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Psychosociologie économique Introduction : rationalité et comportement économique Comment peut-on construire une théorie de la Société / de l’économie comme science ? Une seule hypothèse indispensable : l’hypothèse de rationalité = même si on sait que les individus peuvent être rationnels, la rationalité n’est pas un comportement réaliste dans la réalité. Depuis Hobbes, les individus répondent à un principe de ratio (= raison ou mesure) ce qui est à la fois un principe de rationalité et un principe de mesure. Comment rendre compte de l’activité des individus ? grâce à la rationalité. Cela remonte à l’époque d’Aristote (4 ème siècle avant J-C). Aristote pose les bases de la pensée de la Société en écrivant l’Ethique à Nicomaque où il définit ce que les économistes ont appelé la rationalité. Principe : on pose une fin (= objectif = fonction objective), on examine les moyens qu’on a ; s’il y a plusieurs moyens alternatifs, on choisit le meilleur moyen qui donne la réalisation la + facile et la meilleure. Au milieu du 20 ème siècle, Lionel Robbins (1932) écrit « An Essay on the nature and significance of Economic Science » qui donne une définition canonique de la rationalité : l’économie est « la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usage alternatif. » L’économie va s’intéresser à la relation entre une fin donnée et des moyens à usage alternatif. Depuis le début du 20 ème siècle, cette définition où l’économie repose, commence à être mise en question, en 1 er temps de manière large par le sociologue Max Weber (1864-1920). Il critique cette définition en disant qu’il y a plusieurs types de rationalité (2) et plusieurs manières d’expliquer les comportements (4). 2 types de rationalité : Idéal – type = type – idéal = figure abstraite décrivant un type de comportement = caricature donnant une idée du trait dominant socialement

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Psychosociologie économique

Introduction   : rationalité et comportement économique

Comment peut-on construire une théorie de la Société / de l’économie comme science ?Une seule hypothèse indispensable : l’hypothèse de rationalité = même si on sait que les individus peuvent être rationnels, la rationalité n’est pas un comportement réaliste dans la réalité.Depuis Hobbes, les individus répondent à un principe de ratio (= raison ou mesure) ce qui est à la fois un principe de rationalité et un principe de mesure. Comment rendre compte de l’activité des individus ? grâce à la rationalité. Cela remonte à l’époque d’Aristote (4ème siècle avant J-C). Aristote pose les bases de la pensée de la Société en écrivant l’Ethique à Nicomaque où il définit ce que les économistes ont appelé la rationalité.Principe : on pose une fin (= objectif = fonction objective), on examine les moyens qu’on a ; s’il y a plusieurs moyens alternatifs, on choisit le meilleur moyen qui donne la réalisation la + facile et la meilleure. Au milieu du 20ème siècle, Lionel Robbins (1932) écrit « An Essay on the nature and significance of Economic Science » qui donne une définition canonique de la rationalité : l’économie est « la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usage alternatif. »L’économie va s’intéresser à la relation entre une fin donnée et des moyens à usage alternatif. Depuis le début du 20ème siècle, cette définition où l’économie repose, commence à être mise en question, en 1er temps de manière large par le sociologue Max Weber (1864-1920). Il critique cette définition en disant qu’il y a plusieurs types de rationalité (2) et plusieurs manières d’expliquer les comportements (4).

2 types de rationalité : Idéal – type = type – idéal = figure abstraite décrivant un type de

comportement = caricature donnant une idée du trait dominant socialement

On ne s’intéresse qu’aux comportements signifiants socialement

A partir de ces 2 précautions, Weber propose 4 définitions/4 manières d’expliquer les comportements :

Activité appelée Zweckrationalität = rationalité en finalité = activité rationnelle née de la confrontation entre (des moyens et des fins) ET entre (des fins et les conséquences pouvant en découler). Le 1er comportement désigne des actions instrumentales tournées vers un but utilitaire (= comportement de l’homo economicus = consommation/production économique). Les moyens n’ont de sens que sur les valeurs.

Activité Wertrationalität = rationalité en valeur et rationalité au valeur déterminant une action sociale par une croyance dans la

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valeur intrasèque (= propre) d’un acte déterminé. Il n’y a pas qu’une forme de rationalité mais une autre sur les valeurs. Ici, les valeurs n’ont de sens qu’à l’aide des moyens.

Comportement affectif = les actions ne sont déterminées que de manière affective.

Comportement traditionnel = les actions déterminées de manière traditionnelle se font au nom de rituels, d’habitudes, de coutumes, à une forme de représentation de légitimité traditionnelle. Il ne s’agit pas là d’une rationalité de valeur. C’est un comportement qui réside sur la manière de faire. Ces rituels correspondent à la façon traditionnelle de se comporter. Exemple : les manières de politesse

Chapitre I Quelques jalons théoriques

I Leçons des ClassiquesA Rationalité et coordination   :   « la Fable des abeilles   » de Bernard Mandeville   ; Adam Smith et la main invisible

Ce qui permet à l’économie de se développer comme discipline autonome, c’est l’hypothèse de rationalité : le 1er texte à cet égard est une fable écrite par Bernard Mandeville : « Fable des abeilles, vices privées, bénéfices publics » qui rend indépendant le raisonnement économique du raisonnement moral. (1714)2 morales :

Morale religieuse = principe d’économie, d’épargne Morale économique = + les gens consomment, + la Société

est riche ; ce qui est considéré comme immoral peut conduire à un enrichissement de la Société ; d’où « vices privées, bénéfices publics ». Ce principe de rationalité revient à un principe d’intérêt.

Adam Smith publie en 1976 : « La Recherche sur l’origine des Nations ». D’après lui, ce qui fait fonctionner le marché, ce n’est pas la bonté des agents, c’est l’intérêt de ces agents à vendre leurs produits aux consommateurs. Il construit une théorie sur la coordination sociale des agents en se basant sur le théorie de la rationalité. Ce n’est pas seulement un principe d’intérêt.Cette idée de principe d’intérêt individuel est reprise par l’ensemble des Classiques (Ricardo, Mill, Say).

B. Rationalité et calcul   : le «   felicific calculus   » de Jeremy Bentham

L’auteur qui va creuser ce principe est un juriste anglais : Jeremy Bentham.Fondateur d’une doctrine qui va théoriser le principe d’intérêt : c’est l’utilitarisme, fondement de base des théories classiques. Elle se décrit en 2 volets :1er volet : principe d’utilité individuelle se déclinant sous la forme d’un calcul des peines et des plaisirs (« felicific calculus ») ; l’idée est que

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lorsque les individus agissent, ils cherchent à maximiser leurs plaisirs et minimiser leurs peines. Ce principe est posé comme comportement économique de base. C’est ce que Mill nommera comme « l’homo economicus », l’individu économique, rationnel cherchant à maximiser ses plaisirs avec un coût minimum. Il s’agit de découper les comportements humains complexes.

Bentham va montrer qu’il y a un lien entre la monnaie et l’utilité que les individus éprouvent par un calcul.

L’utilité est faite d’un certain nombre d’éléments. Elle peut être calculée à partir d’un certain nombre de plaisirs de base et d’unités de compte. Tous les plaisirs qu’éprouvent les individus, on peut les définir à partir de plaisirs fondamentaux (amitié, méchanceté). Bentham liste les plaisirs et les peines ; et les classe selon 4 caractéristiques : intensité d’un plaisir ou d’une peine = multiplication d’une unité de base par le degré d’insensibilité ; la durée ; la probabilité / incertitude et le caractère proche ou éloignée dans le temps. L’auteur définit ensuite des unités de compte : unités d’intensité et unités de mesure qui correspondent aux circonstances.

2ème volet : principe du « + grand bonheur pour le + grand nombre » Définition de la notion d’unité collective = somme des unités individuelles sur la base d’un principe de pondération, appelé « chacun compte pour un, personne ne compte pour + d’un ». C’est une manière de compter le bonheur.

C. Rationalité et incertitude   : la psychologie de l’entrepreneur

Cela sert de base à la théorie du consommateur. Apparition de la notion de l’entrepreneur.Psychologie de l’entrepreneur relève d’une autre logique que celle du consommateur.Richard Cantillon (1690 – 1734 ) : « L’essai sur la nature du commerce en général » (1755) ; 1er ouvrage où on distingue une différence entre la rémunération des salariés et celle de l’entrepreneur. Les salariés ont des gages certains alors que les entrepreneurs ont des gages incertains. L’idée centrale est que ce qui caractérise l’entrepreneur est qu’il prend des risques (et fait des projets). L’entrepreneur achète des heures de travail, des matières premières à un prix certain mais il va vendre ses produits à un prix incertain. S’il réussit son coup, il va avoir + qu’un profit normal et inversement.Association de rationalité de l’entrepreneur avec la prise de risques constitue le 2ème fondement des réflexions classiques. Smith définit l’entrepreneur comme un « projector », c’est-à-dire un faiseur de projets. C’est celui qui sort du circuit de production.

II. Psychologie et économie à la fin du 19 ème siècle

On prend l’utilité comme fondement de la théorie de la valeur et des prix. On se réintéresse à la psychologie économique. L’explication des prix d’équilibre passe par une référence à l’utilité.

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2ème considération : on s’intéresse à l’utilité afin de comprendre la loi de l’offre et de la demande. Il faut justifier le fait que la courbe de la demande est une certaine allure : on invoque alors le principe de l’utilité marginale décroissante.

ARationalité et utilité marginale décroissante   : Loi de Weber – Fechner

Dernier 1/3 du 19ème siècle : passage d’une économie classique à une économie marginaliste.1870 : économie marginaliste (Walras, Jevons, Menger) introduit le raisonnement à la marge.Principe d’utilité marginale = on considère que l’utilité de la dernière unité consommée tend à diminuer. De même, la productivité des facteurs de production décroît. Cette idée a été critiqué par Max Weber qui considère que certains biens sont tout le temps consommés. Ce principe est nécessaire pour utiliser le principe de l’offre et de la demande car la demande doit nécessairement diminuer pour qu’il y ait un équilibre entre les 2 courbes.Weber et Fechner, ces 2 économistes psychophysiologiques énoncent : « la sensation est une fonction logarithmique du stimulus.»Loi de Weber – Fechner = + l’intensité d’une stimulation est élevée, + l’utilité totale tend à augmenter et + l’utilité marginale tend à diminuer.

A. Vilfredo Pareto   : ophélimité, préférences révélées et optimum

Comment se débarrasser du calcul des peines et des plaisirs de Bentham ?La réponse se trouve avec le successeur de Walras, de l’école de Louisane, Vilfredo Pareto.Il va détourner ce principe des calculs des peines et des plaisirs en la tournant vers la révélation des préférences des individus. Il propose un système où on classe les préférences. Ce qui l’intéresse est la manière d’ordonner : l’utilité cardinale et l’utilité ordinale.Les consommateurs comptent avec l’unité de compte, « l’util ».Les individus sont capables d’ordonner leurs préférences. A partir de ce raisonnement, Pareto va construire les courbes d’indifférence.2 cas possibles :

Les 2 individus sont au moins au niveau de satisfaction d’indifférence qu’ils ont choisi.

Chacun peut même avoir + de satisfaction. 2

A

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1 Au point de tangence, A, si j’augmente la satisfaction de l’individu 1, je fais reculer celle de l’individu 2. Une situation de Pareto Optimalité est le point auquel on ne peut pas augmenter la satisfaction d’un individu sans qu’on diminue au moins la satisfaction d’au moins un individu. On est passé d’une définition de l’utilité, de la rationalité d’un individu (Bentham) à une comparaison d’une mise en ordre des préférences (cardinale/ordinale), puis à une comparaison de 2 éco-échangistes des courbes d’indifférence ; puis d’une généralisation du raisonnement à une société ou un groupe social.Raisonnement d’une psychologie pour un individu à un raisonnement d’une analyse de la société tout entière.Comment passe t-on d’un individu à une généralité ? Boîte de Pareto consiste à considérer un point de bien être dans la société où l’ensemble des individus est à un niveau de satisfaction tel que quand on augmente la satisfaction de l’un, on diminue obligatoirement la satisfaction d’au moins un individu.

III Psychologie individuelle et psychologie collective   : les leçons de l’institutionnalismeA. Thorstein Veblen et la critique de l’hypothèse de rationalité individuelle

Passage d’un raisonnement « individuel » à un raisonnement « collectif » opéré par Pareto reste une généralisation.1904-1930 : courant américain procède au même passage en critiquant le fait de partir d’un individu.L’institutionnalisme américain avec Veblen, John R. Commons et Wesley C. Mitchell : ces 3 auteurs affirment que la théorie économique ne doit pas s’appuyer sur la psychologie de l’individu mais partir des institutions.D’après Veblen, les institutions sont des habitudes de pensées communes que l’on peut identifier dans le temps et dans l’espace.Ces habitudes sont créées dans un environnement et dans une époque donnés. La rationalité de ces individus dépend de ces institutions. On ne peut pas raisonner comme si les individus ont une rationalité propre. La préférence des agents va être influencée par toute une série d’évènements.Ce comportement est déterminé par des habitudes provenant des institutions (famille, religion, rue, etc …)A partir de là, Veblen travaille sur les phénomènes de mode et de consommation : band – wagon effect.Commons travaille sur le droit, la manière de penser pour réguler les marchés et aussi sur la monnaie.Mitchell va travailler sur la monnaie, l’inflation et les problèmes sur les marchés financiers. Il va donc s’intéresser sur les cycles économiques.

