, 2016).
Le groupe 2 a été mis en sommeil suite au retrait de la Région au cours de l’année 2016 (ce groupe
était animé par le Conseil régional). Il n’a pas permis d’avancer sur ce volet de la valorisation de la
mobilité, notamment sur la manière de travailler sur le partenariat avec des entreprises (mieux
comprendre les attentes de ces dernières sur le sujet). Il a cependant été acté que le Rectorat de
77
Compte rendu Groupe de travail 2 du COREMOB, 22 janvier 2016. 78
Compte rendu Groupe de travail 2 du COREMOB, 22 janvier 2016. 79
Compte rendu Groupe de travail 2 du COREMOB, 22 janvier 2016.
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Versailles, l’IERF et la DRJSCS vont reprendre l’animation au cours de l’année 2017, afin que les
travaux se poursuivent.
5.3.3. Un groupe 3 : des recommandations
opérationnelles
Le groupe de travail 3 avait pour objectif de réfléchir aux enjeux de la « diversification des publics et
des parcours de mobilité ». Ce groupe a eu pour résultat principal de mieux recenser les
expérimentations d’actions d’information et d’animation des réseaux territoriaux de la mobilité80.
Le groupe a d’abord :
- réalisé le questionnaire d’enquête auprès des communes, et souhaite, à partir des résultats,
déterminer des actions à mettre en œuvre, notamment l’organisation de réunions
d’information interdépartementales au cours de l’année 2017 ;
- identifié plusieurs logiques territoriales de coopération sur la diversification des parcours sur
les territoires pouvant faire l’objet d’une analyse d’un soutien spécifique (expérimentation
AOLF, centre de ressources autour de la musique et de projets culturels81, entre le 77 et le
91, projet Katimavic Solidarité Jeunesse)82 ;
- identifié, sous l’impulsion de la DRJSCS, les conditions d’accès à des financements politiques
de la ville, les enjeux du service civique et du développement de missions de service civique à
l’international, et l’importance du réseau « Diversité et Solidarité » de l’OFAJ.
Plusieurs axes ont notamment été choisis sur ces trois points :
- Importance de la valorisation des projets et de la dissémination des résultats auprès des
acteurs du réseau et des institutions
- Importance de l’interface des circuits d’information : sensibiliser les chefs de projets des
agglomérations sur les actions de mobilité, tout en tenant compte du fait que ce maillage se
joue au niveau départemental et les interlocuteurs sont déjà très sollicités sur d’autres
enjeux (emploi, radicalisation, laïcité…).
- Formation du COREMOB et des associations aux programmes, et orientations de l’OFAJ ;
Dans l’ensemble, les participants sont seulement en partie satisfaits par le travail réalisé, qui n’a
« pas débouché sur des actions concrètes » :
« Pour l’instant on a pas suffisamment débouché sur des actions concrètes. On a des
constats communs, mais l’étape qu’est ce qu’on en fait est pas complètement achevé »
(Entretien avec un acteur associatif, 2016).
Le groupe 3 a cependant permis de réaliser des actions de soutien au développement du Service
Civique, avec l’association Concordia (attribution d’un poste FONJEP par la DRJSCS), l’ARML (journée
de formation régionale des Missions Locales), le Rectorat 78 (projet de développement des accueils
80
Compte-rendu, Groupe de travail 3 du COREMOB, 8 juin 2016. 81
http://aolf.fr/ 82
Un parcours de mobilité de jeunes décrocheurs suivis par écoles de la deuxième chance, PJJ, foyers, ou mission locales, comportant plusieurs mobilités régionales en France dans des délégations de Solidarités jeunesse, Compte-rendu, Groupe de travail 3 du COREMOB, 8 juin 2016.
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de jeunes en SVE et SC au sein des établissements scolaires). Le DRJSCS a réalisé un « kit » Info
Service Civique et Service Civique International.
5.4. La plateforme de mobilité : un maillage plus efficace
du territoire
La plateforme de mobilité a permis de lancer un nombre important d’actions d’information des
jeunes et de formation des professionnels dans un certain nombre de départements. Une question
de fond porte alors sur la manière d’articuler le travail de la plateforme de la mobilité avec la
logique du COREMOB comme instance politique autour de plusieurs enjeux : ciblage des territoires,
construction d’une ingénierie de réseau, structuration départementale des actions.
