Un livre issu de la dernière exposition instructive et divertissante de la Médiathèque d’agglomération de Cambrai et du Service Ville d’art et d'histoire

DAns les rues cAmbrésiennes

Du xixe siècle

religion, politique, faubourgs, spectacle, 15 août

On ne perd pas une OccasiOn de faire une fête à cambrai.

Nous avoNs l'hoNNeur de faire savoir au public qu'il trouvera daNs Notre

recommaNdable etablissemeNt :

la presse en parle : "le feu d'artifice était plus réussi l'année précédente."

"Les pèlerins interdits de chanter dans la rue."

incroyables révélations du tambour-afficheur : le secret des imprimeurs dévoilé.

exposition exceptionnelle de

quarante-deux affiches restaurées du xixe siÈcle, dont certaines de trÈs grand format !

Extraordinaire : Quelle belle affiche sur le musée anatomique du Docteur Spitzer à Cambrai !

- entrée gratis -en cas de mauvais temps, un café peut vous être offert

pour votre érudition, des visites et des conférences chaque week-end.

La maison faLLeur sera ouverte Le samedi et dimancHe

et en semaine pour les groupes

Des animations pour nos chers bambins.

Exclusif : La chroniqueuse Albertine Clément Hémery déclare : "Le cortège retrouve sa splendeur,

pour le plus grand plaisir des commerçants."

conception graphique : Kevin NGangue & B. Duprez

Éditions de la MAC

DAns les rues cAmbrésiennes Du xixe siècle

David-Jonathan Benrubi

Iconographie

Guillemette Lagarde

Conception graphique

Béatrice Duprez

Médiathèque d’Agglomération Service Ville d’art et d’histoire

de Cambrai

Ce livre est issu des recherches et de la médiation produites pour l’exposition « La fête s’affiche dans les rues cambrésiennes »,

présentée au public du 15 septembre 2012 au 20 janvier 2013, conjointement par les équipes de la Médiathèque d’agglomération de Cambrai

et du Service Ville d’art et d’histoire de la Ville de Cambrai, représentées par Guillemette Lagarde (VAH) et Béatrice Duprez (MAC).

Outre toute l’équipe du Pôle Patrimoine de la MAC (Martine Laroche, Evelyne Hannoye, Pierrette Dupas, Clotilde Herbert, Annie Fournier),

nous tenons à remercier, pour leur aide, nos collègues Mikaël Bougenières, responsable des archives municipales, Mael Bellec, Conservateur, et Tiphaine Hébert, attachée de conservation au musée municipal,

pour les invariants coups de main réciproques.

Nous remercions Colette Dréan et Pascal Allard, conseillers à la Direction régionale des affaires culturelles, respectivement

pour le Patrimoine et les Archives, et pour le Livre, la lecture et le patrimoine écrit, pour l’intérêt constant qu’ils portent à nos réalisations.

Nous remercions chaleureusement François Tiry, un ami, collectionneur et chercheur passionné, pour le prêt de documents iconographiques précieux, le temps consacré à leur recherche, et la convivialité de notre collaboration.

Un grand merci à Michel Vangheluwe, Conservateur aux Archives départementales du Nord, pour son accueil et son aide.

Le généreux concours scientifique des personnes suivantes a été une condition essentielle de la réalisation de ce travail :

Thierry Devynck, Conservateur des affiches de la Bibliothèque Forney (Ville de Paris), Michel Wlassikoff, historien de l’affiche et de la typographie (Ecole Estienne),

ainsi que, pour les affiches de cirque, Clotilde Angleys, Conservatrice au département de la Musique (Bibliothèque nationale de France).

Enfin, même s’ils volent aujourd’hui de leurs propres ailes, une pensée pleine de gratitude pour les stagiaires qui ont activement participé à ce projet :

Alexandra Schuab (inventaire), Marie Champion, Méline Seynave (encadrement), Kevin Ngangue (communication et montage d’exposition)

La restauration/numérisation des documents exposés ainsi que la publication du catalogue ont bénéficié d’une aide exceptionnelle de la DRAC

Nord-Pas-de-Calais (Livre et lecture).

Enfin, nous tenons à remercier les élus qui nous font confiance et nous soutiennent : Laurence Saydon (CAC) et Jean-Pascal Lerouge (Ville de Cambrai).