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2ème référence : Veblen met l’accent sur le fait que l’économie est « enchâssée » (= enbedded) ou « encastrée » dans une série de comportements qui n’ont rien à voir avec l’économie :

instincts dans les sociétés humaines : 2 types de domination et de prédation qui expliquent la concurrence entre

firmes de « parental bent » de “idle curiosity” = curiosité abstraite de « workmanship »= goût du travail bien fait

Instincts = institutions ; il n’y a pas de rationalité économique

B. L’école française   : Gabriel Tarde, Albert Aftalion, François Simiand

Ce sont des auteurs qui travaillent sur les réseaux d’informations, sur les problèmes de mimétisme qui prennent comme objet la monnaie et les cycles économiques.2 concepts centraux :

L’imitation La conversation = ce sont les échanges qui font que les choix de

consommation et de production sont influencés par des discussions entre agents.

IV Risque et IncertitudeA. Risque, incertitude et profit   : les distinctions de Frank Knight

Frank Knight (1885-1972) : Treatise on probabilitiesJohn Maynard Keynes (1983-1946) : Risk, uncertainly and profit 1921 : ces 2 auteurs publient chacun un ouvrage dont la caractéristique commune est de mettre l’accent sur le risque et l’incertitude. Là où la notion de risque apparaît c’est dans l’ouvrage de Knight où le risque est une incertitude mesurable et une incertitude non mesurable.

La microéconomie est marquée par l’idée d’incertitude : le futur n’est pas certain (18-19ème siècle)Au 20ème siècle, on énonce que « la cause ne produit pas nécessairement un effet. »Cette incertitude marque les comportements. Elle va être directement liée aux phénomènes de confiance. On oppose le risque avec l’incertitude : opposition entre 2 incertitudes.

Incertitude probabilisable = risque Incertitude non probabilisable = incertitude

Les 2 notions sont rapportées à la notion de profit. De même, la définition de l’entrepreneur et celle du profit ont été liées en disant que l’entrepreneur était un preneur de risque. Le profit vient rémunérer la gestion par l’entrepreneur du risque/incertitude probabilisable.

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Etre entrepreneur = c’est penser toute une organisation de la firme qui permet de se prémunir contre les risques.

B. John Maynard Keynes   : comportement rationnel, incertitude, conventions

Cela permet d’introduire 2 notions : L’anticipation = la dimension temporelle qui n’existait pas avant La probabilité va se différencier entre 2 probabilités (ouvrage de

Keynes) la probabilité objective = probabilité fréquentiste (1) la probabilité subjective (2)

(1)fréquentiste = dépend de la fréquence dans le passé. Keynes dit que ce n’est pas un argument. On ne peut pas attribuer une valeur future à partir d’un événement passé.

1er argument : probabilité non probabilisable (2)approche subjective en fonction de la croyance des individus. Il

n’y a aucun lien objectif. C’est tout ce qui concerne la superstition, ce qui est irrationnel.

Keynes va, d’une part, dire qu’à court terme, la probabilité numérique ne peut qu’être objective et qu’à long terme, il n’y a que de l’incertitude : « à long terme, on sera tous morts. » Il pense que les agents vont en partie déterminer leur comportement à partir de leur croyance. L’agent va se comporter comme s’il croyait que le phénomène allait se passer.Freud a été le 1er à parler de prophéties auto-réalisatrices. Mais celui qui introduit cette notion dans le domaine social est Karl Popper : prophéties auto-réalisatrices = self – fulfilling propheties = « effet Œdipe »A partir de cette notion, Keynes s’intéresse sur la manière dont les agents se comportent sur un marché financier. Il considère que les agents se comportent comme dans les concours de beauté, c’est-à-dire que les agents doivent deviner les gagnants du concours en prenant en compte l’opinion commune. Les agents doivent se mettre à la place de l’opinion commune pour savoir qui sera le gagnant du concours.Keynes va alors comparer ce concours à l’idée de spéculer en Bourse.C’est l’idée de base de l’incertitude, de la Théorie des conventions et de la Théorie des coordinations économiques des agents (consommation, épargne).Cet apologue du concours de beauté a un lien avec le comportement des agents sur le marché financier et précisément avec le principe de la Bourse.Keynes dit qu’on va comparer le rendement escompté d’un investissement qui tient de la probabilité objective ou subjective ou croyance avec le taux d’intérêt du marché. Il s’agit d’anticiper en fonction de ce qu’on pense être les croyances des autres.

Keynes reprend l’idée de la notion d’incertitude. Pour des phénomènes non naturels (économiques, sociaux), les

anticipations prennent nécessairement en compte les anticipations propres de l’agent et celles des autres agents.

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C. Incertitude et innovation   : l’entrepreneur schumpeterien

Autour de cette idée d’entrepreneur, est apparue la notion d’incertitude. 1er concept : Joseph Aloys Schumpeter reprend au début du

20ème siècle, la définition de l’entrepreneur en le définissant comme un preneur de risques et va en faire le moteur d’une théorie de la dynamique économique.

2ème concept : la dynamique et la statique ; on revient aux 2 notions de risque et incertitude.

On théorise la dynamique pour parler de cycles et de crises. Schumpeter va faire de l’entrepreneur le personnage central qui va être à l’initiative de cycles économiques.L’entrepreneur prend un risque sur une invention et la transforme en innovation, c’est-à-dire qu’une entrepreneur donné prend l’initiative de transformer l’invention en innovation.Il faut bien faire la distinction entre une invention et une innovation car une invention ne devient pas forcément une innovation.Exemples d’inventions devenues innovations :

création d’un nouveau marché utilisation de nouvelles matières premières

Le passage d’invention à innovation est une prise de risque, selon Schumpeter qui permet de théoriser la dynamique économique.L’entrepreneur ne répond pas mais crée une nouvelle demande. L’innovation va éduquer le consommateur et révéler une nouvelle demande.Le profit de l’innovation, permettant la dynamique, va être partagé par l’entrepreneur et le banquier et, dans un 2nd temps, en grappes d’innovation.Une partie de la théorie de la dynamique vient de la prise de risque/ de la notion d’innovation.

Chapitre II   : Rationalité limitée et incertitude I. La rationalité limitée

A. La critique du modèle microéconomique traditionnel et les définitions de Herbert A. Simon

La théorie de la rationalité limitée vient d’un auteur Herbert A. Simon, spécialiste des sciences cognitives c’est-à-dire sur la manière des personnes de voir le monde.Simon réfléchit sur la rationalité comme étant une standardisation, une « économie standard » qui est le modèle économique de base. Dans cette économie, les individus sont rationnels, de même si on est en concurrence pure et parfaite.Dans cette approche standard, il n’y pas d’autres limites à la rationalité que celles présentes dans la notion d’incertitude et dans les limités extérieures du marché. Les limites de la rationalité ne viennent pas des individus eux-mêmes.Simon va substituer une théorie de la rationalité limitée. Cela montre que les agents ne sont pas parfaitement rationnels, qu’ils ont des limites à

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leurs rationalités parce que les individus sont saturés d’information, ils n’arrivent + à traiter les informations et parce qu’ils n’ont pas le temps.Simon va opposer 2 types de rationalité :

Rationalité standard = rationalité substantive ou parfaite Rationalité limitée = rationalité procédurale tient aux limites

internes et externes qui grèvent les comportements des agents.Ces 2 types de rationalité font que la procédure s’arrête à un moment donné.

Dans cette approche standard, les limites de la rationalité viennent de l’extérieur et donc relèvent d’une explication exogène.A partir de ces travaux, on va prendre en compte 3 limites, déjà évoquées par Knight.

Capacité limitée à absorber, interpréter et traiter l’information Lorsque les agents n’utilisent pas très régulièrement l’usage d’une

information, l’agent l’oublie Contrainte de temps dans le choix de décisions.

1er type de limite : la rationalité parfaite ou substantiveSimon parle d’abord de la rationalité parfaite, traitée avec James March.La rationalité limitée porte sur une double contrainte concernant les caractéristiques de l’environnement :

L’information n’est jamais parfaite Les ressources d’un individu ne sont pas illimitées

2ème type de limite : la rationalité procédurale ou limitée :Les agents ne connaissent pas parfaitement leurs préférences, ils ne parviennent pas toujours à classer leurs préférences et à toujours considérer leurs préférences comme stables. La rationalité procédurale, selon Simon, est l’idée que les préférences des agents sont endogènes à l’action. Il considère que c’est au moment même de l’action que les préférences vont être modifiées (classement, instabilité).

B. La typologie de James March

March a développé les théories de Simon. Il va proposer une typologie des choix rationnels dans un ouvrage appelé : « Décisions et organisations »March propose 4 modèles de rationalité contrôlée (= action logique consciente) et 3 modèles de rationalité systémique ou collective.

4 modèles de rationalité contrôlée : 1er modèle : rationalité limitée au sens de Simon avec 3 limites

(1ère limite : la capacité à recueillir et ordonner les informations = capacité cognitive et temporelle de l’agent ; 2ème limite : liée à la faculté de calcul renvoyant à la complexité selon la situation de choix des agents et traduite par 2 types de coûts, les coûts entraînées par les décisions des agents et les gains attendus et la 3ème limite : le temps = ressource rare dans une prise de décisions économiques)

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2ème modèle : rationalité contextuelle = traduit la façon dont un comportement de choix est mêlé ou entremêlé à d’autres préoccupations de l’agent. Il ne peut pas dissocier son choix économique avec un ensemble de relations sociales et commutatives qui viennent bousculer son choix. March met l’accent sur le fait que le contexte influence le choix des agents et que le comportement de choix est encastré dans d’autres préoccupations de l’agent.

3ème modèle : rationalité de jeux = il s’agit de la théorie des jeux ; cela illustre le fait que les agents soient en interaction. Les décisions d’un individu intègre les réactions escomptées ou anticipées des autres agents. March met l’accent sur les coalitions et sur la dimension séquentielle d’une coalition. Supposons 3 entreprise A, B et C concurrentes les 1 des autres : A et C peuvent s’allier (coalition) pour battre l’entreprise B dans un premier temps ; ensuite A et B peuvent faire une coalition pour concurrencer C et ainsi de suite ; d’où la notion de dimension séquentielle qui est le nombre de coalitions possibles.

4ème modèle : rationalité de processus = décisions prennent leur sens dans certains aspects du processus au lieu du résultat.

3 modèles de rationalité systémique : elle ne vient pas du comportement de l’individu ; il ne s’agit pas du comportement conscient de l’individu ;

1er modèle : rationalité adaptative = apprentissage expérimentale des individus et des collectivités 

2ème modèle : rationalité sélectionnée/ de sélection = désigne le fait que dans une approche darwinienne, il y a sélection de certains comportements sur d’autres. Il y a sélection des « routines » = façon de faire, de se comporter, de sélectionner par adaptation à l’environnement ; on parle d’économie évolutionniste = sélection de phénotypes et de génotypes (comportements génétiques) transposés à l’économie.

Exemple : comment les firmes s’adaptent aux mutations économiques ? 3ème modèle : rationalité a posteriori = idée que

l’interprétation de l’action se fait après et non avant.Albert Hirschman, dans son ouvrage Exit, Voice and Loyalty, montre que le processus qui amène l’agent à sortir de la firme et le processus qui amène l’agent à donner de la voix font que la rationalité de l’action ne se fait qu’a posteriori. C’est la structure même qui fait sortir un individu du système.

C. Rationalité limitée et comportement opportuniste

Dans un cadre de rationalité limitée, il y a plusieurs séquences analytiques qui ne se déroulent pas de la même manière. S’il y rationalité limitée et que les agents sont irrationnels, on parle d’opportunisme selon Oliver E.

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Opportunisme = agent manipulant l’information sans scrupule et pour arriver à ses fins. Il décrit le fait que les agents ont une capacité limitée à comprendre et maîtriser l’information, donc une partie de l’information ne peut pas être traitée, elle est inaccessible. D’où, il existe de la place pour une manipulation de cette information. C’est ce que Williamson appelle l’opportunisme.Cela correspond à 2 situations :

1ère situation : dans laquelle les agents sont guidés par leur intérêt individuel.

2ème situation : un agent peut manipuler l’information ou la communication d’informations, grâce à la rationalité limitée, pour son propre profit.

L’opportunisme repose sur une révélation incomplète, déformée ou falsifiée de l’information par un agent.

2 types d’opportunités : 1ère opportunité : opportunité ex ante (avant) = manipulation

(mauvaise information) de l’information avant passation/signature d’un contrat. Elle pose un problème de « sélection adverse ».

2ème opportunité : opportunité ex post = manipulation après passation du contrat, après que la déformation d’information se produit. Elle crée un type de modèle : le « risque moral ».

« Sélection adverse » = opposé à la sélection ; avant la passation du contrat, les biens sélectionnés vont être des biens de mauvaise qualité, donc ce seront des biens contraires à ce qu’on voudrait.« Risque moral » = moralement, l’agent ne fera pas ce qu’il devrait. Après passation du contrat, par exemple de type embauche, il y a engagement moral de l’agent. Le risque moral consiste à dire que j’ai (l’agent) fait mon boulot sans l’avoir fait.Les 2 formes d’opportunisme ont pour effet d’accroître les coûts de transaction, de négociation et de supervision du contrat. Ces coûts font partis d’une catégorie large des coûts de transaction, liés à toute transaction sur un marché.+ il y a d’opportunisme, + les coûts liées à la transaction seront élevés.Il existe une garantie contre le risque que le bien soit endommagé : c’est le coût de transaction.La rationalité limitée de Simon entraîne une manipulation de l’information (opportunisme) qui entraîne des coûts de transaction.