5.4.1. Un grand nombre d’actions sur les territoires83
Une grande diversité d’acteurs a pu contribuer à l’organisation de 18 projets pour l’année 2016,
notamment pour des jeunes situés en Quartiers Politique de la Ville (QPV) (voir l’ensemble des
actions de la plateforme en annexe 4).
Ces actions ont pu être organisées dans une logique intersectorielle (DRSJCS et Rectorat de
Versailles), pour ouvrir un nouveau champ d’action partagé (Education Nationale et établissement
REP et REP+), ou bien autour d’une une approche thématique ouverte, plurielle et ancrée sur des
besoins de territoires (sensibilisation au patrimoine, découverte des métiers pour Rempart IDF).
Au 30 juin 2016, la plateforme a permis de lancer 55 actions, et de toucher 2110 jeunes pour
l’ensemble des départements de la région IDF (Tableau 22).
Tableau 22 : Actions et publics touchés de la plateforme de mobilité
Départements Nombres
d'actions
Actions en
QPV
Publics touchés
Bilan 75 (Paris) 7 1 270
Bilan 77 (Seine-et-Marne) 10 4 329
Bilan 78 (Yvelines) 2 0 75
Bilan 91 (Essonne) 12 8 267
Bilan 92 (Hauts-de-Seine) 2 1 65
Bilan 93 (Seine-Saint-Denis) 14 11 457
Bilan 94 (Val de Marne) 2 1 40
Bilan 95 (Val d'Oise) 4 3 115
La comparaison du résultat des actions montre que ces actions ont été menées et ont surtout
touchés des jeunes dans le département du 93 en Seine-Saint-Denis (457 jeunes), à Paris (350
jeunes), dans les départements du 77 en Seine-et-Marne (329 jeunes) et du 91 dans l’Essonne (247
jeunes).
Par rapport aux chiffres de la mobilité précédemment introduit dans le chapitre, il apparaît donc que
ces actions sont été faiblement correctives. Elles se sont en effet surtout concentrées dans les
83
Tableau bilan intermédiaire, Juillet 2016.
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départements de la petite couronne de Paris, plutôt que dans les départements de la grande
couronne, pourtant déjà marginalisés dans les dispositifs de mobilité (départements 94 et 95).
5.4.2. Les points d’amélioration et de faiblesse de la
plateforme
Au-delà de ce constat quantitatif qui démontre l’utilité de la plateforme régionale de mobilité,
plusieurs points d’amélioration et de faiblesse peuvent être soulignés concernant le portage des
actions, et leur inscription dans le temps long des dispositifs.
Il faut noter que ces actions ont été organisées par des acteurs nationaux, régionaux ou académiques
(CIDJ, Rectorats, associations régionales telles que Concordia, Cotravaux, Le Rempart, Etudes et
Chantiers, Interéchange, Parcours le Monde), et plus rarement portées par des acteurs
départementaux ou locaux (Maison des Volontaires du 75, Fédération des Centres Sociaux 93).
Un premier point de faiblesse est que toutes ces initiatives sont cependant largement porté par un
seul ou deux acteurs, ayant tous une dimension régionale, en direction d’acteurs locaux, ce qui peut
se traduire par un manque d’inscription dans certains départements jugés plus inaccessibles :
« Il y a la focale sur les quartiers de politique de la ville, mais sur l’information c’est encore
en collaboration avec plusieurs associations. On essaye de se partager le travail en Île-de-
France. Nos actions couvrent l’ensemble des 8 départements. Mais le 95 est en grande
partie rural donc c’est un peu difficile » (Entretien avec un acteur associatif de la mobilité,
2016).
De manière générale, la plateforme de mobilité demeure donc une dynamique portée par des
logiques sectorielles. La coopération s’effectue entre acteurs régionaux, et les interventions se
décident selon des logiques régionales.
« Pour l’instant, je constate qu’il n’y a pas de volonté de la part de certains acteurs de faire
de la formation partagé. J’ai échangé avec l’Education Nationale pour savoir si nos
professionnels peuvent aussi venir aux journées de formation des CPE, mais vous avez bien
vu qu’ils ne veulent pas ouvrir à d’autres professionnels. On ne peut pas mutualiser les
ressources » (Entretien avec un acteur institutionnel de la mobilité, 2016).
Un élément important du diagnostic porte sur la pérennité de cette plateforme régionale. Alors la
plupart des participants indiquent ne pas avoir prévu une adaptation de leur modèle économique
pour assurer les actions dans le temps :
« Le FEJ est un « kick-start », la DJEPVA a rappelé qu’il n’avait pas vocation à être reconduit.