David-Jonathan Benrubi, Directeur de la MACFlorence Albaret-Gilson, Directrice de la culture,

Directrice du service Ville d’art et d’histoire

Quand, pour me rendre de l’hôtel de ville au siège de la Communauté d’agglomération, je traverse la place Aristide Briand, la colonne d’affichage qui fait l’angle avec le Mail Saint-Martin rappelle à mon souvenir le prochain spectacle programmé au théâtre, la prochaine exposition du Musée ou de la Médiathèque d’agglomération, l’arrivée d’un festival musical, le début imminent des festivités de l’hiver ou du 15 août... Je me dis que, peut-être, dans un siècle on demandera à un Conseil communautaire des crédits exceptionnels pour restaurer ces grands bouts de papier mal imprimés ? Je l’espère, car alors, le temps d’une exposition, on verra renaître un peu de la richesse culturelle et festive que nous avons vécue ces dernières années, avec le Centre Pompidou mobile, avec le Tour de France, avec les vingt ans de Juventus et les dix ans du BetizFest, avec une multitude d’actions portées par les acteurs sociaux et culturels du territoire à destination des enfants...

Dans un siècle, restaurer les affiches de 2012 permettra de parler de tout cela au passé, soit avec nostalgie, soit avec un recul critique, mais dans tous les cas cela n’aura pas cessé d’avoir existé. C’est cela, pour moi, le patrimoine. Aujourd’hui, c’est nous qui regardons avec étonnement les traces de la vie culturelle et festive des Cambrésiennes et des Cambrésiens d’il y a deux siècles. L’exposition nous a émus grâce à des affiches superbes et immenses. Ce catalogue, fouillé, nous aide à mesurer les écarts, les évolutions, mais aussi les continuités dans l’histoire de la fête cambrésienne.

Ce travail a été permis par une collaboration inédite, et destinée à devenir structu-rante, entre un service de la Ville de Cambrai, le service d’animation du patrimoine qui porte haut les couleurs du label Ville d’art et d’histoire, et un établissement de la Communauté d’agglomération de Cambrai, la MAC, principal acteur dans le Cam-brésis en matière de conservation et de valorisation du patrimoine écrit, graphique et documentaire.

Au-delà des services, je voudrais souligner l’apport indispensable, généreux et désin-téressé des collectionneurs qui, à titre particulier et bénévole, prêtent non seulement leurs documents mais encore leurs concours et assistance aux experts de la collecti-vité. Dans le cas de cette exposition, je pense notamment à M. François Tiry, que, me dit-on, sa collection, ses connaissances et sa bonne humeur ont rendu indispensable à la médiathèque. Que ce catalogue lui soit un peu dédié, comme à tous les citoyens qui, ici ou là, en fonction de leurs possibilités et disponibilités, donnent un coup de main à la poursuite de l’intérêt général.

m. françois-xavier Villain,

député-maire, président de la communauté d’agglomération de cambrai

« Quel transport de joie pure, tendre, triomphante, quand je lisais son nom sur l’affiche ! Je la vois encore, cette affiche, sa forme, son papier, ses caractères. J’allais successivement lire ce nom chéri à trois ou quatre des endroits auxquels on affichait : à la porte des Jacobins, à la voûte du jardin, à l’angle contre la maison de mon grand-père. Je ne lisais pas seulement son nom, je me donnais le plaisir de lire toute l’affiche. Les carac-tères un peu usés du mauvais imprimeur qui fabriquait cette affiche devinrent chers et sacrés pour moi, et durant de longues années, je les ai aimés mieux que de plus beaux » (Stendhal, Vie de Henri Brulard, 1836).

L’affiche de spectacle qu’Henri Brulard, alias Stendhal, dévore des yeux (il est vrai quelque peu aiguillonné par le nom de la femme aimée), est le modèle de celles que nous expo-sons : des affiches à lire autant qu’à regarder, des papiers de couleur saturés de lettres impri-mées rapidement, souvent sans image figurative... C’est peu dire qu’en deux siècles la passion de Stendhal n’a guère fait d’émules. Ces affiches-là sont restées mal aimées des historiens du XIXe siècle et des médias qui préfèrèrent se pencher sur les journaux, souvent sortis des mêmes imprimeries, mais combien plus riches d’infor-mations et d’opinions. Elles sont méprisées par les historiens de l’art pour qui, avant Jules Chéret et la naissance de l’affiche artistique dessinée et surtout signée, il n’est rien ou pas grand’chose. Elles sont ignorées des historiens du livre qui, il est vrai faute d’archives, peinent encore à les situer dans la masse de la production imprimée. Enfin, elles embarrassent les bibliothécaires et les archivistes : souvent mal conservées, pliées en quatre ou plus, depuis plus de cent ans, elles sont si fragiles qu’on n’ose pas toujours les com-muniquer...