D. Rationalité limitée et coordination des décisions

A partir du moment où on est dans une rationalité limitée (dans l’opportunisme), la manière de gérer ses risques est d’adapter une gestion collective de ces risques.« Learning by doing » par Kenneth Arrow est une procédure d’acquisition et de savoir-faire. Un groupe d’individus peut apprendre beaucoup + d’informations que si un individu seul apprend. D’où il existe des

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structures collectives qui peuvent fournir les informations manquantes ou mauvaises.Ce sont les « routines » = séquences d’activité qui font qu’il y ait dans une collectivité des réponses quasi automatiques à des question. Elles permettent de gérer des problèmes sur lesquels les individus n’auraient pas les réponses.Processus collectif « routinisé » permet de gérer des situations dans un cadre de rationalité limitée.

II Contrats et conventions

Théories des contrats et des conventions constituent 2 branches relativement récentes de la microéconomie concernant la firme.Théories des contrats relèvent de ce qui se passe dans les contrats avec des asymétries d’information et en rationalité limitée des agents.Théories des conventions s’intéressent à la manière dont les agents se coordonnent de manière formelle. Le mode de coordination n’est pas nécessairement formalisé.

A. La définition des conventions   : John Maynard Keynes et David Lewis

Théorie des conventions est récente ; elle est née il y a 12 ans, animée par des auteurs français. Elle reprend la définition de l’apologue du concours de beauté de Keynes.Notion de convention est opposée à celle du contrat qui est une relation bilatérale entre 2 individus, alors que la convention implique un grand nombre d’agents, voire d’une société tout entière, qui peut soit résulter d’un règle écrite (=contrat) ; soit résulter des croyances des individus et notamment de ce qu’on appelle de prophéties auto réalisatrices.

2 définitions formelles permettent de définir les conventions : 1ère définition d’un philosophe David Hume au 18ème siècle : Apologue

des rameurs ; pour ne pas que le canoë kayak coule, il doit y avoir coordination des rameurs. Les rameurs finissent par ramer sans se concerter et sans avoir passé de contrat explicite sur les conditions de cette coordination. Cet accord implicite entre les rameurs est ce que Hume appelle une convention.

2ème définition de D.K. Lewis, études à Princeton et travaille avec Thomas Schelling qui s’intéresse à la coordination implicite sans règles explicites. Lewis s’intéresse alors à ces coordinations et surtout à la notion de « common knowledge » = savoir commun que les agents suivent parce que les autres agents le suivent. D’après Lewis, les règles qui existent sont contraignantes, sans genèse intentionnelle et sans sanction officielle. D’où : « une régularité de l’action ou croyance est une convention au sein d’un groupe placé dans une situation récurrente si et seulement si à l’intérieur de ce groupe, les 6 conditions sont vérifiées ou presque vérifiées :

tout le monde ou presque se conforme à R (= convention) tout le monde anticipe que les autres vont se conformer à R

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cette croyance donne à chacun une raison bonne et décisive à se conformer à R.

préférence générale pour une conformité générale à R plutôt que pour une conformité légèrement moindre que générale.

R n’est pas la seule conformité existante qui satisfasse aux 2 dernières conditions. Il existe au moins une régularité qui satisfasse à ces mêmes conditions : convention arbitraire.

Faits énumérés dans les conditions 1 à 5 sont des faits « common knowledge ».

B. 2 domaines d’application de la notion de convention   : les systèmes financiers et les relations de travail

Système financier = système dans lequel le risque de défiance généralisée introduit un risque de système.Défiance est un phénomène caractéristique des marchés financiers. Si tous les acteurs du marché décident de se retirer, le marché fait faillite. Pour éviter ce risque, il y a mise en place d’une coordination c’est-à-dire de procédures non marchandes (exemples : règles administratives ; Commission des Opérations Boursières devenue Autorité Monétaire Financière.Toutes les fonctions de l’AMF ont pour rôle d’établir des conventions afin de rassurer les agents. Conventions ont pour intérêt de faire marcher les marchés financiers.André Orlian : fonction du marché financier = fonction où chaque agent raisonne pour leur propre intérêt et en prenant en compte les anticipations des autres agents. Fonction conventionnelle dans les marchés financiers que Orlian appelle : mimétisme.Robert Salais : marché du travail avec les conventions de la productivité et celles du chômageCes conventions vont avoir pour fonction de réguler/coordonner les relations du travail (employeur – salarié)

Robert Salais définit la convention de la productivité et celle du chômage.Dans un contrat de travail, lorsqu’un employeur embauche un salarié, il y a 2 grands en enjeux qui vont tenir lieu de conventions :

le salarié accepte de faire des efforts en échange d’un salaire + élevé que celui offert sur le marché du travail. L’effort se fait donc du côté du salarié.

L’effort se fait du côté de l’employeur. Le salaire est moins élevé que celui du marché du travail mais le salarié est garanti de ne pas se faire licencier.

Chapitre III   : Information, choix individuels et communication I. Information et formation des prix

Question du statut de l’information dans la théorie économique.

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A. Information et prix   : le modèle de Friedrich von Hayek

Modèle qui a déclenché cette question : « French disease » de Friedrich von HayekLe « French disease » est la conception de base de l’équilibre économique générale.Lorsque les marchés sont en interaction, la demande en excès sur un marché va se reporter sur un autre marché.Alors qu’en équilibre partiel, il n’existe pas d’interaction entre les marchés.L’équilibre économique générale suppose que l’information est parfaite et donnée par un commissaire priseur.Comment se fait la coordination des marchés ?Démonstration de coordination :

Existence d’un équilibre Existence d’unicité Existence de stabilité

Friedrich von Hayek s’intéresse en 1945 à l’équilibre générale.

Qu’est-ce que cherche l’économie générale ? Solution abstraite : si l’information est parfaite et la préférence

des agents est donnée, quelle est la meilleure utilisation possible des moyens rares disponibles ?

Solution réaliste : si l’information n’est jamais parfaite et la préférence des agents n’est jamais donnée, comment utiliser l’information disponible ?

On a 3 « programmes de recherche » selon Imre Lakatos. 1er programme de recherche : Hayek emprunte son modèle à la

biologie et oppose un modèle + réaliste, + empirique qui suppose que l’information est imparfaite et que le système des prix a pour fonction première de fournir des informations. C’est l’économie de marché ou d’informations.

Economie de marché = économie de rareté où l’information est imparfaite. L’objet de la théorie économique est de savoir comment les agents se coordonnent non pas éclairés par un crieur de prix mais par des mécanismes d’apprentissage en révisant les projets. Le système des prix résulte de cette coordination.L’information est fragmentaire selon Hayek, donc les agents vont essayer de se coordonner et d’établir des plans.Economie d’informations = économie de rareté développée par Machlup et Stigler en 1945.

2ème programme : qui est le mieux placé pour diffuser l’information ? le système centralisé ou décentralisé ? Est-ce qu’on peut penser à un prix d’équilibre avec un système centralisé ?

3ème programme : relation entre l’information et la formation des prix. Comment et quel est le rôle de l’information dans la formation des prix ?

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L’information imparfaite est-elle une condition nécessaire pour fixer le niveau des prix ?Hayek prend par au débat sur la théorie de l’information et des prix et cela lui fait prendre conscience que l’enjeu central est l’information du marché. Il oppose le système mécanique de « french disease » avec le système fondé sur des agents qui essayent de se coordonner.4 grandes questions primordiales dans l’article de Hayek :

les agents élaborent des plans (ils veulent épargner, consommer) mais comment l’information leur est communiqués ?

question du calcul socialiste : qui est le mieux placé pour traiter cette information ? un système centralisé ou le marché ; une autorité centrale ou des agents décentralisés et autonomes ; ou encore un système de plans ou un système de marché ?En d’autres termes, est-ce que les mieux placés pour traiter l’information sont : une autorité centrale, des agents décentralisés et autonomes ou une organisation intermédiaire entre le plan et le marché ?

mécanisme des prix n’est que l’un des mécanismes qui permet de traiter l’information. Est-ce que c’est le mieux, le + efficient, le + coûteux ou pas ?

Calcul économique : est-il possible dans un système où les prix ne sont pas des vecteurs d’information ?

Sur la base de cet article, on se questionne sur l’information. Un certain nombre de travaux vont développer la comparaison entre la coordination et l’information.En fonction de l’information, les agents coordonnent leurs actions. La coordination dépend donc de l’information. Dans ces informations, 3 types de signaux engageant de l’information.

B. Nature des informations   : Informations prix, informations quantités, informations qualité

1ère série : système de prix est d’abord un système d’information. Prix = taux marginal de substitution = taux de substitution à la marge = taux auquel chaque individu est prêt à donner x quantité d’un bien A contre y quantités d’un bien B. TMS = indicateur quantitatif exprimant les contraintes subies par un agent quand il veut faire varier les quantités d’un bien. Il constitue un vecteur prix donnant les différentes informations dont les agents ont besoin pour faire leur choix. TMS = permet aux agents de prévoir les quantités à vendre et à acheter, donc il permet aux agents de se coordonner. Le prix donne une information sur les quantités disponibles et sur la demande potentielle des consommateurs. Prix joue un rôle de coordination entre les agents. C’est un signal d’information sur les quantités disponibles et sur l’état des agents.

2ème série : information quantitative/qualitative : c’est la catégorie montrant que les prix ne sont pas les seuls vecteurs d’information dans un système de marché. Il existe d’autres

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signaux sur la quantité/qualité comme les variations de stocks qui permettent de déterminer l’offre disponible et renseigne le producteur sur la demande finale ; de même la quantité d’éducation = diplôme = indicateur utilisé par les employeurs pour identifier les candidats potentiels ; la quantité d’assurance = montant de prime d’assurance qu’un assuré est prêt à payer. Si on est un assuré possible à haut risque, on sera prêt à payer une prime élevée. La quantité de la prime d’assurance donne une indication sur la qualité de l’assuré. Dernier exemple : l’information qualité, notion décrite par K. Lancaster dans « A NEW THEORY OF CONSUMER BEHAVIOR » (1972). Cet auteur est le 1er à faire une théorie de la qualité des biens bouleversant la théorie des consommateurs. Selon lui, la qualité recouvre des caractéristiques différentes. Ces caractéristiques peuvent s’appliquer à plusieurs produits. Lancaster dit que la demande d’un bien consiste à demander des caractéristiques. On demande un faisceau de caractéristiques.

De là, 2 définitions différentes de la notion de qualité : 1ère définition : une + grande quantité d’une

caractéristique 2ème définition : un + grand nombre de caractéristiques

Ces 2 définitions de la qualité vont permettre d’ouvrir un champ de réflexion sur les prix et la qualité. Ces réflexions vont partir de la théorie de l’auteur Harvey Leibenstein : Economic backwardness (= retard) and economic growth (1957). Leibenstein constate que quand il étudie les pays sous développés, la théorie selon laquelle le salaire d’équilibre est défini par la productivité marginale du travail (PML) ne marche pas.

Rappel : PML < salaire = entrepreneur n’embauche pas ; ce qui détermine le salaire c’est le dernier travailleur que l’entreprise a embauché.

Cette causalité entre le salaire et la PML ne marche pas dans les pays sous développés parce que ce n’est pas l’effort additionnel qui détermine le salaire mais c’est le salaire qui détermine la productivité des individus et donc la productivité marginale. A partir de cette théorie de Leibenstein, on met en œuvre la théorie du salaire d’efficience. L’idée est que cette inversion (productivité entraîne salaire) peut s’appliquer à nos théories salariales, c’est-à-dire dans les pays développés. 1er exemple : Le salaire élevé peut diminuer l’absentéisme et peut diminuer le « turn over » (changement de boulot), etc… Un salarié qui a le sentiment d’être bien payé va fournir un effort + grand de travail. Donc un accroissement de productivité induite par un accroissement du salaire fait + que compenser la hausse du coût produit par la hausse des salaires.George Akerlof : (1982) modèle du « Labor Contrat as Partial Gift Exchange » Selon Akerlof, la théorie du contrat de travail n’est pas seulement un contrat marchand mais aussi un échange de dons.

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Marcel Mauss, dans son « Essai sur le don », définit le don comme une triple obligation qui est de donner, recevoir et rendre ; donc le don est + complexe que l’échange marchand. Le contrat de travail est en parti un échange Maussien, c’est-à-dire que même dans les sociétés modernes, la relation entre la productivité et le salaire marche. 2ème exemple de relation inverse : quand une banque augmente son taux d’intérêt, elle n’augmente pas nécessairement la qualité de ses clients. Quand une banque augmente le taux d’intérêt, elle n’augmente pas nécessairement sa profitabilité parce que cette augmentation de taux d’intérêt est acceptée par les firmes qui sont prêtes à prendre des risques.

C. L’acquisition de l’information   : la théorie de l’apprentissage

On s’intéresse ici à la théorie économique sur la recherche de l’information. Théorie se développe en 3 temps :

1er étape : le raisonnement d’Hayek se rapproche de celui de l’école de Chicago. Stigler, dans « The Economies of Information » (1961) (auteur qui appartient à l’école de Chicago) montre que l’information est un bien rare, donc un bien imparfait et qui coûte très cher à produire. La production de l’information fait l’objet de recherche du côté du producteur et du côté du consommateur.