Pour le moment, aucune autre alternative n’est envisagée pour continuer de financer à la
même hauteur les plateformes. Ces projets font naître une mise en réseau et une
coordination des acteurs qui pourront perdurer après juin 2017. Cependant, sans soutien
financier, il sera compliqué pour les structures d’assurer le surplus d’activité nécessaire au
maintien de cette dynamique »84.
A partir de ces constats, il faut souligner qu’un arrêt des actions de la plateforme aurait un double
impact négatif pour l’offre de mobilité internationale sur les territoires, notamment en ayant un effet
84
Compte-rendu de la plateforme de mobilité du 27 septembre 2016.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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démobilisateur par rapport aux partenaires locaux sollicités et impliqués dans ces actions. La DRJSCS
s’est engagée à soutenir et à pérenniser financièrement une partie des actions de la plateforme de
mobilité en mobilisant des crédits de la politique de la ville et les crédits jeunesse. Elle s’est par
ailleurs engagée à pérenniser le poste de coordinateur de la plateforme
5.4.3. Une articulation du COREMOB et de la
plateforme à préciser
La couverture territoriale de la plateforme est donc un enjeu en construction, qui suppose de
préciser trois enjeux : le ciblage des territoires ; le choix d’une échelle d’action ; l’ingénierie
d’animation et de formation des acteurs.
L’analyse croisée des entretiens avec les acteurs de la mobilité, et notamment de leurs besoins
partagés, nous permet de suggérer plusieurs propositions d’action pour « articuler l’action du
COREMOB et de la plateforme de mobilité» (préconisation 4 du diagnostic).
Nous préconisons, dans ce contexte, plusieurs propositions (tableau 23).
Tableau 23: Préconisation :« Articuler le COREMOB et la plateforme de mobilité »
Enjeux Diagnostic Constat Proposition Calendrier
Enjeu 1
Le COREMOB est
une instance de
dialogue plus que
d’action
Les échanges sont
davantage une
juxtaposition de positions
qu’une réflexion partagée
Identifier avec les
binômes d’acteurs relais
(politique/expert
technique) de chaque
département, les besoins
locaux et les territoires
prioritaires – discutés et
validés dans le
COREMOB.
2017
Enjeu 2
Les groupes de
travail ne
produisent pas
suffisamment de
solutions
innovantes
Les groupes de travail sont
plus dans une logique de
recensement de l’existant
que d’innovation
Faire évaluer une ou
plusieurs actions lancées
dans le cadre de la
plateforme régionale de
la mobilité pour
capitaliser sur les
enseignements et mieux
les diffuser.
2018
Enjeu 3
Certains acteurs
sont absents de
la plateforme
(jeunes,
entreprises)
Les acteurs du COREMOB
ne disposent pas de
contacts avec le monde de
l’entreprise (champ
d’action classique comme
le tourisme) ou
l’engagement (ESS).
Identifier et intéresser
des entreprises, à partir
des résultats des
évaluations, à rejoindre
le COREMOB, via les
réseaux d’entreprise ou
la DIRECCTE dans un
premier temps.
2019
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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6. Conclusion et recommandations
Ce diagnostic a eu pour objectif d’identifier les grandes tendances de la mobilité internationale en
IDF sous l’angle de la coopération des acteurs (offre de mobilité, données de la mobilité, réseaux
existants et plus-value du COREMOB). Cette conclusion identifie les besoins partagés, et propose
quatre recommandations pour la rédaction du plan de développement 2017-2020.
Au regard de la diversité des approches de la mobilité, le présent diagnostic a montré jusqu’ici qu’il
existe des points de coopération entre les acteurs de la mobilité autour de plusieurs enjeux : la
question des compétences de la mobilité, du ciblage des publics en difficultés, et de la construction
de leviers d’action sur les territoires
Pour autant, le recours à des contrats de ville n’est pas toujours considéré comme une solution
efficace. De ce point de vue, le rôle des DDCS apparaît bien souvent comme la seule variable de
mobilisation des collectivités locales, si tant est que la mobilité internationale soit une priorité pour
elles, ce qui n’est pas toujours le cas selon les territoires.