Et pourtant, ces affiches typographiques de la période 1820-1890 ont des choses à nous dire. D’abord sur leur époque : ne nous offrent-elles

pas un instantané de ce qui se faisait et se disait en matière d’événements ? Certains contemporains l’ont bien compris, qui les conservèrent pour la postérité : à Paris, en 1851, on publia Les affiches rouges, une grande collection des affiches de 1848 ; à Cambrai, Ernest Delloye, figure de la droite monarchiste et catholique qui légua sa collection historique à la Ville, réunit plusieurs centaines d’affiches aujourd’hui conservées à la MAC. Mais si elles sont un délice pour l’historien, ces affiches ont aussi une portée plus générale : à l’heure où chacun s’angoisse devant l’appauvris-sement des messages informatifs, on est frappé par leur virtuosité dans la hiérarchisation et l’or-nementation visuelle d’une information dense, longue et variée. Plus d’un graphiste confirmé peinerait aujourd’hui à en reproduire la méthode et l’équilibre...

Cette exposition est, comme on le dit dans notre jargon (concurrent de celui des conseillers financiers), une opération de valorisation patri-moniale : elle donne à voir le résultat de deux campagnes de restauration menées, avec l’aide de la DRAC Nord-Pas-de-Calais en 2010 sous l’égide de la Ville, continuées depuis 2012 sous celle de la Communauté d’Agglomération. Conçue dès l’ori-gine comme un objet éphémère,

l’affiche est en effet, comme le journal, un objet fragile : le papier acide se déchire, les traces de colle adhèrent, les encres déteignent, les plis déforment le support...

Parmi les centaines d’affiches anciennes de la MAC, le fil conducteur thématique retenu a été celui de la fête. Trois raisons justifient ce choix : d’abord, la représentativité par rapport à nos fonds patrimoniaux, qui font une large place à l’affiche de fête ; la multiplicité des portes que ce thème ouvre pour la compréhension de l’his-toire de Cambrai ; enfin, le fait que l’affiche de fête existe encore de nos jours permet d’amusants aller-retours.

6 introduction

INTRODUCTIONSQEQR

Portrait d'Ernest Delloye, issu des Notes biographiques assemblées par l'Abbé Dransart, Cambrai, 1899.

Ce livre semblera à certains le résultat bigarré de parti-pris contradictoires. L’absence d’appel de notes, le choix de ne livrer qu’une partie de l’information accumulée, la place importante de l’illustration l’inscrivent dans l’ouvrage de vulgarisation. Il voudrait rendre accessible aux plus curieux des visiteurs de l’exposition un cer-tain nombre de connaissances publiées par des chercheurs professionnels, très utiles pour appré-hender intelligemment les documents exposés, et ne pas en rester à la petite anecdote locale. Ont été très largement exploités les travaux pro-duits ou dirigés par Alain Corbin, Rémi Dalisson et Stéphane Gerson. De passionnants entretiens avec Alan Marshall, Directeur du Musée de l’Im-primerie de Lyon, Michel Wlassikoff, historien de la typographie, et Thierry Devynck, Conservateur des affiches à la Bibliothèque Forney, ont permis d’enrichir considérablement notre regard sur les documents publiés. Les affiches de cirque ont été généreusement étudiées par Clotilde Angleys, Conservatrice au Département de la musique de la Bibliothèque nationale.D’un autre côté, l’importance des sondages réalisés dans les sources conservées à Cambrai (MAC), Lille (ADN) et Paris (BnF) justifie qu’on fasse état d’une documentation largement inédite.

Enfin, dans le corps du texte, on a choisi de lais-ser la parole aux témoins. L’auteur principal du livre est d’ailleurs tombé amoureux d’Alber-tine-Clément Hémery, une Cambrésienne qui fut une des premières fondatrices de journal féminin en France, et dont les notes manuscrites conser-vées à la MAC mériteraient d’être éditées... Mais c’est une autre histoire.

introduction 99

L’exposition à la bibliothèque pour la fête communale de 1838

Encore une exposition ! Encore une fois on a dit à ces milliers de volumes, hôtes séculaires de notre moderne bibliothèque : Arrière ! Arrière ! Place à la couleur ! Et d’immenses voiles de lustrine sont tombées devant les rayons savants, dépositaires de tant de génie, et sur ce vaste suaire on a posé une foule de cadres dorés. Aujourd’hui, le vieil habitué de la Bibliothèque croyant venir prendre une somme de St-Thomas, ou un Flavius Josèphe, se casse le nez contre une caravane de Bédouins, ou se brise les jambes contre une balance à bas-cule de la force de mille kilos ! C’en est fait pour deux mois, les vieux auteurs dorment derrière le rideau, et les artistes modernes brillent sur l’avant-scène ; puissent-ils vivre aussi longtemps que les premiers ! Bon voyage aux savants et aux bibliothécaires ; arrivez les artistes et les sergents de ville. Chacun son tour, ôte-toi de là que je m’y mette ; c’est dans l’ordre légal.

MAC, Del 38/98. «Exposition. Salon de 1838»Brochure attribuée à Eugène BoulyColl. part. F. Tiry

L’ancienne porte de Cantimpré, qui se situait en bas de la rue du même nom, sera détruite suite aux travaux de démantèlement. Photographie prise après 1897.