2ème étape : Kenneth Arrow fait une théorie sur l’apprentissage. Si l’information est une recherche, il faut acquérir cette information par l’apprentissage (1962 : « The Economic Implication of Learning by Doing ». Arrow nous montre que l’apprentissage permet de diminuer les asymétries d’informations et aussi le coût d’acquisition de l’information. L’apprentissage a un lien direct avec la réputation d’une firme. La réputation est l’ensemble de biens immatériels appartenant au capital d’une firme et qui font que les clients vont être fidélisés et vont avoir confiance en la firme.

Exemple : si je vends un bien avec une publicité complètement fausse, la réputation de la firme va diminuer. S’il y a un effet d’apprentissage de fiabilité de la firme, les clients vont être fidèles.

L’information et la réputation ont un lien direct avec la qualité.

3ème étape : relation entre les informations passées et reçues par un agent et les anticipations que les agents vont pouvoir faire = anticipations adaptatives.

II Information et coordination A. Théorie mathématique de la communication   : le modèle de

Shannon et Weaver

Modèle mathématique de coordination et de circulation n’est pas du tout limitée à la théorie économique.Mathematical Theory of Communication (1949) : idée est que toute coordination entre individus suppose un traitement qui synthétise un

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certain nombre d’informations, les transforme en données, les code, les transmet pour utilisation.Présentation mathématique de l’information.1968 : Jacob.Marschak, traite dans son article de l’« Economie de l’enquête, de la communication et de la décision », paru dans l’American Economic Revue.Schéma : appliquer la théorie de Shannon et Weaver dans la circulation de l’économie.Il faut d’abord une fonction objective. Ensuite s’intéresser aux évènements qui vont servir de base. Il va falloir faire une recherche sur ces évènements. Cette recherche va nous procurer des données.A partir des données, on choisit les + intéressantes. On code les données. Ce codage va donner des signaux. Ces signaux vont pouvoir transmettre des informations. Décodage des informations. Message est perçu, ce qui entraîne une prise de décision à partir des données. A partir de cette décision, une action est réalisée, qui se situe au même niveau que l’événement. Action devrait alors conforter la fonction objective, c’est-à-dire aller dans le même sens que le but recherché au départ (fonction objective). Au milieu de ce schéma, il y a les coûts correspondant aux étapes du schéma (recherche, codage, transmission, décodage, décision). Il y a de plus, des variables : événement, données, signaux, message perçu, action.Transformation des opérations avec bruitage, ce qui perturbe la transmission des signaux.Transformation des opérations sans bruitage.

Fonction objective

Evénement action Recherche coût décision Données message perçu Codage signaux transmission signaux décodage

Jacob Maschark utilise toujours ce modèle dans la circulation des informations dans la firme.A quoi sert ce schéma dans la firme ?

1ère fonction : de circulation de l’information 2ème fonction : de représentation de la firme : produire un langage

commun à tous les représentants de la firme afin qu’ils agissent conformément à la fonction objective. Construction d’une représentation commune.

3ème fonction : d’apprentissage : quand les opérations de transmission sont acquises, elles entraînent des coûts beaucoup moins grand, qui induisent une réduction des coûts de transmission par apprentissage.

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Mercredi 09 Mars 2005Chapitre IV   : Informations, incitations et performances

L’idée est que les agents n’obéissent pas toujours à la seule logique monétaire ou marchande. La motivation des agents ne tient pas seulement aux gains monétaires.L’information n’est pas parfaite : elle est coûteuse à obtenir en temps et en argent.La coordination entre agents suppose une motivation de ces agents. Cette motivation peut être modifiée.Distinction entre la notion de motivation et d’incitation :Motivation = ce qui explique le comportement des agentsIncitation = désigne l’ensemble des mécanismes destiné à modifier le comportement des agents.Dans le cadre de la microéconomie standard, dans le cadre de la seule économie de marché (en concurrence pure et parfaite), la motivation et l’incitation se confondent.

Section 1   : Asymétries d’informations

A partir du moment où l’information est imparfaite, à partir du moment où on est en asymétries d’informations, on a un « espace » pour une manipulation d’informations, par un agent, pour son propre profit.Cette idée a été théorisée par :

une relation d’agence et une relation principal-agent

Cette théorisation a été développée au début des années 70 par des auteurs tels que Arrow, Fama (avec sa théorie de la finance), Ross, Jensen.

1ère définition de la relation d’agence :Lorsqu’un agent, appelé « mandat « ou principal, délègue tout ou une partie de son pouvoir de décision à un autre agent, appelé mandataire. (Jensen et Meckling en 1976)Exemples : prêteur emprunteur ; employeur employé.Cette théorie s’organise autour de 2 grandes questions :

1ère question : comment mettre en place un système d’incitation (qui influence les agents) qui conduise les agents à se comporter comme s’ils maximisaient la fonction d’utilité du principal ? comme s’ils étaient à la place du principal ?

2ème question : comment mettre en place un système qui reproduise les conditions d’un marché parfait lorsqu’on est en situation d’asymétries d’informations ? Comment inventer un système, même si l’information est imparfaite, pour que l’information soit considérée comme si elle était parfaite ?

1. Relation d’agence

Cette relation d’agence va se déchirer en 2 question théoriques différentes :

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1ère : la sélection adverse 2ème : le risque moral

La sélection adverse désigne les situations d’agence dans lesquelles l’asymétrie d’informations porte sur une variable exogène du contrat, c’est-à-dire une variable qui ne résulte pas d’un choix de la part de l’agent.Il y a donc un seul paramètre : la variable exogène.On dispose dans ce cas d’un avantage informationnel sur le principal.

Le risque moral (ou hasard moral ou encore aléa moral) désigne les situations d’agence dans lesquelles l’asymétrie d’informations porte sur le comportement ou action des agents.On peut manipuler une information.A chaque fois, on va disposer d’un avantage informationnel sur une action/comportement.Conséquences théoriques et analytiques ne sont pas les mêmes dans les 2 cas de figure.

2. Sélection adverse

L’asymétrie d’informations porte sur une variable exogène. Cette sélection adverse est liée à une hétérogénéité des biens et services (biens dont la qualité n’est pas la même). Ce qui fait que l’information sur ces biens, qui font l’objet d’un contrat, est incomplète parce que les biens sont hétérogènes et asymétrique parce qu’on est dans une relation d’agence. Un des grands auteurs qui a travaillé dessus est George Akerlof. Il a écrit un article intitulé : « The Market for Lemons (voitures d’occasion) : Quality, Uncertainty and the Market Mechanism » publié au QJE (Quaterty Journal of Economics) en 1970.Pourquoi Akerlof s’intéresse aux voitures d’occasion ? parce que sur un marché de voitures d’occasion, la qualité du bien ne peut pas être observée.Donc qu’est-ce qui transmet l’information sur la qualité du bien ? c’est le prix qui donne l’information sur la qualité de la voiture.Qu’est-ce qui se passe si toutes les voitures d’occasion sont en mauvais état ? les garagistes vont les vendre chères. Quand quelques voitures vont se vendre et que les acheteurs vont se rendre compte que les voitures sont de mauvaise qualité, le prix ne sera + fiable.Les acheteurs ne vont + être prêts à payer chers une voiture qui ne vaut pas son prix.Si le vendeur avait une voiture d’occasion qui vaut son prix, les acheteurs vont se méfier et considérer que c’est une mauvaise voiture.C’est la sélection adverse : l’inobservation de la qualité des biens a pour conséquence la sélection d’objets à vendre qui sont le contraire de ce qu’on voulait au départ.Cela se retrouve dans la loi de Gresham qui dit qu’en cas de bimétalliste (système avec 2 monnaies), la mauvaise monnaie chasse la bonne. Alors qu’il vaudrait mieux que les bonnes monnaies circulent, on a une sélection adverse : ce sont les mauvaises monnaies qui circulent.

Page 21: Cours Psychosociologie

A l’équilibre, sur le marché des « lemons », seules les mauvaises voitures s’échangent puisque le marché a chassé les bonnes voitures.Quel va être sur ce marché la stratégie optimale pour les agents à haut risque ? leur stratégie sera de dissimuler les caractéristiques du bien qui fait l’objet d’un contrat.Motivation de l’agent à haut risque est de dissimuler les caractéristiques de ses biens.Que peut –on faire pour que le vendeur révèle les caractéristiques réelles du bien ?

Rappel des étapes de la sélection adverse : Les mauvais biens chassent les bons Trouver un système qui pourrait révéler les vraies qualités de bien

2 systèmes : Le 1er système fait appel à une instance de certification mais cela

coûte cher : cela consiste à demander l’aide d’un expert qui va certifier si le bien est de bonne ou de mauvaise qualité.

Le 2ème système va établir des systèmes de prix ou des contrats qui va inciter les agents/les vendeurs à révéler eux-mêmes les caractéristiques qu’il voudrait cacher.

Lundi 14 Mars 20051er développement du marché des « lemons » : marché des assurances fait par Arrow, Rothschild et Stiglitz en 1976 dans un article au QJE intitulé : « Equilibre sur des marchés d’assurance compétitifs et un essai sur l’économie de l’information imparfaite » On analyse les effets d’une asymétrie d’informations sur les marchés concurrentiels. Lorsqu’il y a asymétrie d’informations, l’équilibre sélectionné est à l’inverse/l’opposé de l’équilibre qui aurait du être sélectionné. Situation dans laquelle l’assureur ne connaît pas les caractéristiques objectifs des biens qu’il achète.Asymétrie d’informations peut porter sur un bien ou un individu. Elle vient de ce que l’assureur ne peut pas observer/savoir les caractéristiques du bien.Situation dans laquelle les agents ont de l’aversion pour le risque (risk-adverse) :Chaque agent connaît sa propre probabilité de subir un dommage.L’assureur ne connaît que la fonction de distribution d’un agent à haut risque ou à faible risque.Principe de l’asymétrie d’informations est que l’assureur ne sait pas classer les agents.

2 cas de figure : si tous les assureurs proposent des contrats sans franchise (=

indemnisation à 100%), on est alors dans la même situation que les « lemons » d’Akerlof. Les assureurs ne vont proposer que des contrats dont la prime couvre seulement le risque prévu/calculé. Ce calcul se fait sur la base d’un risque moyen. Avec ce système, les agents n’ayant pas d’accidents vont supporter un surcoût par

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rapport aux agents qui ont des accidents. + la prime va augmenter, + les mauvais agents à haut risque restent ou s’inscrivent à cette assurance et les bons assurés partent.

Si tous les assureurs proposent des contrats avec franchise (cf le livre de Pierre Cahuc)

Notion de qualité développée dans la Théorie du signal par Michael Spence et qui a été publié dans un ouvrage intitulé : « Market Signaling » en 1974. Développement des théories des signaux qui vont déterminer la qualité des biens ou des individus. Théorie du signal : le principal a intérêt d’avoir des signaux ainsi que les bons agents à faible risque ou les bons vendeurs. Antisélection détermine un manque à gagner. Les bons agents vont être prêts à payer pour montrer leur bon qualité. Pour que le signal soit efficace, il faut que le coût soit + faible pour les « bons » agents qu’aux mauvais agents. Spence a beaucoup travaillé sur l’éducation. Diplôme est un signal. Signal + coûteux à acheter pour les agents qui n’ont pas eu la formation adéquate.

2 types d’équilibre dans le cadre de la théorie du signal équilibre mélangeur (i) équilibre séparateur (ii)

(i) Equilibre mélangeur = équilibre dans lequel 2 types d’agents émettent le même signal où tous les biens ont la même qualité ou tous les biens sont au même prix. Quels sont les biens ou les agents qui sont antisélectionnés ? Ce sont les bons qui sont antisélectionnés.

(ii) Equilibre séparateur = vendeurs de biens de bonne qualité envoient des signaux coûteux et perçoivent un prix élevé. Les mauvais agents n’envoient pas de signaux et perçoivent un prix faible. C’est le signal qui permet de séparer les bons et les mauvais biens ou agents.

Problème de ces 2 équilibres :(i) problème d’antisélection (ii) problème de prix : l’équilibre séparateur coûte cher

C. Risque moral

Asymétrie d’informations porte sur une action cachée et non sur une donnée exogène. Il y a hasard moral quand les agents peuvent entreprendre des actions non observables, susceptibles d’affecter des résultats d’une transaction. On est dans le cadre d’une relation d’agence qui porte sur le comportement des agents.3 exemples :

sur le marché du travail : « tir au flanc » sur le marché du crédit sur lequel l’emprunteur est incapable de

rembourser sa dette (individu ou pays)

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sur le marché des assurances où le risque peut être associé au comportement des agents ou aux caractéristiques d’un bien.

2 cas de figure sur le hasard moral : le principal qui n’a pas l’information ne peut pas observer l’action

de l’agent et donc, l’agent peut se comporter dans son intérêt et peut annoncer un résultat indépendant de sa volonté.

Le principal peut observer l’action de l’agent mais ne peut pas évaluer le caractère approprié. Il ne peut pas évaluer si cette action est appropriée.

Exemple : un expert peut annoncer un diagnostic erroné sans que l’agent qui a demandé une évaluation à l’expert ne le sache.

Le problème essentiel est d’assurer le ou les agent(s) à renoncer d’eux – mêmes de biaiser/fausser l’information dont il est détenteur. En contre partie, le principal doit montrer à l’agent, qu’en ne faussant pas l’information, il y trouve un intérêt.

II Mécanismes incitatifsA.Définition générale

Inciter une personne = inventer des motivations pour cette personneNeuberger et Duffy ont défini la notion de mécanismes incitatifs. Cette définition a été reprise par Claude Maynard.Neuberger & Duffy : « Systèmes des économies comparées » (1976) définissent les incitations comme l’ensemble des évènements qui peuvent être manipulé par un décideur de façon à modifier les actes choisis/effectués par les autres agents.