Le diagnostic montre que, dans ce contexte, le COREMOB et la plateforme de mobilité apportent une
réelle plus-value à la coopération des acteurs de la mobilité : le premier, comme instance de
dialogue, et la seconde, comme espace d’action. Le terrain d’enquête permet d’identifier certains
points de vigilance, notamment la durabilité des financements de la plateforme de mobilité.
6.1. L’offre de mobilité internationale en IDF
L’analyse de l’offre de mobilité internationale en Île-de-France permet de constater que si le
cloisonnement des acteurs est moins perceptible que dans d’autres Régions, l’absence de données
partagées et la fragmentation des réseaux ne facilitent pas la lisibilité et la valorisation des dispositifs
existants.
6.1.1. Une offre de mobilité moins sectorielle
Le diagnostic permet de constater que s’il existe une multiplicité d’acteurs mobilisés sur la mobilité
internationale selon une logique d’information sur les dispositifs, la sectorisation est poreuse car :
- Les acteurs adoptent dans une large mesure une approche « par les dispositifs » de la
mobilité, en proposant une offre de mobilité à pourvoir, plutôt qu’une approche « par les
publics », cherchant à comprendre le la nature de la demande des jeunes.
- Le ciblage des publics en difficulté est devenu une priorité partagée pratiquement par
l’ensemble des acteurs de la mobilité (Jeunesse et Sport, Mission Locale, OFAJ et
associations), bien que des nuances persistent (notamment sur le sens de la notion de
JAMO).
- Des difficultés structurelles persistent en raison de la technicité et du coût de la mobilité
internationale par de potentiels opérateurs tels que les communes et les associations sur les
territoires.
De fait, le terrain pour une coopération durable et effective des partenaires régionaux en IDF est
prometteur. Il apparaît que certains financements en hausse (programme Erasmus+, financements
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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de la politique de la ville pour les Quartiers Prioritaires de la Ville) offrent une certaine stabilité aux
opérateurs de la mobilité internationale pour toucher des jeunes, notamment en difficulté.
6.1.2. Des données inconnues ou inaccessibles
Le diagnostic montre cependant que l’absence de données sur la mobilité, et notamment de données
de qualités, mais aussi d’outils, freine considérablement la coopération des acteurs et la construction
d’une politique partagée de la mobilité internationale en IDF :
- certaines données sont uniquement détenues par des organismes extérieurs (Agence
Erasmus+, OFAJ) qui ne communiquent pas ou peu sur ces données aux autres acteurs, en
raison d’un manque de moyens, de compétences en interne, ou d’outils de qualité.
- les acteurs de la mobilité ne cherchent pas à s’inspirer des outils existants qui semblent
innovants quand bien même certains outils ont utilisés régulièrement par des acteurs de la
mobilité (Hermes de la DRIAAF).²
- les données sont rarement comparables car les organisations ne disposent pas d’une même
culture statistique, et elles ne disposent pas des mêmes indicateurs (critère de définition des
publics, etc.). De fait, les croisements de données sont relativement pauvres.
Cette situation freine considérablement la coopération des acteurs sur trois points : faire remonter
les informations du terrain, identifier et aider les jeunes au plus près de leurs besoins, et
communiquer sur la plus-value de la mobilité internationale pour les jeunes (employabilité, etc.)
6.1.3. Un travail en réseau à soutenir
Le diagnostic permet de dresser trois constats clairs sur les points de force (pluralité des acteurs,
maillage du territoire et coopérations locales), mais aussi les points de faiblesse de trois types de
réseaux en région IDF :
- les réseaux professionnels (Jeunesse et Sport, Information Jeunesse, Missions Locales,
Education Nationale) ont une mobilisation inégale. Les réseaux professionnels sont trop
dépendants de priorités multiples au détriment de la mobilité internationale .
- les réseaux thématiques (Erasmus+, Cotravaux sur les chantiers internationaux et OFAJ)
ont un niveau de mobilisation stabilisé. Cependant, les réseaux thématiques sont trop
dépendants d’une approche par les « dispositifs ».
- Les réseaux territoriaux sont rares, mais thématiques. Dans certains départements, les
réseaux territoriaux sont très structurés, mais ils ont besoin d’un portage politique et
d’acteurs ayant des rôles complémentaires.
Une partie de ces difficultés nous amène à considérer que la mise en place du COREMOB est une
initiative qui répond à un réel besoin de dialogue à l’échelle régionale, et de structuration des
réseaux d’acteurs à l’échelle départementale et locale.