B. Nature des mécanismes incitatifs

Dans une organisation hiérarchisée, la hiérarchie ne peut pas contrôler les actes des agents.

1ère possibilité : Par contre, la hiérarchie peut créer un organisme de surveillants. Le problème est qu’il faudrait par la suite surveiller ces surveillants : problème de gestion de ce service.

2ème possibilité : créer des procédures incitant les agents à se comporter comme s’ils maximisaient les intérêts du principal.

Ces mécanismes incitatifs définissent la notion de l’effort :Effort = capacité en changeant le comportement des agents d’accroître les outputs sans pour autant diminuer/modifier la quantité d’inputs.Cette notion d’efforts va s’introduire à la fonction de production :Y = F (K, L, E)Yi = Yi (Ei, Ki) avec Ei = ensemble des efforts et Ki= ensemble des inputsLes mécanismes incitatifs vont désigner les procédures qui vont :

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Soit inciter les agents à révéler une information Soit inciter les agents à accroître leur effort dans le cadre d’une

fonction de production très large

C. Quelques exemples   : les mécanismes de Myerson, de Groves et de Bonin - Weitzman

Principe de Myerson s’intéresse aux interactions entre individus. Myerson invente une procédure qui permet au principal d’inciter l’agent à révéler ce qu’il ne voulait pas dire.Au moment de la signature du contrat, le principal sait que, dans certaines situations, dans certains états de la nature, l’agent va mentir. Le principal va donc proposer lorsqu’il sera confronté à ces situations, la même rémunération, que si l’agent aurait menti de manière crédible. Ce qui signifie que, pour inciter l’agent à révéler ses informations, le principal lui paye le même salaire, qu’il aurait menti ou pas.L’agent n’est donc + incité à mentir et la rémunération va être indépendante du message que l’agent va donner au principal.Or, dans le cadre d’une relation principal – agent, l’agent sera inciter à mentir. C’est ce qu’on appelle un contrat révélateur.

Mercredi 16 Mars 2005

Modèle de Myerson = théorie des jeux = interaction des agents = théorie de duopoles (2 firmes) : leurs stratégies de 2 firmes sont des stratégies prenant en compte la stratégie de l’autre firme. On prend les décisions en fonction de ce que l’autre va faire. Structure incitative : lorsque l’employeur embauche un agent, comment inciter les agents à se comporter de manière à maximiser les intérêts de l’entrepreneur et non leur propre intérêt.Il y a le même système de sanction quelque soit la relation entre l’entrepreneur et l’agent. Lorsque l’état de la nature inciterait l’agent à mentir, il va être inciter à se comporter comme s’il maximisait l’intérêt du principal pour garder sa rémunération.

Modèle de Groves et Bonin-Weitzman : Caractéristique : d’incitation collectiveGroves s’adresse à un collectif de travail incitant ses membres à se comporter comme des équipes. Théorie appellée « team » de Jacob Marschak = un collectif de travail ayant comme caractéristique qu’on ne peut pas attribuer des morceaux de produits finaux à une partie du collectif. Il y a des collectifs de travail où on ne peut pas séparer l’apport productif des uns des autres. Exemple : les déménageurs. C’est l’équipe qui est rémunérée. Le principe de l’équipe est un collectif de production dans lequel il est impossible d’imputer à chaque membre une partie précise de l’output.2 conséquences :

1ère conséquence : règle de répartition de la microéconomie = rémunération des facteurs de production à leur productivité marginale ne peut pas s’appliquer.

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2ème conséquence : quelque soit la règle de répartition au sein des membres de la « team », les membres sont incités à travailler le + possible. Ils sont tous intérêt à faire du profit.

Les 2 mécanismes (Groves et Bonin-Weitzman) vont inciter un collectif de salariés à se comporter comme une « team ».Caractéristique centrale du modèle de Groves est que + le collectif transmet des informations, + ils vont obtenir des inputs pour travailler.C’est un mécanisme « ex ante » : avant que le collectif se constitue ; + le collectif donne des informations, + on leur donne des inputs.Mécanisme de Bonin-Weitzman : mécanisme « ex post » = mécanisme de partage des bénéfices après la production, de manière à optimiser la participation des agents dans la production. Ce mécanisme permet de concilier les 3 agents : principal/employeur, agent/employé, actionnaire.

III Incitations et performancesA. La diversité des incitations

Au sein d’une firme, 3 grandes structures/ facteurs incitatifs : Le salaire Le degré de participation Le système d’attachement = loyauté envers

la firme

Lorsqu’on compare ces 3 catégories, on arrive à un problème classique posé par un économiste américain, Benjamin Ward en 1958 publié dans le «  Dilemme de la démocratie industrielle »Ward y définit 3 grandes variables :

Le prix (P) Le taux de croissance de la firme (g) Le partage des bénéfices : avec une part () pour les actionnaires et

une part (1 - ) pour les salariés. On doit donc hiérarchiser les variables.Quel est le dilemme de la démocratie industrielle : l’idée est que si on est dans un système de démocratie industrielle, le partage va se faire en faveur des salariés, ce qui a un effet sur les prix, qui par la suite a un effet sur le taux de croissance de la firme.Donc, quand la part des salaires augmente ou lorsque le pouvoir d’achat augmente, le prix augmente et le taux de croissance de la firme diminue.Théorie des incitations va se resservir de ce dilemme.

B. Incitations, coordination verticale et coordination horizontale   : la typologie de Masahiko Aoki

C’est la manière de gérer les 3 éléments vus précédemment, sur lesquels se base le modèle de Aoki.Aoki oppose 2 types d’organisation des firmes et 2 types de structures incitatives à partir d’une thèse.

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Thèse : en terme d’incitation de la firme, si on décentralise quelque part, on doit centraliser ailleurs.A partir de cette idée simple, Aoli va définir 2 grands modèles incitatifs : la coordination vertical avec une firme Américaine (A) et la coordination horizontale avec la firme Japonaise (J).La coordination verticale correspond à la centralisation tandis que la coordination horizontale correspond à la décentralisation.Ohnisme/Toyotisme est un système où la hiérarchie est décentralisée : c’est le système de la firme B.Dans la firme A, la circulation de l’information et la prise de décision sont centralisées.Avec ce modèle, Aoki oppose la firme J où l’information et la prise de décision sont décentralisées à la firme A.Dans la centralisation, en cas de problèmes dans la firme, on les résout en faisant appel aux structures situées au dessus, à la hiérarchie qui est au dessus.Dans la décentralisation, en cas de problèmes dans la firme, on les résout en faisant appel aux ateliers voisins. Idée d’Aoki est que si on décentralise quelque part dans une firme, alors on peut décentraliser ailleurs.Dans la firme A, on centralise l’information et la hiérarchie ; et on décentralise le marché du travail (main d’œuvre). On fait alors appel à un marché du travail externe.Dans la firme J, on décentralise la structure de coordination de l’information et on centralise le marché du travail.

Lundi 21 Mars 2005Dans le volume 65 d’American Economic Review, un article qui s’intitule « Horizontal versus vertical information structure of the firm » expose ce modèle d’Aoki.La firme est comme un jeu coopératif, le comportement des agents dépend de ce que pense l’autre, c’est le principe de l’interaction. Pour Aoki, il y a 3 personnages :- le manager chargé de gérer les conflits entre les salariés et les actionnaires- les salariés qui font tourner la firme par le travail- les actionnaires qui sont les propriétaires de la sociétéCes agents vont négocier sur la structure de la firme qu’ils souhaiteraient avoir.

2 types de firmes :La Firme A : (américaine ou hiérarchique) dont le système consiste à associer une structure verticale de la centralisation des techniques de production et une hiérarchie bien organisée pour faire exécuter les solutions aux problèmes décidés par le sommet de la hiérarchie. Il est efficace pour faire circuler l’information, sans la déformer et la faire appliquer.

3 caractéristiques :

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- séparation hiérarchique entre opération de conception (ceux qui réfléchissent aux problèmes) et d’exécution (ceux qui exécutent sous les ordres des autres)- gains tirés dans la spécialisation par la division du travail, qui fait augmenter la productivité : c’est un système porteur de gains- centralisation des informations et contrôle hiérarchique

3 conséquences :- l’absence de lien temporel durable entre le salarié et la firme. Cette centralisation remplace l’apprentissage ; s’il y a un problème on demande à ceux qui peuvent le résoudre.- l’extérieur (ce qui entoure, marché externe) de la firme constitué par le marché du travail.- la gestion des ressources humaines : les métiers sont étroitement définis ; exécution d’une seule tâche particulière ; toute tâche irrégulière est traitée par le hiérarchie.

La firme J : (japonaise) un nouveau jeu coopératif, une nouvelle organisation et une nouvelle source de gains. Absence de centralisation de l’information et de la hiérarchie ; la coordination des activités productives est décentralisée. Les ateliers maîtrisent ce qui se passe dans leur atelier et aussi dans les ateliers voisins (en amont et aval). Cette maîtrise est acquise par l’apprentissage.

3 caractéristiques : - non séparation hiérarchique- gains liés à l’intégration et non à la spécialisation- décentralisation de l’information et contrôle

3 conséquences :- nécessite le lien temporel durable qui est l’apprentissage- frontière de la firme n’est pas aussi nette que dans la firme A ; une zone intermédiaire entre la firme et le marché comme la sous-traitance- coordination horizontale : il n’y a pas de relation hiérarchique entre unités de production ; les salariés tournent sur les postes et deviennent compétents sur un certain nombre de tâches (principe de compétence globale des salariés) ; métiers non spécifiés. Les salariés sont payés à l’ancienneté. Comparaison des 2 modèles   : Information parfaite ; état de la nature est certain : firme AInformation non parfaite : la capacité d ‘apprentissage augmente : firme J

Chapitre 5   : Rationalité et choix collectif

Comment choisir s’il y a plusieurs choix ?

I. Logique de choix collectif

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Paradoxe de Condorcet : philosophe des Lumières qui s’intéresse aux questions sur la démocratie. Il veut inventer un système où le citoyen peut donner son avis sur les prises de décision politique. Il publie un essai en 1785 sur « l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la majorité des voix ». Si on donne le pouvoir aux peuples, comment vont-ils prendre leur décision ? Il y a un risque que le système ne marche pas ; d’où la notion de paradoxe. Ce paradoxe est repris par Arrow plus tard, quand il y a plus de 3 décideurs et plus de 2 choix :Exemple : 60 électeurs et 3 solutions, choisir 3 candidats par ordre de préférence 23 = A B C17 = B C A 2 = B A C 10 = C A B 8 = C B Asi majorité simple : on a A = 23, B = 17 et C = 18 ; majorité absolue est 31.Si A contre C A = 25 C = 35Si A contre B A = 33 B = 27Si B contre C B = 42 C =18Si A > B et B > C alors on aurait A > C mais paradoxe car on a C > ALa règle de transitivité n’est pas respectée.Mercredi 21 Mars 2005 A. Le Paradoxe de Condorcet

Condorcet, philosophe des Lumières, réfléchit au système de la décision démocratique.Comment inventer un système démocratique qui allait advenir ?Réflexion logique de Condorcet.Statut des paradoxes, description d’une situation potentiellement contradictoire.Transitivité : A > B, B > C, alors A > C.La règle de transitivité doit assurer la rationalité des choix. Cela est valable pour 2 choix.Condorcet nous montre qu’on peut concevoir des cas où 60 électeurs ont 3 choix ; le résultat peut ne pas déroger une majorité simple, contredite par l’ensemble des électeurs, ou lorsqu’ils sont confrontés 2 à 2, le résultat peut conduire à une règle de non transitivité : A > B et B > C alors C < A d’après le paradoxe de la non transitivité des choix.Au moment où est en train de se construire la théorie de l’équilibre économique générale, Kenneth Arrow, Gérard Debreu et Mackenzie reformulent la théorie de l’équilibre générale (EEG) qui permet une représentation large des phénomènes économiques. Ces auteurs vont redonner des bases mathématiques à la théorie de l’EEG et en faire un véritable socle sur lequel on va s’appuyer.

B. Les mécanismes de décision collective 1. La dictature

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Debreu, mathématicien français ; Arrow, économiste au moment où il élargit ce cadre, posent la question de la coordination dans la prise de décision. C’est dans l’ouvrage : « Choix sociaux et valeurs individuelles » (Social choices and individual value) que Arrow reprend le paradoxe de Condorcet ; il pose le problème du paradoxe de la non transitivité et seul le dictateur pourrait régler le problème, appelé le dictateur d’Arrow.

Arrow ouvre un espace sur les mécanismes de la prise de décision. 1er domaine d’application : analyse de la vie politique 2ème domaine : arbitrage, comment se font les mécanismes de

décisions collectives 3ème domaine : comment on prend une décision au sein d’une

institution, d’une firme ; question d’incitation.Depuis les années 30, dans toutes les économies de marché, c’est la régulation par l’Etat qui est une organisation importante.Arrow, en s’appuyant sur le paradoxe de Condorcet ouvre un programme de recherche sur les mécanismes de décisions collectives.A ces questions, des réponses sont proposées.

1ère solution : on est parfois obligé d’avoir une clause de dictateur, c’est-à-dire qu’un agent prend les décisions au nom de tous ; ce dictateur n’est pas nécessairement armé.

2. Le Consensus Absolu

2ème solution : décision prise à l’unanimité où personne ne s’oppose : consensus absolu

3. Le Vote Majoritaire

3ème solution : vote majoritaire, vote d’une majorité, décision emportée par la majorité. Electeur médian = électeur qui peut faire changer la majorité.

Plusieurs questions ? rôle de l’électeur médian ?La dictature de la majorité dont le vote est très serré et qui est toujours fait par le même groupe.

4. La prédominance hiérarchique Dans les systèmes précédents, les décideurs ont le même poids que les autres, chacun compte pour une personne ne compte et ne compte pas + de 1.Dans la prédominance hiérarchique, par leur place hiérarchique décide pour les autres.Système de grands électeurs qui ont été élu par les autres.

Mercredi 30 Mars 2005L’ordre n’est que partiel. La notion de hiérarchie introduit une asymétrie dans l’autorité. Modèles de décisions hiérarchiques sont des modèles de filtrage de décisions. L’exercice de pouvoir se fait dans le cadre d’une hiérarchie, par

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filtrage du rang supérieur vers le rang inférieur ; ou par entente de rangs égaux.

II Conflits et coordinationA. Analyse traditionnelle   : le déplacement des conflits

Question de conflit, d’intérêts entre différents votants ou entre différents décideurs : comment la théorie de l’économie traite la gestion des conflits microéconomiques ou ponctuels ?Dans l’économie industrielle, la réponse consiste à expulser les conflits en les intégrant dans la préférence des individus ou dans les mécanismes du marché.Gary Becker, sur la préférence des individus, a fait une analyse économique de la discrimination. Cette discrimination consiste à établir des barrières à l’entrée, en fonction d’autres critères que la productivité du travail.Becker traite de la discrimination en l’intégrant dans les préférences des agents.Il intègre dans les fonctions d’utilité du producteur la notion de discrimination.On inscrit les conflits dans une logique marchande. Inscription de la grève dans le marché du travail. Du côté du modèle standard, toute possibilité de conflits est intégrée dans le modèle standard. Il n’y a donc pas de conflits.Montesquieu : « doux commerce » reprend l’idée qu’il n’y a pas de conflits.

B. Exit, Voice and Loyalty   : la thèse de Albert O. Hirschman

Depuis une cinquantaine d’années, au sein de la théorie économique, apparaît la notion de conflits.Théorie des conflits prend plusieurs formes :

Sous Albert O. Hirschman : « Exit, Voice and Loyalty » Au sein de la théorie standard, il existe des conflits.

3 possibilités entre 2 types d’agents : La loyauté Le conflit qui se règle ouvertement par la procédure de négociation

sur le prix L’une des parties « donne de la voix » , elle engage donc une

négociation.Prise en compte du conflit est théorisée.

C. Les modèles de Harvey Liebenstein

Sous Harvey Liebenstein : dans les PED, c’est le salaire qui détermine la productivité marginale du travail ; dans les pays occidentaux, le mécanisme est le même, c’est le salaire qui détermine la productivité marginale du travail. C’est donc un salaire

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d’efficience : «   Allocative Efficiency vs X Efficiency   » (2 ème modèle Liebenstein)

X Efficiency = organisation de la firme où les salariés sont bien ou pas bien payés.

« Dilemme du prisonnier au sein de la main invisible : une analyse à l’intérieur de la firme » (AER ; 1982) Idée est de poursuivre la théorie du salaire d’efficience et le manque d’échange entre le travail et le salaire. Cela comporte une double incertitude :

Incertitude par l’employeur sur l’effort fourni par le salarié Incertitude par le salarié sur son salaire

Contrat de travail a pour but de gérer/traiter/limiter cette double incertitude.L’employeur va garantir un bon salaire et la stabilité des relations salariales.L’employé s’engage à faire des efforts. Il reste à appliquer cette théorie.Idée de Liebenstein consiste à utiliser un modèle identique que dans le cadre du dilemme dans la théorie des jeux.

3 ème modèle de Liebenstein   : Dilemme du prisonnier   Principe : 2 individus sont arrêtés pour un même crime. La police est certaine que ces personnes sont coupables mais elle n’a aucune preuve. La police les met dans 2 endroits différents et leur propose à chacun plusieurs alternatives.

Soit A accuse B et B n’accuse pas A : alors A est libre et B est emprisonné.

Soit A accuse B et B accuse A : alors A et B sont emprisonnés. Soit A n’accuse pas B et B accuse : alors B libre et A en prison. Soit A n’accuse pas et B n’accuse pas A : alors A et B sont en prison

car la police est sûre que ce sont les coupables, mais la peine de A et B sera moins élevée.

Matrice de gain : représentation de toutes les alternatives (nombre de mois de peine de prison) BA

Ne dénonce pas Dénonce

Ne dénonce pas 3 ; 3 20 ; 0Dénonce 0 ; 20 12 ; 123 ; 3 est la solution d’équilibre12 ; 12 est la solution réelle car c’est un jeu non coopératif, donc A et B vont se dénoncer mutuellement, ils ne coopèrent pas.

Liebenstein transpose ce modèle à une situation entre l’entreprise et le salarié.

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EntrepriseSalarié

Stratégie pacifique(salaire maximum)

Stratégie agressive(salaire minimum)

Stratégie pacifique(effort maximal)

15 ; 15 3 ; 20

Stratégie agressive(effort minimal)

20 ; 3 5 ; 5

Lorsque l’entreprise et le salarié sont tous les 2 en stratégie pacifique, les 2 parties reçoivent le même montant de gains. (15 ; 15) : c’est la situation d’équilibre.Lorsque le salarié fournit un effort maximal et que l’entreprise est en stratégie agressive, le salarié ne reçoit qu’un gain de 3, alors que l’entreprise en reçoit 20.Ce qui signifie que le salarié aura un faible salaire pendant que l’entreprise aura une grande production.La situation qui est la + courante est celle : (5 ; 5) cf . le dilemme du prisonnier.On est dans un dilemme du prisonnier.ATTENTION : dans le schéma précédent, les gains étaient négatifs. Dans ce schéma, ils sont positifs.

Lundi 04 Avril 2005Modèles de Liebenstein sont déjà tombés au partiel !!!! (à revoir)

D. Mécanismes de coordination et «   culture d’organisation   »

La culture d’organisation va porter sur les moyens des problèmes de conflit de décisions à l’intérieur de l’entreprise.Utilisation des valeurs et des normes.1985 : Schein définit la culture d’organisation comme un schéma structuré d’hypothèses de base inventé et développé par un groupe donné d’agents, qui ont été apprises par la confrontation de ce groupe face à des problèmes d’adaptation externes ou face à des problèmes d’interprétation internes et qui ont suffisamment bien fonctionnées (hypothèses) pour être considérées comme validées. Donc, ces agents les ont ensuite enseignées aux nouveaux membres du groupe comme la façon adéquate de penser ces problèmes.Ce sont des valeurs, des normes de penser des problèmes qui permettent de résoudre ces problèmes.

3 raisons ou intérêts de cette culture d’organisation : 1ère raison : dépasser, même partiellement, les risques de baisse

d’efficacité collective, associée au fiat que les agents ont un intérêt individuel. Cette culture permet d’accroître l’efficacité de l’entreprise en faisant passer ces normes au dessus des intérêts de chacun.

2ème raison : cette culture permet d’établir un système de communication efficace entre les membres de l’organisation.

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3ème raison : elle constitue un schéma commun d’interprétation des signaux qui viennent de l’extérieur de l’entreprise, ce qui accroît la vitesse de prise de décisions au sein de l’entreprise.

La culture d’organisation a 2 types de coûts : 1er type de coûts : les coûts liés à son acquisition qui sont de 2

ordres : d’abord il y a les coûts liés à l’invention ou à la découverte de la culture d’organisation par l’apprentissage, ce sont les coûts techniques des essais et des erreurs liés à l’apprentissage ; et il y a les coûts liés à l’intériorisation de cette culture. Dans une entreprise, on forme les cadres à cette culture par des stages.

2ème type de coûts : les coûts associés aux désaccords que cette culture peut engendrer. Ce désaccord peut prendre plusieurs formes comme l’absentéisme, la grève ou même l’éclatement du groupe. Dans une firme, l’absentéisme peut entraîner des coûts importants.

Ces 2 types de coûts ont une caractéristique qui constitue un indicateur important des limites de taille.Lorsque l’entreprise grandit, ces coûts peuvent augmenter.L’inculcation de la culture d’organisation entraîne des coûts d’acquisition.Avantage d’augmenter sa taille est que les coûts d’acquisition sont socialisés c’est-à-dire qu’ils sont moins importants pour chaque individu/agent.Inconvénient de cette culture est un grand nombre multiplie les canaux de communication et les canaux des niveaux hiérarchiques qui accroissent les risques de coûts de désaccords.

Chapitre VI   : Décisions, hiérarchie, autorité Cela introduit la théorie des jeux.

I Décisions et autorité A. Comportements et autorité : typologie de Max Weber

Weber avait distingué 4 grandes formes de comportements : 2 comportements rationnels et 2 comportements affectifs

4 comportements = 4 idéaux-types 1er comportement : action traditionnelle liée à la tradition 2ème comportement : action affective : c’est ne pas être rationnel,

geste irrationnel 3ème comportement : action rationnelle en valeurs : non liée à la

tradition, ni à l’affection. Les agents pensent consciemment qu’ils doivent se comporter de telle ou telle manière selon des valeurs. Ils ne vont pas satisfaire à leur finalité mais respecter leurs valeurs.

4ème comportement : action rationnelle en finalité : action tournée vers un but utilitaire

A partir de ces 4 comportements, Weber pose les bases de 4 types de dominations ou d’autorités légitimes.

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La domination est la chance de trouver une personne déterminée à obéir à un ordre de contenu déterminé.Qu’est-ce qui fait que cet ordre est exécuté ?Toute domination s’accompagne d’une forme de légitimité.Légitimité = croyance sociale validant le pouvoir détenu par le dominant au sens de Typologie de soumission sous 4 formes = base de réflexion sur l’économie des organisations, sur la psychologie des organisations.A ces 4 activités correspondent 4 modes de soumissions ou de légitimations de la domination.

Activité traditionnelle correspond à la domination traditionnelle qui fonde sa légitimité sur le caractère sacré de la tradition.

Exemple : le pouvoir patriarcal correspond au pouvoir du père de famille ; le pouvoir seigneurial à l’époque féodale. C’est le pouvoir que l’on ne peut remettre en question. C’est la domination primitive, enracinée dans l’idéologie fondatrice de la société.

Activité affective correspond à la domination charismatique. C’est le fait de fonder la légitimité de la domination sur l’aura d’un individu, par sa capacité à mobiliser l’attention des autres individus, par son charisme. Soumission dépend de la croyance que les individus ont dans ce charisme. Cela n’est pas nécessairement de l’ordre de la politique.

Activité rationnelle en valeurs : au delà des capacités d’un individu, il y a la soumission fondée sur la validité de ce qui est considéré partiellement, comme bien ou valable.

Théorie du droit naturel qui existe depuis l’époque romaine va fonder le droit au sens propre sur une référence à l’ordre naturel.Cette théorie a connu 2 étapes :

Le droit naturel classique ou la référence est aristotélicien c’est-à-dire où l’ordre du monde sert de référence au droit (domination des hommes sur les femmes)

Le droit naturel moderne, apparu au 16ème siècle, considère que les individus ont des droits fondamentaux liés à la vie, à la propriété et à la liberté.

Quelque soit l’origine, le statut social, les hommes ont les mêmes droits. Du côté des droits de l’homme, même si les sociétés sont différentes, il y a des droits.

(suite de l’activité rationnelle en valeurs) : Domination est fondée sur les droits selon Weber.

Activité rationnelle en finalité correspond à la domination légale qui s’appuie sur un pouvoir abstrait et impersonnel. Donc, ce pouvoir, dans les sociétés modernes, trouve sa légitimité dans le principe administratif, bureaucratique, et a comme instrument, la soumission à un code universel et fonctionnel. Cette domination est beaucoup + abstraite que les autres. Pour Weber, dans les sociétés modernes, la domination légale n’accompagne pas seulement le type de rationalité défini par l’économie, mais aussi la rationalité des sociétés. Ces sociétés se sont en gros dégagées des valeurs, des

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normes, des charismatiques. Donc, elles fonctionnent sur un principe de rationalité qui s’applique à tous. Les sociétés modernes sont des sociétés « désenchantées » au sens où elles ne sont que rationnelles et qu’elles sont libres des traditions.

Lundi 11 Avril 2005Brass, en 1984, identifie 3 déterminants dans l’autorité de ce qu’il appelle :

1er déterminant : le caractère critique d’une position dans le réseau de travail, mesuré par le (nombre de routes = chemin) alternatif par lesquelles une action peut être modifiée.

2ème déterminant : la centralité dans le réseau de communication = nombre des indices d’accès à un individu ou à une fonction

3ème déterminant : réseau informel, réseau d’amis = ensemble des relations informelles des interactions entre agents.

La relation de la hiérarchie repose sur 3 caractères : principe d’assignation = capacité à assigner des tâches de

manière discrétionnaire (comme la personne le veut, pouvoir sans contrôle)

principe de nomination = capacité de désigner une place ou une position d’un individu dans l’ensemble de la hiérarchie ; de désigner le rang d’un individu par rapport aux autres = caractéristique du pouvoir = capacité qui n’est pas seulement technique

principe de contrainte = possibilité d’imposer ou de prévaloir une décision par rapport aux autres décisions, proposées par des subordonnés.