6.2. La production du COREMOB
Dans ce contexte, le COREMOB IDF constitue une initiative qui s’inscrit pleinement dans une
démarche partagée. Cette instance de dialogue a réussi à mobiliser un vaste réseau de réseaux
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existants d’acteurs autour de temps de rencontre, de groupes de travail, et de la mise en place d’une
plateforme de la mobilité.
6.2.1. Une instance de réflexion
Le COREMOB a permis d’atteindre plusieurs objectifs fixés au départ lors du premier comité de
pilotage de l’instance85, même si des aspects de la coopération entre les acteurs de la mobilité
peuvent être approfondis.
- Objectif 1 : Faciliter une approche intersectorielle de la mobilité des jeunes.
De ce point de vue, il faut constater que le COREMOB a permis d’atteindre les trois objectifs fixés,
même si la connaissance des programmes, des réseaux et des besoins de formation des
professionnels reste à confirmer.
� Programmation d’actions communes à travers la plateforme de mobilité.
� Une meilleure connaissance réciproque des programmes et des réseaux à confirmer
(réseau IJ et Eurodesk, ERAI).
� Une formation des professionnels à confirmer (Eramus+ OFAJ, affiner la connaissance
des besoins).
- Objectif 2 : Information et financement des dispositifs
En ce qui concerne l’information des acteurs sur les dispositifs et les sources de financement de la
mobilité, le COREMOB et la plateforme de mobilité ont pu remplir cet objectif, même si aucune
réflexion n’a été menée sur l’impact des politiques de mobilité et leurs indicateurs
� Des actions d’information sur les programmes de financements.
� Une absence de réflexion sur les indicateurs et l’impact des politiques conduites
(difficulté d’accès aux données de la mobilité86).
- Objectif 3 : Capacité des acteurs à développer des actions communes sur les territoires,
auprès des professionnels et des jeunes
A propos de l’objectif 3, il faut noter que le COREMOB a permis une meilleure priorisation des actions
vers les publics des QPV. La couverture territoriale des actions est à renforcer :
� Une priorisation partagée des publics ayant moins d’opportunités par l’ensemble des
acteurs (chaque acteur donnant une signification différente à cette catégorie).
� Une couverture territoriale et une articulation des actions de la plateforme/COREMOB
encore très peu satisfaisante vis-à-vis de territoires délaissés (95).
Nous pensons qu’il est ici essentiel de distinguer différentes approches de construction d’un schéma
directeur de la mobilité pour le COREMOB : une approche par les dispositifs, une approche par les
publics, et une approche par territoires. Nous préconisons également que le COREMOB soit
85
Ce tableau a été constitué en reprenant les objectifs annoncés au départ par les acteurs du COREMOB, et sur la base des enseignements de ce diagnostic partagé. 86
Ces indicateurs sont seulement précisés dans des appels à projets, de type Jeunesse et politique de la ville, donc non-partagés.
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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beaucoup plus construit autour d’une approche rationalisé, quantitative et qualitative de l’impact
des actions (indicateurs de succès des actions).
6.2.2. Approfondir les propositions des groupes de
travail
Le diagnostic établit que les groupes de travail ont réalisé un travail de recensement des acteurs,
réseaux et actions de la mobilité à l’échelle régionale sur les trois axes prévus (information sur les
dispositifs, valorisation des parcours et diversification des parcours).
- Groupe 1 : le groupe a permis de recenser des actions d’information, et de créer une page
commune sur le site du CIDJ, sans avoir cependant associé les utilisateurs au type de support
et à la définition du contenu ;
- Groupe 2 : le travail de recensement des initiatives et bonnes pratiques de valorisation de la
mobilité dans un contexte personnel, scolaire ou professionnel a été interrompu par le
retrait du Conseil Régional, qui co-animait ce groupe.
- Groupe 3 : le groupe a permis de recenser et d’analyser des expérimentations portées
localement, d’informer sur des dispositifs existants (Politique de la ville, OFAJ), ainsi que de
lancer des pistes d’action pour renforcer la diversification des parcours.
Pour autant, il faut noter que le travail de production d’action a été relativement faible jusqu’à
présent, et qu’il n’a pas été caractérisé par une forte diffusion des innovations existantes, ou un
travail de valorisation des actions de la plateforme régionale de mobilité.
6.2.3. Une plateforme régionale de mobilité
prometteuse, mais fragilisée
La plateforme régionale de mobilité a permis de mettre en place un grand nombre de projets, qui ont
été mené sur l’ensemble des départements de la Région :
- Les actions ont été principalement menées par les associations spécialistes et expertes de la
mobilité, en direction de partenaires très divers (Missions Locales, communes, associations),
principalement dans des Quartiers Politiques de la Ville.
- Certaines actions ont été menées autour de nouvelles collaborations, notamment l’action
menée par la DRJSCS, les Rectorats de Versailles et de Créteil, le CIDJ et l’association
Concordia.
- La question de l’articulation des actions de la plateforme de la mobilité avec le COREMOB
constitue encore un point de questionnement très fort (ciblage des publics, actions de
formations et diffusion des innovations).
La pérennité d’une telle démarche n’est cependant pas assurée, car les structures n’ont pas les
moyens de prolonger de telles actions à la fin du financement assuré par le FEJ dans le cadre de
l’expérimentation des plateformes de mobilité.
6.3. Plan de développement : des recommandations
Dans le prolongement des constats de ce diagnostic, nous proposons quatre recommandations
principales pour l’élaboration du plan de développement de la mobilité internationale en IDF 2017-
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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2020. L’ensemble des recommandations vise à dessiner un cadre cohérent de coopération. Chaque
recommandation se décline sous la forme de trois propositions.
6.3.1. Préconisation 1 : Améliorer l’information sur
l’offre de mobilité
Pour améliorer l’offre de mobilité internationale, nous recommandons de travailler plus en
profondeur sur trois objectifs, au moyen de trois propositions :
• Proposition 1 (2017) : Mieux identifier la plus-value des expériences de mobilité (quelles
compétences pour quels projets de jeunes), afin de mieux convaincre les opérateurs
(communes) de soutenir des demandes de jeunes.
• Proposition 2 (2018) : Elaborer progressivement un référentiel partagé des projets de
mobilité, des types de publics, des compétences acquises, et des caractéristiques pertinentes
pour le suivi de la mobilité.
• Proposition 3 (2019) : Améliorer les outils de communication qui valorisent les projets de
mobilité des opérateurs (expériences et témoignages de jeunes, par exemple sous format
vidéo).
Le travail autour de la définition des publics a largement progressé, mais demeure un enjeu clé de la
coopération des acteurs
6.3.2. Préconisation 2 : Construire une politique des
données autour de la mobilité
Le diagnostic montre que le croisement de données d’acteurs institutionnels n’est pas la meilleure
solution, compte tenu du manque de ressources et de volonté politique des acteurs. Nous proposons
ainsi trois actions pour outiller les acteurs de terrain :
• Proposition 1 (2017) : Proposer des formations par un data scientist pouvant démontrer
l’intérêt de partager des données et favorisant la montée en compétence des acteurs sur le
recueil et la mise en forme de données.
• Proposition 2 (2018) : Identifier les critères et les pratiques de production et de gestion de
données (jeunes dans les territoires QPV, jeunes aidés par des Missions Locales, etc.).
• Proposition 3 (2019) : Co-construire des outils simples et opérationnels de suivi (formulaires
et questionnaires) pour un certain nombre de dispositifs avec le soutien d’un data scientist.
6.3.3. Structurer l’animation territoriale via des
binômes thématiques
Pour mieux structurer l’animation des réseaux territoriaux, nous recommandons de penser la
collaboration et la complémentarité des acteurs locaux :
• Proposition 1 (2017) : Identifier un réseau des relais territoriaux sous la forme, pour chaque
département, de binômes ayant des rôles complémentaires (partenariat et
communication/expertise sur l’accompagnement à la constitution de dossiers).
• Proposition 2 (2018) : Outillage d’une logique d’accompagnement de projet pour le réseau
des relais (liste de diffusion commune et outil de partage de documents ou de données).
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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• Proposition 3 (2019) : Permettre aux relais de la mobilité de construire des stratégies et des
projets territoriaux dans tous les départements sur des thématiques locales (sport, etc.) en y
associant les parties prenantes les plus pertinentes.
6.3.4. Articuler le COREMOB et la plateforme de
mobilité
Pour donner corps à l’animation des réseaux territoriaux, le COREMOB nous paraît une instance
appropriée, d’autant plus si elle coordonne mieux les actions plateforme de mobilité :
• Proposition 1 (2017) : Identifier avec les binômes d’acteurs relais (politique/expert
technique) de chaque département, les besoins locaux et les territoires prioritaires – discutés
et validés dans le COREMOB.