B. Diriger et exécuter   : typologie de Roy Radner

Radner est un des nombreux auteurs à s’intéresser à l’opposition entre diriger et exécuter : managing and doing.Cette distinction est liée à une réflexion sur l’incertitude, c’est-à-dire à une manière de gérer l’incertitude. Cette distinction recouvre un certain nombre d’actions.Cela revient à répondre à la question : Qu’est-ce que la direction (=managing) ?

1ère action : observer l’environnement et les résultats des actions passées.

2ème action : communiquer les informations 3ème action : prendre des décisions 4ème action : orienter, diriger et suivre les actions des autres

membres de la firme (ou de l’organisation). 5ème action : embaucher et licencier 6ème action : former et enseigner = train and teach 7ème action : planifier 8ème action : résoudre les problèmes 9ème action : fixer les objectifs et les valeurs ; et persuader

Ce que Radner veut expliquer, c’est que les activités de 1 à 4 sont traitées comme des activités de management dans la microéconomie.

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En revanche, à partir de la 5ème action/activité, l’activité est traitée par des modèles plus récents que la microéconomie.L’activité 5 est incorporée dans le schéma d’asymétrie d’informations ou de type contrat implicite.L’activité 6 repose sur les modèles de capital humain et considère qu’il y a des investissements dans les individus qui ont un coût.Les activités 7 et 8 s’appuient sur une extension du modèle standard.On utilise des formalismes plus compliqués.L’activité 8 échappe à la théorie économique.Radner propose un nouveau domaine : « economics of management » = économie de direction prenant en compte l’ensemble des activités.Radner revient et développe la notion de hiérarchie en y ajoutant une tradition de la hiérarchie par le modèle de l’arbre. L’arbre désigne une collection d’objets, réunis par la relation « supérieur à », sachant que cette relation a les 3 propriétés suivantes :

1ère propriété : la transitivité : A > B et B > C alors A > C. 2ème propriété : l’anti-symétrie : A > B alors B < A, B subordonné à

A. 3ème propriété : il existe une racine supérieure aux autres, ici A. A

l’exception de la racine, chaque objet a un seul supérieur immédiat.

Radner précise que la hiérarchie n’est pas seulement un arbre, mais aussi un « ranked tree » : arbre ordonné par le rang.

C. Conflits et coalitions   : 5 configuration de Henry Mintzberg

1983 : « Structures in fives »Il va dessiner, tracer les 5 composantes fondamentales de la firme ou organization.

Sommet hiérarchique/stratégique

Personnel Techno structure Elément médian fonctionnel

Centre opérationnel

Centre opérationnel = producteur de biens et services de baseSommet hiérarchique ou stratégique = patrons, cadres dirigeants et conseillersElément médian = cadres moyens (contre-maîtres) ; ligne d’autorité formelle Techno structure = analystes situés en dehors de l’autorité formelle et chargés d’organiser la production de manière abstraite.

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Personnel fonctionnel = support logistique = ensemble du personnel dont la fonction consiste à servir de support à la production (service de commandes, de ménages).Le schéma va donner lieu à 5 configurations de structure, correspondant à des organisations de ces 5 groupes, au sein de la firme, et dominés par un groupe.Ces configurations vont se caractériser par un mécanisme de coordination par un groupe qui joue un rôle clé dans la configuration.

1ère configuration : la structure simple correspondant au tout début d’une firme, dans laquelle le pouvoir se fait par le sommet. Mécanisme de coordination est un mécanisme de supervision directe. Il y a une centralisation très forte de l’organisation de l’autorité.

2ème configuration : la bureaucratie mécanique correspond au pouvoir de la techno structure qui va imposer une standardisation des procédures de travail à l’ensemble des autres groupes. Bureaucratie mécanise le travail.

3ème configuration : la bureaucratie professionnelle repose sur le centre opérationnel et dont le mécanisme de coordination passe par la standardisation des qualifications.

4ème configuration : la forme divisionnelle repose sur l’élément médian et dont le mécanisme principal est la standardisation de la production.

5ème configuration : l’adhocratie est un principe d’ajustement mutuel dont le personnel fonctionnel (service juridique ou service comptable) va être le pivot.

Chapitre VII   : Quelques leçons de la théorie des jeux I Jeux et coordination

On rentre dans ce qui fait la moitié de la théorie contemporaine.La théorie des jeux est née en 1944 par la publication d’un ouvrage de John von Neumdan et Oskar Morgenstein : « Theory of Games and Economic Behavior »Contexte de la théorie des jeux : on sort d’une période où l’économie a servi à faire des recherches opérationnelles pour la guerre et à poser des questions sur la concurrence entre les pays.La théorie étudie les interactions entre les comportements de plusieurs individus qui sont conscients de l’existence de ces interactions.C’est une théorie de la décision, consciente des interactions.

1er exemple de comportement : le concours de beauté de Keynes 2ème exemple de comportement : l’entrepreneur qui lance un

nouveau produit veut prendre les parts de marché d’un concurrent. Il va choisir sur des éléments tels que le prix, la quantité, la qualité, les distributeurs. Ces concurrents vont donc répondre et adapter leur offre selon cette nouvelle situation. Ce type de considération stratégique est formalisé par la théorie des jeux.

3ème exemple : le dilemme du prisonnier illustre la divergence entre la rationalité individuelle et la rationalité collective lorsqu’il y a interaction des comportements. Entre la rationalité individuelle et la

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rationalité collective, il n’y a pas de superposition. En terme individuel, les prisonniers ont intérêt à se dénoncer. Collectivement, ce qui minimise le nombre d’années de prison serait que les prisonniers ne se dénoncent pas mutuellement. Mais même en connaissant les règles, les prisonniers vont prendre le risque de se dénoncer.

Ces quelques exemples donnent une intuition de ce qu’est la théorie des jeux.

A. Jeux coopératifs et jeux non coopératifs

Au début de la théorie des jeux, en 1944, on s’est intéressé à la coalition, à l’étude de la coalition (comment elle se faisait ?) avec le paramètre de Pareto optimum.En 1969, les jeux coopératifs laissent la place aux jeux non coopératifs.L’individu participe au jeu pour son propre intérêt, compte tenu de 2 éléments qui lui sont donnés :

Les possibilités qui lui sont offertes Les règles clairement définies du jeu

B. Jeux sous forme stratégique et les jeux sous forme extensive

Il existe 2 formes de jeux non coopératifs : les jeux sous forme stratégique et ceux sou forme extensive.Les jeux sous forme stratégique sont des jeux simples.Comme le dilemme du prisonnier, ils comportent 3 éléments :

1er élément : une liste de joueurs 2ème élément : pour chaque joueur, une liste de stratégies 3ème élément : pour chaque liste de stratégie, les gains perçus par

les joueurs correspondent à chacune des stratégies.C’est la matrice des gains.

Exemple de jeu : pierre, papier, ciseau

A ; B Pierre Papier Ciseau Pierre 0 ; 0 - 1 ; 1 1 ; - 1Papier 1 ; - 1 0 ; 0 - 1 ; 1Ciseau - 1 ; 1 1 ; - 1 0 ; 0C’est un jeu à somme nulle car la somme des gains est égale à 0.Le système à somme nulle revient dans la théorie des avantages comparatifs de Ricardo. Il explique que les échanges internationaux ne vont pas seulement permettre des échanges en quantité de richesse, mais aussi accroître la somme des richesses. Par exemple, si le Luxembourg détient 5 Kg d’or et la France 0 Kg ; si la France et le Luxembourg font des échanges. La France va alors avoir 5 Kg d’or tandis que le Luxembourg aura maintenant 0 Kg. La somme des échanges est bien égale à 0 .Ce jeu a 2 caractéristiques :

1ère caractéristique : somme des gains est toujours égale à 0 ; jeu à somme nulle

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2ème caractéristique : jeu à somme nulle constante

Pour chacune des 9 cases, il y a un couple de gains qui donne des gains à chacun des joueurs. On peut développer cette formalisation en un jeu à 3 joueurs.Il suffira de faire 3 tableaux en fonction du 3ème joueur C.1er tableau : C choisit la stratégie 1 (pierre).2ème tableau : C choisit la stratégie 2 (papier).3ème tableau : C choisit la stratégie 3 (ciseau).

Quand on passe de 2 à 3 joueurs : Les gains sont les suivants (calcul des gains)Un joueur reçoit la somme obtenue en faisant le produit par 4 du + petit nombre qui désigne les stratégies des joueurs (les 3 joueurs ici), de laquelle on soustrait le nombre qui désigne la stratégie du joueur. Ainsi on obtient le gain du joueur.Individu : A B CStratégie : 1 2 3A joue la stratégie 1B joue la stratégie 2C joue la stratégie 3Leur gain sera : pour A, 4 x 1 (le +petit nombre des stratégies) = 4 ensuite on soustrait par 1 (le ombre qui désigne la stratégie de A).Conclusion : 4 – 1 = 3 = gain de AGain de B = (4 x 1) – 2 = 2Gain de C = (4 x 1) – 3 = 1

i) C choisit la stratégie 1.Voici les gains de A et B.A B

1 2 3

1 3 ; 3 3 ; 2 3 ; 12 2 ; 3 2 ; 2 2 ; 13 1 ; 3 1 ; 2 1 ; 1

C a toujours un gain = 3 ; et selon les stratégies de A et B leur gain varie. A B

1 2 3

1 3 ; 3 ; 3 (A ; B ; C) 3 ; 2 ; 3 3 ; 1 ; 32 2 ; 3 ; 3 2 ; 2 ; 3 2 ; 1 ; 33 1 ; 3 ; 3 1 ; 2 ; 3 1 ; 1 ; 3

ii) C choisit la stratégie 2.Si C choisit la stratégie 2, le plus petit nombre de la stratégie peut être 1 ou 2.(dans le 1er exemple (i), C choisit la stratégie 1 donc le + petit nombre de la stratégie était 1, mais si C choisit 2, selon les choix de A et B, 1 peut

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être le + petit nombre ; mais 2 aussi peut l’être si A et B choisissent les stratégies 2 et/ou 3).

A B

1 2 3

1 3 ; 3 ; 2 3 ; 2 ; 2 3 ; 1 ; 22 2 ; 3 ; 2 6 ; 6 ; 6 6 ; 5 ; 63 1 ; 3 ; 2 5 ; 6 ; 6 5 ; 5 ; 6

iii) C choisit la stratégie 3.A B

1 2 3

1 3 ; 3 ; 1 3 ; 2 ; 1 3 ; 1 ; 12 2 ; 3 ; 1 6 ; 6 ; 5 6 ; 5 ; 53 1 ; 3 ; 1 5 ; 6 ; 5 9 ; 9 ; 9

Autres exemples :A B

B1 B2 B3

A1 (12 ; 6) (8 ; 4) (16 ; 3)A2 (10 ; 4) (8 ; 9) (13 ; 7)Equilibre de Nash :Un équilibre de Nash c’est toute combinaison de joueurs qui est telle qu’aucun des joueurs ne regrette son choix après avoir découvert la stratégie des autres joueurs.C’est une combinaison de stratégies telle que la stratégie de chaque joueur correspond à un choix optimal compte tenu des stratégies des autres joueurs.Quelles sont les stratégies où les joueurs n’ont pas de regret ?Dans une situation où on joue une stratégie choisie pour éviter la + grande déception.

Equilibre de Nash « au sens fort » :Equilibre de Nash « au sens faible » :A B

B1 B2 B3

A1 (12 ; 6) (8 ; 4) (16 ; 3)A2 (10 ; 4) (8 ; 9) (13 ; 4)(12 ; 6) équilibre au sens fort: B est + content car si A choisit la stratégie A1, B gagne 6 alors que s’il aurait choisit B2 ou B3, il n’aurait gagné que 4 ou 3. De +, A est content car si B joue B1, A gagne 12 en jouant A1, alors qu’il aurait gagné moins en jouant A2 pour 10.Equilibre au sens fort car les 2 sont contents.Pour (8 ; 4) et (8 ; 9) :Si B joue B2, en espérant gagner 9, A ne pourra gagner que 8 au maximum, ce qui est son minimum. Alors A va jouer A1 pour que celui qui

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joue B2 ne gagnera pas plus que 4 puisque pour A, jouer A1 ou A2 c’est pareil.De là, voyant A joué A1, B va jouer B1 pour gagner 6 au lieu de 4.Au final, les 2 sont + contents que la situation initiale.

La théorie repose sur une représentation des interactions entre individus.

La stratégie B3 est une stratégie dominée.B ne jouera jamais B3 car si A joue A1, B gagne au minimum 3 en jouant B3.Alors B va préférer jouer B2 quand A joue A1 pour gagner 4 qui est + que 3.Si A joue A2, B ne vas pas jouer B3 car sinon il ne va gagner que 4. B va donc préférer jouer B2 pour obtenir 9.

Avec le jeu, création d’un concept central : le concept de croyancesL’équilibre de Nash va reposer sur le concept de croyances, sur les croyances des joueurs.B va jouer B2 pour gagner le maximum : 9 mais s’il croit que A va jouer A1, alors B va jouer B1 pour gagner 6, au lieu de 4 avec B3.A croit que B va jouer B1, comme B sait qu’il ne vaut mieux pas jouer B2 ou B3. Alors A va jouer A1 au lieu de A2 pour gagner 12, au lieu de 10 avec A2.A l’équilibre de Nash, les croyances des joueurs sont confirmées.