• Proposition 2 (2018) : Faire évaluer une ou plusieurs actions lancées dans le cadre de la
plateforme régionale de la mobilité pour capitaliser sur les enseignements et mieux les
diffuser.
• Proposition 3 (2019) : Identifier et intéresser des entreprises, à partir des résultats des
évaluations, à rejoindre le COREMOB, via les réseaux d’entreprise ou la DIRECCTE dans un
premier temps.
Le tableau des recommandations est présenté ci-dessous, en présentant un calendrier annuel et
progressif.
Tableau 24 : Tableau des préconisations et des propositions pour le plan de développement régional de la mobilité (2017-2010)
Préconisations 2017 2018 2019
Améliorer l’information autour de
l’offre de mobilité
Mieux identifier la plus-value des
expériences de mobilité (quelles
compétences pour quels projets de
jeunes), afin de mieux convaincre les
opérateurs (communes) de soutenir des
demandes de jeunes
Elaborer progressivement un référentiel
partagé des projets de mobilité, des
types de publics, des compétences
acquises, et des caractéristiques
pertinentes pour le suivi de la mobilité.
Améliorer les outils de communication
qui valorisent les projets de mobilité des
opérateurs (expériences et témoignages
de jeunes, par exemple sous format
vidéo).
Ebaucher une politique des données de
la mobilité
Proposer des formations par un data
scientist pouvant démontrer l’intérêt de
partager des données et favorisant la
montée en compétence des acteurs sur
le recueil et la mise en forme de
données.
Identifier les critères et les pratiques de
production et de gestion de données
(jeunes dans les territoires QPV, jeunes
aidés par des Missions Locales, etc.).
Co-construire des outils simples et
opérationnels de suivi (formulaires et
questionnaires) pour un certain nombre
de dispositifs avec le soutien d’un data
scientist.
Structurer l’animation territoriale via
des binômes thématiques
Identifier un réseau des relais
territoriaux sous la forme, pour chaque
département, de binômes ayant des
rôles complémentaires (partenariat et
communication/expertise sur
l’accompagnement à la constitution de
dossiers).
Outillage d’une logique
d’accompagnement de projet pour le
réseau des relais (liste de diffusion
commune, outil de partage de
documents ou de données).
Permettre aux relais de la mobilité de
construire des stratégies et des projets
territoriaux dans tous les départements
sur des thématiques locales (sport, etc.)
en y associant les parties prenantes les
plus pertinentes.
Articuler l’action du COREMOB et de la
plateforme de mobilité
Identifier avec les binômes d’acteurs
relais (politique/expert technique) de
chaque département, les besoins locaux
et les territoires prioritaires – discutés et
validés dans le COREMOB.
Faire évaluer une ou plusieurs actions
lancées dans le cadre de la plateforme
régionale de la mobilité pour capitaliser
sur les enseignements et mieux les
diffuser.
Identifier et intéresser des entreprises, à
partir des résultats des évaluations, à
rejoindre le COREMOB, via les réseaux
d’entreprise ou la DIRECCTE dans un
premier temps.
7. Annexe :
La présente annexe recense les différents dispositifs de la mobilité internationale en IDF, les actions
menées par les DDCS et les actions menées dans le cadre de la plateforme régionale IDF de la
mobilité, dans un format résumé.
7.1. Terrain d’enquête : entretiens
Organisation Date d’entretien
Acteurs régionaux
DRJSCS Juillet 2015
CIDJ Juillet 2015
Concordia Juillet 2015
Rectorat de Versailles Juillet 2015
Rectorat de Créteil Janvier 2016
DRIAAF Janvier 2016
ARML Février 2016
Acteurs départementaux
DDCS 77 et Association AOLF Juillet 2015
DDCS 78 Septembre 2015
DDCS 91 Juillet 2015
DDCS 92 Juillet 2015
DDCS 94 Septembre 2015
DDCS 95 Juillet 2015
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L’ensemble de ces entretiens a été retranscrit. Les points de vue des personnes ont été ensuite
croisés selon différents indicateurs. A partir de ces indicateurs, nous avons procédé à un croisement
des données en utilisant la méthode de la « triangulation complexe » permettant d’identifier des
similitudes ou des différences concernant le sens des situations, des actions, et des partenariats87.
7.2. L’organisation de chantiers internationaux
Le présent document recense les différents chantiers de jeunes bénévoles organisés lors de la
campagne 2016 par les différentes associations du secteur :
Graphe 2 : Les chantiers de jeunes bénévoles, campagne 2016
7.3. Les actions des DDCS sur les territoires en 2015
Le tableau ci-dessous recense les différentes actions des DDCS menées lors de l’année 2015 sur les
questions de mobilité internationale (tableau 28)88.
Tableau 28 : Les actions des DDCS, années 2015
Actions Publics Résultats DDCS concernées
Informer les acteurs
locaux et les jeunes sur les
dispositifs existants
Collectivités,
associations,
établissements
Rencontre de
présentation de
Eramus+, SVE,
77, 91, 92, 93, 94, 95
87
DRJSCS, Bilan des chantiers internationaux, 2016. 88
DJRSCS, Modes d’intervention des DDCS, 2015.
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scolaires, réseau IJ,
notamment des QPV
volontariat
international
Temps de formation des
acteurs sur la construction
de projets
Missions locales,
associations
NC 92, 93, 95
Accompagnement de
porteurs de projets dans
leurs démarches
Associations,
collectivités
Recensement de lieux
d’hébergement,
accréditation
DDCS, associations,
réseau IJ, Education
Nationale (DSDEN),
rencontre avec des élus
locaux
Création et animation
de réseaux
départementaux
Erasmus+
77, 92, 91, 94
Production de guides
d’information sur la
mobilité/publics
collégiens et lycéens,
étudiants, demandeurs
d’emploi
78, 95
7.4. Les actions de la plateforme de mobilité en 2015-
2016
Tableau 29 : Les actions de la plateforme de mobilité 2015-2016
Acteurs Actions Résultats
CIDJ Forum du 1ier
parcours professionnel en
Europe et à l’international pour des
prestataires, associations, écoles
Action reportée
(soutien de la Région
CIDJ Création d’une rubrique d’information
régionale sur les acteurs et les dispositifs
2500 visiteurs (4700
pages vues)
Maison des Volontaires Lancement d’un camion de mobilité et d’une
campagne de communication, organisation
d’un festival
0 jeunes (lancement
2017).
Cotravaux Actions d’information et de sensibilisation des
jeunes
1075 jeunes
CIDJ Sessions de formation pour les
professionnels : « Partir à l’étranger, de l’idée
au projet »
12 jeunes
Maison des Volontaires Formations à destination des professionnels
de l’emploi, de la formation et de la jeunesse
62 personnes, dont 40
jeunes
Fédération des Centres
Sociaux 93
Sensibilisation de professionnels et essaimage
d’un partenariat sur le département
30 personnes, dont 9
jeunes
Parcours le Monde Enquête sur les besoins de formation, et 3 structures (formations
Agence Phare – Diagnostic de la mobilité européenne et internationale des jeunes en Île-de-France (Mars 2017)
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conception d’une formation de conseiller en
mobilité
prévues en 2017)
DRJSCS, Concordia, CIDJ,
Rectorat Versailles/Créteil
Journées académiques et formation des
professionnels de la vie lycéenne
225 participants, dont
195 jeunes
30 établissements en
REP/REP+
Concordia IDF Formation de professionnels de la vie
associative à la constitution de projets
Erasmus+
16 jeunes, dont 9 en
QPV
Interechange Expérience de mobilité projet « Europe,
Engagement, Emploi » sur le SVE et
sensibilisation sur OFAJ, Erasmus+
50 jeunes, dont 12 en
QPV
Parcours le Monde Expérimentation de la Garantie Jeune :
actions d’information et de mobilité
internationale
30 jeunes informés,
dont 11 accompagnés
CIDJ Atelier « partir à l’étranger » pour les jeunes
niveaux IV et V
Action reportée
(soutien de la Région)
Concordia IDF Actions de mobilité entrantes dans des
logements sociaux
25 jeunes, dont 21 en
QPV
Etudes et Chantiers Cycle de découverte de la mobilité dans un
chantier international
51 jeunes, tous en QPV
Rempart IDF Actions de sensibilisation et
d’accompagnement sur les chantiers
internationaux
672 jeunes
Maison des volontaires « La Scène » : espace de co-empowerment
pour faire des volontaires des ambassadeurs
de mobilité (SVE)
580 personnes, dont
400 jeunes
Maison des Volontaires Création d’un point Info et Accompagnement
Labl sur le SVE
56 personnes, dont 36
jeunes,