A B

B1 B2 B3

A1 12 ; 6 8 ; 4 16 ; 3A2 10 ; 4 8 ; 9 13 ; 7(13 ; 7) = équilibre de Nash(8 ; 9) ; (16 ; 3) ; (13 ; 7) = optimum de ParetoEquilibre de Nash : solution proposée par John Nash ; elle désigne toute combinaison de stratégies, de sorte qu’en découvrant le choix des autres joueurs, un des joueurs ne regrette pas son choix.C’est la solution optimale de stratégie, étant donnée le choix des autres joueurs.On est à l’équilibre de Nash, si, à la découverte des choix des autres joueurs, tous les joueurs sont satisfaits de leur choix.Equilibre de Nash au sens faible est un équilibre qui s’obtient lorsque l’un des joueurs est indifférent.Dans notre exemple : lorsque B joue B2, A est indifférent quant à son choix entre A1 et A2, puisque sont gain (8) est le même s’il joue A1 ou A2 ; mais en jouant A1, B lui ne sera pas satisfait parce qu’il ne gagne que 4, alors (A1 ; B2) n’est pas un équilibre de Nash.Notion de stratégie dominée : c’est la stratégie dont on sait qu’elle ne sera pas choisie par au moins un joueur.Ici B3 est une stratégie dominée car le joueur B a toujours mieux à faire que de choisir B3 ; donc A sait que B ne jouera pas B3. B3 est donc éliminé de la réflexion de B car si A joue A1, B gagnera un gain minimal (4) et si A

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joue A2, B ne gagnera que 7 alors qu’il pourrait gagner 9. Donc dans les 2 cas, B n’a pas intérêt à jouer B3.B a intérêt d’essayer d’avoir B2 car 9 est son gain le + élevé. Mais B se dit que le joueur A se dit que B va jouer B2. Pour parer que A va jouer A1, B croit que A sait que B jouera B2 donc A va jouer A1 et B va jouer B1. S’ils ne font pas ce genre de réflexion, il y aura un manque de coordination : avec (A1 ; B2) ou (A2 ; B1), les 2 joueurs regrettent. C’est un jeu de réflexion sur la croyance.Ici chacun veut maximiser son gain.

Optimum de Pareto : situation dans laquelle on ne peut améliorer la satisfaction d’un agent sans détériorer celle d’au moins 1 autre agent.(A1, B1) n’est pas un optimum de Pareto car on peut augmenter le gain de A et B en étant dans la stratégie (A2 ; B3). Car on peut augmenter les gains de A et B en étant en (A2 ; B3).(A2 ; B3) est une augmentation des gains de A et B de 1 unité pour A et de 1 unité pour B.(A2 = 13 ; B3 = 7) est un optimum de Pareto (ou Pareto optimal) car, à ce point, les joueurs sont dans une situation où leurs satisfactions sont optimales. En ce point, si on veut augmenter la satisfaction d’un joueur, on va nécessairement diminuer la satisfaction de l’autre.A ne peut pas passer à 16 sans diminuer les gains de B qui passeraient à 3.Donc (A1 = 16 ; B3 = 3) est aussi un optimum de Pareto parce qu’on ne peut pas augmenter les gains de A sans diminuer ceux de B ; comme on ne peut pas augmenter les gains de B sans diminuer ceux de A. En effet, B ne peut pas passer à 9 sans diminuer les gains de A à 8 : (A2 = 8 ; B2 = 9). (8 ; 9) est aussi un optimum de Pareto car on ne peut augmenter la satisfaction de A sans diminuer celle de B, qui est à son maximum. C’est le même processus que pour (16 ; 3).

Par contre, (A2 ; B1) n’est pas un optimum de Pareto car on peut augmenter la satisfaction de A ou celle de B sans diminuer celle de l’autre joueur.

2ème type de modèle de jeux non coopératifs : il fait porté l’accent non pas sur les formes stratégiques mais sur l’ordre dans lequel les joueurs interviennent et sur l’information dont ils disposent : ce sont des jeux sous forme extensive.Ces jeux comportent :

des nœuds des vecteurs de nombre des flèches qui vont d’un nœud vers un autre nœud ou d’un nœud

vers un vecteur des lettres qui caractérisent les nœuds et les flèches

Chaque nœud est une position dans le jeu, où le joueur choisit son action.

A Z C w A x ’ B X ’ Cw ’

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(3,2,9) x y u y’ Y’ u’

(3,0,0) B (1,0,3) (3,2,2) (2,3,1) (5,5,5) X Y

(4,2,4) (2,3,1)A, le 1er joueur, a 3 possibilités :

soit passer la main à B soit passer la main à C soit aller à un vecteur de gain où il gagne 3, le joueur B a 0 et le

joueur C a 0 ; et alors le jeu s’arrête.

Si A choisit y, A passe la main au joueur B. B dispose donc de 2 choix : 1er choix (X) : A gagne 4, B gagne 2 et C gagne 4 et le jeu s’arrête. 2ème choix (Y) : gain de A = 2 ; gain de B = 3 et gain de C = 1 et le

jeu s’arrête.

Si A choisit Z, A passe la main à C et C a 2 choix : 1er choix : soit il passe la main à A en prenant w. 2ème choix : soit il arrête le jeu avec u : gain de A = 1, gain de B = 0

et gain de C = 3.

L’ordre dans lequel les joueurs interviennent est décisif pour le jeu.2 remarques : 2 règles ne sont jamais violées.

1ère règle : il y a au moins une flèche qui part de chaque nœud et une flèche au + qui y aboutit. Si on se situe sur n’importe quel nœud, l’excepté le nœud de départ, il n’y a qu’une seule manière de remonter à l’origine.

2ème règle : en se déplaçant à contre courant, on st sûr de ne jamais revenir u nœud duquel on est parti (n’importe quel nœud excepté celui du départ).

Un jeu sous forme extensif ressemble à un arbre mathématique c’est-à-dire dont les ramifications ne se coupent jamais. Il n’y a pas de boucle, l’arborescence ne comporte jamais de boucles.

On peut formaliser le jeu d’échec sous forme de jeu extensif.3 remarques :

1ère remarque : la position aux échecs peut résulter de plusieurs séquences différentes

2ème remarque : jeu d’échec est un jeu à somme constante 3ème remarque : jeu s’achève toujours

Exemple : pierre, papier, ciseau ; décision simultanéeReprésentation sous forme extensive de la manière suivante : A

C (0,0)Ca B C(0,0)

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F F Ca F (1,-1)(-1,1) C (-1,1)

(1,-1) Ca(1,-1) C

F (-1,1)(0,0)

Cette relation nous donne un ?? : à chaque jeu sous forme extensive correspond un jeu sous forme

stratégique où les joueurs donnent leurs décisions de façon simultanée.

En revanche un jeu sous forme stratégique donnée peut correspondre à plusieurs jeux sous forme extensive.

Stratégies dominées : 2 manières de les repérer et de les éliminer :A B

U V

X 3 ; 6 7 ; 1Y 5 ; 1 8 ; 0Z 6 ; 0 6 ; 4Première solution technique : elle consiste à répondre à la question « Qu’est-ce qui n’arrivera pas ? »X est une stratégie dominée car quelque soit le choix de B, A ne choisira pas X.

A B

U V

X 3 ; 6 7 ; 1Y 5 ; 1 8 ; 2Z 6 ; 0 6 ; 2X est toujours dominée par Y.Si B pense que A ne choisira pas X, car X est une stratégie dominée, alors U est dominée par V, car en choisissant V, B aura toujours un gain supérieur aux gains de U.Mais si A choisit X alors V est dominé par U car gain optimal pour B.Si A se dit que B sait que A ne choisira pas X, donc A sait que B va choisir V, donc A doit choisir Y.Ce raisonnement est une élimination par itération des stratégies dominées.

Si B choisit U, A a intérêt à choisir Z.Si B choisit V, A a intérêt à choisir Y.Dans les 2 cas, X n’est pas adopté.Donc B sait que A ne va pas jouer X et A sait que B sait que A ne va pas jouer X.C’est le « common knowledge ».Si on raisonne sans prendre en compte que X est une stratégie dominée de A, B aurait intérêt à jouer U.

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Dans le cas de figure, où A va jouer X, il n’y a pas de situation de stratégie dominante – dominée.

A partir du moment où on supprime X (car pour A, X est une stratégie dominée), on voit que V domine U ou U est dominé par V.

Si on considère que A ne va pas jouer X et que U est dominé par V, alors A va jouer Y. Pour A, Y domine Z.

Conclusion : il y a eu élimination par itération des stratégies dominées.On est toujours dans la recherche de solutions.Pour trouver un équilibre il existe 3 techniques :

1ère technique : élimination des stratégies dominées 2ème technique : équilibre de Nash : on regarde le point où aucun

des joueurs n’aura de regret. 3ème technique : optimum de Pareto : chaque individu est au

maximum.Problème : « Qu’est-ce qui se passe quand il y a plusieurs équilibres possibles dans un même jeu ?Jeu type : guerre des sexes.Idée : 2 époux veulent passer la soirée ensemble et ont 2 choix possibles :

aller voir un spectacle de ballet aller voir un match de boxe

Sachant que la femme veut aller voir le ballet et le mari, le match de boxe.Et que les 2 époux préfèrent aller ensemble à une des deux possibilités plutôt que séparément (mais il n’est pas exclu qu’ils aillent séparément).On est dans une situation où les 2 parties veulent coopérer.F H

Boxe Ballet

Boxe 4 ; 5 0 ; 0 Ballet 1 ; 1 5 ; 4Par ordre de préférence, tous les 2 sont contents de voir le spectacle de leur choix.En (0 ; 0) et (1 ; 1) l’épouse et le mari sont séparés.Dans (0 ; 0) la femme s’est retrouvée au match de boxe tandis que le mari s’est retrouvé au spectacle de ballet.Dans (1 ; 1), chacun est allé voir le spectacle de leur choix mais ne sont qu’en partie contents parce qu’ils se retrouvent tout seul, séparé de leur conjoint.Ces 2 situations sont 2 équilibres de Nash.Comment choisir entre les 2 ?3 solutions pour coordonner les actions en cas de multiplicité d’équilibre :

1ère solution : équilibre corrélé 2ème solution : point focal 3ème solution : convention

Les 3 solutions font appel à des facteurs exogènes. 1ère solution : l’équilibre corrélé : 2 joueurs vont coordonner leur

choix entre ces 2 équilibres à un événement aléatoire ; celui-ci peut être le lancer d’une pièce par exemple. Principe de l’équilibre corrélé : les joueurs vont coordonner leur action en fonction d’événements aléatoires qui surviendront au moment du choix avec une probabilité de 0,5. Chaque joueur a intérêt à respecter cet

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accord pour que l’autre le respecte et afin qu’ils soient en équilibre de Nash, sous peine de ne pas être dans un équilibre de Nash.

2ème solution : le point focal est un principe introduit par Thomas Schelling en 1960 ; on est dans le cas de figure où 2 joueurs ont intérêt à coordonner leur action. Point focal a avoir avec quelque chose qui ressemble au common knowledge.

Exemple de point focal : 2 joueurs se rencontrent dans un avion et décident de déjeuner ensemble le lendemain à 13h. Mais ils ont oublié de fixer le lieu du rendez-vous et n’ont ni l’un ni l’autre leurs coordonnées respectives.Principe : l’un et l’autre vont réfléchir à leur conversation dans l’avion pour trouver un endroit dont ils ont beaucoup discuté, ou alors un endroit que les 2 aiment.C’est un point focal qui a la + forte probabilité.Autre exemple : 2 joueurs doivent choisir un nombre entre 1 et 100.Si les 2 joueurs coïncident : ils gagnent chacun 100€.Si les 2 joueurs trouvent un nombre différent : ils gagnent 0€.Exception : si les 2 joueurs choisissent 18, ils gagnent chacun 99€.Le point focal de cet exemple est 18. 18 est l’équilibre le + probable même si on donner un gain < aux autres gains.Chacun des équilibres a une probabilité de 1/99 pour qu’il y ait coordination alors que les 2 joueurs savent que s’ils choisissent 18, ils ont 100% de chances de gagner. .

3ème solution : les conventions sont le 3ème moyen de choisir le point focal c’est-à-dire un équilibre de Nash. Elles consistent en des habitudes, des manières de penser, tout ce qui relève de comportements traditionnels dans la typologie de Weber. Elles vont peser sur les décisions des agents : c’est la rationalité en valeur ou comportement traditionnel. Intellectuellement, les rationalités des agents peuvent être surdéterminées par des conventions, des habitudes, des relations sociales. Elles vont structurer les comportements des agents. (1ère étape). Ensuite (2ème étape), la théorie des jeux évolutionniste va expliquer comment ces conventions sont elles-mêmes sélectionnées ? Ce sont des théoriciens tels que Axel Rod et Smith qui vont l’expliquer. On fait appel à la théorie des jeux évolutionniste dans laquelle l’hypothèse de sélection naturelle est remplacée par l’hypothèse d’apprentissage. L’idée est donc que si des individus obtiennent des gains supérieurs aux autres, en choisissant de meilleure stratégie, ils vont être imités par les autres. Donc, les conventions vont être sélectionnées par ce processus d’apprentissage.

Ces conventions sélectionnées qui résultent de sélection d’un équilibre de Nash font, qu’une convention remplacée par une autre, qu’aucun individu n’a intérêt à dévier : état évolutionnairement stable.C’est la sélection par apprentissage des conventions.Idée est que les conventions peuvent résulter d’un apprentissage et que cet celui-ci va sélectionner un certain types de conventions permettant la coordination des agents lorsqu’il y a plusieurs solutions possibles qui apparaissent comme équivalentes.